L'Année de l'Enfant Jésus
Méditations et considérations pour le vingt-cinquième jour de chaque mois
Une année avec l'Enfant Jésus
Mes très chers frères et sœurs, comme vous le savez très certainement, l'une de mes missions d'Images Saintes est de remettre au goût du jour d'anciennes pratiques de dévotions. Entre autres, depuis les débuts du site, qui fêtera ses 7 ans d'existence en février prochain, nous avons eu une certaine attention à publier et traduire quasiment tout ce qui peut exister sur la dévotion à l'Enfant Jésus, il manquait tout de même quelque chose concernant la dévotion du 25e jour de chaque mois, qui est une des dévotions majeures demandée par le Seigneur. Je vous invite donc, cette année, à vous plonger, avec moi, dans la méditation et la contemplation de la Naissance et de l'Enfance du Seigneur. Ensembles, nous prierons les uns pour les autres, pour nos famille, pour nos pays, pour l'Eglise et pour le monde, que le Seigneur nous bénisse et nous garde tous et toutes.
Pour ce faire, vous recevrez chaque mois des méditations extraites du rarissime livre, « L'Année de l'Enfant Jésus », (de Mgr Fliche, publié en 1866, chez Casterman). Afin de se plonger plus efficacement dans la célébration du 25e jour des mois a venir, je vous invite à prier une neuvaine (qui vous sera envoyée dès le mois prochain), vous pouvez dès à présent me faire passer vos intentions de prières qui seront jointes à l'envoi de la prochaine Newsletter, afin d'être confiées à la prière des abonnés. Afin de permettre une bonne rédaction des newsletters, je vous serai gré reconnaissant de bien vouloir m'envoyer vos intentions de prières avant le 12 de chaque mois. Mon adresse e-mail est franck.monvoisin@laposte.net Les pratiques de dévotions vous seront indiquées avec chaque newsletter.
Vous remerciant de votre fidélité à Images Saintes, je vous souhaite un Saint et Joyeux Noël et de joyeuses fêtes de fin d'années. Mes très chers frères et sœurs, soyez assurés de toutes mes plus fraternelles et religieuses salutations, et de toutes mes prières, à Jésus, par Marie.
F.M.
Le 25e jour de chaque mois
On doit s'y préparer par la neuvaine du 16 au 25, communier et passer cette journée dans la prière. « Ce jour, dit la Vénérable sœur Marguerite du Saint Sacrement, est précieux par les grâces que le Divin Enfant daigne répandre. Ces grâces sont un reflet de celles qu'Il répandit sur les âmes qui furent dignes de l'approcher ».
Fêtons le 25e jour de chaque mois
Anniversaire de l'Incarnation et de la Naissance du Sauveur Jésus
La Servante de Dieu, Marguerite Nérucci, Capucine, avait une grande dévotion à l'Enfant-Jésus qui la favorisa de fréquentes apparitions. Il lui dit un jour : « Si tu veux Me faire plaisir, honore Ma Sainte Enfance et, autant que tu le pourras, efforce-toi de la faire honorer ». Empressée d'accomplir ce Divin Commandement, Marguerite fit tout ce qu'elle put, surtout auprès de ses sœurs, pour inspirer la piété et l'amour envers la Divine Enfance de Jésus. En mémoire de la Naissance du Sauveur, elle se préparait par une pieuse Neuvaine, à célébrer le 25e jour de chaque mois. Imitons cette fervente religieuse et dans les mérites de la Sainte Enfance de Jésus, nous puiserons pour notre chère Patrie, miséricorde et conversion, et pour nous, de vrais trésors de faveurs spirituelles et temporelles. Le Divin Enfant, ne disait-il pas à son apôtre, la Vénérable Marguerite du Saint Sacrement : « Hâte-toi, Ma fille, de prier pour ce peuple coupable ; c'est dans les mérites de Ma Sainte Enfance que tu trouveras Grâce et Miséricorde pour ta patrie. Tout ce qu'on Me demandera par les mérites de Ma Sainte Enfance, sera accordé ». Ce sont les paroles de l'Enfant Jésus Lui-même, et combien elles sont consolantes pour nos âmes !
Prenons la résolution de prier, de tout notre cœur, la Neuvaine préparatoire au 25 ; elle commence le 16. Que le 25 de chaque mois soit pour nous un jour de fête. Dès la veille, préparons notre âme à la réception du Divin Enfant Jésus, dans la Sainte Eucharistie, récitons l'Office du Divin Roi, Sa Couronne, Ses Litanies, allons Le visiter à l'église : c'est là que nous obtiendrons, par les mérites de Sa Sainte Enfance, les grâces dont nous avons besoin. Nous doutons fort qu'une âme qui s'est bien préparée au 25 n'obtienne pas, dans le courant d'une ou plusieurs Neuvaines, ce qu'elle sollicite, surtout si elle les fait avec confiance, persévérance et abandon à la Volonté de Dieu. Et, à l'heure de la mort, si nous Lui avons été fidèles, l'Enfant Jésus nous accueillera avec amour dans la Maison de Son Père.
Un religieux se trouvait malade et sur le point d'entrer en agonie. Tout à coup, un éclair de joie illumine son visage. On lui demande ce qui avait rendu le sourire à ses lèvres et la suavité à ses regards : « Comment voulez-vous que ne me sente pas heureux, répondit-il, c'est demain le grand jour où le Fils de Dieu s'est montré aux hommes sous les traits d'un enfant (c'était la veille de Noël) pour les sauver de la mort éternelle. Mon Ange Gardien m'a révélé que j'irai jouir demain de la gloire du Paradis, en récompense de la dévotion que j'ai toujours eue pour la Naissance du Sauveur et Sa Sainte Enfance. En effet, le lendemain, jour de Noël, ce saint religieux rendit à Dieu son âme bienheureuse.
Honorons le Saint Enfant Jésus en fêtant régulièrement Sa Neuvaine mensuelle et en fêtant le 25e jour de chaque mois, et sur nous se réalisera la promesse royale qu'il a faite au Vénérable Père Cyrille de la Mère de Dieu, Carme de Prague : « Plus vous M'honorerez, plus Je vous exaucerai ».
Extrait de « L'Enfant Jésus de Prague », de l'Abbé Michel Koller, Prieuré N.D. Du Pointet, 1999
Introduction
L'exercice pour le vingt-cinquième jour de chaque mois a pour but de rappeler le souvenir sacré de l'Incarnation et de la Nativité de notre divin Sauveur, arrivées l'une le 25 mars, et l'autre le 25 décembre. C'est comme un Avent d'un jour, et qui était beaucoup en usage autrefois. Dès la veille on s'unit à la tendre piété de Marie et aux ardents désirs des anciens Patriarches pour demander l'avènement du Fils de Dieu en nous et dans les âmes qui ne le connaissent point, ou qui l'aiment avec trop peu de ferveur. On s'exerce, comme dans l'Avent véritable, à l'humilité et à la mortification. On fait en sorte même, sur l'exemple 3e plusieurs saints, de passer en prières, s'il est possible, la première partie de la nuit qui va suivre; ce qui serait une œuvre fort agréable à l'Enfant Jésus.
Réciter les Matines du Petit office de la Sainte-Enfance, lire attentivement quelques points des Méditations ou Considérations sur la Nativité de Notre-Seigneur; se recommander à la sainte Vierge, à saint Gabriel, à saint Joseph, aux saints Anges, aux saints Pasteurs, aux saints Mages, aux autres Saints consacrés à la divine Enfance; vers minuit, se prosterner et adorer le Verbe naissant; s'anéantir en sa présence, s'offrir en oblation de tout soi-même à ce doux Rédempteur et à son aimable Mère; enfin, ne se retirer pour prendre du repos, qu'après avoir récité Laudes du même Petit office: voilà ce qui pourrait être, comme autrefois, pratiqué avec ferveur. Mais il n'y a rien là d'obligation assurément.
Le lendemain, on communierait autant qu'on en aurait la facilité; on ferait la méditation marquée; on achèverait les autres parties du Petit office; on visiterait la chapelle de l'Enfant-Jésus ou l'autel du Saint-Sacrement; on passerait tout le jour en communication avec Jésus, Marie, Joseph: « En l'honneur des services que la sainte Vierge a rendus au divin Enfant, dit un vieil auteur, chacun doit tâcher de le servir, ce jour-là, en ses membres, qui sont les pauvres et les affligés. En souvenir des louanges de la multitude des Esprits célestes, qui furent entendus par les Pasteurs, on ferait bien d'assister à une grand Messe ou à d'autres offices de l'Eglise, qui sont les louanges de Dieu chantées sur la terre, comme on les chante au ciel. En mémoire des saints Bergers, qui méritèrent par leur retraite solitaire, et leur exacte vigilance, d'être avertis de la naissance du Fils de Dieu, de le voir et de le connaître, on pourra s'exercer au silence une partie du jour, en veillant sur soi et sur ses passions, qui sont le troupeau que nous avons à conduire. En l'honneur du voyage des Mages divinement conduits à Bethléem, ou fera, s'il est loisible, quelque petit pèlerinage en un lieu de dévotion consacré à la sainte Vierge, afin de la vénérer comme Mère de Dieu qui a mis le saint Enfant Jésus au monde avec une parfaite pureté, qui l'a élevé et nourri avec une charité incomparable... »
Vingt-cinq décembre
Prélude: « Un petit Enfant nous est né, et un Fils nous a été donné, et il s'appellera Emmanuel ou Dieu avec nous ». (Isaïe. 9, 6 ; Matthieu 4, 23).
Evangile de Jésus-Christ selon Saint Luc (2 : 1-20)
En ces jours-là, parut un édit de l'empereur Auguste, ordonnant de recenser toute la terre, ce premier recensement eut lieu lorsque Quirinius était gouverneur de Syrie. Et chacun allait se faire inscrire dans sa ville d'origine. Joseph, lui aussi, quitta la ville de Nazareth en Galilée, pour monter en Judée, à la ville de David appelée Bethléem, car il était de la maison et de la descendance de David. Il venait se faire inscrire avec Marie, son épouse, qui était enceinte. Or, pendant qu'ils étaient là, arrivèrent les jours où elle devait enfanter. Et elle mit au monde son fils premier-né ; elle l'emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n'y avait pas de place pour eux dans la salle commune. Dans les environs se trouvaient des bergers qui passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux. L'ange du Seigneur s'approcha, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. Ils furent saisis d'une grande crainte, mais l'ange leur dit : « Ne craignez pas, car voici que je viens vous annoncer une bonne nouvelle, une grande joie pour tout le peuple: aujourd'hui vous est né un Sauveur, dans la ville de David. Il est le Messie, le Seigneur. Et voilà le signe qui vous est donné: vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire ». Et soudain, il y eut avec l'ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant: « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu'il aime ». Lorsque les anges eurent quitté les bergers pour le ciel, ceux-ci se disaient entre eux: « Allons jusqu'à Bethléem pour voir ce qui est arrivé, et que le Seigneur nous a fait connaître ». Ils se hâtèrent d'y aller, et ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché dans la mangeoire. Après l'avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet enfant. Et tout le monde s'étonnait de ce que racontaient les bergers. Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son coeur. Les bergers repartirent; ils glorifiaient et louaient Dieu pour tout ce qu'ils avaient entendu et vu selon ce qui leur avait été annoncé.
I Le mystère de la naissance du Fils de Dieu dans l'étable
1° Considérons et adorons le divin Enfant, qui veut naître hors de son pays, afin de souffrir, en naissant, les incommodités qui sont dues aux pécheurs, dont il prend la place. Il se prive de la maison de sa sainte Mère, du secours de ses parents, des consolations de ses amis, et enfin de toutes les douceurs que l'on sent à être chez soi et dans un lieu connu. Les maximes qu'il suit sont toutes contraires aux nôtres. Nous ne voulons jamais que le bonheur et le repos; Jésus est privé de toute joie temporelle dès le premier moment de sa vie. Nous cherchons une demeure certaine et assurée, où nous lâchons de nous établir comme dans une espèce de paradis terrestre; Jésus se considérant comme le premier homme chassé du jardin de délices, ne veut avoir aucune demeure stable, aucune habitation qui lui appartienne en propre. Il n'aura pas même, en venant au monde, une couchette, où il puisse être bercé a la façon des autres enfants, pour apaiser ses peines, soulager ses membres captifs et se concilier les douceurs du sommeil. Apprenons ce qui nous est dû à tous, en sa seule Personne, et sachons entrer en défiance de cette grande et malheureuse inclination qui nous porte sans cesse à ne nous procurer, s'il était possible, que du repos et de la félicité sur la terre. Plus une âme apprend à s'affermir dans l'esprit de pénitence et de renoncement, plus elle se dégage des affections sensuelles et de tout attachement au monde, plus elle est pure devant Dieu. Proposons-nous de nous sevrer, du moins pendant quelques jours, du bien-être que nous trouvons dans nos maisons, en souvenir des immenses privations du Fils de Dieu pour nous; et gardons-nous d'arrêter nos cœurs aux choses et aux vanités d'ici-bas, comme si nous n'étions pas pèlerins et étrangers dans la vallée de larmes, et appelés à de plus hautes destinées, et à une plus sainte demeure surtout, qui est la maison de Dieu dans les cieux.
2° Comparons la naissance éternelle de Notre Seigneur avec sa naissance temporelle. Dans la première, il naît au sein des splendeurs de la Divinité, Dieu de Dieu, lumière de lumière; dans la seconde, il naît au sein des ombres de ce monde, pendant une des plus longues et des plus profondes nuits d'hiver, et précisément à minuit, qui est l'heure du plus grand éloignement du soleil, pour nous apprendre que l'homme pécheur, dont il tient, comme nous avons dit, la place, est un fruit d'ignorance et de ténèbres. Vous étiez autrefois ténèbres, dit saint Paul parlant des chrétiens avant leur régénération, mais vous êtes maintenant lumière en Jésus-Christ. Portons, alors avec le Sauveur naissant, la confusion de notre bassesse et de notre dégradation, des ténèbres de notre ignorance et de nos ignominies aux yeux du Seigneur; et comprenons que par nous-mêmes et sans le Fils adorable de Dieu, nous serions privés de toute lumière soit du corps, soit de l'esprit.
A la première naissance, le Verbe est ineffablement produit au centre de toutes les grandeurs et de toutes les beautés des cieux, dont il ne peut pas être séparé, car là est le trône immuable de sa gloire, de son règne éternel et de son bonheur infini. Â la seconde naissance, au contraire, il vient au monde dans une étable d'emprunt, comme le plus pauvre et le dernier des hommes; et peu après, il se dérobe à la connaissance des siens, il fuit loin de son pays et de la grotte même de Bethléem où il était caché, parce qu'il est chargé de nos iniquités déjà, parce que nous sommes condamnés au bannissement et à la douleur sur la terre, que l'inquiétude et la crainte nous environnent de toutes parts, et que, dans notre condition de coupables, nous ne pouvons nous attendre qu'à de durs châtiments ou à de cruelles persécutions. O divin Enfant, vous avez voulu partager le trouble, les dangers, l'instabilité de notre exil présent, afin de nous acquérir la paix que nous ne trouverons jamais hors de vous. Soyez notre secours, notre lieu de refuge et notre asile assuré!
Dans la première naissance, il est nécessairement infini, tout-puissant, indépendant, se suffisant à lui-même, immortel, possédant toute sagesse et toute majesté; dans la seconde, il est volontairement petit et faible, soumis a sa sainte Mère, indigent, sujet à la souffrance, même à la mort, privé devant les hommes de l'usage de sa force, de sa science, de sa dignité et de sa justice, de sa vertu divine, en un mot, qui n'a pas de bornes, puisqu'elle s'étend de l'une à l'autre éternité. Ah ! quelle horreur ne devons-nous pas concevoir du péché, quand nous le voyons, d'une part, tellement opposé à Dieu, qu'il nous sépare à jamais de son amour; et que, de l'autre part, il réduit Dieu lui-même à tous les excès de l'humiliation et de la douleur à cause de nos crimes. Apprends, ô mon âme, que tu ne vaincras ce redoutable ennemi qu'avec les armes qui ont été employées par le divin Enfant-Jésus pour le terrasser en te rachetant. Il faut donc te résoudre, quoi qu'il t'en coûte, à aimer l'abaissement, la dépendance d'autrui, la privation, la mortification, la croix.
3° Adorons toutes les grandeurs divines et humaines de ce saint et céleste Emmanuel. Il est le vrai Dieu et la vie éternelle, il est un avec son Père,'il en exprime la ressemblance incréée, dit l'Apôtre, et toutes les perfections incompréhensibles à toute créature; il en est, au degré le plus sublime, l'honneur et la louange; avec lui, il est infini, avec lui, il est le seul Dieu, il est toutes choses!... mais il est tout a la fois Médiateur, Rédempteur, Prêtre, Victime, Epoux, Père, Frère, Chef, Docteur, Législateur, Roi, Juge, Pasteur; il possède tous les titres et tontes les qualités humaines qui le rendent aimable et précieux à nos âmes. Quel trésor nous est donc accordé en sa naissance aujourd'hui, par la libéralité de Dieu le Père, par la charité de ce Fils unique, par la miraculeuse opération du Saint Esprit et la fécondité de la Vierge-Mère I Qui ne méprisera toutes choses, pour le posséder, cet inestimable Trésor? Qui ne vendra toutes choses pour l'obtenir? O chrétien, renonce à toutes les prétentions de la terre et porte tout ton cœur au ciel; que ta reconnaissance envers la Trinité adorable, que ta piété envers Jésus et Marie correspondent à une si grande largesse ! Que peux-tu moins faire que de te donner tout entier, pour reconnaître un don si grand et si ineffable?
Prière
O Dieu, qui portez dans votre sainte Nativité l'ignominie de notre péché d'origine, et qui, étant le Fila unique de Dieu, souffrez les rebuts et les peines qui sont dus aux coupables enfants d'Adam; qui, sans prononcer une parole, nous instruisez, par la virginité de votre sainte Mère, de la sanctification! que vous voulez nous mériter par le bois de la crèche, image de Celui de la croix, de la Rédemption que vous nous apportez; par votre naissance à Bethléem, qui signifie la maison du pain, des désirs qui vous consument de nous nourrir de votre Corps adorable, ce Pain vivant descendu des cieux; faites-nous comprendre les secrets de votre admirable humilité, et rendez-nous de telle sorte enfants en vous, que nous puissions être avec vous les héritiers du Père éternel, avec lequel vous vivez et régnez aux siècles des siècles. Amen.
II Le Mystère de la Nativité du Fils de Dieu
Prélude : « Aujourd'hui la bonté et l'humanité de notre Dieu Sauveur est apparue ». (Tite 3, 4.)
1° Adorons le saint Enfant Jésus qui choisit pour sa naissance, le temps où un édit de l'empereur Auguste, venait d'être publié, lequel obligeait Joseph, comme tous les autres chefs de famille, à aller se faire inscrire au pays originaire de ses ancêtres. De celte manière, le Fils de Dieu accomplit les Ecritures, et fait servir à ses desseins l'autorité même des princes de ce monde. Adorons sa puissance dans la conduite des événements, et dans les dispositions qu'il imprime à toute créature, pour en faire ce qu'il veut. Soumettons-nous a sa douce et attentive Providence avec un profond respect; et considérons la sagesse merveilleuse qui lui fait celer sa naissance, aussi bien a ceux qui habitent Bethléem, qu'a ceux qu'il a laissés à Nazareth. Grâce, en effet, aux précautions qu'a prises son humilité, quand il vient a nous, on n'a pu connaître à Nazareth la pureté miraculeuse de la très-sainte Vierge, car les parentes et les voisines de Marie, pour parler comme l'Evangile, (Luc 1, 58.) n'étaient point auprès d'elle, pour rendre témoignage du divin enfantement, ainsi qu'il était arrivé pour Elisabeth, an moment de la naissance de Jean-Baptiste. A Nazareth encore, on ne saura rien des prodiges que Dieu opérait à l'apparition de son Verbe ici bas; rien de la joie des Anges qui remplirent l'air de leurs cantiques; rien de l'avertissement donné aux Pasteurs et de la céleste illumination qui frappa leurs yeux; rien du voyage des Mages qui venaient porter leurs trésors et abaisser leurs couronnes devant la crèche...
Mais Bethléem elle-même reste dans l'ignorance des bontés du Seigneur, parce qu'elle n'a vu que des étrangers en Joseph et Marie, et que son indifférence et son mépris ont forcé le divin Enfant à prendre naissance loin de ses murs dans une grotte abandonnée. Si donc elle a entendu quelque chose du récit des Bergers, ce n'a été qu'avec un esprit dissipé, qui ne pouvait appeler la bénédiction d'En-Haut: et du reste, la Sainte Famille a si peu séjourné dans la pauvre étable que l'impression devait s'en effacer bientôt du cœur de ce peuple endurci depuis longtemps, comme le reste de la nation. Les Juifs n'étaient plus dignes d'être instruits des secrets de Dieu... C'est à nous que le Père céleste voulait les révéler dans son amour. Sachons, en nous montrant ses vrais adorateurs, recueillir, comme il convient, les inestimables grâces qui découlent pour nous de la Nativité de son Fils...
2° Adorons encore le saint Enfant Jésus qui naît dans l'obéissance aux rois de la terre, honorant en eux le souverain pouvoir de son Père, dont les princes sont les images, et nous apprenant a ne jamais contredire orgueilleusement ni éluder, sans motif légitime, leurs ordonnances, de peur de retarder l'œuvre de Dieu dans nos cœurs. Méditons avec soin les maximes du céleste Enfant: sa sagesse et son humilité nous feront triompher de nos vaines convoitises.
3° Adorons ce divin Sauveur qui prend naissance dans un pays étranger, pour que nous nous considérions partout comme des étrangers en ce monde, et que nous portions nos désirs uniquement vers le ciel, qui est la vraie demeure des enfants de Dieu. Accomplissons de cœur ce qui a été dit à Abraham: « Quittez votre pays, vos parents, votre père, et vous en allez dans la terre que je vous montrerai ». (Genèse 2, 1.)
4° Adorons Jésus qui est, avant de naître, rebuté de toute la ville de Bethléem, où personne ne vent lui donner un abri. Ni les riches, ni les pauvres parmi le peuple, ni Tes parents que Joseph et Marie devaient avoir encore dans cette cité de David, ne sont touchés de compassion à la vue dé cette jeune femme près de son terme, quoiqu'elle soit la plus modeste, la plus douce, la plus aimable et la plus humble qui ait jamais été. Le Fils de Dieu chargé de nos crimes souffre en paix ces dédains insultants; il est notre représentant devant le juste courroux de son Père, et, comme nous sommes indignes d'être accueillis et supportés en ce monde, il consent à être traité comme nous le méritons. Puis, il naît dans une étable, au milieu des animaux, dans la saison la plus rigoureuse de l'hiver, à l'heure la plus obscure et la plus sombre de la nuit... Quelles leçons pour les pécheurs!... Hâtons-nous de reconnaître en la personne de l'Enfant Jésus humilié quel est le rang qui nous appartient et que nous devons nous assigner ici-bas; entrons dans ses abaissements et dans son profond amour de la pénitence et de la pauvreté.
5° Adorons l'ordre admirable établi par le Père dans le mystère d'un Dieu fait homme. Le Père ne s'incarne pas lui-même, afin que le Rédempteur puisse traiter des intérêts de notre salut avec le Principe éternel, la Source divinement autoritaire et immuable dont il découle; et afin que le Père qui renferme en soi toute beauté et toute fécondité, puisse nous créer de nouveau par son Fils et dans son Fils à son image, en conservant sa propriété divine et son inénarrable tendresse de Père. Si le Père se fût fait créature et qu'il fût né lui-même d'une fille des hommes, n'aurait-il point paru ne plus revêtir, en quelque sorte, les qualités personnelles qui nous font dire de lui, d'après la révélation, qu'il est uniquement Principe sans principe, engendrant et non engendré, donnant et non donné lui-même? De même il n'envoie pas au secours de l'humanité déchue son Saint-Esprit, mais son Verbe, pour que ce Verbe qui voulait se rendre semblable à nous jusqu'à naître au monde comme nous, pût joindre à sa manifestation dans le temps son éternelle nature de Fils naissant et engendré ineffablement dans les splendeurs de son Père; ce que la révélation n'attribue point au Saint-Esprit. Par ce moyen, toutes les divines propriétés aussi bien que les relations des trois Personnes ensemble telles qu'elles nous ont été enseignées par le Verbe lui-même, demeurent entières; et la grâce que nous en recevons est plus riche et plus abondante.
La raison en est sensible: Jésus-Christ s'est incarné pour que nous soyons tous, dit l'Ecriture, les enfants du Très-Haut. Or, dans le corps qu'il a pris de la Vierge Marie, il est seul Fils de Dieu: mais ce corps envisagé dans le sens mystique de l'Eglise et formé de tous les membres qui la composent, acquiert, par son Chef, avec les trois Personnes divines, d'incomparables privilèges que l'Incarnation d'une autre Personne que celle du Verbe n'aurait pas produits, ce semble... Et comment cela? C'est qu'en Jésus-Christ, Fils unique de Dieu, nous devenons non-seulement nous-mêmes les fils de Dieu, mais les frères de Dieu, mais les vivants sanctuaires du Saint-Esprit, éclairés et gouvernés par sa lumière et par sa grâce! Bénissons donc avec transport la charité infinie de Dieu qui se montre si magnifique à notre égard, dans le choix de la seconde Personne de son adorable Trinité pour opérer notre Rédemption. Louons la Sagesse auguste qui répare les ruines de notre fol orgueil; la puissance sans bornes par laquelle tout avait été fait admirablement, mais est plus admirablement rétabli encore; louons le Verbe éternel qui se fait notre salut, qui s'est appelé la Voie, la Vérité, la Vie; la voie que nous avons à suivre, la vérité que nous avons à écouter, la vie que nous avons à pratiquer, si nous voulons corriger nos erreurs et nous résoudre à être saints et parfaits comme est saint et parfait le Père qui est dans les cieux. Louons, en un mot, le Fils de Dieu qui se fait Fils de l'homme, et sachons apprécier avec une grande reconnaissance l'étendue et la beauté de la grâce chrétienne qu'il nous a méritée.
6° Adorons le mode dont le Seigneur s'est servi pour cette Incarnation: la virginité miraculeusement unie a la maternité. Il voulait nous donner en ce monde l'image de sa puissance créatrice dans son éternelle sainteté, et pénétrer toute la masse du genre humain d'un levain de pureté si admirable, que nous puissions mettre en oubli désormais les souillures de notre première origine. Réjouissons-nous de ces précieuses illuminations répandues parmi nos ténèbres, appliquons-nous cette céleste incorruption qui vient remplacer la lèpre universelle du péché dont nous étions infectés; et honorons la Très Sainte Vierge dans son étroite alliance avec les trois divines Personnes.
7° Adorons l'unité de la Personne du Très Saint Enfant avec ses deux natures, la nature divine et la nature humaine; ineffable invention qui demandait toute la sagesse, toute la bonté, toute la puissance d'un Dieu; chef-d'œuvre incompréhensible du Père, qui trouve avec délices dans son Fils incarné l'assemblage et la gloire de toutes les divines perfections... Aimons et glorifions le Père avec le Fils; et dans le Fils, adorons, particulièrement à cette heure, l'humanité qui ne vit que par le Verbe. Elle est, cette Humanité, le modèle et l'exemplaire des élus: c'est elle qui leur communique, par pure grâce, l'éminente dignité d'enfants de Dieu, et qui les fait vivre de sa vie. Admirons alors comment le don que les saints font d'eux-mêmes à Jésus, et leur union avec lui ne leur est pas moins, nécessaire dans les voies de la grâce pour l'accomplissement du salut en eux, que l'union de la nature divine à la nature humaine était nécessaire à Jésus pour accomplir sa mission de Rédempteur... Oh! renonçons de tout notre cœur aux œuvres d'Adam et à nos propres œuvres, puisque autrement nous ne pourrions appartenir à un tel Sauveur et à un tel chef.
8° Adorons l'âme et le corps de ce divin Enfant, toutes ses facultés intérieures et extérieures, tous ses sens et l'usage qu'il en fait, la communion du Verbe avec tout ce petit corps dont il a pris possession avec le sang qui coule dans ses veines, avec ses artères, ses nerfs, ses organes, tous ses membres. Adorons son entendement avec toute la science et toutes les connaissances dont il est Capable; il n'en a pas moins, au moment de sa naissance dans l'humble étable, qu'il n'en aura au dernier jour du monde, quand il descendra dans l'appareil de sa gloire, pour juger les anges et les hommes. Adorons l'étendue de son amour envers Dieu et envers nous qui sommes ses enfants. Adorons toutes les vertus et toutes les richesses inconnues de son âme; bénissons Dieu de nous l'avoir donné avec une bonté sans mesure, et donnons-nous, à notre tour et de tout notre cœur, à ce Roi si parfait et si divinement auguste.
9° Adorons le divin Enfant dans cette incommunicable Majesté qui résulte de ses titres de Fils de Dieu, d'égal à Dieu, ne faisant qu'un avec son Père. Adorons la mutuelle relation qui est et qui sera éternellement entre eux. Adorons ses qualités et ses fonctions humaines de Médiateur, de Rédempteur, de Prêtre, de Victime, d'Epoux, de Père, de Frère; de Chef, de Docteur, de Législateur, de Juge, et toutes celles qui nous sont inconnues... Entrons dans l'exercice des devoirs qu'elles demandent toutes de notre reconnaissance et de notre piété . Adorons la gloire qu'il possède comme Verbe de Dieu, et ce qu'il rend à son Père par l'effet de cette gloire, et ce qu'il en reçoit pour lui et pour nous. Adorons la privation volontaire qu'il porte de ce même état de gloire dans les souffrances de son corps et de son âme... et que cette réflexion nous apprenne encore une fois à ne faire aucun fond sur les vaines félicités de cette vie, et à embrasser tous les jours, avec notre Maître, le sacrifice et le renoncement. Adorons ses premières pensées qui n'ont pas seulement été dirigées vers la croix en méprisant l'ignominie, comme s'exprime saint Paul, et comme s'était exprimé avant lui le Prophète; mais qui ont été pleines d'adoration, de gratitude, d'amour infini, de conformité aux desseins de Dieu, de zèle pour sa gloire, d'obéissance jusqu'à la mort et à la mort subie sur le Calvaire. Méditons l'esprit de son oblation si sainte et si parfaite; et prenons-y la part qu'il lui plaît de nous donner.
10° Adorons les effusions de grâce que le divin Enfant faisait couler de son cœur sur ceux de Marie et de Joseph en naissant, et imaginons-nous le bonheur de cette tendre et gracieuse Mère et de ce père adoptif si humble, si pur, si dévoué. Demandons quelque chose de l'amoureuse vénération qu'ils témoignaient à Jésus, et qui devait surpasser même celle des anges.
Prière
Divin Jésus, je vous adore dans votre crèche; je vous adore aussi entre les bras de votre sainte Mère. O saint Enfant, ô Fils de Dieu, ô Fils de Marie! Que j'aime à me représenter les désirs que vous avez de notre salut, en même temps que vous prodiguez vos grâces et vos tendresses à votre Mère; car je me dis que c'est par elle que vous voulez répandre sur nous vos bienfaits. Oh! rendez-nous dignes de mériter vos faveurs, ôtez de nous tout ce qui vous déplaît, entrez dans notre cœur par votre amour, régnez-y toujours par votre grâce; faites-en le lieu de votre repos, divin Sauveur, demeurez-y toujours avec nous. Au nom de Marie, mais au nom de Joseph aussi, soyez-nous Jésus maintenant et à l'heure de notre mort. Ainsi soit-il.
III La gloire de l'âme du Saint Enfant Jésus à Sa Naissance
Prélude : « En ces jours, Dieu nous parle par son Fils... qui est la splendeur de sa gloire et l'empreinte de sa substance ». (Hébreux 1, 2-3).
1° Adorons le saint Enfant Jésus possédant la béatitude dès le premier instant de sa vie. Il est rempli de toute lumière de la gloire; il contemple la face de son Père; il pénètre tous les mystères de ses deux naissances, de sa naissance temporelle et de sa naissance éternelle; il est participant de tous les secrets de Dieu; et Dieu par les visions qu'il lui communique de son Essence, est uni d'une incomparable manière avec sa sainte âme. Divin Enfant, nous adorons la plénitude de la Divinité qui habile en vous. (Colossiens 2, 9). Vous êtes rempli de Dieu par votre union personnelle avec lui, par la nature du Verbe, qui réside en vous corporellement, (Colossiens 2, 9), et par la grâce sanctifiante, qui est répandue en vous par le Saint-Esprit avec toute la surexcellence qui vous est due comme au Fils de Dieu, et au Chef des anges et des hommes. Mais vous en êtes également rempli par la vision de l'Essence divine, dans laquelle Dieu forme avec votre entendement la plus étroite union qu'il formera jamais avec aucun esprit. Ah ! je me réjouis de tout mon cœur de ce que, naissant dans nos misères, vous ne perdez rien de votre science dans ce silence d'enfant; de l'abondance de votre joie au milieu de ces larmes et de ces douleurs; des ineffables délices que vous trouvez en Dieu et par la vue et par l'amour, parmi ces afflictions intérieures que vous cause le poids de nos péchés.
2° Adorons le divin Enfant, qui est tout ensemble dans la gloire du ciel et dans l'obscurité de la terre; qui éclaire et gouverne les anges et est conduit par une Vierge; qui règne, avec son Père dans l'éternité et est assujetti à sa Mère dons l'exil passager de ce monde; qui repose au sein d'une lumière inaccessible et n'a qu'une crèche pour berceau; qui porte dans son âme la source de toute immortalité et destine son corps aux supplices. Adorons cet accord admirable de la félicité et de la souffrance, par lequel il ajoute aux richesses de sa gloire incréée d'autres richesses très précieuses, qui sont celles de ses abaissements. Il est tout ensemble, ce Rédempteur sacré, et un Roi de gloire et un Roi qui meurt pour son peuple; il est le Saint des saints, et il est fait péché pour nous; il est le béni de son Père, et il est devenu malédiction pour les hommes. O merveille ! c'est le plus sublime honneur que l'homme soit le vrai Fils de Dieu: mais cet honneur n'est-il pas plus inestimable encore, lorsque le Verbe, étant aussi Fils de l'homme, est en même temps et infiniment grand et infiniment petit?
Prière
O Jésus ! nous vous adorons, enrichissant vos célestes splendeurs de nos ignominies, révélant votre puissance par votre infirmité et trouvant moyen de vous agrandir vous-même, en quelque sorte,, par notre bassesse. Nous vous adorons, ennoblissant le genre humain de la gloire de votre âme qui subsiste en Dieu; et nous vous bénissons de ce qu'en vous faisant Enfant, et en naissant d'une mère, vous élevez l'humanité à la participation même de votre nature divine. Apprenez-nous à faire avec vous l'abnégation de toute grandeur pendant cette vie, à ne rechercher ni la distinction, ni les honneurs, ni les vains plaisirs pendant que nous sommes sur la terre; ni même les visions saintes et les connaissances extraordinaires, ni les célestes consolations, ni les communications de Dieu et des anges: car dans votre Enfance et en toute votre vie vous vous êtes conduit, ô mon aimable Maître! comme si vous n'eussiez été qu'un homme voyageur, et toujours vous avez préféré la croix aux jouissances, et le travail au repos... Et comment ne nous confierions-nous pas en la doctrine que vous nous avez enseignée, quand nous savons que non-seulement comme Dieu, mais comme Homme aussi, vous nous avez dit les choses que vous connaissiez de la plus parfaite science, et ne nous avez attesté que ce que vous aviez vu en votre Père ?...
VI L'adoration de Jésus nouveau né à la Crèche par les bergers
Prélude: « Qu'avez-vous, ô bergers? dites-le-nous... Nous avons vu le saint Enfant; et nous avons entendu dans les airs les chœurs des anges qui louaient le Seigneur ». (Office de Noël, à Laudes.)
1° Adorons le divin Enfant Jésus qui se manifeste aux pauvres et aux simples, et non aux grands et aux sages d'Israël: « Je vous bénis et je vous remercie, mon Dieu, Roi du ciel et de la terre, de ce que vous avez caché ces choses aux sages et aux prudents, et les avez révélées aux petits » (Matthieu 11, 25.) Aimons l'humilité du Fils de Dieu et apprécions les secrets de sa Sainte Enfance dans l'ordre de notre salut. S'il découvre sa naissance d'abord à des pasteurs, comme il découvrira à des pêcheurs ses autres mystères, c'est afin que nous nous rendions petits et humbles devant lui toujours. Autrement, nous ne saurions avoir part, dit-il, à sa céleste transfiguration...
2° Adorons le divin Enfant qui, entre tous les pauvres et les simples, choisit de préférence les bergers, comme si cette condition semblait, a ses yeux, au-dessus de celles des autres hommes. Jacob, Moïse, David et bien d'autres patriarches exerçaient l'office de pasteurs quand il les élevait si haut par sa grâce, jusqu'à les rendre ou ses aïeux selon la chair, ou ses images, ou comme ses ombres figuratives dans l'ancienne loi. Que de précieux moyens, du reste, ont les bergers de se rendre agréables aux yeux du Seigneur! Ce sont bien les cœurs les plus éloignés par leurs habitudes de vie, de nos habitudes d'orgueil; et lorsqu'ils sont vertueux, ils peuvent s'entretenir aisément dans la pensée si douce de la présence de Dieu, et le recueillement si paisible d'une prière attentive et persévérante. La solitude qui se fait autour d'eux leur donne l'intelligence des grandeurs de Dieu dans les merveilles de la nature ; et le magnifique mouvement des cieux dont ils sont les témoins les plus rapprochés, en quelque sorte, ne saurait que. les élevée, par de fervents désirs, de plus en plus vers l'éternel bonheur. D'autre part, quel n'est pas le mérite de leur dure existence, en étant exposés, le jour et la nuit, aux injures de l'air, brûlés par la chaleur et par le froid, comme disait Job! (Job 24, 19). De plus, le soin que prennent les bergers dé ces dociles animaux qui leur sont confiés, leur apprend de bonne heure a être aimants et bons d'ordinaire; et les agneaux et les brebis pourraient en rendre de touchants témoignages, s'ils savaient répondre par la parole aux tendres sollicitudes de leurs diligents gardiens. Enfin, ces hommes sont humbles, simples et patients. Pour tous ces motifs, les divines complaisances que Jésus leur a montrées dans sa crèche, sont un précieux encouragement pour nous. Nous voyons quelles sont les dispositions que nous devons revêtir à ses yeux, si nous voulons acquérir la connaissance de ses mystères. Renonçons à notre esprit, invoquons celui de Dieu, et nous deviendrons tels qu'étaient les saints Bergers, quand ils furent appelés au berceau de l'Emmanuel.
3° Considérons que les Pasteurs n'ont pas été choisis de Dieu seulement pour les vertus que nous venons d'expliquer: mais aussi pour le zèle qu'ils apportaient à veiller assidûment sur leurs troupeaux, soit en les éloignant de tout désordre, soit en les préservant de tout dommage et de tout péril. Le saint Enfant aime ceux qui écartent de leurs âmes jusqu'à l'apparence du péché, qui s'occupent avec une scrupuleuse fidélité des obligations qu'ils ont à remplir, et des différentes charges que sa Providence leur a assignées. Examinons si nous apportons cette vive ardeur à nous acquitter des devoirs de notre vocation, et croyons que nous ne serons bénis du Sauveur qu'en proportion des efforts de notre piété généreuse et dévouée.
4° Adorons le saint Enfant-Jésus qui convoque à lui ces Pasteurs des champs, comme les images des pasteurs de son Eglise, à qui surtout il a été dit: « Heureux ceux que le Seigneur trouvera veillant » (Luc. 4 2. 37). Oui, heureux sont-ils ces ministres du Dieu trois fois saint, qui prêchent avec ferveur l'Evangile de paix, qui gardent les âmes rachetées du sang de Jésus-Christ, comme un trésor plus riche et plus précieux que l'or et les diamants (Ps. 118, 127.); une grande récompense leur est réservée dans le ciel : mais dès ce monde, c'est à eux d'abord que Dieu communique ses lumières et les dons les plus secrets de son cœur. Je ne vous appellerai plus mes serviteurs, disait-il à ses apôtres, mais mes amis. (Joan, 15, 15.) Adorons donc l'amour que le Fils de Dieu témoigne aux prêtres, aux évêques, comme aux pieux fidèles qui travaillent au salut de leurs frères, et animons-nous du zèle et de la vigilance qui nous rendra chers nous-mêmes, sous ce rapport, au divin Enfant.
5° Adorons les saintes intentions de l'Enfant Dieu, en envoyant son ange aux pasteurs. S'il était né dans la ville ou dans un palais, les pauvres auraient à peine eu accès auprès de lui; mais il a voulu naître hors de la ville et dans une étable, afin de s'exposer aux regards et à l'amour des plus petits surtout d'entre son peuple. Méditons avec attendrissement sur cette divine conduite, pleine de sagesse, d'humilité, de charité.
6° Adorons encore les pensées du saint Enfant qui fait donner pour signe de son apparition au monde, qu'on le trouvera enveloppé de langes et couché dans une crèche. Nous ne saurions trop nous représenter combien il redoute, pour ainsi parler, l'éclat et les richesses, combien il chérit la douceur et l'humilité. Les anéantissements, la petitesse, la pénitence, la pauvreté, voilà la vraie marque de la naissance de Jésus-Christ dans les âmes.
7° Honorons les Saints anges qui chantent les louanges de Dieu sur l'étable, et annoncent la paix au monde. Unissons-nous à leur joie, aux adorations qu'ils rendent a Jésus Enfant, à la charité qu'ils témoignent pour les pécheurs, en les voyant recouverts des divines miséricordes, aux sentiments de dévotion, d'amour, de religieux esclavage, dont ils nous donnent l'exemple envers la sainte Crèche.
8° Honorons les saints Pasteurs remplis d'une ferveur divine après la céleste vision, et qui s'en vont en diligence voir le saint Enfant. Entrons dans le respect amoureux qu'ils lui Tendent, et dans la joie dont leur cœur est inondé. Offrons-nous avec eux à Jésus, en le reconnaissant pour notre Messie, notre Sauveur et notre Dieu. Comme eux aussi, rendons nos plus dévotes révérences a la très-sainte Vierge et à saint Joseph.
9° Enfin, adorons Jésus produisant les premiers effets de sa Sainte Enfance sur les âmes des Bergers, effets admirables d'anéantissement de la vieille créature, de séparation complète du monde, de parfaite conversion vers Dieu, d'esprit de prière et d'oraison, de pureté, de simplicité, d'innocence et d'amour. Demandons-lui, par le mérite des saints Pasteurs eux-mêmes, et surtout au nom de Joseph et Marie qui avaient reçu de lui bien d'autres grâces encore, de retracer en nous quelque chose, au moins de ces dispositions si désirables.
Prière
Seigneur, Dieu tout-puissant, qui avez voulu qu'une grande joie fût apportée aux Bergers, quand les anges leur annonçaient la naissance de votre Fils unique en ce monde, faites, nous vous en supplions, que nous soyons rendus dignes d'adorer avec humilité, avec amour, avec foi, comme ces saints Pasteurs, notre Rédempteur béni, d'être rangés par eux au nombre des brebis de son troupeau, et par eux encore conduits à votre bercail éternel. Mais vous avez associé, par ce divin avènement du Verbe, la terre au ciel, ô mon Dieu, faites aussi que par les mérites de vos anges qui ont été les hérauts de cette grande miséricorde, dans leurs cantiques sacrés, nous soyons remplis des dons de paix qu'ils ont promis de votre part aux cœurs droits, pour être réunis, un jour, à leurs radieuses milices dans la gloire où vous vivez et régnez, Père, Fils et Saint-Esprit, aux siècles des siècles. Ainsi soit-il!