Neuvaine pour la Nativité de la Sainte Vierge
La Fête de la Nativité de Marie
Le 8 septembre
C’est la naissance de la Vierge Marie; faisons-lui fête, en adorant le Christ son fils, le Seigneur. Telle est l'invitation que nous adresse aujourd'hui l'Eglise. Ecoutons son appel ; entrons dans sa joie qui déborde : l'Epoux est proche, puisque son trône est dès maintenant dressé sur terre ; encore un peu, et lui-même paraîtra sous ce diadème de notre humanité dont doit le couronner sa mère au jour de la joie de son cœur et du nôtre. Aussi, comme en la glorieuse Assomption, retentit à nouveau le Cantique sacré ; mais il est plus de la terre, cette fois, que du ciel. Voici qu'en vérité nous est donné mieux que le premier paradis à cette heure. Eden, ne crains plus les retours des mortels humains ; ton chérubin peut cesser sa garde et regagner les cieux. Que nous importent tes beaux fruits auxquels on ne peut toucher sans mourir ? La mort, maintenant, elle est pour ceux qui ne goûteront pas du fruit qui s'annonce parmi les fleurs de la terre vierge où nous fait aborder notre Dieu.
Salut, monde nouveau où les magnificences de la création primitive sont dépassées; salut, port fortuné dont le repos s'offre à nous après tant d'orages! L'aurore paraît ; l'arc-en-ciel brille ; la colombe s'est montrée ; l'arche touche terre, ouvrant au monde de nouvelles destinées. Le port, l'aurore, l'arc-en-ciel, la colombe, l'arche du salut, le paradis du céleste Adam, la création dont l'autre n'était qu'une ébauche, c'est vous, douce enfant, en qui déjà résident toute grâce, toute vérité, toute vie. Vous êtes la petite nuée que le père des Prophètes attendait dans l'angoisse suppliante de son âme, et qui apporte à la terre desséchée la fraîcheur ; sous la faiblesse de vos membres si frêles apparaît la mère du bel amour et de la sainte espérance. Vous êtes cet autre léger nuage d'exquis parfum qu'exhale aux cieux notre désert ; l'incomparable humilité de votre âme qui s'ignore révèle leur Reine aux Anges, armés en guerre près de votre berceau. O tour du vrai David, citadelle où, du premier choc, s'est brisé l'enfer ; vraie Sion, dès l'abord fondée sur les saintes montagnes, au sommet des vertus ; temple et palais dont ceux de Salomon étaient l'ombre ; maison que l'éternelle Sagesse s'est bâtie pour elle-même : le plan réalisé dans vos lignes si pures était arrêté dès l'éternité. Avec l'Emmanuel qui vous prédestina pour son lieu de délices, vous êtes vous-même, enfant bénie, le sommet de toute création, l'idéal divin pleinement réalisé sur terre.
Or donc, comprenons l'Eglise, quand elle acclame dès ce jour votre divine maternité, ne séparant pas la naissance de l'Emmanuel et la vôtre en ses chants. Celui qui, étant Fils en Dieu par essence, voulut l'être aussi dans l'humaine nature, avait avant tous autres desseins résolu qu'il aurait une Mère; tel par suite devait être en celle-ci le caractère primordial, absolu, de ce titre de Mère, qu'il ne fît qu'un dans l'éternel décret avec son être futur, comme en étant le motif, comme renfermant la cause même de son existence ainsi que le principe de toutes ses perfections de nature et de grâce. Donc nous aussi, dès le berceau, devons-nous voir en vous la Mère, et célébrer votre naissance, en adorant votre fils, le Seigneur.
D'autant qu'embrassant tous les frères de l'Homme-Dieu, votre bienheureuse maternité projette ses rayons sur tout ce qui précède ou suit dans le temps ce fortuné jour. Dieu, notre Roi avant les siècles, a opéré le salut au milieu de la terre : « Le milieu de la terre, c'est admirablement Marie, dit l'Abbé de Clairvaux ; Marie, centre universel, arche de Dieu; elle est la cause des choses, l'affaire des siècles. Vers elle se tournent les habitants des cieux comme du séjour de l'expiation, les hommes qui nous précédèrent et nous qui sommes présentement, ceux qui doivent nous suivre, et les fils de nos fils et leurs descendants : les cieux pour voir se remplir leurs vides, les habitants des bas lieux pour leur délivrance; les hommes du premier âge pour être trouvés des prophètes fidèles, ceux qui viennent après pour obtenir de parvenir à la béatitude. Mère de Dieu, Reine des cieux, Souveraine du monde, toutes les générations vous diront bienheureuse ; car vous avez engendré pour toutes la vie et la gloire. En vous à jamais les Anges puisent la joie, les justes la grâce, les pécheurs le pardon ; en vous, et par vous, et de vous la bénigne main du Tout-Puissant a créé une seconde fois ce qu'elle avait fait une première. »
« Solennité d'entrée, dit de ce jour André de Crète; fête initiale, dont le terme est l'union du Verbe et de la chair ; fête virginale, de joie pour tous et de confiance. » « Toutes les nations, soyez présentes, s'écrie Jean Damascène ; toute race, toute langue, tout âge, toute dignité, célébrons joyeusement le jour natal de l'allégresse du monde. » « C'est le commencement du salut, l'origine de toute tète, proclame à son tour saint Pierre Damien : voici qu'est née la Mère de l'Epoux! A bon droit, l'univers aujourd'hui tressaille, et l'Eglise, transportée, module des motifs d'épithalame en ses chœurs. » Mais les docteurs d'Orient et d’Occident ne sont pas seuls à exalter dans les mêmes termes aujourd'hui l'apparition de Marie sur terre. Dans l'Office de la fête, les deux Eglises latine et grecque chantent toujours, chacune en leur langue, cette belle formule de conclusion, identique pour toutes deux : « Votre naissance, o Mère de Dieu, fut l'annonce de la joie pour le monde ; car c'est de vous qu'est né le Soleil de justice, le Christ notre Dieu, qui détruisant la malédiction octroya la bénédiction, et confondant la mort nous gratifia de l'éternelle vie. »
L'accord de Rome et de Byzance dans la célébration de la fête de ce jour remonte au VII° siècle au moins. On ne saurait avec quelque assurance préciser davantage, ni surtout généraliser la date première de son institution. Angers regarde le saint évêque Maurille comme en ayant été le premier auteur, sur un désir de la Bienheureuse Vierge à lui apparue, vers l'an 430, dans les prairies du Marillais : d'où le nom de Notre-Dame Angevine, ou fête de l'Angevine, donné si fréquemment à la présente solennité. Au XI° siècle, Chartres, la ville de Marie, n'en revendique pas moins pour son Fulbert, soutenu de l'autorité de Robert le Pieux, une paît prépondérante dans la diffusion delà glorieuse fête au pays de France; on sait l'intimité de l'évêque et du roi, et comment celui-ci voulut noter lui-même en chant d'une suave mélodie les trois admirables Répons où son ami célèbre le lever de l'étoile mystérieuse qui doit engendrer le soleil, la branche sortant de la tige de Jessé pour porter la fleur divine où se reposera l'Esprit-Saint, la bénigne toute-puissance qui fait produire à la Judée Marie comme la rose à l'épine.
En l'année 1245, dans la session troisième du premier Concile de Lyon, celle-là même où Frédéric II fut déposé de l'empire, Innocent IV établit pour l'Eglise universelle, non la fête partout dès lors observée, mais l'Octave de la Nativité de la Bienheureuse Vierge Marie ; c'était l'accomplissement du vœu fait par lui et les autres cardinaux pendant le veuvage de dix-neuf mois, résultat des intrigues du fourbe empereur, qui suivit pour l'Eglise la mort de Célestin IV, et auquel l'élection de Sinibaldo Fieschi sous le nom d'Innocent avait mis un terme. En 1377, le grand Pape qui venait de briser les chaînes de la captivité d'Avignon, Grégoire XI, voulut compléter par l'adjonction d'une Vigile à la solennité les honneurs rendus à Marie naissante ; mais soit qu'il n'eût exprimé sur ce point qu'un désir, comme un peu plus tard au sujet du jeûne préparatoire à la fête de la Visitation son successeur Urbain VI, soit pour toute autre cause, les intentions du pieux Pontife ne prévalurent que peu de temps dans les années si troublées qui suivirent sa mort.
Avec l'Eglise implorons, comme fruit de cette fête si suave, la paix qui semble fuir toujours plus nos temps malheureux. Ce fut dans la seconde des trois périodes de paix universelle signalées sous Auguste,etdont la dernière marqua l'avènement du Prince même de la paix, que naquit Notre-Dame.
Pendant que se fermait le temple de Janus, l'huile mystérieuse sortait du sol où devait s'élever le premier sanctuaire delà Mère de Dieu dans la Ville éternelle; les présages se multipliaient; le monde était dans l'attente; le poète chantait: « Voici qu'arrive enfin le dernier âge prédit par la Sibylle, voici s'ouvrir la grande série des siècles nouveaux, voici la Vierge ! » En Judée, le sceptre est ôté de Juda ; mais celui-là même qui s'en est approprié la puissance, Hérode l'Iduméen poursuit en hâte la splendide restauration qui doit permettre au second Temple de recevoir dignement dans ses murs l'Arche sainte du nouveau Testament. C'est le mois sabbatique, premier de l'année civile, septième du cycle sacré : Tisri, où commence le repos de chaque septième année, où l'année sainte du jubilé s'annonce ; le plus joyeux des mois, avec sa solennelle Néoménie que signalent les trompettes et les chants, sa fête des Tabernacles, et la mémoire, de l'achèvement du premier Temple sous Salomon. Au ciel, l'astre du jour, parcourant ses demeures du Zodiaque, vient de quitter le signe du Lion pour entrer dans celui de la Vierge. Sur la terre, deux descendants obscurs de David, Joachim et Anne, remercient Dieu qui a béni leur union longtemps inféconde.
Extrait de l'Année Liturgique, tome 5, de Dom Prosper Guéranger
Neuvaine pour la Nativité de la Sainte Vierge
Elle commence le 30 août
On dit tous les jours les prières suivantes :
Au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. Amen.
Venez, Esprit-Saint, remplissez les cœurs de vos fidèles,
et allumez en eux le feu de votre amour.
Envoyez votre Esprit, et tout sera créé,
Et Vous renouvellerez la face de la terre.
Prions
O Dieu qui avez enseigné le cœur des fidèles par la lumière du Saint Esprit, donnez nous cet Esprit Saint qui nous fasse goûter et aimer le bien et qui répande toujours en nous sa consolation Par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Ainsi soit-il.
Prière
O Marie, choisie par l'auguste Trinité, et destinée de toute éternité pour être la Mère du Fils unique du Père, annoncée par les prophètes, attendue par les patriarches, désirée par toutes les nations : sanctuaire sacré, temple vivant du Saint Esprit ; soleil sans tache, parce que vous avez été conçue sans péché ; souveraine du ciel et de la terre, Reine des anges, nous vous honorons avec humilité, nous voulons célébrer avec allégresse la mémoire de votre heureuse naissance ; nous vous supplions de venir naître spirituellement dans nos âmes, de les captiver par votre douceur et par votre amabilité, afin qu'elles soient toujours unies à votre doux et aimable cœur.
I. Maintenant, par neuf salutations distinctes, nous dirigeons nos pensées vers les neuf mois pendant lesquels vous demeurâtes renfermée dans le sein maternel, et disons que tirant votre origine du sang royal de David, vous parûtes avec éclat, lorsque vous naquîtes de Sainte Anne, votre bienheureuse mère. Je Vous salue Marie...
II. Nous vous saluons, enfant céleste, colombe de pureté, qui à la honte du dragon infernal, avez été conçue sans péché. Je Vous salue Marie...
III. Nous vous saluons, aurore resplendissante, qui annoncez le soleil de ; justice, et apportez à la terre le premier rayon de lumière. Je Vous salue Marie...
IV. Nous vous saluons, ô élue de Dieu, qui, comme un soleil sans tache, avez brillé dans la nuit ténébreuse du péché. Je Vous salue Marie...
V. Nous vous saluons, astre brillant, qui avez éclairé le monde enveloppé dans les ténèbres du paganisme. Je Vous salue Marie...
VI. Nous vous saluons, redoutable guerrière, qui, comme une armée rangée en bataille, avez seule mis en fuite l'enfer tout entier. Je Vous salue Marie...
VII. Nous vous saluons, ô belle âme de Marie, que Dieu a regardée avec complaisance de toute éternité. Je Vous salue Marie...
VIII. Nous vous saluons, ô précieuse enfant, nous honorons votre très saint petit corps, les bandelettes dont il fut enveloppé et le berceau où il reposa ; nous bénissons le moment de votre naissance. Je Vous salue Marie...
IX. Nous vous saloons enfin, Bienheureuse Enfant, ornée de toutes les vertus dans un degré infiniment supérieur aux Saints ; c'est pourquoi, Mère digne du Sauveur, vous avez mis au monde le Verbe par la puissance du Saint-Esprit. Je Vous salue Marie...
Prière
O très aimable enfant, qui dans votre heureuse naissance avez consolé le monde, réjoui le Ciel, effrayé l'enfer, apporté du soulagement aux pécheurs, de la consolation aux affligés, de la santé aux malades, de la joie à tous les hommes, nous vous supplions avec ferveur de naître spirituellement dans nos âmes par votre amour ; fixez nos esprits dans votre service, et nos cœurs dans l'union avec vous: faites fleurir en nous ces vertus qui nous rendront agréables à vos yeux très miséricordieux. O Marie, soyez-nous Marie, en nous montrant les salutaires effet de votre doux nom. Que l'invocation de ce saint nom soit notre force dans les peines, notre espérance dans les dangers, notre bouclier dans les combats, et notre soutient à la mort: « Que le Nom de Marie soit un miel à notre bouche, une mélodie à nos oreilles et une jubilation à notre cœur. Ainsi soit-il.
Litanies de la Sainte Vierge
Seigneur, ayez pitié.
Christ ayez pitié.
Seigneur, ayez pitié.
Christ, écoutez-nous.
Christ, exaucez-nous.
Père céleste qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Fils Rédempteur du monde, qui êtes Dieu,
Esprit-Saint qui êtes Dieu,
Trinité sainte qui êtes un seul Dieu,
Sainte Marie, priez pour nous
Sainte Mère de Dieu,
Vierge sainte entre les vierges,
Mère du Christ,
Mère de l'Église,
Mère de la divine grâce,
Mère très pure,
Mère très chaste,
Mère sans tache,
Mère demeurée vierge,
Mère digne d'amour,
Mère admirable,
Mère du bon conseil,
Mère du Créateur,
Mère du Sauveur,
Vierge très prudente,
Vierge digne d'honneur,
Vierge digne de louanges,
Vierge puissante,
Vierge pleine de bonté,
Vierge fidèle,
Miroir de justice
Siège de la sagesse,
Cause de notre joie,
Demeure de l'Esprit-Saint,
Demeure comblée de gloire,
Demeure toute consacrée à Dieu,
Rose mystique,
Tour de David,
Tour d'ivoire,
Maison d'or,
Arche de la nouvelle alliance,
Porte du ciel,
Etoile du matin,
Santé des malades,
Refuge des pécheurs,
Consolatrice des malheureux,
Secours des chrétiens,
Reine des Anges,
Reine des Patriarches,
Reine des Prophètes,
Reine des Apôtres,
Reine des Martyrs,
Reine des Confesseurs,
Reine des Vierges,
Reine de tous les Saints,
Reine conçue sans le péché originel,
Reine élevée dans les cieux,
Reine du très saint rosaire,
Reine de la famille,
Reine de la paix,
Agneau de Dieu, qui enlevez les péchés du monde pardonnez-nous Seigneur.
Agneau de Dieu, qui enlevez les péchés du monde exaucez-nous. Seigneur.
Agneau de Dieu qui enlevez les péchés du monde, ayez pitié de nous.
Jésus-Christ, écoutez-nous.
Jésus-Christ, exaucez-nous.
V. Votre nativité, ô Vierge Mère de Dieu,
R. A annoncé la joie au monde entier.
Prions
Nous Vous prions, Seigneur, d'accorder à vos serviteurs le bienfait de la grâce céleste, afin que, comme la naissance de la bienheureuse Vierge a été pour eux un commencement de salut, la fête solennelle de sa Nativité leur procure une augmentation de paix.
Pour le Pape
O Dieu, qui êtes le Pasteur et le recteur de tous les fidèles, regardez d'un œil favorable le Pape N., votre serviteur que vous avez établi chef de votre Eglise : faites, par votre grâce, que ses paroles et ses exemples soient profitables à ceux sur qui il a autorité, afin qu'il ait part, dans la vie éternelle avec le troupeau qui lui est confié. Nous Vous le demandons, Père, par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Amen.
Pour nos différents besoins
O Dieu, notre refuge et notre force, rendez-vous favorable aux prières de votre Eglise, vous qui êtes l'auteur de toute piété, faites que nous obtenions sûrement ce que nous vous demandons avec confiance, par Jésus, le Christ, Notre Seigneur. Ainsi soit-il.
Que Marie et son tendre Fils nous bénissent ! Ainsi soit-il
Recueil de Neuvaines préparatoires aux principales Fêtes de la Sainte Vierge, Lévis, Mercier et Cie, Libraire, imprimeurs et relieurs, 1886.
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