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30 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Trente-et-unième jour

De la statue colossale élevée au Puy, à la sainte Vierge, sous le nom de Notre Dame de France

 

Ce fut une idée magnifique que celle d'élever à Marie sur le sommet du Mont-Corneille la statue colossale qui en fait une fois de plus la reine du Velay. La première idée en vint, dit-on, au Père de Ravignan, alors qu'il préparait au Puy, en 1846, ses belles conférences pour Notre Dame de Paris. En 1850 son idée fut reprise, par l'abbé Combalot, et il fut enfin donné à Monseigneur de Morlhon de la réaliser.

Un concours fut ouvert, auquel prirent part 53 artistes, et M. Bonassieux fut proclamé lauréat à l'unanimité. Son projet de statue était en effet un véritable chef-d'oeuvre.

Mais comment le réaliser ! La question financière paraissait insurmontable. Sans se décourager, Mgr de Morlhon ouvrit lui même une souscription diocésaine par un don généreux de dix mille francs. Le diocèse souscrivit pour cent mille francs ; mais la statue projetée devait avoir seize mètres de haut ; il fallait donc des ressources bien autrement considérables. La France entière fut appelée à souscrire au monument.

La France répondit généreusement à cet appel. Les trois cent mille petits enfants que les bons Frères des écoles chrétiennes élevaient alors en France, s'offrirent à faire, à eux seuls, les frais du piédestal. C'était la souscription nationale qui commençait par tout ce qu'elle peut avoir de plus gracieux. Ce fait rappelle bien les légendes qui ont valu, à notre Cathédrale, son nom d'église angélique : de même que les anges du ciel avaient consacré jadis, le sanctuaire de Notre-Dame, de même les petits anges de la France voulaient, à leur tour, consacrer à la Mère de l'Enfant Jésus, le rocher qui devait servir de piédestal à sa colossale statue. La souscription de ces petits enfants n'atteignit pas moins de 15,000 francs.

Sur la requête éloquente de Mgr de Morlhon, l'empereur Napoléon III souscrivit pour 10,000 fr. et l'impératrice pour 2,000. De plus, sur la demande de l'Evêque, l'empereur promit, pour la statue, les canons que l'armée française devait prendre à Sébastopol. On était alors au 5 septembre 1855. Le 8, fête de la Nativité de la sainte Vierge, Sébastopol avec ses arsenaux, ses forteresses et son port remplis de pièces d'artillerie, tombait aux mains de nos valeureux soldats. À la suite de cette victoire, la paix ayant été signée (30 mars 1856), deux cent treize canons, représentant un poids de 150,000 kilogrammes de fonte de fer, furent mis, par l'empereur, à la disposition de Monseigneur l'Evêque du Puy. Grâce à cette espèce de carte forcée, tirée providentiellement par nos soldats sur la Russie schismatique, grâce aussi aux ressources de la souscription nationale, qui s'éleva à plus de 300,000 francs, la statue de Notre-Dame de France put être coulée à Givors, avec les canons de Sébastopol. Grande et chrétienne pensée que celle d'avoir ainsi converti l'airain tonnant des batailles en un symbole de miséricorde et d'amour.

Enfin, le 12 septembre 1860, eut lieu l'inauguration de la colossale statue. Jamais la ville du Puy n'assista à plus belle fête et à plus magnifique triomphe. Plus de cent vingt mille pèlerins étaient accourus à cette pieuse cérémonie. Dès le matin, à cinq heures, les cloches de toutes les paroisses, de toutes les églises, de toutes les communautés, s'éveillant toutes à la fois, saluèrent de leurs joyeuses volées l'aube de la fête qui se levait. Rien d'émouvant comme ses hymnes d'airain, portés sur l'aile des quatre vents du ciel, et chantant les gloires de Dieu dans l'espace infini.

À dix heures, une procession, dont la magnificence défie toute description, sortit des sombres profondeurs du porche de la Cathédrale et descendit, avec la lente majesté d'un fleuve contenu, les pentes des rues qui conduisent à la grande place du Breuil. A la suite de cet immense défilé s'avançaient douze prélats, portant des crosses, des mitres et des chapes splendides. C'étaient Nos Seigneurs, les Evêques de Viviers, de Saint-Flour, de Torento, de Valence, de Mende, de Tulle, d'Autun, de Clermont et du Puy. Venaient ensuite les archevêques de Tours et d'Alby, et enfin, dans le splendide éclat de la pourpre romaine, Mgr Donnet, cardinal-archevêque de Bordeaux, fermait la marche de cet auguste cortège. Tous ces grands dignitaires de l'Eglise viennent prendre place sur une magnifique estrade, au milieu de laquelle un riche autel avait été préparé pour le Saint-Sacrifice. Là, tous les regards étant fixés sur le rucher de Corneille où se dressait la statue voilée, un choeur immense entonne un hymne à la Vierge. Soudain le canon tonne, le voile de la statue tombe, une immense acclamation de joie et d'ivresse la salue ; tambours, clairons, fanfares mêlent leur grande voix aux acclamations et aux hourras de la foule.

Puis, sur un signe, tout se tait ; les prélats sont debout, leurs mains se lèvent toutes ensemble pour bénir la statue. Chacun prononce à haute voix, selon le rite prescrit, la formule sacrée. À ce moment, un murmure contenu court comme un frisson sur la foule surprise ; le ciel, qui avait été jusqu'alors sombre et nébuleux, semble soudain s'éclaircir ; un rayon de soleil perce la nue, inonde d'abord le monument de sa pure et radieuse lumière, et s'épanche ensuite en flots d'or sur la ville, comme si du haut du ciel, Marie en personne eut voulu sourire à cette fête. Bien des âmes ne purent s'empêcher de voir une intervention surnaturelle dans cette merveilleuse coïncidence, et le mot de miracle fut même prononcé par un grand nombre de spectateurs.

Quoi qu'il en soit, elle est là maintenant, la colossale statue, elle est là debout sur son gigantesque piédestal de granit, le front dans l'azur et presque aux écoutes du ciel. Du haut du roc où elle se dresse, elle apparaît aux yeux de la foule comme une radieuse et puissante Reine. Elle plane désormais dans l'espace, sur les temps et sur les hommes ; le divin Enfant qu'elle porte entre ses bras, bénit la ville et la France, et l'antique cité d'Anis, fille des grands souvenirs, s'enorgueillit justement de voir sa plus chère croyance et toute son histoire, se dresser de la sorte, immortelles, sur un incomparable piédestal.

Rappelons, en finissant, que le rocher sur lequel s'élève la statue est à cent trente-deux mètres au-dessus de la place de l'Hôtel-de-Ville, et à sept cent cinquante-sept mètres au-dessus du niveau de la mer. Le piédestal mesurant sept mètres au-dessus du rocher, et la statue seize mètres au-dessus du piédestal, les étoiles qui composent la couronne de la statue sont donc à sept cent soixante-quatre mètres au-dessus du niveau de la mer. La longueur totale du serpent qui se tord et expire sous les pieds de Marie, n'a pas moins de dix-sept mètres ; le pied qui l'écrase a un mètre quatre-vingt-douze centimètres. La chevelure qui se déroule à longs plis sur le manteau constellé de la Vierge, a une longueur de sept mètres ; l'avant-bras a trois mètres soixante-quinze, et la main, de l'attache du poignet jusqu'au bout des doigts, mesure un mètre cinquante-six centimètres. Enfin, la statue, au point de son plus large développement, a dix-sept mètres de circonférence. Aucun monument en métal fondu, existant jusqu'à ce jour, n'a encore atteint de telles proportions. La statue de saint Charles Borromée, à Milan, qui mesure quelques mètres de plus, est simplement en plaques de cuivre repoussé. L'on peut donc bien dire, avec vérité, que par ses dimensions colossales, par sa double signification de patriotisme et de foi, par, la convenance enfin et l'harmonie de toutes choses, autour d'elle, la statue de la sainte Vierge, élevée au Puy, sur le rocher de Corneille est digne du Velay et de la France, et n'a point d'égale au monde.

Heureux ceux à qui il a été donné d'assister au spectacle merveilleux que nous venons de raconter ; et gloire éternelle, amour sans fin à Marie, la patronne et la Reine de notre bien-aimé diocèse et de notre chère Patrie !

 

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Prière

 

Notre Dame du Puy, Notre Dame de France, priez pour nous !

 

Nous venons de raconter votre glorieuse histoire. Que vous demanderons-nous maintenant, en ce dernier jour du beau mois fleuri qui vous est consacré ? Que vous demanderons-nous à la fin de ce livre où sont racontées les merveilles que vous avez daigné opérer sur le Mont-Anis !

Ô Marie, nous vous adresserons une dernière prière pour le Velay et pour la France ! Nous vous demanderons une dernière et suprême bénédiction pour nos montagnes, une dernière et suprême bénédiction pour notre Patrie ! Reine du Velay, vous êtes aussi la Reine de la France, et la France et le Velay vous implorent à genoux et se recommandent à votre toute puissante protection !

Nous vous prierons également pour chacun de nous en particulier : ô Marie, conservez en nos coeurs la foi ardente, qui, par moments, est venue réchauffer nos âmes pendant la lecture de ce petit livre. Maintenez en nos coeurs les bonnes résolutions que nous avons prises, durant ce mois qui nous a tous réunis en votre nom. Humblement prosternés à vos pieds, nous nous consacrons à vous, ô Notre Dame du Puy nous nous donnons à vous, nous remettons à votre bonté la direction de notre vie. Soyez, désormais, notre espérance et notre force, notre consolation et notre soutien, notre joie et notre amour ! Chaque jour, nous ajouterons à nos prières ces mots désormais chers à notre coeur : Notre-Dame du Puy, priez pour nous ! Nous les répéterons souvent en nous-mêmes, sachant que vous les entendez et que vous êtes sans cesse à côté de nous, par votre invisible mais réelle présence. Nous les dirons enfin, à l'heure redoutable où nous irons paraître devant le Souverain Juge ! Porte du Paradis, ouvrez-vous alors pour chacun de nous !

 

Notre-Dame du Puy, priez pour nous ! Ainsi soit-il !

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil, obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiæ, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evæ ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, præparasti: da ut cujus commemorationo lætamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

 

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Téléchargez le texte de cette méditation (pdf) en cliquant ici

Téléchargez l’intégralité du Mois Historique de Marie de Notre Dame du Puy en cliquant ici

 

Fin du Mois de Marie

 

Prochain Mois de Dévotion: Mois de Saint Vincent de Paul,

rendez-vous le 17 septembre

 

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29 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Trentième jour

Impressions salutaires que l'on ressent dans l'Eglise angélique de Notre Dame du Puy

 

La nature, avec ses impressions, sa beauté, ses aspects qui parlent tout à la fois à l'esprit, au coeur et à l'âme, ne contribue pas peu à élever l'homme vers son Créateur. C'est là ce qui explique pourquoi certaines contrées de la France ont un caractère plus profondément religieux que d'autres. Demandez au breton pourquoi sa croyance est plus fortement enracinée que les chênes de son pays, il vous montrera l'Océan qui fouette ses falaises, et sur lequel il croit voir « l'esprit de Dieu porté sur les eaux. Et Spiritus Dei ferebatur Super aquas ». (Genèse, 1-2.) Il vous montrera ses landes désertes sur lesquelles il voit également planer l'infini. Demandez à l'habitant du Velay la raison de son culte spécial pour Marie : il vous montrera ses pics qui surgissent du fond de ses vallées ; il vous montrera la ceinture de sapins et la couronne de montagnes, qui font du Velay comme un temple naturel que la sainte Vierge s'est plu à consacrer par diverses apparitions, et au centre duquel elle a désigné elle-même le lieu ou elle désirait être spécialement invoquée.

Ce lieu ainsi choisi par la sainte Vierge, c'est le sanctuaire angélique du Mont-Anis. Rien, tout à la fois de plus saisissant, de plus religieux et de plus pittoresque que l'aspect qu'offrent le sanctuaire et la cité du Puy-Sainte-Marie, aux innombrables pèlerins qui s'y rendent de toutes parts.

La Basilique, notamment, par sa structure et ses dispositions toutes particulières est un monument unique en France. Elle est bâtie moitié sur une plate-forme de brèche volcanique, dépendante du rocher de Corneille qui la domine, et moitié sur un précipice profond qui a été comblé à la hauteur du sol par le moyen de fortes voûtes jetées hardiment sur l'abîme, et supportées par d'énormes piliers flanqués eux-mêmes de grosses colonnes byzantines. Entrons un instant dans ce mystérieux sanctuaire et soumettons nos âmes aux salutaires impressions que l'on y éprouve :

 Parmi les âmes qui pénètrent dans le sanctuaire de Marie, les unes sont en grâce avec Dieu, les autres ont des péchés sur la conscience. Les premières subissent tout de suite le charme que l'apparition de Marie laissa autrefois dans ce lieu, et y éprouvent je ne sais quelle sensation suave et quel mélange de paix et de bonheur vraiment extraordinaire. Peu à peu le calme profond de ce sanctuaire, le recueillement qui y règne, vous gagnent et vous pénètrent complètement.

Oh ! Qu'il fait bon prier là, et y épancher son âme aux pieds de Marie ! Comme on sent bien que les Anges ont consacré cette solitude, l'ont traversée en tout sens et que la sainte Vierge y est descendue autrefois à l'endroit même où s'élève aujourd'hui son autel ! La prière est si douce en cette Basilique et l'on s'y trouve si bien qu'on voudrait pouvoir y rester, y vivre, y mourir même et y reposer dans un tombeau. On comprend, après cela, pourquoi, en 1485, Jean de Bourbon, un des plus illustres Evêques du Puy, tenait tant à avoir son sépulcre dans cette église, qu'il offrit, mais en vain, au Chapitre, en échange de cette faveur, la somme considérable à cette époque de 4.000 livres de rente.

Ah ! c'est que ce lieu est véritablement charmé, et le charme que l'on y éprouve est divin ! Le pécheur et l'incrédule ne peuvent pas plus le méconnaître que s'en défendre : ils le subissent aussi bien que les saintes âmes. Seulement ils l'éprouvent d'une autre façon : au lieu de se manifester par le calme et la paix, ce charme se traduit chez eux par la crainte respectueuse, la terreur involontaire et surtout par de salutaires remords. Il semble qu'une voix intérieure leur crie les paroles de l'inscription, qui se trouve gravée dans la pierre de l'une des marches de l'escalier de la Cathédrale : « Ni caveas crimen, caveas contingere limen ! Arrière, vous qui êtes en état de péché mortel ! »

Il semble que cette voix leur redise aussi ces paroles, d'une autre inscription, à demi effacée, que l'on lit encore près de la porte du For : Lubrica si vita fuerit, tunc limina vita ! C'est-à-dire : Fuyez loin d'ici, vous dont la vie n'est pas pure ! » Malgré eux, ils sentent que ce lieu est saint : Iste locus sanctus est ! Il y a, en effet, dans l'air qu'on y respire quelque chose d'indéfinissable et de divin qui subjugue doucement l'âme, apaise ses passions et la dispose suavement aux secrètes influences de la grâce. Nulle part, du reste, se rencontre mieux que là, le recueillement dont l'âme a besoin pour parler à Dieu et lire dans sa conscience. Dès l'entrée, ce recueillement vous saisit et vous captive ; une fois entré, on ne sait pas se retirer, on sent le besoin de s'attarder sur ces dalles, d'y soupirer, d'y gémir, d'y pleurer… La demi-obscurité répandue dans ce lieu porte, en outre, à prier ; car, rien ne sied mieux à la prière, que ce demi-jour mystérieux, que les verrières ne laissent pénétrer qu'avec épargne. On y voit à peine pour lire, c'est vrai : mais a-t-on besoin d'un livre pour prier, pour sonder sa conscience et pleurer ses péchés ? On prie donc presque irrésistiblement et l'on prie d'autant mieux que l'on prie alors avec son coeur !

Ah ! Nous ne craignons pas de l'affirmer : si les saintes prières, si les larmes du coeur, si la ferveur et les transports des âmes innombrables qui sont venues prier là, depuis dix-huit siècles, peuvent ajouter quelque chose à la sainteté et à la consécration de ce lieu, aucun sanctuaire, sous ce rapport, n'a été favorisé comme celui-là !

En cela, du reste, apparaissent clairement les vues de la Providence sur cette Eglise angélique. Dans les desseins de Marie, le but de ce pèlerinage n'a pas été surtout la santé du corps, mais la santé de l'âme et la conversion des pécheurs. D'ailleurs, aux yeux de la foi, tout le reste est secondaire et ne tend qu'à cette fin !

Allons donc souvent prier Marie dans son sanctuaire du Mont-Anis ! Reprenons de nouveau le chemin oublié, que nous aimions tant à suivre dans notre enfance et que foulèrent si souvent nos aïeux. Quoi de plus doux et de plus réconfortant pour un enfant du Velay, que d'épancher son âme sous les voûtes de cette Cathédrale, où s'agenouilla Charlemagne, où se prosterna saint Louis, où le grand Pape, Urbain II, et l'illustre Adhémar, évêque du Puy, poussèrent leur premier cri de guerre, ce cri souverain : « Dieu le veult ! » qui devait jeter la chrétienté tout entière aux Croisades.

Ah ! quand on sait les écouter et les entendre, toutes les pierres qui composent les voûtes, les colonnes, les murailles et le parvis de ce temple, toutes ces pierres ont une voix qui chante les gloires de la Mère de Dieu et nous invite à aimer Marie. Les ex-voto appendus à ces murs nous parlent de ses bienfaits, les lampes qui brûlent nuit et jour autour de son autel, nous rappellent les trente-deux lampes d'argent qui brûlaient constamment, autrefois, devant la statue de la Vierge noire, et nous disent la dévotion qu'un grand nombre d'âmes lui portent encore dans le Velay.

Enfin, il n'est pas jusqu'à cette chaire célèbre, dont la vue ne nous émeuve, en nous rappelant aussi, que là, saint Mayeul, saint Odilon de Cluny, saint Dominique, saint Antoine de Padoue, saint Vincent Ferrier, saint François-Régis, le P. Brydaine ont précédé jadis, en leur frayant la voie, les Ravignan, les Combalot et les Félix ! La voix de ces grands orateurs semble retentir encore du haut de cette chaire ; et, pour raviver dans tous nos coeurs la dévotion envers Notre-Dame du Puy, le P. Brydaine semble nous redire aujourd'hui, comme en 174 :

« Souvenez-vous, cher peuple du Velay, souvenez-vous que c'est peu pour la divine Marie et pour vous, d'avoir vu, dans cette célèbre église, neuf rois de France, trois empereurs, trois Papes, et tant d'illustres princes et princesses, prosternés humblement à ses pieds, déposer leurs sceptres et leurs couronnes, si vous, qui êtes comme ses enfants privilégiés, depuis des générations immémoriales, vous ne vous montrez dignes imitateurs de la confiance que vos pères ont eue en cette Reine des Anges et des hommes. Pensez surtout qu'elle exige de vous, non pas simplement des hommages passagers, mais que vous l'honoriez constamment par la pureté de vos mœurs plus que tous les peuples de l'univers, et que vous recourriez confidemment et fréquemment à elle, non seulement dans vos besoins temporels, mais aussi, et surtout, dans vos besoins spirituels. Je vous répète et vous conjure donc de n'oublier jamais la confiance qu'attend de vous la divine Marie. Je voudrais vous piquer d'honneur et vous taire renchérir sur les sentiments de tous les peuples du monde chrétien. Quoi ! cher peuple du Velay ! Voudriez-vous que des étrangers vinssent, pour ainsi dire, vous enlever des trésors qui sont autour de vos foyers, et sur lesquels votre bonne et tendre Mère vous offre journellement tout droit de préférence !... »

Ainsi parlait Brydaine ; et nos pères, qui l'écoutaient avidement, s'écriaient tous qu'ils ne voulaient jamais cesser d'honorer et d'aimer de tout leur coeur la patronne du Velay ! Faisons, à notre tour, les mêmes protestations à la Vierge Marie, et jurons, nous aussi, un éternel amour à notre auguste protectrice, Notre-Dame du Puy.

 

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Prière

 

Notre-Dame du Puy, protégez ce pèlerinage sacré, ce sanctuaire de grâces et de bénédictions que vous avez confié à la garde de tous les chrétiens du Velay ; empêchez que sa gloire ne s'éclipse et ne périsse par leurs fautes, comme périssent, hélas! ici-bas, tant de grâces de Dieu dont tant de chrétiens ingrats ne craignent point d'abuser !

Notre-Dame du Puy, veillez sur ces roches saintes d'Anis et de Corneille où les multitudes des pèlerins viennent vous prier avec amour. Défendez-les contre toute profanation ! Que le sanctuaire élevé sur la place où vous êtes apparue, il y a dix-huit cents ans, soit à jamais sacré ! Que les pécheurs y trouvent le repentir de leurs fautes, que les malades y reçoivent la guérison de leurs maux ; que les âmes faibles et chancelantes y puisent la force dont elles ont besoin ; que ceux qui viennent y pleurer y soient consolés ; que tous ceux qui viennent y prier y soient exaucés ! Que nulle âme enfin, venue pour chercher la foi en ce lieu, ne s'en aille sans l'avoir trouvée et sans l'emporter dans son coeur comme un précieux trésor ! Que les grands pèlerinages d'autrefois ressuscitent et reprennent leur cours interrompu ! En un mot, que votre gloire dix-huit fois séculaire, ô Notre Dame du Puy, brille désormais d'un nouvel éclat, et que l'amour et la dévotion des habitants du Velay pour vous, soient à jamais immuables et solides comme le roc qui porte aujourd'hui votre temple et votre statue !

 

Notre-Dame du Mont-Anis, priez pour nous ! Amen !

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil, obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiæ, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evæ ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, præparasti: da ut cujus commemorationo lætamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

 

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28 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Vingt-neuvième jour

Sentiments du vénérable Monsieur Ollier et de plusieurs autres Sulpiciens à l'égard de Notre Dame du Puy

 

Personne ne fut plus dévot à Notre-Dame du Puy que Monsieur Ollier, le vénérable fondateur de la pieuse et modeste Société de Saint-Sulpice. En revanche, c'est Notre-Dame qui amena Messieurs de Saint-Sulpice au Grand-Séminaire du Puy, dont Mgr de Maupas leur confia la direction et la fondation.

En 1652, M. Ollier, qui s'était démis de sa cure, à Paris, vint faire le pèlerinage du Puy, sans autre intention que de satisfaire sa dévotion. Sa première démarche, en arrivant dans notre ville, fut de monter à la Cathédrale, et de s'offrir à Notre Seigneur et à sa très sainte Mère, au pied de l'autel principal où il demeura quelques temps en oraison. Dieu, qui avait d'autres vues, profita de sa présence pour ménager l'établissement de notre Grand-Séminaire. Monsieur Ollier fut on ne peut plus heureux d'en prendre la conduite, tant à cause de son zèle pour la gloire de Dieu, que de sa grande dévotion pour Notre-Dame du Puy. Ne pouvant être assidûment à ses pieds devant son image, il fut ravi qu'il y eût quelques membres du Séminaire de Saint-Sulpice qui suppléassent à son impuissance, en lui rendant leurs devoirs en son nom, et qui travaillassent à la sanctification des ecclésiastiques destinés à conduire le peuple qu'elle a pris sous sa protection particulière.

Cette fondation lui donna occasion de revenir dans la cité de Marie quelque temps avant sa mort. Ce fut en l'année 1655 que, sentant sa fin approcher, il voulut faire encore une fois ce saint pèlerinage, avant d'aller paraître devant Dieu. Il arriva donc au Puy, comblé de joie de revoir une ville, où régnait, depuis tant de siècles, la dévotion la plus tendre envers la Mère de Dieu, et où il se souvenait d'avoir reçu, par son intercession, des grâces très abondantes. Le séjour qu'il y fit, fut pour lui une source de bénédictions, et un grand sujet d'édification pour les habitants. On le voyait prier très assidûment dans l'Eglise de Notre-Dame : c'était même de tous les lieux de piété qu'il avait visités dans la France celui pour lequel il témoignait le plus d'attrait : « Je n'en connais point, disait-il, où Dieu se communique si intimement, et où il répande ses grâces avec plus de libéralité. Tout y porte à lui, tant ce lieu est saint ; en sorte que, pour en sortir tout pénétré de son amour et de son esprit, on n'a qu'à se laisser aller au mouvement intérieur qu'on y éprouve, dès qu'on s'y présente avec foi ». Il se rappelait, avec une douce joie, les grâces éminentes dont la mère Agnès y avait été favorisée. Aussi y était-il tellement touché lui-même et si intimement uni à Dieu, qu'il fallait l'en tirer comme par violence, et l'avertir plusieurs fois de sortir. « Je suis dans un lieu, écrivait-il, où je finirais ma vie avec joie, aux pieds de Notre Dame du Puy, à laquelle je suis redevable, par Sœur Agnès, de toutes sortes de grâces ».

Ne pouvant toujours demeurer présent de corps dans cette église, et désirant y être au moins en esprit, autant qu'il était en son pouvoir, il laissa, auprès de l'image de Marie, une statue d'argent où il s'était fait représenter dans la posture d'un suppliant, qui, respectueusement incliné devant elle, lui faisait hommage de tous les sentiments que doivent un sujet à sa souveraine et un fils à sa mère. Cette statue était placée autrefois sur une console de marbre, scellée dans le grand autel, derrière l'image miraculeuse de Marie. Non content de cette offrande, il laissa encore une riche médaille d'or, sur laquelle il avait fait graver le séminaire de Saint Sulpice de Paris, qu'il lui présentait, la conjurant de le prendre sous sa protection spéciale, et de faire, de tous ceux qui l'habitaient, autant d'instruments de la gloire de son fils.

Mais le plus riche cadeau que fit encore Monsieur Olier au sanctuaire de Notre-Dame, fut de donner au Grand-Séminaire du Puy, comme fondateur et premier supérieur, le très docte et très pieux de Lantages, une des plus belles perles de Saint-Sulpice et du clergé français à cette époque. En arrivant au Puy, M. de Lantages et ses compagnons, à l'exemple de Monsieur Olier, allèrent droit à la Cathédrale s'offrir à la très sainte Vierge, et mettre, dès ce moment, sous la protection de cette auguste Reine du clergé, l'oeuvre qu'ils venaient fonder dans ce diocèse. La sainteté du lieu les pénétra de la dévotion la plus tendre, et, aux pieds de la statue miraculeuse de Marie, ils répandirent leurs coeurs avec une dilatation de sentiments qu'il serait difficile d'exprimer. M. de Lantages surtout y reçut de si grandes consolations, qu'il ne manqua presque jamais, tant qu'il demeura au Puy, de visiter tous les jours, même dans les infirmités de sa vieillesse, cette aimable Patronne, dans la Basilique qui lui est consacrée, et de venir lui faire hommage des succès que Dieu daignait accorder à ses travaux. Après de longues et pénibles épreuves, M. de Lantages vint enfin à bout de l'oeuvre que Monsieur Olier lui avait confiée, et sous sa direction et celle de ses pieux successeurs, si dignement représentés encore aujourd'hui, le Grand-Séminaire du Puy devint bientôt un établissement modèle, un centre de doctrine et de piété où accouraient les étudiants de plusieurs diocèses voisins, tels que Mende, Clermont, Viviers, Vienne et Valence.

La dévotion, pour notre sanctuaire, ne s'est jamais affaiblie dans le coeur des disciples de Monsieur Olier. Nous pourrions rapporter les noms de tous ceux qui ont passé leur vie à former, sous l'égide de Notre-Dame du Puy, des prêtres pour propager sa gloire, en consolidant le règne de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Nous nous contenterons de citer ici le nom de M. de Breton-Villiers qui fut plusieurs fois attiré dans notre ville par son amour pour la sainte Vierge plus encore que par les affaires du Séminaire. C'était toujours avec la plus grande joie que ce vénérable sulpicien se rendait au Puy où sa piété aimait tant à prier dans l'Eglise de Notre-Dame, et où il trouvait de si grands sujets d'édification, en constatant tout le bien que ses confrères faisaient dans le diocèse, sous les auspices de la reine du Mont-Anis. Il fallait le voir, pendant de longues heures, plongé en oraison dans l'angélique sanctuaire de Marie, et ne se lassant point d'épancher son âme aux pieds de la Madone. Souvent il passait des matinées entières, à jeun jusqu'à midi, et quand il sortait enfin de la Cathédrale, au lieu d'aller immédiatement prendre un peu de nourriture, il songeait d'abord, avant tout, à faire l'aumône aux pauvres. Il en réunissait quelquefois douze à quinze cents devant la porte du Grand-Séminaire, leur distribuait un petit secours à chacun, et ne consentait qu'après cela à prendre sa frugale réfection.

Après de tels exemples de piété et de dévotion, est-il étonnant que les sulpiciens, chargés au Puy de la direction du Grand-Séminaire, aient formé un clergé si dévot envers la sainte Vierge ? Est-il étonnant que cette maison bénie, où continuent encore d'enseigner les dignes enfants de Monsieur Olier, ait été la pépinière de tant de saints prêtres ? Est-il étonnant enfin que notre clergé ait fourni tant de martyrs à l'Eglise du Puy, pendant la grande Révolution française? L'honneur, après Dieu, en revient tout entier aux Messieurs de Saint-Sulpice, dont toute l'étude semble être de laisser oublier les grandes oeuvres qu'ils opèrent. Oui, si le sacerdoce est si florissant et si estimé dans ce diocèse de Marie, on le doit certainement à la pieuse direction que les jeunes clercs reçoivent au Grand-Séminaire.

Du reste, la situation, unique au monde, de cet établissement ecclésiastique se prête d'une façon admirable au développement de la piété et à l'étude des sciences sacrées. Placé aux portes de la Cathédrale, à quelques pas seulement du sanctuaire de Notre-Dame, il ne laisse pas d'être cependant dans une profonde et complète solitude. Plusieurs terrasses, couvertes de belles allées, montent, comme par différents étages, jusqu'au pied du rocher de Corneille, qui sert de piédestal à la gigantesque statue de Notre-Dame de France. De telle sorte que le regard et la protection de Marie planent sans cesse sur celte sainte maison. Puisse Notre-Dame du Puy être toujours propice à son cher Séminaire du Mont-Anis !

 

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Prière

 

Ô Marie, nous vous prions pour le clergé de ce diocèse, pour les six cents prêtres à qui vous avez confié le soin des âmes dans le Velay. Donnez-leur à tous l'esprit qui fait les vrais apôtres, l'esprit du saint curé d'Ars, l'esprit de saint François de Sales, l'esprit de saint Bernard et de saint François d'Assise, l'esprit, de saint Pierre, de saint Paul et de saint Jean, l'esprit du bon Pasteur venu en ce monde à la recherche des brebis perdues d'Israël ; sanctifiez le clergé chrétien, pour qu'à son tour, le clergé chrétien forme ici-bas des peuples vertueux et qu'il conduise l'âme des multitudes dans les chemins du Seigneur. Obtenez-lui des grâces surabondantes, en ces temps difficiles où il a tant besoin de la force d'en-Haut, pour faire entendre la parole du salut aux âmes égarées et pécheresses, si nombreuses aujourd'hui. Que vos prêtres, ô Marie, soient toujours le sel de la terre au milieu de laquelle ils vivent ! Que par leurs exemples et leurs enseignements ils soient une digue toute puissante contre le flot de plus en plus envahissant de l'erreur et de la corruption ! Que leurs lèvres distillent toujours la science des saintes Ecritures et du salut ! Que leur coeur soit toujours le refuge des pauvres et des malheureux, des faibles et des persécutés, des malades et des agonisants, des justes et des pécheurs, de tous ceux qui souffrent et de tous ceux qui pleurent ! Enfin, ô Marie, que les âmes sauvées par eux, soient un jour leur couronne de gloire en Paradis. Ainsi soit-il !

 

Notre-Dame du Puy, priez pour nous !

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil, obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiæ, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evæ ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, præparasti: da ut cujus commemorationo lætamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

 

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27 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Vingt-huitième jour

Notre Dame du Puy et les Pères Jésuites

 

C’était sous l'épiscopat d'Antoine de Sennectère (1561-1593) : la France était en proie au double fléau de la guerre civile et de l'hérésie protestante. Les dissensions intestines de la Ligue divisaient notre Patrie en deux camps ennemis, et le calvinisme, qui avait déjà fait tant de ruines, infestait particulièrement de sa contagion les montagnes des Boutières et des Cévennes, d'où il menaçait d'envahir le Velay tout entier. La cité du Puy-Sainte-Marie était surtout le point de mire des attaques et l'objet des convoitises des hérétiques. Déjà leurs armées avaient tenté, à plusieurs reprises, de s'emparer, de vive force ou par surprise, de cette place qui était à leurs yeux, le meilleur et le plus ferme rempart de la religion catholique. Mais, grâce à la protection de Marie, la ville assiégée s'était vue chaque fois miraculeusement délivrée des atteintes des Huguenots ; trois de leurs assauts ayant été victorieusement repoussés, la cité d'Anis en avait témoigné sa reconnaissance à Marie par des processions solennelles et par de publiques actions de grâces. En souvenir de la protection miraculeuse dont la sainte Vierge avait couvert sa bonne ville du Puy, on fit graver cette glorieuse inscription sur un des piliers de la sainte Basilique :

 

Civitas nunquam vincitur,

Nec vincelur ; sic legitur :

Per Mariam protegilur,

Haec privilegiata !

 

C'est-à-dire : "cette cité n'a jamais été et ne sera jamais forcée ; c'est écrit : Marie la protège, cette privilégiée !"

Les temps néanmoins, se faisaient de plus en plus mauvais : la guerre civile et l'hérésie continuaient de déchirer le sein de notre Patrie, et l'on vivait, en Velay, dans des transes et des inquiétudes continuelles. Les doctrines hérétiques, quoique réprouvées par l'immense majorité des habitants du Velay, commençaient à s'insinuer çà et là et à démoraliser les populations de certaines parties de nos montagnes. Pour remédier à ce danger, l'évêque du Puy, Antoine de Sennectère, ne trouva pas de meilleur antidote à opposer au poison de l'hérésie protestante, que d'appeler à son aide l'institut des Jésuites, qui venait à peine d'être fondé, et qui, alors comme aujourd'hui, s'était spécialement voué à combattre l'irréligion sous toutes ses formes. Cet appel de l'évêque anicien répondait justement aux ardentes aspirations et comblait à souhait les vœux des Pères de la Compagnie de Jésus. En effet, dès que ces religieux avaient pu s'établir en France, ils avaient vivement désiré d'avoir une maison au Puy. Ils avaient môme écrit à leur général plusieurs lettres à ce sujet, dans lesquelles ils disaient que le Puy-Notre-Dame était pour la France ce que Lorette était pour l'Italie, et le Monserrat pour l'Espagne, c'est-à-dire le grand sanctuaire national de la sainte Vierge. Aussi, grande fut leur joie lorsqu'en 1570, c'est-à-dire trente ans à peine après la fondation de leur institut, l'évêque Antoine de Sennectère, s'unissant aux consuls et à la population tout entière, offrit aux fils de saint Ignace la direction du collège du Puy.

Ce collège, construit exprès pour eux, sur le plan qu'ils en avaient eux-mêmes dressé, se composait d'un bel et vaste édifice, ainsi que d'une fort belle église, qui existe encore et qui est devenue l'église paroissiale actuelle de Saint Georges. A peine ouverte, la maison des Pères jésuites compta de six à sept cents élèves. Selon l'historien Arnaud, ce nombre atteignit même plus d'un millier.

Outre leur habileté consommée en matière d'éducation et d'enseignement, les Pères Jésuites apportèrent encore, dans la direction du collège du Puy, un zèle ardent pour les pratiques religieuses, si favorables à entretenir la foi et la vertu dans l'âme de la jeunesse. Ils s'efforcèrent surtout d'élever leurs disciples dans l'amour de la sainte Vierge, et pour exciter leur dévotion envers Notre-Dame du Puy, ils leur faisaient souvent faire de belles processions par la ville, la tête et les pieds nus, en chantant et en priant, au grand contentement de tout le peuple, dit le chroniqueur Burel.

C'est au Puy où le sanctuaire de Notre-Dame l'attirait comme un doux et irrésistible aimant, que saint François-Régis puisa aux pieds de Marie les grâces de conversion qu'il répandit partout autour de lui.

Au nom de saint François-Régis, il faut joindre aussi le nom du P. Guyon qui, en 1593, c'est-à-dire dès les commencements de l'installation des Pères Jésuites au Puy, composa, en l'honneur de Notre Dame, un ouvrage introuvable aujourd'hui, intitulé : De laudibus Anicii — des gloires du Mont-Anis. Quelques années plus tard, le P. Odo de Gissey publia, en l'honneur de la Reine du Velay, sa très consciencieuse Histoire de Notre-Dame du Puy, un vrai monument, malgré ses imperfections et ses lacunes, et tel que peu de sanctuaires en possèdent de semblable.

L'amour profond et l'ardente dévotion que le P. Odo de Gissey portait à la sainte Vierge, lui firent composer cet ouvrage qu'il écrivit surtout avec son coeur. C'est là, en particulier, ce qui donne à ce livre cette onction, cette naïveté, ce parfum religieux et mystique qu'on ne trouve plus dans les livres modernes. Grand honneur pour la Compagnie de Jésus, d'avoir ainsi donné au sanctuaire de Notre-Dame du Puy son véritable annaliste et son meilleur historien !

Il est tout naturel, après cela, que la Reine du Velay ait béni tout particulièrement la maison des Jésuites établie à ses pieds. Parmi les saints religieux qui illustrèrent le collège du Puy et se distinguèrent par leur dévotion envers Marie, il faut mentionner encore le P. Dauphin, que ses contemporains surnommèrent le nouveau François Régis et qui mourut, comme lui, victime de son zèle pour le salut des âmes, au milieu des exercices d'une mission qu'il prêchait à Blesle, le 17 avril 1754 ; le P. Médaille, qui fonda au Puy l'institut des Soeurs de Saint-Joseph, actuellement répandu dans le monde entier ; le P. Chauran enfin, dont les prédications contribuèrent en grande partie à la fondation de notre Hôpital-Général, sur le plan duquel il fonda ensuite près de quatre cents autres hôpitaux, soit en France, soit en Italie où le Pape l'avait mandé à cet effet.

On connaît les tristes manoeuvres qui amenèrent, en 1773, la suppression complète de la Compagnie de Jésus ; on sait également comment la Providence, en 1814, opéra sa résurrection, dans toute la Chrétienté, par un décret du Pape Pie VII. A peine rétabli, l'institut des Jésuites chercha de nouveau à se fixer aux pieds de Notre Dame du Puy. La maison d'étude de Vals, si admirablement située en face de l'auguste Basilique du Mont-Anis, devint, pour l'illustre Société, une pépinière extrêmement favorable à la formation et au développement de ses jeunes sujets. Rien n'y trouble, en effet, le silence et la solitude. Tout y est propice à l'étude et à la prière, et il y a comme un invisible courant de grâces établi, en permanence, entre le célèbre scholasticat des Jésuites du Puy, et l'auguste sanctuaire de Notre Dame.

Comme leurs devanciers, les nouveaux Jésuites, établis à Vals, ont cherché à honorer tout spécialement la Reine du Mont-Anis. Le P. Cathary, très dévot envers la sainte Vierge, a défendu victorieusement les origines surnaturelles de notre Eglise angélique. C'est un Jésuite, le P. de Ravignan, qui, en 1846, étant venu au Puy pour y préparer ses belles conférences de Notre Dame de Paris, conçut, le premier, l'idée d'élever une statue colossale à Marie sur le sommet du rocher de Corneille, dont le site l'émerveillait et lui arrachait de véritables cris d'admiration. C'est un savant Jésuite, le P. Ducis, qui fit les premières études scientifiques que nécessitait le projet d'érection de la statue de Notre Dame de France. Ces études sur la forme, la matière et l'orientation de la statue, sur le piédestal, les inscriptions, le meilleur mode d'illumination, etc., etc., rempliraient des volumes entiers. Qui a plus fait aussi que le P. Nampon pour mener à bonne fin cette oeuvre gigantesque dont il a été, du reste, le digne et éloquent historien ? Enfin qui ne sait tout le bien qu'ont fait parmi nous le vénérable P. de Bussy, le P. Gury, le P. Ramière, et tant d'autres, qu'il nous est impossible de nommer ici, et qui se sont montrés les dignes continuateurs des François-Régis, des Dauphin, des Médaille et des Chauran !

Pourquoi faut-il, hélas ! Qu'en 1880, d'injustes décrets soient venus expulser de leur sainte et paisible demeure les P. Jésuites de Vals et les jeter impitoyablement à la rue ! Quand cette épreuve fondit sur eux, les vaillants religieux en appelèrent surtout à Notre-Dame du Puy. Ils montèrent à son sanctuaire, accompagnés par les larmes et les sympathies de tous les cœurs honnêtes ; et là, aux pieds de l'autel de Marie, devant cette statue de la Vierge noire qu'ils avaient tant glorifiée et tant aimée, ils resserrèrent solennellement, à cette heure d'angoisse et de tribulation, les liens trois fois séculaires qui les unissaient à l'Eglise et à la cité de Notre Dame. Puisse ces liens ne se rompre jamais ! Et daigne la Reine du Mont-Anis, rappeler bientôt autour d'elle ses enfants dispersés. Ainsi soit-il !

 

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Prière

 

Votre histoire, ô Marie, dit assez combien vous êtes bonne et secourable à tous vos enfants ; mais si votre bonté s'étend ainsi universellement sur tous les malheureux qui vous implorent, que ne fera pas votre coeur pour ceux qui, par leur dévouement et leur zèle envers vous, ont acquis des droits particuliers à votre puissante protection ? Les fils de saint Ignace sont de ce nombre, ô Vierge immaculée ! Écoutez leur prière qui monte nuit et jour vers vous, avec celle des autres ordres religieux expulsés ; autrefois, ces ordres religieux étaient l'ornement et la gloire de votre cité d'Anis ; sans parler des Templiers et des Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem, qui, dès leur fondation, vinrent mettre leurs coeurs et leurs épées à votre service, les Bénédictins, les Prémontrés, les Dominicains, les Chartreux, les Franciscains, les Carmes, les Jésuites et les Capucins, rivalisant d'amour envers vous, montaient au siècle dernier, leur garde d'honneur autour de votre sanctuaire... Du fond de leurs cloîtres placés sous votre égide, la louange et la prière s'élevaient sans cesse jusqu'à vous, et la ville du Puy offrait ainsi, à elle seule, un résumé complet des richesses de l'Eglise catholique tout entière. Hélas ! Tout cela semble avoir maintenant disparu pour jamais !

Ô Marie, prenez en main la cause des ordres religieux persécutés ! Veillez sur eux pendant le temps de leur dispersion ! Daignez abréger la durée de l'épreuve douloureuse qu'ils subissent en ce moment ; et quand cette épreuve sera passée, ramenez-les tous auprès de votre sanctuaire, et là, donnez-leur, à vos pieds, un nouvel abri pour y chanter jusqu'à la fin du monde, vos louanges et vos bienfaits ! Ô Notre Dame, ô reine du Mont-Anis, protégez les religieux expulsés. Ainsi soit-il !

 

Notre-Dame du Puy, priez pour nous !

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil, obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiæ, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evæ ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, præparasti: da ut cujus commemorationo lætamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

 

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26 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

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Vingt-septième jour

L'Angélus et Notre-Dame du Puy

 

Voici un nouveau titre de gloire en l'honneur de Notre-Dame du Puy. C'est au Puy que le pieux usage de sonner l'Angélus, à midi, a pris son origine.

L'origine de l'Angélus, dans sa forme première, se perd dans la nuit des temps. Comme les architectes de nos merveilleuses cathédrales qui ont caché leur nom sous le voile de l'humilité, l'auteur de l'Angélus est inconnu. De cette admirable prière il faut dire avec Tertullien: « Sa source est dans la tradition, l'usage la confirme et la foi la pratique ».

L'Angélus est une prière instituée par l’Église pour honorer le mystère de l'Incarnation du Fils de Dieu, par conséquent la maternité divine de Marie, ainsi que la rédemption du genre humain. Cette prière rappelle donc à toutes les générations les immenses bienfaits dont ce mystère a été, et dont il continue d'être la source. On l'appelle Angélus, parce qu'elle commence par ce mot. Elle se compose de trois antiennes ou versets et de trois Ave Maria, suivis d'un quatrième verset, d'un répons et d'une oraison dans laquelle on demande à Dieu sa grâce et le salut éternel par les mérites de Notre-Seigneur Jésus-Christ. L'Angélus se récite trois fois le jour : le matin, à midi et le soir, au son de la cloche que l'on tinte trois fois.

Cette prière, faite au son de la cloche, constitue une création complètement inconnue du monde païen et que le monde chrétien n'admirera jamais assez. Mais ce n'est que par degrés que cette prière est arrivée à cette forme complète sous laquelle nous la connaissons et nous la pratiquons aujourd'hui. Primitivement l'Angélus ne se sonnait et ne se récitait que deux fois le jour, le matin et le soir. Un savant bénédictin du seizième siècle, Arnold Vion, raconte que ce fut le Pape Urbain II qui, en 1090, ordonna pour la première fois de réciter l'Ave Maria de cette manière. C'était au moment du Concile assemblé à Clermont pour la première Croisade. Le Pape, sachant qu'il était impossible que les prières d'un grand nombre ne soient pas exaucées, ordonna, qu'à partir du jour où l'armée chrétienne se mettrait en campagne pour recouvrer la Terre sainte, le soir et le malin, dans toutes les églises du monde chrétien, tant cathédrales qu'abbatiales, trois coups de cloche invitassent les fidèles à la récitation de l'Ave Maria. L'intention du pape Urbain II était d'obtenir de Dieu qu'à ce signal il daignât, par sa bonté, rendre l'armée chrétienne victorieuse de ses ennemis ; comme aussi d'obtenir miséricorde à ceux qui, dans une entreprise si pieuse, seraient morts en sacrifiant leurs biens et leur vie pour la défense de la foi.

À la voix du Saint-Père, la récitation de l'Angélus, le matin et le soir, devint aussitôt populaire. Il en fut ainsi jusqu'au commencement du treizième siècle (1239). À cette époque, le Pape Grégoire IX, de glorieuse mémoire, s'apercevant d'un certain ralentissement dans la récitation de l'Angélus, et se voyant, d'autre part, attaqué violemment par l'empereur d'Allemagne Frédéric II, ordonna de nouveau que la triple salutation angélique serait récitée dans tout le monde, matin et soir, à genoux et au son de la cloche.

Quatre ans plus tard (1243), le Concile de Cologne renouvelle cette ordonnance, mais il ajoute en outre cette prescription : tous les vendredis, à midi, on sonnera et on récitera l'Angélus, en mémoire de la Passion de Notre-Seigneur. C'est la première fois où il est question, dans l'histoire, de l'Angélus de midi ; et, comme on le voit, la récitation et la sonnerie de cet Angélus sont réservées au seul vendredi.

En 1262, le grand docteur saint Bonaventure, général des Franciscains, prescrivit aux enfants de saint François, répandus alors dans les différentes parties du monde, de propager en tous lieux la pieuse pratique de l'Angélus, et d'exhorter partout les peuples à saluer Jésus et Marie par la récitation de l'Ave Maria faite le soir au son de la cloche. Saint Bonaventure ne fait pas mention ici de l'Angélus du matin.

En 1318, le pape Jean XXII recommande, à son tour, la récitation de l'Angélus, au son de la cloche ; il y attache même, pour la première fois, dix jours d'indulgence ; mais comme saint Bonaventure, il ne fait mention, lui aussi, dans sa Bulle, que de l'Angélus du soir.

En 1346, un Concile tenu à Paris, sous la présidence de l'archevêque de Sens, publia un décret ordonnant aux fidèles d'observer inviolablement la récitation de l'Ave Maria, à l'heure du couvre-feu, conformément à la prescription du Pape Jean XXII, de sainte mémoire, et ce Concile attache à cette récitation cinquante jours d'indulgence.

En 1369, le Concile de Béziers reprend et recommande la récitation de l'Angélus au point du jour, et y attache vingt jours d'indulgence.

Mais c'est au Puy-Sainte-Marie que nous voyons s'établir, pour la première fois, l'usage de réciter et de sonner l'Ave Maria, non seulement le matin et le soir, mais aussi tous les jours, à midi. Voici comment nos chroniques racontent ce fait :

« En 1449, une pieuse veuve du Puy, nommée Agnès Montel, par zèle pour la gloire de la Mère de Dieu, commença à constituer une rente perpétuelle pour que le matin, à midi et le soir, on avertit le peuple au son de la cloche, que c'était l'heure de se recommander à la Vierge, et de la saluer avec l'ange, en mémoire de l'Incarnation du Fils de Dieu ». Cette pratique se répandit bientôt du Puy dans toute l'Eglise, et, cinq ans plus tard (1455) le Pape Calixte III en consacra définitivement l'usage par une Bulle qu'il accompagna de très riches indulgences.

En 1476, le roi de France, Louis XI, étant venu en pèlerinage au Puy, fit également publier, en cette ville, des lettres apostoliques qu'il avait obtenues du Pape Sixte IV, par lesquelles le Souverain-Pontife accordait trois cents jours d'indulgence à tous ceux qui réciteraient, en l'honneur de la sainte Vierge, l'Angélus de midi. Il se fit même, au Puy, à cette occasion, une procession générale. Depuis lors jusqu'à maintenant, l'usage de l'Angélus le matin, à midi et le soir, n'a plus jamais varié.

Grand honneur pour la cité du Puy-Sainte-Marie, d'avoir, la première, pratiqué, dans sa forme actuelle et définitive, une coutume aussi belle, aussi pieuse et aussi répandue que la prière de l'Angélus.

Hélas ! le zèle de nos pères pour la récitation de cette prière, tend à s'affaiblir, même dans notre religieux et catholique Velay. On ne voit plus, comme autrefois, les populations chrétiennes se découvrir et se signer respectueusement au son de l'Angélus, suspendre leur travail et se recueillir un instant pour saluer avec l'ange Celle à qui nous sommes redevables des deux plus grands bienfaits du monde : l'Incarnation et la Rédemption !

Siècles de prière et de foi, qu'êtes-vous devenus !

Les vieillards se souviennent et racontent encore qu'autrefois, dans nos contrées, l'Angélus se récitait publiquement par tout le monde et sans nul respect humain. Rien de plus édifiant, que le spectacle que présentaient jadis les grands marchés de la ville du Puy, au moment où sonnait l'Angélus de midi : les rues et les places publiques avaient beau être encombrées de marchands, d'acheteurs et de curieux ; les offres, les refus et les conditions de vente avaient beau se faire suivant l'usage, en criant plutôt qu'en parlant : au milieu de ce bruit de la foule et de ce brouhaha général, quand l'Angélus de midi sonnait au clocher de la Cathédrale, un silence absolu s'établissait soudain sur tous les points de la ville ; un même son de cloche faisait naître, à la même minute, un même sentiment dans mille coeurs divers ; les montagnards du Velay ôtaient leurs larges chapeaux et s'inclinaient appuyés sur leurs bâtons ferrés ; les marchands espagnols, qui se trouvaient toujours en grand nombre à nos célèbres marchés, retiraient respectueusement leurs bonnets ou leurs bérets ; dans les rues et sur les places publiques, hommes, femmes et enfants s'arrêtaient, se taisaient, se découvraient, prenaient l'attitude de la prière, et récitaient tout bas leur Angélus. Cette prière achevée, le marché recommençait aussitôt avec la même animation ! mais un mouvement de coeur s'était fait vers le ciel, un sourire de Marie en était descendu, et, au milieu de ses préoccupations matérielles, l'homme s'était souvenu un instant des intérêts sacrés de son âme et de sa patrie du ciel ! Admirable spectacle ! nous n'en connaissons point de plus moral, de plus noble et de plus beau !

Hélas ! tout cela a maintenant disparu ! Dans beaucoup de paroisses et pour beaucoup de familles vellaviennes, c'est vainement que la cloche de l'Angélus invite à la prière. Le son de la cloche n'éveille plus aucun sentiment de foi ; il n'éveille, le plus souvent, que des appétits grossiers ! Oui, pour bien des personnes qui se disent chrétiennes, la sonnerie de l'Angélus ne sert qu'à indiquer le moment des repas. N'est-ce pas là du matérialisme le plus abject ? Et le matérialisme qui dégrade l'homme au niveau de la bête n'est-il pas un immense malheur ?

Ah ! Disons-le dans le cours de ce mois de Marie, il n'est que temps de réagir contre le matérialisme avilissant qui nous oppresse et nous envahit de toutes parts ! il n'est que temps de revenir aux traditions si nobles et si spiritualistes de nos aïeux ! Oui, reprenons les vieilles coutumes et les belles pratiques religieuses de nos pères. Découvrons-nous et agenouillons-nous comme eux au son de l'Angélus ! Comme eux invoquons Marie aux principales heures du jour. Et Marie en retour nous bénira du haut du ciel ! Ainsi soit-il !

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Prière

 

Ô Marie, vous saluer chaque jour avec l'ange, après avoir adoré le Tout-Puissant, sera désormais pour nous notre premier devoir. Nous comprenons maintenant, mieux que dans le passé, l'efficacité de cette prière, véritable colloque céleste où vous daignez vous associer en priant Dieu avec nous !

Les paroles si simples de l'Angélus, exprimant des vérités pures et sublimes comme la source d'où elles émanent, ne sauraient être désormais gravées trop profondément dans nos coeurs, et monter trop souvent à nos lèvres, pour s'élever jusqu'il votre trône, ô Marie!

Nous serons donc fidèles à vous saluer dorénavant, trois fois le jour, le matin, à midi et le soir, avec tout l'univers catholique.

Sainte Mère de Dieu, nous avons à chaque instant besoin, ici-bas, que vous priiez pour nous, et que vous intercédiez sans cesse en notre faveur auprès de votre divin Fils. Que l'accent ému de notre prière montant au Ciel avec le son pieux de l'Angélus, incline doucement votre coeur vers nous, ô Vierge sainte ! Et que par votre protection, notre âme puisse sortir saine et sauve des dangers si nombreux et si redoutables de ce monde !

Mais, c'est surtout à l'heure de notre mort, ô Marie, que nous aurons besoin de votre assistance, et que votre aide nous deviendra indispensable ! Voilà pourquoi nous ne manquerons jamais plus de vous dire trois fois le jour : « Sainte Mère de Dieu, priez pour nous, pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort ! » Oui, la grâce de bien vivre et de bien mourir, voilà ce que nous demandons à Dieu par vous ?

 

Notre-Dame du Puy, priez pour nous !

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil, obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiæ, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evæ ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, præparasti: da ut cujus commemorationo lætamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

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25 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Vingt-sixième jour

Des diverses Confréries et chapelles de Notre Dame du Puy établies en France et jusqu'à l'étranger

 

La Confrérie de Notre-Dame du Puy, dont nos chroniqueurs et nos anciens historiens font tous mention, était une Association établie dans le but d'honorer la sainte Vierge, par des prières et autres actes de piété, et de célébrer ses louanges par des oeuvres, soit artistiques, soit poétiques.

Cette Confrérie existait déjà au Puy, au douzième siècle. Elle n'a été anéantie que par la grande Révolution française. Elle figurait, avec honneur, aux grandes processions des Jubilés et des fêtes de Notre-Dame. Son organisation était presque militaire, et lui donnait pour officiers un capitaine, un lieutenant et un porte-enseigne.

Nous possédons le livre de ses statuts ou règlements imprimés en 1684, lors de sa réorganisation, par Mgr de Maupas. Ce petit livre nous apprend que cette Association avait été approuvée et confirmée par les Souverains-Pontifes, qui l'avaient enrichie de grandes et nombreuses indulgences.

Dix-sept Papes, parmi lesquels Clément IV, jadis évêque du Puy, s'étaient plu à ennoblir et à combler de privilèges cette célèbre Confrérie. Aussi était-elle en grand honneur dans le Velay et dans la France entière.

Cette Confrérie, où la religion s'alliait si bien à la poésie et aux arts, pour honorer la sainte Vierge, se répandit bientôt en divers lieux de France, particulièrement en Artois, en Normandie, en Picardie, en Flandre et jusqu'en Angleterre. Cette diffusion se comprend facilement. On sait, en effet, quel immense concours de peuple la confiance et la dévotion envers Marie amenaient autrefois à Notre-Dame du Puy. Chaque année, aux principales fêtes de la sainte Vierge, de nombreux pèlerins y affluaient de toutes les parties de la France. Mais c'est surtout aux grandes solennités jubilaires, que la foule des pieux visiteurs devenait véritablement innombrable. Tous ces pèlerins qui accouraient alors au Puy de tous les pays d'Europe, devaient certainement emporter dans leurs foyers, un souvenir aussi vif que durable de notre célèbre pèlerinage. Quoi d'étonnant, après cela, que les populations enflammées par le récit qu'on leur faisait de tant de choses extraordinaires, de tant de merveilles, de tant de miracles dont le pèlerinage du Mont-Anis était le théâtre, aient voulu avoir aussi chez elles des sanctuaires et des chapelles dédiées à Notre-Dame du Puy ? Quoi d'étonnant aussi qu'elles y aient placé quelques-unes de ces statues que les pèlerins apportaient du Puy, et qu'on y taillait alors, qu'on y fondait, qu'on y sculptait, qu'on y vendait par milliers, comme nous l'avons vu faire de notre temps, lors de l'inauguration de Notre-Dame de France, comme cela se fait encore tous les jours pour Notre-Dame de Lourdes.

Les Confréries et les chapelles de Notre-Dame du Puy, élevées en divers lieux de la France, s'expliquent donc très bien ; et quant à ces luttes et à ces compositions poétiques de sonnets, de chants et d'hymnes qui s'y faisaient en l'honneur de la sainte Vierge, elles n'étaient pas autre chose qu'une réminiscence et une imitation de ce que les pèlerins avaient vu faire si souvent sur le Mont-Anis, dans les tournois littéraires de notre Université de Saint-Mayol, qui faisait alors la gloire de notre Velay, où de célèbres troubadours avaient pris naissance et où la poésie était en si grand honneur.

Après cette explication, la diffusion, en divers lieux de la France, des Confréries et des chapelles de Notre-Dame du Puy, devient toute naturelle. La première de ces Confréries et chapelles que nous trouvons établie hors de notre ville, est celle d'Amiens. Voici son origine : En l'an 1181, de grandes querelles et inimitiés éclatèrent en la ville d'Amiens ; un pauvre charpentier de cette ville, qui était venu en dévotion au Puy, en rapporta une image de Notre-Dame, qu'à son retour chez lui il plaça dans un petit oratoire. Ayant invité ses concitoyens à faire des prières et des voeux devant cette sainte image, ceux-ci se virent délivrés, par son intercession, des troubles et des dissensions qui les affligeaient. C'est pourquoi, par reconnaissance, ils dédièrent dans leur cathédrale, une belle chapelle à Notre-Dame du Puy, et établirent en son honneur, dans leur ville, une Confrérie qui portait son vocable et qui existe encore aujourd'hui, mais sous la forme altérée d'une Association uniquement artistique et littéraire. Une des plus belles salles du musée d'Amiens porte encore actuellement le nom de salon de Notre-Dame du Puy, et contient un grand nombre d'oeuvres artistiques provenant de cette célèbre Confrérie. On y voit des calices ciselés, des croix et des lampes d'argent, des chasubles de brocart, des peintures, des statues, des bas-reliefs sculptés, et quantité d'autres chefs d'oeuvre religieux, dont la dite Confrérie avait rempli autrefois la cathédrale d'Amiens.

De pareilles Associations existaient également à Abbeville, à Rouen, à Caen, à Dieppe, à Valenciennes, à Limoges, à Arras, à Douai, etc. Toutes avaient pour commune origine, l'Eglise angélique de Notre-Dame du Puy. Leur fête patronale à toutes, était également, comme au Puy, le jour de l'Assomption de la très sainte Vierge.

À Bourganeuf, dans la Creuse, on honore encore aujourd'hui, sous le nom de Notre-Dame du Puy, une statue de la sainte Vierge, qui remonte à l'époque des Templiers, et qui est toujours, de la part des habitants, l'objet d'une grande vénération.

Mais c'est surtout dans les malheurs publics, qu'éclataient en France la dévotion et la confiance envers la Vierge du Mont-Anis. Des épidémies, des famines, des fléaux venaient-ils à s'abattre sur les cités, immédiatement on décidait, par acclamation, un voeu, un pèlerinage, une offrande à Notre-Dame du Puy. C'est ce qui eut lieu à Limoges, en 1461. La peste ravageait cruellement cette ville. Aussitôt ses habitants tournent leurs regards vers la puissante Reine du Mont-Anis, et font vœu d'aller offrir cent livres de cire à son autel. Sans plus tarder, ils établissent une Confrérie en son honneur, et envoient en même temps leurs magistrats déposer leur offrande à ses pieds. Marie exauça leur prière et la contagion fut aussitôt chassée. « Depuis lors, dit Gissey, la dévotion des habitants de Limoges, s'est tant accrue envers la sainte Vierge, qu'il n'y a pas de contrée de laquelle il vienne plus de pèlerins ». Du reste, le Chapitre de Notre-Dame accueillit avec honneur les députés Limousins, et pour gage de ses sentiments, il envoya par eux, à la nouvelle Confrérie, une bannière de tafetas qui représentait d'un côté la patronne du Velay, et de l'autre saint Martial, apôtre et patron de Limoges. De son côté, la députation de cette ville rapporta du Puy une statue de Marie à laquelle les Limousins reconnaissants se hâtèrent d'élever un sanctuaire où elle est encore aujourd'hui en grand honneur.

En 1447, une statue de la sainte Vierge fut également apportée du Puy-en-Velay, en l'île de France, à Sigy, près Montereau, par Antoine Du Roux, écuyer, originaire du Velay, échanson du roi Charles VII. Cette statue est encore maintenant l'objet de la vénération des fidèles, sous le nom de Notre-Dame du Puy. Elle est placée actuellement dans un délicieux monument, érigé naguère, dans l'Eglise de Sigy, par les soins de Mlle Marie Du Haut, fille du petit-neveu et héritier du dernier des Du Roux.

À Beaugé, dans l'Anjou, sur le théâtre de la première victoire qui releva les espérances de Charles VII, et mit un terme aux longues prospérités de l'Angleterre, s'èlève encore, de nos jours, une chapelle en l'honneur de Notre-Dame du Puy, que le maréchal de Lafayette fit élever en ce lieu, en reconnaissance de la victoire qu'il avait remportée sur les Anglais. Cette chapelle, sous le nom de Puy-Notre-Dame, devint un pèlerinage qui a été rétabli par Mgr Freppel, à la suite des derniers désastres de la France.

En Espagne, dans la Cathédrale de Valence, se trouve actuellement encore une chapelle placée sous l'invocation de Nuestra Senora del Puig, Notre-Dame du Puy. (1)

Enfin, il n'est pas jusqu'en Angleterre, où la dévotion et la Confrérie de Notre-Dame du Puy n'aient été en honneur. Nous voyons, en effet, cette pieuse Association s'établir entre des marchands, à Londres même, à la fin du treizième ou au commencement du quatorzième siècle.

Ajoutons un dernier trait à tout ce que nous venons de dire : D'après Vincent de Beauvais, les Maures d'Espagne,pour obtenir de bonnes récoltes ou la cessation de quelque fléau, envoyaient des offrandes à Notre-Dame du Puy, et les chrétiens de ce pays appelaient notre Vierge du nom glorieux qu'elle porte de nos jours : « Nuestra Senora de Francia ! Notre-Dame de France ! »

On voit assez par là combien était puissante l'influence qu'exerçait alors, non seulement en France, mais même à l'étranger, la célébrité du sanctuaire de Notre-Dame du Puy.

 

(1) Note communiquée par M. Antonio Pitarch, espagnol, originaire de la province de Valence, et organiste de la Cathédrale du Puy. Le même M, Pitarch assure avoir vu, dans la ville de Valence et aux alentours, des portraits de notre Vierge noire, dont plusieurs remontent à 1600, et dont quelques uns sont même des siècles précédents.

 

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Prière

 

Ô Marie, les pieuses confréries établies sous votre auguste patronage ont fait, de tout temps, les délices et la sécurité de vos enfants. À l'exemple de nos aïeux, nous voulons, désormais, nous unir à vous par des liens sacrés, et faire partie de quelqu'une des congrégations établies en votre honneur. Rien de plus conforme, du reste, aux intérêts de notre âme, que de faire partie de ces pieuses associations que l'Eglise encourage par tant de faveurs : c'est là, en effet, que l'on trouve surtout une assistance, un guide et des conseils spirituels ; c'est là que l'on rencontre des frères ou des soeurs charitables dont les saints exemples nous portent à pratiquer la vertu ; c'est là aussi que l'on entend des prédications touchantes qui excitent à aimer Dieu, et que l'on assiste à des fêtes et à des cérémonies religieuses qui stimulent le zèle et la dévotion ; c'est là enfin, que l'on sent le besoin et que l'on prend la salutaire habitude de s'approcher, à certaines époques, de ces sacrements salutaires de Pénitence et d'Eucharistie sans lesquels l'âme défaille bientôt et tombe si vite dans le péché !

Ô Marie, si vos confréries sont un gage de bonne et sainte vie pour ceux qui on font partie, elles sont surtout aussi un gage de bonne et sainte mort ! Un de vos dévots serviteurs, disait, au moment de mourir, que sa plus grande consolation, dans ce redoutable instant, était d'avoir fait partie de la congrégation de la Très Sainte Vierge. Vous ne sauriez, en effet, ô Mère de Jésus, abandonner dans ce dernier passage, ceux qui ne vous ont jamais abandonnée pendant les jours de leur vie mortelle, C'est dans cette douce espérance, ô Marie, que selon notre état, notre sexe, notre âge et notre condition, nous nous enrôlerons dans l'une des confréries établies en votre honneur. Daignez, en retour, ô Marie, nous assister sans cesse pendant notre vie, et nous obtenir un jour la grâce de mourir saintement entre vos bras. Notre-Dame du Puy, priez pour nous. Ainsi soit il.

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil, obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiæ, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evæ ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, præparasti: da ut cujus commemorationo lætamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

 

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24 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Vingt-cinquième jour

Les rois de France et Notre-Dame du Puy

 

Précédemment nous avons vu comment Charlemagne ouvrit la série des pèlerinages des rois de France à Notre-Dame du Puy. Son fils Louis le Débonnaire, roi d'Aquitaine, vint au Puy, du vivant de son père (795). Et Marie ne dut pas regarder, sans intérêt, ce jeune prince de dix-sept ans, prosterné et recueilli devant ses autels. Il y revint, plus tard, deux autres fois (832 et 833), avec Judith son épouse, pour implorer le secours de la divine Mère dans les afflictions qui troublaient sa vie domestique. Ce prince, ainsi que son fils, l'empereur Charles, s'occupèrent beaucoup des affaires de l'abbaye du Monastier, voisine du Puy. Plusieurs Chartes de cette abbaye en font foi et prouvent qu'ils étaient les protecteurs du plus grand monastère du Velay.

En 877, Charles le Chauve, roi de France et empereur d'Allemagne, s'en vint en pèlerinage au temple angélique, avec l'impératrice Richilde, son épouse. Guy Ier, évêque du Puy, l'accueillit avec la pompe due à son rang, et l'accompagna jusqu'à Lyon.

En 892, le roi Eudes vint à son tour prier Marie au sanctuaire du Mont-Anis. C'était à l'époque des invasions normandes pendant lesquelles la ville du Puy, grâce à son pèlerinage, joua un rôle extrêmement glorieux et important ; ce pèlerinage, connu alors de la France entière, décida le roi Eudes à choisir le Puy-Sainte-Marie pour y organiser la défense nationale. Mais homme de foi profonde, comme le prouve le cadeau qu'il fit à Brioude au tombeau de saint Julien, il dut implorer bien des fois au Puy la céleste patronne du Velay. Pouvait-il, en effet, oublier aux pieds de notre montagne d'Anis, la protection toute puissante de Celle qu'avaient invoquée, avant lui, dans le même lieu, Charlemagne, Louis le Débonnaire et Charles le Chauve.

En 1029, la dévotion amena également le roi Robert aux pieds de Notre-Dame du Puy.

En 1146, Louis VII, dit le Jeune, ayant pris la croix à la persuasion de saint Bernard, ne voulut pas se mettre en route sans avoir accompli le voeu qu'il avait fait à la très sainte Vierge de venir dans son sanctuaire du Mont-Anis, mettre sous sa puissante protection le succès de son entreprise. Cet acte de piété de Louis VII fut imité par son fils Philippe-Auguste, qui, lui aussi, avant d'entreprendre le voyage d'Outre-Mer, s'en vint, comme son père, implorer le secours de Notre-Dame du Puy (1188).

On sait, par le récit que nous en avons fait dans un chapitre précédent, comment saint Louis, en 1254, apporta d'Egypte au Puy, la miraculeuse statue de la Vierge noire. Le saint roi resta trois jours dans la cité de Notre-Dame. Il était accompagné de sa vertueuse épouse, Marguerite de Provence. Et tandis que le pieux monarque dotait l'Eglise angélique de la statue miraculeuse de Marie, la reine détachait le diadème orné de pierres précieuses qui parait son front, et le déposait sur l'autel de Notre-Dame, en signe d'hommage et de dépendance. Ce pèlerinage était le second fait par saint Louis au sanctuaire du Mont-Anis, où il était déjà venu une première fois en 1245.

Philippe III et Philippe IV imitèrent le saint roi. Le premier (1283) vint acquitter le vœu qu'il avait fait sur les plages d'Afrique, d'aller en pèlerinage à Notre-Dame du Puy, si le ciel le rendait à sa patrie et à son peuple. En témoignage de reconnaissance, il offrit à la sainte Vierge une croix d'or, enrichie d'une parcelle de la vraie croix et d'une partie de l'éponge imbibée de fiel et de vinaigre qui fut présentée au Sauveur par ses bourreaux. Quant à Philippe IV, dit le Bel (1285), il fit présent à Notre-Dame d'un magnifique calice d'or.

En 1394, le roi Charles VI visita également la sainte Basilique. On sait dans quel état de démence une frayeur subite avait jeté ce pauvre roi. Désireux de trouver un remède aux accès de frénésie auxquels il était souvent sujet, il s'en vint à Notre-Dame du Puy, accompagné des ducs de Berry et de Bourgogne, ses oncles. Il assista, le soir même, à Complies, qui furent célébrées avec grande pompe, tant à cause de sa présence, qu'à raison de la fête de l'Annonciation, dont la solennité tombait le lendemain. Il fit, ce jour-là, ses dévotions dans l'église de la très sainte Vierge, et, selon le privilège que l'on croit divinement accordé aux rois de France, il toucha, pour les guérir, les pauvres malades atteints des écrouelles. À son départ, la ville lui fit présent d'une statue d'or de Notre-Dame de la valeur de 550 livres. Deux autres statues, plus petites, furent offertes aux ducs de Bourgogne et de Berry. Charles VI, en récompense de ce riche présent, exempta les habitants de tailles pendant trois ans. Il autorisa aussi les six consuls de la ville à remplacer le drap bleu de leur robe par une étoffe écarlate.

Nous ne dirons rien de Charles VII, à qui nous avons consacré un chapitre spécial. Nous rappellerons seulement, en passant, que ce roi de France vint jusqu'à cinq fois en pèlerinage à l’église angélique à qui il fit don de deux étendards conquis sur les Anglais.

Voici venir, maintenant, le roi Louis XI qui accomplit trois fois le pèlerinage du Mont-Anis. La première lois, c'était en 1434, il était tout jeune alors, et accompagnait son père. Il revint en 1475 et 1476. Il inclinait alors rapidement vers la tombe, [et on sait en quelles étranges frayeurs le jetait la vue ou même la pensée de la mort. Aussi voulut-il venir à Notre-Dame du Puy en véritable pèlerin. Il arriva le 7 mai 1475 à Fix, petit bourg éloigné de la ville d'environ trois lieues et demie.

Malgré la longueur du chemin qu'il avait à parcourir, il voulut, le lendemain, faire le reste de la route à pied, et toutes les observations de ses courtisans ne purent changer ses résolutions à cet égard. Les rues de Pannessac et de Raphaël, par lesquelles il fit son entrée en ville, ne laissaient pas que d'être magnifiquement ornées et décorées. Parvenu sous le portique de Saint-Jean, il trouva le doyen qui le revêtit d'un surplis et d'une chape comme les portaient les chanoines. Le prince s'avança en ce costume vers la Basilique. Mais, sous le porche, il demanda dispense du vœu qu'il avait fait de ne paraître dans l'Eglise que nupieds. Et comme il était fort las, il se contenta, ce jour-là, de faire une courte prière à l'autel de la Sainte-Vierge, sur lequel il laissa, en se retirant, une bourse de 300 écus d'or. Le lendemain, qui était un samedi, il entendit trois messes, et offrit, à chacune d'elles, 30 écus d'or. Il en fit autant les deux jours suivants. Le lundi soir, jour de son départ, il remit, en s'éloignant, entre les mains du sacristain, un vase de cristal, richement orné de pierreries, avec ordre d'y faire graver son nom. Ce vase devait servir pour donner la communion aux fidèles, les jours de grandes solennités. En même temps, il fit rembourser au Chapitre une somme considérable qu'il lui avait empruntée dans les disgrâces de sa jeunesse, confirma tous ses privilèges, ainsi que ceux de l'Université de Saint-Mayol, et laissa 30 pièces d'or pour l'église de Saint-Michel et 15 pour l'Hôpital. Enfin, il n'y eut ni couvent, ni famille pauvre qui n'eut sa large part des largesses royales. De retour à Paris, il envoya 1,200 écus en argent et 100 marcs en lingots d'or, pour qu'on fabriquât une niche plus belle à la statue de la sainte Vierge, ce que fit immédiatement François Guibert, maître-orfèvre du Puy. Le Chapitre ne manqua pas de remercier publiquement Louis XI. À cet effet, il lui députa un de ses membres, l'abbé de Saint-Vosy, qu'il chargea d'offrir au roi une petite Notre-Dame d'or. Le roi l'accepta avec un pieux empressement, la baisa plusieurs fois, et la fit attacher à son chapeau, témoignant le désir d'en avoir une seconde pour la reine. Cependant la santé de Louis XI dépérissait chaque jour. Néanmoins, malgré son excessive faiblesse, sa dévotion le ramena au Puy le 28 juin 1476, et cette fois il y fit une neuvaine entière qu'il accompagna encore de nombreuses et abondantes largesses. Enfin, avant de quitter la ville, il l'exempta de tout impôt pendant dix ans.

En 1470, le roi René d'Anjou vint visiter, en pèlerin, le sanctuaire de Notre-Dame du Puy. Il avait pour escorte, dit Médicis « un certain nombre de Maures, habillés de moult étrange façon et qui faisaient moult beau voir ».

En 1495, Charles VIII, revenant de l'expédition qu'il avait faite en Italie pour se rendre maître du royaume de Naples, se transporta, au mois d'octobre, de Lyon à Notre-Dame du Puy, afin de remercier la sainte Vierge des dangers auxquels il avait échappé par sa puissante protection.

Chacun sait comment François Ier fut battu et fait prisonnier par les Espagnols à la malheureuse bataille de Pavie. Du fond de sa prison où le chagrin l'avait rendu gravement malade, ce roi de France, se voyant en danger de mort, se souvint de Notre-Dame du Puy qui avait toujours été si favorable à ses aïeux, et lui promit, s'il guérissait, de se rendre en pèlerinage au sanctuaire du Mont-Anis. Rendu à la liberté en 1526, il fut sept ans sans pouvoir acquitter son vœu. Enfin, au commencement de l'été de 1533, se voyant heureusement relevé de ses revers, il se mit en route vers l'Eglise angélique, où il clôtura brillamment la série des Pèlerinages des rois de France à Notre-Dame du Puy.

Depuis lors, aucun des successeurs de François Ier n'a gravi le Mont-Anis.

En vérité, nul autre sanctuaire, en France, n'a vu passer sous ses voûtes une pareille suite de rois ; et, en évoquant aujourd'hui ce défilé si glorieux pour l'Eglise angélique, on peut bien dire, sans exagération, que le pèlerinage de Notre-Dame du Puy est un pèlerinage national et royal !

 

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Prière

 

Ô Marie, souvenez-vous que la France vous fut consacrée, en partie, par les] Druides, avant même votre venue sur la terre, et intégralement depuis par les rois qui ont régné sur elle. Vous êtes donc la puissante patronne de notre patrie. L'histoire nous apprend et des faits indubitables nous montrent que vous lui avez souvent donné des marques visibles de votre efficace protection, que vous l'avez préservée de dangers imminents et terribles et que vous l'avez même sauvée du naufrage, Voilà pourquoi tant de rois de France sont venus vous prier sur votre montagne et dans votre sanctuaire du Mont-Anis. Ô Marie, souvenez-vous de l'antique consécration qui vous fut faite de notre belle patrie, et de l'ancienne protection dont vous n'avez jamais cessé de l'entourer. La France, il est vrai, a pu oublier ses devoirs envers vous. Elle a, dans un siècle d'aveuglement, chassé le Christ, votre Fils, de ses institutions et de ses lois ; elle a péché, mais au milieu de ses égarements, elle a rencontré l'humiliation et la douleur, son orgueil est brisé ! Du fond de sa misère, comme l'enfant prodigue, elle se redresse aujourd'hui, dans un noble élan de repentir et de confiance. Toute meurtrie par sa chute, elle crie vers vous et fait appel à votre secours. Ô Marie, mère de miséricorde, ne méprisez pas la douleur de vos enfants ; ne dédaignez pas cet immense cri de détresse et d'amour qui s'élève, pendant ce mois, de tous les coeurs et de tous les sanctuaires français. Ayez pitié de nous, ayez pitié de notre patrie !

 

Dirigez ses gouvernants, éclairez ses législateurs, convertissez son peuple, fortifiez sa foi, purifiez ses mœurs, sauvez-là enfin, en lui rendant sa glorieuse mission de fille aînée de l'Eglise et de soldat du Christ !

 

Notre-Dame du Puy, priez pour la France. Ainsi soit-il.

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil, obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiæ, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evæ ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, præparasti: da ut cujus commemorationo lætamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

 

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23 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Vingt-quatrième jour

Quels saints sont venus en pèlerinage à Notre Dame du Puy ?

 

Le sanctuaire de Notre-Dame du Puy attirait les âmes saintes comme la ruche attire les abeilles. C'est une procession magnifique, que celle qui a été faite à travers les âges, par la foule des saints venus en pèlerinage au Mont-Anis. Nous allons rappeler ici le souvenir de quelques uns d'entre eux et l'offrir à Marie comme une de ses plus glorieuses couronnes.

Dès le commencement du Christianisme, nous voyons saint Martial, l'apôtre de l'Aquitaine, sur le bruit du miracle qui s'était produit au Mont-Anis, venir visiter notre montagne sainte, où Marie avait daigné apparaître et opérer des guérisons. Il désigna lui-même la place de l'autel que l'on devait y élever, et, en souvenir de son pèlerinage, il laissa, en relique, un soulier de la sainte Vierge,qui se trouve encore dans le trésor actuel des reliques de la Cathédrale.

Vers la fin du septième siècle, saint Calmilius fondateur de la célèbre abbaye du Monastier, vint plus d'une fois invoquer, dans son sanctuaire Notre-Dame du Puy, et mettre sous sa protection l'établissement qu'il avait fondé dans nos montagnes.

Le commencement du huitième siècle vit également venir souvent à l'Eglise angélique du Mont-Anis, saint Eudes, premier abbé du Monastier, que certains auteurs font naître en Velay, d'une noble et riche famille de notre pays.

Saint Théofrède ou saint Chaffre, neveu de saint Eudes et son successeur dans le gouvernement de l'abbaye du Monastier, ne fut pas moins dévôt que son oncle envers Notre-Dame du Puy. Maintes fois, en effet, il se plût à la visiter sur sa sainte montagne, et mérita de finir ses jours par le martyre que les Sarrasins, qui avaient envahi le Velay, lui firent méchamment subir le 19 octobre 728.

Dans la seconde moitié du dixième siècle, vers 960, saint Mayol, abbé de Cluny, vint aussi en pèlerinage au Puy-Sainte-Marie. Ce saint était, depuis 948, le chef du plus grand monastère des Gaules. Il exerçait sur le monde chrétien un tel empire, que plus tard il fut supplié, mais en vain, d'accepter le souverain pontificat. Ses vertus et ses lumières en faisaient un véritable dictateur spirituel de l'Eglise.

Quand il vint au Puy, la ville entière se porta à la rencontre de l'illustre pèlerin. Chacun voulait recevoir sa bénédiction et entendre les paroles qui sortiraient de cette bouche éloquente. Le peuple, les grands et le clergé étaient accourus en foule. Des louanges et des applaudissements universels se faisaient entendre sur son passage, et tous saluaient à l'envi, avec une pieuse vénération, cette grande gloire de Dieu. Le saint, accompagné de cette foule immense, se dirigea vers l’église angélique, au sortir de laquelle il guérit un aveugle.

En souvenir de ce miracle, la mémoire de saint Mayol est restée en grande bénédiction au Puy, où l'Université de la Cathédrale l'avait choisi pour son patron, et où sa fête était solennellement célébrée le onzième jour de mai.

À l'exemple de saint Mayol, saint Odon ou Odilon vint souvent, lui aussi, prier Notre-Dame dans son sanctuaire du Mont-Anis, Ce saint, de la famille des barons de Mercoeur, si honorablement connue dans le Velay, fut d'abord élevé au Puy, où il possédait même une dignité ecclésiastique, et devint ensuite chanoine à Brioude. Saint Mayol, étant venu dans cette ville, témoigna beaucoup d'affection au jeune chanoine, et lui persuada de quitter son canonicat pour embrasser l'état plus parfait de la vie monastique. Odilon entra à Cluny en 991, et succéda à saint Mayol en 994. La renommée de ses vertus et son amour pour Notre-Dame du Puy, lui ayant fait offrir l'évêché de cette ville, il s'honora aux yeux de Dieu et des hommes, en refusant d'accepter ce siège, par amour de la solitude et par humilité. Sur son refus, Etienne de Mercoeur, son neveu, fut fait évêque à sa place en 1030.

Au commencement de cet épiscopat, Notre-Dame du Puy reçut une visite non moins illustre, dans la personne de saint Robert. Ce saint, après avoir fait le pèlerinage de Rome pour connaître la volonté de Dieu sur lui, en priant au tombeau des saints apôtres, se sentit pressé de recourir encore plus particulièrement à Marie, et vint en pèlerinage au sanctuaire du Mont-Anis. Peu de temps après, deux chanoines du Puy lui ayant concédé un terrain, il y fonda le célèbre monastère de La Chaise-Dieu, où il mourut en 1067, après avoir réuni, dans son abbaye, plus de trois cents moines.

Après saint Robert, c'est saint Hugues, évêque de Grenoble, qui vient à deux reprises (1087 et 1130), offrir à Notre-Dame du Puy le tribut de ses hommages et de ses prières. La dernière fois qu'il y vint, ce fut à l'occasion du Concile qui se tint dans l'Eglise angélique. Quoique nonagénaire, il voulut s'y rendre pour décider entre les deux prétendants à la Papauté, Anaclet et Innocent II. Il ne contribua pas peu à faire excommunier le premier et à faire reconnaître le second pour véritable chef et pasteur suprême de l’Église de Jésus-Christ.

Quelque temps auparavant, 1127, un autre personnage non moins distingué par ses vertus, saint Etienne, fondateur de l'Ordre de Grammont, vint également en pèlerinage à Notre-Dame du Puy.

Mais un des plus illustres visiteurs de notre sanctuaire, fut sans contredit Pierre le Vénérable, abbé de Cluny, qui, marchant sur les traces de ses devanciers, s'estima heureux de pouvoir, comme saint Mayol et saint Odilon, vénérer dans son Eglise angélique, celle qui a donné le Sauveur au genre humain.

Pierre le Vénérable vint plusieurs fois au Puy. La première fois, c'était en 1138. Le bruit de ses hauts mérites l'avait précédé, et sa réputation de sainteté lut confirmée par un miracle éclatant qui eut lieu dans le sanctuaire même du Mont-Anis, où il délivra un paysan qui avait avalé une couleuvre pendant qu'il dormait dans les champs, ce qui faisait endurer au pauvre malheureux des souffrances insupportables.

Pierre le Vénérable nous apprend lui-même, dans ses lettres, qu'il revint une seconde fois au sanctuaire du Mont-Anis, au moment où s'y trouvait le roi Louis VII (1146), avant son expédition pour la Syrie, et il donna au Puy le surnom de cour royale, non point comme on pourrait le croire à cause de la présence d'un roi de la terre dans l'enceinte de cette ville, mais par honneur pour la Reine du ciel qui s'en est déclarée la glorieuse patronne.

À ce long défilé de saints, il faut joindre encore Benoît-Joseph Labre. Cet illustre et dévot pèlerin ne pouvait manquer de visiter le sanctuaire de Notre-Dame du Puy. Il y vint, en effet, et c'est à la porte de l'ancien monastère de la Visitation, que le bienheureux mendiant allait demander, pendant son séjour au Puy, le peu de nourriture qu'il n'accordait à son corps que dans la proportion absolument nécessaire pour ne pas mourir de faim.

Il est impossible d'énumérer ici tous les saints qui sont venus prier la sainte Vierge dans son célèbre sanctuaire du Mont-Anis. Mais le peu que nous avons dit, prouve bien qu'une secrète attraction attirait au Puy toutes les âmes véritablement éprises de l'amour de Jésus et de Marie. L'on peut donc dire en toute vérité que notre illustre pèlerinage a été, pendant de longs siècles, le pieux rendez-vous des saints.

 

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Prière

 

Notre-Dame du Puy, vénérée par tant de saints, priez pour nous !

 

Ô Marie, la terre du Velay est une terre sainte. Elle a été en quelque sorte sanctifiée par le passage des saints venus en dévotion à votre célèbre pèlerinage. Votre sanctuaire du Mont-Anis, en particulier, a été pendant de longs siècles le rendez-vous préféré de la sainteté. C'est là que vos fidèles serviteurs sont venus en si grand nombre épancher à vos pieds, leur prière et leur coeur. Ô Marie, nous ne sommes pas dignes, après eux, de fouler de nos pieds, ni même de baiser de nos lèvres, le pavé de votre temple : nos pieds ont tant couru dans les sentiers du mal, que c'est une profanation d'oser poser l'empreinte de nos pas sur les traces des saints qui sont venus s'agenouiller ici ! Nos lèvres aussi ont été si souvent l'instrument du péché qu'elles ne méritent même pas d'essuyer le parvis sacré de votre temple, ni de faire monter, jusqu'à votre trône, des paroles de prières ! Cependant, ô Marie, si vous ne tenez compte que de notre indignité, si vous ne prenez pas pitié de nous, comment pourrons-nous donc cesser d'être pécheurs ? Nous voulons bien ne plus offenser Dieu et nous convertir : mais comment le ferons-nous, si vous ne nous aidez pas à sortir de l'abîme du péché ! Ô Notre-Dame du Puy, au nom de tous les saints qui vous ont prié dans votre sanctuaire du Mont-Anis, tendez-nous aujourd'hui une main secourable. Voyez l'ardent désir que nous avons de vous aimer, de vous servir et de vous honorer comme les saints. Ô Marie, convertissez-nous, purifiez-nous, sanctifiez-nous, afin qu'après vous avoir rendu hommage ici-bas par la sainteté de notre vie, nous méritions un jour d'aller goûter, auprès de vous, le bonheur du ciel ! Ainsi soit-il !

 

Reine de tous les saints, priez pour nous !

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil, obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiæ, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evæ ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, præparasti: da ut cujus commemorationo lætamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

 

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22 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Vingt-troisième jour

De quelques faveurs extraordinaires obtenues par l'intercession de Notre-Dame du Puy

 

Il n'est point, en France, de sanctuaire que Marie ait honoré d'une protection aussi constante et aussi spéciale que l'Eglise angélique de Notre-Dame du Puy. Nous n'entreprendrons point de raconter ici toutes les faveurs plus ou moins signalées qu'ont obtenues ceux qui l'ont visitée, ou qui, ne pouvant s'y transporter en personne, l'ont envoyé visiter en leur nom, ou même qui ont simplement invoqué son souvenir. Beaucoup de ces faveurs n'ont jamais été connues que de ceux qui en ont été l'objet, car la piété même la plus reconnaissante a quelquefois sa pudeur et sa timidité. Un grand nombre de ces grâces miraculeuses se sont perdues et devaient se perdre dans la nuit des temps. Néanmoins on en avait recueilli beaucoup. Les premières histoires de Notre-Dame du Puy parlent fréquemment de procès-verbaux, d'attestations, de recueils, de registres gardés dans la sacristie. Mais tous ces documents ont été lacérés ou brûlés en 1793. Heureusement que les historiens nous ont conservé le récit de quelques faits miraculeux parmi lesquels nous allons choisir les principaux traits suivants :

Pendant un hiver rigoureux, un habitant du Midi conduisait au Puy la troupe de ses mulets richement équipée et chargée de vins et autres denrées. Après avoir passé le village de Costaros, au lieu de suivre la route la plus directe, il s'égara pendant une tourmente et alla tomber dans les glaces qui couvraient le lac du Bouchet. Lorsqu'il fut au milieu de ce lac, la glace s'entr'ouvrit tout à coup sous les pieds de ses mulets. Il allait être englouti avec eux, mais, en présence d'un péril aussi imminent, ce pieux serviteur de Marie éleva ses mains suppliantes vers Notre-Dame du Puy, en la conjurant de le sauver, et lui promettant de lui donner le plus beau de ses mulets, qui, orné d'un beau panache rouge et d'un élégant collier de grelots dorés, se trouvait à la tête du convoi. Les vœux du pieux muletier furent exaucés, il fut assez heureux pour sortir sain et sauf de ce gouffre, et pour se rendre au Puy aux pieds de la Vierge. En 1842, une tradition populaire montrait encore, sous le grand arceau de l'escalier et près de la porte de la Cathédrale, quatre fers de cheval que l'on prétendait avoir été placés là pour perpétuer la mémoire de cette miraculeuse délivrance.

Vers les fêtes de Noël, 1320, un petit clerc de Notre-Dame s'en allait gaîment par les rues du Puy en chantant un des cantiques qu'on lui avait appris à l'école. Arrivé dans la rue des Farges, près de laquelle habitaient les juifs, il se mit à entonner de sa plus belle voix ce verset pris dans l'office de l'Avent et ainsi conçu : « Erubescat judoeus infelix, qui Christum natum dicit de viri semine ! Que le malheureux juif rougisse, lui qui prétend que la naissance de Jésus-Christ n'est pas différente de celle des autres hommes ! ». À ce verset, il ajouta ensuite quelques couplets en l'honneur de l'Enfant-Jésus et de sa très sainte Mère. Un méchant juif qui l'entendit, s'en irrita comme d'une insulte personnelle, et jura de tirer vengeance de l'innocent enfant. À la faveur des ténèbres de la nuit, il parvient à attirer le petit clerc chez lui, l'enferme, l'égorgé cruellement et l'ensevelit en secret dans un coin de son habitation.

Plusieurs mois s'écoulèrent ; les chanoines, ne voyant plus leur petit clerc revenir à Notre-Dame, crurent qu'il s'était sans doute enfui pour vagabonder, ce dont ils eurent grand chagrin. Mais le dimanche des Rameaux suivant, comme la procession passait près de la fontaine des Farges, non loin de laquelle le meurtre avait été commis, voici que l'enfant dont la disparition était restée un mystère, s'élance subitement hors de la maison du juif, en chantant, d'une voix claire et mélodieuse, l'antienne : « Gaude Maria Virgo, cunctas hoereses sola interemisti in universo mundo. Réjouis-toi, Marie ! seule tu as abattu dans le monde entier toutes les hérésies ! » Il raconte alors les circonstances de l'horrible meurtre dont il avait été victime, et finit en déclarant qu'il vient d'être ressuscité par la Vierge du Mont-Anis. A ce récit, la foule se précipite furieuse dans la maison du meurtrier, s'empare de ce misérable, le tue sans pitié, et traîne ensuite son cadavre sanglant et mutilé dans les égouts de la ville. Cette exécution sommaire de la justice du peuple fut suivie de l'expulsion immédiate de tous les juifs.

En 1588, au collège de la Compagnie de Jésus, à Billom, le P. Jean de Villars, atteint de la peste, fut miraculeusement guéri par Notre-Dame du Puy, bien que son état fut désespéré au point qu'on avait déjà creusé sa fosse pour l'enterrer. En 1608, les régents du même collège de Billom attestèrent qu'un de leurs écoliers revint des portes de la mort en faisant vœu d'entrer dans la congrégation de la Sainte-Vierge et de se rendre au Puy pour la visiter.

En 1624, Madeleine Delmas, de la paroisse d'Ussel en Vivarais, fut prise, à l'âge de huit ans, d'un mal si étrange, que ses genoux s'étaient repliés contre son estomac. Étant dans l'impossibilité de prendre aucune nourriture, elle était consumée par la faim, et ses chairs émaciées laissaient percer les os de tous côtés. Cette pauvre orpheline, qui n'avait d'autre ressource au monde qu'une tante qui l'avait prise à sa charge, fut bientôt délaissée par les médecins qui déclarèrent ne rien connaître dans leur art qui fut capable de la soulager. Mais un vœu que la pauvre enfant fit à Notre-Dame du Puy, montra, par une éclatante et subite guérison, que Marie, plus puissante que les hommes, a des remèdes qui échappent à toute la science des médecins.

En 1513, un des membres de la célèbre famille des d'Apchier de Vabres, dut la vie à l'invocation de Notre-Dame du Puy. Une énorme poutre qui tomba sur le corps de ce noble chevalier, ne lui laissait aucun espoir de conserver ses jours. Dans cet état désespéré, il eut recours à Notre-Dame du Puy et fut aussitôt guéri, au grand étonnement de tous ceux qui avaient été témoins de cet accident épouvantable. On voit encore aujourd'hui, près de la porte de la sacristie, le tableau que ce seigneur, après sa guérison, fit mettre en ex voto dans le sanctuaire de Notre-Dame.

En 1690, un couvreur du Puy, nommé Jean Giraud, réparant à Clermont le clocher de l'église Saint-Pierre, sentit avec effroi se rompre la corde avec laquelle il s'était élevé jusqu'à la flèche. Mais la pensée de Notre-Dame du Puy s'étant présentée à son esprit, son coeur se tourna vers elle, et une main invisible le soutint dans les airs de manière à ce qu'il ne se fit aucun mal.

Des volumes ne suffiraient pas pour reproduire seulement la liste de tous les prodiges opérés par la médiation de Notre-Dame du Puy. Autant vaudrait, dit un chroniqueur, compter les fleurs des prairies et les étoiles du ciel ! Mais c'est surtout au milieu des épidémies et des calamités publiques que la Reine du Mont-Anis fit éclater sa puissance et sa commisération.

En 1461, la peste désolait Limoges et les pays circonvoisins. Les habitants s'empressèrent de recourir à Notre-Dame : ils établirent une confrérie en son honneur et envoyèrent au Puy une députation chargée d'offrir à Notre-Dame cent livres de cire, et aussitôt la peste fut chassée.

En 1494, le même fléau sévissait à Bordeaux avec tant de violence que les bras manquaient pour enterrer les morts. Les citoyens se souvinrent enfin de Notre-Dame du Puy et firent célébrer, en son honneur, une messe à la fin de laquelle ils promirent de lui envoyer un cierge de cinquante livres. Immédiatement le fléau s'arrêta tout court, et dans leur reconnaissance, au lieu du cierge de cinquante livres, les Bordelais en envoyèrent un de deux cents que leurs délégués vinrent offrir à Notre-Dame en chemise et les pieds nus.

En 1588, Toulouse étant également désolée par la peste, se voua à Notre-Dame du Puy et lui envoya un beau cierge orné de ses armes et pesant un quintal. Ce qui lui obtint immédiatement de la bonne Vierge une complète délivrance.

Deux fois Lyon implora solennellement le secours de la patronne du Velay contre une affreuse mortalité qui la décimait. En 1563, le fléau s'y était déjà déclaré depuis plus d'un an et y faisait de nombreuses victimes. Au nom de la ville, le jésuite Edmond Auger, un des grands prédicateurs de ce temps-là, vint présenter à l'autel de Notre-Dame les dons qui lui avaient été voués, et Marie, qui semblait n'attendre que cet acte de piété, mit aussitôt fin à la redoutable contagion.

Une autre fois, en 1629, la même ville de Lyon, en proie depuis cinq mois à une épidémie épouvantable, eut recours de nouveau à Notre-Dame du Puy qui la délivra aussitôt du fléau dont elle était atteinte. Dans cette circonstance, ce fut un capucin du Puy qui fut chargé, par les Lyonnais, d'acquitter auprès de Notre-Dame leur dette de reconnaissance.

Un siècle plus tard, 1723, la petite ville de Langogne, menacée de la peste qui était déjà à ses portes, implora la protection de Notre-Dame du Puy et lui voua un pèlerinage solennel. Ce vœu obtint son effet. La paroisse de Langogne fut respectée par le fléau alors que toutes les paroisses environnantes en furent cruellement atteintes. Un des rares tableaux qui ont été sauvés du vandalisme de 1793 nous a conservé ce souvenir.

Enfin on cite également les villes de Montferrand, de Saint-Chamond et de Feurs, comme ayant été délivrées aussi de la peste par la protection de Notre-Dame du Puy.

Nous n'en finirions pas si nous voulions continuer l'énumération des différentes grâces miraculeuses obtenues le long des siècles par l'intercession de Notre-Dame du Puy. Celles que nous venons de citer donnent au moins une idée des autres. Mais de tout ce chapitre, il faut conclure que nulle part la sainte Vierge ne s'est mieux montrée qu'au Puy, le refuge des pécheurs, le secours des malheureux, la consolation des affligés, le salut des infirmes, la mère de tous les chrétiens.

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Prière

 

Ô Marie, votre puissance n'a d'égale que votre bonté, et nous venons de voir comment vous daignez mettre l'une et l'autre au service de ceux qui vous implorent et qui vous aiment. Heureux donc, dirons-nous en vous appliquant les paroles de la sainte Ecriture, heureux, ô Marie, ceux qui placent en vous leur confiance ! Oui, il est bon de se confier en vous, plutôt que de se reposer sur la protection des hommes, d'espérer en vous plutôt que de mettre son espérance dans les puissants du monde ! Bien convaincus de cette vérité, c'est à vous désormais, ô Vierge secourable, que nous nous adresserons dans tous nos maux !

Oui, si la maladie nous étend sur un lit de douleur, si quelque danger vient à menacer des personnes qui nous sont chères, c'est à vous, ô Marie, que nous nous adresserons pour obtenir, tout en nous conformant à la volonté de Dieu, le soulagement de nos souffrances, la guérison de nos infirmités ou la conservation des êtres qui nous sont chers. Nous vous dirons comme il fut dit autrefois à Jésus : « Celui que vous aimez est malade ! » et, comme Jésus, votre coeur, à cette simple prière, sera touché de compassion, et vous guérirez, s'il plaît à Dieu, ceux qui vous aiment !

Si les passions se révoltent dans notre coeur comme des bêtes farouches, si les tentations s'élèvent dans notre âme comme d'impétueuses tempêtes, si notre faiblesse et notre fragilité nous exposent à de tristes chutes, c'est encore vers vous, ô Marie, que nous tournerons nos regards avec d'autant plus de confiance que nous saurons plus certainement que nos demandes ne peuvent manquer de vous plaire : nous vous dirons alors la prière que saint Pierre disait un jour à Jésus, pendant la tempête : « Salva nos, perimus ! Sauvez-nous, car nous périssons » Et, comme Jésus, vous nous sauverez aussi, en délivrant notre âme des étreintes du démon !

Enfin, si, ce qu'à Dieu ne plaise, le péché s'empare de notre âme et nous fait des blessures mortelles, au lieu de nous livrer au découragement et au désespoir, nous nous souviendrons, ô Marie, que vous êtes le refuge des âmes égarées ; nous vous prierons avec une nouvelle ardeur; nous nous écrierons du fond de notre misère : « O Vierge clémente, qui avez tiré tant de pauvres âmes de l'abîme du péché, ayez pitié de nous, et n'abandonnez pas notre âme à l'enfer ! » Et, puisque vous en avez le pouvoir, ô Marie, vous nous convertirez, et vous nous obtiendrez la même grâce que Jésus fit au bon larron, la grâce d'être un jour en Paradis avec vous et avec votre divin Fils. Ainsi soit-il !

 

Notre-Dame du Puy, priez pour nous !

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil, obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiæ, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evæ ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, præparasti: da ut cujus commemorationo lætamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

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21 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Vingt-deuxième jour

Du couronnement de la statue de Notre-Dame du Puy

 

C’est Mgr de Morlhon, de digne et sainte mémoire, qui conçut le premier le projet d'ajouter à la Cathédrale du Puy, un lustre qu'aucune autre Eglise de France ne pouvait réclamer avec des titres plus nombreux et plus authentiques. Nous voulons parler du couronnement de sa célèbre vierge noire !…

Quelle statue méritait mieux cet hommage ? N'est-ce pas de son sanctuaire angélique que le pape Léon IX disait déjà au onzième siècle : « Dans cette église du mont Anis ou du Velay, qui est appelée le Puy Sainte-Marie, la mère de Dieu est honorée, aimée et vénérée par tous les habitants de la France entière, d'un culte plus spécial, d'un amour plus fervent qu'en aucune autre Eglise élevée en son honneur... » Le pape Pie IX ne pouvait donc refuser à Notre-Dame du Puy un hommage qui n'était que la consécration de l'estime particulière dont elle avait toujours été l'objet de la part des Souverains Pontifes, ses prédécesseurs. L'honneur d'un couronnement solennel fut donc accordé par Pie IX à la vierge du mont Anis, et Mgr de Morlhon fut délégué pour cette sublime fonction.

La grande place du Breuil fut choisie pour être le théâtre de cette auguste cérémonie. À cet effet, une magnifique estrade de vingt mètres de face sur dix de profondeur, fut dressée avec un grand autel, surmonté d'un riche pavillon. De chaque côté de l'autel, des places furent ménagées pour la statue, les couronnes, les évêques et les principales autorités.

Dès la veille au soir, selon les prescriptions du programme, un clergé très nombreux se réunit à la Cathédrale devant l'autel de la Sainte Vierge, pour le chant solennel de l'Ave Maris Stella et des Litanies. Conformément au cérémonial, la sainte Image avait été placée sous un riche baldaquin dans le sanctuaire. Huit grosses torches brûlaient devant elle sur des chandeliers de bronze doré. A droite et à gauche, sur de riches coussins de velours brodé d'or étaient les couronnes. La sainteté du lieu pouvait seule contenir la foule des spectateurs qui se pressaient contre les grilles du choeur et contre la table de communion pour se rassasier de ce magnifique spectacle. Mais ce qui attirait surtout l'attention, après les éclatants diadèmes tout scintillants du feu. des pierreries et des diamants, c'était le brancard sur lequel était posée la statue et qui devait, le lendemain, servir à sa marche triomphale. L'oeil se perdait dans cette profusion de bijoux qui le ravissaient au premier aspect, par leur éblouissante richesse ; mais le goût exquis qui avait présidé à leur disposition, la légèreté, la grâce de ce monument de fleurs, d'or, d'émail, de perles et de diamants, faisaient admirer les pieuses et habiles mains qui l'avaient dressé, plus encore que toutes les magnificences qu'il étalait. Ce chef-d'oeuvre de grâce et de bon goût était l'ouvrage des religieuses de l'Hôtel-Dieu.

Le lendemain, dès la première aube, le gros bourdon de la Cathédrale, auquel répondaient tous les autres clochers, annonçait à la ville le jour béni qui commençait à luire. Mais il ne la réveillait pas. On avait été sur pied toute la nuit pour compléter les dispositions qui avaient occupé les jours précédents. Dès quatre heures, la Cathédrale était remplie d'une affluence qui ne cessa qu'au signal de la procession. C'était au point que, des communautés entières, des congrégations d'hommes et de femmes qui s'étaient proposé de recevoir la communion dans la Basilique, ne purent y pénétrer, pas plus qu'une foule de particuliers qui furent obligés d'aller dans d'autres églises satisfaire leur dévotion.

Cependant, comme par un coup de baguette magique, les rues de la ville s'étaient soudainement transformées en bosquets et en jardins, en fraîches et odorantes allées. Rien de plus gracieux, de plus pittoresque et de plus grandiose tout à la fois.

Depuis le rez-de-chaussée jusqu'aux dernières mansardes, et jusque sur le sommet des toits, les murs avaient disparu sous la verdure et les fleurs, ainsi que sous les oriflammes multicolores toutes couvertes de chiffres, de devises et d'inscriptions en l'honneur de Marie. A chaque pas c'étaient des effets nouveaux, des surprises ménagées avec un art infini !

La procession fut splendide, et la beauté du spectacle qu'elle présenta sur la place du Breuil dépasse véritablement toute imagination. Le temps, qui jusqu'alors avait été pluvieux et froid, devint ce jour-là d'une admirable sérénité. Un soleil pur et radieux éclairait la fête. De milliers de bannières et d'oriflammes, de guidons et de labarums, avec leur or, leur argent, leur soie, leur moire aux couleurs blanche, rouge, rose ou bleue, flottaient joyeusement au souffle de la brise. Les musiques et les chants, les tambours et les clairons, tantôt s'alternant, tantôt se confondant, étaient comme l'expression de toutes les ardeurs et de toutes les prières qui s'échappaient de cette multitude de coeurs dont se composait le cortège triomphal de Marie. Après que la procession se fut rangée avec ses spirales infinies dans l'immense place du Breuil, trop étroite ce jour-là pour contenir la foule, un roulement de tambours annonça le commencement de la messe pendant laquelle se firent entendre les harmonies des six corps de musique espacés çà et là dans les rangs de l'assistance. Après l'Evangile, le R. P. Nampon prononça un discours magnifique. Puis, la messe terminée, Mgr de Morlhon procéda au couronnement de la statue. Les évéques de Valence, de Mende et de Saint-Flour l'assistaient dans cet acte qui s'accomplit au milieu d'un calme solennel.

Et quand la sainte Vierge et le divin Enfant apparurent enfin sous les emblèmes, l'un de son éternelle royauté, l'autre de sa miséricordieuse puissance, les cloches sonnèrent soudain à toutes volées, les tambours battirent aux champs, les fanfares firent entendre leurs plus beaux airs de victoire. Tous les yeux étaient mouillés de larmes. Mais l'émotion augmenta encore quand on vit Monseigneur, la tête nue et agenouillé devant la Reine couronnée, lui faire la consécration de sa personne et de son diocèse.

La cérémonie était accomplie. Après une courte et admirable allocution de Monseigneur, la procession reprit le chemin de la Cathédrale. Chemin faisant, sur la place du Martouret, la Vierge noire reçut les hommages de la municipalité qui offrit à la statue couronnée un cierge monumental du poids de vingt-cinq livres. Après quoi les prélats, d'un commun accord et d'une commune voix, donnèrent leur bénédiction à la ville qui faisait ce triomphe à Marie.

Il était trois heures et demie lorsque la procession rentra dans l'église ; on était donc resté sur pied près de six heures. Mais personne ne se plaignait de la fatigue. Personne même n'y pensait.

Le soir clôtura dignement cette fête du couronnement de la Vierge. Jamais la ville du Puy n'avait été plus splendidement illuminée. Jamais ses rues, d'ordinaire si solitaires et si silencieuses après l'heure du couvre-feu, n'avaient été sillonnées par une foule aussi nombreuse, aussi digne d'attitude, et d'un maintien aussi recueilli et aussi décent. La nuit commençait à peine, qu'un feu d'artifice s'allumait comme par enchantement sur la plate-forme du mont Corneille. Sous un ciel d'une clémence et d'une pureté parfaites, les fusées s'élançaient triomphalement dans les airs pour retomber en pluie d'étoiles d'or, de pourpre et d'azur. Toutes les crêtes des hauteurs environnantes étaient embrasées de feux multicolores. La façade de la cathédrale était également en feu, et son vieux clocher, décoré de lanternes vénitiennes, se détachait dans la nuit comme un doigt lumineux mystérieusement levé vers le ciel. La ville, de son côté, était véritablement éclairée à jour. La lumière ruisselait de tous les balcons et de toutes les fenêtres. La plus humble mansarde, la plus pauvre demeure avait son lumignon. Dans un des quartiers les plus pauvres, un riche rentier avait eu la pieuse pensée de distribuer un nombre considérable de luminaires de tout genre, « afin, disait-il, qu'il n'y eut pas un seul habitant du Puy, si misérable fût-il, qui n'eût aussi sa part dans l'illumination ». Touchante et délicate attention inspirée par l'amour de Marie, et qu'il sied bien de rappeler ici pour l'édification des âges futurs.

Cependant les corps de musique, les choeurs de chant occupaient les postes qui leur avait été répartis, et ne contribuaient pas peu, par leurs joyeuses fanfares ou l'harmonie de leurs concerts, à entretenir et à augmenter l'entrain général. Les séminaristes s'étaient établis sur l'estrade du Breuil, et leur riche répertoire de motets et de cantiques attirait autour d'eux une foule énorme. Même empressement, malgré l'heure avancée de la nuit, autour des musiques d'Espaly, de la Chartreuse, de Monistrol et des pompiers qui s'étaient installés sur les boulevards et places publiques. La musique du Pensionnat des Frères, perchée sur la cime du mont Corneille, envoyait elle aussi à la ville de lointains échos d'harmonie interrompus par les explosions des fusées et des pièces d'artillerie.

Bref, il était plus de minuit, lorsque le besoin du repos força enfin à la retraite, et termina cette soirée, digne complément d'une sainte et immortelle journée.

 

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Prière

 

Vous avez été solennellement couronnée reine du Velay ; la royauté dix-huit fois séculaire que vous aviez exercée sur notre, pays, la sainte Eglise l'a confirmée par la couronne d'or qu'elle a déposée sur votre tète, aux acclamations du peuple Vellavien tout entier. Désormais, par un titre formel et authentique, vous êtes constituée la patronne et la souveraine de nos montagnes, et le Velay maintenant est devenu votre domaine spécial. C'est un droit de plus que nous avons acquis à votre sainte protection. Mais il est, ô Marie, une couronne bien plus précieuse à vos yeux que le riche diadème qui a été déposé au Puy sur votre front, le jour de votre joyeux couronnement : c'est cette couronne spirituelle d'Ave Maria, dont vous avez instamment réclamé l'hommage à Lourdes, lors des miraculeuses apparitions que vous y avez faites. Ah ! cette couronne mystique, nous vous l'offrirons désormais, chaque jour. Oui, tous les jours, par la pieuse récitation du chapelet, nous vous tresserons le diadème qui vous est agréable par-dessus tous les autres. Ce diadème, nous le composerons, par nos prières, de roses et de lis. Chaque Pater, dit par nous à vos pieds, sera comme un beau lys, chaque Ave Maria une belle rose que nous déposerons avec bonheur sur votre front. Puisse cet hommage vous plaire, ô Marie ! et puissions-nous, en retour, recevoir de votre main, après cette vie, la couronne de gloire réservée à tous vos fidèles serviteurs. Ainsi soit-il !

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil, obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiæ, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evæ ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, præparasti: da ut cujus commemorationo lætamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

 

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20 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Vingt-et-unième jour

Comment la statue miraculeuse de Notre Dame du Puy fut brûlée pendant la Terreur. La nouvelle statue qui l'a remplacée

 

On était à cette phase de la grande Révolution française connue sous le nom de régime de la Terreur ! régime abominable, dont l'histoire est tout entière écrite avec du feu, des larmes et du sang !

Comme toutes les autres provinces de France, le Velay eut alors sa page lugubre et sanglante. Dans nos montagnes, non seulement beaucoup de prêtres, mais aussi de nombreux fidèles de tout âge, de tout sexe et de toute condition furent immolés en haine de la foi catholique.

Notre-Dame du Puy voulut, ce semble, s'associer en quelque sorte à la glorieuse troupe de ces martyrs dont elle est d'ailleurs la Reine : Regina martyrum ! Elle permit donc que sa statue, vénérée depuis si longtemps dans l'Eglise du Mont-Anis, fut traînée au bûcher par les mêmes bourreaux qui conduisaient à la mort les fidèles et les prêtres du Velay. Elle voulut être brûlée à la môme place où le sang des martyrs coulait presque sans interruption. Voici le récit authentique de ce crime à jamais lamentable :

Le 30 nivose, an II de la République (19 janvier 1794), la statue de Notre-Dame du Puy, après avoir été dépouillée de ses richesses par des misérables, fut arrachée du maître-autel de la Cathédrale et transférée, pour faire place à la déesse Raison, aux archives de la Cathédrale. Plus tard, les officiers municipaux prirent la détermination de la faire brûler. En conséquence, le 8 juin 1794, fête de la Pentecôte, sur les cinq ou six heures du soir, le représentant du peuple Guyardin, le maire, ses municipes et quelques membres du Directoire du département, assistés par des canonniers, des gendarmes et par un piquet de troupes de ligne, allèrent prendre la statue, la mirent sur la charrette du déboueur de la ville, un canonnier se permettant toute sorte d'horreurs contre elle. Quand on fut à l'Hôtel de Ville, des curieux, ou plus vraisemblablement des gens bien intentionnés, la firent porter dans une des salles de la mairie. Là, d'un coup de sabre, un canonnier lui ayant coupé le nez, elle fut reconnue pour être en bois de cèdre par M. Bertrand-Morel qui, pour la sauver sans doute, proposa de la porter au musée comme objet de curiosité. Malheureusement, sa proposition ne prévalut point. On traîna donc la Vierge à la place du Martouret et on la livra aux flammes avec un grand nombre de tableaux, de statues d'église et de papiers précieux, aux cris répétés de : « Vive la République ! » Quand la statue fut brûlée d'un côté, un soldat prenant une perche : « À présent que tu t'es rôtie d'un côté, dit cet impie, il faut que tu te brûles de l'autre ». Le feu ayant alors consumé les charnières d'un coffret qui se trouvait au bas de la statue, il en sortit un petit rouleau qu'on jugea être du parchemin, mais qui fut jeté au feu par les vandales.

Le même soir, le déboueur enleva les cendres de la statue, et les porta dans un champ situé sous la Roche-Arnaud, où, de peur qu'on ne les recueillit, elles furent dispersées aux quatre vents du ciel ! Crime abominable ! dont le récit fait aujourd'hui encore monter le rouge de la honte aux fronts des fidèles, et devant lequel les anges qui composent la cour de la sainte Vierge durent alors se voiler la lace en Paradis !…

Mais hâtons-nous de le dire pour l'honneur de notre ville, ce crime impie ne fut le fait que d'un petit nombre de misérables. Toute la population, si éminemment catholique de notre cité, fut véritablement consternée de ce sacrilège attentat. Du reste, les malheureux qui participèrent à ce sacrilège attentat moururent, paraît-il, d'une mort tragique ou misérable. Puissent la sainte Vierge et son divin Fils leur avoir fait miséricorde à tous !

Hélas ! la destruction à jamais déplorable de cette précieuse statue laissera à toutes les âmes religieuses, et môme aux amis de l'antiquité, un éternel regret. Mais une consolation reste à notre foi, et cette consolation paraîtra bien grande aux esprits sages et réfléchis. C'est que, si cette image était une des gloires de l'Eglise du Puy, elle n'était, ni l'unique, ni même la principale. La dévotion à Notre-Dame du Puy était attachée, en effet, au sanctuaire même du Mont-Anis, et non à cette précieuse statue, qui n'avait été apportée chez nous qu'au treizième siècle. La splendeur première et la renommée principale du pèlerinage de Notre-Dame du Puy viennent donc de cette Chambre angélique, que la tourmente révolutionnaire a heureusement respectée, et qui existait longtemps avant que la statue miraculeuse n'enrichit notre Cathédrale. Or, dans cette auguste Basilique, Marie reçoit encore, comme par le passé, et recevra toujours, espérons-le, les hommages et les supplications de son peuple bien aimé.

D'ailleurs, pour consoler notre foi et raviver notre dévotion, une reproduction a été faite, aussi exacte que possible, de la statue miraculeuse, détruite sous la Révolution, et cette copie fidèle de l'image si chère et vénérée a été placée à l'endroit même qu'occupait autrefois la statue donnée par saint Louis.

Il y a là, pour les âmes de foi, un adoucissement à leurs regrets, en même temps qu'un motif et une occasion de faire, par leur amour, amende honorable à Marie du crime commis au Puy envers elle il y a plus de cent ans.

Rapportons donc à la nouvelle statue les hommages et la vénération dont l'ancienne fut si longtemps l'objet de la part de nos aïeux ! Et rappelons-nous d'ailleurs que, quelle que, soit l'image qui nous représente les traits de la Mère de Dieu, nos prières et nos vœux n'en montent pas moins vers Marie, et que Marie ne les agrée et ne les exauce pas moins !

C'est, du reste, ce qu'on a très bien compris, non seulement au Puy et dans le Velay, mais aussi dans la France entière. Le concours des fidèles qui, depuis la Révolution, continuent d'affluer au Mont-Anis, en est la preuve. Comme au temps passé, la nouvelle statue a été portée plusieurs fois, en triomphe, dans les rues de notre ville ; notre siècle, issu de la Révolution, a revu les processions triomphales des siècles précédents. Comme autrefois, les populations sont accourues en foule sur le passage de la Vierge noire, et l'ont saluée de toute la vivacité de leur foi et de tout l'amour de leur coeur !

Énumérons rapidement ces marches triomphales dont la nouvelle statue de Marie a été de nos jours l'objet. La première fois que cette statue parcourut, processionnellement les rues de notre ville, ce fut à l'occasion du Jubilé de 1853. L'on n'estime pas à moins de 200,000, le nombre des pèlerins qui se rendirent au sanctuaire du Mont-Anis. C'est au milieu de cette magnifique escorte que la nouvelle image de Marie fit sa première apparition dans sa bonne ville du Puy, reprenant ainsi la suite interrompue des triomphes, qui, pendant cinq siècles, avaient été décernés à la statue dont elle était la copie fidèle.

Trois ans après, 8 juin 1856, eut lieu une cérémonie magnifique, qui fut, en quelque sorte, comme le sacre définitif de la nouvelle statue. Je veux parler du couronnement dont elle fut honorée, au nom du Souverain-Pontife. 60,000 pèlerins accoururent à cette fête. Trois prélats, les évêques de Valence, de Mende et de Saint-Flour, assistaient à la cérémonie.

Pour la seconde fois, la statue de la Vierge noire fut portée en triomphe dans les rues de la ville, et couronnée solennellement sur la place du Breuil par Mgr de Morlhon. Au retour de la procession, sur la place du Martouret où avait été brûlée la première Vierge noire, la nouvelle statue reçut l'hommage officiel de sa ville de prédilection. M. le Maire, assisté de ses adjoints et de son Conseil municipal, vint offrir à la sainte Vierge un cierge monumental du poids de vingt-cinq livres, portant sur une plaque de cuivre les armes de la ville avec cette inscription : Couronnement de Notre-Dame du Puy — 8 juin 1856. — Admirable et juste réparation des outrages qui avaient été faits à Marie, à] pareil jour, sur cette même place du Martouret, soixante-deux ans auparavant !

Huit ans plus tard, le Jubilé de 1864, fut, pour la statue de la Vierge noire, l'occasion d'un troisième triomphe. Plus de 100,000 pèlerins saluèrent, de leurs acclamations et de leurs vivats, l'image ressuscitée de Notre-Dame du Puy.

En 1870, une grande sécheresse désolait la contrée. Dans leur détresse, les habitants du Velay adressèrent à Mgr Le Breton, une supplique pour lui demander l'autorisation de porter processionnellement la Vierge noire. Monseigneur s'empressa d'accéder à une demande si pieuse et si légitime, et le la août, Marie fut portée en triomphe pour la quatrième fois.

On était alors au commencement de la guerre contre la Prusse. Chacun pressentait instinctivement de grands malheurs, et beaucoup de pauvres mères, qui avaient leurs enfants sous les drapeaux, suivaient, en priant et en pleurant l'image vénérée de la consolatrice des affligés.

En 1873, un grand souffle chrétien passa sur la France. De tous côtés se produisirent des pèlerinages nationaux aux principaux sanctuaires de notre Patrie. Dans ce réveil et cet élan de foi, le sanctuaire du Mont-Anis ne pouvait être oublié. C'est pourquoi, le 19 octobre, vit accourir au Puy une foule immense de pèlerins. Une magnifique procession eut lieu, dans laquelle la Vierge noire fut portée en triomphe pour la cinquième fois. Par une heureuse coïncidence, ce pèlerinage, véritablement national, s'ouvrit le jour même de la clôture du Concile provincial qui se tenait alors au Puy. Aussi tous les évêques de la Province, sous la présidence de leur illustre métropolitain Mgr de La Tour d'Auvergne, archevêque de Bourges, assistèrent-ils à la procession de notre Vierge noire, ce qui ne contribua pas peu à donner de l'éclat à cette cérémonie.

On le voit, la nouvelle statue de Notre-Dame du Puy n'est pas moins vénérable et vénérée que l'ancienne. Et rien ne manque plus maintenant à sa consécration et à sa gloire.

 

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Prière

 

Ô Marie, que nos âmes sont tristes de la perte irréparable de votre miraculeuse statue ! et combien nous déplorons le crime dont quelques malheureux, au siècle dernier, se rendirent coupables envers vous, en détruisant, par le feu, votre antique et vénérable image ! Nous vous faisons aujourd'hui, de tout notre coeur, amende honorable de ce sacrilège attentat, nous vous promettons de le réparer autant qu'il dépendra de nous, en entourant de notre vénération et de notre amour la nouvelle statue qui est la fidèle reproduction de votre ancienne image. Il reste encore d'elle, dans notre pays, un grand nombre de médailles, de gravures et d'effigies peintes ou sculptées : nous les entourerons également de notre respect, nous nous opposerons de tout notre pouvoir à leur profanation, et s'il en est qui nous appartiennent, nous leur donnerons une place d'honneur dans nos maisons. Nous saluerons aussi pieusement les vieilles statues de pierre ou de bois qui ornent encore les angles de quelques-unes de nos rues, nous rappelant que nos pères les avaient placées là afin d'être toujours sous le regard et la bénédiction de leur auguste protectrice.

Ô Marie, dès ce jour, nous vouons à toutes vos images un culte et une dévotion dont la ferveur ne se ralentira jamais ! Nous placerons votre portrait dans nos demeures à côté de celui de votre divin Fils. Nous porterons toujours aussi avec nous, outre votre scapulaire, une de vos médailles. Puissiez-vous avoir pour agréables ces honneurs et cet amour rendus à votre personne auguste.

Enfin, nous reproduirons surtout en nous l'image de vos vertus, nous nous attacherons de toutes nos forces à imiter votre pureté, votre humilité, votre obéissance, votre patience et votre charité ! Ô Marie, bénissez-nous ! Protégez-nous pendant tout le cours de cette misérable vie, et quand viendra l'heure de notre mort, faites-nous la grâce d'aller vous voir éternellement avec les anges en Paradis. Amen.

 

Salve Regina !

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil, obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiæ, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evæ ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, præparasti: da ut cujus commemorationo lætamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

 

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19 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Vingtième jour

Des processions où l'on portait en triomphe la statue miraculeuse de la Vierge noire

 

À peine le pieux roi saint Louis eut-il déposé la statue de Marie sur l'autel de la Cathédrale du Puy, que la renommée de cette précieuse relique se répandit au loin. L'inauguration de cette célèbre statue fut fixée au 3 mai 1255, jour où l'Eglise célèbre la fête de l'Invention de la sainte Croix. En action de grâces de l'heureux retour du monarque, on décida que la Vierge noire serait portée, pour la première fois, en triomphe dans une procession solennelle. Or, il s'assembla à cette occasion une telle multitude de peuple, que par suite de l'encombrement qui se produisit, il y eut jusqu'à quatorze cents pèlerins étouffés dans la foule devant la porte des Farges !...

Depuis cette catastrophe, la statue de Marie ne fut portée, dans les rues, qu'à de rares intervalles et dans des occasions extraordinaires. Mais toujours sa sortie du temple attira un grand concours de pèlerins.

Plus d'un siècle s'était écoulé sans qu'on l'eût produite hors de son sanctuaire. Mais, en 1374, au milieu d'une disette affreuse, qui menaçait de s'étendre à l'année suivante, on eût recours, pour la seconde fois, à cette pratique de dévotion, et l'historien Odo de Gissey nous apprend que le temps changea presque aussitôt, et que les craintes ne tardèrent pas à se dissiper.

En 1404, la statue de la Vierge noire fut portée pour la troisième fois en procession. Les temps étaient bien durs à celte époque. On avait d'abord beaucoup à souffrir de l'intempérie des saisons. Puis l'Eglise était désolée par le grand schisme d'Occident. Enfin, la triste démence du roi Charles VI, les intrigues du duc d'Orléans, son frère, et de ses deux oncles les ducs de Berry et d'Anjou, ainsi que les coupables manoeuvres de la reine Isabeau de Bavière, réduisaient la France à la plus lamentable situation. Emu de tant de maux, l'évêque Elie de Lestrange ordonna de faire, avec la sainte Image, une procession qui détourna du Velay une partie des fléaux qui le menaçaient, et obtint à cette contrée privilégiée d'avoir, moins que toute autre, à souffrir des guerres sanglantes qui désolèrent alors la France.

La quatrième procession eut lieu en 1421. La France alors semblait toucher à sa ruine. La guerre civile s'était jointe à la guerre étrangère.

L'Anglais, soutenu par la faction des Bourguignons, avait envahi nos plus belles provinces. On appela en aide Notre-Dame du Puy. Le dimanche 14 septembre, la statue de la Vierge noire fut portée de nouveau en procession. Arrivée à la porte Saint-Robert, elle fut placée « regardant vers France » disent naïvement les chroniques, « et tout le dévot populaire plorait là à chaudes larmes devant ce dévot image, demandant affectueusement à la Vierge Marie qu'elle impétrât paix et concorde au royaume de France ». Tant de prières et de supplications obtinrent, enfin, leur effet. Jeanne d'Arc, envoyée du ciel, abattit l'orgueil de l'Angleterre ; par son aide, Charles VII fut sacré roi à Reims, et il ne resta bientôt plus aux Anglais, sur le continent, que la ville de Calais. Convaincu par l'exemple de son père, du pouvoir de Notre-Dame du Puy, Louis XI, dès les premiers temps de son règne, ordonna, le 10 juillet 1468, de faire, pour la cinquième fois, dans les rues de notre ville, une procession solennelle de la Vierge noire, afin d'obtenir le rétablissement de la concorde dans la famille royale. Ce que Marie se plut à accorder bientôt après.

Un an plus tard, 11 juillet 1469, sur les instances du même roi Louis XI, eut lieu au Puy une sixième procession de la sainte Vierge, à l'effet d'obtenir d'elle un héritier pour le roi de France qui s'affligeait depuis longtemps de n'en pas avoir. Cette procession eut lieu le jour de la Dédicace de la Cathédrale, avec une pompe extraordinaire. La procession obtint son effet. Douze mois après, 30 juin 1470, Charlotte de Savoie, reine de France, mit au monde un bel enfant qui fut plus tard Charles VIII.

L'an 1480, la statue de la Vierge noire fut portée pour la septième fois en procession, à l'occasion de la peste qui faisait alors de grands ravages dans le Velay et dans l'Auvergne. Quelque grand et redoutable que fut le fléau qui sévissait, il ne put arrêter la dévotion des fidèles, qui accompagnèrent en foule l'image de Marie ; et, grâce aux prières qui furent faites, par la protection de la toute puissante Mère de Dieu, le fléau disparut.

Vingt-trois ans après 1503, la peste fit de nouveaux ravages dans le Velay. La ville du Puy surtout avait été frappée. La plupart des citoyens et des magistrats étaient morts ou s'étaient enfuis. Le consul Jean Ayraud, aidé de quelques prêtres, réunit le peu d'habitants qui restaient. Ils allèrent ensemble chercher, dans son sanctuaire, la statue miraculeuse de Marie, la portèrent en procession pour la huitième fois, et Marie, en passant dans les rues de la ville, en chassa si bien la peste, que la cité tout entière fut instantanément délivrée de cette contagieuse infection.

Le 11 juillet 1512, une neuvième procession eut lieu à l'occasion des malheurs des temps. L'historien Médicis, qui y assistait, dit simplement dans ses chroniques : « Cette procession fut bien dévote ! Dieu l'ait prise en gré, et nous donne la grâce d'être toujours ses bons zélateurs ! »

Sept mois après, 2 février 1513, les temps se faisant de plus en plus mauvais et menaçant encore de devenir pires, on eut recours à une dixième procession de la Vierge noire. On invita, particulièrement à cette fête, les seigneurs de Montlaur, d'Apchier et de Polignac, ainsi que le baron de Saint-Vidal, et les sieurs de Lardeyrol et de Loudes, dont les ancêtres, en pareil cas, s'étaient toujours honorés de servir d'escorte à Notre-Dame. La procession fut « très belle, noble, sainte et dévote », disent les chroniques Aussi, par la grâce de Dieu et l'intercession de la Bienheureuse Vierge Marie, il ne tarda pas à faire temps doux et tranquille.

La statue de Marie fut promenée pour la onzième fois, dans les rues de la ville, durant la captivité de François Ier, 1525. A cette époque, il n'était pas, dans le Velay, de quenouille qui ne filât pour la rançon du roi. Il n'était, de même, pas une âme qui ne priât pour sa délivrance, qui eût lieu bientôt après.

En 1575, le Velay était en proie au double fléau de la peste et de la guerre civile. L'évêque, Antoine de Senectère, espéra qu'une procession solennelle fléchirait le ciel. On porta donc en triomphe, pour la douzième fois, la statue miraculeuse de Marie. Deux chanoines portaient la Vierge. Les six consuls de la ville portaient le drap d'or qui surmontait le brancard, à leur côté se tenaient six hommes en chemise, la tête et les pieds nus, portant chacun une haute torche aux armes de la ville. Touchant spectacle, qui montre bien la foi et la piété de nos pères, et l'ardente confiance qu'ils avaient en la sainte Vierge.

En 1629, la peste se déclara de nouveau au Puy. Elle y fit de nombreuses victimes, surtout dans les mois de juillet et d'août, où il mourut plus de dix mille personnes. Mais le fléau ayant disparu au commencement de 1630, on célébra cette délivrance par une nouvelle procession, où l'on porta, pour la treizième fois en triomphe, la statue miraculeuse de la Vierge. Un grand et magnifique tableau que l'on voit encore appendu à l'un des murs latéraux de la Basilique, rappelle cette procession, et en montre toute l'ordonnance. On y lit au bas, en vers latins, l'inscription suivante, que nous traduisons : « O Vierge, recevez ce tableau, qui vous est consacré. Souvenez-vous du pays d'Anis. Éloignez de lui les fléaux et venez-lui toujours en aide dans ses malheurs. Ainsi soit-il ! »

Le Chapitre avait député seize de ses membres, pour porter successivement le brancard de la Vierge au-dessus duquel les six consuls soutenaient un dais de damas rouge, semé de fleurs de lys. Derrière la Vierge, marchait le doyen du Chapitre qui remplaçait l'Evêque alors absent, et qui donna la bénédiction en touchant pieusement la statue de sa main, qu'il étendit ensuite sur la foule agenouillée à ses pieds.

Dans les premières années du siècle suivant, la France fut cruellement éprouvée. Le trop célèbre hiver de 1709 vint ajouter ses horreurs aux maux de la longue guerre qu'amena la succession d'Espagne. Presque toutes les semences périrent sous les glaces. Il fallut généralement en confier de nouvelles à la terre. On s'effrayait, à bon droit, de l'avenir. Pour rassurer les esprits et attirer les bénédictions du Ciel, l'évêque du Puy, Claude de la Roche-Aymon, ordonna une procession générale, où la statue de la Vierge noire fut portée en triomphe pour la quatorzième fois.

Enfin, le 2 mai 1723, après que la grande peste qui désola Marseille et qui fit trembler tout le midi de la France, eut étendu ses ravages jusqu'aux portes de la ville du Puy, qu'elle respecta complètement, Mgr de Conflans, pour rendre grâce à Marie d'une protection si sensible, fit porter une quinzième fois, en procession, la statue miraculeuse de la sainte Vierge.

Ce fut là le dernier triomphe de notre Vierge noire. Depuis cette époque, la statue, donnée au Puy par saint Louis, ne sortit plus de la Basilique, que pour être brûlée ignominieusement sur la place publique du Martouret, le 8 juin 1794.

 

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Prière

 

Ô Marie, en jetant un si vif éclat sur la statue dont saint Louis enrichit votre sanctuaire du Mont-Anis, vous n'avez pas eu seulement pour but de glorifier cette antique et vénérable image, mais vous vous êtes proposé surtout de répandre parmi les fidèles une pieuse confiance et une tendre dévotion envers votre divin Fils et envers vous-même. Nous venons de voir, ô Marie, comment vous aimaient nos aïeux. Et bien, nous voulons, nous aussi, vous aimer dorénavant comme eux. Prenez donc notre coeur, nous vous le donnons ! Gardez-le ! Qu'il soit désormais à vous et que votre amour et celui de votre divin Fils y dominent et y règlent toutes les autres affections !

Jésus, Marie ! Vos deux noms, dès ce jour, resteront inséparablement unis dans notre âme. Votre nom, ô Jésus, y viendra en première ligne, et celui de votre Mère immédiatement après. Ces deux noms se feront mutuellement écho dans notre coeur ! Ils s'expliqueront et se compléteront l'un l'autre, Jésus nous faisant aimer Marie, et Marie nous faisant aimer Jésus !

O Jésus, ô Marie, conformément aux règles de la véritable affection, nous vous promettons désormais de penser plus souvent à vous qui ne nous oubliez jamais ! Oui, nous penserons à vos vertus et à vos exemples pour les imiter ; nous vous demanderons souvent : que feraient, que penseraient, que diraient en telle et telle circonstance Jésus et Marie ? et nous nous appliquerons ensuite à agir, à penser, à parler comme vous.

Jésus, Marie, accordez-nous la grâce de rester dorénavant parfaitement unis avec vous, non seulement de coeur et d'esprit, mais aussi de volonté. Partout et toujours, quoi qu'il arrive, dans les événements heureux ou malheureux, dans toutes nos actions et dans toutes nos démarches, faites que nous n'ayons plus d'autre volonté que la vôtre ! Que votre bon plaisir soit le trait-d'union qui nous relie et nous enchaîne constamment à vous ! Mais, en retour de de cette exacte conformité à votre sainte volonté, puissions-nous, ô Jésus, ô Marie, goûter sur cette terre les délices de la paix intérieure, et mériter enfin d'aller consommer un jour dans le ciel notre union commencée ici-bas avec vous ! Ainsi soit-il !

 

Notre-Dame du Puy, priez pour nous !

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil, obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiæ, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evæ ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, præparasti: da ut cujus commemorationo lætamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

 

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18 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Dix-neuvième jour

Histoire admirable de la statue miraculeuse de Notre Dame du Puy

 

Nous voici arrivés à un récit merveilleux où la légende est tellement mêlée à l'histoire, qu'il est extrêmement difficile de discerner bien exactement où finit l'une et où commence l'autre.

Un fait cependant nous paraît absolument certain : c'est qu'il y eut d'abord, au Puy, une statue primitive de Marie, antérieure de plusieurs siècles à la statue de la Vierge noire qui fut brûlée sous la Révolution. Nous en trouvons la preuve dans ce fait qu'en l'année 864, Raymond Ier, comte de Toulouse, fonda, à perpétuité, l'entretien d'une lampe devant l'image de Notre Dame du Puy. D'où provenait celle première statue ? Quelle main l'avait offerte ? Quelle en était l'origine ? L'histoire est muette sur ce point, et l'on en est réduit à de simples conjectures. Peut être cette image primitive de Marie fut-elle donnée au sanctuaire de Notre Dame par Dagobert Ier, Clovis II ou Charlemagne, trois monarques à qui certains historiens attribuent faussement la donation, à l'Eglise du Puy, de la statue miraculeuse connue sous le nom de Vierge noire. Peut-être aussi cette première statue, vénérée au Puy, est-elle celle que Saint Georges plaça à Ruessium dans le premier temple qu'il dédia à la sainte Vierge et que Saint Vosy dût apporter avec lui, lors du transfert du siège de l'évéché du Velay, de Saint Paulien à Anicium. Quoiqu'il en soit de ces diverses conjectures, il est bien établi que, jusqu'au milieu du treizième siècle, le sceau du Chapitre de Notre Dame portait en effigie l'image d'une statue primitive, toute différente de celle de la Vierge noire.

Au treizième siècle (1254), cette première statue fut remplacée par une seconde, devenue, depuis lors, extrêmement célèbre sous le nom de statue miraculeuse de la Vierge noire. D'où provenait cette deuxième statue ? Certains auteurs en attribuent le don à Louis VII dit le jeune, d'autres à Philippe-Auguste. Mais c'est à tort ! il est certain, en effet, que ce fut saint Louis qui l'apporta au Puy, lors de son retour d'Egypte, en 1254. Voici, d'ailleurs, ce que la légende et l'histoire nous apprennent à ce sujet :

Le prophète Jérémie, s'étant réfugié en Egypte, annonça aux idolâtres de ce pays qu'un jour viendrait où leurs idoles seraient renversées par le fils d'une mère Vierge. Et pour mieux perpétuer le souvenir de cette prédiction, il sculpta, dit-on, en bois de cèdre, l'image future de Jésus et de Marie, que les prêtres du pays placèrent dans le plus beau de leurs temples, où ils lui rendirent un culte particulier.

Cette mystérieuse statue sculptée par Jérémie, représentait l'Enfant-Dieu assis sur les genoux de la sainte Vierge. Au dire de graves historiens arabes, celte statue était en vénération dans les trois Arabies. Du temps de Mahomet on l'y vénérait encore. Ce faux prophète la fit enlever, et au treizième siècle, elle faisait partie du trésor du Soudan d'Egypte. Or, on sait qu'à cette époque, le roi saint Louis s'en alla en Egypte combattre pour la foi de Jésus-Christ (1251). Après avoir pris Damiette, il voulut s'emparer également du Caire. Malheureusement les eaux du Nil enveloppèrent ses troupes au moment le plus imprévu, et il fut fait prisonnier, avec ses deux frères, et tous les autres chefs de son armée. Conduit au Caire, il y demeura quelques mois. Pendant ce temps, il sut inspirer tant d'admiration à son vainqueur, que lorsque sa rançon fut réglée, celui-ci le pria de choisir dans son trésor l'objet qui lui serait le plus agréable, afin qu'il l'emportât en souvenir en lui. Saint Louis fixa son choix sur une statue en bois de cèdre, peinte et arrangée à la façon des momies d'Egypte ; et, bien que le Soudan attachât un grand prix à cette image, tant à cause de la vénération dont elle avait été autrefois entourée, que parce qu'elle avait été sculptée, disait-il, par le prophète Jérémie ; il consentit néanmoins, pour prouver son estime au roi de France, à s'en dessaisir en sa faveur.

« Prince ! Lui dit saint Louis en le remerciant, je vous donne ma parole de roi qu'en arrivant dans mon royaume, je placerai cette précieuse statue en un lieu où perpétuellement on la révérera ». En effet, dès son retour en France (1254), le saint roi se rendit au Puy, et fit hommage à Notre Dame de ladite Vierge noire.

Cette statue était en bois de cèdre, avons-nous dit, sa hauteur était de deux pieds trois pouces. Elle représentait la sainte Vierge, assise sur une espèce de tabouret, et tenant sur ses genoux l'Enfant-Jésus dans la posture d'un petit enfant qui cherche à s'asseoir sur le giron de sa mère. Cette double image était environnée, dans toutes ses parties, de bandelettes fortement serrées à la manière des momies d'Egypte. Ces voiles entouraient même les visages, les pieds et les mains, de telle sorte que les pieds ne laissaient apercevoir aucun vestige des doigts, qui se trouvaient, au contraire, très fortement caractérisés dans les mains, singulièrement remarquables par leur étendue et leur roideur. C'est sur cette enveloppe qu'on avait jeté une couche de blanc sur laquelle on avait peint, à la détrempe, non pas à la manière de nos Indiennes, mais avec des couleurs épaisses et solides, différents genres d'ornements. La draperie était grossièrement sculptée et sans plis ; l'habillement, sculpté lui aussi, se composait d'une robe jetée sur une tunique intérieure dont l'extrémité était ornée d'une broderie ; cette robe formait, sur la poitrine entièrement plate, une pointe encadrée dans une bordure rehaussée d'Arabesques et qui descendait des épaules jusqu'aux pieds. Les manches, peintes en rouges, ne dépassaient pas le coude, ou elles se terminaient en manchettes évasées sur l'une desquelles on distinguait des caractères mystérieux demeurés jusqu'ici inconnus. Le corsage jusqu'à la ceinture était peint d'un fond vert tirant sur le bleu, parsemé de petits ornements d'un blanc jaunâtre. Une large bande, en forme de galon, de couleur également jaune, courait du sein jusqu'aux pieds et tournai t encore autour de la robe comme une frange. Sur la tête, enserrée étroitement par des bandelettes qui ont toujours empêché de la contempler à découvert, était placée une couronne, travaillée à jour,dont la forme étrange se rapprochait assez de celle d'un casque, et dont deux portions mobiles se prolongeaient comme des espèces d'oreillettes et tombaient presque jusqu'aux épaules. Ce diadème, de cuivre doré, portait enchâssé dans ses contours, plusieurs camées antiques extrêmement curieux et dont quelques-uns ont excité l'admiration des connaisseurs. Les sujets qu'ils représentaient avaient trait à des scènes du paganisme. Ils étaient sans doute un sacrifice de l'erreur offert à la mère de l'éternelle vérité. La forme du visage présentait un ovale extrêmement allongé, où les règles du dessin n'avaient été nullement suivies. La face, dit Gissey, était longuette. Il aurait dû, reprend Faujas, qui l'avait considérée à loisir et de très près, il aurait dû plutôt l'appeler longissime. Le nez surtout était d'une longueur démesurée. La bouche, au contraire, était petite, le menton raccourci et rond, la partie osseuse supérieure de l'oeil fort saillant, et l'oeil, malgré cela, très petit.

Il y avait, néanmoins, dans cette image sacrée un heureux mélange de singularité et de noblesse, qui inspirait tout à la fois le respect et la confiance. Le visage de la sainte Vierge était d'un noir foncé, qui jouait le poli de l'ébène, aussi bien que celui de l'Enfant-Jésus, dont, par un contraste bizarre, les mains étaient blanches ainsi que celles de sa Mère. Le divin Enfant portait une robe faite en forme de tunique, dont la couleur était d'un rouge très foncé et que décoraient çà et là de petites croix grecques et argentées. Une ceinture dorée qui la rattachait, laissait retomber sur le devant ses deux extrémités, qui rendaient assez bien l'effet d'une riche dentelle.

Cette double image, peinte et sculptée comme nous venons de le décrire, était habituellement couverte de riches étoffes, comme à Rocamadour et à Lorette, en sorte que l'on n'apercevait que les deux têtes de Jésus et de Marie et l'extrémité de leurs pieds.

Telle était la statue mystérieuse qui, pendant cinq cent trente-neuf ans, attira de toutes les parties de l'Europe, tant de pèlerins au Mont Anis.

Pendant plus de cinq siècles, cette statue fut la sauvegarde et la richesse du Velay. Cette raison seule aurait dû, ce semble, la protéger contre toute profanation. Mais, hélas ! Jusqu'où ne va pas le vandalisme de l'impiété déchaînée. Arrachée de l'autel pour être jetée dans la charrette aux immondices, on vit un jour de 1794, une populace, stupide et forcenée, se ruer avec une joie de cannibales autour du bûcher qui consumait un objet si vénéré, et applaudir à la destruction de cette relique sacrée de la science et de la foi !… Mais n'anticipons pas sur les événements. Avant de raconter la haine idiote et brutale dont fut l'objet à la fin du siècle dernier, la statue miraculeuse de Notre-Dame du Puy, il nous faut énumérer les grands témoignages d'amour et de vénération qui lui furent rendus par nos aïeux pendant plus de cinq siècles. Ce sera le sujet du chapitre suivant.

 

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Prière

 

O Marie, lorsque autrefois, dans votre sanctuaire du Mont Anis, les pèlerins vénéraient votre ancienne statue de bois de cèdre, ils ne pouvaient, disent nos chroniques, détacher leurs regards de votre image miraculeuse, et leurs yeux ne se lassaient point de vous contempler. Ah ! C'est que pour eux, la mystérieuse parole que la sainte Ecriture applique à l'épouse des cantiques : « Nigra sum, sed formosa. Je suis noire, mais belle ». Cette parole s'appliquait parfaitement à vous. Oui, vous étiez noire par le bois de cèdre dont était faite votre statue, mais vous étiez belle aussi par les souvenirs que vous rappeliez : vous étiez, en effet, la statue prophétique dont Jérémie s'était servi pour répandre à l'avance, parmi les tribus égyptiennes, la connaissance du grand mystère de l'Incarnation. Grâce à cette image sculptée, de pauvres idolâtres vous avaient connue et vénérée six siècles avant votre naissance, et ils avaient salué en vous la glorieuse Vierge qui devait enfanter le divin Rédempteur. La vue de votre image rappelait tout cela à vos pieux pèlerins ; elle leur rappelait aussi le souvenir du plus saint de nos rois, et vous étiez tout à la fois un monument religieux et national. Mais ce qui faisait surtout votre beauté aux yeux des foules qui venaient s'agenouiller à vos pieds, c'est que vous étiez l'instrument dont Dieu se servait pour répandre à profusion la grâce et le miracle. O Notre Dame du Puy, qui dira toutes les guérisons et toutes les conversions que Dieu s'est plu à opérer par vous, dans le sanctuaire du Mont-Anis ! Hélas ! Votre statue miraculeuse a été anéantie dans un jour de crime et d'abomination... mais, ô Marie, votre bras est toujours aussi puissant que par le passé. Vous pouvez, si vous le voulez, renouveler dans notre pays les merveilles d'autrefois. Nous vous en prions, ô Notre Dame ! rendez-nous vos antiques faveurs ! Et, pour commencer, convertissez nos âmes pécheresses, détachez-les du mal, ouvrez nos yeux à la lumière de la vérité, donnez-nous une foi vive et ardente, faites pénétrer dans nos coeurs la douceur de votre amour, rendez-nous enfin, ô Marie, dignes de vos bienfaits !

 

Notre-Dame du Puy, priez pour nous !

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil, obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiæ, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evæ ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, præparasti: da ut cujus commemorationo lætamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

 

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17 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Dix-huitième jour

Notre Dame du Puy et l'Ordre de Saint-François d'Assise

 

L'Ordre de Saint-François a joué un rôle si considérable dans notre pèlerinage, que ce n'est pas trop d'un chapitre à part, pour raconter les rapports étroits des Franciscains avec Notre Dame du Puy.

Ce fut du vivant même de saint François, sous l'évêque du Puy, Etienne de Chalencon, que les Franciscains s'établirent au Puy (1223). Saint François, qui aimait tant la sainte Vierge, ne pouvait manquer d'établir, dans notre ville, quelques-uns de ses enfants. Leur couvent était situé avenue de Vals, derrière le musée actuel. Ce monastère prit dès son début un rapide essor. L'illustre thaumaturge, saint Antoine de Padoue, mort en 1231, y fut deux ans gardien, et y enseigna la théologie. Au XVIIIe siècle on montrait encore sa cellule.

A peine installés au Puy, les Franciscains y établirent un centre florissant d'apostolat. Du treizième au quinzième siècle surtout, leur monastère fut la vivante incarnation des idées religieuses dont notre ville était alors l'un des principaux foyers.

Les Franciscains avaient un intérêt de premier ordre à répandre au loin la renommée et la popularité de notre pèlerinage. Le Grand Pardon ou Jubilé de notre Eglise angélique associait, en effet, les deux dates les plus chères au coeur des enfants de saint François : Le Vendredi-Saint et l'Annonciation de la sainte Vierge, c'est-à-dire le commencement et la fin de la rédemption du monde. La passion dont saint François avait porté visiblement sur son corps les glorieux et douloureux stigmates, et qui lui avait fait préposer ses enfants à la garde périlleuse des Lieux saints, la Passion, on le sait, était la fête franciscaine par excellence ; d'autre part, la solennité de l'Annonciation était aussi en grand honneur dans l'ordre Franciscain. Aussi les Franciscains, si nombreux, si actifs, si bienvenus des foules, adoptèrent-ils notre pèlerinage comme une oeuvre tout à fait en rapport avec l'esprit de leur institut, et se complurent-ils à répandre, en tous lieux, la renommée de notre sanctuaire et la date de ses grands et salutaires Jubilés.

Sous Charles VII, notamment, lors de l'invasion anglaise, les Franciscains contribuèrent beaucoup à faire de Notre-Dame du Puy un sanctuaire national. On sait qu'au commencement du quinzième siècle, le Puy et le Velay prirent tout à coup une importance hors ligne dans la lutte de nos Pères contre l'invasion anglaise. A partir de 1417, on vit notre province devenir le centre d'une ligne défensive, le point de ralliement et la base d'opération principale de la défense de l'intégrité nationale. Le Velay étant, en effet, la clef des défilés du Languedoc, se trouvait être par là-même la clef de ce qui restait de possessions au pauvre petit roi de Bourges. Les Franciscains, à cette occasion, se firent les chevaliers errants de la patrie malheureuse.

De 1407 à 1430, les preuves abondent de cette propagande franciscaine au nord, comme au midi et au centre de la France, et tout démontre que le sanctuaire de Notre Dame du Puy était le foyer d'où rayonnaient sur la France ces missionnaires de l'indépendance et de la nationalité françaises. Chez ces âmes religieuses et patriotiques, le pèlerinage de la Vierge d'Anis devint l'un des meilleurs instruments de la rédemption nationale. Et quand sonna le Jubilé de 1418, quand se produisit la rencontre mystérieuse des deux grandes fêtes franciscaines : la Passion et l'Annonciation, les enfants de saint François, répandus dans toute la France, montrèrent aux foules notre Vierge noire comme la Notre Dame des Victoires de la patrie en danger, et convièrent partout les populations au Grand Pardon de Notre Dame du Puy, en annonçant que son patronage porterait bonheur aux pauvres lys si tristement courbés et agités par la tempête. Aussi, grâce aux Franciscains, aucune cité de France, aucune province, aucun village même n'ignorait la gloire de Notre Dame du Puy et la date de ses célèbres Jubilés. Cette dévotion de l'ordre de Saint François pour Notre Dame du Puy engagea sans doute sainte Colette à venir fonder dans cette ville un couvent de Clarisses.

L'illustre franciscaine, usant de l'ascendant souverain qu'elle exerçait sur dame Claude de Rousillon, veuve du vicomte Armand de Polignac, pria cette châtelaine de vouloir bien lui choisir un emplacement au Puy, aux pieds du célèbre sanctuaire de Notre Dame. En conséquence, la vicomtesse acheta, dans un coin de la cité, près des fortifications, un groupe de jardins et de maisons où fut bâti, après bien des obstacles et des difficultés, l'humble couvent actuel des pauvres Clarisses (1432).

Quelques années plus tard (1451), le frère Basile, franciscain de l'observance, étant venu prêcher au Puy, y obtint de tels succès de conversion que l'on vit les femmes de la ville venir déposer entre ses mains tous les vains ornements de leurs parures mondaines, et les hommes lui remettre tous les mauvais livres, les dés et les jeux de cartes qu'ils possédaient ; en sorte, dit la chronique, que le missionnaire franciscain en avait amassé la charge de plusieurs mulets. A un jour donné, il convoqua tout le peuple sur la place du Breuil, et là, en face du sanctuaire de Notre Dame, il livra impitoyablement aux flammes d'un immense bûcher, tous ces objets de luxe et de perversion.

En 1609, les Franciscains de la nombreuse et austère réforme des Capucins, vinrent à leur tour s'établir au Puy, sous l'égide de Notre Dame du Mont Anis. Parmi ces dignes fils de saint François, le B. P. Théodose de Bergame se distingua entre tous par sa dévotion pour la sainte Vierge. Contre l'usage des autres prédicateurs, il prêchait tous les samedis en son honneur, afin de propager la gloire de cette grande Reine du ciel et de la terre. Il s'efforçait d'établir partout la dévotion du saint Rosaire, que, de concert avec les Dominicains, il rendit familier à tous les habitants du Velay. Son amour et son dévouement pour Notre Dame du Puy l'engagèrent dans de laborieuses recherches sur les anciennes dévotions et les miracles éclatants relatifs à ce saint pèlerinage. Il en composa même un ouvrage, introuvable aujourd'hui, mais dont le texte a servi de base à l'ouvrage du père jésuite Odo de Gissey, qui n'a fait qu'augmenter et perfectionner le travail de son vénérable devancier.

Hélas ! Du couvent des Franciscains et des Capucins, il ne reste plus rien aujourd'hui. La Révolution a tout détruit ! seul, le couvent de Sainte Claire, fondé par sainte Colette, existe encore et continue nuit et jour de monter silencieusement sa garde d'honneur aux pieds du sanctuaire de Notre Dame du Puy.

 

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Prière

 

Ô Marie, nous venons de voir quels magnifiques hommages l'Ordre de Saint François vous a rendus dans le Velay. Hélas ! Qui nous rendra ces âges de foi, où les ordres religieux prospéraient librement dans notre patrie, pour la plus grande gloire de Dieu et de sa sainte Mère, pour le plus grand bien aussi de la société civile et religieuse ! En ce temps-là, il y avait des asiles pour tous les coeurs épris de la beauté et de la sagesse éternelles. Les cloîtres étaient ouverts à toutes les âmes avides de solitude, de silence et d'amour de Dieu. On pouvait se choisir une famille entre toutes les nombreuses familles monastiques pour y servir le Père céleste dans la prière et le travail. Et même, lorsque quelqu'un ne pouvait aller au cloître, le cloître venait à lui par le Tiers-Ordre. En ce temps-là, l'empire de la peur ne dominait pas les consciences comme aujourd'hui ; on ne craignait pas de se montrer chrétien ; on n'avait pas fait, du mot bien innocent de clérical et de congréganiste, un ridicule épouvantail qui arrête les meilleurs. On se faisait gloire d'appartenir à l’Église et aux associations religieuses. On eût cru n'être pas complètement chrétien, si on n'eût appartenu au Tiers-Ordre Franciscain. Tout en restant dans le monde, on portait les armes de cette belle chevalerie, on combattait sous sa bannière, le bon combat de la vie, et l'on mourait heureux, ceint de la corde et revêtu du pauvre habit de bure de Saint François. Le monde chrétien était ainsi une immense confrérie, dont l'amour de Dieu unissait tous les membres.

Hélas ! Que les temps sont changés !... Les cloîtres sont aujourd'hui fermés, les religieux dispersés, et les âmes nombreuses que Dieu appelle, chaque jour, à la vie monastique, sont condamnées à errer dans le monde, souffrantes, découragées et sans vocation ! Triste nécessité que celle-là ! mais il est un remède à ce mal. Si les couvents des grands ordres sont fermés, le Tiers-Ordre est ouvert à tous! et le Souverain Pontife Léon XIII a déjà, à deux reprises, exhorté vivement les âmes à s'enrôler dans la grande association franciscaine. Ô Marie, qui êtes la glorieuse patronne du Tiers-Ordre de Saint-François, attirez à vous les âmes qui se perdent, et par le Tiers-Ordre Franciscain, suivant le désir de son séraphique fondateur, faites-les toutes aller en Paradis. Ainsi soit-il !

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil, obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiæ, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evæ ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, præparasti: da ut cujus commemorationo lætamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

 

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16 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

St Jeanne d'Arc

 

Dix-septième jour

Comment Jeanne d'Arc, sur le point de délivrer la France, envoya sa mère au Jubilé du Puy pour recommander à notre Vierge noire le succès de sa mission.

 

Nous voici arrivés au point le plus glorieux et le plus émouvant des annales de Notre Dame du Puy. Nous avons dit hier, comment sous Charles VII, les Anglais se trouvaient maîtres de la moitié du sol sacré de notre patrie. L'heure de la délivrance de la France vint enfin sonner avec le Jubilé de 1429. Ce Jubilé fut un événement considérable et heureux entre tous. Il se lie d'une manière intime avec la mission de Jeanne d'Arc. Nous allons essayer de le démontrer, non sans émotion patriotique et sans légitime fierté.

C'était la troisième fois, depuis le commencement du quinzième siècle, que survenait cette conjonction mystérieuse et bénie du Vendredi Saint et de l'Annonciation de la très Sainte Vierge. Les peuples d'alors avaient un vague pressentiment que quelque chose de grand allait se passer à cette occasion. De fait, le salut de la France était proche, et le Ciel allait intervenir pour chasser les Anglais de notre chère et malheureuse patrie.

Le 6 mars 1429, dimanche de Laetare, Jeanne d'Arc, obéissant aux voix d'en haut, arrive à Chinon pour trouver le roi, et lui faire part de la mission dont elle est chargée par Dieu, auprès de lui. Cette mission est étrange chez une jeune fille : Avec ses mains qui n'ont jamais manié que la quenouille de fileuse et la houlette de bergère, Jeanne ne prétend rien moins qu'à remettre, au front du roi de France, la couronne de Clovis et de Charlemagne, si douloureusement humiliée et tombée dans les sanglants désastres de Verneuil, d'Azincourt, de Poitiers et de Crécy. Mais ce que voulait Jeanne, Dieu le voulait aussi, et dès lors il n'y avait plus d'impossibilité.

Admise, quatre jours après son arrivée, à l'audience royale, Jeanne va droit au roi, qui se cachait derrière ses familliers, et lui dit : « Gentil Dauphin, j'ai nom Jehanne la Pucelle, et vous mande le Roi des cieux par moi, que vous serez sacré et couronné dans la ville de Reims ». Elle ajouta ensuite ces paroles dont le Ciel seul pouvait lui avoir inspiré l'admirable à-propos : « Je vous dis aussi de la part de Messire Dieu, que vous êtes vrai héritier de France et fils de roi ».

Cette révélation fut un trait de lumière pour Charles VII. Quelque temps auparavant, il avait eu, en effet, dans son oratoire, une pensée pleine de trouble et d'angoisse : Un doute mortel était venu tout à coup étreindre son âme. Se souvenant de l'infamie de sa mère, il se demandait s'il était bien le fils de Charles VI, le légitime héritier du trône de saint Louis. Jeanne venait de mettre fin à ce doute cruel. Dieu seul pouvait avoir donné à cette jeune fille le don de lire ainsi dans les plus secrètes pensées du roi. À dater de ce moment, Charles VII crut à la mission de Jeanne d'Arc, et s'abandonna à ses surnaturelles inspirations.

Mais avant de s'élancer sur les champs de bataille, et de courir sus aux Anglais, Jeanne voulut mettre son entreprise sous la protection de Notre Dame du Puy. On était au mois de mars, le grand Jubilé qui avait été annoncé par toute la France allait s'ouvrir le 25 du même mois. Or, Jeanne avait marqué d'avance ce célèbre Jubilé comme devant être le point de départ de la rédemption française. Dans l'idée de l'héroïne, c'était au moment où la prière de la France entière retentirait sous les voûtes du sanctuaire du Mont Anis, que la sainte Vierge manifesterait son intervention miraculeuse en faveur de notre patrie. Telle était, à cet égard, la conviction de Jeanne d'Arc, qu'avant de brandir son épée, ne pouvant venir elle-même en pèlerinage au Puy, retenue qu'elle était par les docteurs de Poitiers, qui lui faisaient subir un examen d'orthodoxie, elle se fit représenter à notre Jubilé par sa mère, et par plusieurs chevaliers qui lui avaient servi d'escorte dans son voyage de Vaucouleurs à Chinon. Nous avons de ce fait un témoignage absolument authentique et digne de foi, celui du Franciscain, frère Jean Pacquerel, l'aumônier et le confesseur de Jeanne d'Arc. D'après la déclaration de ce religieux faite sous la foi du serment, au cours du procès de réhabilitation de la Pucelle, il résulte que le frère Jean Pacquerel eut, pour la première fois, connaissance de la mission de Jeanne d'Arc et de sa venue à la cour, au Jubilé du Puy de 1429, où il se rencontra avec la mère de Jeanne et quelques-uns de ceux qui avaient amené la Pucelle vers le roi. On lia connaissance, et la mère et les compagnons de Jeanne prièrent instamment le Franciscain de se rendre avec eux vers la jeune fille. Cédant à leurs instances, il s'en vint avec eux jusqu'à Chinon et de là jusqu'à Tours, où Jeanne se trouvait alors. Arrivés auprès d'elle, ils lui dirent : « Jeanne, nous vous amenons ce bon Père dont vous serez très satisfaite ». Elle répondit qu'elle était fort contente en effet, qu'elle avait entendu parler déjà du nouvel arrivant, et qu'elle voulait, dès le lendemain, lui parler et se confesser à lui. Effectivement, le lendemain, frère Jean Pacquerel confessa Jeanne, lui chanta la messe, et, depuis ce moment, ce religieux ne quitta plus notre héroïne, qu'il accompagna partout jusqu'à Compiègne où elle fut faite prisonnière.

Ainsi, il est donc certain que Jeanne d'Arc assista, par sa mère, au Jubilé qui s'ouvrit au Puy, le 25 mars 1429.

Certes, les gloires de notre sanctuaire ne se comptent plus ; mais nous sera-t-il permis de le dire, nous n'en savons pas qui égale l'arrivée dans nos murs de la mère de Jeanne d'Arc, au moment le plus critique de notre existence nationale. Cette pauvre femme du peuple, Isabelle Romée, cette humble visiteuse à peine échappée de son village, et qui vint, en cette heure solennelle, verser aux pieds de notre Vierge, l'âme de la France, nous touche plus, nous, fils du Velay, que les plus fiers potentats et les plus illustres monarques. Nous oublions, en face de cette pèlerine de notre bien-aimée Lorraine, Charlemagne, Urbain II et saint Louis lui-même. Quelles invocations sortirent de ce coeur simple et fidèle, lorsque à genoux sur le parvis de notre cathédrale, et confondue dans la foule pieuse, Isabeau Romée tendit ses mains suppliantes vers cette sainte image qui avait entendu tant de prières à travers les siècles ? Elle pleura, elle pria sans doute, la noble paysanne, pour sa petite Jeannette, la chère créature qu'avaient portée ses entrailles... Pauvre Isabeau Romée ! Qui ne voudrait connaître, dans la basilique, le lieu qu'elle arrosa de ses brûlantes larmes ! Quel coeur français n'y verserait les siennes ! Je la vois, cette pauvre mère, répandant silencieusement ses pleurs aux pieds de la Vierge noire, se relevant, essuyant son visage, et mêlée à la foule des pèlerins, se diriger vers le sanctuaire de l'Aiguilhe-Saint-Michel, et là, implorer encore le secours de l'Archange par lequel sa pauvre enfant se disait dirigée et soutenue.

Scène attendrissante ! Souvenirs émouvants, combien l'on a de peine à s'arracher à vous !

Cependant la France n'avait pas invoqué en vain Notre Dame du Puy. L'heure de la délivrance était venue. Le Jubilé de 1429 dut finir le 2 ou le 3 avril. Or, le 30 du même mois, Jeanne d'Arc entrait dans Orléans, et forçait les Anglais à se réfugier dans les bastilles qu'ils avaient établies au midi de la Loire. Le 8 mai, elle les en déloge complètement, s'emparant de leurs munitions et de leurs bagages, de leurs malades et d'un grand nombre de prisonniers. Mais il y avait encore loin d'Orléans à Reims où devait être sacré le roi. Tout le pays était occupé par l'ennemi. La route était partout hérissée de forteresses gardées par de fortes garnisons, et, chose triste à dire, la plupart des populations qui étaient tombées sous le joug des Anglais, avaient déjà pris leur parti de la domination étrangère. Jeanne triompha de tous les obstacles, et le 17 juillet 1429, le jour môme de l'octave de la Dédicace de Notre Dame du Puy, Charles VII était enfin sacré à Reims et couronné roi de France.

Vive le Christ qui aime les Francs ! Vivat Christus qui diligit Francos ! Tel est le cri qui s'échappe de notre poitrine en terminant ce glorieux chapitre. Ah ! Puisque l'occasion s'en présente, recueillons et étudions les enseignements qui découlent de cette intervention du Ciel dans les destinées de notre chère patrie. La patrie, sachons-le bien, c'est Dieu qui l'a faite ; par conséquent c'est lui seul qui l'ôte, c'est lui seul aussi qui peut la rendre. La patrie est le composé sacré des autels et des foyers d'un peuple. Nul peuple ne perd sa patrie que par suite de quelque mystérieux châtiment ; et c'est pourquoi, pour la recouvrer, il ne suffit pas de combattre avec une épée, mais il faut surtout prier, lever les yeux et les coeurs au ciel, trouver des hosties et des immolations, et envoyer à Dieu, à travers la fumée des batailles, par les lèvres pures des vierges et des petits enfants, la grande prière des peuples vaincus : « Seigneur, rends-nous la patrie, rends-nous la liberté ! »

C'est cette prière que Jeanne d'Arc fit par sa mère aux pieds de la statue de Notre Dame du Puy, et c'est à la suite de cette prière qu'il fut donné à Jeanne-la-Lorraine de délivrer la France !

 

 

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Prière

 

O Marie, qui avez autrefois délivré la France des Ariens, des Musulmans, des Albigeois et des Anglais, ne permettez pas qu'elle tombe maintenant sous le joug de ces Allemands qui nous menacent sans cesse d'une nouvelle invasion ! Songez que ces ennemis de la France sont vos pires ennemis, puisqu'ils sont infectés pour la plupart de l'hérésie protestante !… O vous qui avez suscité Jeanne d'Arc au quinzième siècle, pour délivrer votre royaume de l'invasion Anglaise, ne permettez pas que cette terre, qui est vôtre, soit violée de nouveau par la Prusse hérétique ! Rendez à la Mère-Patrie l'Alsace et la Lorraine, ces deux filles bien-aimées de la France qui lui ont été si violemment et si injustement ravies !… Mettez, par votre protection, des bornes infranchissables à nos frontières menacées ! Et si, ce qu'à Dieu ne plaise, de nouveaux combats étaient nécessaires pour le salut et l'honneur de la France, alors, ô Marie, combattez avec nous, et donnez la victoire à vos enfants ! Si Maria pro nobis, quis contra nos ? Si vous êtes pour nous, ô Marie, qui sera contre nous ? Oui, nous en avons la ferme confiance, ô Notre-Dame, aux heures du péril, vous viendrez aux secours de la patrie en danger. Et le vieux cri de nos pères restera toujours vrai : regnum Galliae, regnum Mariae, nunquam peribili ! la France qui est le royaume de Marie, ne périra jamais ! Notre Dame du Puy, priez pour la France. Amen.

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil, obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiæ, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evæ ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, præparasti: da ut cujus commemorationo lætamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

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15 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Seizième jour

Notre Dame du Puy et le roi Charles VII

 

Il fut un jour dans notre histoire, où, d'après la teneur des traités dûment signés, la France avait diplomatiquement cessé de s'appartenir et d'être la France. Le 21 mai 1420, les Anglais étant maîtres d'une partie du royaume, et le roi de France, Charles VI, étant devenu fou, un traité fut conclu, à Troyes, entre Henri, roi d'Angleterre, et la reine de France, Isabeau de Bavière, par lequel, à la mort de Charles VI, la France deviendrait province anglaise. La reine de France, mère et femme dénaturée, déshéritait du même coup son fils, le dauphin Charles VII, vendait sa fille en mariage au roi d'Angleterre, et livrait notre patrie à l'étranger.

C'est à ce moment critique de notre histoire nationale, que Charles VII vint pour la première fois en pèlerinage à Notre Dame du Puy. Ce pauvre dauphin, poursuivi par la haine implacable de sa mère, trahi par la victoire, pressé par ses ennemis, abandonné des siens, refoulé jusqu'au fond des montagnes qui avoisinent la source de la Loire, voulut remettre entre les mains de la puissante Vierge du Mont Anis, sa cause alors presque désespérée. Tout le peuple et toute la noblesse du Puy s'étaient réunis pour le recevoir. Les consuls et les magistrats allèrent à sa rencontre, précédés de la bourgeoisie sous les armes. L'évêque du Puy, qui était alors Guillaume III de Chalencon, l'attendait avec son Chapitre, à la porte du cloître. A son entrée dans l'église, le prince baisa le crucifix qui lui fut présenté par le prélat, et reçut de lui l'eau bénite pour se marquer du signe de la Croix. Ensuite, revêtu du surplis et de l'aumusse par les soins du doyen et du prévôt, il demeura quelque temps en oraison dans le sanctuaire.. Puis, comme on allait commencer le chant des premières vêpres de l'Ascension, le prince voulut y assister, dans une stalle, à côté des chanoines. Le lendemain, il entendit, à la même place, la messe pontificale chantée par l'Evêque, et communia de ses mains. Et quand le dernier évangile fut fini, il créa chevaliers le comte de Pardiac, les barons de Chalencon, d'Apchier, de Latour-Maubourg et de la Roche, ainsi que les seigneurs de Vergézac et du Roussel qui venaient de se signaler en défendant la ville contre les partisans des Anglais. Il partit le lendemain, vers les quatre heures, et les habitants, épris pour lui de la plus vive affection, l'accompagnèrent, en faisant retentir les airs des accents de leur joie et de leurs enthousiastes acclamations.

Hélas ! Deux ans après 1422, son père, l'infortuné Charles VI étant mort, l'odieux traité de Troyes, qui dépossédait Charles VII au profit du roi d'Angleterre, eut aussitôt son commencement d'exécution. Le roi d'Angleterre, Henri V, fut reconnu et proclamé roi de France par le Parlement et l'Université, par le premier prince du sang, Philippe-le-Bon, duc de Bourgogne, et par la reine Isabeau de Bavière. Chose incroyable et triste à dire, Paris, l'île de France, la Picardie, l'Artois, la Flandre, la Champagne, la Normandie, c'est-à-dire presque tous les pays au nord de la Loire, et la Guyenne au sud de ce fleuve, se rangèrent sous le joug de l'étranger et lui obéirent pendant plusieurs années... La cause du dauphin Charles VII semblait désespérée et presque à jamais perdue !

Dans cette extrémité, le malheureux Charles VII se souvint une seconde fois de Notre Dame du Puy. Dès qu'il eut appris la mort de son père au château de Mehun-sur-Yèvre, en Berry, où il se trouvait alors, il accourut au sanctuaire du Mont Anis, pour demander une seconde fois aide et protection à la Vierge Marie, en qui il avait mis toute sa confiance.

C'est alors qu'au fond des montagnes du Velay, dans le petit manoir épiscopal d'Espaly, aux portes même de la cité du Puy Sainte-Marie, quelques chevaliers français, réunis autour du dauphin, déployèrent la bannière royale en s'écriant : « Vive le roi Charles, septième du nom, par la grâce de Dieu, roi de France ! »

A cette époque, Charles VII était un jeune homme de dix-neuf ans, faible de corps, pâle de figure, fort ami du plaisir et des chevaux, d'un caractère dont la bonté faisait le fond, mais qui paraissait alors aussi léger, qu'il fut plus tard sage et vaillant. La nationalité française étant personnifiée dans ce jeune fils de roi, si indignement exclu du trône par sa mère, tout ce qui portait un coeur vraiment français faisait des vœux pour lui.

Le jeune prince, sentant tout le besoin qu'il avait du secours d'en haut, était donc venu au Puy, implorer, avec quelques fidèles, l'aide efficace de Notre Dame. Dans l'extrême impuissance où il se trouvait réduit, sa foi lui disait que la patronne, si célèbre de notre diocèse, était seule assez puissante pour rompre l'odieux contrat qui lui enlevait la couronne et la livrait au roi d'Angleterre, le plus mortel ennemi de la France.

La foi du roi de France ne devait pas être trompée, mais elle devait passer auparavant par bien des épreuves.

Deux ans plus tard — janvier 1424 — après la fatale défaite de Verneuil, qui semblait consommer la ruine de la royauté et de la patrie françaises, nous voyons encore Charles VII, pour ne pas perdre toute espérance, accourir une troisième fois auprès de Notre Dame du Puy. Il y revient pour la quatrième fois en décembre 1425, accompagné de la reine Marie d'Anjou son épouse. Il y passe alors plus de six semaines ; et, tous les jours, disent les chroniques, malgré le froid rigoureux de la saison, on voyait le jeune roi sortir du château d'Espaly qui lui servait de résidence, et gravir les hauteurs escarpées du sanctuaire du Mont Anis, pour implorer le secours de Notre Dame du Puy. Ah ! C'est qu'il y avait, à cette époque, grande pitié au royaume de France, et l'intervention de Marie devenait de plus en plus urgente !

Cependant l'année 1429 arriva. C'était une des années jubilaires du Puy. Par un secret pressentiment, les multitudes restées françaises, mais à bout de forces, et toutes haletantes entre les transes de la veille et les espoirs du lendemain, saluèrent partout cette année comme l'aurore de la délivrance de la patrie. Le Grand Pardon du Puy leur apparaissait, dans leur détresse, comme le phare au milieu de la tempête. Du fond des provinces restées fidèles, tous les yeux et tous les coeurs se tournèrent avidement vers Notre Dame du Puy, comme vers le palladium sacré de France. Le roi Charles VII lui-même, tressaillit d'espérance à l'annonce du précieux Jubilé. Le Chapitre de Notre Dame lui avait envoyé, à cette occasion, un de ses membres, pour le prier d'intervenir auprès du Pape, afin d'obtenir la prolongation de la célèbre indulgence, et de permettre par là à plus de monde de la gagner. Charles écrivit, en effet, au Souverain-Pontife, et sur sa prière, Martin V daigna prolonger le Jubilé jusqu'au dimanche de Quasimodo.

Or, ce Jubilé de 1429 fut un pèlerinage véritablement national. Il montre bien quelle espérance le peuple et le roi de France fondaient sur Notre Dame du Puy. De toutes les parties de la France et même de l'étranger, les fidèles se précipitèrent en foule vers ce sanctuaire où se cachait l'infini trésor des miséricordes et des grâces. Tant de confiance en Marie allait être enfin récompensée. Une intervention miraculeuse se produisit ; Jeanne d'Arc apparut, et la France lut miraculeusement sauvée.

Charles VII ne fut pas ingrat envers la sainte Vierge. Après avoir repris une à une, et réuni sous son sceptre les provinces envahies par les Anglais, il se fit un devoir de venir remercier solennellement Notre Dame du Puy, qui avait daigné bénir ses armes, et il vint dans son sanctuaire lui faire hommage de ses triomphes. C'était la cinquième fois que le pieux roi venait en pèlerinage au Mont Anis. En vérité notre célèbre pèlerinage avait pris des proportions véritablement nationales, et nous démontrerons, demain, quelle influence il eut dans l'oeuvre miraculeuse du salut de la France.

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Prière

 

Sainte Mère de Dieu, ô Marie, dont le divin Fils a dit à ses disciples : « Je vous laisse ma paix, je vous donne ma paix », obtenez de Notre Seigneur Jésus Christ qu'il fasse descendre cette paix souveraine dans notre pays si troublé, si agité, si cruellement déchiré par les révolutions et les guerres. Faites régner la concorde non seulement entre tous les princes et tous les chefs de la chrétienté, mais aussi entre tous les enfants de la France !... Faites enfin lever sur la terre, suivant la prédiction de vos prophètes, l'aurore de cette époque tant désirée, où les nations soumises au Dieu de la paix, ne tireront plus le glaive et ne s'exerceront plus au combat ! Qu'elle luise bientôt sur nous cette aurore des temps nouveaux, durant lesquels le fer des lances et l'acier des épées seront changés en socs de charrues et en faucilles de moissonneurs !

Ô mon Dieu, quelque indignes et coupables que nous puissions être, faites-nous miséricorde au nom de Jésus-Christ votre Fils, au nom aussi de la Vierge immaculée, sa Mère. Nos péchés, nous le reconnaissons, crient vengeance contre nous et réclament des flots de sang expiatoire… Mais que le sang du Christ couvre nos fautes ! Ô Dieu, Père tout-puissant et miséricordieux, souvenez-vous que Jésus-Christ a prié pour nous, que Jésus-Christ est mort pour nous, et, en considération des souffrances et des mérites de Notre-Seigneur Jésus-Christ, par l'intercession de Notre Dame du Puy, faites grâce à la France coupable et détournez bien loin d'elle le redoutable fléau de la guerre. Ainsi soit-il.

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil, obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiæ, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evæ ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, præparasti: da ut cujus commemorationo lætamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

viergenoire68

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