11 décembre 2007

L'icône des Saints Neo Martyrs de France

4neomartyrs_2L'icône des Saints Neo-Martyrs de France

 

1 COMPOSITION DE L’ICÔNE

L’icône se présente sur deux plans :

    À l’avant on voit les quatre nouveaux canonisés : de gauche à droite : saint Élie Fondaminski ; sainte Marie ; saint Dimitri Klépinine ; et saint Youri (Georges) Skobtsov.

    À l’arrière-plan figure la scène de la Crucifixion : le Christ en croix, qui est plantée au sommet d’une montagne ; le Christ est accompagné de deux anges, chacun portant un linge ou vêtement blanc.

La scène peut s’inspirer de deux icônes traditionnelles :

    L’icône de la Transfiguration du Christ : L’icône de la Transfiguration du Christ, comme notre icône des saints néo-martyrs de France, se présente sur deux plans : sur le plan supérieur figure le Christ transfiguré, accompagné d’Élie et de Moïse ; et en bas, les trois apôtres, terrassés et aveuglés par la splendeur de la vision du Christ en gloire. Le rappel de la Transfiguration du Christ invoque le martyre comme une expérience transfigurante, par laquelle le martyr atteint la théosis, l’union avec Dieu.

    L’icône de la Crucifixion : On voit sur l’icône de la Crucifixion non seulement le Christ en Croix, mort, mais aussi des témoins de la crucifixion et la mort du Christ, typiquement la Mère de Dieu et saint Jean l’Évangéliste, et souvent aussi, les femmes myrophores et le centurion. Il y a parfois aussi la présence d’anges, comme sur l’icône de la Crucifixion de maître Denys. Le centre de l’attention est le Christ mort sur la Croix, non les témoins ou autres éléments de l’icône. Habituellement, la Croix elle-même est généralement au même niveau que les personnages accompagnant le Christ, même si la Croix est plantée sur une petite montagne, plutôt symbolique, qui permet la représentation d’une grotte sous la croix grotte qui contient les ossements d’Adam.

Sur l’icône des saints néo-martyrs, ce sont les quatre personnages du premier plan attirent notre attention, alors que le Christ en Croix est à l’arrière-plan. La présence du Christ en Croix est un rappel du sacrifice des néo-martyrs : Je me réjouis maintenant dans mes souffrances pour vous ; et ce qui manque aux souffrances de Christ, je l’achève en ma chair, pour son corps, qui est l’Église (Col 1,24). La Croix invite le fidèle à se souvenir de la Passion du Christ, mais à le suivre en prenant sa propre croix (cf. Mt 16, 24), ce qu’ont fait les quatre saints représentés sur l’icône.

Le fond de l’icône est de couleur orange (sur la reproduction ci-haut, le fond est plutôt jaune), couleur de fond peu commune ; typiquement, le fond des icônes est soit doré (feuilles d’or ou pigments dorés) ou, plus rarement, vert foncé ou rouge. Le fond doré invoque la lumière divine qui éclaire non seulement les personnages de l’icône, mais aussi tous les éléments de l’icône et par extension, même le spectateur. L’orange suggère plutôt le feu, à la fois le feu de l’amour et le feu dans lequel les saints consumèrent leur martyre ; toute l’icône est comme embrasée dans ce " fleuve de feu ", le fleuve de l’amour de Dieu, émanant du Christ en Croix vers les hommes et des saints martyrs, remontant vers le Christ et englobant toute l’humanité, en particulier les hommes et les femmes qu’ils ont servi, ce qui les a conduits à leur martyre.

2 DISPOSITION DES PERSONNAGES

Voyons la disposition des personnages sur l'icône : Sainte Marie est à droite du Christ alors que saint Dimitri est à sa gauche. Si sainte Marie est le personnage le plus important du groupe – c’est à cause d’elle que les autres sont parvenus au martyre –, c’est saint Dimitri qui a préséance dans le groupe puisqu’il est prêtre ; et c’est ainsi que les quatre sont nommés sur l’Acte de Canonisation : « Acte d’insertion dans la liste des saints (Hagiologion) de l’Église orthodoxe de ceux qui ont servi dans l’Exarchat patriarcal des Paroisses orthodoxes de tradition russe en Europe occidentale  :… le prêtre Dimitri Klépinine, la moniale Marie Skobtsov, le fils de celle-ci Iouri Skobtsov, et Élie Fondaminski ».

La position de sainte Marie à la droite du Christ reflète son rôle en tant que source d’inspiration de tout le groupe, alors que la position de saint Dimitri lui permet de désigner avec sa main droite soit la Croix, soit une invitation au fidèle de prendre part à la procession.

3 VÊTURE DES PERSONNAGES

La vêture des quatre saints est très significative :

    Saint Élie Fondaminski porte une tunique blanche, celle des nouveaux baptisés. On se souvient que c’est un juif converti et qu’il a été baptisé au camp de concentration de Compiègne en France, avant d’être déporté en Allemagne, où il est mort au camp d’Auschwitz.

    Sainte Marie est habillée en moniale, sans le klobouk et le voile, qui sont portés surtout aux offices liturgiques. On ne voit pas ses cheveux, conformément à la règle monastique. Sur la plupart des photos – mais pas toutes – de sainte Marie habillée en moniale on voit un peu de cheveux sur son front. Certaines icônes de sainte Marie laissent apparaître un peu de cheveux, une erreur iconographique ; ou pire encore, sur quelques icônes, on la voit même avec des lunettes ! Car la personne figurée sur une icône est la personne transfigurée par les énergies divines et les faiblesses corporelles n’ont plus de place dans la Jérusalem céleste : De mort, il n’y en aura plus…de malédiction, il n’y en aura plus (Ap 21, 4 ; 22, 3).

    Saint Dimitri Klépinine porte des vêtements liturgiques : l’étole sacerdotale ou épitrakhilion et la chasuble ou phélonion, en vert, sur le rasson (et non pas la soutane), en vue d’une célébration liturgique. Il ne porte pas le sticharion (aube), qui est indiqué pour la célébration de la Divine Liturgie. Les vêtements liturgiques portés par saint Dimitri sont ceux qu’un prêtre porte pour un office autre que la Divine Liturgie, par exemple, pour les vêpres ou les vigiles.

    Saint Youri Skobtsov porte une soutane et un vêtement en blanc cassé ; il s’agit de l’étole croisée du sous-diacre. Youri avait été ordonné lecteur et sous-diacre et il servait aux offices et à la Divine Liturgie à la chapelle de la rue de Lourmel. Il semblait se diriger vers le sacerdoce et nous avons une carte de lui, envoyée du camp de Compiègne, où il dit que le père Dimitri commençait à le préparer pour le sacerdoce. Sur l’icône, il n’a pas de barbe, afin de souligner sa jeunesse ; il n’avait que 24 ans quand il est mort en Allemagne.

4 LES MAINS ET LES OBJETS

Les gestes des mains de chacun des quatre personnages ainsi que les objets qu’ils tiennent sont très significatifs :

    Saint Élie Fondaminski tient une feuille de palmier à la main gauche. Le palmier est un symbole du martyre en Occident et évoque aussi l’Entrée du Christ à Jérusalem, le dimanche des Rameaux. Le palmier est aussi un symbole de l’anticipation du retour du Christ à la fin des temps. La main droite de saint Élie exprime une salutation, adressée au spectateur, une invitation à se joindre au groupe des saints de l’icône.

    Sainte Marie tient une croix à la main gauche, une croix semblable à celles qu’on trouve souvent sur les icônes de martyrs, surtout des vierges. Sa main droite tient un rouleau, symbole typique des écrits de saints, par exemple des Évangélistes, signifiant les écrits de sainte Marie.

    Saint Dimitri Klépinine tient aussi la croix des martyrs à sa main gauche, tandis que sa main droite est étendue, invitant les autres personnages et aussi le fidèle de contempler le Christ en Croix et de se diriger vers lui.

    Saint Youri Skobtsov tient une bougie allumée à sa main gauche. La bougie est un symbole de lumière, celle du Christ, la lumière véritable, qui éclaire tout homme (Jn 1,9), et de l’espérance, l’espérance de l’accomplissement des promesses divines, comme les vierges attendant l’arrivée de l’Époux. C’est aussi la bougie liturgique, portée solennellement par un porte-cierge : acolyte, sous-diacre ou même diacre, pendant les offices et la Divine Liturgie.

Les anges accompagnant le Christ portent en leurs mains des linges ou des vêtements blancs. Comme dans l’icône de la Théophanie, il peut s’agir de tuniques de baptême, un rappel du baptême chrétien : Tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ, c’est en sa mort que nous avons été baptisés (Rm 6,3) ; et comme le chante l’Église : Vous tous, qui avez baptisés en Christ, vous avez revêtu le Christ (Ga 3,27).

5 UNE SCÈNE LITURGIQUE

Revenons sur la couleur verte des vêtements liturgiques de saint Dimitri. L’Église orthodoxe n’impose aucune règle pour la couleur des ornements selon les temps liturgiques. Cependant, le vert est la couleur de l’espérance et de la maturité et son usage liturgique est particulièrement associé à l’Esprit-Saint et aux fêtes de l’Entrée du Christ à Jérusalem et de la Pentecôte.

L’association possible avec la fête de l’Entrée du Christ à Jérusalem expliquerait la palme que tient saint Élie Fondaminski (cf. Jn 12,13). L’Entrée à Jérusalem est le prélude à la Passion et la Crucifixion du Christ et c’est à cela que nous invite le geste de la main droite de saint Dimitri, à prendre part à la montée à Jérusalem avec le Christ.

En considérant les quatre personnages ensemble, on peut facilement entrevoir qu’il s’agit d’une procession, qui pourrait être celle de l’entrée des grandes vêpres ou des vigiles du dimanche des Rameaux. Cela expliquerait aussi pourquoi saint Youri tient un cierge, comme un porte-cierge à l’entrée liturgique.

En conclusion on peut dire que, quoiqu’il soit rare qu’on montre des saints dans une scène symbolique sur une icône, rien ne l’empêche. Ici, la tradition iconographique et la pratique liturgique de l’Église orthodoxe sont entièrement respectées. C’est un excellent exemple de créativité dans la composition d’une nouvelle icône, tout en restant dans les canons et la tradition de l’Église.

Avec nos remerciements
à l’Higoumène Cyrille (Bradette)
et au frère Denis Marier

Texte extrait du site www.pagesorthodoxes.net

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saint alexis d'Ugine

Saint Alexis d'Ugine

L'Homme de Dieu

1867-1934

Fête le 20 juillet et le 22 août

Le 4 février 2004, le Patriarcat œcuménique a publié un acte d'insertion (décidé le 16 janvier) dans la liste des saints, de cinq personnes ayant vécu en France, parmi celles-ci, le père Alexis Medvedkov.

Celui-ci naquit le 1er juillet 1867, dans un village nommé Fomistchevo (district de Viazma). Fils de prêtre, son père, Jean, mourut peu après sa naissance. Il termina le séminaire en 1889 et devint lecteur à Saint-Pétersbourg. Demandant conseil pour son avenir au futur saint Jean de Kronstadt, il reçut cette réponse : " C'est une bonne chose que tu aies la crainte de Dieu ; (…) demande l'ordination sacerdotale ". Le 24 décembre 1895 eut lieu l'ordination diaconale et deux jours plus tard le sacrement de la prêtrise. Il fut nommé à la paroisse consacrée à la Dormition de la Mère de Dieu à Vrouda (district de Yambourg, province de Saint-Pétersbourg). Il resta vingt-trois ans dans cette paroisse pauvre à laquelle étaient rattachés treize bourgs alentour. La révolution de 1917 vint douloureusement bouleverser son existence, comme beaucoup d'autres. Il fut arrêté par la Tchéka, battu, torturé - son visage en garda les marques. Il fut libéré grâce à l'intervention de sa fille aînée qui se proposa en otage pour lui. En 1919 commença l'exil, tout d'abord l'Estonie. L'année suivante sa femme mourut. Il dut travailler dur : ouvrier dans une mine de schiste, puis gardien de nuit. En 1929, à sa demande, le métropolite Euloge le nomma recteur de la paroisse savoyarde Saint-Nicolas d'Ugine, le 15 décembre. Celle-ci avait été consacrée en 1927. Il s'agissait d'un hangar. La communauté était constituée, pour une bonne part, d'anciens militaires qui étaient employés par l'usine de métallurgie. Doux, humble, priant, le père Alexis se heurta à l'opposition d'une partie de ses paroissiens. Les réunions paroissiales, avant sa venue, étaient déjà parfois houleuses en raison de divergences de points de vue ecclésiaux et politiques. L'humilité, la douceur du père Alexis, son recours à Dieu par la prière lorsqu'une question délicate se posait, n'étaient pas toujours bien compris des personnes, dont d'anciens militaires, qui avaient une autre conception de l'autorité. Une plainte fut adressée au métropolite Euloge. Celle-ci eut pour effet de mobiliser la majeure partie des paroissiens en faveur de son recteur. Il s'avéra alors clairement que les détracteurs n'étaient qu'une petite minorité. Monseigneur Euloge maintint donc le père Alexis dans ses fonctions. En juillet 1934, le père Alexis, épuisé par les nombreuses épreuves endurées, tomba gravement malade. Un cancer de l'estomac, qui commençait à s'étendre à l'ensemble du corps, fut diagnostiqué. Donnant ses dernières recommandations aux nombreux visiteurs, priant sans cesse, il demanda que ceux qui l'avaient calomnié viennent afin qu'il puisse leur demander pardon et bénit tous ses paroissiens. La veille de sa mort, ses voisins l'entendirent chanter des chants religieux. Il mourut le 22 août 1934.

Il fut d'abord enterré dans une sépulture provisoire, puis dans une concession achetée par le nouveau recteur de la paroisse. Le 22 août 1956, suite à un décret municipal portant sur le transfert des restes dans un nouveau cimetière, le cercueil fut ouvert. A la surprise de tous, le corps de père Alexis était intact. Resté trois jours à la surface, le corps ne subit aucun dommage. Le 30 septembre suivant, le cercueil fut rouvert et les témoins constatèrent une nouvelle fois l'excellent état du corps de père Alexis. Le métropolite Vladimir (Tikhonitsky), suite à une demande du père Paul (Poukhalsky) de l'église du Monastère de la Protection de la Mère de Dieu à Bussy-en-Othe, bénit le transfert définitif de la dépouille dans la crypte de l'église de la Dormition de la Mère de Dieu à Sainte-Geneviève-des-Bois. Elle eut lieu le 4 octobre 1956.
La date fixée pour la synaxe collective des nouveaux saints est le 20 juillet. Chacun sera également célébré le jour correspondant à son décès, soit le 22 août pour saint Alexis Medvedkov.

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Retrouvez une biographie complète de Saint Alexis d'Ugine

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