Le Rosaire médité avec Maria Valtorta 17/20
Le Rosaire médité avec Maria Valtorta
Textes extraits de « L'Evangile tel qu'il m'a été révélé »
Deuxième Mystère Glorieux: L'Ascension de Jésus
A l’orient, l’aurore commence à peine à rougir. Jésus se promène avec sa Mère dans les vallons du Gethsémani. Pas de paroles, seulement des regards d’indicible amour. Peut-être les paroles ont déjà été dites. Peut-être elles n’ont jamais été dites. Ce sont les deux âmes qui ont parlé : celle du Christ, celle de la Mère du Christ. Maintenant c’est une contemplation d’amour, une réciproque contemplation. Elle la connaît la nature humide de rosée, la pure lumière du matin, elles la connaissent les gracieuses créatures de Dieu que sont les herbes, les fleurs, les oiseaux, les papillons. Les hommes sont absents. Moi, je me sens mal à l’aise d’être présente à cet adieu. "Seigneur. je n’en suis pas digne !" c’est mon cri dans les larmes qui tombent de mes yeux en contemplant la dernière heure de l’union terrestre entre la Mère et le Fils et en pensant que nous sommes arrivés au terme de l’amoureuse fatigue, celle de Jésus, celle de Marie et du pauvre, petit, indigne enfant que Jésus a voulu comme témoin de tout le temps messianique, et qui a nom Marie, mais que Jésus aime appeler "le petit Jean" et aussi "la violette de la Croix." Oui. Petit .Jean. Petit parce que je suis un rien. Jean parce que je suis vraiment celle à qui Dieu a fait de grandes grâces, et pas-ce que, dans une mesure infinitésimale — mais c’est tout ce que je possède, et en donnant tout ce que je possède, je sais que je donne dans une mesure parfaite qui satisfait Jésus, car c’est le "tout" de mon rien — et parce que, dans une mesure infinitésimale moi, comme le bien-aimé, le grand Jean, j’ai donné tout mon amour à Jésus et à Marie, en partageant avec eux larmes et sourires, en les suivant, angoissée de les voir affligés et de ne pouvoir les défendre de la rancœur du monde au prix de ma propre vie; et maintenant palpitante de la palpitation de leur cœur pour ce qui prend fin pour toujours.. Violette, oui. Une violette qui a cherché à se tenir cachée dans l’herbe pour que Jésus ne l’évite pas, Lui qui aimait toutes les choses créées parce qu’œuvres de son Père, mais me presse sous son pied divin et que je puisse mourir en exhalant mon léger parfum dans l’effort de Lui adoucir le contact avec la terre raboteuse et dure. Violette de la Croix, oui. Et son Sang a rempli mon calice jusqu’à le faire se pencher sur le sol... Oh ! mon Bien-aimé qui, avant, m’as comblée de ton Sang en me faisant contempler tes pieds blessés, cloués au bois "... et au pied de la croix il y avait un pied de violettes en fleurs et ton Sang tombait goutte à goutte sur le pied de violettes fleuries…" Souvenir lointain et toujours si proche et si présent ! Préparation de ce que j’ai été ensuite : ton porte-parole qui maintenant est tout trempé de ton Sang, de tes sueurs et de tes larmes, des larmes de Marie ta Mère, mais qui connaît aussi tes paroles, tes sourires, tout, tout de Toi, et qui exhale le parfum non plus des violettes, mais celui de Toi Seul, mon Unique et Seul Amour, de ce parfum divin qui a bercé hier soir ma douleur et qui vient sur moi, doux comme un baiser, consolant comme le Ciel lui-même, et me fait tout oublier pour vivre de Toi seul… J’ai en moi ta promesse. Je sais que je ne te perdrai pas. Tu me l’as promis et ta promesse est sincère : promesse de Dieu Je te posséderai encore, toujours. C’est seulement si je péchais par orgueil, mensonge, désobéissance, que je te perdrais. Tu l’as dit, mais tu sais qu’avec ta Grâce pour soutenir ma volonté, je ne veux pécher et j’espère ne pas pécher parce que tu me soutiendras. .Je ne suis pas un chêne, je le sais. Je suis une violette. Une tige fragile qui peut plier sous le pied d’un oiseau et même sous le poids d’un scarabée. Mais tu es ma force, ô Seigneur, et mon amour pour Toi est mon aile. Je ne te perdrai pas. Tu me l’as promis. Tu viendras, tout entier pour moi, pour donner de la joie à ta violette mourante. Mais je ne suis pas égoïste. Seigneur. Tu le sais. Tu sais que je voudrais ne plus te voir, mais que d’autres te voient en grand nombre, et qu’ils croient en Toi. A moi, tu as déjà tant donné et je n’en suis pas digne. Vraiment tu m’as aimée comme Toi seul sait aimer tes fils chéris. Je pense comme il était doux de te voir "vivre". Homme parmi les hommes. Et je pense que je ne te verrai plus ainsi. Tout a été vu et dit. Je sais aussi que tu n’effaceras pas de ma pensée tes actions d’Homme parmi les hommes, et que je n’aurai pas besoin de 1ivres pour me souvenir de Toi, tel que tu as été réellement. Il suffira que je regarde en mon intérieur où toute ta vie est fixée en caractères indélébiles. Mais c’était doux, doux... Maintenant tu montes... La Terre te perd. Marie de la Croix te perd, Maître Sauveur. Tu resteras à elle comme un Dieu très doux, et non plus du Sang mais un miel céleste tu verseras dans le calice violacé de ta violette... Je pleure... J’ai été ta disciple en même temps que les autres sur les chemins de montagne, boisés, ou sur les chemins arides, poussiéreux de la plaine, sur le lac, et prés du beau fleuve de ta Patrie. Maintenant tu t’en vas et je ne verrai plus qu’en souvenir Bethléem et Nazareth sur leurs vertes collines d’oliviers, et Jéricho brûlée par le soleil avec le bruissement de ses palmiers, et Béthanie amie, et Engaddi perle perdue dans les déserts, et la belle Samarie, et les plaines fertiles de Saron et d’Esdrelon, et le haut plateau bizarre d’au-delà du Jourdain, et le cauchemar de la Mer Morte, et les villes ensoleillées des bords de la Méditerranée, et Jérusalem, la ville de ta douleur, ses montées et ses descentes, les archivoltes, les places, les faubourgs, les puits et les citernes, les collines et jusqu’à la triste vallée des lépreux où ta miséricorde s’est largement répandue... Et la maison du Cénacle… et la fontaine qui pleure tout près... le petit pont sur le Cédron, l’endroit où tu as sué le sang... la cour du Prétoire... Ah, non ! tout ce qui est ta douleur se trouve ici et y restera toujours... Je devrai chercher tous les souvenirs pour les retrouver, mais ta prière au Gethsémani, ta flagellation, ta montée au Golgotha, ton agonie et ta mort, la douleur de ta Mère, non, je n’aurai pas à les chercher : ils me sont toujours présents. Peut-être je les oublierai au Paradis.., et il me paraît impossible de pouvoir les oublier même là... Tout souvenir de ces heures atroces, jusqu'à la forme de la pierre sur laquelle tu es tombé, même le bouton de rose rouge qui battait comme une goutte de sang sur le granit, contre la fermeture de ton tombeau... Mon Amour tout divin, ta Passion vit dans ma pensée... et m’en brise le cœur... L’aurore s’est complètement levée. Le soleil est déjà haut sur l’horizon, et les apôtres font entendre leurs voix. C’est un signal pour Jésus et Marie. Ils s’arrêtent. Ils se regardent, l’Un en face de l’Autre, et puis Jésus ouvre les bras et accueille sa Mère sur sa poitrine... Oh ! c’était bien un Homme, un Fils de Femme ! Pour le croire, il suffit de regarder cet adieu ! L’amour déborde en une pluie de baisers sur la Mère toute aimée. L’amour couvre de baisers le Fils tout aimé. Il semble qu’ils ne puissent plus se séparer. Quand il semble qu’ils vont le faire, un autre embrassement les unit encore, et parmi les baisers des paroles de réciproque bénédiction... Oh ! c’est vraiment le Fils de l’Homme qui quitte celle qui l’a engendré ! C’est vraiment la Mère qui congédie, pour le rendre au Père, son Fils, le Gage de l’Amour à la toute Pure... Dieu qui embrasse la Mère de Dieu !... Finalement la Femme, en tant que Créature, s’agenouille aux pieds de son Dieu qui est pourtant son Fils, et le Fils, qui est Dieu, impose ses mains sur la tête de sa Mère Vierge, de l’éternelle Aimée, et il la bénit au Nom du Père, du Fils et de l’Esprit-Saint, puis il se penche et la relève en déposant un dernier baiser sur son front blanc comme un pétale de lys sous l’or de ses cheveux si jeunes encore... Ils vont de nouveau vers la maison et personne, envoyant la paix avec laquelle ils avancent l’Un à côté de l’Autre, ne penserait au flot d’amour qui les a dominés un peu auparavant. Mais quelle différence en cet adieu avec la tristesse des autres adieux désormais dépassés et le déchirement de l’adieu de la Mère à son Fils tué qu’elle devait laisser seul au Tombeau !... En celui-ci, même si les yeux brillent des pleurs naturels de celui qui est sur le point de se séparer de l’Aimé, les lèvres sourient à la joie de savoir que cet Aimé va dans la demeure qui convient à sa Gloire... "Seigneur ! Ils sont là dehors, entre le mont et Béthanie, tous ceux que tu avais dit à ta Mère vouloir bénir aujourd’hui" dit Pierre. "C’est bien. Nous allons maintenant les trouver. Mais venez d’abord. Je veux partager encore le pain avec vous." Ils entrent dans la pièce où dix jours avant se trouvaient les femmes pour la cène du quatorzième jour du second mois. Marie accompagne Jésus jusque là, puis elle se retire. Il reste Jésus et les onze. Sur la table il y a de la viande rôtie, des petits fromages et des petites olives noires, une petite amphore de vin et une d’eau plus grande, et de larges pains. Une table simple, sans apparat pour une cérémonie de luxe, mais uniquement parce qu’il faut bien manger. Jésus offre et fait les parts. Il est au milieu entre Pierre et Jacques d’Alphée. C’est Lui qui les a appelés à ces places. Jean, Jude d’Alphée et Jacques sont en face de Lui, Thomas, Philippe, Matthieu sont d’un côté, André, Barthélemy, le Zélote de l’autre. Ainsi tous peuvent voir leur Jésus... Le repas est bref, silencieux. Les apôtres, arrivés au dernier jour de voisinage avec Jésus, et malgré les apparitions successives, collectives ou individuelles, à partir de la Résurrection, toutes pleines d’amour, n’ont plus jamais perdu cette retenue et cette vénération qui ont caractérisé leurs rencontres avec Jésus Ressuscité. Le repas est fini. Jésus ouvre les mains au-dessus de la table en faisant son geste habituel devant un fait inéluctable et il dit : "Voici venue l’heure où je dois vous quitter pour retourner vers mon Père. Écoutez les dernières paroles de votre Maître. Ne vous éloignez pas de Jérusalem pendant ces jours. Lazare, à qui j’ai parlé, a pourvu une fois encore à réaliser les désirs de son Maître, et il vous cède la maison de la dernière Cène pour que vous ayez une demeure où réunir l’assemblée et vous recueillir en prière. Restez là à l’intérieur pendant ces jours et priez avec assiduité pour vous préparer à la venue de l’Esprit-Saint qui vous complétera pour votre mission. Rappelez-vous que Moi, qui pourtant étais Dieu, je me suis préparé par une sévère pénitence à mon ministère d’évangélisateur. Toujours plus facile et plus courte sera votre préparation. Mais je n’exige pas autre chose de vous. Il me suffit seulement que vous priiez assidûment, en union avec les soixante-douze et sous la conduite de ma Mère, que je vous recommande avec l’empressement d’un Fils. Elle sera pour vous une Mère et une Maîtresse d’amour et de sagesse parfaite. J’aurais pu vous envoyer ailleurs pour vous préparer à recevoir l’Esprit-Saint, mais je veux au contraire que vous restiez ici car c’est Jérusalem négatrice qui doit s’étonner de la continuation des prodiges divins, donnés pour répondre à ses négations. Ensuite, l’Esprit-Saint vous fera comprendre la nécessité que l’Église surgisse justement dans cette ville qui, en jugeant humainement, est la plus indigne de la posséder. Mais Jérusalem c’est toujours Jérusalem, même si le péché y est à son comble et si c’est ici que s’est accompli le déicide. Cela ne servira à rien pour elle. Elle est condamnée. Mais si elle est condamnée, tous ses habitants ne le sont pas. Restez ici pour le peu de justes qu’elle a dans son sein, et restez-y parce que c’est la cité royale et la cité du Temple, et parce que comme il est prédit par les prophètes ici, où a été oint et acclamé et où s’est levé le Roi Messie, ici doit commencer son règne sur le monde, et c’est ici encore, où la synagogue a reçu de Dieu le libelle de répudiation à cause de ses crimes trop horribles, que doit surgir le Temple nouveau auquel accourront des gens de toutes nations. Lisez les prophètes : en eux tout est prédit. Ma Mère d’abord, puis l’Esprit Paraclet, vous feront comprendre les paroles des Prophètes pour ce temps. Restez ici jusqu’au moment où Jérusalem vous répudiera comme elle m’a répudié, et haïra mon Église comme elle m’a haï, en couvant des desseins pour l’exterminer. Alors portez ailleurs le siège de cette Église que j’aime, car elle ne doit pas périr. Je vous le dis : l’enfer même ne prévaudra pas sur elle. Mais si Dieu vous assure sa protection, ne tentez pas le Ciel en exigeant tout du Ciel. Allez en Éphraïm comme y alla votre Maître, parce que ce n’était pas l’heure qu’il soit pris par ses ennemis. Je vous dis Éphraïm pour vous dire terre d’idoles et de païens. Mais ce ne sera pas Éphraïm de Palestine que vous devez choisir comme siège de mon Église. Rappelez-vous combien de fois, à vous réunis ou à l’un de vous en particulier, j’ai parlé de cela en vous prédisant qu’il vous faudrait fouler les routes de la terre pour arriver à son cœur et fixer là mon Église. C’est du cœur de l’homme que le sang se propage à travers tous les membres. C’est du cœur du monde que le Christianisme doit se propager par toute la Terre. Pour l’heure, mon Église est semblable à une créature déjà conçue mais qui se forme encore dans la matrice. Jérusalem est sa matrice et en son intérieur son cœur encore petit, autour duquel se rassemblent les membres peu nombreux de l’Église naissante, donne ses petites ondes de sang à ces membres. Mais une fois arrivée l’heure marquée par Dieu, la matrice marâtre expulsera la créature qui s’est formée en son sein, et elle ira dans une terre nouvelle, et y grandira pour devenir un grand Corps qui s’étendra sur toute la Terre, et les battements du cœur de l’Église devenu fort se propageront dans tout son grand Corps. Les battements du cœur de l’Église, affranchie de tout lien avec le Temple, éternelle et victorieuse sur les ruines du Temple mort et détruit, vivant dans le cœur du monde pour dire aux hébreux et aux gentils que Dieu seul triomphe et veut ce qu’Il veut et que ni la rancœur des hommes, ni les troupes d’idoles n’arrêtent son vouloir. Mais cela viendra par la suite, et en ce temps-là vous saurez ce que faire. L’Esprit de Dieu vous conduira. Ne craignez pas. Pour le moment, rassemblez à Jérusalem la première assemblée de fidèles. Puis d’autres assemblées se formeront à mesure que leur nombre grandira. En vérité je vous dis que les habitants de mon Royaume deviendront rapidement plus nombreux comme des semences jetées dans une excellente terre. Mon peuple se propagera par toute la Terre. Le Seigneur dit au Seigneur : "Puisque Tu as fait cela et que pour Moi Tu ne t’es pas épargné, Je te bénirai et Je multiplierai ta descendance comme les étoiles du ciel et comme les grains de sable qui sont sur le bord de la mer. Ta descendance possédera la porte de ses ennemis et en ta descendance seront bénies toutes les nations de la Terre. Bénédiction est mon Nom, mon Signe et ma Loi, là où ils sont reconnus souverains". Il va venir l’Esprit-Saint, le Sanctificateur, et vous en serez remplis. Faites en sorte d’être purs comme tout ce qui doit approcher le Seigneur. J’étais Seigneur, Moi aussi comme Lui. Mais sur ma Divinité j’avais endossé un vêtement pour pouvoir être parmi vous et non seulement pour vous instruire et vous racheter par les organes et le sang de ce vêtement, mais aussi pour porter le Saint des Saints parmi les hommes, sans qu’il fût inconvenant que tout homme, même impur, pût poser son regard sur Celui que craignent de contempler les Séraphins. Mais l’Esprit-Saint viendra sans être voilé par la chair, et Il se posera sur vous et Il descendra en vous avec ses sept dons et Il vous conseillera. Maintenant le conseil de Dieu est chose si sublime qu’il faut vous préparer par une volonté héroïque d’une perfection qui vous rende semblables à votre Père et à votre Jésus, et à votre Jésus dans ses rapports avec le Père et l’Esprit-Saint. Donc une charité parfaite et une pureté parfaite, pour pouvoir comprendre l’Amour et le recevoir sur le trône de votre cœur. Perdez-vous dans le gouffre de la contemplation. Efforcez-vous d’oublier que vous êtes des hommes, et efforcez-vous de vous changer en séraphins. Lancez-vous dans la fournaise, dans les flammes de la contemplation. La contemplation de Dieu ressemble à une étincelle qui jaillit du choc du silex contre le briquet et produit feu et lumière. C’est une purification le feu qui consume la matière opaque et toujours impure et la transforme en une flamme lumineuse et pure. Vous n’aurez pas le Royaume de Dieu en vous si vous n’avez pas l’amour. Parce que le Royaume de Dieu c’est l’Amour, et il apparaît avec l’Amour, et par l’Amour il s’établit en vos cœurs au milieu de l’éclat d’une lumière immense qui pénètre et féconde, enlève l’ignorance, donne la sagesse, dévore l’homme et crée le dieu, le fils de Dieu, mon frère, le roi du trône que Dieu a préparé pour ceux qui se donnent à Dieu pour avoir Dieu, Dieu, Dieu, Dieu seul. Soyez donc purs et saints grâce à l’oraison ardente qui sanctifie l’homme parce qu’elle le plonge dans le feu de Dieu qu’est la charité. Vous devez être saints. Non pas dans le sens relatif que ce mot avait jusqu’alors, mais dans le sens absolu que je lui ai donné en vous proposant la Sainteté du Seigneur comme exemple et comme limite, c’est-à-dire la Sainteté parfaite. Chez nous, on appelle saint le Temple, saint l’endroit où est l’autel, Saint des Saints le lieu voilé où se trouvent l’arche et le propitiatoire. Mais je vous dis en vérité que ceux qui possèdent la Grâce et vivent saintement par amour pour le Seigneur sont plus saints que le Saint des Saints, parce que Dieu ne se pose pas seulement sur eux, comme sur le propitiatoire qui est dans le Temple pour donner ses ordres, mais Il habite en eux pour leur donner ses amours. Vous rappelez-vous mes paroles de la Dernière Cène ? Je vous avais promis alors l’Esprit-Saint. Voilà qu’Il va venir pour vous baptiser non plus avec l’eau, comme Jean l’a fait avec vous pour vous préparer à Moi, mais avec le feu pour vous préparer à servir le Seigneur comme il le veut de vous. Voilà que Lui va être ici, d’ici peu de jours. Et après sa venue, vos capacités croîtront sans mesure et vous serez capables de comprendre les paroles de votre Roi et de faire les œuvres que Lui vous a dit de faire pour étendre son Royaume sur la Terre." "Reconstruiras-tu alors, après la venue de l’Esprit-Saint, le Royaume d’Israël ?" Lui demandent-ils en l’interrompant. "Il n’y aura plus de Royaume d’Israël mais mon Royaume. Et il s’accomplira quand mon Père a dit. Il ne vous appartient pas de connaître les temps et les moments que le Père s’est réservé en son pouvoir. Mais vous, en attendant, vous recevrez la vertu de l’Esprit-Saint qui viendra sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, en Judée, et en Samarie, et jusqu’aux confins de la Terre, en fondant des assemblées là où des hommes sont réunis en mon Nom; en baptisant les gens au Nom très Saint du Père, du Fils et de l’Esprit Saint, comme je vous l’ai dit, pour qu’ils aient la Grâce et vivent dans le Seigneur; prêchant l’Évangile à toutes les créatures, enseignant ce que je vous ai enseigné, faisant ce que je vous ai commandé de faire. Et je serai avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. Et je veux encore ceci : qu’à présider l’assemblée de Jérusalem ce soit Jacques, mon frère. Pierre, comme chef de toute l’Église, devra souvent entreprendre des voyages apostoliques, parce que tous les néophytes désireront connaître le Pontife Chef Suprême de l’Église. Mais grand sera l’ascendant que sur les fidèles de cette première Église aura mon frère. Les hommes sont toujours des hommes et ils voient en hommes. Il leur semblera que Jacques me continue, seulement parce qu’il est mon frère. En vérité je vous dis qu’il est plus grand et semblable au Christ par sa sagesse plutôt que par sa parenté. Mais c’est ainsi. Les hommes, qui ne me cherchaient pas pendant que l’étais parmi eux, me chercheront maintenant en celui qui est mon parent. Toi, ensuite, Simon Pierre, tu es destiné à d’autres honneurs..." "Que je ne mérite pas, Seigneur. Je te l’ai dit quand tu m’es apparu et je te le dis encore en présence de tous. Tu es bon, divinement bon, en plus que sage, et c’est avec justice que tu as jugé que moi, qui t’ai renié dans cette ville, je n’étais pas fait pour en être le chef spirituel. Tu veux m’épargner tant de justes mépris…" "Nous avons été tous pareils, Simon, sauf deux. Moi aussi, j’ai fui. Ce n’est pas à cause de cela, mais à cause des raisons qu’il a dites, que le Seigneur m’a destiné à cette place; mais tu es mon chef, Simon de Jonas, et je te reconnais comme tel et en présence du Seigneur et de tous les compagnons je te promets obéissance. Je te donnerai ce que je puis pour t’aider dans ton ministère, mais, je t’en prie, donne-moi tes ordres, car tu es le Chef et moi ton subordonné. Quand le Seigneur m’a rappelé une lointaine conversation, j’ai incliné la tête pour dire : “Que soit fait ce que tu veux”. C’est ce que je te dirai du moment où, le Seigneur nous ayant quittés, tu seras son Représentant sur la Terre. Et nous nous aimerons en nous aidant dans le ministère sacerdotal" dit Jacques en s’inclinant de sa place pour rendre hommage à Pierre. "Oui, aimez-vous entre vous, en vous aidant mutuellement, parce que c’est le commandement nouveau et le signe que vous appartenez vraiment au Christ. Ne vous troublez pas pour aucune raison. Dieu est avec vous. Vous pouvez faire ce que je veux de vous. Je ne vous imposerais pas des choses que vous ne pourriez pas faire car je ne veux pas votre ruine, mais, au contraire, votre gloire. Voilà que je vais préparer votre place à côté de mon trône. Soyez unis à Moi et au Père dans l’amour. Pardonnez au monde qui vous hait. Appelez fils et frères ceux qui viennent à vous, ou sont déjà avec vous par amour pour Moi. Soyez dans la paix en me sachant toujours prêt à vous aider pour porter votre croix. Je serai avec vous dans les fatigues de votre ministère et à l’heure des persécutions, et vous ne périrez pas, vous ne succomberez pas même si cela semblera à ceux qui voient avec les yeux du monde. Vous serez accablés, affligés, lassés, torturés, mais ma joie sera en vous car je vous aiderai en tout. En vérité je vous dis que quand vous aurez pour Ami l’Amour vous comprendrez que tout ce que l’on subit et vit par amour pour Moi devient léger, même si c’est la lourde torture du monde. Car pour celui qui revêt d’amour tout ce qu’il fait volontairement ou tout ce qui lui est imposé, le joug de la vie et du monde se change en un joug qui lui est donné par Dieu, par Moi. Et je vous répète que la charge que je vous impose est toujours proportionnée à vos forces et que mon joug est léger Car je vous aide à le porter. Vous savez que le monde ne sait pas aimer. Mais vous, dorénavant, aimez le monde d’un amour surnaturel pour lui apprendre à aimer. Et s’ils vous disent en vous voyant persécutés : “Est-ce ainsi que Dieu vous aime ? En vous faisant souffrir, en vous donnant la douleur ? Alors ce n’est pas la peine d’appartenir à Dieu”, répondez : “La douleur ne vient pas de Dieu. Mais Dieu la permet, et nous en savons la raison et nous nous glorifions d’avoir la part qu’a eue le Sauveur Jésus, Fils de Dieu”. Répondez : “Nous nous glorifions d’être crucifiés et de continuer la Passion de notre Jésus”. Répondez par les paroles de la Sagesse : “La mort et la douleur sont entrées dans le monde par l’envie du démon, mais Dieu n’est pas l’auteur de la mort et de la douleur et il ne jouit pas de la douleur des vivants. Toutes les choses qui viennent de Lui sont vie et toutes sont salutaires”. Répondez : “A présent nous semblons persécutés et vaincus, mais au jour de Dieu, les sorts sont changés : nous justes, persécutés sur la Terre, nous serons glorieux devant ceux qui nous ont tourmentés et méprises". Pourtant dites-leur aussi : "Venez à nous ! Venez à la Vie et à la Paix. Notre Seigneur ne veut pas votre ruine, mais votre salut. C’est pour cela qu’Il a donné son Fils bien-aimé afin que vous soyez tous sauvés". Et réjouissez-vous de participer à mes souffrances pour pouvoir être ensuite avec Moi dans la gloire. "Je serai votre récompense extrêmement grande" a promis le Seigneur en Abraham à tous ses serviteurs fidèles. Vous savez comment se conquiert le Royaume des Cieux : par la force, et on y arrive à travers de nombreuses tribulations. Mais celui qui persévère comme Moi j’ai persévéré sera où je suis. Je vous ai dit quel est le chemin et la porte qui conduisent au Royaume des Cieux, et Moi le premier j’ai marché par ce chemin et suis retourné au Père par cette porte. S’il y avait une autre voie, je vous l’aurais indiquée car j’ai pitié de votre faiblesse d’hommes. Mais il n’y en a pas d’autre... En vous l’indiquant comme unique chemin et unique porte, je vous dis aussi, je vous répète quel est le remède qui donne la force pour parcourir ce chemin et entrer par cette porte : c’est l’amour. Toujours l’amour. Tout devient possible quand nous avons en nous l’amour. Et tout l’amour vous sera donné par l’Amour qui vous aime, si vous demandez en mon Nom assez d’amour pour devenir des athlètes de sainteté. Maintenant, donnons-nous le baiser d’adieu, ô mes amis bien-aimés." Il se lève pour les embrasser. Tous l’imitent. Mais alors que Jésus a un sourire paisible, d’une beauté vraiment divine, eux pleurent, tous troublés et Jean, s’abandonnant sur la poitrine de Jésus, secoué par tous les sanglots qui lui rompent la poitrine tant ils sont déchirants, demande au nom de tous, voyant le désir de tous : "Donne-nous au moins ton Pain pour qu’il nous fortifie à cette heure !" "Qu’il en soit ainsi !" lui répond Jésus. Et prenant un pain, il le partage en morceaux après l’avoir offert et bénit, en répétant les paroles rituelles. Et il fait la même chose avec le vin, en répétant ensuite : "Faites ceci en mémoire de Moi", ajoutant : “qui vous ai laissé ce gage de mon amour pour être encore et toujours avec vous jusqu’à ce que vous soyez avec Moi dans le Ciel.” Il les bénit et dit : "Et maintenant allons." Ils sortent de la pièce, de la maison... Jonas, Marie et Marc sont là dehors, et ils s’agenouillent pour adorer Jésus. "Que la paix reste avec vous, et que le Seigneur vous récompense pour tout ce que vous m’avez donné" dit Jésus pour les bénir en passant. Marc se lève pour dire : "Seigneur, les oliviers, le long du chemin de Béthanie, sont remplis de disciples qui t’attendent." "Va leur dire qu’ils se dirigent vers le Camp des Galiléens." Marc s’éloigne avec toute la vitesse de ses jeunes jambes. "Ils sont tous venus, alors" disent les apôtres entre eux. Plus loin, assise entre Margziam et Marie de Cléophas, se trouve la Mère du Seigneur. Elle se lève en le voyant venir, pour l’adorer par toutes les palpitations de son cœur de Mère et de fidèle. "Viens, Mère, et toi aussi, Marie..." dit Jésus pour les inviter en les voyant arrêtées, clouées par sa majesté qui resplendit comme au matin de la Résurrection. Mais Jésus ne veut pas l’accabler par cette majesté et il demande affablement à Marie d’Alphée : "Es-tu seule ?" "Les autres... les autres sont en avant... Avec les bergers et... avec Lazare et toute sa famille... Mais ils nous ont laissées ici, nous, parce que... Oh ! Jésus ! Jésus ! Jésus !... Comment ferai-je à ne plus te voir, Jésus béni, mon Dieu, moi qui t’ai aimé avant même que tu ne sois né, moi qui ai tant pleuré à cause de Toi quand je ne savais pas où tu étais après le massacre… moi qui ai eu mon soleil dans ton sourire quand tu es revenu, et tout, tout mon bien ?... Que de bien ! Que de bien tu m’as donné !... Maintenant oui, que je suis devenue vraiment pauvre, veuve, seule !... Tant que tu étais là, il y avait tout !... Je croyais avoir connu toute la douleur ce soir-là... Mais la douleur elle-même, toute la douleur de ce jour, m’avait hébétée et... oui, elle était moins forte que maintenant... Et puis... tu devais ressusciter. Il me semblait ne pas le croire, mais je m’aperçois maintenant que je le croyais, car je ne sentais pas ce que je sens maintenant..." elle pleure et halète tant ses pleurs la suffoquent. "Bonne Marie, tu t’affliges vraiment comme un enfant qui croit que sa mère ne l’aime pas et l’a abandonné parce qu’elle est allée à la ville pour lui acheter des cadeaux qui le rendront heureux et qu’elle sera bientôt de retour vers lui pour le couvrir de caresses et de cadeaux. Et n’est-ce pas ce que je fais avec toi ? Est-ce que je ne vais pas pour te préparer la joie ? Est-ce que je ne pars pas pour revenir te dire : “Viens, parente et disciple aimée, mère de mes disciples aimés” ? Est-ce que je ne te laisse pas mon amour ? Est-ce que je ne te donne pas mon amour, Marie ? Tu sais si je t’aime ! Ne pleure pas ainsi, mais réjouis-toi car tu ne me verras plus méprisé et épuisé, plus poursuivi et riche seulement de l’amour d’un petit nombre. Et avec mon amour, je te laisse ma Mère. Jean sera son fils, mais toi sois pour elle une bonne sœur comme toujours. Tu vois ? Elle ne pleure pas, ma Mère. Elle sait que si la nostalgie de Moi sera la lime qui consumera son cœur, l’attente sera toujours brève par rapport à la grande joie d’une éternité d’union, et elle sait aussi que notre séparation ne sera pas absolue au point de lui faire dire : “Je n’ai plus de Fils”. C’était le cri de douleur du jour de la douleur. Maintenant, dans son cœur, chante l’espérance : “Je sais que mon Fils monte vers le Père, mais ne me laissera pas sans ses spirituels amours”. C’est ce que tu crois toi, et tous... Voici les uns et les autres. Voici mes bergers." Les visages de Lazare et de ses sœurs au milieu de tous les serviteurs de Béthanie, le visage de Jeanne semblable à une rose sous un voile de pluie, et ceux d’Élise et de Nique, déjà marqués par l’âge — et maintenant les rides se creusent à cause de la peine, car c’est toujours de la peine pour la créature, même si l’âme jubile à cause du triomphe du Seigneur — et celui d’ Anastasica, et les visages lilials des premières vierges, et l’ascétique visage d’Isaac, et celui inspiré de Matthias, et le visage viril de Manaën, et ceux austères de Joseph et Nicodème... Visages, visages, visages... Jésus appelle près de Lui les bergers, Lazare, Joseph, Nicodème, Manaën, Maximin et les autres des soixante-douze disciples. Mais il garde surtout près de Lui les bergers pour leur dire : "Ici. Vous près du Seigneur qui était venu du Ciel, penchés sur son anéantissement, vous près du Seigneur qui retourne au Ciel, avec vos esprits qui jouissent de sa glorification. Vous avez mérité cette place car vous avez su croire malgré les circonstances défavorables et vous avez su souffrir pour votre foi. Je vous remercie tous de votre amour fidèle. Je vous remercie tous. Toi, Lazare, mon ami. Toi, Joseph, et toi, Nicodème, pleins de pitié pour le Christ quand cela pouvait être un grand danger. Toi, Manaën, qui as su mépriser les faveurs sordides d’un être immonde pour marcher dans mon chemin. Toi, Étienne, fleur couronnée de justice qui as quitté l’imparfait pour le parfait et qui seras couronné d’un diadème que tu ne connais pas encore mais que t’annonceront les anges. Toi, Jean, pour un bref laps de temps frère au sein très pur et venu à la Lumière plus qu’à la vue. Toi, Nicolaï, qui, prosélyte, as su me consoler de la douleur des fils de cette Nation. Et vous, disciples bonnes et courageuses, dans votre douceur, plus que Judith. Et toi, Margziam, mon enfant, et qui dorénavant prends le nom de Martial, en souvenir du petit romain tué sur le chemin et déposé à la grille de Lazare avec un cartel de défi : “Et maintenant dis au Galiléen qu’il te ressuscite, s’il est le Christ et s’il est ressuscité”, le dernier des innocents qui en Palestine ont perdu la vie pour me servir bien qu’inconsciemment, et prémices des innocents de toute Nation qui, venus au Christ, seront pour cela haïs et éteints prématurément, comme des boutons de fleurs arrachés à leur tige avant qu’ils n’éclosent. Et ce nom, ô Martial, t’indique ton futur destin : sois apôtre en des terres barbares et conquiers-les à ton Seigneur comme mon amour a conquis le jeune romain pour le Ciel. Tous, tous bénis par Moi dans cet adieu, pour demander au Père la récompense de ceux qui ont consolé le douloureux chemin du Fils de l’Homme. Bénie l’Humanité dans sa partie choisie qui existe chez les juifs comme chez les gentils, et qui s’est montrée dans l’amour qu’elle a eu pour Moi. Bénie la Terre avec ses plantes et ses fleurs, ses fruits qui tant de fois m’ont fait plaisir et m’ont restauré. Bénie la Terre avec ses eaux et ses tiédeurs, à cause des oiseaux et des animaux qui bien des fois ont surpassé l’homme pour réconforter le Fils de l’Homme. Béni sois-tu, soleil et toi, mer, et vous, monts, collines, plaines. Soyez bénies vous, étoiles qui avez été pour Moi des compagnes dans la prière nocturne et dans la douleur. Et toi, lune, qui m’as éclairé pour me diriger dans mon pèlerinage d’évangélisateur. Soyez toutes bénies, vous, créatures, œuvres de mon Père, mes compagnes en cette heure mortelle, amies pour Celui qui avait quitté le Ciel pour enlever à l’Humanité affligée les tribulations de la Faute qui sépare de Dieu. Et bénis vous aussi, instruments innocents de ma torture : épines, métaux, bois, cordages tordus, parce que vous m’avez aidé à accomplir la Volonté de mon Père !" Quelle voix de tonnerre a Jésus ! Elle se répand dans l’air chaud et tranquille comme le son d’un bronze qu’on a frappé, elle se propage en ondes sur la mer des visages qui le regardent de tous côtés. Je dis que ce sont des centaines de personnes qui entourent Jésus qui monte, avec les plus aimés, vers le sommet de l’Oliveraie. Mais Jésus, arrivé près du Camp des Galiléens où il n’y a plus de tentes à cette époque entre les deux fêtes, ordonne aux disciples : "Faites arrêter les gens où ils se trouvent, et puis suivez-moi." Il monte encore jusqu’au sommet le plus haut de la montagne, celle qui est déjà plus proche de Béthanie, qu’elle domine d’en haut, que de Jérusalem. Serrés autour de Lui sa Mère, les apôtres, Lazare, les bergers et Margziam. Plus loin, en demi-cercle pour tenir en arrière la foule des fidèles, les autres disciples. Jésus est debout sur une large pierre qui dépasse un peu, toute blanche au milieu de l’herbe verte d’une clairière. Le soleil l’investit rendant son vêtement blanc comme la neige et faisant briller comme de l’or ses cheveux. Ses yeux brillent d’une lumière divine. Il ouvre les bras en un geste d’embrassement. Il paraît vouloir serrer sur son sein toutes les multitudes de la Terre que son esprit voit représentées dans cette foule. Son inoubliable, son inimitable voix donne le dernier ordre : "Allez ! Allez en mon Nom pour évangéliser les gens jusqu’aux extrémités de la Terre. Que Dieu soit avec vous, Que son Amour vous réconforte, que sa Lumière vous guide, que sa Paix demeure en vous jusqu’à la vie éternelle." Il se transfigure en beauté. Beau ! Beau comme sur le Thabor et davantage. Tous tombent à genoux pour l’adorer. Lui, pendant que déjà il se soulève de la pierre sur laquelle il est posé, cherche encore une fois le visage de sa Mère, et son sourire atteint une puissance que personne ne pourra jamais rendre... C’est son dernier adieu à sa Mère. Il monte, monte... Le soleil, encore plus libre de le baiser, maintenant que nul feuillage même léger ne vient intercepter ses rayons, frappe de son éclat le Dieu-Homme qui monte avec son Corps très Saint au Ciel, et dévoile ses Plaies glorieuses qui resplendissent comme de vivants rubis. Le reste est un sourire de lumière nacrée. C’est vraiment la Lumière qui se manifeste pour ce qu’elle est, en ce dernier instant comme dans la nuit natale. La Création étincelle de la lumière du Christ qui s’élève. Lumière qui dépasse celle du soleil. Lumière surhumaine et bienheureuse. Lumière qui descend du Ciel à la rencontre de la Lumière qui monte... Et Jésus Christ, le Verbe de Dieu, disparaît à la vue des hommes dans un océan de splendeurs... Sur terre, deux bruits seulement dans le silence profond de la foule extasiée : le cri de Marie quand il disparaît : "Jésus !" et la plainte d’Isaac. Un religieux étonnement a rendu les autres muets, et ils restent là, jusqu’à ce que deux lumières angéliques d’une extraordinaire candeur apparaissent sous une forme humaine, pour dire les paroles rapportées dans le premier chapitre des Actes des Apôtres.
Fruit du Mystère, demandons l'Espérance et désirons le Ciel