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29 mars 2010

Semaine Sainte 2010

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Semaine Sainte 2010

Lundi Saint

Extrait des révélations de Maria Valtorta

le jour

Jésus sort de bonne heure de la tente d'un galiléen, là-bas, sur le plateau de l'Oliveraie où de nombreux galiléens se rassemblent à l'occasion de la solennité. Le camp dort tout entier sous la clarté de la lune qui se couche lentement, enveloppant d'une blancheur argentée les tentes, les arbres, les pentes et la ville qui dort tout en bas... Jésus passe avec assurance et sans bruit entre les tentes et, une fois sorti du camp, descend rapidement par des sentiers à pic vers le Gethsémani, le traverse, en sort, dépasse le petit pont sur le Cédron, ruban d'argent qui arpège à la lune, arrive à la porte gardée par des légionnaires. C'est peut-être une mesure de précaution du Proconsul cette garde de nuit aux portes closes. Les soldats, au nombre de quatre, parlent assis sur de grosses pierres qui leur servent de sièges contre le mur puissant, et se chauffent à un feu de brindilles qui jette une lueur rougeâtre sur les cuirasses brillantes et les casques sévères de dessous lesquels émergent des visages si différents, en leur physionomie italique, de ceux des hébreux. "Qui va là !" dit le premier qui voit apparaître la haute figure de Jésus de derrière le coin d'une masure voisine de la porte, et il saisit la hampe de la lance pointue qu'il tenait appuyée au mur voisin, et imité par les autres, il se met en position réglementaire. Sans donner à Jésus le temps de répondre, il dit : "On n'entre pas. Ne sais-tu pas que la seconde veille est déjà à sa fin ?" "Je suis Jésus de Nazareth. J'ai ma Mère dans la ville. Je vais la trouver." "Oh ! l'Homme qui a ressuscité le mort de Béthanie! Par Jupiter ! Je vais le voir finalement !" Et il s'approche de Lui pour le regarder avec curiosité, tournant tout autour de Lui comme pour s'assurer que ce n'est pas quelque chose d'irréel, d'étrange, mais vraiment un homme comme tout le monde. Et il dit : "Oh ! Dieux ! Il est beau comme Apollon, mais tout à fait comme nous ! Et il n'a ni bâton, ni barrette, ni aucun insigne de son pouvoir !" Il est perplexe. Jésus le regarde patiemment en lui souriant avec douceur. Les autres qui sont moins curieux — peut-être ils ont déjà vu Jésus d'autres fois — disent : "Cela aurait été un bonne chose qu'il eût été ici au milieu de la première veille, quand on a porté au tombeau la belle jeune fille morte ce matin. Nous l'aurions vue ressusciter..."

Jésus répète doucement : "Puis-je aller trouver ma Mère ?" Les quatre soldats se secouent. Le plus âgé parle : "Vraiment l'ordre serait de ne pas laisser passer, mais tu passerais quand même. Celui qui force les portes de l'Hadès peut bien forcer les portes d'une ville fermée. Et tu n'es pas homme à provoquer des soulèvements. La défense tombe pour Toi. Fais en sorte de n'être pas vu par les rondes à l'intérieur. Ouvre, Marcus Gratus. Et Toi, passe sans bruit. Nous sommes soldats et nous devons obéir..." "Ne craignez pas. Votre bonté ne se changera pas pour vous en punition." Un légionnaire ouvre avec précaution un portillon ouvert dans le portail colossal et dit : "Passe vite. La veille finit d'ici peu et nous sommes remplacés par ceux qui vont arriver." "Paix à vous." "Nous sommes des hommes de guerre..." "Même dans la guerre la paix que je donne demeure, car c'est la paix de l'âme." Et Jésus s'engouffre dans l'obscurité de l'arcade ouverte dans l'épaisseur des murs. Il passe en silence devant le corps de garde qui par la porte ouverte laisse passer la lumière tremblante d'une lampe à huile, une lanterne ordinaire, suspendue à un crochet du plafond bas, qui permet de voir des corps de soldats endormis sur des nattes étendues sur le sol, enveloppés dans leurs manteaux, les armes à leurs côtés. Jésus est dans la ville désormais... et je le perds de vue pendant que je regarde rentrer deux des soldats de tout à l'heure qui regardent si Lui s'est éloigné avant d'entrer pour éveiller ceux qui dorment pour la relève. "On ne le voit déjà plus... Qu'aura-t-il voulu dire par ses paroles ? J'aurais voulu le savoir" dit le plus jeune. "Il fallait le Lui demander. Il ne nous méprise pas. L'unique hébreu qui ne nous méprise pas et ne nous étrangle pas en aucune façon" lui répond l'autre qui est dans toute la force de l'âge. "Je n'ai pas osé. Moi, paysan de Bénévent, parler à quelqu'un que l'on dit Dieu ?" "Un dieu sur un âne ? Ah ! Ah ! S'il était ivre comme Bacchus, il pourrait. Mais il n'est pas ivre. Je crois qu'il ne boit même pas du mulsum. Tu ne vois pas comme il est pâle et maigre ?" "Et pourtant les hébreux..." "Eux, oui, ils boivent, bien qu'ils affectent de ne pas le faire !

Et ivres des vins forts de ces terroirs et de leur sicera, ils ont vu un dieu dans un homme. Crois-moi : les dieux, c'est une fable. L'Olympe est vide, et la Terre n'en a pas." "S'ils t'entendaient !..." "Tu es encore enfant au point de n'être pas candidat et de ne pas savoir que César lui-même ne croit pas aux dieux, et que n'y croient pas les pontifes, les augures, les aruspices, les arvales, les vestales, ni personne ?" "Et alors pourquoi..." "Pourquoi les rites ? Parce qu'ils plaisent au peuple et sont utiles aux prêtres et servent à César pour se faire obéir comme s'il était un dieu terrestre tenu par la main par les dieux de l'Olympe. Mais les premiers à ne pas y croire sont ceux que nous vénérons comme ministres des dieux. Je suis pyrrhonien. J'ai fait le tour du monde. J'ai fait beaucoup d'expériences. Mes cheveux blanchissent aux tempes et ma pensée a mûri. J'ai comme règle personnelle trois principes : Aimer Rome, unique déesse et unique certitude, jusqu'au sacrifice de ma vie. Ne rien croire puisque tout est illusion de ce qui nous entoure, exceptée la Patrie sacrée et immortelle. Nous devons aussi douter de nous-mêmes car il n'est pas certain même que nous vivons. Les sens et la raison ne suffisent pas pour nous donner la certitude d'arriver à connaître la Vérité, et la vie et la mort ont la même valeur car nous ne savons pas ce que c'est que la vie et ce que c'est que la mort" dit-il en affectant un scepticisme philosophique d'un être supérieur... L'autre le regarde, hésitant. Puis il dit : "Moi, au contraire, je crois. Et j'aimerais savoir... Savoir de cet Homme qui est passé tout à l'heure. Lui certainement connaît la Vérité. Il sort de Lui quelque chose d'étrange. C'est comme une lumière qui vous pénètre !" "Qu'Esculape te sauve ! Tu es malade ! C'est depuis peu que tu es monté à la ville de la vallée, et les fièvres surgissent facilement chez ceux qui font ce voyage et ne sont pas encore acclimatés à cette région. Tu délires. Viens. Il n'y a rien de tel que le vin chaud et les aromates pour faire sortir en sueur le venin de la fièvre jordanique..." et il le pousse vers le corps de garde. Mais l'autre se dégage en disant : "Je ne suis pas malade. Je ne veux pas de vin drogué. Je veux veiller là, en dehors des murs (il montre l'intérieur du bastion) et attendre l'homme qui s'est nommé Jésus." "Si cette attente ne t'ennuie pas... Je vais réveiller ceux-ci pour la relève. Adieu..."

Et il entre bruyamment dans le corps de garde pour éveiller ses compagnons, en criant : "Déjà l'heure est sonnée. Allons, fainéants paresseux ! Je suis las !..." Il baille bruyamment et maugrée parce qu'ils ont laissé éteindre le feu et ont bu tout le vin chaud "si nécessaire pour essuyer la rosée palestinienne..." L'autre, le jeune légionnaire, adossé au mur que la lune effleure du couchant, attend que Jésus revienne sur ses pas. Les étoiles veillent son espoir... Jésus, pendant ce temps, est arrivé à la maison de Lazare sur la colline de Sion, et il frappe. Lévi Lui ouvre. "Toi, Maître ? ! Les maîtresses dorment. Pourquoi n'as-tu pas envoyé un serviteur si tu avais besoin de quelque chose ?" "Ils ne l'auraient pas laissé passer." "Ah ! c'est vrai ! Mais Toi, comment es-tu passé ?" "Je suis Jésus de Nazareth, et les légionnaires m'ont laissé passer. Mais il ne faut pas le dire, Lévi." "Je ne le dirai pas... Eux sont meilleurs que beaucoup de nous !" "Conduis-moi où dort ma Mère et ne réveille personne d'autre dans la maison." "Comme tu veux, Seigneur. Lazare a donné l'ordre à tous ceux qui dirigent les maisons de t'obéir en tout, sans discussion ni retard. C'était depuis peu l'aurore quand cet ordre a été apporté par un serviteur, par plusieurs serviteurs, à toutes les maisons. Obéir et se taire. Nous le ferons. Tu nous as rendu le maître..." L'homme trottine en avant à travers les couloirs vastes comme des galeries du splendide palais de Lazare sur la colline de Sion, et la lampe qu'il a dans la main illumine d'une manière fantastique le mobilier et les tapisseries qui ornent ces larges couloirs. L'homme s'arrête devant une porte fermée : "C'est là qu'est ta Mère." "Tu peux disposer." "Et la lampe ? Ne la veux-tu pas ? Je puis retourner dans l'obscurité. J'ai l'habitude de la maison. J'y suis né." "Laisse-la et n'enlève pas la clef de la porte. Je sors tout de suite." "Tu sais où me trouver. Je vais fermer par précaution, mais je serai prêt à t'ouvrir la porte quand tu viendras." Jésus reste seul. Il frappe légèrement, un coup si léger que seulement quelqu'un de bien éveillé peut entendre. Un bruit dans la pièce, comme celui d'un siège qu'on déplace, un léger bruit de pas, et une voix basse : "Qui frappe ?"

"Moi, Maman. Ouvre-moi." La porte s'ouvre de suite. La lumière de la lune est la seule lumière qui éclaire la pièce tranquille et étend ses rayons sur le lit intact. Un siège est près de la fenêtre grande ouverte sur le mystère de la nuit. "Tu ne dormais pas encore ? Il est tard !" "Je priais... Viens, mon Fils. Assieds-toi où j'étais" et elle indique le siège près de la fenêtre. "Je ne puis m'arrêter. Je suis venu te prendre pour aller chez Élise, dans le quartier d'Ophel. Annalia est morte. Vous ne le saviez pas encore ?" "Non. Personne... Quand, Jésus ?" "Après mon passage." "Après ton passage'. Tu as donc été pour elle l'Ange libérateur ?! Cette Terre était pour elle une telle prison ! Elle est heureuse ! Moi, je voudrais être à sa place ! Elle est morte... naturellement ? Je veux dire : pas par suite d'un malheur ?" "Elle est morte par la joie d'aimer. Je l'ai su que j'étais déjà sur la montée du Temple. Viens avec Moi, Maman. Nous ne craignons pas de nous profaner pour consoler une mère qui a eu dans ses bras sa fille morte d'une joie surnaturelle... Notre première vierge ! Celle qui vint à Nazareth, à toi, pour me trouver et me demander cette joie... Jours lointains et sereins." "Avant-hier elle chantait comme une mésange énamourée et m'embrassait en disant : "Je suis heureuse !" et elle était avide de savoir tout de Toi. Comment Dieu t'a formé. Comment Il m'a choisie. Et mes premières palpitations de vierge consacrée... Maintenant je comprends... Je suis prête, Fils." Marie, tout en parlant, a épinglé ses tresses qui étaient retombées sur ses épaules et qui la faisaient paraître si jeune, et elle a pris son voile et son manteau. Ils sortent en faisant le moins de bruit possible. Lévi est déjà près du portail. Il explique : "J'ai préféré... A cause de mon épouse... Les femmes sont curieuses. Elle m'aurait posé cent questions. Ainsi, elle ne sait pas..." Il ouvre, il va fermer. Jésus dit : "Avant la fin de cette veille, je reconduirai ma Mère." "Je veillerai tout près. Ne crains pas." "Paix à toi."

Ils s'en vont par les rues silencieuses, désertes, desquelles la lune se retire lentement éclairant encore le sommet des hautes maisons de la colline de Sion. Plus éclairé est le faubourg d'Ophel aux maisonnettes plus humbles et plus basses. Voilà la maison d'Annalia, fermée, sombre, silencieuse. Il y a encore des fleurs fanées sur les marches de la maison, peut-être celles jetées par la vierge avant de mourir, ou celles qui sont tombées de son lit funèbre... Jésus frappe à la porte. Il frappe de nouveau... Le bruit d'une fenêtre ouverte en haut. Une voix accablée : "Qui frappe ?" "Marie et Jésus de Nazareth" répond Marie. "Oh ! Je viens !..." Une brève attente et puis le bruit des verrous que l'on pousse. La porte s'ouvre montrant le visage défait d'Élise qui s'appuie péniblement aux montants de la porte, et quand Marie en entrant lui ouvre ses bras, elle tombe sur son sein avec les faibles sanglots de qui a tant pleuré que ses pleurs ne se font plus entendre. Jésus ferme la porte et attend patiemment que sa Mère calme cette désolation. Il y a une pièce près de la porte. Ils y entrent, Jésus portant la lampe posée par Élise sur le pavé de l'entrée avant d'ouvrir la porte. Les pleurs de la mère semblent ne pas pouvoir finir. C'est entre des sanglots rauques qu'elle parle à Marie. La mère parle à la Mère. Jésus, debout contre un mur, se tait... Élise ne peut se résigner à cette mort, arrivée ainsi... Et dans sa souffrance, elle en fait retomber la cause sur Samuel, le fiancé parjure : "Il lui a brisé le cœur, ce maudit ! Elle ne le disait pas, mais certainement elle souffrait qui sait depuis quand ! Et dans la joie, dans un cri, s'est ouvert son cœur. Qu'il soit maudit pour toujours." "Non, ma chérie. Non. Ne maudis pas. Ce n'est pas cela. Dieu l'a tant aimée qu'il l'a voulue dans sa paix. Mais même si elle était morte à cause de Samuel — ce qui n'est pas, mais supposons-le un instant — pense à la mort de joie qu'elle a eue, et dis que l'action mauvaise lui a procuré une mort heureuse." "Je ne l'ai plus ! Elle est morte ! Elle est morte ! Tu ne sais pas ce que c'est que de perdre une fille ! Moi, j'ai deux fois goûté cette douleur. Car déjà je la pleurais morte quand ton Fils l'a guérie. Mais maintenant... Mais maintenant... Lui n'est pas revenu ! Il n'a pas eu pitié... Je l'ai perdue ! Perdue ! Elle est déjà dans la tombe, mon enfant ! Sais-tu ce que c'est que de voir agoniser un enfant ? Savoir qu'il doit mourir ? Le voir mort quand on le croyait guéri et fort ?

Tu ne sais pas. Tu ne peux pas en parler... Elle était belle comme une rose éclose au lever du soleil pendant qu'elle se parait ce matin. Elle avait voulu revêtir le vêtement que je lui avais fait pour ses noces. Elle voulait même se couronner comme une épouse. Puis elle préféra défaire la guirlande déjà faite et effeuiller les fleurs pour les jeter à ton Fils, et elle chantait ! Elle chantait ! Sa voix emplissait la maison. Elle était gracieuse comme le printemps. La joie faisait briller ses yeux comme des étoiles, et elles étaient empourprées comme la pulpe de la grenade ses lèvres ouvertes sur la blancheur de ses dents, et elle avait des joues roses et fraîches comme des roses nouvelles embellies par la rosée. Elle est devenue blanche comme le lys à peine éclos. Elle s'est affaissée sur mon sein comme une tige brisée... Plus de paroles ! Plus de soupirs ! Plus de couleurs ! Plus de regard ! Tranquille, belle comme un ange de Dieu, mais sans vie. Tu ne sais pas, toi qui te réjouis du triomphe de ton Fils et le vois sain et fort, ce qu'est ma douleur ! Pourquoi n'est-il pas revenu en arrière ? En quoi Lui avait-elle déplu, et moi avec elle, pour ne pas avoir pitié de ma prière ?" "Élise ! Élise ! Ne parle pas... La douleur te rend aveugle et sourde... Élise, tu ne connais pas ma souffrance. Et tu ne connais pas la mer profonde que deviendra ma souffrance. Tu l'as vue tranquille et belle se raidir dans la paix. Dans tes bras. Moi... Moi cela fait plus de six lustres que je contemple mon Fils, et par delà la peau lisse et pure que je contemple et caresse, je vois les plaies de l'Homme des douleurs que deviendra mon Fils. Sais-tu, toi qui dis que je ne sais pas ce que c'est que de voir un enfant s'en aller deux fois vers la mort, et y entrer une fois et y demeurer en paix, sais-tu ce que c'est de voir, pendant tant d'années, cette vision, pour une mère ? Mon Fils ! Le voilà. Il est déjà vêtu de rouge comme s'il sortait d'un bain de sang. Et bientôt, dans peu de temps, alors que ne sera pas devenu sombre le visage de ta fille dans le tombeau, je le verrai revêtu de la pourpre de son Sang innocent, de ce Sang que je Lui ai donné. Et si tu as reçu sur ton cœur ta fille, sais-tu quelle sera ma douleur de voir mourir mon Fils comme un malfaiteur sur le bois ? Regarde-le, le Sauveur de tous ! Dans l'esprit et dans la chair, car la chair de ceux qu'il aura sauvés sera incorrompue et bienheureuse dans son Royaume. Et regarde-moi ! Regarde cette Mère qui heure après heure accompagne et conduit — oh ! je ne le retiendrais pas d'un seul pas ! — son Fils au Sacrifice ! Moi, je puis te comprendre, pauvre maman. Mais toi, comprends mon cœur ! Ne hais pas mon Fils. Annalia n'aurait pas supporté l'agonie de son Seigneur.

Et son Seigneur l'a rendue heureuse en une heure d'allégresse." Élise a cessé de pleurer devant la révélation. Elle fixe Marie, au pâle visage de martyre mouillé de larmes silencieuses, regarde Jésus qui la regarde avec pitié... et glisse aux pieds de Jésus en gémissant : "Mais elle est morte ! Elle est morte, Seigneur ! Comme un lys, un lys brisé. Les poètes disent de Toi que tu es celui qui se plaît parmi les lys ! Oh ! vraiment, Toi, né du Lys-Marie, tu descends souvent dans les parterres fleuris, et des roses pourpres tu fais des lys blancs, et tu les cueilles en les enlevant au monde. Pourquoi ? Pourquoi, Seigneur ? N'est-il pas juste qu'une mère jouisse de la rose qui est née d'elle ? Pourquoi en éteindre la pourpre dans la froide blancheur de mort du lys ?" "Les lys ! Ils seront le symbole de celles qui m'aimeront comme ma Mère a aimé Dieu. Le blanc parterre du Roi Divin." "Mais nous, les mères, nous pleurerons. Nous, les mères, nous avons droit à nos enfants. Pourquoi les enlever à la vie ?" "Ce n'est pas ce que je veux dire, femme. Les filles resteront, mais consacrées au Roi comme les vierges dans les palais de Salomon. Rappelle-toi le Cantique... Et elles seront épouses, les bien-aimées, sur la Terre et au Ciel." "Mais ma fille est morte ! Elle est morte !" Ses pleurs reprennent déchirants. "Je suis la Résurrection et la Vie. Celui qui croit en Moi, vit même s'il vient à mourir, et en vérité je te dis qu'il ne meurt pas pour l'éternité. Ta fille vit. Elle vit pour l'éternité parce qu'elle a cru dans la Vie. Ma mort sera pour elle la Vie complète. Elle a connu la joie de vivre en Moi avant de connaître la douleur de me voir arraché à la vie. Ta douleur te rend aveugle et sourde. Ma Mère a raison de le dire. Mais bientôt tu diras ce que je t'ai envoyé dire ce matin : "Vraiment sa mort a été une grâce de Dieu". Crois-le, femme. L'horreur attend ce lieu. Et viendra un jour où les mères frappées comme toi diront : "Louange à Dieu qui a épargné ces jours à nos enfants". Et les mères qui n'auront pas été frappées crieront au Ciel : "Pourquoi, ô Dieu, n'as-tu pas tué nos fils avant cette heure ?" Crois-le, femme. Crois à mes paroles. N'élève pas entre toi et Annalia la vraie clôture qui sépare : celle de la différence de foi. Tu vois ? Je pouvais ne pas venir. Tu sais combien je suis haï. Que ne t'illusionne pas le triomphe d'une heure !... Chaque recoin peut cacher une embûche pour Moi. Et je suis venu seul, de nuit, pour te consoler et te dire ces paroles. Je compatis à la douleur d'une mère.

Mais pour la paix de ton âme, je viens te dire ces paroles. Aie la paix ! La paix !" "Donne-la-moi, Toi, Seigneur ! Moi, je ne peux pas ! Je ne peux pas dans ma souffrance me donner la paix. Mais Toi, qui donnes la vie aux morts et la santé aux mourants, donne la paix au cœur déchiré d'une mère." "Qu'il en soit ainsi, femme. La paix pour toi." Il lui impose les mains en la bénissant et en priant en silence sur elle. Marie s'est agenouillée à son tour près d'Élise en l'entourant de son bras. "Adieu, Élise. Je m'en vais..." "Nous ne nous verrons plus, Seigneur ? Je ne sortirai pas de la maison pendant plusieurs jours et tu t'en iras après les fêtes pascales. Toi... tu es encore un peu quelque chose de ma fille... parce que Annalia... parce que Annalia vivait en toi et pour Toi." Elle pleure, plus calme, mais combien elle pleure ! Jésus la regarde... Caresse sa tête chenue. Il lui dit : "Tu me verras encore." "Quand ?" "D'ici huit nuits." "Et tu me réconforteras encore ? Tu me béniras pour me donner de la force ?" "Mon cœur te bénira avec toute la plénitude de mon amour pour ceux qui m'aiment. Viens, ma Mère." "Mon Fils, si tu le permets, je voudrais rester encore avec cette mère. La douleur est un flot qui revient après que s'est éloigné Celui qui donne la paix... Je rentrerai à l'heure de prime. Je n'ai pas peur d'aller seule, tu le sais. Et tu sais que je passerai à travers toute une armée ennemie pour réconforter un frère en Dieu." "Que ce soit comme tu veux. Je m'en vais. Dieu soit avec vous." Il sort sans faire de bruit, en fermant derrière Lui la porte de la pièce et celle de la maison. Il revient vers les murs, à la Porte d'Ephraïm ou Stercoraire, ou du Fumier, car plusieurs fois j'ai entendu indiquer ces deux portes voisines avec ces trois noms, peut-être parce que l'une s'ouvre sur le chemin de Jéricho qui est au fond, chemin qui mène à Ephraïm, et l'autre parce qu'elle est proche de la vallée de Hinnom où l'on brûle les ordures de la ville, et elles se ressemblent tant que je les confonds. Le ciel commence à blanchir du côté de l'orient tout en étant encore criblé d'étoiles. Les chemins sont enveloppés dans une pénombre plus pénible que l'obscurité de la nuit que la lune tempérait de sa blanche clarté. Mais le soldat romain a de bons yeux, et voyant Jésus s'avancer vers la porte, il va à sa rencontre.

"Salut. Je t'ai attendu..." Il s'arrête hésitant. "Parle sans crainte. Que veux-tu de Moi ?" "Savoir. Tu as dit : "La paix que je donne demeure même dans la guerre car c'est une paix d'âme". Je voudrais savoir quelle est cette paix et ce que c'est que l'âme. Comment l'homme qui est en guerre peut-il être en paix ? Quand on ouvre le temple de Janus, on ferme celui de la Paix. Les deux choses ne peuvent exister ensemble dans le monde." Il parle adossé au muret verdâtre d'un petit jardin, dans une ruelle étroite comme un sentier dans des champs, humide, sombre, obscur, au milieu de pauvres maisons. A part une légère lueur que fait voir le casque bruni, on ne voit rien des deux qui parlent. L'ombre enveloppe les visages et les corps dans une unique obscurité. La voix de Jésus résonne douce et lumineuse dans sa joie de jeter une semence de lumière chez le païen : "Dans le monde, en vérité, la paix et la guerre ne peuvent exister ensemble. L'une exclut l'autre. Mais dans l'homme de guerre peut exister la paix même s'il fait une guerre commandée. Il peut exister ma paix. Parce que ma paix vient du Ciel et elle n'est pas blessée par le fracas de la guerre et la férocité des massacres. Elle, chose divine, envahit la chose divine que l'homme a en lui-même, et que l'on appelle l'âme.  "Divine ? En moi ? César est divin. Moi, je suis fils de paysans. Maintenant je suis un légionnaire sans aucun grade. Si je suis brave je pourrai peut-être devenir centurion. Mais divin, non." "Il y a en toi une partie divine : c'est l'âme. Elle vient de Dieu, du vrai Dieu. Aussi elle est divine, perle vivante dans l'homme, et elle se nourrit de choses divines et vivantes; la foi, la paix, la vérité. La guerre ne la trouble pas. La persécution ne la blesse pas. La mort ne la tue pas. Seul le mal, faire ce qui est mauvais, la blesse ou la tue, et la prive aussi de la paix que Moi je donne. Car le mal sépare l'homme de Dieu." "Et qu'est-ce que le mal ?" "Être dans le paganisme et adorer les idoles quand la bonté du vrai Dieu nous a fait connaître qu'existe le vrai Dieu. Ne pas aimer son père, sa mère, ses frères et le prochain. Voler, tuer, être rebelle, être luxurieux, être faux. C'est cela le mal." "Ah ! alors, moi je ne peux pas avoir ta paix ! Je suis soldat et on nous commande de tuer. Pour nous alors, il n'y a pas de salut ? !" "Sois juste dans la guerre comme dans la paix.

Accomplis ton devoir sans férocité et sans avidité. Pendant que tu combats et que tu conquiers pense que l'ennemi est semblable à toi, et que toute ville a ses mères et ses jeunes filles comme ta mère et tes sœurs, et sois un preux sans être une brute. Tu ne sortiras pas de la justice et de la paix et ma paix restera en toi." "Et ensuite ?" "Et ensuite ? Que veux-tu dire ?" "Après la mort ?Qu'advient-il du bien que j'ai fait et de l'âme dont tu dis qu'elle ne meurt pas si on ne fait pas le mal ?" "Elle vit, elle vit ornée du bien que tu as fait, dans une paix joyeuse, plus grande que celle dont on jouit sur la Terre." "Alors en Palestine, un seul avait fait le bien ! J'ai compris." "Qui ?" "Lazare de Béthanie. Son âme n'est pas morte !" "En vérité, c'est un juste. Pourtant beaucoup lui sont semblables et meurent sans ressusciter, mais leur âme vit dans le Dieu vrai. Car l'âme a une autre demeure, dans le Royaume de Dieu. Et celui qui croit en Moi entrera dans ce Royaume." "Même moi, romain ?"  "Même toi, si tu crois à la Vérité." "Qu'est-ce que la Vérité ?" "Je suis la Vérité, et le Chemin pour aller à la Vérité, et je suis la Vie et je donne la Vie car celui qui accueille la Vérité accueille la Vie." Le jeune soldat réfléchit... se tait... Puis il lève son visage : un visage encore pur de jeune homme et il a un sourire limpide, serein, et il dit : "J'essayerai de me rappeler cela et d'en savoir plus encore. Il me plaît..." "Comment t'appelles-tu ?" "Vital, de Bénévent. Des campagnes de la ville." "Je me souviendrai de ton nom. Rends vraiment vital ton esprit en le nourrissant de Vérité. Adieu. On ouvre la porte. Je sors de la ville." "Salut !" "Jésus va rapidement vers la porte et prend en hâte le chemin qui conduit au Cédron et au Gethsémani et de là au Camp des Galiléens. Dans les oliviers de la montagne, il rejoint Judas de Kériot qui monte lui aussi vers le camp qui s'éveille. Judas fait un geste presque d'épouvante en se trouvant en face de Jésus. Jésus le regarde fixement, sans parler. "Je suis allé apporter la nourriture aux lépreux.

Mais... j'en ai trouvé deux à Hinnom, cinq à Siloan. Les autres : guéris. Encore là, mais si bien guéris qu'ils m'ont prié d'avertir le prêtre. J'étais descendu au point du jour pour être libre ensuite. La chose va faire du bruit. Un si grand nombre de lépreux guéris ensemble après que tu les as bénis en présence de tant de gens !" Jésus ne parle pas. Il le laisse parler. Il ne lui dit ni : "Tu as bien fait", ni autre chose ayant trait à l'action de Judas et au miracle, mais s'arrêtant à l'improviste et regardant fixement l'apôtre, il lui demande : "Eh bien ? Qu'est-ce que cela a changé de t'avoir laissé la liberté et l'argent ?" "Que veux-tu dire ?" "Ceci : je te demande si tu t'es sanctifié depuis que je t'ai rendu la liberté et l'argent. Et tu me comprends... Ah ! Judas ! Souviens-toi ! Souviens-toi toujours : tu as été celui que j'ai aimé plus que tout autre, en recevant de toi moins d'amour que tous les autres m'en ont donné. En recevant même une haine plus grande, car c'était la haine de quelqu'un que je traitais en ami, que la haine la plus féroce du plus féroce pharisien. Et rappelle-toi encore ceci : que Moi, même maintenant je ne te hais pas mais, pour autant que cela dépend du Fils de l'homme, je te pardonne. Va, maintenant. Il n'y a plus rien à se dire entre toi et Moi. Tout est déjà fait..." Judas voudrait dire quelque chose, mais Jésus, d'un geste impérieux, lui fait signe d'aller en avant... Et Judas, tête basse comme un vaincu, s'en va... A la limite du Camp des Galiléens les apôtres et les deux serviteurs de Lazare sont déjà prêts. "Où as-tu été, Maître ? Et toi, Judas ? Vous étiez ensemble ?" Jésus devance la réponse de Judas : "J'avais quelque chose à dire à des cœurs. Judas est allé chez les lépreux... Mais ils sont tous guéris, sauf sept." "Oh ! pourquoi y es-tu allé ? Je voulais venir moi aussi !" dit le Zélote. "Pour être libre maintenant de venir avec nous" dit encore Jésus. "Allons. Nous entrerons dans la ville par la Porte du Troupeau. Faisons vite." Il va en avant, en passant par les oliveraies qui conduisent du Camp, à moitié route entre Béthanie et Jérusalem, à l'autre petit pont qui passe le Cédron près de la Porte du Troupeau. Des maisons de paysans sont éparses sur les pentes, et tout en bas, près des eaux du torrent, un figuier ébouriffé se penche sur la rivière.

Jésus se dirige vers lui et il cherche si dans le feuillage fourni et gras il y a quelque figue mûre. Mais le figuier est tout en feuilles, nombreuses, inutiles, mais il n'a pas un seul fruit sur ses branches. "Tu es comme beaucoup de cœurs en Israël. Tu n'as pas de douceurs pour le Fils de l'homme, et pas de pitié. Qu'il ne puisse plus jamais naître de toi un seul fruit et que personne ne se rassasie de toi à l'avenir" dit Jésus. Les apôtres se regardent. La colère de Jésus pour la plante stérile, peut-être sauvage, les étonne. Mais ils ne disent rien. Ce n'est que plus tard, après avoir passé le Cédron, que Pierre Lui demande : "Où as-tu mangé ?" "Nulle part." "Oh ! Alors tu as faim ! Voici là-bas un berger avec quelques chèvres qui paissent. Je vais demander du lait pour Toi. Je fais vite" et il s'en va à grands pas et revient doucement avec une vieille écuelle pleine de lait. Jésus boit et il rend le bol au pastoureau qui a accompagné Pierre, en le caressant... Ils entrent dans la ville et montent au Temple, et après avoir adoré le Seigneur, Jésus revient dans la cour où les rabbis donnent leurs leçons. Les gens l'entourent et une mère, venue de Cintium, présente son enfant qu'un mal a rendu aveugle, je crois. Il a les yeux blancs comme s'il avait une vaste cataracte sur la pupille ou un albugo. Jésus le guérit en effleurant les orbites avec les doigts. Et puis de suite il commence à parler : "Un homme acheta un terrain. Il y planta des vignes, construisit une maison pour les fermiers, une tour pour la surveillance, des celliers et des endroits pour presser le raisin, et en confia l'entretien à des fermiers en qui il avait confiance. Puis il s'en alla au loin. Quand arriva le temps où les vignes purent donner des fruits, les vignes ayant poussé au point de donner des fruits, le maître de la vigne envoya ses serviteurs chez les fermiers pour retirer le revenu de la récolte. Mais les fermiers entourèrent ces serviteurs, ils en frappèrent une partie à coups de bâtons, en lapidèrent une partie avec de lourdes pierres en les blessant grièvement, et en tuèrent une partie. Ceux qui purent revenir vivants chez le maître, racontèrent ce qui leur était arrivé. Le maître les soigna et les consola, et il envoya d'autres serviteurs encore plus nombreux. Les fermiers les traitèrent comme ils avaient traité les premiers. Alors le maître de la vigne dit : "Je vais leur envoyer mon cher fils.

Certainement ils respecteront mon héritier". Mais les fermiers, l'ayant vu venir et ayant su que c'était l'héritier, s'appelèrent l'un l'autre en disant : "Venez, réunissons-nous pour être nombreux. Entraînons-le dehors, dans un endroit écarté, et tuons-le. Son héritage nous restera". Ils l'accueillirent avec des honneurs hypocrites, l'entourèrent comme pour lui faire fête. Ensuite ils le ligotèrent après l'avoir embrassé, le frappèrent fortement et avec mille moqueries, ils l'amenèrent au lieu du supplice et le tuèrent. Maintenant, vous, dites-moi. Ce père et maître s'apercevra un jour que son fils et héritier ne revient pas, et découvrira que ses fermiers, auxquels il avait donné la terre fertile pour qu'ils la cultivent en son nom, en jouissant de ce qui était juste et en donnant à leur seigneur ce qui était juste, ont tué son fils. Alors que fera-t-il ?" et Jésus darde ses iris de saphir, enflammés comme par un soleil, sur ceux qui sont venus et spécialement sur les groupes des juifs les plus influents, pharisiens et scribes répandus dans la foule. Personne ne parle. "Dites donc ! Vous au moins, rabbis d'Israël. Dites une parole de justice qui persuade le peuple de la justice. Moi, je pourrais dire une parole qui ne serait pas bonne, d'après votre pensée. Parlez donc vous, pour que le peuple ne soit pas induit en erreur." Les scribes, contraints, répondent ainsi : "Il punira les scélérats en les faisant périr d'une manière atroce, et il donnera sa vigne à d'autres fermiers pour qu'ils lui la cultivent honnêtement, en lui donnant le revenu de la terre qui leur est confiée." "Vous avez bien parlé. Il est écrit dans l'Écriture : "La pierre que les constructeurs ont rejetée est devenue pierre angulaire. C'est une œuvre faite par le Seigneur et c'est une chose admirable à nos yeux". Puisque donc ceci est écrit, et vous le savez, et vous estimez juste que soient punis atrocement ces fermiers meurtriers du fils héritier du maître de la vigne, et qu'elle soit donnée à d'autres fermiers qui la cultivent honnêtement, voilà que pour ce motif, je vous dis : "Le Royaume de Dieu vous sera enlevé et il sera donné à des gens qui en produisent des fruits. Et celui qui tombera contre cette pierre se brisera, et celui sur lequel la pierre tombera sera écrasé"." Les chefs des prêtres, les pharisiens et les scribes, par un acte vraiment... héroïque, ne réagissent pas. Si forte est la volonté d'atteindre un but !

Pour beaucoup moins d'autres fois ils l'ont contré, et aujourd'hui où le Seigneur Jésus leur dit ouvertement que le pouvoir leur sera enlevé, ils n'éclatent pas en reproches, ils ne font pas d'actes de violence, ils ne menacent pas, faux agneaux patients qui sous l'apparence hypocrite de douceur cachent l'immuable cœur du loup. Ils se bornent à s'approcher de Lui qui a repris sa marche en avant et en arrière en écoutant tel et tel des nombreux pèlerins qui sont rassemblés dans la vaste cour, et desquels beaucoup Lui demandent conseil pour des questions qui intéressent l'âme ou pour des situations familiales ou sociales, en attendant de pouvoir Lui dire quelque chose après l'avoir écouté donner un jugement à un homme sur une question embrouillée d'héritage : elle a produit division et rancœur entre les différents héritiers à cause d'un fils du père qu'il a eu d'une servante de la maison mais qu'il a adopté. Les fils légitimes ne le veulent pas avec eux, ni comme héritier dans le partage des maisons et des terres. Ils ne veulent plus avoir rien en commun avec le bâtard et ils ne savent pas comment résoudre la question car, avant sa mort, le père a fait jurer que comme toujours il avait partagé le pain entre le fils illégitime et les légitimes dans la même mesure, ainsi ils devaient partager l'héritage dans la même mesure. Jésus dit à celui qui l'interroge au nom des trois autres frères : "Sacrifiez tous une parcelle de terre pour la vendre de façon à réunir une somme d'argent équivalente au cinquième de la fortune totale et donnez-le au fils illégitime en lui disant : "Voilà ta part. Tu n'es pas frustré de ce qui t'appartient et on n'a pas fait tort à la volonté de notre père. Va et que Dieu soit avec toi". Et soyez généreux en lui donnant même davantage que la valeur stricte de sa part. Faites-le avec des témoins qui soient justes et personne ne pourra sur la Terre, ni au-delà de la Terre, élever une voix de reproche et de scandale. Et vous aurez la paix entre vous et en vous, n'ayant pas le remords d'avoir désobéi à votre père et n'ayant pas parmi vous celui qui, vraiment innocent, a été pour vous une cause de trouble plus que si on avait mis un voleur parmi vous." L'homme dit : "Ce bâtard, en vérité, a enlevé la paix à notre famille, la santé à notre mère qui est morte de chagrin, et une place qui ne lui appartient pas." "Ce n'est pas lui le coupable, homme. C'est celui qui l'a engendré. Lui n'a pas demandé à naître pour porter la marque de bâtard, Ce fut la convoitise de votre père qui l'engendra pour lui donner la douleur et pour vous donner la douleur. Soyez donc justes envers l'innocent qui paie déjà durement une faute qui n'est pas la sienne.

N'ayez pas d'anathème pour l'esprit de votre père. Dieu l'a jugé. Il n'est pas besoin des foudres de vos malédictions. Honorez le père, toujours, même s'il est coupable, non pour lui-même, mais parce qu'il a représenté sur la Terre votre Dieu, vous ayant créés par ordre de Dieu et étant le seigneur de votre maison. Les parents viennent immédiatement après Dieu. Rappelle-toi le Décalogue, et ne pèche pas. Va en paix." Les prêtres et les scribes s'approchent alors de Lui pour l'interroger : "Nous t'avons entendu. Tu as dit ce qui était juste. Un conseil plus sage n'aurait pu le donner Salomon. Mais dis-nous, Toi qui opères des prodiges et donnes des jugements tels que seul le sage roi pouvait en donner, par quelle autorité fais-tu ces choses ? D'où te vient un tel pouvoir ?" Jésus les regarde fixement. Il n'est ni agressif ni méprisant, mais très imposant. Il dit : "Moi aussi, j'ai à vous poser une question, et si vous me répondez, je vous dirai par quelle autorité, Moi, homme sans autorité de charges et pauvre — car c'est cela que vous voulez dire — je fais ces choses. Dites : le baptême de Jean, d'où venait-il ? Du Ciel ou de l'homme qui le donnait ? Répondez-moi. Par quelle autorité Jean le donnait-il comme rite purificateur et pour vous préparer à la venue du Messie, puisque Jean était encore plus pauvre, plus ignorant que Moi, et sans charge d'aucune sorte, ayant passé sa vie dans le désert depuis son enfance ?" Les scribes et les prêtres se consultent entre eux. Les gens, les yeux grands ouverts et les oreilles attentives, sont prêts à protester et à acclamer si les scribes disqualifient le Baptiste et offensent le Maître, ou s'ils paraissent déconfits par la question du Rabbi de Nazareth, divinement sage, se serrent autour d'eux. Il est frappant le silence absolu de cette foule qui attend la réponse. Il est si profond que l'on entend la respiration et les chuchotements des prêtres ou des scribes qui communiquent entre eux quasi sans parler, et observent pendant ce temps le peuple dont ils devinent les sentiments prêts à exploser. Enfin, ils se décident à répondre. Ils se tournent vers le Christ qui, appuyé à une colonne, les bras croisés, les scrute sans jamais les perdre de vue, et ils disent : "Maître, nous ne savons par quelle autorité Jean faisait cela ni d'où venait son baptême. Personne n'a pensé à le demander au Baptiste pendant qu'il était vivant, et lui ne l'a jamais dit spontanément." "Et Moi non plus je ne vous dirai pas par quelle autorité je fais de telles choses." Il leur tourne le dos en appelant à Lui les douze et, fendant la foule qui l'acclame, il sort du Temple.

Quand ils sont déjà dehors, au-delà de la Probatique, Barthélemy Lui dit : "Ils sont devenus très prudents tes adversaires. Peut-être vont-ils se convertir au Seigneur qui t'a envoyé et te reconnaître pour le Messie saint." "C'est vrai. Ils n'ont pas discuté ta question ni ta réponse..." dit Matthieu. "Qu'il en soit ainsi. C'est beau que Jérusalem se convertisse au Seigneur, son Dieu" dit encore Barthélémy. "Ne vous faites pas des illusions ! Cette partie de Jérusalem ne se convertira jamais. Ils n'ont pas répondu autrement parce qu'ils ont craint la foule. Je lisais leur pensée bien que n'entendant pas leurs paroles dites à voix basse." "Et que disaient-ils ?" demande Pierre. "Ils disaient cela. Je désire que vous le sachiez pour les connaître à fond et que vous puissiez donner une exacte description à ceux qui viendront plus tard des cœurs des hommes de mon temps. S'ils ne m'ont pas répondu, ce n'est pas qu'ils se convertissent au Seigneur, mais parce qu'ils disaient entre eux : "Si nous répondons : 'Le baptême de Jean venait du Ciel" le Rabbi répondra : "Et alors pourquoi n'avez-vous pas cru à ce qui venait du Ciel et enseignait la préparation au temps messianique ?" , et si nous disons : "De l'homme" alors ce sera la foule qui se rebellera en disant : "Et alors pourquoi ne croyez-vous pas à ce que Jean, notre prophète, a dit de Jésus de Nazareth ?" Il vaut donc mieux dire : "Nous ne savons pas". Voilà ce qu'ils disaient. Ce n'était pas parce qu'ils étaient revenus à Dieu, mais par un lâche calcul, et pour ne pas avoir à reconnaître par leurs bouches que je suis le Christ et que je fais ces choses que je fais parce que je suis l'Agneau de Dieu dont a parlé le Précurseur. Et Moi non plus, je n'ai pas voulu dire par quelle autorité je fais les choses que je fais. Déjà, de nombreuses fois, je l'ai dit dans ces murs et dans toute la Palestine, et mes prodiges parlent encore plus que mes paroles. Maintenant je ne le dirai plus par mes paroles. Je laisserai parler les prophètes et mon Père, et les signes du Ciel, car le moment est venu où tous ces signes vont être donnés. Ceux qui ont été dits par les prophètes et marqués des symboles de notre histoire, et ceux que j'ai dits : le signe de Jonas; vous vous souvenez de ce jour à Cédés? C'est le signe qu'attend Gamaliel. Toi, Etienne, toi, Hermas, et toi, Barnabé qui as quitté tes compagnons aujourd'hui pour me suivre, certainement plusieurs fois vous avez entendu le rabbi parler de ce signe. Eh bien, bientôt le signe sera donné." Il s'éloigne en montant à travers les oliviers de la montagne, suivi des siens et de nombreux disciples (des soixante-douze) en plus d'autres, comme Joseph Barnabé qui le suit pour l'entendre parler encore.

La nuit

Jésus est encore, le soir, dans l'oliveraie et il y est avec ses apôtres. Et de nouveau il parle. "Et encore un autre jour est passé. Maintenant la nuit et puis demain, et puis un autre demain, et puis la cène pascale." "Où la ferons-nous, mon Seigneur ? Cette année il y a aussi les femmes" demande Philippe. "Et nous n'avons encore pourvu à rien, et la ville est pleine, bondée. Il semble que cette année Israël tout entier, jusqu'aux plus lointains prosélytes, soit accouru au rite" dit Barthélémy. Jésus le regarde et comme s'il récitait un psaume, il dit : "Rassemblez-vous, hâtez-vous, accourez de tous côtés vers ma victime que j'immole pour vous, vers la grande Victime immolée sur les monts d'Israël, pour manger sa Chair et boire son Sang." "Mais quelle victime ? Quelle victime ? Tu sembles quelqu'un qui est possédé par une folie fixe. Tu ne parles que de mort... et tu nous affliges" dit avec véhémence Barthélemy. Jésus le regarde encore en quittant des yeux Simon qui se penche sur Jacques d'Alphée et sur Pierre et parle avec eux, et il dit : "Comment ? Tu me le demandes ? Tu n'es pas un de ces petits qui pour être instruits doivent recevoir la lumière septiforme. Tu étais déjà instruit en l'Écriture avant que je t'appelle, par l'intermédiaire de Philippe, dans cette douce matinée de printemps. De mon printemps. Et tu me demandes encore quelle est la victime immolée sur les monts, celle vers laquelle viendront tous les gens pour s'en nourrir ? Et tu m'appelles fou d'une folie fixe parce que je parle de mort ? Oh ! Bartholmaï ! Comme le cri des sentinelles, dans votre ténèbre, qui jamais s'est ouverte à la lumière, j'ai lancé une fois, deux fois, trois fois le cri annonciateur. Mais vous n'avez jamais voulu le comprendre. Vous en avez souffert sur le moment, et puis...

Comme des enfants, vous avez vite oublié les paroles de mort et vous êtes retournés joyeux à votre travail, sûrs de vous et pleins de l'espérance que mes paroles et les vôtres persuaderaient de plus en plus le monde de suivre et d'aimer son Rédempteur. Non. C'est seulement après que cette Terre aura péché contre Moi, et rappelez-vous que ce sont des paroles du Seigneur à son prophète, après seulement que le peuple et non seulement celui-ci en particulier, mais le grand peuple d'Adam commencera à gémir : "Allons vers le Seigneur. Lui qui nous a blessés nous guérira". Et le monde des rachetés dira : "Après deux jours, c'est-à-dire deux temps de l'éternité, durant lesquels il nous aura laissés à la merci de l'Ennemi, qui avec toutes ses armes nous aura frappés et tués comme nous avons frappé et tué le Saint — et nous le frappons et le tuons parce que toujours il y aura la race des Caïns qui tueront par leurs blasphèmes et leurs œuvres mauvaises le Fils de Dieu, le Rédempteur, en décochant des flèches mortelles non sur son éternelle Personne glorifiée, mais sur leur âme rachetée par Lui, pour la tuer, et pour le tuer par conséquent dans leurs âmes — c'est seulement après ces deux temps que viendra le troisième jour et que nous ressusciterons en sa présence dans le Royaume du Christ sur la Terre et que nous vivrons en sa présence dans le triomphe de l'esprit. Nous le connaîtrons, nous apprendrons à connaître le Seigneur pour être prêts à soutenir, grâce à cette vraie connaissance de Dieu, la dernière bataille que Lucifer livrera à l'homme avant la sonnerie de l'ange de la septième trompette qui ouvrira le chœur bienheureux des saints de Dieu, au nombre parfait pour l'éternité — et ni le plus petit enfant, ni le vieillard le plus âgé ne pourra jamais être ajouté au nombre — le chœur qui chantera; "Il est fini le pauvre royaume de la Terre. Le monde est passé en revue avec tous ses habitants devant le Juge victorieux. Et les élus sont maintenant entre les mains de notre Seigneur et de son Christ, et Lui est notre Roi pour toujours. Louange au Seigneur Dieu Tout Puissant qui est, qui était et qui sera, parce qu'il a pris son grand pouvoir et qu'il est entré en possession de son royaume". Oh ! qui parmi vous saura rappeler les paroles de cette prophétie qui résonne déjà dans les paroles de Daniel, avec un son voilé, et qui maintenant retentit par la voix du Sage devant le monde étonné et devant vous, plus étonnés que le monde ? ! "La venue du Roi — continuera le monde gémissant dans ses blessures et enfermé dans son tombeau, après avoir mal vécu et être mal mort, enfermé par son septuple vice et par ses hérésies sans fin, l'esprit agonisant du monde enfermé, avec ses derniers essais, à l'intérieur de son organisme, mort lépreux à cause de toutes ses erreurs

La venue du Roi est préparée comme celle de l'aurore et elle viendra à nous comme la pluie du printemps et de l'automne". L'aurore est précédée et préparée par la nuit. C'est la nuit. Celle de maintenant. Et que dois-je te faire, Ephraïm ? Et que dois-je te faire, Ô Juda ?... Simon, Bartholmaï, Judas, et mes cousins, vous plus instruits dans le Livre, reconnaissez-vous ces paroles ? Ce n'est pas d'un esprit fou, mais de quelqu'un qui possède la Sagesse et la Science qu'elles viennent. C'est comme un roi qui ouvre avec assurance ses coffres forts, parce qu'il sait où est la gemme donnée qu'il cherche, après l'avoir mise de sa main à l'intérieur, que je cite les prophètes. Je suis la Parole. Pendant des siècles, j'ai parlé par des lèvres humaines, et pendant des siècles je parlerai par des lèvres humaines. Mais tout ce qui est dit de surnaturel est ma parole. L'homme ne pourrait pas, même le plus docte et le plus saint, monter avec une âme d'aigle au-delà des limites du monde aveugle, pour saisir et dire les mystères éternels, L'avenir n'est "présent" que dans la Pensée divine. C'est une sottise chez ceux qui ne sont pas élevés par Notre Volonté, de prétendre faire des prophéties et des révélations. Et Dieu les démentit et les frappe parce qu'Un seul peut dire : "Je suis" et dire : "Je vois" et dire "Je sais". Mais quand une Volonté qu'on ne mesure pas, qu'on ne juge pas, qu'il faut accepter en inclinant la tête, en disant : "Me voici", sans discuter, dit : "Viens, monte, écoute, vois, répète" alors, plongée dans l'éternel présent de son Dieu, l'âme, appelée par le Seigneur pour être "voix", voit et tremble, voit et pleure, voit et jubile; alors l'âme, appelée par le Seigneur pour être "parole", écoute, et arrivant à des extases ou à une sueur d'agonie, dit les paroles redoutables du Dieu Éternel. Parce que toute parole de Dieu est redoutable, venant de Celui dont le verdict est immuable et la Justice inexorable, et tournée vers les hommes dont trop peu méritent amour et bénédiction et non pas foudre et condamnation. Maintenant cette parole, qui est donnée et méprisée, n'est-elle pas la cause d'une faute redoutable et d'une punition pour ceux qui l'ayant entendue la repoussent ? Elle l'est. Et que dois-je encore vous faire, ô Ephraïm, ô Juda, ô monde, que je n'ai pas fait ? Je suis venu pour t'aimer, ma Terre, et ma parole a été pour toi une épée qui tue parce que tu l'as exécrée. Oh ! Monde qui tues ton Sauveur en croyant faire une chose juste, tellement tu es insatanisé au point de ne même plus comprendre quel est le sacrifice que Dieu exige, sacrifice du péché personnel et non pas d'une bête immolée et consommée avec l'âme souillée !

Mais que t'ai-je donc dit pendant ces trois années ? Qu'ai-je prêché ? J'ai dit : "Connaissez Dieu dans ses lois et dans sa nature". Et je me suis desséché comme un vase d'argile poreuse exposé au soleil en vous répandant la connaissance vitale de la Loi et de Dieu. Et tu as continué de faire des holocaustes sans jamais accomplir l'unique chose nécessaire : l'immolation au Dieu vrai de ta volonté mauvaise ! Maintenant le Dieu éternel te dit, cité pécheresse, peuple parjure — et à l'heure du Jugement, on se servira pour toi d'un fouet dont on ne se servira pas pour Rome et Athènes, qui sont hébétées et ne connaissent pas la parole et le savoir, mais qui, d'éternels enfants mal soignés par leur nourrice et restés comme des animaux dans leurs capacités, passeront dans les bras saints de mon Église, mon unique sublime Épouse qui m'enfantera d'innombrables enfants dignes du Christ, deviendront adultes et capables et me donneront des palais et des troupes, des temples et des saints de quoi peupler le Ciel comme avec des étoiles — maintenant le Dieu éternel te dit : "Vous ne me plaisez plus et je n'accepterai plus de don de votre main. Il est pour Moi pareil à des excréments et je vous le rejetterai à la face et il y restera attaché. Vos solennités, toutes extérieures, me dégoûtent. Je supprime le pacte avec la race d'Aaron et je le passe aux fils de Lévi parce que, voilà, celui-ci est mon Lévi, et avec Lui pour toujours j'ai fait un pacte de vie et de paix et Lui m'a été fidèle dans les siècles des siècles, jusqu'au sacrifice. Il a eu la sainte crainte du Père et il a tremblé à cause de son courroux d'offensé, au seul son de mon Nom offensé. La loi de la vérité a été sur sa bouche, et sur ses lèvres il n'y a pas eu d'iniquité, il a marché avec Moi dans la paix et l'équité, et il en a retiré beaucoup du péché. Le temps est venu où en tout lieu, et non plus sur l'unique autel de Sion, car vous ne méritez pas de l'y offrir, sera sacrifiée et offerte à mon Nom l'Hostie pure, immaculée, agréable au Seigneur' '. Les reconnaissez-vous les éternelles paroles ?" "Nous les reconnaissons, notre Seigneur. Et crois-le, nous sommes abattus comme si on nous avait frappés. N'est-il pas possible de dévier le destin ?" "Tu l'appelles destin, Bartholmaï ?" "Je ne saurais quel autre nom..." "Réparation. Voilà le nom. On n'offense pas le Seigneur sans que l'offense doive être réparée. Et Dieu Créateur a été offensé par le Premier qui a été créé. Depuis lors, l'offense n'a pas cessé de croître.

Et elle n'a pas servi l'inondation du Déluge, ni la pluie de feu sur Sodome et Gomorrhe à rendre l'homme saint. Pas l'eau et pas le feu. La Terre est une Sodome sans limite où passe, libre et roi, Lucifer. Alors que vienne une trinité pour la laver : le feu de l'amour, l'eau de la douleur, le Sang de la Victime. Voici, ô Terre, mon don. Je suis venu pour te le donner. Et maintenant je me déroberais à son accomplissement ? C'est Pâque, on ne peut fuir." "Pourquoi ne vas-tu pas chez Lazare ? Ce ne serait pas fuir, mais chez lui, on ne te toucherait pas." "Simon parle bien. Je t'en supplie, Seigneur, fais-le !" crie Judas Iscariote en se jetant aux pieds de Jésus. A son geste répond un déluge de larmes de Jean, et bien que plus maîtres de leur douleur, les cousins pleurent ainsi que Jacques et André. "Tu me crois le "Seigneur" ? Regarde-moi !" et Jésus transperce de son regard le visage angoissé de l'Iscariote, car il est réellement angoissé, ce n'est pas une feinte. C'est peut-être la dernière lutte de son âme avec Satan, et il ne sait pas triompher. Jésus l'étudie et suit la lutte comme un homme de science pourrait étudier une crise d'un malade. Puis il se lève brusquement et si violemment que Judas, appuyé sur ses genoux, se trouve repoussé et retombe assis par terre. Jésus recule aussi, le visage bouleversé, et il dit : "Pour faire arrêter aussi Lazare ? Double proie et double joie par conséquent. Non, Lazare se garde pour le Christ à venir, pour le Christ triomphant. Un seul sera jeté au-delà de la vie, et il ne reviendra pas. Moi, je reviendrai. Mais lui ne reviendra pas. Mais Lazare reste. Toi, toi qui sais tant de choses, tu sais aussi celle-là. Mais ceux qui espèrent avoir double profit en capturant l'aigle avec l'aiglon, dans leur nid et sans difficulté, peuvent être sûrs que l'aigle a les yeux sur tous, et que par amour pour son petit il ira loin du nid pour être pris Lui seul, en le sauvant. Je suis tué par la haine et pourtant je continue à aimer. Allez. Moi, je reste à prier. Jamais comme à l'heure où je vis, je n'ai eu besoin d'élever mon âme au Ciel." "Laisse-moi rester avec Toi" supplie Jean.  "Non. Vous avez tous besoin de repos. Va-t'en." "Tu restes seul ? Et s'ils te font du mal ? Tu semblés souffrant aussi... Moi, je reste" dit Pierre. "Toi aussi, va avec les autres. Laissez-moi oublier les hommes pour une heure ! Laissez-moi en contact avec les anges de mon Père ! Ils remplaceront ma Mère, qui s'épuise en larmes et en prière, que je ne puis charger de ma douleur désolée. Allez."

"Tu ne nous donnes pas la paix ?" demande son cousin Jude. "Tu as raison. Que la paix du Seigneur se pose sur ceux qui ne sont pas opprobre à ses yeux. Adieu" et Jésus pénètre en montant un talus au milieu des oliviers. "Et pourtant... ce qu'il dit c'est vraiment dans l'Écriture ! Et quand on l'entend de Lui on comprend pourquoi et pour qui c'est dit" murmure Barthélemy. "Moi, je l'ai dit à Pierre dans l'automne de la première année..." dit Simon. "C'est vrai... Mais... Non ! Moi vivant, je ne le laisserai pas prendre. Demain..." dit Pierre. "Que feras-tu demain ?" demande l'Iscariote. "Ce que je ferai ? Je parle avec moi-même. C'est un temps de conjuration. A l'air même je ne confierai pas ma pensée. Et toi, qui es puissant, tu l'as dit tant de fois, pourquoi ne cherches-tu pas protection pour Jésus ?" "Je le ferai, Pierre. Je le ferai. Ne vous étonnez pas si je suis parfois absent. Je travaille pour Lui. Ne le Lui dites pas, pourtant". "Sois tranquille, et que tu sois béni. Parfois je me suis défié de toi, mais je m'en excuse. Je vois que tu es meilleur que nous au bon moment. Tu agis... moi, je ne sais que parler à vide" dit Pierre, humble et sincère. Et Judas rit comme si la louange lui plaisait. Ils s'éloignent du Gethsémani vers la route qui va à Jérusalem.

Texte extrait de l'Evangile tel qu'il m'a été révélé, Tome 9, chapitre 11 et 12

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