Chemin de Croix Eucharistique
Chemin de Croix Eucharistique
Texte de Saint Pierre-Julien Eymard
Première
station
Jésus est condamné à mort
O Christ, nous Vous adorons et nous Vous bénissons,
Parce
que Vous avez racheté le monde par Votre Sainte Croix.
Jésus est condamné par les siens, par ceux-là mêmes qu'Il a comblés de ses faveurs. On Le condamne comme séditieux, Lui la Bonté même; comme blasphémateur, Lui la Sainteté même; comme ambitieux, Lui qui s'est fait le dernier de tous. On le condamne à la mort de la Croix comme le dernier des esclaves. Jésus accepte avec amour cette sentence de mort: c'est pour souffrir et pour mourir qu'Il est venu ici-bas, et pour nous apprendre à faire l'un et l'autre. Jésus est encore condamné à mort en son Eucharistie. Dans ses grâces d'abord, dont on ne veut pas; dans son amour, qu'on méconnaît; dans son état sacramentel, par l'incrédule qui le nie, par l'horrible sacrilège. Par la communion indigne, le mauvais chrétien vend Jésus-Christ au démon, le livre à ses passions, le met aux pieds du démon, roi de son cœur; il le crucifie dans son corps de péché. Jésus est plus maltraité par les mauvais chrétiens que par les Juifs: à Jérusalem, Il ne fut condamné qu'une fois, et au Saint Sacrement, tous les jours et en milliers de lieux, et par un nombre épouvantable de juges iniques. Et cependant Jésus se laisse insulter, mépriser, condamner: Il continue toujours Sa vie sacramentelle, afin de nous montrer que son amour pour nous est sans condition ni réserve, qu'Il est plus grand que notre ingratitude. O Jésus, pardon, mille fois pardon pour tous les sacrilèges! S'il m'était arrivé d'en commettre jamais, je veux passer ma vie à les réparer, et Vous aimer et Vous honorer pour ceux qui Vous méprisent; faites-moi la grâce de mourir avec Vous!
Notre
Père, Je vous salue Marie, Gloire...
Jésus est chargé de sa Croix
O
Christ, nous Vous adorons et nous Vous bénissons,
Parce
que Vous avez racheté le monde par Votre Sainte Croix.
A Jérusalem, les Juifs imposent à Jésus une lourde et ignominieuse Croix: c'était alors l'instrument de supplice des derniers des hommes. Jésus reçoit cette Croix accablante avec joie; Il la reçoit avec empressement, la baise avec amour et la porte avec douceur. Il veut par là nous l'adoucir, nous l'alléger, nous la rendre douce et aimable, et la déifier dans Son Sang. Au divin sacrement de l'autel, les mauvais chrétiens imposent à Jésus une Croix bien plus lourde, bien plus ignominieuse pour Son Cœur. Cette Croix, ce sont leurs irrévérences dans le saint lieu, leur esprit si dissipé, leur cœur si froid en sa présence, leur dévotion si tiède. Quelle Croix humiliante pour Jésus que d'avoir des enfants si peu respectueux, des disciples si misérables! En Son Sacrement encore, Jésus porte mes croix; Il les met sur Son Cœur pour les sanctifier; Il les couvre de son amour, de ses baisers, pour me les rendre aimables; mais Il veut que je les porte pour Lui, que je les Lui offre; Il veut bien recevoir les épanchements de ma douleur, souffrir que je pleure sur mes croix, que je Lui demande secours et consolation. Oh! qu'elle devient légère la croix qui passe par l'Eucharistie! Qu'elle sort belle et radieuse du Cœur de Jésus! Comme il fait bon la recevoir de Ses mains, la baiser après Lui! C'est donc là que j'irai me réfugier dans mes peines; là que j'irai me consoler et me fortifier; là que j'irai apprendre à souffrir et à aimer! Pardon, Seigneur, pardon pour ceux qui Vous traitent sans respect dans Votre Sacrement d'Amour; pardon pour mes indifférences, mes oublis en votre présence: je veux Vous aimer, je Vous aime de tout mon cœur!
Notre
Père, Je vous salue Marie, Gloire...
Jésus tombe une première fois
O
Christ, nous Vous adorons et nous Vous bénissons,
Parce
que Vous avez racheté le monde par Votre Sainte Croix.
Jésus avait été si épuisé de sang dans les trois heures de Son Agonie et sous les coups de la flagellation, si affaibli par la nuit cruelle qu'Il passa en la garde de ses ennemis, qu'après quelques moments de marche, Il tombe accablé sous le poids de sa Croix. Que de fois Jésus-Eucharistie tombe à terre dans les saintes parcelles, sans qu'on s'en doute! Mais ce qui le fait tomber de douleur, c'est la vue du premier péché mortel qui souilla mon âme! Ah! qu'elle est encore plus douloureuse la chute que fait Jésus dans un jeune cœur qui le reçoit indignement au jour de sa première communion! Il tombe sur ce cœur de glace, que le Feu de Son Amour ne peut fondre; sur cet esprit orgueilleux et dissimulé, sans pouvoir le toucher; dans ce corps qui n'est qu'un tombeau. Hélas! faut-il traiter ainsi Jésus la première fois qu'Il vient à nous si plein d'Amour? O Jésus! merci de l'Amour que Vous m'avez témoigné à ma Première Communion: jamais je ne l'oublierai; je suis à Vous, tout à Vous, puisque Vous êtes tout à moi: faites de moi ce qu'il Vous plaira.
Notre
Père, Je vous salue Marie, Gloire...
Jésus rencontre Sa Sainte Mère
O Christ, nous Vous adorons et nous Vous bénissons,
Parce que Vous avez racheté le monde par Votre Sainte Croix.
Marie
accompagne Jésus sur la route du Calvaire: elle y endure un
véritable martyre dans son âme; mais quand on aime, on veut
compatir. Ah! aujourd'hui, le Cœur eucharistique de Jésus rencontre
sur le chemin de ses douleurs, au milieu de ses ennemis, les enfants
de Son Amour, les épouses de Son Cœur, les ministres de ses grâces,
qui, bien loin de le consoler comme Marie, s'unissent à ses
bourreaux pour l'humilier, le blasphémer, le renier! Que de renégats
et d'apostats abandonnent le service et l'amour de l'Eucharistie dès
que ce service demande un sacrifice ou un acte de foi pratique! O
Jésus, mon bon Sauveur, je veux Vous suivre humilié, insulté,
maltraité, avec Marie ma Mère, et Vous dédommager par mon amour!
Notre Père, Je vous salue Marie, Gloire...
Cinquième
station
Le Cyrénéen aide Jésus à porter Sa Croix
O Christ, nous Vous adorons et nous Vous bénissons,
Parce
que Vous avez racheté le monde par Votre Sainte Croix.
Jésus s'affaissait de plus en plus sous Son fardeau; les Juifs, qui voulaient le faire mourir sur la Croix, pour mettre le comble à Ses humiliations, sollicitèrent Simon de Cyrène de prendre la Croix de Jésus. Celui ci s'y refusait, et il fallut le contraindre à se charger de cet instrument qui lui paraissait plein d'ignominie: il se soumit, et mérita que Jésus touchât son cœur et le convertît. En Son Sacrement, Jésus appelle les hommes à Lui, et presque personne ne répond à ses invitations: Il les convie à Son Banquet Eucharistique, et l'on a mille prétextes pour refuser de s'y rendre. L'âme ingrate et infidèle refuse la grâce de Jésus-Christ, le don le plus excellent de Son Amour; et Jésus reste seul, abandonné, les mains pleines de grâces dont on ne veut pas: on a peur de son amour! Au lieu des respects qui Lui sont dus, Jésus ne reçoit, la plupart du temps, que des irrévérences. On rougit de le rencontrer dans les rues; on le fuit dès qu'on l'aperçoit; on n'ose pas Lui donner les témoignages extérieurs de sa foi. Divin Sauveur, est-ce possible? Hélas! il n'est que trop vrai, et je sens les reproches que m'adresse ma conscience. Oui, souvent, attaché à ce qui me plaisait, j'ai refusé d'entendre Votre appel; souvent, pour ne pas être obligé de me corriger, j'ai rejeté l'invitation à Votre Table dont Vous m'honoriez dans Votre Amour: je le regrette du fond du cœur. Je comprends qu'il vaut mieux tout laisser que de manquer par sa faute une communion, la plus grande et la plus aimable de Vos grâces. Oubliez le passé, bon Sauveur, et recevez et gardez Vous-même mes résolutions pour l'avenir.
Notre
Père, Je vous salue Marie, Gloire...
Une pieuse femme essuie la Face de Jésus
O
Christ, nous Vous adorons et nous Vous bénissons,
Parce que Vous avez racheté le monde par Votre Sainte Croix.
Le
Sauveur n'a plus une Face humaine: les bourreaux l'ont couverte de
sang, de boue, de crachats! Lui, la splendeur de Dieu, Il est
méconnaissable, et, Son Visage Divin est couvert de souillures. La
pieuse Véronique brave les soldats: sous les crachats, elle a
reconnu son Sauveur et son Dieu, et, mue de compassion, elle essuie
ce Visage auguste. Jésus la récompense en imprimant ses traits sur
le linge dont elle essuie Sa Face adorable. Divin Jésus, vous êtes
bien outragé, bien insulté, bien profané dans Votre adorable
Sacrement et où sont les Véroniques compatissantes qui viennent
réparer ces abominations? Ah! on est attristé, épouvanté que tant
de sacrilèges soient commis si facilement contre le Sacrement
auguste: on dirait que Jésus-Christ n'est plus parmi nous qu'un
étranger indifférent, méprisable même! Il est vrai qu'Il voile Sa
Face sous le nuage d'espèces bien faibles, bien humbles: c'est pour
que notre amour y découvre par la Foi ses traits divins. Seigneur,
je crois que Vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant, et j'adore
sous le voile eucharistique Votre Face adorable, pleine de gloire et
de majesté; daignez, Seigneur, imprimer Vos traits dans mon cœur,
pour que je porte partout avec moi Jésus, et Jésus-Eucharistie.
Notre
Père, Je vous salue Marie, Gloire...
Septième
station
Jésus tombe une deuxième fois
O Christ, nous Vous adorons et nous Vous bénissons,
Parce
que Vous avez racheté le monde par Votre Sainte Croix.
Malgré l'aide de Simon, Jésus succombe une seconde fois à sa faiblesse: c'est pour Lui l'occasion de nouvelles souffrances; Ses genoux, Ses mains sont déchirés par ces chutes sur un chemin ardu, et les mauvais traitements de ses bourreaux redoublent avec leur rage. Oh! que le secours de l'homme est nul sans celui de Jésus-Christ! et que de chutes se prépare celui qui s'appuie sur les hommes! Que de fois aujourd'hui le Dieu de l'Eucharistie tombe par la communion dans des coeurs lâches et tièdes qui le reçoivent sans préparation, le gardent sans piété, le laissent aller sans un acte d'amour et de reconnaissance! Aussi Jésus reste-t-Il stérile en nous, à cause de notre tiédeur. Qui oserait recevoir un grand de la terre avec aussi peu de soins qu'on reçoit tous les jours le Roi du ciel? Divin Sauveur, je Vous fais amende honorable pour toutes mes communions tièdes et faites sans dévotion. Que de fois déjà Vous êtes venu en moi! Je Vous en remercie, et je veux Vous être fidèle à l'avenir: accordez-moi Votre Amour, il suffit!
Notre
Père, Je vous salue Marie, Gloire...
Jésus
console les pieuses femmes désolées
O Christ, nous Vous adorons et nous Vous bénissons,
Parce
que Vous avez racheté le monde par Votre Sainte Croix.
C'était la Mission du Sauveur aux jours de Sa vie mortelle, de consoler les affligés et les persécutés. Il veut y être fidèle dans le moment même de Ses plus grandes souffrances; Il s'oublie Lui-même, et essuie les larmes des pieuses femmes qui pleuraient sur ses douleurs et sur sa Passion: quelle Bonté! En Son Divin Sacrement, Jésus n'a presque jamais personne pour le consoler de l'abandon des siens, des crimes dont il est l'objet. Il est là, seul, les jours et les nuits. Ah! si Ses yeux pouvaient pleurer, que de larmes ils répandraient sur l'ingratitude et l'abandon des siens! Si Son Cœur pouvait encore souffrir, quels tourments Il endurerait de Se voir ainsi délaissé, même de ses amis! Malgré cela, dès que nous venons à Lui, Il nous accueille avec Bonté, écoute nos plaintes, le récit souvent bien long et bien égoïste de nos misères, et Il s'oublie Lui-même pour nous consoler, nous refaire. Divin Sauveur, pourquoi ai-je recours si souvent aux consolations des hommes au lieu de m'adresser à Vous? Je sens que cela blesse Votre Cœur jaloux de mon cœur; soyez en Votre Eucharistie mon unique consolation, mon seul confident: une parole, un regard de votre bonté me suffisent. Que je Vous aime de tout mon cœur, et faites de moi tout ce qu'Il vous plaira !
Notre
Père, Je vous salue Marie, Gloire...
Jésus tombe pour la troisième fois
O
Christ, nous Vous adorons et nous Vous bénissons,
Parce
que Vous avez racheté le monde par Votre Sainte Croix.
Quelles souffrances dans cette troisième chute de Jésus! Il reste écrasé sous le poids de Sa Croix, et les mauvais traitements de ses bourreaux peuvent à peine le relever. Jésus veut tomber une troisième fois avant d'être élevé sur la Croix, comme pour témoigner qu'Il regrette de ne pouvoir faire le tour de la terre chargé de Sa Croix. Jésus viendra une dernière fois en moi en viatique avant que je quitte, moi aussi, cette terre d'exil. Ah! Seigneur, accordez-moi cette grâce, la plus précieuse de toutes, et le complément de toutes celles de ma vie! Mais que je Vous reçoive bien à cette dernière communion si pleine d'amour! Quelle chute épouvantable que celle de Jésus tombant, pour la dernière fois dans le cœur d'un mourant qui, à tous ses péchés passés, ajoute le crime du sacrilège, reçoit indignement Celui qui va le juger, et profane ainsi le viatique de son Salut! En quel douloureux état doit se trouver Jésus dans un cœur qui le déteste, dans un esprit qui le méprise, dans un corps de péché livré au démon! Hélas! c'est l'enfer de Jésus sur la terre! Mais quel sera le jugement de ces malheureux? On tremble d'y penser. Seigneur, pardon, pardon pour eux: nous Vous prions pour tous les moribonds; accordez-leur de mourir dans Vos bras après Vous avoir bien reçu en viatique.
Notre
Père, Je vous salue Marie, Gloire...
Jésus est dépouillé de Ses vêtements
O
Christ, nous Vous adorons et nous Vous bénissons,
Parce
que Vous avez racheté le monde par Votre Sainte Croix.
Qu'Il doit souffrir dans ce dépouillement cruel et impitoyable! On Lui arrache ses vêtements collés à Ses Plaies, on les rouvre, on le déchire! Qu'Il doit souffrir dans sa modestie, d'être traité comme on rougirait de le faire d'un misérable et d'un esclave; qui meurent au moins dans le suaire qui doit les ensevelir! Jésus est encore dépouillé de ses vêtements en son état sacramentel. Non content de le voir dépouillé, par Son Amour pour nous, de la gloire de Sa Divinité, de la beauté de Son Humanité, ses ennemis le dépouillent de l'honneur de Son Culte, pillent Ses églises, profanent Ses vases sacrés et Ses Tabernacles, Le jettent à terre: Il est livré à leur merci sacrilège, Lui, le Roi et le Sauveur des hommes, comme au jour de Son crucifiement. En se laissant ainsi dépouiller en l'Eucharistie, Jésus veut nous réduire à l'état de pauvres volontaires, qui ne tiennent plus à rien, pour nous revêtir de Sa vie et de Ses vertus. O Jésus-Eucharistie, soyez mon unique bien!
Notre
Père, Je vous salue Marie, Gloire...
Onzième
station
Jésus est cloué sur la Croix
O
Christ, nous Vous adorons et nous Vous bénissons,
Parce que Vous avez racheté le monde par Votre Sainte Croix.
Quels
tourments que ceux qu'endure Jésus quand on Le crucifie! Sans un
miracle de Sa puissance, Il n'eut pu les supporter sans mourir. Mais
au Calvaire, Jésus est attaché à un bois innocent et pur: dans la
communion indigne, le pécheur crucifie Jésus en son corps de péché,
comme si l'on attachait un corps vivant à un cadavre en
décomposition. Sur le Calvaire, Il est crucifié par ses ennemis
déclarés; ici, par ses enfants qui Le crucifient dans l'hypocrisie
de la dévotion. Sur le Calvaire, Il n'est crucifié qu'une fois;
ici, c'est tous les jours et par des milliers de chrétiens. O Divin
Sauveur, je Vous demande pardon des immortifications de mes sens:
Vous les expiez bien cruellement! Vous voulez, par Votre Eucharistie,
crucifier ma nature, immoler sans cesse le vieil homme, et m'unir à
Votre vie crucifiée et ressuscitée: faites, Seigneur, que je me
livre tout à Vous sans réserve ni condition.
Notre
Père, Je vous salue Marie, Gloire...
Jésus expire sur la Croix
O
Christ, nous Vous adorons et nous Vous bénissons,
Parce que Vous avez racheté le monde par Votre Sainte Croix.
Jésus
meurt pour nous racheter; sa dernière grâce est le pardon accordé
à ses bourreaux; le dernier don de son amour, sa divine Mère; son
dernier désir, la soif de souffrir; son dernier acte, l'abandon de
son âme et de sa vie entre les mains de son Père. En la divine
Eucharistie, Jésus continue l'amour qu'il me témoigna à sa mort;
tous les matins, on s'immole au Saint Sacrifice, et il vient perdre
en ceux qui le reçoivent son existence sacramentelle: dans le coeur
du pécheur, il meurt pour sa condamnation. De son hostie, il m'offre
les grâces de ma rédemption, le prix de mon salut. Mais pour que je
puisse y participer, il veut que je meure avec lui et pour lui.
Faites-moi cette grâce, Ô mon Dieu, de mourir au péché et à
moi-même, et de ne plus vivre que pour vous aimer en votre
Eucharistie.
Notre
Père, Je vous salue Marie, Gloire...
Treizième station
Jésus est remis à Sa Mère
O
Christ, nous Vous adorons et nous Vous bénissons,
Parce que Vous avez racheté le monde par Votre Sainte Croix.
Jésus
est déposé de la Croix et remis à Sa Divine Mère, qui Le reçoit
entre Ses bras et sur Son Cœur, et l'offre à Dieu comme la Victime
de notre Salut. C'est à nous maintenant d'offrir Jésus Victime à
l'Autel et dans nos coeurs, pour nous et pour les nôtres. Il est à
nous: Dieu le Père nous le donne; il se donne Lui-même pour que
nous le fassions valoir. Quel malheur que ce Prix infini demeure
infructueux entre nos mains par suite de notre indifférence!
Offrons-Le en union avec Marie, et prions cette Bonne Mère de
l'offrir avec nous.
Notre
Père, Je vous salue Marie, Gloire...
Jésus est mis dans le Sépulcre
O
Christ, nous Vous adorons et nous Vous bénissons,
Parce que Vous avez racheté le monde par Votre Sainte Croix.
Jésus
veut subir l'humiliation du tombeau, et Il est abandonné à la garde
de ses ennemis: Il est encore leur prisonnier. Mais c'est en
l'Eucharistie que Jésus est vraiment enseveli; au lieu d'y rester
trois jours, il y reste toujours, et c'est nous qu'Il convie à le
garder. Il est notre Prisonnier d'Amour. Le corporal l'enveloppe
comme un suaire! La lampe brille devant Son Autel comme devant les
tombeaux; autour de Lui règne un silence de mort. En venant en notre
cœur par la Communion, Jésus veut encore s'ensevelir en nous;
préparons Lui une sépulture honorable, neuve, blanche, qui ne soit
pas occupée par les affections terrestres; embaumons-le du parfum de
nos vertus. Venons, pour ceux qui ne viennent pas, l'honorer,
l'adorer en Son Tabernacle, le consoler dans Sa prison, et
demandons-Lui la grâce du recueillement et de la mort au monde, pour
mener une vie cachée en l'Eucharistie.
Notre
Père, Je vous salue Marie, Gloire...
Saint Pierre-Julien Eymard
Fondateur de la Congrégation des Pères du Saint-Sacrement et des Servantes du Saint-Sacrement
1811-1868
Saint Pierre-Julien Eymard est né à La Mure, diocèse de Grenoble, le 4 février 1811, de parents de modeste condition, mais très chrétiens. On put comprendre, dès ses premières années, qu'il serait un grand serviteur de l'Eucharistie, car il ressentit de très bonne heure un irrésistible attrait pour le très Saint-Sacrement. Tout jeune, il aimait à visiter l'église, se cachait derrière l'autel, fixait les yeux sur le Tabernacle "pour y prier plus près de Jésus et L'écouter". Être prêtre, monter un jour à l'autel, consacrer et distribuer l'Eucharistie, tel était dès lors le rêve de cet enfant prédestiné. Sa vocation fut longtemps éprouvée par la résistance de son père et par sa mauvaise santé; mais son énergie triompha de tous les obstacles, par le secours de Marie, dont il aimait à visiter les sanctuaires vénérés, surtout celui de Notre-Dame du Laus. Prêtre en 1834, vicaire, puis curé, pendant plusieurs années, il se montra partout un saint et un apôtre. Son amour pour la Sainte Vierge le fit entrer dans la Société de Marie, où il remplit bientôt de hautes fonctions avec toutes les bénédictions de Dieu. Sa Mère céleste lui révéla, à Fourvières, sa vraie vocation, celle de fonder une Congrégation du très Saint-Sacrement. Sa grande foi triompha de toutes les difficultés, et ses oeuvres prospérèrent merveilleusement, pour la gloire de Jésus-Hostie. Épuisé de fatigues, il mourut prématurément le 1er août 1868. On peut dire sans exagération qu'il fut le promoteur, par lui-même et par ses religieux, de toutes les grandes oeuvres eucharistiques de notre temps. Le Pape Pie XI l'a béatifié le 3 août 1925.
Abbé L. Jaud, Vie des Saints, Tours, Mame, 1950
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