Le Mois de la Vierge des Douleurs
Le Mois de la Vierge des Douleurs
Douzième jour
Tristesse de la très Sainte Vierge lorsqu'elle perdit Jésus dans le temple
La sainte Famille avait demeuré sept ans en Egypte par l'ordre exprès du Seigneur, et avait beaucoup souffert dans ce long exil, lorsqu'un Ange signifia à Saint Joseph de retourner en Israël. Le retour fut plus pénible encore que n'avait été le voyage précédent. Quand il fallut fuir, l'Enfant Jésus pouvait se porter au bras; mais à l'âge de sept ans, dit Saint Bonaventure, il était trop grand pour être porté, et trop petit pour faire à pied un si long voyage. Le cœur de Marie était donc plus affligé qu'auparavant en cette circonstance, et par rapport à son cher Fils, et par la peine de Joseph devenu plus âgé. Dans la fuite, la très-Sainte Vierge éloignait son Fils de ses ennemis; en retournant en Judée, elle leur allait au-devant et conduisait Jésus à la mort; car elle savait qu'il serait un jour la victime de leur barbarie. Enfin, de retour à Nazareth, Jésus, Marie et Joseph y vécurent dans le travail et avec beaucoup de peine; ils n'en sortaient qu'aux jours de fêtes, où, suivant la loi, ils allaient au temple de Jérusalem, pour écouter les divins oracles des livres saints, participer aux sacrifices, et célébrer les solennités légales. Ils avaient toujours eu l'Enfant Jésus avec eux, et rien de fâcheux ne leur était encore arrivé dans ces voyages; mais lorsque le Sauveur eut atteint l'âge de douze ans, ils le conduisirent, selon leur coutume, à Jérusalem, pour y faire la Pâques. Ils assistèrent pieusement aux sacrifices de la solennité, pendant sept jours,dans le temple. Lorsqu'ils retournèrent à Nazareth, le divin Enfant demeura à Jérusalem sans qu'ils y fissent attention, et ils ne s'en aperçurent qu'après une journée de chemin. Quelle douleur pour Marie et pour Joseph! Ils étaient arrivés dans l'asile où ils devaient passer la nuit, et ne virent point leur bien-aimé. Jésus s'était caché ou rendu invisible à leur départ de Jérusalem. Sa tendre Mère et son fidèle gardien, par une disposition admirable de la Providence, pensèrent que Jésus s'était joint à d'autres familles de Nazareth, également venues à la fête. Mais quelles furent les angoisses de Marie quand elle vit que son divin Fils ne s'y trouvait pas! Joseph dit: nous l'avons donc perdu! que sera devenu ce cher Fils? Puis-je vivre sans lui! retournons sur le champ sur nos pas; demandons-le; cherchons-le... non, mon cœur ne pouvait être frappé plus douloureusement; allons, ne perdons pas un moment; hâtez-vous... de grâce, hâtez-vous.... En effet, Marie se met en marche quoiqu'il soit dejà nuit, elle cherche Jésus parmi les parents et les connaissances qu'elle rencontre, et retourne à Jérusalem. Ses larmes sont plus nombreuses que ses pas; ses soupirs continuels embarrassent sa respiration; et à tout instant, elle dit aux passants comme l'épouse du Cantique: « Avez-vous vu le bien-aimé de mon âme? » Mais, hors de Jérusalem comme dans Jérusalem, personne ne lui en donne des nouvelles. Elle s'écrie dans sa douleur: « Saints Anges, qui accompagnez ce Fils adorable; éléments, qui lui obéissez; soleil, qui éclairez son séjour; montrez-le-moi! Cette Vierge désolée pleure le jour et la nuit; inconsolable, son amertume va toujours croissant, elle ne peut prendre ni nourriture ni repos, parce qu'elle a perdu à la fois son Fils, son père, son époux, son trésor, son Dieu. L'esprit agité de mille lugubres pensées, le cœur déchiré par une séparation si inattendue et si douloureuse, elle se meurt: Père Eternel, ayez pitié de cette mère désolée, sa vie est en danger; de grâce faites-lui trouver son. Fils!... Mais non, elle en sera privée pendant trois jours... Elle court, elle revient, elle demande encore Jésus dans les maisons et dans les rues; peine inutile! son deuil augmente, ses angoisses n'ont plus de bornes!... Enfin, au bout du troisième jour, elle vient au temple toute éplorée, et en y entrant elle voit son divin Fils assis au milieu des Docteurs? les écoutant et leur proposant des questions sur la loi de Moïse... La douleur de Marie avait été si vive pendant ces trois jours, son cœur en avait été oppressé à un tel point, qu'en revoyant Jésus elle ne put s'empêcher de lui faire cette douce plainte: « Mon fils, pourquoi en avez-vous usé ainsi envers nous? Nous vous cherchions, votre père et moi, étant fort affligés ».
Colloque
O Vierge admirable! que de larmes vous répandîtes pendant les trois funestes jours où vous fûtes privée de votre souverain bien! Ah! combien ce cruel martyre m'apprend à connaître et à pleurer l'aveuglement et la dureté de mon cœur! Vous étiez l'innocence même, par une grâce spéciale vous étiez impeccable, et vous gardiez Jésus dans votre cœur comme sur un trône ou il prenait ses complaisances; et cependant vous pleurates amèrement jour et nuit sa perte, et vous le cherchâtes sans délai et sans relâche. Et moi, j'ai eu le malheur de le perdre volontairement tant de fois, et de le chasser de mon cœur par tant de péchés et avec une si noire ingratitude!... Toute autre perte, dit Saint Augustin, plonge les imprudents dans la tristesse, l'abattement et le désespoir... Mais bêlas! en perdant Jésus, je perds mon Dieu, et néanmoins, par une indifférence qui tient du sacrilège, je mange, tranquillement, je vis content, et j'ose goûter les douceurs du repos! Quelle folie! et qui me donnera une fontaine de larmes intarissable pour pleurer mon, âme privée de son Dieu? O sainte Mère! apprenez-moi à chercher Jésus, puisqu'en le perdant je perds tout à la fois, mon âme, mon Dieu, ma félicité, le Ciel. O Mère de miséricorde, faites que je le cherche avec ardeur et constance, de peur qu'après ne l'avoir pas cherché, maintenant que je puis le trouver, je ne le cherche en vain dans la suite. O Marie ! faites-moi trouver Jésus pendant ma vie et à l'heure de ma mort, en me faisant trouver sa grâce; mais surtout faites qu'après ma mort je retrouve Jésus dans sa gloire. Et vous, ô mon Dieu! qui voulûtes peut-être vous cacher pour que Votre tendre Mère vous retrouvât par le mérite de ses larmes, de grâce exaucez sa prière tandis que je vous adresse ces désirs du chartreux Lodolphe: « Seigneur Jésus-Christ, Fils du Dieu vivant, que vos parents cherchèrent pendant trois jours, et qu'ils trouvèrent enfin dans le temple, faites que ma pauvre âme vous désire, qu'en vous désirant elle vous cherche, qu'en vous cherchant elle vous trouve, qu'en vous trouvant elle vous aime, qu'en vous aimant elle rachète ses péchés, et qu'en les rachetant elle n'y retombe jamais. Ainsi soit-il.
O Marie! qui pourrait comprendre seulement votre long martyre, lorsque, pendant trois jours, vous crûtes avoir perdu votre Fils unique et votre souverain bien!
Exemple
La Bienheureuse Bienvenued'Autriche, de l'Ordre de Saint Dominique, méditant un jour avec une ferveur extraordinaire la douleur de Marie lorsqu'elle eut perdu Jésus dans le temple, la pria instamment de lui en faire éprouver quelque sentiment. A l'instant elle voit une dame majestueuse tenant un enfant d'une beauté ravissante, d'une figure divine et rayonnante de gloire. A cette vue , la sainte religieuse fut tellement inondée de délices, qu'il lui semblait jouir du bonheur du Ciel. Elle ne se rassasiait pas de contempler et l'enfant et la mère. Mais au moment où cette vue la rendait heureuse, la vision disparut tout à coup. Elle en fut si affligée et sa douleur fut si vive qu'elle semblait mourir à chaque instant. Pendant trois jours elle ne fit que pleurer, attribuant à sa faute la perte de son céleste contentement. Au bout des trois jours, la très-Sainte Vierge lui apparut de nouveau tenant son divin Fils au bras, et lui dit: « Ne m'avez-vous pas demandé de participer un peu à ma peine lorsque je perdis Jésus dans le temple? Vous en avez fait l'essai ; mais n'y pensez plus, parce que votre faible santé ne pourrait résister à une si vive douleur ». (Marches. Diar. Di Mar. 30. 8°)
Pratique: Jeûner le premier vendredi en l'honneur de Notre Dame des Douleurs.
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