Le Mois de la Vierge des Douleurs
Vingt-septième jour
Martyre de la très Sainte Vierge à la mort du Sauveur
Enfin, le Sauveur avait passé trois heures dans l'agonie la plus douloureuse, il avait recommandé ses ennemis à son Père, sa Mère à son disciple, son esprit à Dieu son Père; on voyait ses yeux éteints; ses joues horriblement creuses; sa bouche ouverte et pleine de sang et de fiel amer; ses oreilles avaient été remplies de malédictions et de blasphèmes; ses traits étaient effacés; une pâleur mortelle régnait sur son corps qui avait perdu tout son sang; ses bras et la plante des pieds étaient raides et retirés; maudit au dehors, maudit au dedans par la justice divine, le terme de ses souffrances approchait; et à la neuvième heure, le Sauveur, mourant, prononça cet oracle mystérieux: « Tout est consommé! » il inclina modestement la tête sur sa poitrine, et rendit l'esprit. O mon Dieu! ici la force manque pour exprimer le martyre de Marie désolée à ce spectacle; quelle couleur pourrait d'ailleurs esquisser l'ombre la plus faible? Si le soleil déroba sa lumière en ce moment, si une nuit extraordinaire ensevelit l'Univers dans les ténèbres, si les vents se déchaînèrent, si l'éclat de la foudre vint ajouter à l'horreur des ténèbres, si les rochers se fendirent, si la terre fut ébranlée dans ses fondements, si les morts sortirent de leurs tombeaux, enfin, si la nature entière fut bouleversée et pleura la mort de son Auteur, qui pourrait exprimer l'abîme de douleur et de désolation où fut plongée Marie en ce moment funeste? Dans quelle défaillance ne sera-t-elle pas tombée à la vue de l'agonie et de la mort violente et ignominieuse de son Fils unique, de ce Fils très saint, infiniment aimable, et qu'elle chérissait de toute son âme, dans l'ordre de la nature, comme son fils, et dans l'ordre surnaturel, comme son Dieu? Marie disait alors, suivant Saint Bernard: « En ce moment, tout à la fois, je perds mon Père, je suis privée de mon Epoux, je n'ai plus de Fils, je perds tout! Elle dut dire avec plus de douleur et de tendresse encore que David: Qui me donnera de mourir pour vous, mon Fils! » Et, sans aucun doute, sa propre mort lui aurait été beaucoup moins douloureuse que celle de son Fils qu'elle aimait plus qu'elle-même. O supplice immense et inexprimable pour Marie, de voir expirer l'Homme-Dieu au milieu de mille supplices, d'en être spectatrice, et de ne pouvoir soutenir la tête mourante de Jésus, ni essuyer sa sueur mortelle! Ah! la douleur de Marie fut si excessive, qu'on peut affirmer qu'après avoir partagé elle-même pendant trois heures les angoisses et l'agonie de Jésus,elle mourut avec son Fils crucifié. Si Marie ne mourut pas naturellement sous le poids de la plus atroce douleur au pied de là Croix, c'est que le Ciel lui refusa encore cette consolation, et voulut, par un prodige de toute-puissance, lui prolonger la vie pour la réserver à de nouveaux martyres.
Ô Vierge affligée! qui donnera à mes yeux deux sources de larmes continuelles, pour pleurer nuit et jour votre douloureux martyre? Saint Ildephonse avait bien raison de dire que vos peines surpassèrent tous les supplices des martyrs. Saint Bernardin de Sienne n'était pas moins fondé à assurer que votre douleur au Calvaire, partagée entre tous les hommes, suffirait pour les faire mourir! Ah! si ce fut par un prodige de la toute-puissance divine que vous ne mourûtes pas quand votre Fils expira sur la croix, il me semble, ô tendre Mère! que c'en est un d'ingratitude de ma part, de ne pas mourir de compassion pour vous. Daignez amollir mon cœur plus dur que les rochers qui se fendirent au spectacle de l'horrible déicide et de votre cruel martyre. Et, par la violence que vous vous fîtes alors, je vous conjure de m'assister à ma dernière heure avec cet amour tendre qui vous animait à la mort douloureuse de votre divin Fils. Obtenez-moi encore que je dise, en quittant cette vallée de larmes, ces dernières paroles: « O Mère de miséricorde! je remets mon esprit entre vos mains ».
Helas! quel affreux martyre souffre Marie! le cœur navré et fondant en larmes, elle meurt dans son Fils avant d'expirer elle-même.
Exemple
Le Bienheureux Joachim de Sienne, l'une des lumières de l'Ordre des Servites, demanda ardemment à Notre Dame des Douleurs de mourir le jour de la mort du Sauveur. Le Jeudi saint, la très-Sainte Vierge. lui apparut et l'assura qu'il mourrait le lendemain. En effet, au bout de trente trois ans de vie religieuse, autant qu'avait vécu Jésus-Christ, pendant qu'on chantait dans son église, à Sienne, la Passion de Saint Jean, au moment où l'on chantait ces paroles: La Mère de Jésus était debout auprès de la croix, le bienheureux tomba tout à coup en agonie; et après ces autres parole de la Passion, qui exprimaient la mort du Sauveur, et ayant baissé la tête, il rendit l'esprit: le bienheureux rendit aussi son âme à son Créateur. A l'instant, toute l'église fut remplie d'une lumière extraordinaire, et d'une suave odeur; ce qui porta le peuple à applaudir à une mort si sainte et si désirable, par des cantiques de joie et de bénédiction. ( P. Rossign. Piétà ossequiosa. )
Pratique: Faire le Chemin de la Croix.
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