Le Mois de la Vierge des Douleurs
Le Mois de la Vierge des Douleurs
Trentième jour
Sanglots de la très Sainte Vierge pendant la sépulture du Sauveur
Le pieux Joseph et le vertueux Nicodème attendaient le moment d'embaumer le corps de leur divin Maître pour le placer ensuite dans le tombeau, Mais le jour déclinait, ils voyaient que sa Mère affligée ne pouvait arrêter le cours de sa douleur, et dans la crainte qu'elle n'expirât sur son Fils mort, après un doux combat de compassion, ils lui ôtèrent respectueusement cet objet chéri, et retendirent sur un linge blanc. Marie voulut encore, suivant un grave auteur, aider à rendre ce dernier devoir. D'une main respectueuse et tremblante, elle enleva de la tête de Jésus la couronne d'épines; mais les sanglots lui rendaient la respiration pénible, elle avait peu de force pour arracher les épines, et à la vue de ces profondes plaies et des chairs déchirées de toutes parts et dans les endroits les plus sensibles, elle pleurait amèrement en fermant les yeux et la bouche de son Fils; elle essuya le sang des blessures et des plaies, et lui rangea décemment les pieds. Mais, suivant la révélation de Sainte Brigitte, malgré tous ses efforts, il lui fut impossible de plier les bras du Sauveur; Jésus voulant montrer par là qu'il les tient toujours ouverts pour recevoir les pécheurs repentants. Les disciples environnèrent le corps d'aromates, suivant l'usage des Juifs, et l'ayant enveloppé d'un suaire, ils le portèrent dans un jardin, près du Calvaire, où était un tombeau taillé à neuf dans le roc. La Providence voulut ainsi que la douloureuse Passion de Jésus-Christ commençât dans un jardin et finit dans un autre jardin. Le corps de l'Homme-Dieu, au milieu de l'abjection et de la douleur, porté sur les épaules des pieux disciples, ouvrait la marche; venait ensuite le disciple bien-aimé plongé dans la douleur, puis les Maries en pleurs, qui assistèrent jusqu'à la fin au sacrifice sanglant, et qui tour à tour se partageaient le soin de soutenir la Vierge désolée, qui, à demi-morte, voulut, d'un pas mal assuré et tremblant, accompagner son Fils au tombeau; mais quand elle vit qu'on y déposait le corps adorable de Jésus, quel coup mortel pour son cœur! Elle se jette elle-même sur ce corps divin; elle demande avec larmes qu'on lui découvre encore ce visage sacré; elle veut le voir et lui donner un dernier baiser; elle l'étend et l'enveloppe de ses propres mains, et pendant qu'elle l'adore profondément, elle sent défaillir son cœur maternel par la violence de la douleur Elle ne peut l'en séparer, et semble demander, par ses soupirs et ses sanglots, d'être ensevelie avec son Fils bien-aimé. Ce spectacle arrache les larmes des fidèles disciples et des pieuses Maries qui pleurent d'attendrissement et de compassion; Saint Jean verse des larmes encore plus abondantes que les saintes femmes; enfin, la Mère de Dieu, mourante, fait son dernier adieu, et une grosse pierre ferme le monument. Mais en ce moment, quel redoublement de sanglots! Marie embrasse étroitement cette pierre fortunée qui renferme son trésor; elle veut y laisser son cœur, ou plutôt elle voudrait renfermer le tombeau tout entier dans son cœur. Ses larmes en ce moment furent si abondantes, que, suivant Saint Bernard, on en voit encore les vestiges sur le marbre tumulaire. Au reste, son martyre devait être extrême, puisqu'il ne reçut de.. soulagement ni divin ni humain
Mère désolée, vous confiez enfin au tombeau le corps sacré du Sauveur. Quelle cruelle séparation! Oui, c'est ici le plus dur moment de votre martyre! Votre tendresse va donc survivre à la mort douloureuse d'un Fils adoré, sans en contempler même la froide dépouille! O douleur au-dessus de toute force humaine! Si le doux Jésus, pendant sa vie, se troubla vivement au tombeau de Lazare, parce qu'il était son ami, quelle dut être l'émotion de votre cœur maternel au tombeau d'un Fils infiniment aimable, d'un Fils Homme-Dieu! Cette seule pensée attriste l'âme et la trouble, elle glace le cœur! O Vierge désolée! je ne puis vous consoler, car vous ne pouvez plus recevoir de consolation humaine; mais, par votre douleur incompréhensible, consolez vous-même mon malheureux esprit dans ses épreuves; faites-moi mériter de pleurer avec vous auprès du divin tombeau, pour que j'arrive un jour à une résurrection glorieuse et immortelle.
Soupir à Marie
Qu'on ne me dise plus, le Seigneur est avec vous, puisque la douceur de ma vie et la lumière de mes yeux n'est plus avec moi!
Exemple
Entre beaucoup de faveurs que Notre Dame-des-Douleurs procura à Sainte Mechtide, elle lui en accorda une singulière le Vendredi saint. A l'heure de Vêpres, Marie lui apparut avec son Fils mort entre les bras, et lui dit: « Approchez-vous, et baisez les plaies faites à mon doux Fils pour votre amour. Donnez trois baisers à son beau cœur qui vous a tant aimé, et remerciez-le de tant de grâces que vous en avez reçues, comme d'une vive source, vous et tous les élus ». Ensuite, à l'heure de Compiles, la très Sainte Vierge lui dit: Maintenant, prenez mon Fils mort et ensevelissez-le dans votre cœur. A l'instant, Sainte Mechtilde vit tout-à-coup son cœur changé en une urne d'argent, avec un couvercle d'or. L'argent signifiait la pureté, et l'or, la charité par lesquelles l'âme conserve son Dieu. (Ex lib. Rev. S. Melctildis.)
Pratique: Réciter les Litanies des douleurs de Marie.
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