Consécration à la Sainte Trinité par la Sainte Famille 15/26
Consécration à la Sainte Trinité par la Sainte Famille
Communion Marie Reine des Familles
Sixième jour
Consécration à Marie Médiatrice de la paternité
Nous avons déjà parlé du rôle médiateur de la femme, il nous faut préciser ce que nous entendons par médiation. Ce terme est souvent compris comme intermédiaire incontournable. Dans ce cas il vaudrait mieux s'adresser directement à Dieu, se passer de cette médiation qui serait une sorte d'obstacle en contradiction avec les Saintes Ecritures qui nous disent que le Christ est l'unique Médiateur entre Dieu et les hommes. Le Cardinal Ratzinger (Benoît XVI) reprend l'étymologie de médiation pour mettre en valeur le « milieu ». La Vierge est un « milieu » comblé de grâces, autrement dit, Elle est un état de grâce auquel nous pouvons accéder dans un esprit d'enfance qui nous rend capables de recevoir les grâces qu'Elle a reçues et de voir Dieu comme Elle le voit, comme Elle le connaît. Marie est le milieu divin des humbles qui la choisissent pour Reine et Mère. C'est ainsi que dans les familles, la femme est le milieu où se révèlent bien des choses divines, dont l'autorité paternelle, car elle procède de Dieu. Si la mère n'autorise pas le père à exercer son autorité, elle n'existe pas, elle est disqualifiée aux yeux des enfants. Là encore nous trouvons une source d'un grand nombre de troubles identitaires. Ce devrait être un principe intangible que les parents ne se contestent pas l'un l'autre devant les enfants à propos d'une décision prise à leur égard. Le père doit prendre la décision en dernier recours et si elle fait l'objet d'un désaccord, il ne doit pas le manifester en présence des enfants, c'est les insécuriser, c'est briser le tuteur sur lequel ils grandissent. Lors de la Fuite en Egypte, Marie obéit à Joseph: dans sa grande humilité qui est le secret de sa force, Elle ne se demande pas pourquoi Dieu a parlé à son époux et pas à Elle directement, Elle ne met pas en avant l'erreur passée de Joseph qui voulait la répudier en secret. Il ne s'agit pas de savoir qui a raison ou tort, il s'agit de vivre saintement et de rayonner des vertus évangéliques sur les enfants, de leur inculquer par exemple l'esprit du Sermon sur la montagne.
Antienne
Maintenant, ma fille, ne crains point, Je ferai pour toi tout ce que tu diras; car tout le peuple à la porte de ma ville sait que tu es une femme vertueuse. (Ruth 3: 11)
Parole de Dieu
A Cana, Marie est Médiatrice de la Volonté du Père, de hâter l'heure du Salut. Elle ne discute pas avec les serviteurs, ni avec Son Fils, dans l'humilité et la douceur, Elle prononce ces paroles d'une grande clarté: « Faites tout ce qu'Il vous dira ». La Bible nous offre l'exemple de femmes médiatrices comme Judith et Esther, prophéties vivantes du rôle de Marie.
Evangile selon Saint Jean 2: 1-5
Trois jours après, il y eut des noces à Cana en Galilée. La mère de Jésus était là, et Jésus fut aussi invité aux noces avec ses disciples. Le vin ayant manqué, la mère de Jésus lui dit: Ils n'ont plus de vin. Jésus lui répondit: Femme, qu'y a-t-il entre moi et toi? Mon heure n'est pas encore venue. Sa mère dit aux serviteurs: Faites ce qu'il vous dira.
La médiation se traduit également par intercession. Intercession signifie étymologiquement s'asseoir entre, entre une situation, une personne et Dieu, entre le père et les enfants. Nous trouvons dans la Bible de nombreux exemples où des femmes intercèdent en faveur de leurs enfants comme la Cananéenne qui importune Jésus et ici, la Sunamite, des femmes étrangères qui font venir le Salut dans leur famille.
Deuxième Livre des Rois 4: 17-37
Cette femme devint enceinte, et elle enfanta un fils à la même époque, l'année suivante, comme Élisée lui avait dit. L'enfant grandit. Et un jour qu'il était allé trouver son père vers les moissonneurs, il dit à son père: Ma tête! ma tête! Le père dit à son serviteur: Porte-le à sa mère. Le serviteur l'emporta et l'amena à sa mère. Et l'enfant resta sur les genoux de sa mère jusqu'à midi, puis il mourut. Elle monta, le coucha sur le lit de l'homme de Dieu, ferma la porte sur lui, et sortit. Elle appela son mari, et dit: Envoie-moi, je te prie, un des serviteurs et une des ânesses; je veux aller en hâte vers l'homme de Dieu, et je reviendrai. Et il dit: Pourquoi veux-tu aller aujourd'hui vers lui? Ce n'est ni nouvelle lune ni sabbat. Elle répondit: Tout va bien. Puis elle fit seller l'ânesse, et dit à son serviteur: Mène et pars; ne m'arrête pas en route sans que je te le dise. Elle partit donc et se rendit vers l'homme de Dieu sur la montagne du Carmel. L'homme de Dieu, l'ayant aperçue de loin, dit à Guéhazi, son serviteur: Voici cette Sunamite! Maintenant, cours donc à sa rencontre, et dis-lui: Te portes-tu bien? Ton mari et ton enfant se portent-ils bien? Elle répondit: Bien. Et dès qu'elle fut arrivée auprès de l'homme de Dieu sur la montagne, elle embrassa ses pieds. Guéhazi s'approcha pour la repousser. Mais l'homme de Dieu dit: Laisse-la, car son âme est dans l'amertume, et l'Éternel me l'a caché et ne me l'a point fait connaître. Alors elle dit: Ai-je demandé un fils à mon seigneur? N'ai-je pas dit: Ne me trompe pas? Et Élisée dit à Guéhazi: Ceins tes reins, prends mon bâton dans ta main, et pars. Si tu rencontres quelqu'un, ne le salue pas; et si quelqu'un te salue, ne lui réponds pas. Tu mettras mon bâton sur le visage de l'enfant. La mère de l'enfant dit: L'Éternel est vivant et ton âme est vivante! je ne te quitterai point. Et il se leva et la suivit. Guéhazi les avait devancés, et il avait mis le bâton sur le visage de l'enfant; mais il n'y eut ni voix ni signe d'attention. Il s'en retourna à la rencontre d'Élisée, et lui rapporta la chose, en disant: L'enfant ne s'est pas réveillé. Lorsque Élisée arriva dans la maison, voici, l'enfant était mort, couché sur son lit. Élisée entra et ferma la porte sur eux deux, et il pria l'Éternel. Il monta, et se coucha sur l'enfant; il mit sa bouche sur sa bouche, ses yeux sur ses yeux, ses mains sur ses mains, et il s'étendit sur lui. Et la chair de l'enfant se réchauffa. Élisée s'éloigna, alla çà et là par la maison, puis remonta et s'étendit sur l'enfant. Et l'enfant éternua sept fois, et il ouvrit les yeux. Élisée appela Guéhazi, et dit: Appelle cette Sunamite. Guéhazi l'appela, et elle vint vers Élisée, qui dit: Prends ton fils! Elle alla se jeter à ses pieds, et se prosterna contre terre. Et elle prit son fils, et sortit.
Maintenant, ma fille, ne crains point, Je ferai pour toi tout ce que tu diras; car tout le peuple à la porte de ma ville sait que tu es une femme vertueuse.
L'Enseignement de l'Eglise
Lettre de Jean Paul II « Familiaris Consortio »
En devenant parents, les époux reçoivent de Dieu le don d'une nouvelle responsabilité. Leur amour parental est appelé à devenir pour leurs enfants le signe visible de l'amour même de Dieu, «d'où vient toute paternité au ciel et sur la terre». (§ 14)
Pour construire une telle communion, (…) cela leur sera plus facile si les parents exercent sans faiblesse leur autorité comme un véritable «ministère», ou plutôt comme un service ordonné au bien humain et chrétien des enfants et plus particulièrement destiné à leur faire acquérir une liberté vraiment responsable (...) aucune famille n'ignore combien l'égoïsme, les dissensions, les tensions, les conflits font violence à la communion familiale et peuvent même parfois l'anéantir: c'est là que trouvent leur origine les multiples et diverses formes de division dans la vie familiale. Mais, en même temps, chaque famille est toujours invitée par le Dieu de paix à faire l'expérience joyeuse et rénovatrice de la «réconciliation», c'est-à-dire de la communion restaurée, de l'unité retrouvée. (§ 21)
Là surtout où les conditions sociales et culturelles poussent facilement le père à se désintéresser d'une certaine façon de sa famille, ou du moins à être moins présent au travail d'éducation, il faut faire en sorte que l'on retrouve dans la société la conviction que la place et le rôle du père dans et pour la famille sont d'une importance unique et irremplaçable. Comme le montre l'expérience, l'absence du père provoque des déséquilibres psychologiques et moraux ainsi que des difficultés notables dans les relations familiales. (§ 25)
« Le Secret de Marie », de Saint Louis Marie Grignion de Montfort
Se consacrer ainsi à Jésus par Marie, c'est mettre entre les mains de Marie nos bonnes actions qui, quoiqu'elles paraissent bonnes, sont très souvent souillées et indignes des regards et de l'acceptation de Dieu devant qui les étoiles ne sont pas pures. (Cf Job 15: 15) Ah! prions cette bonne Mère et Maîtresse que, ayant reçu notre pauvre présent, elle le purifie, elle le sanctifie, elle l'élève et l'embellisse de telle sorte qu'elle le rende digne de Dieu. Tous les revenus de notre âme sont moindres devant Dieu, le Père de famille, pour gagner son amitié et sa grâce, que ne serait devant le roi la pomme véreuse d'un pauvre paysan, fermier de sa Majesté, pour payer sa ferme. Que ferait le pauvre homme, s'il avait de l'esprit et s'il était bien venu auprès de la reine? Amie du pauvre paysan et respectueuse envers le roi, n'ôterait-elle pas de cette pomme ce qu'il y a de véreux et de gâté et ne la mettrait-elle pas dans un bassin d'or entouré de fleurs; et le roi pourrait-il s'empêcher de la recevoir, même avec joie, des mains de la reine qui aime ce paysan... Si vous voulez offrir quelque chose à Dieu, dit saint Bernard, mettez-le dans les mains de Marie. (§ 37).
Maintenant, ma fille, ne crains point, Je ferai pour toi tout ce que tu diras; car tout le peuple à la porte de ma ville sait que tu es une femme vertueuse.
L'exemple de la Famille Martin
Pour la retraite de Marie à la Visitation, tu sais comme il aime peu à se séparer de vous et il avait d'abord formellement dit qu'elle n'irait pas. Je le voyais si bien décidé que je n'avais pas essayé d plaider la cause. J'ai au contraire approuvé, bien résolue dans le fond à revenir à la charge. Hier soit, Marie se lamentait à ce propos; je lui ai dit: « Laisse-moi faire, j'arrive toujours à ce que je veux et sans combat; il y a encore un mois d'ici-là. C'est assez pour décider ton père dix fois ». Je ne me trompais pas, car à peine une heure après, lorsqu'il est entré, il s'est mis à parler très amicalement à ta soeur qui travaillait alors avec activité: « Bon, me dis-je, voilà le moment! » Et j'ai insinué l'affaire. « Tu désires donc beaucoup faire cette retraite? » dit son père à Marie. « Oui papa ». « Eh bien, vas-y! » Et lui qui n'aime ni les absences ni les dépenses, m'affirmait encore hier: « Je ne veux pas qu'elle y aille; et certainement elle n'ira pas: on n'en finit plus avec tous les voyages du Mans et de Lisieux ». Je disais tout comme lui, mais avec une arrière pensée. Il y a longtemps que je connais la ruse du métier! Aussi quand je dis à quelqu'un: « Mon mari ne veut pas », c'est que je n'ai pas plus envie que lui de la chose. Car lorsque les raisons sont justes de mon côté, je sais bien l'y décider et je trouve que j'avais une bonne occasion de vouloir que Marie aille à la retraite. Il est vrai que c'est une dépense, mais l'argent n'est rien quand il s'agit de la sanctification et de la perfection d'une âme; et l'année dernière, Marie m'est revenue toute transformée: les fruits durent encore. Cependant, il est temps aussi qu'elle renouvelle sa provision. Au fond d'ailleurs, c'est bien aussi la pensée de ton père, et c'est pour cela qu'il a cédé si gentiment ». (Zélie Martin, Lettre N° 201, Correspondance Familiale, Ed. du Cerf).
Maintenant, ma fille, ne crains point, Je ferai pour toi tout ce que tu diras; car tout le peuple à la porte de ma ville sait que tu es une femme vertueuse.
Prière consécratoire
O Marie, Médiatrice de toute paternité, je dépose en Vous, dans Votre Cœur Immaculé, tout ce qui en moi refuse de donner et d'autoriser mon époux à exercer sa vocation de père. Je renonce à tout amour captatif envers mes enfants, amour d'où l'autorité paternelle serait amoindrie, exclue et même disqualifiée. Je Vous consacre ma vocation de médiatrice, prenant la décision de ne jamais contester une décision de mon époux et je Vous demande la justesse, la sagesse et l'humilité pour qu'ensembles, dans la prière, nous prenions toutes les décisions concernant notre famille. Ainsi notre amour parental sera le signe visible de l'Amour de Dieu d'où vient toute paternité. Donnez-moi, Marie, d'instaurer réellement mon époux dans sa vocation de père, sans jugement, mais dans la confiance, afin que nos enfants puissent grandit dans un climat de sécurité.
Maintenant, ma fille, ne crains point, Je ferai pour toi tout ce que tu diras; car tout le peuple à la porte de ma ville sait que tu es une femme vertueuse.
Exercice
Demandons à l'Esprit Saint de nous remettre en mémoire une scène, une situation de conflit où le comportement de l'un et de l'autre n'a pu s'ajuster, voire s'est opposé, laissant chacun dans une frustration, une amertume et dans la désunion. Nous nous remémorons les circonstances, les personnages de la scène, les arguments de chacun, tout en essayant de revivre les sentiments qui nous animent en ces instants. Maintenant, moi, épouse, je prends la place de Marie, Epouse de Joseph, mois époux, je prends la place de Joseph, époux de Marie, et nous revivons cette scène à leur place. Quelle est l'attitude de Joseph? Celle de Marie? Leur mots, leurs interventions ou leur silence, leurs sentiments, leur objectif en cette situation? Comment auraient-ils réagis? Un petit exemple: un couple accueille dans son foyer un homme troublé dans son affectivité. Lors d'un partage, l'épouse est choquée par l'attitude de proximité de son mari avec cet homme, tout en se rendant compte que son mari en est inconscient. Elle ne peut cependant s'empêcher de réagir assez ouvertement. Après cette scène, le couple se retrouve pour faire le point. Il faut se réajuster l'un à l'autre sans se justifier inutilement. Donc le couple demande à Marie et Joseph de les instruire sur l'attitude qu'ils auraient eu dans cette situation. Immédiatement, l'époux peut imaginer l'attitude du Juste Joseph. Dans ce cas, il est un peu plus distant, il est fort et accueillant en même temps. Il rassure et réajuste l'autre par ce qui émane de lui. L'épouse peut voir l'attitude de Marie qui reste toute écoute et paisible, participant à l'harmonie générale, dans aucune réaction violente. Le couple peut alors se réconcilier, chacun reconnaissant ses torts. Ainsi, lorsque plus tard la situation se reproduit, chacun peut réajuster son attitude, fort de cette expérience. Il est important de renouveler cet exercice à chaque nouveau conflit dans le couple et la famille, ajustant toujours plus ses attitudes dans l'imitation de Marie, Joseph et l'Enfant Jésus (pour les enfants).
Neuvaine aux Saintes Maries Jacobé et Salomé
Saintes Marie Jacobé et Marie Salomé
Les Saintes Maries de la Mer
Vie des Saintes Maries Jacobé et Salomé
Vocation
et commencement du ministère des saintes Maries
Nous
ne connaissons que très imparfaitement ce qui se rattache aux
premières années des saintes Maries. A quel moment se mirent-elles
à la suite de Notre-Seigneur? De quelle manière s'opéra leur
ministère? C'est ce que nous ignorons. Marie Jacobé, selon
l'opinion communément reçue, était femme de Cléophas, frère de
Saint Joseph, l'époux de la Vierge Marie. Elle fut la mère de deux
apôtres, du premier évêque de Jérusalem, Saint Jacques, et de
saint Jude, qui se déclare lui-même le frère de Saint Jacques dans
sa première épitre. Marie Salomé, ainsi appelée à cause de
Salomé, son père, était cousine germaine de Notre Seigneur. Elle
fut la mère de Saint Jean, le disciple bien-aimé, et de Saint
Jacques, dont les reliques vénérées ont été de tout temps et
sont encore l'objet d'un pèlerinage fréquenté à Compostelle en
Espagne. Pendant la vie publique du Sauveur, ces âmes pieuses,
attirées par la grâce intérieure qu'il répandait dans les cœurs,
le suivirent de très bonne heure, l'assistant de leurs biens et le
servant lorsqu'il annonçait le royaume de Dieu. Leur fidélité ne
se démentit jamais, et, au moment des plus grandes épreuves, leur
amour pour la personne du divin Maître ne fit que s'accroître.
L'Évangile nous les montre avec Marie Madeleine et la Très Sainte
Vierge, sur le Calvaire, au pied de la croix où elles avaient
accompagné Notre Seigneur, malgré les menaces des Juifs, les
mauvais traitements des soldats et les insultes du peuple. C'est là
qu'avec saint Jean et les autres saintes femmes, elles compatirent
aux souffrances de leur Maître et devinrent les témoins du
testament qui a racheté le monde.
Le
jour de la Résurrection, elles se rendirent au sépulcre, dès le
matin, portant dans leurs mains de précieux parfums. Personne
n'ignore la scène qui se passa près du tombeau, les paroles que
l'ange leur adressa et les apparitions dont elles furent favorisées.
Si nous suivons les détails évangéliques, nous les voyons parmi
les cinq cents disciples qui assistèrent à l'Ascension. Nous les
retrouvons aussi au Cénacle; le jour de la Pentecôte, elles
reçoivent le Saint Esprit sous forme de langues de feu; et,
désormais, pleines de force et de courage, elles suivent les
apôtres, comme elles avaient suivi Notre Seigneur Jésus-Christ;
elles prient dans le silence de leur cœur pour le succès de leur
ministère. Après avoir pleuré au pied de la croix, après avoir
assisté à la suprême expiation au Calvaire, elles contemplent avec
bonheur la transformation qui s'opère dans le monde. Les peuples
accourent en foule pour embrasser la religion de Jésus crucifié.
Déjà Jérusalem, la Palestine et les pays les plus éloignés sont
devenus chrétiens. Tout annonce la ruine prochaine du judaïsme et
la fin du règne des idoles. Mais Satan, quoique terrassé au
Calvaire, va essayer de se relever et de réparer sa défaite. C'est
lui qui inspire de toutes parts ces cris barbares qui coûtèrent
tant de sang: « Mort aux Chrétiens! mort aux Chrétiens! »
L'ère de la persécution a commencé pour les amis de Jésus. C'est
l'heure marquée par Dieu, où dans un coin perdu de notre patrie, à
l'extrémité d'un ilot sauvage, sous le ciel de la Provence quelques
persécutés bannis par des ingrats qui cherchent à les faire
mourir, viennent apporter les lumières de la foi et travailler à la
conversion des Gaules.
Exil
des saintes Maries pour Jésus Christ
Transportons-nous,
pour le moment, sur le rivage de cette terre qui a vu mourir le
Sauveur. Le ciel est beau, la mer est calme, tout dans la nature est
tranquille. Une multitude de Juifs, ayant à leur tète les princes
des prêtres et les principaux chefs de la nation, s'agite et
s'avance furieuse. Ses cris de rage font contraste avec le calme des
éléments. Et, au milieu de cette populace effrénée, marche, les
yeux au ciel, un petit groupe d'élus du Seigneur, priant pour les
barbares qui vont les vouer à la mort ou à l'exil. C'est Lazare
avec ses deux sœurs, Marthe et Madeleine. C'est Maximin, ami de
Lazare. Ce sont Marie Jacobé et Marie Salomé, avec leurs deux
servantes, Marcelle et Sara. Ce sont Sidoine, l'aveugle de Jéricho,
et quelques autres disciples. Les Juifs, ayant reconnu en eux des
fervents apôtres de Jésus, veulent s'en défaire. Vont-ils les
soumettre à de cruels supplices? Non! Ils craignent que la constance
qu'ils montreraient à les supporter, ne leur attire de nouveaux
adeptes; ils choisissent un moyen plus lâche: ils les jettent dans
une barque sans rames, sans gouvernail, sans provisions. Déjà ces
méchants se réjouissent dans leur cœur à la pensée de les voir
périr par le naufrage ou par la faim; mais ils ont comptés sans
Celui qui commande aux flots et à qui les vents et la mer obéissent.
Soudain, sous le coup d'une brise fraîche et légère qui vient de
se lever, le bateau, sans voiles ni avirons, guidé par une main
mystérieuse, vogue vers la pleine mer. Une pieuse tradition raconte
qu'un ange s'en fit le pilote et le conducteur; elle nous montre même
Sainte Sara marchant sur les flots, portée sur le manteau de Salomé.
Ainsi disparut l'humble nacelle, s'éloignant à jamais des côtes
inhospitalières de la Palestine, au grand étonnement delà foule,
emportant les nobles fugitifs qui vinrent heureusement aborder près
de l'embouchure du Rhône, sur l'île de la Camargue, où ils
s'illustrèrent bientôt par leur vie chrétienne et attirèrent les
peuples par leurs miracles.
Les
Saintes Maries dans le désert de la Camargue
A
peine les pauvres exilés eurent-ils mis pied à terre que leur
première préoccupation fut de remercier le ciel de la protection
miraculeuse dont ils avaient été l'objet pendant leur traversée.
Un autel en terre pétrie fut élevé par leurs soins sur la plage,
et saint Maximin, avec les autres disciples, y célébra les saints
mystères. Au même instant, pour montrer combien leur religion lui
était agréable, Dieu fit jaillir, pour leur usage, une source d'eau
douce qu'on voit encore de nos jours, dans cet endroit même, où
l'on ne trouvait auparavant que de l'eau salée. Pour perpétuer le
souvenir de ce prodige, ces saints personnages bâtirent en ce lieu
un modeste oratoire qu'ils dédièrent à Dieu, en l'honneur de la
Bienheureuse Vierge Marie. Ce devoir de reconnaissance accompli, les
proscrits se disent que sur cette terre qui leur a donné un refuge,
il doit y avoir des âmes à conquérir. N'écoutant que leur zèle,
ils consentent aux douleurs de la séparation. Saint Lazare se dirige
vers Marseille dont il devient le premier évêque; Saint Maximin se
rend à Aix et fonde bientôt dans cette ville une petite chrétienté.
Sainte Madeleine se retire à la Sainte-Baume où elle vit trente ans
dans la pénitence et dans les larmes. Sainte Marthe va combattre
Terreur sur les bords du Rhône, à Tarascon. Saint Sidoine devient
plus tard le second évoque d'Aix. Les Saintes Maries demeurent avec
leur servante, Sainte Sara, sur le rivage même de l'Ile, où elles
construisent une cellule jointe à l'oratoire.
Cette
ile était alors traversée par quelques rares pêcheurs que des
auteurs regardent comme des colons marseillais. La source d'eau douce
les étonne, le récit de la traversée miraculeuse que font les
Saintes attire leur confiance. Elles en profitent pour leur faire
connaître la religion de ce Jésus qu'elles ont tant aimé. Leurs
paroles et leurs exemples, unis à l'influence intérieure de la
grâce gagnent les cœurs; la plupart se soumettent bientôt aux
enseignements de la foi et demandent le baptême. Saint Trophime,
nous dit la légende, qui avait été laissé à Arles par l'apôtre
Saint Paul, a l'occasion de visiter quelquefois ces nouveaux
chrétiens et de procurer aux Saintes Maries la bonheur de recevoir
la Sainte Eucharistie. C'est au milieu de ces pieuses occupations,
dans la pratique de la contemplation et de la prière que les Saintes
vécurent encore quelques années. Mais le moment était venu où
elles allaient enfin goûter le repos, se réunir à jamais à Dieu,
dans le séjour de la gloire et recevoir leur récompense.
Marie
Jacobé fut avertie la première de sa fin prochaine par une
inspiration divine. Elle eut la consolation de recevoir, pour la
dernière fois, des mains de saint Trophime, la Divine Eucharistie,
au milieu des sanglots des chrétiens qu'elle avait gagnés à Jésus
Christ. Elle les exhorta à persévérer dans leur foi; elle donna à
sa sœur l'assurance que leur séparation ne serait pas de longue
durée; et rendit son âme à Dieu. Son corps fut recueilli par les
insulaires et enseveli avec respect auprès de la fontaine
miraculeuse et de l'oratoire où les fidèles avaient coutume de
venir prier. Salomé, sa sœur, ne lui survécut pas longtemps.
Restée seule, avec Sara, leur servante, toutes ses pensées, toutes
ses affections ne furent que pour le ciel, tous ses désirs étaient
d'être bientôt réunie à sa sœur. Dieu exauça ses prières.
Quelques mois s'étaient à peine écoulés qu'elle s'endormit, elle
aussi, dans le Seigneur, au milieu des mêmes honneurs et des mêmes
regrets. Son corps fut placé à côté de celui de Jacobé. Sara les
suivit bientôt dans la tombe et fut inhumée auprès d'elles. Et
depuis plus de dix-huit siècles, sur un rivage autrefois abandonné,
reposent les dépouilles des Saintes Maries. Les peuples désireux
d'obtenir quelque faveur insigne ne cessent de visiter leur tombeau.
Beaucoup viennent dans l'espérance d'être témoins de quelques unes
de ces merveilles dont ils entendent sans cesse parler. Il n'est pas
rare que ce bonheur leur soit accordé, mais presque toujours ils
obtiennent une grâce mille fois plus précieuse pour eux, celle
d'une entière et éclatante conversion.
Neuvaine aux Saintes Maries Jacobé et Salomé
Premier
jour
Premières grâces accordées aux Saintes Maries
Veni
Creator Spiritus
Venez,
Esprit Créateur nous visiter,
Venez éclairer l'âme de vos fils;
Emplissez nos cœurs de grâce et de lumière,
Vous qui avez créé toutes choses avec amour,
Vous le Don, l'envoyé du Dieu Très Haut,
Vous Vous êtes fait pour nous le Défenseur;
Vous êtes l'Amour le Feu la source vive,
Force et douceur de la grâce du Seigneur.
Donnez-nous les sept dons de Votre Amour,
Vous le doigt qui œuvrez au Nom du Père;
Vous dont Il nous promit le règne et la venue,
Vous qui inspirez nos langues pour chanter,
Mettez en nous Votre clarté, embrasez-nous,
En nos cœurs, répandez l'Amour du Père;
Venez fortifier nos corps dans leur faiblesse,
Et donnez-nous Votre vigueur éternelle.
Chassez au loin l'ennemi qui nous menace,
Hâtez-Vous de nous donner la paix;
Afin que nous marchions sous Votre conduite,
Et que nos vies soient lavées de tout péché.
Faites-nous voir le Visage du Très-Haut,
Et révélez-nous celui du Fils;
Et Vous l'Esprit commun qui les rassemble,
Venez en nos cœurs, qu'à jamais nous croyions en Vous.
Gloire à Dieu notre Père dans les cieux,
Gloire au Fils qui monte des Enfers;
Gloire à l'Esprit de Force et de Sagesse,
Dans tous les siècles des siècles.
Envoyez votre Esprit et tout sera créé
et Vous renouvellerez la face de la terre
Prions
O Dieu qui avez instruit les cœurs de vos fidèles par la Lumière du Saint Esprit, donnez-nous, par ce même Esprit, de goûter ce qui est bien et de jouir sans cesse de Ses Divines Consolations. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Amen.
Notre Père, je Vous salue Marie, gloire soit au Père.
Considérons dans les Saintes Maries deux des premières grâces dont elles furent favorisées. Dieu, dans Ses desseins impénétrables, avait choisi Sainte Marie Jacobé et Sainte Marie Salomé pour être les parentes de la Vierge incomparable et Immaculée qui donna au monde le Sauveur des nations. C'était les désigner pour être aussi les parentes de Jésus. Est-il sur la terre un plus beau titre de noblesse que celui d'appartenir à la famille du Roi des rois, du Prince des princes, du Maître de la terre et des cieux? Les Saintes Maries eurent encore une grâce non moins précieuse: elles furent appelées à suivre le Divin Sauveur pendant Sa vie publique. Si les hommes regardent comme un grand honneur d'être admis quelquefois auprès des grands de la terre, combien fut grand l'honneur accordé aux saintes Maries! Louons-les de ces deux privilèges. Pour nous qui avons le bonheur d'appartenir à la véritable Église, nous participons aux grâces que les saintes Maries reçurent en partage. Nous sommes de la parenté de Jésus. Comment oublier, en effet, ce trait de l'Évangile, où la Mère et les frères du Divin Sauveur vinrent auprès de Lui et le firent appeler, tandis qu'Il parlait à la foule. Ceux qui l'entouraient lui dirent: « Votre Mère et vos frères sont là qui Vous attendent! » Il leur répondit: » « Qui est Ma mère, et qui sont Mes frères? »Et, regardant ceux qui étaient assis autour de Lui: «Voilà, dit-il, Ma mère et Mes frères; car celui qui fait la volonté de Dieu, celui-là est Mon frère, Ma sœur et Ma mère ». Comment ne pas nous rappeler aussi cette réponse de Notre Seigneur à ce cri d'une femme du peuple: « Heureuse la Mère qui vous a donné le jour! » « Heureux plutôt, dit le Seigneur, ceux qui gardent la parole de Dieu, et la mettent en pratique ». Jésus a porté encore plus loin Sa Bonté à notre endroit. Comme les saintes Maries, Il nous a appelés à Sa suite; bien plus Il a voulu vivre avec nous. Et, au commencement de cette neuvaine, Il se tient à la porte de notre cœur pour nous dire: « Mon fils, ouvrez-Moi votre cœur... Mes délices sont d'être avec vous ». Ne résistons pas à une invitation si consolante et si douce. Nous le savons, ce qui ferma à Jésus la porte de notre cœur, c'est le péché. Pleurons jusqu'aux moindres de nos fautes, et nous pourrons répondre, avec le Roi-prophète: « Comme le cerf soupire après tes eaux, de même mon âme soupire vers Vous, ô mon Dieu ». Jésus se rendra avec empressement à nos désirs, Il s'établira un trône dans nos cœurs. Là nous pourrons Lui parler, comme un ami parle à son ami, Lui faire partager nos peines et Lui demander toutes ses faveurs. Rien ne nous privera de ces entretiens avec notre Dieu. L'exemple de sainte Catherine de Sienne doit nous en convaincre. Privée par ses parents d'aller prier dans l'église, elle s'était fait un tabernacle dans son Cœur, où, malgré ses occupation de la journée, elle pouvait toujours contempler Dieu, Lui parler, l'adorer.
O grandes Saintes Maries, faites-nous comprendre la dignité de notre titre de Chrétiens. Ramenez dans le sein ds l'Église les hérétiques qui ont le malheur d'en être séparés. Donnez-nous de voir la laideur du péché, de prier Dieu dans le secret de notre cœur et de nous offrir tout entiers à Lui. Unissez vos prières aux nôtres, nous obtiendrons, dès aujourd'hui, le pardon de nos offenses et nous mériterons ainsi plus de grâces. Ainsi soit-il.
Magnificat
Mon âme exalte le Seigneur,
exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur!
Il s'est penché sur son humble servante;
désormais, tous les âges me diront bienheureuse.
Le Puissant fit pour moi des merveilles;
Saint est Son Nom!
Son Amour s'étend d'âge en âge
sur ceux qui le craignent.
Déployant la force de Son bras,
il disperse les superbes.
Il renverse les puissants de leurs trônes,
il élève les humbles.
Il comble de biens les affamés,
renvoie les riches les main vides.
Il relève Israël, son serviteur,
Il se souvient de Son Amour.
De la promesse faîte à nos pères,
en faveur d'Abraham et de sa race, à jamais.
Gloire soit au Père et au Fils et au Saint Esprit,
au Dieu qui est qui était et qui vient, pour les siècles et les siècles. Amen.
Litanies
des Saintes Marie Jacobé et Salomé
Seigneur, ayez pitié de nous.
Christ, ayez pitié de nous.
Seigneur, ayez pitié de nous.
Jésus-Christ, écoutez-nous.
Jésus-Christ, exaucez-nous.
Père céleste, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Fils, Rédempteur du monde, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Esprit Saint, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Trinité Sainte, qui êtes un seul Dieu, ayez pitié de nous.
Sainte Vierge Marie, Immaculée Mère de Jésus, priez pour nous.
Sainte Marie Jacobé, sœur de la Vierge Marie, priez pour nous.
Sainte Marie Salomé, Mère de Jacques et de Jean, disciples de Jésus,
Saintes Maries, qui avez assisté, sur la terre, le Sauveur Jésus,
Saintes
Maries, qui avez suivi sur le Calvaire le Sauveur Jésus,
Saintes
Maries, qui avez été au Sépulcre pour embaumer le corps de Jésus,
Saintes Maries, qui avez consolé dans la tristesse la Mère de Jésus,
Saintes Maries, qui avez souffert la persécution pour l'amour de Jésus,
Saintes Maries, qui avez été exposées aux périls de la mer pour la Foi de Jésus,
Saintes Maries, qui par vos prières et vos miracles avez converti les peuples à Jésus,
Saintes Maries, qui êtes mortes dans la Foi et l'amour de Jésus,
Saintes Maries, qui dans le Ciel intercédez pour nous conserver la Foi de Jésus,
Saintes Maries, port assuré des matelots,
Saintes Maries, salut de ceux qui sont dans le danger,
Saintes Maries, consolatrices des affligés,
Soyez-nous propices, pardonnez-nous Seigneur.
Soyez-nous propices, exaucez-nous, Seigneur.
Par l'intercession des Saintes Marie Jacobé et Salomé, délivrez-nous, Seigneur.
De tout péché,
Du naufrage et des inondations,
De la rage,
De la peste et de la famine,
De tout mal épidémique,
De la mort éternelle,
Fils de Dieu,
Agneau
de Dieu, qui enlevez le péché du monde, pardonnez-nous
Seigneur,
Agneau de Dieu, qui enlevez le péché du monde,
exaucez-nous, Seigneur,
Agneau de Dieu, qui enlevez le péché du
monde, ayez pitié de nous.
Christ, écoutez-nous.
Christ, exaucez-nous.
Prions
Faites,
ô Seigneur Jésus Christ, que nous ressentions les effets de la
protection des Saintes Maries Jacobé et Salomé, qui ont brûlé du
zèle le plus pur à Vous servir pendait votre vie, et à Vous rendre
leurs pieux devoirs après votre mort. Vous qui vivez et régnez
maintenant et toujours et pour les siècles et les siècles. Amen.
Deuxième
jour
Les Saintes Maries suivent Jésus dans ses courses apostoliques
Réciter le Veni Creator Spiritus
(voir au premier jour)
Considérons
les Saintes Maries répondant à l'appel de Jésus et marchant à sa
suite pour écouter ses divins enseignements, et se consacrer tout
entières à son service. Oh! si la sainte Vierge avait gravé dans
son Cœur les paroles que les bergers avaient entendues prononcer par
l'ange, au sujet du Sauveur naissant dans l'étable de Bethléem, les
Saintes Maries ne devaient-elles pas conserver dans leur âme cette
parole divine qui s'échappait des lèvres de Jésus Lui-même, et
qui faisait dire aux Juifs: « Jamais homme n'a parlé comme
celui-là »? Mais surtout ne devaient-elles pas être heureuses
de témoigner au Sauveur leur vive gratitude, en lui prodiguant leurs
soins? Aussi, non contentes d'avoir donné chacune à Jésus deux
fils pour Apôtres, elles se donnent elles-mêmes. Saint Mathieu nous
les montre, suivant le divin Maître, de la Galilée jusqu'à
Jérusalem. Les mêmes paroles qui faisaient la joie des Saintes
Maries, et qu'elles recueillaient avec tant de respect, de Foi et
d'amour, nous sont annoncées. Dans toutes nos paroisses, elles
tombent du haut de toutes les chaires. Qu'il est pénible alors aux
pasteurs, à la vue de tant d'âmes indifférentes, de se rappeler
cette menace du Sauveur. « Celui qui vous méprise, me méprise,
et je ne le reconnaîtrai point au dernier jour ». Qu'il leur
est pénible de penser à la parabole du mauvais riche. Le riche
demande que Lazare aille avertir ses cinq frères, pour leur faire
éviter l'enfer. Dieu lui répond: « Ils ont Mes prophètes,
qu'ils les écoutent; s'ils n'ajoutent point foi à leurs paroles,
ils ne croiraient pas mieux les morts que je pourrais envoyer vers
eux ». Qu'il leur est pénible de pleurer avec Notre Seigneur,
sur la Jérusalem nouvelle qui ne veut pas répondre à l'affection
qu'ils lui portent! Oh! n'ayons pas d'indifférence pour la Parole
Divine, si nous ne voulons point être condamnés! Rappelons-nous
plutôt cette image qui nous en est donnée dans les psaumes.
« Seigneur! qu'elle est douce Votre Parole; elle surpasse même
la douceur du miel. C'est la Lumière qui dirige mes pas et qui me
montre ma route ». Nous aurons à cœur de la connaître, et
nous comprendrons mieux la pensée de Saint Augustin: « Celui
qui méprise la Parole de Dieu est aussi coupable que celui qui
prendrait dans ses mains la Sainte Eucharistie, la jetterait dans la
boue, la foulerait aux pieds ». Jésus ne nous a pas seulement
laissé les Ministres de sa parole, mais Il nous a donné aussi des
représentants de Sa Pauvreté; et c'est en servant les pauvres que
nous le servirons Lui-même. N'a-t-Il pas pris la forme de ce petit
lépreux que Sainte Élisabeth de Hongrie recueillit autrefois sur
son passage et emporta dans son lit? N'est-il pas dit dans les Livres
Saints: « Celui qui a pitié du pauvre, prête au Seigneur à
intérêt; le Seigneur lui rendra ce qu'il a prêté ». Oh!
aimons les pauvres, servons en eux Notre Seigneur. Si nous avons
conservé dans nos familles la pieuse habitude de lire tous les soirs
une page de la vie des Saints, nous remarquerons qu'ils nous en
donnent, presque à chaque page, l'exemple.
O
Saintes Maries, donnez-nous l'amour de la Parole Divine et l'amour
des pauvres. Faites que nous puissions nous entendre dire, au dernier
jour: « J'ai eu faim, et vous m'avez donné à manger; j'ai eu
soif, et vous m'avez donné à boire; j'ai été dans l'indigence, et
vous m'avez secouru; venez posséder le royaume qui vous a été
préparé depuis le commencement du monde ». Ainsi soit-il.
Réciter
ensuite le Magnificat puis les Litanies des Saintes Maries
(voir au premier jour)
Troisième jour
Les Saintes Maries au pied de la Croix
Réciter le Veni Creator Spiritus
(voir au premier jour)
Considérons
les Saintes Maries debout sur le Calvaire, mêlant leurs larmes à
celles de la Sainte Vierge, et contemplant Jésus crucifié; tachons
de pénétrer jusqu'au fond de leur âme, et devoir les sentiments
qui les animaient à ce moment de si cruelle angoisse. Comme le péché
dut leur paraître hideux, puisque c'est lui qui avait amassé sur
leur Divin Maître tant d'injures, tant d'outrages, tant de
souffrances! Qu'elles durent pleurer sur l'ingratitude des Juifs
envers le Sauveur mourant qui leur pardonnait, tandis qu'ils
tournaient la tête en signe de mépris! Comme elles durent bien
comprendre que la seule voie qui conduise au ciel, c'est celle de la
croix, suivant l'a vérité de ces paroles de Notre Seigneur: « Si
quelqu'un veut Me suivre, qu'il prenne sa croix, et qu'il se renonce
soi-même ». Mettons-nous au pied de notre crucifix, et
disons-nous: C'est pour nos péchés que Jésus-Christ a enduré tant
de tourments. Arrosons les pieds de notre Divin Maître de ces larmes
salutaires qui obtinrent un généreux pardon à la pécheresse de
l'Évangile. Prenons la résolution de détester le péché, et de le
détruire dans nos cœurs. Portons, en même temps, nos regards sur
ce qui se passe autour de nous. Combien d'ingrats qui osent encore
injurier le Sauveur! Combien de pécheurs aveuglés se font pour
ainsi dire, un devoir de renouveler la scène douloureuse du
Calvaire! Conjurons le Sauveur de leur pardonner, car, comme les
Juifs, hélas! ils ne savent ce qu'ils font; ils ne connaissent point
la noirceur de leur faute. Ils ne savent pas tout l'amour que le
Sauveur a pour eux. N'oublions pas surtout que la voie du Ciel n'est
autre que la voie de la Croix. Oui, sans doute, il est dur, nous dit
l'auteur de l'Imitation, d'entendre cette maxime: « Renoncez à
vous-mêmes et portez votre croix; mais il sera bien plus dur encore
d'entendre cette condamnation: « Retirez-vous de moi, maudits,
allez au feu éternel ». Quelques croix que le Bon Dieu nous
réserve, supportons-les avec résignation, et, pour nous encourager
dans nos faiblesses, ayons souvent devant les yeux ce Saint qui,
paralysé de tous ses membres, était porté tous les jours par sa
mère et son frère à la porte de l'église de Saint-Clément de
Rome. Là il sollicitait la compassion des fidèles. Ses infirmités
ne l'attristaient point; il était toujours heureux; il se faisait
apprendre les chants de l'Église, et les redisait avec un suprême
bonheur. Aussi mérita-t-il de s'écrier à ses derniers moments:
« Faites silence; n'entendez-vous pas cette douce mélodie qui
résonne dans les cieux! » et, en achevant ces paroles, il
quittait la terre pour aller chanter avec les anges.
O
Saintes Maries, inspirez-nous la haine du péché, convertissez les
pécheurs. Embrasez-nous de l'amour de la Croix, afin qu'après avoir
partagé les souffrances du Sauveur sur cette terre, nous méritions
d'avoir une part à Sa gloire dans les cieux, selon cette parole de
saint Paul: « Si nous souffrons avec Jésus, nous partagerons
son triomphe ». Ainsi soit-il.
Réciter ensuite le Magnificat puis les Litanies des Saintes Maries
(voir au premier jour)
Quatrième
jour
Les Saintes Maries au Cénacle
Réciter le Veni Creator Spiritus
(voir au premier jour)
Considérons les Saintes Maries en prière au Cénacle, avec les Apôtres et les Disciples de Jésus. Le Sauveur venait de s'élever vers le ciel, en présence de cinq cents Disciples; Il avait promis aux siens de leur envoyer l'Esprit Consolateur, et leur avait dit de l'attendre à Jérusalem. Les apôtres vont se préparer à la venue de l'Esprit Saint. Ils choisissent de préférence la salle qui avait été témoin de l'Institution de l'Eucharistie, ou le Sauveur était venu les visiter quelquefois, après la résurrection. Les Saintes Maries étaient avec eux. Comme leurs prières durent être ferventes! Comme les anges du Ciel devaient contempler, avec bonheur, toutes ces âmes d'élite qui passaient des journées entières dans les entretiens avec Dieu! Et, au jour de la Pentecôte, admises à participer aux grâces qu'apportait à la terre un Dieu consolateur, quelle ne fut pas leur joie! Pour nous, nous avons aussi un Cénacle où les paroles de la Cène sont souvent répétées et produisent les mêmes merveilles. Dieu s'immole tous les jours dans nos églises; Il prend les apparences du pain et du vin pour descendre et habiter parmi nous. Allons prier dans ces nouveaux Cénacles! Et ne nous contentons pas de prier seulement dans nos églises, mais prions encore dans nos familles. Prions toujours, suivant le conseil de Notre Seigneur Lui-même: « Il faut toujours prier, et ne jamais se lasser ». Pour cela offrons foutes nos occupations, tous nos instants, toutes nos pensées à Jésus, dès notre lever. C'est là le gage de la paix, le secret du bonheur et la source des plus nombreux mérites. Dans nos tristesses, rappelons-nous cette pensée du curé d'Ars: « Nos peines, disait-il, fondent devant la prière, comme la neige, devant le soleil ». Dans nos découragements, méditons ce trait de la vie de Jésus: Il priait, lorsqu'un de ses Disciples s'approche: « Seigneur, dit-il, enseignez-nous à prier ». Le Maître contenta ses désirs, et lui enseigna la prière que nous connaissons tous: le Notre Père. Et, pour montrer combien on devait être constant dans la prière, Il ajouta : « Un homme pauvre, mais hospitalier, reçut, au milieu de la nuit, un voyageur; il court aussitôt frapper à la porte de son ami. Prêtez-moi trois pains, lui dit-il, car un hôte m'arrive, et je n'ai rien à lui offrir. Mais l'ami est couché, la maison est close; il refusa de se lever. Le solliciteur ne se rebute pas, il frappe, frappe toujours jusqu'à ce qu'on lui donne les trois pains. Et Moi aussi, je vous le dis, poursuit le Seigneur, demandez et on vous donnera. Quel est celui d'entre vous qui, demandant du pain à son père, en reçoit une pierre; si vous demandez un poisson, vous donnera-t-il un serpent? si vous désirez un œuf, vous offrira-t-il un scorpion? Comment votre Père céleste pourrait-il vous refuser le bien que vous lui demandez ».
O
grandes Saintes, gravez dans nos cœurs, ces comparaisons du divin
Maître. Mettez sur nos lèvres, autant que dans notre âme, cette
demande du disciple: « Seigneur, enseignez-nous à prier ».
Nous serons sûrs ainsi de contempler un jour notre Père céleste,
d'avoir place dans son royaume et de partager la gloire qu'il réserve
à ses élus. Ainsi soit-il.
Réciter ensuite le Magnificat puis les Litanies des Saintes Maries
(voir au premier jour)
Cinquième jour
Les Saintes Maries éprouvées dans leur Foi par la persécution
Réciter le Veni Creator Spiritus
(voir au premier jour)
Considérons les Saintes Maries, éprouvées dans leur foi. Le jour de la Pentecôte, l'Esprit Saint a donné trois mille conversions à la parole de Saint Pierre. Quelques jours après, cinq mille nouveaux convertis grossissent les rangs de l'Église naissante. Les miracles opérés par les apôtres, leurs prédications entraînent les foules. Mais bientôt les Juifs s'irritent de ce succès, et la persécution commence. Les saintes Maries quittent Jérusalem. Elles sont avec Lazare, Marthe, Madeleine, Maximin et d'autres disciples. Les Juifs voudraient leur faire abjurer leur foi; mais elles ne sauront pas même en rougir, et les menaces de mort les trouveront inébranlables. La mer va être leur tombeau? Non! Non! Dieu se servira de la persécution pour faire éclater sa gloire: il réserve ces âmes d'élite pour la terre privilégiée des Gaules! Louons Dieu qui s'est montré si généreux pour notre patrie! Aurons-nous la gloire d'être persécutés pour le Nom de Jésus? Ah! si une telle grâce nous était donnée, demandons à Dieu la force d'imiter les Saintes Maries. Il est toutefois une persécution à laquelle nous n'échapperons pas. Nous avons un ennemi sans cesse irrité contre nous, et à tout moment, selon l'expression de Saint Pierre, prêt à fondre sur nous, comme un lion sur sa proie; résistons-lui sans crainte, espérons en Dieu, c'est lui qui le terrasse, comme il terrasse les persécuteurs. Ils ont beau se lever contre nous, nos ennemis; Dieu les voit du haut du ciel, suivant la pensée de David, il se joue de leurs efforts, il n'a qu'à dira un mot pour les réduire en poussière. Il est des épreuves qui pourraient mettre en péril notre foi, et nous faire douter de là Bonté divine. Au lieu de dire, comme plusieurs, que Dieu nous a abandonnés, ou qu'il paraît trop sévère, disons, avec l'auteur de l'Imitation: « Il est bon pour nous que des contrariétés nous affligent; elles rappellent à l'homme qu'il est sur une terre d'exil et qu'il ne doit pas placer son espérance ici-bas ». Un infirme avait une dévotion particulière à Saint Thomas de Cantorbery; il alla prier sur son tombeau pour obtenir sa guérison. Sa demande fut exaucée. Bientôt après, il se dit qu'il avait eu tort, peut-être, de demander cette grâce; l'infirmité n'était-elle pas plus nécessaire à son salut! Il retourne une seconde fois au tombeau du saint; il le prie de demander à Dieu pour lui, ce qui lui serait le plus avantageux. Dieu lui envoya sa première infirmité; le chrétien la reçut avec la plus vive consolation.
O
Saintes Maries, augmentez notre Foi. Faites que nous ne nous
laissions pas vaincre par le respect humain, la fausse honte ou les
épreuves. Faites que Dieu pardonne aux persécuteurs de son Église
et que, s'il les terrasse, ils puissent se relever, comme Saint Paul,
amis de Jésus et passionnés pour Sa gloire. Faites aussi que nous
combattions toujours les bons combats pour avoir un jour la palme de
la victoire! Ainsi soit-il.
Réciter ensuite le Magnificat puis les Litanies des Saintes Maries
(voir au premier jour)
Sixième
jour
Les saintes Maries confiantes en la Providence
Réciter le Veni Creator Spiritus
(voir au premier jour)
Considérons les Saintes Maries exposées à la fureur des vagues sur un frêle esquif. Vont-elles s'attrister de se voir sans cesse à la veille de périr? S'inquièteront-elles du lendemain, éclateront-elles en gémissements et en larmes? Maudiront-elles leurs persécuteurs? Oh! Non! elles prient pour ceux qui les ont poursuivies de leur haine; elles se rappellent, sans doute, que Jésus autrefois apaisa la, tempête sur le lac de Génésareth; elles se disent qu'il aura la même puissance sur la mer qui les porte, et, pleines de confiance, s'abandonnent entre ses mains. Leur confiance est agréable au Seigneur qui envoie un Ange à leur secours, et leur prépare une terre hospitalière en Camargue. Nous sommes sur la mer du monde, encore plus agitée que celle que traversent les saintes Maries; des écueils nous environnent de toutes parts. Peut-être manquons-nous de confiance. Relisons cette belle page de l'Évangile qu'aucune parole humaine ne saurait égaler: « Votre Père du ciel sait ce qui vous est nécessaire, avant que vous le lui demandiez. Aussi, ne soyez pas en peine du lendemain. Voyez les oiseaux du ciel; ils ne sèment point, ils ne moissonnent point, ils n'amassent rien dans leurs greniers; mais votre Père céleste les nourrit; ne lui êtes-vous pas beaucoup plus chers. Voyez comment croissent les lys des champs; ils ne travaillent point, ils ne filent point; et cependant je vous déclare que Salomon, dans toute sa gloire, n'a jamais été vêtu comme l'un d'eux. Si donc Dieu a soin de vêtir ainsi une herbe des champs qui vit aujourd'hui et demain sera jetée au feu, combien aura-t-il plus de soin pour vous ». Ayons pleine confiance dans le Seigneur, et suivons ce conseil qui résume toute sa doctrine: « Cherchez d'abord le Royaume de Dieu et Sa Justice, et tout vous sera donné par surcroît ». Écoutons Jésus qui nous dit dans le beau livre de l'Imitation: « Mon fils, laissez-Moi vous diriger comme Je le voudrai, Je sais ce qui vous convient »; et répondons-lui: « Si Vous voulez que je sois dans les ténèbres, soyez béni; si Vous voulez que la lumière m'éclaire, soyez béni; si Vous me jugez digne de consolation, soyez béni ». Saint Dominique priait pour la guérison d'un de ses amis qui lui avait demandé d'entrer dans son ordre, et était tombé gravement malade. La sainte Vierge visita le malade, et lui dit: « Que voulez-vous que Je fasse pour vous? Je viens savoir ce que vous désirez ». Le malade se trouble, il est saisi de crainte et de respect. Une des Saintes qui accompagnent la sainte Vierge l'engage à ne rien demander. « Mon fils, ajouta-t-elle, abandonnez-vous entre les mains de la Mère de Dieu; Elle sait mieux que vous ce qui vous est nécessaire ». Il suivit un conseil si sage, et, s'adressant à la sainte Vierge: « Je ne demande rien, dit-il, je n'ai pas d'autre volonté que la Vôtre ». Et la sainte Vierge, heureuse de cette confiance, le guérit aussitôt.
O Saintes Maries, apprenez-nous à mettre notre confiance dans le Seigneur! Donnez-nous l'intelligence de ces paroles de l'Imitation: « Ne placez pas votre confiance dans l'homme mortel et périssable. Celui qui est pour vous aujourd'hui, demain sera contre vous. Placez toute votre confiance dans le Seigneur ». Oh! oui, ô Saintes Maries, c'est en Lui seul que nous voulons nous confier, pour suivra le conseil que l'Esprit Saint nous donne par son Prophète: « Abandonnez au Seigneur le soin de tout ce qui vous regarde; Lui-même vous nourrira, Il ne laissera pas le juste dans une éternelle agitation ». Ainsi soit-il.
Réciter ensuite le Magnificat puis les Litanies des Saintes Maries
(voir au premier jour)
Septième
jour
Les Saintes Maries à leur arrivée sur la
terre de Provence
Réciter le Veni Creator Spiritus
(voir au premier jour)
Considérons les Saintes Maries abordant miraculeusement sur la terre de Provence. Comme autrefois les Hébreux sortis des flots de la mer Rouge, elles vont entonner un cantique d'action de grâces. Elles ne diront pas avec Moïse et les enfants d'Israël: « Chantons des hymnes au Seigneur, parce qu'il a fait éclater sa grandeur et sa gloire, et qu'il a précipité dans la mer le cheval et le cavalier ». Elles ont une hymne d'action de grâces plus belle et plus puissante. Elles dressent un autel. Lazare, Maximin célèbrent les Saints Mystères. C'est Jésus qui est offert, et la reconnaissance des Saintes Maries s'élève jusqu'au trône du Tout-Puissant, portée par les Anges qui, pour la première fois, sont venus adorer, sur cette terre des Gaules, le Dieu Rédempteur de l'Eucharistie. Le miracle de Mara va se renouveler, mais plus éclatant encore. Les Juifs entrèrent, en chantant les louanges du Seigneur, dans le désert de Sur; ils avaient marché pendant trois jours, ils n'avaient point trouvé d'eau. Seules, des eaux amères s'offraient pour apaiser leur soif. Dieu fait éclater sa puissance et en adoucit l'amertume. Ici, il ne faut pas des journées entières pour trouver cette eau douce qui semble faire défaut; elle est donnée par une source qui jaillit même auprès de l'autel où s'est offerte la Victime Sainte. Oh! si nous jetons un regard sur le passé, nous verrons que Dieu nous a fait échapper, nous aussi, à bien des périls, et nous pourrons peut-être nous dire: « Hélas! si, à tel âge, Dieu ne m'avait pas arraché au danger qui me menaçait, je serais dans un océan de flammes, et pour toujours! Si Dieu ne m'avait donné un ange gardien pour me montrer la route, je me serais égare et jeté dans quelque précipice. Si je n'avais, été appelé loin de cette ville coupable, je serais maintenant privé des consolations que j'éprouve ». Oh! chantons aujourd'hui, avec toute l'ardeur dont nous sommes capables, le cantique de reconnaissance de Marie. Assistons avec plus de piété à la Sainte Messe. Quelles sont bien vraies ces paroles de l'Imitation: « Il est amer de voir que le Sacrifice de la messe, qui réjouit le Ciel et sauve le monde, trouve tant d'indifférents. S'il n'était offert que dans un seul lieu de la terre, et par un seul Prêtre, quel désir n'aurions-nous pas de visiter ce lieu, et d'unir nos prières à celles de ce Prêtre! » Sortons de notre tiédeur, et nous aurons le bonheur de nous désaltérer à cette source d'eau vive que Jésus fit connaître à la Samaritaine: « Ah! lui disait-Il, si vous connaissiez le don de Dieu! si vous saviez Celui qui vous demande à boire, vous le Lui demanderiez vous-même, et Il vous donnerait de l'eau vive. Celui qui boira de l'eau de ce puits aura encore soif; mais celui qui boira de l'eau que Je donne, sera désaltéré pour toujours ». Nous connaissons quelle est cette eau vive, nous pouvons la recevoir, c'est la grâce; et, Dieu l'a dit à saint Paul: « La grâce vous suffit ». Demandons-là au Saint Sacrifice de la Messe, et elle jaillira de l'Autel pour venir se répandre dans nos âmes.
O
Saintes Maries, rendez-nous plus reconnaissants envers le Ciel.
Faites que nous assistions toujours au Saint Sacrifice avec la plus
grande ferveur. Aidez-nous à dire avec fruit cette prière de la
Samaritaine: « Seigneur, donnez-nous l'eau vive, afin que nous
ne soyons plus altérés ». Ce sera le gage de notre bonheur
ici-bas et de notre félicité au ciel. Ainsi soit-il.
Réciter ensuite le Magnificat puis les Litanies des Saintes Maries
(voir au premier jour)
Huitième
jour
Les Saintes Maries travaillent à la conversion de l'ile qui leur sert de refuge
Réciter le Veni Creator Spiritus
(voir au premier jour)
Considérons les Saintes Maries travaillant à la conversion de l'Ile de la Camargue. Elles ont obtenu des grâces; elles veulent les rendre fécondes. Leurs exemples, leur vie sainte sont une prédication. Le charme de leur parole, toute empreinte des maximes et Jésus, va jusqu'aux cœurs les plus froids et les plus endurcis. Elles se retirent souvent dans leur petit oratoire. Là, elles prient; et le Seigneur se communique à elles, et dans ce doux entretien Il leur donne les plus sûrs moyens de Le faire connaître, servir et aimer. Louons les Saintes Maries de leur zèle pour le salut des âmes. Comme elles, pourquoi ne prêcherions-nous pas nous-mêmes par le bon exemple! Que de mérites nous seraient réservés, si nous le donnions dans nos paroisses, en assistant assidûment aux Saints Offices, dans nos familles, en remplissant fidèlement nos devoirs religieux; auprès de nos amis, en les entraînant dans la voie du Salut. Pourquoi n'emploierions-nous pas le secours de la parole? Nous aimons Jésus, et nous ne parlerions jamais de Sa Bonté, de Sa Puissance, de Sa Miséricorde! Nous souhaitons le Ciel, et toutes nos paroles seraient pour la terre! Nous verrions l'ingratitude des hommes pour leur Sauveur, et nous ne saurions en gémir! Que cette parole de l'Évangile nous condamne: « Là où se trouve votre trésor, là est aussi votre cœur ». Pourquoi, surtout, n'aurions-nous pas recours à la prière. Nous passons souvent devant nos églises; il serait si agréable au Seigneur que nous allions Lui consacrer quelques minutes, Lui offrir nos adorations! Nous aurions dans la journée plusieurs heures de loisir, et nous ne passerions pas quelques instants auprès du tabernacle! Oh! Non! allons auprès de Jésus qui nous appelle, tombons à Ses pieds et là, pensons aux pauvres malades. Demandons à Dieu qu'Il leur donne le courage de supporter patiemment leurs douleurs et de les sanctifier. C'est là une œuvre de zèle. Pensons aux pécheurs qui l'affligent le plus. Rappelons-nous qu'il peut d'un seul mot briser la glace de leur cœur, et les amener dans le devoir, selon cette comparaison des Livres Saints: « II parlera, et la glace se fondra ». Pensons à nos frères défunts qui gémissent dans les flammes du Purgatoire; demandons la fin de leurs souffrances. En un mot, pensons à ceux qui nous sont chers.
O
Saintes Maries, embrasez nos cœurs des flammes de ce feu divin qui
vous consumait et vous portait à étendre partout le Règne de Dieu!
Donnez-nous le zèle du bon exemple, le courage de la parole et la
persévérance de la prière, afin que nous puissions contribuer à
augmenter le nombre des serviteurs de Jésus, pour mériter
nous-mêmes d'être un jour Ses élus. Ainsi soit-il.
Réciter ensuite le Magnificat puis les Litanies des Saintes Maries
(voir au premier jour)
Neuvième jour
Les Saintes Maries sur le point de se séparer ici-bas pour se retrouver bientôt au ciel
Réciter le Veni Creator Spiritus
(voir au premier jour)
Considérons
les Saintes Maries prêtes à se dire adieu sur cette terre d'exil.
Sainte Marie Jacobé vient d'apprendre que sa fin est proche, fille a
entendu ces paroles du ciel que le prophète avait dites autrefois au
roi Ezéchias: « Votre temps est fini, vous allez mourir ».
Une dernière fois, Sainte Marie Jacobé aura la consolation de
revoir son Sauveur. Ah! comme elle dut être fervente, cette
communion dernière! Comme elle dût être heureuse, Sainte Marie
Jacobé, en voyant Jésus venir à elle pour l'assister dans son
voyage de cette vie d'exil à la véritable patrie! Quelle ne dut pas
être sa reconnaissance! Elle va quitter la terre sans regret. Elle a
son Dieu dans son cœur. Elle le contemplera bientôt dans sa gloire.
Toutes ses pensées sont pour le ciel; elle appelle Marie Salomé,
lui montre, de sa main défaillante, le séjour des élus: « Là,
dit-elle, nous nous retrouverons un jour », et ses yeux se
fermèrent à la pâle lumière de ce monde, pour aller voir Dieu
dans toute Sa Gloire. Demain nous aurons le bonheur de recevoir Jésus
dans la Sainte Communion. Faisons naître en nous les dispositions
qu'avait Sainte Marie Jacobé sur son lit de mort. Regardons cette
Communion comme si elle devait être la dernière. Dès notre lever,
saluons le beau jour qui va luire pour nous. Méditons cette page qui
ouvre le quatrième Livre de l'Imitation, elle fera naître en nous
les plus doux sentiments: « Et quoi! Seigneur, Vous m'appelez,
et qui suis-je pour oser m'approcher de Vous. Cependant, plein de
confiance en Votre Bonté et Votre grande Miséricorde, je m'approche
de Vous, Seigneur: malade, je viens à mon Sauveur; consumé de faim
et de soif, je viens a la source de vie; pauvre, je viens au Roi du
ciel ». Allons ensuite vers notre Sauveur, avec l'empressement
des Saintes Maries. Les Anges accompagneront Jésus à la table
sainte. Ils ne nous diront pas: « Celui que vous cherchez n'est
pas ici ». Ah! ils nous diront plutôt: « Réjouissez-vous,
soyez dans une sainte allégresse: Jésus vient vers vous, Il va
descendre dans vos cœurs ». Lorsque le moment viendra de dire
adieu au sanctuaire des Saintes Maries, rappelons-nous que notre
tente n'est pas ici-bas dressée pour toujours. Portons nos regards,
nos pensées, nos espérances vers le Ciel. Avancerions-nous vers la
patrie en téméraires? Ne nous préparerions-nous pas une place dans
le Royaume où règnent les saintes Maries? Tous les soirs, avant de
nous livrer au sommeil, pensons que le repos que nous allons prendre
sera peut-être le repos de la mort. Demandons pardon à Dieu de nos
fautes; notre sommeil sera paisible; ainsi la mort ne saura nous
surprendre.
O
Saintes Maries, disposez nos cœurs à recevoir Jésus. Il va nous
apporter les grâces que vous avez obtenues pour nous. Faites que
rien en nous n'attriste Son Cœur sacré. Donnez-nous l'intelligence
de cette parole de l'Imitation: « Si aujourd'hui je ne suis pas
prêt à quitter la terre, le serai-je mieux demain? aurai-je plus de
soin pour m'y préparer? » Ah! n'ayons qu'un désir, celui de
vivre comme si nous n'avions qu'une heure, un instant qui nous
séparent de l'éternité bienheureuse. Ainsi soit-il.
Réciter ensuite le Magnificat puis les Litanies des Saintes Maries
(voir au premier jour)
Texte intégralement extrait du livre « Manuel pour le Pèlerinage des Saintes Maries de Provence », Abbé Lamoureux, Nimes, 1881
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