Mois de Notre Dame de la Salette
Mois de Notre Dame de la Salette
Premier jour
Les apparition en général et leur opportunité
Les apparitions surnaturelles, les manifestations divines ne sont, ni inventées par une superstition aveugle, ni nouvelles dans l’Église catholique: l'histoire est pleine des récits authentiques et touchants de ce divin commerce du ciel avec la terre: Dieu se promène avec le premier homme, sous une forme sensible, au paradis terrestre; il est assis à côté d'Abraham, sous la tente et les chênes du désert; il apparaît à Jacob dans un songe mystérieux; Moïse entend sa voix dans un buisson en feu ou sur le Sinaï: et dans les autres âges, lorsqu'il ne se montre pas lui-même, Il se révèle par les patriarches, par les prophètes; et sous la loi nouvelle par les anges, par les élus, par sa divine Mère. Aux esprits orgueilleux que pourraient étonner ces communications surnaturelles, il faut montrer une apparition bien autrement surprenante: celle qui a ouvert le ciel pour faire place au Fils de Dieu qui est descendu au milieu de nous: « Il a paru sur la terre, dit l'Apôtre, et il a conversé avec les hommes ». Or, après cette grande apparition, visible à tous les yeux, d'une durée de trente-trois ans, pendant lesquels le Fils de Dieu a vécu, agi, parlé au milieu de nous, se faisant l'ami de l'homme, le compagnon exilé de sa vie; quel esprit sincère peut se donner le droit injurieux, la prétention orgueilleuse de nier le divin commerce de Dieu avec l'homme, à travers les divers âges religieux de ce monde? Au reste, ces communications surnaturelles ont trois principaux motifs: Le premier est au cœur même de Dieu qui nous recherche toujours parce qu'il nous aime; n'a-t-il pas dit que ses délices étaient de vivre et d'habiter au milieu des enfants des hommes? 2° Les apparitions sont une sorte de chaîne mystérieuse entre l’Église du ciel et l’Église de la terre, unissant les membres d'une même famille; et enfin, Père des élus et des hommes, Dieu ne veut pas le silence entre ses enfants, mais il les envoie quelquefois se visiter et converser ensemble des douleurs de l'exil et des gloires de la patrie, pour les amener tous à la conquête du ciel. Mais, de toutes les apparitions, celles de la Sainte Vierge sont les plus fréquentes: établie au Calvaire Mère des hommes, elle ne saurait les délaisser, et son Assomption dans le ciel place sous nos yeux une image aussi douce que merveilleuse: c'est Marie assise sur un trône resplendissant, à côté de son fils; mais Elle y apparaît si occupée des hommes, qu'Elle semble oublier sa propre gloire: comme si le ciel était trop au-dessus de la terre, Elle descend ici-bas pour converser avec ses enfants: et que de fois Elle s'est montrée à eux, aux vierges dans les cloîtres, aux enfants au fond des vallons obscurs, aux bergers sur de hautes montagnes; et cette condescendance de la Sainte Vierge nous touche, mais elle ne nous étonne pas: Elle est notre Mère, et une mère peut-elle n'être pas partout où sont ses enfants pour les consoler ou les instruire?
Nous ne cherchons pas ici à soulever indiscrètement les voiles de l'avenir: cependant, l'illusion n'est plus possible: aveugle et sourde en son orgueil, notre société avance toujours sur la pente des abîmes; vaine de sa science trompeuse, fière de son progrès matériel, confiante en sa force apparente, elle s'en va, insultant le ciel, humiliant l’Église, foulant dédaigneusement aux pieds toutes les lois de Dieu... Encore quelques nouveaux crimes peut-être, et la mesure débordera de toutes parts... Le ciel semble prêt à venger les iniquités sans nombre, dont le flot monte sans cesse; les signes avant-coureurs éclatent en divers lieux... il n'est pas jusqu'à ce calme apparent dont nous jouissons qui ne soit un indice que les nuages se forment dans les régions cachées des tempêtes!... En un mot, dans cet oubli passé et présent des choses de Dieu, nous allions toucher à un moment solennel, à une heure terrible. Le bras du Seigneur depuis longtemps alourdi et lassé par nos crimes, allait enfin frapper; et, dans l'attente du coup suprême de la justice, il se faisait au ciel un grand silence. Alors, notre divine Mère, descendant de son trône de gloire, se prosterne devant Dieu pleine de douleurs mystérieuses: « Grâce, ô mon Fils Jésus, s'écrie-t-elle, grâce pour des coupables qui sont aussi mes enfants! » « O ma mère bien-aimée, répond le Verbe incarné... eh quoi! le Martyre du Golgotha sera-t-il donc toujours renouvelé en votre cœur?... C'est assez, ma Mère, c'est assez d'inépuisable amour!... Laissez-moi venger vos douleurs méprisées! » « Non, mon Fils, non, vous ne frapperez pas encore; vous êtes né de moi, le doux Sauveur des hommes ». Et Jésus, résistant doucement à Marie: « Faites place à ma justice, ne retenez plus mon bras, ô ma Mère; il faut frapper des ingrats qui me méprisent et qui vous font gémir! » Mais, Marie, intercédant toujours: « Encore, encore la miséricorde, répétait-elle... j'irai visiter les coupables, mon fils, je leur parlerai; ils écouteront la voix de leur Mère, et ils se convertiront... » Et sans attendre le dernier mot de la justice, Marie est partie du ciel, hâtant ses pas!... et le visage voilé de ses mains virginales, la voilà; la voilà tristement assise sur les rochers des montagnes de la Salette, versant d'abondantes larmes, nous conjurant d'apaiser la colère de son Fils et de consoler ses douleurs. En face de ce message divin et des larmes de Marie devant les abîmes ouverts de nos temps si malheureux, qui ne déclarera merveilleusement opportune, cette grande apparition de la Sainte Vierge, et bien miséricordieusement providentielle, la dévotion à Notre Dame de la Salette, qui nous avertit de tous nos maux et nous en offre les remèdes salutaires ?
Pratique : Professer un respect religieux pour tous événements merveilleux et suffisamment authentiques de l'ordre surnaturel; s'abstenir tout au moins de toute critique, souvent aussi injuste qu'elle est peu éclairée.
Guérison d'un jeune Séminariste
Un vénérable chanoine du chapitre cathédral de V.... et ancien supérieur du petit séminaire de cette ville, a rapporté le fait suivant; la rédaction est de la plus rigoureuse exactitude. Au mois de mai 1847, moins d'un an après l'apparition, je fis le pèlerinage de la sainte Montagne, et j'emportai alors comme souvenir, un flacon d'eau de la source miraculeuse. Le mois suivant, un de nos enfants fut atteint d'une douleur très-vive à l'index de la main gauche. Le mal était des plus douloureux. Un matin, il entre dans ma chambre et me dit : « Monsieur le supérieur, je n'y tiens plus; si cela continue, j'en perds la tête; je suis fou de douleur ». A son état d'exaltation, je voyais bien que la souffrance était bien grande: j'essayais de le consoler; mais c'est un remède qu'il venait me demander, et où le prendre? lorsque tout à coup, le flacon d'eau de La Salette me vint à la pensée. Ce fut pour moi comme un trait de lumière. Je m'adressai alors à l'enfant, et lui dis: « Mon ami, croyez-vous à l'apparition de la Sainte Vierge à la Salette? » « Ah! Monsieur, si j'y crois! il me semble que j'y crois comme vous ». J'avais en effet raconté mon pèlerinage à nos enfants, et mon récit les avait vivement impressionnés. « Eh bien! lui dis-je, puisque vous croyez à l'apparition, nous allons essayer d'un remède ». Je lui recommandai avant, de se mettre à genoux sur mon prie-Dieu et de réciter de tout son cœur un acte de Contrition, trois Ave Maria suivis de l'invocation que nous récitâmes ensemble. Il fit sa prière avec tant de ferveur que je sentis ma confiance redoubler. J'enlevai de son doigt l'enveloppe qui le couvrait. C'était vraiment hideux à voir. L'enflure, la couleur de la chair, la pourriture qui en sortait, tout cela expliquait son état d'exaltation et la violence de son mal. Je trempai dans cette eau une simple compresse que j'appliquai sur ce membre malade, et je l'envoyai à l'infirmerie, lui recommandant bien de revenir le soir et le lendemain matin aussi, et ainsi de suite deux fois par jour, jusqu'à complète guérison. Le soir, à l'heure désignée, je l'attendais dans ma chambre, mais l'enfant ne parut pas; je le fis appeler, il était au dortoir, dans son alcôve, et sur le point de se coucher. Il vint bientôt. « Excusez-moi, M. le Supérieur, me dit-il en entrant, je ne l'avais pas oublié; mais, comme je ne souffrais pas, je n'ai pas voulu vous déranger ce soir ». « Et depuis quand ne sentez-vous plus votre mal, lui dis-je? » Après un moment de réflexion, il me répondit: « J'ai accepté aujourd'hui même une partie de balle qu'on m'avait proposée; j'ai même remarqué que la balle a plusieurs fois frappé sur mon doigt, et je n'ai ressenti aucune douleur ». Ces détails me firent la plus vive impression, et je ne doutai pas un instant que la confiance de ce cher enfant avait été récompensée par un trait particulier de la protection de Notre-Dame de la Salette. Je le fis passer à l'infirmerie pour examiner ce doigt. Quelle ne fut pas alors ma surprise! Non seulement il n'y avait plus d'enflure ni de plaie, mais le doigt était dans l'état le plus sain sans porter la plus légère trace du mal. Je conduisis alors l'enfant auprès de nos Messieurs (les professeurs) qui prenaient ensemble un moment de récréation, et comme moi, ils admirèrent ce trait prodigieux de la bonté de Notre Dame de la Salette. Je voulus alors, pour l'exciter à une grande reconnaissance, lui faire quelques réflexions sur la bonté que la Sainte Vierge lui avait témoignée. Mais, à mesure que je parlais, il se mit à pleurer et avec une telle abondance de larmes, que j'en fus vraiment peiné un instant. « Qu'avez-vous donc, mon enfant, lui dis-je, et d'où vient que vous pleurez de la sorte ? » II me fit cette touchante réponse: « Ah! Monsieur le Supérieur, je ne puis vous dire combien je suis touché. Si je m'étais trouvé bien malade, je comprendrais que la Sainte Vierge eût pensé à me guérir; mais qu'Elle ait eu la pensée de s'occuper d'un doigt! de si peu de chose! quelle condescendance! » Et le pauvre enfant n'en pouvait plus d'émotion. Quelques années après, ayant terminé ses études, il quitta le séminaire, et par un sentiment de reconnaissance que j'aimais en lui, il m'écrivait quelquefois. Dans une de mes réponses à ses lettres, j'eus la pensée de lui demander le récit de sa guérison qu'il me donna tel que je viens de le rapporter, et il ajouta ce détail: « Non seulement le mal n'a jamais reparu, mais encore, bien que je sois sujet, à l'entrée de l'hiver, à avoir des mains difformes, sous l'action du froid, le doigt de la Sainte Vierge (c'est ainsi qu'il appelait le doigt guéri) est le seul qui ne subisse en aucune manière l'influence du froid, et il semble jouir d'un printemps perpétuel ».
O Marie, on a écrit de votre Fils: « Il est venu du ciel pour sauver les pécheurs ». Elle est venue du ciel pour sauver les pécheurs, pouvons-nous dire aussi en parlant de vos apparitions sur nos montagnes. O Mère de tous les hommes! du haut de votre trône où vous dominez sur nous, bien autrement encore que des hauteurs de la Salette, voyez toujours le monde du même regard, aimez-le toujours du même amour; il est chrétien encore, malgré l'affaiblissement de sa foi. Regardez tous les peuples infortunés qui vous invoquent; éclairez les idolâtres, ramenez les hérétiques, touchez les indifférents, convertissez les pécheurs; rendez à la religion toute la vigueur de sa jeunesse, pacifiez le monde, et bénissez-nous tous; car vous êtes, ô bonne Mère, la tige principale, nous sommes les rejetons; et comme les Fils de l'Olivier nous viendrons, pendant ce mois, enlacer en quelque sorte nos âmes aux fleurs et aux couronnes de vos autels: vous ne trouverez en nous ni des anges, ni des saints, mais vous verrez à vos pieds des pécheurs repentants qui vous veulent encore pour Mère, et qui vous proclameront toujours leur Reine sur la terre et dans le ciel. Ainsi soit-il.
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Mois de Notre Dame de la Salette
Mois de Notre Dame de la Salette
Première partie
L’Apparition
Instruction sur le Mois de Marie
Origine du mois de Marie
« Toutes les nations me diront bienheureuse ». Par ces paroles, Marie avait prédit sa gloire future, et l'amour de tous ses enfants; cette prédiction s'affirme chaque jour elle-même: autant il y a de nations et de cœurs qui glorifient Dieu, autant il y a de nations et de cœurs qui bénissent Marie. La gloire de la Sainte Vierge se répand dans une proportion égale à la diffusion de la foi, et l'amour de Marie, dans le cœur des peuples, est la mesure de leur amour pour Dieu; la prédiction de la Reine des Prophètes aura ainsi son accomplissement définitif, complet et parfait, au jour bienheureux auquel s'accomplira celle de Jésus-Christ: Et il n'y aura qu'un troupeau et un pasteur. Mais à chaque nouveau danger de l'Église, se manifestent de nouveaux hommages, de nouvelles tendresses pour la plus tendre des Mères: à chaque besoin public éclate, au milieu des nations fidèles, un soupir suppliant vers la protectrice de toutes les nations: c'est ainsi qu'ont pris naissance les diverses dévotions en l'honneur de la Mère de Dieu; dévotions qui pourraient servir de monuments séculaires, sur la route des âges, indiquant les différents besoins des siècles. Le siècle dernier a marqué les pages de son histoire par un débordement effroyable d'incrédulité et d'erreurs; il a signalé aussi ses derniers jours par l'institution du plus tendre, du plus efficace exercice de dévotion envers la Sainte Vierge, l'institution du Mois de Marie. Cette dévotion est, en effet, la réunion de toutes les dévotions en l'honneur de la Mère de Dieu; c'est un faisceau de flèches d'amour que nos cœurs lancent au cœur de Marie; c'est la guirlande de toutes les fleurs de la terre que nous semons aux pieds de la maîtresse du monde; c'est la couronne de tous nos sentiments que nous offrons à la Reine de tous les cœurs; c'est, en un mot, comme une armée de tous ses enfants, rangés en bataille autour de ses autels, et s'efforçant de retenir leur Mère, captive tout un mois dans nos églises, dans les liens de leur amour! La dévotion du mois de Marie a pris naissance en Italie, terre privilégiée où la religion a placé son trône, et où l'auguste Mère de Dieu reçoit les plus touchants hommages; et qui n'admirerait ici ce dessein providentiel de Dieu, qui a donné une patrie commune à son Église, et à la dévotion la plus chère au cœur de sa Mère! Le même sentiment de piété qui avait porté les fidèles à honorer Marie, trois fois le jour, à lui dédier un jour de chaque semaine, et une fête chaque mois, leur a inspiré la salutaire pensée de lui consacrer un mois tout entier, parmi les mois de l'année : et ce n'est pas trop d'un mois mis à répandre nos prières et nos cantiques devant les autels de notre Mère. Cette Mère, l'adorable Trinité a mis toute sa puissance à la produire; le temps, quatre mille ans à nous la montrer, et à la fin des âges, la cour des anges, des saints et des vierges passera les siècles éternels à la bénir, à la chanter dans les cieux.
Harmonies du mois de Mai avec le culte de la Sainte Vierge
Le cœur, dit agréablement un auteur moderne, doit toujours présenter ce qu'il a de mieux: c'est pourquoi la piété publique a choisi de préférence le plus beau mois de l'année, le mois de Mai... le mois de Mai, qui par le renouvellement de la nature, invite l'âme à renaître aussi à la grâce; le mois de Mai, qui transforme la terre en un jardin embaumé, dont les fleurs semblent exhaler leurs parfums les plus exquis et emprunter une voix pour inviter Marie à descendre du ciel, et à habiter parmi elles... Et Marie entend toutes ces voix de la création, et Elle descend sur nos autels, disant: « Abîmes des mers, terre, collines, vallons et montagnes, me voici, donnez-moi des fleurs, soutenez-moi au milieu des fleurs, fulcite me floribus!... » Nous aimons ce symbolisme, qui, par les plus gracieuses harmonies, rapproche ce que le ciel possède de plus aimable, et la terre de plus délicat et de plus pur. Écoutons saint Bernard : « Le culte de Marie est un parfum; et dans ce beau mois, les champs sont inondés des plus suaves odeurs. Le nom de la Vierge est une mélodie; et les oiseaux, à cette époque du printemps, chantent sous la nouvelle et fraîche verdure des bois et des haies. Ce nom d'une Mère divine ravit notre âme de joie, et l'enivre d'espoir; et tout dans la nature respire aussi le bonheur; le cœur des enfants des hommes sourit à l'espérance, à la vue de tant de trésors répandus dans la création. Le culte de Marie, c'est la lumière; et le soleil la verse plus pure sur nos têtes. Marie, enfin, c'est la Mère du bel amour, et l'air embaumé qu'on respire, et toute la nature renaissante nous commande aussi l'amour de Dieu, auteur de tant de bienfaits, et la dévotion à l'auguste Marie, dont il a fait sa divine Épouse !... » N'est-ce pas cette admirable harmonie que le Saint-Esprit a voulu exprimer dans le Cantique des Cantiques, par ces paroles: « Levez-vous, hâtez-vous, mes bien-aimés, car l'hiver est passé, les pluies ont cessé , les fleurs ont apparu dans nos campagnes, le temps de tailler les forêts est venu, la voix de la tourterelle a été entendue dans nos contrées; le figuier a poussé ses bourgeons; les vignes fleurissant ont répandu leur odeur. Levez-vous donc, ô mes bien-aimés, levez-vous, et venez!... » Ne croit-on pas ici entendre la Vierge elle-même, nous invitant à lui consacrer notre amour pendant ce beau mois de Mai, et venant nous apprendre, par cette gracieuse peinture, les délices qu'il fera goûter à nos âmes dans sa célébration?...
Sentiments et conseils pratiques pour le mois de Marie
Le mois de Marie est devenu de nos jours dans l’Église, une dévotion particulière, qui nous arrive, soit comme récompense d'un Carême bien observé, soit comme réparation à ce qui manquait de notre part, à ce saint temps de pénitence: c'est une sorte de jubilé annuel offert par Marie, à tous les pécheurs, pour qu'ils se convertissent; à tous les justes, pour se sanctifier encore; à tous les cœurs enfin, pour qu'ils s'excitent à aimer Jésus et sa Mère, d'un amour toujours plus vif et plus efficace; et voici à cette fin quelques conseils pratiques: Vous vous rendrez tous les soirs dans une chapelle consacrée à la Sainte Vierge pour y suivre fidèlement le pieux exercice du mois de Marie: Il est à désirer que, durant ce mois, on entende la messe tous les jours en l'honneur de la Sainte Vierge: Ce serait faire une chose bien agréable au cœur de Marie, et très-utile à votre âme, que de vous disposera faire la communion, le samedi de chaque semaine, jour spécialement, consacré par l’Église à la Mère du Sauveur: Ne laisser passer aucun jour de ce mois sans faire une mortification, pour nous corriger de nos défauts principaux, acquérir les vertus nécessaires à notre sanctification, au salut du prochain et surtout de nos proches; afin que, par les mérites de Jésus, munis de la protection de Marie, et sentant ses vertus, nous arrivions au bonheur de la contempler dans le ciel.
Prière
Offrande du Mois à Notre Dame de La Salette
O Marie! voici dans votre sanctuaire, les enfants dévoués au culte de votre apparition sur les montagnes de la Salette: à genoux au pied de votre autel, et sous le regard maternel de votre image vénérée, nous vous offrons et vous consacrons ce mois béni, qui porte un nom si doux, si cher à votre cœur, le Mois de Marie. Du haut de ce trône nouveau, par vous dressé sur la terre de France, au sommet des Alpes, daignez répandre sur nous une effusion abondante des dons célestes, et rendre efficaces les pieux exercices qui vont partout commencer en votre honneur; nous viendrons méditer tous les jours les enseignements salutaires de votre apparition; et s'il est doux pour un enfant de rencontrer les regards de sa mère, avec quel bonheur nous entendrons votre voix sur la montagne! ô divine Marie, touchez nos cœurs, ouvrez notre esprit à l'intelligence de votre céleste message, pour glorifier votre saint nom, étendre de plus en plus votre règne, et mériter ainsi les grâces diverses qui, après nous avoir sanctifiés pendant les jours trop rapides de ce mois, nous conduiront dans un siècle qui ne doit pas finir, à la bienheureuse éternité. Ainsi soit-il.
Saint jour de Pâques
Saint jour de Pâques
Qu’éclate la joie de pâques!
Qu’elle s’élève sur toute la terre Comme une flamme dans la nuit et qu’elle illumine la vie de tous les hommes!
Jésus est plus fort que la mort!
Qu’éclate la joie de Pâques!
Qu’elle ruisselle sur toute la terre comme une eau vive qui calme la soif Des chercheurs de vérité!
Jésus est vivant pour toujours!
Qu’éclate la joie de Pâques!
Qu’elle soit distribuée à toute la terre comme du pain Qui apaise la faim de ceux qui tendent les mains!
Jésus est le sauveur de tous les hommes!
Qu’éclatent la joie de Pâques!
Qu’elle résonne et carillonne sur toute la terre Comme un chant d’allégresse, comme la Bonne Nouvelle qui redonne espoir aux enfants de Dieu!
Jésus est ressuscité!
Extrait de « Qu’éclate la joie de Pâques » Les enfants vers Pâques 2006, année B, Editions du Signe
La Résurrection du Seigneur
Extraits de « L’Évangile tel qu'il m'a été révélé », de Maria Valtorta
Je revois la joyeuse et puissante Résurrection du Christ. Dans le jardin, tout est silence et scintillement de la rosée. Au-dessus, un ciel qui devient d’un saphir de plus en plus clair, après avoir quitté son bleu-noir criblé d’étoiles qui, pendant toute la nuit, avaient veillé sur le monde. L’aube repousse de l’orient vers l’occident les zones encore obscures, comme fait l’eau pendant une marée haute qui avance toujours plus pour couvrir le rivage obscur, et remplaçant le gris-noir du sable humide par le bleu des eaux marines. Quelque étoile ne veut pas encore mourir et jette un regard de plus en plus débile sous l’onde de lumière vert-claire de l’aube, d’un blanc laiteux nuancé de gris, comme les feuillages des oliviers engourdis qui couronnent un coteau peu distant. Et puis elle naufrage, submergée par l’onde de l’aube comme une terre que recouvre l’eau. Et puis en voilà une de moins... Et puis encore une de moins.., et une autre, et une autre. Le ciel perd ses troupeaux d’étoiles et seulement là-bas, à l’extrême occident, trois, puis deux, puis une, restent à regarder ce prodige quotidien qu’est l’aurore qui se lève. Et voilà : quand un filet de rose trace une ligne sur la soie turquoise du ciel oriental, un soupir de vent passe sur les feuillages et sur les herbes et dit: « Réveillez-vous. Le jour est revenu ». Mais il ne réveille que les herbes et les feuillages qui frissonnent sous leurs diamants de rosée et ont un bruissement ténu, arpégé par les gouttes qui tombent. Les oiseaux ne se réveillent pas encore dans les branches touffues d’un cyprès de grande taille qui semble dominer comme un seigneur dans son royaume, ni dans l’entrelacement embrouillé d’une haie de lauriers qui abrite de la tramontane.
Les gardes ennuyés, transis de froid, pris par le sommeil, dans des poses variées veillent sur le Tombeau, dont la porte de pierre a été renforcée, sur ses bords, par une épaisse couche de chaux, comme si c’était un contrefort, sur le blanc opaque de laquelle se détachent les larges rosaces de cire rouge, imprimées avec d’autres, directement dans la chaux fraîche, du sceau du Temple. Les gardes doivent avoir allumé du feu pendant la nuit car il y a de la cendre et des tisons pas encore éteints sur le sol, et ils doivent avoir joué et mangé, car il y a encore, répandus sur le sol, des restes de nourriture et des osselets nets qui ont servi certainement pour quelque jeu, comme notre jeu de domino ou notre jeu enfantin de billes, joués sur un primitif échiquier tracé sur le sentier. Puis ils ont tout laissé en plan par lassitude pour chercher des poses plus ou moins commodes pour dormir ou pour veiller. Dans le ciel qui maintenant, à l’orient, a une étendue toute rosée qui s’agrandit de plus en plus dans le ciel serein, où par ailleurs il n’y a pas encore de rayon de soleil, se présente, venant de profondeurs inconnues, un météore resplendissant qui descend, boulet de feu d’une splendeur insoutenable, suivi d’un sillage rutilant qui peut-être n’est que le souvenir de sa splendeur sur notre rétine. Il descend à toute vitesse vers la Terre, en répandant une lumière si intense, si fantasmagorique, si effrayante dans sa beauté, que la lumière rosée de l’aurore disparaît éclipsée par cette blancheur incandescente. Les gardes lèvent la tête, étonnés, parce qu’aussi avec la lumière arrive un grondement puissant, harmonieux, solennel, qui remplit de lui-même toute la Création. Il vient de profondeurs paradisiaques. C’est l’alléluia, la gloire angélique qui suit l’Esprit du Christ revenant dans sa Chair glorieuse. Le météore s’abat contre l’inutile fermeture du Tombeau, l’arrache, la jette parterre, foudroie de terreur et de bruit les gardes mis comme geôliers du Maître de l’Univers en produisant, avec son retour sur la Terre, un nouveau tremblement de terre comme il l’avait produit en fuyant la Terre cet Esprit du Seigneur. Il entre dans le sombre Tombeau qu’éclaire sa lumière indescriptible, et pendant qu’il reste suspendu dans l’air immobile, l’Esprit se réinfuse dans le Corps sans mouvement sous les bandes funèbres. Tout cela non dans une minute, mais dans une fraction de minute, tant l’apparition, la descente, la pénétration et la disparition de la Lumière de Dieu a été rapide...
Le « Je veux » du divin Esprit à sa Chair froide n’a pas de son. Le son est dit par l’Essence à la Matière immobile. Aucune parole n’est entendue par l’oreille humaine. La Chair reçoit le commandement et lui obéit en poussant un profond soupir... Rien d’autre pendant quelques minutes. Sous le Suaire et le Linceul, la Chair glorieuse se recompose en une beauté éternelle, se réveille du sommeil de la mort, revient du "rien" où elle était, vit après avoir été morte. Certainement le cœur se réveille et donne son premier battement, pousse dans les veines le sang gelé qui reste et en crée tout d’un coup la mesure totale dans les artères vides, dans les poumons immobiles, dans le cerveau obscur, et ramène la chaleur, la santé, la force, la pensée. Un autre moment, et voilà un mouvement soudain sous le lourd Linceul. Le mouvement est soudain, depuis l’instant certainement où il remue ses mains croisées jusqu’au moment où il apparaît debout majestueux, splendide dans son vêtement de matière immatérielle, surnaturellement beau et imposant, avec une gravité qui le change et l’élève tout en le laissant Lui-même, l’œil a à peine le temps d’en suivre le développement. Et maintenant, il l’admire: si différent de ce que la pensée lui rappelle, en forme, sans blessures ni sang, mais seulement éblouissant de la lumière qui jaillit à flots des cinq plaies et sort par tous les pores de son épiderme.
Il fait son premier pas: dans son mouvement les rayons qui jaillissent des mains et des pieds l’auréolent de lames de lumière; depuis la tête nimbée d’un diadème qui est fait des innombrables blessures de la couronne qui ne donnent plus de sang mais seulement de la splendeur, jusqu’au bord du vêtement quand, en ouvrant les bras qu’il a croisés sur sa poitrine, il découvre la zone de luminosité très vive qui filtre de son habit en lui donnant l’éclat d’un soleil à la hauteur du cœur. Alors c’est réellement la « Lumière » qui a pris corps, pas la pauvre lumière de la Terre, pas la pauvre lumière des astres, pas la pauvre lumière du soleil. Mais la Lumière de Dieu: toute la splendeur paradisiaque qui se rassemble en un seul Être et Lui donne ses azurs inconcevables pour pupilles, ses feux d’or pour cheveux, ses candeurs angéliques pour vêtement et coloris, et tout ce qui est, d’indescriptible pour la parole humaine, la suréminente ardeur de la Très Sainte Trinité, qui annule par son ardente puissance tout feu du Paradis, en absorbant en Elle-même pour l’engendrer à nouveau à chaque instant du Temps éternel, Cœur du Ciel qui attire et diffuse son sang, les innombrables gouttes de son sang incorporel: les bienheureux, les anges, tout ce qui est le Paradis: l’amour de Dieu, l’amour pour Dieu, tout ce qui est la Lumière qu’est, que forme, le Christ Ressuscité. Quand il se déplace, en venant vers la sortie, et que l’œil peut voir au-delà de sa splendeur, voici que m’apparaissent deux clartés très belles, mais semblables à des étoiles par rapport au soleil, l’une d’un côté, l’autre de l’autre côté du seuil, prosternées en adoration pour leur Dieu qui passe enveloppé dans sa lumière, béatifiant en son sourire. Il sort abandonnant la funèbre grotte et revenant fouler la terre que la joie réveille et qui resplendit toute dans sa rosée, dans les couleurs des herbes et des rosiers, dans les innombrables corolles des pommiers qui s’ouvrent par prodige au premier soleil qui les baise, et au Soleil éternel qui avance sous eux.
Les gardes sont là, évanouis... Les forces corrompues de l’homme ne voient pas Dieu pendant que les forces pures de l’univers : les fleurs, les herbes, les oiseaux admirent et vénèrent le Puissant qui passe dans un nimbe de sa propre Lumière et dans un nimbe de lumière solaire. Son sourire, le regard se pose sur les fleurs, sur les ramilles, qui se lève vers le ciel serein, et tout prend une plus grande beauté. Et plus soyeux et plus nuancés sont les millions de pétales qui font une mousse fleurie au-dessus de la tête du Vainqueur. Et plus vifs sont les diamants de rosée. Et plus bleu est le ciel que réfléchissent ses yeux resplendissants, et plus joyeux le soleil qui peint de gaieté un petit nuage porté par un vent léger qui vient baiser son Roi avec des parfums enlevés aux jardins et des caresses de pétales soyeux. Jésus lève la main et bénit et puis, pendant que les oiseaux chantent plus fort et que le vent porte ses parfums, il disparaît à mes yeux en me laissant dans une joie qui efface le plus léger souvenir de tristesse et de souffrance et d’hésitation sur le lendemain.
Méditation
« Je vous donne une garde; allez, organisez la surveillance comme vous l'entendez » (Mt 27, 65). Le tombeau de Jésus est fermé et scellé. À la demande des grands prêtres et des pharisiens, des soldats furent placés pour le garder, afin que personne ne puisse voler son corps (cf. Mt 27, 62-64). Tel est l'événement qui est le point de départ de la liturgie de la Veillée pascale. Ceux qui avaient voulu la mort de Jésus, le considérant comme un « imposteur » (Mt 27, 63), veillaient à côté du sépulcre. Leur désir était qu'il soit, avec son message, enseveli pour toujours. Non loin de là veillait Marie, et avec elle les Apôtres et quelques femmes. Ils conservaient gravée dans leur cœur l'image bouleversante des événements qui venaient de se dérouler.
En cette nuit, l'Église veille dans toutes les parties de la terre et elle revit les étapes fondamentales de l'histoire du salut. La liturgie solennelle que nous célébrons est une expression de cette "veille" qui, d'une certaine façon, rappelle celle de Dieu, dont parle le livre de l'Exode : "Ce fut une nuit de veille pour le Seigneur, quand il fit sortir d'Égypte les fils d'Israël; ce doit être [...], de génération en génération, une nuit de veille en l'honneur du Seigneur" (Ex 12, 42). Dans son amour prévoyant et fidèle, qui surpasse le temps et l'espace, Dieu veille sur le monde. Ainsi chante le psalmiste: « Non, il ne dort pas, ne sommeille pas, le gardien d'Israël. Le Seigneur est ton gardien [...]. Le Seigneur te gardera [...] maintenant et à jamais » (Ps 120 [121], 4-5. 8).
Le passage entre le deuxième et le troisième millénaire, que nous sommes en train de vivre, est conservé lui aussi dans le mystère du Père. Il « est toujours à l'œuvre » (Jn 5, 17) pour le salut du monde et, par son Fils fait homme, il conduit son peuple de l'esclavage à la liberté, de la mort à la vie. Toute l'œuvre du grand Jubilé de l'An 2000 est, pour ainsi dire, inscrite dans cette nuit de Veille, qui porte à son achèvement celle de la Nativité du Seigneur. Bethléem et le Calvaire rappellent le même mystère d'amour de Dieu, qui « a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique: ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle » (Jn 3, 16).
Dans sa veille, en cette Nuit sainte, l'Église se penche sur les textes de l'Écriture qui retracent le projet divin de la Genèse à l'Évangile et qui, grâce aussi aux rites liturgiques du feu et de l'eau, confèrent à cette célébration singulière une dimension cosmique. Tout l'univers créé est appelé à veiller, en cette nuit, auprès du sépulcre du Christ. L'histoire du salut défile devant nos yeux, de la création à la Rédemption, de l'exode à l'Alliance sur le Sinaï, de l'ancienne à la nouvelle et éternelle Alliance. En cette Nuit sainte, le projet éternel de Dieu, qui investit l'histoire de l'homme et du cosmos, atteint son achèvement.
Dans la Veillée pascale, mère de toutes les veillées, tout homme peut reconnaître sa propre histoire de salut, qui a son fondement dans la renaissance dans le Christ par le Baptême. Telle est, de façon particulière, votre expérience, chers frères et sœurs qui allez recevoir les sacrements de l'initiation chrétienne: le Baptême, la Confirmation et l'Eucharistie. Vous venez de plusieurs pays du monde: le Japon, la Chine, le Cameroun, l'Albanie et l'Italie. La diversité de vos pays d'origine met en évidence l'universalité du salut apporté par le Christ. D'ici peu, chers amis, vous serez intimement introduits dans le mystère d'amour de Dieu, Père, Fils et Esprit Saint. Puisse votre existence devenir un chant de louange à la très Sainte Trinité et un témoignage d'amour qui ne connaît pas de frontières!
« Ecce lignum Crucis, in quo salus mundi pependit: venite adoremus! » C'est ce que l'Église a chanté hier en montrant le bois de la Croix « auquel a été suspendu le Christ Sauveur du monde ». « Il a été crucifié, est mort, a été enseveli », récitons-nous dans le Credo. Le sépulcre ! Voici l'endroit où on l'avait déposé (cf. Mc 16, 6). Spirituellement, la Communauté ecclésiale des différentes parties de la terre est là présente. Nous y sommes nous aussi avec les trois femmes qui se rendent au sépulcre avant l'aube, pour embaumer le corps sans vie de Jésus (cf. Mc 16, 1-2). Leur empressement est notre empressement. Avec elles nous découvrons que la grosse pierre tombale a été roulée et que le corps n'est plus là. « Il n'est pas ici », annonce l'ange, en montrant le sépulcre vide et les bandelettes funéraires par terre. La mort n'a plus aucun pouvoir sur Lui (cf. Rm 6, 9). Le Christ est ressuscité! C'est ce qu'au terme de cette nuit de Pâques, l'Église annonce, elle qui hier avait proclamé la mort du Christ sur la Croix. C'est une annonce de vérité et de vie.
« Surrexit Dominus de sepulchro, qui pro nobis pependit in ligno. Alleluia! ». Le Seigneur, qui pour nous fut suspendu à la croix, s'est levé du tombeau. Oui, le Christ est vraiment ressuscité et nous en sommes témoins! Nous le crions au monde, pour que la joie qui est la nôtre atteigne beaucoup d'autres cœurs, allumant en eux la lumière de l'espérance qui ne déçoit pas. Le Christ est ressuscité, alléluia!
Jean Paul II, le 22 avril 2000
Victimæ paschali laudes
(Séquence du Dimanche de Pâques)
Victimæ paschali laudes immolent Christiani.
Ala Victime pascale, chrétiens offrons nos louanges.
Agnus redemit oves, Christus innocens Patri reconciliavit peccatores.
L’Agneau sauva les brebis, le Christ innocent réconcilia les pécheurs avec le Père.
Mors et vita duello conflixere mirando, dux vitæ mortuus regnat vivus.
La mort et la vie ont combattu en un duel prodigieux, le maître de la vie mourut, vivant Il règne.
Dic nobis Maria quid vidisti in via?
Dis-nous Marie [Magdeleine] qu’as-tu vu en chemin?
Sepulchrum Christi viventis et gloriam vidi resurgentis.
J’ai vu le Christ vivant en son sépulcre et la gloire du Ressuscité.
Angelicos testes, sudarium et vestes.
J’ai vu les Anges témoins, le suaire et les vêtements.
Surrexit Christus spes mea: præcedet suos in Galilæam.
Le Christ, mon Espérance, est ressuscité, il vous précédera en Galilée.
Scimus Christus surrexisse a mortuis vere. Tu nobis victor Rex, miserere! Amen! Alleluia!
Nous savons le Christ vraiment ressuscité des morts. Roi victorieux, prends pitié de nous! Ainsi soit-il! Louez le Seigneur!
Saintes et Joyeuses fêtes de Pâques a vous tous !
Samedi Saint
Semaine Sainte
Triduum Pascal
Samedi Saint
Le Roi dort
(Saint Épiphane de Salamine, IVe siècle)
« Un grand silence règne aujourd’hui sur la terre, un grand silence et une grande solitude,un grand silence parce que le Roi dort. La terre a tremblé et s’est calmée parce que Dieu s’est endormi dans la chair et qu’il est allé réveiller ceux qui dormaient depuis des siècles. Dieu est mort dans la chair et les enfers ont tressailli. Dieu s’est endormi pour un peu de temps et il a réveillé du sommeil ceux qui séjournaient dans les enfers. Il va chercher Adam, notre premier Père, la brebis perdue. Il veut visiter tous ceux qui sont assis dans les ténèbres et l’ombre de la mort. Il va, pour délivrer de leurs douleurs Adam dans ses liens et Ève captive avec lui, lui qui est en même temps leur Dieu et leur fils (…) Le Christ, ayant saisi Adam par la main, lui dit : «Éveille-toi, ô toi qui dors, relève-toi d’entre les morts... Lève-toi, toi qui dormais, car je ne t’ai pas créé pour que tu séjournes ici enchaîné dans l’enfer. Relève-toi d’entre les morts, Je suis la Vie des morts. Lève-toi, œuvre de mes mains, toi, mon effigie, qui a été faite à mon image. Lève-toi, partons d’ici, car tu es en moi et je suis en toi. À cause de toi, moi ton Dieu, je suis devenu ton fils ; à cause de toi, moi ton Seigneur, j’ai pris la forme d’esclave. Pour toi, homme, je me suis fait comme un homme, sans protection, libre parmi les morts. Pour toi qui es sorti du jardin, j’ai été livré dans le jardin et crucifié dans le jardin (...) Je me suis endormi sur la croix et la lance a percé mon côté à cause de toi.Et mon sommeil te fait sortir maintenant du sommeil de l’enfer. Lève-toi, partons d’ici, de la mort à la vie, de la corruption à l’immortalité, des ténèbres à la lumière éternelle. Levez-vous, et allons de la douleur à la joie, de la prison à la Jérusalem céleste, des chaînes à la liberté, de la captivité aux délices du Paradis, de la terre au ciel. Mon Père céleste attend la brebis perdue, la salle des noces est préparée, le Royaume des cieux qui existait avant tous les siècles vous attend ».
Le Grand Samedi
Le « Grand Samedi », comme dit l’Orient, l’Église contemple d’abord le mystère de l’ensevelissement de son Seigneur, le mystère de sa mort, de son silence, de son repos. Comment pourrions-nous célébrer Pâques en sautant le Samedi Saint?
Dans le « catéchisme de notre cœur », a dit un grand théologien, le Samedi Saint ne semble pas occuper une très grande place. Le Jeudi Saint célèbre l’institution du sacrement de l’amour, le Vendredi Saint vénère la croix, la Nuit Pascale chante la résurrection, mais le Samedi Saint? Chaque dimanche pourtant, notre Credo confesse le mystère dont ce jour fait tout particulièrement mémoire: « Il est mort et a été enseveli; il est descendu aux enfers ». Oui, à chaque eucharistie « nous annonçons la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne! » (1 Corinthiens 11, 26).
Le Grand Samedi, comme dit l’Orient, l’Église contemple d’abord le mystère de l’ensevelissement de son Seigneur, le mystère de sa mort, de son silence, de son repos. Comment pourrions-nous célébrer Pâques en sautant le Samedi Saint? Jésus est vraiment mort. Il n’a pas fait semblant. Il n’a pas joué un jeu. Un jour, il a pris le chemin qui sera aussi le nôtre: il a quitté cette vie, ce monde, notre monde si concret, si digne d’amour; il est descendu dans l’abîme le plus profond de l’homme, de ce que la Bible appelle le shéol ou l’hadès: les ombres de la mort. Et l’Église ne craint pas de s’arrêter là un instant, de contempler avec crainte, mais aussi avec une silencieuse douceur, cette descente divine dans l’immense impuissance humaine: le Christ nous a précédés jusque dans la mort; il s’est laisser tomber entre les mains du Père et par là il a sanctifié tous les samedis saints de notre vie. Le silence de Dieu dans le repos de ce septième jour, en ce grand et saint sabbat, murmure déjà la nouvelle création du huitième jour. Et l’Église fait silence pour l’entendre.
Mais avec elle entendent tous ceux que la mort retenait captive, ceux qui, depuis le début de l’humanité, attendaient que s’ouvrît la porte du ciel. Car le Christ, descendant au shéol, va à leur mystérieuse rencontre, prenant Adam, et avec lui toute l’humanité, par la main, comme le montre si bien l’icône de la descente aux enfers, la véritable icône pascale de l’Orient: « Éveille-toi, ô toi qui dors! Relève-toi d’entre les morts! Christ t’illuminera ! » (Ep 5,14). Alors un premier pressentiment de Pâques traverse le silence de l’Église; après l’horreur du Golgotha, un premier frisson de joie ravive son attente: non, Dieu ne peut abandonner son âme au shéol, il ne peut laisser son fidèle voir la corruption (cf. Psaume 16,10). Il est descendu « pour tirer de la prison ceux qui habitent les ténèbres » (Is 42,7), « et celui qui est descendu, c’est le même qui est aussi monté au-dessus de tous les cieux, afin de remplir toute chose » (Ep 4,10).
C’est pourquoi le Samedi Saint n’est pas un jour de lamentation ni de deuil, mais le jour d’un silence aimant. Certes, baptisés en Christ, nous sommes ensevelis avec lui dans la mort (Rm 6,4) et, de cette mort, nous avons déjà un avant-goût, car nous mourons tout au long de notre vie... Mais notre espérance repose aujourd’hui dans le silence comme le Christ repose au tombeau, et avec Marie, avec les saintes femmes, nous nous asseyons près du tombeau pour entrer dans la tendresse et la douceur du repos de Dieu : de lui seul vient le salut.
Le Samedi Saint ne connaît ni célébration (ni adoration) eucharistique ni communion aux présanctifiés. Si l’Église se rassemble pour la Liturgie des Heures, elle n’a pourtant jamais voulu instituer une célébration particulière pour faire mémoire du Christ au tombeau. Son maître s’est vraiment endormi dans la mort, et elle accueille dans la foi et le silence toute la profondeur de ce mystère. Écartelés entre le désir de nous taire dans l’amour devant cet abaissement de Dieu et l’espérance paisible qui veut être partagée, nous nous rassemblons au plein midi de ce grand samedi pour l’Office de la Descente aux Enfers. Toute la liturgie traduit cet étonnement craintif de voir « l’Immortelle Vie descendre vers la mort » et cette certitude lumineuse que « l’enfer fut renversé par la splendeur de sa divinité » (Premier Tropaire); de voir le cœur de Marie transpercé par un glaive et de l’entendre sans hésitation confesser: « ...mais tu changeras mon deuil en la joie de ta résurrection » (Deuxième Tropaire). Les psaumes et les cantiques s’ouvrent à leur tour à ce double mystère: chantés (et c’est le seul jour dans l’année !) non pas en polyphonie, mais recto tono, sans antienne ni doxologie à la fin, ils expriment tous ce même ébranlement intérieur, pour se tourner tout de suite vers l’espérance et la certitude du salut: « Sauve-moi, car, dans la mort, nul souvenir de toi, le Seigneur accueillera ma prière » (Ps 6); « je descendis au pays dont les verrous m’enfermaient pour toujours, mais tu retires ma vie de la fosse, Seigneur, mon Dieu » (Jonas 2), « des profondeurs je crie vers toi, Seigneur, écoute mon appel! » (Ps 129).
Les lectures, elles aussi, nous gardent éveillés dans cette même attitude, exigeante, à la fois d’un infini respect et d’un grand silence (l’évangile nous montre le Christ enseveli et mis au tombeau), mais aussi d’une attente vivante et espérante (la première lettre de Pierre proclame le Christ prêchant la Bonne Nouvelle à ceux que la mort retenait captive). En réponse, le choral de l’attente de la résurrection, comme une première lueur de Pâques, acclame déjà dans l’espérance « Jésus vainqueur, amour plus fort que notre mort! », et Marie, que notre dernier chant rejoint auprès de son Fils endormi dans la paix, nous enseigne une dernière fois en ce Samedi Saint l’abandon au Père qui ouvre déjà les portes de la vie, pour relever le Fils d’entre les morts, pour prendre aussi auprès de lui tous ceux à qui le Christ a tendu la main: « Viens! Mon Père t’attend! La salle des Noces est prête. Le royaume des Cieux s’ouvre à toi! » (Pseudo-Épiphane, Homélie du Samedi Saint).
« Le mystère du Samedi Saint »
Méditation de Benoît XVI à l'occasion de la vénération du Saint Suaire de Turin
Chers amis, C'est pour moi un moment très attendu. En diverses autres occasions, je me suis trouvé face au Saint-Suaire, mais cette fois, je vis ce pèlerinage et cette halte avec une intensité particulière: sans doute parce que les années qui passent me rendent encore plus sensible au message de cet extraordinaire Icône; sans doute, et je dirais surtout, parce que je suis ici en tant que Successeur de Pierre, et que je porte dans mon cœur toute l'Eglise, et même toute l'humanité. Je rends grâce à Dieu pour le don de ce pèlerinage et également pour l'occasion de partager avec vous une brève méditation qui m'a été suggérée par le sous-titre de cette Ostension solennelle: « Le Mystère du Samedi Saint ».
On peut dire que le Saint-Suaire est l'Icône de ce mystère, l'Icône du Samedi Saint. En effet, il s'agit d'un linceul qui a enveloppé la dépouille d'un homme crucifié correspondant en tout point à ce que les Evangiles nous rapportent de Jésus, qui, crucifié vers midi, expira vers trois heures de l'après-midi. Le soir venu, comme c'était la Parascève, c'est-à-dire la veille du sabbat solennel de Pâques, Joseph d'Arimathie, un riche et influent membre du Sanhédrin, demanda courageusement à Ponce Pilate de pouvoir enterrer Jésus dans son tombeau neuf, qu'il avait fait creuser dans le roc à peu de distance du Golgotha. Ayant obtenu l'autorisation, il acheta un linceul et, ayant descendu le corps de Jésus de la croix, l'enveloppa dans ce linceul et le déposa dans le tombeau (cf. Mc 15, 42-46). C'est ce que rapporte l'Evangile de saint Marc, et les autres évangélistes concordent avec lui. A partir de ce moment, Jésus demeura dans le sépulcre jusqu'à l'aube du jour après le sabbat, et le Saint-Suaire de Turin nous offre l'image de ce qu'était son corps étendu dans le tombeau au cours de cette période, qui fut chronologiquement brève (environ un jour et demi), mais qui fut immense, infinie dans sa valeur et sa signification.
Le Samedi Saint est le jour où Dieu est caché, comme on le lit dans une ancienne Homélie: « Que se passe-t-il? Aujourd'hui, un grand silence enveloppe la terre. Un grand silence et un grand calme. Un grand silence parce que le Roi dort... Dieu s'est endormi dans la chair, et il réveille ceux qui étaient dans les enfers » (Homélie pour le Samedi Saint, PG 43, 439). Dans le Credo, nous professons que Jésus Christ « a été crucifié sous Ponce Pilate, est mort et a été enseveli, est descendu aux enfers. Le troisième jour est ressuscité des morts ».
Chers frères et sœurs, à notre époque, en particulier après avoir traversé le siècle dernier, l'humanité est devenue particulièrement sensible au Mystère du Samedi Saint. Dieu caché fait partie de la spiritualité de l'homme contemporain, de façon existentielle, presque inconsciente, comme un vide dans le cœur qui s'est élargi toujours plus. Vers la fin du xix siècle, Nietzsche écrivait: "Dieu est mort! Et c'est nous qui l'avons tué!". Cette célèbre expression est, si nous regardons bien, prise presque à la lettre par la tradition chrétienne, nous la répétons souvent dans la Via Crucis, peut-être sans nous rendre pleinement compte de ce que nous disons. Après les deux guerres mondiales, les lager et les goulag, Hiroshima et Nagasaki, notre époque est devenue dans une mesure toujours plus grande un Samedi Saint: l'obscurité de ce jour interpelle tous ceux qui s'interrogent sur la vie, et de façon particulière nous interpelle, nous croyants. Nous aussi nous avons affaire avec cette obscurité.
Et toutefois, la mort du Fils de Dieu, de Jésus de Nazareth a un aspect opposé, totalement positif, source de réconfort et d'espérance. Et cela me fait penser au fait que le Saint-Suaire se présente comme un document « photographique », doté d'un « positif » et d'un « négatif ». Et en effet, c'est précisément le cas: le mystère le plus obscur de la foi est dans le même temps le signe le plus lumineux d'une espérance qui ne connaît pas de limite. Le Samedi Saint est une « terre qui n'appartient à personne » entre la mort et la résurrection, mais dans cette « terre qui n'appartient à personne » est entré l'Un, l'Unique qui l'a traversée avec les signes de sa Passion pour l'homme: « Passio Christi. Passio hominis ». Et le Saint-Suaire nous parle exactement de ce moment, il témoigne précisément de l'intervalle unique et qu'on ne peut répéter dans l'histoire de l'humanité et de l'univers, dans lequel Dieu, dans Jésus Christ, a partagé non seulement notre mort, mais également le fait que nous demeurions dans la mort. La solidarité la plus radicale.
Dans ce « temps-au-delà-du temps », Jésus Christ « est descendu aux enfers ». Que signifie cette expression? Elle signifie que Dieu, s'étant fait homme, est arrivé au point d'entrer dans la solitude extrême et absolue de l'homme, où n'arrive aucun rayon d'amour, où règne l'abandon total sans aucune parole de réconfort: « les enfers ». Jésus Christ, demeurant dans la mort, a franchi la porte de cette ultime solitude pour nous guider également à la franchir avec Lui. Nous avons tous parfois ressenti une terrible sensation d'abandon, et ce qui nous fait le plus peur dans la mort, est précisément cela, comme des enfants, nous avons peur de rester seuls dans l'obscurité, et seule la présence d'une personne qui nous aime peut nous rassurer. Voilà, c'est précisément ce qui est arrivé le jour du Samedi Saint: dans le royaume de la mort a retenti la voix de Dieu. L'impensable a eu lieu: c'est-à-dire que l'Amour a pénétré « dans les enfers »: dans l'obscurité extrême de la solitude humaine la plus absolue également, nous pouvons écouter une voix qui nous appelle et trouver une main qui nous prend et nous conduit au dehors. L'être humain vit pour le fait qu'il est aimé et qu'il peut aimer; et si dans l'espace de la mort également, a pénétré l'amour, alors là aussi est arrivée la vie. A l'heure de la solitude extrême, nous ne serons jamais seuls: « Passio Christi. Passio hominis ».
Tel est le mystère du Samedi Saint! Précisément de là, de l'obscurité de la mort du Fils de Dieu est apparue la lumière d'une espérance nouvelle: la lumière de la Résurrection. Et bien, il me semble qu'en regardant ce saint linceul avec les yeux de la foi, on perçoit quelque chose de cette lumière. En effet, le Saint-Suaire a été immergé dans cette obscurité profonde, mais il est dans le même temps lumineux; et je pense que si des milliers et des milliers de personnes viennent le vénérer, sans compter celles qui le contemplent à travers les images, c'est parce qu'en lui, elles ne voient pas seulement l'obscurité, mais également la lumière; pas tant l'échec de la vie et de l'amour, mais plutôt la victoire, la victoire de la vie sur la mort, de l'amour sur la haine; elles voient bien la mort de Jésus, mais elles entrevoient sa Résurrection; au sein de la mort bat à présent la vie, car l'amour y habite. Tel est le pouvoir du Saint-Suaire: du visage de cet « Homme des douleurs », qui porte sur lui la passion de l'homme de tout temps et de tout lieu, nos passions, nos souffrances, nos difficultés, nos péchés également, « Passio Christi. Passio hominis », de ce visage émane une majesté solennelle, une grandeur paradoxale. Ce visage, ces mains et ces pieds, ce côté, tout ce corps parle, il est lui-même une parole que nous pouvons écouter dans le silence. Que nous dit le Saint-Suaire? Il parle avec le sang, et le sang est la vie! Le Saint-Suaire est une Icône écrite avec le sang; le sang d'un homme flagellé, couronné d'épines, crucifié et transpercé au côté droit. L'image imprimée sur le Saint-Suaire est celle d'un mort, mais le sang parle de sa vie. Chaque trace de sang parle d'amour et de vie. En particulier cette tâche abondante à proximité du flanc, faite de sang et d'eau ayant coulé avec abondance par une large blessure procurée par un coup de lance romaine, ce sang et cette eau parlent de vie. C'est comme une source qui murmure dans le silence, et nous, nous pouvons l'entendre, nous pouvons l'écouter, dans le silence du Samedi Saint.
Chers amis, rendons toujours gloire au Seigneur pour son amour fidèle et miséricordieux. En partant de ce lieu saint, portons dans les yeux l'image du Saint-Suaire, portons dans le cœur cette parole d'amour, et louons Dieu avec une vie pleine de foi, d'espérance et de Charité. Merci.
Prière pour le Samedi Saint
Notre Père
Notre Père qui êtes aux cieux, que Votre Nom soit sanctifié, que Votre Règne vienne, que Votre Volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Donnez-nous aujourd'hui notre pain de chaque jour. Pardonnez-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. Ne nous laissez pas succomber à la tentation, mais délivrez-nous du mal. Car à Vous sont le règne, la puissance et la gloire, pour les siècles des siècles. Amen.
Psaume 42
Rendez-moi justice, ô mon Dieu, défendez ma cause contre un peuple sans foi; de l'homme qui ruse et trahit, libérez-moi. C'est Vous, Dieu, ma forteresse: pourquoi me rejeter? Pourquoi vais-je assombri, pressé par l'ennemi? Envoyez Votre Lumière et Votre Vérité: qu'elles guident mes pas et me conduisent à Votre Sainte Montagne, jusqu'en Votre Demeure. J'avancerai jusqu'à l'autel de Dieu, vers Dieu qui est toute ma joie; je Vous rendrai grâce avec ma harpe, Dieu, mon Dieu! Pourquoi te désoler, ô mon âme, et gémir sur moi? Espère en Dieu! De nouveau je rendrai grâce: il est mon sauveur et mon Dieu!
Gloire au Père et au Fils et au Saint Esprit, au Dieu qui est, qui était et qui vient, pour les siècles et les siècles. Amen.
Psaume 43
Dieu, nous avons entendu dire, et nos pères nous ont raconté, quelle action Vous accomplissez de leur temps, aux jours d'autrefois. Vous, par Votre main, Vous avez dépossédé les nations, et ils purent s'implanter; et Vous avez malmené des peuplades, et ils purent s'étendre. Ce n'était pas leur épée qui possédait le pays, ni leur bras qui les rendait vainqueurs, mais votre droite et votre bras, et la lumière de Votre Face, car Vous les aimiez. Vous, Dieu, Vous êtes mon roi, Vous décidez des victoires de Jacob: avec Vous, nous battions nos ennemis; par Votre Nom, nous écrasions nos adversaires. Ce n'est pas sur mon arme que je compte, ni sur mon épée, pour la victoire. Vous nous avez donné de vaincre l'adversaire, Vous avez couvert notre ennemi de honte. Dieu était notre louange, tout le jour: sans cesse nous rendions grâce à Votre Nom. Maintenant, Vous nous humiliez, Vous nous rejettez, Vous ne sortez plus avec nos armées. Vous nous faites plier devant l'adversaire, et nos ennemis emportent le butin. Vous nous traitez en bétail de boucherie, Vous nous dispersez parmi les nations. Vous vendez votre peuple à vil prix, sans que Vous gagnez à ce marché. Vous nous exposez aux sarcasmes des voisins, aux rires, aux moqueries de l'entourage. Vous faites de nous la fable des nations; les étrangers haussent les épaules. Tout le jour, ma déchéance est devant moi, la honte couvre mon visage, sous les sarcasmes et les cris de blasphème, sous les yeux de l'ennemi qui se venge. Tout cela est venu sur nous sans que nous Vous ayons oublié: nous n'avions pas trahi Votre Alliance. Notre coeur ne s'était pas détourné et nos pieds n'avaient pas quitté Votre chemin quand Vous nous poussiez au milieu des chacals et nous couvrais de l'ombre de la mort. Si nous avions oublié le Nom de notre Dieu, tendu les mains vers un dieu étranger, Dieu ne l'eût-il pas découvert, lui qui connaît le fond des coeurs? C'est pour toi qu'on nous massacre sans arrêt, qu'on nous traite en bétail d'abattoir. Réveillez-Vous! Pourquoi dormez-Vous, Seigneur? Levez-Vous! Ne nous rejetez pas pour toujours. Pourquoi détourner Votre Face, oublier notre malheur, notre misère? Oui, nous mordons la poussière, notre ventre colle à la terre. Debout! Venez à notre aide! Rachetez-nous, au nom de Votre Amour.
Gloire au Père et au Fils et au Saint Esprit, au Dieu qui est, qui était et qui vient, pour les siècles et les siècles. Amen.
Psaume 62
Dieu, Vous êtes mon Dieu, je Vous cherche dès l'aube: mon âme a soif de Vous; après Vous languit ma chair, terre aride, altérée, sans eau. Je Vous ai contemplé au sanctuaire, j'ai vu Votre force et Votre gloire. Votre Amour vaut mieux que la vie: Vous serez la louange de mes lèvres! Toute ma vie je vais Vous bénir, lever les mains en invoquant Votre Nom. Comme par un festin je serai rassasié; la joie sur les lèvres, je dirai Votre louange. Dans la nuit, je me souviens de Vous et je reste des heures à Vous parler. Oui, Vous êtes venu à mon secours: je crie de joie à l'ombre de Vos ailes. Mon âme s'attache à Vous, Votre main droite me soutient. Mais ceux qui pourchassent mon âme, qu'ils descendent aux profondeurs de la terre, qu'on les passe au fil de l'épée, qu'ils deviennent la pâture des loups! Et le roi se réjouira de son Dieu. Qui jure par Lui en sera glorifié, tandis que l'homme de mensonge aura la bouche close!
Gloire au Père et au Fils et au Saint Esprit, au Dieu qui est, qui était et qui vient, pour les siècles et les siècles. Amen.
Prière du Samedi Saint
Ô Dieu d’amour, qui avez proclamé devant nous, pendant toute cette semaine, l’immensité de Votre Miséricorde, daignez agréer l’humble expression de notre imparfaite reconnaissance. Vous avez eu pitié de nous, et Vous nous avez envoyé Votre Fils unique, qui nous as aimé jusqu’à donner sa Vie pour nous: nous Vous en bénissons, et nous Vous en bénirons jusqu’à la fin de notre vie. Mais, Seigneur, venez en aide à notre grande faiblesse. Accordez-nous, au milieu des préoccupations qui nous absorbent et des passions qui nous assaillent, de mieux discerner la voix de notre tendre et compatissant Sauveur. Donnez-nous d’entrer joyeusement par la porte bénie que sa mort nous as ouverte, et de le suivre dans cette voie d’humilité et d’amour, d’obéissance et de sacrifice, où il a marché Lui-même.
Et que la vue de Votre Sépulcre, ô Jésus, nous émeuve et nous instruise. C’est pour nous, que Vous, la Lumière du monde, Vous avez consenti à passer par les ténèbres de la tombe. Quand il nous semblera que la méchanceté du monde est sur le point d’anéantir Votre Evangile, et que l’incrédulité va remplacer pour toujours la Foi ici-bas, rappellez-nous que ce triomphe n’est jamais que momentané, et que c’est à Vous qu’appartient la victoire définitive. Et, quand nous nous sentirons à notre tour enveloppés des ténèbres du tombeau, vivifiez notre espérance et redisez-nous qu’il n’y a plus de mort pour ceux qui vivent avec Vous et pour Vous. Amen.
Psaume 2
Pourquoi ce tumulte des nations, ce vain murmure des peuples? Les rois de la terre se dressent, les grands se liguent entre eux contre le Seigneur et Son Messie: « Faisons sauter nos chaînes, rejetons ces entraves! » Celui qui règne dans les cieux s'en amuse, le Seigneur les tourne en dérision; puis il leur parle avec fureur, et sa colère les épouvante: « Moi, j'ai sacré mon roi sur Sion, ma sainte montagne ». Je proclame le décret du Seigneur! Il m'a dit: « Tu es mon fils; moi, aujourd'hui, je t'ai engendré. Demande, et je te donne en héritage les nations, pour domaine la terre tout entière. Tu les détruiras de ton sceptre de fer, tu les briseras comme un vase de potier ». Maintenant, rois, comprenez, reprenez-vous, juges de la terre. Servez le Seigneur avec crainte, rendez-lui votre hommage en tremblant. Qu'il s'irrite et vous êtes perdus: soudain sa colère éclatera. Heureux qui trouve en lui son refuge!
Gloire au Père et au Fils et au Saint Esprit, au Dieu qui est, qui était et qui vient, pour les siècles et les siècles. Amen.
Psaume 148
Alléluia! Louez le Seigneur du haut des cieux, louez-le dans les hauteurs. Vous, tous ses anges, louez-le, louez-le, tous les univers. Louez-le, soleil et lune, louez-le, tous les astres de lumière; vous, cieux des cieux, louez-le, et les eaux des hauteurs des cieux. Qu'ils louent le nom du Seigneur: sur son ordre ils furent créés; c'est lui qui les posa pour toujours sous une loi qui ne passera pas. Louez le Seigneur depuis la terre, monstres marins, tous les abîmes; feu et grêle, neige et brouillard, vent d'ouragan qui accomplis sa parole ; les arbres des vergers, tous les cèdres; Les montagnes et toutes les collines, les bêtes sauvages et tous les troupeaux, le reptile et l'oiseau qui vole; les rois de la terre et tous les peuples, les princes et tous les juges de la terre; tous les jeunes gens et jeunes filles, les vieillards comme les enfants. Qu'ils louent le nom du Seigneur, le seul au-dessus de tout nom; sur le ciel et sur la terre, sa splendeur: il accroît la vigueur de son peuple. Louange de tous ses fidèles, des fils d'Israël, le peuple de ses proches ! Alléluia!
Gloire au Père et au Fils et au Saint Esprit, au Dieu qui est, qui était et qui vient, pour les siècles et les siècles. Amen.
Psaume 150
Alléluia! Louez Dieu dans son temple saint, louez-le au ciel de sa puissance; louez-le pour ses actions éclatantes, louez-le selon sa grandeur! Louez-le en sonnant du cor, louez-le sur la harpe et la cithare; louez-le par les cordes et les flûtes, louez-le par la danse et le tambour! Louez-le par les cymbales sonores, louez-le par les cymbales triomphantes ! Et que tout être vivant chante louange au Seigneur ! Alléluia!
Gloire au Père et au Fils et au Saint Esprit, au Dieu qui est, qui était et qui vient, pour les siècles et les siècles. Amen.
Vendredi Saint
Semaine Sainte
Triduum Pascal
Vendredi Saint
Hymne
O Croix, notre espérance, arbre le plus noble de tous; nulle forêt n'a produit ton pareil pour le feuillage, la fleur et le fruit.
Tu nous es cher, ô bois, et plus cher encore le doux fardeau suspendu à tes clous sacrés.
Chantons, ma langue, la couronne du glorieux combat; célèbre le noble triomphe dont la Croix est le trophée, et la victoire que le Rédempteur du monde remporta dans sa propre immolation.
O Croix, notre espérance, arbre le plus noble de tous; nulle forêt n'a produit ton pareil pour le feuillage, la fleur et le fruit.
Le Créateur, compatissant au malheur que la séduction enfanta pour le premier homme notre père, précipité dans la mort pour avoir mangé d'un fruit funeste, daigna dès ce jour désigner le bois pour réparer le désastre causé par le bois.
Tu nous es cher, ô bois, et plus cher encore le doux fardeau suspendu à tes clous sacrés.
Tel fut le plan divin dressé pour notre salut, afin que la sagesse y déjouât la ruse de notre cauteleux ennemi, et que le remède nous arrivât par le moyen même qui avait servi pour nous faire la blessure.
O Croix, notre espérance, arbre le plus noble de tous; nulle forêt n'a produit ton pareil pour le feuillage, la fleur et le fruit.
Lors donc que le temps marqué par le décret divin fut arrivé, celui par qui le monde a été créé fut envoyé du trône de son Père, et avant pris chair au sein d'une Vierge, il parut en ce monde.
Tu nous es cher, ô bois, et plus cher encore le doux fardeau suspendu à tes clous sacrés.
A sa naissance, on le couche dans une crèche; c'est de là qu'il fait entendre ses vagissements; la Vierge-Mère enveloppe de langes ses membres délicats; les mains et les pieds d'un Dieu sont captifs sous les bandelettes, comme ceux des autres enfants.
O Croix, notre espérance, arbre le plus noble de tous; nulle forêt n'a produit ton pareil pour le feuillage, la fleur et le fruit.
Après avoir vécu six lustres, le temps de sa vie mortelle approche de son terme; c'est librement qu'il est descendu pour être notre Rédempteur ; et le jour est venu où cet Agneau est élevé sur l'arbre de la Croix, pour y être immolé.
Tu nous es cher, ô bois, et plus cher encore le doux fardeau suspendu à tes clous sacrés.
C'est là qu'on l'abreuve de fiel dans son agonie; là que les épines, les clous, la lance, déchirent son corps délicat; l'eau et le sang s'épanchent de sa plaie; la terre, la mer, les astres, le monde tout entier, reçoivent ce jet qui les purifie.
O Croix, notre espérance, arbre le plus noble de tous; nulle forêt n'a produit ton pareil pour le feuillage, la fleur et le fruit.
Arbre auguste, laisse fléchir tes rameaux; soulage, en pliant, les membres tendus de l'Agneau; amollis cette dureté que la nature t'avait donnée, et sois un lit plus doux pour le corps du souverain Roi.
Tu nous es cher, ô bois, et plus cher encore le doux fardeau suspendu à tes clous sacrés.
Seule tu as été trouvée digne de porter entre tes bras la victime du monde; pour ce monde naufragé, tu as été l'arche qui le ramène au port, toi qui fus inondée du sang divin de l'Agneau.
O Croix, notre espérance, arbre le plus noble de tous; nulle forêt n'a produit ton pareil pour le feuillage, la fleur et le fruit.
Gloire éternelle à l'heureuse Trinité; honneur égal au Père, au Fils, au Paraclet; louange de la part de tous les êtres à celui qui réunit la Trinité à l'Unité. Amen.
Tu nous es cher, ô bois, et plus cher encore le doux fardeau suspendu à tes clous sacrés.
La Passion de notre Seigneur Jésus-Christ selon saint Jean
En ce temps-là, Jésus s'en alla avec ses disciples au delà du torrent de Cédron. Or il y avait là un jardin dans lequel il entra, lui et ses disciples. Judas qui le trahissait connaissait aussi ce lieu, parce que Jésus y venait souvent avec ses disciples. Judas donc ayant pris une cohorte et des gens que les princes des prêtres et les pharisiens lui donnèrent, vint en ce lieu avec des lanternes, des torches et des armes. Jésus donc, sachant ce qui devait arriver, s'avança et leur dit: « Qui cherchez-vous? » Ils lui répondirent: Jésus de Nazareth. Jésus leur dit: « C'est moi ». Or Judas, qui le trahissait, était avec eux. Lors donc qu'il leur eut dit: « C'est moi, ils reculèrent de quelques pas et tombèrent à terre ». Il leur demanda de nouveau: « Qui cherchez-vous? » Ils dirent: « Jésus de Nazareth ». Jésus leur répondit: « Je vous ai dit que c'est moi; si donc c'est moi que vous cherchez, laissez aller ceux-ci ». Afin que fût accomplie la parole qu'il avait dite: « De ceux que vous m'avez donnés, je n'en ai perdu aucun ». Alors Simon Pierre, qui avait une épée, la tira, et frappa un serviteur du grand-prêtre, et lui coupa l'oreille droite; or ce serviteur avait nom Malchus. Mais Jésus dit à Pierre: « Remets ton épée dans le fourreau. Le calice que mon Père m'a donné, ne le boirai-je donc pas? »
Alors la cohorte et le tribun, et les satellites des Juifs, se saisirent de Jésus et le lièrent. Et ils l'emmenèrent d’abord chez Anne, parce qu'il était le beau-père de Caïphe, qui était grand-prêtre cette année-là. Or Caïphe était celui qui avait donné ce conseil aux Juifs: Il est expédient qu'un seul homme meure pour le peuple. Simon Pierre suivait Jésus, et aussi un autre disciple; or ce disciple étant connu du grand prêtre, il entra avec Jésus dans la cour du grand-prêtre. Et comme Pierre se tenait à la porte au dehors, l'autre disciple, qui était connu du grand-prêtre, sortit et parla à la portière, et elle fit entrer Pierre. Cette servante commise à la porte dit donc à Pierre: « Es-tu aussi des disciples de cet homme? » Il répondit: « Je n'en suis point ». Les serviteurs et les gardes, rangés autour d'un brasier, se chauffaient; car il faisait froid. Et Pierre était aussi avec eux, debout et se chauffant.
Cependant le grand-prêtre interrogea Jésus touchant ses disciples et sa doctrine. Jésus lui répondit: « J'ai parlé publiquement au monde; j'ai toujours enseigné élans la synagogue et dans le temple, ou tous les Juifs s'assemblent, et je n'ai rien dit en secret. Pourquoi m'interrogez-vous? Interrogez ceux qui m'ont entendu, sur ce que je leur ai dit; ceux là savent ce que j'ai dit ». Après qu'il eut dit cela, un des gardes là présent donna un soufflet à Jésus, disant: « Est-ce ainsi que tu réponds au grand-prêtre »: Jésus lui dit: « Si j'ai mal parlé, fais voir ce que j'ai dit de mal; mais si j'ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu? » Et Anne l'envoya chez Caïphe le grand-prêtre. Cependant Simon Pierre était debout et se chauffait. Quelques-uns donc lui dirent: « N'es-tu pas aussi de ses disciples? » Il le nia, et dit: « Je n'en suis point ». Un des serviteurs du grand-prêtre, parent de celui à qui Pierre avait coupé l'oreille, lui dit: « Ne t'ai-je pas vu avec lui dans le jardin? » Pierre le nia de nouveau ; et aussitôt le coq chanta.
Ils amenèrent Jésus de chez Caïphe dans le prétoire. Or c'était le matin, et eux n'entrèrent point dans le prétoire, afin de ne se point souiller, et de pouvoir mander la Pâque. Pilate vint donc à eux dehors, et dit: « Quelle accusation portez-vous contre cet homme? » Ils répondirent: « Si ce n'était pas un malfaiteur, nous ne vous l'aurions point amené ». Pilate leur dit: « Prenez-le vous-mêmes, et jugez-le selon votre loi ». Les Juifs lui dirent: « Il ne nous est pas permis de mettre personne à mort »; afin que fût accomplie la parole qu'il avait dite touchant la mort dont il devait mourir. Pilate donc rentra dans le prétoire, et appela Jésus, et lui dit: « Etes-vous le Roi des Juifs? » Jésus répondit: « Dites-vous cela de vous-même, ou d'autres vous l’ont-ils dit de moi? » Pilate répondit: « Est-ce que je suis Juif? Votre nation et vos prêtres vous ont livré à moi. Qu'avez-vous fait? » Jésus répondit: « Mon royaume n'est pas de ce monde; si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs combattraient pour que je ne fusse point livré aux Juifs: mais maintenant mon royaume n'est pas de ce monde ». Pilate lui dit: « Vous êtes donc Roi ? » Jésus répondit: « Vous le dites, je suis Roi. Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité; quiconque est de la vérité, écoute ma voix ». Pilate lui dit: « Qu'est-ce que la vérité? » Et ayant dit cela, il sortit encore, et alla vers les Juifs, et leur dit: « Je ne trouve en lui aucun crime. La coutume est que je vous délivre un criminel à la fête de Pâque; voulez-vous que je vous délivre le Roi des Juifs? » Alors de nouveau tous s'écrièrent: « Pas celui-ci, mais Barabbas ». Or Barabbas était un voleur.
Alors donc Pilate prit Jésus et le fit flageller. Et les soldats ayant tressé une couronne d'épines, la mirent sur sa tête, et le revêtirent d'un manteau de pourpre. Et venant à lui, ils disaient: « Salut, Roi des Juifs! » Et ils lui donnaient des soufflets. Pilate sortit de nouveau, et leur dit: « Voici que je vous l'amène dehors, afin que vous sachiez que je ne trouve en lui aucun crime ». Jésus donc sortit, portant la couronne d'épines et le manteau de pourpre. Et Pilate leur dit: « Voilà l'homme ». Les prêtres et les gardes l'ayant vu, crièrent: « Crucifiez-le, crucifiez-le ». Pilate leur dit: « Prenez-le vous-mêmes, et crucifiez-le; car moi je ne trouve point de crime en lui ». Les Juifs répondirent: « Nous avons une loi, et selon cette loi il doit mourir parce qu'il s'est fait Fils de Dieu ». Ayant entendu cette parole, Pilate fut plus effrayé. Et entrant dans le prétoire, il dit à Jésus: « D'où êtes-vous? » Jésus ne lui lit pas de réponse. Pilate lui dit donc: « Vous ne me parlez point? Ignorez-vous que j'ai le pouvoir de vous crucifier et le pouvoir de vous délivrer? » Jésus lui répondit: « Vous n'auriez sur moi aucun pouvoir, s'il ne vous était donné d'en haut; et c'est pour cela que le péché de celui qui m'a livré à vous est d'autant plus grand ». Et depuis ce moment, Pilate cherchait à le délivrer. Mais les Juifs criaient, disant: « Si vous le délivrez, vous n'êtes point ami de César; car quiconque se fait Roi, se déclare contre César ». Ayant entendu cette parole, Pilate fit amener Jésus dehors; et il s'assit sur le tribunal, au lieu appelé en grec Lithostrotos, et en hébreu Gabbatha.
C’était le jour de la préparation de la Pâque. vers la sixième heure; et Pilate dit aux Juifs: « Voilà votre Roi ». Mais eux criaient: « Otez-le! ôtez-le! crucifiez-le! » Pilate leur dit: « Que je crucifie votre Roi? » Les princes des prêtres répondirent: « Nous n'avons de roi que César ». Alors il le leur livra pour être crucifié. Et ils prirent Jésus et l'emmenèrent. Emportant sa croix, il vint au lieu nommé Calvaire, et en hébreu Golgotha, où ils le crucifièrent, et deux autres avec lui, un de chaque côté, et Jésus au milieu. Pilate écrivit une inscription, et la fit mettre au haut de la croix. Voici ce qu'elle portait: « Jésus de Nazareth, Roi des Juifs ». Beaucoup de Juifs lurent cette inscription parce que le lieu où Jésus était crucifié était près de la ville, et qu'elle était écrite en hébreu, en grec, et en latin. Les pontifes des Juifs dirent donc à Pilate: « N'écrivez point: « Roi des Juifs »; mais bien qu'il a dit: « Je suis le Roi des Juifs ». Pilate répondit: « Ce qui est écrit, est écrit ». Les soldats, après avoir crucifié Jésus, prirent ses habits dont ils firent quatre parts, une pour chaque soldat. Ils prirent aussi sa tunique; et, comme elle était sans couture, d'un seul tissu d'en haut jusqu'en bas, ils se dirent entre eux: « Ne la divisons point, mais tirons au sort à qui elle sera », afin que s'accomplit ce que dit l'Ecriture: « Ils se sont partagé mes vêtements, et ils ont jeté ma robe au sort ». Voilà ce que firent les soldats.
Debout près de la croix de Jésus, étaient sa mère et la sœur de sa mère, .Marie, femme de Cléophas, et Marie-Madeleine. Jésus ayant m sa mère, et debout près d'elle, le disciple qu'il aimait, il dit à sa mère: « Femme, voilà votre fils », là ensuite il dit au disciple: « Voilà ta mère », là depuis cette heure, le disciple la prit chez lui. Après cela, Jésus sachant que tout était accompli, afin qu'une parole de l'Ecriture s'accomplit encore, il dit: « J'ai soif ». Il y avait là un vase plein de vinaigre. Ils entourèrent d'hysope une éponge pleine de vinaigre, et la présentèrent à sa Bouche, là Jésus avant pris le vinaigre, dit: « Tout est consommé ». Et baissant la tête, il rendit l'esprit.
Or ce jour-là étant celui de la Préparation, afin que les corps ne demeurassent pas en croix durant le sabbat (car ce sabbat était un jour très solennel), les Juifs prièrent Pilate qu'on leur rompit les jambes, et qu'on les enlevât. Il vint donc des soldats qui rompirent les jambes du premier, puis de l'autre qui avait été crucifié avec lui. Etant venus à Jésus, et le voyant déjà mort, ils ne lui rompirent point les jambes; mais un des soldats lui ouvrit le coté avec une lance, et aussitôt il en sortit du sang et de l'eau, là celui qui Se vit en rend. témoignage, et son témoignage est vrai, là il sait qu'il dit vrai, afin que vous croyiez aussi. Ceci advint pour que cette parole de l'Ecriture tut accomplie: Vous ne briserez pas un seul de ses os. Et il est dit encore ailleurs dans l'Ecriture: « Ils verront celui qu'ils ont percé ».
Après cela, Joseph d'Arimathie, qui était disciple de Jésus, mais en secret, par crainte des Juifs, pria Pilate de lui laisser enlever le corps de Jésus. Et Pilate le permit. Il vint donc, et enleva le corps de Jésus. Nicomède, celui qui, autrefois, était venu trouver Jésus de nuit, vint aussi apportant une composition de myrrhe et d'aloès, environ cent livres. Or il y avait un jardin dans le lieu où Jésus avait été crucifié, et dans le jardin un sépulcre tout neuf, où personne n'avait encore été mis. Là donc, à cause de la préparation du sabbat des Juifs, et que ce sépulcre était proche, ils mirent Jésus.
Les Impropères
O mon peuple, que t'ai-je fait ?En quoi t'ai-je affligé? Réponds-moi. Est-ce parce que je t'ai tiré de la terre d'Egypte que tu as dressé une croix pour ton Sauveur ?
Dieu saint. Saint et fort. Saint et immortel, ayez pitié de nous.
Est-ce parce que, durant quarante ans, j'ai été ton conducteur dans le désert, que je t'y ai nourri de la manne, que je t'ai ensuite introduit dans une terre excellente ; est-ce pour ces services que tu as préparé une croix à ton Sauveur ?
Dieu saint. Saint et fort. Saint et immortel, ayez pitié de nous.
Qu'ai-je dû faire pour toi, que je n'aie pas fait? Je t'ai plantée comme la plus belle de mes vignes, et tu n'as eu pour moi qu'une amertume extrême; car dans ma soif tu m'as donné du vinaigre à boire, et tu as percé de la lance le côté de ton Sauveur.
Dieu saint. Saint et fort. Saint et immortel, ayez pitié de nous.
Pour l'amour de toi, j'ai frappé l'Egypte avec ses premiers-nés; toi, tu m'as livré à la mort, après m'avoir flagellé.
O mon peuple, que t'ai-je fait? en quoi t'ai-je affligé? Réponds-moi.
Je t'ai tiré de l'Egypte, et j'ai submergé Pharaon dans la mer Rouge: toi, tu m’as livré aux princes des prêtres.
O mon peuple, que t'ai-je fait? en quoi t'ai-je affligé? Réponds-moi.
Je t'ai ouvert un passage dans la mer: toi, tu m'as ouvert le liane avec une lance.
O mon peuple, que t'ai-je fait? en quoi t'ai-je affligé? Réponds-moi.
J'ai marché devant toi dans une colonne de nuée: toi. tu m'as meneau prétoire de Pilate.
O mon peuple, que t'ai-je fait? en quoi t'ai-je affligé? Réponds-moi.
Je t'ai nourri de la manne dans le désert: j'ai reçu de toi des soufflets et des coups de fouet.
O mon peuple, que t'ai-je fait? en quoi t'ai-je affligé? Réponds-moi.
Je t'ai abreuvé de l'eau salutaire sortie du rocher: dans ma soif, tu m'as présente du fiel et du vinaigre.
O mon peuple, que t'ai-je fait? en quoi t'ai-je affligé? Réponds-moi.
A cause de toi j'ai exterminé les rois de Canaan: toi, tu m'as frappe à la tète avec un roseau.
O mon peuple, que t'ai-je fait? en quoi t'ai-je affligé? Réponds-moi.
Je t'ai donné le sceptre de la royauté: toi, tu as mis sur ma tête une couronne d'épines.
O mon peuple, que t'ai-je fait? en quoi t'ai-je affligé? Réponds-moi.
Je t'ai élevé en déployant une haute puissance: toi, tu m'as attache au gibet de la croix.
O mon peuple, que t'ai-je fait? en quoi t'ai-je affligé? Réponds-moi.
Nous adorons votre Croix, Seigneur ; nous célébrons et glorifions votre sainte Résurrection;
Car c'est par la Croix que vous avez rempli de joie le monde entier.
Que Dieu ait pitié de nous et qu'il nous bénisse;
Qu'il fasse luire sur nous la lumière de son visage, et qu'il nous envoie sa miséricorde.
Neuvaine à la Miséricorde Divine et au Vénérable Jean Paul II
Neuvaine à la Miséricorde Divine et au Vénérable Jean Paul II
« Chers frères et sœurs, comme vous le savez, le 1er mai prochain j'aurai la joie de proclamer bienheureux le vénérable Pape Jean-Paul II, mon bien-aimé prédécesseur. La date choisie est très significative: ce sera en effet le deuxième dimanche de Pâques, qu'il a lui-même dédié à la Divine Miséricorde, et c'est lors de la vigile du Dimanche de la Miséricorde qu'a pris fin sa vie terrestre. Ceux qui l'ont connu, ceux qui l'ont estimé et aimé ne pourront pas ne pas se réjouir avec l'Eglise pour cet événement. Nous sommes heureux ! » (Benoît XVI à l’issue de l’Angélus du 16 janvier 2011)
« Je désire, dit Jésus à Soeur Faustine, que durant neuf jours, tu amènes les âmes à la source de ma miséricorde, afin qu'elles puisent force et fraîcheur, ainsi que toutes les grâces dont elles ont besoin dans les difficultés de la vie et particulièrement à l'heure de la mort. Chaque jour tu amèneras un groupe d'âmes différent et tu les plongeras dans l'océan de ma miséricorde. Et moi, je ferai entrer toutes ces âmes dans la demeure de mon Père (...). Et chaque jour, par ma douloureuse passion, tu solliciteras de mon Père des grâces pour ces âmes ».
Chaque jour de la Neuvaine
Chaque jour la prière ci-dessous, suivie de la prière du jour à la Miséricorde Divine, réciter ensuite le Chapelet de la Miséricorde Divine, puis l'invocation suivante: « Jean-Paul II, témoin de la Miséricorde Divine, priez pour nous ! » (Le 1er mai nous pourrons dire « Bienheureux Jean-Paul II »). Communier le 1er mai 2011 si vous le pouvez et accéder au Sacrement de la Réconciliation durant la neuvaine. Nous n'oublierons pas non plus d'invoquer l'intercession de Saint Joseph, car le 1er mai étant la Fête de Saint Joseph Artisan, nous réciterons pour cela la prière de Saint François de Sales à Saint Joseph.
Prière
Ô Sainte Trinité, Nous Vous rendons grâce pour avoir fait don à Votre Église du Vénérable Pape Jean-Paul II et magnifié en lui la tendresse de Votre Paternité, la gloire de la Croix du Christ et la splendeur de l'Esprit d'Amour. Par son abandon sans condition à Votre Miséricorde infinie et à l'intercession maternelle de Marie, il nous a donné une image vivante de Jésus Bon Pasteur et nous a indiqué la sainteté, dimension sublime de la vie chrétienne ordinaire, voie unique pour rejoindre la communion éternelle avec Vous. Par l’intercession du Vénérable Jean-Paul II, accordez-nous, selon Votre Volonté, les grâces que nous implorons (......), en action de grâce pour sa prochaine béatification le 1er mai prochain à Rome lors de la messe célébrée par son successeur le pape Benoît XVI. Amen!
Prière à Saint Joseph
(Saint François de Sales)
Glorieux Saint Joseph, époux de Marie, accordez-nous votre protection paternelle, nous vous en supplions par le Cœur de Jésus et le Cœur de Marie. O vous dont la puissance s'étend à toutes nos nécessités et qui savez nous rendre possibles les choses les plus impossibles, ouvrez vos yeux de père sur les intérêts de vos enfants. Dans l'embarras et la peine qui nous pressent, nous recourons à vous avec confiance. Daignez prendre sous votre charitable conduite cet intérêt important et difficile, cause de notre inquiétude (….) Faites que son heureuse issue tourne à la Gloire de Dieu et au bien de ses dévoués serviteurs. O vous que l'on n'a jamais invoqué en vain, aimable Saint Joseph, vous dont le crédit est si puissant auprès de Dieu que l'on a pu dire « au Ciel Saint Joseph commande plutôt qu'il ne supplie », tendre père, priez pour nous Jésus, priez pour nous Marie. Soyez notre avocat auprès de ce Divin Fils dont vous avez été ici-bas le père nourricier si attentif, si aimant, et le protecteur fidèle. Soyez notre avocat auprès de Marie, dont vous avez été l'époux si aimant et si tendrement aimé. Ajoutez à toutes vos gloires celle de gagner la cause difficile que nous vous confions. Nous croyons, oui, nous croyons que vous pouvez exaucer nos vœux en nous délivrant des peines qui nous accablent et des amertumes dont notre âme est abreuvée. Nous avons de plus la ferme confiance que vous ne négligez rien en faveur des affligés qui vous implorent. Humblement prosternés à vos pieds, bon Saint Joseph, nous vous en conjurons, ayez pitié de nos gémissements et de nos larmes. Couvrez-nous du manteau de vos miséricordes et bénissez-nous. Amen.
Vendredi Saint
Prions pour les âmes des pécheurs et pour l'humanité tout entière
« Aujourd'hui, amène-Moi l'humanité entière, et particulièrement tous les pécheurs et immerge-les dans l'océan de Ma Miséricorde. Tu me consoleras ainsi dans cette amère tristesse dans laquelle Me plonge la perte des âmes ».
Très Miséricordieux Jésus, dont le propre est d'avoir pitié de nous et de nous pardonner, ne regardez pas nos péchés, mais la confiance que nous avons en Votre infinie Bonté et recevez-nous dans la demeure de Votre Coeur très compatissant et ne nous en laisse pas sortir pour l'éternité. Nous Vous en supplions par l'amour qui Vous unit au Père et au Saint Esprit.
Ô toute-puissance de la Miséricorde Divine,
Secours pour l'homme pécheur,
Vous êtes Miséricorde et océan de pitié,
Vous venez à l'aide à celui qui Vous prie avec humilité.
Père Éternel, jetez un regard de Miséricorde sur toute l'humanité enfermée dans le Coeur très Compatissant de Jésus et particulièrement sur les pauvres pécheurs, et par Sa douloureuse Passion, témoignez-nous Votre Miséricorde afin que nous glorifions la toute-puissance de Votre Miséricorde pour les siècles des siècles. Amen.
Chapelet de la Miséricorde Divine
Samedi Saint
Prions pour les âmes sacerdotales et religieuses
« Aujourd'hui, amène-Moi les âmes sacerdotales et religieuses, et immerge-les dans Mon insondable Miséricorde. Elles M'ont donné la force d'endurer Mon amère Passion, par elles comme par des canaux, Ma Miséricorde se déverse sur l'humanité ».
Très Miséricordieux Jésus, de qui provient tout ce qui est bon, multipliez Vos grâces en nous, afin que nous accomplissions de dignes actes de miséricorde, pour que ceux qui nous regardent, glorifient le Père de Miséricorde qui est au Ciel.
La source de l'Amour Divin,
Demeure dans les coeurs purs,
Plongés dans la mer de la Miséricorde,
Rayonnante comme les étoiles, claire comme l'aurore.
Père Eternel, jetez un regard de Miséricorde sur ce groupe d'élus de Votre Vigne, les âmes sacerdotales et religieuses, et comblez-les de la puissance de Votre bénédiction, et par le sentiment du Coeur de Votre Fils dans lequel elles sont enfermées, accordez-leur la force de Votre Lumière, afin qu'elles puissent guider les autres sur les chemins du Salut, pour chanter ensemble la gloire de Votre insondable Miséricorde pour l'éternité. Amen.
Chapelet de la Miséricorde Divine
Dimanche de Pâques
Prions pour les âmes pieuses et fidèles
« Aujourd'hui, amène-Moi toutes les âmes pieuses et fidèles et immerge-les dans l'océan de Ma Miséricorde; ces âmes M'ont consolé sur le Chemin de Croix, elles furent cette goutte de consolation au milieu d'un océan d'amertume ».
Très Miséricordieux Jésus qui accordez à tous avec surabondance les grâces du trésor de Votre Miséricorde, recevez-nous dans la demeure de Votre Coeur très Compatissant, et ne nous en laissez pas sortir pour les siècles. Nous Vous en supplions par l'inconcevable amour dont brûle Ton Coeur pour le Père Céleste.
Impénétrables sont les merveilles de la Miséricorde,
Insondables au pécheur comme au juste,
Sur tous, Vous jetez un regard de pitié,
Vous nous attirez vers Votre Amour.
Père Éternel, jetez un regard de Miséricorde sur les âmes fidèles, héritage de Votre Fils, et par Sa Douloureuse Passion, accorde-leur Votre bénédiction et entourez-les de Votre incessante protection afin quelles ne perdent l'amour ni le trésor de la Sainte Foi, mais qu'avec le choeur des Saints elles glorifient Votre infinie Miséricorde pour les siècles des siècles. Amen.
Chapelet de la Miséricorde Divine
Lundi de Pâques
Prions pour les âmes des païens et de ceux qui ne connaissent pas encore Jésus
« Aujourd'hui, amène-Moi les païens et ceux qui ne Me connaissent pas encore, J'ai également pensé à eux durant Mon amère Passion, et leur zèle futur consolait mon Coeur. Immerge-les dans l'océan de Ma Miséricorde ».
Très compatissant Jésus qui êtes la Lumière du monde entier, recevez dans la demeure de Votre Coeur très compatissant les âmes des païens qui ne Vous connaissent pas encore; que les rayons de Votre grâce les illuminent, afin qu'elles aussi glorifient avec nous les merveilles de Votre Miséricorde, et ne les laissez pas sortir de la demeure de Votre Coeur très compatissant.
Que la lumière de Votre Amour,
Illumine les ténèbres des âmes,
Faites que ces âmes Vous connaissent,
Et qu'elles glorifient avec nous Votre Miséricorde.
Père Éternel, jetez un regard de Miséricorde sur les âmes des païens et de ceux qui ne Vous connaissent pas encore, mais qui sont enfermés dans le Coeur très compatissant de Jésus. Attirez-les vers la Lumière de l'Évangile. Ces âmes ne savent pas combien est grand le bonheur de Vous aimer; faites qu'elles glorifient la largesse de Votre Miséricorde dans les siècles des siècles. Amen.
Chapelet de la Miséricorde Divine
Mardi de Pâques
Prions pour les âmes des hérétiques et des apostats
« Aujourd'hui, amène-Moi les âmes des hérétiques et des apostats et immerge-les dans l'océan de Ma Miséricorde; dans Mon amère Passion, elles Me déchiraient le corps et le coeur, c'est-à-dire Mon Église. Lorsqu'elles reviennent à l'unité de l'Église, Mes Plaies se cicatrisent, et de cette façon elles Me soulageront dans Ma Passion ».
Très Miséricordieux Jésus qui êtes la Bonté même, Vous ne refusez pas la Lumière à ceux Vous la demandent, recevez dans la demeure de Votre Coeur très compatissant les âmes des frères séparés et attirez-les par Votre lumière à l'unité de l'Eglise, et ne les laissez pas sortir de la demeure de Votre Coeur très Compatissant mais faites qu'elles aussi glorifient la largesse de Votre Miséricorde.
Même pour ceux qui mirent en pièces le manteau de Votre Unité,
Coule de Votre Coeur une Source de Pitié.
La toute-puissance de Votre Miséricorde, ô Dieu,
Peut retirer même ces âmes de l'erreur.
Père Éternel, jetez un regard miséricordieux sur les âmes des frères séparés et surtout ceux qui persistant obstinément dans leurs erreurs, gaspillèrent Vos bontés et abusèrent de Vos grâces. Ne regardez pas leurs fautes, mais l'amour de Votre Fils et Son amère passion qu'Il souffrit également pour elles, puisqu'elles aussi sont enfermées dans le Coeur très compatissant de Jésus. Faites qu'elles aussi glorifient Votre immense Miséricorde dans les siècles des siècles. Amen.
Chapelet de la Miséricorde Divine
Mercredi de Pâques
Prions pour les âmes douces et humbles
« Aujourd'hui, amène-Moi les âmes douces et humbles, ainsi que celles des petits enfants et immerge-les dans Ma Miséricorde. Ces âmes ressemblent le plus à Mon Coeur, elles M'ont réconforté dans Mon amère agonie; Je les voyais veiller comme des anges terrestres qui veilleront sur Mes Autels, sur elles Je verse des torrents de grâces. Seule une âme humble est capable de recevoir Ma Grâce, aux âmes humbles J'accorde Ma confiance ».
Très miséricordieux Jésus qui avez dit Vous-même: « Apprenez de Moi que Je suis doux et humble de Coeur », recevez dans la demeure de Votre Coeur très compatissant les âmes douces et humbles, ainsi que celles des petits enfants. Ces âmes plongent dans le ravissement le Ciel entier et sont la prédilection particulière du Père céleste. Elles sont un bouquet de fleurs devant le Trône Divin où Dieu seul se délecte de leur parfum. Ces âmes demeurent pour toujours dans le Coeur très compatissant de Jésus et chantent sans cesse l'hymne de l'Amour et de la Miséricorde pour les siècles.
L'âme véritablement humble et douce
Respire déjà le paradis sur terre,
Et le parfum de son coeur humble
Ravit le Créateur Lui-même.
Père Éternel, jetez un regard de Miséricorde sur les âmes douces et humbles, et sur les âmes des petits enfants, enfermées dans la demeure du Coeur très Compatissant de Jésus. Ce sont ces âmes qui ressemblent le plus à Votre Fils, le parfum de ces âmes monte de la terre et atteint Votre Trône. Père de Miséricorde et de toute Bonté, je Vous implore par l'Amour et la prédilection que Vous avez pour ces âmes, bénissez le monde entier, afin que toutes les âmes puissent chanter ensemble la gloire de Votre Miséricorde pour l'éternité. Amen.
Chapelet de la Miséricorde Divine
Jeudi de Pâques
Prions pour les âmes qui honorent et glorifient particulièrement la Miséricorde de Jésus
« Aujourd'hui, amène-Moi les âmes qui honorent et glorifient particulièrement Ma Miséricorde et immerge-les dans Ma Miséricorde. Ces âmes ont le plus vivement compati aux souffrances de Ma Passion et ont pénétré le plus profondément dans Mon Esprit. Elles sont le vivant reflet de Mon Coeur compatissant. Ces âmes brilleront d'un éclat particulier dans la vie future, aucune n'ira dans le feu de l'enfer, Je défendrai chacune d'elles en particulier à l'heure de la mort ».
Très Miséricordieux Jésus dont le Coeur n'est qu'Amour, recevez dans la demeure de Votre Coeur très Compatissant les âmes qui honorent et glorifient particulièrement la grandeur de Votre Miséricorde. Ces âmes sont puissantes de la force de Dieu Lui-même; au milieu de tous les tourments et contrariétés, elles avancent confiantes en Votre Miséricorde, ces âmes sont unies à Jésus et portent l'humanité entière sur leurs épaules. Ces âmes ne seront pas jugées sévèrement, mais Votre Miséricorde les entourera au moment de l'agonie.
L'âme qui célèbre la bonté de son Seigneur,
Est tout particulièrement aimée de Lui.
Elle est toujours proche de la source vive,
Et puise les grâces en la miséricorde divine.
Père Éternel, jetez un regard de Miséricorde sur les âmes qui glorifient et honorent Votre plus grand attribut, c'est-à-dire Votre infinie Miséricorde et qui sont enfermées dans le Coeur très Compatissant de Jésus. Ces âmes sont un vivant Evangile, leurs mains sont pleines d'actes de Miséricorde et leur âme débordante de joie chante l'hymne de la Miséricorde du Très-Haut. Je Vous en supplie mon Dieu, manifestez-leur Votre Miséricorde selon l'espérance et la confiance qu'elles ont mises en Vous, que s'accomplisse en elles la promesse de Jésus qui leur a dit: « Les âmes qui vénéreront Mon infinie Miséricorde, je les défendrai Moi-même durant leur vie et particulièrement à l'heure de la mort comme Ma propre Gloire ».
Chapelet de la Miséricorde Divine
Vendredi de Pâques
Prions pour les âmes du Purgatoire
« Aujourd'hui, amène-Moi les âmes qui sont dans la prison du Purgatoire et immerge-les dans l'abîme de Ma Miséricorde, que les flots de Mon Sang rafraîchissent leurs brûlures. Toutes ces âmes Me sont très chères, elles s'acquittent envers Ma Justice; il est en ton pouvoir de leur apporter quelque soulagement. Puise dans le trésor de Mon Eglise toutes les indulgences, et offre-les pour elles; ô si tu connaissais leur supplice, tu offrirais sans cesse pour elles l'aumône de ton esprit, et tu paierais leurs dettes à Ma Justice ».
Très miséricordieux Jésus qui avez dit Vous-même vouloir la Miséricorde, voici que j'amène à la demeure de Votre Coeur très Compatissant les âmes du Purgatoire, les âmes qui Vous sont très chères, mais qui pourtant doivent rendre des comptes à Votre Justice, que les flots de Sang et d'Eau jaillis de Votre Coeur éteignent les flammes du feu du Purgatoire, afin que, là aussi, soit glorifiée la puissance de Votre Miséricorde.
De la terrible ardeur du feu du purgatoire
Une plainte s'élève vers Ta miséricorde,
Et ils connaissent consolation, soulagement et fraîcheur,
Dans le torrent d'eau à Ton sang mêlé.
Père Éternel, jetez un regard de Miséricorde sur les âmes souffrant au purgatoire, mais qui sont enfermées dans le Coeur très compatissant de Jésus. Je Vous implore par la douloureuse Passion de Jésus, Votre Fils, et par toute amertume dont Son âme très sainte fut inondée, montrez Votre Miséricorde aux âmes qui sont sous Votre regard juste; ne les regardez pas autrement qu'à travers les Plaies de Jésus, Votre très cher Fils, car nous croyons que Votre Bonté et Votre Pitié sont sans mesure.
Chapelet de la Miséricorde Divine
Samedi de Pâques
Prions pour les âmes froides
« Aujourd'hui, amène-Moi les âmes froides, et immerge-les dans l'abîme de Ma Miséricorde. Ce sont ces âmes qui blessent le plus douloureusement Mon Coeur. C'est une âme indifférente qui au Jardin des Oliviers M'inspira la plus grande aversion. C'est à cause d'elles que j'ai dit: « Père, éloignez de Moi ce calice, si telle est Votre Volonté ». Pour elles l'ultime planche de salut est de recourir à Ma Miséricorde ».
Très compatissant Jésus qui n'êtes que pitié, je fais entrer dans la demeure de Votre Coeur très compatissant les âmes froides, que dans ce feu de Votre pur amour, se réchauffent ces âmes glacées, qui ressemblent à des cadavres et Vous emplissent d'un tel dégoût. Ô très compatissant Jésus, usez de la toute-puissance de Votre Miséricorde et attirez-les dans le brasier même de Votre amour, et donnez-leur l'Amour divin, car Vous pouvez tout.
Feu et glace ensemble ne peuvent être mêlés,
Car le feu s'éteindra ou la glace fondra.
Mais Votre Miséricorde, ô mon Dieu,
Peut soutenir de plus grandes misères encore.
Père Éternel, jetez un regard de Miséricorde sur les âmes froides, qui sont cependant enfermées dans le Coeur très compatissant de Jésus. Père de miséricorde, je Vous supplie par l'amertume de la passion de Votre Fils et par Son Agonie de trois heures sur la Croix: permettez qu'elles aussi célèbrent l'abîme de Votre miséricorde...
Le Chapelet de la Miséricorde Divine
Le 14 septembre 1935, Soeur Faustine entend les mots suivants: « Dis toujours le chapelet que je t'ai appris. Celui qui le dit fera l'expérience de ma Miséricorde, sa vie durant, et surtout à l'heure de sa mort ».
Au début : Notre Père... Je vous salue Marie... Je crois en Dieu...
Sur les grains du « Notre Père », on récite les paroles suivantes: « Père éternel je Vous offre le Corps et le Sang, l'Âme et la Divinité de ton Fils Bien-Aimé, Notre Seigneur Jésus-Christ, en réparation de nos péchés et de ceux du monde entier ».
Sur les grains du « Je vous salue Marie », on récite les paroles suivantes: « Par sa douloureuse Passion, ayez pitié de nous et du monde entier ».
Pour conclure, on dit trois fois: « Dieu Saint, Dieu Fort, Dieu Éternel, ayez pitié de nous et du monde entier ».
Béatification du Vénérable Jean Paul II
Le Dimanche 1er mai 2011
Dimanche de la Miséricorde Divine
Programme
Le 30 avril, Veillée de prière au Cirque Maxime de Rome. (La veillée commencera à les 21h et s’achèvera vers les 22h30). A 20 h, débutera la préparation à la rencontre.
Cette veillée sera organisée par le Diocèse de Rome, dont Jean-Paul II fut l'évêque. Elle sera guidée par le cardinal Agostino Vallini, vicaire général du pape pour le diocèse de Rome. Benoît XVI s'unira spirituellement à cette veillée par une liaison vidéo.
Le 1er mai, Célébration de la béatification à la place Saint-Pierre, elle commencera à 10h et sera présidée par Benoît XVI. (Aucun billet ne sera demandé pour y participer mais l'accès à la place et aux zones proches sera sous la protection de la Sécurité publique).
Le 1er mai, Vénération de la dépouille du nouveau bienheureux. Juste après la cérémonie de béatification, la dépouille du nouveau bienheureux sera déposée pour la vénération dans la basilique Saint-Pierre, devant l'autel de la Confession. Elle se poursuivra jusqu'à l'épuisement de la foule des fidèles.
Le 2 mai, Messe d'action de grâce place Saint-Pierre. La messe est à les 10h30 et sera présidée par le cardinal Tarcisio Bertone, secrétaire d'Etat.
Toutes ces célébrations seront retransmises sur la chaîne catholique KTO
(Ou à suivre en ligne sur leur site internet : www.ktotv.com
Pour aller plus loin
Site officiel de sa béatification
Jeudi Saint
Semaine Sainte 2011
Triduum Pascal
Jeudi Saint
Hymne
Verbe du Père, qui avez daigne paraître dans la chair, Agneau de Dieu, oui ôtez les pèches du monde, nous venons vers vous humblement, pour nous désaltérer dans le sang de votre auguste Passion.
Montrez-nous les stigmates de vos blessures sacrées; faites briller le signe glorieux de votre Croix; que par la force inépuisable qui réside en lui, le salut soit accordé aux croyants.
Le roseau, les clous, les crachats, le breuvage de myrrhe, la couronne d'épine, les fouets, la lance, sont, ô Christ, les instruments de votre supplice ; à cause d'eux, daignez aujourd'hui pardonner nos crimes.
Que le sang de vos blessures sacrées arrose et lave nos cœurs, qu'il enlevé le poison de notre malice; que notre vie présente soit exempte de pèche: que la vie future nous soit une bienheureuse récompense.
Quand le jour de la résurrection se lèvera, quand les splendeurs de l'éternel royaume viendront illuminer ce monde, faites-nous suivre, à travers les airs, cette route qui nous conduira vers les heureux habitants du céleste séjour.
Honneur soit au Dieu éternel ! gloire au seul Père, au Fils unique et à l'Esprit-Saint! Trinité qui vit et règne dans les siècles des siècles. Amen.
Les textes suivants sont extraits de « La Douloureuse Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ », de la Bienheureuse Anne Catherine Emmerich
Dernière Pâque
Jésus et les siens mangèrent l'agneau pascal dans le Cénacle, divisés en trois troupes de douze, dont chacun, était présidée par l'un d'eux, faisant office de père de famille. Jésus prit son repas avec les douze apôtres dans la salle du Cénacle. Nathanaël le prit avec douze autres disciples dans l’une des salles latérales, douze autres avaient à leur tête Eliacim, fils de Cléophas et de Marie d’Héli, et frère de Marie de Cléophas: il avait été disciple de Jean Baptiste. Trois agneaux furent immolés pour eux dans le Temple avec les cérémonies habituelles. Mais il y avait un quatrième agneau, qui fut immolé dans le Cénacle; c'est celui-là que Jésus manges avec les apôtres. Judas ignora cette circonstance, parce qu'il était occupé de ses complots et n'était pas revenu lors de l'immolation de l'agneau: il vint très peu d'instants avant le repas. L’immolation de l'agneau destiné à Jésus et aux apôtres fut singulièrement touchante: elle eut lieu dans le vestibule du Cénacle avec le concours d'un fils de Siméon, qui était Lévite. Les apôtres et les disciples étaient là, chantant le ils. psaume. Jésus parla d'une nouvelle époque qui commençait; il dit que le sacrifice de Moïse et la figure de l'agneau pascal allaient trouver leur accomplissement: mais que, pour cette raison, l’agneau devait être immolé comme il l’avait été autrefois en Egypte, et qu'ils allaient sortir réellement de la maison de servitude.
Les vases et les instruments nécessaires furent apprêtés, an amena un beau petit agneau, orné d'une couronne qui fut envoyée à la sainte Vierge dans le lieu où elle se tenait avec les saintes femmes. L’agneau était attaché le des contre une planche par le milieu du corps, et il me rappela Jésus lié à la colonne et flagellé. Le fils de Siméon tenait la tête de l'agneau: Jésus le piqua au cou avec la pointe d’un couteau qu'il donna au fils de Siméon pour achever l'agneau. Jésus paraissait éprouver de la répugnance à le blesser; il le fit rapidement, mais avec beaucoup de gravité. Le sang fut recueilli dans un bassin et on apporta une branche d’hysope, que Jésus trempa dans le sang. Ensuite il alla à la porte de la salle, en peignit de sang les deux poteaux et la serrure, et fixa au-dessus de la porte la branche teinte de sang. Il lit ensuite une instruction, et dit, entre autres choses, que l'ange exterminateur passerait outre, qu’ils devaient adorer en ce lieu sans crainte et sans inquiétude lorsqu'il aurait été immolé, lui, le véritable agneau pascal; qu'un nouveau temps et un nouveau sacrifice allaient commencer, qui dureraient jusqu'à la fin du monde. Ils se rendirent ensuite au bout de la salle, près du foyer où avait été autrefois l'arche d'alliance : il y avait déjà du feu. Jésus versa le sang sur ce foyer. et le consacra comme autel. Le reste du sang et la graisse furent jetés dans le feu sous l’autel. Jésus, suivi de ses apôtres, fit ensuite le tour du Cénacle en chantant des psaumes, et consacra en lui un nouveau Temple. Toutes les portes étaient fermées pendant ce temps. Cependant le fils de Siméon avait entièrement préparé l’agneau. Il l'avait passé dans un pieu: les jambes de devant étaient sur un morceau de bois placé en travers: celles de derrière étaient étendues le long du pieu. Hélas! il ressemblait a Jésus sur la croix, et il fut mis dans le fourneau pour être rôti avec les trois autres agneaux apportés du temple. Les agneaux de Pâque des Juifs étaient tous immolés dans le vestibule du Temple, et cela en trois endroits: pour les personnes de distinction, pour les petites gens et pour les étrangers. L'agneau pascal de Jésus ne fut pas immole dans le Temple: tout le reste fut rigoureusement conforme a la loi. Jésus tint plus tard un discours à ce sujet, il dit que l'agneau était simplement une figure, que lui-même devait être, le lendemain, l'agneau pascal, et d'autres choses que j'ai oubliées.
Lorsque Jésus eut ainsi enseigné sur l'agneau pascal et sa signification, le temps étant venu et Judas étant de retour, on prépara les tables. Les convives mirent les habits de voyage qui se trouvaient dans le vestibule, d'autres chaussures, une robe blanche semblable à une chemise, et un manteau, court par devant et plus long par derrière; ils relevèrent leurs habits jusqu'à la ceinture, et ils avaient aussi de larges manches retroussées. Chaque troupe alla à la table qui lui était réservée: les deux troupes de disciples dans les salles latérales, le Seigneur et les apôtres dans la salle du Cénacle. Ils prirent des bâtons à la main. et ils se rendirent deux par deux à la table, où ils se tinrent debout à leurs places, appuyant les bâtons à leurs bras et les mains élevées en l'air. Mais Jésus, qui se tenait au milieu de la table, avait reçu du majordome deux petits bâtons un peu recourbés par en haut, semblables à de courtes houlettes de berger. Il y avait à l'un des côtés un appendice formant une fourche, comme une branche coupée. Le Seigneur les mit dans sa ceinture de manière à ce qu'ils se croisassent sur sa poitrine, et en priant il appuya ses bras étendus en haut sur l'appendice fourchu. Dans cette attitude, ses mouvements avaient quelque chose de singulièrement touchant : il semblait que la croix dont il voulait bientôt prendre le poids sur ses épaules dût auparavant leur servir d'appui. Ils chantèrent ainsi: « Béni soit le Seigneur, le Dieu d'Israël! » ou « Loué soit le Seigneur », etc. Quand la prière fut finie, Jésus donna un des bâtons à Pierre et l'autre à Jean. Ils les mirent de côté ou les firent passer de main en main parmi les saints apôtres. Je ils m'en souviens plus très exactement. La table était étroite et assez haute pour dépasser d'un demi pied les genoux d'un homme debout; sa forme était celle d'un fer à cheval; vis-à-vis de Jésus, à l'intérieur du demi cercle, était une place libre pour servir les mets. Autant que je puis m'en souvenir, à la droite de Jésus étaient Jean, Jacques le Majeur et Jacques le Mineur; au bout de la table, à droite, Barthélémy; puis, en revenant à l'intérieur, Thomas et Judas Iscariote. A la gauche, Simon, et prés de celui-ci, en revenant, Matthieu et Philippe. Au milieu de la table était l'agneau pascal, dans un plat. Sa tête reposait sur les pieds de devant, mis en croix; les pieds de derrière étaient étendus, le bord du plat était couvert d'ail. A côté se trouvait un plat avec le rôti de Pâque, puis une assiette avec des légumes verts serrés debout les uns contre les autres, et une seconds assiette, où se trouvaient de petits faisceaux d'herbes amères, semblables à des herbes aromatiques; puis, encore devant Jésus, un plat avec d'autres herbes d'un vert jaunâtre, et un autre avec une sauce ou breuvage de couleur brune. Les convives avaient devant eux des pains ronds en guise d'assiettes; ils se servaient de couteaux d'ivoire.
Après la prière, le majordome plaça devant Jésus, sur le table, le couteau pour découper l'agneau. Il mit une coupe de vin devant le Seigneur, et remplit six coupes, dont chacune se trouvait entre les deux apôtres. Jésus bénit le vin et le but; les apôtres buvaient deux dans la même coupe. Le Seigneur découpa l'agneau; les apôtres présentèrent tour à tour leurs gâteaux ronds et reçurent chacun leur part. Ils la mangèrent très vite, en détachant la chair des os au moyen de leurs couteaux d'ivoire; les ossements furent ensuite brûlés. Ils mangèrent très vite aussi de l’ail et des herbes vertes qu'ils trempaient dans la sauce. Ils firent tout cela debout, s'appuyant seulement un peu sur le dossier de leurs sièges. Jésus rompit un des pains azymes et en recouvrit une partie: il distribua le reste. Ils mangèrent ensuite aussi leurs gâteaux. On apporta encore une coupe de vin mais Jésus n'en but point: « Prenez ce vin, dit-il, et partagez-le entre nous; car je ne boirai plu, de vin jusqu’à ce que vienne le royaume de Dieu ». Lorsqu'ils eurent bu, ils chantèrent, puis Jésus pria ou enseigna, et on se lava encore les mains. Alors ils se placèrent sur leurs sièges. Tout ce qui précède s'était fait très vite, les convives restant debout. Seulement vers la fin ils s'étaient un peu appuyés sur les sièges. Le Seigneur découpa encore un agneau, qui fut porté aux saintes femmes dans l'un des bâtiments de la cour où elles prenaient leur repas. Les apôtres mangèrent encore des légumes et de la laitue avec la sauce. Jésus était extraordinairement recueilli et serein: je ne l'avais jamais vu ainsi. Il dit aux apôtres d'oublier tout ce qu'ils pouvaient avoir de soucis. La sainte Vierge aussi, à la table des femmes, était pleine de sérénité. Lorsque les autres femmes venaient à elle et la tiraient par son voile pour lui parler, elle se retournait avec une simplicité qui me touchait profondément.
Au commencement, Jésus s'entretint très affectueusement avec ses apôtres, puis il devint sérieux et mélancolique. « Un de vous me trahira, dit-il, un de vous dont la main est avec moi à cette table ». Or, Jésus servait de la laitue, dont il n'y avait qu'un plat, à ceux qui étaient de son côté, et il avait chargé Judas, qui était à peu près en face de lui, de la distribuer de l'autre côté. Lorsque Jésus parla d'un traître, ce qui effraya beaucoup les apôtres, et dit: « un homme dont la main est à la même table ou au même plat que moi », cela signifiait: « un des douze qui mangent et qui boivent avec moi, un de ceux avec lesquels je partage mon pain ». Il ne désigna donc pas clairement Judas aux autres, car mettre la main au même plat était une expression indiquant les relations les plus amicales et les plus intimes. Il voulait pourtant donner un avertissement à Judas, qui, en ce moment même, mettait réellement la main dans le même plat que le Sauveur, pour distribuer de la laitue. Jésus dit encore: « Le Fils de l'homme s’en va, comme il est écrit de lui; mais malheur à l'homme par qui le Fils de l'homme sera livré: il vaudrait mieux pour lui n'être jamais né ».
Les apôtres étaient tout troublés et lui demandaient tour à tour: « Seigneur, est-ce moi? » car tous savaient bien qu'ils ne comprenaient pas entièrement ses paroles. Pierre se pencha vers Jean par derrière Jésus, et lui fit signe de demander au Seigneur qui c'était; car, ayant reçu souvent des reproches de Jésus, il tremblait qu'il n'eût voulu le désigner. Or, Jean était à la droits de Jésus et comme tous, s'appuyant sur le bras gauche, mangeaient de la main droite, sa tête était prés de la poitrine de Jésus. Il se pencha donc sur son sein et lui dit: « Seigneur, qui est-ce? » Alors il fut averti que Jean avait Judas en vue. Je ne vis pas Jésus prononcer ces mots: « Celui auquel je donne le morceau de pain que j'ai trempé »; je ne sais pas s'il le dit tout bas, mais Jean en eut connaissance lorsque Jésus trempa le morceau de pain entouré de laitue, et le présenta affectueusement à Judas, qui demanda aussi: « Seigneur, est-ce moi? » Jésus le regarda avec amour et lui fit une réponse conçue en termes généraux. C'était, chez les Juifs, un signe d'amitié et de confiance. Jésus le fit avec une affection cordiale, pour avertir Judas sans le dénoncer aux autres. Mais celui-ci était intérieurement plein de rage. Je vis, pendant tout le repas, une petite figure hideuse assise à ses pieds, et qui montait quelquefois jusqu'à son coeur. Je ne vis pas Jean redire à Pierre ce qu’on avait appris de Jésus; mais il le tranquillisa d'un regard.
Le Lavement des pieds
Ils se levèrent de table, et pendant qu'ils arrangeaient leurs vêtements, comme us avaient coutume de le faire pour la prière solennelle, le majordome entra avec deux serviteurs pour desservir, enlever la table du milieu des sièges qui l'environnaient et la mettre de côté. Quand cela fut fait, il reçut de Jésus l'ordre de faire porter de l'eau dans le vestibule, et il sortit de la salle avec les serviteurs. Alors Jésus, debout au milieu des apôtres, leur parla quelque temps d'un ton solennel. Mais j'ai vu et entendu tant de choses jusqu'à ce moment, qu'il ne m'est pas possible de rapporter avec certitude le contenu de son discours; je me souviens qu'il parla de son royaume, de son retour vers son père, ajoutant qu'auparavant il leur laisserait tout ce qu'il possédait, etc. Il enseigna aussi sur la pénitence, l'examen et la confession des fautes, le repentir et la justification. Je sentis que cette instruction se rapportait au lavement des pieds, et je vis aussi que tous reconnaissaient leurs péchés et s'en repentaient, à l'exception de Judas. Ce discours fut long et solennel. Lorsqu'il fut terminé, Jésus envoya Jean et Jacques le Mineur chercher l'eau préparée dans le vestibule, et dit aux apôtres de ranger les sièges en demi cercle. Il alla lui-même dans le vestibule, déposa son manteau, se ceignit et mit un linge autour de son corps. Pendant ce temps, les apôtres échangèrent quelques paroles, se demandant quel serait le premier parmi eux; car le Seigneur leur avait annoncé expressément qu'il allait les quitter et que son royaume était proche, et l'opinion se fortifiait de nouveau chez eux qu'il avait une arrière-pensée secrète, et qu'il voulait parler d'un triomphe terrestre qui éclaterait au dernier moment.
Jésus étant dans le vestibule, fit prendre à Jean un bassin et à Jacques une outre pleine d'eau ; puis, le Seigneur ayant versé de l'eau de cette outre dans le bassin, ordonna aux disciples de le suivre dans la salle où le majordome avait placé un autre bassin vide plus grand que le premier. Jésus, entrant d'une manière si humble, reprocha aux apôtres, en peu de mots, la discussion qui s'était élevée entre eux ; il leur dit, entre autres choses, qu'il était lui-même leur serviteur et qu'ils devaient s'asseoir pour qu'il leur lavât les pieds. Ils s’assirent donc dans le même ordre que celui où ils étaient placés à la table, les sièges étant ranges en demi cercle. Jésus allait de l'un à l'autre, et leur versait sur les pieds, avec la main, de l'eau du bassin que tenait Jean; il prenait ensuite l'extrémité du linge qui le ceignait, et il les essuyait. Jean vidait chaque fois l'eau dont on s'était servi dans le bassin placé au milieu de la salle, et revenait près du Seigneur avec son bassin. Alors Jésus faisait, de nouveau, couler l'eau de l'outre que portait Jacques dans le bassin qui était sous les pieds des apôtres et les essuyait encore. Le Seigneur qui s'était montré singulièrement affectueux pendant tout le repas pascal s'acquitta aussi de ces humbles fonctions avec l’amour le plus touchant. Il ne fit pas cela comme une pure cérémonie, mais comme un acte par lequel s'exprimait la charité la plus cordiale.
Lorsqu'il vint à Pierre, celui-ci voulut l'arrêter par humilité et lui dit: « Quoi! Seigneur, vous me laveriez les pieds ! » Le Seigneur lui répondit: « Tu ne sais pas maintenant ce que je fais, mais tu le sauras par la suite ». Il me sembla qu'il lui disait en particulier: « Simon, tu as mérité d'apprendre de mon père qui je suis, d'où je viens et où je vais; tu l'as seul expressément confessé: c'est pourquoi je bâtirai sur toi mon Eglise, et les portes de l'enfer ne prévaudront point contre elle.. Ma force doit rester prés de tes successeurs jusqu'à la fin du monde ». Jésus le montra aux autres apôtres, et leur dit que lorsqu'il n'y serait plus, Pierre devait remplir sa place auprès d'eux. Pierre lui dit: « Vous ne me laverez jamais les pieds ». Le Seigneur lui répondit: « Si je ne te lave pas, tu n'auras point de part avec moi ». Alors Pierre lui dit: « Seigneur, lavez-moi non seulement les pieds, mais encore les mains et la tête ». Et Jésus lui répondit: « Celui qui a déjà été lavé n'a plus besoin que de se laver les pieds: il est pur dans tout le reste. Pour vous aussi vous êtes purs; mais non pas tous ». Il désignait Judas par ces paroles. Il avait parlé du lavement des pieds comme d'une purification des fautes journalières, parce que les pieds, sans cesse en contact avec la terre, s'y salissent incessamment si l'on manque de vigilance. Ce lavement des pieds fut spirituel et comme une espèce d'absolution. Pierre, dans son zèle, n'y vit qu'un abaissement trop grand de son maître: il ne savait pas que Jésus, pour le sauver, s'abaisserait le lendemain jusqu'à la mort ignominieuse de la croix.
Lorsque Jésus lava les pieds à Judas, ce fut de la manière la plus touchante et la plus affectueuse : il approcha son visage de ses pieds; il lui dit tout bas qu'il devait rentrer en lui-même, que depuis un an il était traître et infidèle. Judas semblait ne vouloir pas s'en apercevoir, et adressait la parole à Jean; Pierre s'en irrita et lui dit: « Judas, le Maître te parle! » Alors Judas dit à Jésus quelque chose de vague, d’évasif, comme: « Seigneur, à Dieu ne plaise! » Les autres n'avaient point remarqué que Jésus s'entretint avec Judas, car il parlait assez bas pour n'être pas entendu d’eux: d’ailleurs ils étaient occupés à remettre leurs chaussures. Rien de toute la passion n'affligea aussi profondément le Sauveur que la trahison de Judas. Jésus lava encore les pieds de Jean et de Jacques. Jacques s'assit et Pierre tint l'outre: puis Jean s'assit et Jacques tint le bassin. Il enseigna ensuite sur l'humilité : il leur dit que celui qui servait les autres était le plus grand de tous, et qu'ils devaient dorénavant se laver humblement les pieds les uns aux autres; il dit encore, touchant leur discussion sur la prééminence, plusieurs choses qui se trouvent dans l’Evangile: après quoi il remit ses habits. Les apôtres déployèrent leurs vêtements qu'ils avaient relevés pour manger l'agneau pascal.
Institution de la Sainte Eucharistie
Sur l'ordre du Seigneur, le majordome avait de nouveau tressé la table, qu'il avait quelque peu exhaussée; il la couvrit d'un tapis sur lequel il étendit une couverture rouge, et par-dessus celle-ci une couverture blanche ouvrée à jour. Ayant ensuite replacé la table au milieu de la salle, il mit dessous une urne pleine d'eau et une autre pleine de vin. Pierre et Jean allèrent dans la partie de la salle où se trouvait le foyer de l'agneau pascal pour y prendre le calice qu'ils avaient apporté de chez Séraphia, et qui était dans son enveloppe. Ils le portèrent entre eux deux comme s’ils eussent porté un tabernacle, et le placèrent sur la table devant Jésus. n’y avait là une assiette ovale avec trois pains azymes blancs et minces, qui étaient rayés de lignes régulières ; il y avait trois de ces lignes dans la largeur, et chaque pain était à peu près une fois plus long que large. Ces pains, où Jésus avait déjà fait de légères incisions pour les rompre plus facilement. turent placés sous un linge auprès au demi pain déjà mis de côté par Jésus lors du repas pascal : il y avait aussi un vase d'eau et de vin, et trots boites, l'une d'huile épaisse, l'autre d'huile liquide, et la troisième vide avec une cuiller à spatule. Dès les temps anciens, on avait coutume de partager le pain et de boire au même calice à la fin du repas c'était un signe de fraternité et d'amour usité pour souhaiter la bienvenue et pour prendre congé; je pense qu'il doit y avoir quelque chose à ce sujet dans l'Ecriture sainte. Jésus, aujourd'hui, éleva à la dignité du plus saint des sacrements cet usage qui n'avait été jusqu'alors qu'un rite symbolique et figuratif. Ceci fut un des griefs portés devant Caiphe par suite de la trahison de Judas: Jésus fut accusé d'avoir ajouté aux cérémonies de la Pâque quelque chose de nouveau : mais Nicodème prouva par les Ecritures que c'était un ancien usage.
Jésus était placé entre Pierre et Jean: les portes étaient fermées, tout se faisait avec mystère et solennité. Lorsque le calice fut tiré de son enveloppe, Jésus pria et parla très solennellement. Je vis Jésus leur expliquer la Cène et toute la cérémonie: cela me fit l'effet d'un prêtre qui enseignerait aux autres à dire la sainte Messe. Il retira du plateau sur lequel se trouvaient les vases une tablette à coulisse, prit un linge blanc qui couvrait le calice et l'étendit sur le plateau et la tablette. Je le vis ensuite ôter de dessus le calice une plaque ronde qu'il plaça sur cette même tablette. Puis il retira les pains azymes de dessous le linge qui les couvrait, et les mit devant lui sur cette plaque ou patène. Ces pains, qui avaient la forme d'un carré oblong, dépassaient des deux cotés la patène, dont les bords cependant étaient visibles dans le sens de la largeur Ensuite il rapprocha de lui le calice, en retira un vase plus petit qui s'y trouvait, et plaça à droite et à gauche les six petits verres dont il était entouré. Alors il bénit le pain, et aussi les huiles, à ce que je crois: il éleva dans ses deux mains la patène avec les pains azymes, leva les yeux, pria, offrit, remit de nouveau la patène sur la table et la recouvrit. Il prit ensuite le calice, y fit verser le vin par Pierre, et l'eau qu'il bénit auparavant, par Jean, et y ajouta encore un peu d'eau qu'il versa dans une petite cuiller: alors il bénit le calice, l'éleva en pliant, en fit l'offrande et le replaça sur la table. Jean et Pierre lui versèrent de l'eau sur les mains au-dessus de l'assiette où les pains azymes avaient été placés précédemment: il prit avec la cuiller, tirée du pied du calice, un peu de l'eau qui avait été versée sur ses mains, et qu'il répandit sur les leurs; puis l'assiette passa autour de la table, et tous s'y lavèrent les mains. Je ne me souviens pas si tel fut l'ordre exact des cérémonies : ce que je sais, c'est que tout me rappela d'une manière frappante le saint sacrifice de la Messe et me toucha profondément.
Cependant Jésus devenait de plus en plus affectueux ; il leur dit qu'il allait leur donner tout ce qu'il avait, c’est-à-dire lui-même: c'était comme s'il se fût répandu tout entier dans l'amour. Je le vis devenir transparent; il ressemblait à une ombre lumineuse. se recueillant dans une ardente prière, il rompit le pain en plusieurs morceaux, qu'il entassa sur la patène en forme de pyramide; puis, du bout des doigts, il prit un peu du premier morceau, qu'il laissa tomber dans le calice. Au moment où il faisait cela, il me sembla voir la sainte Vierge recevoir le sacrement d'une manière spirituelle, quoiqu’elle ne fût point présente là. Je ne sais comment cela se fit, mais je crus la voir qui entrait sans toucher la terre, et venait en face du Seigneur recevoir la sainte Eucharistie, puis je ne la vis plus, Jésus lui avait dit le matin, à Béthanie, qu'il célébrerait la Pâque avec elle d'une manière spirituelle, et il lui avait indiqué l’heure où elle devait se mettre en prière pour la recevoir en esprit. Il pria et enseigna encore : toutes ses paroles sortaient de sa bouche comme du feu et de la lumière, et entraient dans les apôtres, à l'exception de Judas. Il prit la patène avec les morceaux de pain (je ne sais plus bien s'il l'avait placée sur le calice, et dit: « Prenez et mangez, ceci est mon corps, qui est donné pour vous ». En même temps, il étendit sa main droite comme pour bénir, et, pendant qu'il faisait cela, une splendeur sortit de lui; ses paroles étaient lumineuses: le pain l'était aussi et se précipitait dans la bouche des apôtres comme un corps brillant : c'était comme si lui-même fût entré en eux. Je les vis tous pénétrés de lumière.
Judas seul était ténébreux. Il présenta d'abord le pain à Pierre, puis à Jean: ensuite il fit signe à Judas de s'approcher ; celui-ci fut le troisième auquel il présenta le sacrement, mais ce fut comme si la parole du Sauveur se détournait de la bouche du traître et revenait à lui. J'étais tellement troublée, que je ne puis rendre les sentiments que j'éprouvais. Jésus lui dit: « Fais vite ce que tu veux faire ». Il donna ensuite le sacrement au reste des apôtres, qui s'approchèrent deux à deux, tenant tour à tour l'un devant l'autre, un petit voile empesé et brodé sur les bords qui avait servi à recouvrir le calice. Jésus éleva le calice par ses deux anses jusqu'à la hauteur de son visage, et prononça les paroles de la consécration: pendant qu'il le faisait, il était tout transfiguré et comme transparent; il semblait qu'il passât tout entier dans ce qu'il allait leur donner. Il fit boire Pierre et Jean dans le calice qu'il tenait à le main, et le remit sur la table. Jean, à l'aide de la petite cuiller, versa le sang divin du calice dans les petits vases, et Pierre les présenta aux apôtres, qui burent deux dans la même coupe. Je crois, mais sans en être bien sure, que Judas prit aussi sa part du calice, il ne revint pas à sa place, mais sortit aussitôt du Cénacle les autres crurent, comme Jésus lui avait fait un signe, qu'il l'avait charge de quelque affaire. Il se retira sans prier et sans rendre grâces, et vous pouvez voir par là combien l'on a tort de se retirer sans actions de grâces après le pain quotidien et après le pain éternel. Pendant tout le repas, j'avais vu prés de Judas une hideuse petite figure rouge, qui avait un pied comme un os desséché, et qui quelquefois montait jusqu’à son cœur; lorsqu'il fut devant la porte, je vis trois démons autour de lui: l'un entra dans sa bouche, l'autre le poussait, le troisième courait devant lui. Il était nuit, et on aurait cru qu'ils l'éclairaient; pour lui, il courait comme un insensé.
Le Seigneur versa dans le petit vase dont J'ai déjà parlé un reste du sang divin qui se trouvait au fond du calice. puis il plaça ses doigts au-dessus du calice, et y fit verser encore de l'eau et du vin par Pierre et Jean. Cela fait, il les fit boire encore dans le calice, et le reste, versé dans les coupes, fut distribué aux autres apôtres. Ensuite Jésus essuya le calice, y mit le petit vase où était le reste du sang divin, plaça au-dessus la patène avec les fragments du pain consacré, puis remit le couvercle, enveloppa le calice et le replaça au milieu des six petites coupes. Je vis, après la résurrection, les apôtres communier avec le reste du saint Sacrement. Je ne me souviens pas d'avoir vu que le Seigneur ait lui-même mangé et bu le pain et le vin consacrés, à moins qu'il ne l'ait fait sans que je m'en sois aperçue. En donnant l’Eucharistie, il se donna de telle sorte qu'il m'apparut comme sorti de lui-même et répandu au dehors dans une effusion d'amour miséricordieux. C'est quelque chose qui ne peut s'exprimer. Je n'ai pas vu non plus que Melchisédech lorsqu'il offrit le pain et le vin. y ait goûté lui-même. J'ai su pourquoi les prêtres y participent, quoique Jésus ne l'ait point fait. Pendant qu'elle parlait, elle regarda tout à coup autour d'elle comme si elle écoutait. Elle reçut une explication dont elle ne put communiquer que ceci: « Si les anges l'avaient distribué, ils n'y auraient point participé; si les prêtres n'y participaient pas, l'Eucharistie se serait perdue: c'est par là qu'elle se conserve ». Il y eut quelque chose de très régulier et de très solennel dans les cérémonies dont Jésus accompagna l'institution de la sainte Eucharistie, quoique ce fussent en même temps des enseignements et des leçons. Aussi je vis les apôtres noter ensuite certaines choses sur les petits rouleaux qu'ils portaient avec eux. Tous ses mouvements à droite et à Fauche étaient solennels comme toujours lorsqu'il priait. Tout montrait en germe le saint sacrifice de la Messe. Pendant la cérémonie, je vis les apôtres, à diverses reprises, s'incliner l'un devant l'autre, comme font nos prêtres.
Instructions secrètes et conspirations
Jésus fit encore une instruction secrète. Il leur dit comment ils devaient conserver le saint Sacrement en mémoire de lui jusqu’à la fin du monde; il leur enseigna quelles étaient les formes essentielles pour en faire usage et le communiquer, et de quelle manière ils devaient, par degrés, enseigner et publier ce mystère, il leur apprit quand ils devaient manger le reste des espèces consacrées, quand ils devaient en donner à la sainte Vierge, et comment ils devaient consacrer eux-mêmes lorsqu'il leur aurait envoyé le Consolateur. Il leur parla ensuite du sacerdoce, de l'onction, de la préparation du saint Chrême et des saintes huiles. Il y avait là trois boites, dont deux contenaient un mélange d'huile et de baume, et qu'on pouvait mettre l'une sur l’autre, il y avait aussi du coton prés du calice. Il leur enseigna à ce sujet plusieurs mystères, leur dit comment il fallait préparer le saint Chrême, à quelles parties du corps il fallait l'appliquer, et dans quelles occasions. Je me souviens, entre autres choses, qu'il mentionna un cas où la sainte Eucharistie n'était plus applicable: peut-être cela se rapportait-il à l’Extrême Onction; mes souvenirs sur ce point ne sont pas très clairs. Il parla de diverses onctions, notamment de celle des rois, et dit que les rois, même injustes, qui étaient sacrées, tiraient de là une force intérieure et mystérieuse qui n'était pas donnée aux autres. Il mit de l’onguent et de l'huile dans la boite vide, et en fit un mélange. Je ne sais pas positivement si c'est dans ce moment, ou lors de la consécration du pain, qu'il bénit l'huile. Je vis ensuite Jésus oindre Pierre et Jean, sur les mains desquels il avait déjà, lors de l'institution du saint Sacrement, versé l’eau qui avait coule sur les siennes, et auxquels il avait donné à boire dans le calice. Puis, du milieu de la table, s'avançant un peu sur le côté, il leur imposa les mains, d'abord sur les épaules et ensuite sur la tête.
Pour eux, ils joignirent leurs mains et mirent leurs pouces en croix, ils se courbèrent profondément devant lui, peut-être s'agenouillèrent-ils. Il leur oignit le pouce et l'index de chaque main, et leur fit une croix sur la tête avec le Chrême. Il dit aussi que cela leur resterait jusqu'à la fin du monde. Jacques le Mineur, André, Jacques le Majeur et Barthélémy reçurent aussi une consécration. Je vis aussi qu'il mit en croix, sur la poitrine de Pierre, une sorte d’étole qu'on portait autour du cou, tandis qu'il la passa en sautoir aux autres, de l'épaule droite au côté gauche. Je ne sais pas bien si ceci se fit lors de l'institution du saint Sacrement ou seulement lors de l'onction. Je vis que Jésus leur communiquait par cette onction quelque chose d’essentiel et de surnaturel que je ne saurais exprimer. Il leur dit que, lorsqu’ils auraient reçu le Saint Esprit, ils consacreraient le pain et le vin et donneraient l'onction aux autres apôtres. Il me fut montré ici qu'au jour de la Pentecôte, avant le grand baptême, Pierre et Jean imposèrent les mains aux autres apôtres, et qu'ils les imposèrent à plusieurs disciples huit jours plus tard. Jean, après la résurrection, administra pour la première fois le saint Sacrement à la sainte Vierge. Cette circonstance fut fêtée parmi les apôtres. L'Eglise n'a plus cette fête ; mais je la vois célébrer dans l'Eglise triomphante. Les premiers jours qui suivirent la Pentecôte, je vis Pierre et Jean seuls consacrer la sainte Eucharistie ; plus tard, d'autres consacrèrent aussi.
Le Seigneur consacra encore du feu dans un vase d'airain; il resta toujours allumé par la suite, même pendant de longues absences; il lut conservé à côté de l'endroit où était déposé le saint Sacrement, dans une partie de l'ancien foyer pascal, et on l'y alla toujours prendre pour des usages spirituels. Tout ce que Jésus fit lors de l'institution de la sainte Eucharistie et de l'onction des apôtres se passa très secrètement, et ne fut aussi enseigné qu'en secret. L'Eglise en a conservé l'essentiel en le développant sous l'inspiration du Saint Esprit pour l'accommoder à ses besoins. Les apôtres assistèrent le Seigneur lors de la préparation et de la consécration du saint Chrême, et lorsque Jésus les oignit et leur imposa les mains, cela se fit d'une façon solennelle. Pierre et Jean furent-ils consacrés tous deux comme évêques, ou seulement Pierre comme évêque et Jean comme prêtre? Quelle fut l'élévation en dignité des quatre autres? C'est ce que je ne saurais dire. La manière différente dont le Seigneur plaça l'étole des apôtres semble se rapporter à des degrés différents de consécration.
Quand ces saintes cérémonies turent terminées, le calice prés duquel se trouvait aussi le saint Chrême fut recouvert et le saint Sacrement fut porta par Pierre et Jean dans la derrière de la salle, qui était séparé du reste par un rideau et qui fut désormais la sanctuaire. Le lieu où reposait le saint Sacrement n'était pas tort élevé au-dessus du fourneau pascal. Joseph d'Arimathie et Nicodème prisent soin du sanctuaire et du Cénacle pendant l'absence des Apôtres. Jésus fit encore une longue instruction et pria plusieurs fois. Souvent il semblait converser avec son Père céleste: il était plein d'enthousiasme et d'amour. Les apôtres aussi étaient remplis d'allégresse et de zèle, et lui faisaient différentes questions auxquelles il répondait. Tout cela doit être en grande partie dans l'Ecriture sainte. Il dit à Pierre et à Jean qui étaient assis la plus près de lui différentes choses qu’ils devaient communiquer plus tard, comme complément d’enseignements antérieurs, aux autres apôtres, et ceux-ci aux disciples et aux saintes femmes, selon la mesure de leur maturité pour de semblables connaissances. Il eut un entretien particulier avec Jean ; je me rappelle seulement qu'il lui dit que sa vie serait plus longue que celle des autres. Il lui parla aussi de sept Eglises, de couronnes, d'anges. et lui fit connaître plusieurs figures d'un sens profond et mystérieux qui désignaient, à ce que je crois, certaines époques. Les autres apôtres ressentirent, à l'occasion de cette confidence particulière, un léger mouvement de jalousie.
Il parla aussi de celui qui le trahissait. « Maintenant il fait ceci ou cela », disait-il; et je voyais, en effet, Judas faire ce qu'il disait. Comme Pierre assurait avec beaucoup de chaleur qu'il resterait toujours fidèlement auprès de lui, Jésus lui dit: « Simon, Simon, Satan vous a demandé pour vous cribler comme du froment; mais j'ai prié pour toi, afin que la foi ne défaille point. Quand une fois tu seras converti, confirme tes frères ». Comme il disait encore qu'ils ne pouvaient pas le suivre où il allait, Pierre dit qu'il le suivrait jusqu'à la mort, et Jésus répondit: « En vérité, avant que le coq n'ait chanté trois fois, tu me renieras trois fois ». Comme il leur annonçait les temps difficiles qui allaient venir, il leur dit: « Quand je vous ai envoyés, sans sac, sans bourse, sans souliers, avez-vous manqué de quelque chose? » « Non », répondirent-ils. « Maintenant, reprit-il, que celui qui a un sac et une bourse les prenne. Que celui qui n'a rien vende sa robe pour acheter une épée, car on va voir l'accomplissement de cette prophétie: il a été mis au rang des malfaiteurs. Tout ce qui a été écrit de moi va s'accomplir ». Les apôtres n'entendirent tout ceci que d'une façon charnelle, et Pierre lui montra deux épées, elles étaient courtes et larges comme des couperets. Jésus dit: « C'est assez, sortons d'ici ». Alors ils chantèrent le chant d'actions de grâces, la table fut mise de côté, et ils allèrent dans le vestibule.
Là, Jésus rencontra sa mère Marie, fille de Cléophas. et Madeleine, qui le supplièrent instamment de ne pas aller sur le mont des Oliviers; car le bruit s'était répandu qu'on voulait s'emparer de lui. Mais Jésus les consola en peu de paroles et passa rapidement: il pouvait être 9 heures. Ils redescendirent à grands pas le chemin par où Pierre et Jean étaient venus au Cénacle, et se dirigèrent vers le mont des Oliviers. J'ai toujours vu ainsi la Pâque et l'institution de la sainte Eucharistie. Mais mon émotion était autrefois si grande que mes perceptions ne pouvaient être bien distinctes : maintenant je l'ai vue avec plus de netteté. C'est une fatigue et une peine que rien ne peut rendre. On aperçoit l'intérieur des coeurs, on voit l'amour sincère et cordial du Sauveur, et l'on sait tout ce qui va arriver. Comment serait-il possible alors d'observer exactement tout ce qui n'est qu’extérieur: on est plein d'admiration, de reconnaissance et d'amour: on ne peut comprendre l'aveuglement des hommes ; on pense avec douleur à l'ingratitude du monde entier et à ses propres péchés. Le repas pascal de Jésus se fit rapidement, et tout y fut conforme aux prescriptions légales. Les Pharisiens y ajoutaient ça et là quelques observances minutieuses.
Prière pour les prêtres
Le Jeudi Saint est le jour de l'institution de l'Eucharistie par le Seigneur Jésus Christ. C'est pourquoi ce jour-là sont honorés les prêtres que l'Eglise a appelés pour accompagner les évêques dans le service de l'annonce, de la sanctification et de la conduite du Peuple de Dieu, pour la gloire de Dieu et le salut du monde.
Seigneur, nous Vous rendons grâce pour les prêtres du monde entier et plus particulièrement pour ceux que Vous placez sur notre route. Habitez-les de Votre Présence afin que nos rencontres avec eux deviennent des rencontres avec Vous. Renouvelez chaque jour en eux le « Fiat » qu’ils ont su Vous dire et faites de leur fidélité une lumière pour le monde. Dieu de tendresse et d’amour, ayez pitié de ceux qui se sentent blessés, découragés. Réconfortez les prêtres âgés, malades et ceux qui vont mourir. Seigneur, mettez en notre cœur, à l’égard des prêtres, respect, gratitude et compréhension. Faites-nous reconnaître en eux des hommes de cette Eucharistie dont nous vivons et ceux par qui se manifestent Votre Miséricorde et Votre Pardon. Donnez-nous d’être, là où nous sommes, vos serviteurs humbles et discrets, travaillant avec eux, selon nos moyens, à la venue de Votre Règne. Seigneur Jésus, Vous savez à quel point nous avons besoin de prêtres pour faire route vers le Père. Nous Vous en supplions, suscitez en ton Eglise de nombreux pasteurs selon Votre Cœur. Amen.
D'après une prière de J.M. Hubert