Mois de Notre Dame de la Salette

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Deuxième jour

Apparition de la Sainte Vierge à La Salette

 

L'apparition dont nous allons méditer pendant ce mois le récit et les enseignements, eut lieu le 19 septembre 1846. C'était le dernier jour des Quatre Temps, un samedi, veille, cette année-là, de la fête de Notre-Dame des Sept Douleurs, et à l'heure des premières vêpres, c'est-à-dire au moment même où l’Église chantait, dans son office, ces paroles: « Oh! de quelle abondance de larmes est inondée la Vierge Mère! Quelle angoisse! Quelle douleur !... » Cet événement extraordinaire se passait sur une montagne des Alpes, dans une paroisse nommée La Salette, canton de Corps, diocèse de Grenoble: Maximin Giraud et Mélanie Calvat, enfants de douze et treize ans, et qui s'étaient vus la veille pour la première fois, arrivaient ensemble à la suite de leurs troupeaux, sur le versant méridional de cette chaîne de montagnes: à l'heure de midi, que les deux petits bergers reconnurent au son de l'Angélus, ils se munirent de leurs provisions et allèrent prendre leur modeste repas tout près d'une source alors tarie: il y avait là quelques pierres superposées; ils s'assirent à deux ou trois pas l'un de l'autre, et, le repas fini, ils s'endormirent: à leur réveil ils allèrent chercher leur troupeau, qu'ils aperçurent à peu de distance: « Je suis revenue la première, dit ici Mélanie; lorsque j'étais à cinq ou six pas avant d'arriver à la source, j'ai vu, sur le rocher de la fontaine, une clarté comme le soleil, encore plus brillante; et j'ai dit à Maximin: « Viens vite voir une clarté là bas!... » Alors la clarté s'est ouverte, et nous avons vu une grande Dame dans la lumière »: c'était la Sainte Vierge apparaissant aux petits bergers. La Bienheureuse Mère de Dieu était assise sur une pierre près de la fontaine tarie, triste, pleurant, et la figure cachée dans ses mains. Elle était vêtue d'une robe blanche, couverte de perles: sa tête était ornée d'un riche diadème; une chaîne d'or pendait à son cou et soutenait une croix avec son Christ. Les enfants, effrayés de l'apparition subite d'une personne qui leur paraissait si étrange, se disposaient à fuir: la Sainte Vierge leur fit signe, avec bonté, de s'approcher d'Elle, et leur dit avec l'expression de la plus grande tristesse: Que la France, par ses crimes, avait provoqué la colère de son Fils; qu'il allait verser sur elle, si elle ne se convertissait, la coupe de ses vengeances: que le blasphème, en particulier, le mépris des lois de l’Église, et la profanation des jours consacrés à Dieu, excipient sa juste indignation; qu'Elle les chargeait de faire passer tout cela à son peuple, d'annoncer la disette des récoltes, les fléaux de la peste, de la famine; mais que si le peuple revenait à Dieu, le bras de sa justice serait désarmé et qu'il y aurait abondance, là même où l'on avait désespéré de récolter. Après ce discours, dont nous méditerons toutes les pensées, la Sainte Vierge confia à chacun des enfants un secret particulier, connu du pape (Bienheureux) Pie IX, seul, et que ni les promesses, ni la ruse d'autres personnes ne purent jamais arracher à leur discrétion; puis, après avoir fait quelques pas en leur présence, en marchant sur la pointe des herbes qui ne pliaient pas sous le poids de son corps, la Sainte Vierge disparut à leurs yeux, laissant après Elle une clarté éblouissante dans l'espace d'où Elle s'était élevée au ciel.

 

Réflexions

 

« Dieu, dit Bossuet, est le maître de disposer de ses créatures, soit pour les tenir sujettes aux lois générales qu'il a établies, soit pour leur donner d'autres lois, quand il juge nécessaire de réveiller le genre humain endormi, par quelque coup surprenant... » De là, les prodiges nombreux dont font mention les saintes Écritures et les Annales de l’Église. Le grand fait de l'apparition de la Sainte Vierge sur les montagnes de La Salette, est de ce nombre. Pour réveiller par quelque coup surprenant notre société endormie dans les voies de sa perdition, le Seigneur, fatigué des désordres des hommes, nous a envoyé, non un prophète, comme autrefois, mais sa sainte Mère, l'auguste Reine du ciel, la miséricordieuse Marie: c'est-à-dire, pour emprunter le langage de l'Apôtre, que Dieu, après nous avoir parlé autrefois et de plusieurs manières, par le ministère des prophètes, nous a parlé tout récemment, novissime, par sa propre Mère; qu'avons-nous fait de cette apparition de Marie, la plus éclatante, la plus propre à exciter dans nos âmes une salutaire terreur, et une douce espérance?... Il y a quelques années, les montagnes de la Salette étaient inconnues; à peine quelques bergers y conduisaient leurs troupeaux: aujourd'hui le chemin qui mène à ces sommets escarpés des Alpes, est une voie publique où passent tous les peuples; et on pourrait, avec quelque raison, appeler Notre Dame de la Salette, Notre-Dame des Nations!... Et il devait en être ainsi; ce n'est pas en vain que la Mère de miséricorde a daigné visiter les enfants des hommes; ce n'est pas en vain qu'à la vue des désordres qui excitent la colère de son Fils, Elle est venue, en quelque sorte, se réfugier dans nos montagnes, verser des larmes, nous avertir des châtiments qui nous étaient réservés, si on ne se convertissait pas ; nous rappeler la crainte de Dieu, le respect pour son saint nom, la sanctification du dimanche, l'observation de tous les commandements de Dieu et de l’Église. Des paroles descendues de si haut devaient avoir un immense retentissement, et être entendues de toutes les nations, comme le lieu où Elle s'est montrée, devait être assez haut pour être aperçu de tous les peuples. Reportez-vous à l'origine de ce grand événement : voyez sa naissance presque inconnue, sa prompte diffusion à travers la France et l'Europe, son vol rapide dans les quatre parties du monde, enfin, son arrivée providentielle dans la capitale du monde chrétien. A Dieu seul, honneur et gloire!... A l'auguste Vierge de la Salette ce résultat inespéré! Elle seule avait préparé le succès, Elle seule saura couronner son œuvre... pour couvrir toujours de sa protection, nos personnes, nos familles, notre chère patrie et le monde entier. Il est vrai qu'il est des hommes que l'on irrite, et dont on provoque les dédains quand on parle A"événements surnaturels, d'apparitions miraculeuses, en leur présence orgueilleuse, comme si le bras de Dieu était raccourci, ou si sa miséricorde ne pouvait plus faire éclater la puissance des anciens jours... A tous ces esprits orgueilleux nous opposons la parabole suivante, tirée de l’Évangile: Dix-huit siècles avant d'envoyer sa Mère sur la montagne de la Salette, Jésus-Christ était descendu lui-même des hauteurs du ciel, et Jean Baptiste, son précurseur, envoya des messagers pour lui adresser cette demande: « Êtes vous le Messie, ou devons-nous en attendre un autre? » Et le Sauveur, voulant répondre par les monuments éclatants de sa mission divine, prononça ces paroles: « Allez, et rapportez à Jean, votre maître, ce que vous avez vu, ce que vous avez entendu: les aveugles voient, les sourds entendent, les boiteux marchent, les pauvres sont évangélisés ». A tous les pieux pèlerins qui demanderont à la Mère de Dieu, si c'est réellement Elle qui descendit, il y a quelques années, sur la montagne de la Salette, Marie peut répéter la réponse de son Fils, invoquant en faveur de son apparition la grande voix de miracles nombreux et authentiques. Et le Sauveur ajouta: « Heureux celui qui ne sera pas scandalisé en moi ». L'auguste Vierge de la Salette, Mère du Dieu qui a prononcé ces paroles, a bien le droit de nous tenir le même langage.

 

Pratique : A ce premier jour du mois, en présence de cette solennelle ambassade de Dieu aux hommes, recueillons-nous... regardons cette apparition de la Sainte Vierge, et faisons la envisager aux autres, comme une source abondante, un canal nouveau des grâces du ciel, une autre porte de salut ouverte à notre siècle.

 

Guérison d'une jeune enfant, racontée par son père

(Lettre à Monsieur le Supérieur des Missionnaires de la Salette)


 

« Mon Révérend Père, il y a quatorze mois environ, j'avais l'honneur de recommander à vos ferventes prières une de mes petites tilles âgée de huit ans, Marie-Thérèse. Cette chère enfant était cruellement atteinte d'une hypertrophie de cœur; trois célèbres médecins que j'avais appelés en consultation auprès d'elle, déclarèrent unanimement que tout espoir de guérison était perdu. Un d'eux voulut tenter un remède qui eût été violent; toutefois, de l'avis de ses deux confrères, il ne persista pas, parce que, dirent-ils tous trois, il ne fallait pas faire souffrir inutilement une si frêle enfant qui devait fatalement succomber. Il n'est pas besoin de vous dire de quelle immense douleur ce verdict médical accabla notre âme. Oh! mon Révérend Père, qu'il est terrible pour un père et une mère, le jour où leurs yeux, noyés dans les larmes, voient un enfant adoré se mourir, sans qu'il soit permis à leurs cœurs éplorés d'espérer même un peu de soulagement! Les secours de la terre étant impuissants à nous conserver notre chère Marie-Thérèse, Mme P... et moi, nous unissant dans une pensée commune d'amour pour notre enfant et de foi ardente, nous demandâmes à Notre-Dame de la Salette de daigner jeter sur nous un bienveillant regard de bonne et tendre mère. Et notre prière fut comme instantanément exaucée. En effet, depuis un mois environ, notre jeune malade ne pouvait plus rester dans son lit; à peine si elle pouvait rester un peu dans un fauteuil, la tète penchée en avant et appuyée sur des carreaux. Or, le même jour où la science humaine nous disait: « Pauvres père et mère résignez-vous, Dieu vous demande votre enfant », ce même jour, ma chère Marie put reposer une bonne partie de la nuit dans son lit. Depuis ce jour, l'enflure considérable qui avait envahi son corps et qui menaçait sa poitrine, commença à s'arrêter, puis elle diminua, enfin elle disparut. Le mieux s'est continué jusqu'à ce jour. Depuis longtemps il y a guérison; aujourd'hui elle est complète. Bonne Mère de la Salette, vous avez daigné nous donner une preuve de votre immense amour en nous conservant noire enfant; comment pourrons-nous jamais vous témoigner toute notre reconnaissance! Et vous, Révérend Père, qui avez si charitablement prié pour nous, comment pourrons-nous jamais vous exprimer toute notre gratitude! En attendant qu'il nous soit permis de faire un pèlerinage à votre pieux sanctuaire, nous prions notre excellent vicaire, M. C..., qui a le bonheur de se rendre sur la sainte Montagne, de vouloir bien porter le portrait de notre chère ressuscitée. Permettez-lui d'en faire don à notre bonne mère de la Salette, et de le placer le plus près possible de sa statue, où il sera comme une prière perpétuelle de toute notre famille à notre sainte Consolatrice, à notre puissante et bien aimée Protectrice ». (Annales de Notre-Dame de la Salette, 15 août 1866.)

 

Prière

 

O Notre-Dame de la Salette, de même que vous avez franchi autrefois les montagnes d'Israël, de nos jours, vous avez abaissé, en quelque sorte, les collines éternelles jusqu'au niveau des monts de la terre, et vous vous êtes montrée à nous, comme à vos proches de la Judée. O Mère médiatrice! daignez reproduire dans nos âmes les mystères de votre apparition à la Salette; toujours placée entre Dieu et nous, parlez-lui de nous, parlez-nous de Dieu; des hauteurs de ce Liban céleste où vous êtes couronnée, descendez jusqu'au cœur de chacun de vos enfants; saisissez-les dans la solitude du recueillement et du silence; que votre voix retentisse à leur oreille, comme autrefois à l'oreille de votre cousine Élisabeth; car votre voix est douce et votre parole persuasive: elle instruit, elle fortifie, elle console; et dans les élévations où notre âme, quoique pécheresse, arrive par la prière, sur les hauteurs où la foi transporte nos cœurs affligés, ô Vierge de la Salette, daignez nous entendre, nous appeler, et dire à chacun de nous comme aux bergers des Alpes: « Mon enfant, approchez, et n'ayez pas peur!... »

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