Mois de Notre Dame de la Salette
Mois de Notre Dame de la Salette
Seizième jour
Le Crucifix de Notre Dame de la Salette
« Un crucifix tout brillant d'or était sus« pendu sur la poitrine de la Sainte Vierge», dit l'humble bergère de la Salette... Il est écrit dans le livre des Cantiques: « Mon Bien-Aimé repose sur mon cœur, comme un faisceau de myrrhe... et il ne me quittera jamais!... » Au témoignage de saint Grégoire de Nysse, le Bien-Aimé, comparé à un faisceau de myrrhe, n'est autre que Jésus crucifié Cette explication admise, que de grâce, que de beautés célestes contient cette figure! Jésus, faisceau de myrrhe, comme pour embaumer le sein duquel il doit naître! Marie, pressant sur son cœur ce divin faisceau, comme pour le rendre digne de Celui qui doit y reposer! Jésus, le bien-aimé de Marie! pourrait-il ne pas l'être? Jésus crucifié est le tout du monde, éclairant d'une lumière divine toutes choses divines et humaines, le ciel, la terre, l'éternité; c'est même le tout de Marie, étant la source de sa gloire, la cause unique de son bonheur, l'explication de tous ses titres!... Aussi ce Jésus, ce bien-aimé faisceau de myrrhe, selon le mot des cantiques, Marie ne peut pas s'en séparer, ni le quitter jamais!... Et voilà pourquoi la Sainte Vierge, venant se montrer au monde sur la montagne de la Salette, nous présente, sur sa poitrine, l'image de son divin Fils crucifié. La croix, c'est pour Marie un noble souvenir, rappelant la part considérable qu'elle a prise à l'œuvre de la rédemption: la croix, c'est le glorieux trophée de Marie; Elle a triomphé par la croix, mourant en son cœur, à ses pieds, sur le Calvaire, tandis que Jésus y. mourait en son corps... Et si le vainqueur porte toujours avec lui l'instrument de sa gloire et en décore sa poitrine, comme du signe de l'honneur, quel autre signe, quelle autre décoration conviennent mieux que la croix au cœur et sur la poitrine de Marie, devenue par elle, Reine du ciel, et Mère des hommes!... Seule, il est vrai, parmi les représentations nombreuses de la Sainte Vierge, la statue de Notre Dame de la Salette nous offre l'image de Jésus crucifié, l'instrument de supplice d'un Fils, appendu comme un trophée sur la poitrine de sa Mère; voilà qui réveille tout d'abord dans l'esprit, une impression douloureuse: oui, ce spectacle est étrange; ne nous étonnons pas toutefois; il trouve, dans le cœur de Marie, une explication ineffable: à la suite de précieuses conquêtes de la science moderne, la lumière imprime et photographie sur le métal l'image des corps exposés à son action : la compassion opère dans les âmes quelque chose de semblable: oui, la douleur longtemps considérée en un être que l'on aime et que l'on voit souffrir, finit par décomposer notre être moral tout entier; et à mesure que l'on contemple cet être souffrant, on sent ses douleurs passer en notre âme et s'y incorporer en tous nos membres. Mais, qui, plus que Marie, a contemplé la croix? La voilà auprès de son Fils... regardez-la bien; où sont ses yeux, où est son être tout entier? sur la croix... son cœur s'enivre des douleurs de Jésus; son âme éprouve les mêmes angoisses... Elle est crucifiée, c'est à-dire tellement attachée à la croix, que cette croix divine demeure gravée et comme clouée à sa poitrine!... et le voilà expliqué, ce bien-aimé faisceau de myrrhe, que Marie ne devait plus quitter!... Enfin, le crucifix de la Vierge des Alpes trouve une seconde explication dans l'objet même de l'apparition; on l'a dit, la montagne de la Salette est un autre Calvaire, du haut duquel Marie publie une seconde fois et rappelle aux hommes les commandements de Dieu et les lois de l'Eglise, oubliés et méconnus. La Sainte Vierge paraît donc sur la montagne, portant sur sa poitrine la croix du Calvaire, et disant au monde : Voici l'instrument de votre rédemption; voici l'image méprisée de votre Sauveur; aujourd'hui elle n'est pas supportée par le bois, mais par mon propre corps, changé en une sorte de croix! Regardez bien, et la victime et la croix vivante qui vous la présente; voulez-vous encore, par votre indifférence et vos mépris de sa loi, crucifier le Fils sur le cœur de sa Mère?...
Le crucifix de Notre-Dame de la Salette nous prêche: 1° La componction du cœur au souvenir de nos péchés; 2° Les sentiments dans lesquels nous devons porter la croix. 1° La componction est cette douleur vive et amère qui, comme un glaive, déchire, de sa pointe acérée, le cœur de l'homme. Le trait aiguisé perce le corps, et pénètre, selon l'expression de l'Apôtre, jusqu'aux dernières divisions de l'âme; ce tranchant symbolique, c'est le repentir: il trouble l'esprit, il inquiète le cœur; mais son tourment est salutaire, il irrite l'âme pour la guérir... or, c'est en présence du crucifix que l'on éprouve cette douce et terrible souffrance; c'est ce cruel et aimable martyre du repentir que fait sentir aux âmes Notre Dame de la Salette: en voyant la croix sur sa poitrine, on hait le mal, on rougit d'être coupable; on s'accuse avec amertume d'avoir crucifié un Dieu, un Sauveur; et une voix intérieure nous crie : Voilà l'instrument du supplice; c'est moi qui l'ai dressé... j'étais dans cette foule qui condamnait Jésus, et j'ai dit avec elle, dans la folie de mes péchés: Qu'il soit crucifié. Considéré avec ces sentiments de douleur, le crucifix de Notre Dame de la Salette sera pour nos âmes une arme salutaire, un signe de grâce et de conversion devant Dieu, qui reçoit toujours le cœur contrit et humilié. 2° Le Calvaire est partout, Marie l'a trouvé au sommet des Alpes : nous le trouvons, nous, sur tous les points de la terre, et dans toute l'économie de la vie humaine... Mais, qui nous apprendra la science de la croix? Il faut à l'exemple de Marie et des saints, la contempler continuellement, et en graver l'image au fond de nos cœurs; nous pourrons ensuite comme eux, la porter sur nos poitrines... Les symboles religieux sont vains sur les cœurs chrétiens qui ne les méditent pas; il faut porter en nos âmes ces signes vénérés; être unis à Jésus souffrant, crucifiés avec Lui, selon l'expression de l'Apôtre,.. A quoi nous servirait la croix, si notre cœur n'y était attaché, si notre âme n'est élevée, comme le Sauveur, par ce bois sacré, entre le ciel et la terre? Les vrais enfants de Marie doivent souffrir avec Jésus, en union des douleurs de sa passion et de sa croix. Unissons-nous donc aujourd'hui à Marie, à tous les saints pénitents: tous ensemble, supportons nos croix et nos souffrances avec Jésus; c'est l'esprit de la foi, la condition de l'amour, le caractère commun aux vrais enfants de la Salette; ils portent la croix avec leur Mère, ils impriment la souffrance bien avant dans leur cœur, pour demeurer comme Elle, toujours avec Jésus, attachés à la croix.
Pratique : Solliciter de Notre-Dame de la Salette l'Esprit de componction, avec lequel Elle nous présente la croix... Porter et presser quelquefois affectueusement sur son cœur, l'image vénérée de Jésus crucifié... Demander grâce à Dieu pour nos propres péchés; gémir aussi quelquefois pour nos frères coupables.
Guérison d'un jeune enfant
(Vœu à Notre Dame de la Salette)
Madame de A. avait un enfant âgé d'environ trois ans, qui avait presque toujours été malade depuis sa naissance. Cet enfant n'avait jamais pu dormir plus d'une heure et demie par nuit, et il était incapable de supporter aucune nourriture solide. C'est à peine s'il pouvait de temps en temps supporter une cuillerée de bouillon. Depuis six mois, l'état de cet enfant s'était aggravé d'une manière notable. Au commencement de novembre 1863, la mère du petit malade écrivait au directeur pour le prier de lui expédier un peu d'eau de la Salette. L'eau demandée fut envoyée le 9 novembre au soir, et madame... recevait le lendemain 10 son précieux envoi. Le 11, au matin, le docteur fit sa visite, et en se retirant, dit à plusieurs personnes que les petits cris jetés par l'enfant étaient le râle de la mort. Après le départ du médecin, la mère désolée lui donna quelques gouttes d'eau de la Salette, et immédiatement l'étouffement cessa. Le danger disparut à l'heure même, et l'on vit cet enfant qui n'avait jamais mangé, porter sa main sur la nourriture qu'on avait apportée pour sa mère. Depuis, il a toujours mangé et a pu dormir douze heures chaque nuit. Evidemment la guérison était complète. Monsieur de A. père de cet enfant, était absent, lorsqu'une lettre de son épouse vint lui apprendre le danger où se trouvait son jeune fils. Immédiatement ce père plein de foi fit vœu de faire le pèlerinage de la Salette, si l'enfant guérissait. La mère avait fait un vœu semblable sans connaître celui de son mari. Tous les deux ont été bien récompensés de la confiance avec laquelle ils ont invoqué Notre Dame de la Salette. Du reste, par ce miracle, il semble aussi que Dieu ait voulu récompenser M. de... d'un bel acte de religion qu'il venait d'accomplir en cette circonstance. Quarante ou cinquante ouvriers travaillaient à un château qu'il faisait alors construire. Malgré ses instances auprès de l'entrepreneur, il n'avait pu obtenir que les travaux fussent suspendus le dimanche. A la nouvelle du danger où se trouvait son enfant, cet homme plein de foi courut à Tours, chez son architecte, et lui parla en ces termes: « Depuis six mois qu'on travaille à ma maison, je n'ai pas encore pu obtenir que l'on ne travaillât pas le dimanche. Dieu est irrité, et son indignation retombe sur mon petit enfant. Il était faible jusqu'ici, mais il n'y avait rien d'alarmant, et aujourd'hui il va mourir. Faites donc cesser les travaux du dimanche, et je m'engage à payer les ouvriers comme s'ils avaient travaillé ce jour-là ». Trois jours après cette belle action, l'eau miraculeuse de la Salette arrivait, et l'enfant mourant était rendu à la vie. (Annales de Notre Dame de la Salette).
Prière
O Marie, vraie Mère de douleur, vous étiez pleine d'angoisses, sur le Calvaire, devant les tourments et les souffrances de votre Fils: et à la Salette, qui pourrait vous contempler, transformée en une sorte de croix vivante, sans une profonde tristesse!.. O très douce Mère, que ce crucifiement de votre divin Fils, renouvelé sur votre poitrine, afflige douloureusement mon âme, que mes yeux versent des torrents de larmes, la nuit et le jour!.. C'est moi qui ai fait mourir par mes péchés votre Fils unique, votre bon et doux Jésus! Je, vois là, encore tout ouvertes sous mes yeux, ses plaies douloureuses! O chef ineffable! ô traits si doux! ô côté sacré! ô mains percées! ô pieds miséricordieux! faites silence, plus de reproches à mon âme! J'ai le regret de mes fautes!... je vous bénis, je vous aime! je vous adore!.. Je vous promets une reconnaissance sans bornes, un amour sans réserves!.. Oui, mon Bien-Aimé sera à moi, et à jamais je serai à Lui; il reposera sur mon sein, comme un faisceau de myrrhe; et une fidélité constante l'y retiendra toujours!.. Ainsi soit-il.
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