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  • La beauté élève l'âme... Par ces images volontairement sélectionnées, ainsi que par la récitation de ces prières, puissiez-vous avoir le désir de parvenir à Jésus et à la sainteté, but ultime de toute vie...
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15 mai 2011

Mois de Notre Dame de la Salette

Mois de Notre Dame de la Salette

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Seizième jour

Le Crucifix de Notre Dame de la Salette

 

« Un crucifix tout brillant d'or était sus« pendu sur la poitrine de la Sainte Vierge», dit l'humble bergère de la Salette... Il est écrit dans le livre des Cantiques: « Mon Bien-Aimé repose sur mon cœur, comme un faisceau de myrrhe... et il ne me quittera jamais!... » Au témoignage de saint Grégoire de Nysse, le Bien-Aimé, comparé à un faisceau de myrrhe, n'est autre que Jésus crucifié Cette explication admise, que de grâce, que de beautés célestes contient cette figure! Jésus, faisceau de myrrhe, comme pour embaumer le sein duquel il doit naître! Marie, pressant sur son cœur ce divin faisceau, comme pour le rendre digne de Celui qui doit y reposer! Jésus, le bien-aimé de Marie! pourrait-il ne pas l'être? Jésus crucifié est le tout du monde, éclairant d'une lumière divine toutes choses divines et humaines, le ciel, la terre, l'éternité; c'est même le tout de Marie, étant la source de sa gloire, la cause unique de son bonheur, l'explication de tous ses titres!... Aussi ce Jésus, ce bien-aimé faisceau de myrrhe, selon le mot des cantiques, Marie ne peut pas s'en séparer, ni le quitter jamais!... Et voilà pourquoi la Sainte Vierge, venant se montrer au monde sur la montagne de la Salette, nous présente, sur sa poitrine, l'image de son divin Fils crucifié. La croix, c'est pour Marie un noble souvenir, rappelant la part considérable qu'elle a prise à l'œuvre de la rédemption: la croix, c'est le glorieux trophée de Marie; Elle a triomphé par la croix, mourant en son cœur, à ses pieds, sur le Calvaire, tandis que Jésus y. mourait en son corps... Et si le vainqueur porte toujours avec lui l'instrument de sa gloire et en décore sa poitrine, comme du signe de l'honneur, quel autre signe, quelle autre décoration conviennent mieux que la croix au cœur et sur la poitrine de Marie, devenue par elle, Reine du ciel, et Mère des hommes!... Seule, il est vrai, parmi les représentations nombreuses de la Sainte Vierge, la statue de Notre Dame de la Salette nous offre l'image de Jésus crucifié, l'instrument de supplice d'un Fils, appendu comme un trophée sur la poitrine de sa Mère; voilà qui réveille tout d'abord dans l'esprit, une impression douloureuse: oui, ce spectacle est étrange; ne nous étonnons pas toutefois; il trouve, dans le cœur de Marie, une explication ineffable: à la suite de précieuses conquêtes de la science moderne, la lumière imprime et photographie sur le métal l'image des corps exposés à son action : la compassion opère dans les âmes quelque chose de semblable: oui, la douleur longtemps considérée en un être que l'on aime et que l'on voit souffrir, finit par décomposer notre être moral tout entier; et à mesure que l'on contemple cet être souffrant, on sent ses douleurs passer en notre âme et s'y incorporer en tous nos membres. Mais, qui, plus que Marie, a contemplé la croix? La voilà auprès de son Fils... regardez-la bien; où sont ses yeux, où est son être tout entier? sur la croix... son cœur s'enivre des douleurs de Jésus; son âme éprouve les mêmes angoisses... Elle est crucifiée, c'est à-dire tellement attachée à la croix, que cette croix divine demeure gravée et comme clouée à sa poitrine!... et le voilà expliqué, ce bien-aimé faisceau de myrrhe, que Marie ne devait plus quitter!... Enfin, le crucifix de la Vierge des Alpes trouve une seconde explication dans l'objet même de l'apparition; on l'a dit, la montagne de la Salette est un autre Calvaire, du haut duquel Marie publie une seconde fois et rappelle aux hommes les commandements de Dieu et les lois de l'Eglise, oubliés et méconnus. La Sainte Vierge paraît donc sur la montagne, portant sur sa poitrine la croix du Calvaire, et disant au monde : Voici l'instrument de votre rédemption; voici l'image méprisée de votre Sauveur; aujourd'hui elle n'est pas supportée par le bois, mais par mon propre corps, changé en une sorte de croix! Regardez bien, et la victime et la croix vivante qui vous la présente; voulez-vous encore, par votre indifférence et vos mépris de sa loi, crucifier le Fils sur le cœur de sa Mère?...

 

Réflexions

 

Le crucifix de Notre-Dame de la Salette nous prêche: 1° La componction du cœur au souvenir de nos péchés; 2° Les sentiments dans lesquels nous devons porter la croix. 1° La componction est cette douleur vive et amère qui, comme un glaive, déchire, de sa pointe acérée, le cœur de l'homme. Le trait aiguisé perce le corps, et pénètre, selon l'expression de l'Apôtre, jusqu'aux dernières divisions de l'âme; ce tranchant symbolique, c'est le repentir: il trouble l'esprit, il inquiète le cœur; mais son tourment est salutaire, il irrite l'âme pour la guérir... or, c'est en présence du crucifix que l'on éprouve cette douce et terrible souffrance; c'est ce cruel et aimable martyre du repentir que fait sentir aux âmes Notre Dame de la Salette: en voyant la croix sur sa poitrine, on hait le mal, on rougit d'être coupable; on s'accuse avec amertume d'avoir crucifié un Dieu, un Sauveur; et une voix intérieure nous crie : Voilà l'instrument du supplice; c'est moi qui l'ai dressé... j'étais dans cette foule qui condamnait Jésus, et j'ai dit avec elle, dans la folie de mes péchés: Qu'il soit crucifié. Considéré avec ces sentiments de douleur, le crucifix de Notre Dame de la Salette sera pour nos âmes une arme salutaire, un signe de grâce et de conversion devant Dieu, qui reçoit toujours le cœur contrit et humilié. 2° Le Calvaire est partout, Marie l'a trouvé au sommet des Alpes : nous le trouvons, nous, sur tous les points de la terre, et dans toute l'économie de la vie humaine... Mais, qui nous apprendra la science de la croix? Il faut à l'exemple de Marie et des saints, la contempler continuellement, et en graver l'image au fond de nos cœurs; nous pourrons ensuite comme eux, la porter sur nos poitrines... Les symboles religieux sont vains sur les cœurs chrétiens qui ne les méditent pas; il faut porter en nos âmes ces signes vénérés; être unis à Jésus souffrant, crucifiés avec Lui, selon l'expression de l'Apôtre,.. A quoi nous servirait la croix, si notre cœur n'y était attaché, si notre âme n'est élevée, comme le Sauveur, par ce bois sacré, entre le ciel et la terre? Les vrais enfants de Marie doivent souffrir avec Jésus, en union des douleurs de sa passion et de sa croix. Unissons-nous donc aujourd'hui à Marie, à tous les saints pénitents: tous ensemble, supportons nos croix et nos souffrances avec Jésus; c'est l'esprit de la foi, la condition de l'amour, le caractère commun aux vrais enfants de la Salette; ils portent la croix avec leur Mère, ils impriment la souffrance bien avant dans leur cœur, pour demeurer comme Elle, toujours avec Jésus, attachés à la croix.

 

Pratique : Solliciter de Notre-Dame de la Salette l'Esprit de componction, avec lequel Elle nous présente la croix... Porter et presser quelquefois affectueusement sur son cœur, l'image vénérée de Jésus crucifié... Demander grâce à Dieu pour nos propres péchés; gémir aussi quelquefois pour nos frères coupables.

 

Guérison d'un jeune enfant

(Vœu à Notre Dame de la Salette)

 

Madame de A. avait un enfant âgé d'environ trois ans, qui avait presque toujours été malade depuis sa naissance. Cet enfant n'avait jamais pu dormir plus d'une heure et demie par nuit, et il était incapable de supporter aucune nourriture solide. C'est à peine s'il pouvait de temps en temps supporter une cuillerée de bouillon. Depuis six mois, l'état de cet enfant s'était aggravé d'une manière notable. Au commencement de novembre 1863, la mère du petit malade écrivait au directeur pour le prier de lui expédier un peu d'eau de la Salette. L'eau demandée fut envoyée le 9 novembre au soir, et madame... recevait le lendemain 10 son précieux envoi. Le 11, au matin, le docteur fit sa visite, et en se retirant, dit à plusieurs personnes que les petits cris jetés par l'enfant étaient le râle de la mort. Après le départ du médecin, la mère désolée lui donna quelques gouttes d'eau de la Salette, et immédiatement l'étouffement cessa. Le danger disparut à l'heure même, et l'on vit cet enfant qui n'avait jamais mangé, porter sa main sur la nourriture qu'on avait apportée pour sa mère. Depuis, il a toujours mangé et a pu dormir douze heures chaque nuit. Evidemment la guérison était complète. Monsieur de A. père de cet enfant, était absent, lorsqu'une lettre de son épouse vint lui apprendre le danger où se trouvait son jeune fils. Immédiatement ce père plein de foi fit vœu de faire le pèlerinage de la Salette, si l'enfant guérissait. La mère avait fait un vœu semblable sans connaître celui de son mari. Tous les deux ont été bien récompensés de la confiance avec laquelle ils ont invoqué Notre Dame de la Salette. Du reste, par ce miracle, il semble aussi que Dieu ait voulu récompenser M. de... d'un bel acte de religion qu'il venait d'accomplir en cette circonstance. Quarante ou cinquante ouvriers travaillaient à un château qu'il faisait alors construire. Malgré ses instances auprès de l'entrepreneur, il n'avait pu obtenir que les travaux fussent suspendus le dimanche. A la nouvelle du danger où se trouvait son enfant, cet homme plein de foi courut à Tours, chez son architecte, et lui parla en ces termes: « Depuis six mois qu'on travaille à ma maison, je n'ai pas encore pu obtenir que l'on ne travaillât pas le dimanche. Dieu est irrité, et son indignation retombe sur mon petit enfant. Il était faible jusqu'ici, mais il n'y avait rien d'alarmant, et aujourd'hui il va mourir. Faites donc cesser les travaux du dimanche, et je m'engage à payer les ouvriers comme s'ils avaient travaillé ce jour-là ». Trois jours après cette belle action, l'eau miraculeuse de la Salette arrivait, et l'enfant mourant était rendu à la vie. (Annales de Notre Dame de la Salette).

 

Prière

 

O Marie, vraie Mère de douleur, vous étiez pleine d'angoisses, sur le Calvaire, devant les tourments et les souffrances de votre Fils: et à la Salette, qui pourrait vous contempler, transformée en une sorte de croix vivante, sans une profonde tristesse!.. O très douce Mère, que ce crucifiement de votre divin Fils, renouvelé sur votre poitrine, afflige douloureusement mon âme, que mes yeux versent des torrents de larmes, la nuit et le jour!.. C'est moi qui ai fait mourir par mes péchés votre Fils unique, votre bon et doux Jésus! Je, vois là, encore tout ouvertes sous mes yeux, ses plaies douloureuses! O chef ineffable! ô traits si doux! ô côté sacré! ô mains percées! ô pieds miséricordieux! faites silence, plus de reproches à mon âme! J'ai le regret de mes fautes!... je vous bénis, je vous aime! je vous adore!.. Je vous promets une reconnaissance sans bornes, un amour sans réserves!.. Oui, mon Bien-Aimé sera à moi, et à jamais je serai à Lui; il reposera sur mon sein, comme un faisceau de myrrhe; et une fidélité constante l'y retiendra toujours!.. Ainsi soit-il.

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14 mai 2011

Mois de Notre Dame de la Salette

 

Mois de Notre Dame de la Salette

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Quinzième jour

Les roses de Notre Dame de la Salette

 

« Des guirlandes de roses tombaient des deux côtés sur le sein de la Vierge; d'autres guirlandes, tressées des mêmes fleurs, entouraient ses pieds et son front... » (Récit de l'apparition). L'examen des roses de Notre-Dame de la Salette révèle des détails aussi pieux qu'édifiants, touchant leur nombre, leurs couleurs diverses, et leur disposition générale: 1° Leur nombre : La Vierge des Alpes étincelle de roses ; les roses couronnent son diadème; elles bordent son humble fichu, entourent son modeste tablier; elles ornent tous ses vêtements, forment les franges de sa robe, et décorent même sa chaussure! La Sainte Vierge semble apporter ici une Intention particulière à se faire comme un vêtement de roses!... Elle en est couverte de la tête aux pieds: c'est une parure complète, qui l'enveloppe tout entière: c'est que Marie est pure, en sa tête, en ses pieds, en tous ses membres, en tout son corps; et ces roses multipliées symbolisent toute cette pureté virginale: cette parure de roses, en un mot, nous paraît être la traduction littérale, le commentaire vivant et animé de ces paroles de nos saints livres: « Vous êtes toute belle, ô Marie, et de taches en vous, il n'en est pas »; c'est-à-dire que Marie fait ici de son corps, comme une rose unique, résumant en elle seule les couleurs et les parfums de toutes les roses; et n'est-ce pas en effet, la Rose belle par excellence, dont les couleurs pures ont ravi le ciel, attirant Dieu en Elle, et dont les parfums embaument encore la terre, amenant toutes les âmes innocentes à l'odeur des parfums de la virginité!... 2° Couleurs des roses: Marie, à la Salette, est parée de roses variées: elles étaient blanches, rouges et bleues. Les couleurs qui diversifient ces roses, redisent les vertus de la Reine des cieux: le blanc symbolise sa virginité et sa pureté sans tache; et cette blancheur éclate jusque sur sa chaussure, pour nous montrer que l'innocence a toujours guidé ses pas, et qu'elle doit de même toujours diriger les nôtres. Le rouge, emblème des flammes du cœur et du dévouement généreux, représente sa charité parfaite, que Marie a portée jusqu'à l'héroïsme du martyre. Le bleu redit l'ensemble de ses vertus ; le bleu, en effet, nous rappelant l'azur et l'idée du ciel, symbolise merveilleusement la réunion de toutes les vertus épanouies au cœur de Marie. Du milieu de toutes ces roses, ajoute le récit de la bergère, sortaient des flammes de lumière et d'or le plus beau, qui s'élevaient comme de l'encens, et venaient se mêler à la lumière qui entourait sa protectrice... Quelle figure touchante de Marie, astre toujours brillant à l'œil de l'âme, qui cherche la lumière de ses conseils, et l'or pur de ses vertus!... 3° Disposition des roses: On a pu l'observer, les roses qui composent la parure de Notre Dame de la Salette ne sont pas séparées entre elles; elles sont au contraire liées, réunies les unes aux autres par une guirlande légère de petits boutons non encore éclos, formant une chaîne unique de toutes ces roses; elles ont du moins cette forme, sur le grand nombre des statues de l'apparition. Pourrait-on ne pas voir dans ces roses, ainsi disposées en guirlande, une image, une figure d'une dévotion chère à la Sainte Vierge, le chapelet! Cette couronne précieuse pouvait-elle ne pas trouver place, au moins comme objet de consolation, au milieu de tous les instruments de la passion, et sur la poitrine d'une Mère déchirée de toutes douleurs?... Le sens religieux, d'ailleurs, fait bon accueil à cette interprétation pieuse, qui fait tout à coup une rose de chacun des grains de notre Rosaire, et du Rosaire lui-même, une chaîne d'amour qui attache l'âme qui le récite, au cœur de Marie!... Telle est donc la Vierge des Alpes, avec ses roses mystérieuses : comme la rose incorruptible de Jéricho, la rose mystique de l'Alliance nouvelle n'a pas fait son apparition dans une de ces réunions mondaines, où brûle l'encens profane. Elle s'est épanouie sur un nouvel Hermon, sur la cime d'un autre Janir, où le céleste Epoux vient courir après les âmes qui ont perdu le parfum délicat de l'aimable vertu!... Vous donc, vierges, femmes chrétiennes, vous toutes qui aspirez à former cortège à Marie, à travers les célestes montagnes, venez sur la cime de la Salette, venez courir après Elle, pour recueillir les grâces et les leçons qu'Elle nous porte du ciel| sous la parure symbolique de ses roses!...

 

Réflexions

 

La piété n'éprouve nul embarras à trouver des significations vraies, des applications pratiques, aux roses de Notre-Dame de la Salette: 1° Et d'abord, Marie est parée, sur la montagne, de roses nombreuses et éclatantes ; et toutes ces roses sont riches, douces et sans nulle épine: peut-on mieux symboliser le bonheur parfait?... Et cependant, Elle verse des larmes amères et abondantes!... Oui, Marie pleure, sous sa brillante parure de roses; Elle pleure, pour apprendre aux heureux de la terre, à ne pas abandonner leurs cœurs aux joies de ce monde, qui doit être pour le chrétien une vallée de larmes!... Elle pleure aussi, cette bonne Mère, sur les fleurs, sur les roses que les filles de son peuple mettent dans leurs parures légères et mondaines!... Elle pleure, parce que les -vierges de son peuple sont toutes défigurées par les atours d'une beauté immodeste, qui est un piège et une injure à la vertu publique!... 2° La rose, on le sait, est l'emblème de la pureté : blanche, elle symbolise la pureté angélique; variée de couleurs, elle figuré la Vierge martyre à qui a été fait l'honneur d'empourprer, dans le sang de l'Agneau, le vêtement de son innocence : mais la rose, délicate et un peu difficile, ne fleurit pas sur tous les champs: il lui faut, pour étaler à nos yeux tout l'éclat de sa parure, la terre vierge et close de nos jardins; et elle en est l'ornement et l'orgueil, par la pureté de ses couleurs et la suavité de ses parfums!... Vertu symbolisée par la rose, l'innocence ne croît pas en tout corps humain; il lui faut, pour s'épanouir, la terre vierge d'une âme pure; il lui faut la sainte délicatesse qui ne souffre d'autre approche, que celui du divin Epoux des âmes, Jésus!... Mais aussi, les corps qui possèdent cette vertu, en reçoivent une transparence céleste que l'on dirait empruntée, aux esprits angéliques; et ceux qui les approchent, sont embaumés de l'odeur de ses parfums!... Ames chrétiennes, vous toutes qui entendez ce portrait de la virginité, connaissez-vous ces divins arômes? Prenez-vous quelque soin de cette fleur, transplantée des régions célestes sur les plages souillées de la terre?... Si vous êtes innocentes et pures, triomphez avec les vierges; si vous êtes coupables, humiliez-vous de ne pas trouver une rose à cueillir pour Jésus, sur la terre ingrate de votre cœur!... 3° Enfin, les roses qui entourent le front, les pieds et toute la poitrine de Marie, figurent l'aimable chaîne du Rosaire, dont Elle semble vouloir aujourd'hui accroître encore la dévotion: des guirlandes et des roses, l'impie ne manque pas d'en cueillir sur la terre; mais elles se flétrissent, éphémères comme ses plaisirs, vides comme son bonheur: pour nous, âmes pieuses, cueillons, sur les grains d'un chapelet, les roses mystiques de Marie: tressons-nous des guirlandes, des fleurs odorantes du Rosaire: celles-là ne passeront pas ; nulles ardeurs de la terre ne les pourront brûler; mais nous les verrons éclore et s'épanouir, au soleil du ciel, en couronne de gloire immortelle!

 

Pratique : 1° Fuir les assemblées profanes, les conversations, les parures immoaestes, et autres occasions qui exposent au danger prochain de pêcher. 2° Réciter chaque jour quelques dizaines du chapelet, arme puissante et en quelque sorte spéciale de l'âme qui veut rester fidèle et pure.

 

Conversion et mort édifiante

(Lettre à Monsieur le Supérieur de la Salette, sur la conversion d'un frère racontée par sa sœur)

 

Mon Révérend Père, Le 15 août 1865, je demandais que mon frère fût inscrit, comme membre de la confrérie de Notre Dame Réconciliatrice de la Salette, sur les registres de votre pieux sanctuaire. Vous eûtes la bonté de le faire, et vous m'envoyâtes son certificat d'admission. Mon frère était en proie à de grandes souffrances corporelles, mais son âme était bien plus à plaindre encore. En le confiant à Celle que l'on nomme à si juste titre l'Avocate des pécheurs, j'avais l'espoir que mon frère serait sauvé. J'invoquais Notre Dame de la Salette avec la plus grande confiance. Nos jeunes élèves voulurent bien s'unir à moi et prier aussi pour ce pauvre pécheur. Notre Dame de la Salette ne tarda pas d'exaucer nos prières, qui étaient ferventes et sincères. Je fus bientôt mandée auprès de mon frère, qui avait un grand désir de me voir. Je ne lui fis pas attendre ma visite longtemps. Arrivée auprès de lui, un de mes premiers soins fut de lui montrer son billet d'agrégation, en le lui donnant à baiser. Il y colla volontiers ses lèvres, en prononçant le doux nom de Marie. Quelques instants après, il faisait lui-même la demande d'un prêtre. Son cœur était touché par la grâce, et il ne demandait plus qu'à s'ouvrir. Mon frère s'est confessé, et il l'a fait avec tant de larmes, que le confesseur en était tout attendri et tout ému. Ceux qui l'ont vu dans cette circonstance, n'ont pu s'empêcher de pleurer aussi. Après sa confession, notre cher malade a reçu le sacrement de l'Extrême Onction avec un respect et une foi qui ont édifié tous ceux qui en ont été témoins. Il fallait le voir, présentant lui-même ses membres pour les saintes onctions et demandant pardon à Dieu de ses fautes. Le spectacle a été plus attendrissant encore, lorsque le malade a possédé dans son cœur celui qui est le gage précieux de la vie éternelle. Après sa communion, mon frère ne pouvait plus contenir ses transports d'amour et de reconnaissance. A chaque instant sortait de sa poitrine brûlante une de ces paroles pour exprimer sa joie et son bonheur. « Oh! que je suis heureux! » et il aimait de le dire à tout le monde. Sa ferveur n'a pas diminué pendant les trois jours qu'il a vécu encore. Il a édifié tout le monde par sa piété et sa résignation. Quelles aspirations brûlantes! quels élans d'amour! quelles douces larmes! Avec quelle affection il collait ses lèvres sur le signe sacré de notre rédemption! Je garde cet objet sacré, il me rappellera la mort sainte et édifiante de mon frère; il me rappellera aussi tout ce que je dois de reconnaissance à Notre-Dame de la Salette, qui a bien voulu accorder à mes faibles prières une faveur si précieuse. (Annales de Notre Dame de la Salette).

 

Prière

 

O Marie, qu'elles sont aimées, les vierges du ciel, admises à suivre l'Epoux partout où il va, et à faire cortège à l'Epouse! qui nous donnera de comprendre l'éclat de leur gloire, les charmes de cette vertu!... Mais hélas! exilés et pécheurs, nous n'avons, pour les contempler, ni un œil assez chaste, ni un cœur assez pur: et au lieu du vêtement d'innocence qui pare leur âme, vos enfants de la terre n'ont à vous présenter, pour la plupart, que les lambeaux d'une robe déchirée à toutes les ronces de la vie!... Mais voilà, ô Vierge de la Salette, voilà que vous ouvrez, sur votre montagne, une fontaine miraculeuse, une sorte de piscine nouvelle pour les pécheurs: ô bonne Mère, nous gravissons aujourd'hui cette sainte Montagne; nous venons laver, dans ses eaux salutaires, les iniquités de nos âmes; recevez vos enfants, et obtenez de votre divin Fils miséricorde à leurs fautes: ils n'osent aspirer à la couronne de l'innocence première ; mais daignez au moins leur garder au ciel la place promise à la vertu réparée dans les regrets du repentir et les larmes de la pénitence. Ainsi soit-il.

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13 mai 2011

Mois de Notre Dame de la Salette

Mois de Notre Dame de la Salette

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Quatorzième jour

Causes des larmes de la Sainte Vierge

 

La contemplation de Marie en pleurs, dans l'exercice précédent, appelle une seconde méditation, qui nous découvre les causes des larmes de la Sainte Vierge à la Salette. A la naissance du Messie, toute une génération de jeunes victimes dut tomber sous les coups de la colère d'Hérode: plus d'enfants, un roi barbare les avait immolés à sa jalousie; les mères de Bethléem pleurèrent, et rien ne les put consoler: ces malheureuses mères, sont restées pour leur désolation même, particulièrement célèbres, par la figure de Rachel inconsolable: elle interroge de ses cris les échos des déserts, les abîmes des montagnes, demandant ses enfants! et le silence répondant seul aux gémissements de son désespoir maternel, elle s'en va encore, pleurant toujours, et ne voulant pas être consolée, parce que ses enfants ne sont plus! Telle nous apparaît Marie à la Salette: « Femme, voilà votre fils », lui a-t-il été dit en la personne de Jean sur le Calvaire! Ces paroles, testament suprême d'un Dieu mourant, nous ont tous donnés pour enfants à Marie, et créé dans l'Eglise sa grande famille spirituelle, qui embrasse tous les hommes, tous les temps, toutes les générations!... Toutes les âmes sont à Marie; toutes les nations de la terre sont l'héritage de son Fils et le sien. Or, la Sainte Vierge pleure sur la montagne, parce que, depuis dix-huit siècles, ses enfants lui sont ravis, arrachés jusque sur son propre sein, pour être traînés à la mort!... Mais, où sont donc ici le tyran et les bourreaux? Le tyran, c'est le péché, bourreau des âmes qu'il fait périr! orgueil de l'esprit, volupté des sens, cupidité des honneurs, de la fortune, mépris de Dieu, révolte contre son Eglise, blasphèmes impies; tyrans impitoyables, régnant en souverains sur toute la terre, assis dans les cœurs comme sur autant de trônes, et qui, sans verser une goutte de sang, donnent cruellement la mort aux âmes!... C'est pour cela que la Sainte Vierge pleure sur la montagne de la Salette: « Nous avons bien vu couler ses larmes, disent les bergers ». Or, la voyez-vous, cette mère inconsolable, cette Rachel nouvelle, assise et pleurant au sommet des Alpes? Elle vient, triste et désolée, sur ces cimes désertes... Elle sait le passé... Elle voit le présent... Elle interroge l'avenir! et tous les temps lui répondent que ses enfants de la terre ne sont ni vivants, ni prêts à revivre!... A ce douloureux spectacle, comme abattue par la souffrance, Elle s'assied sur un rocher, dans une attitude d'accablement qui repousse la consolation; et là, se voilant le visage de douleur, et toute humiliée par les mépris de ses enfants, Elle donne libre cours à des larmes maternelles, dont la fontaine, jaillissant à ses pieds, semble devoir symboliser l'abondance! La sculpture expose à nos regards de grandes scènes; au nombre des plus touchantes, il faudra compter désormais la Vierge assise et pleurant à la Salette; et l'on éprouve, en approchant de sa statue, une sorte de frisson religieux que l'on ne domine pas sans émotion : aussi bien, qui se peut faire à l'idée et au spectacle de la Mère de Dieu, délaissée sur une montagne, et versant des larmes comme une simple créature!...

 

Réflexions

 

Pour honorer dignement les larmes de Marie, il nous faut, nous aussi, plaindre le monde, et pleurer nos péchés: 1° Une des grandes peintures du Calvaire est celle qui nous représente Jésus descendu de la croix, et reposant entre les bras et sur les genoux de sa divine Mère: qui pourrait nous dire les angoisses du cœur de Marie, tenant là, sous ses yeux, le corps sanglant de son Fils?... Elle contemplait successivement sa face meurtrie, son front percé d'épines, ses yeux éteints, sa bouche fermée par la mort; Elle parcourt une à une les plaies innombrables qui couvrent ce corps sacré, donnant à chacune d'elles une larme brûlante, et à toutes, ses baisers maternels!... Marie, assise et pleurant à la Salette, nous remet sous les yeux cette scène touchante: oui, le genre humain est là, comme le corps d'un seul homme, étendu sur les genoux et sous les yeux de la Sainte Vierge; et que de plaies nombreuses, profondes, doit découvrir en ce pauvre corps humain son regard maternel ! il nous semble entendre ces paroles tomber de ses lèvres, sur ce cadavre inanimé du monde: « O fils ingrat, voilà dix-huit siècles que je te cherche, il y en a tout autant que tu t'industries à me fuir!... Mais enfin, tu ne veux pas venir à moi, je viens à toi; nous voici tous deux, face à face, et en quel état malheureux je te trouve! que de blessures, quel corps meurtri!... Mon fils, quel homme ennemi t'a fait tous ces maux? Ah! du moins, aujourd'hui, laisseras-tu faire ta Mère! ta Mère qui t'apporte du ciel consolation à tous tes maux, guérison à toutes tes blessures!... » 2° Pleurer ses péchés: La tristesse qui vient de Dieu, dit saint Bernard, porte l'âme fidèle à verser des larmes sur ses propres péchés, ou bien sur les péchés d'autrui: « Vierge conçue sans péché, Marie n'a jamais dû pleurer sur elle-même ; et maintenant, son cœur est au ciel inondé d'une joie aussi inaltérable qu'elle est éternelle: si Elle pleure, c'est donc sur nos péchés, et Elle le fait publiquement, au sommet d'une haute montagne, pour nous apprendre à pleurer nous-mêmes. Elle est ici semblable à la mère qui, pour se mettre à la portée de son enfant au berceau, lui tient un langage qui n'est pas le sien, mais celui que son enfant peut comprendre: c'est au même sens que saint Augustin a dit du divin Maître, que lorsqu'il a pleuré dans sa vie, il l'a fait principalement pour provoquer les larmes des pécheurs. En présence de ces touchants exemples de Jésus et de Marie, pourrions-nous ne pas pleurer nous-mêmes nos péchés? pourrions-nous, nous, qui avons des larmes pour des bagatelles, demeurer insensibles après la perte du ciel, la perte de la grâce, la perte de Dieu?... Ah! ceux qui auraient de pareils sentiments, dit saint Bernard, mériteraient à leur tour d'être pleurés. Et saint Augustin ne craint pas d'ajouter: Vous n'avez point les entrailles de la piété chrétienne, si vous pleurez un corps, parce que l'âme l'a abandonné, et si vous ne pleurez pas l'âme où Dieu n'est plus.

 

Pratique : Examinons aujourd'hui quelle a été pour le péché, notre douleur et notre componction ; quel a été le brisement de notre âme, dans l'examen de notre conscience; prendre la résolution de porter toujours au tribunal de la pénitence, un cœur contrit et repentant.

 

Histoire

 

Un prêtre vertueux du nord-est de la France, auquel les amis de Notre Dame de la Salette ne faisaient que le reproche de ne pas partager leur croyance sur la sainte apparition, se trouva tout à coup menacé d'une mort prochaine, sans que les médecins vissent aucun moyen de conjurer le danger qui était imminent. Un neveu de ce digne curé, prêtre aussi lui-même, et aussi dévoué à Notre Dame de la Salette que son oncle l'était peu, lui fit la proposition d'avoir recours à la Vierge de la Salette, dont le crédit va toujours croissant dans le monde. Le malade accepta la proposition., mais il objecta que sa conduite antérieure vis-à-vis de la sainte apparition le rendait indigne de la grâce qu'on voulait lui faire demander. On l'eut bien vite rassuré, en lui disant qu'il avait agi ainsi par ignorance, et qu'il n'eût pas parlé de la sorte s'il avait connu les graves motifs qui légitiment cette croyance. « C'est vrai, dit le malade ému et rassuré par cette observation. Eh bien! oui, Notre-Dame de la Salette me pardonnera, et je vais lui demander la grâce de vivre encore, si c'est pour la gloire de Dieu et le bien des âmes; autrement, je ne lui demande la grâce que de bien mourir ». On eut bien vite procuré un flacon d'eau de la fontaine miraculeuse au malade, qui la reçut avec un bonheur immense, et l'on commença une neuvaine. Au bout de quelques jours, le saint prêtre dit à ceux qui l'entouraient qu'il sentait intérieurement qu'il ne guérirait pas, mais que Notre Dame de la Salette Elle-même viendrait lui ouvrir la porte de la bienheureuse éternité. « Si je meurs avant la fin de la neuvaine, dit le malade, sans s'émouvoir, je veux qu'on la finisse sur ma tombe, et, lorsque je serai dans le cercueil, qu'on n'oublie pas de mettre dans mes mains mon crucifix, et au-dessous mon flacon d'eau de la Salette ». Comme on paraissait étonné de cette dernière demande, il se mit à sourire, et dit: « C'est une manière à moi de faire, même après ma mort, amende honorable à Notre Dame de la Salette pour ma sotte incrédulité d'autrefois ». Les intentions du mourant ont été fidèlement exécutées. Allez, saint prêtre, votre foi a été grande, quoique tardive, et Notre Dame de la Salette a dû bien vous recevoir, lorsque vous êtes arrivé à la porte du ciel! » (Annales de Notre-Dame de la Salette).

 

Prière

 

O Notre Dame de la Salette, assis à vos côtés et les yeux fixés sur vos yeux pleins de larmes, je veux aujourd'hui compatir à vos douleurs: laissez-moi entrer dans les sentiments de votre cœur affligé et pleurer avec vous; surtout, laissez tomber sur votre enfant une de ces larmes bénies; comme l'étincelle enflammée, tombant sur la paille sèche, elle dévorera mes iniquités, et notre âme sera comme rajeunie et renouvelée!... Et parce que, ô ma Mère, vos plaintes, vos menaces, vos inquiétudes maternelles sont méconnues d'un grand nombre d'âmes, et parce que les hommes continuent, par leurs ingratitudes et leur indifférence, à provoquer la colère de votre divin Fils, je vous adresse aujourd'hui, pour tous les pécheurs, avec l'amour d'un cœur d'enfant, cette prière de votre Eglise: « Ah! Mère, tendre Mère, source d'amour, faites-moi sentir la violence de vos douleurs, afin que je mêle amoureusement mes larmes aux vôtres ».

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12 mai 2011

Mois de Notre Dame de la Salette

 

Mois de Notre Dame de la Salette

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Treizième jour

La Sainte Vierge pleurant à la Salette

 

Les larmes, de quelque paupière qu'elles se répandent, ont le don merveilleux de nous toucher: c'est que les larmes sont te cri d'un être malheureux, le sanglot d'un cœur qui souffre ; et la souffrance et le malheur ont, dans notre nature, des intelligences de sympathie secrète, qui nous attendrissent toujours! Mais, si c'est une mère qui pleure, les larmes prennent alors une majesté qui étonne, une puissance qui terrasse; les mauvais eux-mêmes n'y savent pas résister; c'est que, par les yeux d'une mère s'échappe tout l'amour de son cœur, et une expression de mystérieuse souffrance qui renouvelle toutes les douleurs de son enfantement ! Et lorsque cette mère est la Mère de Dieu, la parole s'arrête, l'esprit s'étonne, et l'âme demeure confondue, demandant aux sens s'ils n'abusent pas son regard! Tel est cependant le touchant spectacle que déroule à nos yeux, sur la montagne de la Salette, la méditation de ce jour: C'est Marie, pleurant sur un rocher! « Elle a pleuré tout le temps qu'Elle nous a parlé, a disent les bergers de l'apparition; nous avons bien vu couler ses larmes... Mais elles ne tombaient pas à terre, elles se fondaient dans les airs, en un nuage de vapeur lumineuse!... » Humbles enfants de la Salette, le récit de ce que vous avez vu, vous a coûté plus d'une affirmation importune, et pas toujours acceptée! Mais nous croyons sans peine ce que vous nous dites des larmes de Marie. Les larmes de la Mère de Dieu tomber à terre?... Non, cela ne pouvait être!... La terre n'est pas assez pure pour recevoir ces perles du ciel, ces gouttes de divine rosée! Debout et invisibles à vos côtés, des anges venus tout exprès du ciel, les ont dû recueillir dans une coupe d'or; et, tout tremblants de respect, porter à Jésus les larmes de sa Mère!... Convenons toutefois que c'est un étrange spectacle que la Sainte Vierge en pleurs! Quelles peuvent donc et: e les larmes d'une Mère de Dieu? Nous en croyons trouver une explication convenable et digne, dans ces paroles de saint Augustin: Les larmes sont le sang de l'âme ! Oui, ces paroles nous plaisent; elles représentent Marie ne versant pas des larmes matérielles, à la manière des simples créatures; elles indiquent de plus la source haute et noble de ces larmes, nous montrant encore ouverte la blessure mystérieuse faite à l'âme de Marie, par le glaive du vieillard Syméon; surtout, ces paroles transfigurent la montagne de la Salette en un second Calvaire, sur lequel la Sainte Vierge apporte comme un sang nouveau, dans une grande scène renouvelée de la Rédemption, le tribut réparateur de ses larmes!... Et enfin, que certains esprits incrédules, superficiels ou délicats, ne prennent ni étonnement, ni scandale, de voir pleurer la Mère de Dieu! Jésus a pleuré lui-même sur Jérusalem infidèle, et auprès du tombeau de Lazare; que de villes coupables découvre Marie, du haut du ciel, en ce terrestre empire! Que de cœurs, tombeaux fermés à Dieu, où dorment de nombreux Lazare, ne voulant point être amis de son Fils Jésus!... Pour nous, âmes pieuses, nous avons des larmes de notre Mère, de tout autres sentiments: une des plus douces figures de Marie dans nos saints livres, c'est la Toison du désert, trouvée le matin toute humide d'une rosée mystérieuse. Nous tenons les pleurs de Notre Dame de la Salette, pour une rosée divine, qui, tombée du ciel sur les montagnes de cette vallée de larmes, où soufflent tous les vents desséchés de l'exil, vient apporter à nos âmes la fraîcheur bienfaisante de sa vertu céleste.

 

Réflexions

 

Nous pleurons tous en ce monde; qui n'a pas pleuré! depuis les larmes du berceau, jusqu'aux pleurs de la vieillesse, la source amère ne tarit point. En descendant sur le sommet de sa montagne de prédilection, Marie savait qu'elle Tenait sur la terre où coulent les larmes; aussi, Elle a laissé toutes ses joies au ciel; Elle n'a apporté que ses pleurs et sa sympathie pour nos maux : son visage est abîmé dans la plus profonde tristesse; c'est la connaissance des chagrins de ses enfants qui en est cause, et son plus affectueux désir est de les soulager. Vous donc qui portez dans votre cœur la couronne d'épines du malheur; vous dont la vie est une ronce déchirante, et ne comptez vos jours que par les afflictions, les regrets, les peines et les douleurs, venez aujourd'hui à la Salette; groupez-vous autour de Celle qui compte dans ses beaux titres, celui de Consolatrice des affligés; répandez à ses pieds l'amertume de vos cœurs; montrez vos épines, étalez à ses yeux les plaies qu'elles vous ont faites: priez-la d'émousser ces pointes aiguës de votre vie, de guérir vos maux, de soulager vos douleurs. Elle aussi, dans cette vallée de larmes, a porté cette couronne de ronces et d'épines, avant de ceindre le diadème de la félicité suprême: Elle a senti son cœur transpercé des sept inénarrables douleurs, quand Elle gravit le sentier du Calvaire, à la trace sanglante des pas de son Fils; quand Elle vit son cœur divin ouvert par le fer d'une lance, Elle a connu toutes les afflictions, toutes les douleurs; Elle compatira aux vôtres. Son bonheur est d'être la cause de notre joie; Elle détachera de sa guirlande une rose, Elle en secouera le parfum sur vos plaies, et ces plaies seront guéries. Elle n'attend, cette divine Consolatrice, que votre prière fervente, pour vous exaucer: venez donc aux pieds de son sanctuaire, toutes vos larmes seront séchées par ses larmes, et votre joie sera d'autant plus complète, que votre confiance aura été plus entière, et votre foi plus semblable à la foi de la Cananéenne.

 

Pratique : Se représenter que Marie, versant des larmes à la Salette, pensait à nous. Notre souvenir a-t-il pu la consoler? Aujourd'hui encore, son regard s'abaisse sur nous; Elle nous suit... Où nous voit-elle? et dans quelles voies?... Réciter en esprit d'expiation et de réparation, le Stabat Mater.

 

Guérison miraculeuse obtenue par l'intercession de Notre-Dame de la Salette

 

Nous empruntons au Révérend Père Eymard, fondateur et supérieur des prêtres du Saint-Sacrement, le récit suivant : « Il y a quelques années à peine, qu'une personne de grande piété, résidant à Paris, était tombée malade. Au début, son état n'offrait rien d'alarmant, mais en peu de temps, la maladie avait pris un caractère des plus sérieux, qui inquiétait vivement les personnes qui l'entouraient et lui prodiguaient à l'envi les soins les plus affectueux. Comme le mal s'aggravait de jour en jour, on crut qu'il était de toute prudence de prévenir son confesseur, religieux du Saint Sacrement qui, absent de sa communauté, ne put se rendre qu'un peu tard auprès de la malade. Le Révérend Père supérieur, par la crainte d'un danger pressant, voyant qu'il tardait à venir, lit ses préparatifs et se hâta lui-même d'aller la visiter. Elle parut sensiblement touchée de la bienveillance qu'il lui témoignait, et les paroles d'édification du saint religieux semblèrent ranimer sa foi et son courage. Peu après, s'entretenant avec les personnes qui étaient là, tout à coup un grand changement se manifeste dans la situation de la malade qui tombe subitement en défaillance; elle n'entend plus, ses membres sont sans mouvement, ses yeux s'éteignent; la sueur froide et glacée de la mort baigne son visage, et le râle de l'agonie semble annoncer sa fin prochaine. On lui administre aussitôt le sacrement de l'Extrême Onction. Une de ses amies qui était présente, toute en larmes, se précipite vers le lit de la mourante par un mouvement spontané en s'écriant: « O Notre Dame de la Salette, sauvez-la! » Profondément ému lui-même, le Père se met à genoux et récite à haute voix les prières des morts, qu'il peut à peine terminer. Puis, saisi de plus en plus par un sentiment indéfinissable d'émotion qu'il partage avec les assistants avec une sainte familiarité, il se plaint fortement à Notre Dame de la Salette: « O bonne Mère! est-ce possible que vous l'ayez laissée mourir ainsi, après vous avoir invoquée avec tant de confiance? » Quelques minutes se passent à peine, quand celle que l'on avait crue morte, se lève sur son séant, et regarde d'un air tout étonné: « Qu'y a-t-il donc? Que s'est-il passé? Vous avez l'air tout triste ». A cette parole inattendue, surpris, personne ne peut répondre; on se regarde avec étonnement. « Nous vous avons crue morte, lui dit le Père, dès qu'il fut revenu à lui ». « Mais je n'ai point de mal, je vais bien ». Elle cause avec tout le monde. Le lendemain matin à six heures, la première personne qui se présenta au Révérend Père pour communier, fut la ressuscitée. Le respect pour l'auguste fonction qu'il exerçait dans ce moment relient l'élan de sa surprise, mais il se sent profondément touché de reconnaissance. Evidemment la guérison était complète. Après la sainte Messe, il la fit appeler au parloir, et voulut savoir comment s'était opérée cette guérison: « J'étais, me dit-elle, sur le point de passer de ce monde à l'autre; ma vie ne tenait plus qu'à un fil, il ne me restait plus qu'un souffle, lorsqu'il m'a semblé voir Notre Dame de la Salette, qui m'a dit: « Ma fille, je t'ai obtenu miséricorde »; et aussitôt j'ai vu, j'ai entendu et me suis trouvée guérie ». « Vous dites avoir vu Notre-Dame de la Salette, comment était-elle? » « Elle avait une couronne de rayons de lumière; sept épées étaient plongées dans son cœur, et sur sa poitrine était suspendue une croix avec un marteau d'un côté et des tenailles de l'autre ». « Et son vêtement? » « Il était d'une blancheur sans pareille ». « Et son visage? » « Oh! quelle bonté! mais une bonté qui m'attirait vers elle et qui m'ouvrait le cœur. Et puis, elle avait un air de dignité et de grandeur qui m'inspirait un respect profond mêlé d'amour ». La personne vit encore, elle a conservé pour Notre-Dame de la Salette la plus vive et la plus profonde reconnaissance ». (Annales de Notre Dame de la Salette).

 

Prière

 

O larmes de Notre Dame de la Salette, quel spectacle touchant, quelle vision arrière Tous nous êtes aujourd'hui! peut-on, sans douleur, voir des larmes aux yeux d'une mère?... Féconde rosée, Tous êtes tombée abondante sur la terre, voulant effacer la trace du mal et ranimer le bien!... Et cependant, ô larmes ineffables, Tous ne changez pas tous les cœurs!... N'importe, tombez encore, tombez toujours; les pleurs sont les armes de l'amour, et l'amour finit par plier les genoux! tombez donc sur l'âme qui vous cherche, vous ferez épanouir les fleurs de sa Terre; tombez sur le cœur qui vous blasphème, vous lui ferez couler des pleurs. Soyez un baume à nos souffrances, aux âmes un bain salutaire, où les prodigues viendront laver leurs baillons... Coulez surtout, larmes bénies, coulez en mes yeux, à l'heure dernière, vous mêlant à celles de la mort, et faites-moi de mon juge, un père qui me reçoive dans la patrie qui ne connaît ni larmes ni tristesses, mais joie éternelle et bonheur inaltérable. Ainsi soit-il.

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11 mai 2011

Mois de Notre Dame de la Salette

 

Mois de Notre Dame de la Salette

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Douzième jour

La Sainte Vierge assise sur un rocher à la Salette

 

A dix-huit siècles de distance, la piété chrétienne peut contempler Marie sur deux grandes montagnes, le Calvaire et la Salette. Elle est en tous ces lieux la Mère des douleurs; mais, que l'expression et l'attitude sont différentes! Au Calvaire, c'est l'attitude courageuse d'une noble fierté qui défie les bourreaux; à la Salette, c'est la prostration d'une nature qui succombe, brisée par la douleur. Au Calvaire, Elle est debout, dans le maintien magnanime de la résignation et de la force; à la Salette, Elle est douloureusement assise, sous le poids d'un corps qui ne se peut soutenir! Au Calvaire, son regard ferme, sans terreur comme sans faiblesse, compte une à une les blessures de son Fils et de son Dieu; à la Salette, ses yeux sont à demi fermés et tout noyés dans les larmes: ici, son visage respire la grandeur du sacrifice, l'héroïsme du martyre; là, son front est caché dans ses mains, sous l'expression de la souffrance et du malheur!... En un mot, c'est au Calvaire l'héroïsme d'une mère; à la Salette, on dirait la timidité d'une femme, la prostration d'une simple créature!... Quel est cet étrange mystère? pourquoi tant de grandeur autrefois, tant de faiblesse aujourd'hui? Ces différences étonnent tout d'abord; mais la réflexion les comprend et les explique. Au Calvaire, tout contribuait à soutenir Marie, la présence de son Fils sur la croix, la mort vaincue, le péché détruit, le monde racheté, le ciel ouvert, les fruits d'une Rédemption divine appliqués aux hommes: devant ces espérances glorieuses, je comprends l'attitude immobile, ferme de Marie, Stabat, sur une montagne qui s'ébranle: je comprends son regard serein et assuré, tandis que la lumière s'éclipse: quelle mère ne serait un héros de courage et de force, devant un avenir qui va peupler le ciel d'élus, et donner à elle-même pour enfants toutes les générations de la terre? Mais, sur la montagne de la Salette, Marie paraît seule; son Jésus est absent ; Elle n'en porte que l'image crucifiée sur sa poitrine: dix-huit siècles ont passé sur les fruits de la Rédemption ; l'expérience en est faite, et le sang de son Fils a été inutile au grand nombre des hommes; et l'avenir ne semble devoir faire qu'un abus coupable de ses lois et de ses sacrements! A cette vue affligeante, son cœur maternel se brise; son âme entre dans une sorte de tristesse divine; sa tête appesantie s'incline; ses mains défaillantes ne la peuvent plus soutenir; elle succombe, et va s'asseoir tristement sur un rocher solitaire, semblable au malheureux, quand, après avoir essuyé tous les maux, il a tout perdu, tout, jusqu'à l'espérance!... Et qu'on ne croie pas cependant que cette attitude humiliée manque de dignité et de noblesse: elle a un précédent illustre; c'est Jésus-Christ à genoux au jardin des Oliviers, méditant la Rédemption du monde, le calice de la Passion dans les mains, la face contre terre!... Telle apparaît, assise sur son rocher, la Vierge de la Salette: Elle semble y méditer une sorte de Rédemption nouvelle, offrant à la justice divine, pour prix de cette Rédemption, ses tristesses, ses douleurs, ses larmes maternelles!...

 

Réflexions

 

1° Causes et raisons de cette attitude. 2° Sentiments qu'elle doit nous inspirer. 1° La tradition nous a conservé les raisons des écrivains ecclésiastiques sur la prostration profonde de Jésus-Christ au jardin des Oliviers: dans une figure hardie, mais solennelle et touchante, elle nous représente tous les peuples, venant là, tour à tour, déposer leurs iniquités sur la tête du Sauveur, et le Sauveur lui-même succombant sous le poids des crimes de tous les peuples et de tous les siècles. L'apparition de la Salette renouvelle sous nos yeux ce douloureux spectacle; Marie semble appeler les temps à ses pieds, sur la montagne: son regard maternel embrasse les déceptions du passé, l'indifférence du présent, et les mépris de l'avenir: Elle voit tous les peuples lui porter tous leurs maux, les déposer sur son cœur; cette vue douloureuse épuise ses forces, accable son âme, et Elle paraît s'anéantir... et là, assise sur son rocher, Elle semble dire au monde: « O mes enfants, venez, venez tous, déposer sur ma tête tous vos crimes, toutes vos iniquités! le poids en est bien lourd; et je le sens, mes forces n'y pourront suffire, et un rocher me doit prêter appui!... n'importe, approchez, ne craignez pas d'accabler votre Mère sous le poids de vos péchés, pourvu, mes enfants, que vous ne péchiez plus désormais!... Ames chrétiennes, nous sommes de cette grande scène! Nous sommes de ces enfants ingrats et coupables; quelle part nous revient de ce nouveau crucifiement de Marie? Quels péchés avons-nous déposés sur la tète de notre Mère? Quel poids avons-nous ajouté au fardeau accablant sous lequel succombe la Vierge de la Salette? 2° Un front humilié, des yeux inclinés vers la terre, un visage dérobé à nos regards, des accents plaintifs, une posture suppliante, une attitude attristée, qui révèle tous les chagrins amassés sur un même cœur, tels sont les signes extérieurs de l'apparition, en la personne de la Vierge assise... Quels sentiments pieux, quel religieux respect doit exciter en nous cette scène touchante!... Quelle est cette créature, si profondément désolée? C'est une Reine, illustre et malheureuse, qui porte un diadème et qui souffre; or, la grandeur déchue, les nobles infortunés touchent toujours! C'est une Mère abandonnée par ses enfants, et pour leurs péchés envoyée, là, en exil, sur cette montagne!... Quel homme ne serait ému et attendri jusqu'aux larmes, en voyant la Mère du Christ dans un supplice si désolant! Allons donc aujourd'hui au nouveau Calvaire de Marie, et assis à ses côtés, sur le rocher de la Salette, recueillons-nous et souffrons avec Elle!

 

Pratique : Concevoir aujourd'hui un grand regret de nos péchés, cause unique des amertumes de la Sainte Vierge. Réciter en union et en réparation, la belle prière Stabat Mater, etc.

 

Guérison extraordinaire obtenue par l'intercession de Notre-Dame de la Salette

 

Le récit suivant offre le plus touchant intérêt. Le prodige s'est opéré dans une des villes de la Provence, à quelques lieues de nos contrées, il y a cinq ans à peine. Mlle V., âgée aujourd'hui de vingt-trois ans, entra au couvent des Capucines de O. en 1861. Depuis trois ans, elle était atteinte d'une maladie sérieuse dont elle n'avait osé parler à personne, dans la crainte que ce ne fût un obstacle à son entrée en religion. Son état s'aggravant, elle se vit contrainte de déclarer sa maladie à la supérieure, qui consentit à la garder à cause de sa piété et de son obéissance. Soumise à un traitement qui fut sans succès, le médecin et la supérieure décidèrent, un an après, sa rentrée dans sa famille. Cet arrêt fut pour elle un coup mortel; son cœur fut déchiré en apprenant cette triste nouvelle. Elle n'osait plus revenir sous le toit paternel; ses parents s'étant montrés irrités contre elle depuis son départ; il fut dès lors décidé qu'elle irait chez une de ses cousines, où elle fut reçue avec tous les témoignages d'affection et tous les égards que méritait sa situation. Son cœur néanmoins souffrait bien vivement en songeant au bonheur qu'elle avait goûté dans la vie religieuse, qu'elle n'avait cependant fait qu'entrevoir, et aux épreuves qui l'attendaient dans sa famille. Ces peines intérieures aggravèrent en peu de temps sa position; elle tomba un mois après dangereusement malade. Son frère et sa sœur se rendirent auprès d'elle; elle se trouvait alors de trente kilomètres éloignée de sa famille. Elle avait voulu depuis quelques jours commencer une neuvaine à Notre Dame de la Salette, assurant aux personnes qu'elle s'était associées, qu'à la fin de la neuvaine elle serait guérie ou qu'elle mourrait. On voulut essayer d'un autre traitement, mais elle s'y refusa absolument: « Après ma neuvaine, répondit-elle, je ferai tout ce qu'on voudra ». La Providence le permit pour que sa guérison ne fût pas attribuée à un traitement nouveau. Chaque jour les nouvelles envoyées par le télégraphe à son père, devenaient de plus en plus alarmantes. L'avant dernier jour, tout le monde croyait que le dénouement serait la mort; la dépêche portait que si le père voulait embrasser une dernière fois sa fille, il partît aussitôt, car elle se trouvait à la dernière extrémité. Cette dépêche ne fut remise au père que le lendemain matin, dernier jour de la semaine. En la recevant, il répondit: « Ah! je sais bien que ma fille ne peut pas guérir. Je connais sa maladie. Il faudrait un miracle! » Au moment même qu'il parlait ainsi, le miracle s'opérait dans les circonstances qui suivent: La veille du dernier jour de la neuvaine, Mlle V. était à toute extrémité. Monsieur le curé de la paroisse, qui suivait de près sa malade, ne voulait l'administrer que le dernier jour, et passa la nuit chez elle; mais, vers le matin, la voyant tout à coup sans connaissance, il lui donna l'Extrême-Onction. Pendant qu'elle recevait ce sacrement, elle ouvrit les yeux et reprit ses sens. Monsieur le curé courut alors chercher le saint Viatique. Lorsqu'il fut de retour, la malade était toujours très mal, quoiqu'elle eût repris sa connaissance; mais aussitôt qu'elle eût reçu la sainte hostie, elle se sentit subitement et complètement guérie. Toutefois, elle n'en dit rien dans le moment. Monsieur le curé s'en retourna, les parents et les assistants descendirent, et elle resta seule avec une sœur de l'Espérance qui la soignait. Pendant son action de grâces, comme elle sortait les bras de son lit pour les élever vers le ciel en signe de reconnaissance, à l'instant, elle sentit qu'on lui prenait la main, et entendit une voix qui lui disait: « Ma fille, lève-toi, tu es guérie ». Elle trouva un prétexte pour éloigner la sœur quelques instants. Quelle ne fut pas la surprise de cette dernière, à son retour, lorsqu'elle vit Mlle V. hors de son lit, s'habiller toute seule. Hors d'elle-même, elle allait crier au miracle, lorsque d'un mouvement elle lui imposa silence. Peu après, toutes deux descendirent au salon, où les parents bien tristes étaient réunis. Jugez de leur étonnement et de leur émotion, eux qui n'attendaient plus que l'agonie et la mort. Le reste du jour, seule, la miraculée allait, venait, parlait avec la plus grande facilité et le plus grand calme. La protection de Notre Dame de la Salette était visible, le fait sortait des conditions naturelles. La guérison de Mlle V. s'est parfaitement maintenue. Tout le monde a été vivement frappé de ce prodige. Le premier jour qu'elle assista à la messe, l'église était comble comme au jour de Pâques, et le dimanche suivant, on a vu auprès d'elle son père, qui depuis quarante ans n'avait pas mis les pieds dans l'église, prier avec une foi qui a édifié tous les assistants. (Annales de Notre-Dame de la Salette.)

 

Prière

 

O la plus affligée des mères, quelle dut être votre douleur, lorsque, assise sur les rochers du Calvaire, vous teniez sur vos genoux et dans vos bras, le corps inanimé de votre divin Fils!... Vous contempliez, et sa face meurtrie, et son front percé d'épines, ses yeux éteints et sa bouche entrouverte! Vous couvriez de vos larmes et de vos baisers maternels ce corps sans vie, et vous le pressiez contre votre cœur, brisé de douleur, parce qu'il était brûlant d'amour! O Marie, assise sur la montagne de la Salette, je dépose mon âme sur vos genoux: oh! que cette vue doit attrister votre regard maternel! Voyez, que de plaies profondes le péché lui a faites! surtout, comme le vase fragile de la vertu est brisé, et comme l'innocence en coule de toutes parts! Bonne Mère, parcourez du regard, une à une, ces plaies innombrables! Touchez de votre main virginale ce vase détruit! Ressuscitée sous un baiser immérité de votre miséricorde intarissable, notre âme se lèvera et marchera noblement dans les voies d'une vertu réparée, et qui aspire encore au ciel. Ainsi soit-il.

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10 mai 2011

Mois de Notre Dame de la Salette

Mois de Notre Dame de la Salette

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Onzième jour

La Sainte Vierge seule, sur la Chaîne des Alpes

 

L'apparition de la Salette, la bonté si touchante avec laquelle Marie daigne entrer en communication avec deux pauvres bergers, les admettre à contempler de si près les rayons éblouissants de sa gloire, à entendre sa voix céleste, rappelle l'événement le plus considérable, le plus divin de la religion: c'est cette condescendance adorable, par laquelle, jadis, Dieu nous a parlé par son propre Fils qui, inclinant les cieux, est descendu jusqu'aux hommes; qui a habité parmi nous, plein de grâce et de vérité, et s'est rendu, selon la belle pensée de saint Augustin, merveilleusement populaire. Oui, l'événement de la Salette rend aussi Marie merveilleusement populaire, ou plutôt, merveilleusement humble et digne d'une sorte de compassion: au ciel, Marie est assise sur le trône de sa gloire, et la cour céleste l'environne, dans l'attitude de la vénération : dans les églises de la terre, Elle règne sur tous les autels, et les peuples sont à ses pieds: regardez-la sur la montagne; le monde ignore sa venue; les anges ne lui font pas cortège; les vierges ne l'ont pas suivie; tout est silencieux, vide, isolement autour d'Elle; il n'y a, pour recevoir sa visite, que ce qu'il y avait à la crèche, de pauvres bergers, et quelques vils animaux. Eh quoi! la Mère de Dieu, seule, abandonnée, errante et perdue en quelque sorte sur cette haute montagne, dans un désert, au milieu de rochers inaccessibles; quelle situation étrange pour la Reine du ciel; quel touchant et douloureux spectacle pour ses enfants de la terre!... Ne nous semble-t-il pas entendre les échos émus de cette montagne étonnée, répéter ce cri plaintif du cœur de Jésus au Calvaire : « mon fils, mon fils, pourquoi m'abandonnez-vous ici?... » Il y a dans nos saints livres, une figure des amertumes de ce délaissement et de cette solitude: c'est Noémie, l'illustre veuve de Bethléem, condamnée à un long exil dans les montagnes de la Judée; à la nouvelle de son retour, les femmes allèrent au-devant d'elle, et disaient, en la voyant passer: « C'est Noémie!... » Et elle répondait: « Ah! ne m'appelez pas Noémi, c'est-à-dire, belle! mais Mara, c'est-à-dire, amère, parce que le Tout-Puissant m'a remplie d'amertumes; je suis sortie riche, et le Seigneur me ramène pauvre!... Non, pas Noémie, moi, humiliée, affligée par le Seigneur!... » Voici, sur les montagnes de la Salette, la Noémie nouvelle; c'est Marie. Ah! Marie était belle autrefois; entendez les chants de l'Eglise: « Vous êtes toute belle, ô Marie, et il n'y a pas de tache en vous!... » « Quelle est celle qui monte du désert, belle comme la lune, brillante comme le soleil?... » Mais ici, Elle n'est plus tout cela ; seule et délaissée au sommet des Alpes, Elle semble crier au monde: « Ah! ne m'appelez pas belle aujourd'hui; voyez, voyez plutôt, je suis toute couverte de tous les instruments de la passion de mon Fils; entendez les chants de l'Eglise, c'est la fête de mes douleurs, comparées aux flots de la mer; voyez donc combien je suis affligée! Mon cœur est troublé en moi-même; je suis pleine d'amertumes, parce que mon peuple ne me laisse pour nourriture que l'absinthe et mes larmes, et pour breuvage, une eau mêlée de fiel...Les nations m'appellent bienheureuse. Ah! je ne sens en ce moment mon bonheur, que par la grandeur de mes maux; oui, le Tout-Puissant m'a élevée, exaltée; mais me voici bien humiliée, bien abandonnée, dans cette solitude immense ».

 

Réflexions

 

Deux considérations remplissent ici nos pensées, l'importance de ce message, les amertumes dont il est la source pour Marie: 1° Il est écrit, dans la parabole des vignerons, que le père de famille après leur avoir envoyé successivement plusieurs de ses serviteurs, qui furent maltraités, leur envoya enfin son propre fils, en disant: Ils auront quelque respect pour mon fils... Jésus-Christ a sans doute dit aussi, en nous envoyant sa divine Mère à la Salette: « Ils auront quelque respect pour ma Mère; son isolement, sa solitude leur feront compassion; ils ne la verront pas pleurer sur eux, sans ressentir quelque salutaire émotion; ils n'entendront pas sa voix émue, sans prêter une oreille attentive; ils ne pourront contempler sur sa poitrine, les chaînes merveilleuses de mon amour, l'image encore inondée du sang de ma passion et de ma mort, sans consentir à y répondre, et à se laisser enfin gagner au Fils par la Mère!... » Il est bien manifeste qu'il aurait dû du moins en être ainsi pour tous les cœurs qui ont conservé la foi, et qui ont quelque souci de leur salut! sommes-nous au nombre de ces chrétiens fidèles, ou parmi ceux qui résistent encore aux prévenances maternelles de Marie sur la montagne, et aux instances ineffables de l'amour de son Fils?... 2° Noémie nouvelle, Marie ne veut pas qu'on l'appelle belle, mais arrière! Cependant, on voit sur son visage les marques éclatantes d'une grande beauté, une brillante lumière l'environne, un riche diadème rayonne sur son front... Quelle amertume y a-t-il donc dans le cœur de Marie?... Le cœur de Marie est une image, un reflet du cœur de Jésus; c'est-à-dire, un océan de bonté, où s'agitent sans cesse les flots amers du péché; et ses amertumes, ce sont les crimes des hommes, leurs impiétés, leurs blasphèmes; en un mot, ce torrent d'iniquités, qui, se répandant sur la terre, est passé à travers son âme: et voilà ce qui la fait s'écrier sur la montagne de la Salette: « Ne m'appelez pas ici Noémie, parce que je me sens aujourd'hui toute remplie d'amertumes!... » Or, Celle qui fait entendre ces accents douloureux, c'est notre Mère; et on ne laisse pas une mère gémir seule, et sans consolation!... que ferons-nous donc, pour adoucir les amertumes de notre Mère? Aimer Dieu, observer ses commandements, répandre autour de soi les parfums de la vertu, de la charité chrétienne, voilà le doux breuvage que nous demande Notre Dame de la Salette.

 

Pratique : Se recueillir un instant, avant de quitter l'église; représenter vivement à son âme ce grand spectacle de la Sainte Vierge, abandonnée sur la montagne; compatir à l'amertume de son cœur, par des sentiments de componction, et quelques aspirations affectueuses à la douleur de cet isolement.

 

Guérison miraculeuse

(Lettre de Monsieur le curé de Verpel (Ardennes) à Monsieur le Supérieur de la Salette, 12 novembre 1866)

 

Mon Révérend Père, Il y a quelques mois, me rendant aux désirs de mes bons paroissiens, j'érigeais une statue de Notre Dame de la Salette dans l'église de mon annexe. Il semble, mon Révérend Père, que cette douce Mère du ciel avait hâte de faire son entrée solennelle dans notre diocèse, et d'y opérer son premier prodige... J'hésitais à vous en donner connaissance, lorsqu'en recevant le dernier numéro de vos annales, je fus frappé par la date de la guérison de Mlle Eugénie Chauvet. C'est en effet le même jour, 16 septembre 1866, et probablement à la même heure, que s'est opérée la guérison de Mlle Zélie Frisch, ma paroissienne. Cette jeune fille, âgée de 22 ans, n'était pas sortie de son lit depuis trois mois. Pendant ce laps de temps, elle n'avait pris ni boisson, ni aucune nourriture; elle rejetait tout aliment et vomissait le sang fréquemment et abondamment; c'est au point qu'un savant docteur qui l'a visitée pendant deux mois environ, l'a traitée pour une phthisie pulmonaire, arrivée à sa dernière période. Selon l'avis du même docteur, la malade était encore atteinte d'un rhumatisme articulaire. Ses souffrances étaient très vives, et il était impossible de la transporter d'un lit à un autre sans lui faire éprouver des spasmes et des étouffements qui duraient quelquefois plusieurs heures. Or, la malade et tous les membres de sa pieuse famille, commencent une neuvaine à Notre Dame de la Salette. Le 16 septembre, on était au sixième jour de la neuvaine. Pendant la messe paroissiale, vers neuf heures et demie, la malade prend avec beaucoup de peine un flacon placé près de son lit et contenant de l'eau de la source miraculeuse; elle en boit quelques gouttes, et,au même instant, elle se sent comme soulevée par une force extraordinaire, descend de son lit sans se rendre compte de cette action, fait trois ou quatre pas dans sa chambre et va s'appuyer sur une commode. Là, seulement, elle s'aperçoit qu'elle a marché. « Maman, je suis guérie », s'écrie-t-elle. Et à ces mots, elle s'agenouille devant une statue de Notre-Dame de la Salette, qu'elle tenait entre les mains, fait une courte prière, s'habille sans peine, demande à manger, et se dirige vers l'église avec autant d'assurance que si jamais elle n'avait éprouvé le moindre malaise. Depuis ce moment, elle mange toute espèce de nourriture avec un appétit dévorant; rien ne lui fait mal. Elle a entrepris déjà plusieurs voyages à pied, en voiture, et quand on lui dit qu'elle abuse de ses forces, elle répond que celle qui l'a guérie la soutiendra. Un homme honorable sous tout rapport, très estimé dans le pays, et du reste éminemment habile en médecine, a visité plusieurs fois la malade, et en apprenant sa guérison instantanée, a dit formellement: « C'est un miracle! » Il s'est passé déjà bien des faits extraordinaires dans cette paroisse, obtenus par l'intercession de Notre-Dame de la Salette, qui seront donnés plus tard à la connaissance des serviteurs dévoués au culte de cette bonne Mère. Puisse-t-elle étendre de plus en plus son doux empire et protéger d'une manière toute spéciale les cités trop heureuses qui l'ont choisie pour patronne et pour gardienne. (Annales de Notre-Dame de la Salette).

 

Prière

 

O Marie, ô Mère des hommes, c'est surtout en vous considérant à la Salette, que j'aime à vous entendre nommer, Mère affligée, Vierge très douloureuse!... que de fois, depuis le jour de votre apparition sur cette bénie montagne, j'ai médité sur la grande part que j'avais à vos douleurs!... il me semble, ô ma Mère, que je le comprends aujourd'hui; faites qu'il ne soit pas trop tard!... Et si Dieu est spécialement irrité contre moi, Vierge apparue à la Salette, daignez m'en avertir!... Si mes violations personnelles sont la cause des amertumes profondes dont je vous vois abreuvée, Vierge de la Salette, inspirez-moi le désir d'une conversion sincère!... Surtout, si j'étais du nombre des infortunés sur lesquels le bras de votre Fils menace de s'appesantir, Vierge de la Salette, soutenez-le encore, comme vous l'avez fait sur le plateau sanctifié de la montagne... et soyez toujours pour votre enfant, ô Marie, sur la terre et dans le ciel, Mère de grâce et de miséricorde. Ainsi soit-il.

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9 mai 2011

Mois de Notre Dame de la Salette

Mois de Notre Dame de la Salette

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Dixième jour

La pierre de la fontaine

 

Dans nos saints livres, il est souvent fait mention du mot « petra », pierre... Plusieurs sont restées particulièrement célèbres: par exemple, celles qui servirent aux patriarches à dresser les premiers autels des sacrifices; la pierre qui reçut la tète de Jacob, pendant son sommeil mystérieux au désert: mais voici sous la loi nouvelle, une pierre, à laquelle ne sont pas moins acquis désormais, le souvenir et le respect religieux de l'histoire; c'est la pierre sur laquelle s'est assise la Vierge de la Salette. La pierre des sacrifices ne fut touchée que par les seules mains des patriarches; la pierre de la Salette a reçu le corps très-pur de Marie; celles du désert n'ont porté que les victimes immolées; celle de la Salette a porté la vraie Mère du vrai Dieu!... Les unes n'ont été arrosées que du sang impur des holocaustes; l'autre a été arrosée par les larmes virginales de cette même Mère!... Et pour la pierre de Jacob, elle fut déposée là, dit une pieuse tradition, par les anges! Il me semble aussi que les anges, à la première nouvelle de l'apparition, durent descendre du ciel, et venir préparer sur la montagne, le siège de leur Reine... Aussi, la gloire particulière de la pierre de la Salette a-t-elle été comprise; et elle n'a pas été laissée, confondue au milieu des autres rochers de la montagne: elle dut subir naturellement, au début du pèlerinage, les mutilations de la piété publique, qui emporta les fragments détachés comme autant de reliques; après peu de jours, elle fut respectueusement recueillie par Monsieur le curé de la Salette: plus tard, l'évêché de Grenoble l'a déposée dans une sorte de châsse provisoire, revêtue de tous sceaux d'authenticité; et les pèlerins de la sainte Montagne la contemplent aujourd'hui avec une sorte de vénération, sous un chalet de cristal, dans les trésors de la sacristie. Elle n'a plus les dimensions qu'elle avait à l'époque de l'apparition: il a bien fallu satisfaire les instances des pèlerins, et détacher en leur faveur des parcelles nombreuses, qui ont servi à opérer bien des merveilles, comme l'eau miraculeuse de la fontaine; mais depuis plusieurs années, on ne touche plus à la précieuse relique, et les visiteurs sont réduits à jeter sur elle des regards de pieuse convoitise.

 

Réflexions

 

Tout paraît merveilleusement prévu, et providentiellement préparé, à la Salette; tout, jusqu'au symbolisme et à la vertu de la pierre choisie pour la scène de l'apparition: 1° Symbolisme: En établissant son Eglise, Jésus-Christ voulut lui donner en héritage, la stabilité et la durée; et, comme gage de cette durée, comme figure de cette stabilité, il l'a assise sur la pierre: C'est sur la pierre que je bâtirai mon Eglise, et à cette pierre viendra se briser la fureur des flots de l'enfer impuissant. Voici Marie, venant établir son œuvre sur la montagne; Elle veut, Elle aussi, pour son œuvre, la durée en héritage: or, ayant appris de son divin Fils, le secret et la science des œuvres solides, Elle va, Elle, fondatrice, s'asseoir sur une pierre, comme si Elle voulait, par cette figure, donner à sa dévotion nouvelle, un gage de stabilité; Elle reproduit quelques caractères de l'Eglise: le martyre, par l'opposition vaincue à l'origine; le miracle, par les faveurs merveilleuses obtenues sous ce vocable; l'universalité, comptant déjà des sanctuaires sous tous les soleils et sur toutes les terres... 2° Vertu communiquée à la pierre de la Salette: « Saint Germain, patriarche de Constantinople, prêchant dans une Eglise où l'on a vénérait la ceinture de la Mère de Dieu, s'adressait à cette précieuse relique, comme si elle eût été animée et pleine d'intelligence: « O ceinture admirable, s'écriait-il, vous qui avez ceint le corps qui a lui-même ceint le corps du Dieu fait homme... quelle a sainteté, quelle vertu n'avez-vous pas dû acquérir, au contact d'un corps si pur et si saint!... O ceinture sans pareille, fortifiez nous contre les faiblesses de la chair... ceignez-nous de force, de justice et de mansuétude... préservez-nous de tout danger!... » Après cela, ne nous est-il pas permis de nous adresser, nous aussi, à Marie assise sur la Montagne?... Ne nous est-il pas permis de lui demander de toucher nos âmes, de les convertir?... Ce miracle s'est produit à l'attouchement des chaînes des apôtres, des vêtements des martyrs; ne peut-il sortir d'une pierre qu'a touchée la Mère de Dieu?... Prenant donc l'accent du patriarche de Constantinople, nous nous écrierons comme lui: O pierre sanctifiée et comme ramollie par une vertu divine! de quels parfums célestes a dû vous embaumer le contact du corps très-pur de Marie! Ah! ne les retenez pas tous, ces parfums: laissez-les s'épancher sur mon âme, pour l'embaumer tout entière de l'odeur des vertus de Celle qui est venue du ciel vous demander un instant, pour le soulagement de ses douleurs, force, asile-et repos!...

 

Pratique : Se représenter par la pensée qu'on est assis à côté de Marie, sur la pierre de la Salette; écouter humblement les reproches de conduite que sa voix nous adresse, accepter sans retard les pratiques de piété que son cœur nous demande, et qu'il faut bien déterminer à la fin de cet exercice.

 

Deux conversions obtenues par l'intercession de Notre-Dame de la Salette

 

Un vieillard, issu d'une illustre famille, avait été pendant longtemps le scandale du pays qu'il habitait. Dieu permit un jour qu'il trouvât chez un libraire un ouvrage sur l'apparition de la Sainte Vierge à la Salette. M. de N. acheta ce livre et le lut avec un vif intérêt. A partir de ce moment, le vieillard crut à la merveilleuse apparition, et quelque temps après, il fut amené par des circonstances providentielles, à faire ériger un calvaire dans sa propriété, située sur le bord d'une route très-fréquentée. Le calvaire béni, M. de N. était content; mais dès la nuit suivante, il se trouva tout à coup réveillé, et entendit distinctement une voix qui lui disait: « Tu as fait ériger un calvaire en l'honneur de mon Fils, il faut que tu fasses quelque chose pour moi ». Cet ordre mystérieux lui fut renouvelé plusieurs nuits. M. de N., comprenant que c'était la Sainte Vierge qui lui parlait, résolut de se convertir et de faire bâtir une chapelle en l'honneur de Celle qui lui témoignait tant d'amour. Bientôt la chapelle fut élevée, et M. de N. demanda avec instance qu'on y établit la dévotion à Notre Dame de la Salette. La bénédiction du petit sanctuaire se fit en présence d'un grand nombre de fidèles; et, le 19 septembre suivant, plus de deux mille étrangers et un nombreux clergé vinrent y célébrer l'anniversaire de l'apparition de la Sainte Vierge à la Salette. Quelque temps après, M. de N. mourut dans les meilleurs sentiments, et fut inhumé dans sa chapelle, comme il l'avait demandé pendant sa vie. Ce sanctuaire est visité chaque jour par de nombreux pèlerins. Je dois dire ici que, malgré ses désordres, M. de N. récitait chaque jour, en l'honneur de la Sainte Vierge, une petite prière que sa mère lui avait apprise dans sa jeunesse. Cette prière était enfermée dans un petit sac en cuir, qu'il portait sans cesse suspendue à son cou avec le plus religieux respect. L'auteur de ce récit le tient tout entier de la bouche du vieillard lui-même et de celle de son digne curé.

 

Nous empruntons au même auteur le trait suivant: Un homme très intelligent avait, comme tant d'autres, contracté la triste habitude de ne point approcher des sacrements. Sa femme, qui l'aimait beaucoup et qui craignait de le voir mourir dans cet état, avait fait déjà plusieurs pèlerinages aux sanctuaires les plus vénérés des alentours, pour obtenir la conversion de son mari. Le moment de la grâce n'était pas encore venu, et ce triomphe était réservé à la Vierge réconciliatrice de la Salette. Cette pieuse femme ayant appris les bienfaits de tout genre obtenus par l'intercession de la Vierge des Alpes, commença, en son honneur, une neuvaine pour son mari. Ses prières furent bientôt exaucées, et celui dont elle craignait d'être séparée pour l'éternité, lui dit un jour: « Je veux me confesser ». Comme il était dans ces dispositions, le démon glissa dans son esprit des doutes sur les vérités de la foi, et en particulier sur l'institution divine de la confession. Mais ce chrétien, désormais fidèle à la grâce, se jette à genoux et demande à Dieu la victoire sur son ennemi. Le soir même de ce jour, il était aux pieds d'un prêtre, lui faisant humblement l'aveu de ses fautes, tandis que son épouse, heureuse de sa conversion, était prosternée elle-même devant une image de Notre Dame de la Salette, dans un sanctuaire qui lui est consacré, et remerciait cette Mère des miséricordes, avec des larmes plus douces et plus délicieuses que tous les plaisirs du monde. (Annales de Notre-Dame de la Salette).

 

Prière

 

O Notre Dame de la Salette, lorsque votre divin Fils veut ici-bas se bâtir un temple, il envoie ses évêques, les pontifes de son Eglise, lever les mains sur les pierres qui le doivent composer, et consacrer ses murs par l'effusion de l'huile sainte: je crois comprendre que, dès longtemps, vous vous prépariez un temple, au milieu des montagnes des Alpes; mais vous n'avez laissé à nul pontife de la terre, l'honneur de le consacrer; vous êtes venue du ciel en poser vous-même la première pierre, et en faire par votre présence, la dédicace solennelle, assise sur un des rochers de la montagne : et quelle vertu céleste, quelle huile sainte vous avez dû répandre sur cette pierre! Mais voici, ô Marie, voici, sous l'enveloppe mortelle de ma poitrine, une pierre, qui ne doit pas vous être moins chère, mon cœur!... Mon cœur, pierre dure à votre amour, indifférente à vos douleurs, insensible à vos larmes! ô Mère, venez, venez vous asseoir quelquefois sur la pierre de mon cœur; votre contact devra la ramollir, et dure tout d'abord, elle finira par s'attendrir, et pourra enfin offrir à votre propre cœur, un doux repos, c'est-à-dire, le repos des consolations d'un fils, aux amertumes et aux douleurs de sa Mère. Ainsi soit-il.

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8 mai 2011

Le Rosaire de la Flamme d'Amour du Coeur Immaculé de Marie

8 mai 2011

Mois de Notre Dame de la Salette

Mois de Notre Dame de la Salette

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Neuvième jour

La fontaine de la Salette

 

Le lendemain de l'apparition, de nombreux visiteurs accouraient sur la montagne; on n'aperçut aucune trace du récit de Maximin et de Mélanie; seulement, une source jaillissait de terre, à l'endroit même où la Sainte Vierge se fit voir aux petits bergers: et cette source ne coulait point la veille. Les habitants du pays connaissaient l'existence d'une eau intermittente en ce lieu; mais, scrupuleusement interrogés, ils ont unanimement répondu: « Avant que la Sainte Vierge fût venue ici, la source demeurait à sec, au moins 8 mois de l'année, et ne coulait qu'à la saison des grandes pluies; depuis ce moment, elle n'a pas cessé un seul jour de couler... » Or, pour tout visiteur impartial, il n'y a ici ni calcul ni artifice; on n'a pas fouillé, on n'a pas détourné, on n'a pas bâti; la science et ses procédés ingénieux ne sont pas passés par là: l'eau sort naturellement de terre, au bas de la pierre sur laquelle la Vierge était assise, claire, fraîche et jamais interrompue: et tel est le témoin miraculeux et perpétuel de la descente de la Reine des cieux, sur la chaîne des Alpes: fontaine limpide et pure comme la Vierge qui a voulu laisser là la trace ineffaçable de ses pas vénérés; fontaine intarissable, emblème éloquent du cœur de Celle qui aime le monde d'un amour qui n'a ni trêve ni repos... Dévorés par la soif, les Israélites murmuraient au désert; Dieu commanda à Moïse de toucher le rocher, et l'eau jaillit abondante, sous les yeux étonnés du peuple de Dieu: pourrait-on refuser au pied de la Reine du ciel, qui a fait jaillir l'eau de la pierre de la Salette, la vertu surnaturelle attribuée à la verge de Moïse?... Ne sommes-nous pas, nous aussi, en cette terre, dans un désert aride, où toutes les ardeurs du mal dessèchent les âmes; et ne fallait-il pas, pour étancher leur soif dévorante, l'eau bienfaisante d'une fontaine miraculeuse?... Nous disons fontaine miraculeuse, car Marie semble avoir communiqué à l'eau de la Salette la double vertu surnaturelle de guérir les corps et les âmes: Santé au corps, elle nous rappelle la piscine de l'Evangile: un ange venait par intervalles en agiter la surface tranquille; et l'infirme qui pouvait le premier tremper ses blessures dans ces eaux salutaires, était guéri: voici, voici, ouverte au sommet des Alpes, la piscine moderne de l'Evangile; la Mère de Dieu est venue, de sa main puissante, en agiter les eaux; Elle a fait mieux, Elle y a laissé couler quelques larmes de ses yeux; et qu'est-ce qu'une larme de Marie, si ce n'est une effusion de son cœur, une vertu échappée de son corps; et voilà pourquoi la fontaine est féconde, intarissable, miraculeuse; voilà pourquoi des aveugles voient, des boiteux marchent, des malades sont guéris, et publient partout les gloires et les bontés de Notre-Dame de la Salette. Et que dire de la vie spirituelle que cette eau procure quelquefois aux âmes pécheresses?... Une vision d'Ezéchiel rapporte que le prophète vit un jour des eaux sortir du Temple, et qui, s'écoulant dans la mer Morte, en adoucissaient l'amertume, et redonnaient même la vie aux poissons morts!... Au rapport de saint Grégoire, le monde est cette mer; et si ses flots soulevés portaient à la surface toutes les âmes mortes qui vivent dans son sein, que de cadavres spirituels, sur les rivages désolés de cette mer immense!... Mais voici, au sommet des Alpes, le temple nouveau de la vision d'Ezéchiel; voici, à la fontaine de la Salette, les eaux prophétiques qui, se répandant par le monde, du haut de ces cimes élevées, porteront vie et régénération aux âmes!... Oui, cette bénie fontaine nous paraît être le puits moderne de la Samaritaine; Marie est assise sur ses bords, comme autrefois Jésus auprès du puits miraculeux; et nous indiquant de sa main maternelle le creux d'où jaillissent ces eaux salutaires, elle semble dire, Elle aussi, à toutes les âmes samaritaine si nombreuses par le monde: « si vous saviez le don fait à ses eaux par Marie !... »

 

Réflexions

 

Au sens allégorique et moral, la fontaine de la Salette est: 1° une figure du cœur de Marie; 2° une image de l'état dé notre âme. 1° Une figure du cœur de Marie: Nous lisons dans la première épître de saint Paul aux Corinthiens que les Israélites devaient boire à la pierre spirituelle qui les suivait au désert, et qui était Jésus-Christ. Au témoignage de saint Jérôme, cette pierre mystérieuse, changée en fontaine, poussait ses eaux au désert, et conduisait un fleuve de cristal partout où allait le peuple de Dieu... et saint Paul ajoute: « Cette pierre était la figure de Jésus-Christ, lequel poursuit toujours les pécheurs, et leur y présente sans cesse les eaux de sa grâce divine ». Appliquant ce texte à notre sujet, cette pierre nous paraît être aujourd'hui la pierre sur laquelle la Vierge de la Salette s'est assise, et qui, par Elle changée en eau à la cime .des Alpes, va suivre au désert de la vie, le nouveau peuple de Dieu!... c'est-à-dire, que c'est ici une figure du cœur de Marie, fontaine mystérieuse toujours ouverte dans le ciel, laissant toujours couler sur les âmes, les eaux de la grâce divine: descendu un moment sur nos montagnes, la lance de nos ingratitudes a fait à ce cœur, comme à celui de son Fils sur la croix, une blessure nouvelle, c'est-à-dire, ouvert un écoulement plus large, plus abondant aux eaux de cette fontaine symbolique, qui vient guérir nos maux, et pousser nos âmes aux rivages du ciel, dans les ports du salut. 2° Image de l'état de l'âme: La fontaine de la Salette a été vue en deux états différents; elle était autrefois desséchée; maintenant elle ne tarit plus: que d'utiles réflexions suggérées là, à nos esprits!... La fontaine, desséchée d'abord, c'est l'état de notre âme, avant que Dieu la visitât... et y a-t-il, sous le soleil le plus brûlant, une terre plus désolée que l'âme privée de Dieu?... Mais, question plus douloureuse encore, cette sécheresse spirituelle, ne serait-elle pas encore l'état malheureux de notre cœur, après les visites multipliées de la grâce?... La fontaine est aujourd'hui intarissable: telle doit être l'âme chrétienne: intarissable de reconnaissance à Dieu, qui, bon Pasteur, l'a ramenée au bercail, peut-être tout ensanglantée aux ronces du désert, par les voies de sa plus douce miséricorde; intarissable d'amour du prochain, adoucissant ses malheurs, supportant ses défauts, ce qui nous vaudra un pardon proportionné à celui que nous aurons accordé à ses offenses; intarissable de générosité d'âme, connaissant la belle science du sacrifice à Dieu, s'estimant de souffrir quelque chose pour l'honneur de son service et la gloire de son nom; intarissable enfin de dévouement et de zèle à pratiquer nous-mêmes, et à répandre autour de nous les enseignements du discours de Marie sur la montagne, qui est la bonne nouvelle de Notre-Dame de la Salette.

 

Pratique : Dans nos nécessités, accepter nous-mêmes et conseiller aux autres l'usage de Veau de la Salette, dans des sentiments de foi et de confiance filiales à la Sainte Vierge. Prier humblement Notre-Dame de la Salette de changer nos yeux en deux fontaines de larmes amères, au souvenir des péchés graves de notre vie passée.

 

Mort édifiante d'un jeune Séminariste du diocèse d'Aix

(Lettre adressée par Monsieur le curé de la paroisse même où cet enfant est décédé, à Monsieur le Supérieur des Missionnaires de la Salette)

 

St-P..., le 4 avril 1866


Mon Révérend Père, Hélas! tout est consommé! notre cher abbé L. est mort dimanche dernier, beau jour de Pâques, à sept heures du matin. Il y a je ne sais combien d'années que, daignant répondre à une de ses lettres, vous eûtes la bonté de lui envoyer une image de Notre Dame de la Salette. Vous étiez alors loin de penser probablement que cette image vénérée devrait un jour procurer tant de consolation à ce cher enfant, durant sa maladie d'une année, et tant d'édification aux personnes du pays qui ont été témoins de sa vénération, de sa confiance, de son amour pour la compatissante Marie, Notre-Dame de la Salette. Mais, bon Père, tout cela est impossible à décrire. Je ne me souviens pas d'avoir lu de récits de maladie et de mort plus édifiants que tout ce qui s'est passé sous nos yeux, pendant cette année d'épreuves, et surtout depuis que ce cher enfant a compris que Dieu demandait de lui le sacrifice de sa vie. Cette image sainte, ou bien il la tenait entre ses mains, reposait sur elle ses regards, et semblait converser avec elle comme avec une personne amie, ou bien il l'attachait à son rideau, pour ne la perdre jamais de vue, ou si on ne la voyait point autour de lui, c'est que quelque douleur plus vive s'était fait sentir quelque part sur ce pauvre corps si souffrant, et il l'avait appliquée avec respect sur la partie malade. Il disait que cette application amenait toujours quelque soulagement. Quant à l'eau de la sainte fontaine, que vous nous avez envoyée, c'est le dimanche de la Passion qu'il l'a reçue. Comme il ne pouvait plus rien prendre, cette eau vénérée a été, dès le moment et pendant les quinze derniers jours qui ont précédé sa mort, sa seule nourriture et sa seule boisson. Aussi était-il toujours heureux d'en pouvoir avaler quelques gouttes, et lorsqu'il n'a plus pu la boire, il en humectait ses lèvres, mais avec quelle ardeur! Une demi-heure avant sa mort, il l'aurait épuisée, car il n'en restait plus que quelques cuillerées ; mais il a voulu laisser ces quelques gouttes à sa sœur, admirable enfant qui l'a soigné avec un dévouement sublime pendant sa maladie. Enfin il a rendu sa belle âme à Dieu, en laissant tomber de sa bouche sa croix et l'image bénie de Notre Dame de la Salette, qu'il y tenait collées. Voilà, mon bon Père, quelques détails sur cette longue maladie, supportée avec tant de patience, et sur sa sainte mort. Mais tout cela a porté son fruit. Aussi aurais-je à vous parler longuement, s'il fallait vous dire les témoignages de respect profond, j'oserai dire de vénération pour lui que ma bonne population a manifestée en cette circonstance. La chambre mortuaire n'a cessé de désemplir pendant les trente-huit heures qu'il y est resté exposé. Tous se sentaient plus portés à le prier lui-même qu'à prier pour lui. Aussi, c'est littéralement vrai que toutes les personnes de la paroisse et bon nombre d'autres, accourues des paroisses voisines, l'auraient dépouillé de sa soutane et de ses vêtements pour avoir un souvenir et comme une relique de cet admirable enfant, si de force on ne l'avait pas ravi à cette foule pieuse, pour rendre à la terre, hélas! ce qui est de la terre. (Annales de Notre-Dame de la Salette).

 

Prière

 

O bénie fontaine de la Salette, monument vivant du passage de la Mère de Dieu sur ces montagnes! je salue humblement vos bords desséchés où la Vierge est venue répandre ses pleurs!... vous êtes pour nous l'onde bienfaisante du Jourdain, la source miraculeuse de la pierre de l'Horeb; poursuivez, fontaine salutaire, poursuivez votre cours à travers le monde, répandant partout la santé et la vie, et puissiez-vous ne jamais tarir!... Canal fortuné du cœur de Marie, se mêlent à vos eaux, mes regrets et mes larmes, pour guérir la sécheresse de mon cœur!... et vous, ô bonne Mère, dont les pleurs ont rendu cette fontaine féconde et intarissable, écoutez aujourd'hui la voix de vos enfants! une pieuse tradition nous assure que vous avez recueilli avec un saint respect l'eau et le sang qui coulèrent du côté sacré de votre Fils, entrouvert par la lance; ô Vierge de la Salette, laissez, laissez à nos prières de monter au ciel, d'aller y porter à votre cœur, une blessure d'amour, de laquelle coulera sur nos âmes, le flot réparateur de la grâce, c'est-à-dire, cette eau vivifiante qui rejaillit jusqu'aux sources de l'éternelle vie. Ainsi soit-il.

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7 mai 2011

Mois de Notre Dame de la Salette

Mois de Notre Dame de la Salette

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Huitième jour

Les bergers de la Salette

 

Les apparitions se produisent d'ordinaire au sommet des montagnes, ou au fond des déserts; sans doute parce que ces terres sont encore les plus vierges de la création. Les bergers sont souvent les témoins privilégiés de ces manifestations célestes; sans doute aussi, à cause de l'innocence de la vie des champs, et parce qu'ils sont généralement les plus simples d'entre les hommes. Ce fait est constant dans l'histoire. Dès la loi antique, Dieu parlait à Abraham dans les solitudes de Mambré; Moïse gardait les troupeaux au désert, et entendait sortir d'un buisson, la voix qui lui ordonnait d'aller délivrer le peuple de Dieu; David était dans les champs avec ses agneaux, quand Dieu voulut en faire un prophète et un roi. A l'origine de la loi nouvelle, Jésus-Christ se choisit pour précurseur, Jean-Baptiste au désert; pour mère, une humble fille de Juda; pour apôtres, des bateliers; et pour résumer tous ces faits dans un seul, le plus éclatant de tous, Jésus a envoyé des anges aux bergers des montagnes de la Judée, pour en faire les premiers adorateurs de son berceau, dans l'étable de Bethléem. Or, depuis cette inclination connue du cœur de Dieu pour les petits et les faibles, la préférence de Marie ne fut jamais démentie. Tous les sanctuaires où la Mère de Dieu est spécialement honorée, ont d'ordinaire pour principe, une apparition de la Sainte Vierge à des enfants, à des bergers, à des pauvres; telle est l'origine de Notre Dame du Laus, de l'Osier, de Lourdes et de tant d'autres, au milieu desquelles brille Notre Dame de la Salette, qui donne un éclat nouveau aux préférences divines pour les petits et les humbles. Elle appelle sur la chaîne des Alpes, deux bergers inconnus, ignorants et grossiers; ils ont l'insigne faveur de voir couler ses larmes et d'entendre son discours; et Elle les admet encore à ses côtés, dans les représentations publiques de son apparition, sur les montagnes et dans nos églises. Aussi bien, la vocation des enfants de la Salette a-t-elle quelque chose d'étrange, d'unique: elle rappelle à certains égards, celle des apôtres. C'est au bord du lac de Genésareth, ou sur les rivages des mers que sont appelés les apôtres, soignant leurs barques et raccommodant leurs filets; et leur grossièreté native demeure trente ans, sans intelligence aucune des enseignements de leur divin Maître. Les bergers de la Salette sont trouvés sur la montagne, veillant à la garde de leurs troupeaux; leur âge est sans culture, leur esprit sans instruction; et pour faire comprendre son message, Marie dut condescendre à parler le langage grossier de ces pâtres et de leurs montagnes... Sous le souffle de l'Esprit Saint, toutes choses divines sont révélées aux apôtres, et la fermeté de leur témoignage éclaire le monde, autant qu'elle déconcerte l'erreur et la tyrannie. Il semble que Marie ait répandu, elle aussi, sa vertu céleste sur l'esprit de ses deux petits apôtres, rendus capables en un instant de retenir tout un long discours, et répondant avec une noble simplicité aux contradicteurs de l'apparition: « Nous avons reçu mission de la Sainte Vierge, de vous dire ce que nous avons vu et entendu, et non pas de vous le faire croire!... » L'œuvre de ces humbles bergers, la dévotion à Notre-Dame de la Salette, a déjà pris un des caractères de l'œuvre des apôtres, qui est l’Église, l'universalité; elle compte six cents sanctuaires, élevés en divers points du globe, sur les cinq parties du monde. Enfin, il fut commandé aux apôtres de partir et d'aller enseigner toutes les nations. Il a été dit aux enfants de la Salette: « Eh bien, mes enfants,allez, vous le ferez passer à tout mon peuple ». Et des pâtres des Alpes, comme des apôtres, il semble encore que l'on puisse dire: Leur voix a retenti par toute la terre et jusqu'aux extrémités du monde.

 

Réflexions

 

Une montagne isolée, deux enfants ignorants, une apparition et un discours tout vulgaire ; quel besoin avaient Dieu et la Sainte Vierge de choisir un tel mode et de tels personnages, pour une révélation de cette nature? Dieu sans doute n'a besoin de rien ni de personne, pour atteindre le but de sa providence; mais ici, la prédilection accordée aux bergers sur les autres hommes, est merveilleusement conforme aux secrets de l'action divine, et très-opportune contre l'orgueil de notre siècle. 1° Secrets de faction divine. Dieu ne recherche pas ce qui est célèbre et grand; il semble même s'étudier à laisser à l'écart le renom et la gloire; mais son action publique incline toujours son cœur à ce qui est humble et petit ; il a fait, de cette prédilection, une sorte de profession invariable à travers les siècles: David enfant instruisait le roi de Babylone; le jeune Samuel portait les menaces de Dieu au grand prêtre Élie. Cela a été son bon plaisir en ce monde, sa loi providentielle dans la conduite de toutes choses; cela a été, dit Bossuet, sa marche éternelle; il est toujours demeuré le même, choisissant ce qui est infirme, pour confondre et détruire ce qui est. D'ailleurs, de marche, Dieu n'en pouvait pas avoir d'autre; procéder à la façon des hommes, c'eût été oublier qu'il était Dieu, et l'action divine eût perdu son caractère divin, à travers les moyens naturels et les éléments humains; l'inclination de son cœur à tout ce qui est humble et petit, convient donc merveilleusement à sa nature divine et à l'éclat de son action publique. L'apparition de la Salette, confiée à des bergers, en est une manifestation glorieuse; qui pourrait en effet nier l'intervention et l'action divine en la personne de ces pauvres pâtres des Alpes, oubliés de tous dans leurs montagnes, connus aujourd'hui du monde entier, et qui ont ajouté au culte de Marie, le vocable d'une dévotion nouvelle, sur la seule affirmation de leur simple témoignage, accepté par l'épiscopat, et confirmé par les faveurs spirituelles de l’Église 2° Le choix des bergers, confond l'orgueil de notre siècle: Le fait de la Salette a d'innombrables pareils dans les annales religieuses; il n'en est pas qui donnent une confirmation plus éclatante à cet oracle évangélique: « Seigneur, vous avez caché vos secrets aux sages et vous les avez révélés aux petits enfants ». Si Dieu nous eût envoyé ses avertissements par l'intermédiaire des philosophes, des savants de notre siècle, on les eût acceptés sans peine; mais que ce message céleste nous arrive de bergers dépourvus des connaissances les plus vulgaires, la raison hésite à croire, et la science orgueilleuse ne se peut résigner. Or, Marie ne sait que suivre les plans de son divin Fils; et, à son exemple, Elle choisit toujours pour agir, ce qu'il y a de plus vil, de plus méprisable selon le monde. Non, les savants, les riches, les puissants, ne seront pas les élus de la Reine du Ciel : ceux qui sont les témoins de son apparition, les confidents de ses secrets, les apôtres de son discours sur la montagne, ce seront des enfants, c'est à dire, ce qu'il y a de plus faible, de moins estimé parmi les hommes; ce seront des bergers, pauvres, dénués de tout!... Et en vérité, il appartenait à un siècle raisonneur et philosophe d'être éclairé, pour sa confusion, par des enfants ignorants et grossiers. On le voit, Dieu est toujours conforme à lui-même; il dédaigne partout l'orgueil, et se révèle à la simplicité; et cela, dit l'apôtre saint Paul, afin que nulle créature ne se glorifie devant Lui.

 

Pratique : A l'exemple de Marie, n'affectons pas de préférer le rang, la distinction, les choses élevées; et suivons le conseil de l'Apôtre, disant aux chrétiens: « Ne vous élevez pas à des pensées trop hautes; mais abaissez-vous jusqu'aux personnes les plus humbles ».

 

Guérison de sœur Marcelline, religieuse de la communauté d'Evion, à Bais

(Lettre de M. le curé de Bais à M. le Supérieur)

 

Mon Révérend Père, Je vous prie de vouloir bien excuser le retard que j'ai mis à vous répondre, mais j'avais besoin de l'avis de Monseigneur avant de le faire. Voici donc, dans toute sa simplicité, le fait merveilleux dont vous me demandez le rapport : Une des sœurs de notre établissement, qui relève de la communauté d'Evron, s'en allait mourante depuis six mois et plus; elle crachait et vomissait le sang. Depuis quatre mois, elle avait entièrement perdu l'usage de la voix; le médecin, qui la visitait avait déclaré que le larynx était en suppuration. Divers emplâtres lui furent successivement appliqués, mais sans obtenir à la malade le moindre soulagement. Déjà six semaines s'étaient écoulées depuis qu'elle s'était vue contrainte à garder son lit sans pouvoir plus le quitter. Je ne supposais même pas qu'elle dût aller loin. Le 25 novembre dernier (1865), après avoir entendu la lecture d'une guérison miraculeuse, publiée à cette époque par le journal le Monde, elle commença, sur mon invitation et avec l'e concours de ses compagnes et de quelques personnes pieuses, une neuvaine à Notre-Dame de la Salette. Pendant cette neuvaine, l'état de la pauvre sœur empira au lieu de s'améliorer. Le premier dimanche de l'Avent, dernier jour de la neuvaine, je lui portai la sainte communion avant la première messe que j'allais dire immédiatement après pour elle. La messe est à peine achevée que tout à coup la bonne sœur recouvre la voix et se trouve parfaitement guérie. Les emplâtres s'étaient desséchés sans laisser aucune trace de cicatrices. J'étais au confessionnal, quand la supérieure, pleurant de joie, vint me dire: « Sœur Marcelline est guérie, elle veut se lever et venir à la messe ». « Laissez-la venir remercier le bon Dieu, lui dis-je: elle ne pourra jamais assez le bénir, ni nous non plus ». Elle vint donc à la messe d'actions de grâces que dit pour elle un prêtre de la paroisse. Le soir, elle assista à vêpres. Depuis lors elle a assisté à tous les exercices de la communauté, et sa santé s'est parfaitement maintenue. Il ne m'appartient pas de qualifier cette guérison; mais nous croyons que nous ne pourrons assez remercier Dieu et bénir Marie, notre bonne Mère. Je ne songeais pas à vous envoyer encore ce rapport, et j'ai même différé de l'envoyer à Monseigneur l’évêque. Mais les journaux s'étant occupés de ces faits, je me suis décidé à vous en donner communication, avec l'assentiment de l'autorité compétente. Puissent-ils contribuer à la gloire de Dieu et à l'honneur de Noire-Dame de la Salette. (Annales de Notre-Dame de la Salette).

 

 

Prière

 

O Marie, que de grâces faites à la simplicité! Que de bonheur accordé au cœur humble et modeste! Vous choisissez de pauvres enfants pour les témoins du miracle de votre apparition; et ils sont seuls admis à entendre votre voix maternelle et à connaître vos desseins de miséricorde; toutefois, ô Mère, ces préférences de votre cœur ne nous étonnent pas: venant demander au monde une naissance nouvelle à votre loi, vous deviez, comme votre Fils naissant en son étable, être saluée tout d'abord par les bergers des montagnes! Et nous aussi, ô Marie, nous viendrons dans ce sanctuaire, image de votre montagne, entendre votre voix et méditer votre apparition. Comme aux bergers, donnez-nous de vous porter toujours un esprit simple et docile, et un cœur plein d'un zèle ardent et inconfusible, à répandre les enseignements salutaires de Notre Dame de la Salette. Ainsi soit-il.

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6 mai 2011

Mois de Notre Dame de la Salette

Mois de Notre Dame de la Salette

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Septième jour

Le vallon de l'apparition

 

Sous le plateau des Baisses, à la montagne de la Salette, se découvre un ravin peu profond: il est formé par deux éminences légèrement inclinées, et baignées à leur base par le petit ruisseau appelé le Sézia: c'est au fond de ce vallon, sur la rive droite du ruisseau, à l'endroit même où coule aujourd'hui la célèbre fontaine, que fut tout d'abord aperçue la Sainte Vierge, assise et pleurant. Quelques mètres plus bas, debout, et les bras reposés sur sa poitrine, Elle parle aux deux bergers, rassurés et invités à s'approcher. Enfin, ayant franchi d'un seul pas le petit ruisseau le Sézia, Elle remonte l'éminence opposée, sans faire plier le gazon qu'elle effleure; là, Elle disparaît peu à peu, aux yeux des enfants étonnés, éloignés de trois pas à peine, lorsqu'elle s'éleva dans les airs, dans un nuage de lumière éblouissante. Et de là, ces trois noms, donnés sur la montagne, à ces lieux bénis, qui ont reçu plus particulièrement l'empreinte des pas de Marie: L'apparition, la conversation, l'assomption. La pierre et la verdure ont disparu sous les mains avides des pèlerins, tenant pour une sorte de relique tout ce qui a touché à cette terre vénérée; trois statues en bronze, représentant chacune une des poses de l'apparition de la Vierge, s'élèvent en ces lieux; elles sont toutes d'une beauté majestueuse, d'une expression saisissante, qui font plier tous les genoux et couler bien des larmes; quatorze croix de bois sont échelonnées sur le chemin parcouru par Marie; et les fidèles ne manquent jamais de faire le chemin de la croix, tracé là, non par l'instrument de l'ouvrier, mais par les genoux et les lèvres des pèlerins. Telle est la description locale du plateau de l'apparition. Et quel sentiment religieux, quelle émotion pieuse éveille dans l'âme l'aspect de ce vallon béni! peu profond et de courte étendue, il étale au soleil du printemps la plus tendre verdure; on dirait vraiment que la montagne s'est là doucement inclinée, toute seule et d'elle-même, comme pour y former un berceau à la mère de Dieu. Au contraire, sous les frimas de l'hiver, alors que la tête de la Vierge et le front des bergers apparaissent seuls au-dessus d'une épaisse couche de neige, quelle beauté sévère, quel religieux mystère planent sur ces collines! On croit voir apparaître, errant au fond de ce vallon, les figures bibliques de Marie; il semble que ces lèvres de bronze de la Vierge, vont s’entrouvrir, pour dire avec le prophète: « Voyez, je suis sévère au-dessus de cette blancheur de neige, mais, je suis belle!... » Et l'âme, saisie d'une émotion toute compatissante pour Marie ensevelie sous ces frimas glacés, continuant la figure du prophète, invite l'hiver à se retirer, la Vierge à dépouiller son manteau de neige, pour se montrer à tous, Mère bonne, et Reine radieuse.

 

Réflexions

 

1° Souvenirs et sentiments : Nous voici sur la montagne de la Salette, debout sur le lieu même de l'apparition; représentons-nous par la pensée, ce qui a été vu et entendu, dans l'enceinte de ce vallon; ouvrez les yeux de la foi; considérez cette terre bénie, que Marie a regardée avec tant d'amour... Vos pieds touchent cette terre, sur laquelle ont reposé ses pieds augustes... Vous marchez sur le gazon qu'a effleuré son pas léger; baisez avec respect ces traces vénérées!... Prêtez maintenant l'oreille du cœur: on croit voir encore, comme un reflet éblouissant de la gloire de Marie... on croit entendre comme un écho lointain de sa voix céleste... on croit sentir une des larmes miraculeuses de la Salette tomber sur son âme! Et à genoux, et tout ému, là, tout près de cette fontaine où le cœur de Marie s'est montré débordant de tendresses maternelles, le pèlerin se dit en son âme: O bonheur! c'est ma Mère du ciel que j'entends en ce lieu; c'est ma Mère du Calvaire, perdue pendant de si longs siècles, et dont je respire ici le souvenir embaumé et la douce présence!... Heureuse montagne qui avez servi de marchepied à ma Mère; je n'ai rien à vous envier ! c'est bien vous plutôt qui envieriez mon bonheur, si vous pouviez le connaître et le comprendre! 2° Leçon de pénitence et de réparation: Que de leçons touchantes sont révélées à l'âme, au fond de ce vallon!... On se sent là pénétré d'une atmosphère religieuse, et d'un désir de pénitence et de réparation, qui saisissent l'âme tout entière!... Et qui peut dire parmi nous, pauvres pécheurs: je n'ai pas besoin de conversion, d'amélioration morale, d'expiation, de pénitence. En un mot, qui ne doit mille fois s'écrier avec le saint roi David: Seigneur, quel mortel pourrait se flatter de connaître tous ses péchés? Purifiez-moi de ceux que mon œil ne sait pas découvrir, et faites-moi grâce pour ceux d'autrui, dont je puis avoir à répondre à votre jugement. Pour entrer donc plus avant dans les desseins miséricordieux de Notre Dame de la Salette, représentons-nous aujourd'hui ce vallon béni de l'apparition, comme l'image lointaine de la vallée du jugement, et mettons dans notre âme les sentiments de regret, de repentir, de conversion sincère, que nous voudrions être trouvés en elle, à l'arrivée du souverain juge.

 

Pratique : Prendre la résolution et la sainte coutume de faire de temps en temps le chemin de la croix, si pieusement suivi dans le vallon de la montagne, par exemple le 19 de chaque mois, jour anniversaire de l'apparition.

 

Conversion et mort édifiante

(Lettre d'une sœur sur l'heureuse mort de son frère, à M. le supérieur de la Salette)

 

« Je dois à la grandeur de cette fête (l'Immaculée Conception) de prendre sur ma faiblesse pour vous écrire quelques lignes. Encore une victoire de Notre Dame de la Salette, une de ces fleurs cueillies dans les larmes et dans le deuil, mais dont le parfum endormira nos douleurs. Mon pauvre frère que Notre Dame de la Salette a guéri pendant que j'étais, en septembre, sur la sainte Montagne, vient de mourir d'une laryngite aiguë. Il nous a été enlevé en deux jours de souffrances, au milieu de nombreuses grâces célestes de tout genre. La plus grande de toutes a été sa parfaite conversion, opérée instantanément. Lundi matin, tout près d'étouffer, faute d'air dans le poumon, il consent à prier, puis à se confesser à Monseigneur N, qui lui a dicté les paroles par lesquelles il pourrait faire, en peu de temps et à travers les suffocations, une confession de si longues années. L'absolution lui a donné un peu de calme et un instant de mieux qui a trompé les médecins eux-mêmes. Mais, hélas! cette lueur d'espérance devait bientôt s'évanouir. Dès onze heures jusqu'à son dernier soupir, à deux heures et demie, ce pauvre ami n'a pas interrompu ses prières dans son cœur, ses actes de contrition et d'amour, et ses larmes sur son crucifix, qu'il a tellement pressé sur son cœur, qu'il en a brisé les pieds. Et l'eau de la Salette! c'est la seule boisson qu'il pouvait avaler, et quand il a senti qu'elle ne descendait plus, il nous a présenté ses deux mains pour que nous lui en versions quelques gouttes dans le creux, et il s'en aspergeait avec une confiance touchante, et il baisait ensuite ses mains mouillées. Puis, il retournait à son crucifix, à sa médaille et à son scapulaire qu'il s'est attaché lui-même. Il est mort dans un dernier baiser à son Christ, que ma belle-sœur venait de lui présenter pour une dernière fois. Ce qui montre le plus, ce me semble, la grandeur de la grâce qui lui a été faite, c'est l'impression profonde de recueillement dans les personnes vertueuses, et de repentir dans les pauvres pécheurs, que la nouvelle de sa conversion a faite. On a peu vu, ou plutôt point vu, je crois, depuis des années, des funérailles qui se soient faites dans de pareils sentiments et avec de semblables manifestations. J'ai vu trois jeunes gens, francs-maçons, qui, au milieu d'un torrent de larmes, demandaient de mourir ainsi. L'un d'eux était allé vers le lit de mort de mon pauvre frère, et, prenant de l'eau bénite, il faisait le signe de la croix sur son corps, et disait en pleurant les prières de son enfance. Tout cela est dû, je n'en doute pas, à Notre-Dame de la Salette, à laquelle mon frère a cru, dès qu'il s'est vu guéri, à l'époque de mon voyage. J'irai sur la sainte Montagne, en actions de grâces, accompagnée de ma nièce. J'aurais d'autres détails à vous donner encore, je les réserve pour un autre jour, car c'est par-un sentiment de reconnaissance envers notre Mère du ciel que je vous écris aujourd'hui toutes ces choses. Veuillez, mon Révérend Père, etc.. (Annales de Notre-Dame de la Salette).

 

Prière

 

O Marie, nous voici dans un vallon sanctifié par vos pas, et embaumé de tous vos parfums! Je ne me suis jamais senti si près de vous ! Est-ce bien vrai que je touche la terre que vous avez touchée; que je suis à genoux par la pensée, sur la montagne dont vous vous êtes fait un trône ; qu'en baisant ces rochers, je puis baiser ici comme l'escabeau de vos pieds?... Quelle grâce, ô ma Mère; et comme en ces lieux je me sens proche du ciel! Montagne de la Salette, je me sens aujourd'hui élevé comme vous!... Comme vous, je vois Marie, j'entends sa voix, je sens sa présence errante encore sur ces collines! O Marie, comme à vos petits bergers, dites nous d'approcher; comme eux, enveloppez nous du manteau de votre lumière; comme à eux aussi, parlez-nous ici, en pleurant, des péchés des hommes, et de la colère de votre divin Fils!... Vos larmes provoqueront nos larmes; nous pleurerons à vos côtés, l'indifférence religieuse, l'abandon de la prière, la désertion de nos églises, et les blasphèmes de l'impie! Oui, mêlons nos larmes; n'ayons qu'une seule coupe pour recueillir tous ces pleurs; et l'offrant vous-même à votre Fils, il nous viendra de son cœur, grâce, pardon, miséricorde. Ainsi soit-il.

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6 mai 2011

Le Vénérable François Gaschon

 

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Le Vénérable François Gaschon

 

Né à « Molette » d’Auzelles (Puy-de-Dôme, France) le 30 août 1732

Baptisé à Auzelles le 31 août 1732

Ordonne prêtre pour le diocèse de Clermont le 18 décembre 1755

Missionnaire du diocèse

Aumônier de l’hôpital d’Ambert (1805) où il mourut le 28 novembre 1815

Proclamé Vénérable le 6 avril 1998 à Rome

Son corps repose dans la chapelle de l’hôpital d’Ambert

 

Prière pour obtenir la béatification du Vénérable Père François Gaschon

 

Dieu Notre Père, Vous qui élevez les humbles, nous Vous rendons grâce pour la vie du Vénérable Père François Gaschon. Au milieu des épreuves qu’il dut traverser, il fut parmi nous, en imitant Jésus, un modèle de Foi, d’Espérance et de Charité. Avec lui, croyant en Votre immense Bonté, nous Vous présentons, tel un enfant, ce qui nous tient plus particulièrement à coeur: (Ici on peut exprimer ses intentions). Daignez manifester sa sainteté en m’accordant par son intercession les bienfaits qui me sont nécessaires.

 

Notre Père...

 

Prière de faire parvenir les bienfaits obtenus par le Vénérable Père Gaschon,

avec vos nom et adresse, à la

Paroisse Saint Jean-François Régis

9 place du Pontel

F- 63600 Ambert (France)

 

Téléchargez le texte de cette prière (pdf) en cliquant ici

5 mai 2011

Mois de Notre Dame de la Salette

 

Mois de Notre Dame de la Salette

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Sixième jour

La Montagne de la Salette

 

Il est remarquable que les faits les plus importants de la religion se passent sur les montagnes: L'arche s'arrête, après le déluge, sur une montagne d'Arménie. Jéhovah dicte ses lois à Moïse, sur le mont Sinaï. Le prophète Élie doit gravir l'Horeb, pour entendre la voix du Seigneur. Dieu établit le siège de la royauté de David, sur la montagne de Sion. Quand Jésus-Christ commence sa vie apostolique, c'est du haut d'une montagne qu'il parle pour la première fois à la foule, il conduit sur le Tabor ses trois disciples les plus aimés, et c'est là qu'il se transfigure: il prélude à sa passion, en veillant et en priant sur la montagne des Oliviers; il meurt sur le Calvaire, et enfin, quand il est près de remonter dans le sein de son père, il revoit une dernière fois ses apôtres sur une montagne de la Galilée, et de là, il s'élève vers les cieux. Aussi, les montagnes sont-elles souvent mentionnées dans nos saints livres, et nous pouvons rappeler ces paroles du psalmiste: Dieu abaisse sur les montagnes des regards de complaisance ; et leurs cimes sont à lui. Marie semble partager ces complaisances mystérieuses du cœur de Dieu pour les montagnes; à peine a-t-elle conçu son divin Fils dans ses chastes entrailles, qu'elle s'élève vers les montagnes. A la mort de ce Fils, Elle est debout sur le mont Calvaire. Pendant les jours de sa vie mortelle, une pieuse tradition nous la représente parcourant amoureusement les montagnes sanctifiées par les pas de son Jésus, et après son Assomption dans le ciel, les lieux élevés ont été préférablement choisis par elle pour se montrer à la terre : les montagnes sont le théâtre ordinaire de ses apparitions; ses sanctuaires sont bâtis sur les hauteurs, et ses statues dominent nos plaines, des cimes de nos montagnes: telle est précisément la gloire de la montagne de la Salette, d'avoir été favorisée d'une de ces apparitions miraculeuses de Marie, et servi de trône à son pied virginal!... et qui dira la majesté imposante de ce sommet béni? là, tout est grand; les horizons y sont immenses, étendus comme l'espace, saisissants comme le vide; les montagnes tantôt, perdues dans les nues, tantôt couronnées de neige, s'élancent comme des géants dans les airs, et les profonds abîmes eux-mêmes, creusés tout autour, semblent s'incliner par respect, et vénérer l'empire de Marie!... Non, tout cela n'est pas sans voix pour le cœur; et si peu soit-on chrétien, ce spectacle impose, il émeut; et l'on ne saurait descendre de la montagne de la Salette comme l'on y était monté!... Ah! c'est que, si comme Moïse, il n'a pas fallu quitter sa chaussure pour entrer dans le sanctuaire qui couronne ce sommet béni, la voix de Marie s'y est fait entendre à notre cœur, comme la voix de Dieu, au sein du buisson enflammé du désert. On a laissé dans le sein de cette Mère miséricordieuse, l'aveu de fautes peut-être graves et nombreuses: et alors on redescend ces collines, l'esprit plus éclairé, le cœur plus fort, et l'âme ressuscitée à une vie nouvelle et depuis longtemps inconnue, la vie de la grâce.

 

Réflexions

 

Les montagnes ont, dans nos saints livres, un langage symbolique, dont voici les accents principaux: 1° Les montagnes dominent la terre, et les spectacles qui s'y manifestent attirent plus facilement les regards : c'est ainsi que l’Église est assimilée à une montagne, et de sa haute cime, l'exemple et la parole doivent se répandre dans l'univers entier... 2° Les montagnes sont l'emblème des divines contemplations: ici-bas, tout est vil, et toute atmosphère empoisonnée; mais à mesure que l'on monte, que l'on s'élève dans l'espace, l'air est plus pur, plus vivifiant: et voilà pourquoi les âmes contemplatives vont se bâtir une demeure sur les hauteurs des montagnes, pour se rapprocher du ciel, et se dilater plus encore à ce contact plus immédiat de leur cœur avec celui de Dieu, vrai soleil d'amour: semblable à l'aigle, qui va se renouveler, et s'animer d'un vol plus hardi, et d'une flamme plus vive, en s'élevant plus haut au firmament, dans les régions du soleil... 3° Les montagnes de la terre sont l'image de la montagne céleste ; et leurs cimes éclairées les premières par la Lueur naissante du jour, figurent la lumière divine se levant à l'horizon du ciel, et colorant de ses premiers feux, le premier jour de l'éternité... et voilà pourquoi l'âme pieuse, saisie d'effroi à l'aspect inconnu de cette lumière, pousse ce cri amoureux, dans nos saints livres: Émigre, ô mon âme, émigre vers les montagnes, comme le passereau, ou plutôt, prends des ailes comme la colombe, vole vers la montagne, et ne te repose qu'au sommet, avec Dieu et près de Dieu... Ces considérations nous doivent bien faire comprendre la gloire de la montagne de la Salette, et la faveur insigne dont la Sainte Vierge l'a honorée en daignant la visiter. Levant donc nos yeux vers cette hauteur sanctifiée, comme les prophètes vers les montagnes d'Israël, nous pouvons dire avec David: Je lèverai mes yeux vers la montagne, d'où le secours me viendra... Enfin, nous l'avons dit, c'est surtout sur les montagnes que Marie se plaît à placer son trône: ce fait, que l'histoire atteste, et que l'apparition de la Salette a rendu plus éclatant, a quelque chose d'étrange: ce n'est point pour s'élever plus haut que Marie choisit les montagnes, à l'exemple des hommes qui se dressent pour être plus grands: modeste et humble pendant la vie, elle reste humble et modeste dans la manifestation de sa gloire; mais elle se place sur les montagnes pour porter plus loin ses regards maternels, ou plutôt, pour nous attirer à elle, loin du bruit des flots, et du tumulte du monde, pour régner plus efficacement sur nos cœurs, dans le recueillement de la solitude, et la paix du silence.

 

Pratique : Visiter quelquefois une de ces montagnes vénérées que couronne un sanctuaire à la Sainte Vierge; rame se sent à ces hauteurs plus détachée de la terre, et Dieu lui parle plus intimement du ciel.

 

Guérison miraculeuse d'une jeune paralytique

 

Amanthe-Marie-Louise est âgée de quatorze ans; elle est simple, naïve, timide et d'une grande piété. Elle habite avec sa mère malade une modeste chambre dans l'asile que nous venons d'ouvrir aux pauvres de la paroisse, et dans l'impossibilité elle-même de pouvoir subvenir aux besoins de sa fille, infirme depuis quinze mois, et condamnée à l'immobilité pour le reste de sa vie. Louise avait été, à la suite d'un accident, frappée de paraplégie. La paralysie a été complète pendant dix mois. La malade ne pouvait elle-même faire le moindre trajet. On la portail dans une chaise d'un lieu à un autre. Le moindre mouvement lui causait des douleurs intolérables. Louise, au début de sa maladie, avait été visitée par deux habiles médecins; mais le traitement demeura incomplet, ne pouvant procurer à la jeune personne, à cause de la misère de la pauvre mère, une saison des eaux thermales. Ne comptant plus sur l'art des hommes, la pauvre mère tourna ses regards vers le ciel. Elle pria beaucoup et intéressa en sa faveur quelques âmes pieuses. Elle fit une neuvaine qui resta sans succès. Sa confiance était toujours ardente; elle était persuadée que la Sainte Vierge guérirait son enfant vers la fin du mois de Marie, qu'on célébrait alors, et elle commença une seconde neuvaine à Notre-Dame de la Salette. Pendant ces pieux exercices, elle tomba si malade, qu'on crut devoir lui administrer les derniers sacrements; on continuait néanmoins de prier avec la plus vive confiance. Le troisième jour de la neuvaine, la mère était sur son lit de douleur, et la jeune fille auprès de sa petite fenêtre. Tout à coup, Louise tremblante, s'écrie: « Maman, quelqu'un me lève! » « Tais-toi, étourdie! répond la mère, ne te remue pas, tu pourrais tomber ». Cet événement n'eut pas d'autre suite. Mais à la fin de la neuvaine, le 21 mai, à sept heures du matin, Louise venait d'être retirée de son lit par une voisine charitable et remise à sa place ordinaire, quand tout à coup elle pousse un cri d'effroi: « Maman, maman, on me lève, quelqu'un me tient à la taille; mais voyez donc! on me porte; maman, mon Dieu! mon Dieu! » La mère presque agonisante, lui dit alors: « Ma fille, c'est la Sainte Vierge qui veut te guérir; lève toi, et viens ici ». Louise était déjà debout, pâle comme la mort, tremblante de frayeur, n'osant ni marcher ni s'asseoir: elle est toujours soutenue par une puissance occulte, par une main invisible. Enfin elle se précipite vers le lit de sa mère, d'où on venait de l'enlever quelques instants auparavant percluse. La pauvre enfant mêle les larmes de sa joie aux larmes de sa mère. Quel admirable cantique d'amour et de reconnaissance dut monter vers le trône de la Reine du ciel pendant ce long embrassement! Les cris d'admiration que poussent ces deux heureuses créatures ont bientôt attiré tous les pauvres de l'asile et les habitants du voisinage. Un cri spontané s'élève de la foule impressionnée et émue jusqu'aux larmes: « C'est un miracle, s'écrie-t-on de toutes parts; allons à l'église remercier Notre Dame de la Salette ». La nouvelle de l'événement se répand avec la rapidité de l'éclair jusqu'aux extrémités de la ville, et la foule devient si .nombreuse et si avide de voir la pieuse miraculée, que l'autorité crut devoir prendre des mesures pour assurer l'ordre et la circulation autour de l'asile des pauvres. Le lendemain, Louise se rendait à l'église pour faire la sainte communion à une messe d'actions de grâces, accompagnée, chose étonnante, par sa mère, revenue des portes du tombeau. Louise marche seule, sans appui, avec un air d'admirable candeur; autour d'elle ce sont les mêmes cris d'admiration et d'enthousiasme que la veille. Puisse ce fait éclatant, raconté dans toute sa simplicité, et dont nous venons d'être les heureux témoins, procurer la gloire de Dieu et de sa sainte Mère. (Rapport de monsieur le curé du Centre, Saint Pierre, Martinique France).

 

Prière

 

O montagne de la Salette, 2 000 mètres mesurent la hauteur de ta cime au-dessus de la terre; ce n'est là qu'une hauteur médiocre; ton élévation véritable est celle qu'a donnée à ton sommet, en le touchant, le pied virginal de Marie! oui, depuis ce jour, tu es le plus grand, le plus majestueux des monts qui t'avoisinent; tu brilles, parmi nos montagnes de France, d'un éclat égal à celui du Liban, au milieu des monts d'Israël... ta cime élevée, tous les peuples l'aperçoivent, et voilà pourquoi ils viennent à ton sanctuaire, des régions les plus lointaines; et nous aussi, nous venons invoquer la Vierge à qui tes roches ont servi de marchepied ; ô Marie, ô Mère, soyez-nous propice, ouvrez le cœur de votre Fils sur notre pauvre cœur, du haut de cette montagne bénie, où tout est agréable à Dieu: alors la solitude tressaillira ; elle sera ravie de joie, et fera entendre tes glorifications... Ainsi soit-il.

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4 mai 2011

Mois de Notre Dame de la Salette

Mois de Notre Dame de la Salette

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Cinquième jour

Marie Médiatrice à la Salette

 

Nous avons pour médiateur auprès de l'infinie majesté de Dieu, Jésus-Christ, sans lequel nous ne pourrions approcher le trône de l’Éternel ; il est le seul dont on puisse absolument ainsi parler, selon ces paroles de saint Paul: Le médiateur unique est Jésus-Christ fait homme. Mais nous avons besoin aussi d'un intermédiaire auprès de Jésus-Christ., pour obtenir plus sûrement sa médiation indispensable; si, comme homme, il se rapproche de nous, comme Dieu, il demeure à une distance infinie, et s'il est notre Sauveur, il est aussi notre juge; or, il a plu au cœur de Jésus-Christ de rapprocher ces distances; et pour nous donner auprès de lui un accès plus facile, il nous a donné pour médiatrice sa divine Mère; et parmi les plus beaux titres que l’Église aime à donner à la Sainte Vierge, il faut certainement compter celui de médiatrice entre Dieu et les hommes, et ce privilège insigne n'est pas une faveur simplement gratuite, il était en quelque sorte acquis à Marie, par le consentement libre par Elle donné au mystère de l'Incarnation, par son acquiescement volontaire à la mort de son Fils: et nous savons avec quelle générosité magnanime Elle exerce toujours ces fonctions augustes, passant comme ce même Fils, les longues heures de son éternité, à intercéder pour ses, enfants. Or, la Sainte Vierge ne mérite jamais mieux d'être saluée sous ce nom et honorée dans cette prérogative, que dans son apparition aux enfants de la Salette; voici, en effet, sa médiation auguste au sommet d'une montagne: semblable à ces ambassadeurs que les princes envoient à leurs tributaires pour décider les grandes questions de paix ou de guerre, Marie vient de la part de Dieu et descend sur nos terrestres confins: Elle est Mère de Dieu et des hommes. Mère de Dieu, elle parle de son Fils méprisé, de ses lois méconnues, de son saint Nom profané, elle plaide les intérêts de Dieu. Mère des hommes, elle donne à ses enfants des avertissements salutaires, elle s'efforce de les toucher par ses reproches, de les attirer par ses promesses, de les attendrir par ses larmes, et de les mener tous à conversion; elle plaide les intérêts des hommes. Et c'est ainsi, qu'à la montagne de la Salette, se montre à nous, de nos jours renouvelé, l'auguste spectacle d'une seconde médiation céleste, et que sur ce sommet béni, comme au Calvaire, se baisent et s'embrassent une seconde fois sur le cœur maternel de Marie, la justice et la miséricorde, justitia et pax osculatae sunt... et il semble vraiment que cette médiation auguste, tout la veuille grandir; elle trouve un emblème jusque dans ce plateau qu'elle choisit, pour se montrer aux hommes; ce plateau est céleste, tant il est élevé au-dessus des terres habitées, et pourtant il est terrestre, considéré du ciel, aussi terrestre que nos plus basses plaines et nos plus humbles montagnes.

 

Réflexions

 

Le but de toute médiation, c'est la paix, c'est une réconciliation. L'objet de l'apparition de la Sainte Vierge, c'est la paix, la réconciliation de nos âmes, c'est-à-dire notre conversion, notre retour à Dieu; pour répondre à ce dessein miséricordieux de notre Mère, et nous faire apprécier ce que nos âmes ont coûté au ciel de sang et de larmes, contemplons les deux grandes victimes de la médiation des hommes: Jésus, médiateur au Calvaire, Marie, médiatrice à la Salette. 1° Considérons, dans le médiateur suprême, qu'il a été nécessaire, pour effacer nos péchés, pour apaiser un Dieu irrité par la violation de ses lois, que le Verbe éternel soit descendu sur la terre, se soit revêtu des pauvres haillons de notre humanité; qu'il ait jeûné, pleuré, passé trente-trois ans en de continuels travaux, et qu'il ait souffert la mort la plus ignominieuse, la plus douloureuse qui fût jamais. Il a fallu, pour réparer nos péchés, que la Majesté souveraine fût méprisée; que la Sainteté infinie fût mise au nombre des pécheurs; que la Sagesse éternelle fût tenue pour folie; que le vrai Dieu, en un mot, fût réduit à cette extrémité humiliante, de mourir sur la croix de la mort des esclaves!... Que ceux donc qui vivent, dit saint Paul, ne vivent plus à eux-mêmes, mais à celui qui est mort pour eux, rapportant à sa gloire toutes nos œuvres, toutes nos pensées, toutes nos affections. 2° L'apparition à la Salette, c'est le spectacle douloureux de la médiation du Calvaire renouvelée en la personne de Marie. Il y a ici, comme au Calvaire, une victime innocente, placée entre le ciel et la terre, la justice et la miséricorde; à la place du sang d'un Dieu, il y a les larmes de sa Mère. Selon la pensée d'un des bergers de la Salette, si au temps de Jonas Marie eût existé, c'est elle-même que Dieu eût envoyée aux Ninivites; ce qu'elle n'a pu faire alors, elle le fait de nos jours, dans son apparition, se montrant au sommet d'une montagne, médiatrice universelle entre Dieu et les hommes; ici, c'est d'une part Jésus-Christ remettant à sa Mère ses droits de juge sur les pécheurs; de l'autre, ce sont les pécheurs se remettant, eux aussi, dans les mains de Marie; et au milieu de Dieu et des pécheurs, c'est Marie elle-même, procurant par ses larmes satisfaction à la justice divine, et au pécheur, repentir et conversion; et c'est ainsi que la paix nouvelle se conclut sur la montagne de la Salette. La voilà donc, la médiatrice de nos temps malheureux, intercédant pour nous, pauvres pécheurs, tristes exilés dans cette vallée de larmes. Avec quelle confiance ne devons-nous pas élever notre voix vers sa montagne, et faire monter nos soupirs jusques aux pieds de son trône; conjurons bien cette tendre Mère de ne pas détourner de nous ses regards de miséricorde, et, comme le médiateur suprême, toujours vivant pour intercéder, qu'elle ne cesse de prier pour nous, jusqu'au jour où elle nous montrera au ciel, Jésus son divin Fils et notre Sauveur.

 

Pratique : 1° Dans nos peines, nos tristesses, nos découragements, nous souvenir que Marie est notre médiatrice, et recourir à Elle, avec une grande confiance. 2° Réciter bien pieusement le Souvenez-vous, pour nous reposer, corps et âme, dans les bras de sa miséricorde.


 

Guérison de Mademoiselle Anaïs Leroy, de Montmirail

 

Melle Anaïs Leroy, âgée de 24 ans, était native de Montmirail,près Châlons (Marne, France). Depuis trois ans, une maladie très grave retenait cette jeune personne sur son lit, la réduisant à un état de faiblesse extrême et la soumettant à des crises très-douloureuses. Plusieurs fois, elle s'est trouvée dans un état d'agonie qui faisait craindre une mort prochaine. Les derniers sacrements lui ont été administrés à deux fois différentes. Pendant les trois mois de l'hiver 1864, elle ne put conserver la moindre nourriture; de fréquents vomissements lui faisaient rejeter les boissons les plus légères, et, à la suite de cette épreuve terrible, elle dut se résigner à conserver toujours la même position dans son lit; le moindre changement provoquait des syncopes ou de très vives douleurs. Elle fut visitée par plusieurs médecins, qui lui donnèrent, avec beaucoup de dévouement, tous les soins que réclamait sa situation; tous avaient reconnu chez la jeune fille une maladie de poitrine, mortelle au premier chef, et ils furent unanimes à déclarer que toute guérison était humainement impossible. Cependant la jeune personne, animée des sentiments d'une vraie piété, et pleine de confiance dans celle que Dieu nous permet d'appeler le Salut des infirmes, eut occasion d'entendre parler de Notre-Dame de la Salette, par une bonne chrétienne revenue depuis peu de la sainte Montagne. Elle résolut alors de faire une neuvaine pour obtenir sa guérison par l'intercession de Notre-Dame de la Salette. Plusieurs personnes pieuses voulurent y prendre part; on commença les prières le dimanche, 13 octobre, fête de la Pureté de Marie. La malade put se procurer de l'eau de la Salette, et elle en but tous les jours sans être incommodée. Cependant son état devint sensiblement plus grave; les souffrances étaient plus vives, et le médecin crut devoir multiplier ses visites et employer des remèdes énergiques. Le samedi, elle reçut le saint Viatique; la nuit suivante, contre toute espérance, fut bien meilleure que toutes les précédentes, et le dimanche matin, jour du Patronage de Marie, pendant que sa sœur était à la messe, la malade ressentit un bien-être qu'elle ne connaissait plus depuis longtemps; il lui vint à la pensée qu'elle était guérie, et, sur-le-champ, elle veut en faire l'expérience: elle s'assied sur son lit sans éprouver la moindre indisposition; quelques instants après elle se lève, et ses jambes qui, depuis longtemps, ne pouvaient soutenir le poids du corps, s'affermissent et lui permettent de rester dans cette position sans en être incommodée ! Plus de doute, elle est guérie; elle sent que Dieu vient de la visiter sur la demande de sa sainte Mère; elle tombe à genoux, pleurant de joie et de reconnaissance. Les premières émotions un peu calmées, la malade voulut s'habiller elle-même. Quelques heures après, soutenue par sa sœur, la jeune personne se rendit à l'église pour y remercier le Seigneur et sa sainte Mère, et s'en retourna sans éprouver ni gêne ni faiblesse. Le lendemain, dernier jour de la neuvaine, elle assista à la messe d'actions de grâces et y fit la communion. Depuis ce temps, elle a repris ses travaux de lingerie, pleine d'ardeur et de reconnaissance envers Notre-Dame de la Salette. Ces détails qui se rattachent à cette guérison sont revêtus de toute authenticité et ont été donnés tels qu'ils viennent d'être racontés par monsieur le curé de la paroisse de Montmirail, qui en a été le témoin oculaire. C'est un témoignage de plus en faveur de la puissante intercession de Marie, et une nouvelle preuve de son désir d'être invoquée sous le titre de Notre-Dame de la Salette. (Annales de Notre-Dame de la Salette).

 

Prière

 

O notre grande médiatrice, ô Mère de la divine grâce, nous pouvons bien aujourd'hui vous saluer de ces titres; vous avez été pour nous la messagère de la paix sur la sainte Montagne, et vos douces paroles plus encore que vos menaces, demeureront à jamais gravées dans nos cœurs reconnaissants et convertis; mais il vous faut continuer votre mission auprès de nous, ô tendre Mère: parlez toujours à nos âmes, les rendant plus dociles à vos enseignements; gravez de plus en plus dans notre mémoire les vérités que vous êtes venue nous rappeler; avec votre puissant secours, nos cœurs braveront tous les ennemis conjurés pour les perdre, et votre bonté maternelle, après nous avoir ramenés à Dieu par de salutaires avertissements sur la montagne, nous ouvrira les portes du paradis, à l'heure de la mort. Ainsi soit-il.

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3 mai 2011

Bienheureux Jean Paul II

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Bienheureux Jean Paul II

« N'ayez pas peur ! Ouvrez grand les portes au Christ ! »

1920-2005

Fête le 22 octobre

 

Karol Józef Wojtyła, devenu Jean-Paul II à son élection au Siège apostolique d'octobre 1978, est né le 18 mai 1920 à Wadowice, petite ville située à 50 km de Cracovie. Il est le plus jeune des trois enfants de Karol Wojtyła et d'Emilie Kaczorowska. Sa mère mourut en 1929. Son frère aîné Edmund, qui fut médecin, est décédé en 1932, leur père, ancien Sous-officier, en 1941. Leur sœur Olga était décédée avant sa naissance. Il fut baptisé le 20 juin 1920, dans l'Eglise paroissiale de Wadowice, par le prêtre François Zak, fit sa Première Communion à 9 ans et reçut la Confirmation à 18 ans. Conclues ses études secondaires près l'Ecole Marcin Wadowita de Wadowice, il s'inscrit en 1938 à l'Université Jagellon de Cracovie et à un cours de théâtre. L'Université ayant été fermée en 1939 par l'occupant nazi, le jeune Karol dût travailler sur un chantier de l'usine chimique Solvay afin de gagner sa vie et d'échapper à la déportation en Allemagne.

 

A compter de 1942, ressentant sa vocation au sacerdoce, il suivit les cours de formation du Séminaire clandestin de Cracovie. Il fut à la même époque l'un des promoteurs du Théâtre Rapsodique, lui aussi clandestin. Après la Seconde Guerre Mondiale, il poursuivit ses études près le Grand Séminaire de Cracovie à peine réouvert, mais également à la Faculté de théologie de l'Université Jagellon, jusqu'à son ordination sacerdotale survenue à Cracovie le 1er novembre 1946 des mains du Cardinal Adam Stefan Sapieha. Il fut ensuite envoyé à Rome par le Cardinal Sapieha et poursuivit ses études doctorales sous la direction du Dominicain français, le P.Garrigou-Lagrange. Il soutint en 1948 sa thèse en théologie consacrée à la Foi dans l'oeuvre de saint Jean-de-la-Croix (Doctrina de fide apud Sanctum Ioannem a Cruce). Durant ce séjour romain, il occupa son temps libre pour exercer son ministère pastoral auprès des émigrés polonais de France, de Belgique et des Pays-Bas. Il rentra en 1948 en Pologne pour être vicaire en diverses paroisses de Cracovie et Aumônier des étudiants jusqu'en 1951 lorsqu'il reprit ses études philosophiques et théologiques. En 1953, il soutint près l'Université catholique de Lublin une thèse intitulée "Mise en valeur de la possibilité de fonder une éthique catholique sur la base du système éthique de Max Scheler". Il accéda ensuite à l'enseignement professoral de la théologie morale et d'éthique sociale au Grand Séminaire de Cracovie et à la Faculté de théologie de Lublin.

 

Le 4 juillet 1958, Pie XII le nomma Evêque titulaire de Ombi et auxiliaire de Cracovie et, le 28 septembre suivant, il reçut la consécration épiscopale des mains de l'Archevêque Eugeniusz Baziak, en la cathédrale du Wawel (Cracovie). Le 13 janvier 1964, il fut nommé Archevêque de Cracovie par Paul VI qui, le 26 juin 1967, l'éleva au cardinalat, du titre de S.Cesareo in Palatio, une diaconie élevée au rang presbytéral pro illa vice.Après avoir participé au Concile Vatican II (1962-1965), où il offrit notamment une importante contribution à l'élaboration de la constitution Gaudium et spes, le Cardinal Wojtyła prit part à toutes les assemblées du Synode des Evêques.

 

Au cours du second Conclave de 1978, il fut élu Pape par les Cardinaux le 16 octobre et prit le nom de Jean-Paul II. Le 22 octobre, Jour du Seigneur, il entamait solennellement son ministère pétrinien de 263º successeur de l'Apôtre Pierre. Son pontificat de près de 27 années allait être l'un des plus longs de l'histoire de l'Eglise. Jean-Paul II a exercé le ministère pétrinien avec un inlassable esprit missionnaire, prodiguant toutes ses énergies poussé par la sollicitude pastorale envers toutes les Eglises et par la charité ouverte à l'humanité tout entière. En 26 années de pontificat, le Pape Jean-Paul II a accompli 104 voyages apostoliques hors d'Italie et 146 visites dans ce pays. Comme Evêque de Rome, il a visité 317 des 333 paroisses de son diocèse. Plus qu'aucun de ses prédécesseurs, il a rencontré le Peuple de Dieu et les Responsables des nations: aux 1166 audiences générales du mercredi ont participé plus de 17.600.000 pèlerins, sans compter toutes les autres audiences spéciales et les cérémonies religieuses [plus de 8 millions de pèlerins seulement au cours du Grand Jubilé de l'An 2000]; outre les millions de fidèles qu'il a rencontrés au cours de ses visites pastorales en Italie et dans le monde. Nombreuses sont les personnalités gouvernementales reçues en audience: il suffit de rappeler les 38 visites officielles et les 738 audiences ou rencontres de chefs d'Etat, ainsi que les 246 audiences et rencontres de premiers ministres.

 

Son amour pour les jeunes l'a poussé à lancer en 1985 les Journées mondiales de la Jeunesse, et les 19 JMJ de son pontificat ont rassemblé des millions de jeunes dans diverses parties du monde. D'autre part, son attention à la famille s'est exprimée par la tenue de Rencontres mondiales des Familles entreprises à son initiative en 1994. Il a promu avec succès le dialogue avec les juifs et avec les représentants des autres religions, les invitant parfois à des rencontres de prière pour la paix, en particulier à Assise. Sous sa direction l'Eglise s'est approchée du troisième millénaire et a célébré le grand Jubilé de l'An 2000, selon les orientations indiquées dans la Lettre apostolique Tertio Millennio adveniente. Celle-ci s'est ensuite ouverte à la nouvelle époque, en recevant ses indications dans la Lettre apostolique Novo Millennio ineunte, dans laquelle il montrait aux fidèles le chemin de l'avenir. Avec l'Année de la Rédemption, l'Année mariale et l'Année de l'Eucharistie il a promu le renouveau spirituel de l'Eglise.

 

Il a donné une impulsion extraordinaire aux canonisations et aux béatifications, pour montrer d'innombrables exemples de la sainteté d'aujourd'hui, qui soient un encouragement pour les hommes de notre temps. Jean-Paul II a procédé à 147 cérémonies de béatification (1338 Bienheureux) et à 51 de canonisation (482 Saints). Il a proclamé Docteur de l'Eglise sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus.

 

Il a considérablement élargi le Collège des Cardinaux, en a créant 231 en 9 Consistoires, plus 1 in pectore, dont le nom n'a jamais été révélé. Il a également présidé 6 réunions plénières du Sacré Collège.Jean-Paul II a présidé 15 Synodes des Evêques: 6 Assemblées ordinaires (1980, 1983, 1987, 1990, 1994 et 2001), 1 générale extraordinaire (1985), 8 spéciales (1980, 1991, 1994, 1995, 1997, 1998 [2] et 1999). Au nombre de ses documents majeurs, on compte 14 encycliques, 15 exhortations apostoliques, 11 constitutions apostoliques et 45 lettres apostoliques. Il a promulgué le Catéchisme de l'Eglise catholique, à la lumière de la Tradition, interprétée avec autorité par le Concile Vatican II. Il a également réformé le Codes de droit canonique latin et oriental, a créé de nouvelles institutions et réorganisé la Curie romaine. A titre privé, en tant que Docteur, a également publié cinq livres: "Entrer dans l'espérance" (octobre 1994); "Don et Mystère: en ce 50 anniversaire de mon ordination sacerdotale" (novembre 1996); "Triptyque romain"- Méditations poétiques (mars 2003); "Levez-vous et allons!" (mai 2004) et "Mémoire et Identité" (février 2005).

 

Jean-Paul II est décédé au Vatican le 2 avril 2005 à 21 h 37', tandis qu'on entrait déjà dans le Jour du Seigneur, Octave de Pâques et Dimanche de la Divine Miséricorde. Les funérailles de Jean-Paul II se sont déroulées le 8 avril 2005, alors que depuis son décès plus de trois millions de fidèles étaient venus à Rome saluer sa dépouille, attendant jusqu'à 24 heures avant d'entrer dans la Basilique St. Pierre. Le 28 avril, le nouveau Pape Benoît XVI a accordé la dispense des 5 années après la mort pour l'ouverture de la Cause en béatification-canonisation de Jean-Paul II. La procédure canonique a été ouverte le 28 juin suivant par le Cardinal Camillo Ruini, Vicaire général pour le diocèse de Rome. Jean Paul II a été béatifié le Dimanche 1er mai 2011, par son successeur, le Pape Benoît XVI, jour de la Fête de la Miséricorde Divine.

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Homélie prononcée par le Pape Benoît XVI lors de la Messe de Béatification du Serviteur de Dieu Jean Paul II, place Saint Pierre, à Rome, le 1er mai 2011

 

Chers frères et sœurs!

 

Il y a six ans désormais, nous nous trouvions sur cette place pour célébrer les funérailles du Pape Jean-Paul II. La douleur causée par sa mort était profonde, mais supérieur était le sentiment qu’une immense grâce enveloppait Rome et le monde entier: la grâce qui était en quelque sorte le fruit de toute la vie de mon aimé Prédécesseur et, en particulier, de son témoignage dans la souffrance. Ce jour-là, nous sentions déjà flotter le parfum de sa sainteté, et le Peuple de Dieu a manifesté de nombreuses manières sa vénération pour lui. C’est pourquoi j’ai voulu, tout en respectant la réglementation en vigueur de l’Église, que sa cause de béatification puisse avancer avec une certaine célérité. Et voici que le jour tant attendu est arrivé! Il est vite arrivé, car il en a plu ainsi au Seigneur: Jean-Paul II est bienheureux! Je désire adresser mes cordiales salutations à vous tous qui, pour cette heureuse circonstance, êtes venus si nombreux à Rome de toutes les régions du monde, Messieurs les Cardinaux, Patriarches des Églises Orientales Catholiques, Confrères dans l’Épiscopat et dans le sacerdoce, Délégations officielles, Ambassadeurs et Autorités, personnes consacrées et fidèles laïcs, ainsi qu’à tous ceux qui nous sont unis à travers la radio et la télévision.

 

Ce dimanche est le deuxième dimanche de Pâques, que le bienheureux Jean-Paul II a dédié à la Divine Miséricorde. C’est pourquoi ce jour a été choisi pour la célébration d’aujourd’hui, car, par un dessein providentiel, mon prédécesseur a rendu l’esprit justement la veille au soir de cette fête. Aujourd’hui, de plus, c’est le premier jour du mois de mai, le mois de Marie, et c’est aussi la mémoire de saint Joseph travailleur. Ces éléments contribuent à enrichir notre prière et ils nous aident, nous qui sommes encore pèlerins dans le temps et dans l’espace, tandis qu’au Ciel, la fête parmi les Anges et les Saints est bien différente! Toutefois unique est Dieu, et unique est le Christ Seigneur qui, comme un pont, relie la terre et le Ciel, et nous, en ce moment, nous nous sentons plus que jamais proches, presque participants de la Liturgie céleste.

 

«Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru.» (Jn 20,29). Dans l’Évangile d’aujourd’hui, Jésus prononce cette béatitude : la béatitude de la foi. Elle nous frappe de façon particulière parce que nous sommes justement réunis pour célébrer une béatification, et plus encore parce qu’aujourd’hui a été proclamé bienheureux un Pape, un Successeur de Pierre, appelé à confirmer ses frères dans la foi. Jean-Paul II est bienheureux pour sa foi, forte et généreuse, apostolique. Et, tout de suite, nous vient à l’esprit cette autre béatitude : «Tu es heureux, Simon fils de Jonas, car cette révélation t’est venue, non de la chair et du sang, mais de mon Père qui est dans les cieux» (Mt 16, 17). Qu’a donc révélé le Père céleste à Simon? Que Jésus est le Christ, le Fils du Dieu vivant. Grâce à cette foi, Simon devient «Pierre», le rocher sur lequel Jésus peut bâtir son Église. La béatitude éternelle de Jean-Paul II, qu’aujourd’hui l’Église a la joie de proclamer, réside entièrement dans ces paroles du Christ: «Tu es heureux, Simon» et «Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru.». La béatitude de la foi, que Jean-Paul II aussi a reçue en don de Dieu le Père, pour l’édification de l’Église du Christ.

Cependant notre pensée va à une autre béatitude qui, dans l’Évangile, précède toutes les autres. C’est celle de la Vierge Marie, la Mère du Rédempteur. C’est à elle, qui vient à peine de concevoir Jésus dans son sein, que Sainte Élisabeth dit: «Bienheureuse celle qui a cru en l’accomplissement de ce qui lui a été dit de la part du Seigneur!» (Lc 1, 45). La béatitude de la foi a son modèle en Marie et nous sommes tous heureux que la béatification de Jean-Paul II advienne le premier jour du mois marial, sous le regard maternel de Celle qui, par sa foi, soutient la foi des Apôtres et soutient sans cesse la foi de leurs successeurs, spécialement de ceux qui sont appelés à siéger sur la chaire de Pierre. Marie n’apparaît pas dans les récits de la résurrection du Christ, mais sa présence est comme cachée partout: elle est la Mère, à qui Jésus a confié chacun des disciples et la communauté tout entière. En particulier, nous notons que la présence effective et maternelle de Marie est signalée par saint Jean et par saint Luc dans des contextes qui précèdent ceux de l’Évangile d’aujourd’hui et de la première Lecture: dans le récit de la mort de Jésus, où Marie apparaît au pied de la croix (Jn 19, 25); et au début des Actes des Apôtres, qui la montrent au milieu des disciples réunis en prière au Cénacle (Ac 1, 14).

 

La deuxième Lecture d’aujourd’hui nous parle aussi de la foi, et c’est justement saint Pierre qui écrit, plein d’enthousiasme spirituel, indiquant aux nouveaux baptisés les raisons de leur espérance et de leur joie. J’aime observer que dans ce passage, au début de sa Première Lettre, Pierre n’emploie pas le mode exhortatif, mais indicatif pour s’exprimer; il écrit en effet: «Vous en tressaillez de joie», et il ajoute: «Sans l’avoir vu vous l’aimez; sans le voir encore, mais en croyant, vous tressaillez d’une joie indicible et pleine de gloire, sûrs d’obtenir l’objet de votre foi: le salut des âmes.» (1 P 1, 6. 8-9). Tout est à l’indicatif, parce qu’existe une nouvelle réalité, engendrée par la résurrection du Christ, une réalité accessible à la foi. «C’est là l’œuvre du Seigneur – dit le Psaume (118, 23) – ce fut une merveille à nos yeux», les yeux de la foi.

 

Chers frères et sœurs, aujourd’hui, resplendit à nos yeux, dans la pleine lumière spirituelle du Christ Ressuscité, la figure aimée et vénérée de Jean-Paul II. Aujourd’hui, son nom s’ajoute à la foule des saints et bienheureux qu’il a proclamés durant les presque 27 ans de son pontificat, rappelant avec force la vocation universelle à la dimension élevée de la vie chrétienne, à la sainteté, comme l’affirme la Constitution conciliaire Lumen gentium sur l’Église. Tous les membres du Peuple de Dieu – évêques, prêtres, diacres, fidèles laïcs, religieux, religieuses –, nous sommes en marche vers la patrie céleste, où nous a précédé la Vierge Marie, associée de manière particulière et parfaite au mystère du Christ et de l’Église. Karol Wojtyła, d’abord comme Évêque Auxiliaire puis comme Archevêque de Cracovie, a participé au Concile Vatican II et il savait bien que consacrer à Marie le dernier chapitre du Document sur l’Église signifiait placer la Mère du Rédempteur comme image et modèle de sainteté pour chaque chrétien et pour l’Église entière. Cette vision théologique est celle que le bienheureux Jean-Paul II a découverte quand il était jeune et qu’il a ensuite conservée et approfondie toute sa vie. C’est une vision qui est synthétisée dans l’icône biblique du Christ sur la croix ayant auprès de lui Marie, sa mère. Icône qui se trouve dans l’Évangile de Jean (19, 25-27) et qui est résumée dans les armoiries épiscopales puis papales de Karol Wojtyła: une croix d’or, un «M» en bas à droite, et la devise «Totus tuus», qui correspond à la célèbre expression de saint Louis Marie Grignion de Montfort, en laquelle Karol Wojtyła a trouvé un principe fondamental pour sa vie: «Totus tuus ego sum et omnia mea tua sunt. Accipio Te in mea omnia. Praebe mihi cor tuum, Maria – Je suis tout à toi et tout ce que j’ai est à toi. Sois mon guide en tout. Donnes-moi ton cœur, O Marie» (Traité de la vraie dévotion à Marie, nn. 233 et 266).

 

Dans son Testament, le nouveau bienheureux écrivait: «Lorsque, le jour du 16 octobre 1978, le conclave des Cardinaux choisit Jean-Paul II, le Primat de la Pologne, le Card. Stefan Wyszyński, me dit: "Le devoir du nouveau Pape sera d’introduire l’Église dans le Troisième Millénaire". Et il ajoutait: «Je désire encore une fois exprimer ma gratitude à l’Esprit Saint pour le grand don du Concile Vatican II, envers lequel je me sens débiteur avec l’Église tout entière – et surtout avec l’épiscopat tout entier –. Je suis convaincu qu’il sera encore donné aux nouvelles générations de puiser pendant longtemps aux richesses que ce Concile du XXème siècle nous a offertes. En tant qu’évêque qui a participé à l’événement conciliaire du premier au dernier jour, je désire confier ce grand patrimoine à tous ceux qui sont et qui seront appelés à le réaliser à l’avenir. Pour ma part, je rends grâce au Pasteur éternel qui m’a permis de servir cette très grande cause au cours de toutes les années de mon pontificat». Et quelle est cette «cause»? Celle-là même que Jean-Paul II a formulée au cours de sa première Messe solennelle sur la place Saint-Pierre, par ces paroles mémorables: «N’ayez pas peur! Ouvrez, ouvrez toutes grandes les portes au Christ!». Ce que le Pape nouvellement élu demandait à tous, il l’a fait lui-même le premier: il a ouvert au Christ la société, la culture, les systèmes politiques et économiques, en inversant avec une force de géant – force qui lui venait de Dieu – une tendance qui pouvait sembler irréversible. Par son témoignage de foi, d’amour et de courage apostolique, accompagné d’une grande charge humaine, ce fils exemplaire de la nation polonaise a aidé les chrétiens du monde entier à ne pas avoir peur de se dire chrétiens, d’appartenir à l’Église, de parler de l’Évangile. En un mot: il nous a aidés à ne pas avoir peur de la vérité, car la vérité est garantie de liberté. De façon plus synthétique encore: il nous a redonné la force de croire au Christ, car le Christ est Redemptor hominis, le Rédempteur de l’homme: thème de sa première Encyclique et fil conducteur de toutes les autres.

 

Karol Wojtyła est monté sur le siège de Pierre, apportant avec lui sa profonde réflexion sur la confrontation, centrée sur l’homme, entre le marxisme et le christianisme. Son message a été celui-ci: l’homme est le chemin de l’Église, et Christ est le chemin de l’homme. Par ce message, qui est le grand héritage du Concile Vatican II et de son «timonier», le Serviteur de Dieu le Pape Paul VI, Jean-Paul II a conduit le Peuple de Dieu pour qu’il franchisse le seuil du Troisième Millénaire, qu’il a pu appeler, précisément grâce au Christ, le «seuil de l’espérance». Oui, à travers le long chemin de préparation au Grand Jubilé, il a donné au Christianisme une orientation renouvelée vers l’avenir, l’avenir de Dieu, transcendant quant à l’histoire, mais qui, quoi qu’il en soit, a une influence sur l’histoire. Cette charge d’espérance qui avait été cédée en quelque sorte au marxisme et à l’idéologie du progrès, il l’a légitimement revendiquée pour le Christianisme, en lui restituant la physionomie authentique de l’espérance, à vivre dans l’histoire avec un esprit d’«avent», dans une existence personnelle et communautaire orientée vers le Christ, plénitude de l’homme et accomplissement de ses attentes de justice et de paix.

 

Je voudrais enfin rendre grâce à Dieu pour l’expérience personnelle qu’il m’a accordée, en collaborant pendant une longue période avec le bienheureux Pape Jean-Paul II. Auparavant, j’avais déjà eu la possibilité de le connaître et de l’estimer, mais à partir de 1982, quand il m’a appelé à Rome comme Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, j’ai pu lui être proche et vénérer toujours plus sa personne pendant 23 ans. Mon service a été soutenu par sa profondeur spirituelle, par la richesse de ses intuitions. L’exemple de sa prière m’a toujours frappé et édifié: il s’immergeait dans la rencontre avec Dieu, même au milieu des multiples obligations de son ministère. Et puis son témoignage dans la souffrance: le Seigneur l’a dépouillé petit à petit de tout, mais il est resté toujours un «rocher», comme le Christ l’a voulu. Sa profonde humilité, enracinée dans son union intime au Christ, lui a permis de continuer à guider l’Église et à donner au monde un message encore plus éloquent précisément au moment où les forces physiques lui venaient à manquer. Il a réalisé ainsi, de manière extraordinaire, la vocation de tout prêtre et évêque: ne plus faire qu’un avec ce Jésus, qu’il reçoit et offre chaque jour dans l’Église.

 

Bienheureux es-tu, bien aimé Pape Jean-Paul II, parce que tu as cru ! Continue – nous t’en prions – de soutenir du Ciel la foi du Peuple de Dieu. Tant de fois il nous a béni sur cette place du Palais Apostolique. Aujourd‘hui, nous te prions : Saint Père  bénis nous. Amen.

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Office des Lectures pour la Fête du Bienheureux Jean Paul II

 

Charles Joseph Wojtyła naquit en 1920, à Wadowice (Pologne). Après son ordination sacerdotale, il compléta ses études de théologie à Rome. Puis, il revint dans sa patrie, où il exerça diverses charges pastorales et universitaires. Nommé évêque auxiliaire de Cracovie, puis archevêque de ce même diocèse en 1964, il participa au concile œcuménique Vatican II. Elu pape le 16 octobre 1978 sous le nom de Jean-Paul II, il fit preuve d’une sollicitude apostolique extraordinaire, en particulier à l’égard des familles, des jeunes et des malades, qui le conduisit à accomplir d’innombrables visites pastorales dans le monde entier. Parmi les très nombreux fruits laissés à l’Eglise par Jean-Paul II, les plus significatifs sont les suivants : son Magistère d’une richesse incomparable, la promulgation du Catéchisme de l’Eglise catholique et des Codes de Droit canonique pour l’Eglise latine et les Eglises orientales. Il mourut pieusement à Rome, le 2 avril 2005, à la veille du II dimanche de Pâques ou de la divine miséricorde.

 

Commun des pasteurs (papes)

 

Office des lectures

 

Deuxième lecture

 

De l’homélie du bienheureux Jean-Paul II, pape, au début de son pontificat

(22 octobre 1978 : AAS 70 [1978], 945-947)

 

N’ayez pas peur ! Ouvrez les portes au Christ

 

Pierre est venu à Rome ! Qu’est-ce qui l’a guidé et conduit vers cette ville, le cœur de l’Empire, sinon l’obéissance à l’inspiration reçue du Seigneur ? Peut-être ce pêcheur de Galilée n’a-t-il pas voulu venir jusque-là ? Peut-être aurait-il préféré rester sur les rives du lac de Génésareth, avec sa barque et ses filets ? Mais, conduit par le Seigneur et obéissant à son inspiration, il est venu jusqu’ici ! Selon une vieille tradition, pendant la persécution de Néron, Pierre aurait voulu quitter Rome. Mais le Seigneur est intervenu ; il est venu à sa rencontre. Pierre s’adressa à lui et lui demanda : « Quo vadis, Domine ? » (« Où vas-tu, Seigneur ? ») Et le Seigneur lui répondit aussitôt : « Je vais à Rome pour être crucifié une seconde fois. » Pierre retourna à Rome et il y est resté jusqu’à sa crucifixion. L’époque actuelle nous invite, nous pousse, nous oblige à regarder le Seigneur et à nous plonger dans l’humble méditation du mystère du pouvoir suprême du Christ. Celui qui est né de la Vierge Marie, le Fils du charpentier – comme on avait coutume de l’appeler –, le Fils du Dieu vivant, comme l’a confessé l’apôtre Pierre, est venu pour faire de nous tous « un royaume de prêtres ».

 

Le Concile Vatican II nous a rappelé le mystère de ce pouvoir et le fait que la mission du Christ – Prêtre, Prophète-Maître et Roi – continue dans l’Église. Tout le Peuple de Dieu participe à cette triple mission. Et si, autrefois, on déposait sur la tête du Pape la triple couronne, c’était pour exprimer, à travers ce symbole, le dessein du Seigneur sur son Église, à savoir que toute la hiérarchie de l’Église du Christ, et tout le « pouvoir sacré » exercé par elle, ne sont qu’un service, le service qui tend à un unique but : la participation de tout le Peuple de Dieu à cette triple mission du Christ et sa constante fidélité à demeurer sous le pouvoir du Seigneur, lequel tire ses origines non des puissances de ce monde mais du mystère de la Croix et de la Résurrection. Le pouvoir absolu et très doux du Seigneur répond à ce qu’il y a de plus profond en l’homme, aux aspirations les plus nobles de son intelligence, de sa volonté, de son cœur. Ce pouvoir ne s’exprime pas en langage de force, mais dans la charité et la vérité. Le nouveau successeur de Pierre sur le Siège de Rome élève aujourd’hui une prière fervente, humble et confiante : « Ô Christ, fais que je puisse devenir et demeurer un serviteur de ton unique pouvoir ! Un serviteur de ton pouvoir tout imprégné de douceur ! Un serviteur de ton pouvoir qui ne connaît pas de déclin ! Fais que je puisse être un serviteur ! Ou mieux le serviteur de tes serviteurs ».

 

Frères et sœurs, n’ayez pas peur d’accueillir le Christ et d’accepter son pouvoir ! Aidez le Pape et tous ceux qui veulent servir le Christ et, avec la puissance du Christ servir l’homme et l’humanité entière ! N’ayez pas peur ! Ouvrez, ouvrez toutes grandes les portes au Christ ! À sa puissance salvatrice ouvrez les frontières des États, les systèmes économiques et politiques, les immenses domaines de la culture, de la civilisation, du développement. N’ayez pas peur ! Le Christ sait « ce qu’il y a dans l’homme » ! Et lui seul le sait ! Aujourd’hui, si souvent l’homme ignore ce qu’il porte au-dedans de lui, dans les profondeurs de son esprit et de son cœur. Si souvent il est incertain du sens de sa vie sur cette terre. Il est envahi par le doute qui se transforme en désespoir. Permettez donc – je vous prie, je vous implore avec humilité et confiance – permettez au Christ de parler à l’homme. Lui seul a les paroles de vie, oui, de vie éternelle !

 

Répons

 

R/.  N’ayez pas peur : le Rédempteur de l’homme a révélé le pouvoir de la croix et donné sa vie pour nous ! * Ouvrez, ouvrez les portes au Christ.

V/.  Nous sommes appelés dans l’Eglise à participer à son pouvoir.

R/.  Ouvrez, ouvrez les portes au Christ.

 

Oraison

 

Dieu, riche en miséricorde, tu as appelé le bienheureux pape Jean-Paul II à guider ton Eglise répandue dans le monde entier; forts de son enseignement, accorde-nous d’ouvrir nos cœurs avec confiance à la grâce salvifique du Christ, unique Rédempteur de l’homme. Lui qui règne avec toi et le Saint Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles.

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Oraison de Messe la Fête du Bienheureux Jean Paul II

Commun des pasteur (papes)

 

Collecte

 

Dieu, riche en miséricorde, tu as appelé le bienheureux pape Jean-Paul II à guider ton Eglise répandue dans le monde entier; forts de son enseignement, accorde-nous d’ouvrir nos cœurs avec confiance à la grâce salvifique du Christ, unique Rédempteur de l’homme. Lui qui règne avec toi et le Saint Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles.

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Textes extraits du site du Saint Siège www.vatican.va

 

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3 mai 2011

Mois de Notre Dame de la Salette

Mois de Notre Dame de la Salette

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Quatrième jour

Le nom et le costume de Notre Dame de la Salette

 

Il semble que la Sainte Vierge ait voulu apparaître à la Salette sous la double figure de Mère de Dieu et de Mère des hommes. La Mère de Dieu s'est montrée à nous, dans la méditation précédente, dans l'éclat majestueux qui convient à ce titre et à cette dignité: voici, aujourd'hui, la Mère des hommes sous un nom obscur, sous un costume humble et modeste, pour nous servir d'exemple et de modèle, dans les actions ordinaires et la conduite générale de la vie ; à travers toutes les richesses qui composent la parure éclatante de Notre Dame de la Salette, je découvre une robe de forme très-simple, un fichu négligemment croisé sur la poitrine, une coiffure haute et tout abaissée, un tablier uni, marque distinctive de dépendance et de servitude. Ce costume grossier, humiliant, à l'usage de nos serviteurs, tel qu'il est porté dans nos montagnes et dans les plus pauvres villages, convient-il à la Reine du ciel, à la Mère de Dieu? Je l'avoue, à première vue, l'étrangeté de ce costume ne peut manquer de provoquer l'étonnement des plus indulgents, et le sourire du mécréant; mais, comme nous, Marie ne juge pas. Nous n'avons, nous, du beau, qu'un faux idéal; tel n'est pas celui de Marie: l'idéal du beau, pour Marie, c'est son divin Fils; or, son Fils est apparu à la crèche couvert de pauvres langes, à la flagellation, d'un manteau de pourpre déchiré, et au Calvaire, d'un linceul de sépulture qu'il fallut demander à l'aumône; et dans le sacrifice de l'autel, qui résume et qui continue tous ces profonds mystères, Jésus-Christ ne se montre que sous l'apparence d'un peu de pain dont il se fait un vêtement fragile, où il semble ne conserver de l'être que tout juste ce qu'il en faut pour ne pas cesser d'exister. Marie connaît ces secrets de la vraie grandeur, ces procédés du véritable amour; dédaignant donc les illusions trompeuses de la beauté humaine pour le beau divin, elle nous apparaît sous la forme la plus vulgaire qu'elle ait jamais revêtue: et le voilà tout expliqué, ce costume singulier de Notre Dame de la Salette, décrié quelquefois parce qu'il n'est ni médité ni compris; sa source, c'est le cœur et l'exemple de Dieu qui en a inspiré le choix et les préférences; son but pratique, c'est de donner pour type et pour principe au mérite et à la valeur de nos actions, la simplicité et la modestie. Autre source de grandeur pour la Vierge des Alpes, c'est cette appellation obscure qui la désigne par le monde: Notre Dame de la Salette. Notre Dame de Lorette, Notre Dame des Victoires, Notre Dame de France; tous ces vocables sont connus et participent à la célébrité de leur nom; mais quel pays plus obscur, quelle terre plus ignorée que la Salette avant l'apparition! Il paraît que ces montagnes étaient méprisées de ceux qui pouvaient les connaître, et ce qu'on avait dit autrefois de Nazareth, leur était applicable: Peut-il venir quelque chose de bon de ce pays méconnu et sans gloire? Et voilà que depuis le jour de l'apparition, toutes les terres, toutes les mers ont entendu le nom des montagnes de la Salette: il marche à travers le monde à l'égal des vocables les plus anciens et les plus glorieux; les peuples acclament cette dévotion nouvelle, de ses enthousiasmes les plus sympathiques et leurs plus religieux; et c'est ainsi que Notre-Dame de la Salette trouve un double titre de gloire dans la préférence donnée au modeste costume qu'elle revêt, et aux lieux obscurs où elle daigne descendre.

 

Réflexions

 

Écoutons avec un respect filial les deux leçons touchantes qui nous viennent, aujourd'hui, du haut de la sainte Montagne. 1° Leçon d'humilité et de simplicité: Ce n'est pas au sein de nos cités bruyantes et somptueuses que Marie a daigné apparaître et parler; c'est dans une solitude déserte, au milieu de montagnes écartées et inconnues; c'est que l'humilité redoute le bruit et l'éclat, elle préfère le silence, elle veut surtout sa cacher aux regards du monde. La Vierge Marie s'est souvenue en outre, que son divin Fils n'a pas craint de se faire appeler Nazaréen ; elle ne craindra pas non plus de se faire appeler Notre Dame de la Salette. Le monde peut sourire, s'il lui plaît, à cette appellation naïve et simple; n'importe, Marie la garde et l'aime; et comme le salut nous vint de Nazareth, la grâce et la miséricorde sont descendues des hauts sommets de la Salette. Aux pures clartés de ce noble exemple, qui donc pourra rougir de ce qui révèle en nous pauvreté, humiliation, obscurité? Utile sujet de méditation pour nous, qui pensons toujours à nourrir notre orgueil par nos paroles, notre recherche affectée, nos œuvres et nos démarches. 2° Leçon de décence et de modestie: « Marie portait l'humble tablier de servante et le modeste fichu des simples femmes; ses cheveux étaient si bien couverts par sa lumineuse coiffure, qu'on ne les voyait pas; les longues manches de sa robe cachaient entièrement ses mains ». Quelle leçon pour nous! Ce n'est pas assurément une forme nouvelle de vêtements et de costume que Marie veut introduire; c'est un esprit de décence, perdu parmi nous, qu'elle voudrait ressusciter. Où est notre simplicité? Où en sommes-nous de la modestie chrétienne? Voyez Notre Dame de la Salette: Elle est bien la Rose mystique, la Maison d'or, la Tour d'ivoire, l’Étoile brillante du matin; Elle est Reine, en un mot. Mais elle est aussi l'humble servante du Seigneur, se montrant à nous pauvrement vêtue, comme on l'est au village sous le toit couvert de chaume. Or, sied-il bien au luxe et à l'immodestie de nos jours de regarder en face les formes sévères de son costume, où la Mère de Dieu semble s'effacer sous les humbles dehors d'une simple créature? Ah! que de chrétiennes, même parmi celles qui portent le titre d'enfants de Marie, se jugeraient plus sévèrement si elles se regardaient dans ce miroir de modestie que leur présente la Vierge de la Salette! Que de mères qui font sucer, pour ainsi dire avec le lait, à leurs enfants, le goût d'une parure aussi vaine qu'elle est dispendieuse! qu'elles viennent donc ici apprendre à pénétrer ces jeunes cœurs de cette vérité si évidente et si méconnue, que le vêtement n'est pas un mérite, et que la modestie, jointe à une noble simplicité, fait, aux yeux mêmes du monde, le plus digne ornement des enfants et des mères.

 

Pratique : Éviter soigneusement la recherche de soi-même, et pratiquer en toutes choses la simplicité... Que les mères prennent aujourd'hui surtout, pour elles-mêmes et pour leurs enfants, une résolution inébranlable de décence en leur parure, de tenue et de modestie chrétienne en toute leur personne.

 

Guérison miraculeuse

 

Un père de famille, chef de commerce, résistait depuis longtemps aux tendres et pressantes sollicitations de sa pieuse sœur qui le conjurait souvent de revenir a Dieu et à la pratique de ses devoirs de chrétien. Le bon exemple qu'il devait à ses enfants, la piété héréditaire dans sa famille, ses premières années dans la vertu et la religion, rien ne le touchait; il tournait tout en ridicule, et devenait insolent dès qu'on le pressait un peu. A bout de tout moyen, sa sœur lui dit un jour: « Eh bien! frère, puisque rien ne te touche, je m'en vais à la Salette demander à la Sainte Vierge ta conversion! » « Tu peux bien aller à Rome et à Jérusalem, si tu veux, lui répond ce frère obstiné ! tu me retrouveras comme tu me laisses ». Cette pieuse demoiselle part, bien désolée, car son frère n'avait pas voulu même lui promettre de dire un Ave Maria pour elle. Son pèlerinage se fait avec piété, elle prie avec ferveur et avec larmes sur la sainte Montagne; elle demande à tous les pèlerins des prières; enfin il lui semble que la Sainte Vierge l'a exaucée, et qu'elle retrouvera son frère mieux disposé. Elle repart, arrive à L... et, en le revoyant: « Eh bien! lui dit-elle un peu émue, ai-je été exaucée ? J'ai bien prié pour toi, j'ai bien offert pour ta conversion toutes les fatigues de ce pèlerinage! » Elle n'obtient point de réponse. Son frère gardait le silence et paraissait violemment agité. « Tu ne me dis rien ? » « Je te laisse libre, laisse-moi libre moi-même. Je suis un honnête homme et je n'ai rien à me reprocher ». « Oh! repartit la sœur, il n'est pas possible que Notre Dame de la Salette ne m'ait pas exaucée! Tu aurais donc le cœur plus dur qu'un rocher ? » Elle ne put en dire davantage, l'émotion, les larmes arrêtèrent sa voix. Vers le soir, retirée dans sa chambre pour y prendre un peu de repos, son âme triste et affligée ne pouvait éloigner de sa pensée la scène de son arrivée. Son frère obstiné malgré tout ce qu'elle s'était imposé pour lui, était pour son cœur sensible et dévoué une peine des plus grandes. Elle ne put goûter un instant les douceurs d'un sommeil si nécessaire pourtant à réparer ses forces, à la suite des fatigues d'un long et pénible voyage. Elle priait, conjurait la Mère des miséricordes de convertir ce pauvre pécheur, quand de bon matin, elle entend frapper à sa porte. « Ah! ma sœur, je n'y tiens plus! s'écrie son frère avec vivacité en entrant dans sa chambre. Conduis-moi auprès d'un prêtre, je veux me confesser. Toute la nuit, j'ai souffert comme une âme damnée. Je suis honteux de ma conduite, et j'ai peur de la justice de Dieu: c'est bien sincère, je veux me confesser! » La pieuse demoiselle se met à pleurer de bonheur, elle embrasse son frère et ne met point de retard à l'accomplissement de son désir. La conversion était facile, ou plutôt elle était déjà faite. Notre Dame de la Salette l'avait elle-même opérée. Il se confessa, et, quelque temps après, il était à genoux à la table sainte, à côté de sa sœur; le recueillement, la joie, le bonheur étaient peints sur son visage; il goûtait sans doute cette paix qui surpasse tout sentiment, la paix de Dieu! Sa conversion fut une belle leçon pour tous ses employés de commerce, et une grande joie pour sa famille qu'il continue à édifier. (Annales de Notre-Dame de la Salette).

 

Prière

 

Vous voulez être toujours, ô Vierge Marie, l'humble servante du Seigneur; vous en avez pris le titre à Nazareth à l'annonce de l'ange; vous en revêtez aujourd'hui le costume, à la Salette. O bonne Mère! de touchantes leçons sont tombées de votre cœur sur le monde, pleines de larmes et d'ineffable tendresse. Nulle n'était plus utile, plus nécessaire, plus actuelle que celle que nous prêche le vêtement sévère de votre apparition ; nous sommes si habiles à nourrir notre vanité, si trempés de sensualisme, et le luxe immodeste de notre siècle favorise nos illusions d'une manière et d'un entraînement si lamentables! O Notre-Dame de la Salette! ne permettez pas que nous rendions inutiles vos enseignements salutaires; parlez à nos âmes avec toute l'autorité du plus auguste, du plus touchant message de la cour céleste, et pénétrez nos cœurs de tous sentiments de simplicité, de modestie, d'humilité, qui méritent ici-bas la grâce de Dieu, et au ciel l'éternelle récompense. Ainsi soit-il.

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2 mai 2011

Mois de Notre Dame de la Salette

Mois de Notre Dame de la Salette

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Troisième jour

Description et portrait de Notre Dame de La Salette

 

Les bergers témoins de l'apparition, ont pris soin de nous tracer eux-mêmes le portrait de Notre Dame de la Salette: le voici, tel que nous le trouvons dans leur récit, leurs lettres et conversations: « « Tout à coup, disent les enfants, une grande clarté s'est ouverte, et nous avons vu une belle dame dans cette clarté!... Elle avait une coiffure blanche, brillante, argentée, transparente d'or, haute et arrondie au sommet, légèrement inclinée en avant. Au dessus, et tout autour, était posée une couronne de roses blanches, rouges et bleues; de tous côtés s'élevaient de petites fleurs d'or, du milieu desquelles jaillissaient des flammes de lumière: entre chaque branche de fleur, se trouvait une branche de brillants: ces branches formaient des tiges, les autres, des paillettes ou des étoiles, et tous ces ornements étaient resplendissants. La coiffure de la Vierge descendait sur le cou, et cachait entièrement les cheveux et les oreilles; les traits de Marie étaient allongés, et son visage céleste, d'une blancheur et d'une beauté admirables, exprimait la douceur, la bonté, et brillait d'un éclat merveilleux. Elle avait un fichu blanc, croisé sur la poitrine, dont les deux bouts, liés par un simple nœud, croisaient sur le dos; ce fichu, et la robe dont Marie était revêtue, montaient très-haut, et cachaient presque entièrement le cou; une guirlande formée de roses semblables à celles de la couronne, bordait tout le fichu ; une large chaîne d'or tout uni, sans dessin ni anneaux, était posée le long de cette guirlande; une chaîne pareille, mais plus petite, tenait un crucifix d'or, avec un christ très-brillant; au côté droit de ce crucifix, étaient suspendues des tenailles, et au côté gauche, un marteau, tout autant d'instruments de la Passion. La robe de la Vierge était d'une blancheur virginale, semée de paillettes d'or, d'un grand éclat; sa chaussure était blanche aussi, surmontée d'une boucle en or, et entourée de roses, plus petites que celles de la couronne, mais de même couleur: et du milieu de toutes les roses que portait la Vierge, dit Mélanie, sortaient des flammes de lumière et d'or le plus beau, qui s'élevaient comme de l'encens, et venaient se mêler à la lumière qui environnait sa Protectrice... » Enfin, un tablier uni, presque aussi long que la robe, d'un tissu léger et tout brillant, complétait ce portrait descriptif de Notre Dame de la Salette. Il faut en convenir, à défaut d'autres témoignages, l'étude de la parure de la Vierge des Alpes, serait, à elle seule, une preuve de l'apparition. D'où serait venue, à deux pauvres bergers, ignorants et grossiers, la pensée de revêtir leur héroïne de formes si humbles, si mystérieuses?... et au contraire, quel imposteur ne se fût pas gardé de donner à Marie une parure sous laquelle la Sainte Vierge n'a jamais été représentée dans le passé, dans aucun tableau, par aucune statue! Les formes symboliques de la Vierge de la Salette n'ont donc pu être imaginées que par un être surnaturel, et cet être surnaturel, c'est Marie elle-même!

 

Réflexions

 

Deux points fixent ici notre attention: le symbolisme de cette parure, les analogies de cette description de la Vierge de la Salette, de tous points conformes au portrait que les Pères de l’Église nous ont laissé de Marie. Premièrement, la charité remplit l'âme de Marie; c'est sous son inspiration qu'Elle apparaît à la Salette; cette vertu est symbolisée par l'or qui éclate en toute sa personne, et dont Elle voudrait voir parées toutes nos âmes. La blancheur de ses vêtements rappelle son innocence parfaite, qu'elle voudrait donner en apanage à tous ses enfants. Les roses, emblème de virginité, couronnent sa tète, et les couleurs qui les diversifient, nous redisent ses vertus : le blanc nous prêche sa pureté sans tache; le ronge, sa charité parfaite; le bleu, l'ensemble de toutes ses vertus; le bleu, en effet, rappelant l'idée du ciel, patrie de toutes les vertus, symbolise leur réunion au cœur de Marie; enfin, le corps très-pur de Marie, semblable à un astre resplendissant, se mouvait dans une atmosphère lumineuse et tranquille: cette clarté très brillante, c'est le rejaillissement de son âme glorifiée: la clarté d'un corps glorieux, dit saint Augustin, dérive de la clarté de son âme; jugeons dès lors combien devait être resplendissant le corps .immaculé de la Mère de Dieu!... Deuxièmement, au témoignage des Pères de l’Église, la taille de Marie dépassait la grandeur moyenne: La Dame apparue aux bergers de la Salette était plus grande que toutes celles qu'ils eussent jamais vues. La figure de Marie, selon la tradition, n'était pas ronde, mais allongée ; sur l'affirmation de Mélanie, la Vierge de la Salette avait aussi les traits allongés. Aucune fierté, disent les Pères, n'apparaissait dans les traits de Marie, mais la simplicité, la candeur; rien ne sentait la mollesse, ses regards et ses paroles respiraient la douceur: son langage, dit saint Jean de Damas, était agréable, parce qu'il découlait de sa belle âme!... d'après les enfants de la Salette, les yeux de Marie exprimaient la douceur; son regard était si bon, disent-ils, si affable, qu'il les attirait vers Elle malgré eux; sa voix était si attrayante, qu'Elle leur faisait l'effet d'une musique incomparable!... Et pour l'extérieur, le corps de Marie, dit saint Ambroise, était le tableau de son âme; c'était l'image de la vertu ; son aspect, comme son âme, resplendissait d'une beauté angélique: Elle avait, dit le saint docteur, tant d'innocence et de sainteté, qu'Elle répandait la pureté dans le cœur de ceux qui la regardaient. Il était impossible de porter les yeux sur Elle, sans avoir des sentiments et des inclinations pour la chasteté! Et tel est l'effet produit en l'âme, devant la statue qui a su donner à Notre-Dame de la Salette, sa véritable expression; il s'échappe de ses traits, de tout son corps, une beauté si douce, si pure, que l'âme est saisie, et que le cœur tout ému, se sent poussé à l'amour et à la pratique de la plus belle de toutes les vertus!...

 

Pratique : Nous efforcer de pratiquer toujours, dans nos pensées, nos paroles, nos relations, nos lectures, la charité, la pureté, qui sont for de la vertu, et que nous prêchent aujourd'hui les formes symboliques de Notre-Dame de la Salette: supplier Marie d'obtenir à notre âme la céleste parure de ces vertus, qui donneront aux enfants quelques traits de ressemblance avec leur divine Mère!

 

Guérison d'un enfant, racontée par sa mère

 

Le fait suivant, arrivé au mois de novembre 1852 à L... (Ardèche), est dû à la protection bien visible de Notre Dame de la Salette qui, sous ce vocable, voulait opérer elle-même celte guérison. Pour plus d'exactitude, laissons parler cette pieuse mère: « Mon petit Charles, né le 15 juillet 1851, fut atteint l'année suivante d'une inflammation qui fut déclarée grave à son début. L'enfant dépérissait à vue d'œil, et bientôt on s'aperçut d'une déviation dans la taille; son corps décrivait une courbe de côté et se repliait sur lui-même; des palpitations presque incessantes, d'abondantes hémorragies l'avaient réduit à un état de faiblesse extrême. Trois médecins furent appelés, ils pensaient que la carie avait atteint les os, tous avaient jugé que la maladie était incurable et avaient prononcé hautement que l'enfant ne survivrait pas si jeune à tant de souffrances. Quatre mois se passèrent, le pauvre enfant s'affaiblissait progressivement, on décida une nouvelle consultation, à laquelle devait s'adjoindre un quatrième médecin; le jour était fixé pour le lundi 11 novembre. Le samedi 9 novembre, vers minuit, je lui dis: « Mon enfant, il faut demander à la Sainte Vierge de te guérir, je te conduirai à Notre Dame du Bon Secours ». Il répondit: « Je veux celle de la Salette ». « Eh bien, mon ami, répète: « Sainte Vierge de la Salette, guérissez-moi! ». L'enfant obéit et répéta ces mêmes paroles. Je promis alors qu'il porterait un an de plus le bleu et le blanc (l'enfant avait été voué avant sa naissance), et que je le conduirais à Notre-Dame de la Salette après sa première communion. Il s'endormit, et à son réveil il me dit: « Maman, je suis guéri; la Sainte Vierge m'a guéri; je l'ai vue toute en or et toute en fleurs ». Je ne pouvais croire à tant de bonheur. L'enfant se rendormit jusqu'au matin. Son père entra dans sa chambre. Lorsqu'il se réveilla, le petit Charles en le voyant s'écria : « Papa, je n'ai plus de mal, la Sainte Vierge m'a guéri ». M. L... que je n'avais pas encore vu, fut étonné de ce langage. A partir de ce moment, l'enfant alla toujours de mieux en mieux; il reprit des forces nouvelles; un mois après, il était bien portant et très droit. Les médecins ont été stupéfaits. Je racontai à monsieur le curé le prodige dont je venais d'être témoin. Monsieur le curé vint, portant à l'enfant une image de Notre-Dame de la Salette qu'il n'avait jamais vue: « Vois, mon petit, la belle image, lui dit monsieur le curé, c'est Notre-Dame du Bon-Secours ». L'enfant répondit avec assurance: « Ce n'est pas vrai, ce n'est pas vrai, monsieur le curé; c'est Notre-Dame de la Salette, je la connais ». L'enfant persista à dire qu'il avait vu la Sainte Vierge toute en or et toute en fleurs. Charles est aujourd'hui dans sa seizième année, et il n'a pas perdu de vue cette heureuse vision, il a conservé toujours une dévotion particulière à Notre-Dame de la Salette. Daigne cette bonne Mère obtenir à mon enfant la grâce d'être un jour un zélé serviteur de Dieu. (Annales de Notre-Dame de la Salette.)

 

Prière

 

O Notre Dame de la Salette, vous voici, sur la chaîne des Alpes, volant en quelque sorte, comme autrefois votre divin Fils, à une nouvelle conquête des âmes: et pour y mieux réussir, vous vous montrez à vos enfants, parée de l'or de la terre, des couleurs brillantes du firmament, et de l'éclat éblouissant de toutes les séductions célestes!... ô Mère, brisez en moi, sans égard pour ma faiblesse, tout obstacle à votre action maternelle! je sais trop, qu'en gagnant mon âme, vous ne ferez pas une précieuse conquête... elle est si oublieuse de ses devoirs, si inconstante dans ses résolutions, si ardente au mal, si lâche à la pratique du bien!... Mais, si vous daignez, ô Mère, abaisser sur sa misère, un regard de protection, elle sera moins indigne de vous, et aidée par votre grâce, elle voudra se parer de quelques-unes de vos vertus, et présenter à votre divin Fils, au jour du jugement, un cœur imparfait sans doute, mais qui s'est efforcé du moins d'imiter sa Mère, en suivant de loin en loin et d'un pas trop inégal, les traces de la belle vertu, qui mène sûrement au ciel. Ainsi soit-il.

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1 mai 2011

Mois de Notre Dame de la Salette

Mois de Notre Dame de la Salette

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Deuxième jour

Apparition de la Sainte Vierge à La Salette

 

L'apparition dont nous allons méditer pendant ce mois le récit et les enseignements, eut lieu le 19 septembre 1846. C'était le dernier jour des Quatre Temps, un samedi, veille, cette année-là, de la fête de Notre-Dame des Sept Douleurs, et à l'heure des premières vêpres, c'est-à-dire au moment même où l’Église chantait, dans son office, ces paroles: « Oh! de quelle abondance de larmes est inondée la Vierge Mère! Quelle angoisse! Quelle douleur !... » Cet événement extraordinaire se passait sur une montagne des Alpes, dans une paroisse nommée La Salette, canton de Corps, diocèse de Grenoble: Maximin Giraud et Mélanie Calvat, enfants de douze et treize ans, et qui s'étaient vus la veille pour la première fois, arrivaient ensemble à la suite de leurs troupeaux, sur le versant méridional de cette chaîne de montagnes: à l'heure de midi, que les deux petits bergers reconnurent au son de l'Angélus, ils se munirent de leurs provisions et allèrent prendre leur modeste repas tout près d'une source alors tarie: il y avait là quelques pierres superposées; ils s'assirent à deux ou trois pas l'un de l'autre, et, le repas fini, ils s'endormirent: à leur réveil ils allèrent chercher leur troupeau, qu'ils aperçurent à peu de distance: « Je suis revenue la première, dit ici Mélanie; lorsque j'étais à cinq ou six pas avant d'arriver à la source, j'ai vu, sur le rocher de la fontaine, une clarté comme le soleil, encore plus brillante; et j'ai dit à Maximin: « Viens vite voir une clarté là bas!... » Alors la clarté s'est ouverte, et nous avons vu une grande Dame dans la lumière »: c'était la Sainte Vierge apparaissant aux petits bergers. La Bienheureuse Mère de Dieu était assise sur une pierre près de la fontaine tarie, triste, pleurant, et la figure cachée dans ses mains. Elle était vêtue d'une robe blanche, couverte de perles: sa tête était ornée d'un riche diadème; une chaîne d'or pendait à son cou et soutenait une croix avec son Christ. Les enfants, effrayés de l'apparition subite d'une personne qui leur paraissait si étrange, se disposaient à fuir: la Sainte Vierge leur fit signe, avec bonté, de s'approcher d'Elle, et leur dit avec l'expression de la plus grande tristesse: Que la France, par ses crimes, avait provoqué la colère de son Fils; qu'il allait verser sur elle, si elle ne se convertissait, la coupe de ses vengeances: que le blasphème, en particulier, le mépris des lois de l’Église, et la profanation des jours consacrés à Dieu, excipient sa juste indignation; qu'Elle les chargeait de faire passer tout cela à son peuple, d'annoncer la disette des récoltes, les fléaux de la peste, de la famine; mais que si le peuple revenait à Dieu, le bras de sa justice serait désarmé et qu'il y aurait abondance, là même où l'on avait désespéré de récolter. Après ce discours, dont nous méditerons toutes les pensées, la Sainte Vierge confia à chacun des enfants un secret particulier, connu du pape (Bienheureux) Pie IX, seul, et que ni les promesses, ni la ruse d'autres personnes ne purent jamais arracher à leur discrétion; puis, après avoir fait quelques pas en leur présence, en marchant sur la pointe des herbes qui ne pliaient pas sous le poids de son corps, la Sainte Vierge disparut à leurs yeux, laissant après Elle une clarté éblouissante dans l'espace d'où Elle s'était élevée au ciel.

 

Réflexions

 

« Dieu, dit Bossuet, est le maître de disposer de ses créatures, soit pour les tenir sujettes aux lois générales qu'il a établies, soit pour leur donner d'autres lois, quand il juge nécessaire de réveiller le genre humain endormi, par quelque coup surprenant... » De là, les prodiges nombreux dont font mention les saintes Écritures et les Annales de l’Église. Le grand fait de l'apparition de la Sainte Vierge sur les montagnes de La Salette, est de ce nombre. Pour réveiller par quelque coup surprenant notre société endormie dans les voies de sa perdition, le Seigneur, fatigué des désordres des hommes, nous a envoyé, non un prophète, comme autrefois, mais sa sainte Mère, l'auguste Reine du ciel, la miséricordieuse Marie: c'est-à-dire, pour emprunter le langage de l'Apôtre, que Dieu, après nous avoir parlé autrefois et de plusieurs manières, par le ministère des prophètes, nous a parlé tout récemment, novissime, par sa propre Mère; qu'avons-nous fait de cette apparition de Marie, la plus éclatante, la plus propre à exciter dans nos âmes une salutaire terreur, et une douce espérance?... Il y a quelques années, les montagnes de la Salette étaient inconnues; à peine quelques bergers y conduisaient leurs troupeaux: aujourd'hui le chemin qui mène à ces sommets escarpés des Alpes, est une voie publique où passent tous les peuples; et on pourrait, avec quelque raison, appeler Notre Dame de la Salette, Notre-Dame des Nations!... Et il devait en être ainsi; ce n'est pas en vain que la Mère de miséricorde a daigné visiter les enfants des hommes; ce n'est pas en vain qu'à la vue des désordres qui excitent la colère de son Fils, Elle est venue, en quelque sorte, se réfugier dans nos montagnes, verser des larmes, nous avertir des châtiments qui nous étaient réservés, si on ne se convertissait pas ; nous rappeler la crainte de Dieu, le respect pour son saint nom, la sanctification du dimanche, l'observation de tous les commandements de Dieu et de l’Église. Des paroles descendues de si haut devaient avoir un immense retentissement, et être entendues de toutes les nations, comme le lieu où Elle s'est montrée, devait être assez haut pour être aperçu de tous les peuples. Reportez-vous à l'origine de ce grand événement : voyez sa naissance presque inconnue, sa prompte diffusion à travers la France et l'Europe, son vol rapide dans les quatre parties du monde, enfin, son arrivée providentielle dans la capitale du monde chrétien. A Dieu seul, honneur et gloire!... A l'auguste Vierge de la Salette ce résultat inespéré! Elle seule avait préparé le succès, Elle seule saura couronner son œuvre... pour couvrir toujours de sa protection, nos personnes, nos familles, notre chère patrie et le monde entier. Il est vrai qu'il est des hommes que l'on irrite, et dont on provoque les dédains quand on parle A"événements surnaturels, d'apparitions miraculeuses, en leur présence orgueilleuse, comme si le bras de Dieu était raccourci, ou si sa miséricorde ne pouvait plus faire éclater la puissance des anciens jours... A tous ces esprits orgueilleux nous opposons la parabole suivante, tirée de l’Évangile: Dix-huit siècles avant d'envoyer sa Mère sur la montagne de la Salette, Jésus-Christ était descendu lui-même des hauteurs du ciel, et Jean Baptiste, son précurseur, envoya des messagers pour lui adresser cette demande: « Êtes vous le Messie, ou devons-nous en attendre un autre? » Et le Sauveur, voulant répondre par les monuments éclatants de sa mission divine, prononça ces paroles: « Allez, et rapportez à Jean, votre maître, ce que vous avez vu, ce que vous avez entendu: les aveugles voient, les sourds entendent, les boiteux marchent, les pauvres sont évangélisés ». A tous les pieux pèlerins qui demanderont à la Mère de Dieu, si c'est réellement Elle qui descendit, il y a quelques années, sur la montagne de la Salette, Marie peut répéter la réponse de son Fils, invoquant en faveur de son apparition la grande voix de miracles nombreux et authentiques. Et le Sauveur ajouta: « Heureux celui qui ne sera pas scandalisé en moi ». L'auguste Vierge de la Salette, Mère du Dieu qui a prononcé ces paroles, a bien le droit de nous tenir le même langage.

 

Pratique : A ce premier jour du mois, en présence de cette solennelle ambassade de Dieu aux hommes, recueillons-nous... regardons cette apparition de la Sainte Vierge, et faisons la envisager aux autres, comme une source abondante, un canal nouveau des grâces du ciel, une autre porte de salut ouverte à notre siècle.

 

Guérison d'une jeune enfant, racontée par son père

(Lettre à Monsieur le Supérieur des Missionnaires de la Salette)


 

« Mon Révérend Père, il y a quatorze mois environ, j'avais l'honneur de recommander à vos ferventes prières une de mes petites tilles âgée de huit ans, Marie-Thérèse. Cette chère enfant était cruellement atteinte d'une hypertrophie de cœur; trois célèbres médecins que j'avais appelés en consultation auprès d'elle, déclarèrent unanimement que tout espoir de guérison était perdu. Un d'eux voulut tenter un remède qui eût été violent; toutefois, de l'avis de ses deux confrères, il ne persista pas, parce que, dirent-ils tous trois, il ne fallait pas faire souffrir inutilement une si frêle enfant qui devait fatalement succomber. Il n'est pas besoin de vous dire de quelle immense douleur ce verdict médical accabla notre âme. Oh! mon Révérend Père, qu'il est terrible pour un père et une mère, le jour où leurs yeux, noyés dans les larmes, voient un enfant adoré se mourir, sans qu'il soit permis à leurs cœurs éplorés d'espérer même un peu de soulagement! Les secours de la terre étant impuissants à nous conserver notre chère Marie-Thérèse, Mme P... et moi, nous unissant dans une pensée commune d'amour pour notre enfant et de foi ardente, nous demandâmes à Notre-Dame de la Salette de daigner jeter sur nous un bienveillant regard de bonne et tendre mère. Et notre prière fut comme instantanément exaucée. En effet, depuis un mois environ, notre jeune malade ne pouvait plus rester dans son lit; à peine si elle pouvait rester un peu dans un fauteuil, la tète penchée en avant et appuyée sur des carreaux. Or, le même jour où la science humaine nous disait: « Pauvres père et mère résignez-vous, Dieu vous demande votre enfant », ce même jour, ma chère Marie put reposer une bonne partie de la nuit dans son lit. Depuis ce jour, l'enflure considérable qui avait envahi son corps et qui menaçait sa poitrine, commença à s'arrêter, puis elle diminua, enfin elle disparut. Le mieux s'est continué jusqu'à ce jour. Depuis longtemps il y a guérison; aujourd'hui elle est complète. Bonne Mère de la Salette, vous avez daigné nous donner une preuve de votre immense amour en nous conservant noire enfant; comment pourrons-nous jamais vous témoigner toute notre reconnaissance! Et vous, Révérend Père, qui avez si charitablement prié pour nous, comment pourrons-nous jamais vous exprimer toute notre gratitude! En attendant qu'il nous soit permis de faire un pèlerinage à votre pieux sanctuaire, nous prions notre excellent vicaire, M. C..., qui a le bonheur de se rendre sur la sainte Montagne, de vouloir bien porter le portrait de notre chère ressuscitée. Permettez-lui d'en faire don à notre bonne mère de la Salette, et de le placer le plus près possible de sa statue, où il sera comme une prière perpétuelle de toute notre famille à notre sainte Consolatrice, à notre puissante et bien aimée Protectrice ». (Annales de Notre-Dame de la Salette, 15 août 1866.)

 

Prière

 

O Notre-Dame de la Salette, de même que vous avez franchi autrefois les montagnes d'Israël, de nos jours, vous avez abaissé, en quelque sorte, les collines éternelles jusqu'au niveau des monts de la terre, et vous vous êtes montrée à nous, comme à vos proches de la Judée. O Mère médiatrice! daignez reproduire dans nos âmes les mystères de votre apparition à la Salette; toujours placée entre Dieu et nous, parlez-lui de nous, parlez-nous de Dieu; des hauteurs de ce Liban céleste où vous êtes couronnée, descendez jusqu'au cœur de chacun de vos enfants; saisissez-les dans la solitude du recueillement et du silence; que votre voix retentisse à leur oreille, comme autrefois à l'oreille de votre cousine Élisabeth; car votre voix est douce et votre parole persuasive: elle instruit, elle fortifie, elle console; et dans les élévations où notre âme, quoique pécheresse, arrive par la prière, sur les hauteurs où la foi transporte nos cœurs affligés, ô Vierge de la Salette, daignez nous entendre, nous appeler, et dire à chacun de nous comme aux bergers des Alpes: « Mon enfant, approchez, et n'ayez pas peur!... »

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