Le Mois du Saint Sacrement
Le Mois du Très Saint Sacrement
Huitième jour
Le Lundi dans l'Octave du Saint Sacrement
Venez, Esprit Saint,
Consolateur souverain,
hôte très doux de nos âmes,
adoucissante fraîcheur.
Je Vous salue Marie.
Le Verbe fait chair a bien voulu, pour l'amour de nous, habiter cette terre souillée par un si grand nombre de crimes. Il a été vu conversant avec les enfants des hommes, et Il a passé trente-trois ans au milieu d'eux en faisant du bien. Ce bien que le Divin Sauveur ne cessa d'opérer pendant les jours de sa mortalité, nous le connaissons parle récit que nous en ont fait les évangélistes. Partout Jésus-Christ ne se montrait aux hommes que pour faire éclater en leur faveur sa toute-puissance et son infinie miséricorde. Que de malades ses mains divines ont guéris !... Rappelons-nous les paralytiques, les aveugles, les lépreux ; voyons cette foule de malheureux, de pauvres, d'estropiés qui se pressent autour de Jésus. Ecoutons les paroles pleines de bonté qu'il adresse à chacun d'eux, et nous serons portés à répéter cette exclamation échappée à des cœurs reconnaissants: « Il a bien fait toutes choses ! »
Mais ce n'était pas pour guérir les infirmités corporelles que le Sauveur était sur la terre. L'homme était bien plus misérable dans son âme qu'il ne l'était dans son corps, et Jésus-Christ était venu pour le salut des âmes. Que n'a-t-il pas fait pour les guérir ces pauvres âmes ? Que de fatigues, que de courses, que de voyages, pour évangéliser les peuples ! Jamais Homme parla-t-il, Comme Cet Homme-Dieu, le langage de l'amour, de de la miséricorde ! Il cherche les brebis égarées de la maison d'Israël pour lesquelles Il a été envoyé. Magdeleine, la femme de Samarie, Zachée, toutes les âmes qui se sont égarées, Il les accueille avec une tendresse que rien n'égale. Il mange avec les pécheurs, Il ne veut en condamner aucun ; la femme adultère entendra cette parole : « Personne ne vous a condamnée ; ni Moi Je ne vous condamnerai ; allez, et à l'avenir ne péchez plus ». Que de larmes Il a essuyées ! Que de cœurs en proie à tous les remords et à la fièvre brûlante des passions, rendus, par une parole, à la paix et aux joies d'une bonne conscience ! Ô Jésus ! Votre douceur, votre bonté inépuisable,auraient dû attirer à vous tous les hommes. Cependant, il faut bien le dire, Jésus-Christ, pendant sa vie mortelle, s'est trouvé en face d'une multitude d'indifférents qui n'ont pas daigné s'occuper de son adorable personne. A Jérusalem, et dans toutes les villes qu'Il a visitées, combien d'hommes, surtout parmi les riches, ont entendu parler du Sauveur et des merveilles qu'Il opérait, sans vouloir le connaître ! « J'ai une ferme à visiter, un champ à cultiver ; j'ai entrepris un commerce, j'ai une famille, une épouse, des enfants; ne m'en parlez plus, je n'ai pas le temps d'aller voir cet Homme, et d'examiner ses œuvres ; ce qu'Il est, l'origine de Sa mission, la fin que Dieu s'est proposée en le montrant à la terre, ce n'est pas ce dont je m'occupe ; cessez de me parler de ces choses. Et c'est par un froid que m'importe que se termine l'examen superficiel des œuvres et de la personne de Jésus !
Le Sauveur a eu des ennemis ; certes, nous les connaissons, ces ennemis. Les écrivains sacrés nous en parlent souvent, la haine implacable des prêtres, la jalousie des Pharisiens, le mépris et la fureur de tous ceux qui voyaient leur orgueil condamné par les doctrines de Jésus-Christ, voilà ce qui a conduit, au milieu des calomnies les plus atroces et des blasphèmes les plus révoltants, le Sauveur du monde à la mort et au supplice de la Croix ! Enfin, Jésus-Christ, pendant sa vie mortelle, eut de véritables amis. Ceux qui crurent en Lui, s'attachèrent à sa personne divine. Il les aima d'un amour ardent ; ils l'aimèrent aussi. Il leur prodigua les témoignages de la plus vive affection. Demandez aux Apôtres, à Lazare, à Marie-Madeleine et à Marthe, sa sœur, combien le Cœur de Jésus était bon, compatissant, sensible ! Demandez-le à tous les Juifs qui le virent pleurer sur le tombeau de Lazare et qui s'écrièrent : « Voyez Comme Il l'aimait ! » Eh bien ! Jésus-Christ a voulu continuer de vivre parmi les hommes et de converser avec eux, quoique caché sous les espèces du Sacrement ; Il l'a voulu pour ses amis, et il a consenti à supporter, pour eux, la malice de ses ennemis, l'indifférence et la froideur du plus grand nombre des chrétiens. O amour infini !...
Premier point
Le Sauveur, dans Sa Vie Eucharistique, continue à supporter les outrages et les blasphèmes de ses ennemis
Le croirait-on, si l'expérience et l'histoire de dix-huit siècles n'en fournissaient la preuve ! Jésus a toujours eu des ennemis, il en a encore qui le poursuivent de leur haine et de leur mépris, dans la Divine Eucharistie. Du fond de son Tabernacle, il les voit, il les entend; il prie, il s'offre pour eux, et ils résistent à toutes les grâces qu'il leur offre avec une générosité incomparable ! L'Eglise était encore à son berceau, et déjà le grand Apôtre était obligé de s'élever avec véhémence contre les profanateurs du Corps et du Sang de Jésus-Christ. Tous les siècles sont marqués par quelques sacrilèges particuliers, et quelques blasphèmes plus audacieux. O combien de fois la rage des ennemis de Jésus est-elle allé le chercher et l'a poursuivi jusques dans son Sanctuaire ! Aujourd'hui encore, le Corps de Jésus-Christ n'est-il pas tous les jours l'objet des plus sanglants outrages dans le grand Mystère d'amour ! Que d'impies dans le lieu saint et qui ne viennent à nos solennités que pour insulter la majesté du Dieu que nous adorons ! Que de regards criminels, que de pensées coupables ! Quel désir mille fois conçu de dérober au divin Sauveur l'hommage et les adorations de ses créatures ! Que de Messes profanées ! Combien de Communions hypocrites, sacrilèges !
O mon Dieu ! Sur Votre Autel, pendant que Vous vous immolez pour nous, n'êtes-Vous pas à chaque instant, principalement à certains jours de fête, dans les cérémonies les plus augustes du culte catholique, l'objet de mille outrages, comme autrefois sur le calvaire ! Eh bien ! Jésus-Christ consent à tout souffrir, à tout endurer, pour ses amis, pour moi !... Son inépuisable tendresse l'oblige en quelque sorte à continuer le bienfait de son adorable présence au milieu de ses ennemis les plus furieux, et, s'Il supporte leurs outrages, c'est pour que sa présence, dans la Divine Eucharistie, devienne pour moi une source de célestes bénédictions ! Oh ! Reconnaissance !... Amour !... Réparation !...
Deuxième point
Jésus-Christ, dans Sa Vie Eucharistique, supporte l'indifférence et la froideur du plus grand nombre des Chrétiens
Rien n'est sensible comme la froideur et l'indifférence, de la part de ceux que l'on aime et pour lesquels on se sacrifie. Cette peine, Jésus-Christ l'endure, pour mon amour, depuis qu'Il a institué l'adorable Sacrement de nos Autels. Pour comprendre cette vérité, il n'est pas nécessaire d'étudier la conduite des Chrétiens dans les siècles passés. Que voyons-nous aujourd'hui ? Le Sauveur est dans Son Tabernacle ; Il appelle, Il invite, Il presse, Il sollicite ; qui l'entend ? qui vient l'adorer ? Hélas ! L'immense majorité des Catholiques ignore si Jésus est là ; ou du moins, il faut l'avouer, leur conduite semble nous autoriser à le croire. On passe devant les églises mille fois par jour, quelquefois on regarde pour faire une réflexion sur l'architecture et les ornements de l'édifice ! Mais le maître de cette maison, celui qui l'habite nuit et jour ! On n'y pense pas !... Quelques-uns demeurent dans la même rue que le Sauveur, à quelques pas de Son Sanctuaire, et ils laissent écouler des semaines, des mois, peut-être des années entières, sans aller fléchir le genou devant Sa Majesté Infinie. On va partout où les affaires appellent, où les plaisirs invitent. à l'Eglise, jamais, si ce n'est quelquefois par un motif de vaine curiosité. Y a-t-il beaucoup de Catholiques coupables de cette indifférence ? Hélas ! c'est le grand nombre, principalement dans les villes ! Le commerce, l'administration, la politique, tout intéresse, tout occupe ; mais visiter Jésus-Christ, mais se souvenir de l'Amour qui le porte à demeurer constamment avec les hommes, gardez-vous bien d'en parler à cette multitude d'hommes, qui se fatiguent par ambition ou par avarice; ils n'ont pas le temps d'y penser !...
O Jésus, n'ai-je pas été, à une certaine époque de ma vie, du nombre de ces ingrats ! Si je ne le suis plus aujourd'hui, que fais-je, tous les jours, pour dédommager Votre Cœur si bon, si aimant, des outrages que vous font cette indifférence, cette froideur, cet oubli incompréhensible !...
Troisième point
Jésus, dans la Divine Eucharistie, continue de vivre avec ses amis
Oui, le Sauveur a des amis ; Il les aime, Il en est aimé. Il leur dit encore tous les jours : « Demeurez Dans Mon Amour. Mon Père vous aime, parce que vous M'aimez. Vous, vous êtes Mes amis ». C'est pour eux qu'il demeure dans le Saint Tabernacle. Il savait, en instituant cet adorable Mystère, que jusqu'à la fin du monde, Les Siens feraient leurs délices de la présence réelle, de la Communion, de la Messe ; c'est en leur faveur que tout a été fait. Là se trouve le Corps, et les aigles accourent pour se nourrir de sa substance. Suis-je un ami de Jésus ? Oh ! Oui, je le crois, car je fais mes délices de la Sainte Eucharistie. Je viens, j'adore, j'aime... J'écoute, j'interroge et j'entends ce langage du Cœur que le divin Epoux adresse à l'âme attirée par son Esprit dans cette aimable solitude ! Jésus a des amis dans Sa Vie Eucharistique. Ce sont les bons Prêtres, les Prêtres fervents ; ce sont les religieux qui goûtent en secret les ineffables délices de la vie intérieure ; ce sont les pieux laïcs, les vierges dont la vie est toute céleste, les saintes femmes qui viennent, tous les jours, arroser de leurs larmes le pavé du Sanctuaire.
Ô Sauveur ! Qui pourrait refuser l'honneur et la consolation d'être du nombre de ces Amis pour lesquels Vous avez institué ce Sacrement d'amour ! Ah ! Il Vous en a coûté beaucoup pour me procurer cet avantage ! Lorsque, après la dernière Cène, Vous prîtes du pain, et qu'ayant levé les yeux vers le Ciel, après avoir rendu grâces à Votre Père, Vous alliez prononcer les grandes et mystérieuses paroles de la Consécration, Votre regard divin pénétra dans l'avenir, toute l'histoire de l'Eglise se déroula sous Vos yeux. Vous aperçûtes tous les sacrilèges, toutes les profanations dont Votre Chair adorable et Votre Sang précieux seraient l'objet jusqu'à la fin du monde. Vous connûtes alors l'indifférence, la froideur, l'insensibilité et l'ingratitude du plus grand nombre de vos enfants ; tout autre qu'un Dieu devait reculer devant cet affreux tableau ; mais, ô amour ! Vous voyiez aussi ces Amis fidèles qui, dans leur exil, trouveraient en Vous toute leur consolation ; dans leur faiblesse, toute leur force ; Vous m'aperceviez dans ce moment, et Votre Cœur comprit tout ce que je demanderais un jour à Votre Divin Sacrement. Alors on Vous entendit prononcer ces paroles profondes : « Prenez et mangez, ceci est Mon Corps ! »
C'est donc pour Ses amis, c'est pour moi que Jésus a établi le Sacrement de Son Corps et de Son Sang, et qu'Il a accepté, par avance, tous les outrages dont les cœurs ingrats n'ont cessé de se rendre coupables. Depuis dix-huit siècles, Vous avez donc tout supporté pour m'attendre, ô mon Sauveur ! O Divine Eucharistie ! Ô Corps sacré de Jésus ! Je Vous adore ! Vivre et mourir au pied du Saint Autel, devant le Tabernacle ! Quel sort digne d'envie!
Adoro te devote, latens Deitas,
Quae sub his figuris vere latitas :
Tibi se cor meum totum subjicit,
Quia te contemplans totum deficit.
Je Vous adore dévotement, Dieu caché,
Qui sous ces apparences vraiment prenez corps,
À Vous, mon cœur tout entier se soumet,
Parce qu'à Vous contempler, tout entier il s'abandonne.
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