Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Images Saintes
Archives
Newsletter
Derniers commentaires
Images Saintes
  • La beauté élève l'âme... Par ces images volontairement sélectionnées, ainsi que par la récitation de ces prières, puissiez-vous avoir le désir de parvenir à Jésus et à la sainteté, but ultime de toute vie...
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
25 mai 2014

Le Mois de Marie à la Grotte de Lourdes

Le Mois de Marie à la Grotte de Lourdes

media-402689-1

Vingt-sixième jour

Préparatifs

 

Du 4 au 24 mars, tous les jours et à chaque heure du jour, un mouvement incessant de va-et-vient était établi sur le chemin du Pont-Vieux, et le dessous de la Grotte ne désemplissait jamais. Le dimanche, en particulier, les travaux des champs étant suspendus, on voyait, sur toutes les routes, de longues files de villageois qui venaient renouveler leurs hommages à la Dame de Bernadette. Quant à l'enfant, ne soupçonnant pas qu'elle pût être l'objet d'une attention quelconque, elle ne mettait aucun soin ni à se cacher, ni à se produire. Quatre fois par jour, comme avant les Apparitions, elle traversait une partie de la ville causant et babillant avec ses camarades d'école...

Souvent, le soir, à la sortie des classes, on apercevait une jeune fille se détacher sans bruit de ses compagnes et prendre en toute hâte la direction de Massabielle. Parvenue sous le rocher elle baisait la terre, jetait un regard ardent sur la niche et répandait son cœur dans une affectueuse prière. Avant que la nuit arrivât, elle se levait souriante, faisait un salut d'adieu et disparaissait avec le même empressement qu'elle était venue... Cette jeune fille n'était autre que Bernadette. Aux jours où l'école était fermée, elle allait passer de longues heures avec Celle qui lui avait promis de la rendre heureuse, non pas en ce monde, mais dans l'autre. Elle ne se présentait plus à la Grotte comme durant la quinzaine des Apparitions, c'est-à-dire accompagnée de la foule et à travers les ovations. Elle arrivait seule, enfoncée dans son capulet et faisant le moins de bruit possible. Soit par un sentiment d'humilité, soit pour ne pas attirer l'attention des assistants, elle franchissait la place qu'elle occupait au temps des visions et allait se réfugier au fond de la Grotte. Là, recueillie, effacée, souvent inconnue, elle se livrait à ses méditations et récitait avec piété son petit chapelet.

L'intérieur de la Grotte avait changé d'aspect. Des mains pieuses y avaient élevé un autel rustique, sur lequel on avait placé une statue de la Sainte Vierge. A cette statue, on avait bientôt ajouté des médailles, des cadres, une foule d'objets de piété, comme en une chapelle livrée au culte. Des cierges en grand nombre y brûlaient jour et nuit, et les voûtes de Massabielle commençaient à retentir du chant de cantiques en l'honneur de la Madone des Pyrénées. Aucun pèlerin ne quittait la Grotte sans jeter sur le sol, et plus tard dans un coffret, une pièce de monnaie destinée à l'érection de la chapelle réclamée par la Dame. Le petit trésor n'était gardé par personne, et jamais aucune main téméraire n'osa y toucher.

Cependant, une opinion, tenace comme une certitude, régnait à Lourdes et dans toute la contrée environnante relativement aux visions : c'était que la Dame de la Grotte n'avait pas dit son dernier mot. Les merveilles des extases, le jaillissement extraordinaire de la fontaine, les récits et les ambassades de la voyante demeuraient, en effet, sans explication suffisante, si l'Apparition continuait à se taire sur son nom et sur le but de ses visites. Or, les personnes qui analysaient les événements se refusaient à croire qu'un drame dont toutes les données étaient célestes, pût se terminer sans laisser dans les esprits autre chose que le souvenir brillant, mais stérile, d'une représentation théâtrale.

La période du 4 au 24 mars s'était néanmoins écoulée et aucun fait nouveau n'était venu dissiper les nuages, ni précipiter le dénouement attendu. En ce dernier jour, veille de l'Annonciation, un souffle du ciel passa dans toute la région, invitant les âmes pieuses à se rendre, le lendemain à la Grotte de Massabielle... Il faut cependant le dire, on ne vit pas à la Grotte, ce jour-là, les grandes foules des Apparitions précédentes. On y remarquait plutôt, avec quelques hommes agenouillés ça et là, une riche couronne de jeunes vierges et de pieuses mères, faisant une garde d'honneur à la Dame cachée. En obéissant à l'impulsion intérieure qu'elles avaient ressentie, toutes ces âmes d'élite s'étaient pénétrées de la pensée que quelque grand événement se préparait à la Grotte. À l'avance, elles se demandaient quel pouvait être cet événement. Bernadette entendit aussi, la veille, un appel intérieur.

Qu'on juge de sa joie quand elle comprit que la divine Mère l'appelait à un nouveau rendez-vous. Auprès de l'âtre de famille, dans la veillée du 24 mars, Bernadette fit part à ses parents de l'avis intérieur qu'elle avait reçu et parla, comme d'une chose assurée, du bonheur qui l'attendait le lendemain à la Grotte. Toute pleine de cette pensée, elle alla se coucher, mais le sommeil ne put arriver à ses paupières. La nuit lui parut longue et bien des Ave Maria du chapelet passèrent sur ses lèvres. C'était la veille d'une grande fête de la Vierge : l'Annonciation, première page de la genèse évangélique ; et cette fête, étant donné l'appel de la Dame, devait ménager à Bernadette des visions, des auditions, des goûts de paradis. Il est plus difficile de deviner ses impressions que de les analyser. Elle n'avait plus vu la Dame depuis trois semaines, et elle la reverrait le lendemain : quelle poésie en une telle perspective ! On comprend son insomnie : les grandes allégresses, comme les grandes douleurs, empêchent de dormir...

Les âmes pieuses perçoivent aussi les appels de la grâce. En la vigile des fêtes, quand les cloches sonnent les premières Vêpres et l'Angélus du soir, la voix de la Dame et de Jésus retentit en notre être religieux : « Va à confesse, prépare ta communion de demain, je t'apparaîtrai, je te visiterai, je t'emplirai de mes intimités ». Bernadette constata une prévenance insolite. Aussitôt que les premières lueurs du jour parurent, elle quitta sa couchette, s'habilla avec diligence, et, sans écouter son asthme, qui se réveillait dans sa petite poitrine, elle prit, d'un pas agile, le chemin de Massabielle. O confusion pour elle ! La niche était déjà  illuminée et la Dame attendait !... « Elle était là, disait Bernadette, paisible, souriante et regardant la foule comme une mère affectueuse regarde ses enfants ».

L'histoire du monde, notre histoire personnelle, sont remplies des prévenances de Dieu et de la Dame : il est nécessaire que l'Etre, la Sainteté, la Science, la Puissance qu'est Dieu, préviennent le néant, la misère, l'ignorance, la faiblesse qu'est l'homme. Nous ne pourrons jamais arriver avant Dieu. Nous souvenant que l'exactitude, politesse des grands, doit être davantage la politesse des chrétiens, à qui le Christ donne audience, nous devons, nous pouvons cependant être rigoureusement exacts à l'heure de la messe et des autres offices qui se célèbrent en nos temples sacrés...

Que d'indélicatesses, de fautes, je n'ose dire de crimes, dont certains catholiques se rendent coupables sur ce point ! D'une ponctualité mathématique, tels des instruments de précision, aux concerts, aux cours des facultés, aux salons pour les visites et les dîners, ils traînent en longueur, quand il s'agit d'assister à une cérémonie liturgique. Certaines vaniteuses se font même comme une spécialité des retards aux messes, aux sermons, aux Saints, pour se ménager dans l'église une entrée plus sensationnelle !... L'autel est tout illuminé, Jésus, la Dame attendent, et nous n'y sommes point ! Ah ! Si nous savions leur amour impatient !...

 

Examen

 

Quelles que soient les joies sensibles dont nous soyons privés devant le Saint-Sacrement ou l'autel de Marie, continuons-nous, autant que cela est compatible avec nos devoirs d'état, à venir faire notre adoration ou notre visite à la Sainte Vierge ?... Souvent le soir, à la sortie des classes, Bernadette se rendait en toute hâte à la Grotte, et cependant la Dame ne lui apparaissait plus... Nous nous dégoûtons si vite quand nous ne sentons plus rien... Le soir ! Quel moment propice pour la visite à l'église ! Ce fut le soir du Jeudi Saint et au soir de sa vie que Jésus institua l'Eucharistie... La tombée de la nuit fait penser à la tombée de cette nuit où personne ne peut plus travailler et qui s'appelle la mort : la vie est un jour, la mort c'est la nuit et demain, si nous sanctifions la veille, c'est le Ciel !...

Profitons-nous de nos loisirs pour prolonger notre présence à l'église ?... Aux jours où l'école était fermée, Bernadette allait passer de longues heures à la Grotte.... Nous nous plaignons parfois de manquer de temps pour nos exercices de piété... et quand le temps abonde, nous ne faisons pas davantage, si nous ne faisons pas moins, pour Dieu et Marie...

Aimons-nous à nous trouver dans l'église, quand il n'y a personne ou peu de monde, afin de tenir compagnie à Notre-Seigneur, à la Vierge, et de prier avec plus de recueillement... Bernadette arrivait seule à la Grotte et restait seule sous la roche... Ah ! Les coins de chapelle obscure, on les recherche quand on sait en éveiller les échos, en utiliser les ombres... Comme la Grotte fut promptement transformée en chapelle rustique !... On a beau voler les Fabriques et chercher à appauvrir le Culte, les dons des fidèles ne manqueront jamais... Quand l'Eglise n'aura plus l'or des Rois de l'Orient, elle aura les présents des bergers... C'est l'éternelle histoire...

Comment sanctifions-nous la veille des fêtes ? La veille c'est l'espérance... Le jour c'est déjà  presque le passé... Obéissons-nous aux appels de Dieu ?... Il nous appelle par la voix de notre conscience, par la vue d'un bon exemple, par le rafraîchissement d'un souvenir, par le son des cloches, par la rencontre d'un prêtre.... Préparons-nous soigneusement la veille au soir notre méditation du lendemain ?... Aspirons-nous en quelque sorte Dieu, en songeant à la messe que nous entendrons, à la communion que nous ferons ?... Bernadette sanctifia tout particulièrement cette veille de l'Annonciation... Ô nuit sainte, ô nuit bienheureuse pendant laquelle l'enfant ne put dormir !... Tardive aurore, devait-elle dire, hâte ton cours...

Que serions-nous sans les prévenances de Dieu ?... Il nous prévient dans notre cœur par les mouvements de sa grâce... Il nous prévient au tabernacle par sa présence perpétuelle... Il ne nous fait jamais attendre.... Il nous attend toujours... Le monde était illuminé par la lumière physique toute vierge, quand Adam fut créé... Notre tête était illuminée par la Foi baptismale, quand la Raison, à l'âge des premiers discernements, nous permit de voir un peu clair... La cathédrale de Reims était illuminée, quand Clovis, au jour de Noël, pour son baptême et celui de ses Francs, y entra... l'illumination de nos autels où se trouvent Jésus et sa Mère : quelle félicité pour des yeux clairvoyants !... Je comprends que le fier Sicambre et tant d'autres aient eu des illusions de Ciel !...

 

Prière

 

O Notre Dame, avec quelle complaisance ne deviez-vous point, à son insu, regarder Bernadette dans la Grotte quand, pleine de votre souvenir, elle venait respirer à Massabielle l'air que vous aviez vous-même respiré !... Elle ne vous voyait point.... Mais elle était bien sûre que vous la contempliez... Est-il besoin de voir pour aimer?... La Foi n'est-elle pas plus illuminatrice que nos yeux?... Faites-nous partager la foi de Bernadette.... Elle n'était point seule l'objet de vos regards : vous les promeniez sur tous ceux et toutes celles qui, à la Grotte, venaient vous invoquer.... Mais aussi immense dut être la joie de cette enfant, quand, la veille, vous lui fîtes part du rendez-vous du lendemain. Et le lendemain, plus diligente qu'elle, comme une Mère impatiente de la revoir et de lui accorder une grâce plus grande, vous l'attendiez dans la niche au milieu d'une apothéose lumineuse. Appelez-nous mystérieusement, à notre tour, prévenez-nous de vos amabilités royales, et que notre passion soit comme en Bernadette de vous voir, de vous prier, d'écouter vos paroles, pour vous servir mieux encore et plus vous admirer !...

 

O Marie, conçue sans péché, Priez pour nous qui avons recours à vous.

Notre-Dame de Lourdes, priez pour nous.

 

Texte extrait du « Mois de Marie à la Grotte de Lourdes », Abbé Archelet, Librairie P. Lethielleux, Paris, 1908

173_001

Pour recevoir les méditations du Mois de Marie, chaque jour, dans votre boite mail, abonnez-vous à la newsletter d'Images Saintes

Publicité
Commentaires
Publicité
Publicité