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11 avril 2020

La Semaine Sainte avec Darwin Ramos

La Semaine Sainte avec Darwin Ramos

 

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Veillée pascale et Dimanche de la Résurrection

 

Evangile selon Saint Jean (20, 1-9)

 

Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin ; c’était encore les ténèbres. Elle s’aperçoit que la pierre a été enlevée du tombeau. Elle court donc trouver Simon-Pierre et l’autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a déposé. » Pierre partit donc avec l’autre disciple pour se rendre au tombeau. Ils couraient tous les deux ensemble, mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau. En se penchant, il s’aperçoit que les linges sont posés à plat ; cependant il n’entre pas. Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour. Il entre dans le tombeau ; il aperçoit les linges, posés à plat, ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place. C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut. Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas compris que, selon l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts.

 

Dimanche 23 septembre 2012

 

J’ai l’impression de revivre exactement la même scène que dimanche dernier. Il est minuit, je m’habille à toute vitesse, j’attrape mon petit sac à dos et enfourche ma moto pour rejoindre l’hôpital au plus vite. Alexandra, une jeune volontaire française qui donne toute son énergie et son coeur au service des enfants de la Fondation, vient de m’appeler. C’est elle qui veillait sur Darwin cette nuit et les médecins ont subitement demandé à me parler. Une urgence ont-ils dit.

Je déboule dans la petite salle de soins intensifs et le médecin de garde, une jeune femme douce et délicate s’approche de moi.

- Mon Père, nous aimerions savoir si vous nous autorisez à être agressifs en cas de réanimation ?

Le vocabulaire qu’elle emploie me surprend un peu.

- Pardon, je vous comprends mal. De quel réanimation parlez-vous ?

- Darwin ne va pas bien et son coeur peut lâcher à tout moment. Puisque vous êtes le gardien légal du patient, j’ai besoin de vos recommandations au sujet de la réanimation.

- Mais je croyais que l’assistance respiratoire allait lui permettre de tenir encore longtemps !

Elle sent dans le ton de ma voix que je suis un peu perdu et reprend plus calmement :

- Nous l’espérions effectivement, mais le corps de Darwin semble ne plus avoir la force de se battre. L’évolution de sa maladie touche à sa fin malheureusement. Le taux de carbone a considérablement augmenté ces dernières heures et votre garçon est en train de s’empoisonner.

Je n’arrive pas à retenir mes larmes et reste sans voix.

- Mon Père, s’il vous plaît, pour la réanimation…

- Oui, pardon. Faites ce qui sera nécessaire, mais ne vous acharnez pas, je vous en supplie.

J’entre dans la petite salle où Randy continue de pomper consciencieusement sur la petite poire pour accompagner la respiration de Darwin. Il est resté toute la soirée pour assister Alexandra alors qu’il avait déjà veillé l’après-midi. Je lis sur son visage attristé qu’il a bien compris la gravité du moment qu’il est en train de vivre.

Je m’approche de Darwin qui est dans un état de semi-coma. Toutes sortes de câbles relient son corps à des engins perfectionnés dont je ne connais pas l’utilité mais le petit retentissement régulier de l’alarme, qui fait penser aux sonars d’un sous-marin, me rassure, comme s’il était une preuve tangible que son coeur bat encore. Darwin ouvre par moment les yeux mais ne semble pas me reconnaître. Le regard encore embué par les larmes, j’ouvre ma sacoche pour prendre mon étole, l’eau bénite et mon petit rituel et commencer à réciter la prière des agonisants. J’ai du mal à articuler les mots que je prononce entre deux sanglots. Dans cette petite salle, où sont pourtant entassés quatre autres enfants malades et leurs parents, le silence est saisissant. Tout le monde, malades et médecins, semble se joindre à cette dernière supplication.

« … à l’heure où tu quitteras cette vie, que la Vierge et tous les saints viennent au devant de toi. Que Jésus-Christ te délivre, Lui qui a bien voulu mourir en croix pour toi ».

À peine la prière achevée, je me tourne vers Alexandra et lui demande de prévenir Gloria, la directrice-adjointe de la Fondation, Joseph bien sûr et Maria, la responsable de son foyer. Il faut vite les informer que Darwin est en train de nous quitter.

Au cours des heures qui passent, ils arrivent tous un par un dans cette petite pièce. Tous ceux qui l’ont accompagné ces derniers mois sont là, il ne manque plus que la famille de Darwin, mais l’assistante sociale est déjà en route pour aller les chercher. Tous montrent une dignité impressionnante et viennent dire quelques mots à l’oreille de Darwin. Souvent un simple merci.

Le jour commence à poindre. Épuisé par cette longue veille, je m’assieds à côté de Darwin sur une chaise en plastique tandis que Gloria prend la poire en caoutchouc et reste debout à pomper méthodiquement. Elle semble tenir sa vie au bout des doigts. Le médecin de garde vient parfois vérifier les engins électroniques et ajuste le rythme d’écoulement des poches de Dextrose. Je pose ma main sur le coeur de Darwin et sens ce battement faible mais régulier qui le raccroche encore à la vie. J’ai l’impression qu’à chaque pulsation, mon petit protégé m’appelle, qu’il se manifeste à moi. Ces petites vibrations lointaines sont le dernier pont qui nous relie. Nous restons ainsi de longues minutes à le regarder vivre ses derniers moments.

Tout à coup plus rien.

Je le sens, son coeur s’est arrêté. Je fais signe au médecin qui ajustait encore la perfusion. Elle prend calmement son stéthoscope et vérifie mécaniquement le pouls du jeune patient. Puis dans un mouvement soudain grimpe sur le lit, et agenouillée près du jeune garçon se met à lui faire un massage cardiaque tout en demandant l’assistance des infirmiers. Tandis que Gloria continue de pomper, je m’écarte du lit pour leur laisser la place et ne retiens plus mes larmes qui coulent sans discontinuer.

Après quelques minutes d’agitation, l’équipe médicale s’arrête un instant. Le coeur semble avoir repris. Le médecin fait glisser son stéthoscope le long du thorax. Mais affichant une moue dubitative, elle fait à nouveau signe aux infirmiers et recommence le massage cardiaque.

D’interminables minutes se passent pendant lesquelles l’équipe médicale se relaie pour tenter de réanimer ce corps sans vie.

Du bout du lit, je regarde fixement le visage de Darwin et murmure à voix basse :

- Tu t’es bien battu, mon bonhomme. Allez, cas-y maintenant, pars. Il t’attendent là-haut.

Je fais un geste discret de la tête au médecin qui guettait mon signal. Elle touche aussitôt sans un mot le bras de l’infirmier affairé à masser avec énergie. Ce dernier s’arrête aussitôt et descend du petit lit. C’est fini, Darwin nous a quittés.

Nous sommes un dimanche matin, il est 5h30, aube du jour où les Chrétiens se rassemblent pour fêter la résurrection du Christ. Darwin vient d’achever sa longue semaine sainte.

« Bon et fidèle serviteur, entre dans la joie de ton Maître » (Mt 25, 21).

L’équipe médicale s’empresse en silence de débrancher les engins électroniques et le corps est recouvert d’un drap. Je ne me résigne pas à m’écarter de cet petit lit comme si le temps venait de s’arrêter. Mais il faut consentir à l’accompagner, dans la prière.

En sortant de l’hôpital, je suis envahi par une image d’une douceur surnaturellement apaisante : Darwin se blottit dans les bras de la Vierge Marie tout en me regardant avec un immense sourire. « Bahala na siya. À Elle de s’occuper de toi ».

 

Extrait de « Plus fort que les ténèbres », Père Matthieu Dauchez, Editions Artège, 2015.

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Le Serviteur de Dieu Darwin Ramos

Le petit Philippin maître de joie

 

Darwin Ramos naît le 17 décembre 1994 dans une famille très pauvre de Manille (Philippines). Il est contraint de mendier dans la rue pour subvenir aux besoins de sa famille, malgré une maladie qui atrophie ses muscles et qui l’empêche rapidement de se tenir debout.

En 2006, il est accueilli par l’association ANAK-Tnk qui œuvre pour les enfants de la rue. Il est baptisé le 23 décembre, puis reçoit la Première Communion et la Confirmation un an plus tard. Darwin fait preuve d’une foi simple mais profonde, ancrée dans la prière et l’action de grâce. Il vit sa maladie dans une réelle union avec le Christ en Croix et dans une grande espérance. Il rayonne de joie et réconforte les enfants de ANAK-Tnk.

Le 16 septembre 2012, sa maladie s’aggrave. Il vit alors une véritable Semaine Sainte : le jeudi, un combat spirituel, le vendredi, il écrit dans une grande paix : « Un immense merci. Je suis très heureux ». Après un samedi silencieux, il meurt le dimanche 23 septembre 2012.

 

Prière pour la béatification du Serviteur de Dieu Darwin Ramos

 

Ô Dieu de toute Joie, Père, Fils et Saint Esprit, Tu ne laisses jamais seuls ceux qui sont dans l’épreuve. Nous Te rendons grâce de nous avoir donné, en Darwin Ramos, enfant de la rue, un modèle lumineux de vie chrétienne. Dans sa brève existence, Tu lui as donné la grâce d’une foi simple et inébranlable, d’une espérance joyeuse dans la maladie, d’une charité constante pour le prochain. Nous Te demandons la glorification sur terre de ton serviteur Darwin, afi n que les jeunes et les malades puissent trouver en lui un maître de Joie. Par son intercession, exauce notre prière (la formuler ici…). Nous Te le demandons par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Amen. Notre Père/Je vous salue Marie/Gloire au Père.

 

Imprimatur : Mgr. Honesto F. Ongtioco, évêque de Cubao (22 novembre 2018).

 

Pour plus d’infos, relations de grâces

https://darwin-ramos.org

Facebook : @DarwinRamosAssociation

 

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