Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy
Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy
Trentième jour
Impressions salutaires que l'on ressent dans l'Eglise angélique de Notre Dame du Puy
La nature, avec ses impressions, sa beauté, ses aspects qui parlent tout à la fois à l'esprit, au coeur et à l'âme, ne contribue pas peu à élever l'homme vers son Créateur. C'est là ce qui explique pourquoi certaines contrées de la France ont un caractère plus profondément religieux que d'autres. Demandez au breton pourquoi sa croyance est plus fortement enracinée que les chênes de son pays, il vous montrera l'Océan qui fouette ses falaises, et sur lequel il croit voir « l'esprit de Dieu porté sur les eaux. Et Spiritus Dei ferebatur Super aquas ». (Genèse, 1-2.) Il vous montrera ses landes désertes sur lesquelles il voit également planer l'infini. Demandez à l'habitant du Velay la raison de son culte spécial pour Marie : il vous montrera ses pics qui surgissent du fond de ses vallées ; il vous montrera la ceinture de sapins et la couronne de montagnes, qui font du Velay comme un temple naturel que la sainte Vierge s'est plu à consacrer par diverses apparitions, et au centre duquel elle a désigné elle-même le lieu ou elle désirait être spécialement invoquée.
Ce lieu ainsi choisi par la sainte Vierge, c'est le sanctuaire angélique du Mont-Anis. Rien, tout à la fois de plus saisissant, de plus religieux et de plus pittoresque que l'aspect qu'offrent le sanctuaire et la cité du Puy-Sainte-Marie, aux innombrables pèlerins qui s'y rendent de toutes parts.
La Basilique, notamment, par sa structure et ses dispositions toutes particulières est un monument unique en France. Elle est bâtie moitié sur une plate-forme de brèche volcanique, dépendante du rocher de Corneille qui la domine, et moitié sur un précipice profond qui a été comblé à la hauteur du sol par le moyen de fortes voûtes jetées hardiment sur l'abîme, et supportées par d'énormes piliers flanqués eux-mêmes de grosses colonnes byzantines. Entrons un instant dans ce mystérieux sanctuaire et soumettons nos âmes aux salutaires impressions que l'on y éprouve :
Parmi les âmes qui pénètrent dans le sanctuaire de Marie, les unes sont en grâce avec Dieu, les autres ont des péchés sur la conscience. Les premières subissent tout de suite le charme que l'apparition de Marie laissa autrefois dans ce lieu, et y éprouvent je ne sais quelle sensation suave et quel mélange de paix et de bonheur vraiment extraordinaire. Peu à peu le calme profond de ce sanctuaire, le recueillement qui y règne, vous gagnent et vous pénètrent complètement.
Oh ! Qu'il fait bon prier là, et y épancher son âme aux pieds de Marie ! Comme on sent bien que les Anges ont consacré cette solitude, l'ont traversée en tout sens et que la sainte Vierge y est descendue autrefois à l'endroit même où s'élève aujourd'hui son autel ! La prière est si douce en cette Basilique et l'on s'y trouve si bien qu'on voudrait pouvoir y rester, y vivre, y mourir même et y reposer dans un tombeau. On comprend, après cela, pourquoi, en 1485, Jean de Bourbon, un des plus illustres Evêques du Puy, tenait tant à avoir son sépulcre dans cette église, qu'il offrit, mais en vain, au Chapitre, en échange de cette faveur, la somme considérable à cette époque de 4.000 livres de rente.
Ah ! c'est que ce lieu est véritablement charmé, et le charme que l'on y éprouve est divin ! Le pécheur et l'incrédule ne peuvent pas plus le méconnaître que s'en défendre : ils le subissent aussi bien que les saintes âmes. Seulement ils l'éprouvent d'une autre façon : au lieu de se manifester par le calme et la paix, ce charme se traduit chez eux par la crainte respectueuse, la terreur involontaire et surtout par de salutaires remords. Il semble qu'une voix intérieure leur crie les paroles de l'inscription, qui se trouve gravée dans la pierre de l'une des marches de l'escalier de la Cathédrale : « Ni caveas crimen, caveas contingere limen ! Arrière, vous qui êtes en état de péché mortel ! »
Il semble que cette voix leur redise aussi ces paroles, d'une autre inscription, à demi effacée, que l'on lit encore près de la porte du For : Lubrica si vita fuerit, tunc limina vita ! C'est-à-dire : Fuyez loin d'ici, vous dont la vie n'est pas pure ! » Malgré eux, ils sentent que ce lieu est saint : Iste locus sanctus est ! Il y a, en effet, dans l'air qu'on y respire quelque chose d'indéfinissable et de divin qui subjugue doucement l'âme, apaise ses passions et la dispose suavement aux secrètes influences de la grâce. Nulle part, du reste, se rencontre mieux que là, le recueillement dont l'âme a besoin pour parler à Dieu et lire dans sa conscience. Dès l'entrée, ce recueillement vous saisit et vous captive ; une fois entré, on ne sait pas se retirer, on sent le besoin de s'attarder sur ces dalles, d'y soupirer, d'y gémir, d'y pleurer… La demi-obscurité répandue dans ce lieu porte, en outre, à prier ; car, rien ne sied mieux à la prière, que ce demi-jour mystérieux, que les verrières ne laissent pénétrer qu'avec épargne. On y voit à peine pour lire, c'est vrai : mais a-t-on besoin d'un livre pour prier, pour sonder sa conscience et pleurer ses péchés ? On prie donc presque irrésistiblement et l'on prie d'autant mieux que l'on prie alors avec son coeur !
Ah ! Nous ne craignons pas de l'affirmer : si les saintes prières, si les larmes du coeur, si la ferveur et les transports des âmes innombrables qui sont venues prier là, depuis dix-huit siècles, peuvent ajouter quelque chose à la sainteté et à la consécration de ce lieu, aucun sanctuaire, sous ce rapport, n'a été favorisé comme celui-là !
En cela, du reste, apparaissent clairement les vues de la Providence sur cette Eglise angélique. Dans les desseins de Marie, le but de ce pèlerinage n'a pas été surtout la santé du corps, mais la santé de l'âme et la conversion des pécheurs. D'ailleurs, aux yeux de la foi, tout le reste est secondaire et ne tend qu'à cette fin !
Allons donc souvent prier Marie dans son sanctuaire du Mont-Anis ! Reprenons de nouveau le chemin oublié, que nous aimions tant à suivre dans notre enfance et que foulèrent si souvent nos aïeux. Quoi de plus doux et de plus réconfortant pour un enfant du Velay, que d'épancher son âme sous les voûtes de cette Cathédrale, où s'agenouilla Charlemagne, où se prosterna saint Louis, où le grand Pape, Urbain II, et l'illustre Adhémar, évêque du Puy, poussèrent leur premier cri de guerre, ce cri souverain : « Dieu le veult ! » qui devait jeter la chrétienté tout entière aux Croisades.
Ah ! quand on sait les écouter et les entendre, toutes les pierres qui composent les voûtes, les colonnes, les murailles et le parvis de ce temple, toutes ces pierres ont une voix qui chante les gloires de la Mère de Dieu et nous invite à aimer Marie. Les ex-voto appendus à ces murs nous parlent de ses bienfaits, les lampes qui brûlent nuit et jour autour de son autel, nous rappellent les trente-deux lampes d'argent qui brûlaient constamment, autrefois, devant la statue de la Vierge noire, et nous disent la dévotion qu'un grand nombre d'âmes lui portent encore dans le Velay.
Enfin, il n'est pas jusqu'à cette chaire célèbre, dont la vue ne nous émeuve, en nous rappelant aussi, que là, saint Mayeul, saint Odilon de Cluny, saint Dominique, saint Antoine de Padoue, saint Vincent Ferrier, saint François-Régis, le P. Brydaine ont précédé jadis, en leur frayant la voie, les Ravignan, les Combalot et les Félix ! La voix de ces grands orateurs semble retentir encore du haut de cette chaire ; et, pour raviver dans tous nos coeurs la dévotion envers Notre-Dame du Puy, le P. Brydaine semble nous redire aujourd'hui, comme en 174 :
« Souvenez-vous, cher peuple du Velay, souvenez-vous que c'est peu pour la divine Marie et pour vous, d'avoir vu, dans cette célèbre église, neuf rois de France, trois empereurs, trois Papes, et tant d'illustres princes et princesses, prosternés humblement à ses pieds, déposer leurs sceptres et leurs couronnes, si vous, qui êtes comme ses enfants privilégiés, depuis des générations immémoriales, vous ne vous montrez dignes imitateurs de la confiance que vos pères ont eue en cette Reine des Anges et des hommes. Pensez surtout qu'elle exige de vous, non pas simplement des hommages passagers, mais que vous l'honoriez constamment par la pureté de vos mœurs plus que tous les peuples de l'univers, et que vous recourriez confidemment et fréquemment à elle, non seulement dans vos besoins temporels, mais aussi, et surtout, dans vos besoins spirituels. Je vous répète et vous conjure donc de n'oublier jamais la confiance qu'attend de vous la divine Marie. Je voudrais vous piquer d'honneur et vous taire renchérir sur les sentiments de tous les peuples du monde chrétien. Quoi ! cher peuple du Velay ! Voudriez-vous que des étrangers vinssent, pour ainsi dire, vous enlever des trésors qui sont autour de vos foyers, et sur lesquels votre bonne et tendre Mère vous offre journellement tout droit de préférence !... »
Ainsi parlait Brydaine ; et nos pères, qui l'écoutaient avidement, s'écriaient tous qu'ils ne voulaient jamais cesser d'honorer et d'aimer de tout leur coeur la patronne du Velay ! Faisons, à notre tour, les mêmes protestations à la Vierge Marie, et jurons, nous aussi, un éternel amour à notre auguste protectrice, Notre-Dame du Puy.
Prière
Notre-Dame du Puy, protégez ce pèlerinage sacré, ce sanctuaire de grâces et de bénédictions que vous avez confié à la garde de tous les chrétiens du Velay ; empêchez que sa gloire ne s'éclipse et ne périsse par leurs fautes, comme périssent, hélas! ici-bas, tant de grâces de Dieu dont tant de chrétiens ingrats ne craignent point d'abuser !
Notre-Dame du Puy, veillez sur ces roches saintes d'Anis et de Corneille où les multitudes des pèlerins viennent vous prier avec amour. Défendez-les contre toute profanation ! Que le sanctuaire élevé sur la place où vous êtes apparue, il y a dix-huit cents ans, soit à jamais sacré ! Que les pécheurs y trouvent le repentir de leurs fautes, que les malades y reçoivent la guérison de leurs maux ; que les âmes faibles et chancelantes y puisent la force dont elles ont besoin ; que ceux qui viennent y pleurer y soient consolés ; que tous ceux qui viennent y prier y soient exaucés ! Que nulle âme enfin, venue pour chercher la foi en ce lieu, ne s'en aille sans l'avoir trouvée et sans l'emporter dans son coeur comme un précieux trésor ! Que les grands pèlerinages d'autrefois ressuscitent et reprennent leur cours interrompu ! En un mot, que votre gloire dix-huit fois séculaire, ô Notre Dame du Puy, brille désormais d'un nouvel éclat, et que l'amour et la dévotion des habitants du Velay pour vous, soient à jamais immuables et solides comme le roc qui porte aujourd'hui votre temple et votre statue !
Notre-Dame du Mont-Anis, priez pour nous ! Amen !
Salve Regina
Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !
Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !
Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,
et au sortir de cet après l'exil, obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !
O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !
V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.
R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.
Oraison
Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.
Salve, Regina, Mater misericordiæ, vita, dulcedo et spes nostra, salve !
Ad te clamamus, exules, filii Evæ ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.
Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.
Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.
O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !
V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.
R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.
Oremus
Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, præparasti: da ut cujus commemorationo lætamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.
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