Le Mois de Saint Dominique
Vingt-sixième jour
Derniers jours
Prélude : Le visage de Dominique s'est transfiguré : il y a déjà un reflet du ciel sur ces nobles traits, empreints de recueillement et de joie.
Réflexions
L'œuvre du grand patriarche était accomplie. Le petit grain semé avec larmes dans le Languedoc avait levé, il était devenu un vigoureux arbuste, qui, transplanté à Rome, en terre favorable, avait grandi et couvrait maintenant, arbre immense, de ses rameaux protecteurs, le monde entier. Pendant cinq ans, Dieu qui prélude souvent en ce monde aux récompenses éternelles de ses bons ouvriers, avait donné à Dominique cette grande consolation d'assister à l'affermissement de son Ordre, désormais immortel sous la garde de Jésus Christ.
Nouveau Siméon, le fondateur pouvait chanter son Nunc dimittis, parce que ses yeux avaient vu le Christ glorifié et la lumière des nations éclairant l'univers par les fils que Dieu lui donna en si grande multitude. D'autre part, il avait faim et soif du ciel, son âme soupirait après les clartés de la vision béatifique, son cœur avait besoin d'amour infini, et tout son être respirait à la possession divine. Sans doute, ses enfants l'entouraient de beaucoup d'affection, mais l'écho de sa pensée intime résonnait dans d'autres régions que les limites terrestres : Jésus qu'il avait connu et aimé, qu'il avait fait connaître et aimer, Jésus ne se révèle à découvert qu'au ciel, les voiles du sacrement irritaient l'amour de Dominique ; Marie, la reine du très Saint Rosaire, lui avait souvent dévoilé quelque chose de sa maternelle splendeur, mais elle disparaissait vite et le grand prédicateur avait besoin de se jeter à ses pieds dans une contemplation éternelle ; plusieurs de ses fils et de ses compagnons d'apostolat l'attendaient là haut, il voulait partir !
Qui dira ce qu'est cette nostalgie du ciel, s'il ne l'a éprouvée ? Plus rien n'attache à la terre les âmes qui en sont glorieusement atteintes : elles soupirent sans cesse, une tristesse douce fait le fond de leur vie et transpire jus que dans leur extérieur, leurs entretiens sont du ciel, et leur conversation n'en sort pas. Pour un peu, dans l'intimité du moins, elles diraient volontiers, si leur humilité ne les empêchait : « Comme la terre me paraît vile, j'ai vu le ciel ! »
Pratique : Entretenir dans son âme, spécialement dans les temps d'épreuves, les saints désirs du ciel.
Invocation : Saint Dominique, vous qu'un ange a appelé au ciel, priez pour nous !
Trait historique
L'appel du Ciel
Avant de quitter Bologne, Dominique reçut de Dieu l'avis que son exil touchait à son terme. Le bienheureux Jourdain de Saxe raconte qu'un jour qu'il était en prière et soupirait ardemment, comme saint Paul, après la dissolution de son corps, Dominique se sentit saisi d'une puissante émotion et d'un irrésistible désir de voir Dieu. Jourdain, un jeune homme d'une beauté ravissante, lui apparut, et, le nommant avec une douceur infinie, lui dit : « Dominique, mon bien-aimé, viens dans la joie, viens aux noces que je t'ai préparées, viens ». Il connut en même temps l'époque précise du rendez-vous et on remarqua chez lui un changement joyeux, qui indiquait la fin de toute tristesse. À quelques jours de là, étant allé voir quelques étudiants et quelques élèves de l'Université de Bologne qu'il affectionnait, il parla avec sa gaîté ordinaire, les exhortant au mépris du monde et à la pensée de la mort. Puis, se levant pour les quitter, il leur fit cet adieu : « Mes chers amis, vous me voyez maintenant en bonne santé ; mais, avant que vienne l'Assomption de Notre Dame, je serai enlevé de cette vie mortelle ». Cette annonce surprit beaucoup, rien en lui n’annonçait l'affaiblissement prochain de ses forces, et son esprit était plus mâle que jamais. (Vie de saint Dominique, par divers auteurs).
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