Le Mois des âmes du Purgatoire
Vingt-sixième jour
L'aumône
Prélude : Nous représenter l'aumône comme un torrent d'eau froide qui tombe dans le feu.
Méditation
Faire l'aumône, c'est verser un torrent d'eau rafraîchissante dans les flammes qui dévorent les âmes, car l'aumône a une vertu singulière pour expier non-seulement nos péchés, mais encore les péchés d'autrui.
Un savant et pieux auteur nous suggère à ce sujet un excellent conseil que nous ferons bien de suivre : « Il faudrait, dit-il, toutes les fois qu'un pauvre, mourant de faim, frappe à votre porte ou vous tend la main dans les rues, vous représenter que c'est une âme du purgatoire qui s'adresse à vous pour vous supplier humblement d'avoir pitié d'elle dans l'affliction où elle est ».
Donnez donc aux pauvres, volontaires ou non, donnez dans la vue de délivrer par cet acte de charité quelque âme du purgatoire. C'est une œuvre de miséricorde bien digne d'un chrétien, c'est un exercice de pénitence très salutaire qui vous servira beaucoup à expier les fautes commises pendant votre vie, à acquitter de grandes dettes sans qu'il vous en coûte beaucoup, « à vous faire avec votre argent des amis qui, après la mort, selon la promesse du fils de Dieu, vous recevront dans les tabernacles éternels ». (Luc 16, 9).
Si donc vous aimez vos frères, si vous aimez Jésus-Christ, si vous vous aimez vous-mêmes, imposez-vous l'aumône comme une loi, et que ce soit au profit des âmes du purgatoire.
Résolution : Voir une âme du purgatoire dans la personne du nécessiteux que nous assistons par nos aumônes.
Bouquet spirituel : « Comme l'eau éteint le feu le plus ardent, ainsi l'aumône détruit les péchés ». (Ecclésiaste, 3, 33).
Exemple
Une négligence
L'abbé Trithème, écrivain distingué de l'ordre de saint-Benoît, raconte que Raban Maur, premier abbé de Fulde au IXe siècle, ensuite archevêque de Mayence, avait donné l'ordre au procureur de l'abbaye, nomme Édelard, de faire en tout temps les plus abondantes aumônes ; et, lorsqu'il mourrait un religieux, de donner pauvres, pendant trente jours, la nourriture qui lui était destinée. Édelard, dominé par la passion de l'avarice, ne s'acquittait point de ce qui lui était commandé par le prieur. Mais un soir, en traversant le chœur, aux il y vit tous les religieux morts depuis qu'il avait la charge de procureur ; ils venaient lui reprocher sa négligence et son avarice qui les retenaient dans le purgatoire faute de l'aumône dont la divine justice réclamait le mérite. Puis ils lui prédirent que dans trois jours, il viendrait subir les châtiments qu'il méritait.
Édelard, saisi de remords et de frayeur, tombe sans connaissance : on l'emporte dans sa cellule, et là, refusant tous les secours humains, il demande le prieur pour lui confesser ses fautes avant de mourir. L'abbé, après lui avoir parlé de la miséricorde de Dieu. lui donne les sacrements des mourants et lui voit rendre le dernier soupir. À quelque temps de là, l’âme du frère Édelard lui apparaît et lui dit : « Je vous remercie, mon Père, de l'aumône que vous avez versée dans le sein des pauvres à mon intention ; mais selon la divine justice, le mérite en a été appliqué à ceux qui, à cause de moi, étaient retenus dans le purgatoire, faute de l'expiation dont mon avarice les privait. Ne vous lassez pas, ô mon Père, d'apaiser le juste Juge, car je dois rester dans la prison expiatrice jusqu'à ce que tous mes frères en soient délivrés ».