Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte
Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte
Cinquième jour
Cinquième rayonnement
Le Baptême au Jourdain
« Ecce Agnus Dei ». (Jn. 1, 29)
L'obscurité qui couvrait la vie de Jésus ne commence à se dissiper qu'au jour glorieux de son baptême.
Il avait trente ans. Le rayonnement qui s'échappe de son Cœur arrive à son apogée, et puisque nous avons comparé ce divin Cœur au soleil, nous pouvons dire que les trois dernières années qui commencent en ce jour, sont le plein midi de ce soleil. De la Vie cachée, Jésus-Christ passe soudain à la Vie publique, et c'est tout d'un coup que cet éclat jaillit.
Un jour, Jean qui baptisait depuis un an au bord du Jourdain, eut un pressentiment direct de son approche. À l'instant, son cœur s'enflamma et, d'une voix vibrante comme l'éclat d'une trompette, il s'écria : « Voici, voici l'Agneau de Dieu ». Les multitudes comprirent-elles ce cri ? En tous cas, les eaux du fleuve qui coulaient comme un torrent, durent bondir de joie en voyant l'Agneau qui venait s'y baigner.
C'était à la dixième heure après le lever du soleil, correspondant environ à quatre ou cinq heures du soir, l'heure où les prêtres du Temple immolaient un agneau en offrant le sacrifice du soir ; c'est pourquoi le Précurseur disait : « Voici l'Agneau ». Véritable Agneau, en effet, par la pureté et la douceur.
L'Agneau, cette ravissante image de la douceur et de la sainteté du Cœur de Jésus, deviendra depuis l'appel de Jean, le nom de la Victime sainte : Agnus Dei. Le Cœur de Jésus est la douceur qui endure la souffrance sans plainte ni révolte, l'innocence qui se sacrifie, l'amour qui se donne, l'humilité qui s'abaisse.
Jésus s'avança vers Jean-Baptiste, mais celui-ci, confondu de tant d'humilité, lui dit ces paroles : « C'est moi qui devrais être baptisé par vous, et vous venez à moi ». Mais Jésus lui répondit : « Laisse faire maintenant, car c'est ainsi qu'il convient que nous accomplissions toute justice ». Alors Jean n'insista plus et Jésus descendit dans le Jourdain.
Ce beau fleuve qui roule ses eaux tumultueuses jusqu'à la mer Morte, et déjà célèbre par le passage des Israélites, allait devenir sacré par le contact divin. Formé des neiges immaculées du Liban, il se précipite en un cours impétueux au milieu d'une végétation luxuriante qui borde ses rives, dans cette plaine maintenant triste et désolée qu'il fécondait jadis comme le Nil féconde l’Egypte par ses inondations. C'est là un ravissant symbole du fleuve de grâce qui s'échappe du Cœur de Jésus-Christ pour arroser la terre aride et ingrate de nos âmes.
Après que Jésus fut baptisé, dit l’Evangile, tout-à-coup le ciel s'ouvrit, on vit l’Esprit de Dieu descendre sous la forme d'une colombe et une voix s'écria : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j'ai mis mes complaisances ». Ne fallait-il pas en effet, ô Pèlerin, que le rayonnement divin éclatât aux yeux de tous, et que Jésus apparût dès lors au monde comme Verbe de Dieu, dans la gloire de son Père, qui proclamait ainsi sa céleste origine : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ». Mais au lieu de cette éclatante manifestation de la Trinité, du Père qui parlait dans la nue, du Fils descendu dans le Jourdain, de l'Esprit Saint qui se reposait sur Lui, le Christ gardait le silence. Par ce silence, il confondait l'orgueil humain qui s'élève arrogant, si fier de quelque titre glorieux et terrestre. Sa bouche se taisait, mais son cœur semblait dire : « Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur ». En effet, le degré suprême de l'humilité est de se soumettre à son inférieur ; c'est ce degré qu'a occupé le Cœur de Jésus en s'abaissant devant saint Jean, qu'il exalte en s'humiliant lui-même. « Qui l'eût cru Fils de Dieu, s'écrie saint Bernard ; qui eût soupçonné en lui le Seigneur, et le Dieu de majesté ? Vous vous humiliez trop profondément, Seigneur, vous vous cachez avec trop de soin ; mais vous ne pourrez rester inconnu à Jean ». Puisque Jésus se tait, Dieu parle et l'Esprit-Saint se repose sur le Cœur humble et doux.
Jésus, descendu au milieu du fleuve, purifie les eaux ; il leur donne la force de la régénération, le « droit de baptême », selon le mot de saint Bernard ; puis il nous ouvre, par son baptême, la porte du ciel et les flots de la grâce, jusqu'alors retenue par le péché. En ce jour, le divin Cœur se donne comme source de vie et quels torrents descendent de lui ! Il fera ruisseler la grâce et la vie dans les âmes !
C'est un avant-goût de cet autre baptême qui terminera sa vie mortelle et dont il disait : « J'ai désiré d'un grand désir ce baptême, et pourquoi faut-il que je me voie empêché quelque temps encore de le recevoir ? »
Jésus, en instituant le baptême, épouse l'humanité, qui sera désormais lavée de ses péchés. Aussi l’Église chante-t-elle « qu'en ce jour elle a été unie à son céleste Epoux, parce que Jésus a lavé dans le Jourdain tous les crimes qu'elle avait commis ». En ce jour solennel, l'Agneau a pris sur lui toutes les souillures de sa créature et la faute originelle d'Adam, et les a purifiées dans ce bain régénérateur, devenu par le Christ le premier Sacrement.
Invocation
Ô divin Maître, Agneau chargé de nos péchés, votre amour s'abaisse à suivre la prescription de la loi faite seulement pour les pécheurs, pour nous montrer qu'on ne va pas à Dieu sans l'obéissance. Vous accomplissez merveilleusement le symbole de ce beau fleuve qui porte avec lui la fertilité, parce que vous nous montrez le chemin d'un Sacrement nouveau qui arrosera nos âmes flétries par le péché originel ; vous nous ouvrez toutes grandes les écluses qui retenaient captives les eaux de la grâce et du salut. Ô Seigneur, lavez-nous, purifiez-nous. « Lavez-moi non seulement les pieds, dira saint Pierre plus tard, mais encore les mains et la tête » ; c'est-à dire nos pas, nos actions et toutes nos pensées.
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