Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte
Sixième jour
Sixième rayonnement
La solitude au Mont de la Quarataine
« Non in solo pane vivit homo, sed in omni Verbo Dei » (Luc 4, 4)
Après ce grand acte qui ouvrait sa vie apostolique, le Sauveur, prêt à se donner aux hommes, et au moment d'entrer dans la carrière, sentit le besoin impérieux d'invoquer son Père au début de ses travaux ; de demeurer seul avec lui dans la solitude, pour bien nous apprendre que les grands actes de la vie doivent s'élaborer dans la prière, s'établir par le jeûne et la pénitence.
La retraite que choisit le Fils de Dieu, est une montagne presque inaccessible. Elle se dresse dans la plaine de Jéricho, avec ses arêtes aiguës et ses flancs escarpés, dernier rempart de la chaîne de Juda. Du côté oriental, elle est taillée à pic ; on n'aperçoit en y montant par l'étroit escalier coupé dans le roc, que des parois rocheuses, polies et droites au-dessus de l'abîme.
La grotte où Jésus jeûna, surplombe le précipice ; quelques ouvertures naturelles lui donnent jour et laissent apercevoir la plaine immense jusqu'au pied de la chaîne d'Arabie, avec le sillon du Jourdain, semblable à une lame d'argent, miroitant au soleil.
Représentez-vous maintenant, ô Pèlerin, le Seigneur Jésus dans cette grotte solitaire, n'ayant pour plancher que la terre nue, pour toit que le rocher, pour lit qu'un bloc de pierre que l'on contemple encore avec une indicible émotion.
Regardez-le bien priant et jeûnant, voyez comme son divin Cœur a des rayonnements d'amour pour son Père et pour nous. Affaibli par le jeûne, appuyé contre le rocher nu, Notre Seigneur aime nos âmes et souffre par avance les plus cruelles douleurs ; il voit se dérouler devant lui une longue série de travaux, de fatigues, un apostolat de dévouement couronné par une mort épouvantable. Mais son Cœur ne tremble pas ; il veut, au contraire, accomplir sa mission ; il ressent une joie austère, mais surabondante à la pensée de se donner tout entier, et de sauver tant d'âmes au prix de son sang. Qu'importent ses souffrances, s'il ramène les enfants à leur Père ; qu'importe, s'il lui achète chèrement des adorateurs sur la terre, des triomphateurs au ciel ? « Adveniat regnum tuum ». C'est lui qui vient l'établir, ce règne, et il ne comptera ni ses peines, ni ses douleurs. Est-ce que le vrai guerrier tremble au moment de l'attaque ? La vue de l'ennemi rangé en bataille le fera-t-elle reculer ? Au contraire, sa vaillance redouble plus les obstacles s'accumulent, et jamais il n'achètera trop cher la gloire du triomphe !
Et sur la montagne, le Seigneur se fortifiait dans la lutte , aux prises avec la misère humaine, les faiblesses de la nature et les tentations du démon, et pendant quarante jours de combat, il resta constamment vainqueur du Prince des ténèbres.
Dès que l'aube blanchissait l'horizon, le regard du Sauveur se reposait sur la lumière naissante qui, peu peu, dorait les montagnes d'Arabie. C'était bien le symbole de la Rédemption qui approchait pour le monde. Cette lumière, humble et douce à son lever, allait bientôt envelopper la terre de ses rayons ! Et le Sauveur, embrassant le monde d'un regard d'amour, s'élevait de la nature à Dieu et laissait son cœur se fondre, dans l'adoration, la reconnaissance et la tendresse.
Ce grand Maître de la vie intérieure nous apprenait ainsi le secret de la mortification et de la victoire sur la tentation. En luttant lui-même contre tant de causes extérieures : la faim, la solitude, le dénuement, et contre les pièges du démon, le Cœur de Jésus nous a acquis pour chaque action de notre vie, pour chaque lutte de notre âme, une force et une grâce particulières. Ce secours céleste, il l'a transmis au Sacrement de l'autel, où nous pouvons le puiser encore ; il y révèle les secrets de son Cœur à l'âme intérieure, il lui apprend la grande étude de l'oraison, la domination des sens, l’union avec Dieu, tandis que l'âme, comme le passereau solitaire, se cache dans la fente du rocher, à côté du divin Maître.
Que celui-là donc qui combat sur terre, qui supporte une épreuve, une tristesse, une tentation ; que celui qui implore une grâce, aille droit au Cœur de Jésus solitaire, pénitent, et il en recevra une force, une consolation ou la victoire.
Invocation
Ô Jésus, à mesure que votre corps s'affaiblit par la rude pénitence, par le jeûne austère, votre amour augmente de force, votre Cœur s'enflamme d'une irrésistible ardeur, et vous aiguisez vos armes, ô très doux Vainqueur des âmes. Vous vous préparez à la grande lutte, comme l'athlète qui assouplit ses muscles et aguerrit son corps pour soutenir les rudes assauts de l'arène ; vous allez entrer en lutte ; mais vous vaincrez, et rien ne pourra résister à votre amour !
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