07 juin 2023

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

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Huitième jour

Huitième rayonnement

La vie apostolique à Capharnaüm et Tibériade

 

« Veni sequere me ». (Mc 2, 14)

 

Capharnaüm et Tibériade furent le théâtre principal où se déroula la vie apostolique du Sauveur, les lieux préférés ou éclatèrent les merveilles divines. Il semble que Jésus avait une prédilection spéciale pour ce lac admirable, appelé alors Mer de Galilée, car tout le long de ses rives il gravait son amour par des bienfaits.

Après le miracle des Noces, le Sauveur commença sa vie militante qui ne devait plus finir qu'au Calvaire. C'est à Tibériade surtout qu'il prêchera publiquement aux foules, à Capharnaüm qu'il guérira tant de malades, sur les bords du lac qu'il s'attirera, par le charme de sa parole et le charme de sa vue, ses premiers disciples.

Tibériade n'est plus aujourd'hui ce qu'elle était au temps de Jésus-Christ, une belle ville romaine, campée fièrement comme un rempart de marbre au bord de la Mer de Galilée. Au temps des Croisades, elle devint la capitale de la principauté de Tancrède, qui la fortifia comme les villes du moyen âge. Aujourd'hui, il ne reste plus de ces splendeurs que des ruines, des remparts à demi écroulés, et une misérable bourgade malpropre, peuplée de Juifs plus encore que d'Arabes.

Mais le lac a gardé une merveilleuse beauté, comme un miroir fidèle qui reflétait jadis l'image de Jésus. Le pèlerin qui le contemple un soir, à la fin d'une longue étape depuis Nazareth, est soudain plongé dans le ravissement. Le soleil envoie ses feux mourants qui tracent sur les eaux bleues un sillon de pourpre ; les montagnes qui bordent le lac baignent dans une atmosphère chaude et lumineuse, qui se colore comme un prisme, des reflets de l'astre éblouissant. La sérénité du soir s'unit aux émouvants souvenirs du passé… ; il semble toujours, sur la nappe limpide de la Mer de Galilée, voir osciller là-bas... la barque fragile qui portait le Maître du monde !

Que de fois, en effet, ô Pèlerin, Jésus, assis dans la barque des pêcheurs, conversait amicalement avec eux, les instruisait doucement, tirant des travaux de leur métier des comparaisons pleines de justesse. Et, peu à peu, il façonnait ces rudes travailleurs pour en faire ses Apôtres, et cette éducation demandait une inépuisable patience, une infinie tendresse. Ils ne pouvaient résister aux attraits du divin Cœur, ces pauvres et ces petits, parce que, sans qu'ils le comprissent, cette bonté doucement pénétrait au travers de leur rude écorce.

Que de fois aussi Jésus côtoyait ce lac à pied, prêchant et guérissant ; tout le peuple ému admirait le prestige de sa puissance. Mais hélas ! si les peuples sont facilement enthousiastes, on les voit rarement fidèles, et Jésus qui répandit tant de faveurs sur Capharnaüm eut à déplorer son ingratitude et son infidélité. Son Cœur saigna en pensant à cette ville qu'il avait comblée de bienfaits, comme on comble une enfant chérie, et qui devint infidèle comme le sont les enfants prodigues de tous les siècles ! Aussi laissa-t-il échapper de ses lèvres cette malédiction : « Et toi, Capharnaüm, est-ce que tu t'élèveras jusqu'au ciel ? Tu descendras jusqu'aux enfers, parce que si dans Sodome avaient été faits les miracles qui ont été faits au milieu de toi, elle subsisterait encore ». Les chardons et les ronces qui recouvrent aujourd'hui ses ruines, ont donné raison à la parole du Sauveur.

Mais Jésus ne se lassait pas, il laissait son Cœur rayonner sur ces ingrats, nous montrant par cet exemple qu'il ne faut pas travailler pour la reconnaissance humaine. Il allait toujours, malgré les contradictions, rempli de sa mission divine, semant ses paroles et ses prodiges avec un zèle dévorant qui lui amenait les âmes en foule ; puis il enseignait et formait ses apôtres et se faisait tout à tous.

Jésus était le grand Semeur ; il ne venait pas moissonner, il l'a dit lui-même, mais il venait préparer la récolte. Voyez-le, ô Pèlerin, dans le cours de cette vie apostolique ; il forme, choisit et élève les Apôtres qu'il chargera de moissonner plus tard. À côté de la vie extérieure de son apostolat, il y a la vie toute intime du Cœur, qui se fait dans le calme et l'intimité, au soir de ces journées laborieuses ; quand le Seigneur se retirait avec son troupeau choisi. Dans ces conversations familières et affectueuses, les Apôtres l'interrogeaient : « Maître, que signifie pour nous telle parabole ? » Et Jésus la leur expliquait avec clarté, écartant les nuages, car c'était la vérité pure et pleine qui coulait de sa source. « Ô Maître, s'écriaient-ils alors, nous voyons bien maintenant que vous êtes le Fils de Dieu ».

L'école intime du divin Maître est donc son Cœur sacré ; c'est dans cette mystérieuse retraite que sont conviées les âmes choisies qui cherchent à s'instruire des secrets divins, à recevoir l'éducation divine ; car, c'est là, dans l'intimité de son Cœur, que le Seigneur, taillant dans le vif de nos cœurs, en fait des chefs-d'œuvre qu'il forme à sa ressemblance, les modelant comme un grand Maître de l'art.

 

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Invocation

 

Ô Jésus, nous aussi, nous avons besoin de cette éducation spirituelle que vous donniez à vos apôtres. N'est-il pas nécessaire que vous pétrissiez à nouveau de vos mains divines nos âmes déformées par le péché. Ô Seigneur, ouvrez nos yeux, comme vous l'avez fait à tant d'aveugles, dé liez notre langue souvent muette sur vous louanges, mais trop déliée pour les discours mondains. Oh ! oui, éclairez-nous, déliez ce qui est trop attaché à la terre, liez ce qui est émancipé, mettez l'ordre dans le désordre, faites que notre cœur soit assez humble pour comprendre, assez pur pour vous voir un jour !

 

Jesu, mitis et humilis corde, fac cor nostrum secundum cor tuum.

 

Mirebeau