Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte
Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte
Treizième jour
Treizième rayonnement
Le dialogue de la Samaritaine
« Si scires domum Dei ! » (Jn. 4, 10)
À une demi-lieue de Naplouse, dans les champs fertiles que Jacob donna en héritage à son fils Joseph, le pèlerin retrouve encore une excavation assez profonde dans laquelle on aperçoit l'orifice d'un puits. Ce puits est vide par suite des fissures produites à l'intérieur par les siècles, car il remonte à une très haute antiquité. Jacob le cimenta de ses mains l'an 1700 avant Jésus-Christ. Les Croisés ont bâti une église à cette place, il n'en reste plus aujourd'hui qu'une voûte à demi-écroulée qui recouvre encore ce puits dont la margelle a été transportée à Rome.
Naplouse, l'antique Sichem, s'étale entre les flancs rapprochés de l'Hébal et du Garizim, ces deux monts célèbres où le peuple d'Israël, divisé en deux camps par Josué, poussait d'imposantes clameurs quand les lévites, à haute voix, prononçaient les bénédictions et les malédictions divines. La vallée étroite où la ville de Jacob abritait son antique beauté, contourne un peu le Garizim et s'élargit tout à coup à partir du puits fameux.
À présent, ô pèlerin, suivez par la pensée le Seigneur Jésus, à travers les sentiers brûlants de cette plaine, lorsqu'il revient de la Galilée et de la Samarie, avec quelques-uns de ses disciples.
La chaleur du jour est grande ; la réverbération, intense en Orient, en double l'ardeur ; le ciel d'un bleu profond laisse échapper mille aiguilles de feu que lance l'astre du jour à son plein midi. Jésus envoie ses Disciples à la ville de Sichem pour y chercher quelques aliments, car la faim et la soif s'ajoutent aux fatigues des courses apostoliques. Pour lui, il s'éloigne seul et arrive jusqu'au bord du puits de Jacob, rempli d'eau à cette époque ; il s'assied sur la margelle sans puiser et semble attendre… Son Cœur altéré d'amour est occupé d'un autre breuvage...
Bientôt une femme s'approche, portant sur son épaule une urne à long col. Elle est Samaritaine, c'est-à-dire d'une race méprisée par les Juifs ; aussi, dès qu'elle aperçoit le Sauveur assis sur la margelle, veut-elle s'éloigner... Mais Jésus l'appelle , lui parle le premier, et ce dialogue est si beau qu'il nous faut, ô pèlerin, le méditer en entier.
« Donnez -moi à boire, lui dit Jésus ». Mais la femme, surprise d'entendre un Juif lui adresser la parole, lui répond, avec une pointe d'ironie : « Comment, vous qui êtes Juif, me demandez-vous à boire, à moi qui suis Samaritaine, car les Juifs n'ont point de commerce avec les Samaritains ? » Mais Jésus d'une voix pénétrante : « Ah ! si vous connaissiez le don de Dieu et Celui qui vous demande à boire, peut-être le lui auriez-vous demandé aussi, et il vous aurait donné de l'eau vive ». La femme, non convaincue, croit qu'il se rit d'elle, pauvre Samaritaine ! et sa réponse est encore ironique : « Seigneur, vous n'avez pas de quoi en puiser et le puits est profond, d'où pourriez-vous avoir cette eau ? Êtes vous plus grand que notre père Jacob qui nous a donné ce puits, dont il a bu lui-même aussi bien que ses enfants et ses troupeaux ? »
Mais Jésus qui attendait cette âme et qui voulait l'instruire et la sauver, répond avec douceur : « Quiconque boit de cette eau aura encore soif, mais celui qui boira de l'eau que je lui donnerai, n'aura jamais soif et cette eau deviendra en lui une source qui jaillira jusqu'à la vie éternelle ». Cette fois, ébranlée et touchée par la voix de Jésus, sentant bien qu'un être supérieur et bon lui parlait, mais trop charnelle encore pour comprendre le sens caché de ces paroles, la Samaritaine eut un élan de prière : « Seigneur, donnez-moi de cette eau, afin que je n'aie plus soif, et que je ne vienne plus ici pour en puiser ».
Alors Jésus voyant cette âme prête à recevoir la grâce, prit en profonde pitié sa misère, et comme l'aveu sincère appelle le pardon, il l'aida à faire cet aveu : « Allez, dit-il, appelez votre mari et revenez ici ». Devant la Vérité même, est-il possible de mentir ? « Je n'ai point de mari », s'écria-t-elle, avec franchise. « Vous avez raison, reprit le Seigneur, car vous avez eu cinq maris, et celui que vous avez maintenant n'est point votre mari, vous avez dit vrai ». « Ah ! Seigneur, s'écria la Samaritaine toute troublée, je vois bien que vous êtes un Prophète ».
Alors Jésus la confessa, l'enseigna avec une immense bonté, et la jugeant digne, par son repentir, de comprendre la vérité, il laissa tomber dans son cœur cette sublime parole : « Je suis le Messie, moi qui vous parle ». Cette parole fit d'elle un apôtre. L'arrivée des Disciples coupa court à cet entretien, et la femme, laissant là sa cruche, s'en alla proclamer par tout qu'elle avait vu le Messie. Mais Jésus ne voulut point manger des aliments qu'on lui apportait, tant son Cœur était rassasié d'une céleste nourriture !
Que de fois, ô pèlerin, le Cœur de Jésus attend les âmes avec une patience inépuisable, une exquise bonté. Quel prix infini il attache à une âme ! Une âme ! Le divin Maître ne trouve pas indigne de converser avec elle, de l'appeler à Lui, et bientôt il la presse de se donner jusqu'à ce que son amour la jette vaincue à ses pieds !
La conversion de Dina la Samaritaine est la figure symbolique de la conversion du monde. C'est l'âme entraînée au péché, mais dont les instincts sont bons, les aspirations élevées, et qui se débat sans secours dans la fange. Le Cœur de Jésus qui s'est complu à enseigner cette femme, voyait au delà la moisson spirituelle qui se préparait dans l'avenir. « Levez les yeux, dit-il à ses Apôtres, en leur montrant les champs, et voyez déjà comme la moisson blanchit dans la campagne… »
Pour Lui, il était le Semeur, mais plus tard, présent toujours dans l'Eucharistie, il verra la moisson des âmes !
Invocation
Ô Jésus, altéré de notre amour et de notre salut, Source infinie de grâces, donnez-nous à boire de cette eau vive, afin que nous ne mourions point, mais que nous vivions éternellement. Toujours, ô Cœur sacré présent avec nous par l'amour, nous irons chercher cette vie en vous, avec l'ardeur du saint Roi lorsqu'il s'écriait : « Comme le cerf altéré soupire après l'eau des fontaines, ainsi mon âme a soif du Dieu fort, du Dieu vivant ».
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