Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte
Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte
Vingt-et-unième jour
Vingt-et-unième rayonnement
L'Eucharistie
« Manete in dilectione mea » (Jn., 15, 9)
L'amour qui est fertile en inventions, a trouvé le moyen merveilleux de rester captif au milieu de nous, jusqu'à la fin des siècles, enchaîné dans le Sacrement par la parole du prêtre. Il devient l'apanage de tous les enfants des hommes ; désormais chacun puisera dans ce trésor, le divin Prisonnier de l’Eucharistie ne peut pas nous fuir. L'amour est captif ! l'amour est vaincu, il nous appartient ! Deliciæ meæ esse cum filiis hominum !
Quand donc le foyer vivant de l'amour, le Cœur de Jésus-Christ a-t-il trouvé ce miracle nouveau ?
C'était la veille de sa mort. Hors des murs d'enceinte de la ville de Jérusalem, il est, sur la montagne de Sion, une construction un peu isolée qu'on appelle aujourd'hui la mosquée Nabi-Daoud (du prophète David). Cette mosquée recouvre le lieu le plus saint de la terre après le Saint Sépulcre : le Cénacle.
Aujourd'hui, le Pèlerin ému de voir ce lieu auguste aux mains des Musulmans, pénètre dans une grande salle, soutenue par des colonnes et éclairée par trois grillages qui laissent glisser à l'intérieur un jour mystérieux et triste ; prosterné sur les dalles, le Pèlerin revit en son âme les poignants souvenirs du passé.
La veille de sa mort, Jésus avait rassemblé les siens ; il voulait leur laisser son dernier héritage, le gage immortel de son amour. Il avait envoyé quelques Disciples préparer cette salle, afin d'y manger la Pâque avec eux. Tout étant disposé et le soir venu, à l'heure où s'allument les étoiles, Jésus y entra avec les Apôtres et mangea avec eux l'agneau et quelques herbes, repas légal prescrit par la loi juive et qu'on prenait debout, comme des voyageurs pressés.
Après ce repas, le Sauveur quitta la table et descendit, accompagné des Douze, à l'étage inférieur du Cénacle ; il se ceignit les reins et, prenant un bassin plein d'eau, il se mit à leur laver les pieds avec une humilité touchante qui les confondit d'étonnement.
Cette cérémonie était le prélude du grand mystère qui allait s'accomplir ; c'était la purification symbolique de la créature, avant le prodige d'abaissement du Dieu qui allait se donner. Le Seigneur reprit ses vêtements et monta avec ses Apôtres pour le second festin qui suivait toujours le premier.
Alors, renouvelant le miracle des noces, mais d'une manière autrement sublime, Jésus prit du pain, le rompit et levant les yeux vers son Père, il accomplit l’auguste mystère. Donnant le pain à ses Apôtres il dit : Ceci est mon corps qui sera livré pour vous. Puis il prit le calice, l'éleva dans ses mains adorables, et leur dit de même : Buvez-en tous, car ceci est mon sang qui sera répandu pour vous. Et les Apôtres firent leur première Communion !
Admirez, ô Pèlerin, comme le doux Seigneur rayonne sur eux en cet instant, c'est un soleil resplendissant qui les enveloppe de son grand amour… Il les communie de ses mains, les bénit et les aime. Il leur donne ce don de Dieu qui est le don de lui même, et son Cœur se fond dans un embrasement qui s'étend non seulement à ses Apôtres, mais à toutes les âmes qui communieront à leur tour. C'était pour le monde l'heure de l'amour !
Par une telle invention de puissance et de tendresse, le divin Cœur allait prendre, en effet, possession des âmes comme le souverain incontesté d'un empire, car il allait non seulement vivre avec nous ; mais vivre en nous. Il nous donnait donc en ce jour une participation à la vie même de Dieu, vie de l'intelligence en nous révélant de si hautes vérités, vie du cœur en offrant à notre amour l'objet réel et idéal à la foi dont toute âme a soit ; vie de la volonté en fortifiant la foi, le courage et l'espérance ; en un mot Il nous donnait en l’Eucharistie, comme Il l'a dit lui-même, l'exubérance de la vie !
Mais le Cœur de Jésus, se donnant ainsi dans sa plénitude, nous communique déjà une sorte de résurrection. « Celui mange ma chair et qui boit mon sang a la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour ». C'est l'amour poussé aux limites extrêmes qui s'engage solennellement envers nous, par delà les siècles ; car, selon l'admirable parole de saint Jean, l’Eucharistie c'est l'infini dans l'amour : In finem dilexit. Saint Jean surtout avait reçu la révélation de cette tendresse du Cœur de Jésus, lorsque appuyé sur la poitrine sacrée de son Maître il sentait les battements de ce Cœur, sa force et sa chaleur vivifiante ! Quel moment doux et suave pour le Disciple privilégié, quel ineffable souvenir pour toute sa vie !
Jésus ne nous laissait pas seulement son précieux héritage, sa chair sacrée, mais il instituait aussi le sacerdoce. En faisant passer la coupe aux mains des Douze : Faites ceci en mémoire de moi, il leur donnait le pouvoir divin de reproduire cet acte auguste ; de faire descendre tous les jours sur l'autel son humanité sainte, par les paroles de la Consécration. Oh ! que le bonheur des Apôtres était grand ! Leur Seigneur n'était plus seulement devant eux avec son visage adorable et si doux ; il était en eux ! Aucune union de la terre n'est comparable à celle-ci ; nul esprit n'en conçoit la profondeur. Émerveillés, ils restaient dans l'adoration et le silence ; alors le Cœur de Jésus sembla se fondre en paroles d'amour et d'adieu :
« Mes petits enfants, je suis encore avec vous, mais pour bien peu de temps. Bientôt vous me chercherez, mais là où je vais, vous ne pouvez venir… Je ne vous laisserai pas orphelins ; mais je viendrai à vous. Que votre cœur ne se trouble point ; vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi... »
Oh ! que ce discours après la communion est beau et touchant ! Admirez, ô pèlerin, combien le Seigneur parle familièrement aux siens ; que cette action de grâces est d'un enseignement précieux ! Jésus veut aussi nous parler cœur à cœur, avec confiance, avec tendresse. Oh ! approchons-nous de ce Cœur sacré, il nous appelle. Courons au banquet eucharistique, il nous y convie. Et si la crainte nous retient, rappelons-nous les paroles de Notre-Seigneur à sainte Catherine de Sienne : « Si tu n'es pas digne que je vienne en toi, moi je suis digne que tu entres en moi ».
Invocation
Ô divin Maître, que l’Eucharistie est bien l'invention merveilleuse de votre Cœur ! Il ne sait comment étancher la soif qui le brûle, l'ardeur qui le dévore, sinon par ce prodige nouveau qui est de se donner toujours et toujours, dans un accès continuel de dévouement infini ! Oui, Seigneur, nous contenterons vos désirs, nous irons à vous avec amour, car vous l'avez dit : vous êtes le Pain de nos âmes, vous êtes la Résurrection et la Vie !…
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