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  • La beauté élève l'âme... Par ces images volontairement sélectionnées, ainsi que par la récitation de ces prières, puissiez-vous avoir le désir de parvenir à Jésus et à la sainteté, but ultime de toute vie...
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14 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Quinzième jour

Notre Dame du Puy et la Bienheureuse Mère Agnès de Jésus

 

De toutes les âmes religieuses dévouées à Notre Dame du Puy, la Bienheureuse Mère Agnès de Langeac fut certainement une de celles qui lui témoignèrent le plus d'amour et de dévotion. On en jugera par ce qui suit :

Agnès naquit au Puy, un jour de dimanche, 17 octobre 1602. Ses parents, Pierre Galand et Guillaumette Massiot, exerçaient dans notre ville l'humble profession de couteliers. Ils étaient pauvres en biens, mais riches en vertus. Agnès, instruite par leur exemple, se montra bientôt la digne fille de si vertueux parents. Élevée dans l'amour de Notre Dame du Puy, c'est devant la statue de notre Vierge noire qu'elle conçut, encore enfant, les premiers sentiments de cette piété, qui devait l'élever dans la suite à une si haute perfection.

Dès l'âge de cinq ans, on la voyait, avec ses petites compagnes, vêtues de robes blanches, se diriger en procession vers l'église de Notre Dame, où cette troupe enfantine et angélique accomplissait ses petites dévotions avec une admirable modestie. En vain, des esprits mal faits, prenant en mauvaise part cette ferveur naissante, voulurent-ils disperser cette innocente réunion par des menaces et des voies de fait, la violence ne découragea point cette enfant de bénédiction, qui rassembla de nouveau sa faible escorte, et l'anima si bien par l'ardeur de ses paroles, que la jalousie et la malice vaincues furent obligées de céder à sa persévérance.

A peine âgée de six ans, elle se donna à la sainte Vierge dans son temple, sans réserve et sans partage. Elle était occupée à entendre la sainte messe dans l'église de Notre Dame, lorsque après l'élévation, elle fut saisie d'un doux ravissement, une voix se fit entendre au fond de son coeur, elle lui disait : « Rends-toi esclave de la sainte Vierge, et elle te protégera contre tes ennemis ! » Revenue, après la messe, de cette extase mystérieuse, elle se plaça devant l'autel où reposait l'image auguste de la Mère de Dieu : « Vierge sainte, lui dit-elle, puisque vous daignez vouloir que je sois à vous, dès ce moment je vous consacre tout ce que je suis, et vous promets de vous servir toute ma vie en qualité d'esclave ».

Après cet acte de consécration, elle rentre dans la maison de son père, cherche et trouve, comme par une disposition particulière de la Providence, une chaîne de fer qu'elle attache sur sa chair autour des reins, en témoignage de sa servitude. Pendant huit ans elle porta, sans le quitter, cet instrument de pénitence ; et quand au bout de huit ans, il lui fut expressément ordonné par son confesseur de le retirer, on ne put le faire sans effusion de sang.

On doit croire que ce sacrifice attira sur elle des bénédictions abondantes pour le reste de sa vie. Du reste, son exemple ne fut pas moins utile aux autres qu'à elle-même ; car plusieurs bonnes âmes furent excitées par là à s'enrôler dans la confrérie établie à ce dessein dans la basilique de Notre Dame du Puy. Trois jours après avoir déposé, par obéissance, sa sanglante chaîne de fer, elle retourna au sanctuaire consacré par le ministère des anges, et là, poussée par un mouvement secret du Saint Esprit, elle renouvela, entre les mains de Marie, le vœu de virginité perpétuelle qu'elle avait prononcé, peu de temps auparavant, dans l'église de Saint François.

Sa dévotion pour Notre Dame du Puy ne dura pas seulement pendant les années qu'elle demeura dans la ville ; mais, devenue religieuse dominicaine, et plus tard supérieure du monastère de Langeac, elle ne manquait jamais, chaque matin en se levant, d'ouvrir la fenêtre de sa petite cellule et de se mettre à genoux, la face tournée du côté du Puy, pour adresser ses hommages à la mère de Dieu, dans son église angélique du Mont Anis. C'est ainsi que Daniel priait lui aussi, le regard tourné du côté de la ville de Jérusalem. Et tandis qu'Agnès priait ainsi, elle voyait souvent, disent ses biographes, une belle étoile scintillante étinceler comme un diamant au-dessus de la cité de Notre-Dame. Vision mystérieuse, dans laquelle Agnès voyait et saluait celle que l'Eglise appelle si poétiquement, dans les Litanies, l'Etoile du matin. Stella matutina.

D'autrefois, c'était la sainte Vierge elle-même qui lui apparaissait en personne, et conversait avec elle de façon à la faire défaillir de douceur et d'amour...

Ce lui était un contentement indicible de chanter les louanges de Marie. Un jour qu'elle chantait la belle antienne d'Adhémar, évêque du Puy, le Salve Regina, ses compagnes virent se poser sur sa tête un tout petit oiseau, qui accompagna tout le temps Sœur Agnès du plus délicieux ramage qu'il soit possible d'imaginer.

Rien ne plaisait tant à Agnès que de parler ou d'entendre parler de Notre Dame. Elle avait sans cesse sur les lèvres le nom béni de Marie ainsi que celui de son divin Fils ; ces deux noms lui étaient, selon l'expression de saint Bernard, plus doux que le miel, plus mélodieux qu'aucune harmonie, plus délicieux au coeur qu'aucune jubilation. Elle disait qu'on ne pouvait rien faire de plus agréable à la sainte Vierge que de s'entretenir de sa pureté sans tâche, de sa profonde humilité ou de l'amour ardent qu'elle avait eu pour Dieu, amour incomparablement plus grand, disait-elle, que celui des Séraphins, des Chérubins, et de tous les esprits de la cour céleste.

Un jour, Marie dit à Agnès que ses mérites lui avaient acquis une riche couronne en Paradis, et en même temps, elle lui en offrit une de roses d'une beauté admirable. Mais Agnès la refusa, disant qu'elle ne méritait point encore une telle récompense, et à la suite de ce refus, la cellule de l'humble religieuse exhala pendant plus de deux jours le plus suave parfum.

Telles étaient les tendres et ineffables relations de la Sainte Vierge Marie et de la Mère Agnès de Jésus. Cette humble enfant du Puy avait un amour tout filial pour celle qu'elle avait appris, dès sa plus tendre enfance, à aimer et à prier dans son église angélique du Mont Anis. Elle portait jour et nuit son image sur son coeur, et son coeur, à ce contact, devint le coeur d'une sainte.

 

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Prière

 

Ô Marie, le lys est votre symbole ; et, parce que sa fleur est blanche et immaculée, elle représente la pureté dont vous êtes le plus parfait modèle et le plus sublime idéal. C'est vous en effet qui êtes le lys par excellence, le véritable lys sans tâche ; et à l'exemple de votre divin Fils, vous vous plaisez au milieu des lys, c'est-à-dire, vous aimez, comme Jésus, à vous entourer d'âmes innocentes et pures dont vous composez votre cour ici-bas comme au ciel !

Ô Marie, heureuses les âmes dignes de s'épanouir et de fleurir sous vos yeux comme autant de beaux lys !... Parmi ces âmes privilégiées, les religieux et les religieuses sont au premier rang. C'est pour cela sans doute, ô Marie, que vous avez fait de la terre de France la terre des lys par excellence, en y faisant naître en tout temps une prodigieuse quantité de vierges qui vous consacrent le lys de leur virginité… Chaque province française vous fournit des milliers de ces pieuses vestales, et naguère encore, la seule province du Velay en comptait à elle seule plus de quatre mille ! Cela se conçoit, car le lys enfante d'autres lys ; et c'est en France, ô Marie, que vous avez pour ainsi dire planté le lys de votre immaculée conception ; c'est en France enfin que vous l'avez fait pleinement s'épanouir en vous proclamant vous-même à Lourdes « Immaculée » !

Ô Marie, bénissez les communautés religieuses que l'on attaque en ce moment d'une façon si injuste dans le monde ! Conservez à la France cette immense pépinière de saints et de saintes, si utiles à notre Patrie non seulement au point de vue surnaturel et chrétien, mais encore au point de vue national et humain. Gardez en particulier à ce diocèse du Puy qui est le vôtre, ô Marie, sa magnifique floraison de vocations religieuses ; et que cette province du Velay qui vous est si chère et si dévouée, produise à profusion, comme autant de beaux lys de sainteté et de pureté, des âmes de la beauté et de la perfection de la vénérable mère Agnès de Jésus ! Ainsi soit-il.

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil , obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiæ, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evæ ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, præparasti: da ut cujus commemorationo lætamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

 

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Téléchargez le texte de cette méditation (pdf) en cliquant ici

 

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13 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Quatorzième jour

Notre Dame du Puy et l'Ordre de Saint Dominique

 

C’était au commencement du treizième siècle : la secte impie des Albigeois infectait la France et l'Italie. Non contents d'altérer la pureté de la morale, ces hérétiques attaquaient les dogmes, défiguraient nos augustes mystères, et tournaient en ridicule les saintes cérémonies du culte public. Ils osèrent porter leur fanatisme jusqu'à vouloir anéantir le saint sacrifice et abolir les sacrements. L'humanité sainte et la divinité de Jésus-Christ ne trouvèrent pas grâce devant eux, et il n'est pas de blasphèmes qu'ils ne proférassent contre l'honneur et les prérogatives de la sainte Vierge. Dans cette seule hérésie des Albigeois, toutes les hérésies semblaient revivre.

On assistait véritablement au triomphe de l'enfer. L'erreur se répandait partout comme le feu d'un incendie. Le vice accrédité, la vertu outragée, les sacrements profanés, le sacerdoce décrié, le zèle calomnié, les temples démolis, tels étaient les trophées de l'hérésie. L'Eglise gémissait nuit et jour aux pieds des autels, elle réclamait de Dieu ses anciennes miséricordes, et le conjurait de prouver à l'univers que son bras puissant n'était pas raccourci. Les Pontifes consternés employaient, mais en vain, toutes sortes de moyens pour trouver un remède efficace à des maux si déplorables.

Tout à coup, au milieu de l'orage, paraît saint Dominique, un de ces hommes extraordinaires que Dieu tient en réserve dans les conseils de sa providence, pour les opposer, comme un mur d'airain, aux passions révoltées. Ce héros de la foi, n'étant encore que chanoine régulier de l'église d'Osma, vint d'Espagne en France, pour travailler à extirper l'abominable hérésie qui désolait alors plus particulièrement la province de Languedoc. Armé de la seule confiance en Marie et de la bénédiction du Souverain-Pontife, Dominique entreprit résolument l'oeuvre de la conversion des hérétiques. Mais n'obtenant pas d'abord tout le résultat et tout le fruit que son zèle était en droit d'attendre, notre saint s'en vint en pèlerinage au célèbre sanctuaire de Notre Dame du Puy, afin de recommander à la sainte Vierge le succès de sa mission. Ce n'est pas en vain qu'on implore celle qui a reçu de Dieu le pouvoir de détruire toutes les hérésies. Pendant qu'il était en prière dans la cathédrale, et qu'il épanchait son âme aux pieds de Marie, la suppliant avec larmes de vouloir bien bénir son ministère, la sainte Vierge apparut soudain à Dominique : elle lui fit comprendre la nécessité de la patience ; elle lui rappela toutes les humiliations et toutes les souffrances de son divin Fils pour le salut des hommes ; elle lui dit que l’Église ne succomberait pas sous les efforts de l'enfer, que ses travaux ne seraient pas stériles, mais que les grâces n'étaient accordées qu'à la persévérance. Puis elle ajouta : « Si vous voulez arrêter le débordement des maux qui affligent en ce moment une portion notable de la sainte Eglise, prêchez sans relâche, aux pauvres égarés, les mystères de leur rédemption, et amenez-les à les méditer, car tout le mal actuel vient de l'ignorance et de l'oubli des vérités de la foi ! » Elle l'engagea dans ce but à établir partout le Rosaire, qui est le rappel constant des grands mystères de notre salut, l'assurant que, de même que la salutation angélique avait été le principe de la rédemption du monde, ainsi cette salutation serait le principe de la conversion des hérétiques. « C'est là, ajouta-t-elle, le gage que je vous donne à vous et à l'ordre dont vous serez bientôt le fondateur, et je vous le donne pour vous témoigner mon affection spéciale ».

Saint Dominique obéit avec joie à cette recommandation de Marie. Guidée par elle, il prend pour symbole le Rosaire, formé de trois chapelets ou de quinze dizaines, y applique autant de mystères, et les prêche désormais, dans toutes ses missions, avec une éloquence irrésistible. Cette méthode lui réussit si admirablement, qu'en peu de temps il fit rentrer dans le sein de l’Église plus de cent mille âmes égarées. Telle fut l'origine du Rosaire.

Saint Dominique vint deux fois au Puy, et y établit lui-même ses religieux dans le mois d'octobre 1221. L'évêque Etienne de Chalencon et son chapitre, leur abandonnèrent l'église de Saint Laurent, le petit hôpital des pèlerins de Notre Dame et quelques possessions contiguës. L'église était paroissiale : on supprima la paroisse et on l'annexa partie à Saint-Georges, et partie à Saint Pierre du Monastier. Le couvent qu'on y bâtit était vaste et beau ; il tenait en France le second rang parmi les maisons de l'Ordre. C'est pourquoi, dans toutes les assemblées, le prieur du Puy avait le privilège de s'asseoir à la gauche du général, tandis que le prieur de Montpellier occupait la droite. La renommée de ce monastère était si grande, que le chapitre général s'y assembla trois fois. A celui de 1447 il ne se trouva pas moins de 1 800 religieux qui furent libéralement hébergés, pendant six jours, par Louis Armand de Chalencon, vicomte de Polignac, qui leur distribua de plus, à chacun, une aumône assez forte au moment de leur départ. Odo de Gissey, qui raconte ce trait, ajoute : « Confraternité y fut contractée entre eux tous et l'Eglise du Puy, se communiquant respectueusement, à perpétuité, les oraisons et bonnes oeuvres des uns aux autres ».

Ce couvent des Dominicains de Saint Laurent fut une véritable pépinière de saints et savants religieux. Au treizième siècle, on y voyait fleurir, sous l'égide maternelle de Notre Dame du Puy, deux fleurs de sainteté dans la personne des vénérables frères Rome Cathelan et Guillaume. Le premier, mort en 1260, aimait tant la sainte Vierge, qu'il avait coutume, en son honneur, de réciter, mille fois chaque jour, la salutation angélique. Aussi son corps, exhumé de terre après cent vingt ans, fut-il trouvé sans corruption et dans un état d'intégrité qui attestait bien son innocence. Quant au frère Guillaume, dont la fin arriva en 1270, il mérita par sa ferveur, de voir, à l'heure de son trépas, une troupe d'anges qui l'attendaient pour le porter en Paradis.

Mais le plus illustre et le plus saint des enfants de saint Dominique, que le couvent du Puy abrita dans son cloître, fut le grand saint Vincent Ferrier. Saint Vincent Ferrier est le type du missionnaire espagnol, un véritable conquérant d'âmes et le précurseur de saint François-Xavier. Né à Valence, le pays du Cid (Valentia del Cid), il évangélisa tout le continent européen et vint mourir à Vannes qui garde encore ses reliques dans une châsse magnifique. Notre Dame du Puy ne pouvait manquer d'attirer à son sanctuaire ce zélé serviteur de son Fils. Saint Vincent arriva, en effet, dans notre cité le 3 octobre 1416, à l'heure des premières vêpres de saint François d'Assise. Devant lui marchaient, nu-pieds et deux à deux, une centaine de religieux, revêtus de sacs de pénitence et précédés de la croix. Le saint suivait sur une mule, à cause de son grand âge et de ses infirmités. Après avoir visité la Vierge du Mont Anis, ils descendirent au couvent des Dominicains où ils furent tous logés. Le lendemain, jour de la fête de saint François, on dressa, sur une estrade, un autel, au fond de la grande prairie du Breuil, près le mur du couvent des Cordeliers, afin que le saint pu dire la messe et prêcher à tout le peuple. L'illustre dominicain y prêcha, pendant quinze jours, avec toute la liberté d'un apôtre et toute l'ardeur d'une âme enflammée de l'amour de Dieu. Pour se faire comprendre de tous ses auditeurs, il usait, dans ses prédications, de la langue vulgaire, c'est-à-dire du roman, qui était l'idiome usité depuis Poitiers jusqu'au fond de la Catalogne, depuis les extrémités de l'Aquitaine française jusqu'aux marches d'Espagne. Les plus illettrés des habitants du Puy ou des montagnes du Velay, suivaient donc aisément les instructions du saint, et en retirèrent de nombreux fruits d'édification et de salut. On venait entendre saint Vincent de dix, de quinze et même de vingt lieues. Les paroles du vieux missionnaire avaient tant d'efficacité, qu'il avait avec lui, pour entendre les confessions, un nombreux cortège de prêtres de différents Ordres, et qu'il se faisait même accompagner par des notaires, chargés de dresser, séance tenante, les actes d'accords sur les procès et les querelles des auditeurs. On peut se rendre compte, après cela, de l'émoi, de la ferveur et de l'attendrissement causés par la venue du saint dans cette ville du Puy Sainte Marie. Heureuse ville qui, grâce à Marie, était ainsi visitée, habitée et évangélisée par des Saints !

 

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Prière

 

Notre Dame du Puy que saint Dominique et ses enfants ont tant aimée et honorée, priez pour nous !

 

Ô Marie, comment, ne pas gémir en voyant les fils de saint Dominique et les religieux des autres ordres, expulsés de leur couvent et dispersés par la force comme une vulgaire association de malfaiteurs, eux qui sont cependant les bienfaiteurs de la société ! La haine de la religion peut seule expliquer de pareils attentats contre la liberté. Ceux qui s'en sont rendus coupables n'en veulent au fond qu'à la religion, et voilà pourquoi, afin de la saper dans ses fondements, ils ont commencé par renverser ces ordres religieux qui sont comme les plus solides remparts, élevés de la main de Dieu, pour la défense de son Eglise.

Ô Marie, prenez en main la cause de la religion persécutée, et venez au secours des pauvres religieux dispersés ! Aidez-les dans leurs épreuves, subvenez à leurs besoins, soutenez-les dans leurs combats, vengez-les des calomnies dont on les accable, en convertissant ceux qui leur font du mal ! Surtout, ô Marie, rendez bientôt aux expulsés les couvents où ils ont juré à Dieu de vivre et de mourir ! Que l'on ne puisse plus dire, à la honte de la France, que les maisons de prière et d'étude, que les asiles sacrés de la vertu sont interdits et fermés de par la loi, alors que les théâtres, les lieux de plaisir et de débauche sont autorisés par elle. Hélas ! Jamais siècle peut-être n'eût plus besoin des exemples de renoncement et de pauvreté, d'obéissance et de chasteté que les religieux donnent au monde.

Ô Marie, ne permettez donc pas que la France reste plus longtemps privée du bienfait de la vie religieuse ! Que les couvents, d'où la prière monte jour et nuit vers Dieu, reprennent et continuent leur œuvre éminemment morale et sociale! qu'ils redeviennent l'asile des belles et grandes âmes, et qu'ils servent de nouveau de paratonnerres à notre coupable patrie ! Notre-Dame du Puy, priez pour les religieux expulsés ! Amen !

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil , obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiæ, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evæ ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, præparasti: da ut cujus commemorationo lætamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

 

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12 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Treizième jour

Comment Adhémar du Monteil, évêque du Puy, institua en l'honneur de Notre Dame le Salve Regina

 

Adhémar du Monteil est l'une des plus grandes figures de l'épiscopat anicien. C'est aussi l'un des personnages qui ont le plus aimé et honoré Notre-Dame du Puy. La maison des seigneurs de Monteil, du nom d'Aymard ou d'Adhèmar, est fort ancienne, et peut prendre rang parmi les plus illustres du Dauphiné. Elle subsistait déjà avec éclat, sous le règne de Charlemagne, puisque vers 814, cet empereur établit duc de Gênes, un de ses membres, Hugues Adhèmar, pour le récompenser d'avoir expulsé les Sarrasins de l'île de Corse. Cette famille était donc puissante, dès le neuvième siècle. Une de ses principales branches possédait en apanage, et avait pour siège la ville et seigneurie de Monteil. De là le nom de Monteil-Aymard ou Montélimart, donné depuis à cette ville. C'est à cette branche qu'appartient notre Adhémar, évêque du Puy.

L'élévation de ce Pontife à l'évêché du Velay, eut lieu vers 1080. Nous avons vu, hier, comment le Pape Urbain II, traversant les Alpes en 1095, s'était dirigé, par Valence, vers le Puy-Sainte-Marie, afin d'y réunir le Concile sous les auspices de Notre-Dame, et d'en appeler à toute la chrétienté pour la délivrance de la Terre sainte. Grande lut la joie dans tous les coeurs vellaviens, quand cette nouvelle se répandit dans notre pays. Grand fut le nombre des pèlerins qui voulurent visiter le sanctuaire angélique, à la fête du mois d'août, lorsqu'on sut la prochaine arrivée du Pontife et la cause de son voyage. Tout ce qu'il y avait de coeurs nobles et généreux dans la province, désirait voir le Pape et entendre ses paroles. Au jour fixé, de chaque manoir féodal comme de chaque village, par les grandes routes et par les rudes sentiers qui conduisaient à la cité d'Anis, accoururent, avec les habitants des campagnes, les châtelains suivis de leurs dames, de leurs enfants et de leurs vassaux.

Nous avons dit avec quelle pompe Adhémar reçut le Souverain Pontife, et comment celui-ci, après avoir pris connaissance de la ville, la trouva trop petite, hélas ! Pour y tenir commodément les grandes assises préliminaires de la Croisade. Le Concile fut donc convoqué à Clermont, où Adhémar se rendit avec un grand nombre de ses diocésains. Là, au milieu d'un auditoire immense et d'un silence profond, le Pape, d'une voie émue, fit une peinture aussi vive que touchante des outrages que les Musulmans, détenteurs et profanateurs des Lieux saints, faisaient subir aux pèlerins et aux sanctuaires de la Palestine. Puis, s'adressant au coeur toujours si noble et si généreux du peuple Français : « Armez-vous donc, mes chers fils, s'écria-t-il, armez-vous du zèle de Dieu ! marchez au secours de vos frères, et le Seigneur sera avec vous ! Tournez contre l'ennemi du nom chrétien, les armes que vous employez injustement les uns contre les autres. Rachetez, par ce service si agréable à Dieu, les crimes qui excluent de son royaume, et obtenez-en, par là, le pardon. Pour nous, plein de confiance en la miséricorde de Dieu et en l'autorité de saint Pierre, nous remettons toute pénitence à ceux qui prendront les armes contre les infidèles, et nous promettons l'éternelle récompense et les infinies bénédictions de Dieu à tous ceux qui combattront pour la délivrance de la Terre sainte ! »

A ces mots, une immense acclamation s'élève du sein de la foule : « Dieu le veult ! Dieu le veult ! » s'écrie-t on de toutes parts. Et le Pape regardant le ciel : « Oui, Dieu le veult, dit-il ; allez ! et que ce soit là votre cri de guerre ! »

A ce moment, un évêque vient se jeter aux pieds du Souverain Pontife, et demande humblement, le premier, la croix d'étoffe rouge qui devait servir de signe de distinction aux Croisés. Cet évêque, c'est Adhémar du Monteil. Le Pape lui impose la croix de sa propre main, et l'institue solennellement son légat en Orient et le chef ecclésiastique de la Croisade. L'exemple d'Ahémar est comme une étincelle électrique qui se communique à toute l'assistance. Tous veulent partir, tous ambitionnent l'honneur d'aller combattre les infidèles. Le nombre de ceux qui réclament les croix d'enrôlement est si grand, que toutes les étoffes rouges de la ville furent bientôt complètement épuisées.

Le Tasse nous apprend, dans son immortel poème de la Jérusalem délivrée, que la ville du Puy, à elle seule, ne fournit pas moins de quatre cents guerriers à la Croisade.

 

Quatro cento guerrier... di Pogio.

 

Quant aux autres Croisés vellaviens, il n'y en eut pas moins de quatre à cinq mille, disent un grand nombre d'historiens. Souvenir à jamais glorieux pour le diocèse et la ville du Puy-Sainte-Marie !

Or, c'est à l'occasion du départ de ces guerriers pour la Terre sainte, que l'évêque du Puy composa l'hymne magnifique, connu sous le nom de Salve Regina. On a émis beaucoup d'opinions différentes sur l'auteur de cette admirable prière. Mais il résulte de l'étude approfondie de cette question que c'est bien véritablement l'évêque du Puy, Adhémar du Monteil, qui composa cet hymne pour en faire le chant de guerre des Croisés. Voilà pourquoi, dès le douzième et treizième siècle, cette sublime invocation était généralement connue sous le nom d'Antienne du Puy, Antiphona de Podio. Saint Bernard lui-même ne l'appelait pas autrement lorsqu'il en parlait, en 1130, à un abbé de Dijon. On croit, et il est probable, que cette Antienne fut chantée, pour la première fois, lorsque Adhémar, avant de partir, réunit dans sa cathédrale, aux pieds de Notre-Dame, tous ceux de ces valeureux diocésains qui avaient pris la croix. Ce n'est pas sans émotion religieuse et sans fierté patriotique, que l'on se figure ces quatre à cinq mille guerriers vellaviens, inaugurant, sous les voûtes sombres de la basilique Anicienne, ce cantique admirable, qu'un élan de saint enthousiasme avait fait jaillir du coeur de leur Evêque, et où leur âme trouvait, magnifiquement rendus, les sentiments d'amour et de vénération qu'ils professaient tous pour la Mère de Dieu, Notre-Dame du Puy. Avec quelle ardente foi et quelle pieuse énergie toutes ces voix mâles et fortes durent lancer vers le ciel les supplications pressantes et les touchantes invocation, dont se compose le Salve Regina. Les anges du Paradis durent certainement applaudir à ce magnifique et formidable concert, et Marie, du haut du ciel, dut bénir tous ces valeureux enfants du Velay. Quoiqu'il en soit de l'inauguration de ce chant, l'historien Darras dit que le Salve Regina fut chanté, au moment du départ, par les cent mille Croisés que Godefroy de Bouillon passa en revue, et qu'Adhémar du Monteil bénit solennellement.

Depuis lors, le Salve Regina est devenu célèbre. Il fait partie de la liturgie romaine, écrin magnifique dont il n'est pas la perle la moins précieuse, et la sainte Eglise, après l'avoir enchâssée ainsi dans son office canonial, le récite tous les jours, depuis la Trinité jusqu'à l'Avent.

Rien de plus suave, au reste, de plus beau et de plus saintement éloquent que le texte de cette admirable prière. Composée par un saint, dit le vénérable Canisius, elle a été propagée par des saints. Son sens fécond, sa profondeur mystérieuse, sa grâce ineffable, nourrissent l'esprit, attendrissent le coeur et embrasent les âmes d'amour pour la Mère de Dieu. Saint Bonaventure, saint Bernard et plusieurs autres mystiques se sont plu à commenter cette antienne. Saint Alphonse de Liguori, dans un de ses ouvrages, en a fait une paraphrase qui fait les délices des âmes pieuses. Il est certain que cette prière renferme, pour l'âme, des trésors cachés de douceur et de consolation. Oh ! qui dira tous les apaisements, toutes les espérances, tous les baumes que cette antienne, inexprimablement belle d'Adhémar du Monteil, a versés, depuis bientôt huit siècles, dans le coeur de tous ceux qui soupirent ici-bas après le bonheur du ciel, et qui, par cette antienne, supplient Marie de leur en ouvrir la porte.

Puisse désormais cette prière monter souvent de notre coeur et de nos lèvres vers Marie, et nous attirer sa toute puissante protection. Ainsi soit-il.

 

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Prière

 

Ô Marie, en union avec tous les fidèles et tous les prêtres de l'Univers, nous réciterons, chaque jour, de tout notre coeur, conformément à la prescription du glorieux Pape Léon XIII, la belle prière anicienne du Salve Regina. La pensée qu'a eue le Souverain Pontife d'en faire désormais la prière quotidienne, obligatoire et universelle de toutes les églises du monde catholique, les trois cents jours d'indulgence qu'il a daigné attacher à la récitation de cette antienne, prouvent bien l'efficacité et l'importance de cette sublime invocation. Nous la réciterons donc dorénavant aux intentions marquées par Notre Saint Père le Pape.

Ô Marie, au milieu des maux si graves qui nous assiègent, et en prévision des maux plus graves encore qui nous menacent, daignez écouter la touchante supplication que fait monter vers vous l’Église Catholique tout entière. Sainte Mère de Dieu, que cet immense concert de louanges, résultant de la récitation universelle du Salve Regina, dispose favorablement votre coeur à intercéder auprès de Jésus pour vos enfants de la terre ! Ô Marie, nous vous invoquons à genoux : venez au secours de la sainte Eglise qui vous prie par notre bouche ! Comme au onzième siècle, que l'hymne d'Adhémar du Monteil soit le chant pacifique de la nouvelle croisade qui s'impose aujourd'hui à tous les fidèles, la croisade contre le démon et les suppôts du démon ! Qu'à l'exemple de ses vénérables prédécesseurs Gélase II, Innocent II et Alexandre III qui, dans la persécution dont ils étaient victimes, vinrent au Mont-Anis, se recommander à Notre-Dame par la prière anicienne du Salve Regina, l'auguste Pontife actuellement régnant, ressente lui aussi les grâces salutaires et les douces influences qui découlent de l'antienne du Puy : et qu'enfin, du Pasteur suprême, ces grâces et ces influences rejaillissent également sur le troupeau tout entier. Ainsi soit-il.

 

Notre-Dame du Puy, priez pour nous !

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil , obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiæ, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evæ ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, præparasti: da ut cujus commemorationo lætamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

 

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11 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

Le Puy-en-Velay - Cathédrale Notre-Dame du Puy (83)

 

Douzième jour

Les Papes et Notre-Dame du Puy

 

Toutes les gloires semblent avoir été réservées au sanctuaire de Notre-Dame du Puy. Aucun hommage ne lui a fait défaut, depuis celui des peuples de tous les pays d'Europe, jusqu'à celui des rois de France et des Souverains Pontifes. Six Papes, en effet, sont venus en pèlerinage au Mont Anis. Il y a là de glorieux souvenirs à évoquer, en l'honneur de Celle pour qui nous écrivons. C'est pourquoi nous avons voulu les rappeler dans un chapitre à part.

Lorsqu'en 1095 le pape Urbain II voulut délivrer la Terre sainte du joug des musulmans, il convoqua d'abord un concile au coeur même de la France, cette terre du dévouement et de la foi. Le projet du Pape français, disent nos chroniqueurs, était de planter la bannière pontificale sur la vénérable basilique de Notre Dame du Puy, que son pèlerinage avait rendue célèbre dans toute la chrétienté et de sonner, du haut de la tour Saint Mayol, le beffroi d'alarme qui devait soulever l'Europe entière.

Urbain II vint en effet au Puy, le 14 août 1095. Il arriva aux portes de la ville, suivi des archevêques de Lyon, de Bourges, de Bordeaux et des évêques de Cahors, de Clermont et de Grenoble.

L'évêque du Puy, Adhémar du Monteil, un des futurs héros de la sainte Croisade, l'introduisit dans l'église angélique, par une porte que l'on pratiqua, à cette occasion, du côté du For, et que, par respect pour le Vicaire de Jésus-Christ, on mura sur-le-champ, pour qu'elle ne s'ouvrit que devant les Papes, ses successeurs. Urbain y célébra avec pompe, la fête de l'Assomption, et passa presque toute la journée au pied de l'autel de Marie, recommandant à Notre Dame du Puy, et plaçant sous son puissant patronage l'entreprise formidable qu'il avait conçue pour la délivrance des saints Lieux.

Malheureusement, la ville lui parut trop petite, et ses abords trop rudes et trop difficiles pour y tenir commodément les grandes assises préparatoires à la prise d'armes contre les Turcs. Le concile fut donc définitivement convoqué et réuni à Clermont, dans la Limagne, au milieu de la plus vaste et de la plus magnifique plaine d'Auvergne. Il y vint treize archevêques, quatre-vingt douze évêques, deux cent cinq abbés et une foule immense de gentilhommes et de peuple. Là, du moins, quel que fut le nombre, on pouvait se compter ; tandis que les multitudes accourues au Puy du Nord et du Midi, se seraient disséminées sans contact à travers les sinueuses et étroites vallées que domine le Mont Anis. Toutefois, et comme témoignage de la pensée et du désir qu'il avait eus de tenir le Concile dans la capitale du Velay, Urbain II data du Puy môme la lettre qui convoquait le Concile à Clermont. De plus, il choisit, pour son vicaire général et pour chef spirituel de la Croisade, notre évêque Adhémar du Monteil, qui se croisa généreusement le premier, avec quatre cents de ses diocésains.

Tel est le glorieux souvenir qui est resté attaché à la visite du premier Pape, venu en pèlerinage à Notre-Dame du Puy. L'histoire, qui procède par grands aspects, n'a tenu compte que du Concile de Clermont, des résolutions qui y furent prises, des scènes grandioses et des frémissements d'enthousiasme et de soulèvement universels dont il fut le théâtre ; mais une bonne et large part de cette gloire revient à notre ville, où la croisade naquit en réalité, se trama, s'organisa et reçut sa première exécution.

Le second Pape qui vint en dévotion au Puy Sainte-Marie, fut Pascal II. Ce Pape qui fit en France un séjour d'environ huit mois, se trouvait au Puy le 14 juillet 1107. Il confirma, par une Bulle, le privilège d'exemption, par lequel ses prédécesseurs, Sylvestre II et Léon IX, avaient mis l'Eglise du Puy sous l'autorité immédiate du Saint-Siège, faveur qui montre bien en quelle estime les Souverains Pontifes tenaient le sanctuaire du Mont Anis.

Le troisième Pape qui visita notre célèbre pèlerinage fut Gélase II, 1118. Obligé de quitter l'Italie, à raison des différents survenus entre lui et l'empereur Henri V, au sujet des investitures, ce Pape se réfugia en France, la terre hospitalière des pontifes romains persécutés. Il débarqua à Saint Gilles sur le Rhône, et vint ensuite d'Alais au Puy, d'où, après avoir passé par différentes villes des pays voisins, il arriva enfin à l'abbaye de Cluny où il mourut.

L'année suivante, 1119, son successeur, Caliste II, vint également en pèlerinage à Notre Dame du Puy, et s'empressa, aussitôt après son couronnement, de venir mettre son pontifical sous la protection de la puissante Reine du Mont Anis.

En 1130, Innocent II, forcé par les intrigues de l'antipape Pierre de Léon, à passer la mer avec une suite peu nombreuse, se rendit à son tour au sanctuaire angélique du Mont Anis, pour supplier la glorieuse patronne qui y préside, de mettre un terme aux divisions de l'Eglise. C'était, d'ailleurs, au Puy que s'étaient réunis, peu de temps auparavant, les évêques d'au-delà de la Loire, pour examiner lequel des deux prétendants devait être canoniquement reconnu comme Pape. Et tandis que saint Bernard faisait proclamer, à Etampes, Innocent, comme véritable pasteur des fidèles, saint Hugues, évêque de Grenoble, lui faisait, par son autorité, décerner dans la capitale du Velay, le même titre et la même obéissance. A son approche, toute la ville s'empressa de voler à sa rencontre. Rien ne lut oublié de ce qui pouvait l'assurer du respect et du dévouement dus à sa haute dignité. La porte papale s'ouvrit devant lui, et Ponce de Tournon, qui occupait alors le siège du Puy, sans avoir égard à la médiocrité de vie qu'il s'était imposée, et malgré la faiblesse de son grand âge, proportionna ses dépenses à la grandeur du noble pèlerin, qu'il avait le bonheur de posséder dans son palais.

Alexandre III ne se montra pas moins jaloux de rendre à Marie ses hommages dans le sanctuaire consacré par les Anges. Contraint à fuir devant l'antipape Victor et devant les armes de l'empereur Frédéric Barberousse, il vint lui aussi chercher un refuge en France. Parti de Montpellier, au mois de juillet, pour aller tenir un Concile à Clermont, il voulut auparavant révérer dans le Velay le célèbre temple du Mont Anis. On alla le prendre en procession à une demi-lieue de la ville, Il était en rochet et en camail, monté sur une haquenée blanche et suivi de sept cardinaux et de quelques évêques, montés également sur des mules et revêtus de la chape romaine. La multitude se prosternait à terre sur son passage ; chacun ambitionnait l'honneur de l'approcher et de toucher ses vêtements. On se pressait, on se précipitait en quelque sorte sur lui. Ces marques de zèle et de dévotion faisaient palpiter son coeur paternel. Il s'arrêtait pour donner à tous sa bénédiction ; il se laissait environner de la foule, sans permettre qu'on la repoussât pour faciliter son passage. Introduit par la porte papale dans le sanctuaire, il y resta plus d'une heure en oraison, et, durant trois jours qu'il demeura dans le pays, il ne manqua pas de célébrer tous les matins les saints Mystères, et de se rendre ensuite avec exactitude à l'office des Vêpres et des Matines. Pierre IV, évêque du Puy, le reçut dans son évêché et le traita avec une juste magnificence. Mais le pieux Pontife l'obligea à retrancher ce qu'il regardait comme un excès et à se renfermer dans les bornes d'une simplicité plus évangélique. C'était au mois d'août 1162 qu'Alexandre III avait offert à Marie ses respectueux hommages. Trois ans après, au mois de juin 1165, il revenait encore épancher son coeur aux pieds de cette sainte patronne, et lui recommander son retour dans la capitale du monde chrétien qui allait bientôt revoir son véritable pasteur.

Ainsi, six Papes sont venus en pèlerinage à Notre Dame du Puy. La renommée sans égale de l'église du Mont Anis, explique seule ces pèlerinages des Souverains Pontifes. C'est qu'ils savaient, en effet, que Marie n'avait pas un pareil sanctuaire dans toute la chrétienté. Dès le milieu du onzième siècle, un de leurs prédécesseurs, le saint Pape Léon IX, l'avait déjà hautement constaté : « Nulle part, dit-il, dans une Bulle restée célèbre, nulle part, dans aucun autre de ses sanctuaires, la très sainte Vierge ne reçoit un culte plus spécial et plus filial de respect, d'amour et de vénération que celui que les fidèles de la France entière lui rendent dans cette église du Mont-Anis, autrement dite du Velay ou du Puy-Sainte-Marie ».

Voici les paroles de la Bulle de Léon IX : « In hac ecclesia Aniciensi, quae et Velanensis seu podium sanctae Mariae dicitur, specialius ac proecordius prae coeteris ecclesiis sibi dicatis, colitur, amatur, veneratur memoria Beatae Mariae Virginis, a cunctis qui circumquaque universa morantur in Gallia ».

Quel titre de gloire pour notre pèlerinage que cette parole de Léon IX, et combien le P. Odo de Gissey avait raison de s'écrier, dans son histoire, « que parmi les sanctuaires dédiés à la Sainte Vierge, celui de Notre-Dame du Puy était le plus privilégié de tous ! »

 

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Prière

 

Notre-Dame du Puy, qui au treizième siècle avez donné un Pape à l'Eglise dans la personne de Clément IV, priez pour le Pape régnant actuellement ! Sainte Mère de Dieu, votre amour, et celui de la Papauté, vont de pair et sont inséparables dans le coeur de vos enfants. En effet, le Souverain Pontife est ici-bas le représentant de Notre-Seigneur Jésus-Christ ; et de même, ô Marie, que ceux qui vous aiment véritablement ne séparent point dans leur affection Jésus-Christ de sa sainte Mère, de même ils doivent étendre l'amour qu'ils vous portent jusqu'à la personne auguste de celui qui tient ici-bas la place de votre divin Fils. Voila pourquoi nos aïeux reçurent avec tant d'enthousiasme et de vénération les six Papes que la renommée de votre sanctuaire conduisit au Mont Anis. Voila pourquoi aussi, ô Marie, nous inspirant de la grande dévotion de nos Pères pour le Saint-Siège apostolique, nous vous adressons aujourd'hui de tout notre coeur une ardente prière pour le Souverain Pontife. Injustement dépossédée du patrimoine de saint Pierre, que Pépin et Charlemagne lui avaient pieusement constitué avec l'épée de la France, la Papauté, de nos jours, se voit battue en brèche de toutes parts et se trouve livrée, sans aucun secours humain, à tous les assauts de l'impiété.

Ô Marie, étendez votre toute puissante protection sur celui que votre divin Fils a élu pour son lieutenant sur la terre. Assistez-le dans ses luttes et ses combats ; soutenez-le dans ses épreuves ; mettez un terme en particulier aux douloureuses afflictions que la France causa au coeur paternel du Léon XIII, et ne permettez pas que notre patrie soit plus longtemps infidèle à son litre de fille aînée de l'Eglise. Rendez enfin la Papauté victorieuse de ces hommes de ténèbres, qui s'efforcent de la renverser, parce qu'elle est le candélabre sacré qui porte et qui présente aux regards de tons, la lumière même du monde ! Faites, ô Marie, que toutes les intelligences s'éclairent à cette grande lumière du ciel, que toutes les âmes se réchauffent à ce feu sacré et que l’Église répande ses bienfaits sur tous les peuples qui vivent sous le soleil. En un mot, que la sainte. Eglise triomphe, et ce sera la justice! qu'elle règne, et ce sera la paix! qu'elle gouverne, et ce sera l'amour ! Oui, qu'elle triomphe, règne et gouverne, en tout heu, qu'il n'y ait plus désormais qu'un seul troupeau, un seul bercail, un seul pasteur, et ce sera le bonheur retrouvé et comme le Paradis reconquis sur la terre. Ainsi-soit-il.

 

Notre Dame du Puy, priez pour nous !

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil , obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiæ, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evæ ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, præparasti: da ut cujus commemorationo lætamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

 

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10 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Onzième jour

Le Jubilé ou Grand Pardon de Notre Dame du Puy à partir de la Révolution jusqu'à nos jours.

 

La tourmente révolutionnaire s'était déchaînée sur la France comme un irrésistible ouragan. 93 avait succédé à 89. La religion et la patrie en deuil pleuraient le roi et la reine décapités, les églises fermées, profanées ou détruites, les prêtres exilés, égorgés, ou bien traqués partout comme des bêtes fauves, et obligés de se cacher dans l'ombre, pour exercer, au péril de leurs jours, les fonctions sacrées de leur ministère. Tout était sang et larmes pour l'Eglise de France. Comme Rachel, hélas ! elle voyait assassiner ses enfants et sa douleur était inconsolable. Rachel plorans filios suos et noluit consolari quia non sunt !... C'est dans ces circonstances lamentables que l'arrivée du vingt-troisième Jubilé de Notre Dame du Puy vint, comme la colombe de l'arche, apporter le rameau d'espérance à notre infortunée patrie.

On était en 1796. Mgr de Galard-Terraube était alors exilé en Suisse. Des mains impies et sacrilèges avaient arraché de son trône la statue vénérée de la Vierge noire, l'avaient brûlée sur la place publique et en avaient dispersé les cendres au vent... L'auguste basilique elle-même avait été profanée et pillée. Une créature pécheresse avait osé s'asseoir un jour à la place de l'image de Marie Immaculée, et y avait reçu des hommages idolatriques. Le sanctuaire enfin, découronné de sa gloire, était aux mains des schismatiques et des excommuniés. Dans cette triste conjoncture, Mgr de Galard-Terraube obtint du pape Pie VI, le 29 janvier 1796, une Bulle par laquelle le Vicaire de Jésus-Christ, suspendant la faveur octroyée au sanctuaire angélique par les Papes ses prédécesseurs, accordait lui-même, pour cette fois, un nouveau pardon, qu'on pourrait gagner dans tel temps et tel lieu du diocèse que les circonstances le permettraient, pourvu que ce fut en évitant tout contact avec les schismatiques. Sa Sainteté, voulant aussi faire participer à cette faveur les fidèles, prêtres ou laïques, que la Révolution avait jetés sur la terre d'exil, décréta qu'ils auraient également la faculté de gagner le jubilé à l'étranger, à la seule condition d'accomplir les œuvres de piété qui étaient en leur pouvoir.

Mgr de Galard, avons-nous dit, s'était réfugié en Suisse. Mais il avait laissé, dans son diocèse, un digne représentant dans la personne de M. de Rachat, curé de Tence, dont la foi vive ne faillit jamais, et qui a laissé après lui une mémoire vénérée. Celui-ci déploya le zèle le plus actif pour répandre, parmi les fidèles et les prêtres échappés au glaive révolutionnaire, la connaissance du Bref de Pie VI. La persécution, au lieu d'éteindre la foi, l'avait ravivée dans bien des âmes, et il y en eût beaucoup, qui, à l'occasion du Jubilé, surent tromper la vigilance et déjouer le mauvais vouloir des persécuteurs de la religion.

Cependant le régime révolutionnaire était tombé victime de ses propres fureurs. Un nouvel ordre de choses s'était établi ; un immense besoin de concorde et d'apaisement se manifestait de toutes parts. Bonaparte, en homme de génie qu'il était, comprit qu'il ne pouvait régner sur la France qu'autant que la Société serait replacée sur ses bases religieuses. Par un traité avec le Souverain Pontife, il rétablit donc la religion catholique en France, et réorganisa le culte aboli par la Révolution.

Hélas, une grande épreuve était réservée à ce sujet à notre chère Eglise du Puy. Pour des motifs d'intérêt supérieur, Pie VII usant de la plénitude de sa puissance spirituelle, anéantit les 135 sièges épiscopaux de l'ancienne France ecclésiastique, et créa, à leur place, par un concordat, soixante nouveaux sièges partagés entre dix métropoles.

Dans cette nouvelle circonscription des diocèses, celui du Puy fut complètement supprimé et se trouva englobé dans l'évêché de Saint Flour. C'était là une suppression aussi étrange que malheureuse, contre laquelle tout le Velay protesta ; mais dans la discussion qui eût lieu à cet effet, le corps législatif, tout imbu encore de principes révolutionnaires et de sentiments anti-religieux, déclara cyniquement vouloir détruire ainsi le foyer de superstition et de fanatisme dont le pèlerinage de Notre Dame du Puy, disait-il, avait été la cause non seulement pour le Velay, mais pour toutes les populations du centre de la France.

Pauvres législateurs ! Leur décision si préjudiciable à notre grand pèlerinage, dura jusqu'à ce qu'un décret réparateur vint, sous la Restauration, reconstituer, en l'agrandissant, l'ancien diocèse de Notre Dame du Puy.

Eclipsée un moment par le désastre des circonstances, la gloire du sanctuaire auguste de Marie devait, au bout de quarante-cinq ans, se ranimer et jeter au loin une nouvelle splendeur. Le vingt-quatrième jubilé arriva avec l'année 1842, sous l'épiscopat de Mgr Darcimoles. Depuis la Révolution, c'est-à-dire depuis un demi-siècle, d'autres lois, d'autres moeurs, d'autres tendances avaient remplacé les lois, les moeurs, les tendances anciennes. Il était à craindre que les grandes solennités de l'Eglise angélique ne se ressentissent d'un changement aussi profond ; mais il n'en fut rien. Le dix-neuvième siècle, si différent sous tant d'autres rapports des siècles précédents, a amené la même foule aux pieds de la Vierge du Mont Anis. A ce premier Jubilé on ne compta pas moins de 150,000 pèlerins.

Celui qui fut célébré en 1853 (le 25e) fut bien plus brillant encore. Quoiqu'il se présentât après deux Jubilés consécutifs dont avait joui la chrétienté tout entière, et qu'il s'ouvrit par un temps tellement rigoureux, que les voies restèrent complètement interceptées durant quatre à cinq jours. Il fallut se frayer, à travers les neiges et les frimas, des chemins par lesquels il n'y avait que la confiance en Marie qui pût oser s'aventurer. Toutes les paroisses du diocèse étaient invitées : chacune avait son jour ; ni glaces, ni neiges, ni fatigues, ni dangers ne purent les arrêter. Aucune ne fit défaut.

Il y eut des paroisses qui, pour être fidèles au pieux rendez-vous du Jubilé, furent obligées, tant la neige obstruait les chemins, de faire premièrement marcher devant eux les boeufs de leurs étables. On lançait ces nouveaux pionniers dans les montagnes de neige amoncelées sur la roule. Puis on faisait venir après eux tous les moutons que l'on avait pu rassembler dans le pays, et le piétinement de ces animaux finissait par tracer un chemin praticable. Alors les hommes achevaient ce que les animaux avaient commencé. Les femmes s'avançaient ensuite, et les petits enfants fermaient la marche de ces courageuses caravanes. Il y en eut qui descendirent ainsi de 1,359 mètres d'altitude.

Jamais, aux plus beaux âges du christianisme, l'affluence des pèlerins n'avait été plus considérable. Les calculs qui en furent faits en portent le nombre à 300,000 environ. La veille de la clôture, la ville ne renfermait pas moins de 80,000 étrangers. L'administration fut sérieusement inquiète de tant d'encombrement. Les hôtelleries, les maisons, les granges, tout regorgeait de pèlerins. Il fallut, cette nuit et la nuit suivante, tenir les églises ouvertes, pour donner un abri à ceux qui n'avaient pu en trouver ailleurs.

Enfin un vingt-sixième et dernier Jubilé eut lieu en 1864, sous l'épiscopat de Mgr Le Breton. Il vit se reproduire le même ébranlement de peuples et la même affluence de fidèles. Ce fut par centaines de mille que l'on compta les pèlerins accourus au Puy de l'Orient, de l'Occident, du Midi et de l'Aquilon. Parmi les assistants qui sont ici, beaucoup se souviennent encore avec émotion de ces jours inoubliables de grâce et de salut.

Jours d'allégresse et de bénédiction ! Puisse votre souvenir rester toujours vivant dans notre coeur ! Puissiez-vous aussi revivre pour chacun de nous dans nos futurs Jubilé.

 

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Prière

 

Ô Marie, le dix-neuvième siècle, qui a abusé de tant de grâces, a été condamné à s'éteindre tristement sans revoir, avant de mourir, les splendeurs et les consolations de vos salutaires jubilés !... mais le vingtième siècle sera béni par vous, dès son aurore, ô Vierge sainte, et votre vingt-septième Jubilé s'épanouira joyeusement avec l'année 1910. Heureux ceux d'entre nous qui vivront jusque-là ! Heureux ceux à qui il sera donné de profiter de cette grâce dont le monde aura été privé pendant quarante-six ans ! Puissent les jours mauvais de l'anticléricalisme et de la Révolution n'être plus alors qu'un lointain souvenir ! Mais en attendant, aimons et servons de tout notre coeur Notre Dame du Puy, n'attendons pas le retour de ses jubiles pour lui témoigner notre dévotion et notre amour. La Reine du Mont Anis est toujours en permanence sur son trône pour accueillir nos hommages et nos prières. Tous les temps lui sont bons pour dispenser ses grâces à ses serviteurs, et son sanctuaire renferme pour ceux qui viennent y prier un trésor toujours ouvert et toujours inépuisable de bénédictions spirituelles et temporelles. Sachons donc monde, Marie ne s'est montrée, jusqu'à présent, aussi bonne et aussi secourable aux chrétiens, qu'en sa vieille basilique du Velay. Gravissons souvent avec foi les degrés de son auguste temple ; venons souvent nous agenouiller sur le seuil de cette chambre angélique, témoin de tant de miracles et où se sont opérées tant de merveilles ; et là, contemplons et prions, comme nos pères, celle qui fut, à travers les siècles, leur bienfaitrice et leur mère. Comme eux nous puiserons, dans cette contemplation et dans cette prière, bien des joies et des consolations dans nos épreuves, de bonnes résolutions pour vivre plus saintement, de salutaires inspirations aux heures d'incertitudes et d'angoisses, en un mot d'abondantes faveurs pour le temps et pour l'éternité. Reine du Mont Anis, Notre Dame du Puy, faites qu'il en soit ainsi pour chacun de nous ! Ainsi soit-il.

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil , obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiæ, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evæ ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, præparasti: da ut cujus commemorationo lætamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

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9 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Dixième jour

Popularité du Grand Pardon ou Jubilé de Notre Dame du Puy, depuis son institution jusqu'à la grande Révolution française

 

Nous avons vu, hier, quelle fut l'origine du Grand Pardon ou Jubilé de Notre Dame du Puy. Voyons maintenant quelle fut son immense popularité.

Le Grand Pardon ou Jubilé de Notre Dame du Puy, ayant été institué en 992, et ne devant pas se renouveler avant 1910, il s'en suit, d'après les supputations du comput ecclésiastique, que cette précieuse indulgence est arrivée vingt-six fois en neuf cents ans.

Le premier de ces Jubilés sur lequel l'histoire ait enregistré des détails authentiques, est le dixième, qui fut célébré en 1407, sous l'épiscopat d'Elie de l'Estrange. A cette époque, le Jubilé ne durait qu'un jour. Or, il y eut, ce jour-là, au Puy, une telle affluence de pèlerins, que, malgré toutes les précautions de prudence prises par les consuls de la ville, il y eut jusqu'à deux cents personnes étouffées dans la foule. Le coeur se serre à la pensée d'une pareille catastrophe, qui se renouvellera plus d'une fois encore, dans les solennités de l'Eglise angélique. Mais la foi suggère d'autres sentiments que la nature et nous fait presque envier le sort de ces bienheureux pèlerins, à qui le Jubilé de Notre-Dame ouvrit ainsi les portes du paradis.

Le onzième Jubilé eut lieu en 1418, sous le même évêque, Elie de Lestrange. L'expérience du passé fit redoubler les précautions. Sur la prière qui lui en fut faite, le Souverain Pontife prolongea le Jubilé jusqu'au mardi de Pâques. Mais, malgré cela, la foule des pèlerins fut si grande, qu'on eut encore à déplorer la mort de trente-trois personnes qui périrent étouffées dans la presse.

Au douzième Jubilé qui suivit de très près celui-là (1429), on n'eut, cette fois, aucun accident à déplorer. Il est vrai qu'à la demande du roi Charles VII, le Souverain-Pontife avait prorogé l'indulgence jusqu'au dimanche de Quasimodo.

Le treizième Jubilé eut lieu en 1440. La dévotion et l'affluence des pèlerins y furent aussi grandes que de coutume. Mais, grâce aux précautions extraordinaires prises par les autorités civiles et ecclésiastiques, tout se passa sans accident de personne.

Il n'en fut pas de même en 1502 (quatorzième Jubilé). Cette fois, malgré un luxe de précautions inouïes, cent douze pèlerins périrent étouffés. Cette catastrophe provint de ce que l'évêque, Godefroy de Pompadour, croyant que le Jubilé de l'année sainte, qui avait eu lieu deux ans auparavant, dans la chrétienté toute entière, diminuerait considérablement le nombre des pèlerins du Puy, ne crut point devoir recourir au Souverain Pontife comme l'avaient fait ses prédécesseurs, pour obtenir une prolongation du Jubilé. Mais, contre son attente, il y eut, dès le dimanche des Rameaux, une affluence énorme de pèlerins, et cette affluence continua d'une façon si prodigieuse les jours suivants, que les chemins se trouvant trop étroits, les pieux voyageurs furent obligés de se frayer des routes plus larges, à travers les blés et les vignobles, qui furent ainsi endommagés sur une largeur de quatre à cinq toises. On aurait dit que l'Italie, l'Espagne, l'Angleterre, s'étaient épuisées d'habitants ; il se trouva même, parmi la foule des étrangers, plusieurs familles grecques. Depuis les Vêpres du jeudi jusqu'aux Complies du lendemain, les rues furent encombrées d'une multitude tellement pressée, que si quelque objet venait à tomber, personne n'osait ni ne pouvait se baisser pour le ramasser. Les habitants du même pays et les membres d'une même famille tenaient leurs bâtons haussés, avec des enseignes pour se reconnaître ; et la chaleur qu'ils souffraient, quoiqu'en plein air, était si forte, qu'elle les contraignait à supplier, ceux qu'ils voyaient aux fenêtres, de leur verser de l'eau sur la tête pour les rafraîchir, ce que la charité s'empressait de faire en y joignant quelques fruits pour les désaltérer. Les provisions furent loin de suffire, et la cherté devint excessive. Les trois mille confesseurs, dont l'Evêque s'était pourvu, ne pouvant suffire à la multitude, on dut y en ajouter encore un millier. Ils étaient échelonnés dans la basilique ; les églises, les porches, les cimetières en étaient bordés ; plusieurs se tenaient à la porte Saint Gilles ; un plus grand nombre s'étaient établis dans la grande prairie du Breuil. Dans une presse si compacte, il était impossible de n'avoir pas à déplorer quelque accident : quatre-vingt quinze personnes périrent donc étouffées, près la porte Saint Robert, et dix-sept furent écrasées sous les ruines d'un mur qui s'écroula près la porte de Vienne.

Ces cruelles leçons ne furent pas perdues pour l'avenir. On s'entoura de plus de précautions, et, grâce aux nouvelles mesures qui furent adoptées, il n'arriva point de malheur durant le quinzième Jubilé de 1513, quoiqu'il y vint et afflua, disent les chroniques « grand et indicible nombre de peuple ».

Le seizième Jubilé de 1524 s'ouvrit sous d'assez fâcheux auspices. La malveillance des protestants, dont l'hérésie commençait à se répandre dans l'ombre, avait semé au loin des bruits de peste et de guerre. Néanmoins, peu de solennités furent aussi brillantes : « Il y vint des gens et tant, que je ne sais, dit un contemporain, comment plus en fussent venus, ou si plus en eust pu tenir ». Cette fois encore les routes publiques furent trop étroites pour la multitude des étrangers accourus de toutes parts. Les habitants du Puy se distinguèrent plus que jamais, par les bons offices de charité qu'ils rendirent aux pèlerins, et l'ordre fut si parfait, qu'il ne périt qu'un seul homme ; encore fut-il victime de son imprudence.

Le Jubilé de 1622 arriva. C'était le dix-septième, Just de Serres était alors assis sur le siège de saint Vosy. A sa requête, qu'appuya le roi Louis XIII, le pape Grégoire XV prolongea, à perpétuité, pendant l'octave entière, le privilège accordé par ses prédécesseurs pour le seul jour du Vendredi-Saint. Le concours des pèlerins, cette fois, fut singulièrement remarquable ; suivant Théodore, jamais on ne vit en même temps, au Puy, tant de noblesse et de prélats. On était accouru de toute l'Europe, et des manuscrits assurent qu'il n'y vint pas moins de trois cent mille personnes.

Le dix-huitième Jubilé eut lieu en 1633, à peu près dans les mêmes conditions, sauf que le temps, contre l'ordinaire, fut si serein et si beau pendant l'Octave, qu'il semblait, dit le chroniqueur, que mars eut fait vœu d'arrêter ses giboulées, pour ne point empêcher les fidèles de venir rendre leurs vœux à la très sainte Vierge.

Le dix-neuvième Jubilé arriva avec l'année 1644. Cette fois il y avait tant de neige dans les chemins que l'on croyait ne voir arriver que fort peu d'étrangers. Mais il en vint tout autant qu'aux autres Jubilés. On avait fait venir un grand nombre de confesseurs, tant séculiers que réguliers, et il n'y en avait pas moins de cent au seul couvent des Capucins.

Le Grand-Pardon du Puy ne revint, pour la vingtième fois, qu'avec l'année 1701. Cette fois l'affluence des pèlerins n'eut plus de bornes, et l'on peut dire que l'Europe tout entière s'ébranla. L'Allemagne, notamment, rivalisa de zèle avec l'Espagne et l'Italie. On remarqua, en particulier, deux chevaliers de Malte qui, attirés de leur île par la dévotion, marchèrent nu-pieds, depuis la chapelle de Sainte Anne jusqu'au Puy, et montèrent à la Cathédrale, en marquant de leur sang les traces de leur pas. Le temps était horrible. La neige tombait à gros flocons, et les routes étaient presque devenues impraticables. Malgré cela, les confesseurs ne pouvaient suffire à la multitude des pénitents. Pour éviter l'encombrement de la Basilique, il était permis de communier dans n'importe quelle église ou chapelle de la ville. Or, d'après les procès-verbaux qui en furent dressés, on compta jusqu'à quinze mille communions dans l'église des Jésuites. Trois mille dans celle des Cordeliers, six mille aux Carmes, dix mille chez les Capucins et autant, sans doute, chez les Dominicains de Saint Laurent. Pour ces derniers, les procès-verbaux ne donnent pas de chiffres. Quant à la Cathédrale, la foule des pénitents et des communiants était si grande, qu'on lut obligé de poster deux soldats à chaque confessionnal, pour empêcher le peuple de s'étouffer, et donner au confesseur la liberté de respirer. Enfin, on ne cessa, pendant toute l'Octave, de distribuer la communion à la Basilique, depuis le grand matin jusqu'au soir après Vêpres, et même jusqu'à l'entrée de la nuit.

La même chose eut lieu pour le vingt-unième Jubilé de 1712, que le Pape Clément XII, sur la relation de ce qui s'était passé en 1701, prolongea encore jusqu'au dimanche de Quasimodo.

Enfin l'année 1785 vint clore dignement cette magnifique série de Jubilés que nous venons d'énumérer brièvement.

Mgr de Galard-Terraube, un de ces grands et immortels prélats comme la France en comptait beaucoup quand l'impiété se rua sur elle, gouvernait alors le diocèse du Puy. On eut dit qu'au milieu du calme complet dont jouissait notre patrie, on avait, dans le Velay, je ne sais quel vague pressentiment de la tempête qui allait bientôt s'élever. Aussi les populations coururent-elles, en foule, se jeter aux pieds de celle que l’Église salue du titre d'étoile de la mer, et, malgré les ravages que l'impiété voltairienne avait commencé à faire dans toutes les classes de la société, on ne compta pas moins encore de quatre-vingt mille pèlerins à ce vingt-deuxième Jubilé.

Hélas ! Arrêtons-nous ici et fermons ce chapitre. Car, ce fut là le dernier hommage que reçurent avant la Révolution française, l'image et le sanctuaire sacrés de Notre-Dame du Puy.

 

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Prière

 

Ô Marie, quelle triste différence entre la foi de nos aïeux et la nôtre ! Et comment ne pas être confus en comparant notre torpeur et notre froideur actuelles, à l'enthousiasme et au zèle que nos pères manifestaient autrefois pour les choses de Dieu ! Qui nous donnera de vous aimer comme eux, ô Vierge sainte ! Qui nous donnera cet élan de coeur et ce vol de l'âme qui les faisaient s'élancer vers votre Sanctuaire, ô Marie, avec de véritables transports de bonheur et d'amour ! Hélas ! misérables que nous sommes, nous ne savons plus vous aimer ! C'est comme un secret perdu pour nous, nos péchés nous ont fait perdre cette science de l'amour de Dieu et de sa sainte Mère. O Reine du Mont Anis, rendez-nous nos coeurs et nos âmes d'enfants ; rendez-nous ce coeur pur avec lequel nous vous aimions tant autrefois, cette âme innocente avec laquelle nous vous priions jadis avec tant de confiance et de naïf abandon ! Rallumez en nous le flambeau à demi éteint de la Foi et que cette foi ravivée, nous fasse tomber à vos pieds, ô Marie, repentants et fervents comme ces innombrables pèlerins qui, aux jours de vos célèbres Jubilés, montaient, en quelque sorte, à l'assaut de votre angélique sanctuaire. Ô Vierge sainte, comme eux attirez-nous à vous par l'attrait irrésistible de vos grâces et de vos vertus. Trahe nos post te ! In odorem curremus unguentorum tuorum ! Notre-Dame du Puy, priez pour nous ! Ainsi soit-il.

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil , obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiæ, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evæ ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, præparasti: da ut cujus commemorationo lætamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

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8 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Neuvième jour

Origine du Grand-Pardon ou Jubilé de Notre Dame du Puy, et privilèges et indulgences attachés à l'Eglise angélique

 

Aux approches de l'an 1000, dans toute la chrétienté, une erreur s'était universellement répandue, par laquelle on croyait que le monde allait périr avec l'échéance du premier millénaire. Cette date apocalyptique de 1000 ans avait pris, aux yeux des multitudes, la valeur d'un chiffre absolu.

D'autre part, le bruit s'était fortement accrédité, à cette époque, que la fin du monde arriverait lorsque la fête de l'Annonciation tomberait un Vendredi-Saint. Or, cette mystérieuse coïncidence devait se produire en l'année 992. C'est pourquoi, à l'approche de cette funèbre échéance, des multitudes immenses se dirigèrent aux lieux de pèlerinages les plus renommés, pour implorer grâce et miséricorde. Le sanctuaire de Notre Dame du Puy, en particulier, attira une telle foule de visiteurs, qu'en mémoire de cet événement, le Saint-Siège y institua un Jubilé solennel pour toutes les années où le Vendredi-Saint se rencontrerait avec le jour de l'Annonciation. On sait que l'Annonciation tombe toujours le 25 mars. Cette date du 25 mars avait toujours été en grand honneur dans l'Eglise. Dans l'origine du christianisme, c'était une opinion communément répandue que Notre-Seigneur s'était incarné dans le sein de Marie et était mort le vingt-cinquième jour du mois de mars. C'est pour cela que l’Église s'est toujours trouvée heureuse de pouvoir, de loin en loin, honorer, en ce même jour, le premier et le dernier jour du Sauveur.

Telle est l'origine du célèbre Jubilé de Notre Dame du Puy. Ce Jubilé, on le voit, est le plus ancien de tous les jubilés du monde ; il est aussi, comme nous le démontrerons dans la suite, le plus populaire et le plus fréquenté de toute la chrétienté.

Outre l'indulgence de ce Grand Pardon, les Souverains Pontifes se sont plu à enrichir le sanctuaire du Mont Anis d'un grand nombre d'autres faveurs, trop oubliées aujourd'hui, et que nous nous faisons un devoir de publier ici, pour ranimer la ferveur et la dévotion des fidèles envers la vénérable basilique de Notre Dame du Puy. En voici le résumé :

En 1245, Innocent IV accorda quarante jours d'indulgence à tous ceux qui visiteraient l’Église angélique aux quatre grandes fêtes de Notre Dame ou durant leur octave. Ces quatre grandes fêtes sont, comme on le sait, l'Annonciation, la Nativité, la Purification et l'Assomption.

En 1254, le Pape Alexandre IV éleva cette première faveur jusqu'à quatre-vingts jours, et l'étendit à toutes les fêtes de la très sainte Vierge.

En 1265, Clément IV, que le Puy avait eu pour évêque avant que la chrétienté le comptât parmi les successeurs de saint Pierre, éleva l'indulgence à un an et un jour pour les quatre grandes fêtes de Marie, l'Ascension et l'Octave de ces fêtes, ainsi que pour les trois jours des Rogations.

En 1291, Nicolas IV étendit cette faveur à toutes les fêtes de la sainte Vierge et aux fêtes de saint Domnin (16 juillet), de sainte Consorte (22 juin) et des saints Innocents (28 décembre), dont les reliques étaient en grand honneur dans l'Eglise angélique.

En 1373, Grégoire XI ajouta encore un an pour l'Assomption de la sainte Vierge, pour l'Ascension et pour les Rogations. Mais c'est surtout au jour de la Dédicace de la sainte Basilique (11 juillet), que la source des bénédictions célestes fut ouverte aux dévots pèlerins. Ils peuvent, en effet, ce jour-là, s'ils sont dans de saintes dispositions, obtenir, avec l'indulgence plénière, la remise totale de toutes les dettes qu'ils ont pu contracter envers la justice de Dieu. Ainsi le décréta Boniface VIII (1294-1303).

Ce dernier Pape, si libéral envers le sanctuaire de Notre Dame du Puy, voulut aussi que les pauvres âmes du Purgatoire se ressentissent des faveurs qu'il accordait à notre pèlerinage. Par son ordre, une chapelle particulière de notre basilique (la chapelle du Saint-Crucifix) reçut donc, en leur faveur, des privilèges quotidiens qui ont été renouvelés en ces derniers temps par le Pape Pie VI, 29 mai 1789. Cette faveur fut publiée de nouveau le 8 novembre 1823, par Mgr Maurice de Bonald, évêque du Puy.

Toutes ces indulgences que nous venons d'énumérer, se gagnent encore aujourd'hui. En outre, une indulgence plénière est aussi accordée à tout fidèle qui visitera l'église angélique, quelque jour de l'année que ce puisse être, pourvu qu'il se soit confessé et qu'il ait communié. Enfin, le Saint Siège a attaché à l'heureux sanctuaire, les privilèges des sept autels ou des stations romaines, en sorte qu'en allant prier à sept autels de Notre Dame du Puy, on gagne les mômes indulgences qu'en allant prier aux sept grandes églises de Rome. Ces sept autels désignés dans la chapelle angélique étaient autrefois ceux de la Vierge noire, du Saint-Crucifix, de Saint-Joseph, de Sainte Anne, de Saint André, des Saintes-Reliques et de Saint François Régis. Après la Révolution, sous l'épiscopat et par ordonnance de Mgr de Bonald, l'autel du Sacré Coeur fut substitué à l'autel des Saintes Reliques. Depuis lors, cet ordre de choses n'a pas été changé.

A toutes ces indulgences, s'ajoutaient encore autrefois des privilèges qui montrent bien l'influence que le pèlerinage du Puy avait pris non seulement en France, mais dans toute la chrétienté.

Le premier de ces privilèges consistait dans la facilité de tester, accordée aux pèlerins s'ils venaient à être surpris par la maladie dans le cours de leur pèlerinage. Partout ailleurs, pour tester validement, il était requis d'avoir sept témoins. Pour les pèlerins du Puy, deux témoins suffisaient, et cela par une prérogative dont on ne saurait dire si la concession vient de la libéralité des Souverains Pontifes ou de la piété de nos rois.

La seconde faveur accordée aux pieux voyageurs qui se dirigeaient vers la chapelle évangélique, était de rencontrer, en certains lieux, des hospices pour les recueillir dans leurs fatigues ou dans leurs maladies. C'est ainsi qu'il y en avait un entre autres, attenant à l'ancienne église Saint Georges, et dont la seule destination était de recevoir les pèlerins de Notre-Dame. Il y avait également un hospice à Toulouse, pour héberger, à leur passage, les pèlerins Espagnols qui se rendaient en grand nombre, chaque année, à Notre Dame du Puy.

Un troisième privilège enfin, était d'offrir aux coupables un moyen non seulement d'expier leurs fautes devant Dieu et d'en obtenir l'indulgence, mais encore de s'acquitter, par un acte religieux, de ce qu'ils devaient d'expiation à la justice humaine. C'est ainsi qu'un arrêt du Parlement de Paris, rendu en 1296, condamna le seigneur d'Harcourt, dont les gens avaient blessé le chambellan de Tancarville, à faire le pèlerinage expiatoire de Notre Dame du Puy.

C'est ainsi encore que par acte passé le quatre septembre 1361, entre Robert et les villes de Flandre d'une part, et de l'autre Philippe, régent des royaumes de France et de Navarre, il fut statué que le comte Robert et ses fils accompliraient dans le délai d'un an le pèlerinage de N. D. du Puy.

En 1324, une sentence des inquisiteurs, en date du six des calendes de mai, condamne Jean de Corozello, hôtelier de Narbonne, coupable d'hérésie, à visiter l'église du Puy.

En 1318, une commutation de peine fut accordée par les cinq inquisiteurs de Narbonne, à vingt-deux hérétiques albigeois, sous obligation d'aller en pèlerinage au Puy.

L'année suivante, 31 juillet 1319, les réformateurs de justice envoyés à Lyon par le roi Philippe V, commuèrent l'amende encourue par un certain Henri de Dijon, en un pèlerinage à Notre Dame du Puy.

Bertrand de Cayres, le meurtrier de l'évêque Robert de Mehun et ses complices, en réparation de leurs crimes, furent condamnés par le pape Honoré III, à se rendre en pèlerinage au Puy-Sainte Marie, couverts de sacs et de cilices, les pieds nus et la têté rasée, à mendier dans les rues de la ville pendant tout un carême et à jeûner au pain et à l'eau deux fois la semaine.

Une ordonnance du roi Charles VI, datée de juin 1381, fait grâce entière à trois frères assassins, à condition que dans un an, ils iront à Notre Dame du Puy offrir chacun un cierge de deux livres de cire.

On trouve dans les archives nationales deux autres ordonnances du même roi semblables à la précédente.

On le voit, le sanctuaire du Mont Anis, fut un des plus privilégiés du monde, et ceux qui y venaient en dévotion y trouvaient des avantages pour le temps aussi bien que des faveurs pour l'éternité.

 

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Prière

 

Quelle est grande la bonté de Dieu, et quelle preuve ce chapitre vient de nous en donner ! Il est de foi, nous le savons, que tout péché doit être puni en ce monde ou en l'autre. Si le péché est mortel, il doit être puni en l'autre vie d'une peine éternelle sans préjudice des peines temporelles. S'il n'est que véniel, il doit être puni d'une peine temporelle ici-bas ou dans le purgatoire. D'autre part, la rémission, dans le sacrement de pénitence, soit du péché véniel, soit du péché mortel, laisse ordinairement subsister une peine temporelle à subir en ce monde ou en l'autre ; car il est rare qu'on ait les dispositions parfaites de repentir et d'amour de Dieu qui excluent toute affection au péché et nous justifient pleinement aux yeux du souverain Juge. Or, en nous ouvrant le trésor des indulgences dont elle a la clef, l'Eglise supplée à l'insuffisance de nos pénitences et de nos expiations, et, grâce à l'application des mérites surabondants de Notre-Seigneur Jésus Christ, de la sainte Vierge et des saints, nous pouvons nous libérer de toutes les peines temporelles duos à nos péchés, et nous justifier pleinement aux yeux de Dieu. Admirable et consolante, doctrine, bien digne du divin Sauveur, qui a daigné mourir pour nous sur une croix, alors qu'il lui suffisait d'une seule larme, d'un seul soupir ou d'un seul acte de sa volonté pour nous racheter !

O Marie, faites-nous comprendre le prix des indulgences attachées à la visite de votre pieux sanctuaire du Mont Anis ! Faites que nous ne le dédaignions plus comme par le passé ! Et quoi ! lorsque Dieu a daigné mettre ainsi à notre portée, et comme entre nos mains, des moyens si certains, si efficaces et si faciles pour nous acquitter envers lui de toutes les dettes que nous avons eu le malheur de laisser s'accumuler, depuis que nous avons l'âge de raison, serions-nous assez mal avisés ou ennemis de nous-mêmes, assez faibles dans la foi ou assez ingrats envers la bonté divine, pour refuser d'en profiter ? Non, ô Marie, désormais il n'en sera plus ainsi ! À l'exemple de nos aïeux, nous visiterons souvent votre vénéré sanctuaire. Nous y viendrons puiser, comme eux, dans les indulgences qui y sont attachées, l'entier pardon de nos péchés. Et quand la mort viendra nous retrancher du nombre des vivants, au lieu d'aller expier et souffrir cruellement et longuement peut-être en Purgatoire, nous entrerons immédiatement en possession du bonheur du ciel ! Qu'il en soit ainsi par votre intercession, ô Notre-Dame du Puy. Amen.

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil , obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiæ, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evæ ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, præparasti: da ut cujus commemorationo lætamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

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7 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Huitième jour

Parallèle entre Notre Dame du Puy et Notre Dame de Lourdes

 

Notre Dame du Puy et Notre Dame de Lourdes ! Quels noms augustes nous venons d'évoquer ici, et comment dire leur prestige et leur puissance sur les âmes religieuses ! Ces deux grands noms, dont l'écho a retenti par toute la terre, dont le souffle a soulevé les foules comme le vent soulève les sables du désert, dont le charme attractif enfin, a amené des quatre coins du monde tant et tant de pèlerins aux pieds de la Vierge Marie, ces noms bénis ont entre eux, dans leur diversité même, une étroite parenté et comme une sorte de fraternité mystérieuse, qui apparaît et éclate dès qu'on les rapproche et qu'on les met en parallèle. Voyez, en effet, les admirables coïncidences qui ressortent de ce parallèle :

Il y a dix-huit cents ans, la sainte Vierge, voulant être honorée sur le Mont Anis, y apparaissait à une pauvre malade et se montrait à elle resplendissante de beauté, toute rayonnante de lumière, revêtue de magnifiques vêtements et entourée d'une multitude d'anges qui l'escortaient comme leur Reine.

Il n'y a pas encore un demi-siècle, Marie, désirant voir aussi s'élever, à Lourdes, un temple en son honneur, y apparut à une pauvre petite bergère nommée Bernadette. Au dire de l'enfant, cette apparition, dans sa simplicité, était belle d'une beauté qu'il est impossible d'exprimer. Marie s'y montrait dans une auréole de lumière. Son vêtement était celui des vierges : robe blanche, voile blanc et ceinture bleu de ciel. Sur chacun de ses pieds nus, blancs comme l'albâtre sans tâche, brillait un ornement symbolique, une rose d'or, emblème de la charité qui conduisait autrefois ses pas sur les montagnes de la Judée et les guidait encore aujourd'hui vers les montagnes de France. Entre ses mains virginales, glissaient les perles blanches d'un chapelet à chaîne d'or, et Marie, dans cette attitude recueillie, écoutait et semblait compter les invocations que lui adressait la petite bergère, agenouillée à ses pieds.

Au Mont Anis, l'apparition de la sainte Vierge eut lieu sur une grande pierre druidique taillée en forme d'autel. Autour du mont sacré, les montagnes environnantes s'étagent à la façon d'un cirque immense, et, selon l'expression de la sainte Ecriture, semblent bondir comme des béliers sous la garde du Mezenc, le roi des Cévennes, qui, pareil à un pasteur géant, élève sa tête dénudée ou fond de l'horizon.

A Lourdes, Marie apparaît également au milieu des roches pyrénéennes, dans un berceau de montagnes et dans le creux d'une grotte renfermant un menhir ou pierre-levée de granit, qui avait autrefois servi d'autel aux Druides.

Au Mont Anis, la malade à qui la sainte Vierge apparut, fut d'abord toute troublée par cette vision miraculeuse. Puis, se rassurant bientôt, elle s'enhardit jusqu'à demander quelle était cette reine ; et l'un des esprits célestes lui répondit : « C'est l'auguste mère du Sauveur, qui entre tous les lieux du monde, s'est choisi spécialement cet endroit pour y être servie et honorée jusqu'à la fin des siècles ».

De même à Lourdes, Bernadette, ravie de ce qu'elle voit, fixe également sur la sainte Vierge de grands yeux limpides et étonnés ; la bouche entr'ouverte, béante d'admiration, elle semble aspirer la grâce divine et la lumière surnaturelle que projette l'apparition. La petite bergère devient toute transfigurée. Un reflet d'une splendeur céleste rejaillit sur son front et sur ses traits comme une auréole lumineuse, et la naïve enfant, s'adressant à l'être mystérieux qu'elle contemple avec ravissement, lui dit en son dialecte d'or : « O Madame, je vous en prie, veuillez avoir la bonté de m'apprendre qui vous êtes et quel est votre nom ! » Et Marie, après s'être laissée prier ainsi cinq fois, Marie, ouvrant alors les bras, abaisse vers le sol ses mains virginales, comme pour envoyer à la terre les bénédictions du ciel ; puis, élevant de nouveau les mains, les joint à la hauteur de la poitrine, et, regardant les cieux avec l'expression d'une indicible gratitude, s'écrie enfin d'un air souriant : « Je suis l'Immaculée-Conception ! »

Réponse mystérieuse, qui nous dit assez que c'est surtout sa pureté sans tache que la sainte Vierge veut voir honorer à Lourdes, tandis qu'au Mont Anis c'est son titre auguste de mère de Dieu qu'elle présente spécialement à nos hommages. En cela apparaît la différence des deux pèlerinages, différence qui se retrouve du reste dans les statues tout à fait dissemblables qu'on y vénère. Mais où la ressemblance éclate de nouveau, c'est lorsque, à Lourdes, Marie dit à Bernadette : « Ma fille, allez dire aux prêtres de me faire bâtir ici une chapelle où l'on devra venir en procession ». Cette demande de Marie est la même que celle qui fut faite aussi par elle à la malade de Ceyssac, lors de la seconde apparition qui eut lieu sur le Mont Anis au quatrième siècle, et au sujet de laquelle nos chroniques rapportent les paroles suivantes de la sainte Vierge : « Ma fille, allez trouver mon serviteur Vosy ; dites-lui de ma part qu'il ne manque pas de jeter ici, au plus tôt, les fondements du sanctuaire que n'ont pu m'y élever ses prédécesseurs ; car j'ai choisi cette montagne entre mille, pour donner une audience favorable à ceux qui viendront m'y présenter leurs demandes et leurs requêtes ».

Encore une fois, quelle merveilleuse coïncidence dans la diversité même de ces deux apparitions ! Et qui ne voit, par tout ce que nous venons de dire, que l'église angélique de Notre Dame du Puy peut revendiquer, hautement et à juste titre, son droit d'aînesse et de suzeraineté sur la basilique de Notre Dame de Lourdes !

En terminant ce chapitre, nous ne pouvons nous empêcher de faire une dernière réflexion. Certes ! nous aimons trop la sainte Vierge, et notre piété est trop éclairée pour être jaloux de la gloire qui a resplendi en ces derniers temps sur un autre sanctuaire de Marie, le sanctuaire de Notre Dame de Lourdes. Mais il est bien permis de le dire, puisque cela est vrai : jamais il n'y a encore eu, à Lourdes, un pèlerinage qui puisse être comparé à ceux qui, depuis tant de siècles, se sont succédé à Notre Dame du Puy ! Disons toute notre pensée : le pèlerinage de Lourdes, grâce aux chemins de fer, s'effectue dans des conditions de bien-être et de confortable inconnus jusqu'à ce jour aux pèlerins du Puy. Nos pères ne faisaient le pèlerinage du Mont Anis qu'au prix de fatigues inouïes, et très souvent même au péril de leur vie. Tandis que l'on va à Lourdes comme l'on va à Paris, en coupé-lit et en train de plaisir !...

Nous le répétons : nous aimons de tout notre coeur, nous prions de toute notre âme, nous révérons de toute notre foi Notre-Dame de Lourdes. La Vierge immaculée qui a apparu au fond des Pyrénées est, après tout, la même créature privilégiée de Dieu, dans le sein de laquelle Notre Seigneur Jésus-Christ a daigné s'incarner. La sainte Vierge apparue à l'angélique Bernadette, il n'y a pas encore un demi-siècle, est la même qui apparut, sur le Mont Anis, à une pauvre malade du Velay, il y aura bientôt deux mille ans. L'une et l'autre sont donc dignes du même amour et de la même vénération. Mais il y a aussi une chose certaine : c'est que si Marie aime beaucoup à être priée à Lourdes, elle n'aime pas moins à être priée au Puy. Si Marie fait beaucoup de miracles et de guérisons à Lourdes, elle n'en a pas moins aussi, pendant de longs siècles, opéré au Puy de grands prodiges, et elle en opérerait encore beaucoup certainement, si l'on savait venir l'y prier comme autrefois. Enfin, si les foules ont raison et sont bien inspirées d'affluer, comme elles le font, au moderne pèlerinage pyrénéen, leur mérite et leur nombre sont loin d'égaler en cela le nombre et le mérite des millions et des millions de pèlerins qui sont venus jusqu'à présent prier Marie dans son antique sanctuaire du Mont Anis. Aucune raison inavouable, aucun sentiment de clocher ne nous portent à parler ainsi. Nous constatons simplement un fait à l'honneur de Notre Dame du Puy.

C'est donc bien justement que Mgr de Morlhon, de digne et sainte mémoire, s'écriait dans un mandement adressé à notre diocèse en 1856 : « Oui, de tous les sanctuaires bâtis en l'honneur de Marie, sur le sol sacré de la France, il n'en est pas dont la fondation remonte à une époque plus reculée ! Aucun n'a eu plus de renom et plus d'éclat ! Aucun n'a attiré un plus grand nombre de pèlerins de tout rang, de tout sexe et de toute condition ! Enfin, dans aucun la Reine du ciel ne s'est plu davantage à répandre ses grâces et ses faveurs sur ceux qui l'invoquent. Encore moins en est-il un autre que les Souverains-Pontifes aient doté de plus de privilèges et enrichi de plus d'indulgences.

N'y eut-il que son célèbre Jubilé ; l’Église angélique pourrait se glorifier d'être dans un rang suréminent parmi toutes les autres églises consacrées à Marie, non seulement en France, mais dans le monde tout entier ! »

Eloquent témoignage qui doit nous faire apprécier de plus en plus l'excellence incomparable du sanctuaire de Notre-Dame du Puy !

 

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Prière

 

Notre Dame du Puy et Notre Dame de Lourdes, priez pour nous !

 

Pentes escarpées du Mont Anis, et vous, montagnes bénies des Pyrénées, quel beau poème vous chantez à la gloire de Marie ! Sainte Basilique de Notre Dame du Puy, vous redites depuis plus de dix-huit siècles, sous les voûtes mystérieuses de votre choeur angélique, les louanges de la maternité divine de la Très Sainte Vierge ! Et vous, ô basilique de Notre-Dame de Lourdes, vous exaltez, depuis bientôt un demi-siècle, l'insigne privilège de la conception immaculée de la mère de Dieu ! Vos deux pèlerinages se complètent et n'en font qu'un ! Oh ! qu'ils soient unis dans notre amour et notre dévotion !

A Lourdes, ô Marie, l'Esprit-Saint vous adresse ces paroles du cantique des cantiques : vous êtes toute belle, ô ma bien-aimée, et aucune tâche n'est en vous ! Vous êtes plus belle que la fleur des champs, plus pure que le lys des vallées ! vos yeux sont plus doux que ceux de la colombe, vos lèvres plus onctueuses que le rayon de miel, et le parfum qui s'exhale de votre âme est plus suave que celui du plus pur encens et des fleurs les plus odorantes !

Au Puy, la cour céleste vous salue plus spécialement du titre de mère de Dieu ! Et la voix du ciel semble s'unir à la voix de la terre pour vous redire sans cesse : « Salut, ô pleine de grâces, vous êtes bénie entre toutes les femmes, et Jésus le fruit de vos entrailles est béni ! »

Oui, bénies soient à jamais votre conception immaculée et votre maternité divine, ô Marie ! Ces deux titres s'appellent l'un l'autre : vous n'avez été conçue immaculée que pour être mère de Dieu, et c'est parce que vous avez été choisie pour être la mère de Dieu, que vous êtes immaculée ! Ces deux titres, ô Marie, justifient, consacrent, canonisent toutes les inventions de notre reconnaissance, tous les élans de notre âme, toutes les inspirations de notre tendresse envers vous ! Gloire, amour, louanges à Marie conçue sans péché et à la vierge mère de Dieu ! Gloire, amour, louanges à Notre-Dame de Lourdes et à Notre-Dame du Puy. Ainsi soit-il !

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil , obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiae, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evae ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, praeparasti: da ut cujus commemorationo laetamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

 

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6 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Septième jour

Comment le prince Sarrasin Mirat, assiégé par Charlemagne dans la forteresse de Mirambelle, devenue aujourd'hui le château-fort de Lourdes, ne consentit à se rendre à personne qu'à Notre Dame du Puy.

 

Charlemagne était occupé à réduire, dans les Pyrénées, la petite province de Bigorre, où un chef sarrasin, appelé Mirat, s'était fait une sorte de souveraineté indépendante. Ce Mirat était un guerrier au courage intrépide, au caractère chevaleresque, à la volonté de fer. Après avoir vu, malgré sa vaillance, toutes les autres places de sa principauté tomber au pouvoir de l'empereur, il s'était héroïquement renfermé, avec une poignée de troupes, dans la forteresse de Mirambelle, la seule place qui lui restât, et là, après avoir juré de ne se rendre à aucun homme, il avait entrepris une défense désespérée contre l'empereur.

Cette forteresse de Mirambelle, qui existe encore, et dont la position et la structure rappellent assez notre château de Polignac, avait été construite du temps de César. Assise sur un roc escarpé, elle défiait toute surprise et tout assaut. Restée sous la domination des infidèles depuis leur première invasion en France, elle avait été fortifiée avec beaucoup de soins, et elle était imprenable autrement que par la famine. C'est ce qu'éprouvèrent, cinq à six siècles plus tard, le duc d'Anjou et Du Guesclin, qui tentèrent vainement de s'en emparer de vive force.

Vainement aussi, depuis plusieurs mois, Charlemagne en faisait-il le siège. L'empereur, malgré sa puissance, se voyait bel et bien tenu en échec devant cette place avec toute son armée. Espérant amener les assiégés à se rendre, en leur faisant voir que leur perte n'était qu'une affaire de temps, Charlemagne fit cerner étroitement la place de tous côtés : les assiégés n'en continuèrent pas moins à résister. L'empereur offrit alors au prince Sarrasin de capituler à d'honorables conditions : inutile ; aux promesses comme aux menaces, l'obstiné Mirat répondait invariablement qu'il avait juré de ne se rendre à aucun homme, et qu'il tiendrait son serment jusqu'à la mort.

Lassé de ces lenteurs, Charlemagne songea enfin à marcher en avant, après avoir laissé devant Mirambelle, une division suffisamment forte pour en continuer le siège, quand un événement imprévu vint tout à coup changer la face des affaires. L'évêque du Puy, Rorice, devenu l'ami de l'empereur, depuis ses pèlerinages à Notre Dame du Puy, l'accompagnait à cette expédition. Se souvenant de la toute puissance de la Reine de nos montagnes, il eut la pensée de la faire intervenir en cette circonstance. Il la supplia donc d'applanir par quelque miracle les difficultés présentes, et d'illustrer ainsi son nom jusqu'aux extrémités de la France, en réduisant et convertissant elle-même l'héroïque Mirat et son petit peuple Sarrasin. L'intervention de Notre-Dame du Puy ne fut pas invoquée en vain. Voici qu'un aigle, en effet, ayant enlevé dans ses serres un énorme poisson, rencontré sans doute à la surface d'un lac qui avoisinait la forteresse, s'en vint le déposer, tout vivant et sans la moindre égratignure, sur l'endroit le plus élevé du rocher qui sert de base au château-fort. Cet endroit s'appelle encore aujourd'hui la pierre de l'aigle. Qu'on juge de l'étonnement de Mirat ! Toutefois, voyant bientôt le parti qu'il pouvait tirer d'un pareil événement, il expédie le poisson à l'empereur, pour lui faire comprendre que la famine est loin de ceux qui possèdent de pareilles pièces dans leur vivier. Charlemagne demeure stupéfait devant l'étrangeté de ce message, mais l'évêque du Puy lui dit alors : « Sire, ayez confiance ! La Mère de Dieu, Notre Dame du Mont Anis, commence à se mêler de nos affaires d'une manière admirable ». — « Je désire de tout mon coeur qu'il en soit ainsi, répondit le religieux empereur ». Sur ce, l'évêque lui demande et obtient la permission d'aller trouver le Sarrasin. Lorsqu'il fut en présence de Mirat : « Prince, lui-dit-il, vous avez juré de ne vous rendre à aucun homme, soit ! mais rendez-vous donc alors à une Dame, à une Dame très puissante qui vous chérit grandement. Rendez-vous à la Mère de Dieu, à Celle qui règne sur le Mont Anis, et dont l'empereur et moi nous nous glorifions d'être les humbles sujets. Croyez-moi, Prince, le traité que je vous offre vaut mieux qu'une victoire, on en parlera encore quand vos beaux faits d'armes seront oubliés. Allons ! Faites-vous le chevalier de cette Dame, elle vous attend ! »

Ce langage toucha et adoucit subitement le coeur du farouche et inflexible Mirat. Lui, qui jusqu'alors aurait préféré mille fois mourir plutôt que de se rendre, il se sentit fléchir sous l'action de la grâce. « Evêque, répondit-il, je ne me serais jamais rendu à l'armée formidable qui m'entoure, eh bien ! Je me rends à la grande Dame, Mère de Jésus, qui a daigné vous envoyer ici. Elle m'aime, avez-vous dit ; moi aussi je l'aime déjà. En son honneur, je me ferai chrétien et je serai son fidèle chevalier. Oui, je veux tenir et je veux que mes descendants tiennent à jamais, en foi et hommage, de la Dame sainte Marie du Mont Anis, ma seigneurie de Bigorre, exemple de toute autre suzeraineté ».

On devine la joie de l'Evêque en entendant une déclaration si franche et si généreuse. L'entrevue se passait dans une sorte de préau. En habile et dévoué mandataire, l'Evêque du Puy arrache une poignée d'herbes, et les présentant au prince : « Mirat, lui dit-il, tout suzerain doit un hommage à sa suzeraine : voulez-vous me donner ces herbes comme signe de la prise de possession du fief que Marie vient d'acquérir ici ? » — « Oui bien, réplique Mirat, j'y consens et de bon coeur. Mais avant la conclusion, définitive, il importe de savoir ce qu'en pensera l'empereur ». De retour auprès de lui, l'Evêque lui raconte le résultat merveilleux de sa négociation. A ce récit, Charlemagne de s'écrier : « J'approuve, je maintiens, je sanctionne tout ce que vous avez stipulé pour la gloire de Notre-Dame du Mont-Anis ». Dans une seconde visite, l'Evêque reçut Mirat à titre de vassal, au nom de la sainte Vierge, avec toutes les formalités prescrites par l'usage et Charlemagne leva le siège immédiatement.

Peu de jours après, Mirat, accompagné de l'élite de ses braves, faisait le voyage du Velay, et venait ratifier la convention dans l'église angélique. Il était curieux de voir pendiller, au bout des lances des guerriers Sarrazins, de petits faix d'herbe religieusement cueillie dans une prairie du nouveau fief. Quand ils eurent fléchi le genou devant la vénérable statue, chacun d'eux fit une jonchée à Marie, avec les petits faix d'herbe qu'ils avaient apportés. Le saint Evêque était là, il avait quitté l'empereur pour venir assister au triomphe de Notre Dame, triomphe qui récompensait si magnifiquement son zèle, et dont ses diocésains, transportés d'admiration, ne pouvaient assez le féliciter. Les Sarrasins reçurent le baptême avec les plus belles dispositions. Le nom de Mirat, qui signifiait « invincible ou indomptable » fut changé en celui de Lorrus, qui veut dire éclairé ou celui qui a ouvert les yeux à la lumière ».

L'hommage des faix d'herbe, suspendus au bout d'une lance, fut rendu à Notre Dame du Puy par les successeurs de Mirat jusqu'à l'année 1118, où Centulle, comte de Bigorre, remplaça les faix d'herbe par 65 sous de Béarn, payables tous les ans, par lui et les siens, pour l'advenir, à Notre Dame du Puy. En 1266 le roi de Navarre déclara, par un traité avec l'Evêque du Puy, tenir en fiel le château de Mirambelle et le comté de Bigorre. A chaque mutation de fief, la bannière de Notre Dame du Puy devait être hissée sur la tour du château pendant un jour et une nuit. Il en fut ainsi jusqu'au commencement du quatorzième siècle (1307), où Jean de Cumènes, évêque du Puy, céda son droit de suzeraineté sur le comté de Bigorre au roi Philippe-le-Bel, moyennant une rente de 300 livres tournois, à prendre sur le péage du Breuil au diocèse de Clermont. Quant au château-fort de Mirambelle, il existe toujours, avons-nous dit ; mais, depuis l'époque de Charlemagne, il s'appelle d'un autre nom, célèbre aujourd'hui dans le monde entier. Au pied de ce château-fort s'élève une petite ville à qui on a donné le même nom que le château. Les armoiries de cette ville rendent encore témoignage du fait merveilleux de l'aigle et du poisson, dont il est question dans ce chapitre. Elle porte de gueules à trois tours d'or, maçonnées de sable, sur roc d'argent ; la tour du milieu, plus haute que les deux autres, est surmontée d'un aigle de sable éployé, membré d'or, tenant au bec une truite d'argent. Or, la ville et le château dont nous parlons portent aujourd'hui le nom de Lourdes, en souvenir peut-être du nom de Lorus donné au prince Mirat, lors de son baptême au Puy. Admirable coïncidence, qui, mille ans d'avance, fait intervenir miraculeusement Notre Dame du Puy, au lieu même de la célèbre apparition de Notre Dame de Lourdes !

 

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Prière

 

Notre-Dame du Puy, priez pour nous ! Ô Reine du Mont-Anis, quelle admirable histoire est la vôtre ! et quel autre de vos pèlerinages pourrait montrer dans ses annales un tel assemblage de titres honorifiques et de faits merveilleux ? Rien n'est plus doux pour notre coeur que de publier votre gloire, et c'est avec une sainte et légitime fierté que nous exhumons aujourd'hui du passé vos vieilles illustrations et vos antiques splendeurs. O Marie, votre gloire rejaillit sur vos enfants ; mais elle leur impose de grands devoirs : Ces devoirs, nous saurons désormais les accomplir. Oui, désormais, avec la grâce de Dieu, nous nous montrerons dignes de l'illustration que vous avez répandue sur notre pays. Vous nous avez comblés de grâces et d'honneurs : à nous, maintenant, de nous montrer reconnaissants envers vous et de vous faire honneur à notre tour ! Nous vous aimerons donc de tout notre coeur, sainte Patronne du Velay ! nous aurons pour vous la même affection et la même dévotion que vous témoignaient nos aïeux. Nous nous efforcerons surtout de vous honorer par notre sainteté de vie. Loin de nous désormais le péché et toute attache au péché ! Loin de nous tout ce qui pourrait nous rendre indignes de la prédilection que vous avez daigné nous témoigner ! Ô Marie, nous promettons d'être toujours vos sujets fidèles et vos enfants dévoués. Ne désertez pas nos chères montagnes ! Continuez, comme autrefois, à répandre sur nous vos grâces et vos faveurs, En retour, ô reine du Mont Anis, nous publierons partout vos bienfaits et votre gloire, nous proclamerons hautement vos excellences et vos grandeurs ; et, par notre ferveur et notre dévotion, nous contribuerons, de tout notre pouvoir, à rendre à votre pèlerinage son ancienne splendeur. Ainsi soit-il !

 

Notre-Dame du Puy, priez pour nous !

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil , obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiae, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evae ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, praeparasti: da ut cujus commemorationo laetamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

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5 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Sixième jour

Notre Dame du Puy et l'empereur Charlemagne

 

Charlemagne fut le premier à tracer à ses successeurs le chemin du Mont Anis, et à venir incliner, devant la glorieuse Vierge, un front si souvent couronné par la victoire. Le huitième siècle, en effet, n'était pas terminé, lorsque Charles, encore simple roi de France, vint en pèlerinage à Notre Dame du Puy. Il fut reçu avec la plus grande magnificence par l'évêque Rorice II, qui appartenait, par sa naissance, à l'une des plus puissantes familles du royaume. Le religieux empereur revint une seconde fois au Puy, lorsqu'il eut reçu à Rome, des mains du Pape, la couronne impériale. L'histoire ne nous a conservé aucun détail sur ce dernier pèlerinage, ni sur les riches dons que le pieux monarque se plut sans doute à offrir à la sainte Vierge. Lacune regrettable, dont nos chroniques offrent malheureusement trop d'exemples, et que nous aurons plus d'une fois l'occasion de déplorer dans le cours de cet ouvrage. Quoi qu'il en soit, on voyait autrefois dans notre Cathédrale, près des reliques, un tableau commémoratif de la dernière visite de l'empereur, entouré des rois, ses enfants, et d'une suite nombreuse de princes et de princesses. Ce tableau était connu sous le nom de tableau des neuf preux.

Les deux pèlerinages qu'il fit à notre sanctuaire, laissèrent une impression profonde dans l'âme de Charlemagne. Il prit même notre église en si grande estime, que, voulant établir un siège épiscopal à Girone, ville d'Espagne, qu'il venait de conquérir sur les Sarrasins, il choisit le premier évêque de cette ville, parmi les chanoines du Puy, et lui adjoignit plusieurs choriers du même chapitre, pour composer le chapitre nouvellement institué. Le litre d'érection porte que l'empereur entendait que ces deux cathédrales fussent, à perpétuité, unies de coeur et associées ensemble. C'est là l'origine de la touchante fraternité qui a régné, pendant tant de siècles, entre les deux églises. Depuis cette époque, en effet, les églises vellave et catalane contractèrent une étroite alliance qui subsista fidèlement jusqu'à la grande Révolution française. Entre Girone et le Puy, il y eut, dès lors, comme une sainte Hermandad ou fraternité religieuse.

Pour en revenir à Charlemagne, outre la grande vénération que cet empereur eut toute sa vie pour le sanctuaire du Mont Anis, il conçut aussi,à la suite des visites qu'il y fit, une amitié profonde pour Rorice, évêque du Puy et comte du Velay. Il voulut même qu'il l'accompagnât dans une de ses expéditions, afin d'être mieux à portée de son affection et de ses conseils.

Pour assurer le service du sanctuaire du Mont Anis et pourvoir à la majesté et à la splendeur du culte, Charlemagne ajouta aux soixante chanoines qui composaient déjà le chapitre de Notre Dame, dix autres chanoines inférieurs dont la principale fonction était de se rendre ponctuellement au choeur et d'en soutenir la psalmodie. Il y eut ainsi, autour de l'autel de Marie, tout un sénat vénérable, occupé à chanter les louanges de la Mère de Dieu et à desservir son auguste sanctuaire. L'institution de ces dix chanoines, par Charlemagne, donna naissance à la fameuse Université de Saint Mayol, où l'on apprenait à de jeunes clercs les sept arts libéraux, et dont la renommée s'étendit bientôt dans toute la France. Rien n'est beau à lire comme la Charte par laquelle le grand empereur créa ces dix canonicats dans notre basilique du Mont Anis. Qu'on nous permette d'en donner lecture ici ; aussi bien y verra-ton quels sentiments Charlemagne professait pour Notre-Dame du Puy, et comment il affirmait hautement l'apostolicité de l'Eglise du Puy :

« Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, est-il dit dans le diplôme d'institution dont on a la copie, Charles, empereur couronné de Dieu, par la miséricorde divine, roi des Français, à tous les fidèles présents et à venir, faisons savoir que nous avons visité dernièrement la basilique ou très sainte et angélique Eglise de la bienheureuse Marie, de la ville d'Anicium, autrement dite du Puy-Sainte-Marie, fondée et construite par Vosy, premier évêque du Puy. Cette Eglise a reçu la foi catholique dès les premiers temps du christianisme, et conserve, depuis les siècles apostoliques jusques à nos jours, sans tâche et sans aucun mélange d'hérésie, cette foi que lui apporta Georges, envoyé par les Apôtres dans les régions avoisinant la Loire, préférablement à tant d'autres contrées de la Gaule.

« Dans cette basilique à jamais vénérable par sa consécration, on rend un culte très grand aux reliques de Notre-Seigneur Jésus-Christ et de plusieurs saints. Nous avons fait un pèlerinage à ce sanctuaire pour y vénérer ces reliques. Afin d'obtenir la miséricorde de Dieu et de Notre Seigneur Jésus-Christ, nous sommes venus, pieds nus, nous prosterner, le corps et la face contre terre, dans ce temple de la bienheureuse Vierge Marie, adressant de nombreuses prières au Roi des rois, qui donne et enlève, à son gré, tous les royaumes du monde à qui il veut et comme il veut, sans considération des mérites personnels, afin qu'il voulût bien nous conserver la vie, l'empire et le royaume de France, et surtout afin que les peuples qui nous sont confiés, égalant en nombre les sables de la mer qu'on ne peut compter, restent dans la foi catholique et romaine qui fait seule notre espérance, lui demandant tout cela par l'intercession de la très bonne et très miséricordieuse Marie, sa Mère.

« En outre, pour l'accroissement du culte et du service divin, dans une si sainte basilique où les fidèles de toutes les parties du monde viennent implorer le secours de Dieu et sa miséricorde par l'intercession de la très clémente Marie, Mère de notre Dieu et Seigneur Jésus-Christ, en vertu de l'autorité royale et impériale que nous tenons de Dieu, nous voulons créer et créons, maintenant et pour toujours, dix chanoines pauvres dans la communauté et l'église du Puy, choisis parmi les clercs qui servent déjà dans cette Eglise. Ils seront dans le choeur avec les autres chanoines de la même communauté et de la môme Eglise, priant pour nous et pour nos enfants, pour l'augmentation et la dilatation de toute l'Eglise apostolique et romaine, et chantant dans cette Eglise les louanges de Dieu avec ces mômes chanoines. Et pour que cette création, de dix chanoines pauvres, dans les dites église et communauté, soit ferme et stable devant Dieu et persévère longtemps dans l'avenir, nous avons statué et ordonné qu'elle serait signée de notre main, et scellée de notre anneau. Signé : Charles, empereur ».

Un tel langage se passe de commentaires. Outre cette institution de dix chanoines, Charlemagne établit encore au Puy une oeuvre dont l'institution restera l'un des plus beaux titres de gloire de notre sanctuaire : nous voulons parler de l'OEuvre du denier de Saint-Pierre.

Après avoir été sacré empereur par le Pape Léon III, Charlemagne, voulant témoigner sa reconnaissance et sa dévotion envers le Saint Siège, recommanda instamment les besoins de l'Eglise romaine à la générosité de tous ses sujets. Il autorisa à cet effet, dans tous ses états, la levée d'offrandes et de dons volontaires, et il choisit spécialement, pour centre de perception de ces aumônes, trois villes de son empire : Aix-la-Chapelle, Saint-Gilles sur le Rhône et le Puy-Sainte-Marie. Ces trois villes, d'importance fort inégale, étaient alors célèbres par les précieuses reliques qu'elles contenaient et l'affluence des pèlerins qui se pressaient dans leurs murs. Le choix que Charlemagne fit du Puy en particulier, pour résidence des collecteurs du denier de Saint-Pierre, lui fut certainement inspiré par l'impression qu'avait laissée dans son âme le souvenir de ses deux pèlerinages à la Vierge d'Anis. Grand honneur pour notre ville qu'un tel choix dont elle s'est, du reste, montrée toujours digne ; car la cité du Puy-Sainte-Marie n'a pas dégénéré : elle est encore aujourd'hui un des plus généreux soutiens de l'OEuvre, dix fois séculaire, fondée dans ses murs par Charlemagne. Oui, entre tous les diocèses de France, celui du Puy, étant donné sa pauvreté relative, est peut être celui qui se montre le plus aumônier et le plus charitablement prodigue envers le Père commun des fidèles. Du reste, les besoins de l'Eglise ne sont pas moins pressants aujourd'hui que du temps de Charlemagne ; ils sont même devenus bien plus urgents, depuis surtout que le Souverain-Pontife s'est vu dépouiller injustement, par la force, de ses états temporels : on le sait dans nos montagnes, et voilà pourquoi, bien que l'or y soit plus rare qu'ailleurs, et le pays relativement pauvre, on s'y montre généreux envers le Pape, à l'envi des plus riches provinces de France. C'est justice, après tout : Quand l'un de nos plus grands rois, qui a laissé à la postérité ce mot célèbre : « tout est perdu, fors l'honneur ! » vaincu par son ennemi, fut jeté dans une prison étrangère, il n'y eut fille ou femme en France, qui ne filât sa quenouille pour la rançon du roi. Eh bien ! l'Eglise aussi est une reine qui a tout perdu, fors l'honneur ! C'est la reine de nos âmes. Il est donc juste qu'aujourd'hui comme autrefois, il n'y ait partout en France, et surtout dans notre catholique Velay, ni fille ni femme chrétienne, qui ne filent leur quenouille pour la rançon de l'Eglise. Nous avons donc la ferme et douce confiance que, dans l'avenir non moins que dans le passé, notre religieux diocèse ne faillira jamais à ce noble devoir de piété filiale et de tendre charité envers le Saint-Siège. Puisse-t-il en être ainsi par le secours et la protection de Notre Dame du Puy ! Amen.

 

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Prière

 

Ô Marie, en lisant les glorieuses annales de votre pèlerinage du Mont Anis, comme on se sent fier d'appartenir à ce noble pays du Velay que vous avez chéri entre tous les autres, qu'illustra et aima Charlemagne, et qui fut le siège et le foyer de tant de bonnes et grandes œuvres !... Mais si c'est une véritable noblesse que d'appartenir à une contrée si privilégiée, cette noblesse nous oblige à nous en montrer dignes.

De tout temps, ô Marie, le Velay s'est distingué par son zèle à orner votre temple auguste, non seulement de richesses matérielles, mais aussi et surtout de saints prêtres, qui sont le meilleur et le plus digne ornement de vos temples. C'est ainsi que, grâce aux fondations de Charlemagne,on put admirer longtemps, dans la Basilique du Mont Anis, un sénat de soixante vénérables ecclésiastiques, occupés à desservir le sanctuaire et à chanter pieusement les louanges de Marie. Hélas ! quelle pénurie a fait place aujourd'hui à cette abondance d'autrefois ! Tandis que les rois de la terre ont autour d'eux toute une nombreuse cour, la Reine de tous les rois du monde possède à peine quelques prêtres à son service. O Marie, comme le psalmiste, nous voulons aimer dorénavant la gloire de votre demeure, Dilexi decorem domus tuae. Nous l'embellirons non seulement de nos dons et de nos offrandes, mais nous l'embellirons surtout en consacrant à votre service ceux de nos enfants qui seront capables de vous honorer et de faire partie de votre cour dans les rangs de votre clergé.

Enfin, comme nos aïeux, ô Marie, nous serons zélés pour l'oeuvre du denier de Saint-Pierre que Charlemagne fonda lui-même dans notre ville, il y a plus de mille ans. Nous viendrons, de notre mieux, au secours du Père commun de tous les fidèles. Et puisque les méchants l'ont injustement dépouillé de ses états temporels, qui lui assuraient,avec l'indépendance, les ressources nécessaires au gouvernement des âmes dont il a reçu la charge, nous tâcherons, par nos aumônes, de subvenir aux besoins de son gouvernement spirituel, et nous lui fournirons, selon notre pouvoir, les moyens matériels de remplir son divin mandat. Telles sont, ô Marie, les résolutions que nous prenons aujourd'hui à vos pieds : Bénissez-les et faites-nous la grâce d'y être désormais fidèles ! Notre Dame du Puy, priez pour nous. Ainsi soit-il.

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil , obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiae, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evae ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, praeparasti: da ut cujus commemorationo laetamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

 

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4 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Cinquième jour

Comment la Basilique de Notre Dame du Puy fut consacrée par les anges

 

Le miracle est le point d'origine de tous les grands pèlerinages, on le trouve à la base de tous les sanctuaires célèbres de la chrétienté, mais il surabonde dans les origines du sanctuaire du Mont Anis ; et, à mesure que se déroule le récit qu'en font nos vieilles chroniques vellaviennes, on constate que dans l'histoire de Notre-Dame du Puy tout tient du prodige, tout y est vraiment miraculeux.

Voici comment les vieux chroniqueurs de notre sanctuaire racontent sa merveilleuse consécration par les Anges.

Le sanctuaire était terminé, et il ne restait plus qu'à procéder à sa consécration. Mais aucune église alors, ne pouvant être consacrée sans permission particulière du Saint-Siège, Vosy et Scutaire se mirent en route pour aller à Rome. Seulement, à peine avaient-ils fait une heure de chemin, qu'ils rencontrèrent sur le bord de la Loire, près d'un lieu appelé Corsac, et à l'endroit même où se trouve aujourd'hui le Petit-Séminaire de la Chartreuse, deux vénérables vieillards marchant solennellement, et portant entre leurs mains deux petits coffres étincelants d'or. Saisis d'étonnement à la vue de ces augustes et mystérieux personnages, Vosy et son compagnon les abordent respectueusement, et leur demandent qui ils sont, d'où ils viennent et où ils vont ainsi parmi ces montagnes et ces forêts. « Fidèles serviteurs de la Mère de Dieu, répond d'une voix grave un de ces vénérables pèlerins, ne poussez pas plus loin votre voyage ; nous sommes envoyés de Rome pour vous remettre ces reliques que vous reconnaîtrez à leurs inscriptions ; retournez les porter, pieds nus, à l'église du Mont Anis, où nous allons vous précéder. Quant à la consécration, n'en soyez plus en peine, la main des hommes ne doit point sacrer le sanctuaire que vous avez élevé à la Reine du ciel. C'est aux Anges qu'est réservé aujourd'hui cet honneur. Telle est la volonté de Dieu. Et, afin que vous ne doutiez pas de mes paroles, sachez qu'au moment où vous vous présenterez devant l'église, les portes s'ouvriront, les cloches sonneront d'elles-mêmes, tout l'intérieur du temple sera resplendissant de flambeaux allumés et de cierges ardents ; vous entendrez une harmonie céleste, et vous sentirez le doux parfum de l'huile sainte qui aura servi à la consécration faite par les Anges.

A ces mots, saint Vosy et saint Scutaire ôtent leur chaussure. Ils se prosternent à genoux pour recevoir les précieuses reliques qui leur sont confiées ; mais les mystérieux vieillards ne les ont pas plutôt déposées entre leurs mains, qu'ils disparaissent subitement, prouvant ainsi qu'ils étaient des Anges et non des hommes.

Cependant le peuple, averti de tout ce qui se passait, accourt en toute hâte. Une procession s'organise ; on gravit en chantant les degrés de la sainte Montagne. Ce ne sont partout que des hymnes de joie et des cantiques d'allégresse. Puis, ô miracle ! à l'approche du temple sacré, les cloches commencent à sonner sans être agitées par des mains humaines, les portes de la basilique s'ouvrent d'elles-mêmes, et l'on aperçoit le sanctuaire resplendissant de la clarté des milliers de cierges qui brûlent, tandis que le céleste parfum de l'huile sainte, dont les murs ont été oints et l'autel arrosé par les Anges, embaume l'église tout entière de son odeur suave.

A ce spectacle, Vosy entonne un cantique d'action de grâces que les assistants poursuivent au milieu des transports de la plus vive allégresse. Les prières finies, on recueillit les flambeaux que l'on conserva religieusement. Deux sont parvenus jusqu'à nous, à travers les bouleversements de la grande Révolution française. On les garde précieusement dans le trésor de la cathédrale, où nous les avons vus et où ils exhalent encore un délicieux parfum. Ces flambeaux présentent tous les caractères d'une très haute antiquité. Ce sont des torches où la flamme avait des foyers multiples. La mèche est faite de moelle de roseau, et l'enveloppe est en toile au lieu de papyrus, comme dans les flambeaux de Saturne, dont on trouve la description dans un passage de l'anthologie grecque.

Dans ce siècle de doute et d'incrédulité, on nous reprochera peut-être d'avoir eu la simplicité de raconter cette légende et d'y avoir ajouté foi. Mais nous nous honorons de notre simplicité, et, sans vouloir donner pour article de foi ce qui est bien loin d'en être un, nous estimons cependant notre croyance assez sérieusement fondée pour braver les railleries et triompher des objections. Comment, en effet, ne pas croire à ce récit, quand la basilique du Mont Anis porte encore le nom de chambre angélique en souvenir de sa consécration miraculeuse. Comment refuser d'y croire, quand à la suite de cette cérémonie furent recueillis par la piété du peuple plus de trois cents cierges dont plusieurs existent encore aujourd'hui. Comment être incrédule enfin quand on voit ce grand événement célébré pendant tant de siècles, dans le pays qui en fut témoin, par un office et une procession solennelle où l'on accourait de toutes les parties de la France et jusques des pays étrangers. Au reste, la consécration de l'église du Puy par les Anges n'est pas un fait unique dans l'histoire. D'autres lieux de pèlerinage réclament aussi cet honneur. Les Souverains Pontifes ont reconnu, en particulier, dans des Bulles formelles et authentiques, que la fameuse basilique de Notre Dame des Ermites à Ensidlein (Suisse) avait été réellement consacrée par les mains de Notre Seigneur Jésus-Christ lui-même, avec l'assistance de saint Pierre et du premier des martyrs saint Etienne.

Dès lors pourquoi ce qui s'est passé dans un endroit, aurait-il été impossible en l'autre ? Et quelle répugnance voit-on à ce que Notre Seigneur Jésus-Christ ait opéré au Puy, par ses Anges, ce qu'il a daigné accomplir lui-même à Ensidlein. Le docteur saint Thomas, qui était un grand saint et un grand génie, n'y voyait pas tant de difficultés et d'impossibilités. Voici ce qu'il dit au sujet de cette question :

« Il faut savoir que de même que Dieu n'a pas tellement attaché sa vertu aux sacrements, qu'il ne puisse sans eux conférer leur effet, de même il n'a pas tellement attaché sa vertu aux ministres de l'Eglise qu'il ne puisse également la communiquer aux anges. Et, parce que les anges sont les messagers de la vérité, s'il arrivait que quelque fonction sacramentelle fut exercée par eux, il faudrait en reconnaître la vérité, comme cela a eu lieu, du reste, dans quelques temples que l'on dit avoir été consacrés par les Anges ».

On croit que saint Thomas faisait ici allusion à la consécration miraculeuse du sanctuaire du Mont Anis.

Certes, après un pareil témoignage et les différentes considérations dont nous l'avons fait précéder, on peut bien, croyons-nous, sans témérité aucune et sans faiblesse d'esprit, ajouter foi à ce que nos légendes racontent sur la consécration de l'Eglise angélique. Ce n'est, après tout, qu'un fait historique parfaitement possible, puisque les Papes affirment qu'il s'est réellement produit ailleurs. Or, sur les faits historiques, la croyance est parfaitement libre, nous le savons ; mais nous trouvons (et bien des âmes seront de notre avis), nous trouvons une grande consolation et une légitime fierté à n'être pas moins crédules sur ce point que nos aïeux et que l'illustre saint Thomas d'Aquin.

 

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Prière

 

Notre Dame Puy, priez pour nous ! Parmi toutes les vertus qui brillent en vous, ô Marie il en est une qui vous est particulièrement chère et que vous désirez surtout voir briller dans nos coeurs : c'est la pureté. C'est par elle principalement que vous aimez et que vous tenez à être honorée par vos enfants. C'est cette vertu que nous prêche éloquemment la consécration, par les anges, de votre sanctuaire du mont Anis. En effet, ô Marie, si vous avez voulu que le temple où vous deviez être spécialement honorée, fut ainsi purifié par les Anges pour être plus digne de vous, à combien plus forte raison désirez-vous que le coeur et l'âme de ceux qui vous invoquent soient purs pour être dignes de vos bienfaits ? Ô Marie, vous nous rappelez par là que nous devons être nous aussi les temples de Dieu consacrés à son amour et à son service en même temps qu'au service et à l'amour de sa sainte Mère. Nous devons donc respecter notre corps et notre âme comme un sanctuaire dans lequel nous devons vivre dans l'intimité de Jésus et de Marie par la pratique de l'aimable et angélique vertu. Reine des cieux qui, par amour de la pureté, avez voulu que votre sanctuaire du Mont Anis fut consacré par la main des Anges, donnez-nous d'aimer et de pratiquer de tout notre coeur cette aimable et angélique vertu. Et de même qu'au jour de leur consécration, l'autel et les murailles de votre Eglise exhalaient une odeur délicieuse, accordez-nous de répandre, nous aussi, la bonne odeur de la pureté. Comme une fleur odorante et suave, faites-la fleurir sans cesse entre notre âme et notre corps, afin que notre être tout entier soit embaumé de son céleste parfum. Regina Angelorum, ora pro nobis. Reine des Anges priez pour nous !

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil , obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiae, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evae ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, praeparasti: da ut cujus commemorationo laetamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

 

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3 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

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 Quatrième jour

De la construction de la basilique de Notre Dame du Puy

 

Après la mort de saint Georges, l'évêché de Ruessium fut occupé, jusque vers l'année 350, par une suite de saints évêques dont les noms malheureusement ne sont pas tous parvenus jusqu'à nous : nos vieilles chroniques nomment entre autres saint Macaire, saint Marcellin, Rorice, Eusèbe et saint Paulien. Celui-ci fut le dernier qui résida à Saint-Paulien. En mourant il laissa son nom à la vieille métropole, qui n'est plus connue aujourd'hui que sous le nom du saint Evêque, qui l'illustra par sa vie et ses miracles. Malgré le zèle et la piété des différents successeurs de saint Georges, aucun d'eux n'avait pu élever, sur le Mont Anis, le sanctuaire dont la sainte Vierge avait si miraculeusement désigné l'emplacement. Cette gloire était réservée à saint Vosy, successeur immédiat de saint Paulien et premier évêque du Puy. Saint Vosy était un homme d'une grande vertu et d'une fortune considérable. Aussi, à peine fut-il élevé à l'épiscopat,qu'il se préoccupa du soin de construire l'édifice que la pauvreté de ses prédécesseurs ne leur avait pas permis d'élever. Cependant, comme il hésitait encore devant une pareille entreprise, un nouveau miracle de la sainte Vierge, au Mont Anis, vint mettre fin à toutes ses hésitations.

Une dame, originaire de Ceyssac, près le Puy, était attaquée d'une paralysie qui l'empêchait de faire aucun mouvement et d'une fièvre qui lui brûlait les entrailles. Son unique soulagement était la dévotion envers la très sainte Vierge Marie, qu'elle ne cessait d'invoquer avec une entière confiance. Un jour, pendant qu'elle dormait, la sainte Vierge, lui apparut, et lui montrant sur la montagne d'Anis, l'enceinte que Georges avait marquée jadis par une haie, lui ordonna, si elle voulait guérir, de s'y faire immédiatement transporter. A son réveil, la malade n'eut rien de plus pressé que d'obéir. Elle se fit donc déposer sur la grande dalle noire qui était au sommet du mont, et qui déjà, sous saint Georges, avait été l'instrument d'une première guérison. Cette pierre, nous l'avons dit hier, présente aux yeux de l'antiquaire tous les caractères d'un véritable dolmen. Quelques savants ont été jusqu'à penser que ce pouvait être la table d'un autel élevé là jadis, par les païens au Dieu Adidon, génie tutélaire du lieu. Cela n'aurait rien d'étonnant après tout, la sainte Vierge s'étant plu bien souvent à se voir honorée dans les lieux d'où son nom et celui de son divin Fils avaient chassé les fausses divinités. C'est ainsi que la grotte de Lourdes, où Marie est apparue à Bernadette, renferme un menhir ou pierre-levée de granit, qui servait autrefois d'autel aux Druides. Quoiqu'il en soit, c'est sur cette pierre miraculeuse que se fit porter la dame malade de Ceyssac. À peine l'y eût-on déposée, qu'elle s'endormit d'un sommeil mystérieux et qui avait quelque chose d'extatique. Vers le milieu de la nuit, elle se sentit tout à coup éveillée par une harmonie céleste. Une force miraculeuse l'entraîne devant l'humble autel qu'autrefois saint Martial avait érigé en ce lieu, en mémoire de la première apparition que la sainte Vierge y avait faite. En ce moment, une vive clarté illuminait toute la montagne. Notre Dame, entourée d'une légion d'anges et d'un essaim de vierges, resplendissait sur l'autel d'un éclat merveilleux. « Ma fille, dit-elle à la malade, vos prières et vos pleurs sont montés jusqu'au trône de Dieu. C'en est fait, vous êtes guérie ! Allez maintenant trouver mon serviteur Vosy ; dites-lui, de ma part, qu'il ne manque pas de jeter ici au plus tôt les fondements du sanctuaire que n'ont pu m'y élever ses prédécesseurs. C'est ici que, suivant la prédiction qu'en a faite le bienheureux Georges, j'accorderai aux supplications de la piété le soulagement des malades et la consolation des affligés. J'ai choisi cette montagne entre mille pour donner une audience favorable à ceux qui viendront m'y présenter leurs demandes et leurs requêtes ». Ainsi parla la sainte Vierge ; et la malade, subitement rendue à la santé, s'empressa d'aller trouver Vosy.

Informé de cet événement, le saint prélat, pour éviter toute illusion, commença par consacrer, avec tout son peuple, trois jours entiers à la pénitence et à la prière. Dieu, touché de sa bonne volonté, lui envoya un ange pour confirmer ce que la dame de Ceyssac avait vu. Alors Vosy chanta un cantique d'action de grâces, et s'en alla processionnellement au Mont Anis, suivi de son clergé et de son peuple. Là, un nouveau prodige l'attendait : l'enceinte, fermée jadis par une haie vive, était couverte, comme au jour de la première apparition, d'une neige épaisse, tandis qu'on en apercevait à peine quelques flocons à la cime des montagnes les plus élevées. À cette vue, saisi d'un saint transport, l'Evêque se précipite la face contre terre, en s'écriant comme Jacob : « Terribilis est locus iste ! Non est hic aliud nisi Domus Dei et porta coeli ! Que ce lieu est terrible ! ce n'est rien moins que la maison de Dieu et la porte du ciel ! » Puis, inspiré par l'Esprit-Saint, il annonce que ce serait là bientôt le trône de la divine miséricorde, et que de toutes parts on viendrait à ce pèlerinage pour offrir des voeux et recueillir des bénédictions. Il prend même, dès lors, la résolution d'y transporter son siège épiscopal. Mais, pour que cette translation pût être consommée légitimement et pour qu'elle fût acceptée sans contestation par la ville de Saint Paulien qui allait se voir ainsi dépossédée de son titre d'évêché, il fallait le consentement et la sanction du Souverain-Pontife. Dans ce dessein, Vosy vole à Rome, et non seulement le Pape consentit avec joie à ce que le siège de l'évêché du Velay fut transféré de Saint Paulien au Puy, mais il adjoignit encore au saint Evêque, pour rendre son œuvre plus digne du ciel et de la terre, un patricien romain nommé Scutaire, qui était un vertueux personnage et un très habile architecte. Vosy reçut avec reconnaissance celui que lui associait le saint-Père et se bâta de revenir dans le Velay.

Fort, désormais, de l'approbation du Souverain Pontife et de la coopération de l'éminent collaborateur qui lui avait été donné dans la personne de Scutaire, Vosy, à peine revenu de Rome, entreprit généreusement la construction de la cathédrale du Puy. Pour cela, il établit des ateliers sur le Mont Anis, et y fixa sa demeure, afin de surveiller et de presser les travaux. On se mit donc à l'oeuvre ; les coeurs étaient gagnés ; chacun s'associe à l'entreprise ; les riches y contribuent de leur argent, les pauvres et les artisans de leur travail et de leurs sueurs. Marie elle-même, racontent les anciennes légendes, Marie vint souvent encourager, par sa présence, l'ardeur générale. Quelques années suffirent pour consommer cette noble entreprise. Il est vrai que le sanctuaire, tel qu'il se montrait alors aux regards, était loin d'avoir l'étendue qu'il a aujourd'hui ; il ne comprenait que l'abside et la première coupole, c'est-à-dire ce qu'on appelle la chambre angélique. Le reste de la nef et les deux bas-côtés ont été ajoutés beaucoup plus tard, dans les dixième et onzième siècles. Or, à mesure que l'on construisait le sanctuaire, les habitations se groupaient autour de lui et formaient peu à peu sur les pentes escarpées du Mont Anis, les prémices de la ville du Puy. Ville illustre entre toutes, dit un vieux chroniqueur, et qui, déployant ses ailes comme l'aigle des montagnes qu'elle porte en écusson, devait bientôt, par de rapides accroissements, devenir, après Toulouse, la première ville du Languedoc.

 

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Prière

 

O Marie, que votre sanctuaire est vénérable ! et avec quel respect nous devons l'aborder ! C'est ici le lieu de miracle ! et ce temple est né des prodiges et de l'amour de Marie. C'est Marie qui en a tracé, elle-même l'enceinte ! C'est elle qui après avoir été l'inspiratrice de ce pèlerinage, a voulu être pour ainsi dire l'architecte de ce monument sacré, par ses communications aux saints premiers évêques du Puy. Aussi nulle église peut-être n'inspire aux âmes qui y pénètrent un saisissement religieux aussi grand, une plus profonde vénération ; il semble que votre voix, ô Marie, s'y fasse encore entendre, et qu'elle y dise ce que Dieu lui-même disait du temple de Salomon : « Mes yeux seront ouverts et mes oreilles attentives à la voix de celui qui me priera dans ce sanctuaire, j'ai choisi ce lieu pour y tenir toujours ouverts mes yeux et mon coeur sur ceux qui viendront y prier. C'est là que j'exaucerai du haut du ciel les prières qui me seront adressées, c'est là que je pardonnerai les péchés et que je guérirai la société malade » (Office de la Dédicace). O Marie, combien nous aimons votre église du Mont Anis ! Elle est pour nous le vestibule du Paradis, le heu de rendez-vous de notre Mère du ciel à ses enfants de la terre ! Oh ! Que ne pouvons-nous y faire notre demeure ! Mais, ô Marie, ne pouvant venir corporellement dans votre sanctuaire aussi souvent que nous le voudrions, nous voulons au moins y venir tous les jours spirituellement, à l'exemple de la Vénérable Mère Agnès qui, du fond de son pèlerinage de Notre-Dame du Puy. Nous voulons surtout y venir assidûment pendant ce beau mois qui vous est consacré. O Marie, accueillez nos prières, exaucez-les, et sauvez-nous ! Ainsi soit-il.

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil , obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiae, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evae ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, praeparasti: da ut cujus commemorationo laetamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

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2 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Troisième jour

Ce qu'il y avait au Mont-Anis avant que la sainte Vierge y apparût

 

Entrons un instant dans le domaine des découvertes historiques et scientifiques qui sont venues apporter une gloire et un intérêt de plus aux origines de notre célèbre pèlerinage. Qu'y avait-il sur le Mont Anis avant que la sainte Vierge y apparût ?

Sur le sommet du Mont Anis, au point même où fut érigé l'autel de la sainte Vierge, se trouvait un dolmen ou grande pierre plate phonolitique. C'était un bloc brut, immense, noir et dur comme du fer, et dont la nature géologique paraissait être complètement étrangère aux roches du pays. Cette pierre, dont, il reste encore aujourd'hui un énorme débris encastré au haut du pavé de l'escalier extérieur de la Cathédrale, cette pierre était l'autel sacré sur lequel les Druides du Velay accomplissaient les principales cérémonies de leur culte national. Cette destination religieuse primitive explique très bien la vénération immémoriale que les habitants de notre pays attachaient à cette pierre à l'époque où la sainte Vierge y apparut. Le Mont Anis, avec la solitude et le silence que lui faisaient les forêts dont il était environné, se prêtait admirablement, en effet, aux mystères des Druides ; et ceux-ci, en établissant leur culte dans un site aussi favorable, consacrèrent ainsi d'avance le lieu que Marie devait plus tard choisir pour son sanctuaire ; car les Druides honoraient, sans la connaître, la Vierge qui devait enfanter. Virgini pariturae ! Et l'Eglise s'est toujours plu à élever ses autels à la place de quelque autel païen, autant pour perpétuer que pour réparer le sacrifice.

Au dolmen druidique du Mont Anis succéda, lors de la conquête romaine, un temple gallo-romain. Il existe à l'appui de cette assertion, des témoignages lapidaires tels que le doute ici n'est plus possible. Toutefois, en substituant leur culte à celui des Druides, les Romains se gardèrent bien de froisser le sentiment religieux de nos pères, et, tout en élevant un temple sur le Mont Anis, ils eurent bien soin de respecter la grande pierre du dolmen qui s'y trouvait alors et qui s'y trouve encore aujourd'hui à peu de distance de son emplacement primitif. Car elle est toujours là, la grande table de l'autel druidique : respectée par les Romains elle l'a été également par les chrétiens, pour qui elle est devenue la pierre sacrée, la pierre aux guérisons et aux miracles. Seulement, ce vieux dolmen qui a toute une histoire, a subi certaines vicissitudes qu'il importe de faire connaître ici :

Primitivement, la pierre druidique se trouvait placée au pied du maître-autel. Elle y resta longtemps ; mais on finit par l'éloigner, parce que les nombreux malades qui venaient s'y coucher pour être guéris, troublaient le service religieux. On la transporta alors du côté de l'Evêché, derrière le Jubé, aujourd'hui disparu, qui coupait l'intérieur de la Cathédrale en deux. C'est là que la foudre la brisa un jour en quatre morceaux formant une croix. Ce coup de foudre eut quelque chose de mystérieux et de surnaturel qui frappa alors tous les esprits d'une religieuse terreur.

L'historien Vincent de Beauvais raconte, à ce sujet, qu'un archevêque de Lyon, dont il ne nous a pas conservé le nom, se trouvait au Puy lorsque le tonnerre tomba sur la Cathédrale et brisa la pierre druidique. Il ajoute que cet archevêque, racontant ensuite ce fait à un religieux dominicain, lui disait : « Cet effroyable coup de tonnerre produisit un si horrible fracas que toute la ville en demeura plusieurs jours dans l'effroi... J'en étais moi-même tout terrifié, et je me demande encore comment il peut se faire qu'un lieu si renommé par les faveurs du ciel, et que les Sarrasins eux-mêmes ont honoré de leurs présents, ne l'instrument de la colère divine, que l'effet des causes naturelles ».

Le religieux répondit à l'archevêque qu'il avait appris, par expérience, que ces chutes du tonnerre, sur les églises, étaient souvent un châtiment de Dieu qui voulait purifier ainsi, par le feu, les péchés commis dans ses sanctuaires. Or, la suite justifia bien cette opinion du religieux dominicain ; car quelque temps après, le môme archevêque de Lyon, ayant fait un second voyage à Notre Dame du Puy, engagea l'évêque, qui gouvernait alors cette église, à venir avec lui visiter, au monastère de la Séauve-Bénite, une religieuse célèbre par sa sainteté, que la sainte Vierge avait guérie d'un mal incurable, et qui avait coutume de tomber, tous les samedis, dans de longues extases où Dieu se plaisait à lui dévoiler les mystères les plus cachés. Cette religieuse cistercienne, nommée Marguerite de la Séauve, dont la canonisation est en ce moment pendante en cour de Rome, interrogée par l'archevêque sur la cause de cette épouvantable chute de tonnerre, dont il avait été témoin au Puy, déclara que cet événement était la punition d'un grand péché commis par deux pèlerins dans le sanctuaire de Notre Dame ; ce que l'évêque du Puy confirma aussitôt, en assurant que le fait en question lui avait été dévoilé par l'aveu même des coupables. Grand exemple qui montre bien quels sentiments et quelle pureté la sainte Vierge exige de tous ceux qui pénètrent dans son temple.

Après que la pierre druidique eût été ainsi brisée et purifiée par le feu du ciel, les malades continuèrent à venir s'y coucher comme par le passé, surtout dans la nuit du vendredi au samedi.

Depuis les dernières restaurations de la Cathédrale, la miraculeuse pierre sert de marchepied à l'autel de Marie qui se trouve sous le milieu de la Cathédrale, sur le palier qui fait suite à la cent deuxième marche du grand escalier. Cette pierre, malgré ses dimensions énormes, n'est cependant que le quart de l'ancien dolmen druidique. Les trois autres parties disparurent lors des divers remaniements que subit la basilique vers la fin du siècle dernier, sous l'épiscopat de Mgr de Galard. Tel quel, cependant, le fragment qui nous reste n'en est pas moins digne de respect et de vénération. Autrefois, et naguère encore, le pèlerin qui gravissait les degrés de la sainte Basilique, ne manquait jamais de s'agenouiller pieusement sur ce dolmen et même de le baiser dévotement. Cet hommage se comprend, et nous regrettons que l'usage s'en soit perdu ; car, pareil au grand peulvan gaulois, surmonté d'une croix, que l'on trouve enchâssé sur le devant du portail de la Cathédrale du Mans, notre vieux dolmen, christianisé et sanctifié par l'apparition de la sainte Vierge au Mont Anis, est devenu le témoignage irrécusable et impérissable de la victoire remportée par le Christianisme sur l'idolâtrie en Velay.

Cette victoire ne devint, chez nous, définitive qu'au quatrième siècle, entre 350 et 380. A cette époque, le déclin des institutions romaines, l'envahissement de nos contrées par les bandes allemaniques, sous la conduite de Crocus, et, par suite, la ruine de Ruessium, déterminèrent les autorités vellaves à venir se réfugier sur le Mont Anis, dont la défense était très facile à assurer. C'est alors que saint Vosy transféra le siège de l'évêché des Vellaves de Saint-Paulien au Puy. Alors aussi le Christianisme triomphant détruisit le temple païen du Mont Anis. La plupart des débris, provenant de cette destruction, sont restés enfouis dans le sol d'où l'on en a exhumé beaucoup. D'autres, en assez grand nombre, ont été employés aux fondations et aux constructions de la Basilique de Notre Dame.

Les traditions religieuses locales nous ont conservé un souvenir bien précieux au sujet du renversement, par le Christianisme, du temple païen du Mont-Anis. Il y avait autrefois, dans notre ville, près de l'antique église de Saint Vosy, proche le Grand Séminaire actuel, une grande croix dont le piédestal, extrêmement remarquable et tout recouvert de figures d'animaux, remontait à une très haute antiquité. Or, chaque année, au jour de la Dédicace de Notre Dame, le clergé de la Cathédrale se rendait solennellement en procession à cet endroit, pour célébrer la victoire de la religion chrétienne sur le paganisme. Arrivé devant la croix, un petit enfant de choeur montait sur le piédestal et sonnait trois fois d'un cor de chasse en terre cuite, par allusion aux prêtres des faux dieux qui, du haut du rocher de Corneille, sonnaient du cor pour convoquer à leurs sacrifices, nos ancêtres idolâtres. Cela fait, l'enfant de choeur brisait et jetait à terre son instrument pour marquer que le paganisme était entièrement détruit.

Mentionnons encore, en finissant, un dernier souvenir qui a trait au sujet qui nous occupe. Quelques années avant la grande Révolution, Mgr de Galard, qui avait recueilli au Puy une grande quantité d'inscriptions et de bas-reliefs antiques, provenant des murs de la vieille église de Saint Vosy qui avait été construite en grande partie avec des débris de monuments romains, les fit transporter dans le parc du château épiscopal de Monistrol, où il en forma une sorte de petit temple sur le fronton duquel il avait fait mettre ces vers :

 

« Cessez, folles erreurs ! idoles, temple, autel,

Que tout croule et s'abîme aux pieds de l'éternel ! »

 

Il ne reste plus de trace aujourd'hui de ce précieux édicule. La Révolution détruisit tout : le petit temple, les pierres antiques et la pieuse inscription. Mais ce fait, rapproché des autres que nous venons de rapporter, prouve bien qu'il y avait un temple païen sur le Mont Anis, avant que la sainte Vierge y apparût.

 

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Prière

 

Notre Dame du Puy, priez pour nous ! Ô Marie ! Ce n'est pas une de vos moindres gloires que celle d'avoir triomphé du paganisme dans nos contrées. Mais, hélas ! Ce paganisme renversé, il y a dix-huit cents ans, par votre culte et celui de votre divin Fils, tend à reparaître aujourd'hui plus coupable, plus vivace et plus puissant que jamais !

Paganisme dans les mœurs ! Paganisme dans l'instruction et dans l'éducation ! Paganisme dans la loi civile ! Paganisme dans la famille et dans la société, c'est une résurrection complète de l'ancien monde païen, où le mal régnait en maître, et où le bien n'était plus qu'un vain mot ! Ô Marie, prenez en pitié ceux qui détruisent en France l'oeuvre dix-huit fois séculaire de votre divin Fils. Il avait converti la France par ses apôtres, et vous l'avait ensuite donnée en héritage et en royaume : convertissez-là à votre tour, et rendez-la lui repentante et plus chrétienne que jamais !

À ceux qui renient Jésus-Christ et qui vous renient avec lui, ô Marie, obtenez la même grâce qu'à saint Pierre le renieur, dont Dieu fit le chef de son Eglise.

Aux furieux qui blasphèment et persécutent la religion, procurez, ô Marie, la même grâce de conversion qu'à Saul, dont la miséricorde divine daigna faire le grand saint Paul.

Des libertins et des adultères, faites comme Jésus d'autres Madeleines et d'autres Augustins, d'autres Thaïs et d'autres Marie l'Egyptienne. Que les très pures ardeurs de l'amour de Dieu remplacent dans tous les coeurs corrompus, les flammes de l'impudicité.

De tous ceux enfin, si nombreux aujourd'hui, que perd la fièvre de l'or et l'amour de l'argent, faites des hôtes et des amis de Jésus, comme il fit du publicain Mathieu et du publicain Zachée. En un mot, ô Marie, convertissez notre patrie et rendez-là de nouveau le soldat et l'apôtre de Jésus-Christ.

 

Notre-Dame du Puy, priez pour nous. Ainsi soit-il.

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil , obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

  

Salve, Regina, Mater misericordiae, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evae ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, praeparasti: da ut cujus commemorationo laetamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

 

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1 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Deuxième jour

De l'amour de Dieu et de la sainte Vierge pour les montagnes,

et du miracle par lequel le Mont Anis fut désigné pour servir d'emplacement à l’Église de Notre Dame du Puy

 

Bien que toute la terre appartienne au Seigneur qui l'a faite, et qu'il la remplisse toute entière de sa présence et de son immensité — Domini est terra et plenitudo ejus—il est cependant des lieux choisis qu'il aime et où il se manifeste de préférence aux autres. Ces lieux sont généralement des montagnes. La raison de ce choix est facile à comprendre : Dieu aime par-dessus tout la pureté ; or, on trouve comme un sentiment de pureté morale répandu sur ces hauteurs que le pied de l'homme souille rarement, au milieu de ces plantes qui ne fleurissent que pour embaumer la solitude. David avait vu de près les sommets du Liban quand il s'écriait : « Le Seigneur est admirable sur les lieux hauts ! Mirabilis in altis Dominus ». Il est certain, en effet, que la corruption du péché atteint moins les sommets solitaires des montagnes que le reste de la terre, Sur la croupe des monts, la nature est vierge pour ainsi dire ; l'air y est plus pur, les fleurs plus simples et plus suaves ; je ne sais quoi de tranquille et de recueilli règne sur les hauteurs, et fait que l'on se sent plus près de Dieu, plus près du ciel… C'est pour cela que le psalmiste s'écrie : Deus… in altis habitat, Dieu habite de préférence les hauteurs — Altitudines montium ipsius sunt. Les sommets des montagnes sont plus particulièrement à lui, dit-il encore. Enfin, il en fait l'escabeau de ses pieds, ajouterons-nous, en empruntant le langage de la sainte Ecriture.

Aussi, voyons-nous dans l'ancien comme dans le nouveau Testament, Dieu se manifester toujours de préférence sur les montagnes : c'est sur les monts d'Arménie que s'arrêta l'arche après le déluge, requievit arca super montes Armenioe. C'est sur une montagne que Noë offrit à Dieu le premier sacrifice d'action de grâces ; c'est sur la montagne de la vision qu'Abraham reçut l'ordre d'immoler son fils, auquel, par un second ordre divin, il substitua une autre victime, symbole du Christ qui devait s'immoler en ces lieux ; c'est sur le mont Sinaï que Dieu donna la loi à son peuple. C'est des hauteurs du mont Nebo que Moïse jette un regard sur cette terre promise dont l'entrée ne devait pas lui être accordée, et c'est là qu'il rend son dernier soupir ; c'est sur le Carmel que priait le prophète Elie ; c'est sur le sommet des monts que Jérémie faisait entendre ses lugubres lamentations, c'est là aussi que la fille de Jephté allait pleurer sa mort imminente et prématurée. Enfin, c'est sur la cime du mont Moriah que s'élevait le temple fameux de Jérusalem ; c'est sur la colline de Sion qu'habitait le saint roi David ; et c'est sur le mont Garizim que se dressait le temple de Samarie.

De même, dans le nouveau Testament, c'est du haut d'une montagne que Notre-Seigneur Jésus-Christ prononça le sermon des Béatitudes, fondement de la perfection évangélique ; c'est sur le Tabor qu'il découvrit quelques rayons de sa gloire ; c'est sur le plus haut des monts de Galilée qu'il nomma ses apôtres ; c'est sur le mont des Oliviers qu'il avait coutume d'aller prier seul ; c'est sur la montagne de Sion qu'il institua l'adorable sacrement de l'Eucharistie ; enfin, c'est sur le Calvaire qu'il daigna se laisser crucifier pour nous racheter.

Cet attrait pour les montagnes, qui éclate si visiblement en Dieu le Père et en Notre Seigneur Jésus-Christ, n'est pas moins prononcé chez la sainte Vierge. En effet, cette très pure et très blanche colombe se complaît, elle aussi, dans le voisinage des rochers et des torrents ; elle aime les forêts suspendues au flanc des montagnes, les dentelures sévères qui découpent l'horizon, les teintes roses et les ombres bleues dont le soleil couchant colore les pics lointains recouverts de neige. Aussi, remarque-t-on que la plupart des sanctuaires établis en l'honneur de la mère de Dieu, se trouvent également sur des montagnes. Pour ne parler que de la France, Notre Dame de Lourdes, Notre Dame de la Salette, Notre Dame du Laus, Notre Dame de Rocamadour, Notre Dame de la Garde, Notre-Dame de Fourvières, sont toutes situées sur des hauteurs. Il ne pouvait en être autrement de Notre Dame du Puy, le pèlerinage le plus ancien, le plus célèbre et le plus vénéré de la France entière. Aussi, c'est sur le Mont Anis que la sainte Vierge a voulu être honorée dans le Velay, dès le premier siècle du christianisme. Voici ce que la légende nous rapporte à ce sujet :

Une pieuse veuve qui avait été baptisée par saint Front et qui habitait dans les environs de Ruessium, un lieu appelé Vila, près la rivière de Borne, souffrait depuis longtemps d'une fièvre qu'aucun remède ne pouvait guérir. N'obtenant pas de soulagement de la part des hommes, elle s'adressa à la sainte Vierge qui lui fit entendre ces paroles : « Levez-vous, ma fille, du lit où vous ne sauriez trouver la santé, et allez la chercher sur le Mont-Anis où elle vous sera rendue ». Docile à cette voix, la malade se fit aussitôt porter par ses domestiques au lieu indiqué. En y arrivant, elle remarqua une grande pierre noire et carrée en forme d'autel sur laquelle elle se reposa et s'endormit. Durant son sommeil elle vit une troupe d'anges entourant une Dame rayonnante de clartés, et vêtue d'habits royaux. Troublée d'abord à cette vue, mais bientôt rassurée, elle s'enhardit à demander qu'elle était cette reine : « C'est, répondit un des esprits célestes, l'auguste Mère du Sauveur, qui, entre tous les lieux du monde, s'est choisi spécialement cet endroit, pour y être servie et honorée jusqu'à la fin des siècles ; et afin que vous ne preniez pas ce que vous voyez pour un vain songe, sachez que la guérison que vous désirez vous est accordée ». A ces mots, la vision disparut au milieu d'une douce harmonie, et la malade se réveilla dans toute la vigueur de la santé.

Son premier soin, comme on le pense, fut d'aller trouver saint Georges pour lui faire part du miracle qui venait d'avoir lieu. À cette nouvelle, le saint Evêque accourt sur le Mont Anis ; mais quel n'est pas son étonnement de voir le sommet de ce mont, qui formait un petit plateau, entièrement couvert de neige, quoiqu'on fût alors au 11 juillet, et qu'il fit extrêmement chaud. Ce n'est pas tout : sous les yeux du saint émerveillé, voici qu'un cerf s'élance tout à coup dans la neige, et trace ainsi, dans sa course rapide, l'enceinte d'une église, dont Georges, inspiré d'en haut, prédit dès lors la gloire future. Mais trop dénué de ressources ou trop occupé alors pour élever l'édifice sacré, il se contente d'entourer l'enceinte d'une haie d'aubépine. Le lendemain la neige avait disparu, et, autre miracle peu connu, l'aubépine en fleur s'épanouissait sur la montagne comme une couronne virginale.

Le bruit de ces prodiges parvint bientôt jusqu'aux oreilles de saint Martial, qui évangélisait les pays voisins. L'apôtre de l'Aquitaine voulut à son tour visiter la montagne bénie. Il désigna la place de l'autel, et, en souvenir de son pèlerinage, il laissa, comme relique, un soulier de la sainte Vierge, qui se voit encore aujourd'hui dans le trésor de la Cathédrale. Les deux apôtres ne tardèrent pas à se séparer. Saint Georges, adonné tout entier au salut des âmes, étendit dans tout le Velay les conquêtes de la Foi, et le nombre des chrétiens dans notre pays s'éleva bientôt à plus de quinze mille. Épuisé de fatigues et accablé par l'âge, le saint Evêque vint enfin mourir à Ruessium, l'an 84 de Notre-Seigneur Jésus-Christ. C'en était fait : le pèlerinage du Mont Anis était désormais fondé !

 

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Prière

 

Notre-Dame du Puy, priez pour nous. Ô Marie, que de belles choses nos chroniques racontent de vous ! Gloriosa dicta sunt de te, o Maria ! Ah ! Nous comprenons la dévotion et la piété de nos pères envers vous ! Nous voulons désormais vous aimer et vous vénérer comme eux ! Oui, comme eux, nous lèverons souvent nos regards du côté de votre montagne sainte pour implorer votre secours et demander votre protection : levavi occulos meos ad montes, unde veniet auxilium mihi ! Le lieu où vous avez daigne apparaître est une terre sainte : terra sancta est ! Le sanctuaire que l'on vous y a élevé est véritablement la maison de Dieu et la porte du ciel : hic est Domus Dei et porta coeli ! Nous désirerions pouvoir y faire notre demeure habituelle. Mais, ne pouvant en gravir les degrés aussi souvent que nous le voudrions, nous y viendrons du moins bien souvent épancher, en esprit, notre prière et notre coeur aux pieds de votre autel ! Puissions-nous en retour, ô Marie, voir s'ouvrir un jour devant nous ce beau Paradis, dont vous êtes la porte mystérieuse ! Janua coeli, ora pro nobis ! Porte du ciel priez pour nous ! Ainsi soit-il !

 

Regina Vellaviae, ora pro nobis !

Reine du Velay. priez pour nous.

 

Salve Regina

  

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil , obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiae, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evae ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, praeparasti: da ut cujus commemorationo laetamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

 

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30 avril 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Premier jour

Comment le Christianisme et le culte de Marie s'introduisirent dans le Velay

 

Quarante-cinq ans après l'incarnation de Notre-Seigneur Jésus-Christ, sous le règne de l'empereur Claude, saint Pierre, qui depuis deux ans avait transporté son siège d'Antioche à Rome, envoya plusieurs de ses disciples prêcher la foi dans les Gaules. Voici, tels que la tradition nous les a conservés, les noms et la destination de quelques-uns d'entre ceux qui vinrent alors évangéliser la France, et y furent nos Pères dans la foi : Saint Martial fut envoyé à Limoges, saint Denis à Paris, saint Julien au Mans, saint Sixte à Reims, saint Trophime à Arles, saint Savinien à Sens, saint Saturnin à Toulouse, saint Austremoine à Clermont, saint Front à Périgueux et saint Georges au Velay.

Saint Georges et saint Front partirent ensemble pour se rendre au lieu de leur mission. Mais au bout de trois jours de marche, comme ils approchaient de la ville de Bolsena, ville de Toscane, qui tirait son nom du lac sur les bords duquel elle était située (1), saint Georges fut saisi par une maladie soudaine qui le fit mourir presque subitement.

Désolé d'avoir ainsi perdu son frère et son compagnon de route, saint Front, après avoir rendu les derniers devoirs à saint Georges, revient en toute hâte sur ses pas, et va retrouver saint Pierre à qui il raconte en pleurant le triste début de son voyage :

« Ne pleurez plus, mon fils, lui dit saint Pierre, il n'y a point de mal en tout cela : Dieu n'a permis ce trépas que pour sa gloire et pour la conversion d'un grand nombre d'âmes. Comme assurance de ce que je vous dis, prenez mon bâton pastoral, allez-le poser sur la tombe de votre compagnon, et dites : « Georges, serviteur du Dieu vivant, au nom de Jésus et de la part de Pierre, son vicaire en terre, je vous adjure de quitter présentement le tombeau où vous êtes, afin que votre âme, ayant rejoint son corps, vous puissiez achever le voyage que vous avez commencé ». A ces simples paroles et au contact de ce bâton, Georges ressuscitera certainement, ajouta saint Pierre, et vous pourrez aller de compagnie illuminer de la clarté de l’Évangile, maintes pauvres âmes, qui, parmi les Gaules, croupissent dans les ténèbres de l'idolâtrie ».

Tout joyeux de cette réponse, saint Front reçut le bâton de l'apôtre saint Pierre et revint en toute hâte, au lieu où le corps de saint Georges gisait inanimé. Une grande multitude d'infidèles des deux sexes s'était réunie là pour voir ce qui allait advenir. Alors, en présence de tous ces spectateurs, saint Front s'approche du tombeau, y dépose le bâton de l'apôtre, et, invoquant le nom de Jésus-Christ, commande au mort de ressusciter. Soudain, au contact du bâton apostolique, et à l'invocation du nom de Jésus-Christ, Georges, comme un autre Lazare, sort du tombeau plein de vie et de santé. Aussitôt la multitude pousse des cris de triomphe en l'honneur du Christ ; à la vue d'un tel miracle, un grand nombre d'infidèles se convertissent au Seigneur, et saint Front eut le bonheur d'administrer le baptême à plusieurs milliers d'idolâtres.

La moitié du bâton miraculeux de saint Pierre, dont il est ici question, se conservait encore au dix-septième siècle, dans l'église collégiale de Saint-Paulien, où le P. Odo de Gissey assure l'avoir vue et maniée souvent. Ce bâton paraît avoir été, dans cette église, l'objet de la vénération des fidèles jusqu'en 1793. Après le rétablissement du culte, il fut remis à M. le curé de Saint-Paulien, qui le donna ensuite aux Dames de l'Instruction du Puy, qui le possèdent encore aujourd'hui. Quant à l'autre moitié du bâton apostolique que possédait autrefois l'église de Périgueux, il paraît qu'elle est malheureusement perdue.

Cependant, après avoir instruit et évangélisé pendant quelque temps leurs nouveaux disciples, nos deux saints reprirent bientôt leur chemin vers les Gaules, traversèrent les Alpes et arrivèrent enfin à la capitale du Velay, qu'on appelait alors Ruessium et qu'on nomme aujourd'hui Saint-Paulien. Là, saint Front convertit d'abord une dame veuve qui habitait dans les environs de la ville et que l'on croît être la veuve d'un des premiers seigneurs de Polignac. Cette néophyte fut bientôt imitée par toute sa famille, et, de proche en proche, les conversions se multiplièrent à tel point, qu'au bout d'un an le pays comptait déjà plusieurs milliers de chrétiens. Mais, sur ces entrefaites, saint Front dut se séparer de saint Georges pour aller à Périgueux, qui était le lieu que saint Pierre lui avait spécialement assigné pour mission.

Saint Georges, resté seul au Velay, s'adonna avec le plus grand zèle à la conversion des idolâtres. Partout où il trouvait l'occasion de se faire entendre, dans les rues, sur les places publiques et jusque dans l'enceinte du prétoire où l'on rendait la justice, partout il prêchait courageusement la parole de Dieu. Et le Saint-Esprit donnait à sa parole une éloquence si persuasive, son accent de foi touchait et convainquait si bien les âmes, qu'en peu de temps il eut baptisé un grand nombre d'idolâtres.

Cela ne faisait pas l'affaire du démon qui, jusqu'alors, avait régné sans partage sur cette contrée. On vint dire au gouverneur de la ville qu'un étranger assemblait partout le peuple et lui prêchait une doctrine inconnue, qui ne tendait à rien moins qu'à combattre et à détruire la doctrine établie dans le pays. Le gouverneur, ayant voulu se rendre compte par lui-même de ce qu'on lui avait rapporté, fut si offensé de la liberté toute évangélique avec laquelle saint Georges prêchait la doctrine chrétienne, qu'il incita le peuple à lui faire un mauvais parti. Aussitôt la populace se rue contre le pauvre saint, les insultes et les coups de pierre pleuvent sur lui ; on s'empare de sa personne, on le renverse à terre, on le foule aux pieds et on l'eût cruellement mis à mort, si sa patience et sa douceur merveilleuses n'eussent fini par déconcerter et par apaiser la rage de tous ces forcenés. Vaincus par sa mansuétude et sa résignation, ils lui font grâce de la vie et lui rendent la liberté. Alors, Georges, s'armant du signe de la Croix, pénètre dans un temple païen dédié au Soleil et devant lequel avait eu lieu la scène que nous venons de raconter. La multitude l'y suit avec précipitation. Mais à peine le saint eût-il mis le pied dans le temple, que les démons invisibles, dont ce lieu était rempli, se mirent à pousser des cris et des hurlements épouvantables. Mais Georges, s'armant alors du signe de la Croix, commanda à tous les démons qui étaient là de quitter immédiatement les statues qu'ils occupaient. Aussitôt on vit se détacher, des statues qui ornaient le temple, d'horribles ombres noires qui jetaient des flammes par la bouche et par les yeux, et rugissaient comme des lions au grand épouvantement de tout le peuple qui se serait enfui, si le saint n'eut ordonné à tous ces méchants esprits de rentrer immédiatement dans les abîmes de l'enfer. On entendit alors un fracas épouvantable, pareil à celui d'une montagne qui s'écroule. C'était le bruit que tous ces monstres infernaux faisaient en disparaissant et en rentrant dans leurs demeures.

Terrifiés par tout ce qu'ils venaient de voir, en même temps que touchés par la grâce de Dieu, les prêtres des idoles et tous les païens qui étaient là se jetèrent aux pieds du saint, lui demandèrent pardon de tous les mauvais traitements qu'ils lui avaient fait subir, et lui protestèrent qu'ils voulaient renoncer à leurs erreurs et embrasser la foi chrétienne. Ce qu'ils firent, en effet. Saint Georges les catéchisa, leur administra le baptême, et après avoir purifié le temple d'où il venait de chasser les Démons, il le dédia au service du vrai Dieu, sous le nom et en l'honneur de l'auguste Reine du ciel. C'est ce temple qui fut connu depuis à Saint-Paulien sous le nom de Notre-Dame du haut Solier.

Telle fut l'introduction du culte de Marie dans les montagnes du Velay. Un antique sanctoral de l'église angélique de Notre-Dame du Puy porte ces belles paroles : « A genoux ! peuple du Velay, honore Marie, la mère de Dieu, que Georges, ton premier pasteur, t'apprit à révérer ! » Pour répondre à cette pieuse invitation, tombons à genoux, et remercions Jésus et Marie de la grâce qu'ils firent au Velay, il y a dix-huit siècles, par le ministère de saint Georges !

 

(1) Le lac de Bolsena, près de la ville de ce nom, est à une centaine de kilomètres de Rome. Il mesure quinze kilomètres de long sur dix de large, et envoie, par la Marta, ses eaux dans la Méditerranée.

 

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Prière à Jésus et à Marie

 

O Jésus qui, entre toutes les nations de la terre, avez daigné choisir la France pour l'appeler, l'une des premières, à la connaissance et à l'amour de votre nom, gardez toujours à notre chère Patrie cette vieille foi catholique, grâce à laquelle elle fut si longtemps la première nation du monde. Ne permettez titre de soldat de Dieu et de fille aînée de l’Église ! Qu'elle ne cesse point de justifier son antique devise : « Vivat Christus, qui diligit Francos ! Vive le Christ qui aime les Francs ! » Et puis qu'entre toutes les autres provinces de France, la province du Velay a eu le bonheur et l'insigne honneur, ô Jésus ! de vous connaître et de vous aimer une des premières, faites aussi qu'elle vous garde toujours son cœur et sa foi ! Oui, que votre nom et celui de votre sainte Mère, soient à jamais bénis et honorés dans nos montagnes et par toute la terre, comme ils sont bénis et honorés dans le Ciel !

Et vous, ô Marie, qui avez été également aimée et vénérée en France dès les temps apostoliques, n'abandonnez pas non plus notre chère Patrie. Malgré toutes ses fautes et toutes ses erreurs, nulle nation au monde vous aime et vous honore comme elle : voyez, nos villes et nos campagnes sont toutes parsemées de vos chapelles et de vos statues. Il n'est pas une seule de nos habitations où votre douce image ne préside et ne soit en honneur. Il n'est pas non plus une famille où votre nom béni ne soit pieusement invoqué ou dévotement porté... O Marie, non, la France n'a pas cessé de vous aimer ; elle vous aime encore, elle vous aimera toujours, et notre Patrie, malgré tout, ne cessera jamais d'être votre royaume, Regnum Galiae, regnum Mariae ! Mais, entre toutes les contrées de notre chère France, il en est une, ô Marie, bien petite en étendue, mais infiniment riche en cœur, et qui surpasse toutes les autres en amour et en vénération pour vous. Cette contrée, c'est le Velay ! Bénissez cet humble petit coin de terre, ô Vierge immaculée ! Gardez-lui votre amour et votre pendant ce mois, comme pendant toute la vie, régnez toujours dans le cœur de ses habitants.

 

Regina Vellaviae, ora pro nobis !

Reine du Velay. priez pour nous

 

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Salve Regina

 

Salve, Regina, Mater misericordiae, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evae ;

ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, praeparasti: da ut cujus commemorationo laetamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre douceur et notre espérance, salut !

Nous élevons nos cris vers vous, pauvres exilés que nous sommes et malheureux enfants d'Eve nous soupirons vers vous,

gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Céleste avocate, tournez donc vers nous vos regards miséricordieux, et après l'exil de cette vie,

montrez-nous enfin, Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô compatissante, O douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

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24 avril 2020

Neuvaine de prière pour les Vocations 2020

Neuvaine de prière pour les Vocations

du 25 avril au 3 mai 2020

 

Pour nous préparer à la Journée mondiale de prière pour les vocations, en ce temps de confinement national dû à la crise sanitaire du COVID-19, les diocèses de la Province de Rennes invitent les fidèles, les prêtres et les personnes consacrées à faire une neuvaine de prière entre le samedi 25 avril et le dimanche 3 mai 2020. Cette neuvaine peut être priée dans une démarche personnelle ou bien vécue en famille.

La neuvaine s’appuie sur le message du Pape François et le texte proposé pour la méditation de tous les catholiques du monde entier, la tempête sur le lac de Tibériade dans l’évangile selon saint Matthieu (14, 22-33). Elle propose un texte biblique qui éclaire différents points importants du message, et une prière composée par le Pape François.

 

à Rennes, le mardi 21 avril 2020

+ Alexandre Joly

évêque auxiliaire de Rennes

 

Samedi 25 avril

Des disciples appelés à suivre le Maître de Nazareth

 

Signe de croix

 

Accueil de la volonté du Seigneur en reprenant les paroles du Psaume 142, 8-10 :

 

Seigneur, fais que j’entende au matin ton amour, car je compte sur toi.

Montre-moi le chemin que je dois prendre : vers toi, j’élève mon âme !

Délivre-moi de mes ennemis, Seigneur : j’ai un abri auprès de toi.

Apprends-moi à faire ta volonté, car tu es mon Dieu.

Ton souffle est bienfaisant : qu’il me guide en un pays de plaines.

 

Lecture du passage de la Parole de Dieu suivie d’un temps de silence

 

« Il en est de même aussi dans le cœur des disciples, lesquels, appelés à suivre le Maître de Nazareth, doivent se décider à passer sur l’autre rive, en choisissant avec courage d’abandonner leurs sécurités et de se mettre à la suite du Seigneur ».

 

Envoi des disciples

 

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc (16, 14-20)

 

En ce temps-là, Jésus ressuscité se manifesta aux onze Apôtres et leur dit : « Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ; celui qui refusera de croire sera condamné. Voici les signes qui accompagneront ceux qui deviendront croyants : en mon nom, ils expulseront les démons ; ils parleront en langues nouvelles ; ils prendront des serpents dans leurs mains et, s’ils boivent un poison mortel, il ne leur fera pas de mal ; ils imposeront les mains aux malades, et les malades s’en trouveront bien ». Le Seigneur Jésus, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel et s’assit à la droite de Dieu. Quant à eux, ils s’en allèrent proclamer partout l’Évangile. Le Seigneur travaillait avec eux et confirmait la Parole par les signes qui l’accompagnaient.

 

Notre Père

 

Prière du Pape François

 

Père de miséricorde, qui as donné ton Fils pour notre salut et qui nous soutiens sans cesse par les dons de ton Esprit, donne-nous des communautés chrétiennes vivantes, ferventes et joyeuses, qui soient sources de vie fraternelle et qui suscitent chez les jeunes le désir de se consacrer à Toi et à l’évangélisation. Soutiens-les dans leur application à proposer une catéchèse vocationnelle adéquate et différents chemins de consécration particulière. Donne la sagesse pour le nécessaire discernement vocationnel, afin qu’en tous resplendisse la grandeur de ton Amour miséricordieux. Marie, Mère et éducatrice de Jésus, intercède pour chaque communauté chrétienne et pour chaque famille, afin que, rendues fécondes par l’Esprit Saint, elles soient sources de vocations authentiques au service du peuple saint de Dieu. Amen.

 

Dimanche 26 avril

Nous ne sommes pas seuls

 

Signe de croix

 

Accueil de la volonté du Seigneur en reprenant les paroles du Psaume 142, 8-10 :

 

Seigneur, fais que j’entende au matin ton amour, car je compte sur toi.

Montre-moi le chemin que je dois prendre : vers toi, j’élève mon âme !

Délivre-moi de mes ennemis, Seigneur : j’ai un abri auprès de toi.

Apprends-moi à faire ta volonté, car tu es mon Dieu.

on souffle est bienfaisant : qu’il me guide en un pays de plaines.

 

Lecture du passage de la Parole de Dieu suivie d’un temps de silence

 

« L’Évangile nous dit, cependant, que dans l’aventure de ce voyage difficile, nous ne sommes pas seuls. Le Seigneur, presque en forçant l’aurore au cœur de la nuit, marche sur les eaux agitées et rejoint les disciples, il invite Pierre à venir à sa rencontre sur les vagues, il le sauve quand il le voit s’enfoncer, et enfin, il monte dans la barque et fait cesser le vent ».

 

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Livre des Actes des Apôtres (2, 42-47)

 

Les frères étaient assidus à l’enseignement des Apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières. La crainte de Dieu était dans tous les cœurs à la vue des nombreux prodiges et signes accomplis par les Apôtres. Tous les croyants vivaient ensemble, et ils avaient tout en commun ; ils vendaient leurs biens et leurs possessions, et ils en partageaient le produit entre tous en fonction des besoins de chacun. Chaque jour, d’un même cœur, ils fréquentaient assidûment le Temple, ils rompaient le pain dans les maisons, ils prenaient leurs repas avec allégresse et simplicité de cœur ; ils louaient Dieu et avaient la faveur du peuple tout entier. Chaque jour, le Seigneur leur adjoignait ceux qui allaient être sauvés.

 

Notre Père, Prière du Pape François

 

Lundi 27 avril

Jésus nous indique le rivage vers lequel aller

 

Signe de croix

 

Accueil de la volonté du Seigneur en reprenant les paroles du Psaume 142, 8-10 :

 

Seigneur, fais que j’entende au matin ton amour, car je compte sur toi.

Montre-moi le chemin que je dois prendre : vers toi, j’élève mon âme !

Délivre-moi de mes ennemis, Seigneur : j’ai un abri auprès de toi.

Apprends-moi à faire ta volonté, car tu es mon Dieu.

Ton souffle est bienfaisant : qu’il me guide en un pays de plaines.

 

Lecture du passage de la Parole de Dieu suivie d’un temps de silence

 

« C’est le Seigneur qui nous indique le rivage vers lequel aller et qui, bien avant, nous donne le courage de monter sur la barque ; alors qu’il nous appelle, c’est lui qui se fait aussi notre timonier pour nous accompagner, nous montrer la direction, nous empêcher de nous échouer dans les écueils de l’indécision et nous rendre même capables de marcher sur les eaux agitées ».

 

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Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean (21, 1-7)

 

En ce temps-là, Jésus se manifesta encore aux disciples sur le bord de la mer de Tibériade, et voici comment. Il y avait là, ensemble, Simon-Pierre, avec Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), Nathanaël, de Cana de Galilée, les fils de Zébédée, et deux autres de ses disciples. Simon-Pierre leur dit : « Je m’en vais à la pêche ». Ils lui répondent : « Nous aussi, nous allons avec toi ». Ils partirent et montèrent dans la barque ; or, cette nuit là, ils ne prirent rien. Au lever du jour, Jésus se tenait sur le rivage, mais les disciples ne savaient pas que c’était lui. Jésus leur dit : « Les enfants, auriez-vous quelque chose à manger ? » Ils lui répondirent : « Non ». Il leur dit : « Jetez le filet à droite de la barque, et vous trouverez ». Ils jetèrent donc le filet, et cette fois ils n’arrivaient pas à le tirer, tellement il y avait de poissons. Alors, le disciple que Jésus aimait dit à Pierre : « C’est le Seigneur ! » Quand Simon-Pierre entendit que c’était le Seigneur, il passa un vêtement, car il n’avait rien sur lui, et il se jeta à l’eau.

 

Notre Père, Prière du Pape François

 

Mardi 28 avril

Regard aimant du Seigneur

 

Signe de croix

 

Accueil de la volonté du Seigneur en reprenant les paroles du Psaume 142, 8-10 :

 

Seigneur, fais que j’entende au matin ton amour, car je compte sur toi.

Montre-moi le chemin que je dois prendre : vers toi, j’élève mon âme !

Délivre-moi de mes ennemis, Seigneur : j’ai un abri auprès de toi.

Apprends-moi à faire ta volonté, car tu es mon Dieu.

Ton souffle est bienfaisant : qu’il me guide en un pays de plaines.

 

Lecture du passage de la Parole de Dieu suivie d’un temps de silence

 

« Toute vocation naît de ce regard aimant par lequel le Seigneur est venu à notre rencontre, peut-être alors même que notre barque était en proie à la tempête ».

 

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Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean (20, 11-18)

 

En ce temps-là, Marie Madeleine se tenait près du tombeau, au-dehors, tout en pleurs. Et en pleurant, elle se pencha vers le tombeau. Elle aperçoit deux anges vêtus de blanc, assis l’un à la tête et l’autre aux pieds, à l’endroit où avait reposé le corps de Jésus. Ils lui demandent : « Femme, pourquoi pleures-tu ? » Elle leur répond : « On a enlevé mon Seigneur, et je ne sais pas où on l’a déposé ». Ayant dit cela, elle se retourna ; elle aperçoit Jésus qui se tenait là, mais elle ne savait pas que c’était Jésus. Jésus lui dit : « Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? » Le prenant pour le jardinier, elle lui répond : « Si c’est toi qui l’as emporté, dis-moi où tu l’as déposé, et moi, j’irai le prendre ». Jésus lui dit alors : « Marie ! » S’étant retournée, elle lui dit en hébreu : « Rabbouni ! », c’est-à-dire : Maître. Jésus reprend : « Ne me retiens pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père. Va trouver mes frères pour leur dire que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu ». Marie Madeleine s’en va donc annoncer aux disciples : « J’ai vu le Seigneur ! », et elle raconta ce qu’il lui avait dit.

 

Notre Père, Prière du Pape François

 

Mercredi 29 avril

« Courage, c’est moi, n’ayez pas peur »

 

Signe de croix

 

Signe de croix Accueil de la volonté du Seigneur en reprenant les paroles du Psaume 142, 8-10 :

 

Seigneur, fais que j’entende au matin ton amour, car je compte sur toi.

Montre-moi le chemin que je dois prendre : vers toi, j’élève mon âme !

Délivre-moi de mes ennemis, Seigneur : j’ai un abri auprès de toi.

Apprends-moi à faire ta volonté, car tu es mon Dieu.

Ton souffle est bienfaisant : qu’il me guide en un pays de plaines.

 

Lecture du passage de la Parole de Dieu suivie d’un temps de silence

 

« Quand les disciples voient Jésus s’approcher en marchant sur les eaux, ils pensent d’abord qu’il s’agit d’un fantôme et ils ont peur. Mais aussitôt Jésus les rassure par une parole qui doit toujours accompagner notre vie et notre chemin vocationnel : « Courage, c’est moi, n’ayez pas peur ! ».

 

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Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean (20, 19-23)

 

C’était après la mort de Jésus. Le soir venu, en ce premier jour de la semaine, alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs, Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! » Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur. Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie ». Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus ».

 

Notre Père, Prière du Pape François

 

Jeudi 30 avril

Un choix fondamental de vie nécessite du courage

 

Signe de croix

 

Accueil de la volonté du Seigneur en reprenant les paroles du Psaume 142, 8-10 :

 

Seigneur, fais que j’entende au matin ton amour, car je compte sur toi.

Montre-moi le chemin que je dois prendre : vers toi, j’élève mon âme !

Délivre-moi de mes ennemis, Seigneur : j’ai un abri auprès de toi.

Apprends-moi à faire ta volonté, car tu es mon Dieu.

Ton souffle est bienfaisant : qu’il me guide en un pays de plaines.

 

Lecture du passage de la Parole de Dieu suivie d’un temps de silence

 

« Le Seigneur sait qu’un choix fondamental de vie – comme celui de se marier ou de se consacrer de façon spéciale à son service – nécessite du courage. Il connaît les interrogations, les doutes et les difficultés qui agitent la barque de notre cœur, et c’est pourquoi il nous rassure : « N’aie pas peur, je suis avec toi ! ».

 

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Livre des Actes des Apôtres (14, 21-28)

 

Paul et Barnabé annoncèrent la Bonne Nouvelle à cette cité et firent bon nombre de disciples. Puis ils retournèrent à Lystres, à Iconium et à Antioche de Pisidie ; ils affermissaient le courage des disciples ; ils les exhortaient à persévérer dans la foi, en disant : « Il nous faut passer par bien des épreuves pour entrer dans le royaume de Dieu ». Ils désignèrent des Anciens pour chacune de leurs Églises et, après avoir prié et jeûné, ils confièrent au Seigneur ces hommes qui avaient mis leur foi en lui. Ils traversèrent la Pisidie et se rendirent en Pamphylie. Après avoir annoncé la Parole aux gens de Pergé, ils descendirent au port d’Attalia, et s’embarquèrent pour Antioche de Syrie, d’où ils étaient partis ; c’est là qu’ils avaient été remis à la grâce de Dieu pour l’œuvre qu’ils avaient accomplie. Une fois arrivés, ayant réuni l’Église, ils rapportèrent tout ce que Dieu avait fait avec eux, et comment il avait ouvert aux nations la porte de la foi. Ils passèrent alors un certain temps avec les disciples.

 

Notre Père, Prière du Pape François

 

Vendredi 1er mai

Dans la fatigue, le Seigneur nous tend la main

 

Signe de croix

 

Accueil de la volonté du Seigneur en reprenant les paroles du Psaume 142, 8-10 :

 

Seigneur, fais que j’entende au matin ton amour, car je compte sur toi.

Montre-moi le chemin que je dois prendre : vers toi, j’élève mon âme !

Délivre-moi de mes ennemis, Seigneur : j’ai un abri auprès de toi.

Apprends-moi à faire ta volonté, car tu es mon Dieu.

Ton souffle est bienfaisant : qu’il me guide en un pays de plaines.

 

Lecture du passage de la Parole de Dieu suivie d’un temps de silence

 

« Je connais votre fatigue, les solitudes qui parfois alourdissent le cœur, le risque de l’habitude qui petit à petit éteint le feu ardent de l’appel, le fardeau de l’incertitude et de la précarité de notre temps, la peur de l’avenir. Courage, n’ayez pas peur ! Jésus est à côté de nous et, si nous le reconnaissons comme l’unique Seigneur de notre vie, il nous tend la main et nous saisit pour nous sauver ».

 

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Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (14, 22-33)

 

Aussitôt Jésus obligea les disciples à monter dans la barque et à le précéder sur l’autre rive, pendant qu’il renverrait les foules. Quand il les eut renvoyées, il gravit la montagne, à l’écart, pour prier. Le soir venu, il était là, seul. La barque était déjà à une bonne distance de la terre, elle était battue par les vagues, car le vent était contraire. Vers la fin de la nuit, Jésus vint vers eux en marchant sur la mer. En le voyant marcher sur la mer, les disciples furent bouleversés. Ils dirent : « C’est un fantôme ». Pris de peur, ils se mirent à crier. Mais aussitôt Jésus leur parla : « Confiance ! c’est moi ; n’ayez plus peur ! » Pierre prit alors la parole : « Seigneur, si c’est bien toi, ordonne-moi de venir vers toi sur les eaux ». Jésus lui dit : « Viens ! » Pierre descendit de la barque et marcha sur les eaux pour aller vers Jésus. Mais, voyant la force du vent, il eut peur et, comme il commençait à enfoncer, il cria : « Seigneur, sauve-moi ! » Aussitôt, Jésus étendit la main, le saisit et lui dit : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » Et quand ils furent montés dans la barque, le vent tomba. Alors ceux qui étaient dans la barque se prosternèrent devant lui, et ils lui dirent : « Vraiment, tu es le Fils de Dieu ! »

 

Notre Père, Prière du Pape François

 

Samedi 2 mai

Vivre la vocation avec joie et enthousiasme

 

Signe de croix

 

Accueil de la volonté du Seigneur en reprenant les paroles du Psaume 142, 8-10 :

 

Seigneur, fais que j’entende au matin ton amour, car je compte sur toi.

Montre-moi le chemin que je dois prendre : vers toi, j’élève mon âme !

Délivre-moi de mes ennemis, Seigneur : j’ai un abri auprès de toi.

Apprends-moi à faire ta volonté, car tu es mon Dieu.

Ton souffle est bienfaisant : qu’il me guide en un pays de plaines.

 

Lecture du passage de la Parole de Dieu suivie d’un temps de silence

 

« Même dans nos fragilités et nos pauvretés, la foi nous permet de marcher à la rencontre du Seigneur Ressuscité et de vaincre même les tempêtes. En effet, il nous tend la main quand, par fatigue ou par peur, nous risquons de couler, et il nous donne l’élan nécessaire pour vivre notre vocation avec joie et enthousiasme ».

 

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Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean

 

C’était la troisième fois que Jésus ressuscité d’entre les morts se manifestait à ses disciples. Quand ils eurent mangé, Jésus dit à Simon-Pierre : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment, plus que ceux-ci ? » Il lui répond : « Oui, Seigneur ! Toi, tu le sais : je t’aime ». Jésus lui dit : « Sois le berger de mes agneaux ». Il lui dit une deuxième fois : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment ? » Il lui répond : « Oui, Seigneur ! Toi, tu le sais : je t’aime ». Jésus lui dit : « Sois le pasteur de mes brebis ». Il lui dit, pour la troisième fois : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? » Pierre fut peiné parce que, la troisième fois, Jésus lui demandait : « M’aimes-tu ? » Il lui répond : « Seigneur, toi, tu sais tout : tu sais bien que je t’aime ». Jésus lui dit : « Sois le berger de mes brebis. Amen, amen, je te le dis : quand tu étais jeune, tu mettais ta ceinture toi-même pour aller là où tu voulais ; quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et c’est un autre qui te mettra ta ceinture, pour t’emmener là où tu ne voudrais pas aller ». Jésus disait cela pour signifier par quel genre de mort Pierre rendrait gloire à Dieu. Sur ces mots, il lui dit : « Suis-moi ».

 

Notre Père Prière du Pape François

 

Dimanche 3 mai

Un éternel chant de louange au Seigneur

 

Signe de croix Accueil de la volonté du Seigneur en reprenant les paroles du Psaume 142, 8-10 :

 

Seigneur, fais que j’entende au matin ton amour, car je compte sur toi.

Montre-moi le chemin que je dois prendre : vers toi, j’élève mon âme !

Délivre-moi de mes ennemis, Seigneur : j’ai un abri auprès de toi.

Apprends-moi à faire ta volonté, car tu es mon Dieu.

Ton souffle est bienfaisant : qu’il me guide en un pays de plaines.

 

Lecture du passage de la Parole de Dieu suivie d’un temps de silence

 

« Même au milieu des vagues, notre vie s’ouvre à la louange. C’est elle la dernière parole de la vocation, et elle veut être aussi l’invitation à cultiver le comportement intérieur de la sainte Vierge Marie : reconnaissante pour le regard de Dieu qui s’est posé sur elle, confiant dans la foi ses peurs et ses troubles, embrassant avec courage l’appel, elle a fait de sa vie un éternel chant de louange au Seigneur ».

 

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Lettre de saint Paul aux Éphésiens (1, 17-23)

 

Frères, que le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ, le Père dans sa gloire, vous donne un esprit de sagesse qui vous le révèle et vous le fasse vraiment connaître. Qu’il ouvre à sa lumière les yeux de votre cœur, pour que vous sachiez quelle espérance vous ouvre son appel, la gloire sans prix de l’héritage que vous partagez avec les fidèles, et quelle puissance incomparable il déploie pour nous, les croyants : c’est l’énergie, la force, la vigueur qu’il a mise en œuvre dans le Christ quand il l’a ressuscité d’entre les morts et qu’il l’a fait asseoir à sa droite dans les cieux. Il l’a établi au-dessus de tout être céleste : Principauté, Souveraineté, Puissance et Domination, au-dessus de tout nom que l’on puisse nommer, non seulement dans le monde présent mais aussi dans le monde à venir. Il a tout mis sous ses pieds et, le plaçant plus haut que tout, il a fait de lui la tête de l’Église qui est son corps, et l’Église, c’est l’accomplissement total du Christ, lui que Dieu comble totalement de sa plénitude.

 

Notre Père, Prière du Pape François

 

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12 avril 2020

La Semaine Sainte avec Darwin Ramos

La Semaine Sainte avec Darwin Ramos

 

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Lundi de Pâques

Mort, où est ta victoire ?

 

Évangile selon Saint Matthieu (5, 1-12)

 

« Voyant les foules, Jésus gravit la montagne. Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui. Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait. Il disait :

« Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux.

Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés.

Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage.

Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés.

Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.

Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu.

Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu.

Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux.

Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi.

Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! C’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui vous ont précédés ».

 

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Lundi 24 septembre 2012

 

Le corps de Darwin vient d’être amené par les services funèbres et nous faisons monter le petit cercueil blanc dans la chapelle de la Fondation qui se trouve à l’étage. Un groupe d’enfants venus des différents foyers suit avec gravita la petite procession et s’installe calmement dans l’oratoire en attendant. Les frères et sœurs de Darwin sont là, presque au complet, quelque compagnons d’infortune de la rue se sont joints aussi. La maman, très digne, les yeux rougis par la tristesse, est assise sur un chaise à l’arrière. Le papa, lui, n’est pas venu.

Deux membres du personnel des pompes funèbres installent en silence le cercueil sur le côté droit, tandis qu’un autre dépose quelques gerbes de fleurs à ses pieds. Celui qui semble diriger les opérations ouvre la partie haute du cercueil et essuie religieusement la vitre qui va permettre à chacun de venir voir une dernière fois le corps de Darwin. Puis ils sortent sans un mot.

Je m’avance le premier et prends un petit temps de recueillement en silence. Je regarde ce visage qui est bien celui de notre petit protégé sans déjà plus lui ressembler. Le maquillage excessif destiné à redonner un peu de couleurs à ses joues casse définitivement tout effet de similitude. L’exposition du corps sert d’ailleurs justement à faire le deuil. Darwin n’est plus là.

Quelques enfants s’approchent et m’entourent en scrutant l’intérieur du cercueil, puis c’est au tour de la famille.

Tout le journée, des enfants par petits groupes provenant des différents foyers convergent vers la chapelle pour prier et se relayer autour de leur frère parti trop vite. Un cahier a été déposé à la sortie et chacun prend le temps de mettre un petit mot, un hommage.

L’émotion est évidemment palpable, mais il règne une atmosphère apaisée au naturel que seuls les enfants savent garder en toute circonstances. Jimmy est un enfant de onze ans, abandonné par sa maman sur un marché de la ville. Il a été recueilli par la Fondation deux ans auparavant. C’est un garçon très sensible qui déborde de joie malgré la blessure terrible de son coeur. Il s’approche de moi et me dit :

- Mon Père, ça vous dérangerait de venir avec moi pour vous Darwin ? Je n’ai jamais vu de mort et j’ai un peu peur.

- Mais bien sûr, viens avec moi.

Nous nous approchons, Jimmy se tient devant moi et s’accroche à mes deux avant-bras. Il inspecte le cercueil en silence puis lève la tête vers moi et me dit :

- Il y a une vitre.

- Eh bien oui, comme ça, tu peux le voir.

- Mais comment voulez-vous qu’il respire ?

L’innocence de l’enfance venait encore nous surprendre !

Je le regarde sans rien dire. N’a-t-il pas raison finalement ? Il a bien sûr compris le corps de Darwin était mort, mais garde aussi l’intuition que son âme reste vivante.

« Mort où est ta victoire ? Où est-il, ô mort, ton dard venimeux ? La mort a été engloutie dans la victoire » (1 Co 15, 55).

Entre alors Maria, suivie de tous ces jeunes garçons qui ont partagé les dernières années de leurs vies avec Darwin dans le foyer « Notre Dame de Guadalupe ». Un par un ils s’approchent et se recueillent. Estin est là près du cercueil. Étonnamment il a gardé son sourire et pose longuement son regard sur son ami. Il m’aperçoit ensuite près de la porte et s’avance vers moi. Il me serre très fort dans ses bras sans quitter son sourire lumineux et, à ma grande surprise, prononce distinctement deux mots en tagalog :

- Darwin, langit.

« Darwin, le ciel », deux mots sans fioritures comme s’il délivrait un message. Puis il semble scruter ma réaction pour s’assurer que j’ai bien compris. Je le prends à mon tour dans mes bras et laisse couler mes larmes.

- Oh oui, Estin, je n’en ai pas le moindre doute.

 

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Mardi 25 septembre

 

La Messe d’enterrement est prévue à quatorze heures dans la paroisse du quartier. Il reste encore une demi-heure avant le début de la célébration mais déjà tout le monde s’affaire. La chorale guidée par les bénévoles répète les chants et les enfants prennent place. Quelques rangs devant ont été réservés pour les enfants du foyer « Notre Dame de Guadalupe ».

Je les aperçois à l’entrée de l’église. Ils tiennent tous à la main un ballon blanc. Les quatre plus grands : Ome, Rex, Keith et Giosue se tiennent prêt car ce sont eux qui porteront le cercueil jusque devant l’autel.

La messe est simple et belle. L’atmosphère au cimetière quant à elle, est surprenante avec ces dizaines d’enfants éparpillés sur les tombes alentour pour être au plus près du caveau ou le petit cercueil blanc est descendu. Les chants et prières s’élèvent comme ce bouquet de ballons que les enfants laissent s’envoler à la fin de la célébration avec le secret espoir que Darwin puisse les attraper de là-haut.

Quelques temps après, je suis de retour à l’hôpital pour signer quelques papiers, formalités administratives afin de clore le dossier. Je cherche avant tout la chapelle de l’hôpital pour me recueillir quelques instants en repensant à cet étonnant combat mené par un jeune garçon sans force. À ma grande stupéfaction, je la trouve située juste au-dessus de cette petite officine où Darwin a passé sa « Semaine Sainte ».

Tout au long de son combat spirituel, lorsqu’il fixait le plafond, les yeux de Darwin étaient en fait rivés sur le Tabernacle.

Son agonie était un coeur à Coeur.

 

Abba Père,

 

Écoute nos coeurs, Seigneur, quand nous nous sentons désemparés, quand règne en nous la confusion, que ton amour nous ouvre le bras et nous enveloppe de ta paix.

Seigneur, quand tout espoir nous quitte, quand nos fardeaux sont trop lourds et que nous n’en pouvons plus, étends vers nos tes bras et guéris-nous, console-nous.

Nous te demandons humblement ton Esprit d’amour.

Rappelle-nous que nous ne sommes jamais seuls dans la vie, accompagne-nous comme tu l’as fait avec Darwin, quand il était encore parmi nous. Fais que nous n’oublions jamais tout ce que Darwin a souffert, sa douleur et son chagrin, afin que comme lui, nous sachions porter nos problèmes avec un coeur plein de foi et le sourire aux lèvres.

Nous te présentons nos soucis et tout ce qui nous tient à coeur…. Et nous demandons pour cela l’intercession de notre cher Darwin et sa prière.

Et nous prions afin que notre Bienheureuse Mère du Ciel serre doucement notre frère Darwin dans ses bras, pour l’emmener dans la demeure céleste de notre Abba, Père. Amen.

 

Gaines Rosario, Layforce – Archidiocèse de Manille

 

Extrait de « Plus fort que les ténèbres », Père Matthieu Dauchez, Editions Artège, 2015.

 

Ouverture de la Cause de Béatification de Darwin

 

Le 28 août 2019, le diocèse de Cubao, dans la région de Manille, a ouvert officiellement la cause en béatification de Darwin.

En mars 2019, la Congrégation pour la cause des saints, à Rome, a donné le feu vert au diocèse de Cubao pour l’ouverture de l’enquête diocésaine. Mgr Ongtioco a cependant reconnu que le procès en béatification devrait être long. Un tribunal ecclésiastique a été nommé afin de procéder à l’audition des témoins. Le procès en vue de la reconnaissance de l’héroïcité des vertus de Darwin est en cours.

Le père Danilo Flores, promoteur de justice, confie que l’équipe d’enquête formée par l’évêque de Cubao est chargée de vérifier si le jeune Philippin « a une réputation de sainteté et qu’il peut être déclaré comme tel ».

Le père Flores ajoute que Darwin est reconnu pour une certaine sainteté qui n’est pas commune pour la jeunesse, que ce soit aux Philippines ou dans le monde. « Il a quelque chose que nous devrons découvrir, et cela devrait se faire par étapes », confie-t-il. « Avant tout, s’il est au Ciel, nous devons prouver qu’il peut être un modèle, surtout pour la jeunesse ».

Le prêtre dominicain Thomas de Gabory, postulateur pour la cause de béatification, raconte avoir rencontré Darwin Ramos avant sa mort, en 2012. « Il était comme vous et moi, un simple adolescent », explique le religieux. « En apparence, il ressemblait aux autres jeunes, mais son cœur était profondément donné à Jésus Christ. »

 

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Prière pour la béatification du Serviteur de Dieu Darwin Ramos

 

Ô Dieu de toute Joie, Père, Fils et Saint Esprit, Tu ne laisses jamais seuls ceux qui sont dans l’épreuve. Nous Te rendons grâce de nous avoir donné, en Darwin Ramos, enfant de la rue, un modèle lumineux de vie chrétienne. Dans sa brève existence, Tu lui as donné la grâce d’une foi simple et inébranlable, d’une espérance joyeuse dans la maladie, d’une charité constante pour le prochain. Nous Te demandons la glorification sur terre de ton serviteur Darwin, afi n que les jeunes et les malades puissent trouver en lui un maître de Joie. Par son intercession, exauce notre prière (la formuler ici…). Nous Te le demandons par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Amen. Notre Père/Je vous salue Marie/Gloire au Père.

 

Imprimatur : Mgr. Honesto F. Ongtioco, évêque de Cubao (22 novembre 2018).

 

Pour plus d’infos, relations de grâces

https://darwin-ramos.org

Facebook : @DarwinRamosAssociation

 

11 avril 2020

La Semaine Sainte avec Darwin Ramos

La Semaine Sainte avec Darwin Ramos

 

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Veillée pascale et Dimanche de la Résurrection

 

Evangile selon Saint Jean (20, 1-9)

 

Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin ; c’était encore les ténèbres. Elle s’aperçoit que la pierre a été enlevée du tombeau. Elle court donc trouver Simon-Pierre et l’autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a déposé. » Pierre partit donc avec l’autre disciple pour se rendre au tombeau. Ils couraient tous les deux ensemble, mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau. En se penchant, il s’aperçoit que les linges sont posés à plat ; cependant il n’entre pas. Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour. Il entre dans le tombeau ; il aperçoit les linges, posés à plat, ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place. C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut. Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas compris que, selon l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts.

 

Dimanche 23 septembre 2012

 

J’ai l’impression de revivre exactement la même scène que dimanche dernier. Il est minuit, je m’habille à toute vitesse, j’attrape mon petit sac à dos et enfourche ma moto pour rejoindre l’hôpital au plus vite. Alexandra, une jeune volontaire française qui donne toute son énergie et son coeur au service des enfants de la Fondation, vient de m’appeler. C’est elle qui veillait sur Darwin cette nuit et les médecins ont subitement demandé à me parler. Une urgence ont-ils dit.

Je déboule dans la petite salle de soins intensifs et le médecin de garde, une jeune femme douce et délicate s’approche de moi.

- Mon Père, nous aimerions savoir si vous nous autorisez à être agressifs en cas de réanimation ?

Le vocabulaire qu’elle emploie me surprend un peu.

- Pardon, je vous comprends mal. De quel réanimation parlez-vous ?

- Darwin ne va pas bien et son coeur peut lâcher à tout moment. Puisque vous êtes le gardien légal du patient, j’ai besoin de vos recommandations au sujet de la réanimation.

- Mais je croyais que l’assistance respiratoire allait lui permettre de tenir encore longtemps !

Elle sent dans le ton de ma voix que je suis un peu perdu et reprend plus calmement :

- Nous l’espérions effectivement, mais le corps de Darwin semble ne plus avoir la force de se battre. L’évolution de sa maladie touche à sa fin malheureusement. Le taux de carbone a considérablement augmenté ces dernières heures et votre garçon est en train de s’empoisonner.

Je n’arrive pas à retenir mes larmes et reste sans voix.

- Mon Père, s’il vous plaît, pour la réanimation…

- Oui, pardon. Faites ce qui sera nécessaire, mais ne vous acharnez pas, je vous en supplie.

J’entre dans la petite salle où Randy continue de pomper consciencieusement sur la petite poire pour accompagner la respiration de Darwin. Il est resté toute la soirée pour assister Alexandra alors qu’il avait déjà veillé l’après-midi. Je lis sur son visage attristé qu’il a bien compris la gravité du moment qu’il est en train de vivre.

Je m’approche de Darwin qui est dans un état de semi-coma. Toutes sortes de câbles relient son corps à des engins perfectionnés dont je ne connais pas l’utilité mais le petit retentissement régulier de l’alarme, qui fait penser aux sonars d’un sous-marin, me rassure, comme s’il était une preuve tangible que son coeur bat encore. Darwin ouvre par moment les yeux mais ne semble pas me reconnaître. Le regard encore embué par les larmes, j’ouvre ma sacoche pour prendre mon étole, l’eau bénite et mon petit rituel et commencer à réciter la prière des agonisants. J’ai du mal à articuler les mots que je prononce entre deux sanglots. Dans cette petite salle, où sont pourtant entassés quatre autres enfants malades et leurs parents, le silence est saisissant. Tout le monde, malades et médecins, semble se joindre à cette dernière supplication.

« … à l’heure où tu quitteras cette vie, que la Vierge et tous les saints viennent au devant de toi. Que Jésus-Christ te délivre, Lui qui a bien voulu mourir en croix pour toi ».

À peine la prière achevée, je me tourne vers Alexandra et lui demande de prévenir Gloria, la directrice-adjointe de la Fondation, Joseph bien sûr et Maria, la responsable de son foyer. Il faut vite les informer que Darwin est en train de nous quitter.

Au cours des heures qui passent, ils arrivent tous un par un dans cette petite pièce. Tous ceux qui l’ont accompagné ces derniers mois sont là, il ne manque plus que la famille de Darwin, mais l’assistante sociale est déjà en route pour aller les chercher. Tous montrent une dignité impressionnante et viennent dire quelques mots à l’oreille de Darwin. Souvent un simple merci.

Le jour commence à poindre. Épuisé par cette longue veille, je m’assieds à côté de Darwin sur une chaise en plastique tandis que Gloria prend la poire en caoutchouc et reste debout à pomper méthodiquement. Elle semble tenir sa vie au bout des doigts. Le médecin de garde vient parfois vérifier les engins électroniques et ajuste le rythme d’écoulement des poches de Dextrose. Je pose ma main sur le coeur de Darwin et sens ce battement faible mais régulier qui le raccroche encore à la vie. J’ai l’impression qu’à chaque pulsation, mon petit protégé m’appelle, qu’il se manifeste à moi. Ces petites vibrations lointaines sont le dernier pont qui nous relie. Nous restons ainsi de longues minutes à le regarder vivre ses derniers moments.

Tout à coup plus rien.

Je le sens, son coeur s’est arrêté. Je fais signe au médecin qui ajustait encore la perfusion. Elle prend calmement son stéthoscope et vérifie mécaniquement le pouls du jeune patient. Puis dans un mouvement soudain grimpe sur le lit, et agenouillée près du jeune garçon se met à lui faire un massage cardiaque tout en demandant l’assistance des infirmiers. Tandis que Gloria continue de pomper, je m’écarte du lit pour leur laisser la place et ne retiens plus mes larmes qui coulent sans discontinuer.

Après quelques minutes d’agitation, l’équipe médicale s’arrête un instant. Le coeur semble avoir repris. Le médecin fait glisser son stéthoscope le long du thorax. Mais affichant une moue dubitative, elle fait à nouveau signe aux infirmiers et recommence le massage cardiaque.

D’interminables minutes se passent pendant lesquelles l’équipe médicale se relaie pour tenter de réanimer ce corps sans vie.

Du bout du lit, je regarde fixement le visage de Darwin et murmure à voix basse :

- Tu t’es bien battu, mon bonhomme. Allez, cas-y maintenant, pars. Il t’attendent là-haut.

Je fais un geste discret de la tête au médecin qui guettait mon signal. Elle touche aussitôt sans un mot le bras de l’infirmier affairé à masser avec énergie. Ce dernier s’arrête aussitôt et descend du petit lit. C’est fini, Darwin nous a quittés.

Nous sommes un dimanche matin, il est 5h30, aube du jour où les Chrétiens se rassemblent pour fêter la résurrection du Christ. Darwin vient d’achever sa longue semaine sainte.

« Bon et fidèle serviteur, entre dans la joie de ton Maître » (Mt 25, 21).

L’équipe médicale s’empresse en silence de débrancher les engins électroniques et le corps est recouvert d’un drap. Je ne me résigne pas à m’écarter de cet petit lit comme si le temps venait de s’arrêter. Mais il faut consentir à l’accompagner, dans la prière.

En sortant de l’hôpital, je suis envahi par une image d’une douceur surnaturellement apaisante : Darwin se blottit dans les bras de la Vierge Marie tout en me regardant avec un immense sourire. « Bahala na siya. À Elle de s’occuper de toi ».

 

Extrait de « Plus fort que les ténèbres », Père Matthieu Dauchez, Editions Artège, 2015.

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Le Serviteur de Dieu Darwin Ramos

Le petit Philippin maître de joie

 

Darwin Ramos naît le 17 décembre 1994 dans une famille très pauvre de Manille (Philippines). Il est contraint de mendier dans la rue pour subvenir aux besoins de sa famille, malgré une maladie qui atrophie ses muscles et qui l’empêche rapidement de se tenir debout.

En 2006, il est accueilli par l’association ANAK-Tnk qui œuvre pour les enfants de la rue. Il est baptisé le 23 décembre, puis reçoit la Première Communion et la Confirmation un an plus tard. Darwin fait preuve d’une foi simple mais profonde, ancrée dans la prière et l’action de grâce. Il vit sa maladie dans une réelle union avec le Christ en Croix et dans une grande espérance. Il rayonne de joie et réconforte les enfants de ANAK-Tnk.

Le 16 septembre 2012, sa maladie s’aggrave. Il vit alors une véritable Semaine Sainte : le jeudi, un combat spirituel, le vendredi, il écrit dans une grande paix : « Un immense merci. Je suis très heureux ». Après un samedi silencieux, il meurt le dimanche 23 septembre 2012.

 

Prière pour la béatification du Serviteur de Dieu Darwin Ramos

 

Ô Dieu de toute Joie, Père, Fils et Saint Esprit, Tu ne laisses jamais seuls ceux qui sont dans l’épreuve. Nous Te rendons grâce de nous avoir donné, en Darwin Ramos, enfant de la rue, un modèle lumineux de vie chrétienne. Dans sa brève existence, Tu lui as donné la grâce d’une foi simple et inébranlable, d’une espérance joyeuse dans la maladie, d’une charité constante pour le prochain. Nous Te demandons la glorification sur terre de ton serviteur Darwin, afi n que les jeunes et les malades puissent trouver en lui un maître de Joie. Par son intercession, exauce notre prière (la formuler ici…). Nous Te le demandons par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Amen. Notre Père/Je vous salue Marie/Gloire au Père.

 

Imprimatur : Mgr. Honesto F. Ongtioco, évêque de Cubao (22 novembre 2018).

 

Pour plus d’infos, relations de grâces

https://darwin-ramos.org

Facebook : @DarwinRamosAssociation

 

10 avril 2020

La Semaine Sainte avec Darwin Ramos

La Semaine Sainte avec Darwin Ramos

 

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Samedi Saint

Le grand silence

 

Livre d’Isaïe (53, 1-12)

 

Qui aurait cru ce que nous avons entendu ? Le bras puissant du Seigneur, à qui s’est-il révélé ? Devant lui, le serviteur a poussé comme une plante chétive, une racine dans une terre aride ; il était sans apparence ni beauté qui attire nos regards, son aspect n’avait rien pour nous plaire. Il était méprisé, abandonné des hommes, homme de douleurs, familier de la souffrance, il était pareil à celui devant qui on se voile la face ; et nous l’avons méprisé, compté pour rien. En fait, c’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé. Et nous, nous pensions qu’il était frappé, meurtri par Dieu, humilié. Or, c’est à cause de nos révoltes qu’il a été transpercé, à cause de nos fautes qu’il a été broyé. (...) Maltraité, il s’humilie, il n’ouvre pas la bouche : comme un agneau conduit à l’abattoir, comme une brebis muette devant les tondeurs, il n’ouvre pas la bouche. (…) À cause de ses souffrances, il verra la lumière, il sera comblé. Parce qu’il a connu la souffrance, le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes, il se chargera de leurs fautes. C’est pourquoi, parmi les grands, je lui donnerai sa part, avec les puissants il partagera le butin, car il s’est dépouillé lui-même jusqu’à la mort, et il a été compté avec les pécheurs, alors qu’il portait le péché des multitudes et qu’il intercédait pour les pécheurs.

 

Samedi 22 septembre 2012

 

Tous les samedis, je consacre la matinée aux chiffonniers de la grande décharge de Manille, la tristement célèbre Smokey Mountain. Des milliers de familles y survivent en fouillant les déchets de la ville qui y son déversés sans discontinuer par les bennes à ordures sur un terrain d’à peu près sept hectares. Avec un groupe de volontaires et quelques adolescents, anciens enfants des rues, nous organisons des activités avec les enfants délaissés et je leur donne ensuite une leçon de catéchisme. Ils profitent ensuite d’un repas préparé par la Fondation. C’est un lieu apocalyptique, comme un enfer sur terre, où règne pourtant une joie indescriptible. Au coeur d’une misère terrible, les enfants et leurs parents gardent de larges sourires, résistant courageusement au malheur.

Je me souviens d’ailleurs que Maria, la responsable du foyer « Notre Dame de Guadalupe », avait organisé une visite des familles de la décharge avec tous les jeunes de son centre. Il n’était pas facile de faire rouler le petit fauteuil roulant dans les ruelles du bidonville, mais la journée fut inoubliable. Enfants des rues et enfants chiffonniers avaient joué ensemble et les rires faisaient oublier un temps la misère ambiante. Le jeune garçon myopathe était très impressionné par cette rencontre et les visages de ses nouveaux amis habitaient souvent sa prière.

Encore ému des mots que Darwin m’a écrit la veille, j’ai hâte de le retrouver. Mais il me faut attendre l’après-midi pour filer à l’hôpital et passer à nouveau un peu de temps auprès de notre patient. En arrivant, je trouve pourtant la petite officine vide et bien rangée. Le lit a disparu et son jeune occupant aussi. Il n’y a plus aucune trace du petit capharnaüm qui régnait les jours précédents dans cette chambre improvisée. Voyant mon étonnement, l’infirmier m’indique que Darwin a été transféré en soins intensifs, quelques mètres plus loin. Je m’empresse de rejoindre la salle en question, inquiet de ce changement inattendu. À l’entrée, je trouve Joseph, son fidèle aide-soignant, qui ma rassure en me disant que la décision a été prise le matin afin de prévenir toute complication puisqu’ils ont ici tout le matériel nécessaire en cas de problème. Les médecins ne sont pas pessimistes, me dit-il, mais le taux de carbone présent dans le sang qui s’était bien stabilisé les premiers jours à tendance à remonter. Il faut donc le surveiller de près pour éviter que cela ne devienne dangereux.

Partiellement rassuré, je jette un coup d’oeil à l’intérieur et aperçois Darwin éveillé sur son lit. Il ne remarque pas ma présence et scrute le plafond tandis que Randy, un grand gaillard qui a passé les dix dernières années à la Fondation, appuie inlassablement et régulièrement la petite pompe qui assiste le souffle du malade.

Je m’assieds à côté du lit et salue Darwin qui me répond par un simple regard et un petit sourire discret. Il n’a pas l’air de souffrir, son visage est apaisé et sa respiration régulière, mais il ne semble vouloir ni parler, ni écrire. Il est là, allongé devant moi, plongé dans un silence qu’il gardera toute la journée. Il se tourne parfois vers moi, et ferme aussi de temps en temps les yeux pour se reposer.

Le Samedi Saint, c’est la mise au tombeau du Christ. L’Église célèbre ce jour sombre en vivant un grand silence. Les autels sont nus, les statues recouvertes, les tabernacles sont vides. La liturgie elle-même se tait et aucune messe n’est célébrée.

Darwin poursuit son triduum. Il est au coeur de l’étape silencieuse de son pèlerinage.

 

Extrait de « Plus fort que les ténèbres », Père Matthieu Dauchez, Editions Artège, 2015.

 

Le Serviteur de Dieu Darwin Ramos

Le petit Philippin maître de joie

 

Darwin Ramos naît le 17 décembre 1994 dans une famille très pauvre de Manille (Philippines). Il est contraint de mendier dans la rue pour subvenir aux besoins de sa famille, malgré une maladie qui atrophie ses muscles et qui l’empêche rapidement de se tenir debout.

En 2006, il est accueilli par l’association ANAK-Tnk qui œuvre pour les enfants de la rue. Il est baptisé le 23 décembre, puis reçoit la Première Communion et la Confirmation un an plus tard. Darwin fait preuve d’une foi simple mais profonde, ancrée dans la prière et l’action de grâce. Il vit sa maladie dans une réelle union avec le Christ en Croix et dans une grande espérance. Il rayonne de joie et réconforte les enfants de ANAK-Tnk.

Le 16 septembre 2012, sa maladie s’aggrave. Il vit alors une véritable Semaine Sainte : le jeudi, un combat spirituel, le vendredi, il écrit dans une grande paix : « Un immense merci. Je suis très heureux ». Après un samedi silencieux, il meurt le dimanche 23 septembre 2012.

 

Prière pour la béatification du Serviteur de Dieu Darwin Ramos

 

Ô Dieu de toute Joie, Père, Fils et Saint Esprit, Tu ne laisses jamais seuls ceux qui sont dans l’épreuve. Nous Te rendons grâce de nous avoir donné, en Darwin Ramos, enfant de la rue, un modèle lumineux de vie chrétienne. Dans sa brève existence, Tu lui as donné la grâce d’une foi simple et inébranlable, d’une espérance joyeuse dans la maladie, d’une charité constante pour le prochain. Nous Te demandons la glorifi cation sur terre de ton serviteur Darwin, afi n que les jeunes et les malades puissent trouver en lui un maître de Joie. Par son intercession, exauce notre prière (la formuler ici…). Nous Te le demandons par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Amen. Notre Père/Je vous salue Marie/Gloire au Père.

 

Imprimatur

Mgr. Honesto F. Ongtioco, évêque de Cubao

(22 novembre 2018).

 

Pour plus d’infos, relations de grâces

https://darwin-ramos.org

 

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9 avril 2020

La Semaine Sainte avec Darwin Ramos

La Semaine Sainte avec Darwin Ramos

 

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Vendredi Saint

Le côté transpercé

 

Evangile selon Saint Jean (19, 25-37)

 

Or, près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de Cléophas, et Marie Madeleine. Jésus, voyant sa mère, et près d’elle le disciple qu’il aimait, dit à sa mère : « Femme, voici ton fils. » Puis il dit au disciple : « Voici ta mère. » Et à partir de cette heure-là, le disciple la prit chez lui. Après cela, sachant que tout, désormais, était achevé pour que l’Écriture s’accomplisse jusqu’au bout, Jésus dit : « J’ai soif. » Il y avait là un récipient plein d’une boisson vinaigrée. On fixa donc une éponge remplie de ce vinaigre à une branche d’hysope, et on l’approcha de sa bouche. Quand il eut pris le vinaigre, Jésus dit : « Tout est accompli. » Puis, inclinant la tête, il remit l’esprit. Comme c’était le jour de la Préparation (c’est-à-dire le vendredi), il ne fallait pas laisser les corps en croix durant le sabbat, d’autant plus que ce sabbat était le grand jour de la Pâque. Aussi les Juifs demandèrent à Pilate qu’on enlève les corps après leur avoir brisé les jambes. Les soldats allèrent donc briser les jambes du premier, puis de l’autre homme crucifié avec Jésus. Quand ils arrivèrent à Jésus, voyant qu’il était déjà mort, ils ne lui brisèrent pas les jambes, mais un des soldats avec sa lance lui perça le côté ; et aussitôt, il en sortit du sang et de l’eau. Celui qui a vu rend témoignage, et son témoignage est véridique ; et celui-là sait qu’il dit vrai afin que vous aussi, vous croyiez. Cela, en effet, arriva pour que s’accomplisse l’Écriture : Aucun de ses os ne sera brisé. Un autre passage de l’Écriture dit encore : Ils lèveront les yeux vers celui qu’ils ont transpercé.

 

Vendredi 21 septembre 2012

 

Le souvenir terrible du combat spirituel de Darwin me hante. Je revois ses yeux épouvantés et cette angoisse qui imprégnait chaque trait de son visage. Je m’empresse donc de retourner à l’hôpital pour le retrouver, non sans une certaine appréhension, pour être à nouveau à ses côtés dans cette résistance d’un autre ordre.

Quelle n’est pas ma surprise, en entrant dans la petite chambre, de trouver Darwin souriant, le regard à nouveau pétillant mais surtout serein. Il est calme et semble être habité d’une grande paix intérieure. Conscient de l’inquiétude dans laquelle je demeure après l’expérience de la veille. Darwin me demande d’approcher et sans me quitter du regard, serre ma main entre son pouce et son index avec une affection indescriptible. Il se tourne ensuite vers le jeune infirmier qui est de garde à ses côtés pour pomper l’infernale poire de respiration et lui fait signe délicatement de le mettre en position assise sur son lit.

Bien calé sur deux gros oreillers, le jambes repliées devant lui, il pose à nouveau son regard sur moi en souriant, malgré la canule qui continue de le gêner puis me fait comprendre qu’il veut écrire quelque chose. L’infirmier me passe le grand cahier bleu qui lui sert à noter heure par heure tous les faits, même anodins, qui concernent le jeune patient. Je l’ouvre à l’envers pour que Darwin puisse écrire sur la dernière page. Je sors ensuite un stylo de ma poche et le cale dans sa main sans force, puis je maintiens son poignet pour qu’il puisse le garder à hauteur du cahier et écrire sans trop de difficulté.

Maladroitement et s’y reprenant même à deux fois, il écrit laborieusement quelques mots à gauche de la page et me demande de les lire. « Maraming salamat po. Un immense merci ». Comme à son habitude, Darwin prend le temps de remercier. Mais cette fois-ci ses mots prennent une solennité toute différente comme un testament. Je respire de manière appuyée avec un sourire gêné pour lui faire comprendre que je me sens infiniment plus redevable de lui.

Il appuie sur ma main pour écrire à nouveau et griffonne d’autres mots à droite de la page. « Masayang masaya ako » « Je suis très heureux ». Darwin laisse aussitôt tomber le stylo pour libérer son index et pointe alors son doigt sur cette petite phrase comme s’il voulait s’assurer que je la prenne bien au sérieux. Puis il me regarde et m’offre son plus beau sourire.

Je reste muet, les yeux rougis par les larmes qui commencent à monter et que j’essuie vite du revers de la main.

Je ne m’attendais pas à ces mots tout simples et pourtant si profonds que je lis et relis. Darwin n’a plus rien pour être heureux au sens où le monde l’entend, ni matériellement, ni affectivement. Son corps le fait souffrir et l’espoir d’un rétablissement s’estompe. Il devrait normalement tomber dans un désespoir sans fin, mais exprime surnaturellement sa joie.

Je ne doute pas d’ailleurs un instant de l’authenticité de cette joie qui nous fait plonger dans un mystère impressionnant où la dimension sensible n’a plus sa place. Darwin partage la joie des plus grands saints, celle qui se situe à un niveau que seule l’âme peut atteindre. C’est la joie d’une Mère Teresa, malgré les ténèbres qu’elle a traversées toute sa vie comme le révèle son précieux journal. C’est la joie d’un Saint François d’Assise, détaché de tout ce que le monde chérit.

Mais c’est surtout la joie du Christ en croix qui peut murmurer dans un dernier souffle : « Tout est accompli ».

Darwin me donne la clé pour comprendre l’allégresse inextinguible des enfants des rues de Manille. Il m’aide à percer le mystère de ces sourires immuables des petits chiffonniers de la décharge, ce rayonnement des plus pauvres qui interpelle tout ceux qui se mettent à leur service. Le jeune garçon myopathe s’est tellement uni au Christ jusque dans sa souffrance, qu’il partage aussi sa joie dont le Charpentier de Nazareth est la source. La dimension proprement sensible est reléguée à un plan inférieur car elle ne procure qu’un bien-être éphémère. La vraie joie quant à elle élève l’âme au niveau le plus haut, celui d’une union des coeurs. Darwin a accepté une telle intimité avec son Ami qu’il goûte déjà de ce bonheur promis.

Je regarde avec gravité mon petit bonhomme ratatiné sur son lit d’hôpital et je comprends l’incomparable noblesse de son âme. En regardant ce petit corps qui ne ressemble plus à rien, les mots de l’apôtre Saint Paul prennent un sens étincelant : « Lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort » (2 Co, 12, 10). Je me sens tellement petit devant cet être héroïque et pourtant sans force. Toutes les contrariétés de mon quotidien m’apparaissent insignifiantes, presque misérables.

 

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Maître de joie.

 

Prenant conscience du privilège immérité d’être en présence d’un tel « bienheureux », je reste à ses côtés sans trop savoir quoi lui dire. D’ailleurs il ne répond plus à mes questions que par un sourire tendre, comme s’il avait dit les seuls mots qui en valaient la peine : « Je suis très heureux ». Il ferme les yeux et s’endort.

Je m’approche du jeune infirmier épuisé par sa nuit de veille et lui prends la poire de respiration pour qu’il puisse aller se dégourdir les jambes. Je me cale sur le rythme régulier de la respiration du jeune patient tout en contemplant son visage endormi et apaisé. Je me remémore alors tous les moments passés à la Fondation et je réalise qu’il gardait toujours son grand sourire, dans les temps de bonheur comme dans les épreuves.

Soudain Darwin se réveille en sursaut et me regarde en secouant le tube de sa bouche. Perdu dans mes souvenirs, je me suis arrêté de pomper, il n’a donc plus d’air ! Je m’excuse platement en rougissant d’avoir été si distrait mais lui pouffe de rire de me voir si gêné. Il me regarde en souriant et ferme à nouveau les yeux.

Nous sommes vendredi. Le Christ est mort en croix. Il a donné sa vie jusqu’au bout pour le salut du monde et la plaie de son coeur transpercé laisse couleur une source de joie qu’aucun péché, aucune maladie, ni aucun malheur ne pourront tarir.

 

Extrait de « Plus fort que les ténèbres », Père Matthieu Dauchez, Editions Artège, 2015.

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Le Serviteur de Dieu Darwin Ramos

Le petit Philippin maître de joie

 

Darwin Ramos naît le 17 décembre 1994 dans une famille très pauvre de Manille (Philippines). Il est contraint de mendier dans la rue pour subvenir aux besoins de sa famille, malgré une maladie qui atrophie ses muscles et qui l’empêche rapidement de se tenir debout.

En 2006, il est accueilli par l’association ANAK-Tnk qui œuvre pour les enfants de la rue. Il est baptisé le 23 décembre, puis reçoit la Première Communion et la Confirmation un an plus tard. Darwin fait preuve d’une foi simple mais profonde, ancrée dans la prière et l’action de grâce. Il vit sa maladie dans une réelle union avec le Christ en Croix et dans une grande espérance. Il rayonne de joie et réconforte les enfants de ANAK-Tnk.

Le 16 septembre 2012, sa maladie s’aggrave. Il vit alors une véritable Semaine Sainte : le jeudi, un combat spirituel, le vendredi, il écrit dans une grande paix : « Un immense merci. Je suis très heureux ». Après un samedi silencieux, il meurt le dimanche 23 septembre 2012. Sa cause de béatification est ouverte.

 

Prière pour la béatification du Serviteur de Dieu Darwin Ramos

 

Ô Dieu de toute Joie, Père, Fils et Saint Esprit, Tu ne laisses jamais seuls ceux qui sont dans l’épreuve. Nous Te rendons grâce de nous avoir donné, en Darwin Ramos, enfant de la rue, un modèle lumineux de vie chrétienne. Dans sa brève existence, Tu lui as donné la grâce d’une foi simple et inébranlable, d’une espérance joyeuse dans la maladie, d’une charité constante pour le prochain. Nous Te demandons la glorifi cation sur terre de ton serviteur Darwin, afi n que les jeunes et les malades puissent trouver en lui un maître de Joie. Par son intercession, exauce notre prière (la formuler ici…). Nous Te le demandons par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Amen. Notre Père/Je vous salue Marie/Gloire au Père.

 

Imprimatur : Mgr. Honesto F. Ongtioco,

évêque de Cubao (22 novembre 2018).

 

Pour plus d’infos, relations de grâces

https://darwin-ramos.org

 Facebook : @DarwinRamosAssociation

 

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