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  • La beauté élève l'âme... Par ces images volontairement sélectionnées, ainsi que par la récitation de ces prières, puissiez-vous avoir le désir de parvenir à Jésus et à la sainteté, but ultime de toute vie...
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8 avril 2020

La Semaine Sainte avec Darwin Ramos

La Semaine Sainte avec Darwin Ramos

 

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Jeudi Saint

Le Mont des Oliviers

 

Evangile selon Saint Matthieu (26, 37-46)

 

Il emmena Pierre, ainsi que Jacques et Jean, les deux fils de Zébédée, et il commença à ressentir tristesse et angoisse. Il leur dit alors : « Mon âme est triste à en mourir. Restez ici et veillez avec moi. » Allant un peu plus loin, il tomba face contre terre en priant, et il disait : « Mon Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! Cependant, non pas comme moi, je veux, mais comme toi, tu veux. » Puis il revient vers ses disciples et les trouve endormis ; il dit à Pierre : « Ainsi, vous n’avez pas eu la force de veiller seulement une heure avec moi ? Veillez et priez, pour ne pas entrer en tentation ; l’esprit est ardent, mais la chair est faible. » De nouveau, il s’éloigna et pria, pour la deuxième fois ; il disait : « Mon Père, si cette coupe ne peut passer sans que je la boive, que ta volonté soit faite ! » Revenu près des disciples, de nouveau il les trouva endormis, car leurs yeux étaient lourds de sommeil. Les laissant, de nouveau il s’éloigna et pria pour la troisième fois, en répétant les mêmes paroles. Alors il revient vers les disciples et leur dit : « Désormais, vous pouvez dormir et vous reposer. Voici qu’elle est proche, l’heure où le Fils de l’homme est livré aux mains des pécheurs. Levez-vous ! Allons ! Voici qu’il est proche, celui qui me livre. »

 

Jeudi 20 septembre 2012

 

Je suis en route vers l’hôpital après avoir passé la matinée à donner le catéchisme dans l’une des écoles que nous avons construites au coeur de plusieurs bidonvilles. J’ai hâte de retrouver mon petit protégé et de savoir s’il a déjà terminé de visionner tous les dessins animés que je lui ai laissé hier pour égayer un peu l’atmosphère pesante de sa chambre.

Mais au lieu du sourire espéré, c’est un visage apeuré que je trouve en entrant dans la petite officine. Darwin semble terrorisé. Ses yeux d’ordinaire si pétillants expriment cette fois une anxiété inhabituelle pour son caractère toujours si jovial et apaisé.

La peur se lit dans un regard. J’en ai déjà fait l’expérience plusieurs fois notamment lorsqu’un jeune voleur faillit se faire tuer sous mes yeux par le gardien d’une compagnie pétrolière qui avait surpris son larcin et l’avait mis en joue. Le justicier improvisé avait tiré par deux fois en manquant sa cible, et j’avais alors croisé le regard terrifié de ce condamné à mort en sursis que la peur avait subitement envahi.

Darwin m’inquiète car je ne l’ai jamais vu ainsi, même dans les moments les plus difficiles et les crises qu’il a dû traverser du fait de l’évolution de sa maladie.

Il est toujours le premier à nous rassurer sur son état, à dédramatiser la situation et à relativiser sa souffrance pourtant bien réelle.

Cette fois il ne peut pas. Il est tourmenté et son regard balaie la pièce. Il me dévisage de manière troublante, puis fixe un instant le plafond avec angoisse avant de me regarder à nouveau avec des yeux suppliants. Il serre dans ses mains, avec le peu de force qui lui reste, la statuette de la Vierge Marie offerte la veille par la religieuse Dominicaine puis se tourne à nouveau vers moi et semble vouloir quelque chose. Je m’approche et m’assois près de lui en lui prenant la main.

- Que se passe-t-il Darwin ? As-tu un problème ? As-tu besoin de quelque chose ?

Impossible pour lui de prononcer un mot avec la canule enfoncée dans sa bouche, mais nous pouvons lire sur ses lèvres et deviner tant bien que mal ce qu’il veut nous dire.

- Il faut prier, dit-il, avec un air implorant.

- Entendu Darwin, mais pourquoi ressens-tu le besoin de prier ?

- Parce que je me bats.

- Tu te bats contre ta maladie ?

Le jeune garçon fait une courte pause et pose longuement son regard sur moi, comme s’il voulait s’assurer que je l’écoute bien.

- Je me bats contre le démon.

Je suis abasourdi par sa réponse mais l’expression de son visage ne fait aucun doute. Darwin vit assurément un combat spirituel d’une terrible intensité, combat au grand jour qu’il partage avec les plus grands saints de toute l’hagiographie. Le démon ne se donne plus la peine de se cacher en face d’une âme aussi pure. Sa plus grande ruse, qui consiste à faire croire qu’il n’existe pas, n’a pas de prise sur un enfant aussi héroïque. Il ne lui reste plus qu’une bataille à mener, celle de la désespérance. Ne plus croire à l’amitié de Celui qui a été son compagnon tout au long de son pèlerinage sur terre. Se croire abandonné par ce Dieu et l’abandonner à son tour.

Darwin voit probablement se jouer devant lui, devant cette petite pièce de quelques mètres carrés, le combat des anges. Il revit d’une certaine manière, l’agonie du Jardin des Oliviers s’unissant de manière impressionnante à l’angoisse du Christ lui-même.

La réponse qu’il donne à la tentation de désespérer est sans appel. C’est d’ailleurs le commandement que Jésus donne à ses disciples, endormis quelques mètres plus loin, alors que Judas s’apprête à le livrer.

- Il faut prier, répète-t-il fermement.

Réalisant la gravité du moment, je lui propose d’aller chercher ce qu’il faut pour lui administrer les derniers sacrements. Mais tout semble se jouer à l’instant.

- Il faut prier maintenant.

L’expression du visage est alarmante. Il a besoin de renfort spirituel tout de suite. Je demande tout de même à Maxime, un jeune volontaire français venu m’accompagner dans les bidonvilles, de filer au foyer me chercher ma petite sacoche et je propose à Darwin d’implorer l’aide de la Vierge Marie en méditant ensemble les mystères du Rosaire. Il acquiesce immédiatement.

Je sors mon chapelet, embrasse la Croix et l’approche des lèvres de Darwin. Puis je mets sa main dans la mienne et place la première petite perle de bois entre son pouce et son l’index. Je commence alors à prier la longue série des « Notre Père » et des « Je Vous salue Marie » à haute voix, tandis qu’il accompagne les invocations en silence du bout de ses lèvres asséchées par le tube.

Par moments, il semble perdre le fil de notre litanie et fixe avec anxiété le plafond, puis reprend le cours de la prière en serrant avec force ma main dans la sienne. Je fais glisser le chapelet grain après grain entre ses doigts en ayant du mal à contenir mon émotion. Jamais je n’ai prié Notre Dame avec une telle certitude qu’Elle se tient là, à nos côtés, attentive à l’espérance que contient chacun de ces mots répétés inlassablement.

Maxime réapparaît avec ma précieuse sacoche et je me prépare à administrer les derniers Sacrements. Darwin me dévisage avec conviction et fixe à nouveau le plafond en fronçant les sourcils. Son regard est désormais empreint de détermination, malgré l’angoisse. Le combat est intense, mais il sait qu’il est déjà gagné.

En lisant les prières qui accompagnent les mourants, je réalise à quel point la réponse du Christ au mystère scandaleux du mal est avant tout une réponse d’amour. Le poète Paul Claudel dit que le Christ est venu emplir ce scandale de sa présence et ses mots prennent une intensité particulière appliqués au petit corps sans force de Darwin.

Dieu pourrait arrêter immédiatement ce combat et libérer notre garçon. Il a ce pouvoir mais cela réduirait l’action divine à une démonstration de puissance. Il est tout-puissant, certes, mais sa puissance est d’abord et avant tout une puissance d’amour à laquelle il veut nous associer. Le mystère demeure mystérieux et le scandale scandaleux, toutefois nous savons à quel point l’amour sur cette terre est intimement uni à la souffrance. Darwin est un nouveau « témoin » (dont l’étymologie est similaire au mot martyr), à la suite d’une foule innombrable de saints.

L’extrême-onction s’achève bientôt. Il ne me reste plus qu’à lui donner une dernière bénédiction mais l’émotion m’envahit tout à coup et je n’arrive pas à retenir mes larmes. J’essaie sans succès de les cacher mais Darwin tourne immédiatement son regard vers moi en entendant les sanglots dans ma voix. Il me regarde longuement sans rien dire, avec cet air anxieux qui ne le quitte pas. Il est au coeur du combat. Il ne faut pas flancher.

En refermant mon petit rituel, je me souviens à quel point Darwin préférait parler de sa « mission » plutôt que de se lamenter sur l’évolution inexorable de sa maladie. D’aucuns pourraient se demander légitimement la signification d’une vie comme celle de ce jeune myopathe, coincé toutes ces années dans son fauteuil roulant sans pouvoir prétendre à un avenir quelconque aux yeux du monde. Sa valeur apparaît pourtant indiscutable devant ce petit corps affaibli qui mène le combat des Grands. Inexplicable, mais manifeste. L’âme de Darwin est tellement épurée de tout ce qui nous aveugle qu’elle n’est réduite qu’à sa simple vocation : aimer. Aimer jusqu’au bout. Il l’avait d’ailleurs compris lui-même il y a quelques années en me disant qu’il devait tenir jusqu’au bout, à l’image du Christ.

Darwin n’est pas apaisé. Il continue de fixer de temps en temps le plafond avec une angoisse qui se lit encore sur son visage. Mais elle doit parfois laisser place à la détermination de son regard. Le combat n’est pas fini, il est pourtant gagné et le piège s’est retourné contre l’ennemi. Le démon lance un dernier assaut contre une forteresse imprenable. Imprenable parce que faible et fragile.

Assaut désespéré...

 

Extrait de « Plus fort que les ténèbres », Père Matthieu Dauchez, Editions Artège, 2015.

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Le Serviteur de Dieu Darwin Ramos

Le petit Philippin maître de joie

 

Darwin Ramos naît le 17 décembre 1994 dans une famille très pauvre de Manille (Philippines). Il est contraint de mendier dans la rue pour subvenir aux besoins de sa famille, malgré une maladie qui atrophie ses muscles et qui l’empêche rapidement de se tenir debout.

En 2006, il est accueilli par l’association ANAK-Tnk qui œuvre pour les enfants de la rue. Il est baptisé le 23 décembre, puis reçoit la Première Communion et la Confirmation un an plus tard. Darwin fait preuve d’une foi simple mais profonde, ancrée dans la prière et l’action de grâce. Il vit sa maladie dans une réelle union avec le Christ en Croix et dans une grande espérance. Il rayonne de joie et réconforte les enfants de ANAK-Tnk.

Le 16 septembre 2012, sa maladie s’aggrave. Il vit alors une véritable Semaine Sainte : le jeudi, un combat spirituel, le vendredi, il écrit dans une grande paix : « Un immense merci. Je suis très heureux ». Après un samedi silencieux, il meurt le dimanche 23 septembre 2012. Sa cause de béatification a été ouverte.

 

Prière pour la béatification du Serviteur de Dieu Darwin Ramos

 

Ô Dieu de toute Joie, Père, Fils et Saint Esprit, Tu ne laisses jamais seuls ceux qui sont dans l’épreuve. Nous Te rendons grâce de nous avoir donné, en Darwin Ramos, enfant de la rue, un modèle lumineux de vie chrétienne. Dans sa brève existence, Tu lui as donné la grâce d’une foi simple et inébranlable, d’une espérance joyeuse dans la maladie, d’une charité constante pour le prochain. Nous Te demandons la glorification sur terre de ton serviteur Darwin, afin que les jeunes et les malades puissent trouver en lui un maître de Joie. Par son intercession, exauce notre prière (la formuler ici…). Nous Te le demandons par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Amen. Notre Père/Je vous salue Marie/Gloire au Père.

 

Imprimatur : Mgr. Honesto F. Ongtioco, évêque de Cubao (22 novembre 2018).

 

Pour plus d’infos, relations de grâces

https://darwin-ramos.org

 Facebook : @DarwinRamosAssociation

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7 avril 2020

La Semaine Sainte avec Darwin Ramos

La Semaine Sainte avec Darwin Ramos

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Mercredi Saint

La coupe de gloire

 

Evangile selon Saint Marc (10, 35-40)

 

Jacques et Jean, les fils de Zébédée, s’approchent de Jésus et lui disent : « Maître, ce que nous allons te demander, nous voudrions que tu le fasses pour nous. » Il leur dit : « Que voulez-vous que je fasse pour vous ? » Ils lui répondirent : « Donne-nous de siéger, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ta gloire. » Jésus leur dit : « Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire, être baptisé du baptême dans lequel je vais être plongé ? » Ils lui dirent : « Nous le pouvons. » Jésus leur dit : « La coupe que je vais boire, vous la boirez ; et vous serez baptisés du baptême dans lequel je vais être plongé. Quant à siéger à ma droite ou à ma gauche, ce n’est pas à moi de l’accorder ; il y a ceux pour qui cela est préparé. »

 

Mercredi 19 septembre 2012

 

Darwin semble dormir paisiblement ce matin. Assis contre son petit lit d’hôpital, je suis en train de pomper aussi régulièrement que possible la poire reliée au tube coincé dans sa bouche. J’ai remplacé Jayson, un jeune qui nous a rejoint depuis trois ans déjà. Il a vécu l’enfer de la rue : drogue, prostitution, délinquance, mais avec l’aide de la Fondation et une volonté de fer, il a réussi à se relever. Il a repris ensuite ses études et rêve aujourd’hui de devenir à son tour éducateur de rue pour aider les enfants qui, comme lui, ont vécu le rejet et l’abandon. Jayson a choisi le créneau de nuit à l’hôpital. Il est resté aux côtés de notre jeune patient pendant quatre heures. Ankylosé par ce long moment de veille, il est sorti quelques instants pour se dégourdir les jambes.

Je regarde le visage de Darwin et me réjouis de le voir si tranquille. Il ne fronce p, ne secoue pas les sourcils, ne secoue pas non plus la tête comme la veille et s’oxygène régulièrement au rythme de l’assistance respiratoire. Il semble donc bien s’être habitué à ce corps étranger dans la gorge. Plus fortement cependant, je ressens cette paix extérieure comme l’expression de celle, profonde et intérieure, qui lui donne la grâce une fois encore d’accepter avec résignation sa condition physique. Darwin a toujours accueilli sans fatalité l’évolution de sa maladie qu’il appelle sa mission. Son infirmité et ses souffrances ont un sens, il le sait.

Je me souviens de ce jour où, au cours d’une discussion, Darwin m’avait dit :

- Vous savez, mon Père, je crois que Jésus veux que je tienne jusqu’au bout, comme Lui.

Il exprimait ainsi de manière édifiante, la compréhension qu’il avait de sa « mission » et marchait avec Celui qui a souffert comme lui. Et s’il n’avait aucune idée du chemin qu’il devait prendre, il avait toujours la conviction qu’il devait avancer sans se décourager, appuyé sur le bâton de la persévérance, côte à côte avec le Christ.

Darwin ouvre sans peine les yeux et m’aperçoit. Il ne peut dire un mot mais son sourire, gêné par le tube et pourtant si expressif, m’offre une salutation chaleureuse qui me rassure. Il va plutôt bien. Il ne semble pas trop souffrir et est heureux de notre présence à ses côtés.

Il essaie de me dire quelque chose. Je regarde donc avec attention ses lèvres pour saisir le sens des mots qu’il prononce sans pouvoir émettre de son.

- Comment allez-vous ? Articule-t-il doucement.

Sa question a quelque chose d’étrange tant notre attention est focalisée sur son état à lui.

- J’irais mieux si tu voulais bien sortir de l’hôpital.

Il y a volontairement un ton un peu taquin dans ma réponse. Darwin esquisse un sourire amusé et tourne sa tête vers la petite table à côté de lui où il m’a vu poser une petite boite en entrant. Elle l’intrigue car il aimerait bien savoir ce qu’elle contient.

- Je t’ai apporté une surprise, lui dis-je.

Et sans attendre, j’ouvre le paquet et en sors un petit lecteur vidéo et quelques disques de dessins animés. Son visage s’illumine car les longues heures d’attentes dans ce lit d’hôpital sont interminables. Il va pouvoir se divertir un peu. J’installe le gadget sur ses genoux et mets en route le premier disque. Darwin est captivé par les images mais il me lance tout ce même de temps en temps un œil reconnaissant.

Quant à moi, je le regarde en me demandant de ce que les mois à venir nous réservent et surtout comment nous allons pouvoir nous organiser pour l’accompagner au mieux dans les derniers moments de sa vie.

Entre alors dans la petite officine médicale, sœur Ana-Marie, religieuse Dominicaine polonaise, qui a pris l’habitude depuis quelques mois de venir enseigner le catéchisme aux enfants handicapés mentaux de la Fondation. Elle vient les voir une fois par semaine et m’accompagne aussi régulièrement dans les bidonvilles lors de mes visites hebdomadaires. Darwin l’aperçoit dans l’encadrement de la porte et oubliant son petit film, ne la quitte plus des yeux. Il semble tellement heureux de sa visite.

S’approchant de lui, elle l’embrasse et lui met dans la main une statuette en plastique de la Vierge Marie et dans l’autre un chapelet. Elle pose ensuite une image du Saint Pape Jean Paul II sur la petite table où sont entassées les boites de médicaments.

- Notre maman du Ciel et son Pape vont bien veiller sur toi. Sais-tu qu’il est originaire de mon pays ? Et sans lui laisser le temps d’acquiescer, elle continue : il a été très malade aussi, il sait ce que veut dure le mot souffrance, il va t’aider.

Elle s’assoit de l’autre côté du lit et entame une discussion avec le jeune patient muet qui l’écoute avec attention. Il la dévore des yeux et semble goûter chacun de ses mots.

La paix de son âme m’impressionne. Saint Vincent de Paul disait que le malade est comme une jauge avec laquelle vous pouvez sonder et savoir le plus assurément quelle est la vertu de tout un chacun. Appliquée à notre jeune myopathe, il faut alors parler de la mesure de toute une vie. Darwin édifie toujours ceux qui le rencontrent par la force qui émane de lui au travers de sa faiblesse. Dans les derniers moments de sa vie, il ne déroge pas à la règle et montre encore et toujours cette extraordinaire sérénité, reflet de la confiance qu’il a placée dans Celui qui donne le sens et la fin de sa « mission ».

« Merci » et « je t’aime » sont les deux expressions que Darwin aura prononcées le plus souvent dans sa vie. Deux formules toutes simples, usuelles et parfois vidées de leur substance dans un monde qui a tourné le dos à la relation pour s’asservir dans la compétition, mais des mots qui prennent une intensité toute particulière dans la souffrance.

Je contemple cette scène pleine de complicité entre le jeune garçon et la religieuse en habit blanc.

Après une bonne demi-heure de discussion rythmée par les histoires enflammées de sœur Ana-Marie et les sourires approbateurs du jeune patient, la Dominicaine s’excuse et nous quitte pour rejoindre son couvent à l’est de la ville. Darwin la suit du regard jusqu’à la porte puis se tourne vers moi sans perdre son sourire. Il vient de vivre la grâce toute simple d’une visite, baume de compassion qui tord le cou de l’indifférence. La Sainte de Calcutta, disait que la solitude était le mal de notre siècle, son remède réside assurément dans ces gestes anodins mais pleins d’amour, graines de consolation.

« Accepter l’autre qui souffre signifie, en effet, assumer en quelques manières sa souffrance, de façon qu’elle devienne aussi la mienne. Mais parce que maintenant elle est devenue souffrance partagée, dans laquelle il y a la présence d’un autre, cette souffrance est pénétrée par la lumière de l’amour. La parole latine con-solatio, consolation, l’exprime de manière très belle, suggérant un être-avec dans la solitude, qui n’est alors plus solitude » (Benoît XVI, Spe Salvi).

Darwin ferme les yeux et s’endort.

 

Extrait de « Plus fort que les ténèbres », Père Matthieu Dauchez, Editions Artège, 2015.

 

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Le Serviteur de Dieu Darwin Ramos

Le petit Philippin maître de joie

 

Darwin Ramos naît le 17 décembre 1994 dans une famille très pauvre de Manille (Philippines). Il est contraint de mendier dans la rue pour subvenir aux besoins de sa famille, malgré une maladie qui atrophie ses muscles et qui l’empêche rapidement de se tenir debout.

En 2006, il est accueilli par l’association ANAK-Tnk qui œuvre pour les enfants de la rue. Il est baptisé le 23 décembre, puis reçoit la Première Communion et la Confirmation un an plus tard. Darwin fait preuve d’une foi simple mais profonde, ancrée dans la prière et l’action de grâce. Il vit sa maladie dans une réelle union avec le Christ en Croix et dans une grande espérance. Il rayonne de joie et réconforte les enfants de ANAK-Tnk.

Le 16 septembre 2012, sa maladie s’aggrave. Il vit alors une véritable Semaine Sainte : le jeudi, un combat spirituel, le vendredi, il écrit dans une grande paix : « Un immense merci. Je suis très heureux ». Après un samedi silencieux, il meurt le dimanche 23 septembre 2012. Sa cause de béatification est en cours d'instruction.

 

Prière pour la béatification du Serviteur de Dieu Darwin Ramos

 

Ô Dieu de toute Joie, Père, Fils et Saint Esprit, Tu ne laisses jamais seuls ceux qui sont dans l’épreuve. Nous Te rendons grâce de nous avoir donné, en Darwin Ramos, enfant de la rue, un modèle lumineux de vie chrétienne. Dans sa brève existence, Tu lui as donné la grâce d’une foi simple et inébranlable, d’une espérance joyeuse dans la maladie, d’une charité constante pour le prochain. Nous Te demandons la glorification sur terre de ton serviteur Darwin, afin que les jeunes et les malades puissent trouver en lui un maître de Joie. Par son intercession, exauce notre prière (la formuler ici…). Nous Te le demandons par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Amen. Notre Père/Je vous salue Marie/Gloire au Père.

 

Imprimatur : Mgr. Honesto F. Ongtioco, évêque de Cubao (22 novembre 2018).

 

Pour plus d’infos, relations de grâces

https://darwin-ramos.org

 

Facebook : @DarwinRamosAssociation

6 avril 2020

La Semaine Sainte avec Darwin Ramos

La Semaine Sainte de Darwin Ramos

 

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Mardi Saint

Le Chant du coq

 

Évangile selon Saint Jean (13, 21-33, 36-38)

 

À l’heure où Jésus passait de ce monde à son père, au cours du repas qu’il prenait avec ses disciples, il fut bouleversé en son esprit, et il rendit ce témoignage : « Amen, amen, je vous le dis : l’un de vous me livrera. » Les disciples se regardaient les uns les autres avec embarras, ne sachant pas de qui Jésus parlait. Il y avait à table, appuyé contre Jésus, l’un de ses disciples, celui que Jésus aimait. Simon-Pierre lui fait signe de demander à Jésus de qui il veut parler. Le disciple se penche donc sur la poitrine de Jésus et lui dit : « Seigneur, qui est-ce ? » Jésus lui répond : « C’est celui à qui je donnerai la bouchée que je vais tremper dans le plat. » Il trempe la bouchée, et la donne à Judas, fils de Simon l’Iscariote. Et, quand Judas eut pris la bouchée, Satan entra en lui. Jésus lui dit alors : « Ce que tu fais, fais-le vite. » Mais aucun des convives ne comprit pourquoi il lui avait dit cela. Comme Judas tenait la bourse commune, certains pensèrent que Jésus voulait lui dire d’acheter ce qu’il fallait pour la fête, ou de donner quelque chose aux pauvres. Judas prit donc la bouchée, et sortit aussitôt. Or il faisait nuit. Quand il fut sorti, Jésus déclara : « Maintenant le Fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui. Si Dieu est glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera ; et il le glorifiera bientôt. Petits enfants, c’est pour peu de temps encore que je suis avec vous. Vous me chercherez, et, comme je l’ai dit aux Juifs : “Là où je vais, vous ne pouvez pas aller”, je vous le dis maintenant à vous aussi. Simon-Pierre lui dit : « Seigneur, où vas-tu ? » Jésus lui répondit : « Là où je vais, tu ne peux pas me suivre maintenant ; tu me suivras plus tard. » Pierre lui dit : « Seigneur, pourquoi ne puis-je pas te suivre à présent ? Je donnerai ma vie pour toi ! » Jésus réplique : « Tu donneras ta vie pour moi ? Amen, amen, je te le dis : le coq ne chantera pas avant que tu m’aies renié trois fois.

 

Mardi 18 septembre 2012

 

En passant les portes de l’hôpital, je suis bien décidé à extirper des informations aux médecins pour en savoir plus sur l’état de santé de Darwin. Le vocabulaire médical est parfois opaque, reflet de l’impuissance inavouée des descendants d’Hippocrate devant la maladie. Ils m’ont dit hier que notre petit malade resterait intubé jusqu’à « la fin » et ce mot m’effraie. La fin ? La mort veulent-ils dire. Mais à défaut de pouvoir l’éviter, j’aimerais tant maîtriser, suivant en cela la tentation multimillénaire de l’orgueil humain.

 

J’aperçois dans un petit couloir la jeune femme médecin qui avait tenté d’adoucir les mots de sa désagréable collègue.

- Pardon de vous déranger encore, mais j’aimerais avoir quelques précisions à propos de mon jeune patient.

- Oui bien sût mon Père, je suis là pour ça.

- Soyez franche, s(il vous plaît, est-il en danger immédiat ?

- En fait, c’est difficile à dire, probablement non. Avec l’assistance respiratoire dont on vous a parlé, cela peut durer encore de longs mois.

 

La perspective de devoir accompagner Darwin pour si un long crépuscule n’est pas réjouissante et pourtant ces mots me rassurent. J’ai l’impression qu’ils nous accordent un précieux répit. Les maladies incurables sont comme des épées de Damoclès au-dessus de la tête. Le compte à rebours se met en route et le temps semble mettre à l’épreuve l’intensité de chaque moment vécu. On voudrait rallonger chaque minute pour leur donner plus de profondeur, de beauté, d’authenticité. On aimerait alors percer le mystère de l’éternité.

Je m’approche de la petite salle où Darwin est allongé au milieu d’instruments médicaux et de boites de médicaments. Il n’y a toujours pas de lits disponibles en soins intensifs et cette petite officine permet aux infirmiers de l’avoir constamment à l’oeil. Je suis d’ailleurs plutôt satisfait de cette situation d’exception car, non seulement notre patient est immanquablement surveillé par le va-et-viens du personnel médical mais surtout, contrairement aux autres chambres où les patients sont entassés parfois par dizaine, elle nous donne le luxe d’être seuls avec lui sans oreille indiscrète et sans ce regard lourd et indélicat que beaucoup posent encore sur le handicap.

Darwin dort. Ce n’est pas un sommeil apaisé car il secoue de temps en temps la tête, gêné par le tube qui irrite sa trachée-artère. Elmar, l’un de ses « grands frères de la rue » arrivé en même temps que lui à la Fondation, veille fidèlement, pressant mécaniquement et le plus régulièrement possible la poire de respiration. Je suis touché par cette scène toute simple qui reflète de manière émouvante l’atmosphère familiale de la Fondation. Les enfants viennent tous de la rue avec des histoires dramatiques, ayant pour la plupart du temps quitté le foyer familial très jeunes pour fuir les violences ou les abus sexuels. Ce sont des êtres très profondément blessés. Mais leurs coeurs restent assoiffés d’un grand amour à donner et à recevoir. La Fondation facilite cette résurrection en leur offrant un cadre où ils apprennent à s’aimer comme des frères et sœurs.

En contemplant cette scène, je me remémore l’échange étonnant que j’ai eu quelques mois auparavant avec Jerriel, un jeune adolescent qui a trouvé refuge à la Fondation alors qu’il avait 5 ans à peine. Il me disait sa souffrance d’être raillé par l’un de ses camarades de classe qui l’avait affublé du sobriquet de Batang ampunan en tagalog, ce qui se traduit littéralement par « enfant d’orphelinat ».

 

- Tu ne devrais pas être vexé par ces mots, lui avais-je alors dit pour tenter de l’apaiser, tu devrais en être fier au contraire car la Fondation c’est ta famille en quelque sorte.

Jerriel me quitta sans paraître vraiment convaincu après mon argumentaire. Pourtant il revint quelques jours après victorieux.

- Mon Père, il s’est encore moqué de moi.

- Ah bon, mais qu’as-tu dit ?

- Je lui ai demandé combien de frères et de sœurs il avait. Il m’a dit quatre.

Et gonflant fièrement la poitrine, il continua :

- … alors je l’ai regardé et je lui ai dit : « Eh bien moi, j’en ai deux cent soixante-quinze ! »

 

J’avais alors été profondément touché par cette fierté toute légitime de Jerriel qui me montrait à quel point il avait adopté la fondation comme nouvelle famille. En voyant Elmar s’occuper de Darwin je ressens à nouveau cette joie intense de les sentir unis comme de vrais frères.

Darwin ouvre péniblement les yeux. Il fixe le plafond un long moment, comme si, réalisant à nouveau sa situation, il prenait le temps de l’accepter, de s’abandonner à nouveau. Il jette un coup d’oeil rapide vers Elmar, son bon samaritain, puis tourne la tête vers moi. Ses yeux sont perçants, ses deux billes noires étant désormais son unique moyen d’expression. Il pose sur moi son regard longuement, minutieusement même, cherchant à savoir si je ne lui cache pas d’autres mauvaises nouvelles, puis me fait signe d’approcher en bougeant son pouce. Je m’assied sur le bord de son petit lit et prends un air interrogatif en haussant les sourcils pour savoir ce qu’il veut. Darwin me regarde, esquisse un sourire discret, puis il regarde à nouveau vers le plafond tout en serrant autant qu’il peut ma main entre son pouce et son index. Il ne veut rien de particulier, simplement que je sois là, assis à ses côtés. Inutile de lui murmurer des paroles réconfortantes, c’est une présence qu’il désire, un silence qui dise quelque chose de la sympathie que j’aimerais tant lui exprimer : porter sa souffrance avec lui, le soulager de cette croix, l’apaiser.

Et pourtant, témoin impuissant de l’un des plus grands scandales que le monde connaisse, ce mal qui s’abat sur des enfants innocents, je ressens curieusement au fond de mes tripes un sentiment partagé. J’aimerais que Darwin ressente l’affection que j’ai pour lui, et c’est tout son être à lui qui transpire l’amour. J’aimerais qu’il puise chez moi un peu de courage, et je sens en lui une grandeur d’âme contagieuse. J’aimerais être un soutien dans son épreuve, il est une source d’inspiration. Sa faiblesse devient ma force.

Un infirmier entre sans nous adresser la parole, ni même nous regarder. Il jette un coup d’oeil à la perfusion, tourne un peu la manette pour que les gouttes de Dextrose s’écoulent plus rapidement puis attrape le carnet de notes dans lequel sont consignées, jour après jour, toutes les interventions du corps médical. Je contemple cette scène avec un certain malaise. Il est là, devant nous, mais complètement absent.

J’ai compris quelques minutes auparavant, grâce à Darwin, la puissance magnifique d’une simple présence, même silencieuse, et je réalise par cette simple scène à laquelle j’assiste, à quel point l’absence, son antonyme, peut-être si destructrice, vecteur de l’indifférence. Notre amour est manifesté par des petits gestes insignifiants, des regards posés, des paroles. Notre indifférence, quant à elle, se propage par les omissions innombrables de ces signes discrets qui ont pourtant valeur d’éternité.

Darwin ne peut plus parler. Il a non plus la force de serrer ceux qu’il aime dans ses bras. Il lui reste encore son regard dont la portée va bien au-delà d’une simple vision des choses qui l’entourent. Notre jeune paralysé n’a plus d’autres occupations sur son petit lit d’hôpital que de laisser son coeur aimer. Et les deux petites pupilles noires de ses yeux, dernier pont de communication avec le monde extérieur, ne se privent pas d’exprimer avec force et profondeur tout l’amour qui emplit son coeur d’enfant. Cet amour muet est un curieux mystère mais il est palpable.

Dans la petite officine d’un hôpital de Manille, au beau milieu d’un tourbillon médical, s’élève un chant d’amour, un hymne silencieux que l’oreille n’entend pas mais le coeur, lui, reconnaît avec certitude.

 

Extrait de « Plus fort que les ténèbres », Père Matthieu Dauchez, Editions Artège, 2015.

 

Darwin-Ramos Ciel

 

Le Serviteur de Dieu Darwin Ramos

Le petit Philippin maître de joie

 

Darwin Ramos naît le 17 décembre 1994 dans une famille très pauvre de Manille (Philippines). Il est contraint de mendier dans la rue pour subvenir aux besoins de sa famille, malgré une maladie qui atrophie ses muscles et qui l’empêche rapidement de se tenir debout.

En 2006, il est accueilli par l’association ANAK-Tnk qui œuvre pour les enfants de la rue. Il est baptisé le 23 décembre, puis reçoit la Première Communion et la Confirmation un an plus tard. Darwin fait preuve d’une foi simple mais profonde, ancrée dans la prière et l’action de grâce. Il vit sa maladie dans une réelle union avec le Christ en Croix et dans une grande espérance. Il rayonne de joie et réconforte les enfants de ANAK-Tnk.

Le 16 septembre 2012, sa maladie s’aggrave. Il vit alors une véritable Semaine Sainte : le jeudi, un combat spirituel, le vendredi, il écrit dans une grande paix : « Un immense merci. Je suis très heureux ». Après un samedi silencieux, il meurt le dimanche 23 septembre 2012.

 

Prière pour la béatification du Serviteur de Dieu Darwin Ramos

 

Ô Dieu de toute Joie, Père, Fils et Saint Esprit, Tu ne laisses jamais seuls ceux qui sont dans l’épreuve. Nous Te rendons grâce de nous avoir donné, en Darwin Ramos, enfant de la rue, un modèle lumineux de vie chrétienne. Dans sa brève existence, Tu lui as donné la grâce d’une foi simple et inébranlable, d’une espérance joyeuse dans la maladie, d’une charité constante pour le prochain. Nous Te demandons la glorifi cation sur terre de ton serviteur Darwin, afi n que les jeunes et les malades puissent trouver en lui un maître de Joie. Par son intercession, exauce notre prière (la formuler ici…). Nous Te le demandons par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Amen. Notre Père/Je vous salue Marie/Gloire au Père.

 

Imprimatur : Mgr. Honesto F. Ongtioco, évêque de Cubao (22 novembre 2018).

 

Pour plus d’infos, relations de grâces

https://darwin-ramos.org

 

Facebook : @DarwinRamosAssociation

5 avril 2020

La Semaine Sainte avec Darwin Ramos

La Semaine Sainte avec Darwin Ramos

 

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Lundi Saint

Le parfum de nard

 

Evangile selon Saint Jean (12, 1-11)

 

Six jours avant la Pâque, Jésus vint à Béthanie où habitait Lazare, qu’il avait réveillé d’entre les morts. On donna un repas en l’honneur de Jésus. Marthe faisait le service, Lazare était parmi les convives avec Jésus. Or, Marie avait pris une livre d’un parfum très pur et de très grande valeur ; elle versa le parfum sur les pieds de Jésus, qu’elle essuya avec ses cheveux ; la maison fut remplie de l’odeur du parfum. Judas Iscariote, l’un de ses disciples, celui qui allait le livrer, dit alors : « Pourquoi n’a-t-on pas vendu ce parfum pour trois cents pièces d’argent, que l’on aurait données à des pauvres ? » Il parla ainsi, non par souci des pauvres, mais parce que c’était un voleur : comme il tenait la bourse commune, il prenait ce que l’on y mettait. Jésus lui dit : « Laisse-la observer cet usage en vue du jour de mon ensevelissement ! Des pauvres, vous en aurez toujours avec vous, mais moi, vous ne m’aurez pas toujours. » Or, une grande foule de Juifs apprit que Jésus était là, et ils arrivèrent, non seulement à cause de Jésus, mais aussi pour voir ce Lazare qu’il avait réveillé d’entre les morts. Les grands prêtres décidèrent alors de tuer aussi Lazare, parce que beaucoup de Juifs, à cause de lui, s’en allaient, et croyaient en Jésus.

 

Lundi 17 septembre 2021

 

Je me réveille avec un nœud au ventre, ayant quitté l’hôpital hier soir sans plus d’informations qu’un laconique : « Il faut attendre l’avis du pneumologue ». J’ai laissé Joseph et Darwin dans cette pièce aux odeurs d’éther le temps d’aller fermer les yeux quelques heures.

Célébrer la Sainte Messe en gardant à l’esprit le regard inquiet de Darwin donne un relief particulier au Sacrifice renouvelé. « Nous T’offrons pour eux un relief particulier pour eux-mêmes et tous les leurs ce Sacrifice de louange ». La messe achevée, je dois passer par le centre d’accueil de la Fondation avant de retourner les voir à l’hôpital.

Coup de téléphone. C’est Joseph qui me dit que les médecins demandent à me parler rapidement.

 

- Pourquoi ? Que se passe-t-il ? Un problème ? Comment va Darwin ?

- Ils veulent envisager avec vous une possible intubation.

- Ah bon ? Dis-leur que je sera là dans une heure.

- Non je crois qu’il faut venir tout de suite, il y a une certaine urgence, ils vont vous expliquer.

 

Je ne pose pas plus de questions et file immédiatement à l’hôpital. Je reconnais un des gardes qui travaillait il y a quelques années sur la paroisse où je réside, un sanctuaire marial le long du périphérique. Il me salue avec un grand sourire et je me dirige vers la salle des urgences où j’ai laissé mon jeune patient et son « ange gardien » la veille. Mais le garde m’arrête et m’oriente de l’autre côté, vers le bureau des infirmiers. Il n’y avait plus de place aux soins intensifs et comme l’état de Darwin nécessite un suivi très serré, ils l’ont tout simplement installé au beau milieu de leur petite officine qui sert surtout de réserve de médicaments et de compresses.

J’entre, non sans une certaine émotion que j’essaie tant bien que mal de dissimuler, car je ne veux pas que Darwin sente mon inquiétude. Le petit corps atrophié, dont les forces ont faibli petit à petit depuis toutes ces années, est abandonné de tout son poids sur le lit d’hôpital. Darwin est entouré de trois infirmières qui vérifient sa tension et s’assurent que la perfusion est bien en place, mais aucun médecin en vue. Il est toujours aussi pâle, mais semble toutefois avoir retrouvé une respiration plus confortable grâce à l’assistance respiratoire manuelle. Il se laisse faire sans broncher et réclame juste de temps en temps d’être changé de position quand l’immobilité de son corps le gêne. Cela demande à celui qui le garde une certaine habileté et une vraie robustesse car Darwin, malgré sa maigreur terrifiante, pèse le poids surprenant d’un corps sans prise.

Christian, un autre infirmier de la Fondation, a remplacé Joseph pour quelques heures. Il est aux côté de notre jeune myopathe et c’est lui qui presse à intervalles réguliers cette grosse poire en caoutchouc qui accompagne le mouvement affaibli des poumons.

Darwin m’aperçoit et fait une moue gênée que je fais mine d’ignorer. Je l’embrasse sur le front et soulève yb instant le masque en plastique qui recouvre sa bouche et le relie à l’assistance respiratoire.

 

- Comment te sens-tu ?

- Je suis tellement désolé, me dit-il aussitôt.

- Ben parce que je te crée des ennuis. Tu as plein de choses à faire et je te fais perdre ton temps en te faisant venir à l’hôpital. Pardonne-moi.

 

Je suis médusé par ses mots. Il porte sur son visage la souffrance et la vit dans sa chair, mais oublie sa peine pour se soucier de mes petites épines dont le piquant s’évanouit pourtant devant la noblesse de sa croix.

Christian me dit que les médecins m’attendent au service de pneumologie qui se situe de l’autre côté du bâtiment, non loin de l’entrée. Il m’accompagne en prenant soin de confier à un infirmier la précieuse poire de respiration.

Un groupe de quatre femmes médecins nous attend effectivement. La plus corpulente, sans prendre la peine de me saluer, me dit assez sèchement :

 

- Nous avons besoin de votre autorisation pour procéder à une intubation trachéale.

 

Je suis ahuri par la technicité sans nuance de ces mots dans un moment qui, me semble-t-il, devrait être avant tout teinté d’humanité.

 

- Que voulez-vous dire ?

 

La jeune médecin qui à est sa droite, apparemment plus compatissante, comprend mon imperméabilité à tout vocabulaire spécialisé.

 

- Mon Père, Darwin ne réussit plus à respirer correctement, vous l’avez remarqué, me dit-elle avec une voix douce. Cela fait partie, malheureusement, des étapes irrémédiables de sa maladie. Il inspire l’oxygène à peu près normalement, mais ses poumons affaiblis n’ont plus la force d’expirer le dioxyde de carbone. Du coup, ce qui devrait être rejeté naturellement par la bouche s’évacue par le sang et c’est en train de l’empoisonner.

- Il est en danger ?

- Si on attend, oui. Le manque d’oxygène est important, c’est pour cela qu’il faut l’assister.

- Mais pourquoi l’intuber, un masque ne suffit-il pas ?

- Non malheureusement. D’ailleurs il faut que vous sachiez…

 

Elle jette un regard furtif à sa collège comme si elle craignait d’en dire trop.

- Quoi ?…. Qu’y a-t-il ?

- Il faut que vous sachiez que c’est peut-être un étape durable, voire définitive. Nous ne pouvons pas vous assurer qu’une fois le patient intubé, nous serons en mesure un jour de lui retirer la canule. Il n’est pas impossible, vue l’avancée de sa maladie, que Darwin reste ainsi jusqu’à la fin.

- Mais avec ce tube, il sera soulagé ? Le danger sera écarté ?

- Il aura une gêne inévitable au début, mais s’y fera vite et il peut continuer de vivre encore longtemps ainsi, si son corps réagit bien.

 

La première pneumologie, toujours aussi revêche et manifestement bien décidée à en rester aux aspects techniques me dit froidement :

- Mais l’hôpital ne dispose pas assez de BIPAP.

- … C’est une machine, un ventilateur mécanique, corrige la jeune avec un air désolé.

- … Il vous faudra utiliser le BAVU.

- … L’insufflateur manuel, reprend comme en écho la collège compatissante.

- Peut-on procéder à l’intubation ? Conclut alors notre despote médical sans la moindre délicatesse.

 

Je reste sans voix car j’ai l’impression de devoir prendre une décision qui ne me revient pas, cette sensation curieuse d’un verdict sans crime.

 

- Laissez-moi lui le temps de lui parler, s’il vous plaît.

 

Je retourne en silence vers la petite officine pour retrouver Darwin. Christian, à mes côtés, ne dit pas un mot percevant sans difficulté ma confusion. Mille pensées défilent dans ma tête : « Je ne veux pas qu’il souffre », « Il va falloir organiser des gardes avec les grands adolescents de la Fondation », « comment lui expliquer ? », « sont-ils si sûrs qu’il n’y a pas d’autres solutions ? »…

Je m’arrête à la porte de la petite pièce qui lui sert de chambre pour reprendre mon souffle et surtout entrer avec un visage qui ne respire plus l’inquiétude.

En entrant, Darwin m’offre un beau sourire mais lit sans difficulté malgré mes efforts le trouble dans mes yeux. Il ne dit pourtant rien et continue de poser son regard sur moi.

 

- Darwin, je viens de parler aux médecins…

Il reste silencieux.

-… Il me disent que tes poumons sont fatigués et qu’ils ont besoin d’être assistés. Il va falloir introduire un tube jusqu’à tes poumons le temps qu’ils libèrent une machine.

 

Une petite crainte se lit sur son visage, mais il ne dit rien.

- Ça va être un peu gênant pour toi au début et tu ne pourras pas marcher tant que tu auras ce truc dans la bouche, mais il faut que tu l’acceptes.

- Pourquoi un tube ? Le masque, comme ça, c’est pas pareil ?

- D’après eux, non. Tu sais, Darwin, ils savent ce qu’ils font.

- J’ai pas envie, j’ai peur, me dit-il avec des yeux suppliants.

- Il faut que tu mes fasses confiance.

 

Il reste silencieux. Ses yeux balaient la pièce, avec un regard angoissé.

Les médecins entrent comme des bourreaux à l’heure d’une exécution. L’atmosphère est pesante. Ils s’approchent de Darwin et attendent mon signal pour l’endormir. Mon petit protégé tourne la tête vers moi et fait un « non » de la tête. Je m’approche de lui et soulève un peu sa tête qui ne tient plus toute seule.

- S’il te plaît, Darwin, il le faut.

 

Il reste fixé sur moi, ignorant les médecins. Ses yeux s’embuent. Il hoche légèrement la tête et sans me quitter du regard il me dit :

- Je sais qu’il le faut. Je te crois.

 

Les médecins n’attendent pas une seconde de plus. Ils injectent un produit dans le cathéter et je vois aussitôt les paupières de Darwin s’alourdir. Je repose doucement sa tête sur l’oreiller et les médecins s’affairent séance tenante.

La canule en place, une infirmière s’avance pour poser quelques sparadraps qui la maintiendront tant bien que mal dans la position la moins inconfortable possible pour le jeune patient. Et la poire de nouveau fixée sur le dispositif reprend son rythme régulier avec le bruit d’un ballon qui se gonfle et se dégonfle sans cesse.

Après quelques trop courtes minutes, le jeune patient se réveille non sans un certain désarroi. Il sent une gêne terrible et fait quelques mouvements de la gorge pour se débarrasser de ce tube indésirable. Mais très vite il comprend qu’il n’y a rien à faire. Quelques petites larmes discrètes glissent sur ses joues.

Je lui tiens la main pour lui exprimer ma compassion. Elle est sincère et mes tripes sont remuées de le voir se débattre ainsi. Il me fixe à nouveau du regard. Je m’approche alors de son visage.

 

- Darwin, je suis désolé. Je suis si désolé.

 

Mais il fronce aussitôt les sourcils en signe de désaccord et fait non de la tête, puis esquisse un petit sourire malgré le tube incommodant et ses yeux mouillés. Le « non » qu’il oppose à mon chagrin, est un « oui » qu’il offre à son épreuve. Il l’accepte. Il s’abandonne.

Ému, je sors une minute dans le couloir. Mes larmes montent immédiatement puis coulent sans discontinuer.

Je viens de réaliser que je n’entendrai plus sa voix.

 

Extrait de « Plus fort que les ténèbres », Père Matthieu Dauchez, Editions Artège, 2015.

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Le Serviteur de Dieu Darwin Ramos

Le petit Philippin maître de joie

(1994-2012)

 

Darwin Ramos naît le 17 décembre 1994 dans une famille très pauvre de Manille (Philippines). Il est contraint de mendier dans la rue pour subvenir aux besoins de sa famille, malgré une maladie qui atrophie ses muscles et qui l’empêche rapidement de se tenir debout.

En 2006, il est accueilli par l’association ANAK-Tnk qui œuvre pour les enfants de la rue. Il est baptisé le 23 décembre, puis reçoit la Première Communion et la Confirmation un an plus tard. Darwin fait preuve d’une foi simple mais profonde, ancrée dans la prière et l’action de grâce. Il vit sa maladie dans une réelle union avec le Christ en Croix et dans une grande espérance. Il rayonne de joie et réconforte les enfants de ANAK-Tnk.

Le 16 septembre 2012, sa maladie s’aggrave. Il vit alors une véritable Semaine Sainte : le jeudi, un combat spirituel, le vendredi, il écrit dans une grande paix : « Un immense merci. Je suis très heureux ». Après un samedi silencieux, il meurt le dimanche 23 septembre 2012.

 

Prière pour la béatification du Serviteur de Dieu Darwin Ramos

 

Ô Dieu de toute Joie, Père, Fils et Saint Esprit, Tu ne laisses jamais seuls ceux qui sont dans l’épreuve. Nous Te rendons grâce de nous avoir donné, en Darwin Ramos, enfant de la rue, un modèle lumineux de vie chrétienne. Dans sa brève existence, Tu lui as donné la grâce d’une foi simple et inébranlable, d’une espérance joyeuse dans la maladie, d’une charité constante pour le prochain. Nous Te demandons la glorifi cation sur terre de ton serviteur Darwin, afi n que les jeunes et les malades puissent trouver en lui un maître de Joie. Par son intercession, exauce notre prière (la formuler ici…). Nous Te le demandons par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Amen. Notre Père/Je vous salue Marie/Gloire au Père.

 

Imprimatur : Mgr. Honesto F. Ongtioco, évêque de Cubao (22 novembre 2018).

 

Pour plus d’infos, relations de grâces

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4 avril 2020

La Semaine Sainte avec Darwin Ramos

La Semaine Sainte avec Darwin Ramos

 

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Dimanche des Rameaux et de la Passion

 

Evangile selon Saint Marc (11, 1-10).

 

Lorsqu’ils approchent de Jérusalem, vers Bethphagé et Béthanie, près du mont des Oliviers, Jésus envoie deux de ses disciples et leur dit : « Allez au village qui est en face de vous. Dès que vous y entrerez, vous trouverez un petit âne attaché, sur lequel personne ne s’est encore assis. Détachez-le et amenez-le. Si l’on vous dit : “Que faites-vous là ?”, répondez : “Le Seigneur en a besoin, mais il vous le renverra aussitôt.” » Ils partirent, trouvèrent un petit âne attaché près d’une porte, dehors, dans la rue, et ils le détachèrent. Des gens qui se trouvaient là leur demandaient : « Qu’avez-vous à détacher cet ânon ? » Ils répondirent ce que Jésus leur avait dit, et on les laissa faire. Ils amenèrent le petit âne à Jésus, le couvrirent de leurs manteaux, et Jésus s’assit dessus. Alors, beaucoup de gens étendirent leurs manteaux sur le chemin, d’autres, des feuillages coupés dans les champs. Ceux qui marchaient devant et ceux qui suivaient criaient : « Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Béni soit le Règne qui vient, celui de David, notre père. Hosanna au plus haut des cieux ! »

 

Dimanche 16 septembre 2012

 

- Mon Père, venez vite, Darwin ne va pas bien, il respire très mal. Je vais aux urgences.

Je raccroche mon téléphone portable et j’enfile rapidement un pantalon, l’esprit encore un peu embué par ce réveil brusque. Puis j’attrape les clés de ma petite moto et sors du presbytère. Je ne sais pas très bien l’heure qu’il est. Minuit ou une heure du matin peut-être. Peu importe d’ailleurs car il faut aller vite, je le sens. Joseph, l’aide-soignant de la fondation qui accompagne Darwin depuis plus de six ans avait une voix inquiète.

Il ne me faut pas plus d’une dizaine de minutes pour rejoindre l’hôpital en empruntant la grande avenue de Manille. Il y a peu de circulation. C’est un vrai petit miracle pour cette métropole de dix-huit millions d’habitants qui est en agitation constante de jour comme de nuit. Je roule vite, trop vite, je le sais bien, mais j’ai un mauvais pressentiment et je parle tout haut dans mon casque, l’angoisse me prenant aux tripes.

Je prie.

- Parle maintenant, Seigneur, s’il vous plaît. Pas encore. Je ne veux pas le perdre, mon Dieu. Je ne suis pas prêt.

Aux urgences, je gare rapidement mon deux-roues sur le parc de stationnement entre deux ambulances. Puis ignorant les appels du gardiens que je feins de ne pas voir, je m’engouffre parmi les nombreux badauds qui attendent l’appel de leur numéro. La liste est longue, le désordre parlable. C’est un hôpital pour enfants avec cette atmosphère comme un lieu. De nombreux dessins colorés jonchent les murs représentant des personnages de dessins animés. Les scènes joyeuses croquées sur les murs jurent un peu d’ailleurs avec les cris et les pleurs qui règnent dans cette cour des miracles où les parents tentent maladroitement de rassurer leur progéniture sans pour autant réussir à cacher leur propre inquiétude. Chacun s’observe sans rien dire, en échangeant un sourire gêné.

Je m’oriente immédiatement vers les soins intensifs, le ICU (Intensive Care Unit), me doutant bien que c’est là, dans cette grande pièce, que Darwin est soigné. Il est devenu un habitué du lieu. Les médecins le connaissent bien car il a vécu des mois dus à l’inexorable évolution de sa maladie.

Darwin est atteint de la myopathie de Duchenne, maladie incurable qui lui grignote petit à petit toutes ses forces musculaires. Depuis plusieurs années, inéluctablement son corps décline.

En entrant dans la grande salle, je suis pris à la gorge par cette émanation d’éther ou d’alcool qui couvre d’autres odeurs nauséabondes. Il y a une trentaine de lits installés côte à côte, tous occupés par des enfants, dont la plupart sont encore des bébés. Ils ont tous à leurs côtés l’un ou l’autre de leurs parents. Une maman essuie religieusement le front de son enfant endormi avec un sourire plein d’amour. Une autre essaie désespérément d’obtenir plus d’informations auprès d’infirmières dépassées par les événements. Un papa, quelques mètres plus loin, est endormi assis sur une chaise en plastique, son front posé sur ses bras en croix au coin du brancard où est allongé son fils d’une douzaine d’années qui semble dormir d’un sommeil agité.

Assez près de l’entrée, j’aperçois Darwin, seul, les yeux fermés. Les sourcils se froncent par moments, signe discret des intenses douleurs qu’il ressent. Il est allongé sur un lit dont le dossier a été relevé au maximum pour le maintenir dans une position assise. Amaigri par ces années de combat contre la maladie, ses muscles s’éteignent petit à petit. C’est un petit corps affaibli dont il ne reste que la peau sur les os.

Mais la première chose qui me frappe en le voyant, c’est la couleur inhabituelle de sa peau. Elle est jaunâtre. Je m’approche doucement de lui car je ne veux surtout pas le réveiller s’il dort. Je pose mon casque et enlève ma veste. Il ouvre les yeux, m’aperçoit et me fixe aussitôt de ses deux billes noires si expressives. Pas de sourire cette fois-ci. Darwin est grave et son regard inquiet. Surtout il semble respirer très difficilement et par toutes petites secousses. Ses poumons n’ont plus de force.

Joseph, l’aide-soignant, arrive juste après moi. Il revient de la petite pharmacie de l’hôpital où il est allé chercher les premiers médicaments prescrits par le médecin de garde. Il me salue rapidement et jette immédiatement un coup d’oeil complice à Darwin feignant de ne pas voir son inquiétude. Il s’intercale alors entre nous, puis lui tourne le dos et me dis d’une voix à peine audible pour éviter que notre jeune patient n’entende :

- Lorsque je suis arrivé dans le foyer cet après-midi, j’ai vu tout de suite que Darwin était très éteint, peu souriant. Et je le connais mon garçon, s’il ne me montre pas son grand sourire quand je viens le voir, c’est qu’il ne se sent pas bien.

- Tu l’as amené immédiatement ici ?

- Non, car Darwin m’assurait que tout allait bien. Un petite crise passagère seulement, disait-il. Mais, un peu plus tard, lorsque j’ai vu que ça ne s’améliorait pas, j’ai insisté. Je lui ai demandé s’il voulait aller à l’hôpital. Darwin n’a rien dit. Les yeux baissés, il a juste hoché la tête en signe d’acquiescement.

Darwin nous regarde fixement, avec une certaine inquiétude dans les yeux. Je vois bien qu’il cherche en même temps à capter mon regard mais je feins de l’ignorer pour laisser Joseph continuer. Je veux entendre son rapport jusqu’au bout car je crains d’entendre « »la » mauvaise nouvelle, la condamnation des médecins, comme un verdict qui tombe, une sentence sans appel.

- As-tu parlé aux médecins ? Que disent-ils de son état ?

- Ils ne savent pas encore, me répond Joseph. Ils ont fait plusieurs tests et prises de sang. Il essaient de comprendre où en est Darwin dans l’évolution de sa maladie, car il craignent tout de même une nouvelle étape dans sa dégradation. Probablement les poumons qui faiblissent.

Darwin continue inlassablement de remuer avec difficulté son corps affaibli pour attirer notre attention. Je m’approche de lui et lui prends la main, en faisant attention de ne pas toucher la perfusion qui l’alimente en dextrose. Sa main est chaude et il serre ses doigts sur la mienne sans me quitter des yeux, en esquissant, pour la première fois depuis mon arrivée depuis mon arrivée aux urgences, un petit sourire. Notre simple présence semble semble le soulager un peu.

Il ferme de temps en temps les yeux mais ne lâche pas ma main. Joseph s’approche des médecins de garde pour leur soutirer quelques informations supplémentaires mais cela devient un jeu de langages et les termes techniques utilisés, accessibles uniquement aux initiés, se multiplient et se compliquent pour finalement ne dire que l’impuissance des soignants. Il faut attendre le résultat des contrôles et l’avis du pneumologue qui ne reviendra que le lendemain.

Je regarde ce spectacle avec un certain étonnement mêlé de dégoût. Les palabres remplacent l’attention, la technique se substitue aux soins et un snobisme médico-intellectuel détrône petit à petit l’humanité de ces médecins qui semblent pourtant tenir la vie de notre enfant dans leurs mains. À chacun de leurs mots ou de leurs gestes, aussi futiles soient-ils, s’accroche notre espérance. « Ce n’est rien », « une petite infection passagère », « il va pouvoir rentrer très vite à la maison ». Des expressions de rien du tout dont rêvent tous les parents d’enfants malades. Quelques mots tout simples qui ne viennent pas. Il faut attendre. Le surveiller et attendre. Il restera à l’hôpital cette nuit.

Je sens que Darwin me serre la main entre son pouce et son index. Je le regarde et il semble vouloir me dire quelque chose. Ses lèvres bougent un peu. Il parle difficilement à cause de sa respiration irrégulière et je n’entends pas grand-chose mais ses yeux grands ouverts m’interpellent. Il fronce les sourcils comme pour me supplier. Il doit avoir besoin de quelque chose, il a soif peut-être, ou bien mal. J’approche mon oreille de sa bouche pour entendre la voix faible de mon petit bonhomme et ce qu’il veut me dire.

Darwin prend une grande respiration, ce qui lui demande un réel effort afin de sortir un son audible car il est à bout de souffle. Et forcissant un peu le son de sa voix saccadée par la douleur, il me dit lentement pour que je comprenne chacun de ses mots :

- Mon Père, un immense merci pour tout.

Merci. C’est tout. Il voulait me dire merci.

Darwin résumait ainsi sa vie en un mot. Une action de grâce. Ce mot « merci », il ne cessait de le répéter : lorsqu’on venait le voir au Centre, lorsqu’un éducateur passait devant lui, lorsqu’il était poussé par ses camarades ou encore si on lui présentait des invités de la Fondation. Darwin manquait profondément tous ceux qui le rencontraient par son sourire et ses mots affectueux. Ce soir-là, alors que commence la dernière étape de sa passion, il ne déroge pas à la règle. Bien que prononcer ces mots est une véritable épreuve pour lui. Il veut dire ce mot « merci ».

Ce n’est donc ni une plainte qu’il veut exprimer, ni un besoin qu’il veut nous signifier. Il déploie tous ces efforts simplement pour dire « merci ». Ce mot gratuit, petit clin d’oeil du coeur.

Expiration divine.

Merci.

Darwin est en souffrance et pourtant ne s’apitoie pas sur lui-même. Il lui faut aimer encore et toujours, dans chacun de ses actes, de ses paroles, à tout moment, même dans la souffrance, surtout dans la souffrance.

Je lui dois tant et c’est lui qui me dit merci.

Mes larmes montent mais j’essaie tant bien que mal de les lui cacher. Je veux lui imposer de se taire, de garder ses forces et de me dire plutôt ce dont il a besoin, ce qui peut l’apaiser. Mais aucun son ne sort de sa bouche. Darwin esquisse à nouveau laborieusement un petit sourire. C’est tout ce qu’il veut me dire.

Merci.

Darwin est comme ce petit âne attaché que l’on amène à Jésus au matin du dimanche des Rameaux. Monture de roi qui accompagne noblement Celui qui à sonné sa vie entièrement.

Il ferme ses yeux doucement, et s’endort.

 

Extrait de « Plus fort que les ténèbres », Père Matthieu Dauchez, Editions Artège, 2015.

 

Darwin-Ramos

Le Serviteur de Dieu Darwin Ramos

Le petit Philippin maître de joie

(1994-2012)

 

Darwin Ramos naît le 17 décembre 1994 dans une famille très pauvre de Manille (Philippines). Il est contraint de mendier dans la rue pour subvenir aux besoins de sa famille, malgré une maladie qui atrophie ses muscles et qui l’empêche rapidement de se tenir debout.

En 2006, il est accueilli par l’association ANAK-Tnk qui œuvre pour les enfants de la rue. Il est baptisé le 23 décembre, puis reçoit la Première Communion et la Confirmation un an plus tard. Darwin fait preuve d’une foi simple mais profonde, ancrée dans la prière et l’action de grâce. Il vit sa maladie dans une réelle union avec le Christ en Croix et dans une grande espérance. Il rayonne de joie et réconforte les enfants de ANAK-Tnk.

Le 16 septembre 2012, sa maladie s’aggrave. Il vit alors une véritable Semaine Sainte : le jeudi, un combat spirituel, le vendredi, il écrit dans une grande paix : « Un immense merci. Je suis très heureux ». Après un samedi silencieux, il meurt le dimanche 23 septembre 2012.

 

Prière pour la béatification du Serviteur de Dieu Darwin Ramos

 

Ô DIEU de toute Joie, Père, Fils et Saint Esprit, Tu ne laisses jamais seuls ceux qui sont dans l’épreuve. Nous Te rendons grâce de nous avoir donné, en Darwin Ramos, enfant de la rue, un modèle lumineux de vie chrétienne. Dans sa brève existence, Tu lui as donné la grâce d’une foi simple et inébranlable, d’une espérance joyeuse dans la maladie, d’une charité constante pour le prochain. Nous Te demandons la glorifi cation sur terre de ton serviteur Darwin, afi n que les jeunes et les malades puissent trouver en lui un maître de Joie. Par son intercession, exauce notre prière (la formuler ici…). Nous Te le demandons par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Amen. Notre Père/Je vous salue Marie/Gloire au Père.

 

Imprimatur : Mgr. Honesto F. Ongtioco, évêque de Cubao (22 novembre 2018).

 

Pour plus d’infos, relations de grâces

https://darwin-ramos.org

 Facebook : @DarwinRamosAssociation

 

 

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4 avril 2020

Le Serviteur de Dieu Darwin Ramos

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Le Serviteur de Dieu Darwin Ramos

Enfant des rues, pauvre et maître de Joie

(1994-2012)

 

Darwin Ramos naît le 17 décembre 1994 à Doña Marta Maternity Hospital, à Pasay City, dans le Sud de Manille (Philippines). Il passe les premières années de sa vie avec sa famille dans un bidonville de Pasay City. Darwin est le deuxième enfant d’une famille très pauvre qui en compte neuf. Sa mère fait des lessives pour nourrir toute la famille, mais son père sombre dans l’alcool. Afin d’aider sa famille, Darwin commence à trier les déchets, avec sa petite sœur Marimar qui a 2 ans de moins que lui. Les journées consistent à fouiller les poubelles pour récupérer les petits bouts de plastique afin de les revendre pour quelques pesos. L’urgence étant de se nourrir, aller à l’école est impossible.

 

Les débuts de la maladie

 

Darwin a environ 6 ans lorsque les premiers symptômes de ce qui sera diagnostiqué plus tard comme une myopathie de Duchenne apparaissent. Cela commence par une faiblesse musculaire au niveau des jambes : sa mère observe que Darwin chute de plus en plus souvent. Progressivement, Darwin ne peut plus se tenir debout et ses forces diminuent.

 

La pauvreté

 

L’immense pauvreté contraint la famille à quitter le bidonville pour vivre sur les trottoirs. Le père profite de la maladie de Darwin et, sans scrupule, il le dépose tous les matins à la station de métro Libertad pour mendier en apitoyant les passants. Malgré la terrible honte ressentie, Darwin gagne de l’argent, mais son père en récupère une grosse partie pour acheter de l’alcool. Darwin ne dit rien tant qu’il sait qu’une partie suffisante est utilisée pour nourrir ses frères et sœurs.

 

L’accueil à l’association ANAK-Tnk

 

En 2006, une équipe d’éducateurs de rue de l’association ANAK-Tnk (Tulay ng Kabataan, « un pont pour les enfants » en Tagalog, association qui accueille les enfants des rues de Manille) rencontre Darwin à la station de métro Libertad. L’enfant, qui ne peut plus se tenir debout mais peut encore utiliser ses mains et se tenir assis sans aide, accepte d’aller vivre à la Fondation. À l’association ANAK-Tnk, Darwin est accueilli dans une maison avec des garçons et des filles en situation de handicap.

 

La vie spirituelle

 

Darwin est un enfant totalement rempli de Dieu. Nul ne sait d’où cela vient, puisqu’il n’a probablement rien reçu de sa famille. À l’association ANAK-Tnk, il découvre la foi catholique. Le 23 décembre 2006, il est baptisé au Sanctuaire Notre-Dame d’EDSA (appelé couramment par les Philippins EDSA Shrine et construit sur les lieux de la révolution philippine de 1986). Un an après, il reçoit la première communion et la confirmation des mains de Mgr Broderick Pabillo, évêque auxiliaire de l’archidiocèse de Manille.

 

La mission

 

Darwin subit des crises d’asphyxie fréquentes qui nécessitent de nombreuses hospitalisations. Malgré cela, le personnel de l’association ANAK-Tnk et les autres enfants sont édifiés par la façon dont Darwin vit malgré sa maladie. Il répète constamment « Merci » (action de grâces) et « Je t’aime » (amour de Charité). Il ne se plaint jamais et sourit en permanence même dans les moments difficiles. Il est attentif à chacun et apporte son soutien aux autres enfants de l’association ANAK-Tnk quand ils vivent des épreuves ou des coups durs. Quand il parle de sa maladie, il ne parle jamais de sa myopathie mais de ce qu’il appelle sa mission : « Il ne parlait pas de sa maladie mais de la mission que le Christ lui avait donnée. Il a passé sa vie à dire merci et je t’aime » (un témoin).

Il prend l’habitude d’offrir ses souffrances. Un jour, il dit au prêtre de l’association ANAK-Tnk : « Vous savez, mon Père, je crois que Jésus veut que je tienne jusqu’au bout, comme lui ». Darwin développe une relation personnelle et une profonde intimité avec le Christ. Pas un jour ne passe sans que le jeune garçon ne prenne du temps pour prier et se confier à Jésus. Un aide-soignant de l’association témoigne : « Un jour, alors que Darwin était fiévreux, il a insisté pour être sorti de son lit et rejoindre les enfants de la Maison pour la prière du soir. C’était Jésus avant tout ». Sa vie est illuminée par son attachement au Christ.

 

La Semaine Sainte de Darwin

 

Le dimanche 16 septembre 2012, Darwin a de plus en plus de difficultés pour respirer. L’infirmier de l’association ANAK-Tnk décide de le conduire aux urgences de l’hôpital PCMC (Philippine Children’s Medical Center à Quezon City). Quand le prêtre de l’association arrive à ses côtés, Darwin commence d’abord par s’excuser de lui créer des soucis. Cherchant son souffle, il ajoute péniblement : « Mon Père, un immense merci pour tout ». Le lendemain, Darwin est intubé. Il n’est plus capable de parler, mais il est encore possible de lire sur ses lèvres pour le comprendre. Il peut aussi écrire sur un petit cahier. Commence alors « la Semaine Sainte de Darwin » à l’image de la Passion du Christ :

 

Le Jeudi, Darwin fait l’expérience d’un combat spirituel :

Darwin : « Il faut prier »

Prêtre : « Entendu Darwin, mais pourquoi ressens-tu le besoin de prier ? »

Darwin : « Parce que je me bats »

Prêtre : « Tu te bats contre la maladie ? »

Darwin : « Je me bats contre le démon »

Il reçoit alors l’onction des malades.

 

Le Vendredi, Darwin semble en paix et montre un large sourire. Il écrit péniblement ses deux dernières phrases sur un cahier : « Un immense merci » et « Je suis très heureux » comme le signe d’une bataille gagnée. C’est un véritable résumé de sa vie, un testament spirituel, car la vie de Darwin n’était que Joie et action de grâces. Darwin, intimement uni avec le Seigneur dans ses souffrances, partage déjà cette Joie de la victoire.

 

Le Samedi, Darwin entre dans un grand silence mais garde toute sa conscience.

 

Il meurt le Dimanche 23 septembre 2012 à l’hôpital (dans le diocèse de Cubao) : il est 5h30 du matin, le soleil se lève, au moment où le Christ ressuscité sort du tombeau.

 

Les funérailles

 

La messe de funérailles est célébrée dans une église comble, en présence de tous les enfants de l’association ANAK-Tnk habillés en blanc. Darwin est enterré dans le cimetière de Pasay City où de nombreuses personnes continuent de venir se recueillir aujourd’hui pour demander des grâces par son intercession.

Sa cause de béatification a été ouverte publiquement par Mgr Honesto Ongtioco en la cathédrale de l'Immaculée Conception de Cubao le 28 août 2019.

 

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Le message de Darwin Ramos

 

Darwin Ramos n’a rien fait d’extraordinaire. C’est dans l’ordinaire de sa vie qu’il a vécu la simplissime voie de la sainteté. Il a connu la pauvreté des rues de Manille et les souffrances d’une maladie dégénérative, mais sa vie a été totalement illuminée par son attachement au Christ. Jeune, pauvre et malade, il a vécu dans la Joie.

Son testament spirituel tient en deux phrases minuscules, pourtant d’une immense richesse. Alors qu’il sait qu’il va mourir, Darwin écrit : « Un immense merci. Je suis très heureux. » Ce n’est pas un merci de politesse, mais c’est un remerciement profond d’action de grâces. Il en est de même lorsqu’il écrit qu’il est heureux quelques heures avant sa mort : il a vécu tellement en union avec le Christ qu’il a atteint le niveau le plus profond de la Joie. Il a trouvé sa Joie dans celle du Christ.

Darwin est aujourd’hui un maître de Joie pour les jeunes, les pauvres et les malades. Il n’a rien fait d’extraordinaire ; il est pour nous un exemple extraordinaire.

 

Un maître de Joie pour tous les jeunes

 

Darwin est mort très jeune, à l’âge de 17 ans. Mais chaque jour de sa vie fut intense. Et sa courte vie fut fructueuse.

Il avait la générosité de l’enfance. Tout petit, il mendiait pour nourrir sa famille. Il savait bien que son père prenait une large part de ce qu’il gagnait pour acheter de l’alcool. Darwin ne s’en plaignait jamais. Même s’il avait honte, il acceptait de tendre la main parce qu’il savait que ce qu’il restait suffisait à nourrir ses frères et sœurs. Cela faisait sa Joie.

Plus grand, les amitiés étaient très importantes. Les enfants de l’association ANAK-Tnk étaient ses amis, et ceux de son centre étaient ses frères, comme une famille. Il s’agissait de vraies amitiés ancrées dans la fidélité et la charité, pas des amitiés virtuelles des réseaux sociaux comme Facebook ou Instagram, pourtant si prisées aux Philippines. Ses amis témoignent encore aujourd’hui de la façon dont Darwin les a marqués et édifiés. Il avait toujours une attention à chacun et savait les réconforter lorsqu’ils en avaient besoin. Il savait transmettre sa Joie car il la puisait dans les profondeurs de sa vie spirituelle.

Les enfants disent toujours : « Quand je serai grand, je deviendrai… ». Ils disent alors le métier qui les rendrait heureux plus tard. Mais le bonheur n’est pas dans l’avenir. La Joie n’est pas un rêve. Darwin n’a pas reporté au lendemain la Joie de sa vie. Il l’a vécue dans le moment présent, dans le quotidien. Il a vécu la Joie extraordinaire de l’ordinaire.

Les jeunes du monde entier sont capables d’une vie belle et grande. Darwin en est un exemple extraordinaire : il vécut la vertu de charité, l’amour de Dieu pour les hommes.

 

Un maître de Joie pour tous les pauvres

 

La famille Ramos est très pauvre. Au moment de la naissance de Darwin, ses parents habitent un bidonville misérable de Manille. Mais très vite, à cause de la pauvreté grandissante, ils sont contraints d’aller vivre dans la rue. Darwin devient alors un enfant des rues qui trie les poubelles pour récupérer de la nourriture et revendre le bois, les métaux et le plastique dur. Puis il est forcé par son père à mendier à la station de métro Libertad.

Très souvent, il ressent la faim. Mais il comprend que « l’homme ne se nourrit pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Mt 4, 4). En expérimentant la faim et le manque, il apprend à se laisser remplir de Dieu. Ceux qui ont tout n’ont plus besoin de rien, ils en viennent à oublier Dieu. Ils ont l’impression de se suffire à eux-mêmes. Mais ceux qui n’ont rien ont besoin de tout, ils ont toujours une place libre pour Dieu dans leur cœur. Darwin dévora Dieu par amour, pour en nourrir chaque partie de son corps.

La misère déshumanise. Mais la pauvreté, parfois, permet de laisser à Dieu sa juste place. Car le pauvre ne se laisse pas encombrer par ce qui peut faire obstacle à Dieu.

Les pauvres du monde entier sont capables de Dieu. Darwin en est un exemple extraordinaire : il vécut la vertu de foi, il mettait toute sa confiance en Dieu.

 

Un maître de Joie pour tous les malades

 

Dès l’âge de 6 ans, la mère de Darwin constate qu’il chute de plus en plus souvent. Les premiers symptômes de ce qui se révèlera être une myopathie apparaissent. Darwin est atteint de cette maladie dégénérative qui atteint les muscles et se retrouve rapidement en fauteuil roulant. Pire, il souffre de fréquentes crises d’asphyxie. Il souffre beaucoup. Mais Darwin reste dans la Joie.

Le plus simple serait de dire que Darwin reste dans la joie malgré sa maladie et malgré ses souffrances. Mais non ! En vérité, ce n’est pas « malgré » la maladie, mais « dans » et « par » sa maladie que Darwin trouve la Joie. C’est dans ses souffrances qu’il rencontre le Christ. Darwin prend l’habitude d’offrir ses souffrances. Il dit : « Je crois que Jésus veut que je tienne jusqu’au bout, comme lui. » Darwin vit tellement uni au Christ qu’il en arrive à mettre ses pas dans ceux du Christ sur le chemin de la Croix, et à porter la Croix du Christ sur ses propres épaules comme Simon de Cyrène. Darwin vit jusque dans sa chair les paroles si mystérieuses du Nouveau Testament : « Réjouissez-vous de la part que vous avez aux souffrances de Christ, afin que vous soyez aussi dans la joie et dans l’allégresse lorsque sa gloire apparaîtra » (1P 4, 13).

Darwin ne parle jamais de sa maladie mais toujours de sa « mission ». Il vit sa maladie comme une mission confiée par le Christ pour témoigner de sa Joie dans les épreuves et les souffrances.

Darwin est tellement configuré au Christ souffrant que la dernière semaine de sa vie est à l’image de la Passion du Christ. Sa Semaine Sainte commence par un dimanche où il est hospitalisé en urgence : c’est comme un dimanche des Rameaux, le nom de famille Ramos venant de l’espagnol « rameaux ». Son Jeudi Saint est marqué par un combat spirituel contre le diable. Son Vendredi Saint est dominé par un large sourire révélant la Joie de la victoire. Son Samedi Saint est silencieux, comme celui de la Vierge Marie qui attend. Il meurt un dimanche matin, au lever du soleil, au moment où le Christ ressuscite le matin de Pâques, lui, le Soleil de Justice.

Les malades du monde entier sont capables de vivre de la Joie du Christ et d’espérer la vie après la mort. Darwin en est un exemple extraordinaire : il vécut la vertu d’espérance, il était tout tendu vers Dieu.

Darwin est donc un maître de Joie. Mais il ne s’agit pas de n’importe quelle joie. Il ne s’agit pas de la joie éphémère de partager un moment entre amis ou de la joie de recevoir un cadeau. C’est plus profond que cela. Il ne s’agit même pas de la joie de donner, plus profonde que celle de recevoir. C’est encore plus profond que cela. Il s’agit de la Joie spirituelle, la joie la plus profonde et la plus vraie qui soit, car elle est la Joie du Christ lui-même. Voilà pourquoi Darwin est un maître de Joie, car sa Joie n’est autre que celle du Christ. La vie de Darwin est comme un dimanche de Laetare en plein Carême : un moment de Joie dans un temps d’épreuves.

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Prière pour demander la béatification de Darwin Ramos

 

« Ô Dieu de toute Joie, Père, Fils et Saint Esprit, Tu ne laisses jamais seuls ceux qui sont dans l’épreuve. Nous Te rendons grâce de nous avoir donné, en Darwin Ramos, enfant de la rue, un modèle lumineux de vie chrétienne. Dans sa brève existence, Tu lui as donné la grâce d’une foi simple et inébranlable, d’une espérance joyeuse dans la maladie, d’une charité constante pour le prochain. Nous Te demandons la glorification sur terre de ton serviteur Darwin, afin que les jeunes et les malades puissent trouver en lui un maître de Joie. Par son intercession, exauce notre prière (la formuler ici…). Nous Te le demandons par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Amen. »

 

Imprimatur, Mgr Honesto Ongtioco (en),

évêque de Cubao (Philippines),

le 22 novembre 2018.

 

Relations de grâces et plus d'infos

https://darwin-ramos.org

3 avril 2020

Soutenez Images Saintes

Soutenez Images Saintes

 

 La vocation de ce site d'évangélisation et de mission d'intuition Franciscaine, est de faire passer partout et à un large public, prières, dévotions, vies de saints, textes franciscains... En un peu plus de 10 ans d'existence, Images Saintes est en phase de devenir l'un des plus grands livres de prières en langue française, qui existe au monde...

 

De près de 50 pays à travers le monde, sur les 5 continents, chaque jour, vous venez puiser, partager et prier avec ces textes qui sont bien souvent récupérés dans de très anciens livres glanés dans les archives et bibliothèques anciennes ou aussi directement sortis de ma bibliothèque personnelle, ces textes sont parfois tombés dans le domaine public et sont bien souvent complètement oubliés et je m'efforce donc de les de remettre au goût du jour afin que très justement personne n'oublie ce qui a nourri et fait prier beaucoup de générations de chrétiens.

 

Je vous remercie d'être toujours plus nombreux,

car de plus en plus, je vois et entends d'un peu partout,

que cet effort est très apprécié et est un vrai succès.

 

 

 Je fais appel à votre soutien généreux

 

 

Depuis quelques temps, des questions remontent et des projets germent dans mon esprit, concernant l'avenir de ce site:

 

Je viens de mettre en place une cagnotte sur Leetchi.com

 

Pour permettre

 

- 1e l'achat du nom du domaine,

afin que désormais ce site puisse s'appeler Imagessaintes.com

 

Pour ainsi ne plus avoir du tout de publicités dessus, publicités qui sont un vrai problème... Car elles ont un contenu complètement opposé de ce qui se trouve dans ces pages... Bien des fois, vous avez fait remonter cette remarque. En achetant donc le nom du domaine, plus de problèmes de publicités douteuses contraires au contenu et à l'esprit des pages de ce site...

 

- la 2e raison est le paiement des droits d'auteurs

 

Afin de permettre la publication d'autres textes, mois de dévotions et autres sujets spirituels, plus récents, et, qui sont et seront nécessaires à votre avancement spirituel, et j'en suis certain aussi certainement très appréciés et enfin pour vous fournir toujours plus de matière pour entretenir et nourrir votre vie de prière.

De nombreux textes pourraient être placés, mais qui sont sous droits d'auteur: la législation française est assez exigente sur la propriété intellectuelle des livres et des auteurs: les auteurs doivent aussi gagner leur pain... En France, la propriété intellectuelle est très réglementée. Le but de ce site est de faire passer partout de nouveaux textes et accompagnés d'icônes et autres images qui font le succès de ce site, avec pour premier et unique but: semer l'Evangile et de hâter l'avènement du Règne des Coeurs de Jésus et de Marie...

 

Le nombre de visiteurs étant toujours un peu plus à la hausse chaque jours, mois, semaines, si chacun d'entre vous pouviez donner ne serait-ce qu'1 euro par personne, et par visite, pendant quelques temps,

non seulement, l'avenir du site serait assuré, mais aussi sa "propreté", et cela vous assurera un certains nombres de nouveaux textes et d'une façon tout à fait légale, qui viendront alimenter en entretenir votre prière quotidienne, dans les prochains temps...

 

Merci d'apporter votre soutien, car Images Saintes, c'est avant tout vous qui le faites son succès...!!!

 

Le rédacteur,

Franck Monvoisin.

 

Participer à la cagnotte en ligne

 

17 mars 2020

Neuvaine et prières à Saint Roch

 

Neuvaine et prières à Saint Roch

 

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Saint Roch de Montpellier

Tertiaire Franciscain

vers 1350-1378/79

Fête le 16 août

 

Invoqué contre toutes les épidémies et les maladies contagieuses

 

Saint Roch naquit à Montpellier, entre 1346 et 1350, en pleine guerre de Cent Ans,pendant la grande peste noire, qui dura deux ans, et décima un tiers de la population occidentale. C’est l’époque des grandes famines et des ravages perpétrés par les grandes compagnies (troupes de mercenaires).

Montpellier, rattachée à la couronne de France depuis 1349, était une république marchande, une grande ville du Midi, cosmopolite et tolérante, très réputée pour ses universités. C’est une ville étape importante de pèlerinage sur la via Tolosana, bénéficiant de plus de la proximité d’Avignon, siège de la papauté depuis plus de quarante ans.

Bien que Roch fût un prénom très courant en France et en Italie, il semble plutôt que notre saint était de la famille des Roch de La Croix, lignée devenue importante au XVIe siècle, sous le nom de Castries. Son père, Jean Roch de La Croix, dignitaire de la ville, en fut le premier consul, en 1363. Sa mère, Dame Libéria, était originaire de Lombardie. Fils désiré, et longtemps attendu, il passa une enfance dans un milieu profondément chrétien. Il fut baptisé au sanctuaire Notre Dame des Tables, qui était aussi le centre de la vie spirituelle, intellectuelle, administrative et sociale de Montpellier (on peut visiter de nos jours sa crypte sous l’actuelle place Jean-Jaurès).

Il fit probablement ses études chez les pères dominicains, avant d’étudier la médecine. Il connut les terribles épidémies de peste de 1358 et 1361. A Montpellier, cette dernière fit jusqu’à 500 morts par jour, pendant trois mois.

Orphelin à 17 ans, riche et instruit, il décida de partir pour Rome. Il distribua sa fortune aux pauvres, rejoignit le troisième ordre franciscain, revêtit l’habit de pèlerin, reçut la bénédiction de l’évêque de Maguelone et prit la route.

Il emprunta probablement la voie francigène en direction de Rome. Il arriva à Acquapendente, à quelques jours de marche de la ville éternelle, en juillet 1367. Il y resta trois mois, car la peste y sévissait. Il mit en pratique l’enseignement médical qu’il avait reçu, en l’associant à des signes de croix et une invocation sur les souffrants, et obtint de nombreuses guérisons.

Son charisme auprès des malades se révéla sans doute à ce moment-là. Ethymologiquement, le charisme est un don fait par Dieu à un homme pour qu’il manifeste l’amour divin parmi les hommes. Il reprit son chemin pour Rome, lorsqu’il apprit qu’à Cesena, à l’opposé de sa direction, l’épidémie faisait rage. Il s’y rendit, faisant ce que Dieu attendait de lui au fur et à mesure de son pèlerinage, et obtint là encore des guérisons miraculeuses. Il arriva enfin à Rome, au début de l’année 1368, et s’occupa sans doute des malades à l’hôpital du Saint Esprit, ordre fondé par son compatriote, Gui de Montpellier. Un prélat, peut-être un cardinal, guéri par ses soins, ou témoin de guérisons miraculeuses (il pourrait s’agir de Gaillard de Boisvert, régent Pro Tempore de la Sacra Penitenzieria, à cette période) lui fit rencontrer le pape Urbain V, qui s’écria, en le voyant : «Il me semble que tu viens du Paradis !», et lui donna l’indulgence plénière.

Roch avait sans doute vu, à Montpellier, ce pape d’Avignon, qui tenta de réinstaller la papauté à Rome de 1367 à 1370, lorsqu’il était venu consacrer l’autel majeur de l’église du monastère Saint Benoît, future cathédrale Saint-Pierre.

Roch quitta Rome, en 1370, pour s’en retourner vers sa patrie. Au mois de juillet 1371, Il était à Plaisance, à l’hôpital Notre Dame de Bethléem, près de l’église Sainte Anne, où il assista, guérit et réconforta les malades.

Atteint par la peste, Roch se rendit péniblement jusqu’à un bois, à l’orée du bourg fortifié de Sarmato, pour y mourir. A cet endroit, une source jaillit et un chien lui apporta chaque jour un pain. Le maître du chien pourrait être le noble Gothard Pallastrelli qui allait devenir son disciple. Il aurait été, également, le premier biographe du saint, et l’auteur de son unique et vrai portrait conservé à Plaisance, en l’église Sainte-Anne. On rapporte également qu’un ange secourut Roch. Il recouvra la santé et retourna à Plaisance, auprès des pestiférés, faisant preuve d’un courage et d’une humanité remarquable.

Il reprit sa route, mais les terres milanaises étaient le théâtre d’une guerre entre le Duc de Milan, Bernardo Visconti, son frère Galeazzo II, et la ligue constituée par Le pape Urbain V, conduite par Amedeo VI de Savoie. Ce conflit dura de 1371 à 1375. Pris pour un espion, Roch fut arrêté à Broni, et transféré à Voghera par Beccaria, intendant militaire des Visconti.

Sa renommée était déjà grande. De surcroît, il pouvait être identifié, grâce à sa marque de naissance en forme de croix sur la poitrine, par son oncle, gouverneur de la ville, ou l’un des plus proches collaborateurs de ce dernier. Mais, fidèle au voeu d’anonymat de tout pèlerin, Roch ne révéla pas son identité, et demanda à pouvoir reprendre son chemin, en tant qu’ «humble serviteur de Dieu». Sa requête fut rejetée, et il fut mis au cachot.

Son emprisonnement dura cinq ans. Selon la tradition, il ne dévoila son identité qu’à un prêtre, la veille de sa mort, survenue le 16 août d’une année comprise entre 1376 et 1379. On peut penser à présent qu’il s’agit du mardi 16 août 1379. Des témoins assurèrent que le cachot s’illumina et que le dernier souhait de Roch, à l’ange venu l’assister, fut d’intercéder pour les gens en souffrance.

Saint Roch fut enterré avec dévotion à Voghera qui, immédiatement après sa mort (avant 1391) lui consacra une fête. Sa dépouille, gardée dans l’église qui lui est toujours dédiée, fut volée, ou fit l’objet d’une transaction, en février 1485 (à l’exclusion de deux petits os du bras), et transportée à Venise. La majeure partie de son corps est toujours à Venise en l’église de la Scuola Grande di San Rocco. Au XIXe siècle, un tibia fut remis solennellement au Sanctuaire Saint-Roch de Montpellier, qui possède également un de ses bâtons de pèlerin. Un second se trouve à l’église Sainte Eulalie de Bordeaux, en la chapelle des Corps Saints, où l’on peut l’y voir et le vénérer. 

 

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Neuvaine à Saint Roch

 

Premier jour

 

Vous qui lirez ces lignes dans un esprit de foi, honorez les saintes actions de cet homme admirable.

Une atmosphère humide fournit un aliment au souffle contagieux de la peste ; un brouillard empoisonné porte au loin le virus que respirent les poumons suffoqués. Tout succombe : le vieillard et l'enfant ; le poison de l'air précipite le fort et le faible dans la nuit du tombeau. En voyant le nombre de morts, on dirait les flots amoncelés d'une mer en furie qui se brise sur le rivage.

Ah ! qui que vous soyez, dans un péril aussi imminent, vénérez saint Roch, appelez saint Roch à votre secours !

Oh ! miséricordieux saint, espoir des malheureux, refuge des affligés, écoutez-nous ! Roch exaucez-nous ! Le Très-Haut vous a donné une puissance assurée pour repousser la peste : les nations consternées placent leur unique espérance en vous. Ah ! puisse la terrible contagion, grâce à. votre intercession, s’éloigner de nos contrées ! Que l’ange exterminateur, cessant d’entasser ruines sur ruines, ne détruise pas entièrement notre race! Daigne le Dieu Tout-Puissant tourner ce fléau contre les infidèles et les méchants, et épargner ses ouailles soumises, en nous délivrant de l’horrible contagion !

Roch miséricordieux, nous vous demandons ces grâces avec une entière confiance ; obtenez du Seigneur notre prompte délivrance ; éloignez de vos serviteurs la peste de l’âme et du corps.

Miséricordieux saint Roch, qui avez secouru jadis tant de malheureux pestiférés et qui avez éprouvé dans vos membres le venin de cette horrible maladie, que par vos prières et celles de saint Sébastien, la peste soit à jamais éloignée du royaume de France ; que nos corps et nos âmes en soient à jamais préservés ! Nous ne serons pas ingrats ; et les torches qui brûleront devant vos autels témoigneront de notre reconnaissance. Amen.

 (Récitez les Litanies)

 

Deuxième jour

 

Antienne. — Salut, prudent médecin, vainqueur de la peste, secourez-nous contre toute atteinte des épidémies, et soyez, ô glorieux saint Roch ! notre avocat auprès du Roi de gloire.

Verset. Le Seigneur l’a aimé et l’a couronné, et il a revêtu ses épaules d'un manteau de gloire.

Collecte. Ô Dieu ! Sur qui rejaillit la gloire de vos saints et qui exaucez efficacement les prières de ceux qui les invoquent avec confiance, accordez à ceux qui recourent à l’intercession de saint Roch, votre confesseur, d’être délivrés des souffrances de la peste qu’il a lui-même endurées dans son corps pour l'amour de votre saint nom. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Ainsi soit-il.

(Récitez les Litanies)

 

Troisième jour

 

 Adorons le Seigneur qui a opéré des merveilles, quand il a donné au monde un nouveau dans sa personne de saint Roch.

Que l’univers retentisse des gloires de saint Roch ; que la voûte azurée tressaille d’allégresse, que le monde entier frémisse de bonheur. Chantons tous ses louanges d’une voix unanime.

Que le Ciel se réjouisse de l’avoir pour hôte ! Que la terre fleurisse sous sa puissante égide ; car elle possède maintenant dans Roch un merveilleux médecin, vainqueur de la peste hideuse.

Lui qui a distribué tous ses biens aux pauvres, s’est dépensé au service des malheureux. Rempli d’une puissance merveilleuse, il rend aux malades la santé : la croix sacrée, voilà son remède.

Ce don sacré était bien du à celui qui, dans la ferveur de son zèle et le feu de sa charité, a méprisé complètement les richesses et les délices, et tous les hochets des grandeurs, sans rien garder pour lui ; que chacun de nous dans la détresse recourt avec respect à son intercession. Que notre confiance soit parfaite et notre espérance sans borne, bientôt nous sentirons sa pieuse assistance.

Ô Trinité sainte ! exaucez nos prières. Par l’intercession de saint Roch, éloignez de nous tous les maux : donnez la paix à. vos serviteurs, donnez-nous la gloire dans les splendeurs de l’éternité bienheureuse. Amen.

(Récitez les Litanies)

 

Quatrième jour

 

Saint Roch, dans l'éclat de ses nombreuses vertus, ressemblait à un arbre magnifique planté sur le cours d’un fleuve.

Il a compris, et il a servi le Seigneur avec crainte et tremblement, en foulent à ses pieds tous les biens de la terre: il partit pour Rome, un bourdon à la main.

Dans sa prière, il disait à Dieu : « Vous êtes ma gloire, vous êtes mon diadème, vous êtes ma victoire ». Il quitte son pays, dirige ses pas vers la Cité sainte ; il trouve Césène et l’Italie en proie aux horreurs de la peste ; il assiste les malades et leur rend la santé par le signe de la croix.

Ô Notre Père ! ô médecin empressé des malades ! Guérissez les maux de nos âmes et de nos corps ; étendez votre protection sur vos serviteurs qui vous vénèrent et vous aiment.

(Récitez les Litanies)

 

Cinquième jour

 

Roch dédaigne les vanités d'un monde insensé et préfère se mettre au service de tous.

Dès l’aurore jusqu’à la nuit, Roch est en la présence de son Jésus, et son cœur s’élève au Ciel sur les ailes d’une perpétuelle prière. 

Votre nom, ô Roi admirable! a resplendi dans la personne de Roch, du moment où il a repoussé loin de ses lèvres la coupe traîtreusement enchanteresse du monde.

Enfin, après bien des périls, il touche au seuil sacré de la Ville Éternelle que la peste a couverte d’un immense linceul. Il imprime au front d’un prêtre le signe libérateur de la croix, et se retire pour aller à Plaisance, dont il sauva de la peste le reste des habitants. Bientôt lui-même est atteint des flammes dévorantes du fléau.

Ô vous, qui par le signe salutaire de la croix, rendez la santé aux malades, sauvez-nous du feu cruel dont nous sommes attaqués ; car nous n’avons pas de confiance dans la science de nos médecins.

(Récitez les Litanies)

 

Sixième jour

 

Jamais ses lèvres ne se sont souillées du mensonge et de la fausseté : aussi peuvent-elles dignement louer le Seigneur en présence duquel il marche toujours.

Jésus fait toute sa conversation, ses désirs et sa joie. Pour Roch, dévoré de la soif, jaillit une fontaine d‘eau vive; un chien fidèle lui apporta son pain ; la divine Providence ne fit pas défaut à celui qui avait distribué tous ses biens aux pauvres.

De retour en sa patrie, en l’arrête, on le jette dans un noir cachot. Sentant la fin de sa vie, il appelle un prêtre et de ses mains reçoit le Pain des Anges.

Ô vous, qui porté dans les Cieux au milieu de divines splendeurs, puisque (la sainte tablette en est le témoignage) vous le pouvez, sauvez-nous, glorieux saint Roch, du virus meurtrier de la peste.

(Récitez les Litanies)

 

Septième jour

 

Il brille le jour à jamais mémorable où saint Roch, enlevé aux sphères ténébreuses de la terre, est devenu citoyen de la céleste Patrie.

Constance l’invoque, et à son nom la peste disparaît miraculeusement ; Venise peut proclamer bien haut la puissance de son intercession et ses monuments en rediront l’efficacité à tous les âges de l’avenir. Toute la Picardie, Paris, la grande cité, attesteront leur fréquente délivrance de la peste par les mérites de Saint Roch.

Chantons en chœur.des hymnes joyeuses à la mémoire de saint Roch à qui tout l’univers doit tant de reconnaissance. Maintenant qu’il fait partie du cortège des saints, il est inondé d’une gloire éternelle.

Après une vie de souffrances, il entre, sur les pas de Jésus, en possession d’une couronne immortelle d’innombrables miracles prouvent avec quelle joie et quelle félicité il s’est assis aux noces de l’Agneau. Que tout le monde lui demande donc avec larmes la cessation des épidémies.

(Récitez les Litanies)

 

Huitième jour

 

Seigneur, apaisez votre colère et calmez votre courroux sur les péchés de votre peuple, comme vous l’avez juré par vous-même. Dieu saint, Dieu saint fort, Dieu saint immortel, ayez pitié de nous.

Dieu Tout-Puissant et miséricordieux, regardez d’un œil favorable votre peuple prosterné aux pieds de votre Majesté ; que votre fureur vengeresse ne nous atteigne pas, que la droite de votre miséricorde nous protège. Amen.

Dieu Tout-Puissant et miséricordieux qui, par les prières et les mérites de saint Roch,.votre confesseur, avez mis fin à une peste qui attaquait tout le monde, accordez à ceux qui viendront humblement et avec confiance devant vous vous demander la même grâce en pareille circonstance, qu’ils soient délivrés de ce fléau et de toute contagion par l’intercession de ce même glorieux confesseur. Amen.

(Récitez les Litanies)

 

Neuvième jour

 

Il est vraiment digne et juste, équitable et salutaire que toujours et partout nous vous rendions grâces, Seigneur saint, Père Tout-Puissant, Dieu éternel, qui, par votre seule miséricorde, avez suspendu l’arrêt de mort porté contre les Ninivites ; qui, en même temps que vous étiez leur propitiateur, avez exaucé la pénitence de leur prière : de grâce, a ce peuple prosterné en présence de votre gloire et vous suppliant, accordez la santé, faites lui sentir les effets de la délivrance qu’il implore, afin que ceux que vous aurez daigné racheter du sang précieux de votre Fils unique ne succombent pas aux atteintes de la mortalité : par Notre-Seigneur Jésus-Christ, par qui les Anges louent votre Majesté, les Dominations adorent, les Puissances tremblent, les Vertus du Ciel des Cieux, et les bienheureux Séraphins, dans un commun transport de joie célèbrent vos louanges, avec lesquels nous vous supplions humblement de nous permettre de mêler nos accents, en disant : « Saint, Saint, Saint le Seigneur Dieu des armées. Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur : Hosanna au plus haut des Cieux ».

Que votre nom est magnifique, ô bienheureux saint Roch ! Vous qui, par vos prières, savez guérir la multitude des malades languissants et vous montrer propice à tous ceux qui invoquent votre nom glorieux ; venez et sauvez-nous de la maladie, de la peste et des épidémies, et rendez-nous la salubrité de l’air.

(Récitez les Litanies)

 

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Litanies de Saint Roch

 

Seigneur, ayez pitié de nous.

Christ, ayez pitié de nous.

Seigneur, ayez pitié de nous.

Christ, écoutez-nous. nous.

Christ, exaucez-nous.

Père céleste qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.

Fils rédempteur du monde qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.

Esprit Saint qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.

Sainte Trinité qui êtes un seul Dieu, ayez pitié de nous.

 

Sainte Marie Immaculée, priez pour nous.

Saint Roch, le salut des malades, priez pour nous.

Saint Joseph, patron de l’Église universelle, priez pour nous.

Saint François, priez pour nous.

  

Saint Roch, priez pour nous.

Saint Roch, marqué du signe de la croix, priez pour nous.

Saint Roch, ami de la pauvreté, priez pour nous.

Saint Roch, l‘exemple des bons riches, priez pour nous.

Saint Roch, modèle des pèlerins, priez pour nous.

Saint Roch, noble tertiaire de saint François, priez pour nous.

Saint Roch, patron des pestiférés, priez pour nous.

Saint Roch, espoir des malheureux, priez pour nous.

Saint Roch, libérateur des fléaux, priez pour nous.

Saint Roch, refuge des affligés, priez pour nous.

Saint Roch, miroir de patience, priez pour nous.

Saint Roch, guérisseur miraculeux, priez pour nous.

Saint Roch, conservateur de la santé publique, priez pour nous.

Saint Roch, perle de la souffrance, priez pour nous.

Saint Roch, lys de la chasteté, priez pour nous.

Saint Roch, rose de la charité, priez pour nous.

Saint Roch, miracle de patience, priez pour nous.

Saint Roch, prodige d’humilité, priez pour nous.

Saint Roch, merveille de résignation, priez pour nous.

Saint Roch, visité parles anges, priez pour nous.

Saint Roch, joyeux dans les fers, priez pour nous.

Saint Roch couronné dans la gloire, priez pour nous.

 

Des maladies contagieuses, préservez-nous, saint Roch.

De la perte des bestiaux, délivrez-nous, saint Roch.

Des fièvres malignes, délivrez-nous, saint Roch.

De la peste, délivrez-nous, saint Roch.

Du choléra, délivrez-nous, saint Roch.

Du typhus, délivrez-nous, saint Roch.

De la contagion du péché, délivrez-nous, saint Roch.

De la mort subite, délivrez-nous, saint Roch.

Des peines de l’enfer, délivre-nous, saint Roch.

Des flammes du Purgatoire, délivrez-nous, saint Roch.

 

Dans nos maux temporels, assistez-nous, saint Roch.

Dans nos afflictions, assistez nous, saint Roch.

Dans notre corps, assistez-nous, saint Roch.

Dans notre âme, assistez nous, saint Roch.

Dans notre vie, assistez-nous, saint Roch.

Dans notre agonie, assistez-nous, saint Roch.

Dans notre mort, assistez-nous Saint Roch.

Dans notre passage à l’éternité, assistez-nous, Saint Roch.

 

Agneau de Dieu qui effacez les péchés du monde, pardonnez-nous Seigneur.

Agneau de Dieu qui effacez les péchés du monde, exaucez-nous Seigneur.

Agneau de Dieu qui effacez les péchés du monde, ayez pitié de nous Seigneur.

 

Priez pour nous glorieux saint Roch,

 Afin que nous soyons dignes des promesses de Jésus-Christ.

  

Prions

 

Seigneur, qui par le ministère d’un ange, avez fait remettre au glorieux saint Roch la promesse, gravée sur une tablette, que quiconque invoquerait son nom, ne souffrirait point des atteintes de la peste ; de grâce, faites que nous, qui révérons sa mémoire, nous soyons, par ses mérites et son intercession, délivrés de toute contagion mortelle dans notre corps et dans notre âme par Notre Seigneur Jésus-Christ. Ainsi soit-il.

 

Autre oraison

 

Ô Dieu ! Notre refuge dans les tribulations, laissez-vous attendrir par l’excès de nos maux ; suspendez les fléaux de votre justice : éloignez, par l’intercession de saint Roch, tout ce qui pourrait nuire à nos corps et à nos âmes ; faites, par votre grâce, que nous puissions imiter son zèle dans le soulagement des souffrances et sa patience dans la douleur. Ainsi soit-il.

 

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Antienne à Saint Roch

 

Salut, ô très saint Roch ! 

né d’une famille illustre,

marqué au côté gauche

du signe de la croix.

 

Saint Roch, dans vos lointains voyages,

vous avez merveilleusement guéri

par votre toucher salutaire

les malades atteints d’une peste mortelle.

 

Saint, angélique saint Roch qui,

par l‘entremise d‘un céleste messager,

avez obtenu de Dieu le privilège de préserver

de la peste tous ceux qui vous invoquent.

 

- Priez pour nous, saint Roch,

- Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Ave Roche sanctissime,

Nobili natus sanguine,

Crucis signaris schemate

Sinistro tuo latere.

 

Roche peregre profectus,

Pestiferæ mortis ictus

Curavisti miriflce,

Tangendo salutifere.

 

Vale Roche Angelice

Vocis citatus flamine

Obtinuisti Deiflce

A cunctis pestem pellere.

 

Ora pro nobis, beate Roche,

Ut digni efiiciamur promissionibus Christi.

 

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Prière contre toute maladie contagieuse

 

Origine

 

La ville de Coïmbre, en Portugal, était ravagée par le fléau terrible de la peste ; l’abbesse du couvent des Clarisses Urbanistes de cette ville, vivement préoccupée du salut de ses filles, s'occupait de transférer ailleurs sa communauté, pour éviter le fléau et la mort, lorsqu'un jour se présenta à la porte du monastère un mendiant. Celui-ci s’étant informé de la cause du mouvement occasionné dans la communauté par les préparatifs du départ, remit à l’abbesse un petit parchemin en lui disant : « Si chaque jour vous faites réciter avec soin l’antienne et l’oraison écrites sur cette feuille, jamais la peste n’entrera dans ce monastère ». Il dit et disparut. Les religieuses crurent que ce mendiant était l’apôtre saint Barthélemy. Quoi qu’il en soit, jamais, en temps de peste, alors même qu’elle sévissait dans la ville, ce monastère n’en fut jamais atteint.

 

Voici ces prières fort en usage à Rome, en Espagne et en Portugal :

 

Antienne : L’Étoile du Ciel, qui a allaité le Seigneur, a extirpé le fléau de la mort implantée par notre premier père. Que cette Étoile daigne elle-même aujourd’hui calmer l’atmosphère dont le trouble cause aux peuples des plaies mortelles. Ô très-miséricordieuse Étoile de la Mer ! Sauvez-nous de la peste. Reine, écoutez-nous ; car votre Fils, qui ne vous refuse rien, vous honore. Sauvez-nous, ô Jésus ! La Vierge, votre Mère vous implore pour nous.

 

Priez pour nous sainte Mère de Dieu, 

Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus Christ.

 

Prions

 

Dieu de miséricorde, Dieu de pardon, Dieu d’indulgence, qui êtes touché de compassion sur l’affliction de votre peuple et qui avez dit à l'ange exterminateur de votre peuple : « Arrête tes coups », pour l’amour de cette glorieuse Étoile, dont vous avez sucé avec douceur les précieuses mamelles contre le poison de nos fautes, donnez nous le secours de votre grâce, afin que nous soyons délivrés de tout fléau et à l’abri de la mort subite et que nous soyons miséricordieuse ment préservés du danger de toute perdition. Par vous, Jésus-Christ, roi de gloire, qui vivez et régnez dans les siècles des siècles. Amen.

 

Antiphone : Stella cœli extirpavit, quæ lactavit Dominum, mortis pestem, quam plantavit primus parens hominum. Ipsa stella nunc dignetur sidera compescere, quorum bella plebem cœdunt diras mortis ulcere. O piissima stella maris, a peste succurre nobis. Audi nos Domina : nam Filius tuus nihil negans te honorat. Salva nos Jesu, pro quibus Virgo Mater te orat.

 

- Ora pro nobis sancta Dei Genitrix. 

- Ut digni efliciamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Deus misericordiæ, Deus pietatis, Deus indulgentiæ, qui misertus es super afflictionem populi tui, et dixisti Angelo percutienti populum tuum : contime manum tuam : ob amorem illius Stellæ gloriosæ, cujus ubera pretiosa contra venenum nostrorum delictorum, quam dulciter suxisti ; præsta auxilium gratiae tuæ, ut ab omni peste, et improvisa morte secure liberemur, et a totius perditionis incursu misericorditer salvemur. Perte, Jesù Christe, Rex gloriæ, qui vivis et regnas in sæcula sæculorum. Amen.

 

(Prières extraites du livre « Vie populaire et édifiante du glorieux Saint Roch », du P. Irénée d'Orléans O.F.M., Bordeaux, 1875).

 

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Téléchargez le texte de ces prières (PDF) en cliquant ici

 

26 octobre 2019

Neuvaine « à la rencontre de l'autre avec François d'Assise »

Neuvaine « à la rencontre de l'autre avec François d'Assise »

Du 18 au 26 octobre 2019

 

Icône du Jubilé de Damiette 2019

 

Neuvième jour

Vers une vie pleinement sacramentelle

 

L'Évangile

 

« Beaucoup de Samaritains de cette ville crurent en Jésus, à cause des paroles de la femme qui avait rendu ce témoignage : « Il m’a dit tout ce que j’ai fait ». Lorsqu’ils arrivèrent auprès de lui, ils l’invitèrent à demeurer chez eux. Il y resta deux jours. Ils furent encore beaucoup plus nombreux à croire à cause de ses propres paroles, et ils disaient à la femme : « Ce n’est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons maintenant ; nous l’avons entendu par nous-mêmes, et nous savons que c’est vraiment lui le Sauveur du monde ». (Jn 4,39-42).

 

Méditation

 

Jésus Se laisse accueillir par les villageois. Ceux-ci font alors eux-mêmes l’expérience de la rencontre avec le Christ pendant les deux journées qu’ils partagent avec lui. Tous, comme ces Samaritains, nous croyons parce que d’autres nous ont apporté un témoignage. Mais l’exemple de ce village de Samaritains nous montre également qu’on ne saurait en rester à un témoignage extérieur, même le plus fiable et le plus fidèle. Celui qui croit doit, à son tour,faire une expérience personnelle du Ressuscité. Car, dit le pape François, « être chrétien c’est une rencontre, une rencontre avec Jésus Christ. Nous sommes chrétiens parce que nous avons été aimés et rencontrés, non pas parce que nous sommes des fruits du prosélytisme. Être chrétien, c’est se savoir pardonné, se savoir invité à agir de la même manière dont Dieu a agi pour nous ». Ai-je fait l’expérience du Christ dans ma vie ? Si ce n’est pas le cas, oserais-je demander à Le rencontrer ?

Rencontrer Jésus et Le reconnaître comme « Sauveur du monde », c’est par la même occasion se reconnaître sauvés, passés par la mort et la Résurrection du Christ. Cette dernière, si l’on veut qu’elle prenne un sens pour le monde qui nous entoure, ne doit donc pas être seulement un événement vieux de deux mille ans. Elle doit être un événement présent qui nous transforme et nous transfigure. Le monde ne croira que s’il voit en nous des ressuscités, une création réellement nouvelle. En le vivant de tout notre être nous apprenons, comme le dit le pape François « à être sacrements vivants du dialogue que Dieu veut engager avec chaque homme et chaque femme, quelle que soit sa condition de vie ». Notre conversion et notre nouvelle manière d’entrer en relation avec nous-mêmes, avec Dieu, avec les autres et avec la création deviennent des signes, qui donnent à voir et qui réalisent en même temps la grande rencontre que Dieu souhaite avec chacun. En cela justement consiste notre mission : en nous laissant recréer par les mains de Dieu (à travers toutes nos rencontres en vérité), devenir, à notre tour, le signe et l’outil de ce grand projet de fraternisation et de réconciliation qui est le Sien.

 

Intention de prière

 

Trinité sainte, à l’image de l’amour qui vous unit Père, Fils et Esprit Saint, Tu travailles sans relâche l’humanité. Donne-nous d’adhérer pleinement et de coopérer à ce grand projet d’amour.

 

Résolution concrète pour la journée

 

Je reprends cette phrase du pape François, « Soyez des sacrements vivant de la rencontre de Dieu avec les hommes », j’essaie de voir en quoi elle pourrait s’appliquer à ma journée et aux rencontres qui s’annoncent. Je choisis de vivre différemment un moment de ma journée, de le vivre de manière proprement sacramentelle.

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Figure pour aujourd’hui

Le Pape François

 

Le pape François, depuis son encyclique sur « La joie de l’Evangile » nous encourage à revenir au cœur de notre foi et de notre vie de ressuscités. Au cours de l’année 2019 qui marque le 8ème centenaire de la rencontre de Saint François d’Assise et du sultan Malik Al-Kamil, il a posé des actes fort en direction du monde de l’islam. Avec le grand imam d’Al-Azhar, ils déclarent « adopter la culture du dialogue comme chemin, la collaboration commune comme conduite et la connaissance réciproque comme méthode et critère ». Ils nous rappellent également que « le Tout Puissant n’a besoin d’être défendu par personne ».

 

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L'auteur de cette neuvaine, le Frère Stéphane Delavelle est franciscain, vit à Meknès au Maroc. Il est l'auteur de l'ouvrage, paru en mars 2019 aux éditions Chemins de dialogue, « Franciscains au Maroc, huit siècles de rencontres ». À travers cette neuvaine, il nous partage les grandes figures qui l'ont inspiré et sa réflexion sur ce qu'est la rencontre avec le Christ et avec nos frères en humanité.

 

Téléchargez l'intégralité des textes de cette Neuvaine (pdf) en cliquant ici

 

Neuvaine : À la rencontre de l'autre avec François d'Assise sur Hozana

 

26 octobre 2019

Neuvaine « à la rencontre de l'autre avec François d'Assise »

Neuvaine « à la rencontre de l'autre avec François d'Assise »

Du 18 au 26 octobre 2019

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Huitième jour

Le Royaume déjà à l'oeuvre dans la rencontre

 

L'Évangile

 

« Pendant ce temps, les disciples l’appelaient : « Rabbi, viens manger ». Mais il répondit : « Pour moi, j’ai de quoi manger ; c’est une nourriture que vous ne connaissez pas ». Les disciples se demandaient : « Quelqu’un lui aurait-il apporté à manger ? » Jésus leur dit : « Ma nourriture, c’est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre. Ne dites-vous pas : « Encore quatre mois et ce sera la moisson » ? Et moi, je vous dis : Levez les yeux et regardez les champs déjà dorés pour la moisson. Dès maintenant, le moissonneur reçoit son salaire » (Jn 4, 31-36).

 

Méditation

 

La Samaritaine est partie et Jésus se retrouve avec Ses disciples. Il va essayer de leur expliquer – à Sa manière – ce qui vient d’arriver. Si Il n’a plus faim, c’est que la rencontre qu’Il a vécue L’a comblé. Elle L’a comblé parce qu’elle a permis à la femme de toucher à sa vérité la plus profonde et à son désir, et à Jésus de révéler qui Il était et quelle était Sa mission. Entre les deux, elle a tissé un lien de fraternité fondamentale, de communion dans leurs différences sous l’action de l’Esprit Saint. Là est l’œuvre du Père, le dessein de Son Amour. C’est la raison pour laquelle Jésus voit la moisson déjà arrivée et la remise des comptes engagée : dans ce dialogue en vérité, c’est le Royaume déjà présent qui se donne à voir pour la plus grande joie de Dieu.

Nous cherchons tous à faire l’oeuvre de Dieu, à Lui obéir autant que faire se peut au cœur de nos existences. Nous le faisons parce que nous croyons que c’est bon et dans la perspective de recevoir cette vie de communion plénière avec Lui. Cependant, le Christ révèle ici à Ses disciples que l’accomplissement de la volonté de Dieu n’est pas la clef du Royaume mais qu’elle est déjà le Royaume à l’oeuvre. Sortir de moi-même pour aller vers l’autre, avoir soif d’apprendre de ce frère reçu de Dieu, le rencontrer en vérité et me laisser transformer pour finalement entrer dans la communion de la fraternité profonde et de l’amitié, c’est déjà vivre le Royaume. Toutes nos relations (et elles sont nombreuses dans nos journées) sont potentiellement ouvertes à cette dimension de fraternité universelle et d’unité du genre humain et de la création avec Dieu qui est le grand dessein du Père.

 

Intention de prière

 

Esprit Saint, Toi qui es l’artisan au plus profond de nous-mêmes de la Résurrection et de l’unité de toute la création avec Dieu, donne-nous de « toujours faire ce que nous savons que Tu veux et de toujours vouloir ce qui Te plaît ».

 

Résolution concrète pour la journée

 

J’essaie de vivre cette journée « rien que pour aujourd’hui » comme l’écrivait sainte Thérèse de Lisieux, sans me projeter, en étant présent à cet essentiel qui se joue là et où Dieu se rend présent, même dans les tâches les plus habituelles.

 

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Figure pour aujourd’hui

Serge de Beaurecueil

 

Serge de Beaurecueil est dominicain. Spécialiste de mystique musulmane, il s’installe à Kaboul en 1963 pour y enseigner à l’université. Il consacrera finalement tout son temps et toute son énergie à l’accueil et au soin d’enfants trouvés dans les rues. En intellectuel, il commence par chercher à penser le sens divin de sa présence solitaire en terre musulmane, celle d’un « prêtre des non chrétiens » comme il l’écrira plus tard. Mais tout se simplifie avec le temps pour laisser place à la seule rencontre du plus pauvre et à la fraternité de vie qui se tisse dans sa petite maison habitée des cris d’enfants et des craquements de béquilles. Évoquant l’expérience vécue ensemble pendant la guerre qui ravage le pays, il écrit : « C’est dans notre chair, dans notre cœur meurtri, que nous devions ensemble, non point seulement commémorer, mais entrer dans le mystère pascal ». Quand notre vie partagée devient eucharistie.

 

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L'auteur de cette neuvaine, le Frère Stéphane Delavelle est franciscain, vit à Meknès au Maroc. Il est l'auteur de l'ouvrage, paru en mars 2019 aux éditions Chemins de dialogue, « Franciscains au Maroc, huit siècles de rencontres ». À travers cette neuvaine, il nous partage les grandes figures qui l'ont inspiré et sa réflexion sur ce qu'est la rencontre avec le Christ et avec nos frères en humanité.

 

Neuvaine : À la rencontre de l'autre avec François d'Assise sur Hozana

25 octobre 2019

Neuvaine « à la rencontre de l'autre avec François d'Assise »

Neuvaine "à la rencontre de l'autre avec François d'Assise"

Du 18 au 26 octobre 2019

 

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Septième jour

Toucher au sens divin de nos différences

 

L'Évangile

 

« Jésus lui dit : « Mais l’heure vient – et c’est maintenant – où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité : tels sont les adorateurs que recherche le Père. Dieu est esprit, et ceux qui l’adorent, c’est en esprit et vérité qu’ils doivent l’adorer ». La femme lui dit : « Je sais qu’il vient, le Messie, celui qu’on appelle Christ. Quand il viendra, c’est lui qui nous fera connaître toutes choses ». Jésus lui dit : « Je le suis, moi qui te parle » (Jn 4,23-26).

 

Méditation

 

La rencontre avec Jésus tourne pour la Samaritaine à l’expérience spirituelle. Elle découvre que son désir profond est réveillé et qu’elle peut enfin parler en vérité sans se cacher. Ceci l’amène à voir en Jésus un prophète (Jn 4,19). Mais il n’en demeure pas moins le Juif, l’autre. Comment se fait-il que d’autres croyants, par leurs gestes, par leurs paroles et par leurs engagements puissent m’amener ainsi à découvrir des richesses insoupçonnées au cœur de mon existence et de ce qu’elle a de plus unique, à savoir ma foi ? Faut-il pour cela que j’adhère à la foi de l’autre parce que telle parole de Gandhi me touche ou parce que je ressens toute la grandeur de la prière commune de mes frères d’islam ?

C’est là que Jésus nous révèle la manière dont Dieu entend être adoré : il ne s’agit plus d’aller au Mont Garizim ou à Jérusalem, mais de « l’adorer en esprit et en vérité ». On interprète souvent ces mots comme un appel à dépasser la religion pour louer Dieu au-delà, dans un tout sans forme et inclusif. Ceci pourrait paraître tentant pour notre époque mais reviendrait inexorablement à nier la logique de l’incarnation qui choisit de se singulariser pour accéder à l’universel.

Aussi, il nous faut prendre en compte le fait que Jésus ne parle pas dans le principe mais qu’il s’adresse à une personne, à une femme d’une autre croyance. Jésus révèle à cette femme que l’adoration recherchée par Dieu, cette adoration en esprit et en vérité qui lui a fait toucher son essentiel quelques instant plus tôt, réside justement dans ce dialogue entre croyants où chacun est lui-même et où les prières et les quêtes se répondent. Quand l’autre m’amène au meilleur de ma foi et quand je lui permets aussi d’avancer sur son propre chemin. Quand la rencontre avec l’autre touche à cette profondeur, Dieu peut s’y révéler : « Je le suis, moi qui te parle » (Jn 4,26).

 

Intention de prière

 

Père de tous les croyants, dans le mystère de Ton dessein de salut Tu as créé les hommes différents afin « qu’Ils s’entre-connaissent et se stimulent par leurs bonnes actions » (Coran 5,48), donne-nous d’accueillir ce mystère de l’altérité comme venant de Toi et comme ayant quelque chose à nous dire de Ta part.

 

Résolution concrète pour la journée

 

Je repense à un événement, une rencontre, une nouvelle qui, aujourd’hui, m’ont mis face à face avec le mystère de la différence religieuse. Ce sont souvent des réalités qui me choquent, qui me perturbent, qui m’effraient. Je les regarde devant Dieu. Qu’ont-elles à me dire de Lui et de Sa part ?

 

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Figure pour aujourd’hui

Karima Berger

 

Karima Berger est algérienne et vit en France depuis 1975. Dans son livre Les attentives, elle raconte sa rencontre avec Etty Hillesum. Elle, jeune femme musulmane contemporaine en souffrance face aux luttes internes et externes qui marquent l’islam aujourd’hui, se sent mise en mouvement par une jeune Juive morte dans les camps de concentration. « Ton altérité juive n’a cessé de nourrir l’universalité de ma pensée musulmane, de libérer mon Dieu des défigurations qui le menacent. (…) Dans une de tes dernières lettres, tu enjoignais : « Tenez fermement vos positions intérieures une fois que vous les avez conquises ! » Je les tiens, chère vigie, car c’est la guerre, et la bataille aujourd’hui se situe au-dedans de soi, sur le front de ses positions intérieures ».

 

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L'auteur de cette neuvaine, le Frère Stéphane Delavelle est franciscain, vit à Meknès au Maroc. Il est l'auteur de l'ouvrage, paru en mars 2019 aux éditions Chemins de dialogue, « Franciscains au Maroc, huit siècles de rencontres ». À travers cette neuvaine, il nous partage les grandes figures qui l'ont inspiré et sa réflexion sur ce qu'est la rencontre avec le Christ et avec nos frères en humanité.

 

 

23 octobre 2019

Neuvaine "à la rencontre de l'autre avec Saint François d'Assise"

Neuvaine "à la rencontre de l'autre avec François d'Assise"

Du 18 au 26 octobre 2019

 

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Sixième jour

Les relations mènent au désir et à la Vérité

 

L'Évangile

 

« La femme lui dit : « Seigneur, donne-moi de cette eau, que je n’aie plus soif, et que je n’aie plus à venir ici pour puiser ». Jésus lui dit : « Va, appelle ton mari, et reviens ». Elle répliqua : « Je n’ai pas de mari ». Il reprit : « Tu as raison de dire que tu n’as pas de mari (…) ; là, tu dis vrai ». (Jn 4,15-18).

 

Méditation

 

Jésus a su réveiller le désir de la Samaritaine. Celle qui ne voulait pas avoir à faire avec Lui demande maintenant cette eau qui étanchera sa soif et lui permettra de ne plus venir puiser hors du village. Telle est la manière de Jésus avec les hommes : « le maître du désir », comme l’appelait Eloi Leclerc, se sert de tout pour désensabler la source profonde de notre désir de relations vraies.

Mais ce dialogue n’a pas amené seulement la femme à reprendre contact avec sa soif profonde. Elle la conduit également à faire la vérité sur elle-même : « Là, tu dis vrai ! » Lui répond Jésus, comme si – jusque-là – mensonges, demi-vérités et provocations s’étaient mêlés inextricablement avec la simple vérité sur sa fragile situation. Faire la vérité sur nous-mêmes n’est pas simple, nous le savons bien. D’une part, dans une relation, nous cherchons à être reconnus, à exister, à ne pas blesser. Et, cela nous amène à cacher ce que nous sommes, à entretenir le flou. D’autre part, il nous faudra toute notre vie pour faire la vérité sur « cet autre que nous sommes » comme l’écrivait Rimbaud. La relation peut nous y aider à condition d’accepter d’être nous-mêmes, un nous-mêmes en chemin mais un nous-mêmes quand même. Le faire, c’est se limiter (je ne suis pas tout et, en particulier, pas ce que l’autre attend nécessairement de moi) ; se limiter dans la perspective d’une communion avec l’autre.

Ce qui est vrai de nos relations humaines l’est aussi de notre vie avec Dieu. Ce long dialogue que le Père entretient avec nous a pour seul but d’éveiller notre désir et de nous amener à entrer « dans la Vérité toute entière », celle de cette vie de ressuscités que nous sommes appelés à vivre dès aujourd’hui et que nous ne cessons de différer ne nous y sentant pas prêts.

 

Intention de prière

 

Père, Tu nous appelles à la Vérité, non pas une vérité froide et logique centrée sur nous-mêmes, mais une vérité qui fasse de nous des brûlants, assoiffés de relations et de vérité. Donne-nous d’entrer dans Ta Vérité, d’accepter de ne jamais la posséder car cette Vérité c’est Toi, ainsi nous pourrons faire Ta sainte volonté.

 

Résolution concrète pour la journée

 

Je regarde ce matin les relations que je devrais avoir pendant la journée. J’en choisis une ou deux et je vois en quoi je pourrais être plus vrai(e) que je ne le suis habituellement. Je relis en fin de journée et je vois ce que cet effort de vérité a donné.

 

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Figure pour aujourd’hui

Le Père Peyriguère

 

Albert Peyriguère est un prêtre du diocèse de Bordeaux. Attiré par l’apostolat du Père Charles de Foucauld, il s’installe au Maroc, dans un petit village de montagne. C’est là qu’il passera plus de trente années, soignant le jour dans son petit dispensaire, approfondissant sa connaissance de la langue et de la culture locale, s’engageant pour que ce peuple puisse être respecté et accède à son indépendance et – part la plus chère de son existence - consacrant ses nuits à la prière solitaire. Voilà ce qu‘il conseillait à une sœur en 1931 : « Faites-vous une vie spirituelle positive qui consiste à vous remplir directement l’âme du Christ, et non pas une vie spirituelle négative qui prétendrait arracher morceau par morceau ce qui, en vous, déplaît au Christ ».

 

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L'auteur de cette neuvaine, le Frère Stéphane Delavelle est franciscain, vit à Meknès au Maroc. Il est l'auteur de l'ouvrage, paru en mars 2019 aux éditions Chemins de dialogue, « Franciscains au Maroc, huit siècles de rencontres ». À travers cette neuvaine, il nous partage les grandes figures qui l'ont inspiré et sa réflexion sur ce qu'est la rencontre avec le Christ et avec nos frères en humanité.

 

Neuvaine : À la rencontre de l'autre avec François d'Assise sur Hozana

22 octobre 2019

Neuvaine à la rencontre de l'autre avec François d'Assise

Neuvaine "à la rencontre de l'autre avec François d'Assise"

Neuvaine de prière

Du 18 au 26 octobre 2019

 

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Cinquième jour

Vers des relations vraiment humaines et humanisantes

 

L'Évangile

 

« Jésus lui répondit : « Quiconque boit de cette eau aura de nouveau soif ; mais celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle ». (Jn 4,13-14).

 

Méditation

 

L’homme a soif de relations. Cette soif est la marque en lui, à la fois de sa ressemblance avec Dieu et de cette finitude qui l’empêche de se donner totalement et librement à l’autre. Il multiplie donc les relations, les liens, les « amis » mais sans jamais étancher sa soif véritable. Plus il les multiplie plus elles deviennent factices, utilitaires ou instrumentalisantes.

Jésus nous appelle à goûter à d’autres relations, les seules qui soient à même de combler notre soif. Ces relations, c’est Lui qui nous les donne, dit-il à la Samaritaine. Qu’est-ce à dire ? Nous faut-il attendre que Dieu nous donne des relations, qu’Il conduise l’autre vers nous ? Non. Il s’agit plutôt de comprendre que nos relations sont appelées à se conformer au mode relationnel propre à Jésus : un mode qui refuse de mettre la main sur l’autre pour en faire une image de ce que je suis, mais qui cherche plutôt à le rendre encore davantage lui-même, encore plus libre et autre.

En ce sens, cette relation qui nous donne vie peut devenir à son tour contagieuse et, de ce fait, missionnaire : comme j’ai été aimé, je peux à mon tour aimer. Guéris dans nos infirmités relationnelles par le Christ (soit directement, soit – le plus souvent – à travers une médiation humaine où nous découvrons a posteriori la présence de Dieu), nous devenons à notre tour des sources de relations justes et libératrices pour le monde.

 

Intention de prière

 

Esprit Saint, viens guérir ce qui est blessé dans mon être relationnel. Donne-moi d’entrer à Ta manière dans mes relations, qu’elles soient vraiment un lieu de rencontre avec Toi.

 

Résolution concrète pour la journée

 

Je choisis une rencontre de Jésus dans l’Evangile et je prends le temps de la contempler ce matin. Je prête attention à la manière qu’a Jésus d’entrer en relation, de respecter l’autre, de le renvoyer vers une plus grande liberté. Je laisse cette scène transformer ma journée et mes rencontres.

 

 

Claverie

 

Figure pour aujourd’hui

Bienheureux Pierre Claverie

 

Pierre Claverie est dominicain. Né en Algérie à l’époque de la colonisation française, il s’aperçoit à son retour à Alger comme jeune dominicain qu’il a vécu toute son enfance dans « la bulle coloniale ». Toute sa vie de frère prêcheur, de prêtre et d’évêque d’Oran consistera à faire exploser ces bulles factices qui empêchent le vrai dialogue, la vraie relation. Évoquant la figure de Jean Bosco au cours d’une retraite, il cite la remarque de son cocher lors du procès de canonisation : « Devant Don Bosco, j’existais. » Pour l’évêque martyr d’Oran, il en allait de même avec Jésus : quand Il rencontrait quelqu’un, ce quelqu’un accédait à son existence propre et unique. À nous de faire de même.

 

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L'auteur de cette neuvaine, le Frère Stéphane Delavelle est franciscain, vit à Meknès au Maroc. Il est l'auteur de l'ouvrage, paru en mars 2019 aux éditions Chemins de dialogue, « Franciscains au Maroc, huit siècles de rencontres ». À travers cette neuvaine, il nous partage les grandes figures qui l'ont inspiré et sa réflexion sur ce qu'est la rencontre avec le Christ et avec nos frères en humanité.

 

Neuvaine : À la rencontre de l'autre avec François d'Assise sur Hozana

21 octobre 2019

Neuvaine "à la rencontre de l'autre avec Saint François d'Assise

Neuvaine "à la rencontre de l'autre avec François d'Assise"

Du 18 au 26 octobre 2019

 

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Quatrième jour

Dieu plus grand

 

L'Évangile

 

« Jésus lui répondit : « Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : « Donne-moi à boire », c’est toi qui lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive ». (Jn 4,10)

 

Méditation

 

La Samaritaine croit tout savoir de cet homme qui se présente à elle : Il est Juif, Il est l’autre et elle ne veut rien avoir à faire avec Lui. Jésus se prend à rêver : « Si tu savais le don de Dieu… » Oui, Dieu rêve pour l’homme. Il rêve que nous nous ouvrions à Lui dans tout Son mystère, que nous adhérions à une vie à dimension divine et que nous ne nous contentions pas de nous traîner au ras de nos possibles, de nos compromis et de nos peurs. « Ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas monté au cœur de l’homme, tout ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment » (1 Co 2,9), voilà ce que Dieu voudrait nous faire découvrir, comme à la Samaritaine.

Cet appel à regarder plus haut et plus grand porte d’abord sur notre relation à Dieu. Nos frères d’islam se plaisent à parler du « Très Grand » (akbar), Celui qui est au-delà de tout et notamment de toutes nos représentations. Se représenter Dieu comme un monarque omnipotent, c’est encore trop humain. Dieu est bien au-delà. Il est Celui qui ne craint pas de perdre quoi que ce soit et qui est prêt à Se laisser crucifier pour que nous « ayons la vie en abondance » (Jn 10,10). Et si j’acceptais de me laisser surprendre aujourd’hui par l’amour infini de Dieu, me laissant emmener plus loin par ce qu’Il me donne à voir ?

Cet appel à regarder plus loin - comme « s’il voyait l’invisible » (He 11,27) - concerne également l’autre qui vient à ma rencontre. Dans le cas de la Samaritaine, c’est le Christ, le don de Dieu. Et s’il en était ainsi pour nous, si je recevais l’autre comme un don de Dieu, toujours au-delà de ce que je peux imaginer ou craindre de lui ? Accueillir l’autre comme un présent venu d’en haut, c’est d’ores et déjà en faire un frère sur le chemin et c’est lui permettre de me surprendre et de me mener plus loin.

 

Intention de prière

 

Dieu, à force de contempler nos péchés et de nous vouloir réalistes, nous tournons sur nous-mêmes et nous nous construisons des vies racornies à notre taille. Donne-nous la foi et l’espérance qui permettent de croire dans ce projet fou que Tu as pour nous, celui de faire de nous Tes fils et Tes filles à part entière.

 

Résolution concrète pour la journée

 

Je m’arrête après quelques actions de la journée (une fois un travail terminé, après une rencontre, après un trajet en métro) et je regarde plus haut. Quel sens Dieu entend-Il donner à tout cela ?

 

 

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Figure pour aujourd’hui

Bienheureux Christian de Chergé

 

Christian de Chergé, encore séminariste, est envoyé faire son service militaire en Algérie pendant la guerre d’indépendance. Il est sauvé par un garde-champêtre musulman qui, écrira-t-il plus tard, a su donner sa vie pour lui, comme l’avait fait le Christ. Ceci amène Christian à entrer à la Trappe de Tibhirine pour y vivre en « priant au milieu d’autres priants ». Il écrit dans son testament, évoquant sa mort : « Voici que je pourrai,s'il plaît à Dieu, plonger mon regard dans celui du Père pour contempler avec Luises enfants de l'Islam tels qu'Il les voit, tout illuminés de la gloire du Christ, fruits de Sa Passion investis par le Don de l'Esprit dont la joie secrète sera toujours d'établir la communion et de rétablir la ressemblance en jouant avec les différences ».

 

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L'auteur de cette neuvaine, le Frère Stéphane Delavelle est franciscain, vit à Meknès au Maroc. Il est l'auteur de l'ouvrage, paru en mars 2019 aux éditions Chemins de dialogue, « Franciscains au Maroc, huit siècles de rencontres ». À travers cette neuvaine, il nous partage les grandes figures qui l'ont inspiré et sa réflexion sur ce qu'est la rencontre avec le Christ et avec nos frères en humanité.

 

Neuvaine : À la rencontre de l'autre avec François d'Assise sur Hozana

19 octobre 2019

Neuvaine "à la rencontre de l'autre avec Saint François d'Assise"

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Du 18 au 26 octobre 2019

 

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Troisième jour

Quand nous résistons à la rencontre

  

L'Évangile

 

« La Samaritaine lui dit : « Comment ! Toi, un Juif, tu me demandes à boire, à moi, une Samaritaine ? » – En effet, les Juifs ne fréquentent pas les Samaritains ». (Jn 4,9)

 

Méditation

 

Jésus a pris un risque pour entrer en relation avec la Samaritaine. Il a osé s’ouvrir de Son besoin, de Son manque. Et le voilà pour le moins fraîchement reçu et renvoyé au mur qui sépare les deux communautés juive et samaritaine. Souvent, nos efforts pour entrer en relation de manière désarmée avec l’autre se soldent par un premier échec. Peut-être pas plus tard qu’hier avons-nous essuyé un refus alors même que nous avions tenté de nous faire petits et d’entrer dans la soif profonde qui est la nôtre de relations vraies.

Cette réponse de la Samaritaine révèle les blessures qui ont marqué l’histoire entre les deux communautés. À force de se voir humiliés et méprisés par les Juifs au point de ne rien accepter qui vienne d’eux, les Samaritains ne peuvent comprendre la demande de Jésus. Nous non plus, malgré toute notre bonne volonté, nous n’entrons pas « vierges » dans une relation : pour l’autre, nous appartenons à une culture, à une classe sociale, à une histoire qui l’a peut-être fait souffrir. Il faudra de la patience et beaucoup de compassion de notre part pour que l’autre finisse par nous voir comme nous sommes et non comme le représentant d’un monde qui l’a fait souffrir (qu’il s’agisse de l’Eglise, de l’ancien colonisateur ou d’un quelconque pouvoir dont il a eu du mal à se libérer).

Des clichés et des peurs interfèrent également avec le regard que je pose sur l’autre. Lui, il est musulman, donc violent. Celui-là est un homme d’Eglise, il ne voudra donc pas laisser de place à une femme ou tentera de m’abuser. Cet autre est de telle génération, il ne pourra comprendre ma quête d’identité et de tradition… Suis-je conscient de ce qui surcharge ma vision des autres, de ce qui précède la rencontre et qui peut la conditionner et la stériliser : de tout ce que je sais de l’autre et qui m’empêchera de le voir différemment, comme il est lui et pas comme une généralité ?

 

Intention de prière

 

Christ, Tu es venu abattre le mur de la haine qui séparait les hommes (Ep 2,14), donne-nous de découvrir tout ce qui obscurcit notre regard et celui de nos interlocuteurs. Donne-nous de pouvoir les voir et nous voir « dans les yeux du Père ».

 

Résolution concrète pour la journée

 

Lors d’une rencontre de la journée, je prends quelques secondes pour réaliser les préjugés ou les présupposés que je peux avoir sur la personne qui est en face de moi. J’essaie également de pressentir ce qui altère son regard à elle. Le soir, je reprends cette expérience et je me demande honnêtement, devant Dieu, si j’ai été juste avec cette personne, ce que j’aurais pu vivre différemment si mon regard avait été moins encombré

 

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Figure pour aujourd’hui

Jean-Mohammed Abd El-Jalil

 

Jean-Mohammed Abd El-Jalil naît dans une famille marocaine traditionnelle. Lors de ses études en France, il découvre le Christ et devient chrétien. Il entre ensuite chez les franciscains et est ordonné prêtre en 1935. Pour lui, la conversion n’est pas un reniement mais un cheminement et un accomplissement. Évoquant le mur qui sépare chrétiens et musulmans à la veille de sa mort, il le compare aux « murs qui séparent les jardins qui entourent Fès, construits pour que les femmes soient libres de se dévoiler et de s’aérer sans être vues ; (ajoutant que) ces murs n’empêchaient pas le parfum des roses des deux côtés de se rencontrer vers les hauteurs ». (Jean-Mohammed Abd El-Jalil, Témoin du Coran et de l'Evangile, Editions franciscaines, 2005).

 

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L'auteur de cette neuvaine, le Frère Stéphane Delavelle est franciscain, vit à Meknès au Maroc. Il est l'auteur de l'ouvrage, paru en mars 2019 aux éditions Chemins de dialogue, « Franciscains au Maroc, huit siècles de rencontres ». À travers cette neuvaine, il nous partage les grandes figures qui l'ont inspiré et sa réflexion sur ce qu'est la rencontre avec le Christ et avec nos frères en humanité.

 

Neuvaine : À la rencontre de l'autre avec François d'Assise sur Hozana

19 octobre 2019

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À la rencontre de l'autre avec François d'Assise

Neuvaine de prière

Du 18 au 26 octobre 2019

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Deuxième jour

Un Dieu assoiffé de relations

 

L'Évangile

 

« Arrive une femme de Samarie, qui venait puiser de l’eau. Jésus lui dit : « Donne-moi à boire ». (Jn 4,7)

 

Méditation

 

Jésus est là, au bord du puits mais, comme le Lui fera remarquer la Samaritaine, Il n’a rien pour puiser l’eau. Il se trouve donc démuni alors même que la source est devant Lui. Très souvent, il en va de même pour nous : la source est proche, nous le savons, mais nous ne savons pas comment puiser, comment retrouver ce lien d’intimité et de confiance que nous entretenions jadis avec le Seigneur ou avec les autres. Nous faisons l’expérience de notre impuissance, de notre incapacité à maîtriser aussi bien notre vie spirituelle que notre vie relationnelle. Avec l’âge, après des disputes, du fait des responsabilités, nous devons entrer dans une autre manière de rencontrer. Une conversion s’impose.

C’est là que le Christ Se révèle comme « maître de la rencontre ». Lui, qui est tout et qui peut tout, Se fait humble mendiant en demandant à cette femme de Lui donner à boire. Il ne cherche pas une solution en Lui-même mais Il s’ouvre à l’autre de Son besoin profond. Une autre fois, sur la croix cette fois, Il lancera ce cri : « J’ai soif ! » C’est le même besoin qui s’exprime dans les deux cas : un besoin de relations, de considération, d’amour. Dieu se révèle là comme un assoiffé de l’homme. C’est pour que nous entrions en relation avec Lui qu’Il est venu jusqu’à nous et qu’Il S’est fait homme.

Si cette soif de relations appartient à la nature profonde de Dieu, elle doit être au cœur des être créés « à l’image et à la ressemblance de Dieu » que nous sommes. Hélas, la vie a souvent fait de nous des blessés qui ont peur de s’ouvrir, d’exprimer leurs besoins et qui ne cherchent qu’en eux-mêmes la réponse à leurs aspirations les plus profondes. Où en suis-je personnellement ? Ai-je encore soif ou suis-je seulement satisfait de ce que j’ai ?... Contemplons le Christ qui n’a pas honte d’avoir soif de nous : Il nous montre un autre chemin, le chemin de la Vie.

 

Intention de prière

 

Christ, Toi qui nous révèles la soif fondamentale qui habite le cœur de Dieu, réveille en nous la soif fondamentale de relations que Tu y as déposée pour nous rendre véritablement à Ton image.

 

Résolution concrète pour la journée

 

Je choisis d’exprimer simplement mon besoin à quelqu’un aujourd’hui plutôt que d’essayer de résoudre la question par mes propres moyens. J’offre ce chemin de minorité et de dépendance au Seigneur comme un pas à Sa suite.

 

 

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Figure pour aujourd’hui

Sainte Claire d’Assise

 

Claire d’Assise est une jeune aristocrate qui décide, en 1212, de suivre la voie de pauvreté, de fraternité et de contemplation ouverte par François d'Assise. D’autres femmes la suivront et elle veillera sur son monastère jusqu’en 1253 malgré ses nombreuses maladies. Ses biographes racontent que, sur son lit de mort, alors que déjà tous voyaient en elle une sainte, elle vit arriver un frère ermite. Et elle de lui demander : « Qu’as-tu de neuf à me dire sur Dieu ? » Étonnante soif de Dieu qui, jusqu’aux derniers instants, marque cette femme ! Et si nous entrions de cette manière dans nos relations : « Qu’as-tu de neuf, mon frère, ma sœur, à me dire sur Dieu ? »

 

 

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L'auteur de cette neuvaine, le Frère Stéphane Delavelle est franciscain, vit à Meknès au Maroc. Il est l'auteur de l'ouvrage, paru en mars 2019 aux éditions Chemins de dialogue, « Franciscains au Maroc, huit siècles de rencontres ». À travers cette neuvaine, il nous partage les grandes figures qui l'ont inspiré et sa réflexion sur ce qu'est la rencontre avec le Christ et avec nos frères en humanité.

 

Neuvaine : À la rencontre de l'autre avec François d'Assise sur Hozana

18 octobre 2019

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Neuvaine "à la rencontre de l'autre avec François d'Assise"

Du 18 au 26 octobre 2019

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Aujourd'hui commence la grande Neuvaine "À la rencontre de l'autre avec François d'Assise" (Du 18 au 26 octobre 2019), dans le cadre de l'année Jubilaire de la rencontre de Saint François et du Sultan. Ayant vécu pendant cette année, une grande révolution intérieure, reçu des grâces de conversion tout au long de cette année jubilaire, en action de grâce pour ces conversions vécues, je vous présenterais chaque jour les textes de cette neuvaine (Source: franciscains.fr) afin que vous puissiez, si vous le désirez, goûter et expérimenter la grâce incroyable issue de cette rencontre de François d'Assise et du Sultan, il y a 800 ans, à Damiette... rencontre qui est d'une actualité impressionnante...

 

Octobre, le mois missionnaire par excellence !

 

Il y a 800 ans, à l’automne 1219, François d’Assise partait rejoindre les troupes de la 5ème croisade qui assiégeaient la ville de Damiette en Egypte. Traversant les lignes « ennemies », il décidait d’aller rencontrer le Sultan Malik Al-Kamil accompagné d'un de ses frères. Contre toute attente, il fut reçu par le souverain. De leurs entrevues, nous ne savons rien, si ce n’est que le « petit pauvre » est revenu vivant et qu’il proposera ensuite à ses frères de revivre l’expérience qui fut la sienne parmi les musulmans en partant vivre et témoigner du Christ au milieux d'eux (Chapitre XII Règle de saint François de 1221). « Saint François a rappelé que le chrétien part armé seulement de sa foi humble et de son amour concret », nous dit le pape François. Alors, à l’école du Christ dans sa rencontre avec la Samaritaine (Jn 4), de saint François d’Assise et de grands témoins de la rencontre avec l’islam, approfondissons et prions pour toutes nos rencontres !

 

Pourquoi l’Évangile de la Samaritaine ?

 

Cette neuvaine nous invite à nous plonger dans l’Évangile de la Samaritaine. Un évangile connu où nous savons que Jésus rencontre une femme, « la Samaritaine ». Mais quelle invitation s'y cache et quelle pédagogie de la rencontre nous révèle le Christ ? Chaque jour, approfondissez à travers une méditation d'un passage de l’Évangile de la Samaritaine. Nous vous proposons une intention de prière et une action concrète pour la journée. Découvrez également une grande figure, un homme ou une femme, pour inspirer votre journée ! Que le Seigneur nous donne, à travers ces neuf jours de prière, de nous préparer à toutes ces rencontres du quotidien où Lui-même nous attend et nous espère de toute éternité.

 

N'hésitez pas à partager cette neuvaine autour de vous !

 

L'équipe du Jubilé Damiette 2019

 

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Premier jour
S'arrêter auprès de la source

 

L'Évangile

« Jésus arrive donc à une ville de Samarie, appelée Sykar, près du terrain que Jacob avait donné à son fils Joseph. Là se trouvait le puits de Jacob. Jésus, fatigué par la route, s’était donc assis près de la source. C’était la sixième heure, environ midi » (Jn 4,5-6).

 

Méditation

 

L'Évangile nous présente Jésus en chemin. Comme nous, Il passe, Il rencontre, Il est à l’œuvre. Ce chemin l’amène à sortir de ce qui pouvait apparaître comme son monde : Il entre en Samarie. Nous aussi, nous nous découvrons souvent dans des espaces ou des milieux étrangers avec des personnes que nous ne comprenons pas totalement.

Jésus arrive fatigué, usé sans doute tout autant par le chemin que par les rencontres et les appels qu’Il a entendus. Tant de voix résonnent autour de Lui. Il va se poser à l’écart, laissant les disciples se rendre à la ville toute proche. Lui, choisit de s’asseoir au bord du puits : Il sait qu’Il a besoin de se ressourcer. Nous aussi, nous ressentons souvent ce besoin de nous reposer et de replonger dans un essentiel qui semble voilé par les sollicitations multiples que nous recevons au quotidien. Dieu nous appelle, tout le temps de cette neuvaine, à nous poser à l’écart, à boire à la source vive.

Mais cette source où le Christ nous attend n’est pas celle du désert, celle de la retraite hors du monde qu’Il choisit certains jours. Non, Jésus cherche le repos et le ressourcement sur la terre de l’autre, dans un lieu où Il sait qu’Il rencontrera l’autre, loin du bruit. Nous voilà également appelés à retrouver l’essentiel au cœur de nos vies et de nos rencontres d’altérité, en y laissant pénétrer le silence et l’attention profonde. Dans cette quête, l’autre a quelque chose à nous dire et à nous apporter : il est appelé à devenir notre compagnon, du fait de sa familiarité fondamentale avec nous. Car lui aussi est un enfant de Dieu en recherche.

 

Intention de prière

 

Christ, Toi qui as connu la lassitude et le poids de nos existences chahutées, donne-nous d’entrer, aujourd’hui, avec tout notre être dans ce chemin vers la source que Tu nous proposes au cœur de nos rencontres. Que nous sachions ouvrir notre regard et laisser Ton silence envahir nos quotidiens pour pouvoir voir le monde et nos frères comme Toi Tu les vois.

 

Résolution concrète pour la journée

 

Je prends un moment (quelques minutes) pour m’arrêter au milieu de ma journée. Je prends conscience de ma fatigue, de tout ce que j’ai vu, entendu comme appels. J’ouvre ce réel qui est le mien au Seigneur dans le silence.

Etty Hillesum

Figure pour aujourd’hui

 

Etty Hillesum est une jeune juive morte dans les camps de concentration. Son parcours de découverte de Dieu passe par la littérature et par le service de ses frères et sœurs juifs dans les camps. Dieu lui apprend à « lire au-dedans d’elle-même », mais également à lire dans les autres pour y découvrir et y faire une place à Dieu. « L’essentiel est d’être à l’écoute de ce qui monte en soi. La seule certitude touchant notre vie et nos actes ne peut venir que des sources qui jaillissent au fond de nous-mêmes. (…) Il y a en moi un puits très profond. Et dans ce puits il y a Dieu. Parfois je parviens à l’atteindre. Mais plus souvent, des pierres et des gravats obstruent ce puits, et Dieu est enseveli. Alors il faut le remettre à jour ». Etty Hillesum, Une vie bouleversée (Seuil, 1995).

 

L'auteur de cette neuvaine, le Frère Stéphane Delavelle est franciscain, vit à Meknès au Maroc. Il est l'auteur de l'ouvrage, paru en mars 2019 aux éditions Chemins de dialogue, « Franciscains au Maroc, huit siècles de rencontres ». À travers cette neuvaine, il nous partage les grandes figures qui l'ont inspiré et sa réflexion sur ce qu'est la rencontre avec le Christ et avec nos frères en humanité.

 

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Icônes

"Saint François et le Sultan", écrite par le Monastère du Gai Rire

"Le Christ et la Samaritaine",  écrite par Cassien Rivas

"Hetty Hillesum", écrite par Kelly Latimore

 

Neuvaine : À la rencontre de l'autre avec François d'Assise sur Hozana

30 mai 2019

Le Mois de Marie Dominicain

Le Mois de Marie Dominicain

Marie honorée par les Saints et les Saintes de l’Ordre de Saint Dominique

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Trente-et-unième jour

Patronage de la bienheureuse Vierge Marie sur l'Ordre de saint Dominique

(La fête du Patronage de la bienheureuse Vierge Marie sur l'Ordre a été autorisée en 1725, par Benoît XIII et se célèbre le deuxième Dimanche de novembre)

 

« Heureux enfants d'une adoption si tendre, aimons Celle qui est digne de tout amour, Marie, notre Mère, la Mère de Jésus, cette divine plante sur laquelle a été cueillie l'adorable fleur de l'éternité, le Fils unique de Dieu, dont l'odeur délicieuse embaume le ciel ». (Méditations sur la vie des saints et des bienheureux de l'Ordre de saint Dominique).

 

I. Combien il est doux et consolant pour nous, le souvenir de ce jour mémorable et mille fois béni, où Marie, voulant donner à notre glorieux Père l'assurance de sa protection maternelle, lui apparut, bénissant tous ses enfants endormis, et lui dit : « Je suis Celle que vous invoquez tous les soirs. Lorsque vous dites : « Eia ergo, Advocata nostra » ; je me prosterne devant mon Fils pour la conservation de cet Ordre ! »

Puis, comme si cette magnifique promesse n'eût pas suffi à l'immensité d'amour dont son coeur débordait pour son fidèle serviteur, elle voulut recevoir de Jésus lui-même le dépôt sacré et précieux des enfants de Dominique : « J'ai confié ton ordre à ma Mère », dit Notre Seigneur au saint Patriarche ravi au Ciel ; en même temps, il lui montra sous le manteau de la Reine du ciel une multitude de ses fils et de ses filles.

Aussi Notre Seigneur Jésus ayant révélé à notre bienheureux Père l'heure si désirée de son départ pour le ciel, il pria la très Sainte Vierge avec larmes, lui disant : « Marie, Reine du ciel, écoutez la prière que je vous fais : je me confie à Vous, parce que je sais que Vous êtes toute-puissante auprès de Dieu ; prenez sous votre protection mes frères, que j'ai élevés sous l'abri de mon scapulaire ; cachez-les et défendez-les sous l'étendard de votre manteau royal ; conduisez-les et soutenez-les, de peur que l'ancien ennemi n'ait aucun avantage sur eux et ne ruine cette vigne nouvelle que j'ai plantée par la droite de votre divin Fils ; car quelle autre chose, très douce Dame, ai-je voulu représenter par ce petit habit qui leur couvre la poitrine et les épaules, sinon le double esprit dans lequel je les ai nourris, les portant nuit et jour à servir Dieu en toute humilité et tempérance ? Je priais aussi pour eux, afin qu'ils ne désirassent rien de ce monde qui pût, ou déplaire à Dieu, ou obscurcir près des hommes l'éclat de leur piété et de leur modestie. À présent donc que le temps de ma récompense approche, je vous remets mes enfants, afin que vous les receviez et les adoptiez pour les vôtres, et daigniez les supporter comme une bonne et tendre Mère ».

La très Sainte Vierge répondit à cette affectueuse prière : « Mon cher ami Dominique, parce que vous m'avez aimée plus que vous-même, je prends vos enfants sous mon grand manteau pour les défendre et les conduire, en sorte que tous ceux qui persévéreront dans l'observance de votre règle seront sauvés. Mon grand manteau n'est autre chose que ma miséricorde, que je ne refuse à aucun de ceux qui la demandent fidèlement, et dans le sein de laquelle je reçois tous ceux qui la cherchent ». (IIIe Livre des révélations de sainte Brigilte, ch. XVII).

Ce fut ce colloque entre la très Sainte Vierge et le saint Patriarche mourant qui donna lieu aux admirables paroles qu'il adressa au moment de son agonie à ses Frères, et les remplit de consolations.

Marie fut fidèle à la promesse faite à son fidèle serviteur, elle versa sans cesse sur son Ordre une multitude de grâces, et qui essayerait de les énumérer devrait rappeler en même temps la vie de tous les saints et bienheureux qui ont vécu sous la règle et l'habit de notre saint Patriarche. Il n'en est aucun, en effet, qui n'ait aimé Marie comme une Mère, et qui n'ait reçu des marques signalées de sa protection.

Saint Dominique avait pris dans une affection toute particulière le Vénérable Père Paul de Venise, à cause de ses admirables vertus et de sa grande ferveur. Il l’envoya un jour prêcher avec un autre religieux aussi jeune que lui ; la supérieure d'un monastère où ils se présentèrent pour être logés par charité, jugea que la parole de Dieu ne pouvait avoir une grande efficacité dans la bouche d'hommes aussi jeunes, et elle les méprisa ; mais la nuit suivante, elle en fut sévèrement reprise par la Sainte Vierge elle-même, qui lui fit connaître que ces religieux et tous ceux de leur Ordre étaient sous sa protection, et que Dieu, qui s'était servi du jeune Daniel pour corriger le jugement des deux vieillards de Babylone, saurait bien donner le don d'éloquence à ces religieux qui, dans leur jeunesse, renonçaient si généreusement au monde et pratiquaient la perfection la plus sublime ; que c'étaient là proprement ses enfants, et qu'elle se gardât bien d'en avoir une opinion si indigne. La religieuse se repentit de son jugement précipité, et le lendemain fit à ses hôtes l'accueil le plus charitable et le obligeant qu'il lui fut possible. Au moment de la mort de ce jeune religieux, il plut à Notre Seigneur de faire connaître combien sa vie lui avait été agréable, et la récompense qu'il lui destinait.

Un Frère Prêcheur, envoyé chez les Cumans, craignait qu'un tel voyage ne fût inutile à lui-même autant qu'à ce peuple, et troublé dans son âme, il conjura un saint religieux Cistercien d'intercéder en sa faveur près de Dieu. Le religieux, ému de compassion, passa la nuit suivante en prières, et il eut une vision. Il lui semblait voir un grand fleuve, sur le fleuve un pont, et des religieux de divers Ordres passaient le pont, l'allégresse au visage; mais, seuls, les Frères-Prêcheurs, au contraire, luttaient au sein du fleuve, essayant de le franchir à la nage, et chacun d'eux traînait un char couvert d'hommes. Quelques-uns défaillaient sous l'excès de la fatigue ; mais aussitôt la bienheureuse Vierge Marie s’inclinait vers eux, et les soutenant de la main, les conduisait au rivage. Là, Elle les accueillait, ainsi que ceux qu'ils avaient sauvés, et les conduisait tous, ivres de joie, dans des lieux d'une ineffable beauté. Le Cistercien fit part de cette vision au dominicain tenté, qui partit aussitôt pour remplir sa mission. Il comprit que les Frères voués au salut du monde, devaient affronter des travaux plus rudes que ceux des religieux occupés uniquement à leur propre salut ; mais que ces travaux, plus féconds en fruits, gardaient à l'âme d'inénarrables joies, et que la bienheureuse Vierge les partagerait (Vitæ fratrum, lib. I, cap. VI).

 

II. Marie est la mère de tous les chrétiens ; mais Elle est en particulier la mère des Frères Prêcheurs qu'elle a enfantés, nourris, élevés, revêtus, protégés, institués héritiers du saint Rosaire. Ne craignons donc ni pour nous ni pour notre maison, c'est-à-dire pour notre famille spirituelle le grand froid, la neige, ou le souffle glacial du monde et de l'enfer ; car Marie nous a couverts d'un double vêtement, qui est notre scapulaire. Elle a donne' une riche ceinture aux Cananéens, c'est-à-dire le très Saint Rosaire aux Frères Prêcheurs, qui font le commerce des âmes, comme les Cananéens faisaient celui des étoffes précieuses.

Marie a présidé à la naissance de cet Ordre ; Elle en a béni les accroissements, multiplié les rejetons, protégé tous les âges, et ne cessera, jusqu'à la fin des siècles, nous en avons la douce confiance, de conserver en lui, de renouveler, s'il est nécessaire, dans toute sa vigueur, cet esprit primitif du saint patriarche Dominique, sève abondante qui lui fait produire, depuis six siècles, les fruits savoureux qui font la joie des anges et les délices du ciel.

Amour donc ! Oui, amour sans bornes à Marie, la céleste Mère de l'Ordre de saint Dominique ! Amour à ce Lys prédestiné dont le suave parfum nous réjouit et nous fortifie ! Amour à la sainte rosée qui ranime notre âme épuisée, fatiguée par la lutte des passions ! Amour à celle que l'Église appelle l'Étoile du Matin, splendide avant-courrière du soleil de justice, dont le doux éclat nous guide dans notre voie aride ! Que les cieux et la terre chantent la Vierge Marie ! Que les flots bruyants de la mer, l'avalanche qui se détache du rocher avec le bruit du tonnerre, que les vents mugissants dans les grands sapins, joignent leur cantique aux nôtres ! Et toi, petit oiseau qui rases la terre, chante-la aussi bien que l'aigle majestueux qui s'envole vers le soleil ; car, par un prodige d'amour qui nous confond, nous savons que, pendant que des millions d'archanges chantent de cieux en cieux sa gloire, Marie prête une oreille maternelle aux plus humbles louanges de ses enfants, et c'est pour cela que, quoique je ne sois qu'une petite fauvette sans voix et sans mélodie, j'ai essayé de la chanter pendant ces trente et un jours !...

Ô douce Patronne, il s'est écoulé comme un jour ce mois passé à vos pieds bénis, et mon frêle esquif va quitter l'anse tranquille où il était amarré à votre ombre tutélaire, pour reprendre la pleine mer orageuse de la vie ; ah ! permettez qu'il ne s'éloigne que chargé des fruits des méditations et des exemples que mon âme a savourés pendant ce mois.

Sainte Protectrice de notre Ordre, soyez toujours mon phare lumineux ; souvenez-vous, Mère chérie, que je navigue au milieu des écueils, aidez-moi à diriger mon esquif ; que la prudence soit mon gouvernail, l'humilité et la charité mon lest, la soumission à la volonté de Dieu ma boussole, votre protection maternelle, Vierge sainte, mon ancre d'espérance; que malgré les dégoûts et les amertumes qui, comme une mer houleuse, inonderont souvent mon âme, la voile de ma patience ne se déchire jamais, et que, comme l'arche de Noé, je surnage toujours avec persévérance sur les grandes eaux de la tribulation, jusqu'au port du salut éternel. Amen.

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Ad majorem Mariae gloriam

 

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Fin du Mois de Marie Dominicain

 

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29 mai 2019

Le Mois de Marie Dominicain

Le Mois de Marie Dominicain

Marie honorée par les Saints et les Saintes de l’Ordre de Saint Dominique

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Trentième jour

Marie, Reine des Martyrs

 

« La seule présence de Marie sur le Calvaire auprès de son Fils mourant, suffit pour nous montrer quel martyre Elle souffrit, et combien sa patience fut constante et sublime. Ce fut alors que par sa patience, Elle devint notre Mère et nous ses enfants à la vie de la grâce » (Saint Albert-le-Grand).

 

I. Marie n'était pas seulement auprès de la croix, les yeux noyés de larmes, et contemplant les blessures de son Fils, Elle s'y tenait debout !... Les rochers se brisent par morceaux, et Marie ne perd rien de sa force. Son cœur est comme une mer d'amertume dont les vagues montent jusqu'au ciel ; mais elle conserve son calme, résiste à la tempête et ne s'écarte en rien de la volonté du Seigneur. Toutefois cette conformité à la volonté divine ne l'empêche point de sentir une immense douleur quand elle jette les yeux sur son Fils adoré et souffrant. (Vénérable Louis de Grenade, Méditation sur la Passion).

Ah ! Vraiment, Vierge sainte, il n'y a pas de martyre semblable à votre martyre, parce que parmi les créatures, il n'y a pas d'amour semblable à votre amour !

C'est le souvenir de la Passion de Jésus et du martyre de Marie au pied de la croix qui a fait la force de tous les martyrs, et les a rendus supérieurs à la douleur.

Dès l'origine de l'Ordre de Saint Dominique, l'enfer qui prévoyait le grand nombre d'âmes qu'il lui arracherait, se rua sur lui avec tant de rage, que les documents officiels portent à 13 300 le nombre des martyrs de l'Ordre pendant le premier siècle de son existence. Les savants auteurs de l'ancienne Année Dominicaine comptent 26 000 martyrs pendant son quatrième siècle.

À Saint Dominique et à l'arme du Rosaire dont il se servit par l'inspiration de la très Sainte Vierge, appartient la gloire d'avoir perlé à l'hérésie des Albigeois un coup mortel ; mais il fut donné aux religieux de son Ordre d'en éteindre les dernières étincelles dans leur sang généreux. En vingt ans le seul couvent de Toulouse eut l'insigne honneur de fournir douze martyrs à la cause de Jésus-Christ et de sa très Sainte Mère. Les trois derniers furent Guillaume Arnaldi, Bernard de Rochefort et Garcias d'Aure.

Le Bienheureux Guillaume Arnaldi, connu par son zèle pour la foi et le culte de la Sainte Vierge, objet des blasphèmes des hérétiques, avait reçu du pape Grégoire IX l'ordre de s'opposer à leurs tentatives criminelles. Il s'acquitta de ce devoir avec une vigueur apostolique qui fit naître contre lui une haine farouche dans le cœur des sectaires. Un jour qu'il était venu avec Bernard de Rochefort et Garcias d'Aure et trois prêtres à Avignonnet, pour remplir les devoirs de son ministère, ils furent surpris par les perfides hérétiques dans l'église même du lieu. Ils furent massacrés pendant qu'ils chantaient le Te Deum qu'ils avaient entonné en action de grâces de ce qu'ils avaient été jugés dignes de recevoir la couronne du martyre. La cruauté des sectaires s'exerça surtout sur le Bienheureux Guillaume, qui fut criblé de blessures, et à qui les hérétiques arrachèrent cette langue qui avait si souvent proclamé les grandeurs de Marie et les avait si souvent confondus.

À la nouvelle de ce meurtre sacrilège, le pape Grégoire IX frappa d'interdit l'église où il s'était passé. Au bout de quarante années, les habitants, alors tous revenus à la foi catholique, envoyèrent des députés à Rome pour obtenir la levée de l'interdiction. Or, au jour même où cette grâce leur était accordée à Rome, on trouva à Avignonnet l'église miraculeusement ouverte, dès le matin, quoique la porte fût fermée avec d'énormes barres de fer ; et les cloches, muettes depuis si longtemps, sonnèrent d'elles-mêmes, sans aucune impulsion humaine, pendant toute une nuit et un jour.

À l'entrée de l'église, les habitants d'Avignonnet trouvèrent une magnifique statue de la Vierge Marie. La Mère de Dieu, outragée par les hérétiques, défendue par les saints martyrs, manifestait par cette apparition inexplicable et sa propre gloire et celle des intrépides défenseurs de son culte. Depuis lors, les Chrétiens du pays, pleins de reconnaissance pour ce bienfait de Marie, voulurent en perpétuer le souvenir par une fête annuelle, qui se célèbre le premier mardi de juin, et où on porte en triomphe l'image de la Reine du ciel.

Un grand nombre de personnes de toute condition viennent, à cette date, de tous les environs, et, un cierge à la main, parcourent en se traînant sur leurs genoux la nef de l'église jusqu'au tableau du maître-autel, qui représente la glorification des martyrs.

Arrivés là, les pieux pèlerins terminent leur pénible trajet, en baisant une petite image de la Sainte Vierge, que le prêtre leur présente. Cet acte porte le nom de Vœu ; il constitue une double réparation : l'une, envers Marie, horriblement blasphémée par les Albigeois ; l'autre, envers les sains martyrs, dont le sang a été si cruellement répandu dans le lieu même. Les premiers convertis s'engagèrent à cet acte d'expiation en l'honneur de la sainte Vierge et de ses serviteurs. Voilà bientôt six cents ans que leurs enfants sont fidèles à remplir ce vœu de leurs ancêtres.

Un novice du couvent de Sandomir, où le Bienheureux Sadoc était Prieur, lisant, selon l'usage, le martyrologe après les matines, vit, écrites en lettres d'or, ces paroles prophétiques : « À Sandomir, le martyre de quarante religieux de l'ordre des Frères Prêcheurs ».

Le saint religieux et ses frères, saisis d'étonnement, comprirent que Dieu voulait par ce prodige les avertir de se préparer au martyre. En effet, le lendemain, les Tartares prirent la ville d'assaut, se précipitèrent sur le couvent des Frères Prêcheurs et massacrèrent le Bienheureux Sadoc, avec ses religieux, au nombre de quarante, pendant qu'ils chantaient au chœur le Salve Regina, que la fureur impétueuse de leurs bourreaux ne put leur faire interrompre. De là vient, dans l'Ordre de saint Dominique, la coutume de chanter le Salve Regina auprès des religieux mourants.

Un jeune novice, qui s'était caché pour échapper à la mort, entendit une mélodie céleste devenir plus sensible à mesure que les saints confesseurs étaient massacrés. Ne voulant pas perdre sa place dans ce glorieux concert de triomphe et d'amour, il courut rejoindre ses frères et cueillit avec eux la palme du martyre.

Marie est toujours la Reine des martyrs: toujours Elle fortifie et console les martyrs dans leurs tourments ; c'est Elle qui, après son divin Fils, a été la force des nombreux confesseurs de la foi que l'Ordre de Saint Dominique a eu en Cochinchine depuis plusieurs années.

Ces généreux enfants de Marie se réunissaient fréquemment dans les cachots où ils attendaient la mort,pour chanter les louanges de la sainte Vierge et réciter le saint Rosaire, sans que personne, par une permission de Dieu, les en empêchât. Un dominicain indigène, le Père François Du-yet, avait été arrêté par les mandarins qui, après lui avoir fait plusieurs questions, se mirent à vomir les plus horribles blasphèmes contre la pureté virginale de la Mère de Dieu. L'humble religieux, en vrai enfant de Saint Dominique, prit avec courage la défense de la Vierge Marie. L'orgueilleux mandarin, se voyant confondu, le fit fouetter avec cruauté une seconde fois. Le 19 novembre 1859, le défenseur de Marie fut condamné à avoir la tète tranchée ; ce ne fut qu'au septième coup seulement que l'âme du saint martyr quitta son enveloppe pour s'envoler vers son Créateur. Jusqu'au quatrième coup, on l'entendit prononcer les noms de Jésus et de Marie qui faisaient sa force. (Extrait de la persécution du roi Tu-Duc, dans le Tong-King central, par Mgr Valentin Ochoa, dominicain, martyrisé en 1862).

 

II. Pour tous la vie est un combat, pour presque tous un martyre douloureux, plus ou moins long ; aussi élevons-nous tous nos supplications vers Vous, Vierge Marie, qui, par vos douleurs et votre patience au pied de la Croix avez mérité le nom de Reine des martyrs. Rappelez-vous sans cesse que votre divin Fils, pour expier les iniquités du monde, a voulu ressentir toutes les douleurs et les supporter avec une inaltérable patience ! Répétez-nous, ô Marie, que l'acceptation généreuse de la souffrance est une vertu pour l'innocent et la seule voie de salut qui reste au pécheur. Quand, justes ou pécheurs, nous portons notre croix, faites que nos pensées s'élèvent toujours vers la montagne de la grande et sublime expiation !... Et si, en chemin, notre âme si faible, abattue, murmurant sous le poids de son martyre, était prête à succomber, divine Marie, montrez-nous alors la face meurtrie, le corps déchiré, les pieds sanglants et la couronne d'épines de votre Jésus; dévoilez-nous quelques-unes des tortures de votre cœur maternel, et dussions-nous ensuite, comme les martyrs, verser tout notre sang, avec le secours de votre intercession nous le ferons généreusement, et les joies de Jésus, couronné de gloire dans le ciel, deviendront les nôtres, puisque nous aurons partagé sur la terre ses douleurs et les vôtres. Amen.

 

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28 mai 2019

Le Mois de Marie Dominicain

Le Mois de Marie Dominicain

Marie honorée par les Saints et les Saintes de l’Ordre de Saint Dominique

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Vingt-neuvième jour

Marie, Refuge des pécheurs et Consolatrice des affligés

 

« Il ne nous sied pas d’ouvrir la bouche devant le Seigneur que nous avons tant offensé ; mais c’est Marie qui parlera et intercédera pour nous… Vierge Sainte, vous ne pouvez pas mépriser les pécheurs, puisqu’ils sont causes que vous êtes Mère de Dieu » (Saint Albert-le-Grand).

 

I. Marie assura à la bienheureuse Villana, qu'après le titre de Mère de Dieu, il n'en est point dont elle se glorifie davantage que celui d'Avocate des pécheurs.

La confiance que le bienheureux Égidius avait en Marie, refuge des pécheurs et consolatrice des affligés, lui obtint de recouvrer, après sept années de pénitences sévères et de ferventes prières, une donation qu'il avait eu le malheur de faire de lui-même au démon. Cette Vierge sainte, le refuge des pécheurs repentants et la terreur des démons, obtint à Égidius que la cédule impie par laquelle il avait livré son âme à Satan, lui fût rendue. Par ses ruses, l'esprit de ténèbres voulait nuire, non-seulement à Egidius, mais à beaucoup d'autres; mais, par l'intercession de Marie, la miséricorde de Dieu le sauve, le sanctifie et convertit par lui une grande multitude de pécheurs.

« Oh ! Oui, mon Dieu ! Votre miséricorde surpasse toutes vos œuvres... elle donne la vie, elle donne la lumière qui fait connaître votre clémence à toute créature, dans les justes et dans les pêcheurs; elle brille au plus haut des cieux dans vos saints, et si je regarde sur la terre, elle y abonde ». (Dialogue de sainte Catherine de Sienne).

Marie déclara à sœur Benoîte, l'humble bergère du Laus, que son Fils lui avait donné ce lieu pour la conversion des pécheurs ; et comme Benoîte devait être son auxiliaire terrestre dans cette œuvre sublime, on ne la rencontra plus que le Rosaire à la main, et ses yeux innocents exprimaient la gravité de ses pensées.

Mais ce qui augmenta et dilata encore son zèle pour la conversion des pécheurs fut l'apparition de Notre-Seigneur crucifié et couvert de sang : « Ce que vous me voyez souffrir, ma fille, lui dit le Sauveur, n'est pas ce que je souffre à présent ; mais c'est pour vous faire voir ce que j'ai souffert pour les pécheurs et quel est l'amour que je leur porte ! » Cette vue douloureuse lui ôta la parole pendant deux jours et l'eût privée de vie, si elle se fût prolongée.

L'excès des douleurs qu'elle ressentit à cette occasion lui fit comprendre quelque chose de ce que le Fils de Dieu et sa sainte Mère avaient souffert sur le Calvaire, et combien les âmes leur avaient coûté ; la vive compassion qu'elle avait ressentie lui fit éprouver le reste de sa vie, tous les vendredis, une sorte de crucifiement, et elle fut honorée des stigmates de la passion de Jésus. Elle comprit qu'il n'y a point de barrière plus forte contre le péché que le souvenir d'un Dieu expirant, ni de levier plus puissant pour retirer les pécheurs de la fange du vice. La glorieuse Mère du Sauveur lui apparut peu après cette apparition, la consola et l'avertit de prier beaucoup pour la conversion des pécheurs, puisque c'était pour eux que son Fils s'était soumis à une mort si cruelle.

Qui nous dira les nouvelles ardeurs dont ces grâces enflammèrent le zèle de Benoîte pour la conversion des pécheurs ?

Sauver les âmes, les ramener à leur Dieu était la fin de toutes ses pensées, de tous ses entretiens, de toutes ses bonnes œuvres. Pour elles, Benoîte passait les jours et les nuits en prières ; pour elles, elle offrait à Dieu ses communions, ses jeûnes, ses souffrances, ses macérations,et quand, à force de verser des larmes la source en était tarie, de ses yeux coulait du sang.

Elle employait mille pieuses industries pour les toucher et les gagner, et volontiers elle eût acheté le salut d'une seule âme par l'effusion de tout son sang.

Une fois, pendant une extase, la vénérable Mère Hippolyte de Rocaberti vit Notre Seigneur irrité contre le monde coupable et résolu de le châtier ; alors la très Sainte Vierge l'engagea à entrer dans la plaie du côté de Jésus pour le conjurer, par cet amour immense qui lui avait fait supporter tant de souffrances et ouvrir son cœur pour tous les hommes, de daigner leur pardonner leurs péchés.

Un jour qu'elle était affligée par un mal d'yeux qui la rendait presque aveugle, elle pria la Mère de bonté de l'assister dans cette peine ; à l'instant celle-ci lui apparut, et rendit à ses yeux la vue et l'éclat de ceux des colombes.

Une autre fois qu'elle était toute triste et désolée, la Vierge Marie la consola par ces paroles : « Tace, ama, spera, taisez-vous, aimez et espérez ».

Un autre jour que le démon l'inquiétait beaucoup au sujet des livres qu'elle composait lui disant que tout cela n'était qu'orgueil et perte de temps, et que, jamais ils ne verraient le jour, espérant ainsi la détourner d'écrire, elle eut recours à la Consolatrice des affligés, et pendant qu'après matines, elle récitait en son honneur le Rosaire, ce qu'elle faisait exactement chaque jour, ces paroles qu'elle avait dites à matines lui revinrent dans l'esprit : « La crainte et le tremblement m'ont saisie, et je me suis trouvée dans l'obscurité ; j'ai dit : « Qui me donnera des ailes comme à la colombe, et je volerai et je me reposerai ».

Dans le même moment, son esprit et son cœur furent ravis au ciel où elle vit la Mère de Dieu dans une grande gloire. La sainte Vierge lui dit : « Venez dans mon sein, ma colombe, et vous y reposerez ». A peine la, vénérable Mère eut-elle entendu ces paroles, qu'il lui sembla voir son âme introduite dans ce sein virginal où elle jouit longtemps d'une paix et d'un repos ineffable, pendant lequel toutes les craintes que le démon avait voulu lui inspirer s'évanouirent entièrement. Depuis ce temps, toutes les fois que le démon voulait la troubler et lui faire de la peine, elle prononçait humblement et avec ferveur ces paroles : « Quis dabit mihi pennas sicut columbæ, et volabo, et requiescam ? » et soudain elle se sentait transportée près de Marie, sur la montagne de Sion, et hors des griffes de son adversaire infernal.

 

II. Ô Vierge Marie, refuge des pécheurs, consolatrice des affligés, c'est en Vous que j'espère et que j'espérerai toujours ! Lorsque j'élève vers vous mes mains suppliantes et mes yeux noyés de larmes, la douce paix qui ne peut venir que de Dieu, descend dans mon cœur. Le souvenir de mes péchés pourrait-il encore me troubler, quand je vois dans vos mains les grâces que vous êtes toujours prête à répandre sur celles qui, prosternées humblement devant vous, vous implorent, le cœur plein d'angoisse, de tristesse et de repentir ?... Vous qui, chaste et Immaculée colombe, triomphâtes du mal et de la mort, et devîntes le bouclier, le refuge, la forteresse imprenable où nous sommes à l'abri des traits enflammés de nos ennemis ! Amen.

 

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