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22 mars 2019

Le Mois de Saint Joseph

Le Mois de Saint Joseph

Avec la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich

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Vingt-troisième jour

Départ pour l’Égypte

 

Mais que les joies de la terre, même les plus saintes, sont de courte durée ! Déjà Jésus, Marie et Joseph ne sont plus a Nazareth. La veille du jour où nous sommes arrivés, saint Joseph était revenu de bonne heure de la maison de Sainte Anne. Celle-ci et sa fille aînée étaient encore à Nazareth. A peine étaient elles allées se reposer, que l’Ange avertit Joseph. Marie et l’Enfant Jésus avaient leur chambre a coucher à droite du foyer ; Sainte Anne, a gauche ; la fille aînée de celle-ci, entre la chambre de sa mère et celle de Saint Joseph. Ces différentes pièces étaient séparées par des cloisons en branches d’arbres tressées ; elles étaient aussi couvertes par en haut avec un clayonnage de même espèce. Le lit de Marie était en outre séparé du reste de la chambre par une sorte de paravent. L’Enfant Jésus couchait à ses pieds sur un tapis: quand elle se levait, elle pouvait le prendre sans difficulté.

Saint Joseph dormait dans sa chambre, couché sur le côté, la tête appuyée sur son bras, quand un jeune homme, resplendissant de lumière, s’approcha de sa couche et lui parla. Joseph se releva ; mais il était accablé de sommeil, et il se recoucha. Le jeune homme le prit alors par la main, et Joseph se réveilla tout a fait et se leva. Le jeune homme disparut. Joseph alla allumer sa lampe à celle qui était devant le foyer, au milieu de la maison. Il frappa à la porte de la sainte Vierge, et demanda si elle pouvait le recevoir. Après quoi il entra et parla à Marie, qui n’ouvrit pas le rideau placé devant elle. Puis il alla dans l’écurie où était son âne, et entra dans une chambre où étaient divers effets. Il faisait les préparatifs pour le départ.

Quand saint Joseph ont quitté la sainte Vierge, elle se leva et s’habiller pour le voyage. Elle alla ensuite trouver sa mère et lui fit connaître l’ordre donné par Dieu. Alors Sainte Anne se leva aussi, ainsi que Marie d’Héli et son fils. Ils laissèrent l'Enfant Jésus reposer encore. La volonté de Dieu était au-dessus de tout pour ces saintes personnes : quelque affliction qu’elles eussent dans le cœur, elles disposèrent tout pour le voyage, avant de se livrer à la tristesse des, adieux. Marie ne prit pas, à beaucoup près, tout ce qu’elle avait apporté de Bethléem. Elles firent un paquet de médiocre grosseur avec ce que Joseph avait préparé, et y joignirent quelques couvertures. Tout se fit avec calme et très promptement, comme lorsqu’on vient d’être réveillé pour partir secrètement.

Puis Marie alla chercher l’Enfant, et son empressement fut tel, qu’on ne la vit pas le changer de langes. Le moment des adieux était arrivé, et l’on ne put dire combien amère était l’affliction de Sainte Anne et celle de sa fille aînée. Elles pressèrent en pleurant l’Enfant Jésus contre leur cœur, et le petit garçon lui-même le couvrit de baisers. Sainte Anne embrassa à plusieurs reprises la Sainte Vierge, pleurant amèrement, comme si elle ne devait plus la revoir. Marie d’Héli se jeta par terre et versa des larmes abondantes.

Il n’était pas encore minuit lorsqu’ils quittèrent la maison. Anne et Marie d’Héli accompagnèrent la sainte Vierge à pied pendant quelque temps. Saint Joseph venait derrière avec l’âne. On allait dans la direction de la maison de Sainte Anne ; seulement on la laissait un peu à droite. Marie portait dans ses bras l’Enfant Jésus, soigneusement emmailloté, et retenu par un grand linge noué autour du cou de sa mère. Elle avait un long manteau qui l'enveloppait ainsi que l’Enfant, et un grand voile carré, ramassé par derrière autour de la tête, mais qui retombait à longs plis sur les côtés. Elles avaient fait un peu de chemin, lorsque saint Joseph les rejoignit avec l’âne sur lequel étaient attachées une entre pleine d’eau et une corbeille où se trouvaient plusieurs objets, des petits pains, des oiseaux vivants et une petite cruche. Le petit bagage des voyageurs et quelques couvertures étaient empaquetés autour du siège, placé en travers, qui avait une planchette pour les pieds. Elles s’embrassèrent encore en pleurant ; Sainte Anne bénit la Sainte Vierge, et celle-ci monta sur l’âne que Joseph conduisait et se mit en route.

Enfin, ce matin, de bonne heure, Marie d‘Héli alla chez Sainte Anne avec son petit garçon, et pria son beau-père de se rendre à Nazareth avec un de ses serviteurs ; après quoi, elle retourna chez elle. Puis Sainte Anne rangea tout dans la maison de Joseph et empaqueta beaucoup de choses. Le matin, il vint deux hommes de la maison de Sainte Anne : l’un d‘eux ne portait sur lui qu’une peau de mouton et avait des sandales grossières assujetties avec des courroies autour des jambes ; l’autre avait un vêtement plus long. Celui-ci était, sans nul doute, le mari actuel de Sainte Anne. Ils aidèrent à tout mettre en ordre dans la maison de Joseph, à empaqueter tout ce qui pouvait être retiré, et à le porter dans la maison de Sainte Anne.

 

Considération

Saint Joseph d’après le Père Faber

 

Le Père Faber, mort en 1864, supérieur de l’Oratoire de Londres, fut un de ces nombreux ministres anglicans qui, en 1845, amenés par leurs seules études à reconnaître la vérité, surent faire tous les sacrifices pour suivre la voix de leur conscience, en abandonnant le schisme et rentrant dans le sein de l‘Eglise. Une des dévotions les plus chères au Père Faber, après sa conversion, était celle à Saint Joseph. Il le priait tous les jours avec autant de ferveur que de confiance; il ne manquait aucune occasion d‘en parler dans ses discours et dans ses ouvrages ; il exhortait à recourir à lui en pleine confiance tous ceux qu'il dirigeait.

« Marie, disait-il, doit être le premier objet de notre dévotion, Joseph le second ».

« Marie et Joseph, disait-il encore, sont d’une sainteté si sublime, qu’elle est capable de ravir d’admiration toutes les créatures, non-seulement jusqu’à la fin des temps, mais dans l’éternité ».

Nous regrettons de ne pouvoir donner ici que quelques lignes des admirables pages qu’il a consacrées au saint Patriarche dans ses deux ouvrages: Le saint Sacrement, et Bethléem ou le Mystère de la sainte Enfance.

« Qui peut douter, dit-il, dans le premier de ces ouvrages, que tout n’ait été disposé, dans la personne de saint Joseph, de manière à être une préparation digne de la haute dignité que Dieu devait lui conférer ? Qui peut douter que tout n’ait tendu à le former et à lui donner la consécration qui convenait au Père nourricier du Verbe fait chair ?…

Non seulement saint Joseph semble nous représenter tous à Bethléem, en Egypte, dans le désert et à Nazareth, mais il y est encore comme l’ombre du Père éternel. C’est là ce qui constitue la sublimité de sa dignité. L’incommunicable et a jamais bénie paternité de Dieu lui est communiquée d’une manière figurative. Il est le Père nourricier de Jésus ; aux yeux du monde extérieur, il passe pour son véritable père. Il en exerce l’autorité, et remplit envers lui tous les devoirs de l’affection et de la sollicitude paternelles. Que dis-je ? Dans sa nature humaine, Notre Seigneur est subordonné à saint Joseph, lui qui, dans sa nature divine, ne pouvait jamais être subordonné au Père éternel. Les ineffables trésors de Dieu, Jésus et Marie, sont confiés à la garde de saint Joseph ; et lui-même est un trésor en même temps qu’il est le gardien des trésors de Dieu. Il occupe une place dans le plan de la Rédemption. Comme Jésus et comme Marie, il a ses types, ses précurseurs et ses prophéties dans l’Ancien Testament. Il prête son concours a Dieu pour tenir secret le mystère de l'Incarnation ; et en sa qualité de représentant du Père éternel, il nous rappelle constamment, dans son ministère auprès de l’Enfant Jésus, le souvenir de sa divinité...

Quoi d’étonnant donc dans ce que les théologiens nous rapportent touchant les grâces nombreuses et les dons précieux dont il a été orné ? Est-il surprenant que les fidèles croient que pour lui, le moment de la résurrection des justes fut anticipé, qu’il fut un de ceux qui parcoururent les rues de Jérusalem le jour de Pâques avec leur corps ressuscité, et qu’il monta ainsi dans les cieux, le jour de l’Ascension, à la suite de Notre seigneur ? »

Et maintenant, si nous ouvrons « Bethléem ou le Mystère de la Sainte Enfance », voici ce que nous y lisons entre autres choses non moins édifiantes assurément :

« Après Marie, Joseph s’approche aussi pour adorer l’Enfant Dieu.... Joseph, le plus caché de tous les saints de Dieu, et enveloppé dans les nuages mêmes et les ombres qui environnent la source incréée de la Divinité. Son âme est un abîme de grâces sans nom ; de grâces plus profondes que celles d’où jaillissent les vertus ordinaires. Il ne nous est pas possible de donner un nom au caractère de sa sainteté. Nous ne pouvons le comparer avec aucun autre des saints de Dieu. De même que son office était unique, de même sa grâce a été toute spéciale ; elle a suivi ce qu’il y avait de particulier dans son office ; elle a été aussi unique. Joseph a été pour Marie parmi les hommes ce que Gabriel était pour elle parmi les Anges ; mais il a été plus rapproché d’elle que Gabriel, car Joseph était de la même nature que Marie. Il a donc été pour elle, après Bethléem, ce que saint Jean a été après le Calvaire, de sorte que, probablement, s’il nous était possible de l’apercevoir, nous concevrions une certaine analogie entre sa sainteté et celle du disciple bien-aimé. Mais sa sanctification est cachée dans l’obscurité. Il est probable qu’il a reçu le don de la justice originelle, comme Saint Jean-Baptiste. Ce qui est certain, c’est qu’il a été un vaisseau de la prédilection divine, prédestiné de toute éternité à un office particulier et incomparablement sublime, et revêtu des grâces les plus magnifiques destinées,à le rendre digne de cet office. Car quelque merveilleux que fût son office à l’égard de Marie, l’office qu’il avait à remplir à l’égard de Jésus était encore de beaucoup supérieur, à moins peut-être que l’on ne dise, ce qui est plus vrai, que le premier n’était qu’une partie du second…

Joseph, saisi de respect, s’approche de Jésus qui vient de naître, afin de l’adorer avant de lui commander. Son âme se remplit silencieusement d’amour, et volontiers sa vie se briserait et s’écoulerait sur la terre de la grotte, aux pieds de l’Enfant, comme elle le fit plus tard sur ses genoux ; mais le temps n’était pas encore venu, et l’Enfant le sanctifia de nouveau ; il le revêtit d’une force pleine de calme et d’une douceur pleine de force, et l’éleva à une sphère plus élevée de sainteté et d’ineffable grâce, afin qu’il pût être le supérieur officiel de son Dieu... »

 

Pratique

Missives à Saint Joseph

 

Qu’entend-on par Missives à Saint Joseph ? L’on entend par Missives à Saint Joseph des lettres qu’on lui écrit et lui adresse comme on ferait à un père, à un bienfaiteur, à un protecteur, dont on réclamerait les bonnes grâces, la faveur, la protection. Sans doute qu’on ne les lui enverra pas par la poste, mais on les lui fera parvenir en les déposant devant son image, au pied de sa statue, sur son autel. Par cette acte de vraie foi, d’amoureuse confiance, de reconnaissance de sa bonté pour les hommes et de sa puissance auprès de Dieu, nous semblons mettre le saint Patriarche en demeure de nous accorder l’effet de nos demandes. Et ces missives deviennent ainsi de vraies suppliques, qui, comme dit Saint Léonard de Port Maurice, sont d’abord présentées à Saint Joseph, Saint Joseph les remet ensuite à Marie, qui les soumet à son tour, à Jésus. Et Jésus, après avoir entériné ces suppliques, en remet les rescrits à Marie, qui les rend à Joseph peur sortir tout leur effet.

On rapporte du Père Louis Lallemand que, pendant qu‘il était recteur au collège de Bourges, la Fête de Saint Joseph approchant, il manda les Pères Paul Bagueneau et Jacques Nouet, qui y étaient régents des basses classes, et leur promit de leur faire obtenir, par l’intercession de ce grand Saint, tout ce qu’ils demanderaient, s‘ils voulaient exhorter leurs écoliers à lui être dévots, et à faire quelque chose d’extraordinaire pour le jour de sa Fête. Les deux jeunes régents s’y engagèrent et firent communier ce jour là tous leurs écoliers. Puis, ils allèrent proposer au Père recteur chacun ce qu’ils souhaitaient que saint Joseph leur obtint. Le Père Nouet demanda la grâce de parler et d’écrire dignement de Notre Seigneur. Mais le lendemain étant allé trouver le Père Lallemand pour lui dire qu’après y avoir bien pensé, il avait envie de demander une autre grâce qu’il croyait plus utile pour sa perfection, le Père lui répondit qu’il n’était plus temps de demander une autre grâce, parce que la première lui avait déjà été accordée, et qu’il ne s’était engagé que pour celle-ci.

Adressons, écrivons, envoyons des missives à saint Joseph avec la même Foi et la même confiance, et, comme ces saints religieux, nous ne tarderons pas à obtenir l’effet de nos demandes.

 

Prière pour la délivrance des âmes du Purgatoire

 

Bienheureux Saint Joseph, vous à qui Dieu a accordé de causer tant de joie dans les Limbes, lorsque votre sainte âme y est descendue, après votre bienheureuse mort, pour annoncer aux justes de l’ancienne loi, qui y étaient retenus, que l’œuvre de la Rédemption allait enfin se consommer, et que bientôt l’heure de la délivrance sonnerait pour eux ; vous a qui Jésus, dans le ciel où vous régnez maintenant avec lui au sein d‘une gloire incomparable, et donné, comme à Marie, tenté puissance dans le ciel, sur la terre et dans les enfers, non-seulement pour réfréner les démons, mais encore pour pouvoir secourir les pauvres âmes du Purgatoire ; vous si compatissant et si bon peur les affligés, les malheureux, ceux qui sont dans les gémissements et les larmes, daignez, nous vous en conjurons, faire ressentir les effets de votre puissante protection aux âmes si souffrantes du Purgatoire et particulièrement à l’âme de N. (mettre ici des noms) qui m’est singulièrement chère…

Vous savez bien mieux que nous, bon saint Joseph, combien elles souffrent, ces pauvres âmes, combien il leur tarde de voir arriver le jour de leur délivrance, combien elles ont hâte d’être admises dans le séjour du rafraîchissement, de la lumière et de l’éternelle paix. Avec toute votre puissance et votre bonté, venez donc au plus tôt à leur secours. Elles sont dans les flammes, apaisez-en les ardeurs ; elles sont dans les ténèbres, faites luire sur elles la lumière qui réjouit et console ; elles sont dans d‘indicibles tourments, apportez-leur tout le soulagement qui est en votre pouvoir. Elles ne savent, ô cruelle incertitude ! quand finiront ces terribles expiations ; obtenez-leur de Jésus, par Marie, leur entière amnistie. Puis, venez leur annoncer, comme vous le fîtes autrefois aux Limbes, que la justice divine est enfin satisfaite, et que vous venez les chercher pour les introduire dans le saint Paradis, où elles seront si heureuses de chanter éternellement les miséricordes de Jésus, les bontés de Marie, et la puissance de votre médiation.

 

Extrait du « Mois de Saint Joseph ou Vie de Saint Joseph d’après Anne-Catherine Emmerich » par C.F. Fouet. Saint Dizier, Paris, 1872

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21 mars 2019

Le Mois de Saint Joseph

Le Mois de Saint Joseph

Avec la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich

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Vingt-deuxième jour

Rentrée à Nazareth

 

Cependant la sainte Famille arriva, le soir même de la Purification, à la maison d’Anne, à une demi-lieue de Nazareth, du côté de la vallée de Zabulon. L’on y fit une petite fête de famille du genre de celle qui avait en lieu lors du départ de Marie pour le Temple. Joachim ne vivait plus, et le second mari d’Anne était le maître de la maison. La fille aînée d’Anne, Marie d‘Héli, était présente. L’âne était déchargé, et l’on voulait rester ici un certain temps. Tous accueillirent l‘Enfant-Jésus avec une grande joie ; mais cette joie était grave et retenue. En général, l’on ne vit jamais rien de très-passionné chez tous ces saints personnages. Il y avait aussi là de vieux prêtres. On fit un petit festin. Les femmes mangèrent, comme toujours, séparées des hommes.

Quelques jours après, la sainte Famille était encore chez Anne. Il s’y trouva aussi plusieurs femmes : la fille aînée d‘Anne, Marie d’Héli, avec sa fille ; Marie de Cléophas ; puis une femme du pays d'Elisabeth, et la servante qui s’était trouvée près de Marie à Bethléem. Cette servante, après avoir perdu son mari, qui ne s’était pas bien conduit envers elle, n’avait pas voulu se remarier : elle était venue à Jutta, chez Elisabeth, où Marie l‘avait connue lors de sa visite à sa cousine ; de là, cette veuve était venue chez Anne. L’un de ces jours aussi, Saint Joseph fit plusieurs paquets chez Anne et alla avec la servante à Nazareth, précédant des ânes qui étaient au nombre de deux ou de trois. Il y fut bientôt suivi de la sainte Vierge, qui y vint, accompagnée de sa mère, et portant l’Enfant Jésus dans ses bras. Le chemin qu’elle parcourut était très agréable ; il avait environ une demi4ieue de long, et passait entre des collines et des jardins.

Anne envoie aussi des aliments à Joseph et à Marie dans leur maison de Nazareth. Et combien tout est touchant dans la Sainte Famille ! Marie est comme une mère et en même temps comme la servante la plus soumise du Saint Enfant ; elle est aussi comme la servante de Saint Joseph. Joseph est vis-à-vis d‘elle comme l’ami le plus dévoué et comme le serviteur le plus humble. Ce qui touchait encore, c’était de voir la sainte Vierge remuer et retourner le petit Jésus comme un enfant qui ne peut s’aider lui-même. Quand en songe que c’est le Dieu de Miséricorde qui a créé le monde, et qui, par amour pour nous, se laisse ainsi mouvoir en tous sens, combien on est douloureusement affecté de la dureté, de la froideur et de l’égoïsme des hommes !

Rentrée à Nazareth, la sainte Vierge s’y occupait à tricoter on a faire au crochet de petites robes. Elle avait un rouleau de laine assujetti à la hanche droite, et dans les mains deux petits bâtons en es, avec de petits crochets à l‘extrémité. L’un d’eux pouvait être long d’une demi-aune, l’autre était plus court. Elle travaillait ainsi debout ou assise près de l’Enfant Jésus, qui était couché dans un petit berceau d’osier.

Pour saint Joseph, il tressait différents objets, comme des cloisons et des espèces de planchers pour les chambres, avec de longues bandes d’écorce jaunes, brunes et vertes. Il avait une provision d’objets de ce genre, placés les uns sur les autres dans un hangar près de la maison. Il semblait ne pas prévoir qu‘il lui faudrait bientôt s’enfuir en Egypte. Sainte Anne, de son côté, venait presque tous les jours de sa maison, située à peu près à une lieue de là. Elle était souvent accompagnée de sa servante, que l’on vit un jour entre autres le paquet sur l’épaule, une corbeille sur la tête et une autre a la main. C’étaient des corbeilles rondes, dont l’une était à jour. Il y avait dedans des oiseaux. Elles portaient des aliments à Marie, car celle-ci n’avait pas de ménage, et recevait tout de chez sa mère.

Dans les derniers jours de février, sainte Anne et sa fille aînée se trouvent encore chez la sainte Vierge. Marie d’Héli avait avec elle un petit garçon fort robuste, de quatre ou cinq ans : c’était son petit-fils, le fils aîné de sa fille, Marie de Cléophas. Joseph était allé à la maison de Sainte Anne. Pendant son absence, les femmes sont assises ensemble, causant familièrement, jouant avec l’Enfant Jésus, l'embrassant et le mettant dans les bras du petit garçon, et l‘on se disait : « Les femmes sont pourtant toujours les mêmes ! » Tout cela se passait, en effet, comme de nos jours.

Marie d’Héli demeurait dans un petit endroit, à environ trois lieues de Nazareth, du côté du levant. Sa maison était presque aussi bien arrangée que celle de Sainte Anne. Elle avait une cour entourée de murs, avec un puits à pompe. Quand on mettait le pied sur un certain endroit, l’eau jaillissait en haut et tombait dans un bassin de pierre. Son mari s’appelait Cléophas ; sa fille, Marie de Cléophas, mariée à Alphée, demeurait à l’autre bout du village.

Un soir, les femmes prièrent ensemble. Elles se tenaient devant une petite table placée contre le mur, et sur laquelle était une couverture rouge et blanche. Sur cette table était un rouleau que la sainte Vierge déroula dans le sens de sa longueur et fixa à la muraille. Il y avait dessus une figure brodée, de couleur pâle : elle ressemblait à un mort, enveloppé, comme un enfant au maillot, dans un long manteau blanchâtre qui était relevé sur la tête ; elle tenait quelque chose à la main. L‘on avait déjà vu cette figure lors de la cérémonie qui eut lieu dans la maison d’Anne quand Marie fut conduite au Temple. La lampe était allumée pendant la prière. Marie était debout devant sainte Anne, et sa sœur près d’elle. Elles croisaient les mains sur la poitrine, les joignaient et les étendaient. Marie lut dans un rouleau placé devant elle, et elles récitèrent leurs prières sur un ton et un rythme qui rappelaient la psalmodie du chœur aux monastères et aux couvents.

 

Considération

Saint Joseph d’après Mgr de Beauvais

 

Mgr Gignoux, évêque de Beauvais, avait pris pour sujet de son Mandement de Carême 1863 le Culte de saint Joseph, et n‘en parlait ni autrement ni moins éloquemment que Mgr Angebault. Nous ne pouvons qu’abréger.

« Il semble, disait-il dès cette époque, que c’est de nos jours que le culte de saint Joseph est appelé à se répandre et a devenir vraiment populaire. Mais admirons ici la merveilleuse sagesse de l’Eglise notre mère. À l’incrédulité froide et railleuse du dernier siècle, elle opposait la dévotion affectueuse et compatissante envers le Cœur adorable de Jésus. Aux négations audacieuses de notre temps touchant la chute originelle, à cette tendance qui s’efforce de réhabiliter les instincts les plus grossiers de notre chair coupable, elle opposait naguère, aux applaudissements du monde Catholique, le dogme de l’Immaculée Conception de Marie, qui est à lui seul un trésor des plus précieux enseignements. Et voilà qu’à la vue d‘une génération avide de lucre et de plaisir, ne travaillant que pour jouir, faisant parade de tout, même de sa bassesse, elle va prendre dans son obscur atelier de Nazareth Joseph, l’homme juste, chaste, dévoué, désintéressé, laborieux, modeste, pauvre et soumis, et elle nous le présente en disant : « Voyez, et instruisez-vous ». À peine élevé sur le trône de saint Pierre, Pie IX, chef et organe de l‘Eglise, ordonnait que, dans tout l’univers, la Fête du Patronage de saint Joseph fût célébrée le troisième Dimanche après Pâques, afin que les fidèles retenus par leurs travaux le 19 mars, Fête principale de notre saint Patron, puissent plus facilement invoquer son assistance et étudier ses vertus dans un jour consacré au Seigneur. Dernièrement encore, cet illustre Pontife, entouré de trois cents Evêques et élevant la voix en présence du monde entier, recommandait, dans son immortelle allocution, l’Eglise catholique et ses immenses besoins à la puissante intercession de saint Joseph...

Entre les deux Testaments, dit plus bas l'illustre zélateur de saint Joseph en parlant de son excellence, quand l’ancienne loi va finir et la loi d’amour commencer, s’élève une figure simple, douce, grave et majestueuse. Saint Joseph nous apparaît comme le trait d’union qui relie l’ancien monde et le nouveau. Il clôt la série des Patriarches et ouvre la longue et admirable série des Bienheureux enfantés par l’Evangile. Mais en lui, quel mélange de simplicité et de grandeur ! Il est le fils des rois de Juda, le sang de David coule dans ses veines ; et pourtant ce n’est qu’un pauvre artisan, gagnant à la sueur de son front le pain de chaque jour. Témoin des plus ravissants mystères, confident du Très-Haut, instruit directement par le ministère des Anges, associé aux desseins de Dieu pour la rédemption du genre humain, saint Joseph contemple en silence ces grandes choses ; il s’enveloppe dans une obscurité volontaire et se tait, laissant à ceux qui en seront chargés le soin d’annoncer au monde les merveilles de Dieu... Sa mission, à lui, est de servir de voile à la maternité virginale de Marie et à l’incarnation du Verbe, afin de tenir ces mystères cachés jusqu’au jour fixé par la volonté du Seigneur. Il semble n‘être placé au troisième plan de ce ravissant tableau que pour faire ressortir plus vivement les traits adorables de Jésus-Christ et la douce figure de la très Sainte Vierge. Le Père éternel lui a délégué une paternité véritable sur son divin Fils ; il l’a honoré comme jamais ne le fut un mortel ; il l’a placé à une telle hauteur, qu’après la dignité de l’auguste Marie, il n’est pas de grandeur comparable à la sienne... »

Après quoi le pieux Prélat exalte avec une grande éloquence de cœur l’éminente justice de saint Joseph et sa double qualité d'Epoux de Marié et de Père adoptif de Jésus, et ajoute en s’appuyant Sur les témoignages de Gerson, de saint Bernardin de Sienne et du Docteur angélique :

« D’après ce que nous venons de dire, jugez du crédit dont jouit auprès de Dieu le chaste Epoux de Marie, le Père adoptif du Sauveur, le chef de la sainte Famille, aujourd’hui qu’il règne dans la gloire. Les martyrs prient par leurs plaies, les élus de tout genre parles sacrifices et les vertus de leur vie mortelle ; Marie, au témoignage de saint Bernard, par le sein qui allaita le Sauveur et par les entrailles qui le portèrent ; saint Joseph, indépendamment des mérites accumulés durant une vie passée auprès du Fils de Dieu, ne peut-il pas élever vers lui ses mains durcies au travail pour le nourrir et pourvoir à sa subsistance ? Ne peut-il pas lui montrer cette poitrine sur laquelle sa divine enfance goûta si souvent les douceurs du repos ? Ne peut-il pas, afin d’enrichir notre indigence, nous distribuer les grâces dont l’auguste Marie, son épouse, est dépositaire ?…

La bonté, d’ailleurs, de saint Joseph pour les hommes égale sa puissance. Pour avoir reposé quelques instants sa tête sur la poitrine du Sauveur, saint Jean est devenu l'apôtre de la dilection. Quels trésors de charité saint Joseph n’aura-t-il pas puisés dans ses rapports intimes avec le divin Maître, lui qui si souvent le porta dans ses bras, le serra contre sa poitrine ; lui qui reçut ses filiales caresses et lui prodigua les témoignages de son paternel amour ! Le Cœur de Jésus-Christ, cœur aimant jusqu’à l’infini, s’épancha dans celui de saint Joseph et lui communiqua pour la pauvre humanité cette indulgence, cette miséricorde dont il surabonde lui-même.

De son côté, la divine Marie, dont nous sommes les enfants d’adoption et qui nous a aimés au point de nous donner son Fils unique, a fait partager à son saint Epoux ses sentiments de mère à notre égard. Saint Joseph est vraiment un père pour tous ceux qui l’invoquent. Autant il est grand devant Dieu, autant il est compatissant à nos misères...

Mais puisque saint Joseph, dit-il en terminant, est le favori du Roi du Ciel, le dispensateur de ses richesses ; puisque sa bonté pour nous est si paternelle, venez à lui, prêtres du Seigneur, vierges consacrées à Dieu, braves ouvriers, pauvres pécheurs, chrétiens de tous les âges et de toutes les conditions, pour lui demander surtout une bonne mort ».

 

Pratique

Cierges en l'honneur de saint Joseph

 

Il en est des cierges comme des lampes. S’ils sont d’antique usage dans l’Eglise, c’est qu’ils sont une manière d’honorer Dieu, devant lequel ces cierges, en se consumant, prennent pour ainsi dire notre place et lui expriment le désir que nous avons de nous consumer pour son amour et pour sa gloire. Ainsi en est-il, toute proportion gardée, des cierges que nous mettons brûler devant les images ou les statues des Saints. C’est une manière de les invoquer, de les implorer, de nous rappeler plus spécialement à leur souvenir. Ces cierges prient pour nous, parlent pour nous, intercèdent pour nous. Et c’est pour cela, sans nul doute, que, d’instinct chrétiennement préconçu, les fidèles de tous les temps et de tous les lieux ont en recours à ces cierges pour faire intervenir plus efficacement la médiation des Saints en leur faveur dans leurs nécessités plus pressantes.

Apportons donc, tous tant que nous sommes, dans toutes les nécessités qui peuvent nous survenir, après comme avant les grâces reçues, de ces cierges aux autels du bon, du tout puissant Saint Joseph. Outre les autres avantages attachés à ces offrandes, les petits sacrifices d’argent qu’elles nous occasionneront toucheront son cœur et le disposeront favorablement à notre égard. Ne dit-on pas quelquefois qu'à l’occasion de telle ou telle faveur obtenue, telle personne lui doit vraiment un beau cierge ? Et cependant, si l’on est empressé de lui apporter le cierge de la demande, n’oublie-bon pas trop souvent de lui apporter le cierge de la reconnaissance ? Non, n’y manquons pas, quand ce ne serait qu’en nous rappelant que la reconnaissance est le meilleur moyen d’obtenir une autre fois de nouveaux bienfaits.

Ne dit-on pas encore que, dans ses fêtes, c’est par milliers que les fidèles apportent leurs cierges dans ses sanctuaires, et particulièrement à son autel de Notre Dame des Victoires, à Paris ? Dans ces jours, apportons au moins les nôtres à l’autel de saint Joseph qui se trouve dans notre église paroissiale.

 

Prière aux diverses fins de l’Archiconfrérie de Beauvais

 

Digne et saint gardien de l’Enfant Dieu, vous qui avez veillé sur ses jours avec tant de sollicitude et l'avez soustrait au glaive du cruel Hérode, couvrez de votre plus tendre et plus puissante protection l’Eglise notre mère, cette sainte Epouse que Jésus-Christ s’est choisie, qu‘il s‘est acquise par son sang, qu’il conduit de son esprit et qu’il s’unira éternellement dans sa gloire. Veillez sur son auguste chef, le Souverain Pontife ; assistez-le de votre puissance, fortifiez-le des consolations célestes, dissipez ses ennemis. Éloignez le sanglier dévastateur de la vigne du Seigneur. Changez les loups ravisseurs en brebis fidèles. Faites luire le soleil de justice sur les nations encore assises dans les ténèbres et à l’ombre de la mort. Convertissez les pauvres pécheurs en renversant les idoles auxquelles ils prostituent leur cœur. Rendez la vue à tant d‘aveugles qui ferment les yeux aux vérités divines et aux espérances éternelles. Rendez l’ouïe à ceux qui restent sourds aux menaces de la colère de Dieu. Redressez ceux qui boitent dans les voies de la justice et de la vertu. Comblez de vos bénédictions et de vos grâces ceux de vos serviteurs qui ont mis en vous leur confiance, et que, par vous, au dernier jour, nous soit propice Celui qui vous a honoré du titre de Père et prononcera en souverain juge sur nos destinées éternelles. Ainsi soit-il.

 

Extrait du « Mois de Saint Joseph ou Vie de Saint Joseph d’après Anne-Catherine Emmerich » par C.F. Fouet. Saint Dizier, Paris, 1872

 

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20 mars 2019

Le Mois de Saint Joseph

Le Mois de Saint Joseph

Avec la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich

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Vingt-et-unième jour

Purification

 

Mais les jours de la Purification de Marie et de la Présentation de l’Enfant au Seigneur vont s’accomplir, et les saints parents de Jésus suivent lentement la route, assez courte, du reste, qui va de Bethléem à Jérusalem. Ils y mettent beaucoup de temps et s’arrêtent souvent. À midi, ils arrivent près d’un puits recouvert d‘un toit et se reposent sur des bancs qui l’entourent. Là, deux femmes viennent près de la sainte Vierge et lui apportent deux petites cruches avec du baume et des petits pains.

L’offrande de la Sainte Vierge pour le Temple était dans une corbeille suspendue aux flancs de l’âne. Cette corbeille avait trois compartiments, dont deux étaient recouverts et contenaient des fruits. Le troisième formait une cage a jour où l’on voyait deux colombes.

Vers le soir, à environ un quart de lieue en avant de Jérusalem, ils arrivent à une petite hôtellerie tenue par deux vieux époux sans enfants, qui les reçurent très affectueusement. C’étaient des Esséniens, parents de Jeanne Chusa. Le mari s’occupait de jardinage, taillait les haies et était chargé de quelque chose relativement au chemin.

Le lendemain, la sainte Famille passa toute la journée chez ses vieux hôtes. La sainte Vierge fut presque tout le temps dans une chambre, seule avec l‘Enfant qui était posé sur un tapis. Elle était toujours en prières et paraissait se préparer pour la cérémonie qui allait avoir lieu. Et l’on vit apparaître dans la chambre plusieurs Anges qui adorèrent l’Enfant Jésus. La Sainte Vierge en fut très émue. Pour les bons hôtes, ils montrèrent toute espèce de prévenances envers la Sainte Vierge. Ils devaient avoir un pressentiment de la sainteté de l’Enfant Jésus.

Et le matin étant arrivé, avant le jour, la Sainte Famille, accompagnée de ses hôtes, quitta son hôtellerie avec les corbeilles où étaient les offrandes, et se rendit au Temple de Jérusalem. Ils entrèrent d'abord dans une cour entourée de murs, attenante au Temple. Pendant que Saint Joseph et son hôte plaçaient l’âne sous un hangar, la Sainte Vierge fut accueillie très amicalement par une femme âgée, qui la conduisit plus loin par un passage couvert. Elles avaient une lanterne, car il faisait encore sombre. Dès leur entrée dans ce passage, le vieux Siméon vint au-devant de Marie. Il lui adressa quelques paroles qui exprimaient sa joie, prit l’Enfant qu’il serra contre son cœur, et revint en hâte au Temple par un autre chemin. Ce que l’Ange lui avait dit la veille lui avait inspiré un si vif désir de voir l’Enfant après lequel il avait si longtemps soupiré, qu’il attendait depuis plusieurs heures l’arrivée des femmes. Il portait de longs vêtements comme faisaient les prêtres hors de l’exercice de leurs fonctions. il était souvent dans le Temple, et toujours en qualité de prêtre, mais qui n'occupait pas un rang élevé dans la hiérarchie. Rien ne le distinguait que sa rare piété, sa simplicité et les lumières extraordinaires dont il était favorisé.

La sainte Vierge fut conduite par la femme qui lui servait de guide jusqu’au vestibule du Temple, Où la présentation devait avoir lieu , et où elle fut reçue par Anne la prophétesse, et par Noémie, son ancienne maîtresse, lesquelles habitaient l’une et l’autre de ce côté du Temple. Siméon, qui était venu de nouveau à la rencontre de la sainte Vierge, la conduisit au lieu où se faisait le rachat des premiers-nés. Anne, a laquelle saint Joseph donna la corbeille où était l’offrande, la suivit avec Noémie. Les colombes étaient dans le des sous de la corbeille ; la partie supérieure était remplie de fruits. Saint Joseph se rendit par une autre porte au lieu où se tenaient les hommes.

On savait dans le Temple que plusieurs femmes devaient venir pour la présentation de leurs premiers-nés, et tout était préparé pour cela. La pièce où se fit la cérémonie était bien aussi grande que l’église principale de Dulmen. Contre les murs étaient des lampes allumées qui formaient toujours une pyramide. La flamme sortait à l’extrémité d’un conduit recourbé par un bec d’or qui brillait presque autant qu‘elle. À ce bec était attaché par un ressort une espèce de petit éteignoir qui, relevé en haut, éteignait la lumière sans qu’elle répandit d’odeur, et qu’on retirait par en bas lorsqu’on voulait allumer.

Cependant plusieurs prêtres avaient apporté devant une espèce d’autel, aux coins duquel se trouvaient comme des cornes, une sorte de coffret quadrangulaire un peu allongé, qui formait le support d’une table assez large sur laquelle était posée une grande plaque. Ils mirent par-dessus une couverture rouge, puis une autre couverture blanche transparente, qui pendait tout autour jusqu’à terre. Aux quatre coins de cette table furent placées des lampes allumées à plusieurs branches, et au milieu, autour d’une espèce de berceau, deux plats ovales et deux petites corbeilles. Ils avaient tiré tous ces objets des compartiments du coffre, où ils avaient pris aussi des habits sacerdotaux, qu’on avait placés sur un autel fixe. Un grillage entourait la table destinée à recevoir les offrandes. Des deux côtés de cette pièce du Temple il y avait des rangées de sièges, dont l’une était plus élevée que l’autre, et était occupée par des prêtres en prières. Siméon s’approcha alors de la sainte Vierge, qui tenait dans ses bras l'Enfant Jésus enveloppé dans une étoffe bleu de ciel, et la conduisit par la grille à la table des offrandes, où elle plaça l'Enfant dans le berceau. À partir de ce moment, le Temple fut rempli d‘une lumière dont rien ne peut rendre l’éclat. C’est que Dieu y était, et au-dessus de l'Enfant l’on vit les cieux ouverts jusqu’au trône de la très Sainte Trinité. Siméon reconduisit ensuite la Sainte Vierge au lieu où se tenaient les femmes derrière un grillage. Marie portait un vêtement couleur bleu de ciel et un voile blanc ; elle était enveloppée dans un long manteau d’une couleur tirant sur le jaune.

Siméon alla ensuite a l’autel fixe, sur lequel étaient placés les vêtements sacerdotaux, et il se revêtit pour la cérémonie, ainsi que trois autres prètres. Ils avaient au bras une espèce de petit bouclier, et sur la tête une sorte de mitre. L’un d‘eux se tenait derrière la table des offrandes, l’autre devant, deux autres étaient aux côtés, et ils récitèrent des prières sur l’Enfant.

Anne la prophétesse s‘approcha alors de Marie, lui présenta la corbeille des offrandes, qui renfermait dans deux compartiments, placés l’un au-dessus de l’autre, des fruits et des colombes, et la conduisit au grillage qui était devant la table des offrandes, et devant lequel elles s‘arrêtèrent l‘une et l’autre. Siméon, qui se tenait devant la table, ouvrit la grille, conduisit Marie devant la table, et y plaça son offrande. Dans un des plats ovales on plaça des fruits, dans l’autre des pièces de monnaie ; les colombes restèrent dans la corbeille.

Siméon resta avec Marie devant l'autel des offrandes ; le prêtre placé derrière l’autel prit l’Enfant Jésus, l’éleva en l’air en le présentant vers différents côtés du Temple, et pria longtemps. Il donna ensuite l‘Enfant à Siméon, qui le remit sur le bras de Marie, et lut des prières dans un rouleau placé près de lui sur un pupitre.

Cette partie de la cérémonie terminée, Siméon reconduisit la sainte Vierge devant la balustrade, où l’attendait la prophétesse Anne, qui la ramena à la place où se tenaient les femmes. Il y en avait là une vingtaine, venues pour présenter au Temple leurs premiers-nés. Joseph et d’autres hommes se tenaient plus loin, à l’endroit qui leur était assigné. Alors les prêtres, qui étaient devant l’autel, commencèrent un service avec des encensements et des prières ; ceux qui se trouvaient sur les sièges y prirent part en faisant quelques gestes, mais non exagérés comme ceux des Juifs d‘aujourd‘hui. Quand cette cérémonie fut finie, Siméon vint à l’endroit où se trouvait Marie, reçut d’elle l’Enfant-Jésus, qu’il prit dans ses bras, et, plein d’un joyeux enthousiasme, parla de lui longtemps, et en termes très expressifs. Il remercia Dieu d’avoir accompli sa promesse, et dit, entre autres choses : « C’est maintenant, Seigneur, que, selon votre parole, vous renvoyez votre serviteur en paix, puisque mes yeux ont vu le Sauveur que vous nous donnez et que vous destinez à apparaître, au milieu des peuples, comme la lumière qui éclairera les nations et la gloire de votre peuple d’Israël ».

Saint Joseph s’était rapproché après l’offrande. Ainsi que Marie, il écouta avec respect les paroles inspirées de Siméon, qui les bénit tous deux, et dit à Marie : « Oui, cet Enfant est venu pour la ruine comme pour la résurrection de plusieurs en Israël. Il sera comme un signe de contradiction ; et votre âme, à vous-même, sera percée d’un glaive, afin que l’on voie révélées les pensées cachées au fond de beaucoup de cœurs ».

Et quand le saint vieillard eut fini de parler, la prophétesse Anne fut aussi inspirée, parla longtemps de l’Enfant Jésus, et appela sa mère Bienheureuse.

Les assistants écoutaient tout cela avec émotion, mais pourtant sans qu’il en résultât aucun trouble ; les prêtres mêmes parurent en entendre quelque chose. Il semblait que cette manière enthousiaste de prier à haute voix ne fût pas une chose tout à fait inaccoutumée, que des choses semblables arrivassent souvent, et que tout dût se passer ainsi. Tous les assistants cependant étaient extrêmement émus en leur cœur. Tous donnèrent à l’Enfant et à sa Mère de grandes marques de respect. Marie brillait comme une rose céleste.

Quoique la sainte Famille vint de présenter l’offrande des pauvres, Joseph n’en donna pas moins secrètement au vieux Siméon et à la prophétesse Anne beaucoup de petites pièces jaunes triangulaires, destinées spécialement aux pauvres vierges élevées dans le Temple, et hors d’état de payer les frais de leur entretien.

Après quoi, la Sainte Vierge, tenant l’Enfant dans ses bras, fut reconduite par Anne et Noémie à la cour où elles l’avaient prise,et où elles se firent réciproquement leurs adieux. Joseph y était déjà avec ses deux hôtes. Il avait amené l’âne sur lequel Marie monta avec l’Enfant, et ils partirent aussitôt du Temple, traversant Jérusalem et se dirigeant vers Nazareth.

Qu’en fut-il des autres premiers-nés amenés au Temple en ce jour ? Quoi qu’il en ait été, il est certain que tous reçurent des grâces particulières, et que beaucoup d’entre eux furent du nombre des Saints Innocents égorgés par ordre d’Hérode.

La cérémonie de la Présentation dut être terminée le matin, vers neuf heures, car c‘est alors que partit la sainte Famille. Ils allèrent ce jour-là jusqu’à Béthoron, et passèrent la nuit dans la maison qui avait été la dernière station de la sainte Vierge treize ans auparavant, lorsqu’elle fut conduite au Temple. La maison paraissait habitée par un docteur de la loi. Ils y étaient attendus par des gens que Sainte Anne y avait envoyés au-devant d’eux. Ils revinrent à Nazareth par un chemin beaucoup plus direct que celui qu’ils avaient pris en allant à Bethléem, lorsqu’ils évitaient les bourgs et n’entraient que dans des maisons isolées.

Joseph avait laissé chez son parent la jeune ânesse qui lui avait montré le chemin dans le voyage à Bethléem ; car il songeait toujours à revenir à Bethléem et a se construire une demeure dans la vallée des Bergers. Il avait parlé de ce projet aux bergers, et leur avait dit qu’il voulait seulement que Marie passât un certain temps chez sa mère pour se remettre des fatigues de son mauvais gîte de Bethléem. Il avait, à cause de cela, laissé beaucoup de choses chez les bergers.

Joseph avait avec lui une singulière espèce de monnaie qu’il avait reçue des trois rois. Il avait à sa robe une espèce de poche intérieure où il portait une quantité de feuilles de métal jaune, minces, brillantes, et repliées les unes sur les autres. Elles étaient carrées, avec les coins arrondis; il y avait quelque chose de gravé. Les pièces d’argent que reçut Judas pour prix de sa trahison étaient plus épaisses et en forme de langues.

 

Considération

Saint Joseph d'après Mgr d’Angers

 

Voici ce que disait Mgr Angebault, dernier évêque d’Angers, dans son beau Mandement de 1866, sur la dévotion a saint Joseph :

« Que l'Eglise ait constamment regardé comme un de ses plus grands Saints cet. humble Patriarche, c‘est un fait sur lequel l’histoire ne laisse aucun doute. Aussi bien, il n’en pouvait être autrement ; le choix que Dieu avait fait de lui pour être l’Epoux de la Vierge Marie, les fonctions qu’il lui a été donné de remplir, ses admirables vertus, n’étaient-ce pas autant de titres de nature a lui assurer dans l’estime et l‘amour de la sainte Eglise un rang d’honneur, une place privilégiée ?

Cette sainteté, toutefois, toujours reconnue, ne devait pas, dès le début, manifester son vif éclat.

Humble, obscur, caché durant sa vie terrestre, saint Joseph devait l‘être aussi dans sa vie céleste. Le nuage qui avait enveloppé sa vie admirable devait prolonger ses voiles jusqu’au delà de la tombe, et, dérobant pour de longs siècles, sa splendeur à la terre, en réservant l’éclat aux phalanges des Cieux.

Mais pourquoi Dieu a-t-il gardé pour notre siècle la manifestation solennelle, après tant d’années d’obscurité, de la vie, des vertus, de la sainteté, de la gloire de saint Joseph ? Ne serait-ce point dans le dessein de nous donner, par l’opposition éclatante de sa vie, par la nature de sa sainteté, par le caractère de ses vertus, une de ces leçons salutaires qu‘il puise dans ses trésors, selon les besoins des temps ?

Quelles Vertus brillent en saint Joseph au-dessus de toutes les autres qu’elles inspirent et qu’elles résument ? N'est-ce pas une fidélité inviolable à Jésus-Christ, un complet détachement des biens de la terre, la perfection dans la famille, c’est-à-dire les vertus mêmes qui nous manquent ?

Fidélité inviolable à Jésus-Christ! Le plus beau titre de saint Joseph, son éternel honneur, c’est d’avoir été choisi pour être le gardien de Jésus ; et avec quelle fidélité il remplit ces fonctions divines ! Il garde Jésus dès le sein de sa mère contre les calomnies des hommes, à l’ombre de sa paternité ; il le garde au moment de sa naissance, en lui procurant l’étable pour abri. Quand les bergers, quand les mages viendront voir et adorer le nouveau-né, il sera à côté de la crèche. Plus tard, il prend l’Enfant, et, pour le soustraire aux fureurs d’Hérode, il le conduit en Egypte et reste près de lui durant le voyage, près de lui sur la terre étrangère, près de lui à son retour. Durant son enfance, sa jeunesse, il est encore près de lui, veillant sur lui, le protégeant, et, quand il le perd à l’âge de douze ans, le recherchant avec toute la sollicitude de son vigilant amour. Enfin, à l’heure qui marquera la fin de sa vie, Jésus à son tour sera près de lui. C’est dans ses bras qu‘il rendra le dernier soupir et donnera ainsi le dernier trait à sa fidélité inviolable à Jésus-Christ.

Et que dire de la vie pauvre de Joseph qui ne soit connu de tous ? Joseph était de la famille de David ; ses pères avaient régné sur Juda ; il pouvait compter dans ses ancêtres ce prince si magnifique, si puissant, qu’on venait de l’Orient pour admirer sa splendeur. Nourrira-t-il dans son âme l’ambition de retrouver une part de ces richesses perdues, de cette gloire éclipsée ? Il n’en sera rien. Joseph, né pauvre, mourra pauvre, et l’humble travail de ses mains n’aura pour objet que de procurer à sa famille le pain de la vie, sans songer jamais à acquérir des richesses qu’il méprise et une élévation qu'il dédaigne.

Enfin, Joseph n’est-il pas le chef, le représentant de la famille de Nazareth, si justement appelée la sainte Famille, famille parfaite, famille bien au-dessus de toutes les autres, éternel modèle de toute famille chrétienne, parce qu‘elle renferme en elle a un degré suprême ce qui donne à toute famille la beauté dans la force, l’autorité reconnue et respectée dans le chef, qui est le père, et la vertu, et dans le chef, et dans les membres...

Et quelles vertus brillent dans cette sainte Famille, ou plutôt de quelle vertu ne brille-t-elle pas ? La religion, la justice, la tempérance, la piété, l‘innocence, sont les hôtes habituels de ce foyer béni, et le travail, l’ordre, la simplicité courageuse, jettent sur cette pauvre demeure un tel éclat, que jusqu’à la fin des siècles elle brillera d‘un éternel honneur aux yeux de ceux qui aiment ce qui est juste, ce qui est bon, ce qui est saint.

Entrevoyez-vous maintenant le dessein de Dieu ? Voyez-vous la raison de ce grand développement du culte de saint Joseph ? Du côté de Dieu, c’est la réalisation d’un de ces desseins de sagesse et d’amour qui présente aux maux le remède pour les guérir. De notre part, c’est la manifestation de la conscience de nos plaies. Dieu nous appelle à Joseph,et du plus intime des douleurs même de notre temps, une puissance nous pousse à ses autels. Nous avons besoin, nous le sentons, de contempler dans l’humble charpentier de Nazareth, comme dans un parfait modèle, ces vertus qui nous manquent, infidélité inviolable à Jésus-Christ, le détachement des biens de ce monde, la sainteté de la famille, comme aussi de trouver dans le puissant concours de son intercession la force et le courage de les accomplir.

Donc, cette dévotion à saint Joseph n’est point un fait du au hasard, un attrait de l’enthousiasme, un fruit d’une piété exaltée. Non. C’est un fait qui a ses racines profondes. Tout s’éclaire, tout s’explique, tout se justifie. La dévotion à saint Joseph, c’est, dans le champ de la sainte Eglise de Jésus-Christ, une fleur que Dieu avait tenue en réserve pour nos temps, et qui, venue à son heure, s’épanouit radieuse à nos regards ».

 

Pratique

Lampes de Saint Joseph

 

L’usage des lampes est ancien dans l’Eglise, et non seulement remonte aux temps apostoliques, mais a même été emprunté de l‘ancienne loi, selon ce qui se pratiqua d’abord dans le Tabernacle et ensuite dans le Temple de Jérusalem. Il est de rigueur dans toute l’Eglise catholique qu’au moins une lampe brûle nuit et jour devant le saint Sacrement. C’est une sorte de manifestation du culte de l’adoration envers. Notre Seigneur, comme celles que l’on entretient devant les images des Saints sont un témoignage de notre vénération à leur égard. On ne saurait toujours être en prière devant une image ou une statue. Les devoirs de la position que l’on occupe, les mille nécessités de la vie, forcent à diminuer et la longueur et le nombre des visites que l’on voudrait faire au pied des autels. On met alors une lampe devant la statue, et la flamme qui s’en élève prie constamment pour l‘âme que ses occupations retiennent ailleurs. C’est un mémorial qui ne cesse de rappeler au Saint et la personne qui l’invoque et la grâce qu’elle sollicite.

Que les lampes placées, allumées et entretenues devant les images de saint Joseph, doivent donc lui être agréables et propres à attirer sur nous sa particulière protection ! Non seulement vous pouvez faire à saint Joseph l’offrande d‘une de ces lampes, mais, sans vous charger seul des frais de son entretien continuel. vous pouvez vous mettre à plusieurs pour couvrir ces frais, ou bien en faire la dépense pendant un certain temps, ou bien déposer votre offrande dans un tronc qui serait destiné à cet effet. Un zélé serviteur de saint Joseph serait même heureux de prendre le soin voulu de ces lampes.

On a vu des personnes qui entretenaient de ces lampes allumées pendant une neuvaine, un mois, tel ou tel laps de temps, devant les images de Saint Joseph qu’elles possédaient dans leurs maisons particulières…

 

Prière des réunions de l’Archiconfrérie d’Angers

 

Ô Joseph, vous qui, par votre fidélité aux inspirations du ciel, avez mérité, au milieu des plus rudes travaux, des mépris du monde, des épreuves de la vie, que le Saint Esprit vous donnât le titre de Juste ; que Dieu le Père vous confiait avec Marie, la Reine des Vierges, Jésus son divin Fils ; nous vous en conjurons, aujourd’hui que vous êtes tout-puissant auprès de Dieu, souvenez-vous de nous qui languissons encore dans cette vallée de larmes, exposés aux embûches des plus cruels ennemis. Obtenez-nous le mépris des faux biens du siècle, la victoire sur nos passions, un dévouement sans bornes au service de Dieu, une tendre confiance pour Jésus votre Fils, pour Marie votre Epouse. Ô Joseph, soyez notre guide, notre patron, notre modèle, pendant le cours de cette vie ; soyez notre défenseur a la mort. Nous vous en supplions par l‘amour que vous portez à Jésus et à Marie. Nous vous conjurons de demander les mêmes grâces pour tous ceux qui se sont associés avec nous dans le but d’étendre votre culte. Écoutez leurs prières, secondez leurs efforts, et obtenez que, pour prix de leur zèle, ils soient réunis un jour autour de votre trône, aux pieds de Jésus et de Marie. Ainsi soit-il.

 

Cœur sacré de Jésus, ayez pitié de nous.

Cœur immaculé de Marie, intercédez pour nous.

Saint Joseph, priez pour nous.

Après quoi l’on ajoute un Pater et un Ave aux diverses intentions des Associés.

 

Extrait du « Mois de Saint Joseph ou Vie de Saint Joseph d’après Anne-Catherine Emmerich » par C.F. Fouet. Saint Dizier, Paris, 1872

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19 mars 2019

Le Mois de Saint Joseph

Le Mois de Saint Joseph

Avec la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich

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Vingtième jour

Départ de Bethléem

 

L’Ange avait averti les rois à temps, car les autorités de Bethléem avaient le projet de les faire arrêter aujourd’hui, de les emprisonner dans les souterrains qui étaient sous la synagogue, et de les accuser auprès d’Hérode d’avoir troublé le repos public. Mais ce matin, lorsqu’on apprit leur départ à Bethléem, ils étaient déjà près d’Engaddi, et la vallée où ils avaient campé était calme et solitaire comme leur séjour, dont il ne restait plus d’autres traces que le gazon foulé et quelque pieux qui avaient servi pour les tentes. Dans le fait, cependant, l’apparition de la caravane avait produit beaucoup d’effet dans Bethléem. Bien des gens se repentaient ne n’avoir pas donné l’hospitalité à Saint Joseph ; d’autres parlaient comme des rois d’aventuriers conduits par d’étranges imaginations ; d’autres, enfin, rattachaient leur arrivée aux bruits de l’apparition qu’avaient eue les bergers. C’est ce qui porta les magistrats de l'endroit, peut-être sur une invitation d’Hérode, a prendre certaines mesures. Tous les habitants de Bethléem furent donc convoqués sur une place où se trouvait un puits entouré d’arbres, devant une grande maison à laquelle on montait par des degrés. Du haut de ces degrés en lut un avertissement ou une proclamation, par laquelle on les engageait à se tenir en garde contre les nouvelles fausses et superstitieuses, et on leur défendait de se porter dorénavant à la demeure des gens qui avaient donné lieu à tous ces propos.

Quand la foule ainsi rassemblée se fut retirée, saint Joseph fut mandé dans cette même maison et interrogé par de vieux Juifs. Il revint ensuite à la crèche et se rendit encore une fois au tribunal. La seconde fois, il prit avec lui un peu de l’or qu’avaient apporté les rois, et il le leur donna ; après quoi ils le laissèrent aller sans l’inquiéter. Tout cet interrogatoire aboutit donc a une escroquerie. Ensuite les autorités firent barrer, par un tronc d’arbre mis en travers, un chemin qui conduisait aux environs de la crèche sans passer par la porte de la ville, mais qui, en partant de la place où Marie s’était arrêtée sous un grand arbre, franchissait une colline ou un rempart. Ils placèrent une sentinelle près de l’arbre dans une cabane, et firent tendre sur le chemin des fils qui aboutissaient à une sonnette dans la cabane, afin qu’on pût arrêter ceux qui voudraient prendre ce chemin.

Dans l’après-midi, une troupe de seize soldats d‘Hérode vint trouver Joseph, avec lequel ils s’entretinrent. Ils avaient probablement été envoyés à cause des trois rois, qu’on avait accusés de troubler la paix publique ; mais comme le silence et le repos régnaient partout et qu’ils ne trouvèrent dans la grotte que la pauvre famille, comme d‘ailleurs ils avaient l’ordre de ne rien faire qui pût attirer l‘attention, ils s’en retournèrent tranquillement et rapportèrent ce qu’ils avaient vu. Joseph avait porté les présents des trois rois et ce qu’ils avaient laissé en outre après eux, dans la grotte de Maraha et dans d'autres grottes cachées de la colline de la Crèche, qu’il connaissait depuis sa jeunesse pour s’y être souvent dérobé aux persécutions de ses frères. Ces caveaux solitaires existaient dès le temps du patriarche Jacob. A une époque où il n’y avait qu’une couple de cabanes a la place de Bethléem, il y avait dressé une fois ses tentes sur la colline de la Crèche.

Ce soir, Zacharie d’Hébron, visita pour la première fois la sainte Famille. Marie était encore dans la grotte. il versa des larmes de joie, prit l’Enfant dans ses bras, et répéta, en y changeant quelque chose, le cantique de louanges qu‘il avait chanté lors de la circoncision de Jean-Baptiste.

Le lendemain, Zacharie est reparti, mais Sainte Anne est revenue près de la sainte Famille avec sa fille aînée, son second mari et la servante. La fille aînée d’Anne était plus grande que sa mère et paraissait presque plus âgée. Le second mari d’Anne était plus grand et plus vieux que ne l’était Joachim ; il s’appelait Eliud, et avait un emploi dans le Temple, où il était chargé de l’examen des victimes destinées aux sacrifices. Anne avait de lui une fille, qui s’appelait aussi Marie. Elle pouvait avoir déjà six ou huit ans lors de la naissance de Jésus. Cet Eliud mourut peu de temps après, et Anne dut se remarier une troisième fois pour obéir à la volonté de Dieu. Elle eut de ce mariage un fils, qui fut souvent appelé le frère de Notre Seigneur.

La servante qu’Anne avait amenée de Nazareth huit jours auparavant était restée près de la sainte Vierge. Quand celle-ci habitait encore la grotte de la Crèche, elle se tenait dans le petit caveau latéral ; mais depuis que Marie est dans la grotte voisine de celle de la Crèche, la servante loge sous un auvent que Saint Joseph a placé devant cette grotte. Anne et ceux qui l’ont accompagnée passent la nuit dans la grotte de la Crèche.

Une grande joie règne maintenant dans la Sainte Famille. Anne est au comble du bonheur : Marie lui met souvent l’Enfant Jésus dans les bras et le laisse soigner par elle. Ce qu’elle n’a jamais fait pour aucune personne. Mais ce qui était singulièrement touchant, c’est que les cheveux de l’Enfant, qui étaient blonds et bouclés, avaient à leur extrémité de beaux rayons de lumière. Aussi en prenait-on un grand soin ; car on frottait souvent sa petite tête lorsqu’on le lavait, et on lui mettait pour cela un petit manteau sur les épaules. Il y a toujours dans la Sainte Famille une pieuse et touchante vénération pour l’Enfant Jésus ; mais tout s’y passe simplement et naturellement, comme à l’égard des enfants qui sont bénis de Dieu. L’Enfant a une affection et une tendresse pour sa Mère que l’on a jamais vues chez des enfants si jeunes.

Marie raconta à sa mère tout ce qui s’était passé lors de la visite des trois rois, et Anne fut extraordinairement touchée que le Seigneur eut appelé ces hommes de si loin pour leur faire connaître l’Enfant de la promesse. Elle vit les présents des rois, qui étaient cachés dans une excavation pratiquée dans la paroi : elle aida à en distribuer une grande partie, et à mettre le reste en bon ordre. Tout était tranquille dans les environs : les chemins menant à la grotte qui ne passaient pas par la porte de la ville, étaient barrés par ordre des autorités.

Joseph n’allait plus faire ses emplettes à Bethléem : les bergers lui apportaient ce dont il avait besoin. La parente chez laquelle Anne est allée, dans la tribu de Benjamin, est Mara, la fille de Rhode, sœur d’Elisabeth. Elle était pauvre, et eut dans la suite plusieurs fils qui furent disciples de Jésus.Un d’eux s’appelait Nathanaël et fut le fiancé des noces de Cana.

Ce même jour, Anne renvoya son mari Eliud, avec un âne chargé, et la servante sa parente, avec un gros paquet. C’était une partie des présents des trois rois : des étoffes diverses et quelques vases d'or qui servirent plus tard au culte chez les premiers chrétiens. Ils emportèrent tout cela secrètement ; car il y avait toujours des espions qui rôdaient çà et là. Ils ne durent porter toutes ces choses qu’à un endroit peu éloigné sur le chemin de Nazareth, car on vit de nouveau Eliud à Bethléem, lors du départ de sainte Anne, qui eut lieu peu de temps après.

Anne resta donc seule avec Marie dans la grotte latérale, où elles travaillèrent ensemble à une couverture grossière, brodée ou tricotée. La grotte de la Crèche est, du reste, débarrassée. L’âne de saint Joseph est toujours caché derrière des claies. Encore aujourd’hui des agents d‘Hérode vinrent à Bethléem, et prirent des informations dans plusieurs maisons relativement un enfant nouveau-né. Ils accablèrent spécialement de questions une Juive d’un rang distingué qui, peu de temps auparavant, avait mis au monde un enfant mâle. Ils ne vinrent pas à la grotte de la Crèche. Comme précédemment ils n‘y avaient trouvé qu’une pauvre famille, ils ne supposèrent pas qu’il pût en être question.

Cependant deux hommes âgés, qui devaient être deux des bergers qui avaient adoré l’Enfant Jésus, vinrent trouver Joseph, et l’avertirent de ces perquisitions. La sainte Famille alors et sainte Anne se réfugièrent avec l’Enfant dans la grotte du tombeau de Maraha. Dans la grotte de la Crèche, il n’y avait plus rien qui indiquât un lieu habité : elle paraissait tout à fait abandonnée. Puis, pendant la nuit, ils traversèrent la vallée, à peine éclairés par une lanterne sourde. Anne portait l’Enfant Jésus dans ses bras, Marie et Joseph marchaient a côté d’elle ; les bergers les conduisaient, portant les couvertures et tout ce qui était nécessaire pour former la couche des saintes femmes et de l’Enfant.

Mais l’on vit, à cette occasion, autour de l’Enfant Jésus une gloire formée de sept figures d’Anges placées les unes au-dessus des autres ; plusieurs autres figures paraissaient dans cette gloire. L’on vit aussi près de sainte Anne, de saint Joseph et de Marie, des formes lumineuses qui semblaient les conduire par le bras. Quand ils furent entrés dans le vestibule, ils fermèrent la porte et allèrent. jusque dans la grotte du tombeau, où ils disposèrent tout pour y prendre leur repos.

Le lendemain, la sainte Vierge raconta de nouveau à sa mère tout ce qui s’était passé lors de la visite des saints rois, et elles parlèrent aussi de la manière dont elle avait été laissée dans la grotte du tombeau de Maraha. Puis, tout à coup, arrivèrent deux bergers qui venaient trouver la sainte Vierge et l’avertir qu’il venait des gens chargés par les autorités de s’enquérir de son enfant. Marie ressentit une vive inquiétude, et l’on vit bientôt après saint Joseph entrer, retirer l'Enfant-Jésus de ses bras, l’envelopper dans un manteau et l’emporter.

Et alors la sainte Vierge, livrée à ses inquiétudes maternelles, resta seule dans la grotte sans l’Enfant Jésus pendant l’espace d‘une demi-journée. Quand vint l’heure où on devait l’appeler pour allaiter l’Enfant, elle fit ce qu‘ont coutume de faire des mères soigneuses lorsqu’elles ont été agitées violemment par quelque frayeur ou quelque vive émotion. Avant de donner le sein à l’Enfant, elle en exprima le lait, que ses angoisses avaient pu altérer, dans une petite cavité de la couche de pierre blanche qui se trouvait dans la grotte. Elle parla de la précaution qu’elle avait prise a un des bergers, homme pieux et grave, qui était venu la trouver, probablement pour la conduire auprès de . l’Enfant, et cet homme, profondément convaincu de la sainteté de la Mère du Rédempteur, recueillit plus tard avec soin le lait virginal qui était resté dans la petite cavité de la pierre, et le porta avec une simplicité pleine de foi a sa femme, qui avait alors un nourrisson qu’elle ne pouvait pas satisfaire ni calmer. Cette bonne femme prit cet aliment sacré avec une respectueuse confiance, et sa foi fut aussitôt récompensée, car son lait devint aussitôt très abondant. Depuis cet événement, la pierre blanche de cette grotte reçut une vertu semblable ; et de nos jours encore, même des infidèles mahométans en font usage comme d’un remède, dans ce cas et dans plusieurs autres.

Depuis ce temps, cette terre passée à l’eau et pressée dans de petits moules a été répandue dans la chrétienté comme un objet de dévotion ; c’est d’elle que se composent les reliques appelées le Lait de la très sainte Vierge. Dans les jours qui suivirent, saint Joseph prit divers arrangements qui annonçaient le prochain départ de la sainte Famille. Chaque jour il amoindrissait son mobilier : il donna aux bergers les cloisons mobiles, les claies et les autres objets a l’aide desquels il avait rendu la grotte habitable, et ils les emportèrent aussitôt.

La veille du Sabbat, un assez grand nombre de gens qui allaient à Bethléem pour le sabbat, vinrent à la grotte de la Crèche ; mais, la trouvant abandonnée, ils passèrent outre. Cependant Sainte Anne, qui doit retourner à Nazareth après le Sabbat, met tout en ordre et fait des paquets. Elle prend avec elle et charge sur deux ânes plusieurs choses données par les trois rois, spécialement des tapis, des couvertures et des pièces d’étoffe. Le soir, la Sainte Famille commença le Sabbat dans la grotte de Maraha et l’y continua le lendemain. La tranquillité régnait dans les environs. Après la clôture du Sabbat, on prépara tout pour le départ de Sainte Anne et d’Eliud.

Mais cette nuit, pour la seconde fois, la Sainte Vierge sortit au milieu des ténèbres de la grotte de Maraha, et porta l’Enfant Jésus dans celle de la Crèche. Elle le déposa sur un tapis à l’endroit où il était né, et pria à genoux près de lui. Toute la grotte fut alors remplie de lumière céleste, comme à l’heure de la naissance du Sauveur.

Le lendemain, de très grand matin, Sainte Anne fit de tendre adieux à la Sainte Famille et aux trois bergers et partit pour Nazareth avec son mari et ses gens. Ils emportaient sur leurs bêtes de somme tout ce qui restait des présents des trois rois.

Comme on approchait, du reste, du jour où la Sainte Vierge devait présenter son premier-né au Temple et le racheter suivant les prescriptions de la Loi, tout fut préparé pour que la Sainte Famille pût d’abord aller au Temple, puis retourner à Nazareth. Dès ce même jour, d’ailleurs, les bergers avaient pris tout ce qu’avaient laissé après eux les serviteurs de sainte Anne. La grotte de la Nativité, la grotte latérale et celle du tombeau de Maraha avaient été débarrassées et nettoyées. Saint Joseph les laissa dans un parfait état de propreté.

Dans la nuit du dimanche au lundi, Joseph et Marie visitèrent encore une fois avec l'Enfant la grotte de la Crèche, et prirent congé de ce lieu à jamais consacré. Ils étendirent d’abord le tapis des trois rois a la place où Jésus était né, y déposèrent l'Enfant et prièrent ; puis ils le placèrent à l’endroit où avait eu lieu la circoncision, et s’y agenouillèrent aussi pour prier.

Le lundi, au point du jour, la sainte Vierge se plaça sur l’âne, que les vieux bergers avaient disposé et amené à l’entrée de la grotte. Joseph tint l’Enfant jusqu’à ce qu’elle se fût placée commodément, et le lui donna. Elle était assise sur un siège : ses pieds, un peu relevés, reposaient sur une planchette. Elle tenait sur son sein l’Enfant, enveloppé dans son grand voile, et le regardait avec bonheur. Ils n’avaient près d’eux, sur l’âne, que deux couvertures et deux petits paquets, entre lesquels Marie était assise. Les bergers leur firent de touchants adieux et les conduisirent jusqu‘au chemin. Ils ne prirent pas la route par laquelle ils étaient venus, mais passèrent entre la grotte de la Crèche et celle du tombeau de Maraha, en longeant Bethléem au levant. Personne ne les aperçut.

 

Considération

Saint Joseph d’après Monseigneur de Luçon

 

Entendons maintenant les Evêques de notre temps publier les louanges de saint Joseph, et nous exhorter à lui rendre le culte qui lui est si justement dû. Nous commençons par Mgr Baillès, ancien évêque de Luçon, résidant actuellement à Rome, où il fait partie de la congrégation de l’Index.

« L’incomparable patriarche Saint Joseph, dit-il, fils de David, honoré du titre de Père de Notre Seigneur Jésus-Christ, Epoux de la très Sainte Vierge Marie, a été associé d’une manière si ineffable au mystère de l’Incarnation du Verbe et de la Rédemption du monde, qu’il résume en lui des prérogatives, des faveurs, des grâces, des gloires dont les esprits créés ne pourront jamais pénétrer toute l’étendue. Il entre avec Jésus et Marie dans l’accomplissement des décrets éternels de Dieu pour le salut du genre humain ; il est préparé, dès l’origine du monde, pour ces hautes destinées ; et la suradorable Trinité, en formant le cœur de Jésus et en façonnant le cœur de Marie sur le modèle de son divin Fils, fait le cœur de Joseph aussi ressemblant à celui du Fils et de la Mère que peut le permettre la gloire divine du Fils et la gloire incomparable de la Mère. Bien plus, le Père éternel verse par torrents dans ce grand cœur la pure et sainte fécondité de son adorable paternité, les virginales et intimes communications de la société incompréhensible des trois personnes divines, afin que, par le plus grand des prodiges, la virginité de saint Joseph devienne féconde, que son ineffable pureté soit la gardienne de la pureté même, et qu’il soit le Père de Jésus et l’Epoux de Marie...

Raisonnant d’après ces principes, et distinguant en Marie la maternité spirituelle et la maternité corporelle, mais de telle sorte que la première est incomparablement au-dessus de la dernière, c’est ici que nous trouvons le plus grand et le plus solide éloge de notre saint Patriarche. Car s’il a été dépourvu, comme il le fallait, de la paternité corporelle, il a été doué merveilleusement de la paternité spirituelle, qui est la plus excellente. De sorte, dit saint Augustin, que si Marie fut la Mère de Jésus et par l’esprit et par la chair, Joseph, comme Epoux de Marie, en fut aussi le Père, quoique par le seul esprit.

Réunissons donc tout ce que nous pourrons imaginer de grâces, de grandeur, de gloire, pour former en saint Joseph une paternité spirituelle qui soit en rapport avec la maternité spirituelle de Marie, et nous parviendrons à nous faire une idée bien grossière, il est vrai, mais un peu moins incomplète des sublimes perfections de celui qui devait être appelé le Père de Jésus-Christ ; car si Marie est au-dessus de tout ce qui est créé, comme Mère de Dieu, quelle ne doit pas être la gloire de Joseph, à qui Jésus donnait le doux nom de Père, et qui pouvait, d‘une manière aussi prodigieuse qu vraie, lui donner la qualité de Fils !

Il me semble aussi voir toutes les hiérarchies célestes contempler, avec respect et combler d’honneur et de gloire dans l’éternité cet heureux Père, cet heureux Epoux, à qui le Fils et la Mère de Dieu ont été soumis et obéissants. Les Séraphins trouvent dans son coeur embrasé d’amour des ardeurs qui augmentent la flamme dont ils sont eux-mêmes consumés ; les Chérubins contemplent la plénitude et la perfection de la science et des lumières de ce saint Patriarche, découvrant dans ce chérubin de la terre des clartés qui semblaient ne pouvoir rayonner qu’au plus haut des cieux ; les Trônes ne cessent point d’admirer celui qui, encore placé sur la terre, y a porté et soutenu son Dieu avec le plus complet détachement de toutes choses, et dans l’exercice continuel de la plus sublime contemplation… Les Dominations sont ravies de rencontrer un si grand empire au-dessus de toutes les choses terrestres en celui qui a été investi de si peu d’autorité aux yeux des hommes ; les Vertus célèbrent l’énergie et la force d’âme inébranlables de celui qui, au sentiment de plusieurs saints docteurs, sanctifié avant sa naissance, fut dès ce moment solidement affermi dans la pratique des plus héroïques vertus ; les Puissances bénissent Dieu d’avoir réuni tant d’autorité et de modération, de force et de douceur, de pouvoir et d’obéissance dans le même coeur ; les Principautés ne se lassent point d’admirer de quelle dignité, de quel bonheur, de quelle prérogatives est investi auprès de Dieu celui qui fut si peu considéré, si peu estimé des hommes ; les Archanges se prosternent devant le chaste et virginal Epoux de Marie, et Gabriel ne pénètre point sous le toit béni de la maison de Nazareth sans envier le bonheur de celui que Dieu a si intimement uni à la Reine des Hiérarchies Angéliques… ; les Anges sont dans l’étonnement, à la vue des services que Joseph a en le bonheur de rendre, pendant toute sa vie, à Jésus et à Marie...

On se perd vraiment au milieu de tant de mystères, on est ébloui de tant de gloires, et l’on comprend que ni le langage des hommes ni celui des Anges ne peut s’élever à des hauteurs aussi inaccessibles a tout ce qui est créé.

Joignons-nous donc aux hiérarchies célestes que le Fils a établies dans la maison de son Père, et qu’il a chargées de former la cour de Celui à qui il a voulu se rendre soumis et obéissant, et offrons par elles à l’Epoux de Marie, à ce glorieux prince du ciel, nos prières, nos vœux, nos supplications et nos hommages...

Joignons-nous à Marie, occupée à contempler la perfection ineffable de son Epoux, qui n’a rien de nos faiblesses ni de nos tristes vicissitudes dans la ferveur.

Joignons-nous à Jésus se communiquant à Joseph, son Père, avec toutes ses grâces et sa vérité, lui ouvrant tous les trésors de son cœur et l’assistant lui-même avec Marie, à son heure dernière, afin que sa mort fût le plus doux des sommeils et le passage de la contemplation de la terre à la contemplation céleste qu'il lui avait préparée pour les jours mêmes de l’attente.

 

Pratiques

Sanctuaires de saint Joseph

 

« Comme ce serait une affection plus somptueuse, dit notre bon chanoine de Verdun, aussi serait-elle plus a louer et à récompenser, si l’on érigeait des églises, des chapelles, des autels sous l‘invocation de saint Joseph, Ou que l‘on mit soit de ses statues, soit de ses tableaux, dans toutes les églises, pour insinuer par cette industrie dans le cœur des peuples la volonté de le servir et de lui être dévot ». Ce qui donnerait droit, en effet, à une double récompense, et pour l’honneur qui en reviendrait à notre Saint, et pour l’édification que les fidèles y trouveraient. Comme on serait la cause et l'0rigine première de toutes les bonnes œuvres qui s’y opéreraient et de toutes les grâces qui en découleraient, il est évident que l‘on y aurait la première, nous allions dire la meilleure part.

Vous êtes donc bien heureux, si votre fortune vous a mis en état de pouvoir ériger de ces sanctuaires à saint Joseph. Vous ne pouvez en faire un meilleur usage; et, comme le saint Patriarche s’occupe également de nos intérêts temporels, vous pouvez avoir la confiance qu‘il vous obtiendra la graisse de la terre avec la rosée du ciel, c’est-à-dire les prospérités d’ici-bas avec les grâces d’en haut. C’est un bon et sûr banquier que saint Joseph, et on l’a vu plus d’une fois, servir de gros intérêts à ses clients.

Mais vous qui, comme lui, ne vivez que du travail de vos mains, ou ne jouissez que d’une modeste aisance, faites les sacrifices qui sont en votre pouvoir, soit pour la construction, soit pour la décoration de ces sanctuaires, de ces chapelles, de ces autels, et, comme son divin Fils, il saura bien apprécier ce que vous aurez fait pour lui, et vous tenir compte de ce que pour lui vous aurez prélevé sur votre indigence. voire même sur votre nécessaire.

 

Prière

Pour les circonstances difficiles de la vie

 

Bienveillant et débonnaire saint Joseph, qui, dans les desseins de Dieu, avez été tant éprouvé en cette vie, soit pour que v0us fassiez en tout conforme à Jésus et à Marie, soit pour que vous puissiez mieux compatir à nos misères, c’est a vous que je viens m’adresser dans la détresse où je me tr0uve réduit. Vous aussi vous avez ressenti toutes les peines de l‘esprit au temps de votre doute sur ce qui s’était passé dans votre sainte Epouse ; toutes les peines du cœur, lorsque vous n’eûtes que la pauvre étable de Bethléem à offrir à Jésus naissant et à Marie qui nous l‘enfantait ; puis, dans la fuite et le séjour en Egypte, toutes les misères qu’entraînent l’éloignement de son pays, l’isolement dans la terre étrangère, le dénuement de toutes choses, la pauvreté, le manque de travail ; et enfin, quoique saint, tous les tourments intérieurs de la perte de Jésus par le péché, lorsque vous le perdîtes vous-même à l’âge de douze ans. Vous avez donc titre, qualité et grâce pour nous secourir dans toutes nos douleurs.

Vous en avez aussi, je le sais, la volonté. C‘est ce qui me porte à recourir à vous en toute confiance. Vous connaissez tout ce que je souffre aussi dans mon esprit et dans mon cœur, toutes mes nécessités spirituelles et temporelles. Ô vous dont la puissance sait rendre possibles les choses les plus impossibles, venez-moi en aide dans l’embarras oh je me trouve, et prenez sous votre charitable conduite l’affaire si ardue que je vous recommande (la spécifier ici). Vous seul pouvez me tirer et me tirerez de l’extrémité où je suis réduit (la préciser de nouveau...).

Si toutefois l’objet de ma demande pouvait être contraire a la gloire de Dieu et à mon salut, obtenez-moi la grâce de me résigner avec amour a la volonté de Celui qui a pour nous un cœur de père, et qui, dans les afflictions qu‘il nous envoie comme dans les grâces temporelles qu‘il nous accorde, ne veut jamais que notre plus grand avantage et notre éternel bonheur. Mais non, la grâce que je sollicite n’est point opposée à sa gloire et à mon salut, et vous ne me refuserez pas ce que je vous demande avec tant de confiance.

 

Extrait du « Mois de Saint Joseph ou Vie de Saint Joseph d’après Anne-Catherine Emmerich » par C.F. Fouet. Saint Dizier, Paris, 1872

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18 mars 2019

Le Mois de Saint Joseph

Le Mois de Saint Joseph

Avec la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich

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Dix-neuvième jour

Retour des Mages

 

Le lendemain matin, de bonne heure, les pieux rois et quelques personnes de leur suite visitèrent successivement la Sainte Famille. Ils s’occupèrent ensuite, pendant la journée, près de leur campement et de leurs bêtes de somme, de diverses distributions. Ils étaient dans la joie et le bonheur, et faisaient beaucoup de présents. C’est qu’alors on en agissait toujours ainsi lors des événements heureux. Les bergers qui avaient rendu des services à la suite des rois, reçurent des présents considérables. Ils firent aussi des gratifications à beaucoup de pauvres, et c’est ainsi que l’on mit des couvertures sur les épaules de quelques pauvres vieilles femmes, toutes courbées, qui s’étaient glissées jusque-là. Il y avait plusieurs personnes de la suite des trois rois qui se plaisaient dans la vallée, près des bergers, et qui voulaient y rester et contracter des alliances avec ces bergers. Ils firent connaître leur désir aux rois, et en reçurent la permission de rester, avec de riches présents, tels que des couvertures, des effets, de l'or en grains, et les ânes qu’ils avaient montés. Les généreux rois distribuèrent aussi beaucoup de petits pains plats, semblables à du biscuit, qu’ils préparaient aux endroits où ils campaient, au moyen de leur provision de farine, dans des formes de fer qu‘ils portaient avec eux, et qu’ils mettaient ensuite sur leurs bêtes de somme, entassés dans de légères boîtes de cuir. Il vint aussi aujourd’hui beaucoup de gens de Bethléem, qui se pressaient autour d’eux pour avoir des présents, et.qui se faisaient donner,quelque chose sous divers prétextes.

Le soir, ils allèrent à la crèche pour prendre congé de la sainte Famille. Mensor s’y rendit seul d’abord. Marie lui mit l’Enfant-Jésus dans les bras : il pleurait et était rayonnant de joie. Après lui vinrent les deux autres, qui firent également leurs adieux en versant des larmes. Ils apportèrent encore beaucoup de présents : des pièces de diverses étoffes, des tissus de soie sans teinture, d’autres tissus de couleur rouge ou à fleurs; puis de magnifiques couvertures. Ils voulurent en outre laisser leurs grands manteaux d'un jaune pâle, qui semblaient faits d’une laine extrêmement fine : ils étaient très légers, et le moindre souffle d’air les agitait.

Ils offrirent encore à la Sainte Famille plusieurs coupes placées les unes sur les autres, des boites pleines de grains, et dans une corbeille des pots, aussi placés les uns au-dessus des autres, et où étaient de beaux bouquets d’une herbe verte, chargée de jolies fleurs blanches, dans laquelle on reconnaissait facilement la myrrhe. Ils donnèrent aussi à Saint Joseph de longues cages avec des oiseaux bons à manger qu’ils avaient en grand nombre sur leurs dromadaires.

Tous versèrent des larmes abondantes quand ils quittèrent Marie et l’Enfant. La Sainte Vierge était debout à côté d’eux, au moment où elle reçut leurs adieux. Elle portait sur son bras l’Enfant Jésus enveloppé dans son voile, et elle fit quelques pas pour reconduire les rois vers la porte de la grotte ; puis elle s’arrêta, et pour donner un souvenir à ces bons rois, elle détacha de sa tête le grand voile d’étoffe jaune transparente qui l’enveloppait ainsi que l’Enfant Jésus, et le donna à Mensor. Ils reçurent ce don en s’inclinant profondément, et une joie respectueuse fit battre leurs coeurs quand ils virent devant eux la Sainte Vierge sans voile, tenant le petit Jésus. Quelles douces larmes ils versèrent en quittant la grotte ! Le voile fut pour eux dès lors la plus sainte relique qu’il possédassent.

La Sainte Vierge, en recevant les présents, ne semblait pas attacher de prix aux choses qu’on lui offrait, et pourtant sans sa touchante humilité, elle montrait une véritable,reconnaissance pour celui qui donnait. Pendant cette merveilleuse visite, l’on ne vit chez elle aucun sentiment de retour complaisant sur elle-même. seulement, au commencement, par amour pour l'Enfant Jésus et par compassion pour Saint Joseph, elle se laissa aller en toute simplicité à l’espérance que dorénavant ils trouveraient peut-être de la sympathie à Bethléem, et ne seraient plus traités d’une manière aussi méprisante qu’à leur arrivée ; car la tristesse et la confusion de Saint Joseph l’avaient beaucoup affligée.

Quand les rois prirent congé de la sainte Famille, la lampe était, déjà allumée dans la grotte : il faisait sombre, et ils se rendirent aussitôt avec leurs suivants sans le grand térébinthe qui surmontait le tombeau de Maraha, pour y faire, comme la veille au soir, les cérémonies de leur culte. Une lampe était allumée sous l’arbre. Lorsque les étoiles se montrèrent, ils prièrent et entonnèrent des chants mélodieux, Les voix des enfants faisaient un effet très agréable dans le chœur. Ils se rendirent ensuite dans leur tente, où Joseph leur avait encore préparé un petit repas, après lequel quelques-uns s’en retournèrent à leur hôtellerie de Bethléem, tandis que les autres se livrèrent au repos dans la tente.

Mais vers minuit, au beau moment où les rois reposaient tranquillement dans leur tente sur leurs couvertures étendues par terre, apparut auprès d’eux un jeune homme resplendissant. C’était un Ange qui les éveillait et leur disait de partir en toute hâte, et de ne pas s’en retourner par Jérusalem. mais par le désert, en contournant la Mer Morte. Ils se jetèrent promptement à bas de leur couche, et leur suite fut bientôt sur pied. L’un d’eux alla à la crèche éveiller saint Joseph, qui courut à Bethléem pour avertir ceux qui s’y étaient logés ; mais il les rencontra avant d’y arriver, car ils avaient eu la même apparition. La tente fut pliée, les bagages furent chargés, et tout fut enlevée avec une rapidité étonnante. Pendant que les rois faisaient encore de touchants adieux à Saint Joseph devant la grotte de la Crèche, leur suite partait en détachements séparés pour prendre les devants , et se dirigeait vers le midi pour longer la mer Morte en traversant le désert d’Engaddi.

Les rois firent des instances pour que la sainte Famille partit avec eux, parce qu‘un danger la menaçait certainement ; ils demandèrent ensuite qu’au moins Marie se cachât avec le petit Jésus pour n‘être pas inquiétée à cause d‘eux. Ils pleurèrent comme des enfants, embrassèrent saint Joseph et lui parlèrent avec une grande effusion de cœur ; puis ils montèrent sur leurs dromadaires légèrement Chargés, et s’éloignèrent à travers le désert. Et l’Ange se tenait dans la plaine près d’eux. leur montrait la direction du chemin. Bientôt ils disparurent. Ils,suivirent des routes séparées à un quart de lieue les uns des autres, se dirigeant pendant une lieue vers l’orient ensuite vers le midi, dans le désert. Ils passèrent une contrée que traversa Jésus en revenant d’Egypte dans sa troisième année de prédication.

 

Considération

Saint Joseph d’après Saint Alphonse de Liguori

 

Le dernier des saints canonisés qui nous ait parlé, à titre spécial, de Saint Joseph, est Saint Alphonse de Liguori, aussi illustre par ses vertus et son savoir que par les grandes choses qu’il a faites dans l’Église, ainsi que par son ardent amour pour Notre Seigneur et sa tendre dévotion envers la très Sainte Vierge et son saint époux. Nous ne pouvons que résumer ici ce qu’il pensait de Saint Joseph.

« Que ce soir pour nous, dit-il, un devoir d’honorer Saint Joseph qui peut en douter, après que le Fils de Dieu Lui-même a voulu l’honorer du nom de Père ? Nom, dit Saint Basile, qu’aucun Ange ou aucun Saint n’a jamais mérité de porter. Par ce nom de Père, Joseph a été plus honoré de Dieu que tous les Patriarches, les Prophètes, les Apôtres. Ils ont tous le nom de serviteurs, Joseph seul a celui de Père.

Il en a de plus le titre et la qualité, il est le chef de cette petite Famille, petite par le nombre, mais grande par les deux incomparables personnes qu’elle contient, la Mère de Dieu et le Fils de Dieu fait homme, qui lui est soumis comme un fils à son Père. Aussi, dans cette Famille, c’est Joseph qui commande et le Fils de Dieu qui obéit, de sorte que tous ses pas, ses démarches, sa nourriture, s'en repos, toutes ses actions ne sont réglés que par les ordres de Joseph, selon ce qui a été révélé à sainte Brigitte.

C’est pourquoi, dit saint Jean Damascène, Dieu a donné à Joseph l’amour, la vigilance et l‘autorité du père : dedit ei affectum, sollicitudinem, auctoritatem patris. Il lui a donné l’affection d’un père, afin qu’il veillât sur Jésus-Christ avec une grande tendresse ; il lui donna la sollicitude d'un père, afin qu’il l’environnât de toutes les précautions possibles ; et enfin l’autorité d’un père, pour lui donner l’assurance qu’il serait obéi dans toutes les mesures qu’il pourrait prendre touchant la personne de son Fils.

Mais, de savoir que saint Joseph fut élu de Dieu pour remplir les fonctions de père auprès de Jésus-Christ, cela suffit, dit ailleurs notre bienheureux, pour nous faire apprécier la sainteté de Joseph. Car, comme, selon saint Thomas, Dieu n’appelle jamais quelqu’un à une fonction sans lui donner toutes les grâces qui le rendent apte à la remplir, on doit tenir pour certain qu’il accorda à Joseph tous les dons de sagesse et de sainteté qui convenaient a une pareille charge. On ne doit donc pas douter qu’il ne l’ait enrichi de toutes les grâces et les privilèges accordés aux autres saints.

Joseph était déjà saint avant d’être élevé à la dignité d’Epoux de la Vierge ; mais il fit encore de bien plus grands progrès dans la sainteté, après que Dieu lui eut accordé cet insigne honneur. Les seuls exemples de sa sainte Epouse suffisaient pour le sanctifier. Mais si Marie, comme parle saint Bernardin de Sienne, est la dispensatrice de toutes les grâces que Dieu accorde, aux hommes, avec quelle profusion devons-nous croire, qu'elle en aura enrichi son Epoux, qui lui était si cher et à qui elle était si chère ! Puis, comme la sainteté de Joseph s’accrut encore par le commerce continuel et la familiarité qu’il eut avec Jésus-Christ tout le temps qu’ils vécurent ensemble ! Si les deux disciples qui allaient à Emmaüs se sentiront enflammés de l’amour divin pour le peu de moments qu’ils accompagnèrent le Sauveur et l’entendirent parler, quelles vives flammes de pure charité ne durent pas s’allumer dans le cœur de Joseph, pour avoir conversé pendant trente années avec Jésus-Christ, pour avoir entendu les paroles de vie éternelle qui sortaient de sa bouche, et avoir observé les admirables exemples d‘humilité, de patience et d‘obéissance qu'il donnait en se montrant si prompt à l’aider dans tous ses travaux, à le servir dans tout ce qui était nécessaire pour l‘intérieur de la maison ! Quel incendie de divin amour devaient opérer tous ces traits enflammés de charité dans le cœur de Joseph ! N’en doutons pas, Joseph, tant qu’il eut le bonheur de vivre avec Jésus-Christ, accrut ses mérites et sa Sainteté à tel point, que nous pouvons bien dire qu’il a surpassé les mérites de tous les autres saints.

Or, si Dieu, suivant l’Apôtre, doit rendre à chacun selon ses œuvres, quelle gloire devons-nous penser qu‘il ait préparée à saint Joseph, qui lui a rendu tant de services, et dont il a été tant aimé, tandis qu’il vécut sur la terre ? Et cette vie de la gloire de saint Joseph dans le ciel ne doit-elle pas accroître notre confiance en sa protection ?

Supplions alors ce grand saint de nous obtenir trois grâces en particulier : le pardon des péchés, l’amour de Jésus-Christ et une bonne mort.

Le pardon des péchés. Voici une pensée qui doit nous encourager. Lorsque Jésus-Christ vivait sur la terre dans la maison de Joseph, s‘il y avait eu un pécheur qui eût désiré recevoir du divin Maître le pardon de ses péchés, aurait-il pu trouver un moyen plus sûr d'être exaucé que l’intercession de Saint Joseph ? Si donc nous voulons que Dieu nous pardonne, recourons au même Saint Joseph, qui maintenant dans le ciel est plus aimé de Jésus-Christ qu’il ne l‘était sur la terre.

L’amour de Jésus-Christ, demandons-le aussi à Saint Joseph. Je tiens pour assuré que la grâce la plus singulière que saint Joseph obtient à ceux qui l’honorent est un tendre amour envers le Verbe incarné, en récompense de toute la tendresse qu’eut Saint Joseph pour Jésus en ce monde.

Enfin, demandons-lui une bonne mort. C’est une chose connue de tous que Saint Joseph est le protecteur de la bonne mort, ce grand saint ayant eu le bonheur de mourir entre les bras de Jésus et de Marie. Aussi tous ceux qui implorent son secours et mettent leur confiance en son crédit auprès de Dieu doivent-ils espérer que saint Joseph, au moment de leur mort, viendra les assister, accompagné de Jésus et de Marie ».

 

Pratique

Statues de Saint Joseph

 

Autre engouement de notre siècle, le besoin d’ériger des statues à ceux qu’on appelle grands hommes, quoiqu’ils ne le soient pas tous assurément devant Dieu, et qu’il en est plus d’un dont on peut dire que, s’ils sont glorifiés là où ils ne sont pas, ils sont bien crucifiés là où ils sont. Et nous, dévots de Saint Joseph, n’aurons-nous pas aussi à coeur de lui ériger des statues, soit pour satisfaire notre piété, soit pour soutenir et exciter celle des autres ? D’autant plus que les statues parlent plus à l’esprit et au coeur de tous que les tableaux et les gravures. Et n’est-ce point pour cela que, dans les âges de Foi, nos pères les mettaient dans les églises de préférence aux autres images ?

Mais qui ira les avantages particuliers des statues de Saint Joseph ? Il n’a fallu souvent que l’érection d’une de ces statues dans une église de paroisse, dans une chapelle de communauté, dans une maison, dans une localité, pour raviver la foi dans les coeurs et attirer sur ces lieux les faveurs d’en-haut et la singulière protection de Saint Joseph. Les hommages qu’on rend à ces statues touchent son coeur et le disposent à exaucer les prières qu’on dépose à leurs pieds. Vous serez donc bien heureux, si vous pouvez donner de ces statues à Saint Joseph, ou au moins contribuer par tous les moyens qui seront en votre pouvoir à lui en procurer.

Puis, vous en aurez une dans votre maison, dans votre chambre, dans votre oratoire, devant laquelle vous serez empressé de faire vos prières et de venir vous agenouiller dans vos moments de fatigues, d’ennui, de nécessité, de tentation.

Quand aux statuettes portatives, ayez toujours la vôtre sur vous, et, en vous gardant de toute idée superstitieuse, faites-vous en un saint talisman qui vous protège des dangers de l’âme et du corps, comme cela est arrivé plus d’une fois.

 

Prière

Tirée de saint Alphonse de Liguori

 

Grand Saint Joseph, mon bien-aimé Patriarche, vous qui avez été jugé digne de commander à Celui qui commande à l’univers et d‘être servi par un Dieu, je viens, a mon tour, me mettre à votre service. Dorénavant je veux être votre serviteur, en vous honorant et vous aimant comme mon maître. Recevez-moi sous votre patronage, et commandez-moi tout ce qu’il vous plaira. Je sais que tout ce que vous m’ordonnerez sera pour mon bien et pour la gloire de notre commun Rédempteur. Priez-le aussi pour moi. Il ne vous refusera rien, lui qui a obéi sur la terre à tous vos commandements. Dites-lui qu’il me pardonne toutes les offenses que je lui ai faites ; dites-lui qu’il me détache des créatures et de moi-même ; qu’il m’enflamme de son saint amour, et ensuite qu'il fasse de moi selon son bon plaisir.

Je vous choisis aussi, mon saint Patriarche, pour mon principal avocat et protecteur, après Marie. Je vous promets, pour le reste de ma vie, de vous honorer chaque jour par quelque hommage particulier, en restant ainsi sous votre patronage. Je ne le mérite pas, mais, par l'amour que vous portez à Jésus et à Marie, agréez-moi pour votre serviteur perpétuel. Et, par la douce compagnie que vous tinrent Jésus et Marie sur la terre, ne cessez de me protéger, afin que je ne me sépare jamais de Dieu, en perdant sa sainte grâce. Et, par l’assistance que vous reçûtes de Jésus et de Marie à votre bienheureuse mort, protégez-moi spécialement à ma dernière heure, afin qu’en mourant dans votre compagnie et celle de Jésus et de Marie, j’aille ensuite vous en remercier éternellement dans le paradis. Ainsi soit-il.

 

Extrait du « Mois de Saint Joseph ou Vie de Saint Joseph d’après Anne-Catherine Emmerich » par C.F. Fouet. Saint Dizier, Paris, 1872

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17 mars 2019

Le Mois de Saint Joseph

Le Mois de Saint Joseph

Avec la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich

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Dix-huitième jour

Les Mages à Bethléem

 

Mais déjà, à la chute du jour qui suivit le départ d’Anne, le cortège des saints rois est arrivé devant Bethléem, près de ce même édifice où Joseph et Marie s’étaient fait inscrire : c’était l’ancienne maison de la famille de David. Il n’en reste plus que quelques débris de murs ; elle avait appartenu aux parents de saint Joseph. C’était un grand bâtiment entouré d’autres plus petits, avec une cour fermée, devant laquelle était une place plantée d’arbres et où se trouvait une fontaine. Il y avait sur cette place des soldats romains, parce que la maison était comme le bureau des collecteurs de l‘impôt. Quand le cortège arriva, un certain nombre de curieux se rassembla autour délai. L’étoile ayant disparu, les rois avaient quelque inquiétude. Des hommes s’approchèrent d’eux et les interrogèrent. Ils descendirent de leurs montures, et des employés vinrent de la maison à leur rencontre avec des branches à la main, et leur offrirent quelques rafraîchissements. C‘était l’usage de souhaiter ainsi la bienvenue à des étrangers de cette espèce.

Pendant ce temps-là, on conduisait leurs montures auprès de la fontaine, sous les arbres, pour les abreuver. C’est qu’on était bien plus poli avec eux qu’avec le pauvre saint Joseph, qui n’avait point, lui, de petites pièces d’or à distribuer. On leur parla de la vallée des Bergers comme d’un bon endroit pour y dresser leurs tentes. Ils restèrent assez longtemps dans l’indécision, mais ils ne firent plus de questions sur le roi des Juifs nouvellement né. Ils savaient que Bethléem était l’endroit désigné par la prophétie ; mais, par suite des discours d’Hérode, ils craignaient d'attirer l’attention. Enfin, ayant vu briller au ciel, sur le côté de la ville, un météore assez semblable à la lune à son lever, ils remontèrent sur leurs chameaux ; puis, longeant un fossé et des murs en ruines, ils firent le tour de Bethléem par le midi et se dirigèrent à l'orient, vers la grotte de la Crèche, qu’ils abordèrent par le côté de la plaine où les Anges avaient apparu aux bergers.

Quand ils furent arrivés près du tombeau de Maraha, dans la vallée qui est derrière la grotte de la Crèche, ils descendirent de leurs montures. Leurs gens défirent beaucoup de paquets, dressèrent une grande tente qu’ils portaient avec eux, et firent d’autres arrangements, avec l’aide de quelques bergers qui leur indiqueront les places les plus convenables. Le campement était terminé en partie, quand les rois virent l‘étoile se montrer, claire et brillante, sur la colline de la Crèche et y diriger perpendiculairement ses rayons. Elle parut grandir beaucoup et répandit une masse de lumière extraordinaire. Ils regardèrent d’abord d’un air très étonné : il faisait sombre; ils ne voyaient pas de maison, mais seulement la forme d’une colline semblable a un rempart. Tout d’un coup, ils furent saisis d’une grande joie, car ils virent dans la lumière la figure resplendissante d’un enfant. Tous se découvrirent la tête pour témoigner leur respect ; puis les trois rois. allèrent vers la colline et trouvèrent la porte de la grotte. Mensor, l'ayant ouverte, vit la grotte remplie d’une lumière céleste, et au fond la Vierge tenant l’Enfant et assise, telle que ses compagnons et lui l’avaient vue dans leurs visions.

Aussitôt il revint sur ses pas, et dit aux autres ce qu’il venait de voir. Alors Joseph sortit de la grotte, accompagné d’un vieux berger, pour aller à leur rencontre. Ils lui dirent en toute simplicité comment ils étaient venus pour,adorer le Roi nouveau-né des Juifs, dont ils avaient vu l’étoile, et pour lui offrir leurs présents. Joseph les accueillit amicalement, et le vieux berger les accompagna près de leur suite et les aida dans leurs arrangements, ainsi que quelques autres bergers qui se trouvaient là.

Cependant les Mages se préparèrent comme pour une cérémonie solennelle. Ils mirent de grands habits blancs qui avaient une longue queue ; ces manteaux avaient un reflet brillant comme s’ils eussent été de soie brute ; ils étaient très beaux et flottaient légèrement autour d’eux : c’était leur costume ordinaire pour les cérémonies religieuses. Ils portaient à le ceinture des bourses et des boites d’or suspendues à des chaînes. Tout cela était recouvert par leurs larges manteaux. Chacun des rois était suivi des principaux personnages de sa suite ; Mensor avait en outre avec lui plusieurs serviteurs qui portaient une petite table, un tapis à franges et plusieurs rouleaux d’étoffe légère.

Le cortège, précédé de Saint Joseph était arrivé dans un fort bel ordre sous la galerie en avant de la porte de la Crèche, on mit sur la table le tapis garni de franges, et chacun des trois rois y plaça quelques unes des boites d’or et les vases qu’ils détachèrent de leur ceinture : c’étaient des présents qu’ils offraient en commun. Mensor et tous les autres ôtèrent leur sandales ; et Joseph ouvrit la porte de la grotte. Deux jeunes gens de la suite de Mensor marchaient devant lui ; ils étendirent une pièce d’étoffe sur le sol de la grotte, puis ils se retirèrent en arrière ; deux autres le suivirent avec la table, où étaient les présents. Arrivé devant la sainte Vierge, il les prit, et, mettant un genou en terre, il les déposa respectueusement a ses pieds. Derrière Mensor étaient les quatre hommes de sa famille qui s’inclinaient humblement Seïr et Théokéno, avec leurs compagnons, se tenaient en arrière dans l’entrée. Quand ils s’avancèrent, ils étaient comme ivres de joie et d’émotion, et inondés de la lumière qui remplissait la grotte ; et pourtant il n’y avait là d‘autre lumière que la Lumière du monde.

Marie, appuyée sur un bras, était plutôt étendue qu’assise sur un tapis, à la gauche de l’Enfant Jésus, qui était couché à la place où il était né, dans une auge recouverte d’un tapis et placée sur une estrade. Mais au moment où ils entrèrent, la sainte Vierge se releva, s’enveloppa dans son voile, et prit dans ses bras l’Enfant Jésus, qu’elle couvrit des plis de ce voile. Mensor s’agenouilla, et, mettant les présents devant lui, il prononça de touchantes paroles par lesquelles il lui faisait hommage, en croisant ses mains devant sa poitrine et en inclinant sa tête découverte. Pendant ce temps, Marie avait mis à nu le haut du corps de l’Enfant, qui regardait d’un air aimable du milieu du voile dont il était enveloppé ; sa Mère, soutenait sa petite tête de l’un de ses bras et remontait de l’autre. Il avait ses petites mains jointes devant sa poitrine, et souvent il les étendait gracieusement autour de lui.

Oh ! Combien se trouvaient heureux de l’adorer, ces chers rois de l’Orient ! Leurs cœurs étaient purs et sans souillure, pleins de tendresse et d’innocence comme des cœurs d’enfants pieux. Il n’y a rien de violent en eux, et pourtant ils sont pleins de feu et d’amour ! C’est dans ces sentiments qu’ils s‘avancèrent successivement pour adorer l’Enfant Dieu.

Mensor s’avança le premier, tirant d’une bourse, qui était suspendue à sa ceinture, une poignée de petites barres compactes, pesantes, de la longueur du doigt, effilées à l’extrémité et brillantes comme de l’or : c’était son présent, qu‘il plaça humblement sur les genoux de la sainte Vierge, à côté de l’Enfant Jésus. Elle prit l’or avec un remerciement gracieux et le couvrit d’un coin de son manteau. Mensor donna ces petites barres d’or vierge, parce qu’il était plein de sincérité et de charité, et qu’il cherchait la Vérité avec une ardeur constante et inébranlable.

Après que Mensor se fut retiré en arrière avec ses quatre suivants, Soir, le roi basané, s’avança avec les siens, et s’agenouilla avec une profonde humilité ; il offrit son présent avec des paroles touchantes : c’était un vase d’or à mettre de l’encens, plein de petits grains résineux, de couleur verdâtre ; il le plaça su ;r la table devant l’Enfant Jésus. Il donna l’encens, parce que c’était un homme qui se conformait respectueusement et du fond du cœur à la volonté de Dieu et la suivait avec amour. Il resta longtemps agenouillé avec une grande ferveur avant de se retirer.

Après lui vint Théokéno, le plus vieux des trois. Il était très avancé en âge ; ses membres étaient roides, et il ne pouvait pas se mettre à genoux ; mais il se tint débout, profondément incliné, et plaça sur la table un vase d’or avec une belle plante verte : c‘était un bel arbuste à tige droite, avec de petits bouquets frisés, Surmontés de jolies fleurs blanches, et qui n’était autre la myrrhe ; il offrit la myrrhe, parce qu’elle est le Symbole de la mortification et de la victoire sur les passions car cet excellent homme avait eu de grandes luttes à soutenir pour triompher de l’idolâtrie, de la polygamie et des habitudes violentes de ses compatriotes. Dans son émotion, il resta si longtemps devant l’Enfant Jésus avec ses quatre suivants, qu’il lassa la patience des autres serviteurs, restés hors de la grotte, en les faisant tant attendre pour voir le Sauveur.

Les paroles des rois et de tous leurs compagnons étaient pleines de simplicité et fort touchantes. En se prosternant et en lui offrant leurs présents, ils s’exprimaient à peu près en ces termes : « Nous avons vu son étoile ; nous savons qu’il est le Roi de tous les rois; nous venons l’adorer et lui offrir notre hommage et nos présents, et tout nous-mêmes ». Ils étaient comme en extase, et dans leurs prières naïves et affectueuses, ils recommandaient à l’Enfant Jésus leurs personnes, leurs familles, leurs pays, leurs bien et tout ce qui avait du prix pour eux sur la terre. Ils offraient au Roi nouveau-né leurs coeurs, leurs âmes, leurs pensées et leurs actions. Ils le priaient de les éclairer, de leur donner la vertu, le bonheur, la paix et l’amour. L’humilité et l’amour transformaient leur nature, et des larmes de joie sillonnaient leurs joues et mouillaient leurs barbes. Ils étaient dans la félicité en songeant qu’ils contemplaient enfin Celui vers lequel, depuis tant de siècles, leurs ancêtres avaient dirigé leurs regards et leurs soupirs avec un désir si constant. Toute la joie de la promesse enfin accomplie étaient en eux.

La Sainte Vierge accepta tout avec d’humbles action de grâces. D’abord elle ne dit rien, mais un simple mouvement sous son voile exprimait sa pieuse émotion. Le petit corps de l’Enfant se montrait brillant entre les plus de son manteau. À la fin, elle adressa à chacun quelques bonnes et gracieuses paroles, et retira un peu son voile en arrière. Quelle leçon pour tous ! Car avec quelle douce et aimable gratitude elle reçoit chaque présent ! Elle qui n’a besoin de rien, qui possède Jésus, accueille avec humilité tous ces dons de l’amour, et nous apprend comment nous devons recevoir à l’occasion les présents et les dons de la charité. Que de bonté encore dans Marie et dans Joseph ! Ils ne gardent.presque rien pour eux, et distribuent tout aux pauvres.

Lorsque les rois eurent quitté la grotte avec leurs suivants et furent retournés à leur tente, leurs serviteurs entrèrent à leur tour. Ils avaient dressé la tente, déchargé les bêtes de somme, mis tout en ordre, et ils attendaient devant la porte, patiemment et humblement. Ils étaient plus de trente et il y avait aussi avec eux une troupe d’enfants qui avaient pour tout vêtement un linge autour des reins et un petit manteau. Les serviteurs entraient cinq par cinq, et un des principaux personnages auxquels ils appartenaient les conduisait. Ils s’agenouillaient autour de l’Enfant et l’adoraient en silence. Enfin, les enfants entrèrent tous ensemble, se mirent à genoux et adorèrent Jésus avec une joie innocente et naïve Les serviteurs ne restèrent pas longtemps dans la grotte de la Crèche, car les rois rentrèrent avec solennité. Ils avaient mis d’autres manteaux longs et flottants, et portaient à la main des encensoirs, avec lesquels ils encensèrent respectueusement l’Enfant. La Sainte Vierge, saint Joseph et toute la grotte ; puis ils se retirèrent après s’être profondément inclinés. C’était une manière d’adorer chez ce peuple.

Pendant ce temps, Marie et Joseph étaient pénétrés de la plus douce joie où on les eût jamais vus ; des larmes d’attendrissement coulaient souvent sur leurs joues. Les honneurs solennellement rendus à l’Enfant-Jésus, qu’ils étaient obligés de loger si pauvrement, et dont les grandeurs mystérieuses devaient rester cachées dans l’humilité de leurs cœurs, les consolaient infiniment. Ils voyaient que la Providence toute puissante de Dieu, malgré l’aveuglement des hommes, avait préparé pour l‘Enfant de la promesse et lui avait envoyé des contrées les plus lointaines ce qu’eux-mêmes ne pouvaient lui donner, l’adoration due à sa dignité rendue par les puissants de la terre avec une sainte magnificence. Ils adoraient Jésus avec les saints rois, heureux eux-mêmes des hommages qui lui étaient rendus.

Les tentes étaient dressées dans la vallée située derrière la grotte de la Crèche jusqu'à la grotte du tombeau de Maraha ; les bêtes étaient rangées en ordre et attachées à des pieux séparés par des cordes. Près de la grande tente qui était voisine de la colline de la Crèche, se trouvait un espace recouvert de nattes, où était déposée une partie des bagages ; mais la partie la plus considérable avait été portée dans la grotte du tombeau de Maraha. Quand tous eurent quitté la crèche, les étoiles s’étaient levées. Ils se rassemblèrent en cercle près du vieux térébinthe qui s’élevait au-dessus de la grotte de Maraha, et entonnèrent des chants solennels à la gloire des étoiles. L’on ne peut dire combien étaient touchants ces chants qui retentissaient dans la vallée silencieuse : pendant tant de siècles leurs ancêtres avaient contemplé, appelé, chanté l’étoile mystérieuse; maintenant tous leurs désirs étaient satisfaits, et ils étaient pour ainsi dire ivres de joie et de reconnaissance.

Cependant saint Joseph, avec l’aide de deux vieux bergers, avait apprêté un petit repas dans la tente des trois rois. Il fit apporter du pain, des fruits, des rayons de miel, quelques herbes et des flacons de baume, qu’ils rangèrent sur une table basse recouverte d’un tapis. Il s’était procuré tout cela dès le matin pour recevoir les rois, dont la sainte Vierge lui avait annoncé d’avance l’arrivée. Quand ceux-ci revinrent à leur tente, saint Joseph les accueillit très amicalement, et les pria, comme étant ses hôtes, d‘accepter le petit repas qu’il leur offrait. Il se plaça a côté d’eux autour de la table, et ils mangèrent. Il ne montrait point de timidité : il était si content, qu‘il, versait des larmes de joie.

Après ce petit repas, Joseph les quitta. Quelques-uns des plus considérables de la caravane allèrent à une hôtellerie de Bethléem ; les autres se placèrent sur leurs couches, qui étaient rangées en cercle dans la grande tente, et se livrèrent au repos. Joseph, revenu à la grotte, réunit tous les présents à droite de la crèche, dans un coin qu’il ferma par des nattes, de façon à cacher ce qui y avait été déposé. La servante d’Anne, qui, après le départ de celle-ci, était restée auprès de la Sainte Vierge, s’était tenue dans une grotte latérale pendant toute la cérémonie ; elle ne reparu que lorsque tous eurent quitté la Crèche. Elle était grave et modeste. Ni la sainte Famille, ni même cette servante ne regardèrent les présents des rois avec une complaisance mondaine. Tout fut accepté avec une humble reconnaissance pour être bientôt distribué avec une inépuisable libéralité.

Ce soir, il y eut à Bethléem un peu d‘agitation lors de l'arrivée du cortège à la maison où l’on payait l’impôt, et plus tard bien des allées et venues dans la ville. Les gens qui avaient suivi le cortège jusqu‘à la vallée des Bergers n’avaient pas tardé. à revenir. Plus tard, pendant que les trois rois, pleins de joie et de ferveur adoraient et déposaient leurs présents dans la grotte, de la Crèche, l'on vit rôder dans les environs, à une certaine distance, quelques Juifs qui espionnaient et chuchotaient ensemble ; plus tard encore on les vit, aller et venir dans Bethléem et faire divers rapports fort peu conformes à la réalité.

Mais cela ne fait-il pas souffrir de voir toujours les méchants, qui, quand le Sauveur s’approche des hommes, vont, viennent, observent, murmurent et répandent ensuite les sottes inventions de leur haine ? Eh quoi ! avoir le salut si près de soi, et le repousser, tandis que ces bons rois, guidés par leur foi sincère dans la promesse, sont venus de si loin et ont trouvé le salut! Oh l combien est déplorable l‘aveuglement et l‘endurcissement des pauvres mortels !

Aujourd’hui encore, pendant la journée, l’on vit, à Jérusalem, Hérode parcourir les Ecritures avec un grand nombre de docteurs et discuter les affirmations des Mages. Bientôt cependant tout rentra dans le, calme, comme si l’on eût voulu assoupir cette affaire.

 

Considération

Saint Joseph d’après Saint Léonard de Port-Maurice

 

Saint Léonard de Port-Maurice fut l’un des saints et des plus zélés missionnaires de la fin du XVIIe et du commencement du XVIIIe siècle. Il avait une très grande dévotion envers la très Sainte Vierge qui l’avait guéri miraculeusement dans les débuts de ses travaux apostoliques, et envers Saint Joseph, ainsi que l’atteste l’un de ses chef d’œuvre oratoire, dont nous ne pouvons que détacher les principaux traits.

Nous passons ce qu’il a dit des grandeurs de Saint Joseph, comme juste, pour recueillir ses plus belles paroles sur ses grandeurs comme Epoux de la Vierge et comme Père de Jésus.

« Il n’est point au pouvoir d’une langue mortelle, dit-il, d’exprimer le comble d’honneur ou fut élevé notre Saint en recevant pour épouse celle qui parut dans le monde comme une aurore naissante, et qui, croissant toujours de vertus en vertus, en fit une riche dot qu’elle apporta à Joseph, son époux. Contemplons, à la clarté de cette aurore céleste, les richesses du très heureux Joseph, qui, par cette sainte alliance, devient en quelque sorte plus grand que lui-même. En effet, l’auguste Vierge ne voulut d’autres conditions sur le contrat de mariage, sinon que son Epoux fût en tout et pour tout semblable à elle, et dans l’innocence des mœurs, et dans la pureté de l’âme. Et comme le contrat passa par les mains du Saint Esprit, qui peut douter que Marie n’ait été exaucée en sa demande, et que Joseph n’ait été enrichi de qualités, de dons et de vertus semblables en tout point à ceux de Marie, son épouse ? Que les évangélistes s’abstiennent d‘exalter ces vertus et ces prérogatives excellentes qui relèvent la dignité de Joseph, peu importe ; il me suffit qu’ils le représentent comme l’Epoux de Marie, virum Mariæ, c’est-à-dire comme celui de tous les mortels qui ressemble le plus à l’œuvre la plus parfaite entre les pures créatures qui soit sortie de la main de Dieu, à savoir, sa Mère ».

D’où le saint prédicateur part pour exalter les excellences attachées à cette dignité d’Epoux de Marie. Après quoi il ajoute :

« Toutefois, ce qui rehausse principalement Joseph en qualité d’Epoux de Marie, c’est qu’à ce titre il est vénéré comme le chef de cette sainte Famille, laquelle ne fut ni toute humaine ni toute divine, mais qui tient de l‘une et de l'autre, et qui, pour cette raison, a été appelée a juste titre la Trinité de la terre. Mais où trouver jamais des paroles pour peindre dignement cette admirable Trinité de Jésus, Marie, Joseph ? Rendez donc de fréquents hommages à l’adorable Trinité du ciel, Père, Fils et Saint Esprit, mais honorez aussi la Trinité sainte qui a habité visiblement parmi nous sur la terre, Jésus, Marie, Joseph. Gravez dans vos coeurs en lettres d’or ces trois noms, ces noms célestes : prononcez les souvent, écrivez les partout. Que, ce soient les premières paroles que vous enseigniez à vos enfants. Répétez plusieurs fois par jour ces noms sacrés, et qu’ils soient encore sur vos lèvres au moment où vous rendrez le dernier soupir ».

Quant à la paternité de saint Joseph, voici ce qu’on nous en dit de plus admirable :

« Joseph n’eut sans doute aucune part à la production de Jésus Christ, mais il n‘en fut pas moins son Père, ainsi que l’affirment tous les docteurs; Il eut à son égard l’autorité aussi bien que la sollicitude et les devoirs d‘un père. Est-il , en effet, une seule des fonctions du meilleur des pères qui n’ait été glorieusement exercée par ce serviteur fidèle et prudent que le Seigneur a préposé au gouvernement de sa famille ? N'est-ce pas Joseph qui recueillit dans ses bras l’Enfant Jésus à peine né, et le coucha sur la paille de la crèche ? N’est-ce pas Joseph qui le déroba à la fureur d’Hérode ? N’est-ce pas lui qui lui fournit, durant trente ans, du travail de ses mains, et à la sueur de son front, la nourriture, le logement et le vêtement ? Combien de fois les bras de Joseph ne servirent-ils pas de berceau a l’Enfant Jésus ? Que de tendres baisers il lui prodigua ! Que de fois il lui donna à manger de sa main, l’habilla, lui apprit à parler, l’exerça au travail ! Car ce divin Enfant voulut paraître en tout semblable aux autres. Et lorsqu’il fut devenu grand, que de fois Joseph ne reposa-t-il pas sur son coeur ? Or, si Joseph se comporta en père si tendre, si dévoué à l’égard de Jésus, comment pensez-vous que dut se comporter Jésus à l’égard de Joseph ? Est-il besoin de dire qu’il a été pour lui le meilleur des fils, lui témoignant un respect, une soumission, une obéissance parfaite en toute chose, comme à son père bien-aimé ?

« Mais pour se convaincre, poursuit-on, que Joseph fut vraiment grand comme juste, plus grand comme époux, très grand comme père, il suffirait de le considérer entre les bras de Jésus et de Marie au moment de rendre son âme à son Créateur. Voyez ce bienheureux Patriarche étendu sur une pauvre couche ; Jésus d’un côté, Marie de l’autre, entouré d’une multitude infinie d’Anges, d‘Archanges, de Séraphins, qui, dans une attitude respectueuse, s’apprêtent à recevoir sa sainte âme. Ô Dieu ! Qui pourra nous dire avec quels sentiments, à ce moment suprême, Joseph dit un dernier adieu à Jésus et à Marie ? Quelles actions de grâces, quelles protestations, quelles supplications, quelles excuses de la part de ce saint vieillard ! Ses yeux et son cœur parlent, sa langue seule se tait ; mais que son silence dit de choses ! Tantôt il regarde Maries, et Marie le regarde à son tour, et avec quelle affection ! Tantôt il tourne ses yeux vers Jésus, et Jésus le regarde, mais avec quelle tendresse ! Il prend la main de Jésus, la presse sur son cœur, la couvre de baisers et l’arrose de ses larmes, en lui recommandant instamment son âme. Il tombe ensuite dans une défaillance d’amour.... et il expire dans les embrassements de Jésus ».

Après quoi, notre Saint prédicateur, s’appuyant sur les témoignages de Sainte Thérèse d’Avila, exhorte les hommes de tous les états et de toutes les conditions à aimer, honorer, invoquer Saint Joseph, parce que, si Marie obtient tout en qualité de mère, Joseph peut tout en sa qualité de juste, d’époux et de père.

 

Pratique

Images de Saint Joseph

 

Nous sommes dans un siècle, siècle pourtant qui oublie vraiment trop vite, ou l’on s’occupe beaucoup de photographie et de la reproduction, par cette photographie, des traits de ceux que l’on aime, que l’on vénère, ou dont on veut garder le souvenir. C’est ainsi que chacun de nous est heureux de se procurer les images de ses parents et de ses amis, de ses bienfaiteurs et de ceux qui lui sont chers. Et nous ne ferions pas de même pour saint Joseph, notre bon père, notre meilleur ami, notre suprême bienfaiteur ? À l’exemple plutôt de saint François de Sales, qui n’avait dans son bréviaire qu’une seule image, celle de saint Joseph, et du P. Louis Lallemant, qui voulut être enterré avec une image de notre Saint qu’il avait eue en grande vénération pendant sa vie, chacun de nous aura la même image en son livre d’église, en son oratoire, en sa chambre, ou dans tout autre endroit distingué de sa maison. C’est un hommage que tous les dévots de saint Joseph lui rendront, et auquel nous devons bien penser qu’il ne sera pas insensible.

« Et je me trompe fort, dit le bon chanoine de Verdun que nous avons déjà cité, si à toutes les fois que nous regarderons les portraits de ce grand Saint et élèverons nos pensées à leur principal sujet, nous ne concevons en même temps une sainte horreur de faire chose qui puisse lui déplaire, fussions-nous tentés le plus violemment du monde, puisqu’il prend connaissance de tout ce qui se passe autour de nous, regarde tout cela, nous voit et tout ce que nous faisons, soit bien, soit mal, dans le grand miroir de l’essence divine. Tellement que, quoique l’image ne nous voie point, néanmoins nous avons sujet de croire que celui de qui elle est l’image, au même temps de l’élévation de notre cœur vers lui, connaît par révélation divine et ordinaire à tous les bienheureux ce que nous faisons, nous regarde agir et prend plaisir ou déplaisir du bien ou du mal de nos actions ».

 

Prière

Pour demander les grâces de son état

 

Ô Père nourricier de Celui qui nourrit toutes les créatures, vrai et fidèle Epoux de la Mère de Dieu, quel est celui d’entre les saints qui peut comparer sa gloire à la vôtre ? Moïse a conduit le peuple de Dieu, et vous avez été le conducteur de Dieu fait homme. Abraham a été le père des enfants d’adoption, et Dieu vous a fait son père et le nôtre. Celui que les rois et les patriarches ont désiré voir un seul jour, vous l’avez élevé, nourri, possédé pendant trente années. Siméon S’estima bienheureux d’avoir tenu une seule fois dans ses bras l’Enfant-Dieu, et cent et cent fois vous l’avez porté dans les vôtres, cent et cent fois vous l’avez mis et remis entre les bras de sa Mère, l’embrassant comme votre Dieu, votre Seigneur et votre Fils. Dieu, pour sauver son peuple, l'a fait sortir de l’Egypte, en multipliant les miracles, et vous, par un dévouement héroïque, vous avez conduit le Fils de Dieu dans le même pays pour l’arracher à la mort.

Faites, ô grand Saint, que, tandis que je me réjouis et vous félicite de vos grandeurs , je ressente les heureux effets de votre puissante protection. Obtenez-moi les lumières dont j’ai besoin pour connaître tous mes devoirs, la force et le courage pour les accomplir. Obtenez-moi ce zèle fort et constant qui sait résister à l’ennemi, surmonter le dégoût, vaincre la répugnance, afin que jamais je n'aie le malheur de négliger mes obligations, ni de les sacrifier à la mollesse, au monde ou au plaisir. Demandez pour moi les grâces d‘une intention droite et pure dans toutes mes Œuvres, afin que, lorsque le jour du Seigneur sera venu, je puisse recevoir la récompense promise au bon et fidèle serviteur. Ainsi soit-il.

 

Extrait du « Mois de Saint Joseph ou Vie de Saint Joseph d’après Anne-Catherine Emmerich » par C.F. Fouet. Saint Dizier, Paris, 1872

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16 mars 2019

Le Mois de Saint Joseph

Le Mois de Saint Joseph

Avec la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich

5a

Dix-septième jour

Attente des Mages

 

Les pieux rois qui vont venir à Bethléem adorer l’Enfant Dieu s’appelaient Mauser, Saïr et Théokéno. Les noms de Gaspard, Melchior et Balthasar, qu’on leur donne ordinairement, ne sont que des noms caractéristiques, le premier signifiant qui va avec amour ; le deuxième, qui s’approche doucement ; le troisième, qui veut promptement. Mauser, le brun, était Chaldéen, ainsi que Saïr, le basané, et Thëokéno, le blanc, de la Médie. Ils étaient adorateurs des astres, et c‘est en les contemplant qu’ils découvrirent l’étoile de Jacob que Balaam, un de leurs prophètes, avait annoncée, que leurs pères avaient attendue pendant des siècles, et qui, se dilatant à leurs yeux, leur apparut sous la forme d’un globe lumineux au centre duquel était une Vierge brillante devant qui planait un Enfant resplendissant d’une lumière plus brillante encore. À peine l’eurent ils aperçue, qu’ils se mirent en chemin pour aller adorer le Dieu qu‘elle annonçait.

Chacun des trois rois avait avec lui quatre proches parents ou amis intimes, de sorte que le cortège se composait de quinze personnes de haut rang, accompagnées d’une foule de conducteurs de chameaux et de serviteurs, qui ne fit qu’augmenter durant le trajet. L’étoile qui les conduisait se montrait devant eux, pendant la journée, comme un corps brillant dont la clarté surpassait celle du jour, et, pendant la nuit, avec la lueur rougeâtre de la.lune lorsqu‘il fait grand vent.

Ils visitèrent aussi, en venant, un roi de Causour, à qui ils racontèrent tout ce qu’ils avaient vu dans les étoiles. Il regarda lui-même celle qui les conduisait, et y vit un petit Enfant avec une croix. Il les pria alors de lui raconter, à leur retour, ce qu’ils auraient découvert, parce qu‘il voulait aussi élever des autels et offrir des sacrifices à l‘Enfant Dieu.

Cependant Marie avait en une vision sur l’approche des trois rois, pendant qu’ils faisaient leur visite au roi de Causeur. Elle vit aussi que celui»ci voulait élever un autel à l’Enfant. Elle raconta cela à saint Joseph et à Elisabeth, et dit qu'il fallait vider la grotte de la Crèche et tout préparer pour la réception des trois rois à leur arrivée.

Les gens à cause desquels Marie s’était retirée dans l’autre grotte étaient des visiteurs curieux, comme il s’en est présenté beaucoup dans ces derniers jours. Aujourd’hui Elisabeth est repartie pour Jutta, accompagnée d’un serviteur.

Il y eut plus de tranquillité dans la grotte de la Crèche pendant les jours suivants. La sainte Famille resta seule la plupart du temps. La servante de Marie, femme d’environ trente ans, très sérieuse et très humble, était seule présente. C’était une veuve sans enfants, parente d'Anne, qui lui avait donné asile chez elle. Son défunt mari avait été très dur envers elle parce qu’elle allait souvent chez les Esséniens ; car elle était très pieuse et attendait le salut d’Israël. Il s‘irritait à cause de cela, comme de méchants hommes de nos jours qui trouvent que leurs femmes vont trop souvent à l’église. Il l'avait quittée et était mort quelque temps après.

Les vagabonds qui avaient mendié et proféré des injures et des malédictions près de la grotte de la Crèche ne revinrent plus dans ces derniers jours. C’étaient des mendiants qui allaient à Jérusalem pour la Fête de la Dédicace du Temple, instituée par les Macchabées. Elle durait huit jours.

Saint Joseph célébra le sabbat d‘après la Circoncision sous la lampe, dans la grotte de la Crèche, avec Marie et la servante. Ce même jour, au soir, commençait la Fête de la Dédicace du Temple, et, pour la célébrer, il établit en trois endroits différents des candélabres, sur chacun desquels il alluma sept petites lampes. On est maintenant tranquille ici, parce que les nombreux visiteurs de ces derniers jours étaient des voyageurs qui allaient a la Fête. Anne envoie plusieurs fois des messagers pour apporter des présents et avoir des n0uvelles. Les femmes juives ne nourrissent pas longtemps leurs enfants sans leur donner d’autre aliment que leur lait ; aussi l’Enfant Jésus prit-il, après les premiers jours, une bouillie faite de la moelle d’une espèce de roseau : cette bouillie est douce, légère et nourrissante.

Pendant la Fête, chaque jour, soir et matin, Saint Joseph allume ses petites lampes pour la célébrer. Depuis le commencement de la Fête à Jérusalem, du reste, la tranquillité continue ici. Le lundi arriva un messager de sainte Anne. Il apportait à la Sainte Vierge, entre divers autres objets, tout ce qu’il fallait pour travailler a une ceinture, ainsi qu'une charmante corbeille pleine de fruits et recouverte de roses qui étaient placées sur les fruits et qui étaient restées très fraîches. Cette corbeille était étroite et haute. Les roses n’étaient pas de la couleur des nôtres, mais pâles et presque couleur de chair ; il y en avait aussi de jaunes et de blanches ; il s’y trouvait des boutons. Marie parut y prendre plaisir et plaça la corbeille près d’elle.

Cependant Joseph paraît préoccupé de l’envie de rester à Bethléem et de s’y fixer après la purification de Marie, et il a dû prendre quelques renseignements dans cette intention. Il y a trois jours, des gens aisés de Bethléem vinrent à la grotte de la Crèche, et maintenant ils prendraient volontiers la sainte Famille chez eux. Mais Marie s‘était cachée dans la grotte latérale, et Joseph déclina leurs offres. La Fête de la Dédicace était encore célébrée matin et soir. Il doit s’y être joint, le sixième jour, une autre Fête qui a dû occasionner à Jérusalem des changements dans les cérémonies de la première. C‘est sans doute ce qui amena un prêtre avec un rouleau près de saint Joseph dans la grotte : ils prièrent ensemble près d’une petite table qui avait une couverture rouge et blanche. Il semblait que ce prêtre voulût voir si Joseph célébrait la Fête ou qu‘il lui annonçât une nouvelle Fête. Dans ces derniers jours la grotte fut tranquille et sans visiteurs.

La Fête de la Dédicace finit avec le Sabbat. Joseph n’alluma plus les petites lampes. Les dimanche et lundi suivants, beaucoup de gens des environs vinrent encore à la crèche ; les mendiants effrontés se montrèrent aussi à l’entrée. C’était parce qu’on revenait alors de la Fête.

Le lundi, il vint aussi deux messagers de sainte Anne avec des provisions de bouche et divers effets. Mais Marie, qui était toujours prompte à donner, eut bientôt distribué tout cela. Saint Joseph commença alors à faire divers arrangements dans la grotte de la Crèche, dans les grottes latérales et enfin dans celle du tombeau de Maraha. On attendait prochainement la visite de sainte Anne et aussi celle des trois rois, d‘après les indications de la Sainte Vierge.

Pendant que Sainte Anne est en route avec son second époux, Marie d’Héli, une servante, un domestique, et deux ânes, saint Joseph termine de son mieux ses arrangements dans la grotte de la Crèche et dans les grottes latérales, pour loger ses hôtes de Nazareth, et pour recevoir les trois rois, dont Marie avait récemment annoncé l’arrivée lorsqu’ils étaient à Causour. Puis il se retire avec Marie dans l’autre grotte avec l‘Enfant Jésus. La grotte de la Crèche est entièrement débarrassée. L‘âne seul y est resté.

Saint Joseph, du reste, parfait observateur de toutes les lois, paraît avoir depuis quelque temps payé le second impôt. De nouveaux curieux sont aussi venus de Bethléem pour voir l’Enfant. Il s’est laissé prendre tranquillement par quelques uns et s’est détourné des autres en pleurant.

Pour la sainte Vierge, elle est parfaitement établie dans son nouveau logement, qui était arrangé commodément. Son lit était contre la paroi. L’Enfant Jésus était près d’elle dans une longue corbeille faite d’écorce, qui reposait sur des fourches. Le lit de Marie et le berceau de l’Enfant Jésus qui était a côté, étaient séparés du reste par une cloison en clayonnage. Le jour, quand elle ne voulait pas être seule, elle était assise en avant de cette cloison, ayant l’Enfant auprès d’elle. Saint Joseph reposait dans une partie éloignée de la grotte, qui était aussi séparée du reste.

Le jeudi d‘après, au soir, commençait un jour de jeûne. Tous les aliments étaient préparés pour le jour suivant ; le feu était couvert et les ouvertures voilées ; enfin, tous les ustensiles servant aux travaux manuels avaient été éloignés. Sainte Anne était arrivée avec son second mari, la sœur aînée de la sainte Vierge et une servante. Ces visiteurs devaient passer la nuit dans la grotte de la Crèche ; c’était pour cela que la sainte Famille s’était retirée dans la grotte latérale. Aujourd‘hui Marie a mis l’Enfant dans les bras de sa mère : celle-ci était profondément touchée. Anne avait apporté des couvertures, des linges et des provisions de bouche. Elle dormit à l‘endroit où Elisabeth avait reposé, et Marie lui raconta avec beaucoup d’émotion tout ce qui s’était passé. Anne pleura avec la Sainte Vierge, et tout ce récit fut interrompu par les caresses de l’Enfant Jésus.

Le vendredi, la sainte Vierge revint dans la grotte de la Crèche et y couche de nouveau le petit Jésus dans la crèche. Quand Joseph et Marie sont seuls près de l'Enfant, on les voit souvent l’adorer. Sainte Anne se tint aussi ce jour-là près de la crèche avec la Sainte Vierge dans une attitude respectueuse, et contemple l’Enfant Jésus avec un grand sentiment de dévotion et de ferveur.

Outre ce qu’Anne avait apporté pour la Mère et pour l’Enfant, Marie avait déjà reçu bien des choses depuis qu’elle était ici ; mais tout autour d‘elle présente l’image de la pauvreté, parce qu‘elle donne tout ce dont elle peut se passer à la rigueur.

Ce même jour, la sainte Vierge annonça à Anne que les rois de l’Orient viendraient bientôt et que leur visite ferait un grand effet. Pendant le séjour des rois, Sainte Anne ira à trois lieues d'ici chez sa sœur et elle reviendra plus tard.

Le lendemain soir, après la clôture du sabbat, sainte Anne, avec ceux qui l’accompagnaient, quitta la sainte Vierge pour un certain temps. Elle s’en alla à trois lieues de là, dans la tribu de Benjamin, chez une sœur cadette qui y était mariée. L’endroit où elle demeurait, et qui consistait seulement en quelques maisons dans une plaine, était à une demi-lieue de la dernière station de la sainte Famille dans son voyage à Bethléem, auprès de l’endroit où demeuraient les parents de saint Joseph.

 

Considération

Saint Joseph d’après un auteur belge

 

Cet auteur anonyme était toujours un grand dévot à saint Joseph. On ne parle pas ainsi, quoiqu’en un langage plein de simplicité et de naïveté, du saint Patriarche, sans être pénétré pour lui d‘un véritable amour et de la plus tendre piété. On sent qu’il est à son aise pour parler de son saint de prédilection. On sent, qu‘on nous permette de le dire, que c’est un enfant de cette Belgique qui s’est toujours distinguée entre les autres pays catholiques par sa grande dévotion au saint Epoux de la Reine des vierges, et qui l’a choisi depuis des siècles pour son Patron particulier. Et ce que nous voulons ajouter, nous nous demandons si ce n’est point au patronage de notre grand Saint que ce petit pays a dû d’être épargné jusqu’alors dans la tourmente révolutionnaire qui secoue toute l’Europe, et malgré le travail des sociétés secrètes et de la démagogie qui s’opère dans son sein. S’il en était ainsi, puisse l’auguste Epoux de Marie veiller toujours, ne fût-coque pour l’exemple des autres nations, sur ce pays, que l’on peut appeler son royaume, et y conserver, malgré les efforts incessants de l’impiété, la pureté de la foi et des mœurs !

Et nous voyons donc ce que notre pieux auteur dit des grandeurs du saint Patriarche dans son livre intitulé l’Alliance de saint Joseph, imprimé à Bruxelles sans autre date que celle de l’approbation, qui est de 1737.

« Saint Joseph, dit-il, a été choisi de toute éternité par la sainte Trinité pour être le chef de la famille de Dieu sur la terre, l’Ange gardien et l’Epoux de la Reine des Anges, le Père nourricier du Messie.

Il a eu l’honneur de gouverner la Famille de Jésus pendant près de trente ans, de vivre si longtemps parmi les innocentes caresses de l‘Enfant Sauveur, parmi la réserve, la retenue, l‘honnêteté de sa jeunesse, parmi les actions, les exemples et les instructions de son âge parfait, en la compagnie de la princesse la plus accomplie et la plus sainte qui fût jamais.

Huit jours après le divin enfantement, Joseph circoncit Jésus en l’étable de Bethléem, selon saint Jérôme et saint Bernard. Il lui donna l’auguste nom de Jésus, au jour de la Circoncision, selon l’ordre qu‘il en avait reçu de Dieu par le ministère d’un Ange. Il nourrit à la sueur de son corps celui qui nourrit tout ce qui est animé, et qui couvre de duvet les petits oisillons à peine éclos. Il eut le bonheur d’habiller souvent celui qui prend plaisir a vêtir les lys et les roses, et à les parer de riches et riantes couleurs. Il fut le sauveur de son Sauveur, le retirant des mains d’Hérode, tandis que les petits Innocents, à sa place, achetaient par leur sang la palme du martyre. Jésus, qui tient dans sa main tous les princes de la terre, à qui les Anges se font gloire d’obéir, lui a rendu tous les devoirs d’une parfaite soumission et d’une exacte obéissance, ne prenant mouvement que du clin de son œil et du son de sa voix.

L’extérieur de Joseph était noble, ravissant et digne ; son port plein d’une douce majesté, et son visage beau comme celui de son Fils, le plus beau d’entre les enfants des hommes, comme celui de sa sainte Epouse, la plus belle des créatures. Jeanne des Anges, religieuse Ursuline, après la vision qu’elle eut de saint Joseph, lorsqu’il la guérit miraculeusement, étant interrogée des peintres qui voulaient savoir comment il fallait représenter ce grand saint, leur dit : « Faites-le aussi beau que vous le pourrez ; jamais vos couleurs matérielles n’atteindront la sainte pudeur de son front, la gracieuse modestie de ses yeux, la douceur de ses lèvres, la majesté de tout son être ».

Joseph a aimé la sainte Vierge d’une affection naturelle, fondée sur ses rares et éminentes qualités ; d’une affection acquise et accrue par de continuels services et par tous les témoignages d’un chaste attachement ; d’une affection surnaturelle, en considération des grâces et des faveurs dont le ciel avait comblé sa belle âme. Lui et la sainte Vierge furent les premiers qui firent promesse, à Dieu de vivre en perpétuelle virginité. C’est la remarque du bienheureux Albert le Grand. On croit que la sainte résolution qu‘ils en avaient prise leur fut respectivement révélée. Ils renouvelèrent leur vœu d‘un commun accord après leur mariage.

Il possédait toutes les vertus. Passant sa vie avec la plus humble de toutes les créatures, il était humble comme elle ; il aimait sa pauvreté ; il était diligent en son travail ; il pratiquait le silence ; recueilli en lui-même, il possédait un cœur détaché du monde, et occupé du seul amour de Dieu. Lorsqu’il vit la grossesse de la sainte Vierge et qu‘il songea a se retirer, il était conduit par un sentiment d’humilité et de respect, se jugeant indigne, dit saint Basile, de servir un Dieu incarné.

Sa vie ne fut qu’un ravissement et une continuelle vision de Dieu. Ses prières au ciel sont puissantes. Les autres chanter aux Anges, et un psaume d‘actions de grâces. Quand ils voulurent se retirer, la sainte Vierge leur donna le petit Jésus, qu’ils tinrent tour a tour dans leurs bras, puis ils le lui rendirent en pleurant, et quittèrent la grotte. Sa vie ne fut qu’un ravissement et une continuelle vision de Dieu. Ses prières au ciel sont puissantes. Les autres saints, abaissant devant le trône de Jésus leurs palmes et leurs couronnes, demandent en recommandant ; mais Joseph fait ses demandes comme père, dit Origène, et Jésus les lui accorde comme fils.

Le pieux P. Suarez croit qu‘il est au ciel en corps et en âme, qu’il y monta le jour de la glorieuse et triomphante Ascension de son adorable Fils, et qu’il tient le premier rang en ce séjour de gloire, après Jésus et Marie ».

 

Pratique

Médailles de saint Joseph

 

Les médailles, outre qu’elles nous rappellent le souvenir des Saints, semblent nous mettre avant tout sous leur protection. Aussi trouvent elles accès auprès de toute sorte de personnes : des enfants, qui sont toujours heureux de les recevoir et de les porter ; des mères, qui y voient un gage de bénédiction pour leurs enfants et pour elles-mêmes ; des hommes faits, qui n’y trouvent que des avantages, en les acceptant souvent par pure complaisance pour une épouse, une mère, une sœur, une amie ; des vieillards, à qui elles procurent s0uvent une bonne fin de vie. Et combien de fois les pécheurs ont-ils rencontré dans la simple acceptation de ces médailles leur conversion et leur salut ! Et cela, quelquefois même lorsque de pieuses mains les leur avaient glissées à leur insu.

Combien de fois encore le port de ces médailles, comme celui des scapulaires, a-t-il préservé et sauvé des plus grands dangers et de la mort ! Et nos derniers désastres n’en ont-ils pas multiplié les exemples ?

Mais, après les médailles de la sainte Vierge, ce sont celles de saint Joseph, le tout-puissant auprès de Jésus, que nous devons préférer à toutes les autres. Portons donc toujours les nôtres avec respect, et ayons-en aussi sur nous pour pouvoir les distribuer à l‘occasion. Quelques bonnes paroles, quelques traits de la protection de saint Joseph, venant accompagner la distribution de ces médailles, doubleront leur puissance et ouvriront le cœur de ceux à qui nous parlerons.

C’est ainsi que nous nous assurerons pour nous et pour les autres la protection plus particulière du bon Père.

 

Prière des Fidèles pour les Prêtres

 

Grand saint Joseph, dont le cœur fut consumé d’amour pour Jésus et pour sa gloire, quelle tendre affection ne devez-vous pas ressentir pour ceux que ce divin Sauveur a honorés de son sacerdoce et revêtus de sa puissance et de son autorité, en les chargeant de continuer ici-bas sa céleste mission, de prêcher sa doctrine, d‘enseigner sa loi sainte, et de répandre partout ses grâces et ses bienfaits ! Mais ils ont, de plus, comme vous, le droit de commander à Jésus, et chaque jour Jésus leur obéit, en descendant à leur voix sur l’autel. Comme vous, ils ont l’honneur de le toucher de leurs mains, de le porter dans leurs bras, de manger et vivre avec lui, de se dévouer et travailler pour lui, de souffrir pour le défendre et conserver sa vie dans les âmes. Comme vous, enfin, ils ont le soin de garder, de protéger, de consoler Marie dans la personne des mères, des vierges chrétiennes, et de ceux qui, dans la vie religieuse, ont choisi le Seigneur pour leur unique partage.

Nous vous en conjurons donc. prenez-les tous, Souverain Pontife, Evêques et Prêtres, sous l’égide de votre puissante protection. Soutenez-les au milieu des dangers, des périls, des attaques de leurs nombreux ennemis, comme dans les travaux, les obstacles, les fatigues de leur pénible ministère. Demandez pour eux une vie sainte, toujours conforme à la sublimité de leur caractère, la dignité de leurs fonctions, la grandeur de leurs obligations et de leurs devoirs. Obtenez-leur l’humilité de saint Jean-Baptiste, la foi de saint Pierre, le zèle de saint Paul, la piété de saint Jean, la douceur de saint François de Sales, la charité de saint Vincent de Paul, et l’esprit de recueillement et d’oraison que vous avez si bien pratiqué vous-même, afin qu’après avoir été, sur la terre, de fidèles dispensateurs des mystères de votre Fils adoptif, ils reçoivent dans le ciel la récompense promise aux bons prêtres, et que nous espérons bien que vous nous ferez obtenir à tous. Ainsi soit-il.

 

Extrait du « Mois de Saint Joseph ou Vie de Saint Joseph d’après Anne-Catherine Emmerich » par C.F. Fouet. Saint Dizier, Paris, 1872

 

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15 mars 2019

Le Mois de Saint Joseph

Le Mois de Saint Joseph

Avec la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich

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Seizième jour

Circoncision

 

Pendant le Sabbat, plusieurs personnes vinrent à la grotte de la Crèche, et le soir, après la clôture, les Esséniennes et la servante de Marie apprêtèrent un repas dans une cabane de feuillage, à l’entrée de la grotte. Joseph l'avait dressée avec l’aide des bergers. Il avait aussi vidé la chambre située dans l’entrée de la grotte, y avait étendu des couvertures par terre, et avait tout arrangé comme pour une fête, autant que le comportait sa pauvreté. Il avait ainsi disposé les choses-avant l’ouverture du Sabbat ; car le lendemain était le huitième j0ur depuis la naissance du Christ, lequel devait être circoncis ce jour-là, conformément au précepte divin.

Joseph était allé vers le soir à Bethléem, et il en avait ramené trois prêtres, un homme âgé et une femme qui paraissait une sorte de garde ou d‘assistante, employée ordinairement dans cette cérémonie. Elle apportait un siège dent on se servait en pareille circonstance, et une pierre plate, fort épaisse et de forme octogone, qui renfermait les objets nécessaires. Tout cela fut placé sur des nattes, à l’endroit où la cérémonie devait se faire, c‘est-a-dire à l’entrée de la grotte, entre le réduit de saint Joseph et le foyer. Le siège était un coffre avec des espèces de tiroirs, qui mis à la suite les uns des autres, formaient comme un lit de repos avec un appui d’un côté : on y était plutôt étendu qu'assis. La pierre octogone avait plus de deux pieds de diamètre ; au milieu était une cavité également octogone, recouverte d’une plaque de métal, et qui renfermait, dans des compartiments séparés, trois boites et un couteau de pierre. Cette pierre fut placée a côté du siège, sur un petit escabeau à trois pieds, qui jusqu’alors était toujours reste sous une couverture à la place où le Sauveur était né.

Quand on eut fait ces arrangements, les prêtres saluèrent la sainte Vierge et l’Enfant ; ils s’entretinrent amicalement avec Marie, et ils prirent dans leurs bras 1’Enfant, dont la vue les toucha. Le repas se fit ensuite dans la cabane de feuillage, et une quantité de pauvres gens, qui avaient suivi les prêtres, comme il arrivait toujours dans de semblables occasions, entourèrent la table, et, pendant le repas, reçurent des présents de saint Joseph et des prêtres, en sorte que tout fut bientôt distribué. Cependant le soleil s’était couché, et, en s‘abaissant à l'horizon, il avait laissé pénétrer ses rayons jusque dans la grotte par la porte ouverte.

Pendant la nuit, des lampes furent allumées dans la grotte, et l’on y pria beaucoup et chanta longtemps. La circoncision eut lieu au lever du jour. La Sainte Vierge était attristée et inquiète. Elle avait apprêté elle-même les linges destinés à recevoir le sang et à bander la plaie ; elle les tenait devant elle dans un pli de son manteau. La pierre octogone fut recouverte par les prêtres d'un drap rouge et d‘un autre drap blanc par-dessus, avec différentes prières et cérémonies ; puis l’un des prêtres s’appuya plutôt qu’il ne s’assit sur le siège, et la Sainte Vierge, qui se tenait voilée au fond de la grotte, avec l’Enfant sur les bras, le donna à la servante avec les linges destinés au pansement. Saint Joseph le reçut des mains de la servante, et le donna à la garde qui était venue avec les prêtres. Celle-ci plaça l’Enfant recouvert d’un voile sur la couverture de la pierre octogone.

On fit encore des prières ; puis cette femme ôta à l’Enfant ses langes et le remit sur les genoux du prêtre qui était assis. Saint Joseph se pencha par-dessus les épaules du prêtre et tint l’Enfant par le haut du corps. Deux prêtres s’agenouillèrent à droite et à gauche, tenant chacun un de ses petits pieds : celui qui devait accomplir la cérémonie s’agenouilla devant lui. On découvrit la pierre octogone et on enleva la plaque de métal pour avoir sous la main les trois boîtes où il y avait des eaux vulnéraires et de l’onguent. Le manche et la lame du couteau étaient de pierre. Le manche, brun et poli, avait une rainure où l’on faisait rentrer la lame ; celle-ci, qui était de couleur jaunâtre, ne paraissait pas très affilée. L’incision se fît avec la pointe recourbée du couteau. Le prêtre fit aussi usage de l’ongle tranchant de son doigt, exprime le sang de la blessure, et y mit du vulnéraire et d’autres ingrédients de même nature qu’il prit dans les, boites. La garde prit alors l’Enfant, et, après avoir bandé la plaie, lui remit ses langes. Cette fois, on emmaillota aussi ses bras qui étaient libres auparavant, et en roula autour de sa tête le voile dont on l’avait couvert. Il fut placé de nouveau sur la pierre octogone, et en fit encore des prières.

L’Ange avait dit à Joseph que l’Enfant devait s’appeler Jésus ; mais le prêtre n’agréa pas d’abord ce nom, et se mit en prière pour consulter le Seigneur. Un Ange alors lui apparut et lui montra le nom de Jésus sur un écriteau, pareil à celui qui surmonta la croix sur le Calvaire. Puis, tout ému, il écrivit ce nom sur un parchemin, comme en cédant a une impulsion d’en-haut. L’Enfant Jésus pleure beaucoup après la cérémonie de la circoncision. Saint Joseph le reprit et le mit dans les bras de la Sainte Vierge, qui était restée au fond de la grotte avec deux femmes. Elle le prit en pleurant, se retira dans le coin où était;la crèche, s’assit, couverte de son voile, et apaise l’Enfant en lui donnant le sein. Saint Joseph lui remit aussi des linges teints de sang. On pria de nouveau et l’on chanta des cantiques. La lampe brûlait encore, quoiqu’il fît alors tout à fait jour. Bientôt la sainte Vierge revint avec l’Enfant et le posa de nouveau sur la pierre octogone. Les prêtres lui croisèrent alors les mains au-dessus de la tête de l’Enfant, et lui dirent qu’elle pouvait l’emporter.

Avant de retourner à Bethléem, les prêtres mangèrent quelque chose avec saint Joseph et deux bergers qui, pendant la cérémonie, étaient restés à l’entrée de la grotte, dans la cabane de feuillage. Il a été constaté que tous ceux qui avaient assisté à la sainte cérémonie étaient des gens de bien, et que les prêtres, plus tard, embrassèrent la doctrine du Sauveur. Toute la matinée, on fit encore des distributions aux pauvres qui venaient à la porte. Pendant la cérémonie, l’âne était resté attaché à l’écart.

Ce même jour encore, beaucoup de mendiants fort sales, portant des paquets et venant de la vallée des Bergers, passèrent devant la grotte de la Crèche. Ils semblaient aller à Jérusalem pour une fête. Ils demandèrent l’aumône très insolemment et proférèrent des malédictions et des injures près de la crèche, parce qu'ils ne trouvaient pas que Joseph leur eût donné assez.

La nuit suivante, l’Enfant fut souvent privé de sommeil par la douleur qu’il ressentait : il pleurait beaucoup. Marie et Joseph le prirent tour a tour sur leurs bras et le promenèrent autour de la grotte, en essayant de le calmer.

Le lendemain soir, Elisabeth arriva de Jutta a la grotte de la Crèche, montée sur un âne que conduisait un vieux domestique. Joseph la reçut très amicalement ; Marie et elle s’embrassèrent avec des sentiments de joie indicible. Elle pressa l’Enfant Jésus sur son cœur en versant des larmes. On lui prépara une couche près de la place où Jésus était né. Devant cette place il y avait un tréteau élevé, comme une espèce de tréteau de scieur, sur lequel était un petit coffre où l’on mettait souvent l’Enfant Jésus. Ce devait être une chose habituelle p0ur les enfants, car, déjà chez Sainte Anne, Marie, dans sa première enfance, avait reposé sur un tréteau semblable.

Mais, une fois arrivée, Elisabeth et Marie, assises à côté l’une de l'autre, ne se lassaient pas de s’entretenir affectueusement. La sainte Vierge raconta a sa cousine tout ce qui lui était arrivé jusqu’alors ; et quand elle parla de ce qu’elle avait souffert en cherchant un logement à Bethléem, Elisabeth pleura amèrement. Elle lui raconte, aussi beaucoup de choses touchant la naissance de Jésus. Elle dit qu’au moment de l’Annonciation elle avait été ravie en esprit pendant dix minutes et qu’elle avait eu le sentiment que son coeur devenait double et qu’un bien inexprimable entrait en elle et la remplissait tout entière. Au moment de la Nativité, elle avait eu aussi un ravissement avec le sentiment que les Anges la portaient en l’air agenouillée, et il lui semblait que son coeur était divisé en deux et qu’une moitié se séparait de l’autre. Elle avait perdu dix minutes l’usage de ses sens ; puis ressentant un vide intérieur et un désir immense d’un bien infini qu’elle avait eu jusque là au dedans d’elle et qui n’y était plus, elle avait vu devant elle une éclatante lumière dans laquelle son Enfant avait semblé croître sous ses yeux. Elle l’avait alors vu remuer et entendu pleurer ; puis revenant à elle, l’avais pris sous sa couverture et pressé contre son sein. Car au commencement il lui avait semblé qu’elle rêvait, et elle n’avait pas osé prendre l’Enfant au sein de la lumière où il était plongé. Elle dit aussi qu’elle n’avait pas eu la conscience du moment ou l’Enfant s’était séparé d’elle. Élisabeth lui dit : « Vous avez eu dans votre enfantement des grâces que n’ont pas les autres femmes ; celui de Jean a aussi été plein de douceur, mais les choses se sont passées bien autrement ».

Bien des personnes sont venues visiter la Sainte Vierge et l’Enfant. L’on vit aussi passer plusieurs fois de ces mendiants insolents qui se retiraient l’outrage à la bouche. Saint Joseph ne leur a plus rien donné.

Un autre jour, Marie se cacha encore avec l’Enfant Jésus et Elisabeth dans la grotte latérale, voisine de la grotte de la Crèche. Elles y restèrent toute la nuit. Marie s’y décida, parce que des gens de distinction de Bethléem venaient en foule à la crèche par curiosité. Elle ne voulut pas se montrer à eux.

Enfin la sainte Vierge, avec l’Enfant Jésus, sortit de la grotte de la Crèche et alla dans une autre grotte placée à droite. L’entrée en était très étroite ; quatorze marches en pente conduisaient d’abord dans un petit caveau, puis dans une chambre souterraine plus spacieuse que la grotte de la Crèche. Joseph la sépara en deux au moyen d’une couverture suspendue en l’air. La partie voisine de l’entrée était semi-circulaire ; l’autre partie était carrée. La lumière ne venait pas par en haut, mais par des ouvertures latérales qui traversaient une grande épaisseur de rocher. Les jours précédents, un homme âgé avait enlevé de cette grotte des fagots, des bottes de paille et des paquets de roseaux, comme ceux dont Joseph se servait pour faire du feu. Ce fut un berger qui leur rendit ce service. Cette grotte était plus claire et plus spacieuse que celle de la Crèche. L’âne n’y était pas. L’Enfant-Jésus y fut couché dans une auge creusée dans le roc. Pendent les jours précédents, Marie avait souvent montré aux visiteurs son cher Enfant enveloppé d'un voile et n’ayant sous ce voile d’autre vêtement qu'un linge qui lui entourait les reins. D’autres fois, il était entièrement emmailloté.

De son côté, la garde qui avait assisté à la circoncision est souvent venue visiter l’Enfant. Marie lui donnait presque tout ce qu’apportaient les visiteurs, afin qu’elle le distribuât aux pauvres de Bethléem.

 

Considération

Saint Joseph d’après Bossuet

 

Après et entre les saints et les maîtres de la vie spirituelle, les maîtres de la science et de la parole ont célébré également les louanges de saint Joseph. Le premier qui surgit à l’horizon, c’est leur prince à tous, Bossuet, que l’on a appelé le dernier Père de l’Eglise. C’est à ce titre sans doute que, dans ses Elévations sur les mystères, il a parlé de saint Joseph à la manière des anciens Pères, en exposant le texte sacré. Mais voilà qu’oracle des temps nouveaux, dans un siècle où l‘on ne parlait encore que bien timidement de l’excellence de saint Joseph, il lui consacre deux magnifiques Panégyriques, qui sont en même temps deux de ses plus admirables chefs d'œuvre. Il nous montre, dans le premier, comment saint Joseph a été le juste par excellence, ayant pratiqué à la perfection les trois vertus essentielles de l’homme juste: la simplicité, le détachement, l’amour de la vie cachée. Il aborde, dans le second, avec son coup d’œil d’aigle et sans sourciller, toutes les profondeurs de la théologie relatives au saint Patriarche, sans que son expression fasse jamais défaut à la sublimité de sa pensée.

Il commence cet incomparable panégyrique par établir que trois dépôts furent confiés au juste Joseph par la divine Providence : la sainte virginité de Marie, la personne de Jésus-Christ, et le secret du Père éternel dans l’Incarnation de son Fils. Il montre ensuite comment saint Joseph a gardé ces trois dépôts : le premier, par sa pureté angélique, répondant en quelque sorte à celle de Marie ; le second, par la continuation persévérante de ses soins à Jésus au milieu des persécutions qui l’attaquèrent dès son enfance ; le troisième, par son humilité et son amour de la vie cachée, qui lui firent conserver intact le secret du mystère de l’Incarnation.

Mais il faut l’entendre exposer ce qui regarde le céleste mariage de Marie et de Joseph, dans lequel il trouve, avec saint Augustin, le sacré contrat, l’amour conjugal, et, comme fruit de cette union, le Sauveur Jésus.

Le sacré contrat ! « Car Marie, dit-il, appartient à Joseph, et Joseph à la divine Marie ; si bien que leur mariage est très véritable, parce qu’ils se sont donnés l’un à l’autre. Mais de quelle sorte se sont-ils donnés ? Pureté, voici ton triomphe. Ils se donnent réciproquement leur virginité ; et sur cette virginité, ils se cèdent un droit mutuel. Quel droit ? Celui de se la garder l'un à l’autre. Oui, Marie a droit de garder la virginité de Joseph, et Joseph a droit de garder la virginité de Marie ; ni l’un ni l’autre n’en peut disposer, et toute la fidélité de ce mariage consiste à garder la virginité. Voilà les promesses qui les assemblent, voilà le contrat qui les lie. Ce sont deux virginités qui s’unissent pour se conserver éternellement l'une l’autre, par une chaste correspondance de désirs pudiques.

Qui pourrait, maintenant, nous dire quel devait être l’amour conjugal de ces bienheureux mariés ? Car, ô sainte virginité ! Vos flammes sont d’autant plus fortes, qu’elles sont plus pures et plus dégagées, et le feu de la convoitise qui est allumé dans nos corps ne peut jamais égaler les chastes embrasements des esprits que l’amour de la pureté lie ensemble. Mais où est-ce que cet amour si spirituel s‘est jamais trouvé si parfait que dans le mariage de saint Joseph ? Car dites-nous, ô divin Joseph ! qu’est-ce que vous aimez en Marie ? Ah ! Sans doute, ce n’était pas la beauté mortelle, mais cette beauté cachée et intérieure dont la sainte virginité faisait le principal ornement. C‘était donc la pureté de Marie qui faisait le chaste objet de ses feux ; et plus il aimait cette pureté, plus il la voulait conserver, premièrement en sa sainte épouse, et secondement en lui-même, par une entière unité de cœur ; si bien que son amour conjugal, se détournant du cours ordinaire, se donnait et s’appliquait tout entier a garder la virginité de Marie...

Mais comment le Sauveur Jésus fut-il le fruit sacré de ce saint mariage ? « C’est à cause de sa pureté, dit-il, que Marie a plu au Père éternel ; c’est à cause de sa pureté que le Saint Esprit se répand en elle, et recherche ses embrassements pour la remplir d’un germe céleste. Et, par conséquent, ne peut-on pas dire que c’est sa pureté qui la rend féconde ? Que si c’est sa pureté qui la rend féconde, je ne craindrai plus d‘assurer que Joseph a participé à ce grand miracle ; car si cette pureté angélique est le bien de Marie, elle est le dépôt, et non-seulement le dépôt, mais encore le bien de son chaste époux. Elle est a lui par son mariage, elle est à lui par les chastes soins par lesquels il l’a conservée. Ô féconde virginité ! Si vous êtes le bien de Marie, vous êtes aussi le bien de Joseph. Marie l’a vouée, Joseph la conserve, et tous deux la présentent au Père éternel comme un bien gardé par leurs soins communs. Comme donc il a tant de part a la sainte virginité de Marie, il en prend aussi au fruit qu’elle porte. C'est pourquoi Jésus est son Fils, non pas à la vérité par la chair, mais par l‘esprit, à cause de l’alliance virginale qui le joint avec sa mère ».

Et le reste, que nous n’entreprendrons pas même d’analyser ici.

 

Pratique

Anneau de saint Joseph

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La précieuse relique de l’anneau nuptial que saint Joseph donna à la sainte Vierge, lors de leur angélique mariage, se conserve à Pérouse, où il est l’objet de la pieuse vénération des fidèles, et surtout des époux chrétiens, qui sont trop heureux de pouvoir faire toucher leurs anneaux de mariage a celui de Marie et de Joseph, comme pour attirer sur leur mariage leur protection plus particulière. De là, pour les époux chrétiens de tous les pays, le pieux usage de porter aux doigts des anneaux bénits sous l'invocation du glorieux Patriarche.

Pour les personnes non engagées dans le mariage, elles peuvent aussi porter de ces anneaux, soit en vue de mériter davantage la protection de saint Joseph, soit comme témoignage de leur fidélité à son service, soit comme gage perpétuel de leur saint esclavage.

Tout prêtre peut bénir ces anneaux sans une autorisation spéciale. Voici une formule de bénédiction qui se trouve dans les Bréviaires de l’Ordre du Carmel, et qui est usitée dans les couvents de l’Association des Enfants de saint Joseph :

 

Bénédiction de l’anneau de Saint Joseph

 

V. Adjutorium nostrum, etc. R. Qui fecit, etc.

 

Oremus. Deus, cujus verbe sanctificantur omnia quæ percipimus, effunde, quæsumus, benedictionem tuam super nos et super hunc annulum, ut per intercessionem beatæ Mariæ semper Virginis, ac ejus sponsi Joseph, quæeumque præsentis vitae necessitas postulat, misericorditer cum gratiarum actione assequamùr. Per Christum Dominum nostrum. Amen.

 

Prière

Récitée dans l’Institut de Saint Jean-Baptiste de la salle

 

« Glorieux saint Joseph, qui avez été choisi de Dieu pour être le Père nourricier du Verbe fait chair, le fidèle Epoux et le gardien de la pureté de la très-sainte Vierge, obtenez-nous du Père une parfaite soumission à sa sainte volonté ; du Fils, une application intérieure à ses divins mystères ; et du Saint-Esprit, la pureté du cœur et du corps, ainsi qu’une entière fidélité à ses grâces ».

Telle est la prière, ô bon saint Joseph, que vous adressent tous les jours les pieux Enfants de Saint Jean-Baptiste de la Salle, nos admirables Frères des Écoles chrétiennes, qui savent si bien vous imiter et marcher dans cette voie de la simplicité et de l’humilité que vous avez tracée à la suite de Jésus et de Marie. Mais comme nous avons bien plus besoin qu’eux de ces vertus, qui vous sont chères, et dans le désir de les obtenir plus efficacement, nous nous unissons à eux pour vous les demander également pour nous, afin que, n0us aussi, nous parvenions à vivre, comme eux et comme vous, dans une parfaite soumission ai la sainte volonté de Dieu le Père, dans la vraie application intérieure aux divins mystères du Fils, et dans cette pureté de cœur et de corps que le Saint Esprit seul peut mettre en nous, en nous donnant l’entière fidélité à ses grâces. Obtenez-nous ces vertus, tout-puissant saint Joseph, de Celui qui, vous ayant adopté pour son Père, fait encore dans le ciel toutes vos volontés, comme il les faisait autrefois sur la terre.

 

Extrait du « Mois de Saint Joseph ou Vie de Saint Joseph d’après Anne-Catherine Emmerich » par C.F. Fouet. Saint Dizier, Paris, 1872

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14 mars 2019

Le Mois de Saint Joseph

Le Mois de Saint Joseph

Avec la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich

Nativite-du-Christ

Quinzième jour

Autres adorateurs

 

Les pieux bergers, qui, avertis par l’Ange, étaient venus adorer l’Enfant Dieu, rapportèrent à leurs amis et connaissances ce qu’ils avaient vu et entendu. « Et tous furent dans l’admiration de ce qu’ils apprirent de la bouche des bergers, dit Saint Luc ; et plusieurs de ces derniers vinrent à leur tour adorer le Divin Enfant ».

Pour les trois bergers-chefs, ils étaient restés auprès de Joseph, et l’aidèrent tour à tour à tout disposer plus commodément dans la grotte de la Crèche et dans les grottes latérales. Il y avait aussi, près de la Sainte Vierge, plusieurs femmes pieuses qui lui rendaient divers services. C’étaient des Esséniennes qui demeuraient à peu de distance de la grotte de la Crèche, dans une gorge située au levant de la colline.

Elles habitaient, les unes près des autres, des espèces. de chambres creusées dans le roc à une assez grande hauteur. Elles avaient de petits jardins près de leurs demeures, et instruisaient des enfants de leur secte. C’était saint Joseph qui les avait fait venir. Il connaissait cette association depuis sa jeunesse ; car, lorsque, fuyant ses frères, il se réfugiait dans la grotte de la Crèche, il avait plus d’une fois visité ces pieuses femmes. Elles venaient tour à tour près de la sainte Vierge, apportaient de petites provisions et s’occupaient des soins du ménage de la sainte famille.

Mais le surlendemain de la naissance de l'Enfant, il se passa une scène très touchante dans la grotte de la Crèche : Joseph et Marie se tenaient près de la crèche et regardaient l’enfant Jésus avec un profond attendrissement. Tout à coup l’âne se jeta sur ses genoux et courbe sa tête jusqu’à terre. Marie et Joseph ne purent. retenir leurs larmes.

Le soir, on reçut des nouvelles de sainte Anne. Un homme âgé et la servante de sainte Anne, sa parente éloignée, arrivèrent de Bethléem, apportant à la sainte Vierge différents objets, soit nécessaires, soit utiles. Ils furent extraordinairement touchés à la vue de l’Enfant. Le vieux serviteur versa des larmes de joie. Il se remit bientôt en route pour porter des nouvelles à sainte Anne. La servante resta près de la Sainte Vierge.

Le jour suivant, la sainte Vierge, avec l’Enfant-Jésus et la servante, quitta la grotte de la Crèche, et pendant quelques heures, alla se cacher dans la grotte latérale où avait jailli une source après la naissance de Jésus-Christ. Elle resta environ quatre heures dans cette grotte, où plus tard elle devait passer deux jours. Le matin, de bonne heure, saint Joseph l’avait disposée pour que la sainte Vierge pût s’y tenir sans trop d’incommodité. Elle s’y retira pour obéir hutte inspiration divine, car quelques personnes vinrent aujourd’hui de Bethléem à la grotte de la Crèche. Ce devait-être des émissaires d’Hérode. Par suite des propos des bergers, le bruit s’était répandu que quelque chose de miraculeux avait eu lieu en cet endroit, lors de la naissance d’un enfant. Ces hommes échangèrent quelques paroles avec saint Joseph, qu’ils trouvèrent devant la grotte avec les bergers, et le quittèrent en ricanant, lorsqu’ils eurent vu sa pauvreté et sa simplicité. La Sainte Vierge, après être restée environ quatre heures dans la grotte latérale, revint à la crèche avec le divin Enfant.

Après cela, la grotte de la Crèche jouit d’une déli-cieuse tranquillité. Il n'y vient personne de Bethléem : les bergers seuls sont en rapport avec elle. Du reste, on ne s‘inquiète guère à Bethléem de ce qui s’y passe, car il y a beaucoup de mouvement et d’agitation dans la ville à :cause du grand nombre d'étrangers qui s’y trouvent. On vend et on tue beaucoup d‘animaux, parce que plusieurs étrangers paient leur impôt en bétail. Il y a aussi beaucoup de païens qui sont employés comme domestiques.

Cependant les adorateurs arrivent à la crèche. C’est d’abord l’excellent maître de la dernière hôtellerie où Marie et Joseph ont passé la nuit qui envoie a la grotte un serviteur avec des présents. Lui-même est venu dans la journée pour rendre ses hommages à l‘Enfant. L’apparition de l’Ange aux bergers a l’heure de la naissance de Jésus est cause que tous les braves gens des vallées ont entendu parler du merveilleux Enfant de la promesse ; ils viennent maintenant pour honorer l'Enfant.

Ils se succèdent donc les uns aux autres, et la veille du sabbat, entre autres jours, plusieurs bergers et d’autres braves gens vinrent à la grotte de la Crèche et honorèrent l’Enfant Jésus avec beaucoup d’émotion. Ils étaient en habits de fête et allaient à Bethléem pour le sabbat. Parmi ces gens, était la femme qui, le septième jour du voyage de Nazareth a Bethléem, avait réparé la grossièreté de son mari envers les saints voyageurs en leur offrant l’hospitalité. Elle aurait pu aller pour le sabbat à Jérusalem qui était près de chez elle ; mais elle fit un détour jusqu’à Bethléem, afin de pouvoir honorer l’Enfant et ses bons parents. Elle se sentit toute heureuse de leur avoir donné cette marque d'affection.

L’on vit aussi dans l’après-midi un parent de Saint Joseph près de la demeure duquel la Sainte Famille avait passé lé nuit du neuvième jour, venir à la Crèche et vénérer l’Enfant. C’était le père de Jonadab, qui, lors du crucifiement, porta à Jésus un drap pour se couvrir. Il avait su que Joseph avait passé près de chez lui et avait entendu parler des miracles qui avaient signalé la naissance de l’Enfant, et, comme il allait à Bethléem pour le Sabbat, il était venu à la Crèche apporter des présents. Il salua Marie et rendit hommage à l’Enfant. Joseph le reçut très amicalement, mais il ne voulut rien recevoir de lui ; seulement il lui emprunta de l’argent et lui remit en gage la jeune ânesse, à condition de pouvoir la reprendre quand il le rembourserait. Joseph avait besoin de cet argent pour les présents à faire et les repas à donner lors de la cérémonie de la circoncision de l’Enfant.

Quand tout ce monde fut parti pour la synagogue de Bethléem, Saint Joseph prépara dans la grotte la lampe du Sabbat, qui avait sept mèches, l’alluma, et plaça au-dessous une petite table sur laquelle étaient les rouleaux qui contenaient les prières. Ce fut sous cette lampe qu’il célébra le Sabbat avec la Sainte Vierge et la servante de Sainte Anne. Deux bergers se tenaient un peu en arrière de la grotte. Les Esseniènnes étaient aussi là.

Ce même jour encore, avant le Sabbat, les Esseniènnes et la servante préparèrent des aliments. Elles firent rôtir des oiseaux à une branche placée au-dessus du feu. Elles les roulèrent aussi dans une espèce de farine faite avec des grains qui viennent des épis sur une plante semblable au roseau : on la trouve à l’état sauvage dans les endroits humides et marécageux du pays ; on la cultive dans plusieurs lieux ; elle vient souvent sans culture près de Bethléem et d’Hébron. Les pâtres de la tour des bergers en avaient amené à Joseph. Ces femmes firent aussi avec ces grains une espèce de crème blanche assez épaisse et pétrirent des gâteaux avec de la farine. La Sainte Famille ne garda pour son usage qu’une très petite quantité des nombreuses provisions que les bergers avaient apportés. Le reste fut donné en présents et surtout distribué aux pauvres. Le lendemain surtout l’on doit faire d’abondantes distributions à l’occasion du repas de la Circoncision.

 

Considération

Saint Joseph d’après Monsieur Boudon

 

Le vénérable Monsieur Boudon, gloire de l’Église d’Evreux, voilà encore un grand amant de Saint Joseph, d’autant plus sincère qu’il fut l’un des plus fidèles imitateurs du Saint Patriarche dans sa vie cachée. C’est pour cela qu’il en parle si éloquemment. Malheureusement, nous sommes obligés de beaucoup omettre.

« Tout ce qu’il y a de plus saint dans le ciel, dit-il tout ce qu'il y a de plus grand dans l’Empyrée, tout ce qu’il y a de plus beau dans le Paradis, tout ce qu’il y a de plus éminent dans la gloire, tout ce qu’il y a de plus relevé, de plus glorieux, de plus charmant, de plus éclatant, de plus aimable et de plus admirable dans la belle éternité, est tout ce qu’il y a de plus caché avec Jésus-Christ en Dieu, en telle sorte que c’est une vérité indubitable que ceux-là sont les plus grands en l’autre vie, qui ont été les plus cachés en Dieu avec Jésus, pendant qu'ils vivaient ici-bas sur la terre.... Aussi que l’on dise de saint Joseph qu‘il est le Père putatif de l’adorable Jésus, c’est vrai ; que l’on soutienne qu’il est le chaste Epoux de la très Sainte Mère de Dieu, je l’avoue ; mais si saint Augustin a si bien dit que la glorieuse Vierge a été plus heureuse d‘avoir coupa Jésus dans son cœur que de l’avoir porté dans ses chastes entrailles, je puis avancer avec raison que cette qualité de Père putatif de Jésus aurait servi de peu au glorieux saint Joseph, si sa vie n’avait été cachée encelle de Jésus son Dieu... Sa vie a été cachée avec Jésus en Dieu. Voilà toute la vie de Saint Joseph, voilà toutes ses grandeurs, tous ses mérites. C’est là sa vie véritable... Vie, non de paroles, mais d’oraison et d‘admiration, d‘admiration et d'adoration.

Ô quels profonds secrets et quelles merveilles les esprits de Marie et de Joseph n’ont-ils pas pénétrés et sondés dans les abîmes de cette vie ! Quelles lumières n’ont-ils pas reçues de leur soleil qui leur était toujours présent ! Les âmes allaient en enfer, Jésus était venu pour y remédier, il quittait tout pour se tenir caché avec Marie et avec Joseph. Ce que Jésus pouvait faire en ce temps-là et qu’il n’a pas fait, tous les effets qu’il pouvait opérer et qu’il a suspendus, il les a tous produits ; avec une singulière éminence, en Marie et Joseph et il a amplement compensé en eux toutes les privations et suspensions de ses grandes et saintes opérations ; car il était occupé en eux, les sanctifiant et les élevant, de moment en moment, par de nouveau accroissements de grâce et de sainteté.

Et d’ailleurs, quelles communications mutuelles, quelle rencontre de ces lumières du paradis en se regardant de leur cœur, en s’entretenant de leurs volontés et affections Si la communication d‘’n saint avec Dieu,ou sa très Sainte Mère, nous étonne et nous produit véritablement des effets prodigieux de grâce dans l’âme, que devons-nous penser de celle qu’a eue Saint Joseph avec Jésus continuellement pendant environ trente ans ? Que ne peut point faire un regard de Dieu, une parole ? Par une seule parole de Dieu, tout le monde a été fait. Je vous prie, que n’a point opéré l'entretien de Jésus avec Joseph pendant un si long temps ? Qui pourrait expliquer les chastes embrasements, les saints baisers de saint Joseph avec Jésus, avec un Dieu? Y a-t-il un Séraphin qui puisse nous déclarer la grandeur de saint Joseph qui commande à un Dieu ? Et erat subditus illis. Tout ce que le Saint Esprit déclare de la vie cachée de Jésus est qu‘il était sujet à Marie et à Joseph. Voilà ses merveilles, voilà ses grandeurs, voilà ses miracles, voilà ses opérations, voilà la meilleure partie de la vie d’un Dieu. Joseph appelait Dieu, Jésus répondait ; Joseph commandait, Jésus obéissait ; Jésus était envoyé, et Jésus allait, un Dieu aidant au saint à exercer le métier de charpentier. Il balayait et nettoyait la maison, et faisait quantité d’autres choses domestiques, et tout cela pour moi, pour nous : et un Dieu ? Vous pouvez voir de là la facilité que Saint Joseph avait pour l’oraison et sa grande solitude intérieure au milieu de toutes les choses créées ; car quand il aidait Jésus, qu’il lui apportait quelque morceau de bois, il ne cessait de prier Dieu ; quand il mangeait, quand il se reposait, toujours avec Jésus, Dieu incarné, et avec la Reine de tous les Saints du Paradis. Il recevait par la continuelle présence de Jésus et de Marie, tant de rayons d’éclats de lumière du Saint Esprit et de si grands embrasements d’amour en son âme, qu’il ne pouvait plus vivre ni converser avec les hommes sur la terre, qu’il ne pouvait plus rien voir et aimer de toutes les choses créées. Il était toujours en la présence de Dieu, et c’est ce qui le séparait des créatures… et le mettait dans une telle solitude intérieure, qu’il vivait séparé de tout le reste de ces créatures, qu’aucune n’y pouvait avoir de part. Car, comme en la solitude de Jésus personne n’y entre, à cause des charmes ineffables qui résultent de l’union personnelle : non plus dans celle de la Sainte Vierge, à cause de sa maternité divine ; de même Saint Joseph est incommunicable, à cause des qualités de Père de Jésus et d’époux de la très pure Marie.

Ô vie ineffable et cachée en Jésus ! Joseph possédait Jésus et était possédé de Jésus. »

 

Pratique

Œuvres de piété et de miséricorde

 

Notre Seigneur nous a promis de ne point laisser sans récompense le verre d’eau froide donné en son Nom et pour son amour. Ainsi en est-il de la très Sainte Vierge, avec laquelle ses fidèles serviteurs ne sont jamais sans retour. Ainsi en est-il avec Saint Joseph, qui a souvent récompensé des plus insignes faveurs les moindres œuvres que l’on avait faites pour lui. Si donc nous voulons nous le rendre de plus en plus favorable, ne nous contentons pas de le glorifier et de l’invoquer, mais faisons quelques bonnes œuvres en son honneur, et surtout de ces œuvres, soit de piété, soit de charité, soit de miséricorde, dans lesquelles nous rencontrerons des sacrifices à imposer à notre amour-propre, à notre vanité, à notre paresse, à notre amour de nos aises, à nos satisfactions, des œuvres enfin qui nous coûterons à un point e vie ou à un autre.

C’est sans doute pour encourager cette pratique que Pie VII, par un rescrit du 13 juin 1813, a accordé à celui qui donne à manger à trois pauvres en souvenir de Jésus, Marie et Joseph, une Indulgence de sept ans et sept quarantaines chaque fois, et même une Indulgence plénière, si ce même jour il se confesse et communie.

Ceux de la famille qui contribuent à cette œuvre de miséricorde par leurs service, ou même par leur seule présence, gagnent également cent jours d’Indulgence.

 

Prière

Tirée de Monsieur Boudon

 

Grand Saint, le miracle et l’étonnement de tous les Saints, dont la grandeur de la grâce s’élève en sa hauteur incomparablement au dessus de tout ce qu’il y a de plus éminent parmi les saints. Homme plus qu’homme, homme plus qu'Ange, le sujet des admirations de ces esprits sublimes, de ces pures intelligences du ciel, aussi bien que des âmes les plus élevées de la terre, car où est l’Ange dont on puisse dire qu’il a eu la Mère d‘un Dieu pour épouse ; qu’il a été le Père putatif d’un Dieu-Homme ; qu’il l’a nourri, élevé, porté entre ses bras et sauvé de la mort ; et enfin qu’un Dieu lui a été sujet ?

Mais comment, incomparable Saint, peut-on penser aux assistances que vous avez rendues a la Reine du ciel et au petit Enfant Jésus, sans vous en remercier, sans en être touché ? Comment peut-on penser et à l'amour que vous avez eu pour Jésus et Marie, et à l’amour que Jésus et Marie ont eu pour vous, sans en être tout d’amour pour vous ? Je vous aime donc, ô le grand Saint de ma dévotion, le grand Saint que je désire de tout mon cœur honorer le reste de mes jours par un culte très particulier, et que je voudrais faire connaître a tout le monde comme le non-pareil dans ses faveurs, l‘incomparable dans son crédit auprès de Dieu, l’admirable dans ses bontés et miséricordes. Je vous conjure, bienheureux Saint, par la part que vous avez eue au mystère de l’Incarnation, de m’obtenir un vrai et fidèle amour pour le tout aimable Jésus, un amour qui me lie à cet adorable Sauveur inséparablement et pour jamais. Et pour cette fin, impétrez-moi de ses grandes miséricordes la grâce finale, le don de la persévérance. Je vous demande cette grâce, ô Jésus, par les services que le glorieux saint Joseph, votre Père putatif, vous a rendus autrefois sur la terre.

 

Extrait du « Mois de Saint Joseph ou Vie de Saint Joseph d’après Anne-Catherine Emmerich » par C.F. Fouet. Saint Dizier, Paris, 1872

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13 mars 2019

Le Mois de Saint Joseph

Le Mois de Saint Joseph

Avec la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich

creche

Quatorzième jour

Adoration des Bergers

 

Pendant que tout cela se passait dans la grotte de Bethléem, l’on vit en beaucoup de lieux, jusque dans les pays les plus éloignés, une joie inaccoutumée et un mouvement extraordinaire pendant cette nuit. L‘on vit les cœurs de beaucoup d’hommes de bien animés d’un désir joyeux, et ceux des méchants pleins d’angoisse et de trouble. L’on vit beaucoup d’animaux faire éclater leur allégresse par leurs mouvements, des fleurs relever la tête, des plantes et des arbres reprendre eux comme une nouvelle vie et répandre au loin des parfums. L’on vit aussi des sources jaillir de terre. Ainsi, au moment où le Sauveur naquit, une source abondante jaillit dans la grotte qui était dans la colline au nord de la grotte de la Crèche. Joseph la vit le lendemain et lui prépara un écoulement. Au-dessus de Bethléem, le ciel était d'un rouge blafard, tandis que sur la grotte de la Crèche, sur la vallée voisine de la grotte de Maraha et sur la vallée des Bergers, on voyait se balancer des nuages lumineux qui semblaient chargés d’une rasée bienfaisante.

Dans la vallée des Bergers, à une lieue et demie environ de la grotte de la Nativité, s’élevait une colline où commençaient des vignobles qui s’étendaient jusqu’à Gaza. Contre cette colline étaient les cabanes de trois bergers, qui étaient comme les chefs de tous les bergers de la contrée. A une distance double de la grotte se trouvait ce qu’on appelait la tour des Bergers. C’était une sorte de grand échafaudage pyramidal en charpente, ayant pour base des quartiers de rocher, placé au milieu d’arbres verdoyants, et s’élevant sur une colline isolée au milieu de la plaine. Il était entouré d’escaliers et de galeries, avec des espèces de tourelles couvertes, et le tout était recouvert de nattes. Il avait quelque ressemblance avec ces tours de bois au haut desquelles on observait les astres dans le pays des Mages, et faisait de loin l‘effet d'un grand vaisseau garni de ses mâts et de ses voiles. De cette tour, on pouvait observer tout le pays d’alentour. On voyait Jérusalem et même la montagne de la Tentation dans le désert de Jéricho. Les bergers avaient la des veilleurs pour surveiller la marche des troupeaux et les avertir, en sonnant du cor, dans le cas d’une invasion de voleurs ou de gens de guerre qu’on pouvait voir de là a une grande distance.

Les familles des bergers habitaient dans un rayon de cinq à six lieues, et occupaient des métairies isolées, entourées de jardins et de champs. La tour était le point de réunion : c’était là que se tenaient les gardiens chargés de veiller sur les troupeaux de tous. Il y avait le long de la colline, où la tour s’élevait, un certain, nombre de cabanes, et à quelque distance un grand bâtiment à plusieurs compartiments, où les femmes des gardiens demeuraient et préparaient les aliments. Pendant cette nuit les troupeaux se tinrent près de la tour ; une partie était en plein air ; une autre partie était sous un hangar, près de la colline des trois Bergers.

Au moment où le Sauveur vint au monde, les trois bergers chefs, étonnés de ce que le ciel présentait d’étrange, sortirent de leurs cabanes, portèrent les yeux au ciel en différentes directions et considérèrent avec étonnement l’éclat Extraordinaire. des nuages qui se balançaient au-dessus de la grotte de la Nativité. Les bergers voisins de la tourne furent pas moins surpris, et plusieurs montèrent à leur observatoire et considérèrent la lueur extraordinaire qui régnait au-dessus de la grotte. Mais tandis que les trois premiers bergers avaient les yeux tournés vers le ciel, une nuée lumineuse s’abaisse vers eux. Pendant qu’elle s’approchait, il s’y fit des mouvements, il s’y dessina des formes et des figures, et l’on entendit des chants harmonieux d‘une expression joyeuse, et qui devenaient de plus en plus distincts. Les bergers furent d’abord effrayés, mais un Ange parut devant eux, et leur dit : « Ne craignez rien, car je viens vous annoncer une grande joie pour tout le peuple d’israël : c’est qu’aujourd’hui, dans la ville de David, il vous est né un Sauveur, qui est le Christ, le Seigneur. Et voici à quel signe vous le reconnaîtrez : vous trouverez un Enfant enveloppé de langes et couché dans une crèche ». Pendant que l’Ange parlait ainsi, la lumière qui l’enveloppait devint plus vive, et l'on aperçut cinq ou sept grandes figures d’Anges, d’une beauté ravissante, qui tenaient dans leurs mains comme une longue banderole où était écrit quelque chose en lettres hautes comme la main, et on les entendit louer Dieu et chanter : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté ».

Les bergers de la tour eurent la même apparition, mais un peu plus tard. Les Anges apparurent aussi à un troisième groupe de bergers, près d’une fontaine située à trois lieues de Bethléem, à l’est de la tour des Bergers. Les bergers n‘allèrent pas immédiatement, à la grotte de la Nativité, dont ils étaient éloignés, les uns d‘une lieue et demie, les autres du double ; mais ils se consultèrent pour savoir ce qu’ils porteraient au nouveau-né, et préparèrent leurs présents avec toute la promptitude possible. Ils n’arrivèrent à la crèche qu’à l’aurore.

Ce fut donc aux premières lueurs du crépuscule que les trois chefs des bergers vinrent de la colline a la grotte de la Crèche avec les présents qu’ils avaient préparés. C’étaient de petits animaux qui ressemblaient assez à des chevreuils. Si c’étaient des chevreaux, ils différaient de ceux de notre pays : ils avaient de longs cous, de beaux yeux fort brillants ; ils étaient très gracieux et très légers à la course. Les bergers les conduisaient en laisse attachés avec de simples cordes. Ils portaient aussi sur leurs épaules des oiseaux qu’ils avaient tués, et sons le bras d’autres oiseaux vivants de plus grande taille.

Ils frappèrent timidement a la porte de la grotte, et Joseph vint à leur rencontre. Ils lui répétèrent ce que les Anges leur avaient annoncé, et lui dirent qu’ils venaient rendre leurs hommages à l’Enfant de la promesse et lui présenter leurs pauvres offrandes. Joseph accepta leurs présents avec une humble gratitude, et il les conduisit Et la sainte Vierge, qui était assise près de la Crèche et tenait l’Enfant Jésus sur ses genoux. Les trois bergers, conservant leur bâton à la main, s’agenouillèrent humblement, et restèrent longtemps en silence, absorbés dans un sentiment de joie indicible ; ils chantèrent ensuite le cantique qu’ils avaient entendu chanter aux Anges, et un psaume d’actions de grâces. Quand ils voulurent se retirer, la sainte Vierge leur donna le petit Jésus, qu’ils tinrent tour à tour dans leurs bras, puis ils le lui rendirent en pleurant, et quittèrent la grotte.

Vers le soir, d’autres bergers, avec leurs femmes et leurs enfants, sont venus de la tour des Bergers, qui est à quatre lieues de la crèche. Ils apportaient des oiseaux, des œufs, du miel, des écheveaux de fil de différentes couleurs, de petits paquets qui ressemblaient à de la soie brute, et des bouquets d’une plante ressemblant au joue et qui a de grandes feuilles. Cette plante avait des épis pleins de gros grains. Quand ils eurent remis leurs présents à saint Joseph, ils s’approchèrent humblement de la crèche, près de laquelle la sainte Vierge était assise. ils saluèrent la Mère et l’Enfant, et, s’étant agenouillés, ils chantèrent de très beaux psaumes, le Gloria in excelsis, et quelques cantiques très courts. Dans l’un de ces cantiques se rencontraient ces paroles : « Ô petit Enfant, vermeil comme la rose, tu parais, semblable à un messager de paix ! » Au moment du départ, ils se courbèrent au-dessus de la crèche, comme pour embrasser le divin Enfant.

Cependant, la naissance du Sauveur était miraculeusement annoncée dans toutes les parties du monde, et principalement en Judée, à Rome, en Egypte, et au pays des Mages.

En Judée, elle fut révélée à sainte Anne a Nazareth, à Elisabeth à Jutta, et à Jérusalem à Noémie, maîtresse de la sainte Vierge au Temple ; à Anne la prophétesse, et au saint vieillard Siméon, tandis que dans le Temple les rouleaux des Ecritures des Sadducéens étaient éparpillés et dispersés çà et là.

A Rome, une source d’huile jaillit au quartier des Juifs, et une magnifique statue de Jupiter fut brisée et ensevelie sous les ruines d’un temple qui s‘écroula.

En Egypte, une grande idole qui rendait ordinairement des oracles fut subitement réduite au silence.

Dans le pays des Mages, une grande constellation, qu’ils observaient depuis quelque temps, se montra plus brillante et leur laissa voir un bel arc-en-ciel au dessus du croissant de la lune. Sur cet arc-en-ciel une Vierge était assise. Son genou gauche était légèrement relevé, sa jambe droite plus allongée, et son pied reposait sur le croissant. Du côté gauche de la Vierge, au-dessus de l’arc-en-ciel, était un cep de vigne, et du côté droit un bouquet d’épis de blé. Devant la Vierge s’élevait un calice semblable à celui qui servit dans la dernière cène. De ce calice sortit un enfant, et au-dessus de l’enfant un disque lumineux, pareil à un ostensoir vide, duquel partaient des rayons semblables à des épis. Du côté droit de l’enfant sortit une branche à l’extrémité de laquelle se montra, comme une fleur, une église octogone qui avait une grande porte dorée et deux petites portes latérales. La Vierge, avec sa main droite, fit entrer le calice, l’enfant et l’hostie dans l’église, dont l‘intérieur était d’une grandeur immense. L’on vit aussi dans le fond une manifestation de la Sainte Trinité, puis l’église se transforma en une cité brillante, semblable aux représentations de la Jérusalem céleste. Cette constellation était différente de l’astre que les Mages appelaient l‘étoile de Jacob.

 

Considération

Saint Joseph d'après Monsieur Olier

 

Parmi les auteurs ascétiques si justement estimés du XVIIe siècle, le vénérable fondateur de la congrégation de Saint Sulpice, Monsieur Olier, occupe un des premiers rangs, d’autant plus que les ouvrages de ce grand serviteur de Dieu sont moins le fruit de ses réflexions et de ses recherches que des lumières dont le Saint-Esprit le remplissait dans l’oraison. Il écrivait, pour l'ordinaire, après ce saint exercice, et avec une facilité et une rapidité si extraordinaire, qu'on l’a vu écrire à genoux cinq Ou six heures de suite, sans jamais être incommodé par cette sorte de composition. Sa plume suivait l’impétuosité de l’esprit de Dieu qui l’éclairait, et retraçait sûrement sur le papier ces vérités divines que les dons de sagesse et d’intelligence qu’il avait reçus lui découvraient en foulent tout d’un coup. C’est ainsi qu’il nous a laissé sur saint Joseph des pages sublimes, dont nous ne pouvons que détacher quelques pensées.

L’admirable saint Joseph fut donné à la terre, selon Monsieur Olier, pour exprimer visiblement les perfections adorables de Dieu le Père, sa sainteté, sa fécondité, sa sagesse, sa force, sa prudence, sa simplicité, son amour pour son divin Fils, sa compassion et sa tendresse pour les misères des hommes. Aussi le considère-t-il plus particulièrement comme le patron des âmes cachées et suréminentes, et surtout des Prêtres, dans lesquels Dieu réside en sa plénitude et en sa fécondité pure et vierge. Mais il faut l’entendre nous exposer combien Jésus-Christ a honoré le grand saint Joseph.

« Le Fils de Dieu, dit-il, s’étant rendu visible en prenant une chair humaine, il conversait et traitait visiblement avec Dieu son Père, voilé sous la personne de saint Joseph, par lequel son Père se rendait visible a lui, La très Sainte Vierge et saint Joseph représentaient tous deux ensemble une seule et même personne, celle de Dieu le Père. c’étaient deux représentations sensibles de Dieu, deux images sous lesquelles Jésus adorait la plénitude de son Père, soit dans sa fécondité éternelle, soit dans sa providence temporelle, soit dans son amour pour ce Fils lu-même eet son Eglise. C’était là comme le saint oratoire de Jésus-Christ, dans lequel il voyait en Joseph les secrets de son Père et entendait par la bouche de ce grand Saint la parole même de son Père, dont saint Joseph était l’organe sensible. C’était l’oracle qui lui faisait connaître toutes les volontés de son Père céleste. C’était son horloge qui lui-indiquait tous les moments marqués dans les décrets de Dieu… Heureux Jésus ! Heureux Joseph, de fournir a Jésus le plus juste sujet de ses délices ! Bienheureux, ô Jésus, de trouver en Joseph l’objet de vos plus saintes complaisances ! Les yeux de votre esprit voient en lui l’esprit de votre Père, et les yeux de votre corps voient en lui une image sensible de sa beauté, si bien qu en lui seul vous trouvez votre parfait contentement !

C’est une vie admirable, sans doute, que celle de Dieu le Père dans l’éternité, aimant son Fils, et le Fils par réciproque aimant le Saint Esprit. C’était aussi une admirable vie que celle de Joseph et de Marie, images de Dieu le Père pour Jésus-Christ, son Fils. Quel était leur amour pour Jésus et l’amour de Jésus pour eux ! Notre-Seigneur voyait dans l’un et dans l’autre la présence, la vie, la Substance, la personne et les perfections de Dieu son Père ; et voyant ces beautés, quel amour, quelle joie, quelle consolation ! La sainte Vierge et saint Joseph, voyant de leur côté la personne de Dieu en Jésus, avec tout ce.qu’il est, Fils de Dieu, Verbe du Père, la splendeur de sa vie et le caractère de sa substance, quelle révérence, quel respect, quel absorbement d’amour, quelle adoration profonde ! C'était là un ciel, un paradis sur la terre ; c’étaient des délices sans fin dans ce lieu de douleur, l’abondance de tous les biens au sein de la pauvreté ; c’était une gloire commencée déjà dans la vileté, l’abjection et la petitesse de leur vie.

Ô Jésus, je ne m’étonne pas si vous demeurez trente ans entiers dans cette heureuse maison sans quitter saint Joseph ! Je ne m’étonne pas si vous êtes inséparable de sa personne ! Sa maison seule vous est un paradis, et son sein est pour vous le sein de votre Père, dont vous êtes inséparable et dans lequel vous prenez vos délices éternelles. Hors de cette maison, vous ne trouverez que des objets funestes, que des pécheurs, ces tristes causes de votre mort. Et dans la maison de Joseph, qui est aussi celle de Marie, vous trouverez les objets les plus délicieux de votre joie, les saintes sources de votre vie. Vous ne sortirez jamais de ce saint lieu que pour aller dans le Temple, et le monde se moquait de votre solitude et de votre vie retirée ; mais il ne savait pas que le Temple était une figure morte du sein de votre Père, et que Saint Joseph, comme son image vivante, était le lieu de vos délices et de votre repos.

Qui pourrait dont dire l’excellence de notre Saint, vu le respect que Notre Seigneur avait pour lui, et l’amour fort que la très Sainte Vierge lui portait, Jésus-Christ regardant en lui le Père éternel comme son Père, et la très Sainte Vierge considérant en sa personne le même Père éternel que son époux ? »

 

Pratique

Dévotion aux Douleurs et aux Allégresses

 

Si la dévotion des sept Dimanches est aussi recommandable que nous l’avons dit, c’est que la dévotion aux sept douleurs et aux sept allégresses de saint Joseph lui est infiniment agréable, selon qu’il l’a révélé aux deux saints religieux qui se préoccupaient des moyens de lui témoigner leur reconnaissance. « Si vous voulez faire quelque chose qui me soit agréable, leur dit-il, ne laissez passer aucun jour sans réciter dévotement quelques prières en mémoire des sept douleurs dont mon âme fut affligée, et en considération des sept allégresses dont mon cœur fut souverainement consolé pendant les jours que je passai sur la terre dans la compagnie de Jésus et de Marie ».

Après ces paroles, n’hésitons donc plus à honorer les douleurs et les joies de saint Joseph : 1° au moment où il songea à quitter la sainte Vierge et où l’Ange lui révéla le mystère de l’Incarnation ; 2° au temps de la naissance du Sauveur ; 3° au jour de la Circoncision ; 4° dans la Présentation au Temple ; 5° pendant la fuite en Egypte ; 6° au retour de l'Egypte ; 7° au moment du recouvrement de Jésus dans le Temple.

Pie VII a attaché à la récitation des prières propres à cette dévotion 100 jours, une fois le jour, pour chaque récitation ; 300 jours tous les mercredis de l'année, et chaque jour des deux neuvaines qui précèdent le 19 mars et le 3e Dimanche après Pâques ; et l’Indulgence plénière chacune de ces deux fêtes, et une fois le mois pour ceux qui récitent ces prières chaque jour.

 

Retrouvez le texte des Sept Douleurs et Allégresses de Saint Joseph en cliquant ICI

 

Salutations de Monsieur olier à Saint Joseph

 

Je vous salue, Joseph, image de Dieu le Père, Père du Fils de Dieu, sanctuaire de l’Esprit-Saint, bien-aimé de la Sainte Trinité, coadjuteur très fidèle du grand conseil de Dieu, très digne Epoux de la Vierge Mère, père de tous les fidèles, gardien des saintes vierges, très exact observateur du silence, amant passionné de la pauvreté, exemple de douceur et de patience, miroir d‘humilité et d‘obéissance...

Et bénis soient vos yeux, qui ont vu ce que vous avez vu ; vos oreilles, qui ont entendu ce que vous avez entendu ; vos mains, qui ont touché le Verbe incarné ; vos bras, qui ont porté celui qui porte toutes choses ; votre poitrine, sur laquelle le Fils de Dieu s’est reposé avec délices ; votre cœur, embrasé des ardeurs de son amour...

Ainsi que le Père éternel qui vous a choisi, le Fils qui vous a tant aimé, le Saint Esprit qui vous a sanctifié, Marie, votre Epouse, qui vous a chéri comme un époux et comme un frère, l’Ange qui vous a gardé...

Ainsi que tous ceux qui vous bénissent et vous aiment, vous qui êtes béni entre tous les hommes ; qu’ils soient bénis pendant leur vie, bénis surtout à l’heure de leur mort, afin qu’ils puissent vous bénir à jamais, avec Jésus et Marie, durant le cours de la bienheureuse éternité. Ainsi soit-il.

 

Extrait du « Mois de Saint Joseph ou Vie de Saint Joseph d’après Anne-Catherine Emmerich » par C.F. Fouet. Saint Dizier, Paris, 1872

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12 mars 2019

Le Mois de Saint Joseph

Le Mois de Saint Joseph

Avec la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich

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Treizième jour

Naissance du Sauveur

 

Il était déjà tard quand Joseph et Marie arrivèrent à 'la grotte. La jeune ânesse, qui, depuis qu’ils étaient entrés dans la maison paternelle de Joseph, avait couru de côté et d’autre autour de la ville, vint alors à leur rencontre et se mit à sauter joyeusement auprès d’eux. Alors la sainte Vierge dit à Joseph : « Voyez, c’est certainement la volonté de Dieu que nous entrions ici ». Joseph mit l‘âne sous l’espèce de toit qui était en avant de l’entrée de la grotte, puis, ayant préparé un siège pour la sainte Vierge, elle s’y assit pendant, qu’il se procurait de la lumière et entrait dans la grotte. L’entrée était un peu obstruée par des bottes de paille, et des nattes posées contre les parois. Il y avait aussi dans la grotte même divers objets qui l’encombraient. Joseph la débarrassa de manière à préparer à la sainte Vierge une place commode du côté oriental de la grotte. Il attache une lampe allumée a la paroi, et fit entrer Marie, qui se plaça sur le lit de repos qu’il lui avait préparé avec des couvertures et quelques paquets. Il s’excusa humblement de n’avoir pu lui procurer qu’un si mauvais gîte ; mais Marie, intérieurement, était contente et joyeuse.

Quand elle se fut installée, Joseph sortit avec une outre de peau qu‘il portait avec lui, et alla derrière la colline, dans la prairie où coulait un petit ruisseau. Il remplit l’entre d’eau et la rapporta dans la grotte. Il alla ensuite a la ville pour y acheter un peu de vaisselle, des fruits et du bois à brûler. Le sabbat était proche, et à cause des nombreux étrangers qui avaient à se procurer des provisions, on avait dressé au coin des rues des tables chargées des objets les plus indispensables.

Joseph revint, portant des charbons allumés dans une espèce de boîte grillée. Il les plaça à l’entrée de la grotte, et allume du feu avec un petit fagot de morceaux de bois sec. Il apprêta ensuite un repas qui se composait de petits pains et de quelques fruits cuits. Quand ils eurent mangé et prié, Joseph prépara un lit pour la sainte Vierge ; il étendit sur une litière de jonc une couverture semblable a celles que nous avons vues dans la maison de sainte Anne, et plaça une autre couverture roulée pour appuyer sa tête. Après avoir fait entrer l’âne et l’avoir attaché dans un endroit où il ne pouvait pas gêner, il boucha les ouvertures de la voûte par où l’air venait, et disposa la place où lui-même devait reposer à l’entrée de la grotte.

L’heure du Sabbat étant arrivée, il se plaça avec la sainte Vierge sous la lampe, et récita avec elle les prières du Sabbat. Après quoi ils prirent ensemble leur modeste repas. Puis Joseph repartit pour la ville, et Marie s’enveloppa pour se livrer au repos. Pendant l’absence de Joseph, la sainte Vierge pria à genoux. Elle s’agenouilla sur sa couche ; puis elle s'étendit sur la couverture, couchée sur le côté. Sa tête reposait sur son bras, qui était posé sur l’oreiller. Joseph revint tard. Il pria encore et se jeta humblement sur son pauvre grabat à l’entrée de la grotte.

La sainte Vierge passa le Sabbat dans la grotte de la Crèche, priant et méditant avec une grande ferveur. Joseph sortit plusieurs fois ; il alla probablement à la Synagogue de Bethléem. Ils ne mangèrent ce jour-là que des aliments préparés les jours précédents et, prièrent ensemble. Dans l’après-midi, temps où les Juifs font ordinairement leur promenade du jour du sabbat, Joseph conduisit la sainte Vierge à la grotte du tombeau de Maraha, nourrice d’Abraham. Elle resta quelque temps dans cette grotte, qui était plus spacieuse que celle de la Crèche, et où Joseph lui arrangea un siège ; elle se tint aussi sous l’arbre qui était auprès, toujours priant et méditant, jusqu’après la clôture du sabbat. Marie avait dit à Joseph que la naissance de l'Enfant aurait lieu ce jour même, à minuit ; car c‘était à cette heure que se terminaient les neuf mois écoulés depuis que l'Ange du Seigneur l’avait saluée. Elle l’avait prié de faire en sorte qu’ils pussent honorer de leur mieux, à son entrée dans le monde, l’Enfant promis par Dieu et conçu surnaturellement. Elle l’engagea aussi à prier avec elle pour les gens au cœur dur qui n’avaient pas voulu lui donner l’hospitalité. Joseph offrit a la sainte Vierge de faire venir pour l’assister deux pieuses femmes de Bethléem qu’il connaissait. Elle ne le voulut pas, et lui dit qu'elle n’avait besoin du secours de personne.

Joseph alla à Bethléem avant la fin du sabbat et aussitôt que le soleil fut couché, et y acheta Quelques objets nécessaires, une écuelle, une petite table basse, des fruits et des raisins secs, qu'il rapporta à la grotte de la Crèche. Il alla de la à la grotte de Maraha, et ramena la sainte Vierge à celle de la Crèche, où elle s’assit sur la couvcrture. Joseph prépara encore des aliments. Ils mangèrent et prièrent ensemble. Il établit alors une séparation entre la place qu’il avait choisie pour reposer et le reste de la grotte, à l'aide de quelques perches auxquelles il suspendit des nattes qu’il avait trouvées dans la grotte même. Il donna à manger à l‘âne qui était à gauche de l’entrée, attaché à la paroi de la grotte ; puis il remplit la mangeoire de la crèche de roseaux et d’herbe ou de mousse, et étendit dessus une petite couverture dont les extrémités retombaient sur les côtés.

Comme alors la sainte Vierge lui dit que son temps approchait et l’engagea à se mettre en prière dans sa chambre, il suspendit à la voûte plusieurs lampes allumées, et sortit de la grotte parce qu’il avait entendu du bruit devant l‘entrée. Il trouva là la jeune ânesse qui, jusqu’alors, avait erré en liberté dans la vallée des Bergers. Elle paraissait toute joyeuse, et jouait et bondissait autour de lui. Il l‘attache sous l‘auvent qui était devant la grotte et lui donna du fourrage.

Quand il revint dans la grotte, et qu’avant d’entrer dans son réduit il jeta les yeux sur la sainte Vierge, il la vit qui priait a genoux sur sa couche, lui tournant le dos, et regardait du côté de l’orient. Elle lui parut comme entourée de flammes, et toute la grotte ; semblait éclairée d’une lumière surnaturelle. Il regarda comme Moïse lorsqu’il vit le buisson ardent ; puis, saisi d’un saint effroi, il entra dans sa cellule et S’y prosterna la face contre terre.

Et la lumière qui environnait la sainte Vierge devint de plus en plus éclatante. La lueur de la lampe allumée par Joseph n’était plus visible. Marie, ayant sa large robe sans ceinture étalée autour d’elle. était à genoux sur sa couche, le visage tourné vers l’orient.

Quand vint d’heure de minuit, elle fut ravie en extase. Elle était élevée de terre a une certaine hauteur. Elle avait les mains croisées sur la poitrine. La splendeur allait croissant autour d’elle ; tout, semblait ressentir une émotion joyeuse, même les êtres inanimés. Le roc qui formait le sol et les parois de la grotte paraissaient s’animer dans la lumière. Mais bientôt la voûte ne fut plus visible ; une voie lumineuse, dont l’éclat augmentait sans cesse, allait de Marie jusqu’au plus haut des cieux. Il y avait là un mouvement merveilleux de gloires célestes, qui, s’approchant de plus en plus, se montrèrent distinctement Sous la forme de chœurs angéliques. La sainte Vierge, élevée de terre dans son extase, priait et abaissait ses regards sur son bien dont elle était devenue la Mère, et qui, faible Enfant nouveau-né, était couché sur la terre devant elle. Et Notre Seigneur apparut comme un petit Enfant lumineux, dont l’éclat éclipsait toute la splendeur environnante, couché sur le tapis, devant les genoux de sa Mère. Il semblait qu’il était tout petit et grandissait de plus en plus ; mais tout cela n’était que le rayonnement d‘une lumière ineffable qui échappait, aux regards mortels.

La Sainte Vierge resta encore quelque temps dans son extase. Puis elle mit un linge sur l’Enfant, mais ne le toucha pas, et ne le prit pas encore dans ses bras. Après un certain intervalle, l’Enfant-Jésus commença à se mouvoir et à pleurer ; ce alors que Marie sembla reprendre l’usage de ses sens. Elle prit l’Enfant, l’enveloppa dans le linge dont elle l’avait recouvert, et le tint dans ses bras contre sa poitrine. Elle s‘assit ensuite, s’enveloppa tout entière avec l'Enfant dans son voile, et se mit à l’allaiter. L’on vit alors autour d‘elle des Anges, sous forme humaine, se prosterner devant le nouveau-né et l’adorer.

Il s’était bien écoulé une heure depuis la naissance du Sauveur, lorsque Marie appela saint Joseph, qui priait encore la face contre terre. S’étant approché, il se prosterna plein de joie, d‘humilité et de ferveur. Ce ne fut que lorsque Marie l’eut engagé à presser contre son cœur le don sacré du Très-Haut, qu’ils e leva, reçut l‘Enfant dans ses bras et remercia Dieu avec des larmes de joie.

Alors la sainte Vierge emmaillota le divin Enfant. Marie n‘avait que quatre langes avec elle. Marie et Joseph s‘assirent ensuite par terre l’un pres de l‘autre. Ils ne disaient rien et semblaient tous deux absorbés dans la contemplation. Devant Marie, emmailloté ainsi qu’un enfant ordinaire, était couché le nouveau-né, beau et brillant comme un éclair... Mais quoi ! Ce lieu contenait le salut du monde entier, et personne ne s’en doutait.

Ils placèrent ensuite l‘Enfant dans la Crèche. Ils l’avaient remplie de roseaux et de jolies plantes,v sur lesquels étaient étendue une couverture ; elle était au dessus de l’auge creusée dans le roc, à droite de l’entrée de la grotte, qui s’élargissait là dans la direction du midi. Quand ils eurent mis l’Enfant dans la crèche, tous deux se tinrent à côté de lui, versant des larmes de joie et chantant des cantiques de louange. Joseph arrangea alors le lit de repos et le siège de la sainte Vierge à côté de la crèche. Elle était, avant et après la naissance de son divin Fils, habillée d’un vêtement blanc qui l‘enveloppait tout entière, et elle resta là pendant les premiers jours, assise, agenouillée, debout ou même couchée sur le côté et dormant, mais jamais souffrante ni fatiguée. Quand on venait la voir, elle s'enveloppait encore davantage dans ses vêtements et se tenait assise sur le tapis qui avait reçu le Sauveur à sa naissance.

 

Considération

Saint Joseph d'après le chanoine de Verdun

 

Un pieux auteur du XVIIe siècle, le bon M. Dognon, chanoine de Verdun, a dit des choses délicieuses sur notre saint Patriarche dans un petit ouvrage qu’il publia en 1633, sous ce titre : « Le Modèle du ménage heureux en l'histoire du mariage de saint Joseph ». Entendons-le :

« Dieu, dit-il, tient parfois les grandeurs et les excellences de ses premiers serviteurs cachées sous le sceau de sa providence pendant certain temps et jusqu’à ce que, pour le bien de son service et l’édification de son Église, il les étale et révèle à tout le monde, de l’un en l’un siècle, de l’autre en un autre, et de tous en la saison la plus avantageuse et commode pour l’avancement de sa gloire et de la leur.

Le Saint Esprit, qui a déterminé comme autant d'articles de foi certaines propositions en un siècle, qui au précédent avaient été laissées indifférentes et problématiquement disputées, n’a pas donné une vérité nouvelle à ces propositions, mais a seulement déclaré celles qu’elles contenaient dès le commencement.

Ainsi en est-il, en certain sens, de la gloire d‘aucuns saints, laquelle a demeuré un long temps comme éclipsée et couverte aux hommes jusqu’au jour où il a plu à Dieu la leur découvrir, non comme une excellence dont il les eût nouvellement doués, mais comme un rayon partant naturellement de la gloire qu‘ils possèdent de longtemps et qui était empêchée de se répandre ici-bas, par l'opposition du grand sceau de la sagesse divine pour l’empêcher de nuire en un temps, où il a grandement servi en un autre.

Qui n’avouera que cela est vrai particulièrement au fait de saint Joseph, dont les éminences ayant plusieurs siècles durant été quasi généralement inconnues, viennent nouvellement avec éclat a se manifester tous les jours ; si bien que désormais, avec l’applaudissement de toute l’Eglise, il va être reconnu l’un des premiers chefs d’oeuvre de la nature et de la grâce et le plus élevé de tous les hommes, après la sainte Vierge son Epouse, dans les splendeurs des saints et la gloire des bienheureux au ciel.

Ces prérogatives pourtant que l'on ne fait presque que commencer d’admirer en lui ne sont pas des bienfaits récents de la magnificence de Dieu a son égard. Les perfections qu‘il s’est acquises dans l‘exercice de la vertu et qui servent aujourd’hui à étoffer la couronne de sa gloire, ne lui sont pas des nouveaux acquêts, et le degré de béatitude duquel il jouit à présent est celui même dont le Roi de gloire, son cher nourrisson, le mit en possession dès il y a seize siècles, au jour de Son ascension au ciel.

Ce sont des étoiles qui, quoiqu’elles fussent enchâssées dès le commencement en cette belle contemplation, ont été toutefois (au moins pour la plupart) tenues cachées sous le sceau de Dieu un fort longtemps, ou, si elles ont été aperçues, ce n’a été que par des yeux extraordinairement aigus, forts et pénétrants, de quelque aigles, je veux dire de saint Augustin, de Saint Bernard, de saint Ambroise et autres pareils, qui, levant leur vue et l’arrêtant fixement en la contemplation de ce grand astre, y ont découvert, dès leur temps (mais plus pour leur consolation que pour l’instruction des peuples), beaucoup plus d’étoiles que le commun n’y en voyait. En même façon m‘est-il avis que saint Augustin lui-même dit que ceux qui ont les yeux vifs et perçants font journellement, sans l'emploi des lunettes, de nouvelles découvertes d’un nombre sans nombre d‘étoiles, qui se multiplient et comme se produisent a la foule, à mesure de l’attention et du loisir que l'on prend pendant le serein d‘une belle nuit à les regarder fixement et à les compter.

Mais, comme cette attention et cette force de vue n’a été que pour les aigles, que pour ces grands Docteurs qui ont par la force et la bonté de leur esprit le même avantage sur les autres hommes que l‘aigle sur le reste des oiseaux, aussi ces grandes merveilles de saint Joseph ont-elles été communément inconnues jusqu’à tant que Dieu ait levé le cachet, publié le secret, et rompu le voile (comme parle saint Bernard), pour manifester ces grandeurs à tout le monde...

Dire maintenant pourquoi 1’Eglise a différé si longtemps les honneurs que Jésus-Christ voulait qu’on rendit enfin à son cher nourricier, c‘est un mystère ; duquel nous ne savons pas assurément la raison. L’esprit de Dieu, assistant perpétuel de l’Eglise, le lui ayant ainsi ordonné, parce qu‘ainsi lui a plu et qu’il a jugé meilleur et plus expédient pour la gloire de Dieu et celle de son serviteur qui est avantageusement désintéressé, s’il faut ainsi parler, et reçoit bien les arrérages de ce délai en la grandeur des reconnaissances que l’on a commencées et que l’on continue de lui rendre partout... »

Après quoi le pieux auteur allègue pourtant les raisons de l'honneur de Notre Seigneur et de sa sainte Mère, qui eût pu être compromis, si l’on eût, dans les commencements, tant glorifié saint Joseph, dont il exalte enfin l’excellence, la gloire dans le ciel en corps et et l'âme, l‘estime dans laquelle nous devons le tenir, et les grands biens que nous procure sa dévotion.

 

Pratique

Messes et communions en l’honneur de Saint Joseph

 

La sainte Messe est, comme chacun sait, le sacrifice du Corps et du Sang de Notre Seigneur Jésus-Christ, offert sur la Croix d’abord, mais continué tous les jours sur nos autels pour nous appliquer à tous, jusqu’à la consommation des siècles, les fruits et les mérites de sa rédemption. Ce sacrifice ne s‘offre qu’à Dieu, mais on l‘offre souvent à Dieu en l‘honneur des saints, en le remerciant des grâces qu’il leur a accordées, et lui demandant par leur intercession celles dont nous pouvons avoir besoin. Non, les suffrages des saints n’ajoutent rien à l’infinie vertu du divin sacrifice, mais le parfum de leur mémoire, déjà si précieuse devant Dieu, venant à s‘imprégner de cette vertu infinie, lui devient bien plus agréable, et le dispose à accueillir bien plus favorablement les suppliques que nous lui adressons par leur médiation, médiation d’autant plus efficace, que ces saints occupent dans le ciel un rang plus élevé. Qui dira alors la puissance du saint sacrifice offert soit en l’honneur de la Très Sainte Vierge, soit en l’honneur de saint Joseph ?

Voulez-vous donc vous ménager la puissante intercession de saint Joseph auprès de Dieu, assistez à la sainte messe en son honneur. Assistez-y surtout dans Tes jours qui lui sont spécialement consacrés.

Voulez-vous que cette intercession de saint Joseph devienne encore plus efficace, et, pour ainsi dire, toute-puissante, célébrez ou faites célébrer le saint sacrifice à la même intention. Également, pour plaire à saint Joseph, faites de bonnes et saintes communions a sa gloire.

 

Prières

Récitées dans l’Institut de Saint Vincent de Paul

 

Glorieux saint Joseph, noble rejeton des rois de Juda, héritier des vertus de tous les Patriarches, auguste chef de la sainte famille du Verbe incarné, véritable modèle des âmes intérieures et ferventes, agréez, je vous en supplie, mes vœux et mes hommages. Vous êtes, et vous serez toujours, après Jésus et Marie, l'objet de mes plus profonds respects et de ma plus entière confiance. Je m’unis aujourd’hui à tous ceux qui vous invoquent, qui vous honorent et qui vous aiment, je vous félicite avec eux des grâces et des privilèges dont le Seigneur vous a comblé. Vous êtes mon protecteur et mon père. Je me consacre a votre culte et à votre service, et je veux tous les jours renouveler cette consécration et cet engagement, afin d’obtenir votre puissante intercession pendant,.ma vie, et surtout à l‘heure de ma mort.…

Oui, je vous consacre mon cœur , bienheureux Joseph, céleste Epoux de la Mère de Dieu, Père nourricier de son adorable Fils, confident, imitateur et coopérateur de l’un et de l’autre, mon illustre patron et très parfait modèle, et veux qu’après Jésus et Marie, vous soyez l’objet de mon amour. Que ne puis-je enchaîner mon cœur et celui des autres à votre trône ! Je vous l’offre et le soumets à votre empire. Offrez-le à Jésus et à Marie. Jamais cœur ne fut plus désireux que le vôtre de voir régner leur amour en nous ; enflammez-le dans le mien ; qu’il le possède, qu’il l’embrase, qu’il le consume... Obtenez-moi aussi un cœur contrit, une ferme confiance dans la miséricorde de mon Dieu, l’intelligence de la vie intérieure et du mystère de la Croix. Faites-moi vivre avant tout de l’esprit de Jésus crucifié, et qu’après avoir travaillé par Jésus, avec Jésus, pour Jésus, mes dernières paroles soient : « Jésus, Marie, Joseph ». Ainsi soit-il.

Extrait du « Mois de Saint Joseph ou Vie de Saint Joseph d’après Anne-Catherine Emmerich » par C.F. Fouet. Saint Dizier, Paris, 1872

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11 mars 2019

Le Mois de Saint Joseph

Le Mois de Saint Joseph

Avec la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich

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Douzième jour

La Grotte

 

A l’extrémité méridionale de la colline autour de laquelle tournait le chemin qui conduisait dans la vallée des Bergers, se trouvait, indépendamment de plusieurs autres grottes ou caves creusées dans le roc, la grotte où Joseph chercha un abri pour la sainte Vierge. L’entrée, tournée au couchant, conduisait par un passage étroit à une espèce de chambre, arrondie d‘un côté, triangulaire de l’autre, située dans la partie orientale de la colline. La grotte était creusée dans le roc par la nature ; seulement, du côté du midi, où passait le chemin qui conduisait à la vallée des Bergers, on avait fait quelques réparations au moyen d'une maçonnerie grossière.

De ce côté qui regardait le midi, il y avait une autre entrée ; mais elle était ordinairement bouchée, et Joseph la rouvrit pour son usage. En sortant par là, on trouvait à main gauche une ouverture plus large qui conduisait à un caveau étroit, incommode, placé à une plus grande profondeur et allant jusque sous la grotte de la Crèche. L’entrée ordinaire de la grotte de la Crèche regardait le couchant. On pouvait voir de là les toits de quelques maisons de Bethléem. Si en sortant par la on tournait à droite, on arrivait à l’entrée d‘une grotte plus profonde et plus obscure, dans laquelle la sainte Vierge fut un jour obligée de se cacher.

Il y avait devant l’entrée du couchant un toit de jonc, appuyé sur des pieux, qui se prolongeait aussi au midi jusqu’au dessus de l’entrée qui était de ce côté, en sorte qu'on pouvait être à l’ombre devant la grotte. A sa partie méridionale, la grotte avait dans le haut trois jours grillés par où venaient l'air et la lumière; une ' ouverture semblable se trouvait dans la voûte du rocher. Elle était recouverte de gazon et formait l’extrémité de la hauteur sur laquelle Bethléem était située.

L’intérieur de la grotte était à peu près disposé comme il suit. Du côté du couchant, on entrait par une porte de branches entrelacées dans un corridor de moyenne largeur, aboutissant à une chambre de forme irrégulière, moitié ronde, moitié triangulaire, laquelle s’étendait surtout du côté du midi, en sorte que le plan de la grotte entière pouvait être comparé aune tête reposant sur son cou : le cou figurerait le corridor, et la tête le souterrain proprement dit. Quand on passait du corridor, qui était moins élevé, dans la grotte creusée par la nature, on descendait sur un sol plus bas ; cependant le sol se relevait tout autour de la grotte, qui était entourée comme d‘un banc de pierre de largeur variable. Les parois de la grotte, sans être tout à fait polies, étaient cependant assez unies et assez propres, et avaient quelque chose qui agréait et charmait.

Au nord du corridor se trouvait l’entrée d'une grotte latérale plus petite. En passant devant cette entrée, on arrivait à l’endroit où Joseph allumait le feu ; puis la paroi tournait au nord-est dans l‘autre grotte plus spacieuse et plus élevée. Ce fut la que plus tard fut mis l’âne de Joseph. Derrière cette place était un recoin assez grand pour recevoir l’âne et où il y avait du fourrage.

C’était dans la partie orientale de cette grotte, en face de l’entrée, que se trouvait la sainte Vierge lorsque la Lumière du monde sortit d‘elle. Dans la partie qui s’étendait au midi se trouvait la crèche où l‘on adora l’Enfant Jésus. La crèche n’était autre chose qu’une auge creusée dans la pierre qui servait pour faire boire les bestiaux. Au-dessus était une mangeoire évasée, formée d'un treillage en bois et élevée sur quatre pieds, de façon que les animaux pouvaient prendre commodément l’herbe ou le foin qu’on y avait placé, et n’avaient qu’à baisser la tête pour boire dans l‘ange de pierre qui était au-dessous.

C’était en face de la crèche, au levant de cette partie de la grotte, qu’était assise la sainte Vierge avec 1’Enfant Jésus, quand les trois rois mages offrirent leurs présents. Si, en partant de la crèche, ou tournait à l’ouest dans le corridor qui précédait la grotte, ou passait devant l’entrée méridionale déjà mentionnée, et on arrivait à un endroit dont saint Joseph fit plus tard sa chambre, en le séparant, du reste, avec des cloisons en clayonnage. Il y avait de ce côté un enfoncement où il déposait toute sorte de choses.

En dehors de la partie méridionale de la grotte passait le chemin qui menait à la vallée des Bergers. Il y avait çà et là sur des collines de petites maisons, et dans la plaine quelques hangars avec des toits de roseaux portés sur des pieux. Au-devant de la grotte, la colline s’abaissait dans une vallée sans issue, fermée au nord et large d’environ un demi-quart de lieue.

Il y avait là des buissons, des arbres et des jardins. En traversant une belle prairie oh coulait une source, et en passant sous des arbres rangés régulièrement, on arrivait au côté oriental de cette vallée, où se trouvait, dans une colline faisant saillie, la grotte du tombeau de Maraha, nourrice d’Abraham, qui était aussi appelée la grotte du Laiton de l’Allaitement. La sainte Vierge y séjourna avec l’Enfant Jésus en diverses occasions. Au-dessus était un grand arbre dans les branches duquel on avait pratiqué des sièges. On voyait mieux Bethléem de cet endroit que de l’entrée de la grotte de la Crèche.

Voici l’histoire de cette grotte de Maraha. Abraham avait une nourrice appelée Maraha, qu’il honorait particulièrement et qui atteignit un âge très avancé. Elle le suivait partout dans ses voyages, montée sur un chameau. Elle vécut longtemps près de lui à Succoth. Plus tard, dans ses derniers jours, elle le suivit aussi dans la vallée des Bergers, où il avait dressé ses tentes dans les environs de cette grotte. Ayant dépassé sa centième année, et voyant sa dernière heure approcher, elle demanda à Abraham d’être enterrée dans cette grotte, sur laquelle elle fit des prédictions et à laquelle elle donna le nom de grotte du Lait ou de grotte de la Nourrice.

La grotte était alors un corridor étroit et élevé, creusé dans une matière blanche qui n’était pas très dure. D’un côté était une couche de cette matière qui ne montait pas jusqu’à la voûte. En montant par dessus cette couche, on pouvait arriver a l'entrée d’autres grottes placées plus haut.

La grotte fut agrandie plus tard, parce qu’Abraham y pratiqua dans la partie latérale une excavation pour le tombeau de Maraha. Sur un gros bloc de pierre reposait comme une auge également en pierre, supportée par des pieds courts et épais.

Cette grotte du tombeau de la nourrice avait un rapport prophétique avec la Mère du Sauveur nourrissant son Fils pendant la persécution ; car, dans l’histoire de la jeunesse d’Abraham, il se trouva aussi une persécution figurative, et sa nourrice lui sauva la vie en le cachant dans une grotte. Le roi qui régnait dans la patrie d’Abraham eut un songe où on lui fit une prédiction sur un enfant qui allait naître et qui devait être dangereux pour lui. Il prit des mesures en conséquence, La grossesse de la mère d’Abraham fut tenue secrète, et elle se cacha dans une grotte pour le mettre au monde. Maraha, sa nourrice, l’allaita en secret. Elle vécut comme une pauvre esclave, travaillant dans une solitude près d’une grotte dans laquelle elle nourrissait l’enfant. Ses parents le reprirent plus tard près d’eux ; et, comme il était beaucoup plus grand que son âge ne le comportait, on le fit passer pour un enfant né antérieurement à la prédiction faite au roi. Étant encore enfant, il courut pourtant des dangers à cause de certaines manifestations merveilleuses, et la nourrice le cacha de nouveau, en l’emportant secrètement sous son large manteau. On fit mourir alors plusieurs enfants de sa taille.

Cette grotte, depuis l’époque d’Abraham, était un lieu de dévotion, surtout pour les mères et les nourrices, et il y avait là quelque chose de prophétique, car l'on vénérait dans la nourrice d’Abraham la figure de la sainte Vierge, de même qu’Elie l’avait vue dans la nuée qui apportait la plaie, et lui avait érigé un oratoire sur le Carmel. Maraha avait coopéré, en quelque sorte, à l’avènement du Messie, puisqu’elle avait nourri de son lait l’aïeul de la sainte Vierge. Il y avait là quelque chose comme un puits profond allant jusqu’à la source de la vie universelle, et on y puisa toujours jusqu‘à ce que Marie y montât comme une eau limpide.

L’arbre qui était au-dessus de cette grotte étendait au loin son ombre comme un immense tilleul, large par le bas et pointu par le haut. C’était un térébinthe. Abraham se rencontra avec Melchisédech sous cet arbre. Ce vieil arbre avait quelque chose de sacré pour les bergers et les gens d‘alentour. On aimait à se reposer sous son ombre et à y prier. Il y avait à côté une fontaine dont l'eau était considérée par les bergers, comme ayant des vertus particulières à certaines époques de l’année. Des deux côtés de l’arbre se trouvaient des cabanes ouvertes où l’on pouvait passer la nuit. Tout cela était entouré d'une haie. Sainte Hélène bâtit une église en cet endroit, et on y a dit la messe.

 

Considération

Saint Joseph d’après Marie d'Agreda

 

La Vénérable Marie de Jésus, abbesse du monastère de l’Immaculée Conception de la ville d’Agréda, eut d’admirables et incontestables révélations sur la vie de la très sainte Vierge et sur celle de saint Joseph. Elle les a consignées dans son ouvrage intitulé « La Cité mystique de Dieu », qu’elle conclut ainsi, pour ce qui concerne saint Joseph :

« Béni soit l’auteur de si grandes merveilles, et béni soit aussi le plus heureux des hommes, Joseph, en qui elles furent toutes dignement opérées! Il mérite que toutes les générations le connaissent et le bénissent, puisque le Seigneur n’a fait pour aucun autre d‘aussi grandes choses et n’a manifesté à aucun autre autant d’amour.

De combien de visions sublimes et d’admirables révélations ne l’a-t-il pas favorisé ! L'on ne saurait les rapporter toutes ; mais on peut s’en faire une idée en considérant qu’il eut une profonde connaissance des mystères de Notre Seigneur et de sa très sainte Mère, ayant vécu dans leur compagnie pendant de si longues années, passant pour le Père de ce divin Sauveur, et constitué le véritable Epoux de notre auguste Reine.

Mais, en outre de cela, le Très-Haut lui a accordé, en récompense de sa grande Sainteté, plusieurs privilèges en faveur de ceux qui se mettraient sous son patronage et qui l’invoqueraient avec une vraie dévotion.

Par le premier de ces privilèges, saint Joseph fait obtenir à ceux qui l’invoquent comme il faut la vertu de chasteté et le triomphe sur les dangereuses tentations de la chair.

Par le second, notre Saint procure de puissants secours pour sortir du péché et recouvrer l’amitié de Dieu.

Le troisième privilège, c’est de nous faire obtenir les faveurs de la très Sainte Vierge et la dévotion envers elle.

Le quatrième assure à ses serviteurs une bonne mort et une assistance particulière contre 1e démon à cette dernière heure.

Le cinquième consiste dans la terreur qu’inspire aux démons le nom seul de saint Joseph.

Le sixième privilège fait obtenir la santé du corps et un soulagement dans les divers maux de la vie.

Enfin, l’effet du septième, c’est d’empêcher les familles de s’éteindre, en leur obtenant des héritiers.

Dieu accorde toutes ces faveurs, et bien d’autres encore, à ceux qui les lui demandent comme il faut, par l'intercession de 1’Epoux de notre Reine, le glorieux saint Joseph, et je prie tous les fidèles enfants de la sainte Eglise d'être bien dévots à ce grand Saint et d’être persuadés qu’ils ressentiront les favorables effets de sa protection, s‘ils se disposent dignement à les mériter et à les recevoir ».

Après quoi, Marie d’Agréda termine par cette merveilleuse instruction, qui lui fut dictée par la très sainte Vierge : « Ma fille, lui dit-elle, c’est avec raison que vous avez écrit que mon époux Joseph est le plus illustre parmi les Saints et les Princes de la Jérusalem céleste ; mais c’est en vain que vous essaieriez maintenant de dépeindre son éminente sainteté. Les mortels ne sauraient l’apprécier avant d’être arrivés à jouir de la vue de Dieu, en qui ils découvriront avec admiration, et en louant, le Seigneur, cette grandeur mystérieuse de mon Epoux.

Au dernier jour, quand tous les hommes seront jugés, les réprouvés pleureront amèrement le malheur d’avoir méconnu, à cause de leurs péchés, ce moyen de salut si puissant et si efficace. Ils regretteront d’avoir négligé de s’en servir, comme ils le pouvaient, pour se concilier l’amitié du juste Juge.

Le monde a trop ignoré jusqu’ici les privilèges, les prérogatives accordées par le Très-Haut à mon saint Epoux, et combien son intercession est puissante auprès de la divine Majesté, ainsi qu’auprès de moi. Je vous assure, ma fille, qu’en présence de la justice suprême, parmi les premiers favoris du Seigneur, mon Epoux est un de ceux qui peuvent le plus efficacement détourner son bras de la tête des pécheurs.

Pour vous, qui venez de recevoir des révélations et des lumières sur les grandeurs incompréhensibles de saint Joseph, ayez soin de faire éclater votre reconnaissance pour cette faveur que le Seigneur a daigné vous accorder. Efforcez-vous d’en profiter, en vous excitant à une plus grande dévotion et à une plus tendre affection envers mon saint Epoux, et bénissez le Seigneur de ce qu’il l’a favorisé de dons si magnifiques, ainsi que de la joie que j’éprouve a les contempler.

Dans tous vos embarras, ayez soin de recourir à son intercession. Propagez aussi la, dévotion envers lui, et que vos religieuses en donnent l’exemple ; car ce que mon Epoux demande dans le ciel, le Très-Haut l’accorde sur la terre. Chacune de ses prières, chacune de ses paroles est pour les hommes une source de faveurs, précieuses et extraordinaires, pourvu qu’ils ne se rendent pas indignes de les recevoir.

Tous ces privilèges découlent de la parfaite innocence et des éminentes vertus de cet admirable Saint, parce qu’elles lui ont valu les faveurs de la bonté divine, qui veut déployer à son égard toute sa magnificence, en répandant les trésors de sa miséricorde sur lui et sur ceux qui auront recours à son intercession ».

 

Pratique

Petit Office de saint Joseph

 

Beaucoup de pieux serviteurs de la très Sainte Vierge sont dans l’usage de réciter plus ou moins exactement, soit son Petit Office, soit le Petit Office de l’Immaculée Conception, etc. C’est une pieuse pratique que l’Eglise a encouragée et bénie. Les pieux serviteurs de saint Joseph ont de même adopté le Petit Office du saint Patriarche, lequel consiste dans la récitation, à chaque heure de cet Office, de quelques versets, d’une hymne, d’une antienne et de l’oraison, en l’honneur du Saint.

L’Eglise n'a point accordé de faveurs spéciales à cette récitation ; mais on peut la pratiquer utilement, soit pour honorer plus particulièrement notre grand Saint, soit pour solliciter sa singulière protection dans des circonstances plus difficultueuses, soit pour le remercier de quelque grâce obtenue par Sa médiation. Cette dévotion est facile et agréable à accomplir, et l’on pourrait citer de nombreux exemples des avantages que l’on y a recueillis.

Il en est qui font remonter son origine jusque dans le moyen-âge. Ce qu’il y a de certain, c’est que ce Petit Office était très usité en France au XVIIe siècle. Ne dégénérons pas de nos ancêtres, et récitons-le souvent nous-mêmes.

 

Retrouvez le Petit Office de Saint Joseph en cliquant ICI

 

Prière

Pour tous les besoins

 

Ô saint et fidèle dépositaire des trésors célestes, auguste gardien de Jésus et de Marie, je vous consacre et vous confie tout ce que je suis et tout ce que je possède. Du haut de votre gloire, abaissez un regard de bienveillance sur votre indigne serviteur. Voyez ma pauvreté et ma faiblesse. Grand dispensateur des grâces de Dieu, enrichissez mon indigence. Auguste protecteur de Jésus et de Marie, défendez-moi contre les nombreux ennemis qui assiègent mon âme, ainsi que contre les dangers et les écueils du monde. Faites briller à mes yeux cette divine lumière du soleil de justice qui éclaire mon intelligence et l‘empêche de s’ouvrir aux vanités de la terre. Gardez mon cœur des séductions du siècle et des passions de la chair. Détachez-le de l‘amour trompeur des créatures et de tout ce qui passe. Soyez avec moi, ô saint Protecteur, dans les combats de mon âme ; fortifiez_moi dans mes peines intérieures, et secourez-moi dans mes souffrances corporelles. Soyez mon conseil et mon guide pour la direction de tous mes intérêts spirituels et temporels. Soutenez-moi dans les tentations. Consolez-moi dans les épreuves de cette vie, et surtout dans les difficultés et les angoisses de mes derniers moments. Défendez-moi à cette heure suprême, et obtenez-moi la grâce d’expirer doucement, comme vous, entre les bras de Jésus et de Marie, dans les sentiments de la plus tendre confiance en leur protection et en la vôtre. Ainsi soit-il.

 

Extrait du « Mois de Saint Joseph ou Vie de Saint Joseph d’après Anne-Catherine Emmerich » par C.F. Fouet. Saint Dizier, Paris, 1872

 

 

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10 mars 2019

Le Mois de Saint Joseph

Le Mois de Saint Joseph

Avec la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich

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Onzième jour

Bethléem

 

De la dernière station jusqu’à Bethléem, il y avait environ trois heures de marche. Joseph et Marie firent un détour au nord de Bethléem, et s’approchèrent de la ville par le côté du couchant. Ils firent une halte sous un arbre, en dehors de la route. Marie descendit de l'âne et mit ses vêtements en ordre. Alors Joseph se dirigea avec elle vers un grand édifice entouré d'autres bâtiments plus petits et de cours, à quelques minutes en avant de Bethléem. Il y avait aussi là de grands arbres, et beaucoup de gens avaient dressé des tentes dessous. C’était l’ancienne maison de la famille de David, qu’avait possédée le père de Joseph. Des parents ou des connaissances de Joseph y habitaient encore ; mais ils le traiteront en étranger et ne voulurent pas le reconnaître. C’était maintenant la maison où l’on recevait les impôts pour le gouvernement romain.

Joseph, accompagné de la sainte Vierge et tenant l’âne par la bride, se rendit à cette maison; car tous ceux qui arrivaient devaient s’y faire connaître et y recevaient un billet sans lequel on ne laissait pas entrer à Bethléem. La jeune ânesse n’est pas avec eux ; elle court autour de la ville, vers le midi, au fond d‘un petit vallon. Joseph est entré dans le grand bâtiment ; Marie est dans une petite maison sur la cour, avec des femmes. Elles sont assez bienveillantes pour elle et lui donnent à manger.... Ces femmes préparent à manger pour les soldats... Ce sont des soldats romains ; on les reconnaît aux bandes de cuir qui enveloppent leurs jambes. Il fait un temps magnifique et nullement froid. Le soleil se montre au-dessus de la montagne qui est entre Jérusalem et Béthanie. On a d’ici une très-belle vue... Joseph est dans une grande pièce qui n’est pas au rez-de-chaussée ; on lui demande qui il est, et on consulte de grands rouleaux, dont plusieurs sont suspendus aux murs ; on les déploie, et on y lit sa généalogie, ainsi que celle de Marie. Il ne paraissait pas savoir qu’elle descendait directement de David par Joachim. On lui demanda aussi où était sa femme...

Joseph est un peu en retard pour payer l’impôt, mais on a des égards pour lui... On lui a demandé encore quels étaient ses moyens d‘existence, et il a répondu qu’il n’avait pas de biens-fonds, qu‘il vivait de son métier, et qu’il était en outre aidé par sa belle-mère.

Enfin, Joseph put descendre; et quand il fut descendu, on appela Marie dans une galerie devant les scribes, mais ils ne lui lurent pas leurs papiers. Ils dirent à Joseph qu’il aurait pu se dispenser d’amener sa femme avec lui, et ils eurent l‘air de le plaisanter à cause de la jeunesse de Marie. Ce qui le rendit un peu confus.

Au sortir de là, Joseph et Marie entrèrent dans la ville, dont les maisons étaient séparées les unes des aulnes par d’assez longs intervalles. On entrait à travers des décombres et comme par une porte détruite. Marie se tint tranquillement près de l’âne à l‘entrée de la rue, et Joseph chercha vainement un logement dans les premières maisons, car il y avait beaucoup d‘étrangers à Bethléem, et les rues regorgeaient de monde. Il revint vers Marie, et lui dit qu’on ne pouvait pas trouver à se loger dans ce quartier, et qu‘il fallait aller plus avant dans la ville. Il conduisit l’âne par la bride, pendant que la sainte Vierge marchait a côté de lui. Quand ils furent à l'entrée d’une autre rue, Marie resta de nouveau près de l‘âne, pendant que Joseph alla encore de porte en porte demander un logement, sans pouvoir en trouver. Il revint bientôt tout attristé. Cela se répéta plusieurs fois, et souvent la sainte Vierge eut bien longtemps à attendre. Partout la place était prise, partout on le rebute, et il finit par dire à Marie qu’il fallait aller dans une autre partie de Bethléem, où ils trouveraient sans doute ce qu’ils cherchaient. Ils revinrent alors sur leurs pas, dans la direction contraire à celle qu’ils avaient prise en venant, puis ils tournèrent au midi. Ils suivirent une rue qui ressemblait plutôt à un chemin dans la campagne, car les maisons étaient isolées et placées sur de petites élévations. ça aussi, toutes les tentatives furent vaines et inutiles.

Arrivés de l’autre côté de Bethléem, où les maisons étaient encore.plus dispersées, ils y trouvèrent un grand espace vide situé dans un fond : c’était comme un champ désert dans la ville. Il y avait là une espèce de hangar, et à peu de distance un grand arbre assez semblable à un tilleul, dont le tronc était lisse et dont les branches s’étendaient au loin et formaient comme un toit autour de lui. Joseph conduisit la sainte Vierge à cet arbre ; il lui arrangea avec des paquets un siégé commode au pied du tronc, afin qu'elle pût se reposer pendant qu‘il chercherait encore un logement dans les maisons d’alentour. L’âne resta la tête tournée vers l’arbre. Marie se tint d’abord debout, appuyée contre le tronc.Sa robe de laine blanche n’avait pas de ceinture et tombait en plis autour d’elle ; sa tête était couverte d’un voile blanc ; Plusieurs personnes passèrent et la regardèrent, ne sachant pas que leur Sauveur fût si près d‘elles. Combien elle était patiente, humble et résignée ! Il lui fallut attendre bien longtemps, et elle s’assit enfin sur les couvertures, les mains jointes sur la poitrine et la tête baissée. Joseph revint tout triste vers elle ; il n’avait pas pu trouver de logement. Les, amis dont il avait parlé à la sainte Vierge voulaient a peine le reconnaître. Il pleurait, et Marie le consolait. Il alla encore de maison en maison ; mais comme, pour faire mieux accueillir ses prières, il parlait de la prochaine délivrance de sa femme, il s‘attirait par la des. refus plus formels.

Il y avait moins de monde dans cette partie de la ville. Cependant les passants finirent par s’arrêter et regarder de loin avec curiosité, comme on fait ordinairement quand on voit quelqu’un rester longtemps a la même place a la chute du jour. Quelques uns même adressèrent la parole à Marie et lui demandèrent qui elle était. Enfin Joseph revint ; il était tellement troublé, qu‘il osait à peine s’approcher d'elle. Il lui dit que tout était inutile, mais qu’il connaissait en avant de la ville un endroit où des bergers s‘établissaient souvent quand ils venaient à Bethléem avec leurs troupeaux, et qu'ils trouveraient la au moins un abri. Il connaissait ce lieu depuis sa jeunesse : quand ses frères le tourmentaient, il s‘y retirait souvent pour y prier a l’abri de leurs persécutions. Il disait que si les bergers y venaient, il s‘arrangerait aisément avec eux ; mais que, du reste, ils s‘y tenaient rarement à cette époque de l'année. Quand elle y serait tranquillement établie, ajoutait-il, il ferait de nouvelles recherches.

Ils sortirent alors par le côté oriental de Bethléem, suivant un sentier désert qui tournait à gauche. C’était un chemin semblable à celui que l’on suivrait en marchant le long des murs écroulés, des fossés démolis et des fortifications en ruine d‘une petite ville démantelée. Le chemin montait d‘abord un peu, puis il descendait la pente. d’un monticule, et il les conduisit à quelques minutes à l’est de Bethléem devant le lieu qu’ils cherchaient, près d’une colline ou d’un vieux rempart, en avant duquel se trouvaient quelques arbres. C’étaient des arbres verts, des térébinthes ou des cèdres, et d‘autres arbres qui avaient de petites feuilles comme celles du buis. Tout ce côté de Bethléem ressemblait aux abords d’une petite ville autrefois fortifiée.

 

Considération

Saint Joseph d’après le Père Suffren

 

Le Père Suffren, de la Compagnie de Jésus, est auteur d’une Année chrétienne, qu’il composa à la prière de saint François de Sales, et d’où nous tirons la méditation suivante, intitulée : « La Couronne des douze Privilèges de saint Joseph ». Tout aussi bien, après avoir entendu sur saint Joseph, saint Bernardin, de l’ordre de Saint François, Isidore des Iles, de l’ordre de Saint Dominique, sainte Thérèse, de l’ordre des Carmes, il est bien naturel d’entendre un des premiers Pères de l’illustre Compagnie. Ils sont d’ailleurs nombreux, les Jésuites qui ont écrit sur le saint Patriarche. Voici donc ce qu’en dit le P. Suffren :

« De même que la Vierge destinée à être Mère de Dieu a en des privilèges très grands, conformes à cette dignité, de même Dieu a fait de grandes faveurs à saint Joseph, l’ayant destiné à être l’Epoux de la Vierge et le Père nourricier de Jésus. Dans les autres mariages, les femmes prennent leur honneur et leur dignité des maris, uxores coruscant radiis maritorum ; mais en celui-ci, le mari le prend de la femme. Et comme la sainte Vierge est couronnée de douze étoiles, qui sont douze principaux privilèges, ainsi en est-il de saint Joseph.

1° Elle a été conçue sans la tache du péché originel et sanctifiée dans le sein de Sa mère. Lui, conçu vraiment dans le péché originel, mais sanctifié avant de naître, selon l‘opinion des docteurs.

2° Elle n’a jamais en la rébellion des passions contre la raison, ni le foyer du péché, et jamais elle n’a commis aucun péché, ni mortel, ni véniel. En lui la même rébellion a été éteinte ou liée, et il n‘a jamais commis de péché mortel ; il n’en a commis que fort peu de véniels, toute sa vie ayant été une continuelle oraison et union avec Dieu.

3° Elle a été toujours Vierge et à fait voeu de Virginité. Lui aussi a été tel.

4° Elle a connu la première, par révélation de l’Ange Gabriel, le mystère de l’Incarnation. Lui, trois mois après, l‘a connu par là révélation du même Ange.

5° Elle a été la vraie Mère de Jésus, ayant sur lui l‘autorité de mère. Lui, le Père putatif, et à juste raison, car, par le mariage, la personne de la Vierge tombait sous son domaine. Donc le fruit qui a été produit lui appartient, comme les métaux qui naissent dans les champs sont au maître du champ, et comme la fleur produite miraculeusement en un jardin appartient au maître du jardin. Le mariage faisant du mari et de la femme une même personne civile, tout est commun entre eux ; et le mari étant le chef de la famille, saint Joseph était le chef dans cette sainte Famille, où se trouvaient Jésus et Marie. Il avait l‘autorité de père sur Jésus, et de mari sur la Vierge. Jésus lui était sujet et obéissant comme à son père, et la Vierge comme à son époux. Oh ! Quel honneur de commander à ceux qui commandent au ciel et sur la terre avec une pleine puissance !

6° Elle a été la nourrice de Jésus, l’ayant nourri de son propre lait dès le berceau ; et elle a été spirituellement nourrie par son Fils. Lui, le nourricier de Jésus tant qu’il a vécu, gagnant par son travail ce dont il pouvait le nourrir, et en récompense il a été nourri par lui intérieurement en son âme.

7° Elle a conversé familièrement avec Jésus durant les trente ans de sa vie cachée, et elle l’a suivi souvent durant les trois ans de ses prédications ; et par cette conversation, elle a continuellement accru la grâce et la sainteté qui était en elle. Lui a conversé avec la Vierge et vécu avec Jésus à Nazareth et en Egypte presque trente ans, travaillant avec lui à l’office de charpentier ; et il l’eût suivi dans ses prédications, s’il eût été en vie en ce temps-là.

8° Elle a été remplie de grâce et de lumière divines par-dessus tous les Anges et tous les Saints. Lui a plus de grâces que les autres Saints, comme ayant été plus proche et ayant communiqué plus souvent aux deux fontaines de grâce, Jésus et Marie, et ayant vu leurs actions et entendu leurs saints discours. Si Moïse, pour avoir conversé quarante jours avec un Ange à la montagne, avait sa face si lumineuse, quelle a été la face de l’âme de saint Joseph, ayant tant d‘années conversé avec le Roi et la Reine des Anges ?

9° Elle est morte par un excès de l'ardeur de l’amour de Dieu, une pareille mort étant convenable à celle qui est Mère de Dieu. Lui est mort entre les bras de Jésus et de Marie, enflammé du feu de l‘amour de Dieu, qu’ils lui jetaient dans le cœur.

10° Elle est ressuscitée trois jours après sa mort ; elle est au ciel en corps et en âme. Lui est ressuscité trois ans après sa mort, lorsque plusieurs ressuscitèrent avec Jésus-Christ, et il est au ciel en corps et en âme.

11° Elle est la plus élevée dans le ciel près de Jésus, son cher Fils. Lui est le plus élevé dans le ciel près de la Vierge, sa chère Epouse.

12° Elle est la médiatrice des hommes envers son Fils. Lui le médiateur des hommes envers la Vierge, son Épouse, et envers Jésus, son Fils putatif.

Honorez donc ce Saint et respectez-le pour ces douze privilèges... Réjouissez-vous avec lui de ce que son ministère regarde directement l’ordre de l’union personnelle du Verbe divin avec notre chair.... Réjouissez-vous avec la Vierge de ce qu’elle a eu un tel Epoux... Imitez-le, car sa grande sainteté lui est venue d'avoir conversé familièrement tant d‘années avec Jésus et Marie... Considérez bien leurs vies, et pratiquez leurs vertus... »

 

Pratique

Cordon de Saint Joseph

 

Le Cordon de saint Joseph est un petit cordon blanc, en laine, fil ou coton, se terminant à une de ses extrémités par sept noeuds qui rappellent ses mystères joyeux, douloureux et glorieux, et que l‘on porte sur les reins, par mode de ceinture, en l’honneur du saint Patriarche, et dans le but d’obtenir, avec sa protection spéciale, la pureté de l’âme, la chasteté de son état, la persévérance finale et une assistance particulière à l’heure de la mort. Il doit être bénit par un Prêtre ayant le pouvoir de le donner, comme, par exemple, le Directeur de l’Archiconfrérie de Beauvais, ou un Prêtre son délégué.

Les Associés du saint Cordon peuvent, pourvu qu’ils récitent chaque jour la prière « Ô saint Joseph, père et protecteur, etc »., gagner l’Indulgence plénière : 1° le jour de l’admission ; 2° aux Fêtes de saint Joseph, 23 janvier, 19 mars et le 3e Dim. après Pâques ; 3° à l'article de la mort ; et l’Indulgence de sept ans et sept quarantaines chaque Dimanche qui suit les Quatre Temps ; quand on visite l’Eglise de la Confrérie, ou à son défaut, l’Eglise paroissiale ; quand on y assiste à quelque office ; quand on accompagne le Très Saint Sacrement ; quand on fait telle ou telle œuvre de piété et de charité.

Toutes ces Indulgences sont applicables aux âmes du Purgatoire, et l’Indulgence plénière de l’autel privilégié est attachée à toutes les Messes célébrées pour les Associés défunts, à quelque autel ou dans quelque Eglise que ce soit.

 

Prière

Universelle et pour tous

 

Glorieux saint Joseph, vous dont le cœur virginal et paternel est ouvert a tous ceux qui implorent votre secours, du haut des cieux jetez sur nous tous un regard favorable et obtenez-nous à tous la grâce de toujours vivre conformément à la divine volonté, en imitant vos vertus, et surtout votre foi, votre humilité, votre chasteté, votre douceur. Ô bon saint Joseph, priez votre Jésus pour le triomphe de la sainte Eglise, pour le Souverain Pontife, pour les Evêques, les Prêtres et tous les ordres religieux ; pour la persévérance des justes, pour la conversion des pécheurs, pour le retour des hérétiques et des schismatiques à l‘unité ; pour les mourants, pour les âmes du Purgatoire, pour les pauvres, les affligés ; pour tous ceux qui souffrent ; pour toutes les familles chrétiennes, et tout particulièrement pour la mienne, en vous faisant le pourvoyeur de tous ses besoins, le protecteur et le défenseur de tous ses intérêts. Veillez aussi sur.notre pauvre patrie. Que la religion, l'ordre et la paix, les vertus et les bonnes mœurs y refleurissent. Que tous nos cœurs, enfin, soient embrasés de l’amour de Jésus et de Marie, et, à notre dernière heure, venez avec eux nous défendre, nous assister et recevoir notre âme entre vos bras bénis, afin qu’éternellement nous puissions avec vous aimer et bénir la très sainte Trinité qui vous a couronné de tant de gloire. Ainsi soit-il.

 

Extrait du « Mois de Saint Joseph ou Vie de Saint Joseph d’après Anne-Catherine Emmerich » par C.F. Fouet. Saint Dizier, Paris, 1872

 

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9 mars 2019

Le Mois de Saint Joseph

Le Mois de Saint Joseph

Avec la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich

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Dixième jour

Voyage vers Bethléem

 

Le voyage de Nazareth à Bethléem dura dix jours. Le premier jour, au matin, les saints voyageurs arrivèrent à six lieues de Nazareth, dans une plaine appelée Ghinim, où l’ange était apparu à Joseph l’avant-veille. Anne possédait un pâturage en cet endroit, et ses serviteurs vinrent y prendre l’ânesse d’un an que Joseph devait emmener avec lui. Elle courait tantôt en avant et tantôt en arrière de la petite troupe. Anne et Marie de Cléophas prirent ici congé des saints voyageurs et s’en retournèrent avec les serviteurs.

Cependant Joseph et Marie continuèrent leur route par un chemin qui montait vers les montagnes de Gelboë. Ils ne passaient pas dans les villes, et suivaient la jeune ânesse qui prenait toujours des chemins de traverse. C’est ainsi qu’ils gagnèrent une propriété de Lazare, à peu de distance de la ville de Ghinim, du côté de Samarie. L’intendant les reçut amicalement. Il les avait connus lors d’un autre voyage. Leur famille avait des relations avec celle de Lazare. Il y avait là de beaux vergers et des allées. La position était si élevée, qu’on avait du toit une vue très étendue. Lazare avait hérité ce bien de son père. Notre Seigneur Jésus-Christ s’arrêta souvent en cet endroit pendant sa prédication, et enseigna dans les environs. L’intendant et sa femme s’entretinrent très amicalement avec la Sainte Vierge, et se montrèrent étonnes qu’elle eût entrepris ce grand voyage dans la position où elle se trouvait, lorsqu’elle pu rester commodément établie dans la maison de sa mère.

Le surlendemain, les saints Epoux étaient à quelque lieues au-delà de l’endroit que nous venons de citer, se dirigeant, pendant la nuit, vers une montagne le long d’une vallée très froide. Il avait gelé. La Sainte Vierge souffrait beaucoup du froid, et elle dit à Joseph : « Il faut nous arrêter ; je ne puis pas aller plus loin ». À peine avait-elle dit ces paroles, que l’ânesse, qui les devançait, s’arrêta sous un grand térébinthe très vieux qui se trouvait près de là, et dans le voisinage duquel était une fontaine. Ils firent halte sous cet arbre : Joseph arrangea avec des couvertures un siège pour la sainte Vierge, qu’il aida à descendre de son monture, et qui s’assit contre l’arbre. Joseph suspendit à une branche de l’arbre la lanterne qu’il portait avec lui. C’était l’usage des gens qui voyageaient dans ce pays.

Cependant la Sainte Vierge conjura Dieu de ne pas permettre que le froid lui fut nuisible. Au même instant, elle sentit une si grande chaleur qu’elle tendit les mains à Saint Joseph pour qu’il y réchauffa les siennes. Ils se réconfortèrent un peu avec des petits pains et des fruits qu’ils avaient avec eux, et burent l’eau de la fontaine voisine dans laquelle ils mirent du baume que Joseph portaient dans un cruchon. Joseph consola et encouragea le Sainte Vierge. Il était si bon ! Il souffrait tant de ce que ce voyage était si pénible ! Il lui parla du bon logis qu’il espérait lui procurer à Bethléem. Il connaissait une maison appartenant à de très braves gens, où ils seraient commodément à très bon compte. Il lui vanta Bethléem en général, et lui dit tout ce qui pouvait la consoler. Mais hélas ! Les choses devaient se passer tout autrement.

À ce point de leur voyage, ils avaient passé deux petits cours d’eau ; ils avaient traversé l’un d’eux sur un pont élevé, et les deux ânes avaient passé à gué. La jeune ânesse qui courait en liberté avait des allures singulières. Quand la route était bien tracée, entre deux montagnes, par exemple, et qu’on ne pouvait se tromper, tantôt elle courait derrière les voyageurs, tantôt elle allait bien loin. Quand le chemin se partageait, elle reparaissait toujours et prenant la bonne direction. Lorsqu’ils devaient s’arrêter, elle s’arrêtait elle-même, comme lors de leur halte sous le térébinthe. On ne sais pas s’ils passèrent la nuit sous cet arbre, ou s’ils atteignirent un autre gite.

Ce térébinthe était un vieil arbre sacré qui avait fait partie du bois de Moreh, près de Sichem. Abraham venant de la terre de Canaan, y a vu apparaître le Seigneur, qui lui avait promis cette terre pour sa postérité. Il avait élevé un autel sous le térébinthe. Jacob, avant d’aller à Bethel pour y offrir un sacrifice au Seigneur, avait enfoui sous ce térébinthe les idoles de Laban et les bijoux que sa famille avait avec elle. Josué y avait érigé le tabernacle où était l’Arche d’Alliance, et y ayant rassemblé le peuple, l’avait fait renoncer aux idoles. C’est aussi en ce lieu qu’Abimelech, fils de Gédéon, avait été proclamé roi par les Sichémites.

Le troisième jour, Joseph et Marie arrivèrent à une grande ferme, à deux lieues plus au midi que le térébinthe. La maîtresse de la maison était absente, et le maître refusa de recevoir Saint Joseph, lui disant qu’il pouvait bien aller plus loin. Quand ils eurent fait un peu de chemin au-delà, ils trouvèrent une jeune ânesse dans une cabane de bergers, où ils entrèrent aussi. Quelques bergers, qui étaient aussi occupés à la vider, les accueillirent avec beaucoup de bienveillance. Ils leur donnèrent de la paille et des petits paquets de jonc et de ramée pour faire du feu. Ces bergers allèrent à la maison d’où ils avaient été repoussés ; et quand ils racontèrent à la maîtresse de cette maison combien Joseph paraissait bon et pieux, combien sa femme était belle et avait l’air sainte, elle fit des reproches à son mari pour avoir repoussé de si excellentes gens. Puis cette femme se rendit aussitôt près de la cabane où s’était arrêtée la Sainte Vierge ; mais elle n’osa pas entrer, par timidité, et retourna chez elle pour y prendre quelques aliments.

Le lieu où ils se trouvaient était sur le versant nord d’une montagne, à peu près entre la Samarie et le Thebez. À l’orient de ce lieu, au-delà du Jourdain, se trouve Succoth ; Ainon est un peu plus au midi ; toujours au-delà du fleuve ; Salem est en deçà. Il pouvait y avoir douze lieues de là à Nazareth.

Au bout de quelques temps, la femme vint avec deux enfants trouver les saints voyageurs, apportant avec elle quelques provisions. Elle s’excusa poliment et se montra touchée de leur position. Quand les voyageurs eurent mangé et pris quelques repos, le mari vint aussi, et demanda pardon à saint Joseph de l’avoir repoussé. Il lui conseilla de monter encore une lieue vers le sommet de la montagne, lui disant qu’il pouvait y arriver à un bon gite avant le commencement du Sabbat, et y rester pendant le jour du repos. Sur/quoi Joseph et Marie se mirent en route.

Quand ils eurent fait à peu près une lieue en montant toujours, ils arrivèrent à une hôtellerie d’assez bonne apparence, composée de plusieurs bâtiments entourés de jardins et d’arbres. Il y avait aussi là des arbrisseaux qui donnent le baume, rangés en espaliers. Cependant l’hôtellerie était encore sur le côté nord de la montagne.

La sainte Vierge avait mis pied à terre, Joseph conduisait l’âne. Ils s’approchèrent de la maison, et Joseph pria l’hôte de les loger ; mais celui-ci s’excusa, parce que son hôtellerie était pleine. Sa femme vint alors, et comme la sainte Vierge s’adressa à elle et lui demanda avec la plus touchante humilité de leur procurer un logement, cette femme ressentit une profonde émotion, et l‘hôte aussi ne put plus résister. Il leur arrangea un abri commode dans une cabane voisine et mit leur âne a l'écurie. L’ânesse n’était pas là : elle courait en liberté dans les environs. Elle était toujours, loin d‘eux quand elle n’avait pas a montrer le chemin.

Joseph apprêta sa lampe, sous laquelle il se mit en prières avec la sainte Vierge, observant le sabbat avec une piété touchante. Ils mangèrent quelque chose, et se reposèrent sur des nattes étendues par terre.

Le quatrième jour était le jour du Sabbat, et les saints Epoux restèrent dans ce lieu toute la journée, priant ensemble. La femme de l’hôte resta presque toujours près de la Sainte Vierge avec ses trois enfants. L’autre femme qui s’était montrée la veille si compatissante vint aussi la visiter avec ses deux enfants. Elle s’assirent auprès d’elle d’un air très amical, et furent très touchées de la modestie et de la sagesse de Marie.

La Sainte Vierge s’entretint avec les enfants et leur donna des instructions. Les enfants avaient avec eux de petits rouleaux de parchemins. Marie leur en fit lire quelques passages qu’elle leur expliqua avec tant de bonté, qu’ils ne la quittaient plus des yeux. C’était touchant de voir, et encore plus touchant à entendre.

Saint Joseph, dans l’après-midi, se promena avec l’hôte dans les environs, examina les jardins et les champs et tint avec lui des discours édifiants. C’est ce que faisaient toujours les gens pieux du pays le jour su sabbat. Les saints voyageurs restèrent encore en ce lieu la nuit suivante.

Les bons hôteliers de la Sainte Famille avaient pris la Sainte Vierge en affection à un degré incroyable, et ils lui témoignèrent une tendre compassion pour son état. Ils la prièrent amicalement de rester chez eux et d’y attendre le moment de sa délivrance. Ils lui montrèrent une chambre commode qu’ils voulaient lui donner. La femme lui offrit du fond du coeur tous ses soins et toute son amitié ; mais Joseph et Marie reprirent le voyage de grand matin, le lendemain du Sabbat, et descendirent par le côté sud-est de la montagne dans une vallée. Ils s’éloignèrent alors davantage de Samarie, où semblait les conduire la direction qu’ils avaient prise jusque là. Pendant qu’ils descendaient, ils pouvaient voir le temple qui est sur le mont Garizim. On l’apercevait de très loin. Il y avait sur le toit plusieurs figures de lions ou d’autres animaux qui brillaient au soleil.

Ils firent en ce jour environ six lieues. Vers le soir, étant dans une plaine à une lieue au sud-est de Sicham, ils entrèrent dans une assez grande maison de bergers, où ils furent bien accueillis. Le maître de la maison était chargé de surveiller les vergers et des champs qui dépendaient d’une ville voisine. La maison n’était pas tout à fait dans la plaine, mais sur une pente. Ici tout était plus fertile et en meilleure condition que dans le pays parcouru précédemment, car ici ont était tourné vers le soleil, ce qui dans la terre promise, fait une différence considérable à ce moment de l’année. D’ici jusqu’à Bethléem il y avait beaucoup de semblables habitations de bergers, dispersées dans les vallées.

Les habitants de ces vallées étaient de ces bergers dont plusieurs des trois rois mages, restés en Palestine, épousèrent plus tard les filles. D’une de ces unions provenait un garçon que Notre Seigneur guérit dans cette maison, à la prière de la Sainte Vierge, le 31 juillet de la seconde année de sa prédication, après son colloque avec la Samaritaine. Jésus le prit, ainsi que deux autres jeunes gens, pour l’accompagner dans le voyage qu’il fit en Arabie après la mort de Lazare, et il devint plus tard disciples du Sauveur. Jésus s’arrêta souvent ici et y enseigna. Il y avait des enfants dans cette maison, Joseph les bénit avant son départ.

Le sixième jour, Joseph et Marie suivirent un chemin plus uni. La sainte Vierge allait de temps en temps à pied. Ils trouvaient plus souvent des haltes commodes où ils se réconfortaient. Ils avaient avec eux des petits pains et une boisson à la fois rafraîchissante et fortifiante dans de petites cruches très élégantes qui avaient deux anses et brillaient comme du bronze. C’était du baume que l’on mêlait avec de l’eau. Ils cueillaient aussi des baies et des fruits qui pendaient encore aux arbres et aux buissons dans certains endroits exposés au soleil. Le siège de Marie sur l’âne avait à droite et à gauche des espèces de rebords sur lesquels les pieds s’appuyaient, de sorte qu’il ne pendaient pas comme chez les gens de la campagne qui vont à âne dans notre pays. Ses mouvements étaient singulièrement posés et décents. Elle s’asseyait alternativement à droite et à gauche. La première chose que faisait Joseph, quand on faisait une halte ou qu’on entrait quelque part, était de chercher une place où la sainte Vierge pût s‘asseoir et se reposer commodément. Il se lavait souvent les pieds, ainsi que Marie. En général, ils se lavaient souvent.

Il faisait déjà nuit lorsqu’ils arrivèrent à une maison isolée. Joseph frappa et demanda l’hospitalité. Mais le maître du logis ne voulut pas ouvrir; et quand Joseph lui représenta la situation de Marie, qui n‘était pas en état d’aller plus loin, ajoutant qu‘il ne demandait pas à être logé gratuitement, cet homme dur et grossier répondit que sa maison n’était pas une auberge, qu‘il voulait qu‘on le laissât tranquille et qu‘on cessait de frapper, et autres choses semblables. Cet homme intraitable n’ouvrit même pas, mais fit sa grossière réponse à travers la porte fermée. Ils continuèrent donc leur chemin, et au bout de quelque temps ils entrèrent dans un hangar près duquel ils trouvèrent l’ânesse arrêtée. Joseph se procura de la lumière et prépara un lit pour la sainte Vierge, qui l’y aida. Il fit aussi entrer l’âne, pour lequel il trouva de la litière et du fourrage, ils prièrent, mangèrent un peu, et dormirent quelques heures.

De la dernière hôtellerie jusqu’ici il pouvait y avoir six lieues de chemin. Ils étaient maintenant à environ vingt-six lieues de Nazareth et à dix de Jérusalem. Jusqu’alors ils n’avaient pas suivi la grande route, mais avaient traversé plusieurs chemins de communication qui allaient du Jourdain à Samarie, et aboutissaient au grandes routes qui conduisaient de Syrie en Egypte. Les chemins de traverse qu’ils suivaient étaient très étroits ; dans la montagne, ils étaient souvent si resserrés, qu’il fallait beaucoup de précautions pour y avancer sans broncher. Mais les ânes y marchaient d’un pas très assuré. La présente station était dans la plaine.

Joseph et Marie quittèrent ce dernier lieu le lendemain avant le jour. Le chemin redevint un peu montant. Ils durent toucher à la route qui conduisait de Gabara à Jérusalem, et qui formait en cet endroit de limite entre la Samarie et la Judée. Ils furent encore une fois grossièrement repoussés d’une maison. Comme ils étaient à plusieurs lieues au nord-est de Béthanie, il arriva que Marie étant très fatiguée éprouva le besoin de prendre quelque chose et de se reposer. Alors Joseph se détourna de là dans un endroit où se trouvait un beau figuier qui était ordinairement chargé de fruits. Cet arbre était entouré de bancs où l’on pouvait se reposer, et Joseph le connaissait depuis un de ces précédents voyages. Mais quand il y arrivèrent, ils n’y trouvèrent pas un seul fruit, ce qui les attrista. Plus tard Jésus rencontra cet arbre, qui était couvert de feuilles vertes mais ne portait plus de fruits. Il le maudit dans un voyage qu’il fit après s’être enfui de Jérusalem, et l’arbre se dessécha entièrement.

Ils approchèrent ensuite d’une maison dont le maître commença par traiter grossièrement Joseph qui lui demandait humblement l’hospitalité. Il regarda la sainte Vierge à la lueur de sa lanterne et railla Joseph de ce qu’il tenait avec lui une femme aussi jeune. Mais la maîtresse de la maison, étant survenue, eut pitié de la sainte Vierge, leur offrir amicalement une chambre dans un bâtiment attenant à la maison, et leur porta même quelques petits pains. Le mari se repentit aussi de sa grossièreté, et se montra très serviable envers les saints voyageurs.

Ils allèrent plus tard dans une troisième maison, habités par un jeune ménage. On les y accueillit, mais sans beaucoup de courtoisie : on ne s’occupa guère d’eux. Ces gens n’étaient pas des bergers aux mœurs simples, mais comme les riches paysans de ce pays, assez occupés d’affaires, de négoce, et le reste.

Jésus visita une de ces maisons, après son baptême, le 20 octobre, le 1er du mois de Tisri. On avait fait un oratoire de la chambre où ses parents avaient passé la nuit. C’était peut être la maison dont le maître avait d’abord raillé Saint Joseph. Quoi qu’il en soit, on avait fait cet arrangement après les miracles qui signalèrent la naissance du Sauveur.

Joseph fit des haltes fréquentes à la fin du voyage ; car la sainte Vierge en était de plus en plus fatiguée. Ils suivirent le chemin que leur indiquait la jeune ânesse, et firent un détour d‘une journée et demie à l’est de Jérusalem. Joseph connaissait très bien cette contrée, parce que son père y avait possédé des pâturages. Si ils avaient traversé directement le désert qui est au midi derrière Béthanie, ils auraient atteint Bethléem en six heures ; mais ce chemin était montueux et très incommode dans cette saison. Ils suivirent donc l’ânesse le long des vallées et se rapprochèrent un peu du Jourdain.

Le huitième jour, les saints voyageurs arrivèrent à une grande maison de bergers, qui pouvait être à trois lieues de l’endroit où Jean baptisait dans le Jourdain, et à environ sept lieues de Bethléem. C’est la maison où, trente ans après, Jésus passa la nuit la veille du jour où, pour la première fois après son baptême, il passa devant Jean-Baptiste. Près de cette maison, se trouvait une grange séparée où étaient déposés les instruments de labourage et dont se servaient les bergers, Il y avait dans la cour une fontaine entourée de bains qui recevaient par des conduits l‘eau de cette fontaine. Le maître de la maison devait avoir, des propriétés étendues, et il y avait là une exploitation considérable, où l’on voyait aller et venir de nombreux valets qui prenaient la leur repas.

Le maître de la maison accueillit les voyageurs très amicalement et se montra fort serviable. On les conduisit dans une chambre commode et en prit soin de leur âne. Un domestique lava les pieds de Joseph à la fontaine et lui donna d’autres habits, pendant qu‘on nettoyait les siens qui étaient couverts de poussière ; une servante rendit les mêmes offices à la sainte Vierge. Ils prirent leur repas dans cette maison et y dormirent.

La maîtresse de la maison était d’un caractère assez bizarre, et elle resta renfermée dans sa chambre. Elle avait regardé les voyageurs à la dérobée ; et comme elle était jeune et vaine, la beauté de la sainte Vierge lui avait déplu. Elle craignait, en outre, que Marie ne s‘adressât à elle, ne voulut rester dans sa maison et y faire ses couches. Aussi eût-elle l'impolitesse de ne pas se montrer et prit-elle ses mesures pour que les voyageurs partissent le jour suivant. C’est la femme que Jésus, trente ans après, le 11 octobre, trouva dans cette même maison, aveugle et courbée en deux, et qu’il guérit, après lui avoir donné quelques avis sur son inhospitalité et sa vanité. Il y avait aussi des enfants dans la maison. Joseph et Marie y passèrent la nuit.

Le lendemain, vers midi, ils quittèrent le lieu où ils avaient logé la veille. Quelques habitants de la maison les accompagnèrent jusqu‘à une certaine distance.

Après un court voyage d’environ deux lieues, ils arrivèrent sur le soir à un lieu que traversait une grande route, bordée de chaque côté d'une longue rangée de maisons avec cours et jardins. Joseph avait des parents qui demeuraient en ce lieu, peut-être les enfants du second mariage d’un beau-père ou d‘une belle-mère. Leur maison avait beaucoup d’apparence. Ils traversèrent pourtant cet endroit d’un bout a l’autre ; puis, à une demi-lieue de là, ils tournèrent à droite, dans la direction de Jérusalem, et arrivèrent à une grande hôtellerie, dans la cour de laquelle se trouvait une fontaine avec-plusieurs conduits. Il y avait là beaucoup de gens rassemblés : on y célébrait des funérailles.

L’intérieur de la maison, au centre de laquelle se trouvait le foyer avec un conduit pour la fumée, avait été transformé en une grande pièce par la suppression de cloisons mobiles qui formaient ordinairement plusieurs, chambres séparées. Derrière le foyer étaient suspendues des tentures noires, et en face se trouvait quelque chose qui ressemblait à une bière recouverte en noir. Il y avait là plusieurs hommes qui priaient ; ils portaient de longues robes noires, et par-dessus, des robes blanches plus courtes ; quelques-uns avaient une espèce de manipule noir à franches suspendu au bras. Dans une autre chambres se trouvaient les femmes, entièrement enveloppées dans leurs vêtements ; elles étaient assises sur des coffres très-bas et pleuraient. Les maîtres de la maison, occupés de la cérémonie funèbre, se contentèrent de faire signe aux voyageurs d‘entrer ; mais les serviteurs les accueillirent très-bien et prirent soin d‘eux. On leur prépara un logement à part formé avec des nattes suspendues, qui le faisaient ressembler à une tente. Plus tard les gens de la maison visitèrent les saints voyageurs et s‘entretinrent amicalement avec eux. Ils n’avaient plus leurs vêtements blancs de dessus. Joseph et Marie, après avoir pris un peu de nourriture, prièrent ensemble et se reposèrent.

Le dixième jour, enfin, vers midi, Joseph et Marie se mirent en route pour Bethléem, dont ils étaient encore éloignés d‘environ trois lieues. La maîtresse de la maison les engagea à rester, parce qu‘il lui semblait que Marie pouvait accoucher d’un moment à l‘autre. Marie répondit, après avoir baissé son voile, qu’elle avait encore trente-six heures à attendre. Peut-être a-t-elle dit trente-huit. Cette femme les aurait gardés volontiers, non pas pourtant dans sa maison , mais dans un autre bâtiment. Au moment du départ, Joseph parla de ses ânes avec l’hôte ; il fit l’éloge de ces animaux, et dit qu‘il avait pris l’ânesse avec lui pour la mettre en gage en cas de nécessité. Comme les hôtes parlaient de la difficulté de trouver un logement à Bethléem, Joseph dit qu’il y avait des amis et qu’il y serait certainement bien accueilli. Cela fait vraiment peine a l’entendre parler avec tant d’assurance du bon accueil qu"il attendait. Il en parla encore à Marie pendant la route. On voit par là que même d’aussi saints personnages peuvent se tromper ; mais ces douces illusions de la pieuse confiance ne sont-elles pas souvent, comme ici, un effet de la bonté de Dieu ?

 

Considération

Saint Joseph d’après Saint François de Sales

 

Saint François de Sales aimait à entretenir ses Filles de la Visitation du glorieux Epoux de Marie, pour lequel il avait une affection particulière. Voici la doctrine de son Entretien avec elles sur les vertus de notre Saint Patriarche.

Il commence par comparer Saint Joseph au palmier, le roi des arbres, et qui possède, dit-il, les trois propriétés particulières de la virginité, de l’humilité et de la constance ; lesquelles propriété conviennent davantage à Saint Joseph, qui est, ainsi que la Sainte Eglise nous fait dire, semblable à la palme. Oh ! Quel Saint est le glorieux saint Joseph. Il n’est pas seulement Patriarche, mais le coryphée de tous les Patriarches. Il n’est pas simplement confesseur, mais plus que confesseur ; car dans sa confession sont encloses les dignités des évêques, la générosité des martyrs et de tous les autres saints. C’est donc à juste raison qu’il est comparé au palmier qui est le roi des arbres, et lequel à la propriété de la virginité, celle de l’humilité et de la constance et vaillance, trois vertus dans lesquelles le glorieux saint Joseph a grandement excellé ; et si l’on osait faire des comparaisons, il y en aurait plusieurs qui maintiendraient qu’il surpasse tous les autres saints en ces trois vertus.

Dieu, expose-t-il ensuite, ayant destiné de toute éternité, en sa divine Providence, qu’une Vierge concevrait un fils qui serait Dieu et homme tout ensemble, voulut néanmoins que cette Vierge fût mariée, parce qu’il fallait que cette Vierge conçût et enfantât ce doux trait de vie, Notre Seigneur, sous l’ombre du saint mariage, mariage donc qui n’était point selon l’ordinaire tant pour la communication des biens extérieurs que pour l’union et conjonction des biens intérieurs.

Ô la divine union que celle qui existait entre Notre Dame et le glorieux saint Joseph ! union qui faisait que ce bien des biens éternels, qui est Notre Seigneur, fut et appartint à saint Joseph, ainsi qu‘il appartenait à Notre Dame, non selon la nature qu’il avait prise dans les entrailles de notre glorieuse maîtresse (nature qui avait été formée par le Saint Esprit du très pur sang de Notre Dame), mais selon la grâce, laquelle le rendait participant de tous les biens de sa chère Epouse, et laquelle faisait qu’il allait merveilleusement croissant en perfection. Car de même que l’on voit un miroir opposé aux rayons du soleil recevoir ses rayons très parfaitement, et un autre miroir étant mis vis-à-vis de celui qui les reçoit, bien que le dernier miroir ne prenne et ne reçoive les rayons du soleil que par réverbération, les représente pourtant si fidèlement, que l’on ne pourrait presque pas juger lequel c’est qui les reçoit immédiatement du soleil, ou celui qui est opposé au soleil, ou celui qui ne les reçoit que par réverbération ; de même en était-il de Notre-Dame, laquelle , comme un très pur miroir opposé aux rayons du soleil de justice, rayons qui apportaient en son âme toutes les vertus en leur perfection, perfections et vertus qui faisaient une réverbération si parfaite en saint Joseph, qu’il semblait presque qu'il fût aussi parfait, ou qu‘il eût les vertus en un aussi haut degré comme les avait la glorieuse Vierge notre maîtresse.

Et, partant de ce principe, notre bienheureux exalte la virginité de saint Joseph élevée à un si haut degré par son contact avec celle de la sainte Vierge, qu’elle lui fait surpasser tous les Saints, les Anges et les Chérubins mêmes, en cette vertu tant recommandable de la virginité ; sa très sainte humilité, sous l’abri de laquelle il tient cachées ses grandes vertus et ses si hautes dignités d’Epoux de Marie, et de gouverneur, de Père même putatif de Notre Seigneur ; sa vaillance et sa force contre les deux plus grands ennemis de l’homme, le diable et le monde ; sa constance et sa persévérance contre notre grand ennemi intérieur qui est l’ennui dans la continuation des choses abjectes, humiliantes, pénibles, adverses ; son amour si sincère de la pauvreté, son obéissance si parfaite, sa soumission si entière à la divine volonté, laquelle allait toujours croissant et se perfectionnant, parce qu’il la tirait de Notre Dame, comme Notre Dame tirait sa propre perfection de son divin Fils.

Enfin, notre saint auteur s’écrie, après avoir démontré et affirmé que saint Joseph est très certainement au ciel en corps et en âme : « Oh ! combien serons-nous heureux, si nous pouvons mériter d’avoir part en ses saintes intercessions ! car rien ne lui sera refusé, ni de Notre Dame, ni de son glorieux Fils. Il nous obtiendra, si nous avons confiance en lui, un saint accroissement en toutes sortes de vertus, mais spécialement en celles qu’il a eues au plus haut degré que toutes les autres, qui sont la très sainte pureté de corps et d’esprit, la très aimable vertu d’humilité, la constance, la vaillance et la persévérance, vertus qui nous rendront victorieux, en cette vie, de nos ennemis, et qui nous feront mériter la grâce d’aller jouir en la vie éternelle des récompenses qui sont préparées à ceux qui imiteront l’exemple que saint Joseph leur a donné, étant en cette vie, récompense qui ne sera rien moindre que la félicité éternelle, en laquelle nous jouirons de la claire vision du Père, du Fils et du Saint Esprit. Dieu soit béni.

 

Pratique

Chapelet de saint Joseph

 

Ce qu’on appelle le Chapelet ou Couronne de saint Joseph , se compose de trente grains divisés en trois dizaines, pour honorer les trente années que saint Joseph a passées dans la compagnie de Jésus et de Marie. On le récite plus particulièrement pour demander la grâce d’une bonne mort ; et voici la manière plus ordinaire de le dire :

Sur la croix, après avoir dit « Au nom du Père, etc., » l’on dit : « Vous l‘avez, Seigneur, couronné d’honneur et de gloire, et constitué prince dans votre maison, et sur tout ce qui vous appartient ».

Sur les gros grains : « Que les mérites du chaste Epoux de votre très sainte Mère, ô divin Jésus, viennent en aide à notre insuffisance, afin que par son intercession il nous soit accordé ce qu’il n’est pas en notre pouvoir d’obtenir. Nous vous en conjurons, Seigneur, qui, étant Dieu, vivez et régnez avec le Père dans l’unité du Saint Esprit, pendant les siècles des siècles. Ainsi soit-il ».

Sur les petits grains : « Je vous salue, Joseph, fils de David, homme juste. Epoux de Marie, de laquelle est né Jésus. Saint Joseph, Père nourricier de Jésus, priez pour nous, pauvres pécheurs , maintenant et à l’heure de notre mort. Ainsi soit-il ».

Si cette méthode paraissait compliquée et présentait quelques difficultés dans la pratique, on pourrait y apporter des modifications, comme de dire le Pater sur la croix, l’Ave, Maria, sur les gros grains, et la Salutation à saint Joseph, sur les petits, etc.

 

Invocation

Bon saint Joseph

 

Bon Saint Joseph, protégez-nous et protégez la sainte Eglise ! Bon saint Joseph ! Nous savons bien que Dieu seul est bon, mais puisque le bon Dieu vous a fait bon aussi, le Père, en vous associant à sa divine paternité, le Fils, en vous admettant pendant trente ans dans une incomparable intimité, le Saint Esprit, en vous unissant comme Epoux à la bonne Vierge Marie, rappelez-vous que vous n’avez été fait bon qu’à cause de nous, et afin que rien ne vienne mettre des bornes à votre bonté pour nous.

Protégez-nous ! Car les temps sont bien mauvais, les jours bien malheureux, les dangers bien pressants, et voilà que toutes les vérités saintes sont diminuées parmi les enfants des hommes. Dans cette extrémité, nous avons recours à votre toute-puissante protection, dans la confiance que vous ne rejetterez pas nos prières, mais que vous nous protégerez dans tous nos dangers.

Et protégez la sainte Eglise ! La sainte Eglise si tourmentée, si éprouvée, si persécutée, si accablée, si écrasée, et qui devrait périr mille fois, si elle n’avait pour elle les promesses de celui qui a bien voulu se faire votre Fils. Mais, malgré ces promesses, elle n’en est pas moins trop opprimée. Protégez-la donc, tout-puissant saint Joseph, et sauvez-la de nos jours, comme vous l‘avez sauvée dans ses premiers jours et les anciens temps.

C’est dans ces sentiments que nous vous disons avec Pie IX indulgenciant cette invocation (50 jours pour les associés du Culte Perpétuel), avec tous les associés du Culte Perpétuel,avec tous vos fidèles serviteurs qui poussent vers vous ce cri de leur détresse et de leur confiance : « Bon Saint Joseph, protégez-nous et protégez la Sainte Eglise ! »

 

Extrait du « Mois de Saint Joseph ou Vie de Saint Joseph d’après Anne-Catherine Emmerich » par C.F. Fouet. Saint Dizier, Paris, 1872

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8 mars 2019

Le Mois de Saint Joseph

Le Mois de Saint Joseph

Avec la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich

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Neuvième jour

Départ pour Bethléem

 

Environ 4000 ans s’étaient écoulés depuis la création du monde, 2348 depuis le déluge, 1921 depuis la vocation d’Abraham,1491 depuis la loi de Dieu donnée sur le mont Sinaï, 1005 depuis la dédicace du temple de Salomon, 558 depuis la fin de la captivité de Babylone. On était entré dans la 63e semaine prédite par le prophète Daniel, dans la 194e Olympiade, selon la manière de compter des Grecs, dans la 752e année depuis la fondation de Rome, et l’Empire romain étendait sa domination sur toute la terre. C’est alors que César Auguste ordonna le dénombrement de tous ses habitants. Ce dénombrement fut fait pour la Judée par Cyrinus, gouverneur de Syrie, et l’on vit pendant plusieurs mois le pays parcouru en tous sens par toutes sortes de personnes qui allaient se faire inscrire dans les lieux dont elles étaient originaires.

Cependant la sainte Vierge était auprès de sa mère, sainte Anne, dont la maison était à peu près à une lieue de Nazareth, dans la vallée de Zabulon. Il n’était resté à la maison de Nazareth que la servante qui servait saint Joseph, tandis que Marie était chez sa mère. Du reste, tant qu’Anne vécut, ils n’eurent pas de ménage entièrement séparé ; mais ils recevaient toujours de celle-ci ce dont ils avaient besoin.

Depuis plusieurs semaines aussi, la sainte Vierge était occupée des préparatifs pour la naissance de Jésus-Christ : elle apprêtait des couvertures, des bandages et des langes. Son père Joachim ne vivait plus, et Anne s’était remariée, d’après l’ordre du ciel, à un homme qui avait un emploi dans le Temple, où il inspectait les victimes destinées aux sacrifices ; en dehors du Temple, il restait ordinairement auprès de ses troupeaux, où Anne lui envoyait sa nourriture : c’étaient des petits pains et des poissons qu'elle mettait dans un sac de peau divisé en plusieurs compartiments. Il y avait encore chez sainte Anne une petite fille, d’environ sept ans, qui était souvent près de la sainte Vierge, laquelle lui donnait des leçons. Ce devait être la fille de Marie de Cléophas, qui s’appelait aussi Marie.

C’était donc dans la maison d’Anne que la sainte Vierge passait le temps de sa grossesse, en compagnie de plusieurs autres femmes qui préparaient des effets et des couvertures pour ses couches. Anne avait des propriétés assez considérables en troupeaux et en pâturages. Elle fournissait abondamment la sainte Vierge de tout ce qui lui était nécessaire suivant son état. Comme elle croyait que Marie ferait ses couches chez elle, et que tous ses parents la visiteraient à cette occasion, elle faisait toute espèce de préparatifs pour la naissance de l’Enfant de la promesse. On apprêtait pour cela de belles couvertures et de beaux tapis.

Il y avait une couverture de ce genre, lors de la naissance de Jean, dans la maison d’Elisabeth. Elle était ornée de figures symboliques et de semences tracées à l’aiguille. Au milieu était une espèce d‘enveloppe dans laquelle l‘accouchée se plaçait de telle façon, que, quand les diverses parties de la couverture étaient assujetties autour d’elle avec des lacets et des boutons, elle était là comme un petit enfant dans son maillot, et pouvait facilement rester assise entre des coussins, pour recevoir les visites de ses amies, qui s’asseyaient auprès d’elle sur le bord du tapis.

On préparait aussi dans la maison d’Anne des objets de ce genre, outre des bandelettes et des langes pour l’enfant, dans lesquels on allait jusqu’à faufiler çà et là des fils d‘or et d’argent. Tous ces effets et ces couvertures n’étaient pas uniquement pour l’usage de l’accouchée ; il y avait beaucoup de choses destinées aux pauvres, auxquels on pensait toujours dans ces jours d‘allégresse. La sainte Vierge et d’autres femmes, assises par terre autour d‘un grand coffre, travaillaient à une grande couverture qui était placée sur ce coffre au milieu d’elles. Elles se servaient de petits bâtons où étaient attachés des fils de diverses couleurs. Sainte Anne était très affairée : elle allait ça et la pour prendre de la laine, la partager, et donner leur tâche à chacune des travailleuses.

Cependant Joseph était allé à Jérusalem, où il avait conduit des animaux pour le sacrifice. Il les avait laissés dans une petite hôtellerie située à un quart de lieue en avant de Jérusalem, du côté de Bethléem, et tenue par un vieux ménage sans enfants. C‘étaient des gens pieux, chez lesquels on pouvait loger en toute confiance. Joseph alla de là à Bethléem, mais il ne visita pas les parents qu'il y avait. Il voulait seulement prendre des informations relativement à un dénombrement ou à une levée d’impôts qui exigeaient que chacun comparût dans son lieu de naissance. Il ne se fit pourtant pas encore inscrire, car il avait l’intention, lorsque, le temps de la purification de Marie serait accompli, d‘aller avec elle de Nazareth au Temple de Jérusalem, et de là à Bethléem, où il voulait s’établir. On ne sait pas bien quel avantage il y trouvait, mais le séjour de Nazareth ne lui plaisait pas. C’est pour cela qu’il profita de l’occasion pour aller à Bethléem, où il prit des informations relativement à des pierres et à des bois de charpente, ayant toujours le projet d’y bâtir une maison. Il revint ensuite à l’hôtellerie voisine de Jérusalem, alla offrir son sacrifice au Temple, et se remit en route peur Nazareth.

Mais pendant la nuit, comme il traversait la plaine de Ghinim, à six lieues de Nazareth, un Ange lui apparut et lui enjoignit de partir avec Marie pour Bethléem, car c’était là qu’elle devait mettre son Enfant au monde. L’Ange lui prescrivit aussi ce qu’il devait prendre avec lui. Il devait emporter peu d’effets, et notamment aucune couverture brodée. Il devait aussi, outre l’âne sur lequel Marie monterait, emmener avec lui une ânesse d’un an qui n’avait pas encore eu de petits. Il devait la laisser courir en ‘liberté et suivre toujours le chemin qu’elle prendrait.

Ce soir, Anne se rendit a Nazareth avec la sainte Vierge ; elles savaient que Joseph arriverait. Elles ne paraissaient pourtant pas savoir que Marie irait à Bethléem ; elles croyaient qu’elle mettrait son Enfant au monde dans sa maison de Nazareth, où l’on porta plusieurs des objets qu’on avait préparés. empaquetés dans des nattes. Joseph arriva le soir à Nazareth.

Le lendemain, saint Joseph fit connaître à la sainte Vierge et à sainte Anne ce qui lui avait été dit la nuit précédente. Elles revinrent ensemble dans la maison d’Anne, et firent des préparatifs pour un prompt départ. Anne en était tout attristée. La sainte Vierge savait d’avance qu’elle devait enfanter son Fils à Bethléem, mais elle n’en avait rien dit par humilité. Elle le savait par les prophéties sur la naissance du Messie qu’elle conservait a Nazareth. Elle avait reçu ces écrits de ses maîtresses du Temple, et ces saintes femmes les lui avaient expliqués. Elle les lisait souvent et priait pour leur accomplissement. Ses ardents désirs invoquaient toujours la venue du Messie ; elle appelait toujours bienheureuse celle qui devait mettre au monde le saint Enfant, et désirait seulement pouvoir être la dernière de ses servantes ; elle ne pensait pas, dans son humilité, que cet honneur pût lui être destiné. Comme elle savait, par les textes des prophéties, que le Sauveur devait naître à Bethléem, elle se conforma avec d’autant plus de joie à la volonté divine, et se prépara à un voyage très pénible pour elle dans cette saison, car il faisait souvent un froid très vif dans les vallées, entre les chaînes des montagnes.

Ce même soir donc, Joseph et la sainte Vierge, accompagnés d’Anne, de Marie de Cléophas, et de quelques serviteurs, partirent de maison d’Anne. Marie était assise sur le bât d’un âne qui portait aussi son bagage. Joseph conduisait l’âne. Il y avait un second âne sur lequel sainte Anne devait revenir. Son mari était dans les champs lors du départ de la sainte compagnie.

 

Considération

Saint Joseph d’après Sainte Thérèse

 

Une des gloires de la mission providentielle de sainte Thérèse a été de propager le culte de saint Joseph dans toute l'Église. Par la page céleste qu'on va lire, et dans laquelle sa plume, séraphique a si bien exalté le saint Patriarche, l’illustre réformatrice du Carmel a comme ouvert la carrière aux pieux auteurs qui voudraient publier ses louanges, et donné le signal du culte qui devait lui être rendu. Aussi, depuis lors, que de livres publiés à la gloire de saint Joseph, et qui n’ont été qu’un pieux ou savant commentaire de ce qu’elle a écrit ! Que d‘hommages ont été adressés au glorieux Père nourricier de Jésus, de tous les points du monde catholique ! Et que de ferventes invocations sont sorties des lèvres de tous ceux qui se sont pressés autour de ses autels, et qui n’ont été, à le bien prendre, que l’éclosion des sentiments qu’elle avait fait naître dans tous les cœurs !

« Je pris, nous dit-elle dans sa Vie écrite par elle-même, ch. VI, pour avocat et pour protecteur le glorieux saint Joseph, et je me recommandai très instamment à lui. Ce tendre Père de mon âme, ce bien-aimé Protecteur m'a toujours exaucée au delà de mes prières et de mes espérances. Je ne me souviens pas de lui avoir jamais rien demandé jusqu’à ce jour qu’il ne me l’ait accordé. Quel tableau je mettrais sous les yeux, s’il m‘était donné de retracer les grâces insignes dont Dieu m’a comblée, et les dangers, tant de l’âme que du corps, dont il m’a délivrée par la médiation de ce bienheureux saint !

Le très-Haut donne seulement grâce aux autres Saints pour nous secourir dans tel ou tel besoin ; mais le glorieux saint Joseph, je le sais pas expérience, étend son pouvoir à tous, Notre Seigneur veut nous faire entendre par là que de même qu’il lui fut soumis sur cette terre d’exil, reconnaissant en lui l’autorité d’un père nourricier et d’un gouverneur, de même il se plaît encore à faire sa volonté dans le ciel, en exauçant toutes ses demandes. C’est ce qu’on vu comme moi, par expérience, d’autres personnes auxquelles j’avais conseillé de se recommander à cet incomparable Protecteur. Aussi le nombre des âmes qui l’honorent commence-t-il à être grand, et les heureux effets de sa médiation confirment de jour en jour la vérité des mes paroles.

Connaissant aujourd’hui par une si longue expérience l’étonnant crédit de saint Joseph auprès de Dieu, je voudrai persuader tout le monde de l’honorer d’un culte particulier. Jusqu’ici, j’ai toujours vu les personnes qui ont eu pour lui une dévotion vraie et soutenue par des œuvres faire des progrès dans la vertu ; car ce céleste Protecteur favorise d’une manière frappante l’avancement des âmes qui se recommandent à lui. Déjà, depuis plusieurs années, je lui demande, le jour de sa fête, une faveur particulière, et j’ai toujours vu mes désirs accomplis. Si, par quelque imperfection, ma demande s’écartait tant soit peu du but de la gloire divine, il la redressait admirablement, dans la vue de m’en faire tirer un plus grand bien.

Si j’avais autorité pour écrire, je goûterai un plaisir bien pur à raconter, dans un récit détaillé, les grâces dont tant de personnes sont comme moi redevables à ce grand Saint. Je me contente de conjurer, pour l’amour de Dieu, ceux qui ne me croiraient pas d’en faire l‘épreuve; ils verront par expérience combien il est avantageux de se recommander à ce glorieux Patriarche et de l‘honorer d’un culte particulier. Les personnes d’oraison surtout devraient toujours l’aimer avec une filiale tendresse. Je ne comprends pas comment on peut penser a la Reine des Anges et à tout ce qu’elle essuya de tribulations durant le bas âge du divin Enfant Jésus, sans remercier saint Joseph du dévouement si parfait avec lequel il vint au secours de l’un et de l'autre. Que celui qui ne trouve personne pour lui enseigner l’oraison choisisse cet admirable Saint pour maître, il n’aura pas à craindre de s’égarer sous sa conduite ».

Et fidèle à ses sentiments à l’égard de Saint Joseph, la bienheureuse avait recours à lui dans ses doutes, ses embarras, ses diverses nécessités. Elle lui dédia la plupart de ses fondations, les mit toutes sous sa garde, et plaça de ses mains à la porte d’entrée de tous ses monastères l’image de la Sainte Vierge et de Saint Joseph fuyant en Egypte. Elle voulut aussi que toutes les religieuses eussent une dévotion particulière envers le Saint Patriarche, et elle leur faisait réciter, croit-on, chaque jour, comme elle les récitait elle-même, les dernières paroles de la prière suivante.

 

Pratique

Litanies de Saint Joseph

 

Les Litanies sont une suite d’invocations que l’on adresse, soit à Dieu, à qui nous demandons,sa grâce en lui disant : « Ayez pitié de nous », « secourez-nous », « pardonnez-nous » ; soit aux Saints, à qui nous demandons seulement d‘intercéder pour nous auprès de Dieu, en leur disant : « Priez pour nous ». Nous ne disons pas autre chose, en effet, même à saint Joseph, même à la sainte Vierge, parce que, quelque puissants qu’ils, soient auprès de Dieu, toute leur bienveillance pour nous se borne à un pouvoir d’intercession, intercession, toutefois que l’on pourrait presque dire infaillible.

Dès 1601, le Souverain Pontife Sixte V attacha 200 jours d’Indulgence à la récitation des Litanies de la sainte Vierge, et Pie VII, en 1817, éleva cette Indulgence a 300 jours, en accordant de plus à ceux qui les réciteraient chaque jour une Indulgence plénière à gagner aux cinq Fêtes principales de la sainte Vierge.

Le 8 juin 1862, Pie IX, heureusement régnant, accorda, pour leurs diocèses respectifs, aux Evêques qui le lui demandèrent, 300 jours d’Indulgence à la récitation des Litanies du saint Nom de Jésus.

Le Saint Siège n‘a point attaché, jusqu’à présent, d'Indulgence aux Litanies de saint Joseph ; mais divers Evêques ont enrichi d’une Indulgence de 40 jours celles qu‘ils ont approuvées pour leurs propres Diocèses, et Mgr l’Evêque de Namur a même approuvé une Octave de ces Litanies appliquées a chaque jour de la semaine.

 

Retrouvez le texte des Litanies de Saint Joseph en cliquant ICI

 

Prière

Tirée de Sainte Thérèse

 

Mon bien-aimé Protecteur, que je vous remercie des grâces insignes dont Dieu m'a comblée, et des dangers, tant de l’âme que du corps, dont il m’a délivrée par votre toute-puissante médiation. Je ne me souviens pas, en effet, de vous avoir jamais rien demandé que vous ne me l’ayez obtenu de Dieu ; mais ce dont je me souviens, c’est que vous m’avez toujours exaucée au delà de mes prières et de mes espérances. M’appuyant donc sur la longue expérience que j’ai faite de votre étonnant crédit auprès de Dieu, soit par moi-même, soit par ceux à qui j‘ai conseillé de recourir à votre incomparable protection, je m‘adresse encore à vous en ce moment, dans la pleine confiance que vous ne me refuserez pas les nouvelles grâces que je viens vous demander.

Et vous, Dieu très bon et tout-puissant, qui, dans votre providence, avez destiné le juste saint Joseph pour Epoux à la Vierge Marie, votre Mère, en en faisant votre Père nourricier, daignez, en considération de ses prières et de ses mérites, accorder le calme et la paix à votre Eglise, et nous faire parvenir nous-mêmes à cette glorieuse éternité où vous vivez et régnez avec le Père et le Saint Esprit dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

 

Extrait du « Mois de Saint Joseph ou Vie de Saint Joseph d’après Anne-Catherine Emmerich » par C.F. Fouet. Saint Dizier, Paris, 1872

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7 mars 2019

Le Mois de Saint Joseph

Le Mois de Saint Joseph

Avec la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich

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Huitième jour

Doute de saint Joseph

 

Saint Joseph avait donc laissé Marie à Jutta, où elle resta jusqu’à la naissance de Jean-Baptiste. C’est alors trois mois qu‘elle demeura auprès de sa cousine Elisabeth, qu‘elle ne voulut quitter qu‘après la naissance de son Fils, mais avant sa circoncision. Joseph vint à sa rencontre jusqu’à moitié chemin, probablement jusqu'à Dothan, où, en allant chez Elisabeth, ils s’étaient arrêtés chez un ami du père de Joseph«Vraisemblablement aussi, elle fut accompagnée jusque-là par des parents de Zacharie ou par des amis de Nazareth qui se trouvaient avoir le même voyage à faire.

Mais Joseph, en revenant à Nazareth avec Marie, s’aperçut qu'elle était enceinte. Il fut alors assailli par toutes sortes d’inquiétudes et de doutes, car il ne connaissait pas l’ambassade de l’Ange près de Marie. Aussitôt après son mariage, il était allé à Bethléem pour quelques affaires de famille ; Marie, pendant ce temps, s’était rendue à Nazareth avec ses parents et quelques compagnes. La Salutation angélique avait eu lieu avant le retour de Joseph à Nazareth. Marie, dans Sa timide humilité, avait gardé pour elle le secret de Dieu.

Joseph, plein de trouble et d’inquiétude, n’en faisait rien connaître au dehors, mais luttait en silence contre ses doutes. La sainte Vierge, qui avait prévu cela d’avance, était grave et pensive. Ce qui augmentait encore l’anxiété de Joseph.

Quand ils furent arrivés à Nazareth, la sainte Vierge n’alla pas tout de suite dans, sa maison avec saint Joseph, et demeura deux jours dans une famille alliée à la sienne. C‘étaient les parents du disciple Parménas, qui alors n’était pas né, et qui fut plus tard l’un des sept diacres dans la première communauté des chrétiens à Jérusalem.

Ces gens étaient alliés à la sainte famille : la mère était sœur du troisième époux de Marie de Cléophas, qui fut le père de Siméon, évêque de Jérusalem. Ils avaient une maison et un jardin à Nazareth ; ils étaient aussi alliés à la sainte famille, du côté d’Elisabeth. La sainte Vierge resta quelque temps chez eux avant de revenir dans la maison de Joseph : mais l’inquiétude de celui-ci augmentait à tel point, que, lorsque Marie voulut revenir auprès de lui, il forma le projet de la quitter et de s’enfuir secrètement Pendant qu‘il roulait ce dessein dans son esprit, un Ange lui apparut en songe et le consola, en lui disant:  « Joseph, fils de David, ne craignez point de retenir Marie votre épouse, car ce qui est né en elle est l’œuvre du Saint Esprit. Elle enfantera un Fils, et vous lui donnerez le nom de Jésus, parce que c’est lui qui rachètera son peuple de ses péchés ».

Joseph, à son réveil, fit Ce que l’Ange lui avait ordonné, et ne pensa plus quitter Marie, son épouse.

 

Considération

Saint Joseph d’après Isidore des Iles

 

Isidore d’Isolanis, ou des Iles, que l’on peut appeler le prophète de Saint Joseph, et qui fut au XVIe siècle l’une des illustration du saint et savant Ordre de Saint Dominique, écrivit dès cette époque un ouvrage spécial et considérable sur le Saint Patriarche. Il l’intitula la Somme des Dons de saint Joseph, et le dédia à Adrien VI, en des termes que nous aimons à reproduire, parce qu’ils conviennent, sous beaucoup de rapport, à notre temps et notre immortel Pie IX :

« Très Saint Père, disait-il, l’Italie attendait votre avènement au milieu des larmes. Secouée par les orages des factions, inondée du sang des fidèles, pleurant ses citoyens exilés, gémissant à la vie des maisons monastiques spoliées, affligée de la dispersion des Religieux réduits à la mendicité, elle vous supplie de jeter d’en haut un regard sur tant de maux, et elle désire ardemment de contempler la sainteté, la prudence, la piété et la sagesse de votre pontificat ; car c’est son avènement qui changera en joie notre tristesse.

« Nous y voyons la puissance de Dieu accompagner votre venue, et la sainteté de vos vertus couvrir la terre comme d’une nuée ; mais en même temps, ce n’est pas légèrement que je crois que la paix sera rendue à l’Italie par les saintes prières à Saint Joseph. Je vous supplie donc instamment, très saint père de la société humaine, Abraham par la foi, Moïse par la direction, David par l’onction, Pierre par l’autorité, d’ordonner que, par votre empire, votre commandement et votre loi, l’Église universelle célèbre en l’honneur de Saint Joseph des jours de fête annuels, solennels, joyeux, avec une observance exacte, un profond respect et une vénération apostolique. Par ces grands honneurs, l’empire de l’Église militante recevra une grande puissance d’en-haut ; et quand elle aura recouvré la paix, elle pourra répandre l’eau du Saint Baptême sur les nations barbares et prêcher à tous les peuples le nom du Christ. Par les prières aussi de l’Epoux de la Reine des Cieux, de celui qui a reçu le nom divin, la belle Asie, abandonnant Mahomet, pourra se courber sous votre sceptre, et Jérusalem le vénérer, elle qui a crucifié Jésus notre Seigneur, ce Maître qui a fait trembler dans le Ciel l’armée des Anges devant sa divinité… »

Mais dans l’accomplissement de cette prévision du pieux enfant de Saint Dominique, qu’il n’a pas été donné à Adrien VI et à ses successeurs de pouvoir réaliser, n’a-t-il point été réservé à notre grand Pie IX, qui semble appelé à faire tout ce que l’on peut faire pour la gloire de saint Joseph ? C’est lui, assurément, qu’il a entrevu dans ces paroles que nous trouvons dans le corps de l’ouvrage :

« Le Saint Esprit, dit-il, ne cessera point d’agir sur les cœurs des fidèles jusqu’à ce que l’Eglise universelle honore avec transport le divin Joseph d’une vénération nouvelle, fonde des monastères, érige des églises et des autels en son honneur, multiplie ses fêtes et les fasse célébrer plus solennellement. Le Seigneur enverra sa lumière jusque dans le plus intime des intelligences et des cœurs. De grands hommes scruteront les dons intérieurs de Dieu cachés en saint Joseph, et ils trouveront en lui un trésor d‘un ineffable prix, tel qu’ils n'en ont point trouvé et qu’ils n’en trouveront point dans les Saints ni de l‘ancienne ni de la nouvelle alliance. Bénissez donc, ô peuples, saint Joseph, afin que vous soyez remplis de bénédictions ; car quiconque le bénira sera rempli des plus abondantes bénédictions.

Oui, Jésus Christ, pour la gloire de son propre nom, a destiné saint Joseph à être le Patron particulier et principal de tout l’empire de l’Eglise militante. C’est pourquoi, avant le jour du jugement, tous les peuples connaîtront, vénéreront et adoreront le nom du Seigneur et les dons magnifiques que Dieu a faits à saint Joseph, dons qu’il a voulu laisser presque cachés pendant une longue suite de temps.

La Fête de saint Joseph sera donc un jour célébrée comme une fête principale et vénérable. Le Vicaire de Jésus Christ sur la terre, obéissant à l’impulsion du Saint Esprit, commandera que la Fête du Père adoptif du Christ, de l'Epoux de la Reine du monde, de l’homme très-éminent en sainteté, soit célébrée dans toutes les contrées de l’Eglise militante, orthodoxe et catholique. Et ainsi celui qui dans le ciel a toujours été au premier rang, ne sera point à un rang inférieur sur la terre ».

Et nous, que penserons-nous de ces paroles, après le décret de Pie IX en date du 8 décembre 1870, lequel confère à saint Joseph le titre de Patron de l’Église catholique, et ordonne que sa Fête sera désormais célébrée sous le rite double de première classe ? Qu’en penserons-nous encore après son décret du 7 juillet dernier, qui décerne à saint Joseph, dans le Culte public ecclésiastique, toutes et chacune des prérogatives qui sont particulières aux saints patrons ? N’est-il pas incontestablement le Pontife annoncé et attendu par les Saints comme devant mettre le Comble à la gloire sur terre de saint Joseph ? Que Dieu lui donne d’accomplir toutes ses destinées, que Marie le sauve, que Joseph le délivre de tous ses ennemis !

 

Pratique

Saint Nom de Joseph

 

Après les très Saints Noms de Jésus et de Marie, il n’est pas de nom plus digne de nos louanges que celui de Joseph. Aussi de pieux fidèles ont voulu honorer notre glorieux Patriarche par la récitation de cinq Psaumes dont les lettres initiales composent ce sainte nom. Ce sont les Psaumes Jubilate Deo… servite ; Omnes gentes ; Soepè expugnaverunt ; Exultate Deo et fundamenta, auxquels ont ajoute une Hymne commençant par ces mots : Dei qui gratiam, avec les verset et oraison convenable.

L’Église a tellement approuvé cette pratique, que le Souverain Pontife Pie VII, en 1809, a attaché à la récitation en latin de ces Psaumes, Hymne, Verset et Oraison, une Indulgence de sept ans et sept quarantaines chaque fois, et une indulgence plénière une fois le mois, quand ont les récite tous les jours. En 1815, le même souverain Pontife a concédé cette Indulgence plénière pour le 3e Dimanche après Pâques, si on les récite souvent dans le cours de l’année.

L’on pourrait aussi réciter six Gloria Patri, mais sans gagner d’indulgence, en l’honneur des six lettres qui forment le nom de Joseph.

En 1804, Pie VII avait aussi accordé l’Indulgence d’un an à chaque fois que l’on réciterait l’Hymne Quicumque sanus vivere.

 

Retrouvez le texte de ces Psaumes en cliquant ICI

 

Invocations

Jésus, Marie, Joseph

 

Jésus, Fils éternel de Dieu le Père, et dans le temps, de Marie et de Joseph ; Marie , douce Mère de Jésus et des hommes; Joseph, Père de Jésus et le nôtre, je vous offre, après Dieu, mon cœur et toutes ses affections, mon esprit et toutes ses facultés, ma vie, son passé, son présent, son avenir et sa fin. Elle s’avance, cette vie, et je pressens déjà cette fin. ô Jésus, recevant le dernier soupir de Joseph ; Marie, lui rendant les derniers devoirs ; Joseph, expirant entre les bras de Jésus et de Marie, assistez-moi toujours, mais surtout à l’heure de la mort, en ce moment redoutable de l’agonie, où j’aurai a faire le grand passage du temps à l’éternité. Puissé-je le faire en votre sainte compagnie !

C’est l’unique grâce que je vous demande en ce moment, afin qu'après vous être resté uni pendant la vie, je puisse, sous vos auspices, m’endormir dans la paix du Seigneur et la confiance d’une bonne et sainte mort. C’est dans ces sentiments et pour gagner, avec tous vos fidèles serviteurs, les Indulgences que Pie VII y a attachées (400 jours à chaque invocation que l’on peut séparer), que je ne cesserai de vous adresser les précieuses invocations :

 

Jésus, Marie, Joseph, je vous donne mon cœur, mon esprit et ma vie,

Jésus, Marie, Joseph, assistez-moi toujours, surtout à l’agonie,

Jésus, Marie, Joseph, donnez-moi de mourir en votre compagnie.

 

Extrait du « Mois de Saint Joseph ou Vie de Saint Joseph d’après Anne-Catherine Emmerich » par C.F. Fouet. Saint Dizier, Paris, 1872

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6 mars 2019

Le Mois de Saint Joseph

Le Mois de Saint Joseph

Avec la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich

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Septième jour

La Visitation

 

Quelques jours après l’Annonciation de l’Ange à Marie, saint Joseph revint à Nazareth et fit certains arrangements dans la maison pour pouvoir exercer son métier ; car il n‘avait pas encore été à demeure à Nazareth, où il avait passé à peine deux jours. Il ne savait rien de l’Incarnation de Dieu dans Marie. Elle était la Mère du Seigneur, mais elle était aussi sa servante et gardait humblement son secret. La sainte Vierge, lorsqu’elle sentit que le Verbe s‘était fait chair en elle, éprouva un grand désir d’aller tout de suite à Jutta, près d’Hébron, visiter sa cousine Elisabeth, que l’Ange lui avait dit être enceinte depuis six mois. Comme on approchait du temps où Joseph devait se rendre à Jérusalem pour la Fête de Pâques, elle désira l’accompagner pour aller assister Elisabeth pendant sa grossesse. Joseph se mit donc en route pour Jutta avec la sainte Vierge.

Leur route se dirigeait vers le midi. Ils avaient avec eux un âne sur lequel Marie montait de temps en temps ; il portait quelques effets, entre autres un sac appartenant à Joseph, où se trouvait une longue robe brune de la sainte Vierge avec une espèce de capuchon. On l’attacha sur le cou de l’âne. Marie mettait cet habit quand elle allait au Temple ou a la synagogue. En voyage elle portait une tunique de laine brune, une robe grise avec une ceinture par-dessus, et une coiffe tirant sur le jaune.

Ils voyageaient assez vite. Ils traversèrent d’abord la plaine d’Esdrelon, dans la direction du midi, puis gravirent une hauteur pour entrer dans la ville de Dothan, où ils s’arrêtèrent chez un ami du père de Joseph. C’était un homme assez riche, originaire de Bethléem. Le père de Joseph l’appelait son frère, quoiqu’il ne le fût pas, mais il descendait de David par un homme qui était aussi roi, et qui s’appelait Ela, ou Eldoa, ou Eldad. Cet endroit était très commerçant.

Une fois ils passèrent la nuit sous un hangar; puis, comme ils étaient encore à douze lieues de la demeure de Zacharie, ils s’arrêtèrent un soir dans un bois sous une cabane de branchages, toute recouverte de feuillage vert avec de belles fleurs blanches. On trouve souvent dans ce pays, au bord de ces routes, des cabanes de verdure ou même des bâtiments plus solides dans lesquels les voyageurs peuvent passer la nuit ou Se rafraîchir et apprêter les aliments qu’ils ont avec eux. Une famille du voisinage a la surveillance de plusieurs abris de ce genre et fournit plusieurs choses nécessaires, moyennant une modique rétribution.

De Jérusalem ils n’allèrent pas tout droit à Jutta, mais ils firent un détour vers le levant pour voyager plus solitairement. Ils contournèrent une petite ville à deux lieues d‘Emmaüs, et prirent alors des chemins que Jésus suivit souvent pendant ses années de prédication. Ils eurent ensuite deux montagnes à franchir, entre lesquelles on les vit une fois se reposer, manger du pain et mêler dans leur eau des gouttes de baume qu’ils avaient recueilli pendant le voyage. Le pays ici était très montagneux. Ils passèrent devant des rochers qui étaient plus larges par le haut que par le bas ; on voyait aussi là de grandes cavernes dans lesquelles étaient toutes sortes de pierres singulières. Les vallées étaient très fertiles.

Leur chemin les conduisit encore a travers des bois, des landes, des prés et des champs, dans lesquels se faisait remarquer particulièrement une plante qui avait de jolies petites feuilles vertes et des grappes de fleurs, formées de neuf clochettes roses fermées.

La maison de Zacharie était sur une colline isolée. Il y avait à l‘entour des groupes de maisons. Un ruisseau assez fort descendait de la montagne.

Ce devait être le moment où Zacharie revenait chez lui de Jérusalem après les Fêtes de Pâques,et Elisabeth, poussée par un désir inquiet, s’en alla assez loin de sa maison sur la route de Jérusalem. Zacharie fut bien étonné, et effrayé de la rencontrer à une si grande distance de chez elle dans la position où elle se trouvait. Elle lui dit qu’elle avait le coeur très agité et qu'elle était poursuivie par la pensée que sa cousine Marie de Nazareth venait la voir. Zacharie chercha à lui faire perdre cette idée ; il lui fit entendre par signes, et en écrivant sur une tablette, combien, il était peu vraisemblable qu’une nouvelle mariée entreprit en ce moment un si grand voyage. Ils revinrent ensemble à la maison.

Elisabeth ne pouvait renoncer à son espérance, car elle avait appris en songe qu’une femme de son sang était devenue la Mère du Messie promis. Elle avait pensé alors à Marie, avait conçu un ardent désir de la voir, et l’avait vue en esprit venant vers elle. Elle avait préparé dans sa maison, a droite de l‘entrée, une petite chambre avec des sièges. C’était là qu’elle était assise le lendemain, toujours dans l'attente, et regardant si Marie arrivait. Bientôt elle se leva, et s‘en alla sur la route au-devant d'elle.

Elisabeth était une femme âgée, de grande taille ; elle avait le visage petit et de jolis traits ; sa tête était enveloppée. Elle ne connaissait la sainte Vierge que de réputation. Marie, la voyant de loin, connut que c‘était elle, et s’en alla en toute hâte à sa rencontre, précédant saint Joseph, qui discrètement resta en arrière. Marie fut bientôt parmi les maisons voisines dont les habitants, frappés de sa merveilleuse beauté, et émus d’une certaine dignité surnaturelle qui était dans toute ; sa personne, se retirèrent respectueusement quand elle rencontra. Elisabeth. Elles se saluèrent amicalement en se tendant la main. En ce moment parut un point lumineux dans la sainte Vierge, et comme un rayon de lumière qui partait de là vers Elisabeth, et dont celle-ci reçut une impression merveilleuse. Elles ne s‘arrêtèrent pas en présence des hommes; mais, se tenant par le bras, elles gagnèrent la maison par la cour placée en avant : à la porte de la maison, Elisabeth souhaita encore la bienvenue à Marie, et elles entrèrent.

Joseph, qui conduisait l’âne, arriva dans la cour, remit l’animal a un serviteur et alla chercher Zacharie, dans une salle ouverte sur le côté de la maison. Il salua avec beaucoup d’humilité le vieux prêtre ; Celui-ci l’embrassa cordialement et s’entretint avec lui au moyen de la tablette sur laquelle il écrivait, car il était muet depuis que l’Ange lui avait apparu dans le Temple.

Marie et Elisabeth, entrées par la porte de la maison, se trouvèrent dans une salle qui me parut servir de cuisine. Ici elles se prirent par le bras. Marie salua Elisabeth très amicalement, et elles appuyèrent leurs joues l’une contre l’autre. Alors quelque chose de lumineux rayonna de Marie jusque dans l’intérieur d’Elisabeth ; celle-ci en fut tout illuminée, son cœur fut agité d’une sainte allégresse et profondément ému. Elle se retira un peu en arrière en élevant la main, et pleine d’humilité, de joie et d’enthousiasme, elle s’écria : « Vous êtes bénie entre toutes les femmes, et le fruit de vos entrailles est béni. D’où me vient ce bonheur que la Mère de mon Seigneur vienne à moi ? Voici qu’aussitôt que la voix de votre salutation est parvenue à mes oreilles, l’enfant que je porte a tressailli de joie dans mon sein. Vous êtes heureuse d’avoir cru : ce qui vous a été dit par le Seigneur s’accomplira ».

Après ces dernières paroles, elle conduisit Marie dans la petite chambre préparée pour elle, afin qu’elle pût s‘asseoir et se reposer des fatigues de son voyage. Il n’y avait que deux pas à faire jusque là. Mais Marie quitta le bras d’Elisabeth qu’elle avait pris, croisa ses mains sur sa poitrine, et commença son admirable cantique. Et Elisabeth répétait tout le Magnificat avec un semblable mouvement d’inspiration. Après quoi elles s’assirent sur des sièges très-bas. Il y avait sur une petite table, peu élevée aussi, un petit verre placé devant elles.

Dans l’après-midi du même jour, Joseph et Zacharie restèrent ensemble, s’entretenant de la venue prochaine du Messie et de l‘accomplissement des prophéties. Zacharie était un grand et beau vieillard habillé en prêtre ; il répondait toujours par signes ou en écrivant sur une tablette. Ils s‘assirent sur le côté de la maison dans une salle ouverte qui avait vue sur le jardin. Marie et Elisabeth étaient aussi assises dans le jardin, sur un tapis, sans un grand arbre, derrière lequel était une fontaine d’où l’eau sortait quand on retirait un fosset. Il y avait tout autour du gazon, des fleurs et des arbres avec de petites prunes jaunes. Elles mangèrent ensemble des fruits et de petits pains tirés de la besace de Joseph. Quelle simplicité et quelle frugalité touchante ! Il y avait dans la maison deux servantes et deux serviteurs, qui allaient et venaient. Ils apprêtèrent sous un arbre une table avec des aliments. Zacharie et Joseph vinrent et mangèrent quelque chose. Joseph voulait revenir tout de suite à Nazareth ; mais il restera huit jours. Il ne sait rien de l’état de grossesse de la sainte Vierge. Marie et Elisabeth se taisaient la-dessus. Il y avait dans leur intérieur comme une entente secrète et profonde de l’une à l’autre.

Plusieurs fois le jour, spécialement avant les repas, quand tous étaient ensemble, les saintes femmes disaient des espèces de litanies. Joseph priait avec elles, et l’on vit ensuite apparaître une croix entre elles. Il n'y avait pourtant pas encore de croix : c’étaient comme si deux croix se fussent visitées.

Le soir enfin ils mangèrent tous ensemble, et restèrent assis jusque vers minuit, près d’une lampe, sous l’arbre du jardin. Puis Joseph et Zacharie se retirèrent seuls dans un oratoire, tandis que Marie et Elisabeth étaient dans leur petite chambre. Elles se tenaient debout, vis-à-vis l'une de l’autre, comme ravies en extase, et disaient ensemble le Magnificat.

Le lendemain, Zacharie conduisit saint Joseph dans un autre jardin séparé de la maison. Zacharie était en toutes choses plein d’ordre et de ponctualité. Ce jardin était abondant en beaux arbres et produisait des fruits de toute espèce ; il était très bien tenu ; il était traversé par une allée en berceau, sous laquelle on était à l’ombre ; à l’extrémité du jardin, se trouvait cachée une petite maison de plaisance dont la porte était sur le côté. Dans le haut de cette maison, étaient des ouvertures fermées avec des châssis ; il s’y trouvait un lit de repos en nattes, recouvert de mousse ou d’autres herbes. Il y avait aussi là deux figures blanches de la grandeur d’un enfant, qui paraissaient ressembler à Zacharie et à Elisabeth, seulement beaucoup plus jeunes.

Cependant, Marie et Elisabeth s’occupaient de concert dans la maison. La sainte Vierge prenait part à tous les soins du ménage ; elle préparait toute sorte d’effets peur l‘enfant qu’on attendait. Elles travaillaient ensemble ; elles tricotaient une grande couverture pour le lit d’Elisabeth lorsqu’elle serait accouchée. Les femmes juives se servaient de couvertures de ce genre : il y avait au milieu une espèce de poche, disposée de façon que l‘accouchée pût s’envelopper tout entière avec son enfant ; elle s’emmaillotait là-dedans, soutenue par des coussins, et pouvait à volonté se mettre sur son séant ou rester couchée. Sur le bord de cette couverture étaient des fleurs et des sentences brodées à l’aiguille. Marie et Elisabeth préparaient aussi toutes sortes d’objets qui devaient être donnés aux pauvres à la naissance de l’enfant.

Pour sainte Anne, pendant l‘absence de la sainte famille, elle envoya souvent sa servante dans la maison de Nazareth pour voir si tout y était en ordre ; elle y alla aussi une fois elle-même.

Le surlendemain, Zacharie est allé avec Joseph se promener dans les champs. Sa maison est isolée sur une colline : c’est la plus belle maison qu’il y ait dans la contrée ; d’autres sont dispersées tout autour. Marie, qui est un peu fatiguée, est restée seule avec Elisabeth à la maison.

La nuit suivante, Zacharie et Joseph la passèrent dans le jardin situé à quelque distance de la maison, tantôt dormant dans la petite maison qui est là, tantôt priant en plein air. Au point du jour, ils reviennent à la maison de Zacharie, que n’avaient point quittée Elisabeth et la sainte Vierge. Tous les matins et tous les soirs, elles répétaient ensemble le cantique Magnificat, dicté par le Saint Esprit à Marie après la salutation d’Elisabeth.

Le jour suivant, Elisabeth et la sainte Vierge se rendirent elles-mêmes au jardin éloigné de la maison de Zacharie. Elles avaient des fruits et des petits pains dans des corbeilles, et voulaient passer la nuit dans cet endroit. Quand Joseph et Zacharie y vinrent plus tard, la sainte Vierge alla à leur rencontre. Zacharie avait sa petite tablette, mais il faisait trop sombre pour qu'il pût écrire, et Marie, poussée intérieurement par le Saint Esprit, lui dit qu’il parlerait bientôt, et qu’il pouvait laisser la sa tablette, parce qu’il serait bientôt en état de s’entretenir avec Joseph et de prier avec lui.

Puis les quatre saints personnages passèrent la nuit dans le jardin : ils s’assirent et mangèrent un peu, marchèrent ensuite deux à deux, s’entretenant ou priant, et entrèrent alternativement dans la petite maison pour y prendre du repos. Après le sabbat, Joseph doit retourner à Nazareth, et Zacharie l’accompagnent à quelque distance. Il faisait ce jour-là un magnifique clair de lune et le ciel était très pur..

La nuit d’avant le sabbat, la sainte Vierge reposa dans sa petite chambre, étendue sur le côté et la tête appuyée sur le bras ; elle était enveloppée dans une pièce d‘étoffe blanche, depuis la fête jusqu’aux pieds. Cependant, sous son cœur, brillait une gloire lumineuse en forme de poire qu’entourait une petite flamme d’un état indescriptible. Dans Elisabeth brillait une gloire moins éclatante, mais plus grande et d’une forme circulaire : la lumière qu’elle répandait était moins vive.

Mais le sabbat était commencé, et on le célèbre dans une chambre particulière de la maison de Zacharie, que l’on éclaira avec une lampe allumée exprès. Zacharie, Joseph et six autres hommes, qui étaient probablement des gens de l‘endroit, priaient debout sous la lampe autour d'un coffre sur lequel étaient des rouleaux écrits. Ils avaient des linges qui pendaient par dessus la tête, mais ne faisaient pas, en priant, toutes les contorsions que font les juifs actuels, quoique souvent ils baissassent la tête et levassent les bras en l’air. Marie, Elisabeth et deux autres femmes se tenaient à part derrière une cloison grillée, d’où elles voyaient dans l'oratoire; elles étaient tout enveloppées jusque par-dessus la tête dans des manteaux de prière.

Pendant toute la journée du sabbat, Zacharie resta avec le même habit qu‘il avait mis au commencement du sabbat. Il avait une longue robe blanche avec des manches qui n’étaient pas très larges ; il portait une large ceinturé qui faisait plusieurs tours, et sur laquelle il y avait des lettres. A cette robe était attaché une espèce de capuchon, qui pendait en plis sur les épaules comme un voile rejeté en arrière. Quand, dans la journée du samedi, il faisait quelque chose on allait quelque part, il relevait cette robe par dessus une épaule ; il l’attachait de l’autre côté, sous le bras, à l‘aide de la ceinture. Il montra ce jour-là à Joseph son manteau de prêtre, qui était très beau. Il était très lourd, de couleur blanche et pourpre, et attaché sur la poitrine par trois fermoirs.

Le soir, le sabbat étant fini, ils mangèrent de nouveau. Ils prirent leur repas ensemble dans le jardin près de la maison. Ils mangèrent des feuilles vertes qu’ils trempaient dans une sauce. Il y avait aussi sur la table des assiettes avec de petits fruits, et d’autres plats, où était, sans doute, du miel, qu’ils prenaient avec des espèces de spatules en corne.

Plus tard, au clair de la lune, par une belle nuit étoilée, Joseph se mit en voyage, accompagné de Zacharie. Joseph avait avec lui un petit paquet où étaient des pains et une petite cruche, et un bâton recourbé par en haut. Ils avaient tous deux des manteaux de voyage qui recouvraient la tête. Les deux femmes les accompagnèrent a une petite distance, et s‘en revinrent seules par une nuit d’une beauté remarquable.

Marie et Elisabeth rentrèrent a la maison dans la chambre de Marie. Il y avait là une lampe allumée, selon ce qui se faisait toujours lorsqu’elle priait et allait se coucher. Les deux femmes se tinrent vis-à-vis l’une de l’autre, et récitèrent le Magnificat.

Cependant Joseph continua sa route et rentra à Nazareth. Il ne parait pas qu’il ait été à Jérusalem, mais il semble s’être rendu directement chez lui. La servante d’Anne prend soin de son ménage, et va et vient d‘une maison à l’autre. A cela près, Joseph resta seul.

A Jutta, Zacharie est aussi de retour, et Marie et Elisabeth y partagent leur temps entre la prière et les différents travaux de la maison. Vers le soir, elles se promènent dans le jardin, où il y avait une fontaine, ce qui n’est pas commun dans le pays. Elles allaient souvent aussi, dans la soirée, quand la chaleur était passée, se promener dans les environs, car ta maison de Zacharie était isolée et entourée de champs. Ordinairement elles se couchaient vers neuf heures, et se levaient toujours avant le soleil.

 

Considération

Saint Joseph d’après saint Bernardin de Sienne

 

Saint Bernardin, dit de Sienne, parce que, né près de cette ville, il en fit son séjour habituel, fut la lumière, comme l’avait prédit de lui saint Vincent Ferrier, et le restaurateur de l’ordre de Saint François, et l’un des plus saints et des plus illustres prédicateurs de son temps. Il nous a laissé sur saint Joseph un Sermon, dont nous donnons ici l'abrégé.

« Quand Dieu appelle, dit-il, un homme à quelque dignité ou a quelque sublime ministère, il le dote avec munificence de toutes les qualités nécessaires pour accomplir dignement la mission qu’il lui impose. C’est une loi générale de l’économie de sa grâce, qu'il a très particulièrement suivie à l’égard de saint Joseph. L’ayant choisi de toute éternité pour être le Père nourricier de Notre Seigneur Jésus Christ et le digne Epoux de la Reine des Anges, il l’a enrichi, avec une libéralité toute divine, de la sainteté et des vertus requises pour une si haute dignité et un si sublime ministère.

La première grâce que Dieu a donnée à Joseph est celle que demandait le titre d’Epoux de la Vierge et le privilège de vivre dans sa société. Mais pour qu’il fût à la hauteur de cette dignité, le Saint Esprit pouvait il ne pas lui donner une âme souverainement ressemblante à celle de Marie pour l’opération des vertus ? Aussi est-il incontestable que saint Joseph a été très pur dans sa virginité, très profond dans son humilité, très ardent dans sa charité, très parfait dans sa sollicitude pour la Vierge son épouse, qui n’a pas peu contribué, du reste, à le rendre encore plus parfait par le contact journalier dans lequel il vécut si longtemps avec elle.

La seconde grâce que Dieu, accorda à saint Joseph fut celle que demandait son titre de Père nourricier du Sauveur, dans la société duquel il devait vivre pendant de longues années. Ce fut avec une libéralité toute divine que le Très-Haut répandit Cette grâce dans son âme, et Joseph la révéla au dehors par la pureté surangélique avec laquelle il traita la personne de l’Homme-Dieu, par la fidélité avec laquelle il le servit, et enfin par l’amour dont il l’aima.

Quelle ne fut pas, en effet,la pureté d’esprit, d’âme, de cœur et de corps, avec laquelle saint Joseph traita le Verbe incarné dans les rapports si intimes, si immédiats, si assidus, qu’il eut avec lui, durant les trente ans qu’il passa en sa compagnie, ne se séparant jamais ni du Fils ni de la Mère, mais les entourant constamment de ses soins, soit dans leur maisonnette de Nazareth, soit en Egypte, soit dans leurs diverses pérégrinations !

Quelle ne fut pas encore la fidélité avec laquelle il servit le Verbe incarné, voyant sans cesse le Verbe dans le Christ enfant, grandissant, homme fait, et ne sortant jamais de l’indicible étonnement que lui causait la pensée que le Fils de Dieu avait daigné se faire son fils, et l’avait choisi pour le nourrir, le porter, le gouverner, veiller à toutes les nécessités de sa vie, et le soustraire à la haine de ses persécuteurs !

Enfin, quelle ne fut pas l'ardente charité qu’il lui voua et lui témoigna, quand, comme un père, il tenait le divin Enfant dans ses bras, il lui apprenait à parler, il lui apprenait à marcher, il échangeait avec lui d'aimantes caresses et de ces si amoureux embrassements auxquels un tel père pouvait se livrer avec un tel fils ! Et ce fils, soit enfant, soit adulte, ne lui fit-il pas savourer d‘indicibles délices, en lui imprimant au cœur d’ineffables sentiments de sa divinité ? La grâce de l’Enfant-Dieu agissait sur l’âme de Joseph par toutes les voies extérieures, par son regard, par son filial sourire, par ses paroles, par ses divines caresses.

La troisième grâce enfin que Dieu accorda à Joseph est celle d‘une mission spéciale dans son Eglise. Car si toute l’Eglise est redevable à la Vierge-Mère parce qu’elle lui a donné le Christ ; certes, c’est à Joseph, après la Vierge, qu’elle doit le plus de reconnaissance et de vénération, puisque l’on peut dire qu’après Dieu, c’est de lui que nous tenons Jésus et Marie.

Et maintenant, si nous passons à l’époque et aux circonstances de sa mort, comme il n’est pas douteux qu’elle arriva avant le baptême de Notre Seigneur, qui pourrait dire les encouragements, les consolations, les promesses, les illustrations intérieures, les sentiments embrasés, les révélations des biens éternels qu’il reçut, à ses derniers moments, de sa très sainte Epou se et du très doux Fils de Dieu, Jésus !

Je le laisse à contempler et à méditer aux âmes pieuses, et, élevant mes pensées au ciel, j’y découvre le faite de la gloire de Joseph. On ne peut douter, en effet, que Jésus-Christ, qui, pendant sa vie mortelle, non content d’avoir admis Joseph à une intime familiarité, lui rendait encore le respect et l’obéissance qu'un fils doit à son père, ne lui ait conservé dans le ciel ses sublimes prérogatives, qu’il ne les ait même admirablement augmentées et perfectionnées.

Si, d’ailleurs, le Dieu Sauveur a voulu, pour satisfaire sa piété filiale, glorifier le corps aussi bien que l’âme de la très sainte Vierge au jour de son Assomption, l’on peut et l’on doit croire pieusement qu’il n’en a pas moins fait pour Joseph, si grand entre tous les Saints, et qu’il l’a ressuscité glorieux, le jour où, après s’être ressuscité lui-même, il en tira tant d’autres de la poussière des tombeaux. Et ainsi cette sainte famille qui avait été unie sur la terre dans les souffrances de la vie et dans les liens de l'amour et de la grâce, règne maintenant en corps et en âme dans l’amour et dans la gloire des cieux ».

 

Pratique

Un Jour de Saint Joseph

 

Les serviteurs de saint Joseph, non contents de lui consacrer un mois dans l’année, ont encore pris la pieuse habitude de lui offrir un jour par semaine, à l’imitation de ce qui s'est fait pour le Sacré Cœur et la très sainte Vierge. Ce jour est le mercredi, et surtout le premier mercredi du mois. Nous voyons dans la Vie de plusieurs Saints qu’ils étaient fidèles à cette pieuse pratique, que Dieu a souvent récompensée en leur accordant de bien précieuses faveurs.

Les Souverains Pontifes, d‘ailleurs, ont approuvé et ene0uragé cette dévotion en accordant des Indulgences plus considérables aux hommages que l’on rend, le mercredi, à l’angélique Epoux de Marie. C’est ainsi, par exemple, que l’on peut gagner une Indulgence plénière, un mercredi par mois, dans l’Archiconfrérie de Saint Joseph de Paris, et dans celles de Beauvais et de Lourdoueix, deux mercredis par mois et tous les mercredis du mois de mars.

Mais que doit-on pour sanctifier ce mercredi ? Chacun peut suivre, à ce sujet, son attrait particulier ; mais tous comprendront qu‘il convient surtout de sanctifier ce jour par la méditation, l’assistance à la sainte messe, la réception des sacrements, et l’accomplissement de quelques bonnes œuvres particulières en l’honneur de saint Joseph.

 

Prière

Tirée de Saint Bernardin

 

Glorieux saint Joseph, que le Seigneur a choisi de toute éternité pour être le Père nourricier de Notre Seigneur Jésus Christ et le véritable Epoux de la Reine des Anges en vous constituant le fidèle gardien de ses deux principaux trésors, son Fils et sa Mère, et qu’il a enrichi avec une libéralité toute divine de la perfection, de la sainteté et de toutes les vertus requises pour une si haute dignité et un si sublime ministère, nous vous témoignons, avec toute l‘Eglise. notre vénération et notre reconnaissance pour la tendre sollicitude dont vous avez entouré la naissance, l’enfance et l’adolescence de notre doux Jésus, et nous recourons à votre grand crédit auprès de celui qui vous rendait sur la terre le respect et l’obéissance qu‘un fils doit à son père, et qui, loin de vous les refuser dans le ciel, ne peut que vous les rendre avec plus de perfection, pour l’avantage de vos élus. Souvenez-vous donc de nous, ô bienheureux Joseph, et, par le suffrage de vos prières, intercédez pour nous auprès de votre Fils adoptif. Rendez-nous aussi propice la bienheureuse Vierge, votre épouse et mère de celui qui, avec le Père et le Saint Esprit, vit et règne dans les siècles des siècles. ainsi soit-il.

 

Extrait du « Mois de Saint Joseph ou Vie de Saint Joseph d’après Anne-Catherine Emmerich » par C.F. Fouet. Saint Dizier, Paris, 1872

 

 

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5 mars 2019

Le Mois de Saint Joseph

Le Mois de Saint Joseph

Avec la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich

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Sixième jour

Annonciation

Quelque temps après son mariage, la sainte Vierge était restée seule dans la maison de Joseph, à Nazareth. Joseph était parti avec deux ânes, soit pour rapporter quelque chose dont il avait hérité, soit pour prendre les instruments de son métier. Le second mari d’Anne et d’autres personnes avaient été le matin dans la maison, mais ils étaient repartis.

Outre la sainte Vierge et deux jeunes femmes de son âge, qui avaient été sans doute ses compagnes au Temple, il y avait dans la maison sainte Anne avec cette veuve, sa parente, qui était à son service, et qui, plus tard, l’accompagna à Bethléem, après la naissance de Jésus. Sainte Anne avait tout remis à neuf dans la maison. Dans la journée, les quatre femmes allèrent et vinrent dans l’intérieur de la maison, puis se promenèrent ensemble dans la cour. Vers le soir, elles rentrèrent et prièrent debout autour d’une petite table ronde ; après quoi elles mangèrent des herbes qui avaient été apportées. Elles se séparèrent ensuite. Sainte Anne alla encore çà et là dans la maison comme une mère de famille occupée de son ménage. Les deux jeunes personnes allèrent dans leurs chambres séparées, et Marie aussi se retira dans la sienne.

La chambre de la sainte Vierge était sur le derrière de la maison, près du foyer. On y montait par trois marches ; car le sol de cette partie de la maison était plus élevé que le reste et sur un fond de rocher. Vis-à-vis la porte, la chambre était ronde, et dans cette partie circulaire, qui était séparée par une cloison a hauteur d‘homme, se trouvait roulé le lit de la sainte Vierge. Les parois de la chambre étaient revêtues jusqu’à une certaine hauteur d’une espèce de travail de marqueterie faite avec des morceaux de bois de différentes couleurs. Le plafond de la chambre était formé par quelques solives parallèles, dont les intervalles étaient remplis par un clayonnage orné de figures d’étoiles.

La sainte Vierge, en entrant, se revêtit, derrière la cloison de son lit, d‘une longue robe de laine blanche avec une large ceinture, et se couvrit la tête d‘un voile d’un blanc jaunâtre. Pendant ce temps, la servante entra avec une lumière, alluma une lampe à plusieurs bras qui était suspendue au plafond, et se retira. La sainte Vierge prit alors une petite table basse qui était contre le mur, et la mit au milieu de la chambre. Appuyée au mur, elle ne se composait que d‘une planchette mobile repliée sur deux pieds. Marie la releva horizontalement et ramena en avant un troisième pied pour la soutenir. Le côté de la table qui reposait sur ce troisième pied était rond. La petite table était recouverte d’un tapis rouge et bleu au milieu duquel était brodée une figure, qui pouvait être une lettre ou un ornement. Un rouleau de parchemin écrit était sur cette table.

La sainte Vierge l’ayant dressée, entre la place de son lit et la porte, à un endroit où le sol était recouvert d'un tapis, plaça devant un petit coussin rond pour s’y agenouiller. Elle se mit alors à genoux, les deux mains appuyées sur la table. La porte de la chambre était devant elle à droite ; elle tournait le dos à sa couche.

Marie baissa son voile sur son visage et joignit les mains devant sa poitrine, mais sans croiser les doigts. Elle pria longtemps ainsi avec ardeur, le visage tourné vers le ciel ; elle appelait la rédemption, la venue du roi promis au peuple d’Israël, et elle demandait aussi à avoir quelque part à sa mission. Elle resta longtemps à genoux, ravie en extase ; puis elle pencha la tête sur sa poitrine.

Alors, du plafond de la chambre descendit à sa droite, en ligne un peu oblique, une telle masse de lumière, que l’on ne pouvait en supporter la vue. Dans cette lumière était un jeune homme resplendissant, avec des cheveux blonds flottants, qui descendit devant elle à travers les airs : c’était l’ange Gabriel. Il lui parla, et ses paroles sortirent de sa bouche comme des lettres de feu. Marie tourna un peu sa tête voilée vers le côté droit. Cependant, dans sa modestie, elle ne regarda pas. L‘Ange continua à parler. Marie tourna le visage de son côté, comme pour obéir à un ordre, souleva un peu son voile, et répondit. L’Ange parla encore. Marie releva tout à fait son voile, regarda l’Ange et prononça les paroles sacrées : « Je suis la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon votre parole ».

La sainte Vierge était dans un ravissement profond. La chambre était pleine de lumière. On ne vit plus la lueur de la lampe qui brûlait ; on ne vit plus le plafond de la chambre. Le ciel parut ouvert. Il y avait au dessus de l’Ange une voie lumineuse, et à l’extrémité de ce fleuve de lumière une figure de la sainte Trinité : c’était comme un triangle lumineux dont les rayons se pénétraient réciproquement. On y reconnaissait ce que l’on ne peut qu’adorer, mais jamais exprimer : Dieu tout-puissant, le Père, le Fils et le Saint Esprit, et cependant un seul Dieu tout-puissant.

Quand la sainte Vierge eut dit : « Qu’il me soit fait selon votre parole », on vit une apparition ailée du Saint-Esprit, qui cependant ne ressemblait pas entièrement à la représentation ordinaire sous forme de colombe. La tête avait quelque chose du visage humain ; la lumière se répandait des deux côtés comme des ailes, et il en partit comme trois courants lumineux vers le côté droit de la sainte Vierge, Où ils se réunirent.

Quand cette lumière pénétra son côté droit, la sainte Vierge devint elle-même lumineuse et comme diaphane : il semblait que ce qu‘elle avait d‘opaque en elle se retirât devant cette lumière comme la nuit devant le jour. Elle était dans ce moment tellement inondée de lumière, que rien en elle ne paraissait plus obscur ni opaque : elle était resplendissante et comme illuminée tout entière.

Après cela l’Ange disparut, et la voie lumineuse dont il était sorti se retira : c’était comme si le ciel aspirait et faisait rentrer en lui ce fleuve de lumière. Il parut en remontant laisser tomber sur la sainte Vierge plusieurs boutons de roses blanches, chacun avec une petite feuille verte.

Mais en ce moment apparut dans la chambre de Marie un horrible serpent. Ce serpent était à peu près de la longueur d’un enfant ; sa tête était large et plate ; il avait à la hauteur de la poitrine deux courtes pattes membraneuses, armées de griffes semblables à des ailes de chauves souris, sur lesquelles il se traînait. Il était tacheté de diverses couleurs d’un aspect repoussant, et rappelait le serpent du paradis, mais avec quelque chose de plus difforme et de plus horrible. Quand l’Ange disparut de la chambre de la sainte Vierge, il marcha sur la tête de ce monstre devant la porte, et l‘on entendit un cri si affreux, que l’on en frissonnait. L’on vit ensuite paraître trois esprits qui frappèrent ce hideux reptile et le chassèrent hors de la maison.

Après la disparition de l’Ange, la sainte Vierge entra dans un profond ravissement, et, toute recueillie en elle-même, elle contemplait et adorait l’incarnation du Sauveur en elle, où il était comme un petit corps humain lumineux, complètement formé et pourvu de tous ses membres. Ici, à Nazareth, c‘est tout autre chose qu’à Jérusalem : à Jérusalem, les femmes doivent rester dans le vestibule ; elles ne peuvent pas entrer dans le Temple ; les prêtres seuls ont accès dans le sanctuaire ; mais à Nazareth, c’est une Vierge qui est elle-même le temple ; le Saint des saints est en elle, le grand prêtre est en elle, et elle est seule près de lui. Combien cela est touchant, merveilleux, et pourtant simple et naturel ! Les paroles de David dans le Ps. 45 sont accomplies : « Le Très-Haut a sanctifié son tabernacle ; Dieu est au milieu de lui, il ne sera pas ébranlé ».

Il était à peu près minuit quand s’accomplit ce mystère. Au bout de quelque temps, sainte Anne entra chez Marie avec les autres femmes. Un mouvement merveilleux dans la nature les avait éveillées : une nuée lumineuse avait paru au-dessus de la maison. Quand elles virent la sainte Vierge à genoux au-dessous de la lampe, ravie en extase dans sa prière, elles s’éloignèrent respectueusement.

Au bout de quelque temps, la sainte Vierge se releva et s’approcha de son petit autel, qui était contre le mur ; elle alluma la lampe et pria debout. Des rouleaux écrits étaient devant elle sur un pupitre élevé. Elle se mit ensuite sur sa couche vers le matin.

Cependant Anne avait reçu une connaissance intérieure de ce qui s’accomplissait. La sainte Vierge aussi savait qu’elle avait conçu le Messie, le Fils du Très-Haut ; elle voyait des yeux de l’esprit tout ce qui se passait en elle, mais elle ne savait pas encore que le trône de David, son père, que Dieu devait lui donner, était un trône surnaturel ; elle ne savait pas encore que la maison de Jacob, sur laquelle, d’après les paroles de Gabriel, il devait régner éternellement, était l’Eglise, la société de l‘humanité régénérée. Elle croyait que le Rédempteur serait un saint roi qui purifierait son peuple et le rendrait victorieux de l‘enfer ; elle ne savait pas encore que ce Roi, pour racheter les hommes, mourrait de la mort la plus cruelle et la plus ignominieuse.

Mais pourquoi le Rédempteur devait-il rester neuf mois dans le sein de sa mère et naître enfant ? Pourquoi n’avait-il pas voulu naître homme fait comme notre premier père, se montrer dans toute sa beauté comme Adam sortant des mains du Créateur ? Ce que l’on en peut comprendre, c’est qu’il a voulu sanctifier de nouveau la conception et la naissance des hommes, qui avaient été si dégradées par le péché originel. Si Marie devint sa mère et s’il ne vint pas plus tôt, c’est qu’elle seule était, ce que jamais créature ne fut avant elle ni sera après elle, le pur vase de grâce que Dieu avait promis aux hommes, et dans lequel il devait se faire homme, pour payer les dettes de l’humanité au moyen des mérites surabondants de sa Passion. La sainte Vierge était la fleur parfaitement pure de la race humaine, écluse dans la plénitude des temps. Tous les enfants de Dieu parmi les hommes, tous ceux qui, depuis le commencement, avaient travaillé à l’œuvre de leur sanctification, ont contribué à sa venue. Elle était le seul or pur de la terre ; elle seule était la portion pure et sans tache de la chair et du sang de l’humanité tout entière, qui, préparée, épurée, recueillie, consacrée à travers toutes les générations de ses ancêtres, conduite, protégée et fortifiée sens le régime de la loi de Moïse, se produisait enfin comme la plénitude de la grâce. Elle était prédestinée dans l‘éternité, et elle a ' paru dans le temps comme Mère de l’Eternel.

 

Considération

Saint Joseph d'après Gerson

 

Gerson, le dévot chancelier de l‘Université de Paris, fut une des grandes figures de ce moyen-âge tant maltraité par la mauvaise foi et surtout par l‘ignorance mais qui n’en restera pas moins l’âge de la vraie vie des peuples, parce qu'il fut l'âge de la vie divine descendue sur la terre et passée dans les mœurs particulières et publiques. On l’appela, de son temps, le docteur très chrétien, comme il l’était en effet. Il se distingua surtout par sa dévotion et son amour pour saint Joseph. Il lui consacra un admirable poème qu’il intitula Josephina. Il eût été heureux de voir sa Fête partout solennisée, et il composa une sorte d’Office en vue de l’établissement de cette Fête. Il écrivit plusieurs lettres dans ce but, et, en 1413, il fit une Exhortation spéciale au duc de Barry a ce sujet. Il en parla aussi au Concile de Constance, et, le 8 septembre 1416, il fit dans ce Concile un magnifique Sermon sur le saint Patriarche. C’est dans ce Sermon qu‘il préconisa l’opinion qui tient que saint Joseph a été sanctifié dès le sein de sa mère. Ses ennemis attaquèrent ce Sermon sur quelques points relatifs à la politique ; mais personne n’ayant réclamé contre celui-ci, il s’ensuit que la doctrine de Gerson est devenue pour ainsi dire celle de ce Concile, composé de 4 Patriarches, 47 Archevêques, 160 Evêques et 564 abbés et docteurs. Voici la substance de ce Sermon :

« C’est de Jacob que fut engendré Joseph, l’Epoux de Marie, Mère de Jésus », nous dit l‘Evangile ; et par ces paroles il met en évidence deux grands principes de notre foi : le premier, que Jésus, qui est appelé le Christ, étant né de Marie, Marie est Mère de Dieu, puisque le Christ est Dieu ; le second, que Joseph étant l’Epoux de Marie, en est aussi le chef, puisque le chef de la femme, c’est l’homme, dit l’Apôtre.

Mais de ces deux principes en découlent deux autres qui s’en déduisent naturellement : le premier, que Marie dut, de toute convenance, briller d’une telle pureté, qu’après celle de Dieu, comme dit saint Anselme, l'on ne peut en concevoir de plus grande ; le second, que Joseph dut, de toute convenance aussi, jouir d’une semblable prérogative, pour que la ressemblance et le rapport d‘un tel époux avec une telle épouse fussent plus parfaits. D'où vient que de même que louer Marie. c’est louer le Christ, son Fils ; louer aussi Joseph, c’est louer à la fois Jésus et Marie. Ce qui explique aussi pourquoi la sainte Ecriture ne donne pas plus de détails sur les louanges, les dignités et les excellences, les vertus, les œuvres et les actions de Marie et de Joseph, parce que le monde, si vaste qu‘il soit, ne contiendrait pas tous les livres qu‘on pourrait écrire sur ce sujet.

Recueillons, toutefois, de ces principes quatre considérations qui priment toutes les autres :

La première, qui regarde la noblesse de l’origine de Marie et de Joseph, noblesse qui s‘étend à l’un comme à l’autre. Car, comme Marie était issue de la race royale de David, ainsi en fut-il de Joseph, époux de Marie, que nous lisons dans l’Evangile être issu également de la maison de David.

La deuxième, qui concerne la sanctification de l’un et de l’autre. Car, si Marie fut sanctifiée dès le sein de sa mère, ou peut l'admettre aussi, par une pieuse croyance, de Joseph, son virginal époux, quoique cette sanctification n'ait pas en lieu de la même manière, Marie ayant été tellement prévenue de la grâce, qu’elle ne fut jamais soumise à la tache originelle, et Joseph n’ayant été sanctifié dans le sein de sa mère qu‘après sa conception et par le baptême du Saint Esprit, comme Jean-Baptiste et plusieurs autres.

La troisième, qui a trait à la répression du foyer de la concupiscence en l‘un et en l‘autre. Car, de même que Marie ne ressentit point la concupiscence originelle et ne fut point exposée à brûler de l’ardeur des vices, ainsi peut-on l’entendre pieusement de Joseph, son virginal époux, à partir surtout du moment qu‘il fut uni à Marie par les liens du plus saint mariage.

Enfin la quatrième, relative aux diverses naissances du Christ par rapport à Joseph et à Marie. L’on peut distinguer, en effet, en Jésus-Christ trois naissances : l’éternelle, la corporelle et la spirituelle.

Pour l’éternelle, c’est celle par laquelle il est engendré de son Père de toute éternité. A celle-ci, ni Marie ni Joseph n’ont en aucune part.

Pour la corporelle, c’est celle qu'il a prise dans le sein de Marie par la seule opération du Saint-Esprit. A celle-là, il n’y a bien que Marie qui y ait directement contribué, mais en faisant de Joseph, son époux, le père putatif et légal, le père d’adoption et de droit, de Notre-Seigneur.

 

Extrait du « Mois de Saint Joseph ou Vie de Saint Joseph d’après Anne-Catherine Emmerich » par C.F. Fouet. Saint Dizier, Paris, 1872

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4 mars 2019

Le Mois de Saint Joseph

Le Mois de Saint Joseph

Avec la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich

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Cinquième jour

Avant l’Annonciation

 

Quand les noces furent finies, Antre revint à Nazareth, et Marie partit aussi en compagnie de plusieurs vierges qui avaient quitté le Temple en même temps qu’elle, et lui firent la conduite. Le premier endroit où l’on s’arrêta pour passer la nuit fut encore l’école des Lévites de Bethoron. Marie fit le voyage à pied. Joseph, après les noces, était allé à Bethléem pour régler quelques affaires de famille. Ce ne fut que plus tard qu’il se rendit a Nazareth.

Pour Anne, son second mari, la sainte Vierge, et quelques-unes de ses compagnes, ils revinrent en Galilée dans la propriété de sainte Anne, qui était à peu près à une lieue de Nazareth. Sainte Anne arrangea pour la sainte famille la petite maison de Nazareth, qui lui appartenait aussi, et la sainte Vierge resta auprès d'elle pendant l‘absence de saint Joseph.

Il y eut alors dans la maison de sainte Aune une fête à laquelle assistèrent son second mari, six hôtes, sans compter les habitués de la maison et quelques enfants rassemblés avec Joseph et Marie, autour d‘une table sur laquelle étaient des verres.

La sainte Vierge avait un manteau bariolé, avec des fleurs rouges, bleues et blanches, comme on en voit sur d’anciennes chasubles. Elle portait un voile transparent et par-dessus un autre voile noir. Cette fête paraissait se rattacher aux fêtes du mariage.

Après cette fête, Marie et Joseph partirent pour Nazareth, Où ils allaient habiter maintenant, et où sainte Anne ne tarda pas à les suivre. Elle leur porta, en y allant, différents objets, et traversa pour y arriver une plaine et un petit bois qui se trouvent devant une hauteur. La maison de saint Joseph n’était pas loin de la porte de la ville; elle n’était pas aussi grande que la maison de sainte Anne. Un puits quadrangulaire, auquel on descendait par quelques marches, était dans le voisinage, et il y avait devant la maison une petite cour carrée. A sen arrivée, Anne remit à la sainte Vierge ce qu’elle avait apporté avec elle ; mais quand elle repartit, Marie pleura beaucoup et accompagna quelque temps sa mère, qui revenait chez elle. Cependant saint Joseph se tenait sur le devant de la maison, dans un endroit retiré.

Il y eut aussi, après la naissance du Sauveur, dans la grotte de Bethléem, une fête commémorative du mariage de la sainte Vierge et de saint Joseph, que nous allons rapporter tout de suite ici. Joseph commença par faire avec deux vieux bergers divers arrangements dans la grotte de la Crèche. Ensuite les bergers y apportèrent des guirlandes de feuilles et de fleurs, pour faire les préparatifs de cette fête touchante. Eliud, le second mari d’Anne, y assista ainsi que la servante de. celle-ci. Ils avaient amené deux ânes. Vraisemblablement, ils étaient allés jusqu’à une certaine distance à la rencontre des domestiques d’Anne, qui venaient de Nazareth avec ces bêtes de somme, avaient renvoyé ceux-ci à Nazareth avec leurs paquets, et conduit eux-mêmes les animaux à Bethléem.

Joseph avait profité de l’absence de la sainte Vierge, qui était alors dans la grotte de Maraha, pour orner, avec l’aide des bergers, la grotte de la Crèche, où il voulait célébrer la fête commémorative de son mariage. Quand tout fut préparé, il alla prendre la sainte Vierge avec l’Enfant Jésus et sainte Anne, et les conduisit dans la grotte de la Crèche, où étaient déjà rassemblés Eliud, la servante et les deux vieux bergers. Tous témoignèrent la joie la plus touchante, lorsque la sainte Vierge apporta l’Enfant-Jésus dans la grotte de la Crèche. La voûte et les parois de la grotte étaient ornées de guirlandes de fleurs. Dans le milieu était préparée une table pour le repas. Quelques belles couvertures laissées par les rois mages étaient étendues sur le sol, sur les parois et sur la table. Sur celle-ci était dressée une pyramide de feuillage qui s’élevait jusqu’à l’ouverture pratiquée dans la voûte. A l‘extrémité, se tenait sur une branche une colombe qui était, sans doute, artificielle. Et toute la grotte était remplie d’une lumière éclatante. On avait placé sur un petit siège le berceau de l’Enfant-Jésus, qui s'y tenait assis. Marie et Joseph, ayant des couronnes de fleurs sur la tête, étaient à ses côtés et buvaient dans la même coupe. Outre les parents, les vieux bergers étaient présents. On chanta.des psaumes et des cantiques, et l’on fit joyeusement un petit repas. Et des chœurs d’Anges parurent dans la grotte. Tous étaient émus et pleins de ferveur.

Cette dernière fête étant finie, la sainte Vierge retourna à la grotte de Maraha avec l’Enfant-Jésus et sainte Anne.

 

Considération

Saint Joseph d’après Pierre d’Ailly

 

Le cardinal Pierre d’Ailly, un des hommes les plus considérables de son temps, et que Bossuet a appelé la lumière du Concile de Constance, est le premier qui nous apparaisse, dans la suite des âges, homme ayant traité, à titre spécial, de la gloire et des louanges de saint Joseph. C‘est ce qu’il a fait en composant les Leçons de la Fête de saint Joseph pour le Bréviaire des Carmes. Ce n’est donc point dans une occasion particulière et de circonstance, mais bien dans une sorte de monument authentique et durable, qu’il a exposé, avec les sentiments de sa propre dévotion, le témoignage aussi de l’antique Tradition et de la croyance de l’Eglise, à son époque, sur le saint Patriarche. Voici ce qu’il dit :

« Si nous cherchons dans l’Evangile les titres de gloire de saint Joseph, nous en trouverons, avec l’Eglise, notre mère, douze principaux.

Le premier, c’est qu‘il était de noble et royale origine, puisqu’il descendait de David.

Le deuxième, qu’il était du même sang que Jésus et Marie, le mariage ne pouvant se contracter chez les Juifs qu’en famille, et Joseph étant conséquemment parent de Marie et de Jésus.

Le troisième, qu’il fut l’Epoux de la Mère de Dieu et de celle qui nous a donné le Verbe fait chair, Dieu avec nous.

Le quatrième, qu’il fut vierge comme elle, puisque, si Marie fut épouse.et vierge, ce ne put être qu’en vertu du vœu de virginité qu’elle ne contracta que du consentement de son salut Epoux, qui avait fait lui-même le sien de son côté.

Le cinquième, qu’il fut attaché à la garde et au service de la Mère et de l’Enfant. Ce qui se fit pour que l‘enfantement de la Vierge fût caché au démon, pour que Joseph fût le témoin de sa chasteté et la mit elle-même à l’abri du soupçon d’infamie et de la rigueur de la loi qui l’aurait condamnée connue adultère, et enfin pour qu’il nourrit la Mère et l‘Enfant, et les entourât de ses soins assidus.

Le sixième, qu’il fut le confident des divers secrets, et particulièrement du mystère de l’Incarnation que l’Ange lui révéla, lorsqu’il lui dit : « Joseph, fils de David, ne craignez point de garder Marie, votre épouse ; car ce qui est né en elle est l’œuvre du Saint Esprit » ; et du mystère de la Rédemption qui lui fut également révélé par l’Ange, lorsqu’il lui dit : « Elle enfantera un fils, et vous lui donnerez le nom de Jésus, parce que c‘est lui qui rachètera le peuple de ses péchés ».

Le septième titre d’honneur que l’Evangile décerne h saint Joseph, c’est qu’il était un homme juste, c’est-a-dire possédant la foi, l’espérance et toutes les autres vertus, selon ce que la sainte Ecriture entend lorsqu’elle emploie le mot de justice dans son sens général. Mais Joseph fut encore juste, parce qu’il fut justifié par la foi, comme Abraham, son père. Abraham a cru à la parole de Dieu, et sa foi lui fut imputée a justice. Joseph a cru que le Messie naîtrait, non de l’homme, mais d’une mère Vierge, par l’opération du Saint Esprit ; et cette foi l‘ayant justifié, c’est en toute vérité qu‘il fut appelé juste.

Le huitième, c’est qu’il donna le nom à Jésus, nom imposé de Dieu de tonte éternité, révélé par l‘Ange dans le temps, et désigné solennellement aux hommes par saint Joseph lui-même.

Le neuvième, qu’il fut le principal coopérateur dans les grands mystères de notre foi, dans celui de la naissance du Sauveur, dont il eut toute la sollicitude; dans celui de la circoncision, oh commença la Passion de Jésus pour nous, et la compassion de Joseph pour Jésus ; dans ceux de l’adoration des Mages, de la présentation au Temple, et les autres de sa vie cachée.

Le dixième, qu‘il-eut la connaissance des oracles des Prophètes, non seulement de l’Ancien, mais du Nouveau Testament, Zacharie, Siméon, et les autres.

Le onzième, qu’il fut favorisé de la visite et du colloque des Anges, et particulièrement lorsque l’Ange vint le tirer de s‘en doute et de son hésitation au sujet de la sainte Vierge, l’avertir de fuir en Egypte, lui donner l’ordre d’en revenir, après la mort d’Hérode, et lui suggérer de ne point aller demeurer en Judée, mais en Galilée, dans la crainte d‘Archélaüs.

Le douzième, qu’il eut pour inférieurs Jésus et Marie : Marie, la Mère de Dieu, la Reine du ciel, la Souveraine des Anges, et Jésus, le Fils de Dieu, le Roi des rois, au nom de qui tout genou fléchit dans le ciel, sur la terre et dans les enfers. De Marie, qui peut en douter ? puisque l‘homme est le chef de la femme et que l’épouse est sous la domination de l’époux. Du Fils. Est-ce que l’Evangile ne dit pas qu’il leur était soumis ? A qui soumis ? À Marie et à Joseph. Ô merveilleuse et étonnante nouveauté ! Ô prodigieuse et admirable humilité ! Le maître se soumet au serviteur, et Dieu se met au-dessous de l’homme ».

 

Pratiques

Neuvaines et Triduum

 

Le nombre neuf a cela de particulier avec le nombre trois, que, chez tous les peuples, il a t0ujours été regardé comme mystique et sacré. N’est-ce point parce qu’il se réfère aux trois personnes de la sainte Trinité, en ce sens qu‘il est le nombre trois multiplié par lui-même ? Quoi qu’il en soit, la Neuvaine, ou suite de pieux exercices, tels que bonnes œuvres, messes, stations, prières particulières, observées pendant neuf jours consécutifs, a toujours été pratiquée dans l’Eglise comme l’un des moyens les plus efficaces pour obtenir de Dieu, le plus souvent par l’intercession des Saints, des grâces plus importantes. Voulez-vous donc obtenir quelque faveur particulière de saint Joseph, recourez à la Neuvaine, que vous pratiquerez selon le mode que vous aurez arrêté avec vous-même et avec lui.

Le Triduum est un diminutif de la Neuvaine; il ne dure que trois jours, soit parce qu’on n'a pas le temps ou la dévotion de le faire durer davantage, soit parce qu’en ne lui consacrant que ce temps, l‘on veut le passer dans une plus grande ferveur ou des exercices de piété plus sérieux et plus soutenus.

Il y a 300 jours d’indulgence attachés à chacun des neuf jours qui précèdent la Fête de saint Joseph du 19 mars, et celle de son Patronage, le 3° dimanche après Pâques.

 

Prière

Tirée du Cardinal Pierre d’Ailly

 

Seigneur Jésus, qui, engendré de Dieu dans l’éternité, vous êtes humilié à ce point de prendre, dans le temps, un corps et une âme comme les nôtres, en associant à l’humble vierge Marie, votre mère, saint Joseph, également resplendissant des gloires de la virginité et de l’humilité, soyez à jamais remercié d‘avoir ainsi agrandi et exalté votre petit et obscur serviteur, et de l‘avoir, par cette union ineffable, merveilleusement enrichi des plus sublimes vertus et des plus insignes honneurs. Ah ! Nous vous en supplions par les exemples, les mérites et les prières de ce saint Patriarche, accordez-nous, avec une grande pureté de corps et d’esprit, la véritable vertu d’humilité, et avec cette véritable et sincère humilité, une réelle augmentation de foi, d‘espérance, de charité et de toutes les autres vertus qui nous sont si nécessaires dans les malheureux temps que nous traversons. En sorte que, par les mérites continuels de saint Joseph, nous puissions obtenir et partager avec lui les célestes récompenses que vous nous promettez, ô vous, Seigneur Jésus, qui vivez et régnez avec Dieu le Père, en l‘unité, du Saint-Esprit, dans tous les siècles des siècles.

Nous vous le demandons, ô Jésus, Fils de Marie, Épouse de Joseph, par la toute-puissante médiation de celui dont vous avez daigné vous faire le Fils, en le faisant votre Père.

 

Extrait du « Mois de Saint Joseph ou Vie de Saint Joseph d’après Anne-Catherine Emmerich » par C.F. Fouet. Saint Dizier, Paris, 1872

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4 mars 2019

La Servante de Dieu Chiara Corbella Petrillo

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La Servante de Dieu Chiara Corbella Petrillo

1984-2012

 

Chiara Corbella naît à Rome le 9 Janvier 1984. Avec sa sœur Elisa, de deux ans son aînée, elle grandit dans une famille qui lui apprend à s’approcher de la foi depuis toute petite. Grâce à sa mère Maria Anselma, à partir de l’âge de cinq ans, Chiara fréquente une communauté du Renouveau dans l’Esprit. Ce parcours, où elle apprend à s’adresser à Jésus comme à un ami, lui enseigne surtout à partager la foi avec ses frères en chemin. Avec les années, grandit en elle une certaine autonomie qui la rend plus déterminée dans ses choix. Son tempérament est tranquille, non rebelle, et se révèle dans le service auprès des autres.

 

Ses fiançailles avec Enrico

 

Durant l’été 2002, Chiara passe des vacances en Croatie avec quelques amies du lycée. Vu que sa sœur est à Medjugorje (en Bosnie Herzégovine), et qu’elle s’en trouve proche, elle pense la rejoindre. C’est là que, le 2 août, elle rencontre Enrico Petrillo, un garçon romain de vingt-trois ans, qui est en pèlerinage avec sa communauté de prière du Renouveau charismatique. Chiara, qui a dix-huit ans et n’a jamais été fiancée, a l’intuition de se trouver devant son futur mari.

De retour à Rome, les deux jeunes se fréquentent, se connaissent et se fiancent. C’est une relation, pour certains aspects, tout à fait ordinaire, marquée de disputes, de ruptures et de réconciliations. Pendant les six années de leurs fiançailles, le Seigneur met à dure épreuve la foi de Chiara et les valeurs en lesquelles elle pense croire. Si bien qu’elle parlera de cette période comme celle la plus difficile qu’elle a eu à affronter, plus dure que celle de la maladie.

« Après 4 années, nos fiançailles ont commencé à chanceler jusqu’au point que nous nous sommes quittés – a écrit Chiara dans ses notes personnelles –. Dans ces moments de souffrance et de révolte contre le Seigneur, car je pensais qu’Il n’écoutait pas mes prières, j’ai participé à un Cours Vocationnel (NDLR : semaine de réflexion et de discernement sur sa propre vocation) à Assise, et là j’ai retrouvé la force de croire en Lui. J’ai essayé à nouveau de fréquenter Enrico et nous avons commencé à nous faire aider par un Père spirituel, mais les fiançailles n’ont pas marché ! Jusqu’au moment où j’ai compris que le Seigneur ne voulait rien m’enlever mais au contraire qu’Il me donnait tout, et que Lui seul savait avec qui je devais partager ma vie ; de mon côté, en fait, je n’avais encore rien compris ! »

 

Le mariage, la naissance de Maria Grazia Letizia et de Davide Giovanni

 

Ayant dépassé les peurs, Chiara et Enrico se marient à Assise le 21 septembre 2008. celui qui célèbre leur mariage, c’est le père Vito, frère mineur (franciscain) et guide spirituel des deux fiancés. De retour de leur voyage de noces, Chiara découvre qu’elle est enceinte. Les écographies montrent cependant une grave malformation. On diagnostique à l’enfant, à qui sera donné le nom de Maria Grazia Letizia, une encéphalite. Chiara et Enrico choisissent de poursuivre la grossesse et la petite fille, qui naît le 10 juin 2009, meurt une demi d’heure plus tard. Quelques jours plus tard, ses funérailles sont vécus avec la même paix qui avait accompagné les mois d’attente pour la naissance et qui se communique aussi aux personnes présentes, à qui est donnée la grâce de faire l’expérience de quelque chose de la vie éternelle.

Quelques mois après, Chiara est de nouveau enceinte. On diagnostique malheureusement à ce petit enfant, qui sera nommé Davide Giovanni, une grave malformation viscérale au bassin et l’absence des membres inférieurs. Lui aussi mourra peu après sa naissance, le 24 juin 2010. Ses funérailles seront vécus comme une fête.

« Au cours de notre mariage – écrit Chiara dans ses notes personnelles –, le Seigneur a voulu nous donner deux enfants spéciaux : Maria Grazia Letizia et Davide Giovanni, mais Il nous a demandé de les accompagner seulement jusqu’à leur naissance. Il nous a permis de les embrasser, de les baptiser et de les remettre dans les mains du Père dans une sérénité et une joie bouleversante ».

 

Francesco et le dragon

Il n’y a pas de relation entre les deux pathologies des enfants, ce qu’ont démontré les résultats des tests génétiques auxquels Chiara et Enrico se soumettent, en cédant à la pression de la part d’amis et de la famille. Surtout que le troisième enfant du couple, Francesco, est parfaitement sain ! Cette grossesse arrive peu après la naissance au Ciel de Davide Giovanni. Une semaine après avoir découvert d’être enceinte, Chiara s’aperçoit d’avoir une lésion à la langue. Après avoir compris qu’il s’agit d’un cancer, le 16 mars 2011, Chiara doit faire face, pendant sa grossesse, à la première des deux phases d’une intervention pour enlever la tumeur sur la langue. Pour la deuxième phase de l’opération, il faut attendre que Francesco soit né. Ayant eu la confirmation qu’il s’agit d’un carcinome à la langue, qu’elle appellera le dragon, Chiara choisit de reporter les soins pour ne pas faire de mal au bébé qu’elle porte dans son ventre. Elle choisit même le médecin qui la suit en fonction du temps qu’il lui accorde avant de déclencher l’accouchement.

« Pour la plupart des médecins – écrit Chiara -, Francesco n’était qu’un fœtus de sept mois. Et celle qui devait être sauvée, c’était moi ! Mais moi, je n’avais aucune intention de mettre en danger la vie de Francesco pour des statistiques, en rien certaines, qui voulaient me démontrer que je devais faire naître mon fils prématurément afin de pouvoir m’opérer ».

Francesco Petrillo naît le 30 mai 2011. Finalement, le 3 juin, Chiara, qui se trouve déjà à l’hôpital, fait face à la deuxième phase de l’intervention commencée en mars. De retour à la maison, elle commence, dès que possible, la chimiothérapie et la radiothérapie, mais le cancer est désormais étendu aux ganglions lymphatiques, aux poumons, au foie et jusqu’à son œil droit, que Chiara couvrira avec un bandeau pour limiter les difficultés visuelles.

 

La naissance au Ciel

 

La photo de Chiara souriante, avec son bandeau, est extraordinaire si l’on considère qu’elle a été prise en avril 2012, dix jours après avoir découvert qu’elle était une malade en phase terminale. Dans les semaines suivantes, Chiara vit avec son mari à l’écart, loin de Rome, dans la maison de famille à côté de la mer, et elle se prépare à la rencontre avec son Epoux. Soutenus par les sacrements célébrés chaque jour par le père Vito, qui partage avec eux ce temps intense, Chiara et Enrico sont plus que jamais forts de la fidélité de Dieu, qui les a toujours accompagnés dans une joie mystérieuse.

Chiara meurt à midi, le 13 juin 2012, après avoir salué sa famille et ses amis, un par un, et après avoir dit à tous : Je t’aime.

Ses funérailles sont célébrées à Rome, le 16 juin 2012, dans l’église Santa Francesca Romana all’Ardeatino. Les personnes présentes sont très nombreuses. Le cardinal Agostino Vallini, présent à la célébration, déclare : « ce que Dieu a préparé au travers de Chiara, c’est quelque chose que nous ne pouvons pas perdre ». Comme pour les funérailles de ses deux enfants, cette célébration devient aussi le témoignage chrétien du début d’une nouvelle vie. Chiara est inhumée au cimetière Verano de Rome.

Ouverture de la cause de Béatification de Chiara Corbella Petrillo 

 

Le 13 juin 2017, le temps d’attente dont l’Eglise a besoin pour vérifier si l’enthousiasme qui accompagnait les funérailles de Chiara Corbella Petrillo, et l’intérêt suscité par la façon dont elle a vécu sa brève et intense existence, ont été remplies un feu de paille ou de feu allumé par l’Esprit de Dieu pour réchauffer et éclairer la vie de ses enfants. La cause de béatification de Chiara Corbella Petrillo a été ouverte le 21 septembre 2018 dans le diocèse de Rome.

Le bien qui continue de recevoir les nombreux fidèles qui, de la manière la plus inattendue, viennent à connaître le témoignage chrétien de Chiara sont un signe clair de sa réputation de sainteté. Pour cela, nous nous préparons, en contact étroit avec le vicariat de Rome, à ouvrir la cause de la béatification et de la canonisation de Chiara.

 

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« La chose importante dans la vie n’est pas de faire quelque chose mais de naître et de se laisser aimer ». (Chiara Corbella Petrillo)

« … le Seigneur le dit, la vérité, en chacun de nous. Et il n’y a aucune possibilité de malentendu » (Chiara Corbella Petrillo)

« Le but de notre vie est d’aimer et d’être toujours prêt à apprendre à aimer les autres comme Dieu seul peut vous l’enseigner. » (Chiara Corbella Petrillo)

 

Lettre de Chiara Petrillo à son fils Francesco

« Si Dieu t’enlève quelque chose, c’est pour te donner davantage »

écrite une semaine avant sa mort

 

« Nous sommes nés un jour, et nous ne mourrons plus jamais. Quoi que tu fasses dans la vie, ne te décourage jamais, mon enfant : si Dieu t’enlève quelque chose, c’est pour te donner davantage. Il est beau d’avoir des exemples de vie qui te rappellent qu’on peut atteindre le maximum de bonheur, déjà sur cette Terre, en laissant Dieu nous conduire. L’Amour est la seule chose qui compte. Le but de notre vie sur terre est le paradis, et donner sa vie par amour est quelque chose de si beau. Je m’en vais au Ciel m’occuper de Maria et de David ; toi, tu restes avec Papa. De là-haut, je prierai pour vous. Francesco, le Seigneur t’a voulu depuis toujours et Il te montrera la route à suivre si tu Lui ouvres ton cœur. Fais-Lui confiance, cela en vaut la peine. Chiara, ta maman. »



« Ô Vierge Marie, accueille aujourd’hui mon désir de me consacrer à Toi »

Prière que récitaient chaque jour Chiara et Enrico Petrillo


« Ô Vierge Marie, Toi qui es ma Mère, qui m’aime tant de la part de Dieu, accueille aujourd’hui mon désir de me consacrer à Toi. Je Te donne toute ma personne et toute ma vie, je Te donne mon corps, mes pensées et ce qui m’est cher, ma capacité profonde d’aimer et de connaître la vérité. Tout ce que j’ai est à Toi et T’appartient. Je Te le donne pour pouvoir ainsi appartenir totalement au Christ, Vie de ma vie. Avec confiance et amour je Te le répète : Étoile du Matin qui me mènes vers Jésus, Totus Tuus. Amen. »

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Prière pour demander la Béatification de Chiara Corbella Petrillo

 

« Dieu infiniment bon, qui, dans ta grande miséricorde, as choisi Chiara comme ta fille bien-aimée et qui l’as guidée avec sagesse sur le chemin de l’Evangile, en lui enseignant, à travers Marie, à prendre soin de ton Fils avec un amour passionné et à Le suivre comme épouse et mère sur le chemin de la croix avec une confiance inébranlable, fais que la lumière de l’Evangile du Christ, qui resplendit en Chiara, ravive la certitude de la vie éternelle dans l’âme de nos frères. Par son intercession, accorde-nous la grâce que nous te demandons… et, si c’est ta volonté, fais que Chiara soit proclamée bienheureuse, pour notre bien et la gloire de ton Nom. Par le Christ Notre Seigneur. Amen. »

 

Avec approbation ecclésiastique

 

Les personnes qui recevraient des grâces sont invitée à le faire savoir à la Postulation générale

postgen@ocdcuria.org

 

Pour plus d’information

Site de la cause de béatification de Chiara Corbello Petrillo

www.chiaracorbellapetrillo.it/fr/

 

Bibliographie : « Nous sommes nés et ne mourrons jamais plus : l'histoire de Chiara Corbella Petrillo » Cristiana Paccini et Simone Troisi, aux Editions Artège, Paris, 2015.

 

Téléchargez le texte de ces prières (pdf) en cliquant ici

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