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  • La beauté élève l'âme... Par ces images volontairement sélectionnées, ainsi que par la récitation de ces prières, puissiez-vous avoir le désir de parvenir à Jésus et à la sainteté, but ultime de toute vie...
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23 juin 2014

Le Mois de Saint Pierre

Le Mois de Saint Pierre

ou dévotion à l'Eglise et au Saint Siège

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Vingt-quatrième jour

L'Eglise Romaine réunit tous les caractères divins de la véritable Eglise

 

Notre Père... Je vous salue Marie...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !

 

L'Eglise de Jésus-Christ devait être infaillible, parce qu'elle était divine dans son institution, et qu'elle avait pour mission d'imposer sa doctrine à tous les peuples de la terre. Etant infaillible elle devait être Catholique, tous les hommes ayant un égal besoin de la vérité. L'un et l'autre de ces caractères ont pour conséquence l'apostolicité de l'Eglise, c'est-à-dire, la transmission pure et intacte jusqu'à nous de la doctrine et du ministère confiés par Jésus-Christ aux apôtres. Par là même que l'Eglise est apostolique, elle doit être une ; car les apôtres unis entre eux parle même symbole n'ont pas pu prêcher une doctrine ni exercer un ministère qui offrissent des différences essentielles ; et que, dès que la doctrine et le ministère remontent aux apôtres, et qu'ils ne reconnaissent qu'une seule et unique source, ils ne peuvent renfermer aucune divergence notable. Mais, la doctrine et le ministère de l'Eglise étant les mêmes que ceux des apôtres, ils doivent nécessairement partager avec eux le caractère de sainteté qui les distingue : donc l'Eglise est sainte. Or, l'essence même de la sainteté consiste dans le combat livré à l'erreur et aux passions, dans le dévouement et le sacrifice : il appartenait donc à l'Eglise, qui était sainte, d'être persécutée depuis Jésus-Christ et les apôtres jusqu'à la fin des temps, et d'être toujours animée de l'esprit de pénitence. L'Eglise romaine renferme seule tous ces caractères, c'est pour cela que dans la profession de notre foi nous disons : « Je crois en l'Eglise catholique, apostolique et romaine ».

I. L'Eglise romaine est infaillible, c'est-à-dire, qu'elle n'a jamais admis et qu'elle n'admettra jamais des dogmes, qu'elle n'a jamais donné et qu'elle ne donnera jamais un enseignement ni des décisions qui ne soient pas conformes à la parole divine, soit écrite, soit traditionnelle. De tout temps, depuis saint Pierre qui a établi son siège à Rome, jusqu'au Pape François, en passant par l'immortel Pie IX qui y règne encore, on a regardé, dans l'Eglise Catholique, le pape et les évêques comme des dépositaires des Ecritures et de la tradition, comme interprètes de la parole divine, comme juges de la foi, comme formant ce tribunal suprême qui doit juger en dernier ressort tout ce qui intéresse la religion, et auquel seul Jésus-Christ a promis l'infaillibilité en lui disant qu'il serait avec lui et l'assisterait jusqu'à la consommation des siècles, et que l'enfer ou l'erreur ne prévaudrait jamais contre lui. Or, comme le chef des évêques et de l'Eglise entière a son siégé à Rome, c'est bien l'Eglise romaine qui seule a reçu cette prérogative de l'infaillibilité.

II. L'Eglise romaine est répandue dans tout l'univers : elle étend son empire en Europe, en Asie, en Afrique, en Amérique, dans l'Océanie, dans toutes les parties du monde ; et il n'est aucune société chrétienne séparée de sa communion, qui, prise isolément, soit aussi universellement répandue qu'elle, c'est-à-dire, qui possède un nombre d'adeptes égal à celui des Catholiques Romains. En effet, les sectes ne se répandent que pour se diviser et former d'autres sectes, aussi opposées les unes aux autres qu'elles le sont à l'Eglise romaine. C'est le sort de l'erreur et de tous ceux qui n'ont pas reçu la promesse et le don de l'infaillibilité. L'Eglise romaine seule ayant reçu ce privilège divin peut seule répandre sa doctrine et son ministère sans craindre aucune altération. Aussi, malgré tous les efforts de l'esprit de mensonge, continue-t-elle à accomplir chaque jour sa mission céleste : elle enseigne toutes les nations, Dieu voulant dans sa justice et sa bonté mettre la vérité et le salut à la portée de tous : l'Eglise romaine est donc catholique.

III. Elle est encore apostolique, puisqu'elle a recueilli à Rome le précieux héritage des princes des apôtres, Pierre et Paul, et qu'elle n'a jamais enseigné une autre doctrine que celle qui lui a été transmise par les apôtres. Jamais elle ne s'est écartée de cette règle par laquelle elle a confondu toutes les hérésies : « Que rien ne soit innové, et que l'on s'en tienne toujours à ce qui nous a été transmis ». Ce sont les paroles de saint Etienne, pape et martyr, qui vivait vers le milieu du troisième siècle ; et c'est précisément parce que l'Eglise romaine n'a jamais rien voulu innover qu'on l'accuse d'être rétrograde et de ne pas vouloir suivre progrès. Comme elle a possédé dès son institution toutes les vérités nécessaires à son existence et à sa perpétuité, elle n'a, en effet, rien à innover. En vain on a voulu l'accuser d'avoir introduit des dogmes nouveaux et d'avoir altéré son enseignement ; car, jamais on n'a pu assigner l'époque précise, ni citer le nom des auteurs de ces nouvelles doctrines, tandis que l'on connaît parfaitement les Arius, les Pelage, les Nestorius, les Eutychès, les Luther, les Calvin, les Jansénius, et la date exacte de l'apparition de leurs erreurs. D'ailleurs, comment l'Eglise romaine, qui condamnait les novateurs, aurait-elle pu innover elle-même sans encourir le reproche de faire ce qu'elle blâmait si sévèrement dans les autres ? Et pourtant, jamais les Grecs, qui ont toujours été plus ou moins les ennemis et les rivaux des Latins, ne les ont accusés d'avoir introduit la moindre altération dans l'enseignement qu'ils ont reçu des Apôtres. L'Eglise romaine est encore apostolique quant au ministère. La succession de ses pasteurs commence aux apôtres, et vient jusqu'à nous sans interruption morale. L'histoire s'est chargée de nous conserver leurs noms et la date de leur règne. Nous pouvons donc dire avec Saint Augustin : « Je suis retenu dans l'Eglise, par la succession des pontifes sur la chaire de saint Pierre, depuis cet apôtre à qui le Seigneur a confié ses brebis, jusqu'au pape actuel ». Partout et dans tous les temps, on voit, dans les évêques de l'Eglise catholique, la succession de l'ordination avec la succession du pouvoir de juridiction, dont le mode de transmission a toujours été déterminé par la puissance apostolique.

IV. L'Eglise romaine est une : elle seule peut se glorifier de cette unité de doctrine qui la caractérise si bien au milieu des variations sans fin de toutes les sectes qui se sont détachées d'elle. Nous avons la même foi que nos pères, comme nos pères eux-mêmes ne croyaient que ce qu'ils avaient reçu de leurs ancêtres, que ce que leurs ancêtres tenaient des apôtres. Tous les Catholiques Romains professent les mêmes dogmes, admettent les mêmes préceptes évangéliques, les mêmes conseils de perfection. L'Eglise romaine a toujours eu la même Foi, et si elle a ajouté quelques mots à ses anciens symboles, c'est uniquement pour faire connaître aux fidèles, d'une manière plus expresse, ce qu'elle avait toujours cru ; mais sans introduire le moindre changement dans sa doctrine : elle l'a développée, mais ne l'a point altérée. L'Eglise romaine est une non-seulement quant à la doctrine, mais encore quant au ministère. Tous les Catholiques Romains reconnaissent comme institution divine une seule et même hiérarchie composée du chef de l'Eglise, des évêques, des prêtres et des autres ministres de la religion, tous parfaitement unis entre eux. Les laïques ou simples fidèles les regardent comme les seuls pasteurs qui aient reçu de Jésus-Christ le droit et la vertu de les diriger dans les voie du salut. La Chaire de Saint Pierre est pour eux le centre de l'unité Catholique. De tout temps, dans l'Eglise catholique romaine, on a regardé comme schismatiques les fidèles et les prêtres qui se séparent de l'évêque en communion avec les Pape, et les prêtres et les évêques qui se séparent du pape , l'évêque de Rome, successeur de Saint Pierre prince des apôtres ; et c'est même une des raisons qui la font accuser d'intolérance. Sa discipline seule a varié suivant les temps et les lieux, dans l'intérêt moral et spirituel des fidèles et du clergé ; ce qui montre précisément l'injustice de cette accusation : mais son gouvernement n'a jamais varié. L'Eglise romaine est donc une de fait dans son ministère comme dans sa doctrine, et elle Test de droit en vertu de sa constitution qu'elle tient de Jésus-Christ.

V. L'Eglise catholique est sainte, avons-nous dit, parce que son fondateur Jésus-Christ est le Saint des saints, parce que les premiers hommes qui ont travaillé à son établissement étaient des saints ; parce qu'elle a été instituée pour la sanctification des hommes ; parce que ses dogmes, ses mystères, sa morale, sa doctrine, en un mot, sont marqués au sceau de la sainteté ; enfin, elle est sainte, en ce qu'un certain nombre de ses membres sont saints, et qu'il ne peut y avoir de véritables saints que parmi ses enfants. Or, tous ces caractères de sainteté se trouvent réunis dans l'Eglise romaine, et dans elle seule. Qu'elle ait Jésus-Christ pour fondateur, et les saints apôtres pour premiers pasteurs, c'est ce que nous avons démontré en prouvant qu'elle était apostolique. Sa doctrine est sainte, puisqu'elle lui vient aussi directement des apôtres et de Jésus-Christ, qui en est l'auteur. Son histoire tout entière est le récit de ses travaux continuels pour la sanctification des hommes, et du zèle ardent qu'elle a toujours déployé pour y parvenir : témoin ses missions lointaines, au prix des plus rudes souffrances et même de la  vie de ses apôtres. Enfin l'Eglise Romaine a toujours eu des saints parmi ses membres. Jamais elle n'a cessé d'enfanter des justes de tout âge et de tout sexe, dans tous les rangs de la société. Sans doute un grand nombre se sont sanctifiés dans l'obscurité de la vie commune ; mais l'histoire en a enregistré dans tous les siècles qui se sont illustrés par l'éclat de leurs vertus. De tout temps, même de nos jours, on voit dans l'Eglise romaine des martyrs et des confesseurs de la Foi. Tous ses membres ne sont pas des saints, parce qu'ils sont hommes, et par conséquent sujets aux passions et aux faiblesses humaines, et que par là même ils n'ont pas toujours le courage de suivre ses instructions. Mais, comme le dit saint Augustin : « Si nous avons dans quelques scandales publics de justes sujets de douleur, il est aussi d'admirables vertus dont le spectacle doit nous consoler. Cette lie épaisse, qui attriste vos regards, ne doit point faire haïr le pressoir d'où sort en même temps l'huile pure dont la flamme brillante éclaire la maison de Dieu ». (Lettre 78). Il suffit d'ajouter que puisque l'Eglise Romaine possède seule la vraie doctrine de la sainteté, qui est la doctrine de Jésus-Christ, elle seule aussi peut produire des saints.

VI. La persécution est le dernier caractère de la véritable Eglise, que nous avons signalé. Ce caractère est-il au front de l'Eglise romaine ? C'est à peine si nous osons poser cette question. L'histoire et tous ses monuments semblent se lever avec enthousiasme pour y répondre. Il n'est aucune ville qui ait donné à l'Eglise autant de martyrs que Rome. On ne peut faire un seul pas dans cette capitale du monde chrétien sans y rencontrer la trace du sang généreux répandu pour la foi. Que serait-ce si nous parcourions les catacombes, qui recèlent encore dans leur sein les ossements de tant de victimes de leur généreuse fidélité à Jésus-Christ ? Il n'est pas surprenant, en effet, que le christianisme, allant s'établir au cœur du monde païen, ait été plus persécuté encore à Rome que partout ailleurs. Au reste, lorsque le sang de l'Eglise romaine eut cessé de couler autour de la Chaire de Saint Pierre, ses flots continuèrent néanmoins à être versés en d'autres lieux pour la cause de la foi chrétienne ; et aujourd'hui encore elle compte de nombreux martyrs en Chine, en Cochinchine et dans une multitude d'autres régions aussi inhospitalières. Mais Rome étant le siège du gouvernement de l'Eglise Catholique, elle n'a presque jamais cessé d'être de préférence le but spécial des persécutions de l'impiété contre la religion de Jésus-Christ, et trop souvent elle a été même la victime de l'ambition et de la colère des peuples et des rois. Les Goths, Genseric, Théodoric, Totila, les Lombards et bien d'autres, y portèrent successivement le fer et le feu ; et son histoire n'est qu'une persécution presque continuelle. Mais jamais elle ne s'en est alarmée ; confiante dans les promesses de son divin Epoux, elle a toujours souffert avec calme et résignation, avec dignité et sans faiblesse ; car elle savait que la barque de Pierre peut bien être plus ou moins agitée par les tempêtes, mais qu'elle ne périra jamais. Ainsi l'Eglise romaine est infaillible, Catholique, Apostolique, Une, Sainte, et l'objet des persécutions du monde : elle est donc la véritable Eglise fondée par le Divin Sauveur.

 

Élévation sur l'Eglise romaine réunissant tous les caractères divins de la véritable Eglise

 

I. O sainte Eglise Romaine ! Lorsque je jette un regard sur les sociétés religieuses qui se partagent la terre, je ne vois que vous seule qui réunissiez tous les caractères divins qui manifestent de la manière la plus éclatante que vous n'êtes pas l'ouvrage d'une intelligence humaine. Comme vous laissez loin derrière vous tous ces rêves creux et ces systèmes étroit des génies et des philosophes, même les plus éminents ! Il est impossible de vous contempler avec quelque attention, sans être frappé de ces rayons célestes qui s'échappent de votre front et qui révèlent au plus aveugles votre origine toute divine. Où se trouve ailleurs que dans votre sein l'interprète infaillible des oracles sacrés de celui qui est le Très-Haut ? Je cherche sur la terre une société qui invoque le vrai Dieu et qui compte un aussi grand nombre d'adorateurs en esprit et en vérité que vous comptez d'enfants, et je n'en découvre aucune. Qui pourrait vous disputer les droits évidents de votre antiquité, lorsque votre généalogie bien connue vous fait remonter jusqu'aux apôtres, jusqu'à Jésus-Christ, leur divin Maître ? Que les sectes qui se sont violemment séparées de vous nous montrent l'unité de leurs adhérents à côté de votre immutabilité ! Elles pourront nous nommer d'honnêtes gens et des héros même sortis de leurs rangs ; mais jamais elles ne pourront nous montrer des saints, puisqu'elles ne possèdent pas la vraie doctrine de la sainteté. Elles nous rappelleront bien le nom de quelques fanatiques morts pour défendre leurs erreurs et leurs œuvres ; mais elles seront impuissantes à prouver que la persécution est leur destinée à tout jamais, parce qu'on ne persécute à perpétuité que la vérité et la justice. Vous seule surtout, ô sainte Épouse de Jésus-Christ, possédez le trésor sacré de la Charité Divine dont l'éclat laisse dans les ténèbres les plus profondes la bienfaisance parement humaine et la philanthropie, qui n'en sont qu'une froide et misérable contrefaçon. Eglise de Jésus-Christ, ô Eglise romaine, que vous êtes belle ! Ô beauté toujours ancienne et toujours nouvelle, sans tache et sans ride ; ô ma mère bien-aimée, soyez donc à jamais bénie d'avoir daigné me recevoir dans votre sein, et de me compter au nombre de vos enfants !

II. Que vos conseils, ô Seigneur, sont admirables, et que vos voies sont profondes ! Une éternelle succession fut destinée à Saint Pierre. Il devait toujours y avoir un Pierre dans l'Eglise, pour confirmer ses frères dans la Foi, et pour tenir sans cesse la main au gouvernail ; mais il lui fallait un siège fixe pour l'exercice de cet office. Quel siège lui choisîtes-vous, ô Divin Maître ! Et qui pourrait assez admirer votre sagesse ! Ce ne pouvait être Jérusalem, parce que le moment était venu où, faute d'avoir connu le temps de sa visite, elle allait être livrée aux gentils, et détruite de fond en comble. L'heure de la conversion des gentils, d'autre part, avait aussi sonné ; ils allaient entrer en foule dans le temple de Dieu, c'est-à-dire dans son Eglise. Quel fut alors le lieu sur lequel tomba votre choix, Seigneur ? Rome, la maîtresse du monde, la reine des nations, et en même temps la mère de l'idolâtrie, la persécutrice des saints, c'est elle qui obtint vos préférences pour y placer le centre de la Foi qui devait être prêchée, comme d'un lieu plus éminent, à toute la terre. Vous aviez préparé de loin l'empire romain pour la recevoir. Un si vaste empire, qui réunissait dans son sein tant de nations, était destiné à faciliter la prédication de votre Evangile, et à lui donner un cours plus libre. A la vérité, l'Evangile devait encore aller plus loin que les conquêtes romaines, et il devait être porté aux nations les plus barbares ; mais enfin l'empire romain devait être son siège principal. Merveille ! les Scipion, les Pompée, les César, en étendant l'empire romain par leurs conquêtes, devaient être en quelque sorte les pionniers destinés à préparer les voies au règne de Jésus-Christ ; et, selon cet admirable conseil, Rome devait être la capitale de l'empire spirituel du Sauveur, comme elle l'était de l'empire temporel des Césars. Dès lors. Seigneur, vous avez tellement disposé les choses, que les successeurs de saint Pierre, à qui on donna par excellence le nom de Papes, c'est- à-dire celui de Pères, ont fait de la Chaire de Saint Pierre la chaire de l'unité, dans laquelle tous les évêques et tous les fidèles, tous les pasteurs et tous leurs troupeaux, se sont unis.

III. Aussi Rome, pour tout chrétien qui l'a visitée, est-elle, non pas seulement le plus vénérable des sanctuaires, mais encore la patrie et la maison paternelle. On s'y trouve comme chez sa mère, on y respire plus librement, l'atmosphère y est plus douce et plus suave qu'en aucun lieu du monde. Il semble qu'on y retrouve ce qu'on avait vu dans son enfance, parce qu'à chaque pas on y voit les lieux où habitèrent et souffrirent Saint Pierre et Saint Paul, tous ces Martyrs et ces Saints illustres qui furent nos pères dans la foi, et dont on nous racontait les sublimes vertus dans nos jeunes années. On s'attendrait presque à les rencontrer pleins de vie, tant leur mémoire est encore vivante, et le parfum qu'ils ont laissé après eux se sent encore partout. Seigneur ! Que vous montrez bien, ô Rome surtout, que vous êtes notre Père, et que vous êtes l'Epoux de votre Eglise bien-aimée ! Comme votre charité se plaît à se dilater et à répandre ses divines influences dans cette ville privilégiée ! Là  tous les malheureux à quelque classe de la société, à quelque nation qu'ils appartiennent, trouvent un asile et le sein d'une mère pour s'y reposer et s'y consoler. Depuis les têtes couronnées, que l'instabilité des choses humaines a chassées de leurs états, jusqu'au pauvre pèlerin que la foi amène les pieds nus, jusqu'au tombeau des saints apôtres, tous rencontrent dans la ville sainte un accueil fraternel, délicat et cordial, tel qu'on pourrait à peine l'espérer au sein de sa propre famille. Cette majesté si douce, si pleine de noblesse et de grandeur, que vous voyez apparaître dans les traits et la tenue des princes de l'Eglise et du souverain Pontife, au milieu des imposantes cérémonies de la religion, se change bientôt, lorsque vous les abordez personnellement, en une affabilité et un abandon qui vous font oublier, au bout de quelques instants de conversation, que vous parlez aux premiers dignitaires de la chrétienté. Nulle part, aucun souverain n'est aussi abordable que le Saint-Père ne l'est au Vatican ; et il est impossible d'exprimer les sentiments de respect et d'amour qu'il sait inspirera ceux auxquels Dieu fait la grâce de l'approcher. Comme il réalise bien son nom, saint Père ! Oui, lorsque vous êtes prosternés à ses pieds, vous croiriez être aux pieds de Saint Pierre ou de Jésus-Christ Lui-même. Il semble qu'une émanation de sainteté vous pénètre tout entier et vous absorbe. Puis, lorsque sa douce main vous relève après vous avoir béni, lorsque sa parole bienveillante s'est fait entendre, vous retrouvez le bon Père de la famille chrétienne, et un cœur si doux et si tendre que vous en êtes tout interdit. Eglise romaine, pourquoi vos ennemis ne vous voient-ils pas de près ? ils reconnaîtraient d'instinct que vous êtes véritablement l'épouse de Jésus-Christ ; ils cesseraient de vous persécuter ; ils seraient heureux de vous appeler leur mère, de vous aimer et d'être vos enfants soumis et dévoués !

 

Je crois en Dieu...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !

 

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22 juin 2014

Le Mois de Saint Pierre

Le Mois de Saint Pierre

ou dévotion à l'Eglise et au Saint Siège

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Vingt-troisième jour

Les persécutions de l'Eglise

 

Notre Père... Je vous salue Marie...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !

 

I. Tous ceux qui veulent vivre en accomplissant fidèlement la doctrine de Jésus-Christ, disait l'apôtre Saint Paul, souffriront persécution. (2 Timothée 3, 12). Et Notre-Seigneur avait déjà dit : « Heureux ceux qui souffriront persécution pour la justice; car le royaume des cieux leur appartient. Estimez-vous heureux lorsqu'on vous maudira et que l'on vous persécutera ; lorsqu'on dira faussement toute sorte de mal contre vous par rapport à moi : réjouissez-vous alors, et tressaillez d'allégresse, parce que votre récompense est grande dans le ciel : c'est ainsi qu'ont été persécutés les prophètes, qui sont venus avant vous ». (Matthieu 5, 10 et ss). La destinée de l'Eglise est donc d'être persécutée, et c'est là l'un de ses caractères essentiels et divins. Sans doute, elle aura de temps en temps des moments de repos et de paix ; mais ce ne sera pour ainsi dire que pour lui laisser reprendre haleine, et pour lui donner le loisir de se préparer à de nouveaux combats. Les persécutions entourèrent son berceau : à peine Sauveur était-il né, que déjà  Hérode cherchait à mettre à mort ; et sa vie publique fut une persécution continuelle, qui ne se termina pour lui que lorsqu'il rendit le dernier soupir sur la croix. Les apôtres, disciples et ses successeurs dans l'oeuvre de la rédemption, ne furent pas mieux traités que leur maître, tous reçurent la couronne du martyre pour prix de leur fidélité et de leur dévouement. Mais ce n'était encore là que le prélude des trois premiers siècles de l'ère chrétienne, pendant lesquels l'Eglise devait se fonder et s'établir par le martyre, non plus seulement de ses princes et de ses chefs, mais encore par celui de milliers de chrétiens de tout âge, de tout sexe et de toute condition. C'est encore au prix de ces sacrifices sanglants qu'elle fait aujourd'hui de nouvelles conquêtes en Chine, en Cochinchine et dans une multitude d'autres régions lointaines. Ce n'est pas toutefois uniquement contre la vie de ses enfants que l'on conspire : on s'étudie aussi à attaquer ses dogmes, ses mystères, sa doctrine et même sa morale, dont on admire les principes, comme pour être autorisé à en condamner l'application pratique, que l'on trouve trop austère. On dénature les intentions et l'esprit de la sainte Eglise, on lui prête toutes les passions humaines, et sous ces prétextes futiles qui offrent quelque chose de spécieux aux masses, peu instruites surtout en matière de religion, on lui reproche d'avoir dégénéré de sa perfection primitive, de tomber en décadence, et l'on annonce depuis plusieurs siècles sa mort prochaine. On l'accuse d'idées rétrogrades, de s'obstiner à ne pas progresser avec les lumières des temps contemporains. On attaque ses docteurs, on renverse ses institutions. On traque et l'on épie ses ministres pour les trouver en défaut, et au besoin on les calomnie. On tourne en ridicule ses cérémonies les plus augustes, on raille ses enfants les plus dévoués et les plus fidèles ; c'est, en un mot, une guerre à outrance qu'elle aura à soutenir jusqu'à la fin des temps. L'Eglise ne s'étonne pas de ces persécutions, elle y compte, elle les attend comme une preuve de son institution divine, puisque Jésus-Christ les lui a prédites. « Voilà, lui dit-il que je vous envoie comme des brebis au milieu des loups : soyez donc prudents comme les serpents, et simples comme les colombes. Prenez garde aux hommes : ils vous traîneront devant leurs tribunaux et vous feront fouetter dans leurs synagogues. Ils vous conduiront à leurs juges et à leurs princes à cause de moi... Le frère livrera son frère pour qu'on le fasse mourir, et le père livrera son fils : les enfants eux-mêmes s'élèveront contre leurs parents pour qu'ils soient mis à mort. Vous serez un objet de haine pour tout le monde à cause de mon nom... Le disciple n'est pas plus que le maître... S'ils ont appelé le père de famille Belzébuth, comment n'en agiraient-ils pas de même avec ses serviteurs ?... Ne craignez donc pas ceux qui peuvent tuer le corps, mais qui sont impuissants à tuer l'âme : mais craignez plutôt celui qui peut précipiter le corps et l'âme dans les supplices éternels » (Matthieu 10, 16 et ss).

II. Les persécutions prédites par Notre-Seigneur à son Eglise ne devaient pas être seulement le fruit de la tyrannie et de l'oppression. Il lui en réservait de moins éclatantes et de plus continues, dans les épreuves ordinaires de la vie. Les premières ne devaient atteindre que les fidèles assez généreux pour confesser publiquement leur foi persécutée ; mais les secondes frappent tous les hommes indistinctement, car elles sont la suite et la punition du péché de notre premier père. Dans les desseins de Dieu, elles sont tout ensemble l'accomplissement des lois de sa justice et de celles de sa miséricorde : une expiation du péché, et une épreuve de notre fidélité. Tantôt il se charge lui-même de nous les envoyer directement par la mort de nos proches ou de nos meilleurs amis, par les maladies, les souffrances et les infirmités qui attristent si souvent notre existence. Tantôt, et le plus ordinairement, les hommes eux-mêmes deviennent entre ses mains, sans le vouloir et même sans le savoir, des instruments de persécution destinés à accomplir les desseins de Dieu sur son Eglise. Ce sont les médisances, les calomnies, les pertes de fortune ; le délaissement de nos amis et de nos proches ; l'ingratitude, des vengeances aveugles et injustes que l'on exerce contre nous ; les partialités, les injustices, les humiliations dont nous sommes victimes ; les caractères et les humeurs difficiles des personnes qui nous entourent, et avec lesquelles nous sommes forcés de vivre. Ce sont, si vous le voulez, des persécutions à coups d'épingle, mais qui n'en sont pas moins rudes ; d'autant plus qu'elles sont inévitables, persistantes, secrètes et de tous les jours. Sans doute, ce genre de persécution ne s'exerce pas uniquement contre les membres de l'Eglise, l'humanité tout entière y est soumise. Mais l'Eglise, dans le plan divin, devant être catholique, les éléments de sa destinée devaient être universels comme elle. Ceux qui ne veulent pas lui appartenir font un mauvais usage des persécutions, comme ils abusent des biens de la terre, et de toutes ces choses que Dieu a mises aux mains de tout le monde pour être des éléments de la vie chrétienne, et par conséquent des moyens de salut. Aussi, ce genre de persécution devient-il pour les enfants de l'Eglise une source continuelle de grâces : les uns sont ramenés à la vérité et à la pratique oubliée ou négligée de leurs devoirs religieux par les épreuves, qui leur ouvrent les yeux sur la vanité des choses du temps ; et, ne trouvant pas sur la terre le bonheur qu'ils comptaient y trouver, ils tournent alors leurs regards vers l'éternité ; les autres, habitués à vivre aux lumières consolantes de la foi, trouvent dans les afflictions que la Providence leur envoie un moyen aussi efficace que facile d'expier leurs fautes et une source intarissable de mérites.

III. Il est un troisième genre de persécutions qui n'est pas moins profitable à l'Eglise de Dieu, et qui ne vient ni de Dieu ni des hommes : mais de nous-mêmes, de l'esprit du monde et du démon : ce sont nos passions, nos mauvais penchants, et les tentations multipliées qui nous livrent sans cesse une guerre acharnée. L'honnêteté naturelle, l'intérêt, la philosophie ont bien pu quelquefois mettre un frein à la fureur de ces ennemis de l'humanité ; mais leur triomphe toujours partiel ne s'accomplissait qu'en développant d'autant plus d'autres mauvais instincts de notre nature corrompue. C'est ainsi que Diogène pratiquait le détachement des richesses, et qu'il se servait de cette apparence de vertu pour nourrir son orgueil. L'Eglise seule a reçu du divin Maître le secret du combat chrétien qui ne fait quartier à aucune passion, qui ne ménage aucun penchant désordonné. Sans doute la faiblesse humaine aidée même de la grâce ne triomphe pas toujours sur toute la ligne, mais elle a sans cesse les armes à la main, et se reproche du moins ses défaites. Cette guerre spirituelle, cette persécution intime sont une des plus rudes épreuves des enfants de l'Eglise, parce qu'elles les exposent à chaque instant au danger de se perdre pour l'éternité, c'est-à-dire, au plus grand des malheurs pour ceux qui vivent sous les inspirations divines de la  foi. Mais aussi, d'autre part, c'est au milieu de ces luttes quotidiennes que les caractères se fortifient, que l'énergie devient du courage, et que celui-ci s'élève jusqu'à l'héroïsme. Les victoires se multiplient, et avec elles les mérites qui assurent à ceux qui les remportent un poids de gloire incomparable dans la vie future. Telle est pour l'Eglise l'avantage immense de ces épreuves. Enfin, tous ces genres divers de persécutions ne suffisent point encore à l'amour ardent de l'épouse de Jésus-Christ pour les souffrances. A l'exemple du divin Sauveur, elle les désire, elle y aspire et s'en impose elle-même par la mortification et la pénitence. De là les jeûnes, les abstinences et les autres austérités qu'elle prescrit ou qu'elle conseille à ceux qui vivent sous ses lois. La persécution, de quelque côté qu'elle vienne, et quel que soit le sens qu'on lui donne, est donc un des éléments de la vie de l'Eglise ; elle en est un des caractères distinctifs.

 

Élévation sur les persécutions de l'Eglise

 

I. Je ne suis plus surpris, ô divin Maître, du langage que vous teniez aux peuples qui se pressaient autour de vous pour entendre vos divins oracles. « Il faut, disiez-vous, que le Fils de l'homme souffre beaucoup ; il faut qu'il soit condamné par les anciens du peuple, par les princes des prêtres et par les scribes ; qu'il soit mis à mort, et qu'il ressuscite le troisième jour ». Aussi disait-il à tous, continue le texte sacré : « Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il a se renonce soi-même, qu'il porte sa croix tous les jours, et qu'il me suive. Que celui qui veut sauver son âme, fasse le sacrifice de sa vie, car celui qui en fera le sacrifice pour moi, la sauvera. Que sert, en effet, à l'homme de gagner l'univers entier, s'il se perd lui-même ? » (Luc 9, 22 et ss). Non, je ne suis plus surpris des prédictions que je méditais tout à l'heure, et par lesquelles vous prépariez l'âme de vos disciples à soutenir les rudes combats que vous réserviez à votre Eglise. S'il fallait que le Christ souffrît pour entrer dans sa gloire (Luc 24, 26), comment l'Eglise son épouse aurait-elle pu partager sa couronne sans être associée à ses souffrances ? Aussi le diadème sanglant et glorieux du martyre n'a-t-il jamais cessé entièrement de reposer sur son front. Un vénérable vieillard inspiré de Dieu, vous tenant pressé entre ses bras quelques jours à peine après votre naissance, s'était écrié : « Cet enfant a été envoyé de Dieu pour être la perte et la résurrection d'un grand nombre dans Israël, et il sera en butte à la contradiction ». (Luc 2, 34). N'est-ce pas aussi la destinée réservée à votre Eglise ? Elle vous a succédé dans l'oeuvre admirable de la rédemption : elle annonce partout la doctrine que vous lui avez enseignée et dont vous lui avez confié le précieux dépôt. Les uns la recueillent avec avidité et en suivent fidèlement les préceptes, ils en reçoivent la vie ; d'autres, au contraire, la repoussent avec dédain, et ils se perdent. Dès lors, la sainte Eglise est comme vous en butte à la contradiction. Comme vous, elle a des ennemis qui la persécutent, tantôt par leurs paroles et leurs sarcasmes, tantôt par leurs livres impies. On voudrait l'anéantir ; on l'épie, on la poursuit, on use de violence, on fait couler son sang, ou bien on s'attaque à son Chef vénéré, on le chasse de son trône, on lui arrache sa couronne, on l'exile ou on le charge de fers, on le retient captif dans une étroite prison ; et partout on publie la mort prochaine de votre sainte épouse. Vous lui avez bien prédit, Seigneur, qu'elle serait crucifiée, mais vous lui avez promis aussi l'immortalité. Elle souffrira donc , mais elle n'en deviendra que plus glorieuse, et ne périra jamais !

II. Une de vos plus fidèles servantes, en exprimant son amour pour les souffrances, était bien l'admirable interprète des sentiments de votre Eglise et de la destinée que vous lui avez faite, lorsqu'elle s'écriait : « Ou souffrir, ou mourir » ; une autre disait mieux encore dans l'ardeur de sa charité : « Toujours souffrir, jamais mourir ». C'est bien là, en effet, la véritable devise d'une épouse digne de vous. Tous les jours ses enfants, sans être exposés au martyre, voient se multiplier autour d'eux les occasions de vous témoigner leur amour, en supportant avec résignation et en union avec vos souffrances les épreuves de la vie. Oh ! Que d'âmes saintes qui savent souffrir avec une angélique patience les maladies, les infirmités, les contrariétés de toute sorte, les incompatibilités d'humeur et de caractère ! Avec quel courage et quel héroïsme se soumettent à votre volonté sainte ces généreux chrétiens, qui, semblables aux enfants dans la fournaise, chantent encore vos louanges, lorsque la mort vient les frapper dans leurs plus chères affections, ou que la fortune capricieuse les réduit aux dernières extrémités de la misère ! Combien de Jobs s'écrient encore : « Vous m'aviez tout donné, Seigneur, vous m'avez tout repris, que votre saint nom soit béni ! » Ils n'arrêtent pas leurs regards à ceux qui ne sont que les instruments aveugles de la Providence vis-à-vis d'eux ; jamais la foi leur montre que c'est vous, Seigneur, qui dirigez tous les événements de la vie indépendants de leur volonté ; et comme vous ne faites ni ne permettez rien que pour le plus grand bien de vos enfants, ils doivent toujours, quoi qu'il arrive, vous louer et vous bénir.

III. Ce n'est pas sans un profond mystère, ô divin Sauveur, que la croix est devenue le symbole essentiel du christianisme, que l'Eglise en couronne le frontispice de ses temples, qu'elle l'expose à la vénération publique sur ses autels, qu'elle la porte comme étendard de ralliement dans ses cérémonies les plus solennelles, qu'elle veut que toutes nos principales actions commencent par ce signe auguste, et que tout chrétien donne dans sa maison la place d'honneur à l'image qui lui rappelle que vous l'avez aimé jusqu'à la mort, et à la mort de la croix : le sacrifice, inséparable de l'amour, dont il est la plus vraie et la plus haute expression, devait être le fond de la vie chrétienne. Pour être chrétien, il fallait que l'homme fût, non-seulement prêt à donner au besoin sa vie par amour pour vous; qu'il fût toujours dans la disposition de se soumettre à vos décrets les plus inattendus : mais il fallait aussi qu'il s'immolât sans cesse lui-même à vous, en combattant ses penchants les plus intimes pour les plier au joug de votre loi : la mortification de la chair et des sens devait faire de lui une victime continuelle, et son cœur devait être un autel domestique sur lequel l'holocauste de toutes ses pensées, de ses désirs et de ses affections, vous sera offert chaque jour. Voilà le secret que nous révèle la croix. Si l'auguste sacrifice qui s'offre à chaque instant de l'orient à l'occident est essentiel à la vie de l'Eglise, ô divin Maître, celui des cœurs ne l'est pas moins. Qui pourrait dire les bénédictions célestes qu'attirent sur la terre la réunion de tant d'immolations, de tant de victimes volontaires, non pas seulement de celles où le sang coule, mais encore de celles qui consistent dans l'acceptation secrète et résignée des épreuves, et dans le combat chrétien de tous les jours ? O divin Jésus, accordez-moi la grâce d'en augmenter le nombre en me donnant entièrement à vous, sortant en moi les stigmates de vos plaies adorables, et en vivant de cette vie persécutée et sainte qui est l'un des caractères divins de votre sainte Eglise.

 

Je crois en Dieu...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !

 

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21 juin 2014

Le Mois de Saint Pierre

Le Mois de Saint Pierre

ou dévotion à l'Eglise et au Saint Siège

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Vingt-deuxième jour

Sur la sainteté de l'Eglise

 

Notre Père... Je vous salue Marie...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !

 

L'apôtre Saint Paul disait aux Ephésiens : « Jésus-Christ a aimé son Eglise, et il s'est livré à la mort pour elle, afin de la sanctifier en la purifiant par l'eau divine de la parole de vie, afin de la faire paraître devant lui pleine de gloire, sans tache, sans ride, sans rien de semblable, et de la rendre sainte et sans aucun défaut ». (Ephésiens 5, 27.) Aussi, tous les chrétiens professent-ils que l'Eglise est sainte, comme le prouve le Symbole des apôtres qu'ils récitent chaque jour.

I. L'Eglise est sainte en ce que : 1° son fondateur Jésus-Christ est le Saint des saints, la source de toute sainteté. Or, Jésus-Christ étant toujours le chef, quoique invisible, l'âme et la vie de son Eglise, il en résulte qu'elle vit, qu'elle ne pense, qu'elle n^agit que par lui. C'est en cela, dit saint Jean, que Dieu a fait paraître son amour envers nous, en ce qu'il a envoyé son Fils unique dans le monde, afin que nous vivions par lui. (Epître de S. Jean, 4, 9). Nous avons vu, au reste, dans la méditation quinzième, comment Jésus-Christ continue à entretenir la vie dans son Eglise. Cette Eglise peut donc dire comme saint Paul : « Je vis, ou plutôt ce n'est plus moi qui vis, mais Jésus-Christ qui vit en moi ; et si je vis encore dans ce corps mortel, j'y vis en la foi du Fils de Dieu, qui m'a aimé, et qui s'est livré lui-même à la mort pour moi » (Galates 2, 20). Ainsi l'Eglise est sainte, puisque c'est Jésus-Christ qui lui a donné la vie en la fondant, et qu'il continue de la faire vivre de sa vie, en vivant lui-même en elle. 2° Elle est sainte encore en ce que les premiers hommes qui ont travaillé à son établissement étaient des saints, et que, puisqu'un bon arbre ne peut produire que de bons fruits, des saints n'ont pu coopérer qu'à la fondation d'une société dont le caractère essentiel fût la sainteté.

II. L'Eglise est sainte parce qu'elle a été instituée pour la sanctification des hommes. « Le Seigneur, dit l'apôtre Saint Paul, a établi les uns pour être apôtres, d'autres pour être prophètes, d'autres pour être évangélistes, d'autres pour être pasteurs et docteurs, afin qu'ils travaillent à la sanctification des saints, qu'ils remplissent les fonctions de leur ministère pour l'édification du corps de Jésus-Christ, qui est l'Eglise ». (Ephésiens 4, 11, 12). Aussi, voyons-nous que tous ses efforts, ses travaux, ses sacrifices ont pour but de rendre les hommes meilleurs et de les conduire à la perfection. Tous les jours elle accomplit fidèlement sa mission, qui consiste à continuer l'œuvre de la Rédemption, en annonçant la parole divine, ou la vérité, pour détruire l'erreur et éclairer les âmes ; en appliquant, par l'administration des sacrements, les mérites de la passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ, pour purifier les hommes de leurs souillures, pour les soutenir contre la corruption du siècle et les conduire enfin à la sainteté, et au bonheur du ciel qui en est la récompense.

III. L'Eglise est sainte, parce que sa doctrine, c'est-à-dire, ses dogmes, ses mystères et sa morale, sont marqués au sceau de la sainteté, puisqu'ils sont l'ouvrage de Dieu lui-même, et qu'ils ne nous sont imposés par lui que pour nous conduire à la sainteté.

IV. L'Eglise enfin est sainte, en ce qu'un certain nombre de ses membres sont saints, et qu'il ne peut y avoir de véritables saints que parmi ses enfants. Comment, en effet, une mère si sainte ne serait-elle pas féconde en saints ? Aussi, saint Pierre parlant de la société chrétienne l'appelle : « La nation sainte, le peuple d'acquisition ». (Pierre 1, 11). L'Eglise renferme pourtant dans son sein des justes et des pécheurs, des bons et des méchants, des parfaits et des imparfaits ; ils sont mêlés ensemble et unis par la profession publique de la même foi, par la participation extérieure aux mêmes sacrements, et par la dépendance des mêmes pasteurs légitimes dont le pape est le chef visible ; le péché mortel ne sépare pas les méchants de l'Eglise, tant qu'ils conservent l'habitude de la foi ; c'est, en effet, ce qu'enseigne la doctrine catholique. Mais ce mélange des justes et des pécheurs ne saurait être un obstacle à la sainteté de l'Eglise, puisque celle-ci comptait déjà parmi ses membres, dès son origine, un Judas et de faux frères ; et que si elle ne retranche pas les mauvais de son sein, c'est qu'elle espère toujours les voir se convertir, et qu'elle se dirige par le même esprit que Jésus-Christ son époux, qui ne voulait pas que l'ivraie fût séparée du bon grain avant le temps de la  moisson. Le saint Evangile ne nous représente-t-il pas encore l'Eglise comme l'aire qui contient à la fois la paille et le froment ; comme le filet qu'on jette à la mer, et que l'on retire plein de poissons de toute espèce ; comme le mélange des boucs avec les brebis, du méchant serviteur avec le serviteur fidèle, des vierges prudentes avec les vierges folles ? Il n'y a que quelques péchés énormes, et notamment ceux commis avec opiniâtreté contre la foi, qui puissent la décider à retrancher de sa communion ceux qui ont l'audace de les commettre. Encore ne le fait-elle que pour conserver intact le précieux dépôt de la foi lorsqu'il est menacé, et est-elle toujours prête à réhabiliter et à recevoir à bras ouverts tous ceux qui abjurent leurs erreurs et qui demandent à rentrer dans son sein. La sainteté consistant dans la profession sincère de la foi divine, et dans la pratique soutenue des vertus chrétiennes enseignées dans l'Evangile, dont l'Eglise a été établie seule dépositaire par Jésus-Christ, il s'ensuit qu'il ne peut y avoir de véritables saints que parmi ses enfants. Cette vérité ne renferme pas plus d'intolérance que celle-ci : « L'eau est le seul élément où les poissons puissent vivre et se multiplier ». Ailleurs que dans l'Eglise on peut être un homme de bien, courageux, héroïque même ; on peut posséder des vertus morales et humaines ; mais il n'appartient qu'à l'Eglise de surnaturaliser toutes ces vertus, de leur imprimer un sceau divin, et par conséquent de faire des saints.

 

Élévation sur la sainteté de l'Eglise

 

I. La sainteté, c'est l'ordre ; comme le péché est le désordre. Et c'est parce que vous êtes la sainteté par essence, ô mon Dieu, que toutes nos œuvres portent le cachet d'un ordre admirable et immuable. Cet immense univers qui se déploie sous nos yeux n'en est-il pas une preuve éclatante ? Depuis les jours de la création jusqu'à nous, le soleil et tous les autres corps célestes du firmament, la terre et tout ce qu'elle renferme n'ont-ils pas accompli leurs révolution, n'ont-ils pas rempli les fonctions qui leur avaient été assignées, avec une exactitude mathématique et avec une harmonie parfaite ? Mais cet ordre physique merveilleux, qui règne dans la création, n'est qu'une faible image de celui que vous avez établi dans votre Eglise, qui, étant aussi l'ouvrage de vos mains, devait être marquée au même sceau. Ici, ce n'est plus seulement un mécanisme gigantesque et dont les détails infinis et les lois savantes ont été, depuis près de s mille ans, le désespoir des plus grands génies, qui ont bien découvert quelques-uns de vos secrets, mais qui sont encore bien loin d'en avoir le dernier mot ; il ne s'agit plus de la vie purement organique des végétaux et des animaux, dont la physiologie se rend compte jusqu un certain point, assez pour en admirer la fidèle régularité, mais non pour en comprendre le ressort intime. Toutes ces merveilles ne sont que des accessoires l'usage du monde des esprits voyageurs sur la terre, au milieu desquels l'Eglise vient restaurer et rétablir l'ordre divin et primitif que le péché d'origine avait détruit. L'ordre physique aurait-il seul ses garanti dans les lois constantes de la création? Oh ! Non ! Seigneur, le monde moral est d'une nature bien autrement noble et élevée, pour que vous n'ayez pas pour aux moyens d'y maintenir aussi l'ordre nécessaire à sa vie et sa conservation. Mais l'Eglise, l'instrument surnaturel dont vous avez voulu vous servir pour atteindre ce but si important, ne doit-elle pas posséder elle-même ce principe de vie qu'elle est destinée à communiquer à l'univers entier, c'est-à-dire, l'ordre moral ou la sainteté ?

II. Oui, Seigneur, je le crois fermement, vous êtes la sainteté même, la sainteté par essence. Toutefois, vous n'avez pas voulu que votre sainteté fût une perfection purement spéculative, un trésor enfoui. Vous en êtes la source première ; mais il entrait dans vos ineffables desseins d'en répandre les eaux fécondes dans tous les cœurs, et c'est ce qu'accomplit chaque jour votre Eglise. C'est elle que vous avez établie dépositaire et distributrice de ces célestes richesses. C'est elle qui, puisant à pleines mains dans les eaux divines de la sainteté, nous sanctifie dès que nous faisons notre entrée dans ce monde, en nous donnant la naissance spirituelle. Dès lors, elle devient notre mère et nous entoure de sa plus tendre sollicitude. Elle bégaye avec nous les maximes de l'éternelle sagesse et de la sainteté chrétienne, dont elle seule possède les secrets. Elle nous ouvre ensuite le trésor de ses sacrements, par lesquels nous réparons les brèches faites à notre sanctification, et où nous trouvons les secours nécessaires non-seulement pour en relever les ruines, mais encore pour en faire un édifice indestructible, et capable de résister à toutes les attaques du monde et du démon. C'est elle, enfin, qui fait descendre chaque jour sur ses autels la victime sainte qui ôte les péchés du monde, la victime qui expie nos erreurs, et qui demande sans cesse grâce pour nous, la victime source de toute sainteté ; elle l'offre à nos adorations, elle nous convoque à y participer pour nous inoculer pour ainsi dire ses vertus, et elle la conserve précieusement dans son sanctuaire, comme son plus riche trésor, afin que le Dieu de sainteté soit toujours avec nous.

III. Oh ! Eglise de Jésus-Christ, notre mère bien-aimée, comment ne seriez-vous pas le sanctuaire de la sainteté ? Marie est bénie entre toutes les femmes, elle est la reine de tous les saints, parce que le Sauveur s'est incarné une fois dans ses chastes flancs, qu'elle l'a porté pendant neuf mois dans ses entrailles, qu'elle l'a nourri de son lait et bercé dans ses bras, et qu'elle nous a donné celui qui venait apporter la sainteté ou le salut au monde. Mais vous, ne devez-vous pas aussi à votre tour être à jamais bénie, puisque c'est vous qui répandez sur la terre toutes les bénédictions que le ciel lui envoie ? Vos mains entre lesquelles le Fils de Dieu s'incarne tous les jours tant de fois, depuis plus de dix-huit siècles ; vos mains qui le portent et le donnent aux hommes pour être la nourriture de leur âme, ne sont-elles pas pures et saintes ? Vos lèvres sur lesquelles se trouvent sans cesse la doctrine céleste du salut, des paroles de paix et de réconciliation, et les plus ferventes prières ; vos lèvres ne sont-elles pas saintes aussi ? Et votre cœur de mère tout brûlant de Charité pour vos enfants, votre cœur généreux qui ne compte pour rien les plus pénibles travaux, les sacrifices et les souffrances de toute espèce, le martyre même, s'il le faut, pour sauver les âmes ! Oh ! Oui, je le proclame hautement, et avec un profond sentiment de reconnaissance, votre cœur est le sanctuaire de la sainteté. Mais, vous n'êtes pas seulement notre mère, vous êtes aussi l'épouse de Jésus-Christ ; vos noces spirituelles ont été célébrées sur le Calvaire, lorsque, dans le sommeil de la mort, le nouvel Adam voulut que son Côté sacré fût ouvert, pour que vous fussiez en quelque sorte la chair de sa chair, le sang de son sang, le cœur de son cœur. Votre âme c'est la sienne ; vous ne faites qu'un avec lui. Ah ! Si la sainteté réside quelque part sur la terre, c'est bien dans l'Epouse du Saint des saints que nous devons la retrouver. C'est là, en effet, Seigneur, où vous en avez placé la source divine ; aussi est-ce vers elle que se tourneront toujours mes yeux et mon cœur pour y trouver la main secourable et puissante destinée à soutenir ma faiblesse et à me conduire au séjour bienheureux où vous avez daigné me préparer la récompense que vous réservez à vos saints.

 

Je crois en Dieu...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !

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20 juin 2014

Le Mois de Saint Pierre

Le Mois de Saint Pierre

ou dévotion à l'Eglise et au Saint Siège

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Vingt-et-unième jour

L'unité de l'Eglise

 

Notre Père... Je vous salue Marie...

 

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !

 

I. L'Eglise étant destinée à être la gardienne de la doctrine que Dieu a donnée à la terre par le ministère de Jésus-Christ, et l'Eglise ayant reçu la mission de faire connaître et de faire observer cette doctrine dans l'univers entier ; cette Eglise devait être une comme la vérité qu'elle enseigne, et comme le Dieu qui l'a chargée de remplir ces sublimes fonctions. Les hommes ne peuvent donc pas, en sûreté de conscience, s'attacher suivant leur caprice à n'importe quelle Eglise ; mais ils sont tenus, sous peine de se perdre pour l'éternité, d'entrer dans l'Eglise que Jésus-Christ a établie, et Jésus-Christ n'en a établi qu'une seule, l'Eglise Catholique et Apostolique ; à elle seule il a communiqué ses pouvoirs, et donné la mission de continuer son œuvre de la Rédemption des hommes jusqu'à la consommation des siècles. Notre Seigneur, en effet, n'a-t-il pas dit : « J'ai encore d'autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie : il faut que je les y amène, elles entendront ma voix, et il n'y aura qu'un troupeau et qu'un pasteur » (Saint Jean 10, 16) ? Et dans la prière qu'il adresse à Dieu son Père, il dit : « Père Saint, conservez en votre nom ceux que vous m'avez donnés, afin qu'ils ne fassent qu'un, comme vous et moi nous ne faisons qu'un. Ce n'est pas seulement pour eux que je prie, mais encore pour tous ceux qui croiront en moi, afin que tous ensemble ne soient qu'un : comme vous, mon Père, vous êtes en moi et moi en vous, qu'ils soient de même un en nous, afin que le monde croie que vous m'avez envoyé. Aussi, leur ai-je donné la gloire que vous m'avez donnée, afin qu'ils ne soient qu'un, comme vous et moi nous ne sommes qu'une même chose ». Saint Jean 11, 20-22.) L'apôtre Saint Paul écrivant aux Eph2siens dit encore : « Ayez soin de conserver l'unité d'un même esprit par le lien de la paix ; puisque vous n'êtes qu'un seul corps et qu'un esprit, ayant tous été appelés à la même espérance. Il n'y a qu'un Seigneur, qu'une foi, qu'un baptême ; il n'y a qu'un Dieu, père de tous ». (Ephésiens 4, 3-6).

II. Mais cette unité de l'Eglise, contrairement à celle que les Protestants admettent en principe, renferme nécessairement l'unité de doctrine et l'unité de communion, de ministère ou de gouvernement. L'unité de doctrine, d'après les Protestants, consiste dans la croyance de quelques articles fondamentaux seulement ; et ils prétendent qu'on peut se sauver dans toutes les communions qui ont conservé ces articles : ils rejettent par conséquent l'unité du ministère ou du gouvernement. L'unité de doctrine, dans le sens orthodoxe, consiste dans la croyance, au moins implicite, de toutes les vérités révélées et reçues comme telles dans l'Eglise Catholique. Il n'y a pas de distinction possible à établir entre des articles fondamentaux et d'autres qui ne le seraient pas. Jésus-Christ, en effet, donnant aux apôtres leur mission, ne leur dit pas : « Enseignez aux hommes tels ou tels dogmes indispensables au salut, désignez-leur les articles fondamentaux pour qu'ils puissent les discerner d'avec les autres ». Il veut que les apôtres « annoncent et fassent observer tout ce ce qu'il leur a commandé ». (Saint Matthieu 28, 19, 20). Il leur dit encore : « Prêchez l'Evangile à toute créature ; celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé ; celui qui ne croira pas, sera condamné ». (Saint Marc 16, 15, 16). Il est donc de toute nécessité de croire, non à une partie de l'Evangile, mais à l'Evangile tout entier ; à la doctrine de Jésus-Christ telle qu'elle a été transmise par les apôtres, telle qu'elle nous est enseignée par les évêques leurs successeurs. Enfin, il promet à l'Eglise enseignante son assistance jusqu'à la consommation des siècles sans distinction d'articles ; et il n'admet aucune exception lorsqu'il dit : « Si quelqu'un n'écoute pas l'Eglise, tenez-le pour un païen et un publicain ». (Saint Matthieu 28, 17). Puis, c'est Saint Paul qui atteste qu'il ne peut exister plusieurs doctrines qui puissent conduire au salut : « Quand nous vous annoncerions nous-mêmes, dit-il aux Galates, ou lorsqu'un ange descendu du Ciel vous annoncerait un Evangile différent de celui que vous avez reçu, qu'il soit anathème ». (Galates 1, 9.) Saint Paul ne fait pas plus que Jésus-Christ de distinction entre ce qui est fondamental et ce qui ne l'est pas. Or, serait-il vrai que les hérétiques de tous les temps, et, en particulier, que les sectes sans nombre de la Réforme, toutes opposées les unes aux autres, professassent la doctrine de l'Evangile, telle qu'elle nous a été transmise par les apôtres ? évidemment non : ils ne sont donc pas dans l'unité, ils en sont sortis, et encourent par là même l'anathème de l'apôtre. Terminons par ce passage du disciple bien-aimé, de l'apôtre de la Charité, de saint Jean, en un mot, qui ne laissait pas néanmoins de dire : « Quiconque ne demeure point dans la doctrine de Jésus-Christ, mais qui s'en éloigne, ne possède point Dieu ; et quiconque demeure dans la doctrine de Jésus-Christ possède le Père et le Fils. Si quelqu'un vient à vous et n'a pas cette doctrine, ne le recevez pas dans votre maison, et ne le saluez point, car celui qui le salue participe à ses œuvres perverses ». (2 Jean, 9, 10-11.) Or, qu'est-ce que la doctrine de Jésus-Christ, si ce n'est l'Evangile tout entier, sans y rien retrancher ? Aussi, est-ce cette doctrine que l'Eglise a reçue des apôtres et qu'elle n'a cessé d'enseigner, et c'est pour cela qu'elle est complètement une dans sa doctrine, mais d'une manière bien différente et plus parfaite que ne le sont les protestants.

III. L'unité de la communion, du ministère ou du gouvernement, est le second caractère indispensable de l'unité de l'Eglise. Il consiste dans la soumission aux pasteurs légitimement institués, et principalement au pape, chef visible de l'Eglise. On est hérétique lorsqu'on rejette sciemment une vérité que l'Eglise enseigne comme révélée ; on est schismatique lorsqu'on s'élève contre l'autorité suprême du souverain Pontife, et qu'on rompt l'unité du ministère en se séparant de la communion des pasteurs légitimes l'un et l'autre sont rebelles à l'Eglise et encourent cet anathème prononcé par Jésus-Christ : « Celui qui n'écoute pas l'Eglise doit être traité comme un païen et un publicain ». (Saint Matthieu 10, 17.) L'unité de communion, de ministère ou de gouvernement, est une conséquence nécessaire de l'unité de doctrine Aujourd'hui, plus que jamais, les gouvernements sentent la nécessité de la centralisation, pour qu'il y ai unité d'action et de direction dans leurs affaires comment donc l'Eglise pourrait-elle parvenir à maintenir l'unité de doctrine et l'unité des moyens nécessaires pour la faire observer dans le monde entier, si elle ne possédait l'unité d'action et de direction, c'est-à-dire l'unité de communion, de ministère ou de gouvernement ? Cette unité est la force de l'Eglise ; c'est pour cela que, de tout temps, ceux qui ont été ou qui sont encore les ennemis de la société chrétienne établie par Jésus-Christ, se sont efforcés d'attaquer ce privilège divin qui n'a été accordé qu'à elle seule, et qu'elle n'a jamais cessé de posséder seule aussi depuis dix-huit cents ans. Dès les temps apostoliques l'erreur cherchait à se mêler à la doctrine pure et céleste de l'Evangile, et Saint Paul en avertissant les fidèles des dangers qui les menaçaient, leur signale l'unité des efforts du ministère sacré de l'Eglise, comme le seul moyen de conserver l'unité de la foi. « Dieu, dit-il, a donné à son Eglise quelques-uns pour être apôtres, d'autres pour être prophètes, et d'autres pour être évangélistes, d'autres pour être pasteurs et docteurs, afin qu'ils travaillent à la perfection des saints, qu'ils s'appliquent aux fonctions de leur ministère, et qu'ils édifient le corps de Jésus-Christ, jusqu'à ce que nous parvenions tous à l'unité d'une même Foi et d'une même connaissance du Fils de Dieu... afin que nous ne soyons pas des enfants flottants, et que nous ne nous laissions pas emporter çà  et là  à  tout vent de doctrine, par la malice des hommes, et par leur astuce à nous circonvenir dans l'erreur ». (Ephésiens 4, 11 et ss) Mais comment ce ministère apostolique et pastoral, établi dans l'Eglise de Jésus-Christ pour maintenir l'unité de la Foi, pourrait-il atteindre ce but, s'il ne possédait pas lui-même cette unité, et s'il était permis à chacun de s'ingérer de soi-même, sans mission, dans le gouvernement de l'Eglise ? Quelle garantie resterait-il à l'unité de la foi contre l'erreur, si on pouvait élever autel contre autel, et se séparer des pasteurs, dont le ministère remonte par une succession non interrompue jusqu'aux apôtres ? Saint Paul va jusqu'à mettre les divisions, les schismes, sur le même rang que les œuvres de la chair, qui excluent du royaume des cieux. (Cf. Galates 5, 19 et ss). L'esprit des apôtres est passé à leurs successeurs ; et de tout temps les évêques, les pères et les docteurs ont insisté sur la nécessité absolue d'être soumis aux pasteurs légitimes, excluant du salut éternel ceux qui se séparent de la communion de l'Eglise. L'Eglise catholique et apostolique, fondée par Jésus-Christ, possède donc seule l'unité de doctrine et de ministère ; aussi, est-ce à elle seule que Jésus-Christ a dit : « Voilà que je suis avec vous jusqu'à la consommation des siècles ».

 

Élévation sur l'unité de l'Eglise

 

I. Que seraient devenus les hommes, ô divin Maître, si vous les aviez abandonnés à leur faible raison, à leur jugement personnel, au milieu des erreurs sans nombre qui surgissent de toute part ? Vous qui veniez sur la terre pour réparer les suites funestes du péché de notre premier père, ne deviez-vous pas dissiper les ténèbres de l'ignorance, au moins en ce qui regarde notre fin dernière ou notre salut éternel ? Et n'est-ce pas pour cela que vous vous êtes annoncé comme étant la lumière véritable destinée à éclairer tout homme qui vient en ce monde ? C'est ce que vous avez fait, ô mon Sauveur, pendant tout le temps de vos prédications. Mais, pour que la vérité ne fît jamais naufrage, après votre retour dans la gloire de votre Père, vous avez fondé un corps enseignant auquel seul vous avez confié le dépôt de votre doctrine, et vous lui avez accordé le privilège divin de l'infaillibilité, pour qu'il jugeât en dernier ressort du sens véritable de vos oracles. Vous avez établi l'Eglise, et vous l'avez chargée de cette sublime mission. Or, si l'Eglise a été fidèle à ce divin mandat, elle a dû conserver scrupuleusement la doctrine sacrée qu'elle a reçue de votre bouche, et la répandre au loin dans toute sa pureté, et telle que vous la lui avez enseignée. C'est, en effet, ce qu'elle a heureusement accompli ; et c'est pour cela que son enseignement, ayant toujours été le même dans tous les siècles, est marqué au sceau de l'unité. Grâces vous soient rendues, ô mon Dieu, de ce que vous avez daigné donner au monde un sanctuaire où la vérité fut toujours à l'abri de tous les vents de l'erreur, un organe immortel de la science divine du salut, qui, malgré la diversité des langues, et les modifications incessantes qui se succèdent dans le langage d'une même nation, ne permet pas que la saine doctrine subisse aucune altération. Je comprends maintenant pourquoi la sainte Eglise, qui veille avec tant de sollicitude sur la conservation parfaite du précieux dépôt de la foi, a voulu adopter, pour exprimer sa pensée et ses jugements en cette matière délicate, une langue presque immuable parce qu'elle n'est plus d'un usage populaire, et que les règles en sont irrévocablement fixées. Oui, c'est ainsi que le latin est devenu la langue universelle et presque unique de l'Eglise : l'unité de langue devenait encore une garantie nouvelle de l'unité de la doctrine qu'elle devait enseigner.

II. Plus on médite votre sainte parole. Seigneur, et plus notre intelligence s'illumine de vos divines clartés ! Puisque votre parole est immuable, puisque le ciel et la terre passeront, mais qu'elle ne passera pas, elle est donc aujourd'hui ce qu'elle a été dans tous les temps, depuis que vous avez bien voulu l'apporter au monde et la lui faire entendre. Mais, comme c'est cette parole céleste qui a établi l'auguste ministère qu'exerce la sainte Eglise, il s'ensuit nécessairement que ce ministère divin n'a jamais pu être fondé sur d'autres bases que sur celles que vous aviez vous-même posées, ni s'écarter des principes que vous lui aviez donnés ; s'il n'en était ainsi, votre doctrine, qui est parvenue intacte jusqu'à nous, en serait l'éclatante condamnation. Et pourtant, qui est-ce qui nous a conservé cette doctrine sans tache, sans l'ombre d'altération ? Qui est-ce qui nous l'enseigne ? N'est-ce pas le ministère sacré de la sainte Eglise ? Une dans sa doctrine, elle est donc une aussi dans son ministère : quoi de plus rationnel, de plus logique ? Aussi, quelle facilité pour l'enseignement de ce qu'il importe nécessairement à l'homme de connaître pour être sauvé ! De père en fils les mêmes vérités se transmettent aisément aux esprits les moins favorisés de la nature ; le même ministère s'exerce en tout temps, en suivant les mêmes principes et les mêmes usages : comment ses actes ne se graveraient-ils pas dans les intelligences les plus grossières ! Les âmes élevées n'y trouvent pas moins pour cela le plus vaste champ qui fut et qui sera jamais, à leurs profondes et sublimes méditations. Tous les cœurs sont consolés et nourris abondamment dans tous les temps et dans tous les lieux par cet unique aliment des vérités saintes, qui leur est distribué par cet unique ministère qui est comme Dieu, dont il est le digne instrument, toujours ancien et toujours nouveau. C'est la manne du désert toujours tombant des cieux, et qui sous une forme unique satisfaisait tous les goûts et pourvoyait largement à tous les besoins. Hélas ! Ô mon Dieu ! aujourd'hui comme au temps du peuple de Dieu, il y a des hommes sensuels et inconstants qui sous prétexte de progrès, voudraient du nouveau, et qui murmurent contre vous, en se plaignant de la monotonie de la nourriture céleste que vous leur envoyez ; ils voudraient, non plus un aliment surnaturel pour leur âme, ils le trouvent trop léger, mais quelque chose de matériel qui pût satisfaire leurs sens affamés, comme aux siècles du paganisme et de la barbarie : c'est ainsi qu'ils entendent le progrès.

III. L'unité, Seigneur, vient de vous qui êtes essentiellement un, et c'est pour cela que l'on ne peut rien imaginer de plus parfait. Aussi, se trouve-t-elle dans la nature même de l'homme, comme une loi primitive et générale, à laquelle chacun se sent pressé d'obéir, croyant trouver la félicité dans son accomplissement. Si nous nous contemplons nous-mêmes, nous voyons tous nos organes contribuant à un but unique, la conservation de la vie. Nous retrouvons bien dans notre être une double substance, l'une matérielle qui est le corps, l'autre spirituelle qui est l'âme, dont l'union intime est l'un des plus profonds mystères ; mais, toujours en vertu de la loi de l'unité l'une commande à l'autre, et l'âme dirige les efforts de toutes ses facultés et de celles du corps, dont elle est la reine, vers un seul but : le bonheur. C'est encore la puissance reconnue de cette loi qui a porté les hommes à s'associer, soit pour s'entre aider et faciliter leurs moyens d'existence, soit pour accomplir des œuvres qu'ils n'auraient jamais pu exécuter tout seuls. De là cet adage : « L'union (ou l'unité) fait la force ». Pourquoi, dans tous nos gouvernements, la centralisation joue-t-elle un si grand rôle ? Pourquoi les conquêtes, les annexions qui font de plusieurs Etats un seul empire ? Sans doute l'ambition y a sa part, mais la tendance invincible à l'unité y a bien aussi la sienne. Aussi tous les grands génies ont-il rêvé de réunir tous les peuples sous un seul sceptre. Mais, ô mon Dieu, vous ne le permettrez jamais ; il n'appartient qu'à vous d'être le Roi de toutes les nations de la terre et de régner sur tous les cœurs : faut-il donc s'étonner que vous ayez donné à votre Eglise, chargée de vous représenter et d'agir ici-bas en votre nom, l'empire de l'univers entier : « Allez, enseignez toutes les nations » ; et comme cet empire doit durer jusqu'à la consommation des siècles, est-il surprenant que vous ayez armé cette Eglise du pouvoir irrésistible de l'unité ? Pouvoir tout à la fois invincible et plein d'une ineffable douceur, qui fait de tous les fidèles répandus sur la terre une seule et unique famille, un seul et même esprit, un seul et même cœur. Soyez à jamais béni. Seigneur, d'avoir ainsi pourvu votre Eglise de cette unité sainte réunit la charité et la force : une force supérieure lie de tous les hommes et même à celle de l'enfer, qui est par conséquent de nature à mettre la sécurité dans toutes les âmes qui se réfugient dans le sein votre Epouse bien-aimée ; une Charité toute céleste est elle-même le lien indissoluble de l'unité, et répand dans les cœurs de tous vos enfants les effusions délicieuses de votre divin amour.

 

Je crois en Dieu...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !

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19 juin 2014

Le Mois de Saint Pierre

Le Mois de Saint Pierre

ou dévotion à l'Eglise et au Saint Siège

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Vingtième jour

L'apostolicité de l'Eglise

Notre Père... Je vous salue Marie...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !

 

Nous avons déjà  médité sur les dogmes, les mystères et la morale de la doctrine évangélique. Il importe maintenant de méditer sur l'apostolicité de la doctrine et du ministère de l'Eglise, c'est-à-dire, de bien comprendre comment la doctrine évangélique que les apôtres ont prêchée, est encore et sera toujours transmise dans toute sa pureté par l'Eglise, et comment le ministère qu'exerce aujourd'hui l'Eglise et qu'elle exercera jusqu'à la consommation des siècles, est et sera toujours le même que celui des apôtres.

I. L'Eglise a trois moyens de faire connaître et de répandre la doctrine évangélique qu'elle a reçue des apôtres : les livres saints ou l'Ecriture sainte, la tradition et la prédication :

1° les livres saints qui renferment l'ancien et le nouveau Testament. Les livres de l'ancien Testament ont été conservés jusqu'à nos jours tels que les Juifs les avaient transmis aux apôtres, puisque ceux qui sont entre nos mains sont en tout semblables à ceux que les rabbins eux-mêmes possèdent encore aujourd'hui. Que les livres du nouveau Testament soient essentiellement les mêmes que ceux qui sont sortis de la main des apôtres, c'est sur quoi il est impossible d'élever le moindre doute. Pour s'en convaincre il suffit de se rappeler que les apôtres et les disciples de Jésus-Christ se répandirent dans les diverses régions du monde connu ; que partout il se forma des Eglises chrétiennes gouvernées par les pasteurs qu'ils y établirent; que la doctrine qu'ils avaient prêchée fut consignée par eux dans des écrits, et que ces écrits furent disséminés dans toutes les églises. Ces livres sont dès lors révérés comme divins ; les copies s'en multiplient à l'infini. Les Pères en expliquent le texte sacré de siècle en siècle. Comment serait-il possible que des erreurs essentielles eussent pu se glisser dans des livres aussi répandus, aussi connus, respectés au point de voir les martyrs donner leur vie pour soutenir la divinité de la doctrine qu'ils renferment ? Dans des livres, où se trouvent réunis le dogme et la morale de toute la religion chrétienne, et par conséquent toutes les règles de conduite observées par les chrétiens de tous les temps ? Au reste, l'Eglise chargée du dépôt sacré des livres saints a toujours veillé avec le soin le plus scrupuleux à ce que l'intégrité la plus parfaite y fût conservée, et le saint concile de Trente en est une preuve irréfragable.

2° Les apôtres n'ont pas écrit et n'ont pas eu l'intention d'écrire tout ce que Notre-Seigneur Jésus-Christ a dit, ni tout ce qu'il a fait, ni tout ce que le Saint-Esprit leur a révélé ; saint Jean nous en avertit lui-même lorsqu'il dit, à la fin de son Evangile : « Jésus a fait encore beaucoup d'autres choses : si elles étaient écrites, je crois que le monde entier ne pourrait contenir la quantité de livres qu'il faudrait employer pour les y consigner » (Saint Jean, 21, 25) ; et dans sa seconde épître il s'exprime ainsi : « J'aurais encore plusieurs choses à vous écrire, mais je n'ai pas voulu les confier à l'encre ni au papier ; j'espère que je serai bientôt auprès de vous, et que je vous les dirai de vive voix » (2 Jean, 12.) Cette doctrine révélée que les apôtres ont enseignée de vive voix s'appelle parole de Dieu non écrite ou tradition, c'est-à-dire, doctrine transmise de main en main , et toujours reçue dans l'Eglise. Les successeurs des apôtres, les pères de l'Eglise, nous ont transmis dans leurs écrits cette doctrine, qu'ils avaient apprise d'eux de vive voix. Lorsque leur sentiment est unanime sur un point, on en conclut avec raison qu'ils tiennent cette doctrine des apôtres, qu'elle est également la parole de Dieu, comme ce qui est écrit dans les livres saints. Le saint concile de Trente, représentant l'Eglise universelle, met sur le même rang les saintes Ecritures et les traditions non écrites touchant la foi et les mœurs, comme ayant été reçues par les apôtres de la bouche de Jésus-Christ même, ou annoncées par eux sous l'inspiration directe du Saint-Esprit, et étant parvenues jusqu'à nous par la succession non interrompue de l'enseignement de l'Eglise catholique; puis, il déclare anathème quiconque a la témérité de rejeter ces traditions. (Sess. IV). Les protestants eux-mêmes sont forcés de recourir à l'autorité de la tradition, pour fixer le vrai sens des Ecritures sur les mystères de la Trinité et de l'Incarnation, pour reconnaître l'inspiration des livres saints, le précepte de la sanctification du dimanche, etc. Enfin, les sources de la tradition apostolique sont la croyance ou la pratique générale et constante de l'Eglise catholique ; la liturgie prise dans son acception la plus étendue ; les écrits des pères, des papes, des évêques ; et l'autorité de l'Eglise qui, assistée du Saint-Esprit, discerne infailliblement la vérité de l'erreur.

3° Mais, si la sainte Ecriture et la tradition pouvaient et devaient servir de base à l'enseignement de l'Eglise, elles ne suffisaient pas toutefois à la propagation de la foi catholique; aussi le Sauveur, après avoir prêché Lui-même, a-t-il recommandé à ses apôtres de prêcher à leur tour à toutes les nations, et de leur enseigner ainsi tout ce qu'il leur avait appris. Et comme dans la prédication on ne fait autre chose que développer les vérités renfermées dans l'Ecriture et dans la tradition, il en résulte que, quant au fond et quant à la forme, la prédication de l'Eglise est apostolique. L'enseignement par la prédication est tellement une nécessité pour répandre l'instruction religieuse et pour attirer les âmes à la Foi, que les protestants eux-mêmes, inconséquents avec leur propre principe, que la Bible et rien que la Bible suffit à chaque fidèle, ne laissent pourtant pas de convoquer ceux de leur secte aux discours qu'ils font dans leurs prêches, et de leur imposer l'explication qu'ils donnent de l'Ecriture ; d'après eux pourtant, chacun est suffisamment inspiré par l'esprit de Dieu pour interpréter les livres saints, et être infaillible relativement au sens qu'il lui donne. L'Eglise est donc apostolique dans sa doctrine.

II. L'Eglise est encore apostolique quant au ministère qu'elle exerce : tous les catholiques soutiennent, contre les schismatiques, que la véritable Eglise est celle dont les pasteurs sont les successeurs légitimes des apôtres. L'apostolicité du ministère consiste donc dans la succession non interrompue des évêques sur les sièges fondés par les apôtres ou par leurs successeurs légitimes. On distingue dans le ministère apostolique deux genres de pouvoirs qui émanent des apôtres, et que ceux-ci avaient reçus de Jésus-Christ. L'un est le pouvoir d'ordre, qui est inhérent au caractère épiscopal, et qui s'est perpétué par l'ordination, dont le rit a été déterminé par Notre-Seigneur. Les apôtres ont ordonné les premiers évêques, ceux-ci en ont ordonné d'autres, et ainsi de suite ; de sorte que les évêques de nos jours ont reçu le même caractère, le même pouvoir d'ordre qu'avaient reçus les premiers successeurs des apôtres. Quiconque n'a pas été ordonné, ou ne l'a été que par quelqu'un qui n'était point évêque, ne peut participer au ministère apostolique. Le pouvoir en vertu duquel on peut exercer le pouvoir d'ordre, et prendre part au gouvernement de l'Eglise, est le pouvoir de juridiction ; il naît de l'institution canonique, dont le mode est déterminé par les lois ecclésiastiques émanées des souverains pontifes, ou du moins sanctionnées par eux, en leur qualité de chefs de l'Eglise. Par cette institution, chaque évêque reçoit la juridiction qu'avaient ceux qui les ont précédés, en remontant jusqu'aux apôtres. Les nouveaux évêchés, qui sont érigés par les successeurs des apôtres, sont aussi apostoliques que ceux qu'établissaient les apôtres eux-mêmes, puisqu'ils sont fondés comme les premiers par la puissance apostolique... Le ministère apostolique qui se perpétue par la succession des évêques, comme une propriété spéciale de l'Eglise de Dieu, est une marque qui distingue celle-ci de toutes les sociétés schismatiques. Ce divin ministère a été établi par Jésus-Christ, pour qu'il se perpétuât jusqu'à la consommation des siècles : « Toute puissance, leur dit-il, m'a été donnée dans le ciel et sur la terre... Comme mon Père m'a envoyé, je vous envoie » (Saint Matthieu 28, 19 ; Saint Jean 20, 21). Puis, en conférant à ses apôtres la mission qu'il avait reçue de son Père, il les revêt des pouvoirs nécessaires pour l'accomplir, du pouvoir de prêcher l'Evangile, d'enseigner toutes les nations, d'administrer les sacrements ; et il donne à Pierre, en particulier, le pouvoir de gouverner toute l'Eglise, avec l'autorité de paître les agneaux et les brebis, c'est-à-dire les fidèles et les pasteurs : il confère aussi ces mêmes pouvoirs aux successeurs des apôtres, puisqu'il s'agit d'une mission qui ne doit finir qu'avec le monde, et que, d'ailleurs, il leur promet lui-même son assistance jusqu'à la fin des temps. L'apôtre Saint Paul parle aussi du ministère apostolique comme étant institué de Dieu pour le maintien de la vraie doctrine contre l'erreur, et par conséquent comme d'un ministère qui doit durer autant que l'Eglise. (Ephésiens 4, 11). C'est pourquoi le même apôtre a établi par l'imposition des mains Timothée évêque d'Ephèse, et Tite évêque de Crête, en les chargeant de garder le dépôt de la foi, et de perpétuer leur ministère par l'établissement d'autres pasteurs. (Tite 1, 5). C'est au reste l'enseignement des Pères et de toute la tradition. Il faut toutefois remarquer ici, que, pour que le ministère soit apostolique, il faut non-seulement que le pouvoir d'ordre ait été conféré par des évêques successeurs des apôtres, mais il faut encore que le pouvoir de juridiction ait été donné selon les règles canoniques établies par l'Eglise. De là  cette décision solennelle du saint concile de Trente : « Tous ceux qui osent s'ingérer dans l'exercice du saint ministère, de leur propre autorité, ou qui n'y ont été appelés que par le peuple ou par la puissance séculière et par les magistrats, ne sont pas des ministres de l'Eglise, mais des voleurs et des larrons qui ne sont pas entrés par la porte (Sess. XXIII, c. 4). Anathème à celui qui dira que ceux qui n'ont été légitimement ordonnés ni envoyés par la puissance ecclésiastique et canonique, mais qui viennent d'ailleurs. sont de légitimes ministres de la parole et des sacrements ». ( Sess. XXIII, c. VII.) Ainsi, pour reconnaître si un évêque a le pouvoir apostolique d'exercer son Ministère, il faut examiner si celui dont il a reçu l'ordre et celui qui lui a conféré la juridiction remontent, par une chaîne non interrompue de translation de pouvoirs, jusqu'aux apôtres.

 

Élévation sur l'apostolicité de l'Eglise

 

I. Depuis dix-huit cents ans, ô mon Dieu, vous nous avez conservé dans toute sa pureté la sainte doctrine que vous êtes venu apporter au monde, et que vos apôtres ont prêchée à leur tour à toutes les nations. En vain le père du mensonge s'est-il plu à répandre l'erreur, à soulever les passions, à allumer le feu des persécutions, même dès le berceau de l'Eglise ; en vain au seizième siècle l'une des plus redoutables hérésies a-t-elle bouleversé l'Europe ; en vain la philosophie du dix-huitième siècle a-t-elle employé tour à tour la fourberie, le mensonge, le sarcasme, le ridicule et jusqu'à la force brutale : la vérité est restée intacte au sein de votre Eglise. Les hérésiarques, les philosophes et les tyrans ont passé, mais vos paroles n'ont point passé.Votre Evangile nous est resté tel que nous l'ont transmis vos apôtres et leurs successeurs. La séduction a fait et fait encore, sans doute, d'innombrables victimes dont nous déplorons amèrement la perte ; mais, malgré tous les efforts de l'enfer, votre parole dévie est encore prêchée parmi nous, et chaque jour de nouveaux ouvriers évangéliques surgissent de toutes parts pour aller l'annoncer aux contrées les plus lointaines, et pour la répandre au prix même de leur propre sang. Et si l'Europe, fière du progrès de ses lumières, s'obstine à repousser les rayons divins du Soleil de vérité, afin de se bercer et de s'enivrer dans les délices d'une liberté trompeuse qui est celle du mal, elle finira par retomber dans la barbarie ; tandis que la doctrine apostolique, poursuivant la série de ses victoires dans l'univers entier qui lui a été donné en partage, fera briller son céleste flambeau aux yeux des peuples qui dorment encore à l'ombre de la mort, et leur apportera la vérité et la vie. Elle quittera la terre ingrate qui l'aura dédaignée, mais elle la quittera pour son malheur ; et elle ira féconder de sa bienfaisante chaleur des cœurs plus fidèles et plus dociles. Oh! Seigneur, éloignez de notre patrie ce terrible châtiment, éloignez-le de moi surtout ; et ne souffrez pas que jamais il s'élève dans mon âme une seule pensée réfléchie qui soit en opposition avec ce don précieux de la foi que vous avez daigné m'accorder préférablement à tant d'autres. Si vous trouvez parmi nous si peu de disciples de bonne volonté, ce n'est pas qu'ils puissent, pour la plupart, ignorer de bonne foi la sainteté de votre doctrine ; les livres sacrés sont assez répandus, la tradition est assez connue; votre divine parole retentit assez, à temps et à contre-temps, selon l'expression de l'apôtre, pour qu'il soit facile aux intelligences même les moins élevées et les moins cultivées d'être parfaitement instruites de tout ce qui est nécessaire au salut. Ce ne sont ni les mystères , ni la sublimité de votre enseignement qui effrayent et éloignent les esprits. Il faut le dire à notre honte, ô mon Dieu, c'est l'austérité de votre loi, ce sont les sacrifices qu'elle impose, c'est le détachement des richesses, la chasteté et la mortification, l'humilité qu'elle commande : voilà  ce qui lui suscite tant d'adversaires et d'ennemis, voilà  le secret des schismes, des hérésies, et de toute l'impiété moderne ! Eh bien ! Seigneur, voilà  aussi ce qui affermit ma foi ; car les hommes n'auraient jamais imaginé une doctrine qui est la mort de leurs passions, et si essentiellement opposée à la corruption humaine ; et pour qu'elle ait pu, malgré cela, faire sans cesse de si nombreux prosélytes dans toutes les classes de la société, pendant dix-huit cents ans, il faut convenir que Jésus-Christ seul a pu en être l'auteur, et que par conséquent elle est apostolique.

II. Mais, ô divin Maître, si nous admettons que la doctrine de votre Eglise remonte aux temps apostoliques, et par là même jusqu'à vous, ne faudrait-il pas convenir aussi que ceux qui en ont reçu le dépôt, et qui s'efforcent de la faire connaître et de la répandre dans le monde entier, remplissent un ministère aussi ancien et aussi divin que cette doctrine elle-même ? Quelle paix pour la conscience, quelle consolation pour le cœur d'un chrétien qui peut se dire : les prêtres qui m'instruisent ont été envoyés par mon évêque ; mon évêque a reçu la consécration par des évêques en communion avec la sainte Eglise, et par conséquent successeurs des apôtres ; il a reçu sa mission ou sa juridiction du Souverain Pontife successeur de Pierre ; il est dépositaire de la doctrine apostolique, puisque c'est celle qu'il me fait enseigner : donc le ministère qu'il exerce pour me conduire au salut est le même que celui des apôtres, c'est-à-dire apostolique et par conséquent divin ! Que les hommes fiers de leurs ancêtres établissent des arbres généalogiques pour remonter à grand peine jusqu'au douzième siècle au plus ; qu'ils y retrouvent avec bonheur et orgueil quelque fier-à-bras qui se soit illustré et dont ils réclament à grands cris l'illustre parenté ; pour moi, chrétien avant tout, je puis lire sans tant de peine la longue liste des souverains Pontifes qui ont depuis dix-huit siècles occupé, sans interruption morale, la Chaire de saint Pierre, et remonter ainsi jusqu'au jour où Jésus-Christ dit à celui qu'il établissait le chef de son Eglise : « Paissez mes agneaux, paissez mes brebis... Tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel, tout ce que vous délierez sera délié... » et jusqu'au jour aussi où le Sauveur dit également à ses apôtres : « Allez, enseignez toutes les nations, baptisez-les au nom du Père, du Fils, et du Saint-Esprit, et apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé... » Et je suis fier à mon tour, à bien plus juste titre, d'avoir pour pasteur un véritable descendant des apôtres, qui m'enseigne les mêmes vérités que les apôtres enseignaient, et qui exerce vis-à-vis de moi le même ministère que celui que Jésus-Christ avait confié aux douze premiers évêques qu'il avait choisis lui-même et qu'il avait consacrés de ses propres mains. Que je plains, ô mon Dieu, les schismatiques, les hérétiques et tous ceux qui vivent loin de la vérité à l'ombre de l'erreur ! Ne pourrions-nous pas leur dire : Montrez-nous votre origine, vous qui voulez avoir chez vous la sainte Eglise? Vous pourrez nous citer Jansénius, Calvin, Luther, Pholius, mais vous serez forcés de vous arrêter là  où l'homme a séparé la branche du tronc sacré de l'Eglise ; et c'est cet homme qui vous a donné son nom ! Vous n'êtes donc pas chrétiens, puisque vous ne remontez pas jusqu'aux apôtres, et par conséquent jusqu'au Christ, dont nous tenons cette glorieuse qualification. N'êtes-vous pas comme des fils sans père, comme des disciples sans maître ; ou plutôt celui que vous regardez comme votre père et votre maître, n'est-il pas comme un successeur sans prédécesseur, comme un pasteur sans mission ? D'où vient sa doctrine, et qui lui a donné le droit de vous arracher aux entrailles du Père céleste, qui est dans les cieux, pour faire de vous ses propres enfants ? Pauvres frères égarés ! Combien nous vous plaignons ! Non, nous n'avons jamais éprouvé pour vous ni mépris, ni indignation, ni ressentiment ; mais nous vous portons, avec la Sainte Eglise, une compassion pleine de charité, et notre vœu le plus ardent c'est que Dieu ouvre enfin vos yeux à la vérité. Pour nous. Seigneur, nous ne saurions assez bénir votre miséricordieuse providence qui nous a fait naître au sein de cette Eglise apostolique, qui, par son auguste ministère, nous a reçus dès notre naissance au nombre de ses enfants, et nous a nourris du lait de son antique et divine doctrine.

 

Je crois en Dieu...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !

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18 juin 2014

Le Mois de Saint Pierre

Le Mois de Saint Pierre

ou dévotion à l'Eglise et au Saint Siège

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Dix-neuvième jour

La Catholicité de l'Eglise

 

Notre Père... Je vous salue Marie...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !

 

I. L'Eglise est catholique ou universelle sous tous les points de vue. L'universalité est une conséquence nécessaire de sa nature même. L'Eglise, en effet, n'est autre chose que le gouvernement visible établi sur la terre par Dieu lui-même pour conduire les hommes à leur fin dernière, c'est-à-dire, pour leur apprendre à connaître, à aimer et à servir l'Etre suprême, leur Créateur, leur souverain Seigneur, et mériter par ce moyen les récompenses de la vie future et éternelle. Or, comme tous les hommes, sans exception, sont destinés à cette fin, et n'ont été créés que pour y parvenir, il en résulte que l'action de l'Eglise, ou du gouvernement visible de Dieu ici-bas, doit s'exercer sur tous les individus comme sur tous les peuples : l'Eglise doit donc être universelle ou catholique. On le voit, ce caractère est essentiel et inhérent à sa mission ; c'est pour cela que Jésus-Christ dit à ses apôtres : « Allez, enseignez toutes les nations, et baptisez-les au Nom du Père, du Fils, et du Saint-Esprit ; et apprenez-leur à pratiquer tout ce que je vous ai enseigné », (Matthieu 28, 19, 20). Dieu, notre souverain Maître, a le droit incontestable de dicter des lois à tous les hommes et à tous les peuples, et d'exercer sur eux une action universelle et sans limites ; l'Eglise, qui est son pouvoir exécutif, est donc revêtue de la même prérogative ; et c'est pour cela, qu'ayant le droit et même le devoir de se mêler à tous les actes humains, pour les soumettre à sa salutaire influence, comme nous le disions dans la cinquième méditation, elle est nécessairement catholique ou universelle. Les hommes, sans doute, peuvent résister à cette influence ; ils peuvent même secouer entièrement le joug que l'Eglise leur impose, et se révolter ouvertement contre elle, mais ils ne pourront jamais la dépouiller des droits qu'une autorité inattaquable, celle de Dieu-même, lui a conférés.

II. Aussi, comme l'action que Dieu a voulu exercer sur les hommes par son Eglise a commencé à se produire dès l'origine des temps, qu'elle s'est perpétuée sans interruption jusqu'à nous, d'abord par les patriarches, puis par Moïse, par les rois, par les juges, par les prophètes et par la hiérarchie établie définitivement sous la loi Evangélique ; et qu'elle continuera à s'exercer ainsi, malgré tous les efforts de l'impiété, jusqu'à la consommation des siècles, la catholicité de l'Eglise s'étend à tous les temps. L'Eglise est encore catholique en ce sens qu'elle enseigne toutes les vérités que Jésus-Christ lui-même a enseignées par ses apôtres, et qu'aucune de ces vérités n'a cessé d'être comptée au nombre de ses dogmes, depuis qu'elle en a reçu le dépôt ; parce que les hommes sont et seront toujours ce qu'ils ont été, c'est-à-dire, aussi sujets à l'erreur en ce qui regarde leurs intérêts éternels, aussi portés au mal et aussi faibles dans l'accomplissement de leurs devoirs ; et que, par conséquent, toujours il sera nécessaire de faire briller à leurs yeux la même lumière divine par laquelle le Seigneur daigne éclairer leurs pas dans la voie du salut. Enfin, l'Eglise est catholique quant aux lieux, en ce qu'elle est répandue simultanément, en vertu de la nature même de son institution, dans la plus grande partie des régions connues; en ce qu'elle est constamment plus répandue que chacune des sociétés séparées de sa communion. Jamais aucune secte n'a été et ne sera, nous ne disons pas plus nombreuse, mais aussi nombreuse que l'Eglise de Jésus-Christ ; les prophètes, le Sauveur du monde, les apôtres, les pères et les docteurs de tous les temps, s'accordent à nous représenter l'Eglise comme devant être constamment universelle sans cesser d'être une ; à  la différence des Protestants, qui, par Eglise catholique, entendent la réunion de toutes les sociétés chrétiennes qui admettent les articles fondamentaux réduits à leur plus simple expression, et qui diffèrent néanmoins entre elles sous une multitude de points de vue de la plus haute importance. Comment peut-on, d'ailleurs, appeler Eglise l'amas de plusieurs sectes, qui, loin d'avoir entre elles aucune union, se regardent les unes comme hérétiques, les autres comme idolâtres, et qui se disent toutes mutuellement anathème ?

III. L'universalité de l'Eglise quant aux lieux, c'est-à-dire son expansion simultanée dans la plus grande partie de l'univers connu, est une conséquence naturelle de son institution. Destinée à éclairer et à régir tous les peuples de la terre et toutes les générations qui se succèdent, elle devait, pour pouvoir atteindre ce but, trouver dans l'homme des dispositions naturelles qui fussent en harmonie avec l'organisation et la mission célestes qu'elle avait reçues de son Divin Fondateur. Le Sauveur, en effet, n'ayant fait son Eglise que pour le service de l'humanité et afin de la conduire au salut, a calqué en quelque sorte la nature même de sa hiérarchie et l'économie de ses fonctions, sur celle de la famille humaine. Lui-même a voulu être le père de la famille chrétienne, l'Eglise ou ses ministres en sont la mère, tous les fidèles sont des frères. Comme père, il impose des lois à ses enfants, la mère est chargée de les promulguer et de veiller à ce qu'elles soient fidèlement observées. Elle exhorte les fils rebelles au respect et à la soumission ; sans cesse elle remplit les fonctions de médiatrice entre les enfants ingrats et le père justement irrité. Elle plaide la cause des premiers, elle apaise par ses ferventes prières la sévérité de son Epoux, elle réconcilie et bénit. Elle s'efforce d'entretenir la plus tendre affection entre tous les membres de cette immense famille, en cimentant leur union par les liens de la Divine Charité. Comment s'étonner maintenant si l'Eglise réunit à tant d'autres caractères qui révèlent sa céleste origine, celui de l'universalité, puisque la nature de son organisation, et jusqu'aux sentiments les plus délicats et les plus généreux qui l'animent, se trouvent déjà universellement répandus dans la famille, et par conséquent dans toutes les sociétés qui couvrent la surface du globe ? C'est ce qui explique en partie, comment il a été plus facile à l'Eglise de Jésus-Christ, qu'à toutes les sectes qui s'en sont séparées, de l'emporter par le nombre de ses conquêtes, et de pouvoir revendiquer avec justice pour elle seule le titre divin de catholique.

 

Élévation sur la Catholicité de l'Eglise

 

I. Le péché d'origine avait jeté un voile funèbre sur toute la terre. Le soleil de la vérité s'était caché sous des nuées obscures et semblait s'être retiré à jamais dans le secret de son sanctuaire. L'ignorance la plus profonde régnait depuis quatre mille ans parmi les hommes, au point de vue de leurs intérêts éternels. La Judée seule, qui abritait le peuple que Dieu s'était choisi entre tous les peuples, avait conservé la connaissance du vrai Dieu, et nourrissait l'espérance de la rédemption future. Ses prophètes annonçaient avec joie le moment heureux où le genre humain tout entier recevrait les lumières divines et serait éclairé par le Sauveur, qui, semblable à l'astre des jours, devait inonder toute la terre de l'éclat de ses célestes rayons. « Le Messie, disait le Saint Roi David, aura les nations pour héritage, et les extrémités de la terre pour possession ». (Psaume 2) « Il dominera d'une mer jusqu'à l'autre, et du fleuve jusqu'aux limites de l'univers ». (Psaume 61). « Tous les rois de la terre l'adoreront ; toutes les nations lui obéiront ». « Tous les peuples de la terre se convertiront au Seigneur ; toutes les familles des nations se prosterneront devant lui ». (Psaume 21). Isaïe, parlant au nom de Dieu au Rédempteur du monde, s'écriait : « Voilà que je t'ai établi la lumière des nations, pour que tu portes le salut qui vient de moi jusqu'aux extrémités de la terre ». (Isaïe 49). Malachie, à son tour, donnait à entendre la diffusion de l'Eglise de Jésus-Christ sur toute la terre, par opposition avec l'Eglise Judaïque qui n'était que pour la Judée : « Je ne mets plus en vous ma volonté, disait aux Juifs le Seigneur des armées, et Je ne recevrai plus de dons par vos mains, car, du levant jusqu'au couchant, mon nom est glorifié par toutes les nations ; et en tout lieu on offre et on sacrifie en Mon Nom une oblation pure ». (Malachie 1). C'est ainsi, Seigneur, que Vous annonciez au monde étonné l'étendue de vos miséricordes, et comment votre Eglise, pour en être l'instrument, devait être catholique et établir son règne sur l'univers entier !

II. Vous-même, ô Divin Sauveur, vous rappeliez à vos apôtres que ces prophéties devaient s'accomplir en vous : « Ainsi il est écrit, leur disiez-vous, ainsi il a fallu que le Christ souffrit et qu'il ressuscitât le troisième jour d'entre les morts, et qu'en son nom la pénitence et la rémission des péchés fussent prêchées dans toutes les nations, en commençant par Jérusalem ». (Luc 24, 47). « Allez dans le monde entier ; prêchez l'Evangile à toute créature ». (Marc 16, 18.) « Vous recevrez la vertu de l'Esprit Saint, qui descendra sur vous ; et vous Me servirez de témoins dans Jérusalem, dans la Judée, dans la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre ». (Actes des Apôtres 1, 8). Je comprends, après de semblables paroles, que les apôtres aient annoncé l'Evangile et établi des Eglises dans toutes les contrées qu'ils ont pu parcourir, sans distinction de peuples ou donations. Aussi, saint Paul écrivait-il aux Romains qu'il avait reçu la grâce de l'apostolat pour soumettre toutes les nations à la Foi, au nom de Jésus Christ (Romains 1, 5), ajoutant que la foi qu'il leur prêchait s'était répandue dans tout le monde. (Romains 8). Il fallait bien, en effet, que les apôtres eussent appris de vous, ô mon divin Maître, que votre Eglise devait être catholique, pour s'expliquer leur zèle, les nombreux voyages qu'ils ont entrepris, les dangers de toute espèce qu'ils ont courus sur terre et sur mer, tous les travaux en un mot qu'ils ont entrepris pour la propagation de l'Evangile. Et ce qui lèverait tous les doutes à ce sujet, s'il en pouvait exister, ce serait cet article qu'ils ont inséré dans le symbole de leur Foi, et dont ils exigeaient la profession de la part des premiers chrétiens : « Je crois à la Sainte Eglise catholique. C'est encore cette même foi à la catholicité de l'Eglise de Jésus-Christ qui me révèle le secret de cette ardeur infatigable qui n'a cessé d'animer dans tous les temps, depuis dix-huit siècles, des milliers d'ouvriers évangéliques, qui n'ont pas craint d'affronter toutes les souffrances et même la mort, pour aller porter dans les contrées les plus lointaines les bienfaits du christianisme.

III. Vos apôtres. Seigneur, avaient à peine rendu le dernier soupir au milieu des tourments du martyre, que déjà votre Eglise était répandue dans tout le monde connu : les uns avaient porté l'Evangile dans l'Orient et jusque dans les Indes, d'autres au sein de la civilisation grecque et Egyptienne, à Athènes, à Alexandrie ; Saint Pierre avait choisi l'Occident pour le champ de ses travaux et avait envoyé des missionnaires dans les Gaules, en Espagne et jusqu'en Afrique. Aussi Tertullien, qui vivait au troisième siècle depuis l'établissement du christianisme, disait-il dans son apologie de la religion chrétienne : « Les Maures, les Marcomans, les Parthes même, quelque nation que ce soit, renfermée dans ses limites, est-elle plus nombreuse qu'une nation qui n'en a d'autres que l'univers ? Nous ne sommes que d'hier et nous remplissons tout ce qui est à vous, vos villes, vos îles, vos forteresses, vos colonies, vos bourgades, vos assemblées, vos camps, vos tribus, vos décuries, le palais ; le sénat, le forum ; nous ne vous laissons que vos temples ». O mon Dieu ! Qui ne reconnaîtrait la puissance de votre bras dans un changement si subit opéré sur la surface de la terre, sans force matérielle, sans le secours de la science humaine, par des hommes ignorants, appartenant aux classes infimes de la société ; sans autre moyen, en un mot, que la croix et la prédication des vérités, que leur avait enseignées leur Divin Maître. Comment ces païens vivant au sein du luxe, d'une vie molle et sensuelle, dans un siècle où les lettres, les sciences, les arts et la civilisation étaient parvenus à un si haut degré de perfection, ont-ils pu embrasser en foule une doctrine dont les principes fondamentaux étaient le détachement des richesses, la mortification de la chair et l'humilité, et dont l'auteur était un crucifié ? Comment surtout ont-ils été jusqu'à donner leur vie en si grand nombre, plutôt que de renoncer à la croire et à la pratiquer? Ah ! Seigneur, c'est que, selon votre promesse, vous étiez avec votre église, vous avez travaillé avec vos apôtres : vous parliez par leur bouche, ils étaient inspirés par votre Divin Esprit, votre Divine Charité les soutenait et les animait. Vous aviez promis que votre Eglise s'étendrait de l'orient à l'occident, et vous avez opéré cette révolution prodigieuse en quelques années, par le seul ministère de ces hommes simples que vous aviez revêtus de vos pouvoirs divins : votre Eglise est devenue Catholique, et ce seul caractère suffirait à prouver la divinité de son institution. Oui, mon Dieu, je le confesse et je le publie hautement : Je crois en l'Eglise catholique !...

 

Je crois en Dieu...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !

 

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17 juin 2014

Le Mois de Saint Pierre

Le Mois de Saint Pierre

ou dévotion à l'Eglise et au Saint Siège

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Dix-huitième jour

L'infaillibilité de l'Eglise

Notre Père... Je vous salue Marie...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !

 

I. De toutes les prérogatives de l'Eglise, celle qui révolte, qui irrite le plus l'égalité, la liberté et l'indépendance absolues auxquelles notre siècle aspire vainement, et cependant avec une incomparable ardeur, est assurément son infaillibilité. Il est évident que lorsqu'on ne veut voir dans l'Eglise qu'une institution purement humaine, son infaillibilité apparaît naturellement comme une prétention exorbitante, et les conséquences qui en découlent prennent un caractère d'intolérance qui blesse la raison. Toutefois, ne faut-il pas admettre que toutes les souverainetés possibles ne peuvent exister qu'à  la condition d'agir comme si elles étaient infaillibles ? N'y a-t-il pas, et ne faut-il pas qu'il y ait dans tous les gouvernements une voix qui parle en dernier ressort, et dont les décisions soient sans appel ? Car, du moment où l'on pourrait sans cesse remettre en question toute espèce d'arrêt, sous prétexte d'erreurs ou d'injustice, une incertitude funeste planerait sur les droits les mieux acquis, toute direction des affaires deviendrait impossible. L'Eglise, étant le gouvernement de la société chrétienne, a d'autant plus de titres à ce droit commun de l'infaillibilité, que sa juridiction est plus étendue que celle de toutes les autres souverainetés, puisqu'elle embrasse l'univers entier, et que plus le territoire d'un gouvernement est vaste, plus il est nécessaire que les incertitudes en se multipliant ne viennent pas affaiblir l'autorité, ni compliquer l'administration de la  chose publique. Mais ce qui lui donne surtout plus de droit à cette infaillibilité commune à tous les gouvernements, c'est d'abord que l'Eglise restreint son infaillibilité et ne s'en prévaut qu'en matière de religion, telle que la définition des articles de foi, la règle des mœurs, la discipline générale, les constitutions monastiques, la liturgie, la canonisation des saints ; et qu'après dix-huit siècles d'exercice de sa puissance, personne ne pourrait la convaincre de s'être jamais trompée dans son enseignement, qui est encore aujourd'hui le même que celui des apôtres. Depuis dix-huit cents ans ses lois fondamentales n'ont pas subi le moindre changement, et c'est précisément cette immutabilité qui est la source des reproches qu'on lui adresse en l'accusant de rester immobile pendant que les peuples sont, dit-on, dans la voie du progrès. Mais outre cet accord constant avec elle-même, pendant le cours de tant de siècles, accord qui contraste d'une manière frappante avec les variations perpétuelles opérées dans les législations de tous les empires, l'Eglise a toujours eu pour la gouverner des hommes qui réunissaient au plus haut degré les qualités qui peuvent le mieux assurer ici-bas l'infaillibilité des conseils et des décisions. Qui oserait, en effet, contester d'abord aux Pontifes, aux Evêques, aux Pères et aux docteurs qui ont administré et qui administrent encore les affaires de l'Eglise, cette science profonde des livres saints et de la tradition dont ils ont su faire respecter l'intégrité depuis les apôtres jusqu'à nous, et qui n'a cessé de vérifier cet oracle de Malachie : « Les lèvres des prêtres seront les gardiennes de la science, et c'est à la bouche du sacerdoce que l'on demandera la connaissance de la loi » (2, 7) ? Où trouverait-on ensuite plus de sagesse, de prudence, de maturité, de connaissance pratique du cœur humain pour porter et prononcer des jugements ? Y a-t-il jamais eu enfin d'autorité plus indépendante de la pression qu'exercent ordinairement sur les conseils les passions du dehors et celles du dedans ? Jamais, d'une part, l'autorité ecclésiastique n'a cédé Contre sa conscience ni aux menaces, ni à la force brutale des puissances du siècle, elle a préféré le martyre ; et de l'autre, destinée à combattre les inclinations perverses de l'humanité, elle s'en est affranchie elle-même, autant qu'il est permis à la faiblesse de notre nature d'y parvenir, et jamais elle n'a pris de décision importante sous leur influence. Ainsi, une science profonde des choses saintes ; l'expérience et la maturité ; enfin, toute l'indépendance possible ici-bas, pour éviter l'influence des passions : telles sont les garanties qui mettent les décisions de l'Eglise à l'abri de l'erreur, et qui lui assurent déjà  un degré d'infaillibilité supérieur à celui que s'attribuent les autres gouvernements.

II. Mais outre cette infaillibilité de droit commun et de raison, l'Eglise possède encore une infaillibilité absolue et divine, à  laquelle aucune autre ne peut être comparée. Le Verbe s'était fait homme pour apportera Vérité sur la terre, et pour arracher ainsi l'intelligence et la raison humaines au dédale inextricable d'erreurs dans lequel elles s'étaient plongées. Mais, pour que la vérité ne fit pas elle-même naufrage dans 1a suite des temps, et pour qu'elle pût parvenir intacte aux générations les plus reculées au milieu du déluge des fausses doctrines et des subtilités de l'esprit de mensonge, il fallait d'abord que ce dépôt sacré fût confié à des mains sûres, qui non-seulement le garderaient avec intégrité, mais qui en répandraient encore les richesses de siècle en siècle dans l'univers entier. Il fallait ensuite un tribunal suprême et sans appel, dont les décisions fussent revêtues d'une infaillibilité sanctionnée par la parole d'un Dieu, afin de trancher toutes les difficultés, et de dissiper tous les doutes qui pouvaient obscurcir de leurs voiles trompeurs l'éclat des vérités célestes, que le Sauveur voulait faire briller aux yeux de tout homme venant en ce monde. Les apôtres et leurs successeurs furent en effet choisis par Jésus-Christ pour remplir cette double mission. Ils reçurent le dépôt de la vérité ou de la doctrine de l'Evangile ; ils furent chargés de l'enseigner à toutes les nations, et le Sauveur leur promit d'être avec eux, c'est-à-dire de les assister jusqu'à la consommation des siècles : « Allez, leur dit-il, enseignez toutes les nations, baptisez-les au Nom du Père, du Fils, et du Saint-Esprit : enseignez-leur à observer tout ce que Je vous ai commandé : voici que Je suis avec vous tous les jours jusqu'à la consommation des siècles ». (Matthieu 28, 29, 20). Ainsi, les apôtres enseignant avec l'assistance de Jésus-Christ, jusqu'à la fin des temps, ne pouvaient donc jamais annoncer une doctrine erronée, et devenaient par conséquent toujours infaillibles dans leur enseignement. Mais le divin Maître voulut leur donner une garantie plus positive encore de cette prérogative toute divine et de cet insigne privilège, et il leur assura que jamais les portes de l'enfer, c'est-à-dire l'erreur et le mensonge qui ouvrent l'entrée de l'enfer, ne pourraient triompher de l'Eglise ; en d'autres termes, que l'Eglise serait toujours à l'abri de l'erreur, dépositaire de la vérité et infaillible dans sa doctrine : « Et les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre elle ». (Matthieu 16, 18). Or, comme ces promesses du Sauveur n'ont été faites qu'aux apôtres et à leurs successeurs, c'est-à-dire à l'Eglise Catholique, apostolique et romaine, ce qui sera démontré dans la suite de ces méditations, il en résulte que l'Eglise catholique possède seule la vérité et l'infaillibilité, à  l'exclusion de toute autre société religieuse. Si c'est être intolérant d'admettre que l'Eglise est seule dépositaire de la vérité infaillible qui réduit à néant toute autre doctrine opposée à la sienne ; qui éclaire, échauffe et donne la vie au monde entier des esprits, par l'effusion de ses divins rayons ; pourquoi ne serait-on pas également intolérant lorsqu'on affirme que le soleil est, comme l'indique son nom « Solus », le seul astre qui possède une lumière qui lui soit propre, que tous les autres corps célestes pâlissent devant lui et ne font que refléter quelques rayons empruntés à son immense foyer ; enfin, que le soleil seul éclaire, échauffe et donne la vie au monde physique ? L'un comme l'autre ne sont-ils pas des faits incontestables ; et celui qui a créé un soleil à l'usage, des corps et du temps, pouvait-il négliger d'en créer un à l'usage des âmes et de l'éternité ?

III. Cependant, l'infaillibilité de l'Eglise une fois reconnue, il importe de savoir quel en est le siège. Il est évident que cet insigne privilège devait être réservé à ceux qui ont été chargés spécialement du dépôt de la Foi et du soin d'enseigner les fidèles, c'est-à-dire, au souverain Pontife et aux Evêques ; car ce sont eux qui forment uniquement l'Eglise enseignante. Les pasteurs du second ordre, c'est-à-dire les curés et les autres Prêtres, ne sont que des délégués des évêques, qui portent de leur part aux fidèles l'enseignement qu'ils ont eux-mêmes reçu des premiers pasteurs. Ils n'ont pas la plénitude du Sacerdoce, et par la même ils ne sont pas juges de la foi : l'infaillibilité n'était donc pas nécessaire à l'accomplissement de leurs fonctions. La promesse de l'infaillibilité fut faite par Jésus-Christ, d'abord à Pierre seul, et, dans sa personne, à ses successeurs légitimes. Un an environ avant la passion, et pendant la troisième année de sa prédication, le Divin Maître étant avec ses disciples auprès de la ville de Césarée de Philippe, les interrogea et leur dit : « Qui dites-vous que Je suis ? » Simon-Pierre répondit : « Vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant ». Jésus lui répondit à son tour, et lui dit : « Vous êtes heureux, Simon Bar-Jona, parce que ce n'est point la chair et le sang qui vous ont révélé ceci, mais Mon Père, qui est dans les Cieux. Et moi aussi Je vous dis que vous êtes Pierre, et que sur cette pierre Je bâtirai mon Eglise ; et les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre elle. Et Je vous donnerai les clefs du Royaume des Cieux ; et tout ce que vous lierez sur la terre, sera lié dans les Cieux ; et tout ce que vous délierez sur la terre, sera délié dans les Cieux ». (Matthieu 26, 15-19). Nous lisons encore, dans l'Evangile de Saint Luc, qu'après l'institution du sacrement de l'Eucharistie, et qu'après avoir conféré à ses apôtres l'épiscopat, le Sauveur dit à Pierre au moment où il allait se rendre au jardin des Oliviers : « Simon, Simon, Satan était dévoré du désir de vous cribler, comme on crible le froment : mais j'ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas : et lorsque tu seras converti, affermis tes frères ». (Luc 22, 31, 32.) D'après ces paroles du texte sacré, nous sommes en droit de conclure que celui qui est la pierre fondamentale de l'Eglise ne saurait chanceler ; car alors il entraînerait dans sa chute la ruine complète de l'édifice sacré qu'il soutient, et contre lequel pourtant les portes de l'enfer ne peuvent prévaloir. Si le chef de l'Eglise pouvait tomber dans l'erreur, ce serait en vain que Jésus-Christ lui-même aurait prié pour que la Foi de Pierre ne défaillît pas, et qu'il aurait confié au chef des apôtres le soin d'affermir ses frères dans la foi. Après sa résurrection, le Divin Maître s'adressant encore spécialement à Saint Pierre, exige de lui une triple profession d'amour et de dévouement, et lui dit solennellement : « Paissez mes agneaux, paissez mes brebis », (Jean 21, 16, 17). Mais, si Pierre n'est pas infaillible dans sa doctrine, comment pourra-t-il conduire les agneaux et les brebis, c'est-à-dire les fidèles et les pasteurs, dans les divins pâturages de la vérité ? Enfin, au moment de remonter au ciel, Jésus dit à tous les apôtres réunis à saint Pierre : « Toute puissance M'a été donnée dans le Ciel et sur la terre. Allez donc, enseignez toutes les nations... Voici que Je suis avec vous tous les jours jusqu'à la consommation des siècles ». (Matthieu 28, 19, 20.) Cette nouvelle promesse, loin d'infirmer les trois premières, les corrobore ; car le Sauveur ne promet ici d'être avec ses apôtres jusqu'à la fin des temps , c'est-à-dire d'être infaillibles comme lui-même, qu'à la condition qu'ils seront unis à Pierre, donc, cette prérogative est tellement propre au chef de l'Eglise, qu'elle cesse d'être partagée par les évêques et même par les Conciles, dès qu'ils se séparent du souverain Pontife. Qu'y a-t-il d'étonnant que celui qui est à la tête de l'Eglise ait reçu de Jésus-Christ des privilèges si sublimes et si singuliers ? Dans notre corps mortel, auquel Saint Paul compare la sainte Eglise (Romains, 12, 4), la tête n'a-t-elle pas été plus avantageusement partagée que les autres membres ? N'est-elle pas comme le centre auquel convergent toutes les relations des sens et des autres organes de la vie ? N'est-elle pas le siège principal de l'intelligence, de la volonté et du gouvernement de notre être tout entier ? Aussi, en revendiquant pour le chef de l'Eglise les prérogatives nécessaires et assurées à l'exercice des importantes fonctions dont il est revêtu, nous n'entendons point l'isoler des membres avec lesquels il forme un même corps. Dans un corps, il y a un ensemble d'action, auquel les parties qui le composent prennent une part proportionnée au rôle qu'elles ont à jouer. C'est, en effet, ce qui a lieu dans le gouvernement de la société chrétienne. Quoique les papes ne se soient jamais trompés lorsqu'ils ont prononcé comme souverains juges sur un point de dogme, sur une question de droit, sur les affaires publiques de l'Eglise, et quoiqu'ils aient reçu la promesse qu'en pareille circonstance, l'assistance du Saint Esprit ne leur ferait jamais défaut, ils n'en sont pas moins obligés d'employer tous les moyens convenables pour éclairer leurs jugements. D'autre part, ce n'est pas sans raison que Jésus-Christ a établi les successeurs des apôtres ou les évêques juges de la Foi, et qu'il leur a aussi promis l'infaillibilité lorsqu'ils se tiendraient unis aux souverains Pontifes. C'est ce qui explique pourquoi le chef de l'Eglise a recours, soit aux conciles, soit aux évêques dispersés dans l'univers chrétien, quand il a à prendre quelque décision importante. Mais, comme ni les conciles, ni les évêques séparés du souverain Pontife ne sauraient être infaillibles, nous sommes en droit de conclure que c'est principalement dans le successeur de Saint Pierre que réside l'infaillibilité de l'Eglise.

 

Élévation sur l'infaillibilité de l'Eglise

 

I. Grâces vous soient rendues, Seigneur, d'avoir assuré le dépôt des vérités saintes que vous avez confié à votre Eglise, par le don d'infaillibilité que vous n'avez accordé qu'à elle seule ! Au milieu des erreurs, des systèmes séduisants et des sophismes de toute espèce qui surgissent à chaque instant au sein de la société, comment aurions-nous pu, sans ce secours puissant, discerner les divins oracles d'avec les illusions répandues par l'esprit de mensonge ! Il fallait à l'homme sur la terre, comme autrefois au peuple de Dieu dans le désert, une nuée mystérieuse, qui soutînt sa Foi durant le voyage de la vie, même pendant le jour, c'est-à-dire, lors même que l'Eglise jouirait d'une paix profonde ; il lui fallait surtout pendant la nuit, c'est-à-dire, au milieu des contradictions et des persécutions que devait soutenir l'Epouse de Jésus-Christ, à l'exemple du Divin Maître, une colonne de feu, une lumière éclatante, qui ne laissât aucun doute sur la route à suivre pour arriver au salut éternel. Pourquoi, sous la loi de grâce, serions-nous moins favorisés que les Juifs sous la loi de crainte ? Vous serait-il plus difficile, ô mon Dieu, vous le Tout-Puissant, de faire un miracle qui se perpétuât jusqu'à la fin des temps, que d'en faire un qui a duré pendant quarante ans ? Qu'y a-t-il de surprenant qu'ayant choisi des hommes pour continuer sur la terre l'oeuvre de la rédemption, vous ayez donné à celui que vous avez établi le chef souverain de vos ministres et votre vicaire ici-bas, le don d'infaillibilité ? N'avez-vous pas revêtu tous vos prêtres de pouvoirs bien autrement étonnants, tels que ceux par lesquels ils remettent les péchés et par lesquels ils consacrent le corps adorable de votre divin Fils ? Oui, Seigneur, je crois à l'infaillibilité de votre Eglise et en particulier à celle de son chef ; j'y crois d'une foi aussi vive qu'à tous les autres Dogmes du christianisme, puisque c'est la même autorité qui me l'affirme, et qu'elle repose sur les mêmes oracles.

II. Quelle paix, quelle tranquillité parfaite pour une âme d'être assurée qu'elle possède la vérité ! Pour le comprendre, il faudrait avoir été témoin des luttes affreuses et des désespoirs qui sont le fruit du doute. Aussi, ô mon Dieu, soyez à jamais béni de m'avoir donné cette lumière divine de l'infaillibilité de votre Eglise pour dissiper toutes mes ténèbres, et pour diriger mes pas dans l'étroit sentier qui conduit à la vie véritable de l'éternité. Oui, mon Dieu, Votre Eglise et son vénérable chef n'ont qu'à parler, et aussitôt mon intelligence et ma raison s'inclineront devant eux, comme si votre adorable Fils eût fait entendre lui-même celle voix céleste qui est venue apporter la vérité dans le monde : je m'écrierai alors avec le grand saint Augustin : « Rome a parlé, tout doute a disparu ». Tout doit se taire devant la sagesse infinie dont elle est l'infaillible organe : la sagesse, la prudence, la science humaines ne sont, devant cette éclatante lumière, que des lueurs incertaines qui ne sauraient qu'égarer les imprudents qui les prendraient pour guides. Eh ! La raison de l'homme qu'est-elle donc, pour oser se poser en juge devant les promesses de l'infaillibilité que vous avez faites à votre Eglise et à votre représentant sur la terre ? Cette raison si fragile, si incertaine, qui se trompe à chaque instant lors même qu'il s'agit de choses temporelles et palpables, aurait l'audace de disputer avec les oracles sacrés qui assurent à la société chrétienne la possession absolue et exclusive de la vérité, et qui depuis dix-huit cents ans n'ont jamais été démentis ? Je le sais, Seigneur, cet insigne privilège fait frémir l'erreur ; elle crie à l'intolérance, et elle ne voit pas pourquoi l'Eglise catholique réclame pour elle seule le bénéfice d'une faveur qui paraît exorbitante en présence de la faiblesse humaine. Mais l'erreur est aveugle ; elle ne sait pas voir dans le Saint Evangile que Jésus-Christ n'ayant accordé l'infaillibilité qu'à l'Eglise, dont il est lui-même le fondateur, personne autre ne saurait se l'attribuer, sans faire violence au Texte Sacré, ni sans forfaire aux règles les plus vulgaires du sens commun. Comment d'ailleurs celui qui affirme une chose comme celui qui la nie pourraient-ils être également infaillibles ? O mon Dieu ! Dès que l'homme cesse d'être docile à votre voix, dès que son orgueil le conduit à n'avoir d'autre guide que son propre jugement, il se perd, il marche d'égarement en égarement, il finit par être absurde ; et cette raison dont il était si fier l'abandonne et le livre au ridicule, ou plutôt à la pitié. C'est la chute de Lucifer qui se perpétue sur la terre à différents degrés, depuis Luther et Lamennais jusqu'à l'artisan le plus ignorant et le plus grossier qui voudrait aussi à son tour jouer l'esprit-fort et pouvoir se dire infaillible !

III. Oh ! Sainte Eglise de Jésus-Christ ! Oh ! Pontife suprême. Père vénérable de toute la chrétienté ! Je me prosterne à vos pieds ; je me soumets pour l'avenir, comme pour le présent et le passé, à toutes les décisions, à tous les jugements que vous avez prononcés, ou que vous prononcerez pour éclairer ma Foi. Je ne mets aucune différence entre votre voix et celle de Dieu, qui vous a promis son assistance jusqu'à la consommation des siècles. Mon respect le plus profond, ma docilité la plus parfaite, ma reconnaissance et mon amour sincères, sont des devoirs sacrés que je remplirai fidèlement envers vous jusqu'à mon dernier soupir. Que l'infaillibilité de vos divines lumières ne cesse jamais un instant de briller à mes yeux, jusqu'à ce que la foi et l'espérance cédant leur place à la charité, j'arrive à cette cité sainte qui est l'Eglise du ciel, où je verrai Dieu face à face, et où toutes les splendeurs de la vérité viendront remplir mon âme d'inénarrables délices. Ainsi soit-il.

 

Je crois en Dieu...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !

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16 juin 2014

Le Mois de Saint Pierre

Le Mois de Saint Pierre

ou dévotion à l'Eglise et au Saint Siège

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Dix-septième jour

Immuabilité de la Doctrine Évangélique

 

Notre Père... Je vous salue Marie...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !

 

« Êtes-vous celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » (Saint Matthieu 11, 3). Voilà le langage que semblent tenir certains philosophes de nos jours, je dirais même certains chrétiens peu éclairés des lumières de la Foi. Ils pensent que puisque la Loi Mosaïque donnée par Dieu lui-même n'était pas le dernier mot de la sagesse infinie, la Loi Évangélique étant venue apporter un perfectionnement qui place le Nouveau Testament bien au-dessus de l'Ancien ; de même aussi il pourrait se faire que l'Evangile fit place un jour à des croyances et à une morale plus parfaites, c'est-à-dire à des dogmes moins inaccessibles à la raison humaine, à une morale plus commode et plus en rapport avec la faiblesse de notre nature. Tout, dans ce monde, est à l'état de progrès et de perfectionnement, ajoutent-ils : n'y aurait-il donc que la doctrine évangélique qui restât stationnaire et immobile ? Ne doit-elle pas suivre le mouvement des peuples et les progrès de la civilisation ? Les dogmes, la morale et la forme de l'Eglise actuelle sont-ils tout ce que nous devions attendre de Dieu, ou bien devons-nous en attendre d'autres ?

I. Il n'est pas étonnant que la loi ancienne ou la Loi Judaïque ait été remplacée par une loi plus parfaite, par celle de l'Evangile. Tout dans la première annonçait qu'elle n'était que temporaire, qu'elle n'était que l'ébauche et le préambule d'une autre qui devait infailliblement la suivre. La promesse du Messie faite dès le premier âge du monde, la foi à l'avènement de ce Divin Rédempteur, sans laquelle personne ne pouvait être compté au nombre des justes, ni espérer de salut ; les prophéties qui annonçaient l'époque, le lieu où naîtrait le Sauveur, la famille même qui lui donnerait le jour : n'en était-ce pas assez pour montrer que la religion juive ne devait pas avoir une durée indéterminée, et qu'elle subirait immanquablement de la part du Céleste Législateur une transformation ! L'apôtre Saint Paul ne nous dit-il pas que « la fin que se proposait l'Ancienne Loi était le Christ ? » (Romains 10, 4). « La Loi, dit encore le même apôtre (Hébreux 10, 1), n'avait que l'ombre des biens à venir, et non l'image qui renferme la substance même des choses. Tout arrivait à cet ancien peuple en figure » (1 Corinthiens 10,11), et toutes ces choses n'étaient que l'ombre de tout ce qui se devait passer dans la loi nouvelle » (Colossiens 2, 17). « La Loi, dit à son tour Saint Jean (Jean, 1, 17), a été donnée par Moïse, et la grâce et la vérité ont été apportées par Jésus-Christ ». Il faudrait parcourir tout l'Ancien Testament, pour voir toutes ces figures expliquées en Jésus-Christ. On y voit, à chaque page. Dieu promettant à son peuple de le protéger constamment contre ses ennemis, promettant que le Sauveur du monde naîtrait de son sein ; mais nulle part nous ne voyons le Seigneur lui promettre que la synagogue subsisterait jusqu'à la consommation des siècles ; au contraire, nous lisons, au chapitre 21 de Saint Luc, que Jésus prédit aux Juifs la destruction complète de la Cité Sainte et du Temple, foyer de leur religion, et qu'il leur annonce que leur Nation sera dispersée, conduite en captivité sur tous les points de la terre, et foulée aux pieds jusqu'à ce que les peuples aient accompli leur destinée. Quelle comparaison pourrait-on donc établir entre l'Ancienne et la Nouvelle Loi ? Après la figure devait venir la réalité, mais après la réalité que peut-on attendre encore ? Parmi les prophéties, celles qui se rapportaient à la nation Juive, à sa religion et a l'avènement du Messie, se sont accomplies avec une exactitude telle, qu'elles ne laissent aucun doute sur l'accomplissement de celles qui touchent à la doctrine évangélique, à son immutabilité surtout et à sa perpétuité. Puis, viennent les promesses que le Divin Fondateur de l'Eglise a faites à cette dernière de la manière la plus positive, en lui assurant son assistance jusqu'à la consommation des siècles. Enfin, Jésus-Christ n'a-t-il pas dit qu'il était la vérité et la vie ? Ne s'ensuit-il pas que les dogmes, les mystères et la morale qu'il a enseignés étaient, sont et seront toujours la vérité ? La vérité est immuable, et il n'y a rien à attendre, en fait de perfectionnement et de progrès, au-delà de la vérité. Aussi le législateur de l'Eglise Chrétienne n'a pas craint de dire avec cette autorité et cette solennité qui ne redoutent pas un démenti : « Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas ». (Saint Matthieu 24, 38.) Il n'y a donc aucun changement à attendre dans la Doctrine Évangélique ; c'est un rocher inébranlable et indestructible contre lequel toutes les erreurs se sont brisées depuis dix-huit siècles, et contre lequel elles continueront à se briser jusqu'à la consommation des temps. Il n'y a plus à attendre que Jésus-Christ venant à la fin du monde pour juger les nations sur le respect qu'elles auront professé pour sa doctrine, et sur l'usage qu'elles en auront fait dans leur conduite.

II. On parle beaucoup aujourd'hui des progrès de la civilisation moderne, de leur incompatibilité avec vieux dogmes et les vieilles lois de l'Eglise, et de 1a nécessité où se trouve celle-ci de faire des changements dans sa constitution pour la mettre au niveau de lumières de son siècle. C'est à peu près aussi raisonnable que si l'on voulait que Dieu réformât les lois de la nature, parce qu'elles sont surannées, et qu'elle ne sont plus en harmonie avec les besoins croissant des peuples et avec les progrès incessants de l'industrie. Ainsi, le soleil ne brille pas assez longtemps pour éclairer les travaux urgents entrepris par nos architectes et nos industriels. On comprend que cette périodicité des jours et des nuits fût suffisante pou: nos ancêtres, qui avaient la bonhomie de se reposer la nuit, comme le saint jour du dimanche ; mais aujourd'hui ce système n'est plus tolérable, parce qu'il ne saurait satisfaire l'activité dévorante de notre époque et les exigences de la société présente. On pourrait et dire autant de toutes les autres lois de la nature qui contrarient les vues orgueilleuses et les intérêts cupides de l'humanité. Mais ces lois sont immuables comme celui qui les a établies, et il faut bien que les hommes s'y soumettent et en prennent leur parti. Il en est de même des dogmes et des lois fondamentales de l'Eglise. Ils sont le soleil de justice qui éclaire le monde moral ; et, immuables comme l'astre des jours, placés comme lui à des hauteurs inaccessibles à toutes les puissances humaines. Dieu n'y changera rien, quelles que soient les aspirations nouvelles et les impatiences du siècle des lumières. La vérité est, ou n'est pas ; mais elle ne peut souffrir aucune modification. Et d'ailleurs, ne serait-il pas absurde que le souverain Seigneur fût obligé de toucher aux principes éternels que sa sagesse infinie a donnés au monde pour guider ses pas chancelants dans les voies de la vérité et du salut, selon le caprice et les exigences de ses misérables créatures ? Ne serait-ce pas le renversement de tout ordre et de subordination ? Eh ! Quoi ! l'homme serait introduit dans les conseils divins, et forcerait en quelque sorte le maître de l'univers et le sien à refaire et inscrire des lois selon son bon plaisir ! Non, ce pas Dieu qui pliera devant les sociétés humaines, quelque avancée que soit leur civilisation. Mais celles-ci auront à accepter les vérités que le Tout-Puissant impose, et à en subir les conséquences pratiques, à être un jour contraintes de rendre un compte e de leur résistance ou de leur mépris au souverain-juge des nations. On dira peut-être que l'Eglise, qui a reçu le dépôt de la doctrine évangélique, a été instituée précisément pour administrer ce dépôt sacré, et par conséquent pour le modifier et le mettre en rapport avec les besoins des temps. L'Eglise, sans doute, a reçu de son Divin Fondateur tous les pouvoirs nécessaires pour le gouvernement de la société chrétienne ; mais parmi ces pouvoirs ne se trouve pas celui de rien retrancher, de rien ajouter, de rien changer, en un mot, ni aux dogmes, ni à la morale de l'Evangile, ni aux Sacrements, parce que toutes ces choses étant immuables, ce pouvoir lui devenait inutile. Elle peut lorsqu'elle le juge prudent et utile, toucher à sa discipline, rappeler des lois qu'elle a faites, soit parce les circonstances à l'occasion desquelles elles ont été portées ont changé, soit parce qu'après avoir été pendant longtemps un moyen de sanctification, le relâchement des mœurs en fait une nouvelle source de désobéissance et de perdition. Elle aussi varier sa législation en cette matière selon les temps, les lieux, les dispositions et le génie de peuples. Mais jamais elle ne se croira autorisée à porter la main sur les révélations divines de son Céleste Fondateur. Dieu lui-même, qui seul aurait droit de modifier son propre ouvrage, ne peut rien y changer, parce qu'ayant tout prévu par sa science infinie, et étant la vérité par essence, aucun de ses oracles ne pourra jamais avoir besoin de la moindre modification.

 

Élévation sur l'immutabilité de la Doctrine Évangélique

 

I. Lorsque vous avez parlé, ô Divin Maître, pourquoi l'homme ne tombe-t-il pas à genoux pour adorer les vérités que votre bonté et votre Miséricorde daignent faire briller à ses yeux ? Son cœur ne devrait-il pas éclater en sentiments d'admiration et de reconnaissance pour un bienfait si considérable et si généreux ? L'immutabilité, qui est le sceau divin auquel on reconnaît vos célestes oracles, loin de devenir pour l'humanité un sujet de scandale, ne devrait-elle pas être pour elle une source inépuisable de consolation d'espérance et de paix ? Tout est mobile ici-bas : la fortune est inconstante, la santé est d'une fragilité dont nous faisons tous les jours la douloureuse expérience, l'amitié même, ce feu presque divin , n'est pas à l'abri de ces vicissitudes qui laissent souvent au cœur plus d'amertumes qu'il n'a goûté de joies. N'était-il pas indispensable pour le repos et le bonheur l'homme qu'il pût trouver, même ici-bas, un point d'appui solide, inébranlable, à l'abri des incertitude et de l'instabilité des choses de ce monde ? Oui, Seigneur, vous saviez que notre cœur serait continuellement inquiet, tant qu'il ne reposerait pas en vous; vous saviez que vous seul pouviez satisfaire les désirs insatiables et apaiser les ardeurs qui le dévorent ; et alors, ô mon Dieu, votre majesté suprême n'a pas craint de se révéler à nous d'une manière plus claire et plus expresse que sous l'Ancienne Loi, par les dogmes, les mystères et la morale célestes de votre Evangile. Et comment ces révélations pourraient-elles ne pas être immuables, puisqu'elles sont la manifestation de votre nature et de votre volonté Divines, inaccessibles et supérieures à toutes les vicissitudes humaines ? Ah ! Si les biens de ce monde sont périssables, s'ils peuvent nous être ravis, nous avons appris de vous, du moins, qu'il n'est pas de puissance assez forte pour nous enlever, malgré nous, les espérances fondées sur votre salutaire doctrine. Grâce à votre divine parole, je sais que, lors même que je serais ici-bas abandonné de tous les hommes, j'ai dans le ciel un Dieu qui sera toujours pour moi le meilleur des pères ; que sa providence veille avec une tendresse maternelle sur moi ; que les épreuves de la vie sont, si je veux les souffrir avec patience et résignation, une source de mérites pour la vie future ; je puis sur cette terre trouver des cœurs insensibles à mes gémissements et à mes larmes, qui n'aient ni le temps ni la volonté de m'écouter; mais vous, ô mon Dieu, toujours vous serez prêt à écouter la prière de votre enfant, et à l'exaucer. Je sais, ô mon aimable Sauveur, que vous êtes descendu des hauteurs du ciel, et que vous avez épousé ma nature afin de la réhabiliter, de l'ennoblir et surtout de l'éclairer par vos pieux enseignements et par vos sublimes exemples ; je sais que vous avez expié mes péchés en mourant pour moi sur une croix, et en m'appliquant les mérites infinis de votre précieux sang par le moyen des sacrements. Je sais, enfin, qu'une fois justifié, une fois dans votre grâce, le divin Esprit habite en moi comme dans un temple; que, si je suis fidèle à ses inspirations et docile à sa voix, il sera pour moi un guide assuré dans la route, périlleuse qui conduit au salut ; il sera ma force dans les combats, ma consolation dans mes afflictions et dans mes peines ; je sais que l'amour divin dont il embrasera mon âme soutiendra mon courage et mon dévouement au milieu des plus grands sacrifices. Que j'aie été, ici-bas, riche ou pauvre, heureux ou malheureux selon le monde, considéré ou méprisé, qu'importe ! Ma vie n'est qu'un pèlerinage, le temps de la lutte et de l'épreuve ; mais le repos, un bonheur sans nuage et sans fin, m'attendent dans l'éternité pour prix de mes travaux. Que pourrait-il y avoir à changer dans cette admirable et consolante doctrine ? Qu'est-ce que les hommes pourraient trouver de plus beau, de plus grand, de plus généreux pour le substituer à ces dogmes, à ces mystères, à cette morale descendus des cieux ? Ah ! Seigneur, mais n'est-ce pas précisément parce que vos enseignements sont immuables, que ma confiance est sans bornes ! Si je pouvais seulement douter que ce que vous m'assurez être aujourd'hui la vérité, pût ne l'être plus demain, quelle fidélité, seriez-vous en droit d'attendre de ma part ? Non, vous, ne seriez plus un Dieu, vous seriez semblable à ces hommes légers et inconstants qui défont un jour ce qu'ils ont fait la veille. Impatients de porter votre joug, qu'ils trouvent trop pesant pour leur délicatesse. ils voudraient, au lieu de vous servir, vous mettre à la remorque de leurs prétendus progrès et disposer, selon leur caprice, de vos conseils et de votre volonté.

II. Que votre immutabilité, ô mon Dieu, soit exactement le contraire de cette mobilité de nos sociétés modernes qui ne rêvent que progrès, c'est chose facile à concevoir. Vous êtes l'Etre souverainement et infiniment parfait, la beauté toujours ancienne et toujours nouvelle, selon l'éloquent langage de Saint Augustin ; comment pourrait-on établir une comparaison quelconque entre vous et des êtres chétifs qui sont vos créatures, qui ont tout reçu de vous, et qui ne s'aperçoivent pas que s'il appartient à leur nature de progresser, ce n'est que parce qu'ils sont encore loin de la perfection à laquelle ils aspirent, mais à laquelle ils n'atteindront jamais en cette vie ? Qu'ils vous connaissent peu. Seigneur, et qu'ils sont injustes ceux qui vous croient l'ennemi du progrès, parce que vous êtes immuable ; comme si votre divinité ne devait pas avoir des attributs différents de ceux de l'humanité ! Ils ignorent, sans doute, que vous avez dit vous-même aux hommes : « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait » (Matt., 5, 48) ; c'est-à-dire, faites des progrès, faites des efforts, tendez sans cesse à la perfection ; mais la perfection est le terme du progrès; et comme vous seul, ô mon Dieu, êtes la perfection absolue, vous ne sauriez faire de progrès et n'avez pas à en faire. Et c'est parce que votre Eglise professe cette vérité, à savoir, l'immutabilité de votre nature, et par conséquent de vos dogmes, de vos mystères et de votre morale, qu'ils l'accusent de s'opposer aux progrès de l'humanité, en refusant de sortir de son immobilité ! Sans doute, tant qu'il s'agira de la foi, de tout ce qui en relève et de tout ce qui s y attache, elle s'opposera toujours à toute nouveauté, parce qu'il n'a jamais existé, qu'il n'y a au monde et qu'il ne surgira jamais de sage, ni de philosophe, qui puisse enseigner une doctrine qui l'emporte sur celle dont votre adorable Fils lui a confié le dépôt sacré, et que par conséquent y changer quelque chose ne serait pas progresser. Mais il y a loin entre l'immobilité des croyances et les progrès pratiques. L'astre des jours peut bien rester dans une immobilité relative sans empêcher les corps célestes qui l'entourent de faire leurs révolutions autour de lui, puisqu'il y concourt au contraire par sa puissante attraction, et sans cesser lui-même de les vivifier et de les féconder par sa lumière et sa chaleur ; pourquoi n'en serait-il pas ainsi dans l'ordre moral ? Et c'est en effet, Seigneur, l'ordre merveilleux que vous y avez établi, et qui est ainsi reflété dans toute la nature physique. Les enseignements de votre foi sont le centre autour duquel doivent graviter tous les actes humains, toutes les civilisations et les progrès des sociétés. Ce centre doit donc être immuable ; mais les êtres libres qui sont placés sous son influence peuvent et doivent même progresser en tendant à la perfection. Ils s'en rapprocheront d'autant plus qu'ils obéiront plus fidèlement à la force attractive de leur centre qui est cette même foi. Aussi, votre Eglise, chargée de continuer sur la terre la mission que vous étiez venu y commencer comme réparateur de l'humanité, ne cesse de répéter aux hommes : « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait ». Elle s'efforce d'exciter dans leurs âmes la faim et la soif de la justice, c'est-à-dire une noble ardeur pour le progrès moral; c'est le but de tous ses travaux et de toutes ses sollicitudes. Mais, de même, ô mon Dieu, que tout ce que renferme cet admirable univers est un hymne perpétuel qui s'élève du sein même des créatures inertes pour célébrer votre puissance et votre majesté ; ainsi toutes les facultés de l'homme, et toutes les œuvres qui en sont les fruits, sont-elles convoquées par votre Eglise à un progrès incessant vers la perfection, afin de publier tous les jours votre gloire avec plus d'éclat et de magnificence. De tout temps aussi, avons-nous vu la société chrétienne marchant à la tête de tous les progrès. Les ouvrages immortels des Pères témoignent assez que la philosophie, la littérature, l'art oratoire et les langues orientales étaient l'objet des plus sérieuses études de la part des chrétiens des premiers siècles. Plus tard, les sciences et les arts menacés par la barbarie ne trouvèrent bien longtemps d'autre asile que les monastères. D'ailleurs, qui n'admirerait les proportions gigantesques de nos vieilles basiliques, la hardiesse et l'élégance de leurs voûtes, la finesse et la légèreté de ces ornementations où la pierre le dispute à nos tissus les plus délicats ? Que fait-on de nos jours qui puisse y être comparé, si ce n'est de faibles imitations sur des dimensions étroites et mesquines ? Existe-t-il dans l'histoire moderne un seul siècle, un seul règne comparables à ceux du pape Léon X, sous le rapport du progrès des lettres et des arts ? C'est, en effet, alors que fleurirent l'Arioste, Accolti, Alamanni, Frascator, Sannazar, Vida, Bembo, Machiavel, Guichardin, Sadolet, Michel-Ange, Raphaël, André del Sarto, le Caravage, Jules Romain , etc. Et c'est aussi à cette époque que fut achevée la plus grande et la plus belle Eglise du monde, Saint-Pierre de Rome. Tout le monde connaît nos grands orateurs : Bossuet, Fénelon, Massillon, Bourdaloue, qui ont porté notre langue à son plus haut degré de perfection. De nos jours n'avions-nous pas à Rome un phénomène de linguistique dans un cardinal qui parlait parfaitement quarante langues sans compter les idiomes populaires ? et ne voyait-on pas, parmi les religieux, des physiciens, des astronomes, des archéologues qui pouvaient le disputer à nos savants français et étrangers les plus éminents ? La vapeur et l'électricité jouent sans doute le rôle le plus important dans nos découvertes modernes ; mais je ne sache pas que l'Eglise ait rien fait pour en entraver les progrès ; n'a-t-elle pas, au contraire, à chaque instant répandu sur elles ses bénédictions ? Quant à la vapeur, au reste M. Arago a démontré que Hiéron d'Alexandrie, cent vingt ans avant notre ère ; Blasco de Garay, en 1543 ; Salomon de Gaus, en 1615 ; et Branca, en 1629, avaient décrit les principaux effets de la vapeur, et imaginé des procédés pour l'employer comme force motrice. Puis, c'est un moine d'Angleterre qui, dans la solitude de son couvent et au milieu de ses éludes profondes, annonce, près de deux cents ans avant l'événement, que la vapeur portera les hommes au bout du monde avec une rapidité inouïe, et qu'ils pourront se communiquer leurs pensées a des distances incommensurables avec la promptitude de l'éclair. Enfin, c'est le célèbre Ampère, chrétien aussi accompli qu'il fut savant physicien, qui découvre toute la théorie des télégraphes électriques. Si les bornes que nous nous sommes prescrites ne nous empêchaient de nous étendre davantage, nous montrerions facilement la part immense qu'a prise l'Eglise et qu'elle prend encore dans la civilisation des peuples en les moralisant, en adoucissant leur caractère farouche, en les organisant, en y établissant les œuvres de bienfaisance inspirées par sa charité ; car l'industrie et les arts peuvent bien jusqu'à un certain point concourir à la prospérité matérielle des nations et au développement de leur intelligence ; mais ils ne tardent pas à engendrer la corruption et l'impiété, dès qu'ils cessent d'être animés par le souffle vivifiant de la foi ; et alors, au lieu de la civilisation, c'est la démoralisation qu'ils répandent. N'était-ce pas un progrès, même sur la bienfaisance officielle et civile de notre siècle, que cette multitude d'institutions charitables et d'hôpitaux fondés par l'Eglise ? Entre les mains de cette tendre mère, le dévouement désintéressé de la charité chrétienne suffisait à l'administration de tous ces établissements ; l'honneur et le bonheur de servir les membres souffrants de Jésus-Christ payaient assez les sacrifices et les peines de ceux qui se consacraient à ce pieux ministère ; aujourd'hui le laïcisme stérile ne sait faire autre chose que de s'emparer de ces inventions admirables de l'Eglise, de ces asiles qu'elle avait bâtis pour les pauvres, et d'y établir une pépinière de fonctionnaires dûment rétribués aux dépens de la charité publique : sous son ingrate influence, le dévouement est devenu mercenaire. Oh ! Seigneur, que les hommes sont injustes lorsque la passion les aveugle ! Le progrès, pour un grand nombre, est uniquement l'affranchissement toujours croissant de toute loi divine et humaine. Ils ne combattent votre Eglise, et ne l'accusent d'immobilité, que parce qu'elle tient d'une main ferme le frein qu'elle oppose à leurs désordres et à une liberté désastreuse. Mais, ô mon Dieu, votre bras puissant qui la soutient triomphera sans peine de leurs vains efforts, et rendra tout son éclat à l'auréole de gloire dont vous avez orné son auguste front, en la prenant pour votre épouse bien-aimée : cette auréole divine peut bien pâlir un instant aux yeux de la multitude sous les coups de l'épreuve ; mais ce n'est que pour apparaître ensuite plus resplendissante, après de nombreuses victoires.

 

Je crois en Dieu...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !

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15 juin 2014

Le Mois de Saint Pierre

Le Mois de Saint Pierre

ou dévotion à l'Eglise et au Saint Siège

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Seizième jour

La Doctrine Évangélique, ses dogmes, ses mystères, sa morale

 

Notre Père... Je vous salue Marie...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !

 

Jésus-Christ et le Saint-Esprit sont la source de la vie de l'Eglise. Mais il fallait des moyens pour que la vie découlât de cette Source sacrée dans chacun des membres pour les vivifier. Le premier moyen employé dans ce but, par le Divin Législateur, fut la révélation faite aux hommes par le Verbe incarné d'un certain nombre de vérités surnaturelles et fondamentales réunies en un corps de doctrine dans les Saints Évangiles ; car « l'homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu », (Saint Matthieu 4, 4.) Or, cette doctrine renferme des dogmes, des mystères et des règles de morale.

I. Les dogmes sont les principes qui servent de base à toute la religion chrétienne ; ce sont des vérités capitales que Dieu nous a fait connaître par Jésus-Christ, et qui nous donnent la clef d'une infinité de mystères sur lesquels les philosophes avaient disputé vainement jusqu'à la venue du Sauveur, tels que la sainte Trinité, la chute de l'homme, sa réparation par l'incarnation du Fils de Dieu et par le sacrifice qu'il a offert, etc. Sans doute, Dieu en se faisant connaître ici bas à l'humanité, n'a pas déchiré tous les voiles qui couvrent sa face auguste, il a laissé certaines obscurités qui servent à exercer notre Foi ; puisque la Foi consiste précisément à croire ce qu'on ne voit pas et ce qu'on ne comprend pas ; mais tout ce qu'il a daigné nous révéler est tellement rationnel, si logiquement ordonné, que si l'on veut rompre un seul anneau de chaîne de nos dogmes, on met à leur place une chaîne d'erreurs des plus absurdes. Ces dogmes ne sont ne pas uniquement des vérités spéculatives destinées à mettre notre Foi à l'épreuve, puisque, au contraire, ils nous font comprendre une partie de ce que nous ignorons avant de les connaître : que d'erreurs, en effet, enfantait l'intelligence des philosophes et des plus grands génies, sur la nature de la divinité, sur le mélange du bien et du mal qui se rencontre dans homme ! Dans nos dogmes, il n'y a pas une seule vérité qui ne contribue à nous donner une idée incomplète assurément, mais au moins juste de notre Dieu, ou qui ne contribue à nous faire comprendre la dignité de notre nature ; quelle est la source de nos mauvais penchants ; l'immortalité et le prix de notre âme; la volonté sincère que Dieu a de nous sauver, et ce que nous devons faire pour y correspondre. Enfin, ce qui démontre mieux que tous les raisonnements l'utilité pratique de nos dogmes, c'est que la croyance de ces vérités a fait éclore des vertus dont la nature humaine ne paraissait pas capable, et des mœurs dont la régularité ne se trouve point ailleurs que chez les Nations Chrétiennes : quelle valeur peuvent avoir toutes les allégations possibles contre un fait incontestable? La révélation de ces dogmes est un fait historique, dont le livre le plus authentique qui existe au monde, l'Evangile, fait foi ; le fait de son utilité est public et frappe tous les regards. Après cela, n'est-il pas absurde d'élever encore quelque doute sur ce point, ou de venir demander à quoi ils servent ?

II. Le second élément que renferme la Doctrine Évangélique a pour objet les mystères de la Vie de Jésus-Christ, qui ne sont autre chose que les dogmes et la morale chrétienne mis en quelque sorte en action dans les faits les plus saillants de la vie du Sauveur. C'était un moyen de rendre palpables des vérités en apparence purement spéculatives, et de les mettre à la portée de toutes les intelligences en les liant à des faits historiques accomplis devant un certain nombre de témoins, et souvent même en public. C'est ainsi que le dogme de la Sainte Trinité et celui de l'Incarnation sont manifestés, au premier chapitre de Saint Luc, dans cette ambassade solennelle envoyée à Marie par Dieu le Père, où l'archange Gabriel annonce à  la Très Sainte Vierge qu'elle concevra par l'opération du Saint-Esprit, et qu'elle enfantera un fils qu'elle nommera Jésus, Nous voyons encore apparaître d'une manière sensible la Trinité Sainte au baptême de Jésus-Christ et à sa Transfiguration sur le Tabor. Tous les mystères de la vie de Notre-Seigneur, pendant trente-trois ans, sont une preuve continuelle que le Verbe, le Fils éternel de Dieu, s'est bien véritablement fait chair, et que Jésus-Christ était bien réellement Dieu et homme tout à la fois. Tous ces mystères sont encore une source intarissable de lumières pour la pratique des plus éminentes vertus, c'est-à-dire de la morale chrétienne, dont le divin Maître nous a donné l'exemple pendant tout le temps qu'il a passé sur la terre. Il nous apprend, par sa naissance, le détachement des biens périssables de ce monde ; par sa circoncision, il nous enseigne l'humilité, et ce que nous devons retrancher dans notre conduite pour être des adorateurs de son Père en esprit et en vérité ; sa Présentation au Temple est pour nous un modèle de l'obéissance que nous devons à la Loi de Dieu, et sa Fuite en Egypte nous annonce que, si nous sommes ses disciples, nous serons persécutés comme Lui. Sa vie cachée passée dans l'obscurité de la ville de Nazareth jusqu'à l'âge de trente ans, est une leçon consolante pour la plupart des chrétiens qui sont appelés à mener une vie commune et même méprisable aux yeux du monde. Enfin, son jeûne et sa tentation dans le désert ne nous enseignent-ils pas la nécessité de la mortification de notre chair, et la manière dont nous devons combattre les tentations ? Pendant sa vie publique, Jésus-Christ opère un grand nombre de miracles de premier ordre assurément pour faire voir qu'Il était envoyé de la part de son Père, pour confirmer sa doctrine, ou pour prouver sa divinité : vérités fondamentales de la religion, qu'il était absolument nécessaire de bien établir ; mais aussi pour apprendre que ce qu'il a opéré sur les corps, il le fera désormais tous les jours sur nos âmes : c'est pour cela qu'il se plaît à guérir pendant sa vie les aveugles, les sourds, les boiteux, les paralytiques et toute espèce d'infirmités, et qu'il rend même la vie aux morts. Il touche enfin au terme de son séjour sur la terre, et il veut, par un excès d'amour pour les hommes, laver leurs iniquités dans son sang, en offrant à son Père le plus grand de tous les sacrifices, celui de sa vie, pour payer ainsi la rançon des pécheurs. C'est ainsi qu'il rattache au drame le plus frappant et le plus étonnant le mystère de la Rédemption, et qu'il y résume les exemples les plus sublimes des vertus qu'il avait enseignées dans toutes ses prédications.

III. Comme tout se tient, comme tout s'enchaîne dans cette admirable Doctrine ! Les dogmes, les mystères, la morale sont unis d'une manière inextricable : on ne peut toucher à rien sans tout ébranler. On ne comprend pas tout, et il le faut pour que Dieu en soit l'auteur et l'objet, et cependant rien n'est plus rationnel, ni plus satisfaisant pour l'esprit. Ce n'est pourtant pas un système qui dessèche l'âme par des combinaisons arides et au-dessus de la portée du vulgaire, bien loin de là : non-seulement on voit, on touche pour ainsi dire les vérités les plus élevées, qui se rattachent si bien à des faits ; mais le cœur, et le cœur surtout, y trouve un aliment inépuisable à sa sensibilité. Tout, en effet, dans la morale chrétienne, qui est la dernière conséquence des dogmes et des mystères dont elle découle tout naturellement, tout se résume, comme nous l'enseigne le divin Maître, dans ce seul mot : « aimer ». Aimer Dieu par-dessus toute chose, parce qu'il est plus que toute chose et qu'il est le souverain bien : par conséquent, lui immoler tout ce qui est contraire à sa volonté manifestée par sa loi sainte ; lui sacrifier même tout ce qui peut nous porter à lui être infidèles : ainsi, faire la guerre à nos sens par la mortification, à notre orgueil par l'exercice de l'humilité, à l'attachement désordonné aux richesses par l'esprit de pauvreté. Aimer le prochain comme nous-mêmes, non pour ses qualités personnelles, mais pour plaire à Dieu notre dernière fin, et par là même aimer, c'est-à-dire secourir selon notre pouvoir nos semblables quels qu'ils soient, et même nos ennemis ; nous dévouer à leur service parce qu'ils sont nos frères en Jésus-Christ, et que Dieu est notre père commun. Et enfin, faire toutes ces choses par des motifs nobles, élevés, par des sentiments que la nature a gravés dans tous les cœurs, la reconnaissance et la générosité : car Dieu nous a aimés le premier. Un autre qu'un Dieu pouvait-il trouver une morale plus simple, plus belle, plus digne de l'humanité et plus capable de la régénérer ? Telle est pourtant la morale de l'Evangile. Ces dogmes, ces mystères, cette morale qui forment l'ensemble de la doctrine Evangélique, sont l'incomparable trésor que Jésus-Christ a laissé et confié à son Eglise pour renouveler le monde, lui apporter et lui communiquer la vie !

 

Élévation sur la Doctrine Évangélique

 

I. Quelles actions de grâce n'avons-nous pas à vous rendre, ô mon Dieu, pour nous avoir révélé des vérités, que les hommes ont vainement cherché à découvrir pendant quatre mille ans ? Est-il étonnant que l'homme dont les facultés sont si bornées n'ait pas su s'élever jusqu'à vous, et pénétrer les mystères de votre nature divine ? Sans doute le flambeau céleste de la Foi ne s'était pas complètement éteint à la suite de la chute originelle ; votre peuple était resté dépositaire des dogmes sacrés qui ont toujours été la base de la vraie religion ; mais il n'en avait lui-même qu'une idée vague et confuse, et tout le reste de l'humanité était plongé dans les plus épaisses ténèbres. Une idolâtrie absurde et révoltante, les mœurs les plus dissolues, une cruauté qui ne reculait devant aucune barbarie, faisaient tous les frais des religions diverses sous le joug desquelles se courbaient honteusement les peuples les plus civilisés et les plus policés. C'est donc vous, Seigneur, qui, dans votre Miséricorde, avez jeté un regard de compassion sur cet homme que vous aviez créé à  l'image de votre adorable Fils, que vous aviez inondé de vos divines lumières avant son péché, et qui ensuite était tombé si bas, victime des ténèbres de son intelligence et de ses plus brutales passions. Vous avez daigné faire briller de nouveau à ses yeux les clartés divines de la Foi, vous avez soufflé sur cette étincelle prête à s'éteindre ; vous y avez ranimé le Feu Sacré, par la révélation de vos dogmes, en envoyant votre Verbe les proclamer et les développer lui-même devant toutes les nations, sous une forme plus précise et plus lumineuse que vous ne l'aviez fait pour votre peuple de prédilection.

II. Oui, votre aimable Fils a pris une chair semblable à la nôtre, il a voulu et daigné unir sa divinité à notre humanité, pour nous montrer que vos dogmes et vos mystères renferment, comme sa personne adorable, un côté divin que la faiblesse de notre esprit ne saurait saisir complètement, et un côté que nous pourrions dire humain, parce que l'homme en est assez frappé pour en constater la réalité. C'était, Seigneur, l'accomplissement de cette bénédiction que vous aviez donnée à Jacob dans ce sommeil mystérieux, où il aperçut une échelle dont une extrémité touchait au Ciel, tandis que l'autre reposait sur la terre ; le Ciel et la terre allaient être réconciliés, et Jésus-Christ devait être le lien destiné à rétablir les rapports presque entièrement interrompus entre votre majesté infinie et vos créatures rebelles. Des anges descendaient des Cieux pour venir dévoiler à l'humanité mourante les secrets de la vie surnaturelle, et lui apporter vos secours divins, et d'autres esprits célestes remontaient vers la cité sainte pour engager les hommes par leur exemple à se détacher de la terre et à s'élever jusqu'à vous. Image frappante de l'auguste mission que vous êtes venu remplir ici-bas, ô mon Sauveur, en descendant du sein de votre Père pour nous ouvrir les portes de la bienheureuse éternité, et nous offrir les moyens d'y parvenir ! Comment répondre. Seigneur, à des desseins si miséricordieux, si ce n'est en méditant sérieusement vos adorables mystères, et en soumettant notre orgueilleuse raison à ce qu'elle ne saurait comprendre ? Oui, mon Dieu, nous croyons fermement tout ce que la Doctrine Évangélique nous enseigne ; et nous ferons plier sous le joug de votre parole sacrée toutes les révoltes et les répugnances qui ne sont que le fruit de notre imbécillité et de nos ténèbres.

III. Mais, surtout, nous serons dociles à votre voix, ô Divin Maître, lorsqu'il s'agira de vous prouver notre fidélité dans l'accomplissement de votre loi sainte. Vous ne nous l'avez tracée avec tant de soin et de détail, que pour éclairer nos pas à travers les nuages de notre ignorance et le torrent des passions qui nous entraînent à notre perte. Nous n'oublierons pas que notre amour pour vous doit être l'âme de toutes nos œuvres ; et si quelquefois notre nature récalcitrante murmure contre le frein que vous lui imposez, si la violence et les sacrifices deviennent nécessaires, nous nous rappellerons tout ce que vous avez fait pour nous, tout ce que vous a coûté notre âme : les sueurs, les souffrances, le sang par lesquels vous l'avez rachetée. Nous serons doux et charitables pour notre prochain, parce qu'il a été comme nous l'objet de votre amour et de toutes vos sollicitudes, parce que, quels que soient nos jugements si souvent injustes, il est peut-être plus agréable à vos yeux que nous ne le sommes nous-mêmes ; parce qu'enfin vous nous avez assuré que tout ce que nous ferions pour le plus petit des vôtres, vous le regarderiez comme fait à vous-même. Non, nous ne vous aimerions pas sincèrement, si nous n'aimions pas nos frères, si nous n'étions pas prêts à nous dévouer à leur service ; et cependant, ô mon Sauveur, permettez-nous de vous le dire avec Pierre le chef de vos apôtres, vous qui connaissez toute chose, vous savez que nous vous aimons, ou du moins que nous voulons vous aimer ; et puisque vous êtes descendu des cieux pour nous secourir, aidez-nous à vous le prouver par nos œuvres. Ainsi soit-il.

 

Je crois en Dieu...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !

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14 juin 2014

Le Mois de Saint Pierre

Le Mois de Saint Pierre

ou dévotion à l'Eglise et au Saint Siège

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Quinzième jour

La manière dont Jésus-Christ et le Saint Esprit continuent à entretenir la vie dans la Sainte Eglise

 

Notre Père... Je vous salue Marie...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !

 

I. « Dieu le Père, dit saint Paul, a soumis toutes choses à Jésus-Christ son Fils, et il l'a donné pour chef suprême à toute son Eglise, qui est son corps », (Ephésiens, 1, 22, 23.) Jésus-Christ, quoique assis dans la gloire à la droite de son Père, n'en reste donc pas moins le chef invisible, mais non inactif de son Eglise. Il demeure et demeurera jusqu'à la consommation des siècles la tête et le cœur de ce grand Corps, dont chaque chrétien est un membre. De même que la tête occupe le premier rang dans le corps humain, que c'est de là que l'âme anime tout le corps ; de même, Jésus-Christ a la première place dans son corps mystique qui est l'Eglise ; c'est en lui que l'esprit et l'âme, qui animent tout ce corps, résident ; c'est de là que tous les membres reçoivent la vie et la sainteté. Comme la tête est très étroitement unie au corps, de même Jésus-Christ est si étroitement uni au corps de son Eglise, qu'il ne pourra jamais s'en séparer, ni cesser de la gouverner par les influences de son esprit. Mais, comment Jésus-Christ est-il le chef et par conséquent la vie de son Eglise ? Nous sommes conduits ainsi à étudier l'organisation intime de ce corps et le jeu de ses différents ressorts. La vie de l'Eglise, c'est l'union de l'Eglise avec Jésus-Christ, des membres avec leur chef : voyons donc comment s'opère et s'entretient cette union. Cette merveilleuse union se forme : 1° par le Saint-Esprit que Jésus-Christ possède dans sa plénitude, et qu'il communique à tous ses membres, selon la mesure qui leur est propre ; cet esprit est comme l'âme de ce grand corps qu'il anime et qu'il fait vivre. Il n'y a pas deux esprits dans ce corps : le même esprit qui est dans le chef est dans tout le corps et dans chaque membre en particulier : Il n'y a qu'un esprit, dit l'apôtre, de même qu'il n'y a qu'un corps, et nous avons tous été baptisés dans le même esprit, pour n'être tous ensemble qu'un même corps, soit Juifs ou Gentils, soit esclaves ou libres. (1Corinthiens 12, 15.) De même encore que le Saint-Esprit unit le Père et le Fils, et qu'il leur est uni par sa Charité substantielle, de même cet Esprit saint, répandu du chef dans les membres, étant le même, unit les fidèles à Jésus-Christ, afin qu'ils ne fassent plus qu'un corps, et comme un seul homme, et qu'ils n'aient tous ensemble qu'un cœur et qu'une âme : afin qu'ils soient un comme nous, ainsi que le demandait Jésus à son Père. (Saint Jean, 27, 11).

Cette admirable union se forme encore au moyen de la prière qui, par la foi, l'espérance et la Charité, établit des rapports intimes entre Dieu et nous. Elle se forme aussi par la parole divine qui pénètre nos cœurs et leur fait entendre la voix de l'Esprit-Saint. C'est ainsi que peu à peu l'âme sainte de Jésus-Christ s'insinue en quelque sorte dans la nôtre, s'identifie à elle et la fait vivre de sa vie.

Mais c'est surtout par les sacrements que cette union si féconde pour nos âmes s'établit entre le Sauveur et nous : les sacrements sont comme les artères et les canaux qui portent le sang, l'esprit et la vie de Jésus-Christ dans chaque membre, pour les mettre en état d'accomplir leurs fonctions particulières, comme on le voit plus spécialement dans le baptême, la pénitence, l'Eucharistie, le mariage et le sacerdoce ; c'est encore la doctrine de saint Paul : « C'est, dit-il, de Jésus-Christ que tout le corps bien formé et bien uni dans toutes ses parties par les liens qui communiquent la vie, reçoit son accroissement, en vertu d'une opération efficace, selon la mesure qui est propre à chacun des membres, pour que chacun d'eux se développe par la Charité ». (Ephésiens, 4, 16). En effet, tous les Sacrements sont institués pour commencer à nous unir à Jésus-Christ, ou pour perfectionner cette union déjà commencée : le baptême et la pénitence nous arrachent au corps du démon pour nous rendre membres du corps de Jésus-Christ, selon l'âme et selon le corps. Les autres Sacrements augmentent et perfectionnent cette union, surtout la Sainte Eucharistie, par laquelle, selon le langage des saints Pères, nous devenons un même corps et une même âme avec Jésus-Christ et avec tous les autres fidèles ; et ce qui est digne de remarque, c'est que le corps mystique se nourrit de Jésus-Christ même son chef, comme Jésus-Christ se nourrit de Dieu même. C'est la même nourriture pour le chef et pour les membres. Rien n'est capable de rassasier ce grand corps, de le fortifier, de le faire croître, d'entretenir, en un mot, la vie en lui, que le pain vivant descendu du ciel. Le sacrement de mariage inocule, pour ainsi dire, cette vie divine aux générations qui se succèdent, et le sacerdoce qui administre les sacrements, qui prie au nom de tout le corps et qui le nourrit de la parole sacrée, veille à l'entretien de toutes ces sources de vitalité.

II. Méditons maintenant les conséquences lumineuses et pratiques qui découlent tout naturellement de ces principes. Si nous sommes unis à Jésus-Christ comme les membres le sont à leur chef, dès lors nous ne faisons qu'un seul homme avec lui, et la vie des membres doit être la même que celle du chef, c'est-à-dire que nous devons vivre comme Jésus-Christ a vécu, et l'imiter autant que notre faiblesse le permet.

Tous les membres ne faisant avec Jésus-Christ qu'un seul homme, ils participent à toutes les prérogatives de leur chef dans une certaine mesure : nous sommes donc avec lui prêtres, victimes, rois, fils de Dieu, et nous avons droit avec lui à l'héritage céleste.

Tous les membres partagent avec le chef tous les biens et tous les avantages qu'il possède lui-même : ses mérites, ses souffrances, ses humiliations et sa gloire : « Je vous ai donné, disait Jésus-Christ, tout ce que mon Père m'a donné » ; il fait part à tous ses membres de tout ce qu'il a reçu de son Père, c'est-à-dire de sa divinité et de son humanité.

Il suit encore de ce principe capital que tout le bien et le mal qu'on fait au moindre de ses membres, on le lui fait à lui-même, ce qui explique admirablement cette parole du Sauveur : « En vérité, Je vous le dis, toutes les fois que vous aurez fait quelque chose pour le moindre des miens, c'est pour Moi-même que vous l'aurez fait. Et toutes les fois que vous aurez refusé de faire quelque chose pour le dernier des miens, c'est à Moi que vous l'aurez refusé ». (Saint Matthieu 25, 40, 45.) C'est pourquoi l'on peut dire que Jésus-Christ souffre avec ceux qui souffrent ; qu'il est humilié, maltraité, méprisé, persécuté avec ceux de ses membres qui sont éprouvés par tous ces maux. Aussi, criait-il du haut du ciel à Saül qui persécutait son Eglise naissante : « Saül, Saül, pourquoi me persécutez-vous ? » Jésus-Christ porte même bien plus d'amour à son corps mystique qu'à son corps naturel, puisqu'il a laissé immoler celui-ci pour sauver celui-là.

On peut encore conclure que Jésus-Christ étant, comme chef, intimement uni à ses membres, c'est lui qui fait en eux et avec eux tout le bien qu'ils font : c'est lui qui prie, qui pleure, qui agit en eux, qui les fait mériter, et qui les rend dignes de la gloire.

Comme tous les chrétiens qui vivent de l'esprit de Jésus-Christ leur chef sont membres les uns des autres, il en résulte que, quoiqu'ils, n'aient pas tous les mêmes fonctions, ils agissent tous pour l'utilité commune de tout le corps, et participent à tout ce qui lui arrive ; de telle sorte que si un membre souffre, les autres souffrent aussi ; s'il est dans la joie, les autres y sont de même, selon l'admirable comparaison de saint Paul : « l'oeil ne voit pas seulement pour lui-même, mais pour tout le corps ; la main agit et combat, les pieds marchent, la langue parle, l'oreille écoute... tous ces membres font leurs fonctions, et pour eux-mêmes, et pour tout le corps : il suit de là que nous ne pouvons mépriser personne, quelle que soit sa position ; car, dit encore saint Paul, aucun membre ne peut dire à un autre : 'Je n'ai pas besoin de votre secours' ». (1 Corinthiens, 12, 21.)

L'unité d'après laquelle l'Esprit-Saint régit ce corps fait que tous les dons surnaturels et tous les autres biens spirituels qui sont conférés à ce corps profitent à tous les membres ; de sorte que non-seulement ils participent aux mérites de Jésus-Christ, duquel, comme du chef, vient tout le bien et tout le mérite qui se trouve dans le corps ; mais encore, qu'il y a une communauté de prières, de bonnes œuvres et de mérites entre tous les membres de l'Eglise universelle, c'est-à-dire que nous participons d'abord à tout le bien que font actuellement les justes sur la terre, et ensuite à tout celui qui a été fait depuis l'origine dos temps par les saints qui composent l'Eglise triomphante, et par ceux qui font partie de l'Eglise souffrante ; car, ne l'oublions pas, ces trois Eglises ne font qu'un même corps, sont animées par le même esprit de Charité qui les unit, et n'ont qu'un seul et même chef, qui est Jésus-Christ.

Toutefois, tous les membres de ce corps ne participent aux mérites de leur chef et à ceux des autres membres qu'à proportion de leur foi, de leur Charité et de leur union avec Jésus-Christ, comme dans une société où l'on fait de grands bénéfices, ceux qui ont fourni des fonds plus considérables retirent des fruits plus abondants. Or, Jésus-Christ, qui est le chef, le lien et le maître de cette société spirituelle, en distribue les biens et les profits selon les mérites de chacun ; or les mérites sont en rapport avec le degré de notre union à notre chef.

Enfin, il suit des principes que nous avons établis, que tous ceux qui ne sont pas unis à Jésus-Christ par la grâce, ne font point partie du corps mystique de l'Eglise ; puisque, d'après la parole même du Sauveur, toute branche séparée du tronc ne participe pas à la vie du cep et ne saurait porter de fruit. Ainsi, ceux qui se sont placés dans ce malheureux état ne participent en rien aux bienfaits que reçoivent les membres de cet admirable corps. Pour la même raison, tous les corps et toutes les sociétés qui n'ont cas Jésus-Christ pour chef, et qui ne lui sont pas unis, sont des corps sans âme et sans vie surnaturelle. Telles sont les sources intarissables de vie de l'Eglise de Jésus-Christ, et les raisons intimes de son immortalité.

 

Élévation sur la manière dont Jésus-Christ et le Saint-Esprit continuent à entretenir la vie dans la Sainte Eglise

 

I. Je vous rends grâces, ô mon Dieu, de m'avoir fait connaître cette admirable économie et cette sage ordonnance de votre Eglise. Comme tout y est grand et élevé, et cependant simple et à la portée de toutes les intelligences ! Comme tout y est logique, raisonnable, mesuré ! Tout y est prévu, tous les droits y sont ménagés, les sociétés comme les individus y trouvent les lumières et les secours qui leur sont nécessaires pour atteindre leur fin dernière. Vous y apparaissez, Seigneur, selon qu'il convenait à votre majesté souveraine, comme le maître et le chef du royaume des âmes ; comme celui qui, après les avoir créées, leur fournit les moyens d'entretenir la vie en elles, en leur offrant de vous unir à elles, et en vous constituant la source où elles peuvent puiser les éléments de cette vie divine. Vous rendez à l'homme déchu, à l'homme qui s'est avili en se matérialisant, sa dignité première : il avait été créé à votre image, et vous le faites membre d'un corps dont vous êtes l'âme et le chef : vous renouvelez et vous ennoblissez ainsi le sang qui coule dans ses veines. Vous établissez par la prière des rapports d'autant plus honorables pour lui qu'elle le met en contact direct avec votre majesté infinie, et qu'il en recueille des faveurs inappréciables. Vous daignez lui adresser même la parole par la voix de vos ministres pour l'éclairer sur ses devoirs. Puis, comme vous êtes la lumière du monde, vous ne vous contentez pas de la faire briller aux yeux des individus, mais vous répandez encore son éclat sur les sociétés, pour leur apprendre qu'elles relèvent de vous, et que la meilleure garantie qu'elles peuvent se donner, quant à leur durée et à leur prospérité, c'est le respect qu'elles montreront pour votre loi sainte, en en faisant la règle des leurs. Vous vous plaisez encore, dans cette merveilleuse organisation de votre Eglise, à manifester votre bonté sans borne pour ces âmes vos humbles sujettes. Vous voulez même descendre à une sorte de familiarité avec elles, vous voulez qu'elles vous regardent comme un père toujours prêt à pardonner lorsqu'on se repent avec sincérité ; et votre amour pour elles, le désir ardent que vous avez de les voir s'unir à vous de la manière la plus intime, suffisent pour vous décider à vous incarner, en quelque sorte, de nouveau, et à leur donner pour nourriture votre corps, votre sang, votre âme et même votre divinité. Enfin, pour apprendre aux hommes que leur vie entière vous appartient, et qu'ils doivent vous la consacrer sans interruption, depuis le jour où ils ouvrent les yeux à la lumière, jusqu'à  celui où ils les ferment pour la dernière fois ; pour leur manifester aussi l'intérêt plein de Charité que le chef porte à tous ses membres, vous leur représentez votre Eglise comme une tendre mère, que vous avez chargée de veiller sur eux dès leur entrée dans ce monde, jusqu'à leur dernier soupir. C'est pour cela qu'elle baptise les nouveau-nés, et qu'elle se hâte de les faire entrer dans le corps mystique de Jésus-Christ ; qu'elle renoue par le sacrement de Pénitence les liens qui unissaient l'homme à celui qui seul donne la vie, et que le péché avait brisés ; qu'elle nourrit ses enfants du lait de la parole sainte et de la chair adorable du Sauveur pour entretenir et fortifier cette union et cette vie; qu'elle fait descendre les bénédictions du Ciel sur les époux, et qu'elle préside ainsi à l'un des actes les plus solennels de la vie humaine ; c'est encore pour cela qu'elle est au chevet des moribonds, afin qu'à ce moment décisif pour l'éternité, elle ait la joie de les unir à Jésus-Christ pour toujours. Et lorsque tout ici-bas semble consommé, lorsque l'homme a disparu de la scène de ce monde, l'Eglise, dans sa sollicitude, après avoir béni sa tombe, l'accompagne encore de ses suffrages, pour hâter et assurer davantage son repos éternel.

II. Pourquoi, ô mon Dieu, le monde est-il assez aveugle et assez ingrat, pour ne pas reconnaître votre puissance, votre sagesse et surtout votre bonté infinie dans cet ordre admirable et dans ces dispositions miséricordieuses qui ont présidé à l'établissement de votre Eglise ? Hélas ! Nous devons l'avouer, la rougeur au front : c'est que pour être membre vivant de ce corps dont Jésus-Christ est le chef, il faut être uni à ce divin Sauveur comme les membres le sont à la tête. Or, pour arriver à cette union intime, il faudrait, Seigneur, que notre vie eût du moins quelque ressemblance avec la vôtre ; il faudrait que l'Esprit-Saint fût l'âme de nos œuvres. Sans doute, par la grâce du Saint Baptême, nous nous trouvons membres du corps visible de votre Eglise ; mais n'avons-nous pas lieu de craindre que nous n'en soyons des membres morts, et par conséquent exclus de la participation aux avantages que n'en recueillent que les membres vivants ? Quels efforts faisons-nous pour vivre de la vie de notre chef ? Méditons-nous cette sainte vie pour pouvoir ensuite y conformer la nôtre ? Est-ce là notre grande préoccupation, la pensée dominante de notre existence ? Sommes-nous dans la grâce de Dieu et unis à lui par la charité ? Il le faut pourtant pour que la sève de son Divin Esprit circule dans nos veines. Quelle est notre humilité, notre mortification, notre détachement des biens de la terre, la foi qui inspire nos œuvres ? Ce n'est pas assurément que vous exigiez que, pour vous être unis, ô Divin Maître, il soit nécessaire que nous soyons parvenus à la perfection de ces vertus ; mais, il faut au moins que nous travaillions à les acquérir, et notre union sera d'autant plus intime que nous les posséderons à un degré plus élevé. Hélas ! Il faut le confesser, notre horreur pour tout ce qui nous impose quelque gène, quelque contrainte ; pour tout ce qui mot un frein à nos passions, qui contrarie nos sens, nos penchants et nos goûts, nous fait renoncer, Seigneur, à cette bienheureuse union et à tous les avantages qui en découlent ; car, pour y parvenir, il faut savoir se renoncer,s'immoler soi-même, selon votre divin oracle : « Si quelqu'un veut venir après Moi, qu'il se renonce lui-même, qu'il porte sa croix tous les jours, et qu'il Me suive », (Saint Luc 9, 23). Quel bonheur pour ceux qui ont le courage d'être dociles à cette sainte et lumineuse exhortation, et qui parviennent ainsi à vous être unis ! quel trésor de grâces et de faveurs spirituelles y trouvent tous les membres vivants de votre Eglise ! Les derniers comme les premiers ; les plus vils et les plus méprisables selon le monde, comme ceux qui sont les plus honorés, chacun à proportion de sa capacité et de ses besoins ! C'est le même esprit, la même vie qui les animent tous, quoique leurs fonctions soient différentes. C'est dans ce corps mystique, dans ce royaume des âmes, que se trouve cette égalité si rêvée, et qu'il est impossible de réaliser ici-bas, dans les gouvernements temporels des états. Aussi, importe-t-il peu aux membres de cette association spirituelle d'y occuper telle ou telle place, puisque, quelles que soient leurs fonctions, ils participent aux mêmes avantages, et qu'ils ont droit aux mêmes récompenses. Quelle consolation pour tous de savoir que, s'ils vous sont unis par la charité, ô mon aimable Maître, ils sont unis en même temps à tous les membres de votre corps, quelque grand que soit l'espace des lieux qui les séparent les uns des autres ! Par une suite nécessaire, ils ont part aux travaux, aux œuvres, aux prières, à tout ce que font ces membres disséminés sur toute la surface de la terre ; c'est de vous, ô Divin Chef, que toutes ces choses prennent leur mérite. C'est de la vertu de votre sang, qui circule dans tout ce grand corps, qu'elles prennent leur beauté et leur sainteté. Quelle importance pour nous, Seigneur Jésus, d'appartenir comme membres vivants à votre corps ! C'est la vie ou la mort. Ne permettez donc pas que j'en sois jamais séparé en cessant d'être uni avec vous par la grâce ; car vous l'avez dit, on ne peut servir deux maîtres : celui qui n'est pas avec vous est contre vous, et le démon devient son chef ; il lui est en quelque sorte incorporé, soumis à sa domination, et il agit par son esprit. Voilà malheureusement ce qu'est le monde, et ce que tous les mondains aux yeux de la Foi. Arracher les âmes à la puissance du prince des ténèbres pour unir à votre corps, telle est précisément la mission de votre Eglise, qui ne fait que continuer ici-bas, votre conduite, la régénération de l'humanité que êtes venu commencer pendant votre vie mortelle, et qui ne peut s'opérer que par la réunion des membres avec leur chef.

 

Je crois en Dieu...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !

 

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13 juin 2014

Le Mois de Saint Pierre

Le Mois de Saint Pierre

ou dévotion à l'Eglise et au Saint Siège

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Quatorzième jour

L'installation solennelle de l'Eglise le jour de la Pentecôte

Notre Père... Je vous salue Marie...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !

 

I. Les apôtres, sur la parole de leur Maître, étaient retournés à Jérusalem après avoir été témoins de son ascension ; ils y attendaient dans le silence et la retraite le Saint-Esprit que le Sauveur leur avait promis, et qui devait donner l'âme et la vie à cette nouvelle institution dont tous les éléments et l'organisation avaient été si habilement préparés, c'est-à-dire, à l'Eglise. Les préparatifs en avaient été faits dans l'ombre de la vie modeste et commune que Jésus-Christ avait menée sur la terre, au milieu des opprobres dont il avait été l'objet, et des souffrances de toute espèce auxquelles il s'était soumis, jusqu'à mourir sur une croix. Mais il ne s'agit plus ici de préparatifs, il n'est plus question maintenant que de faire recueillir à l'humanité tout entière les fruits du sang répandu par le régénérateur du monde, et ceux de la victoire qu'il avait remportée sur le péché et sur la mort. Aussi, le Saint-Esprit qui devait annoncer à l'univers ce triomphe éclatant, et qui allait commencer sa mission de vie en renouvelant la face de la terre, ne choisit pas comme le Verbe fait chair un hameau pour l'accomplir. Ce ne sera plus à Bethléem, mais dans la ville sainte, dans la ville la plus illustre de la Judée, dans celle qui a été témoin des humiliations du Fils de Dieu, qu'il descendra solennellement des cieux sur l'Eglise naissante, pour l'embraser de ses feux divins, pour lui donner une âme vivante. dont la généreuse activité ne s'arrêtera qu'à la consommation des siècles. Le temps du silence, de l'obscurité, des révélations faites en secret à quelques hommes seulement ou à une nation privilégiée, est passé. Un grand bruit se fait entendre, ou croirait une tempête, un vent impétueux ; des langues de feu apparaissent en plein jour et vont se reposer avec majesté sur tous ceux qui attendaient dans le cénacle le Paraclet promis. Le moment choisi par la providence divine pour ce grand événement est celui où une foule innombrable de Juifs et de peuples, de toute sorte de pays, se trouvent réunis pour la célébration de la Pentecôte, époque à laquelle on solennisait chez les Juifs l'anniversaire du jour où la loi avait été donnée sur le mont Sinaï. Il y avait alors à Jérusalem, dit le texte sacré (Act. des apôtres 2, 9 et ss), des Parthes, des Mèdes, des Élamites, des habitants de la Mésopotamie, de la Judée, de la Cappadoce, du Pont et de l'Asie. On y voyait encore des hommes venus de la Phrygie, de la  Pamphylie, de l'Egypte et du côté de la Libye qui est près de Cyrène ; il y avait même des étrangers, tels que des Romains, des Crétois et des Arabes. Il était impossible d'installer avec plus de pompe l'Eglise de Jésus-Christ, et de promulguer avec plus de publicité et d'éclat la Loi Évangélique, qui allait devenir Catholique, et s'étendre par conséquent non plus seulement à la Judée, comme la loi mosaïque, mais à l'univers entier.

II. Aussi, à peine le prodige est-il opéré, que les apôtres, ces hommes jusqu'alors timides, grossiers et ignorants, se mettent tout à coup à parler les langues de tous les peuples divers accourus à la métropole du Judaïsme, de telle sorte que tous s'en étonnent et se disent les uns aux autres : « Comment ces hommes peuvent-ils nous parler à chacun dans la langue de notre pays ? Ne sont-ils pourtant pas tous Galiléens ? Qu'est-ce que cela signifie ? Il y en avait pourtant qui s'en moquaient, et qui disaient : « Ce sont des misérables qui sont ivres ». ». Ce fut alors que Pierre, à la tête des autres apôtres, commença à exercer pour la première fois l'éminente fonction de chef de l'Eglise. Il se plaça sur un lieu élevé, prit la parole au nom du collège apostolique ; et comme la multitude de ceux auxquels il voulait se faire entendre était considérable, il s'écria d'une voix forte et solennelle (Actes des Apôtres 2) : « Hommes de la Judée, et vous tous qui habitez Jérusalem, écoutez ceci, et prêtez une oreille attentive à mes paroles : ces gens ne sont point ivres comme vous le croyez, puisqu'il n'est encore que la troisième heure du jour. Ce dont vous êtes témoins est l'accomplissement de la prédiction du prophète Joël, qui a dit que, dans les derniers jours de l'existence de la synagogue, le Seigneur répandrait son esprit sur toutes les générations, et en particulier sur ses apôtres, auxquels il accorderait des dons surnaturels. La Loi Évangélique qui sera promulguée alors, sera la dernière qui sera annoncée aux hommes jusqu'au jour où des prodiges apparaîtront dans le Ciel et sur la terre pour annoncer le jugement dernier ; et il n'y aura que ceux qui se seront soumis à cette Loi sainte qui seront sauvés. Israélites, écoutez encore ces paroles : Jésus de Nazareth, cet homme en faveur duquel Dieu a rendu un si éclatant témoignage pour votre salut, en opérant par lui sous vos yeux, comme vous le savez, tant de miracles, de prodiges et de choses merveilleuses ; ce Jésus, qui a été livré entre vos mains par les desseins arrêtés dans les divins conseils et par la prescience de Dieu, vous lui avez donné la mort en le faisant crucifier par des hommes impies. Mais il a vaincu la mort, et par sa puissance divine et par sa seule volonté il a été rendu à la vie, comme David l'avait clairement annoncé. Or, ce même Jésus après être ressuscité (comme nous en sommes tous témoins, puisque depuis nous l'avons vu, nous lui avons parlé, et nous l'avons touché plusieurs fois) est monté au Ciel, où il est assis plein de gloire à la droite de Dieu ; et selon la promesse qu'il en avait reçue de son Père céleste, il a envoyé et répandu sur nous le Saint-Esprit ; et c'est ce divin Esprit qui a opéré les merveilles dont vous êtes témoins, et qui nous a inspiré les paroles que vous venez d'entendre. Que la maison d'Israël sache donc bien que Dieu a établi et proclamé Seigneur du monde entier et Roi de son peuple ce Jésus que vous avez fait mourir sur une croix ». C'est au milieu de Jérusalem, devant cet immense auditoire, en face des scribes, des pharisiens et des prêtres qui se trouvaient sans doute dans la foule, que Pierre a le courage de parler ainsi, lui qui naguère tremblait à la voix d'une femme. La vertu du divin Esprit, qui l'avait pénétré en descendant sur lui, donna une si grande autorité à sa parole, qu'aussitôt cette multitude qui l'écoutait se sentit le cœur profondément touché de componction, et se prit à s'écrier, en s'adressant à Pierre et aux autres apôtres : « Frères, frères, que faut-il que nous fassions ? » Pierre leur répondit alors : « Faites pénitence, recevez le baptême au nom de Jésus-Christ pour recevoir le pardon de vos péchés, et vous recevrez les dons du Saint-Esprit ». Trois mille hommes se présentèrent à l'instant même et furent baptisés. Tels furent les fruits de la première prédication faite dès le jour de la prise de possession de l'Eglise chrétienne.

III. Si, comme le dit l'Evangile, on reconnaît l'arbre à ses fruits, comment ne pas reconnaître la main de Dieu dans l'établissement de l'Eglise, à la vue de ces changements miraculeux opérés dans le cœur de cette multitude ? N'est-ce pas un prodige insigne que de voir Pierre convertir et gagner en un seul jour, et par un seul discours, plus d'âmes à Jésus-Christ que le Précurseur du Sauveur pendant plusieurs années, et que le Sauveur lui-même pendant les trois ans de sa mission divine dans toute la Judée ? Mais ce qui met le comble à l'étonnement, c'est qu'à la voix du premier chef visible de l'Eglise, et dans une seule instruction, trois mille personnes aient été non pas seulement transportées d'un enthousiasme passager, mais assez profondément convaincues et touchées, pour changer entièrement de mœurs et de vie. On les voit aussitôt affamées de cette doctrine nouvelle qu'elles entendent sortir de la bouche des apôtres, quoiqu'elles l'eussent dédaignée alors que le divin Maître s'efforçait de la leur enseigner ; elles ne trouvent de vrai bonheur qu'à se réunir pour adresser ensemble à Dieu de ferventes prières ; pour assister en commun, non plus aux sacrifices sanglants de l'Ancien Testament, mais à l'oblation pure du divin Agneau, et pour participer avec les prêtres de la nouvelle loi à la victime eucharistique, au pain des anges. Tous les anciens sentiments d'égoïsme et d'intérêt personnels, qui étaient leur caractère dominant et le cachet spécial de leur nation, ont disparu et ont fait place au feu céleste du zèle et de la Charité. Ces premiers chrétiens ne font plus qu'un cœur et qu'une âme ; ils se dépouillent même de leurs biens, il vont jusqu'à vendre leurs maisons et leurs champs, et à en porter le prix aux pieds des apôtres, afin de venir en aide aux pauvres, à chacun selon leurs besoins. Les Actes des apôtres citent eux-mêmes avec admiration la généreuse libéralité d'un Juif de la tribu de Lévi, natif de Chypre, qui vendit son champ, c'est-à-dire, d'après le moine Alexandre qui écrivit sa Vie, une terre considérable avec des constructions magnifiques, et qui en réalisa le prix pour venir au secours des indigents. Il s'appelait Joseph ; il mérita d'être élevé plus tard à l'apostolat à la place du prévaricateur Judas, et on lui donna alors le nom de Barnabé, qui signifie fils de consolation. Ce qui montre, de la manière la plus évidente, que, dès la naissance de l'Eglise, Pierre lui-même, le premier des souverains pontifes, avait un temporel, qui devint tellement considérable que les apôtres ne pouvant plus suffire à l'administrer, établirent des diacres pour les charger de ce soin. (Actes des Apôtres 6). Voilà l'Eglise militante telle qu'elle est encore aujourd'hui, et telle que l'Esprit-Saint l'a faite, en fécondant par sa vertu divine les éléments établis par le Sauveur du monde.

 

Élévation sur l'installation solennelle de l'Eglise le jour de la Pentecôte

 

I. Enfin, Seigneur, votre œuvre est consommée ! Le jour est arrivé où le souffle de votre divin Esprit va donner la vie à cette Eglise prédite et annoncée par tant de figures et de prodiges depuis quatre mille ans ; à cette Eglise l'objet des travaux incessants du Verbe incarné pendant les trente-trois années qu'il a passées sur la terre ! Que votre puissance est grande ! Ô divin Esprit ! Quelles merveilles elle opère dans les cœurs ! Les apôtres, malgré tous les soins du Sauveur, malgré les lumières célestes qu'ils avaient reçues à son école et les nombreux miracles dont ils avaient été témoins, n'avaient encore qu'une foi chancelante ; ils étaient d'une faiblesse dont ils n'avaient donné que trop de preuves pendant les jours critiques de la passion de leur bon Maître ; leur ignorance extrême, leur intelligence bornée qui ne saisissait rien de ce qui n'était pas matériel ou palpable, tout en eux semblait les rendre incapables d'accomplir la mission sublime qui leur avait été confiée par le Sauveur. Mais ils étaient humbles, aveuglément dociles, et pleins de cette bonne volonté à laquelle Dieu a promis la paix, et par conséquent la victoire. Aussi, quoique ne comprenant guère encore la portée de la promesse que Jésus-Christ leur avait faite, de leur envoyer son Esprit consolateur, ils retournent néanmoins à Jérusalem aussitôt après l'Ascension de leur divin Maître ; et là, ils passent dix jours dans la retraite et la prière. Saints fondateurs de notre foi ! Quel admirable exemple vous nous avez laissé pour ces moments d'épreuve. Où les clartés de la Foi semblent disparaître à nos yeux, pour faire place aux plus épaisses ténèbres ! Mais aussi quel a été le prix de votre héroïque constance ! L'Esprit-Saint est descendu sur vous avec tous ses dons, et a fait de vous en un instant des hommes nouveaux. Tout à coup votre foi est devenue inébranlable ; votre timidité naturelle s'est changée en cette force invincible qui ne craint ni les menaces, ni la puissance des hommes, lorsqu'il s'agit de la gloire de Dieu et du salut des âmes ; votre dévouement est sans bornes, et le divin Esprit a tellement illuminé vos âmes, que toutes vos paroles portent la lumière et l'onction de la grâce dans le cœur de ceux qui vous écoutent, et les convertissent par milliers. Vos écrits eux-mêmes, quoique sortis de votre plume depuis plus de dix-huit siècles, sont encore tout brûlants du Feu divin qui les a dictés, et renferment des leçons de philosophie et de métaphysique si sublimes, que, malgré les progrès si vantés des lumières, elles laissent bien loin derrière elles tout ce que les hommes les plus profonds et les plus savants ont enfanté jusqu'à ce jour. Bien plus, vos successeurs n'ont pas craint d'associer vos œuvres à l'Evangile lui-même, comme en étant le commentaire et le développement les plus parfaits ; ils en ont fait un même livre, dont chaque mot est entouré d'un tel respect, que l'Eglise entière en fait la règle de sa Foi. Enfin, avant de vous séparer pour aller porter la bonne nouvelle du salut aux nations dispersées dans l'univers entier, vous avez su, sous l'inspiration du Saint-Esprit descendu sur vous dans toute sa plénitude, vous avez su, dis-je, renfermer en douze phrases ou douze articles tous les principes fondamentaux de la  foi chrétienne; et votre symbole a été si accompli du premier jet, que, depuis plus de dix-huit cents ans, l'Eglise n'a jamais rien eu à y retrancher ou à y ajouter.

II. Vous aviez dit, ô mon Sauveur, que votre Père ne cessait d'agir, et que par conséquent vous qui lui étiez égal par nature, vous agissiez aussi sans cesse (Saint Jean, 5, 17) ; l'action et la vie, en effet, ne sont qu'un ; et puisque vous êtes la vie par excellence et la source première de tout ce qui a vie, il est évident que vous ne pouviez rester dans l'inaction. Aussi, en fondant votre Eglise, en lui donnant la vie par l'effusion du Saint-Esprit qui en pénètre et en anime tous les membres, vous avez voulu qu'elle partageât avec vous ce caractère divin de la vitalité, qui est l'action. Jusqu'alors vos apôtres, calmes et retenus, s'étaient contentés de recueillir avec docilité vos leçons ; ils les méditaient dans le fond de leur cœur, et ils s'en tenaient au rôle de disciples. Mais à peine l'Esprit de vie est-il descendu sur eux, qu'aussitôt, à l'instant même, ils ne peuvent plus contenir dans leur sein embrasé les vérités qu'ils y tenaient captives depuis trois ans ; ils prennent la parole, ils exhortent à temps et à contre-temps, comme disait Saint Paul ; la verge des persécuteurs, les chaînes, les prisons, les tourments les plus cruels, rien ne peut leur fermer la bouche ; et ils ne cesseront d'annoncer l'Evangile, même malgré toutes les puissances de la terre, qu'après la consommation des siècles. Depuis que l'Eglise a reçu cette vie divine, le repos ne lui est plus possible : les passions se récrieront, les efforts de l'impiété se réuniront pour arrêter sa marche,pour lui imposer silence, pour paralyser ses œuvres, mais rien ne pourra ni l'arrêter, ni la faire taire. Semblable à ces fleuves majestueux auxquels on veut imposer des digues, mais qui renversent en un jour les travaux de plusieurs années ; ou bien, qui peuvent changer de lit pour féconder d'autres contrées, sans que pour cela leurs flots cessent de couler avec la même abondance : l'Eglise de Jésus-Christ brisera sans effort tous les obstacles qu'elle rencontrera sur sa route ; et si les décrets divins, auxquels seuls elle obéit, l'obligent à quitter des régions ingrates, ce sera pour porter se bienfaits à des peuples qui en seront plus dignes, et pour faire connaître dans l'univers entier le nom de Jésus-Christ, qui, en la fondant, lui a communiqué son esprit, sa vie et son immortalité.

III. Comment s'étonnerait-on, ô Divin Esprit, de la puissance et de la vitalité de l'Eglise, lorsque vous-même en êtes devenu l'âme, lorsque vous l'avez embrasée du Feu sacré de la Charité ? Vous qui êtes l'amour consubstantiel du Père et du Fils, le baiser du Père éternel et de son Fils unique (comme le dit saint Bernard), le lien indissoluble de l'indivisible Trinité, ne deviez-vous pas, en effet, allumer ce sentiment divin dans les cœurs que vous aviez remplis de votre céleste essence ? L'amour de Dieu et de nos semblables n'est-il pas le premier fruit de votre présence dans une âme ? On connaît tout ce dont est capable l'amour profane, et l'on pourrait s'étonner de la puissance de l'amour divin ? « L'amour de Jésus-Christ, dit le pieux auteur de l'lmitation (livre 3, 5), est plein de noblesse, et il inspire l'accomplissement des grands desseins. Il n'y a rien au ciel et sur la terre de plus doux que cet amour ; il n'y a rien de plus fort, de plus élevé, qui dilate autant le cœur, qui le remplisse de plus de bonheur, gui le satisfasse plus entièrement ; il n'y a rien, en un mot, de meilleur ; car l'amour est né de Dieu, et il ne peut trouver de repos qu'en Dieu, c'est-à-dire en l'aimant plus que tout ce qu'il a créé. Celui qui aime vole et court avec joie Rien ne pèse à l'amour, il ne tient aucun compte du travail ; il entreprend plus qu'il ne peut ; à ses yeux rien n'est impossible, parce qu'il croit que tout lui est possible et permis. Aussi il est capable de tout ; et tandis que celui qui n'aime pas se laisse aller à l'abattement et au découragement, celui qui aime fait et achève beaucoup de choses... L'amour veille, et il ne dort pas pendant son sommeil ; quoique las, jamais il n'est fatigué ; l'affliction ne lui resserre pas le cœur, la crainte ne le trouble pas ; mais comme une vive flamme, comme un flambeau ardent, il s'élance dans les régions supérieures, et s'y élève sans obstacle. Celui qui aime connaît tout ce qui se trouve renfermé dans ce mot : Amour... » Je m'explique maintenant, ô Divin Esprit, ce zèle ardent qui n'a cessé d'animer la sainte Eglise pour la propagation de la foi au prix de tant de fatigues, de souffrances et même du martyre. Je m'explique cette Charité ardente qui met sur ses lèvres dès les premières paroles qu'elle adresse aux hommes, le nom si doux de frères, nom qui devient la qualification générale de tous ceux qui sont unis en Dieu par la même Foi et par le même amour. C'est encore dans ce sentiment sublime et céleste, dont vous embrasez tous les cœurs vraiment chrétiens, que je trouve la source de toutes ces œuvres instituées par l'Eglise pour voler au secours de ceux qui souffrent, et qui ont besoin d'une assistance quelconque ; au point que les païens eux-mêmes s'écriaient on parlant des premiers chrétiens : « Voyez comme ils s'aiment ! » Oui, ô Esprit d'amour, il n'y a que vous qui puissiez inspirer cette Charité intelligente, désintéressée et délicate, qui est plus heureuses de se sacrifier pour des frères, que ne le sont ceux-ci en se voyant entourés de ses soins et de ses dévouements.

 

Je crois en Dieu...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !

 

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12 juin 2014

Le Mois de Saint Pierre

Le Mois de Saint Pierre

ou dévotion à l'Eglise et au Saint Siège

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Treizième jour

L'établissement définitif de l'Eglise par Jésus-Christ

Notre Père... Je vous salue Marie...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !

 

I. Tous les éléments de l'Eglise étaient prêts ; le sang du Sauveur qui avait coulé était comme le ciment destiné à unir étroitement toutes les parties de l'édifice de l'Eglise et à le rendre indestructible ; le prodige de la résurrection de celui qui l'avait fondée lui promettait l'immortalité ; il ne restait donc plus qu'à faire un seul tout de ces matériaux épars, et à les lier étroitement avec la pierre angulaire, qui était Jésus-Christ. Mais Jésus-Christ, tout en restant la pierre angulaire de l'Eglise universelle, allait quitter la terre pour s'élever au plus haut des cieux, et pour rester à jamais dans le séjour de la gloire. Il fallait donc à l'Eglise militante un chef visible, représentant et vicaire du Sauveur du monde, revêtu comme lui de pouvoirs célestes qui lui permissent de continuer l'oeuvre du divin Fondateur. Depuis longtemps celui-ci avait jeté les yeux sur Simon, pour remplir ces sublimes fonctions ; il avait même habitué peu à peu les autres apôtres à le regarder comme devant un jour marcher à leur tête. La foi vive de Simon, son zèle et son amour ardent, son énergie et sa douceur le signalaient sans doute à l'attention du Sauveur, et avaient déterminé son choix. Aussi, dans le cours de ses prédications, lorsque Jésus-Christ cherche une barque pour parler au peuple, c'est dans celle de Simon qu'il monte de préférence ; c'est dans cette même barque qu'il opère une pêche miraculeuse-, c'est encore à Simon qu'il s'adresse directement lorsqu'il veut interroger ses apôtres, comme c'est aussi Simon qui prend la parole pour répondre au nom de ses collègues ; c'est Simon d'abord, et après lui Jacques et Jean, que Jésus prend avec lui pour monter au Tabor, et plus tard, pour l'accompagner sur la montagne des Oliviers la veille de sa mort : enfin, il prélude au choix définitif qu'il doit faire de Simon, avant de monter au Ciel pour l'établir son lieutenant sur la terre et le chef de son Eglise, lorsque, après l'avoir considéré attentivement le jour où il lui fut présenté pour la première fois, il lui dit : « Tu es Simon, fils de Jean, tu t'appelleras Kephas, ce qui veut dire Pierre » (S. Jean, 1, 42) ; et lorsqu'il lui adresse ces mémorables paroles. l'année qui précéda celle de sa Passion : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, et les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre elle. Je te donnerai les clefs du royaume des Ceux. Et tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux ; et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux ». (Matthieu 16, 18 et SS) Puis, la veille du jour où il devait consommer son sacrifice, Jésus-Christ lui dit encore après la cène : « Simon, Simon, voilà que Satan demande à vous cribler comme le froment. Mais, j'ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas, et lorsque tu seras revenu, tu affermiras tes frères ». (Luc 23, 31 et SS).

II. Ce ne fut, toutefois, que peu de jours avant de remonter au ciel, que le Sauveur proclama solennellement et d'une manière définitive l'élection de Saint Pierre comme devant être désormais le chef de son Eglise, et qu'il constitua irrévocablement celle-ci pour continuer son œuvre jusqu'à la fin des temps. Jésus-Christ, se trouvant au milieu de ses Apôtre, le sixième jour après sa résurrection, jeta un regard plein de bonté sur Simon-Pierre, et lui adressa ces mystérieuses paroles rapportées par l'Evangéliste Saint Jean (21, 18 et ss) : « Simon, fils de Jean, m'aimez-vous plus que ceux-ci ? Il lui répondit : « Oui, Seigneur, vous savez que je vous aime ». Il lui dit : « Paissez mes agneaux ». Il lui dit de nouveau : « Simon, fils de Jean, m'aimez-vous ? » Il lui répondit : « Oui, Seigneur, vous savez que je vous aime ». Il lui dit : « Paissez mes agneaux ». Il lui dit une troisième fois : « Simon, fils de Jean, m'aimez-vous ? » Pierre fut attristé de ce que Jésus lui avait dit une troisième fois : « M'aimez-vous ? » et il lui répondit : « Seigneur, vous connaissez toute chose : vous savez que je vous aime ». Il lui dit : « Paissez mes brebis ». Peu de temps après, les onze disciples étant réunis sur une montagne de Galilée que Jésus leur avait désignée, le Sauveur s'approcha d'eux et leur dit : « Toute puissance m'a été donnée dans le Ciel et sur la terre. Allez donc, enseignez toutes les nations et baptisez-les au nom du Père, du Fils, et du Saint-Esprit : apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit : et voici que je suis avec vous tous les jours jusqu'à la consommation des siècles ». (Matthieu 28, 18 et ss). Il ajouta enfin : « Je vais vous envoyer le divin Esprit que mon Père vous a promis. Retirez-vous donc à Jérusalem jusqu'à ce que vous ayez été revêtus de la force d'en haut ». (Marc, 24, 49.).

III. L'Eglise était définitivement constituée et établie : toutes les nations, c'est-à-dire la terre tout entière, avaient été placées sous sa juridiction par Jésus-Christ lui-même, elles devenaient le théâtre de ses infatigables travaux ; sa doctrine immuable et divine, puisqu'elle était sortie des lèvres de l'Homme-Dieu son maître, allait être à jamais consignée dans les Saints Evangiles. Seule elle en avait reçu le dépôt sacré, et son céleste fondateur avait marqué d'avance du sceau de l'infaillibilité les jugements qu'elle aurait à porter, dans la suite des siècles, contre les erreurs qui tenteraient d'altérer la pureté de son enseignement ; elle était revêtue du droit non-seulement d'instruire, mais encore d'imposer aux hommes les vérités de la foi sans souffrir de contrôle. Sa mission était de les répandre partout et de les faire pénétrer dans tous les cœurs. Les moyens de développer les germes de vie renfermés dans la parole sainte étaient entre ses mains : c'étaient la prière, le Sacrifice par excellence et les sacrements. Les pouvoirs les plus merveilleux réservés jusqu'alors à Dieu seul lui avaient été communiqués par un prodige de la miséricorde infinie. Elle pouvait naturaliser tous les hommes enfants de Dieu, leur ouvrir les portes de la vie surnaturelle, leur donner des droits positifs au royaume des cieux ; réconcilier les pécheurs avec leur créateur qu'ils avaient offensé, effacer les souillures de leur cœur, et arrêter en quelque sorte le cours de la justice divine en déchirant leur condamnation, puisque les clefs du ciel lui étaient confiées. La présence réelle de son divin Maître lui était assurée jusqu'à la consommation des siècles, puisqu'elle n'avait que quelques paroles à prononcer pour le faire descendre sur ses autels. Elle pouvait même s'unir à lui pour participer de plus en plus à sa sainteté, à sa justice, à sa force, à sa puissance, et le donner aux fidèles pour leur inoculer ainsi la vie et les vertus, dont le Sauveur avait donné l'exemple. Enfin, elle avait un chef ici-bas destiné à maintenir l'unité dans la société chrétienne, et à donner les lois nécessaires pour le gouvernement et les besoins de cette monarchie divine. Tel était l'état de l'Eglise lorsque Jésus-Christ ressuscité quitta la terre pour monter au ciel. Rien ne manquait à son organisation, mais elle n'avait pas encore reçu l'impression du souffle divin qui devait lui donner le mouvement et la vie ; semblable à Adam formé par les mains du Tout-Puissant, mais sur lequel l'esprit de Dieu n'était pas encore descendu pour lui donner une âme vivante et agissante. Nous verrons bientôt comment la descente du Saint-Esprit sur les apôtres opéra ce prodige, et mit la dernière main à ce grand œuvre de la fondation de l'Eglise Catholique.

 

Élévation sur l'établissement définitif de l'église par Jésus-Christ

 

I. Plus j'avance dans la méditation de l'établissement de votre Eglise, Seigneur, et plus je suis frappé de la sagesse divine qui y a présidé. Votre toute-puissance avait créé le monde entier en six jours ; vous n'aviez eu qu'à prononcer un mot : « Fiat ! » et aussitôt toutes les merveilles que nous contemplons sortaient du néant. Mais lorsqu'il s'agit de l'édifice sacré de votre Eglise, vous employez quatre mille ans à en exécuter le plan, quelque irrévocablement qu'il fût conçu dans vos divins conseils ; et après être descendu du ciel sur la terre pour mettre vous-même la main à ce grand œuvre, vous y travaillez pendant trente-trois ans, et la vie entière du Verbe incarné s'y consume ! Pourquoi une si grande différence entre ces deux prodigieuses créations ? La première et suprême raison que j'en découvre, c'est votre grand amour ô mon Dieu, pour votre Eglise, ou plutôt pour les hommes, en faveur desquels vous l'avez établie. Il semble que vous vous soyez plu à prolonger la durée de votre ouvrage pour savourer plus longuement le bonheur que vous éprouviez en préparant à l'humanité les moyens de salut que lui réservait votre miséricorde infinie. La seconde raison pour laquelle il me semble que l'univers et tout ce qu'il renferme a dû vous coûter à peine quelques jours et quelques paroles, c'est qu'alors rien n'entravait votre volonté ; tous les éléments vous étaient soumis et obéissaient fidèlement à vos ordres, tandis que, pour établir votre Eglise, il n'en a pas été ainsi. Le respect que vous vous étiez prescrit pour la liberté de l'homme, les convenances de sa nature que vous avez daigné consulter, ses susceptibilités même que vous vouliez ménager, les événements humains dont vous n'avez pas cru devoir précipiter le cours naturel, motivent suffisamment vos délais ; les hommes se pressent parce que le temps leur échappe malgré eux : mais vous, Seigneur, vous êtes le maître de l'éternité ! Enfin, la troisième raison qui m'explique le peu de temps que vous avez employé à la création du monde physique, et les siècles que vous avez consacrés à la création du monde moral, c'est-à-dire à l'édification de votre Eglise, c'est la haute estime que vous aviez vous-même de cette œuvre par excellence, et celle que vous en vouliez donner aux hommes. Hélas ! Comment ont-ils répondu à votre attente ? L'incrédulité, les persécutions, l'indifférence, tel est le triste accueil qu'ils ont fait et qu'ils font encore à cette ingénieuse invention de votre Charité pour eux. Au lieu de se réfugier amoureusement dans le sein de cette tendre mère pour y trouver un remède et un adoucissement dans les épreuves de leur exil ; au lieu d'élever vers vous leurs voix reconnaissantes ; semblables à ces fils dénaturés qui renient les entrailles qui les ont portés et les mamelles qui les ont nourris, ils repoussent sa main bienfaisante qui se lève encore sur eux pour leur pardonner et les bénir ; ils sont sourds à sa douce voix qui veut apaiser leur fureur, ils la blasphèment et la couvrent de leurs outrages Pardon, Seigneur, pardon, pour ces enfants égarés de la meilleure des mères ; permettez-nous de vous dire avec votre divin Fils : « Pardonnez-leur, ils ne savent ce qu'ils font ».

II. Quel beau spectacle cependant pour la foi, qu'un Dieu confiant à des hommes, par condescendance et par amour pour l'humanité, la continuation et l'achèvement de la plus belle de ses œuvres ! Pourquoi, Seigneur, confier à des mains si fragiles des pouvoirs si sublimes et si divins? n'avez-vous pas à redouter que l'emploi n'en soit pas toujours fait avec cette sagesse, cette prudence, cette modération qui devraient être la caractère constant de tout ce qui est divin de sa nature? Eh quoi ! Je tremble, lorsque j'entends la voix d'un mortel faible, rempli de misères, portant au fond de son cœur la racine de toute iniquité, appeler entre ses mains le Dieu de toute sainteté, le Dieu qui possède à un degré infini toutes les perfections ! Je tremble lorsque je vois cet être soumis au triste héritage de l'ignorance, suite du péché d'origine, et revêtu néanmoins du droit de condamner les erreurs et de sauver la vérité ; lorsque je le vois, lui, qui chaque jour pleure sur ses propres infidélités, lier ou délier les pécheurs ! Mais pourquoi tremblerais-je, ô mon divin Sauveur, lorsque votre sagesse infinie n'a pas hésité un instant ? C'est en faveur des hommes que vous établissiez votre Eglise, et les hommes devaient être gouvernés par leurs pairs et non par des anges. N'avez-vous pas vous-même donné la meilleure preuve de cette nécessité en épousant la nature humaine, durant votre apparition sur la terre ? Oh ! oui, je le comprends, Pierre qui a péché sera plus indulgent qu'un ange ne l'aurait été, parce que sa propre faiblesse lui fera mieux apprécier celle de ses frères ; et c'est précisément parce que Pierre n'est pas impeccable, que le pécheur se jettera avec plus de confiance dans ses bras pour y chercher son pardon et sa réconciliation avec Dieu. Jésus ! Que votre sagesse est profonde ! Mais, surtout que votre amour est grand ! Combien vous faites peu d'état de votre propre gloire, lorsqu'il s'agit du salut des âmes ! Que les moyens que vous établissez pour leur venir en aide puissent parfois devenir pour vous une source d'outrages et d'humiliations, que les ministres de vos miséricordes soient les premiers à avoir eux-mêmes besoin de votre indulgence et de vos pardons, ce n'est pas ce qui vous préoccupe ; vous voulez avant tout mettre le salut à la portée de tous, et que les plus timides et les plus coupables trouvent des cœurs de frères pour les accueillir et les absoudre. Voilà pourquoi vous avez établi Pierre, les apôtres et leurs successeurs, c'est-à-dire des hommes, pour gouverner votre Eglise.

III. Toutefois, ô divin Maître, ces hommes qui deviennent ici-bas vos représentants et vos ministres, qui tiennent votre place et agissent en votre nom, qui continuent en un mot dans le monde l'oeuvre divine de la rédemption que vous aviez à peine commencée, ne sont-ils que des hommes semblables à tous les autres hommes ? N'est-ce pas vous qui les avez choisis et appelés à votre suite, vous qui les avez instruits ? ne les avez-vous pas séparés et distingués d'entre tous les hommes par l'imposition de vos mains sacrées ? N'est-ce pas à eux seulement que vous avez dit : « Recevez le Saint-Esprit. Tous les péchés que vous remettrez seront remis, et tous ceux que vous retiendrez seront retenus » ? (Jean 20, 23). Et après la cène, après avoir consacré le pain et le vin et le leur avoir distribué, n'est-ce pas encore seulement à eux que vous avez recommandé de faire ceci en mémoire de vous ? (Luc 22, 19.) Ces hommes que vous avez séparés de la foule de vos autres disciples, ne sont-ils pas les seuls auxquels vous ayez dit : « Allez, enseignez toutes les nations » ? (Matthieu 28, 18). Et n'avez-vous pas ajouté, pour qu'on apprît à les entourer du plus profond respect : « Celui qui vous écoute m'écoute ; et celui qui vous méprise me méprise : or, celui qui me méprise méprise celui qui m'a envoyé » ? (Luc 10, 16). Puis, lorsque parmi ces hommes que vous aviez choisis, j'en vois un que vous établissez pour être leur chef, en lui donnant l'autorité non-seulement de paître les agneaux, c'est-à-dire les simples fidèles, mais encore les brebis, c'est-à-dire les mères ou les pasteurs mêmes des agneaux ; lorsque vous adressant spécialement à lui, vous lui remettez les clefs du ciel ; je le demande, après tous ces soins particuliers et assidus que vous prenez pour marquer cette classe d'hommes d'un sceau sacré et divin, après les avoir revêtus de pouvoirs sans pareils sur la terre, et leur avoir donné un chef encore plus puissant qu'eux, destiné à présider, à diriger leurs travaux et à maintenir l'unité de leur action, comment pourrait-on désormais les confondre avec la foule, et ne voir rien en eux qui les en distingue ? Sans doute, pour être revêtus d'un caractère sacré, ils n'en sont pas moins hommes, et ne sont pas affranchis par là des faiblesses de l'humanité ; mais vous, ô mon Sauveur, leur fondateur et leur maître, n'étiez-vous pas aussi véritablement homme, et ne vous étiez-vous pas soumis à toutes les misères de la nature humaine, hors le péché ? Et pourtant vous n'en possédiez pas moins toute la puissance de la Divinité. Dieu et homme tout à la fois, vous avez voulu pour vos ministres et vos représentants sur la terre des hommes revêtus de pouvoirs divins : vous les avez voulus hommes, pour qu'ils pussent se mettre en rapport avec leurs semblables ; et vous leur avez conféré des pouvoirs divins, pour qu'ils fussent à même de servir d'intermédiaires entre Dieu et les hommes, d'intercéder pour eux et de faire descendre sur la terre le pardon et les secours du ciel. C'est ainsi, ô divin Maître, qu'avant de remonter dans votre gloire, vous avez voulu asseoir définitivement votre Eglise, et lui laisser des moyens infaillibles et impérissables d'aller partager un jour votre félicité.

 

Je crois en Dieu...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !

 

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11 juin 2014

Le Mois de Saint Pierre

Le Mois de Saint Pierre

ou dévotion à l'Eglise et au Saint Siège

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Douzième jour

La vie de Jésus-Christ préparant les éléments de Son Eglise

Notre Père... Je vous salue Marie...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !

 

I. Le germe de l'Eglise Catholique venait d'éclore dans l'étable de Bethléem ; le Sauveur employa sa vie entière à le développer. Il y travailla d'abord par l'exercice des vertus les plus sublimes et les plus parfaites : l'humilité, l'obéissance, la pauvreté, la mortification, la Charité surtout, furent l'âme de sa conduite et de toutes ses œuvres ; vertus inconnues jusqu'à lui, qui devaient être la vie, la force et la grandeur de son Eglise, et la preuve irréfragable de la divinité de son institution. Jésus naît dans l'humiliation et la pauvreté ; le corps du divin Enfant, si faible, si délicat, est placé sur la paille et dans une crèche, afin de nous instruire par son exemple, et de nous prouver le désir ardent qu'il avait de souffrir pour nous, en commençant sans retard l'oeuvre de notre rédemption. Il fuit humblement devant Hérode son persécuteur, et se soumet à toutes les rigueurs de l'exil. Il obéit avec docilité à Marie et à Joseph, se condamne à gagner son pain à la sueur de son front dans la boutique d'un artisan ; et il mène pendant trente années, sur trente-trois qu'il devait passer sur la terre, une vie obscure et cachée, mais féconde en leçons et en expiations. S'il sort de Nazareth pour commencer sa vie publique, c'est pour se confondre d'abord avec les pécheurs, et recevoir le baptême des mains de Saint Jean-Baptiste ; il s'enfonce ensuite dans le désert, il y prie et il y jeûne pendant quarante jours : il veut même être éprouvé par la tentation. Lorsqu'il instruit ses apôtres, il le fait avec une douceur sans pareille, et supporte leur grossièreté avec une admirable patience. Il guérit les malades, soulage toutes les infirmités, ressuscite les morts, accueille les pauvres avec une bonté jusque-là sans exemple ; il les console et fait même des miracles pour les nourrir. Il fait du bien à tous ceux qui rapprochent. Enfin, l'heure de sa Passion a sonné, il y épuise le calice des humiliations et des souffrances les plus inouïes, il prie pour ses ennemis, et couronne sa vie héroïque en mourant volontairement et sans faiblesse sur la croix, par un excès d'amour pour les hommes.

II. Jésus-Christ, par la manière dont il avait vécu pendant les trente premières années de sa vie, avait posé les fondements d'une doctrine complètement nouvelle, et tellement en opposition avec les passions humaines qu'elle se proposait de combattre, que jamais elle n'aurait trouvé de disciples assez dociles pour l'embrasser, si le Sauveur n'avait eu à sa disposition que des moyens humains ; d'autant plus qu'il ne s'agissait pas seulement de régler la conduite extérieure de l'homme, mais d'atteindre ce dernier jusque dans le sanctuaire de sa conscience, et d'en diriger les actes les plus intimes et les plus secrets. Le divin Maître sortit donc de Nazareth, et après s'être préparé à l'accomplissement de sa céleste mission en pratiquant le premier la doctrine qu'il venait apporter au monde, il commença à prêcher, et à réunir autour de lui quelques disciples. Il leur développa pendant trois ans les maximes fondamentales du christianisme, dont il avait déjà donné lui-même de si héroïques exemples, à savoir : l'humilité, la pauvreté ou le détachement des richesses, la mortification ou la guerre à la chair et aux sens, et la Charité fraternelle. Toutefois, pour perpétuer son enseignement, qui devait traverser tous les siècles, et éclairer les hommes jusqu'à la fin des temps, il choisit parmi ses disciples douze hommes de cœur, pris dans les rangs infimes de la société, afin de convaincre les générations présentes et futures que la doctrine qu'ils allaient bientôt annoncer par toute la terre n'était pas leur œuvre, et que les succès qu'elle devait obtenir par des intermédiaires aussi ignorants et aussi grossiers, ne pouvaient être le fruit de leur science ni de leur habileté personnelles. Pendant trois ans, il s'applique à instruire ces douze hommes, pécheurs de profession pour la plupart, et à les former à la pratique des vertus qu'ils devaient eux-mêmes prêcher et faire accepter un jour au monde entier. C'est ainsi que le Sauveur préludait à l'établissement de son Eglise et qu'il en préparait les éléments.

III. Pourtant, il ne suffisait pas de publier, ni même de confirmer cette nouvelle doctrine par de nombreux et d'éclatants miracles ; il ne suffisait pas de convaincre l'humanité de ses erreurs, et de lui montrer ce qu'elle avait à faire pour marcher désormais dans les voies de la vérité. Il fallait encore lui ouvrir une source intarissable de secours surnaturels pour soutenir sa faiblesse et l'aider à combattre victorieusement son ignorance et sa corruption. Dieu seul était assez puissant et assez bon pour lui accorder cette faveur ; mais la paix, promise aux hommes à la naissance du Sauveur, n'avait pas encore été signée entre le ciel et la terre. Un sacrifice solennel était nécessaire pour apaiser la justice divine en expiant le crime au premier homme et les iniquités de quatre mille ans. Pour ce sacrifice, il fallait une victime pure et sans tache, une victime d'un prix infini, puisque les outrages avaient été adressés à Dieu, qui est un être infini ; il fallait encore un prêtre innocent et sans souillure, qui n'eût pas besoin d'implorer miséricorde pour lui-même, et qui n'eût rien de commun avec les pécheurs. Le fondateur de l'Eglise, Dieu et homme tout ensemble, se dévoua : il fut Prêtre et Victime. Comme homme il donna son sang et sa vie, et comme Dieu il donna un prix infini au sacrifice qu'il offrit sur la Croix. Le monde était racheté : la justice et la paix s'étaient embrassées sur le Calvaire ; la source des faveurs célestes était ouverte. Source incomparable, à laquelle toutes les générations futures devaient pouvoir demander les eaux qui jaillissent jusqu'à la vie éternelle, c'est-à-dire à laquelle les hommes de tous les âges devaient pouvoir aller puiser les secours surnaturels nécessaires pour mettre en pratique une doctrine descendue du ciel avec Jésus-Christ, c'est-à-dire pour vaincre la chair et faire triompher l'esprit. La Charité ingénieuse du Sauveur sut trouver un moyen de rendre accessible à tous la source sacrée des grâces obtenues par l'effusion de son sang adorable. Il institua les sacrements comme autant de canaux divins destinés à nous appliquer les mérites infinis de son sang précieux, en répandant les secours surnaturels dans nos âmes : le baptême d'abord, pour nous réconcilier avec son Père, pour régénérer notre nature corrompue et pour nous entrer en quelque sorte sur lui-même, et nous faire devenir des créatures nouvelles ; la confirmation, pour fortifier davantage encore ces premiers effets de la grâce ; l'Eucharistie, pour affaiblir la concupiscence de la chair et nous faire participer à son esprit, à sa Charité et à sa propre Vie ; la pénitence, où nous devions trouver des remèdes pour toutes les infirmités de notre âme, et la laver des souillures, suites de nos faiblesses ; l'extrême-onction, destinée à nous fournir les secours nécessaires pour ces derniers combats dont l'issue décide de notre sort éternel ; le sacerdoce, qui devait perpétuer son œuvre en répandant son enseignement par toute la terre, et en ouvrant à tous la source divine des grâces par l'administration des sacrements ; enfin, le mariage, qui, établissant un lien indissoluble et sacré entre l'homme et la femme, fermait la porte aux dissolutions de la polygamie, et sanctifiait les générations futures jusque dans leur source. Qui n'admirerait la sagesse infinie qui a présidé à la disposition de tous ces éléments destinés à concourir à la fondation de l'Eglise et à y conserver la vie ? Et quel est celui qui oserait soutenir qu'un fondateur qui emploie de tels moyens n'est pas un Dieu ?

 

Élévation sur la vie de Jésus-Christ préparant les éléments de son Eglise

 

I. Que vos desseins, ô mon Dieu, sont différents de ceux des hommes, surtout dans la manière de les accomplir ! Les hommes, ceux mêmes auxquels vous avez bien voulu accorder une intelligence supérieure, n'ont que des vues courtes et étroites ; et encore pressés de les voir réalisées, parce que la durée de leur existence éphémère ne leur permet pas de prendre leur temps, ils se précipitent dans l'exécution, et emploient la force brutale et la violence pour arriver plus vite à leurs fins, dès qu'ils rencontrent le moindre obstacle à  l'accomplissement de leurs projets. Mais vous, Seigneur, dont les conseils profonds sont impénétrables ; vous qui embrassez d'un seul coup d'oeil tous les siècles passés, présents et futurs ; vous qui tenez dans votre main puissante toutes les destinées des individus et des peuples ; vous, enfin, qui avez l'éternité tout entière pour exécuter les décrets de votre sagesse infinie, vous ne craignez pas de former des plans dont la grandeur écrase notre faible intelligence ; et, lorsqu'il s'agit de les exécuter, certain de n'être jamais arrêté dans votre marche, quelles que soient d'ailleurs la malice et la résistance des puissants de la terre, vous accomplissez vos desseins avec ce calme, cette mesure et cette majesté qui sont le caractère distinctif de vos œuvres. Les siècles sont à vous, pourquoi donc vous hâter ? Non ! La régénération de l'humanité sera soumise aux mêmes lois de douce et lente progression que vous avez imposées à la nature. Les arbres les plus élevés, les plus majestueux et les plus solidement enracinés n'arrivent que peu à peu et insensiblement à leur complet développement; c'est ainsi que vous avez voulu que l'établissement de votre Eglise fût l'oeuvre des siècles, et que, semblable au grain qui est confié à la terre, le plan magnifique ne s'en développât qu'imperceptiblement jusqu'à l'avènement du Sauveur, qui devait y mettre la dernière main et en faire cet arbre gigantesque et mystérieux sur lequel tous les oiseaux du ciel pourraient trouver un abri assuré.

II. C'est encore ainsi, ô Divin Maître, que vous vous contentez de poser pour ainsi dire la première pierre de votre Eglise, d'en réunir les matériaux sans vouloir y mettre la dernière main, et que vous abandonnez sans crainte à vos apôtres et à leurs successeurs le soin de formuler les lois spéciales dont vous avez donné le principe fondamental, et les détails du gouvernement dont vous avez déterminé la nature. Les puissances humaines, toujours pressées de voir leur législation à l'oeuvre, et d'en recueillir les fruits, hâtent son application par le moyen expéditif de la force, de la contrainte et des châtiments exemplaires. Mais ce n'était ni une obéissance purement extérieure, et encore moins hypocrite, ni la docilité de l'esclavage qui pouvaient changer et régénérer le cœur de l'homme ; aussi, Seigneur, est-ce à son intelligence et à sa conscience que vous en appelez, par respect pour sa liberté et pour la dignité de sa raison et de sa nature. Vous voulez qu'après avoir été instruit de votre sainte doctrine, l'homme l'embrasse librement, par conviction et par amour pour vous. Ce moyen de rappeler l'humanité de ses erreurs et de ses égarements sera moins direct et moins expéditif peut-être, mais il attaquera le mal dans sa racine, il ira saisir l'homme dans le sanctuaire même de son âme, et au lieu de ne le changer qu'à la surface il en fera un chrétien vrai et sincère. Il développera dans son cœur les instincts généreux et les sentiments élevés qui n'y sont pas encore entièrement éteints ; il en fera avec le temps un serviteur dévoué et fidèle. C'était l'intelligence de l'homme, sa raison et sa volonté qui avaient été viciées par le péché d'origine : c'était sur elles que le restaurateur de l'humanité devait agir pour les réhabiliter. Sans doute, il n'appartenait qu'à vous, ô mon Dieu, à vous qui sondez les cœurs et les reins, à vous qui avez créé l'âme de l'homme, de trouver le spécifique qui seul pouvait lui procurer une guérison radicale ; vous seul étiez assez puissant pour en rendre l'application efficace et praticable, surtout en en plaçant l'administration entre des mains aussi faibles que celles de vos apôtres et de ceux qui sont chargés de perpétuer leur ministère. Et pourtant, à la voix de ces prédicateurs de votre Evangile, n'avons-nous pas vu, et ne voyons-nous pas encore tons les jours les cœurs les plus hautains et les plus orgueilleux devenir doux, humbles et obéissants comme des petits enfants ? les personnages les plus sensuels et les plus abandonnés aux plaisirs, embrasser les rigueurs d'une vie austère, pénitente et mortifiée ? L'amour désordonné des richesses se changer en un détachement parfait des biens de la terre ? Et enfin, l'amour divin et une ardente Charité pour ses semblables, prendre la place de l'indifférence et d'un égoïsme révoltant ? A de semblables résultats qui ne reconnaîtrait, Seigneur, l'oeuvre de vos mains ? Oui, je le crois et je le confesse hautement : il n'appartenait qu'à Jésus-Christ, Dieu et homme tout ensemble, de fonder et de constituer l'Eglise.

III. Mais si je reconnais ici votre toute-puissance et votre sagesse infinies, quelle admiration profonde, quelle tendre reconnaissance ne font pas naître en moi les merveilles et les prodiges de miséricorde que votre Charité pour les hommes a su faire sortir de la parole de votre adorable Fils et du Sang Précieux qu'il a répandu pour nous ? C'est bien la même parole qui avait dit à toute la création : « Croissez et multipliez », qui a prononcé plus tard, par les lèvres du Sauveur, ces quelques mots devenus si féconds : « Allez, enseignez toutes les nations, et baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit ». Ô Evangile ! Parole céleste et toute divine, vous renfermez une sagesse si profonde, une connaissance si parfaite du cœur de l'homme, une si douce onction, qu'en la lisant avec le respect et la piété qu'elle commande, on se sent le cœur pénétré de lumières surnaturelles, et embrasé du plus pur amour ! Depuis dix-huit siècles, au milieu des bouleversements politiques et des révolutions sans nombre qui ont ébranlé et renversé tous les trônes, comme les destinées des nations ; au milieu des erreurs dont l'ignorance et les passions humaines ont inondé la société ; au milieu de ce chaos inextricable de législations diverses, qui se sont succédé les unes aux autres, en démentant le lendemain celles qui avaient été enfantées ou établies la veille, la parole sainte de l'Evangile est sortie seule de ce naufrage universel de la vérité, avec toute sa pureté, avec tout l'éclat de ses sublimes lumières et avec toute sa fécondité primitive ! La sainte Eglise en avait reçu le dépôt pour la régénération du genre humain, et elle a pu vérifier de la manière la plus incontestable l'infaillibilité de cet oracle du Sauveur : « Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas ». (Matthieu 24, 88). Que vous êtes bon, Seigneur, d'avoir ainsi rendu la vérité accessible à toutes les intelligences, et surtout de l'avoir rendue impérissable entre les mains de l'Eglise ! Mais, si une fois éclairé par ces lumières venues du ciel, je viens contempler les trésors de grâces que votre ingénieuse Charité renferme dans les sacrements pour nous faire participer aux fruits de la passion de votre divin Fils, comment ne pas tomber dans une extase d'admiration, de reconnaissance et d'amour ! Non, vous ne voulez pas seulement que dans notre prière nous osions vous donner le nom de père, mais vous voulez qu'en réalité nous soyons vos fils adoptifs ; vous ne vous contentez pas de pardonner au pécheur en vertu du sang que le Sauveur a versé, vous permettez, vous exigez même qu'il s'unisse intimement à lui dans la sainte Eucharistie pour qu'il ne fasse plus qu'un avec Jésus-Christ, et qu'il vive de sa vie ; pour que sa nature corrompue soit corrigée par la nature divine du divin Réparateur, et pour que sa dégradation disparaisse sous le poids de la gloire et de la dignité de votre adorable Fils auquel il s'est uni. Que la grandeur de vos miséricordes en soit à jamais bénie !

 

Je crois en Dieu...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !

 

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10 juin 2014

Le Mois de Saint Pierre

Le Mois de Saint Pierre

ou dévotion à l'Eglise et au Saint Siège

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Onzième jour

La naissance de Jésus-Christ, fondateur de l'Eglise

 

Notre Père... Je vous salue Marie...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !

 

I. La sagesse humaine aurait sans doute choisi l'une des grandes métropoles du monde connu pour servir de berceau au Rédempteur et au Régénérateur de l'humanité déchue. Elle l'aurait fait naître sous les voûtes dorées d'un somptueux palais et à l'ombre d'un trône majestueux. La sagesse humaine l'aurait voulu entouré d'une puissante armée, de généraux et de ministres expérimentés, habiles et savants ; ayant enfin à sa disposition des richesses immenses. Toutes ces ressources, comparées avec le but que le Sauveur se proposait d'atteindre, n'auraient, en effet, rien eu d'exagéré. Mais il n'appartient qu'à la faiblesse de l'homme de s'entourer ainsi d'une sorte de prestige qui impose à la multitude, et qui déguise avec plus ou moins de bonheur l'infirmité de sa nature ; il n'appartient qu'à elle de se servir de la force brutale pour établir son autorité et pour faire exécuter ses volontés. Un Dieu n'a pas besoin de ces moyens vulgaires : il est assez grand, assez sage, assez puissant, assez riche, pour trouver en lui-même tout ce qu'il lui faut, et pour suffire seul à l'accomplissement de ses desseins. Aussi, le Sauveur du monde se contente-t-il de naître dans une étable, sous les murs de la petite bille de Bethléem ; ses parents sont pauvres, et ce sont de pauvres bergers qui forment tout d'abord sa cour. Le ciel, il est vrai, se charge de manifester aux hommes l'excellence de celui qui vient de voir le jour. A peine est-il né, qu'une lumière céleste et extraordinaire vient frapper d'étonnement les pasteurs qui veillaient pendant la nuit sur leurs troupeaux. La voix d'un ange se fait entendre, et il leur dit : « Ne craignez point, car je viens vous annoncer une nouvelle qui remplira tous les peuples de joie; parce qu'aujourd'hui il vous est né, dans la ville de David, un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur, Vous le reconnaîtrez à ce signe : vous trouverez un enfant enveloppé de langes et placé dans une crèche ». Et aussitôt, à cet ange se réunit une multitude de célestes intelligences qui louaient Dieu en disant : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté ! » (Luc 2, 9 et s.).

II. Tel est le simple et sublime récit de la naissance du Rédempteur du monde, du fondateur de l'Eglise. Ce n'est pas seulement un peuple privilégié et isolé, que le ciel éclairera désormais des sublimes lumières qui révèlent à l'homme le seul Dieu qu'il doit adorer, aimer et glorifier, et qui est la source intarissable de la paix du cœur ; toutes les nations sont appelées dès à présent à recueillir cet incomparable bienfait. Le grain de sénevé, dont parle l'Evangile, vient d'être confié à la terre ; il commence à germer, et peu à peu il va se développer. Voici déjà  qu'une étoile mystérieuse apparaît dans l'Orient, celle prédite par Balaam : « Une étoile sortira de Jacob ». (Nombres 24, 17). Au reste, dès les temps les plus reculés, les peuples de l'ancien monde possédaient des traditions merveilleuses qui annonçaient l'apparition d'une étoile extraordinaire et de certaines constellations, comme signes précurseurs de l'avènement du Sauveur et du régénérateur de l'humanité. Dieu, dans son infinie miséricorde, daignant mettre ses enseignements à la portée des hommes, fit briller cette étoile aux yeux des Orientaux qui se livraient avec une sorte de passion à l'étude de l'astrologie. Ils furent frappés de l'éclat prodigieux que répandait cet astre, et soit le souvenir des traditions, soit qu'ils eussent reçu quelque révélation céleste, trois Mages se mirent en route, pour découvrir le lieu de la naissance du Sauveur, qu'ils appelaient eux-mêmes le Roi des Juifs ; lorsque, arrivés à Jérusalem, ils allèrent interroger Hérode pour savoir, non si le Messie avait vu le jour, mais où il était né. Ce qu'il y eut de miraculeux dans cette vocation des Gentils à la Foi, ce fut moins l'étoile elle-même, que sa marche intelligente qui les conduisit à Jérusalem, et de là à  Bethléem, où elle s'arrêta précisément au-dessus de l'étable où reposait le divin Enfant dans une crèche. Les Mages y entrèrent, adorèrent le nouveau-né et lui offrirent de l'or, de la myrrhe et de l'encens.

III. Ce petit enfant, cette crèche, cette étable, malgré leur pauvreté, leur abaissement et leur obscurité, étaient pourtant les premiers rudiments de cette Eglise qui devait bientôt étendre son sceptre sur l'univers entier. Les plus grands fleuves ont souvent une source bien humble et même à peu près ignorée. Les édifices les plus élevés et les plus solides reposent sur des fondements profondément cachés, et les pierres qui servent aux premières assises sont d'une dimension et d'une consistance plus qu'ordinaires. Ainsi en a-t-il été de l'Eglise : la terre était trop fragile pour lui servir de base, et tout ce qu'elle renferme de puissance et de richesses était trop faible et trop misérable pour en devenir les matériaux. Le Ciel est son point d'appui, le Verbe éternel caché dans le sein de son Père au plus haut des cieux, puis incarné dans les entrailles de la plus humble des vierges, est sa pierre angulaire. Les vertus divines, la Foi, l'Espérance et la Charité ; les vertus pratiques, l'humilité, la pauvreté, la mortification et l'amour du prochain ; une organisation fondée sur le culte intérieur et extérieur, et sur le sacerdoce ; enfin, les persécutions sanglantes ou morales, telles sont les ressources célestes à l'aide desquelles l'Eglise est devenue l'édifice le plus élevé, le plus inébranlable qui ait jamais existé. C'est par ces moyens si simples et pourtant si puissants qu'elle a établi son empire immense sur les esprits et sur les cœurs de l'univers entier. Or, tous ces éléments se retrouvent à l'état de germe dans l'étable de Bethléem. Nous y découvrons, en effet, la foi dans les pasteurs et dans les Mages qui y adorent l'enfant nouveau-né comme leur Dieu ; l'espérance de la Rédemption prochaine de l'humanité est dans tous les cœurs de ceux qui visitent le Sauveur dans cette humble réduit ; mais comment croire, comment espérer en un Dieu fait homme, sans être profondément touché des sacrifices qu'il s'impose librement par amour pour les hommes ? Marie, Joseph, les bergers et les Mages qui entourent la crèche, sont donc plongés dans une extase d'amour, et le divin Enfant répond à ces sentiments embrasés par l'effusion de Sa Charité. Dans l'étable, je vois pour ainsi dire le berceau et le pays natal de l'humilité et de la pauvreté chrétiennes, depuis le souverain Maître de la terre par qui tout a été fait et qui est étendu sur un peu de paille dans une misérable chaumière, jusqu'à Marie et Joseph, jusqu'aux bergers et même aux Mages, qui lui sacrifient leurs richesses : tout respire la pauvreté dans cette humble demeure.

La Sainte Famille couchant sur la dure ; la rigueur de la saison, les bergers à la condition rude et laborieuse, les Rois venus d'Orient renonçant au sensualisme de leur pays pour entreprendre un voyage long et pénible : n'est-ce pas là cette mortification qui est l'élément essentiel de la doctrine évangélique que prêche l'Eglise ? Puis, quel nouveau spectacle ! A peine le Sauveur est-il descendu des splendeurs du ciel sur la terre pour épouser la misère de l'homme par amour, pour l'humanité, que déjà  la Charité a comblé les abîmes qui séparaient les différentes classes de la société : les pauvres et les riches, les princes et les roturiers, les fidèles et les païens, se pressent à l'envi autour de cette puissance nouvelle devant laquelle s'éclipsent toutes les autres, et ils sont tout surpris de ressentir pour la première fois autour de ce foyer d'amour les douces influences de la Charité fraternelle. Enfin, l'étable est le premier temple, la crèche le premier autel du culte fondamental de l'Eglise catholique ; la victime offerte, c'est Jésus Enfant, et Jésus en est aussi le Prêtre ; il prélude ainsi au grand sacrifice de la Rédemption, et au sacerdoce de Son Eglise qui devait continuer et perpétuer son œuvre régénératrice. Les ressources matérielles et une sorte de luxe ne sont même pas bannis de ce sanctuaire primitif : l'or et l'encens des Mages y sont acceptés, et les fidèles qui y accourent y apportent tous leurs offrandes. Les anges eux-mêmes veulent le consacrer par leur présence et par leurs concerts, en chantant : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux ». Et pour qu'aucun des caractères de l'Eglise ne lui manque dès son berceau, Hérode aura la triste gloire d'être son premier persécuteur et son premier tyran.

 

Élévation sur la naissance de Jésus-Christ, fondateur de l'Eglise

 

I. Après quatre mille ans d'attente et d'espérance, vous venez donc, ô Verbe divin, vous manifester aux hommes ; et pour mieux vous proportionner à leur faiblesse, pour que les leçons que vous avez à leur donner leur soient d'une intelligence plus facile, pour réhabiliter plus efficacement leur nature, vous ne dédaignez pas d'épouser leur humanité ! Vous prenez une âme et un corps semblables aux leurs, vous unissez non plus seulement la matière à l'esprit comme dans la création de notre être, mais vous unissez encore l'une et l'autre à la Divinité, par votre incarnation ! Que diront devant un pareil prodige nos beaux penseurs modernes, qui voudraient, dans l'excès de leur zèle et de leur prétendu respect pour la religion, que rien de temporel ou de matériel ne se mêlât à ce qu'ils imaginent ne devoir être qu'uniquement spirituel et surnaturel ? Divin Sauveur ! Combien ces pauvres frères égarés sont loin de connaître les desseins que vous vous proposiez d'accomplir dans le grand œuvre de la Rédemption ! Vous aviez promis de venir réhabiliter l'homme tout entier, son corps par conséquent aussi bien que son âme. Sa déchéance provenait de ce que la chair avait usurpé le domaine que l'âme était destinée à exercer sur lui ; d'esclave qu'elle devait être, elle était devenue reine en ravissant à l'âme le noble sceptre qui lui avait été confié lors de la création. Il fallait donc, pour relever l'homme de l'ignominie dans laquelle il s'était si malheureusement plongé, non pas séparer ce que Dieu avait uni, ni détruire ainsi la nature humaine, mais lui fournir les moyens de rendre la chair plus traitable et l'âme plus puissante ; c'est là tout le plan et le secret de l'Incarnation, de la Rédemption et de la Religion chrétienne. Aussi, votre sagesse infinie, ô divin Maître, commence-t-elle l'oeuvre de la restauration de l'homme, en se servant des mêmes moyens que son Eglise emploiera plus tard pour la continuer, c'est-à-dire qu'elle use de la matière pour en faire le véhicule et le signe des faveurs surnaturelles qu'elle venait apporter à des êtres qui ne pouvaient les saisir que par les sens.

II. Mais permettez. Seigneur, que j'entre dans ce sanctuaire où pour la première fois la Divinité vient habiter avec les hommes, et réaliser le nom mystérieux donné dès longtemps au Messie, le nom d'Emmanuel, « Dieu avec nous ». Que le touchant spectacle dont je vais être l'heureux témoin éclaire mon esprit de vos divines lumières. A peine ai-je foulé le seuil de la pauvre étable où m'amène l'étoile merveilleuse des mages, que j'aperçois, non pas seulement la crèche où repose le Sauveur du monde, mais encore Marie et Joseph plongés dans une adoration profonde ; c'est-à-dire que j'y trouve une famille entière: Marie, la mère, qui a porté Jésus dans son chaste sein, et qui l'a nourri de son sang virginal ; Joseph, le père adoptif du divin Enfant, et enfin le nouveau-né, le Désiré des nations. Pourquoi le Rédempteur du monde, le nouvel Adam, n'est-il pas immédiatement sorti des mains du Créateur, comme notre premier père, à l'état d'homme fait, et parvenu dès l'instant même de sa création à la perfection de l'être ? Le péché, qui avait été la ruine de l'humanité, avait été commis en famille, et tous les âges en avaient été infectés ; vous avez donc voulu, ô mon Dieu, que la source de la restauration du genre humain eût quelque rapport avec sa perte ; vous avez voulu qu'il fût racheté pour ainsi dire en famille, et que le Sauveur passât par tous les âges, non- seulement pour leur donner à tous des exemples de vertu, mais encore pour réhabiliter chacun d'eux en particulier. La femme était tombée dans l'esclavage et le mépris, et vous lui avez rendu sa dignité primitive en la choisissant pour la mère du régénérateur de l'univers ; l'enfance et la vieillesse étaient délaissées et dédaignées, et vous les avez entourées de respect et de sollicitude en voulant que votre Fils unique se fît petit enfant, et qu'il eût un vieillard pour père nourricier. Vous avez ainsi reconstitué la famille, dont les liens avaient été brisés par l'égoïsme, et sur cette famille modèle vous avez enté votre Eglise.

III. L'Eglise, en effet, n'est autre chose qu'une grande famille, et déjà l'étable de Bethléem nous la présente avec les grands caractères qui la distinguent de toute autre société, et qui démontrent de la manière la plus évidente qu'elle est votre œuvre, ô mon Dieu, parce qu'ils sont de l'essence même de la famille telle que vous l'avez fondée. D'abord, elle est visible, elle a quelque chose de sensible et de matériel qui frappe l'homme. Je vois la crèche, l'enfant divin qui y repose, sa mère, son père adoptif, les bergers et les mages qui l'entourent, comme je vois aujourd'hui dans nos temples l'autel, la sainte eucharistie, les ministres augustes qui la consacrent, les fidèles qui se pressent dans le sanctuaire pour l'adorer ; comme je vois encore le vieillard vénérable qui a recueilli la succession sacrée de Saint Pierre, et qui est entouré de toute la hiérarchie sacerdotale destinée à le seconder dans le gouvernement des âmes. Je contemple ensuite dans la sainte famille l'admirable unité de votre Eglise ; tous ses membres ne font qu'un cœur et qu'une âme et le Cœur du divin Enfant est le Centre et le Foyer de la Charité qui les unit. La crèche n'est-elle pas aussi le point d'union entre l'Ancien et le Nouveau Testament ? Tous les soupirs des patriarches et des prophètes y convergeaient, et c'est encore de la crèche ; que s'est élancé le zèle ardent des apôtres pour embrasser l'univers entier de ses feux divins. Votre Eglise est sainte, Seigneur, mais quelle sainteté fut jamais comparable à celle qu'abritait l'étable où s'étaient réfugiés Jésus, Marie et Joseph ? Le caractère de la catholicité se trouve encore sous cet humble toit ; d'abord, c'est le Sauveur qui y habite, et qui appartient à tous les temps : Jésus-Christ, dit l'apôtre, était hier, il est aujourd'hui, et il sera dans tous les siècles. (Hébreux 13, 8). Puis, ce sont les descendants de Sem, Cham et Japhet, qui semblent s'être donné rendez-vous autour de la crèche. Car la bénédiction de Noé promettait à Japhet de dilater son empire jusqu'aux tentes de Sem et de faire habiter ses descendants sous le même toit que ceux de ce dernier. Les Romains, qui s'étaient emparés du royaume de Juda, se chargèrent d'accomplir cette prophétie. Bethléem était trop près de Jérusalem pour que quelques-uns des fils de Japhet n'eussent pas accompagné les Mages dans leur pieuse recherche. Les Mages eux-mêmes venus de l'Arabie occidentale, qui, avec l'Afrique, était échue en partage à Cham, représentaient les descendants de ce fils de Noé, ceux de Sem étaient les bergers. Telles étaient les prémices de la catholicité naissante. Enfin, quel a été le foyer du zèle apostolique y qui a rayonné sur le monde entier, et qui embrasse encore aujourd'hui tous les pasteurs des âmes ? N'est-ce pas à la crèche qu'il faut remonter pour trouver le foyer de ce feu divin, qui inspire tant de dévouement et d'héroïsme ? Aussi, les Mages et les bergers en sortant de l'étable glorifiaient Dieu, et publiaient avec admiration tout ce qu'ils avaient vu et entendu, devenant ainsi les premiers apôtres du christianisme. Daignez, ô mon Dieu, embraser aussi mon âme de ces célestes ardeurs !

 

Je crois en Dieu...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !

 

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9 juin 2014

Le Mois de Saint Pierre

Le Mois de Saint Pierre

ou dévotion à l'Eglise et au Saint Siège

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Dixième jour

Réalisation des promesses, des figures, des prophéties en Jésus-Christ, fondateur de l'Eglise

 

 Notre Père... Je vous salue Marie...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !

 

I. A peine l'homme était-il tombé, que le Seigneur lui annonçait un Sauveur. Cette première promesse, quoique vague et générale, suffit néanmoins pour fermer le cœur de l'homme au désespoir ; et elle fut pendant près de deux mille ans l'unique espérance du genre humain. Une seconde promesse vient toutefois éclaircir la première ; c'est à Abraham qu'elle est faite : Dieu lui dit que c'est de sa race que naîtra le Messie. Nous ne chercherons donc plus le Messie dans la généralité des nations, mais uniquement dans la postérité d'Abraham. Mais Abraham a sept enfants ! La troisième promesse est faite à Isaac, et par là  même sont écartés les peuples qui descendent des autres rejetons. Isaac à son tour a deux héritiers, Esaü et Jacob : ce dernier est choisi, par une quatrième promesse, pour être la souche de laquelle doit naître le Messie. C'est ainsi que peu à peu, et à mesure que nous avançons de siècles en siècles, la vérité se dégage des nuages qui en obscurcissaient l'éclat. Cependant, Jacob à douze fils : quel sera celui qui verra le Sauveur naître de sa race ? Une nouvelle promesse devient nécessaire, et c'est à Juda qu'elle est faite. Une dernière promesse vient enfin fixer les incertitudes qui pouvaient encore surgir sur celle des familles de Juda, qui devait donner le jour au Rédempteur du monde, en désignant la maison de David. Nous sommes donc certains maintenant que l'homme aura un Sauveur, et que ce Sauveur naîtra de la race de David. Mais comme celle-ci donnera naissance à un grand nombre d'enfants, il faudra que de nouvelles révélations nous viennent en aide, pour nous faire reconnaître le Messie au milieu de cette multitude de descendants de David.

II. Aussi, Dieu se réservait-il de nous désigner le Rédempteur promis d'une manière bien autrement précise : d'abord, par des figures, qui nous donnent une idée générale de sa mission divine ; nous n'en citerons que quelques-unes. Dans Adam, le Messie nous a été représenté comme devant être le père d'un monde nouveau, s'associant une épouse, l'os de ses os, la chair de sa chair, c'est-à-dire la sainte Eglise : ce qui fut accompli lorsque son côté sacré fut ouvert pendant le sommeil de sa mort. Dans Abel innocent, nous le voyons mis à mort par les mains de ses frères ; dans Noé, c'est le Rédempteur du monde qui le sauve d'une ruine universelle et qui repeuple la terre d'enfants de Dieu ; dans Melchisédeck, offrant le pain et le vin en sacrifice, nous retrouvons son sacerdoce éternel ; dans Isaac, son sacrifice sur le Calvaire ; dans Joseph, nous reconnaissons le Sauveur vendu par ses frères, condamné pour un crime dont il est innocent, placé entre deux criminels à l'un desquels il annonce la vie, à l'autre la mort, enfin comblant généreusement de biens ses frères dénaturés. Il est représenté dans l'agneau pascal, s'offrant en sacrifice et préservant son peuple de l'ange exterminateur ; dans la manne, nourrissant miraculeusement la nation voyageuse d'une nourriture descendue du ciel. Le serpent d'airain nous montre le Sauveur élevé sur une croix et guérissant la morsure des serpents ; Moïse est l'image vivante du Rédempteur qui délivre le genre humain de la captivité où il gémissait ; dans David, nous le voyons terrassant un géant malgré l'inégalité de ses forces, maltraité par un prince jaloux, persécuté par un fils ingrat, gravissant à pied et en pleurant la montagne des Oliviers, insulté par un homme à qui il défend de faire aucun mal ; dans Salomon, nous le contemplons assis sur un trône magnifique, entouré de puissance et de gloire, doué d'une sagesse divine, et élevant à la gloire de Dieu son Père un temple merveilleux. Tous ces différents caractères conviennent si parfaitement au Messie, qu'il est impossible de ne pas le reconnaître, avec les écrivains sacrés du nouveau Testament et avec les pères de l'Eglise, pour le type de toutes ces figures.

III. Toutefois, ces traits épars et voilés sous des ombres plus ou moins épaisses ne suffisaient pas encore à désigner clairement Jésus-Christ, le fondateur de l'Eglise. Dieu voulait que le Messie fût annoncé d'une manière si évidente et si précise, qu'il fût impossible à l'homme de s'y tromper, à moins d'un aveuglement volontaire et obstiné. Alors il suscite les prophètes ; et si le peuple juif n'avait gardé entre ses mains les livres de ces hommes inspirés, on n'aurait pas manqué de les attribuer à la mauvaise foi des chrétiens, tellement le Messie et les mystères de sa vie sont dépeints avec précision et dans les plus minutieux détails. Voici, en effet, ce qu'ils disaient de lui plusieurs siècles avant l'avènement du Rédempteur : Le Messie sera Dieu et homme tout ensemble, il sera fils de Dieu et fils de David ; il naîtra à Bethléem de Juda, d'une mère toujours vierge ; sa naissance arrivera lorsque le sceptre de David aura passé dans les mains d'un étranger. Il sera adoré dans son berceau par des rois qui lui offriront en présents de l'or et des parfums ; à l'occasion de sa naissance, on fera mourir tous les petits enfants de Bethléem et des environs à cause de lui ; il se retirera en Egypte, d'où Dieu son Père le fera revenir plus tard. Il sera pauvre, et l'humilité, la bonté, la justice, seront son caractère. Il sera si doux, qu'il n'achèvera pas de briser le roseau rompu, et n'éteindra pas la mèche qui fume encore. Il aura un précurseur, qui, élevant la voix dans le désert, prêchera la pénitence et s'efforcera de préparer les hommes à le reconnaître et à s'attacher à lui. Le Messie prêchera le salut aux pauvres et aux petits ; de nombreux prodiges lui rendront témoignage : il guérira les lépreux, délivrera les possédés ; il rendra la vue aux aveugles, l'ouïe aux sourds, la vie aux morts.

Cependant son peuple le méconnaîtra : il sera persécuté, contredit, calomnié ; il entrera dans Jérusalem, au milieu des acclamations, monté sur une ânesse suivie de son ânon. Un de ses disciples, mangeant à sa table, le trahira et le vendra pour trente pièces d'argent ; cet argent sera rapporté dans le temple et donné à un potier pour prix de son champ. Ses ennemis se saisiront de sa personne ; tous ses disciples l'abandonneront, il sera maltraité, déchiré de coups, couvert de crachats, traité comme un ver de terre. On lui percera les pieds et les mains ; comme l'agneau qu'on porte à la boucherie, il n'ouvrira pas même la bouche pour se plaindre, il sera placé entre des malfaiteurs ; on lui donnera à boire du vinaigre ; on partagera ses vêtements et on tirera sa robe au sort. Enfin, il sera mis à mort, et Daniel assigne l'époque précise où ces choses s'accompliront, c'est-à-dire quatre cent quatre-vingt-dix ans après l'époque à laquelle il parlait. Par sa mort, il expiera toutes les iniquités du monde dont il se sera volontairement chargé. Il restera trois jours dans le tombeau ; il en sortira plein de vie, montera au Ciel et enverra l'Esprit-Saint à ses disciples. Il convertira les nations, qui s'empresseront de toutes parts d'abandonner leurs idoles pour s'attacher à lui ; d'une extrémité de l'univers à l'autre, les peuples les plus différents de mœurs et de langage se réuniront pour l'adorer. Il établira un sacrifice nouveau qui remplacera seul tous les autres sacrifices et qui sera offert, non pas dans un seul pays et dans un seul temple, mais dans tous les pays du monde, depuis l'Orient jusqu'à l'Occident. A de semblables traits, qui pourrait douter que Jésus-Christ ne soit le Messie promis ?

 

Élévation sur la réalisation des promesses, des figures et des prophéties en Jésus-Christ, fondateur de l'Eglise

 

I. L'Eglise, dont l'action devait avoir une influence si universelle et si intime ; l'Eglise, qui devait régner sur toutes les nations et sur toutes les consciences, ne pouvait avoir d'autre fondateur que vous, ô mon Dieu ! Car à vous seul appartient le sceptre de la terre et le gouvernement des âmes. C'est pour cela, Seigneur, que vous avez voulu que Jésus Christ, qui venait sauver le monde et établir une autorité spirituelle destinée à continuer d'âge en âge son, œuvre réparatrice, pût être facilement reconnu pour votre Fils unique, et, par conséquent, comme étant revêtu de votre nature divine. Cette suite non interrompue pendant quatre mille ans, de promesses, de figures, de prophéties qui n'ont cessé de l'annoncer avec une solennité pleine de majesté ; tous ces événements, toutes ces circonstances, tous ces faits particuliers, clairement vus à travers les siècles futurs et si littéralement accomplis, démontrent avec une incontestable évidence que celui qui en était l'objet était plus qu'un simple mortel, qu'il était un Dieu. Sans doute, la très Sainte Vierge Marie a partagé jusqu'à un certain point cette même prérogative, quoiqu'elle ne soit que la servante du Seigneur, et bénie seulement entre toutes les femmes ; mais c'est qu'elle devait être votre mère, ô divin Maître ! Et qu'en cette qualité, votre grandeur et votre gloire devaient rejaillir, jusqu'à un certain degré, sur celle qui était prédestinée à vous donner le jour.

II. Quoique l'empire que devait exercer votre divin Fils, Seigneur, ne fût qu'un empire tout spirituel, et quoique sa mission n'eût d'autre but que de régner sur les âmes, vous ne vous contentez pas de préparer les voies à son entrée dans le monde et à la mission toute spirituelle qu'il va accomplir dans le sanctuaire le plus intime des cœurs, par des moyens purement abstraits, intérieurs, et qui ne sauraient tomber sous les sens. Vous qui aviez créé l'homme, et qui connaissiez tout l'empire que la chair a usurpé sur l'esprit, vous saviez bien que l'intelligence humaine n'aurait jamais pu saisir des opérations qui n'auraient rien eu de matériel, et qui n'eussent pas été de nature à frapper les sens. Toutefois, si, pour descendre jusqu'à notre infirmité, vous avez recours à des moyens qui sont en rapport avec elle, vous les employez avec une grandeur et une magnificence qui ne peuvent laisser aucun doute sur la divinité de celui qui les met en œuvre. Lorsque je vois une puissance qui règle la marche des siècles, qui dispose des nations comme le potier de son argile, tantôt en les élevant au faite de la gloire, tantôt en les humiliant et en les brisant sous la force irrésistible de son bras, selon que le demande l'accomplissement de ses mystérieux desseins ; lorsque je vois un être lire nettement dans un avenir de quatre mille ans les plus minutieux détails des destinées humaines, et les publier plusieurs siècles avant l'événement ; lorsque je le vois se jouer des passions des hommes pour en faire des instruments si dociles à sa volonté sainte, qu'il les force à concourir dans une certaine mesure à l'exécution de ses immuables décrets ; je reconnais alors, dans toutes ces merveilles, la même main qui déroula la voûte des cieux plus facilement encore que le voyageur ne déploie sa tente au désert, et qui d'un seul mot couvrit la terre de toutes ces richesses dont nos yeux sont étonnés, et la peupla de ces myriades d'animaux dont nous admirons la prodigieuse variété. J'y reconnais, en un mot, ô mon Dieu, la puissance et la sagesse infinies de votre divinité.

III. Et vous, ô divin Sauveur, qui avez été le but et l'objet de toutes ces merveilles ; vous, en qui se sont accomplies les promesses, les figures et les prophéties de quarante siècles, comment ne seriez-vous pas l'envoyé de Dieu, et Dieu vous-même ? Le saint roi David ne met-il pas sur vos lèvres ces paroles prophétiques : « C'est vous, ô mon Père, qui m'avez établi le roi de Sion votre montagne sainte, c'est-à-dire qui m'avez donné la royauté de votre Eglise dont la montagne de Sion est la figure ? Le Seigneur m'a dit : Aujourd'hui je vous ai engendré : demandez, et je vous donnerai toutes les nations en héritage, et j'étendrai votre souveraineté jusqu'aux extrémités de la terre ! » (Ps. 2.) N'est-ce pas de vous dont le prophète Isaïe a dit : « Voici qu'une vierge concevra et enfantera un fils, qui sera appelé Emmanuel, c'est-à-dire Dieu avec nous » ? (Isaïe 7, 14.) Et ailleurs : « Il sera appelé l'Admirable, le Fort, le Père du siècle futur, le Prince de la paix, et le nom de Dieu sera son nom ». (Isaïe 9, 6.) L'ange Gabriel annonçant à Marie qu'elle vous porterait dans son sein, ne lui a-t-il pas dit à son tour : « Vous enfanterez un fils auquel vous donnerez le nom de Jésus. Il sera grand, et il sera appelé le Fils du Très-Haut. Le Seigneur lui donnera le trône de David son père, et il règnera sur la maison de Jacob, c'est-à-dire sur l'Eglise, pendant toute l'éternité ». (Luc 1, 31, 32). Oui, mon Sauveur, vous êtes Dieu, je le confesse ! Tous les prodiges qui vous ont annoncé me le prouvent de ]a manière la plus éclatante ; celui qui devait racheter le monde et offrir à Dieu une expiation et une réparation dignes de lui, devait être Dieu lui-même ; et il n'appartenait qu'à un Dieu de fonder l'Eglise ou l'empire des âmes et des consciences, parce qu'il n'y avait qu'un Dieu qui eût le droit de leur imposer des lois, et qui pût leur ouvrir une source intarissable de secours surnaturels et divins puisés dans son propre cœur, pour soutenir la faiblesse de l'homme et le conduire à la gloire éternelle.

 

Je crois en Dieu...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !

 

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8 juin 2014

Le Mois de Saint Pierre

Le Mois de Saint Pierre

ou dévotion à l'Eglise et au Saint Siège

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Neuvième jour

La prédiction de l'établissement de l'Eglise

 

Notre Père... Je vous salue Marie...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !

 

I. Ce n'était pas seulement un libérateur temporaire qu'il fallait à l'humanité pour la réhabiliter ; il lui fallait, pour opérer en elle une restauration profonde et durable, des lois nouvelles, une source permanente de secours qui soutint sa faiblesse de génération en génération, et un gouvernement capable de faire observer ces lois et de distribuer sagement ces secours. Il lui fallait, en un mot, l'Eglise. Aussi, les prophètes ne se bornèrent-ils pas à prédire le Messie ; mais ils annoncèrent encore l'Eglise, qui devait être le moyen employé par le Sauveur pour sauvegarder le fruit de ses travaux et pour en répandre les ressources infinies dans tous les temps et dans tous les lieux. Cette Eglise avait déjà  été annoncée, comme nous l'avons vu, par des figures. Saint Paul nous dit, en effet, que tout ce qui est arrivé chez les Juifs est la figure de ce qui s'accomplit chez les chrétiens. (1 Corinthiens 10, 1, 6 ; 2) Les saints Pères sont unanimes à regarder Jésus-Christ et l'Eglise comme symbolisés par tout l'Ancien Testament. Saint Augustin entre autres s'exprime ainsi : « Tout l'Ancien Testament est caché dans le Nouveau : les patriarches, leurs alliances, leurs paroles, leurs actions, leurs enfants, leur vie tout entière, étaient une prophétie continuelle de Jésus-Christ et de l'Eglise ; toute la nation Juive, son gouvernement tout entier était une grande prophétie de Jésus-Christ et du royaume chrétien ». Origène, Tertullien, saint Jean Chrysostome tiennent le même langage.

II. Le prophète Osée annonce que l'Eglise, le royaume de Jésus-Christ s'étendra sur toutes les nations, même sur celles qui jusqu'alors n'avaient pas fait partie du peuple de Dieu. (Osée, 2, 23, 25 et 1, 10.) Michée, à son tour, prédit que la génération du Rédempteur est éternelle ; qu'il convertira les nations ; que son empire n'aura pas de fin. (Michée 5, 4, 5.) « Il viendra un temps, dit Jérémie au nom du Messie, où Je ferai une nouvelle alliance avec la maison d'Israël et la maison de Juda ; alors J'écrirai mes lois dans leur cœur, et tous Me connaîtront depuis le plus petit jusqu'au plus grand, (Jérémie 31, 31.) Ezéchiel ajoute par la bouche du souverain pasteur : « Je ferai avec mes brebis une alliance de paix, mon alliance sera éternelle. Je les multiplierai, et j'établirai pour jamais Mon Sanctuaire au milieu d'elles. Mon Tabernacle sera chez elles ». (Ezéchiel, 37). Le prophète Aggée s'écrie au nom du Seigneur : « Encore un peu de temps et l'ébranlerai le ciel et la terre, la mer et tout l'univers ; j'ébranlerai tous les peuples et le Désiré des nations viendra ». (Aggée, 2, 8). Puis enfin, c'est Malachie qui s'exprime ainsi : « Voici ce que dit le Seigneur : Mon affection n'est pas pour vous (Israël) ; et je ne recevrai plus d'offrande de votre main ; car depuis l'Orient jusqu'à  l'Occident, mon nom est grand parmi les nations, et en tout lieu on m'offre un sacrifice et on présente une oblation pure en mon nom, parce que mon nom est grand parmi les nations, dit le Seigneur des armées. (Malachie, 1). A mesure qu'approchait l'avènement du Messie et de son Eglise, une lumière extraordinaire se répandait dans le monde. C'était comme les premiers rayons de l'Etoile de Jacob ; elle va paraître, et Cicéron, tout païen qu'il est, annonce une loi éternelle, universelle, la loi de toutes les nations et de tous les temps : un seul maître commun, qui serait Dieu même, dont le règne allait commencer.

III. Toutes ces prophéties annoncent évidemment que la nouvelle alliance que Dieu va former avec les hommes à l'avènement du Rédempteur aura ce caractère remarquable qui la distinguera de l'ancienne : c'est qu'elle embrassera toutes les nations, l'humanité tout entière, au lieu d'un seul peuple. Que ces nouveaux liens qui uniront l'homme à son Créateur ne seront plus temporaires comme sous l'ancienne loi; mais qu'ils seront sans fin. Elles proclament que les sacrifices du vieux testament cesseront et qu'une nouvelle victime d'une ineffable pureté sera désormais offerte, non plus comme autrefois dans le seul temple de Jérusalem, mais chez toutes les nations et sur toute la surface de la terre. Mais, quelle est cette loi qui sera écrite dans tous les cœurs et qui fera connaître le vrai Dieu à tous les hommes depuis le plus petit jusqu'au plus grand ? N'est-ce pas l'Evangile ! Quelle est cette société nouvelle qui va se former entre Dieu et toutes les nations qui couvrent la surface du globe, cette société universelle ? N'est-ce pas l'Eglise ! Quelle est cette victime sans tache, et ce sacrifice offert en tout lieu, de l'Orient à l'Occident ? n'est-ce pas le sacrifice par excellence de l'Eglise, le sacrifice eucharistique où s'immole Jésus-Christ, l'Agneau de Dieu ! L'établissement futur de la sainte Eglise a donc été prédit d'une manière surnaturelle et divine, sans qu'il puisse planer encore aucun doute sur ce sujet.

 

Élévation sur la prédiction de l'établissement de l'Eglise

 

I. Que de moyens admirables votre condescendance et votre bonté n'ont-elles pas mis en œuvre, ô mon Dieu, pour triompher de l'aveuglement des hommes ! Comment peut-il se faire qu'il y en ait encore qui puissent fermer les yeux à la vive lumière que vous n'avez cessé de faire briller pour vaincre leurs doutes et pour éclairer leurs ténèbres ? Votre divin esprit a fait incessamment entendre sa voix puissante pendant quatre mille ans. Il a parlé par des figures ; des signes et des prodiges ; il a choisi un peuple entier, le seul de l'antiquité dont on ait une histoire complète et authentique ; et l'existence de ce peuple a été une continuelle prophétie en action : l'Esprit, de Dieu a inspiré le plus grand de ses Rois, et sa voix éloquente a chanté les Miséricordes infinies de Dieu sur les hommes, le Messie promis dont il était lui-même la vive image, l'établissement du Règne de Dieu sur toutes les nations de la terre, c'est-à-dire de l'Eglise, et surtout les combats continuels qu'elle aurait à soutenir. Enfin, à mesure que les temps, où toutes ces solennelles promesses allaient s'accomplir, approchent, les nuages qui couvraient encore la réalité de leurs ombres mystérieuses se déchirent, le langage divin devient plus clair et plus explicite. Pendant plus de quatre cents ans, il eut pour organes une suite non interrompue d'hommes dont la sainteté éminente et le zèle ardent pour l'observation de la Loi et la gloire de Dieu, donnaient à leurs oracles un caractère de vérité qui ne pouvait laisser aucun doute dans les esprits. D'ailleurs, l'accomplissement exact de leurs prédictions relativement à des événements moins éloignés ne permettait pas la moindre incertitude sur ceux qu'ils avaient annoncés comme devant se réaliser à une époque plus reculée.

II. Il semble, que devant un pareil faisceau de lumières, que devant l'histoire d'un peuple dont la merveilleuse existence dure quatre mille ans : histoire où l'on remarque d'une manière si évidente le doigt de Dieu, dirigeant constamment et avec une logique invincible les événements qui la remplissent, vers un but unique, la venue du Messie et l'établissement de l'Eglise ; il semble, Seigneur, que les hommes qui restent encore assis dans leurs ténèbres et à l'ombre de la mort, se plaisent à former les yeux aux divines clartés que votre Miséricordieuse Charité a daigné faire briller d'un si grand éclat pour les instruire. Mais, ce qui les rend plus inexcusables encore, c'est que depuis dix-huit cents ans les prophéties de l'Ancien Testament continuent à s'accomplir à la lettre sous leurs yeux, et que leurs yeux continuent à ne pas voir la vérité. En vain, selon les oracles divins, le temple de Jérusalem a disparu et n'a jamais pu être relevé malgré les efforts d'un prince puissant et impie; en vain, l'Empire romain, malgré ses forces et son étendue gigantesques, est tombé devant le sang des martyrs ; et le trône pacifique de Saint Pierre s'est établi sur les ruines de celui des Césars ; en vain, l'Evangile est prêché à toutes les nations, et le sacrifice auguste de l'Agneau sans tache est offert du couchant à l'aurore, comme les prophètes l'avaient annoncé, rien ne peut vaincre l'obstination de leur aveuglement ! Ah ! Mon Dieu, c'est que la Foi n'est pas une pure conviction humaine : c'est un don de votre main que vous n'accordez qu'aux humbles et aux hommes de bonne volonté !

III. Qu'est-ce que l'homme, Seigneur, lorsque vous l'abandonnez à lui-même ? On dirait qu'en s'éloignant de vous toutes les admirables facultés dont vous l'avez doué se retirent de lui à leur tour, et le réduisent à l'état d'idiotisme au point de vue religieux. Son intelligence s'émousse, sa raison s'obscurcit. Mais, ce qui est plus déplorable encore, et ce qui rend son ignorance impardonnable, c'est que sa volonté s'est corrompue sous l'influence de ses sens qui la dominent et qui la tiennent dans l'esclavage. Il voudrait connaître la vérité, il sent une aspiration intime qui le porte à la chercher ; mais bientôt un amour désordonné de lui-même lui fait redouter de connaître trop clairement les sacrifices qui en sont la conséquence et qu'il n'a pas le courage de s'imposer. Il préfère alors un doute paresseux dont il ne tire aucune conséquence pratique qui puisse gêner son insouciante béatitude. Que les prophètes publient leurs oracles, que les faits les plus éclatants viennent les confirmer, qu'à  la voix de Dieu les empires les plus puissants disparaissent comme le sable des déserts ; que le Seigneur envoie des apôtres jusqu'aux extrémités de la terre pour y faire connaître le vrai Dieu et porter la civilisation aux peuples barbares : il ne voit en tout cela que l'oeuvre d'un aveugle destin, de la politique ou de la volonté humaines, et ses regards éteints dans un froid égoïsme ne lui permettent pas de porter sa vue au delà de l'étroit horizon qui l'entoure. Mais plus l'homme abuse des lumières que vous lui prodiguez, ô mon Dieu, plus il semble que votre longanimité s'accroisse, et déjà peut-être, avez-vous marqué le jour où les illusions s'évanouiront pour faire place à la vérité, et l'heure à laquelle le salut sonnera pour le malheureux indifférent et pour l'aveugle volontaire.

 

Je crois en Dieu...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !

 

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7 juin 2014

Le Mois de Saint Pierre

Le Mois de Saint Pierre

ou dévotion à l'Eglise et au Saint Siège

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Huitième jour

La manière dont Dieu a réglé les événements de tous les siècles pour disposer les esprits à l'avènement du Messie, à la propagation de l'Evangile et à l'établissement de l'Eglise

Notre Père... Je vous salue Marie...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !

I. Lorsqu'on étudie l'architecture d'un monument, ce n'est pas l'examen isolé de chaque pierre prise en particulier, qui peut nous donner une idée de l'ensemble ni de la destination de l'édifice. Mais lorsque nous en contemplons la forme générale, lorsque nous examinons les rapports de chaque partie avec le tout, nous voyons qu'une pensée mère y a présidé, que tous les détails convergent à un même but que l'on s'était proposé, et qu'une intelligence créatrice a tout disposé pour l'atteindre. C'est ainsi que nous devons étudier l'histoire. S'arrêter à des faits isolés sans s'inquiéter des rapports qu'ils ont entre eux ou avec l'événement principal dont ils ne sont que des matériaux ou des accessoires ; ne pas chercher à découvrir l'acte moral dont ces faits ne sont que la manifestation ou l'épanouissement ; ne pas élever ses pensées plus haut que la terre et que la politique humaine ; ce n'est pas étudier sérieusement l'histoire, ce n'est pas en vouloir connaître la vraie philosophie, ni le dernier mot. Aussi faut-il être chrétien pour voir autre chose dans l'histoire, que le combat perpétuel des passions humaines, leurs intrigues, leur fureur, leur tyrannie et trop souvent leur cruauté. Le chrétien qui sait que le souverain maître du ciel et de la terre manie les nations, les trônes et les Rois comme un enfant qui donne à la cire qu'il tient entre ses doigts la forme qu'il lui plaît, le chrétien, dis-je, ne s'arrête pas à la terre ; il demande humblement à Dieu le secret de ses conseils dans les événements qui se déroulent sous ses yeux, et il cherche des enseignements divins dans les œuvres des hommes. La foi en la Providence lui montre Dieu à la tête de tous les événements, dont il est, en dernière analyse, l'âme et le principal moteur.

II. Aussi, lorsque nous jetons un regard sérieux sur le spectacle qu'avait offert la terre jusqu'à l'époque de l'avènement du Messie, nous voyons que tout ce qui s'était passé jusqu'à ce moment dans le monde et que la situation politique et morale dans laquelle il se trouvait alors, avaient uniquement eu pour objet de disposer les esprits et les voies à l'accomplissement du plus grand événement que l'histoire ait jamais eu et qu'elle aura jamais à enregistrer : l'apparition du Rédempteur et du restaurateur de l'humanité, et l'établissement de son Eglise destinée à développer et à perpétuer son œuvre. Ici, ce ne sont pas des interprétations faites à plaisir ; Dieu, qui connaissait la perversité de l'esprit humain, a pris soin d'envoyer ses prophètes pour annoncer plusieurs siècles à l'avance tout ce qu'il ferait pour préparer les voies à Son Christ. C'est ainsi que, sans parler des prophéties antérieures qui n'avaient jamais cessé de se renouveler, depuis la chute de nos premiers parents, Isaïe prédit aux Juifs que les Assyriens les puniront de leur idolâtrie par les victoires qu'il remporteront sur eux et par la captivité de Babylone. Puis, lorsque le châtiment a atteint son but, Dieu brise le pouvoir des Assyriens, d'autant plus inutile dès lors à ses desseins, que cet empire voulait anéantir le peuple d'Israël. Isaïe annonce encore aux Juifs leur délivrance, et nomme Cyrus, roi des Perses, comme leur libérateur, deux cents ans avant la naissance de ce prince. Les Mèdes et les Perses renversent le trône d'assyrie, Jérusalem et son temple sont rebâtis, la prospérité et même un vif éclat sont rendus au peuple de Dieu. Mais, une prophétie de Daniel annonçait qu'après avoir rempli sa mission, l'empire des Perses céderait le sceptre à celui des Grecs, qui était destiné à faciliter la prédication de l'Evangile. Il y parvint en effet, en répandant au loin la connaissance de la langue grecque, en faisant connaître et en rendant célèbres parmi les Gentils les livres des Juifs et leur attente d'un libérateur tout-puissant, qui devait apporter le salut aux hommes et les réconcilier avec Dieu. Toutefois, d'après la prophétie de Daniel, l'empire Romain devait aussi apporter son concours à la gloire du Messie et à l'établissement de son règne. Il avait pour mission d'être le pionnier de l'Evangile, d'ouvrir et de faciliter aux prédicateurs de la loi nouvelle toutes les communications d'un bout du monde à l'autre, et c'est dans ce but que Dieu fit passer dans les mains des Romains la monarchie grecque, dès qu'elle eût accompli les conseils divins pour lesquels elle avait été établie. Telle fut et telle est encore la réalisation de cette parole du Prophète Royal : Reges eos in virgâ ferrea, et tanquàm vas figuli confringes eos, et nunc erudimini qui judicatis terram. Vous gouvernerez les nations avec un sceptre de fer, et vous les briserez comme un potier met en poussière ses vases d'argile. Et maintenant profitez de cette leçon, vous qui gouvernez les peuples de la terre ». L'Empire romain devenu maître de la Judée, devait encore servir à vérifier cette prophétie de Jacob, qui annonçait à son lit de mort, que le Messie viendrait lorsqu'un Roi étranger à  la nation juive serait assis sur le trône de Juda.

III. L'avènement d'un futur libérateur du genre humain était attendu, non-seulement par les Juifs, mais encore par les païens, qui, dans les rapports nombreux qu'ils avaient eu avec les descendants d'Abraham, soit pendant la captivité de Babylone, soit pendant la durée de l'Empire grec, avaient recueilli cette tradition qui devint presque générale dans l'univers entier ; voilà  pourquoi ce libérateur avait été proclamé par Malachie le « Désiré des nations ». Ce fut aussi par le même moyen, qu'un certain nombre de philosophes connurent non-seulement la promesse d'un envoyé de Dieu, qui devait réhabiliter l'homme, mais encore le péché originel, le mystère de la sainte Trinité et quelques autres vérités révélées au peuple de Dieu, dont on a à tort attribué la notion, à leur perspicacité, philosophique. Quoi qu'il en soit, vers l'époque où le Messie parut, cette croyance en son avènement était si vive, que suivant une tradition des Juifs, un grand nombre de Gentils se rendirent à Jérusalem, afin de voir le Sauveur du monde quand il viendrait racheter la maison de Jacob. Les Romains comme les autres nations partageaient ces convictions. Tacite écrivait : « Qu'on était généralement persuadé que les anciens livres des prêtres annonçaient qu'à cette époque l'Orient prévaudrait, et que de la Judée sortiraient les maîtres du monde ». Suétone à son tour l'affirme positivement : « Tout l'Orient, dit-il, retentissait de l'antique et constante opinion que les destins avaient arrêté, qu'à cette époque la Judée donnerait des maîtres à l'univers ». Virgile, interprète de l'attente générale, chantait la prochaine arrivée du Fils de Dieu, qui, descendant du Ciel, allait ramener l'âge d'or sur la terre, effacer le crime et faire périr le serpent. Enfin, la Sibylle de Cumes décrivait en même temps le règne du Messie, à peu près dans les mêmes termes que le prophète Isaïe. Il est vrai, que lors même que les prophéties eussent été inconnues, l'état général de corruption où étaient plongés tous les peuples, l'ignorance profonde dans laquelle vivaient toutes les nations au point de vue religieux, si l'on en excepte les Juifs ; l'idolâtrie répandue de manière à ne faire de l'univers entier qu'un vaste temple d'idoles, auraient suffi pour faire sentir la nécessité d'une régénération, d'une lumière surnaturelle et d'une puissance divine, afin de retirer le genre humain du matérialisme et de l'abaissement dans lequel il était tombé. Les peuples les plus civilisés, les plus habiles dans les arts, les sciences et lettres, tels que les Egyptiens, les Grecs et les Romains, s'étaient eux-mêmes précipités dans cet abîme ; et les philosophes, les sages, les législateurs les plus illustres, impuissants à les en retirer, devenaient encore les complices de leurs erreurs et de leurs désordres. Les Juifs, qui seuls avaient conservé la connaissance et le culte du vrai Dieu, mêlaient depuis longtemps dans la religion des superstitions indignes de la divinité. La lumière de la vérité ne brillait donc plus pour l'immense majorité des hommes, et elle ne jetait même pour le peuple que Dieu s'était choisi, qu'une pâle lueur qui semblait prête à s'évanouir pour toujours. Cependant, l'Empire romain, après une lutte longue et sanglante, embrassait dans son vaste sein presque toutes les nations connues ; Auguste, vainqueur de ses nombreux rivaux, était tranquillement assis sur le trône des Césars ; la terre entière reposait dans une paix profonde, lorsque Jésus, le Rédempteur du genre humain, le Désiré des nations, fit son entrée dans le monde, à Bethléem, dans le fond d'une étable.

 

Élévation sur le sujet précédent

 

I. Lorsque des hauteurs des cieux où vous régnez, Seigneur, avec tout l'éclat de votre majesté, vous abaissez vos regards jusque sur cette terre qui occupe si peu de place dans le vaste univers que votre main puissante a créé de rien, et qu'elle gouverne pour ainsi dire en se jouant, vous voyez les faibles mortels s'agiter, mettre en œuvre toutes les ressources de leur politique étroite et bornée, se faire la guerre pour monter sur un escabeau qu'ils décorent du nom de trône ; lorsque vous les voyez surtout attribuer à leur sagesse et à leur puissance les événements que vous avez préparés vous-même dans vos conseils et dont ils ne sont que les chétifs instruments; quelle pitié ne doivent pas vous inspirer leurs prétentions, leur orgueil et leur ambition ! Comment ne leur faites vous pas sentir plus souvent la pesanteur de votre bras, pour leur apprendre que c'est de vous que relèvent les empires, les nations, les sceptres et les couronnes ? Mais non ; vous êtes un Dieu patient, miséricordieux et plein de longanimité : Vous ne voulez pas la mort du pécheur, mais qu'il vive. Puis, votre justice se réserve l'éternité, où elle rendra alors à chacun selon ses œuvres, et où personne ne pourra échapper à sa sévérité, quel que soit le rôle qu'il ait joué, ou le rang qu'il aura occupé ici-bas.

II. Que vous êtes grand, ô mon Dieu ! Et que nous sommes petits ! Lors même que vous nous révélez le secret de vos desseins, et que nous les voyons ensuite se dérouler au grand jour sous nos yeux, notre faible intelligence en est encore éblouie, et ne peut y croire sans un secours de votre grâce. Je comprends maintenant cette parole du prophète Royal qui affirme que mille années devant vos yeux sont comme le jour d'hier, qui s'est déjà  évanoui, (Psaume 89). Quarante siècles se sont écoulés entre la promesse du Messie et son avènement, et l'histoire des temps primitifs, de l'accroissement de la population sur la terre, de l'établissement des nations et de la succession des grands empires qui se sont disputés le pouvoir suprême, ne nous apparaît encore qu'à travers d'épais nuages, malgré les traditions et les monuments nombreux qui nous sont restés. Pour vous. Seigneur, tout est resplendissant de lumière, et vous enchaînez tous ces nombreux événements pour les faire servir à l'accomplissement de vos plans divins, avec autant de facilité que l'enfant tresse des fleurs pour en former une couronne ! Votre sagesse infinie a tout prévu, votre infaillibilité n'a jamais hésité, votre toute-puissance n'a jamais connu d'obstacle. Vous avez dit, et tout a été fait selon votre volonté. Les hommes reconnaissent votre existence à la magnificence de vos œuvres, et ils refusent d'admettre l'action de votre divine Providence sur eux-mêmes et sur leurs entreprises ?

III. Pouviez-vous, pourtant, leur fournir de plus vives lumières ? Vos prophètes annoncent dans les plus grands détails les destinées du peuple juif, leurs châtiments, l'établissement et la destruction des empires, l'époque précise de la chute du royaume de Juda. Ils prédisent les circonstances les plus minutieuses de la vie du Messie promis, le moment, le lieu de sa naissance, le genre de mort par lequel il expiera les péchés du monde ; la ruine de Jérusalem et de son temple qui ne doivent plus être le centre de la vraie religion, ni survivre à l'ancienne loi à laquelle Jésus-Christ a substitué l'Evangile, dont la consolante et lumineuse doctrine sera prêchée à toutes les nations ; la dispersion de ce peuple que Dieu s'était choisi et qui, devenu déicide, sera condamné comme Caïn a errer sur la terre et à porter sur son front la flétrissure de son crime ; vous multipliez les figures pour rendre plus palpables et plus frappants les événements que vous faites annoncer ; vous imprimez à l'univers entier le sentiment intime du besoin d'un Sauveur et d'un libérateur ; les païens eux-mêmes et leurs oracles le publient ; et malgré l'accomplissement ponctuel de tant de prophéties, malgré la réalisation de tant de figures, malgré cette voix solennelle de la conscience publique qui est l'organe infaillible de la vérité, malgré les aveux mêmes des ennemis jurés du Christ, les hommes s'obstinent dans leur aveuglement ! Ils refusent de voir et d'entendre ; et ne veulent pas reconnaître que c'est vous, Seigneur, qui, dans une pensée de miséricorde et d'amour, avez dirigé cette longue série d'événements divers destinés à préparer les esprits et les cœurs à la venue du Messie ! Pardonnez-leur, ô mon Dieu, car ils ne savent ce qu'ils font ; et après avoir prodigué en leur faveur les miracles et les prodiges de tout genre, opérez encore celui d'ouvrir leurs yeux à la vérité.

 

Je crois en Dieu...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !

 

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6 juin 2014

Le Mois de Saint Pierre

Le Mois de Saint Pierre

ou dévotion à l'Eglise et au Saint Siège

Santi Pietro e Paolo

Septième jour

L'histoire du Peuple Juif, considérée comme préparation, figure et ébauche de l'Eglise de Jésus-Christ

 

Notre Père... Je vous salue Marie...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !

 

I. Tout se tient dans le plan divin, comme nous l'avons déjà dit, et si les trois Eglises ont entre elles les rapports les plus étroits, comment l'ancien et le nouveau Testament, qui sont pour ainsi dire l'enfance et l'âge mûr de l'Eglise militante n'en auraient-ils pas ? A peine nos premiers parents eurent-ils été chassés du paradis de délices, que, pour les consoler dans leur infortune, Dieu leur promit un Sauveur. Dès lors, les regards et les cœurs de tous les hommes qui conservèrent quelques principes religieux, se tournèrent vers ce libérateur futur. Plusieurs fois Dieu renouvela cette promesse, et elle devint le dogme principal et fondamental de la foi, sous l'ancienne Loi ; de telle sorte qu'il n'y avait alors de salut possible qu'à la condition d'une confiance sans bornes à la venue du Messie. Aussi, le Seigneur suscita-t-il souvent des prophètes pour réveiller et affermir dans son peuple cette importante croyance : et il les multiplia surtout pendant les derniers siècles qui précédèrent la naissance du Sauveur. Plus on en approchait, plus les détails se multipliaient ; à ce sujet, et plus les prédictions prenaient un caractère de précision tel, qu'il a fait dire aux Pères de l'Eglise qu'elles étaient plutôt des narrations historiques que des prophéties.

II. Le divin modérateur des peuples et des événements humains devait donc coordonner avec ce but capital de l'avènement du Rédempteur, la direction qu'il leur imprimait ; il devait en préoccuper les esprits pour y entretenir le souvenir des promesses solennelles qu'il avait faites, et en soutenir la foi par des prodiges et des miracles, qui, dans l'ordre physique devaient être le symbole de ce qu'il se proposait d'opérer plus tard dans l'ordre moral et surnaturel. On devait croire facilement, en effet, que celui qui avait délivré le peuple juif de l'esclavage des Égyptiens par les plaies qu'il envoya à ses oppresseurs puissants, d'une manière si miraculeuse, si publique et si éclatante, devait pouvoir aussi délivrer le genre humain de l'esclavage de l'ignorance et des passions. On devait aisément être convaincu que celui qui avait nourri un peuple entier pendant quarante années dans le désert en faisant descendre tous les jours du ciel, le sabbat excepté, une nourriture merveilleuse, substantielle, qui convenait à tous les goûts et à tous les besoins, la manne; et qui avait fait jaillir une source abondante des flancs d'un rocher aride, saurait trouver un jour une nourriture céleste propre à nourrir les âmes et à les soutenir dans toutes leurs faiblesses et leurs misères. Enfin il était facile de persuader les esprits les plus sceptiques que le même Dieu qui avait fait apparaître une colonne de fumée pendant le jour, et une colonne de feu pendant la nuit pour diriger les pas des Israélites dans les solitudes du désert, avait entre ses mains une puissance suffisante pour établir une Église, c'est-a-dire pour susciter des hommes dont les lumières et la sainteté pussent conduire sûrement la société humaine dans les voies du salut éternel, Après avoir donné à son peuple Abraham, Moïse, David, Salomon et les prophètes, il pouvait bien donner à son Eglise saint Pierre et ses successeurs. Et après avoir fait de Jérusalem la ville sainte et y avoir fait bâtir son temple, il lui était facile de disposer de Rome pour en faire la ville éternelle, et pour y placer le trône impérissable de la catholicité.

III. Au reste, les rapports qui existent entre l'ancien et le nouveau Testament nous montrent à l'évidence que le premier, comme le dit saint Paul (1 Corinthien 10, 11), n'était que la figure du second ; et que l'histoire de l'ancien n'a été écrite que pour nous instruire et nous préparer aux événements du nouveau. C'est ainsi que l'arche de Noë devait être pour nous la figure de l'Église : il n'y a que ceux qui y entrent qui peuvent espérer d'être sauvés. Le sacrifice d'Abraham, et Isaac portant sur la montagne le bois sur lequel il devait être immolé, ne sont-ils pas une vive image de Dieu le Père sacrifiant son Fils unique, et de Jésus-Christ portant sa croix sur le Calvaire, où il devait donner sa vie pour nous ? Plus tard, c'est Joseph vendu par ses frères, qui devient ensuite la source de leur salut et de la protection spéciale que Pharaon leur accorde. Puis, c'est l'agneau immolé, dont le sang a marqué toutes les maisons des Juifs, pour les soustraire aux coups de l'ange exterminateur, et les délivrer de la captivité d'Egypte. N'est-ce pas encore là, trait pour trait, l'histoire même du Sauveur vendu par l'un de ses apôtres, et qui, après avoir versé son sang jusqu'à la dernière goutte pour le salut des hommes, les marque tous de ce sceau précieux au saint baptême pour les délivrer de l'esclavage du péché ! Le peuple de Dieu au milieu, du désert, exposé aux fatigues et aux dangers d'un long voyage, et ayant sans cesse à combattre de redoutables ennemis pour parvenir à la terre promise ; l'arche d'alliance, le tabernacle et son sanctuaire ; enfin le temple de Jérusalem où était l'unique autel sur lequel il fût permis aux Juifs d'offrir des sacrifices : toutes ces choses et tous ces événements nous révèlent clairement l'Église de Dieu traversant les épreuves du désert de cette vie où elle est voyageuse ; les combats nombreux qu'elle a à livrer contre les ennemis du salut avant d'arriver à la félicité éternelle qui lui est promise ; puis, ses temples, ses sanctuaires ; et enfin cette Eglise hors de laquelle on ne saurait offrir à Dieu un sacrifice d'agréable odeur. Dieu pouvait-il mieux disposer l'esprit humain au nouvel ordre de choses qu'il voulait créer par l'établissement de l'Église chrétienne ?

 

Élévation sur l'histoire des Juifs, considérée comme préparation, figure et ébauche de l'Eglise de Jésus-Christ

 

I. Pourquoi, ô mon Dieu, les hommes sont-ils assez aveugles ou assez ingrats pour ne vouloir jamais tenir aucun compte de votre intervention dans les événements humains ? Pourquoi exclure ainsi la puissante influence de celui qui a créé l'univers entier, qui le tient entre ses mains, qui dispose de la vie et de la mort des nations et des peuples comme de celle des hommes et des plus petits insectes ? Tout me révèle ici-bas votre existence, votre grandeur, votre puissance, votre sagesse, votre providence ; d'où viendrait donc que vous qui veillez encore chaque jour à la création de ces milliers d'êtres qui se succèdent ; que vous qui présidez sans cesse à la conservation de l'ordre dans ce vaste univers, vous dédaignassiez pourtant de vous occuper du chef-d'œuvre de vos mains, de celui que vous avez assez honoré pour le créer à votre image et ressemblance et pour le racheter au prix du sang de votre divin fils ? Quoi ! Vous seriez tellement étranger à cette créature privilégiée, tellement indifférent à sa conduite, que vous ne vous préoccuperiez en rien de ses œuvres ? Toutes vos créatures ont ici bas une mission à remplir, et vous les forcez à se plier à vos volontés ; et parce que vous avez fait aux hommes l'honneur de leur donner une intelligence et une volonté libre, eux seuls les plus parfaits et les plus éclairés des êtres créés, n'auraient aucune raison d'existence, aucun but, n'occuperaient aucune place dans vos desseins, si ce n'est de pourvoir à leurs intérêts matériels et à leur bien-être personnel ici-bas ? Seuls ils seraient indépendants de vous et en dehors des plans mystérieux et profonds que votre sagesse infinie a médités de toute éternité ?

II. Oh ! Si nous étions assez malheureux pour partager ces déplorables principes, aussi faux qu'ils sont dangereux, et qui pourtant servent aujourd'hui de règle et de point de départ à tout ce qui se dit, ce qui s'écrit, ce qui se fait dans notre société moderne, au nom des libertés soi-disant conquises par la révolution ; nous n'avons qu'à jeter un coup d'œil rapide sur l'histoire de ce peuple primitif où la foi s'est conservée jusqu'à l'avènement du Messie promis, et nous y verrons l'action continuelle de Dieu sur les hommes ; les lois et le gouvernement qu'il leur donne lui-même. Tantôt ce sont des personnages éminents qu'il suscite pour accomplir une importante mission, comme Noé, Abraham, Joseph, Moïse, David, Salomon, les Macchabées, les Prophètes, etc ; tantôt ce sont des nations ou des rois qui lui servent d'instrument pour châtier son peuple infidèle ; mais, c'est toujours Dieu qui tient la chaîne des événements et qui la déroule selon les vues de sa providence, et c'est toujours l'homme qu'il emploie pour accomplir ses desseins. Sans doute le Tout-Puissant pourrait tout opérer par lui-même,et n'aurait pas besoin de l'homme comme auxiliaire ; s'il lui accorde cet honneur, c'est qu'il veut lui montrer l'estime qu'il fait de lui et lui rappeler sa céleste origine, et que, d'ailleurs, telle est sa volonté, dont il n'a aucun compte à nous rendre.

III. En élevant ainsi mes pensées, Seigneur, les rapports étroits que je remarque entre la destinée du peuple que vous vous étiez choisi, et celle que vous avez faite à votre Église, n'ont plus rien qui m'étonnent. J'y vois au contraire une preuve de plus de votre tendre sollicitude et de votre amour infini pour les hommes. Il s'agissait de faire comprendre à des intelligences devenues charnelles et matérielles par le domaine malheureux que le corps avait conquis sur l'esprit, une institution où tout est spirituel et surnaturel, quoique très positif et très réel. Vous vous servez donc alors de faits qui sont visibles et palpables, de signes et de figures qui frappent les sens, pour faire entendre des choses spirituelles, invisibles, et l'action qu'elles doivent exercer sur l'âme, afin de lui rendre sa dignité et son autorité premières. Pour nous aider dans ces rapprochements lumineux, et pour nous montrer qu'ils ne sont pas le fruit d'un jeu d'esprit plus ou moins ingénieux, vous daignez, ô divin Sauveur, nous en donner pour ainsi dire la clef, en multipliant vous-mêmes dans vos célestes leçons les allusions à l'ancienne loi et les applications que nous devons en faire à la loi évangélique ; à chaque instant, vous nous citez à l'appui de la doctrine nouvelle et sublime que vous nous apportez, les textes des livres sacrés du vieux testament, pour mieux nous faire entendre comment les faits qu'ils racontent, et les principes qu'ils établissent ont une admirable analogie, une connexion intime avec les vérités que vous proclamez, et comment ce gouvernement ébauché et imparfait, suffisant pour un peuple grossier et charnel se perfectionne enfin entre vos mains et devient la loi chrétienne et l'Église de Jésus-Christ, destinées à créer et à régir un peuple nouveau dont l'esprit dominera la chair et dont les vues élevées, surnaturelles et éternelles triompheront des intérêts abjects de la matière et du temps.

 

Je crois en Dieu...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !

 

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5 juin 2014

Le Mois de Saint Pierre

Le Mois de Saint Pierre

ou dévotion à l'Eglise et au Saint Siège

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Sixième jour

L'histoire des faits confirme les indications de la raison

 

Notre Père... Je vous salue Marie...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous!

 

I. Dieu n'a jamais laissé l'homme libre d'agir selon ses caprices : il a toujours exigé qu'il reconnût le souverain domaine qu'il avait et qu'il voulait conserver sur lui ; aussi lui a-t-il toujours fourni les moyens de connaître la vérité, d'être instruit de sa volonté et de l'accomplir. D'abord, dès qu'il l'eut créé, il lui révéla les choses surnaturelles, et il mit son obéissance à l'épreuve en lui défendant de toucher à l'arbre de la science du bien et du mal ; ensuite il lui donna la tradition, sous la garde des patriarches qui conservèrent ainsi fidèlement certaines vérités qui avaient survécu à l'ignorance à laquelle fut condamné notre premier père. Le petit nombre des hommes répandus sur la terre, et le respect qui régnait alors pour les chefs de famille, rendirent ce moyen suffisant pour cette époque ; d'autant plus qu'alors Dieu s'adressait souvent aux hommes, ou directement, ou par le ministère des anges, lorsqu'il avait à leur faire connaître ses volontés. Adam, Abel, Seth, Enos, Hénoch, Mathusalem, Noé, Héber, furent jusqu'à Abraham les représentants principaux du gouvernement spirituel primitif. Ce n'est pas qu'il n'y eût dès lors,comme toujours, des hommes rebelles à la volonté divine, et que les passions égaraient : témoins Caïn, ses descendants et ceux qui furent exterminés par le déluge. Mais le sanctuaire de la vérité et de la vertu n'en resta pas moins inviolable et intact.

II. A mesure que les traditions religieuses étaient plus exposées à l'altération, et que les pratiques fondées sur la Foi pouvaient plus facilement s'effacer des mœurs, soit par la multiplication des Juifs, soit par leurs rapports avec les peuples qui leur étaient étrangers, on remarque le soin tout particulier qu'apporte le Seigneur pour conserver toujours dans leur pureté primitive les croyances et le culte divin. Bientôt après la dispersion des enfants de Noé, l'idolâtrie s'était répandue sur la terre. Ce fut alors que Dieu choisit, parmi les descendants de Sem, un homme destiné à être le chef de tous les croyants, afin de conserver parmi eux la vraie religion. Cet homme fut Abraham, et dès ce moment les Juifs qui furent ses descendants formèrent un peuple à part. Ce peuple merveilleux reçut le nom auguste de peuple de Dieu, et fut chargé d'entretenir le feu sacré des lumières divines, d'en répandre l'éclat autour de lui et de perpétuer le culte du vrai Dieu ainsi que la confiance en la venue du Messie promis à nos premiers parents aussitôt après leur déplorable chute. L'importance de la mission confiée à cet illustre patriarche nous explique la solennité des promesses que lui fit le Seigneur dans cette grave circonstance. Plus tard, le peuple juif est entouré d'idolâtres et dominé par eux dans la captivité d'Egypte, et Dieu lui envoie Moïse qui devient tout à la fois son libérateur et son législateur. Il le délivre de la tyrannie égyptienne, fait en sa faveur plusieurs signalés prodiges, le retient pendant quarante ans dans le désert, loin de toutes les autres nations, pour qu'il ait le temps de se retremper dans ses anciennes traditions, et enfin il lui donne du haut du mont Sinaï, avec un appareil majestueux et terrible, une loi courte et substantielle, qui résume tout ce que la loi naturelle, la tradition et l'autorité des patriarches avaient enseigné jusqu'alors, et où se trouvent en germe tous les préceptes de la loi nouvelle. Gravé sur des tables de pierre, le Décalogue n'était plus exposé à périr au milieu de l'oubli, de l'erreur et des égarements des passions humaines.

III. A dater de ce moment, le culte extérieur qui n'avait encore rien eu de régulier, et qui s'était borné à quelques sacrifices offerts au milieu des campagnes, comme ceux d'Abel, d'Abraham et de Noé, reçut de Moïse des formes précises et liturgiques. Celui-ci, en effet, fit fabriquer une tente ou tabernacle d'après l'ordre qu'il en reçut de Dieu ; c'était un temple portatif, en rapport avec la situation du peuple hébreu qui devait être voyageur jusqu'à son entrée dans la terre promise. Le tabernacle était divisé en deux parties : la première, par laquelle on entrait, renfermait le chandelier d'or à sept branches, la table avec les pains de proposition ou d'offrande, et l'autel par lequel on brûlait les parfums ; la seconde partie, séparée de la première par un voile mystérieux, était le sanctuaire : on y avait placé l'Arche d'Alliance dans laquelle on conservait précieusement les tables de la loi ; et où l'on mit également plus tard la manne du désert et la verge fleurie d'Aaron. La tribu de Lévi fut choisie pour être consacrée au service des autels. Moïse développa dans le Pentateuque, sur l'ordre que Dieu lui en avait donné, les lois morales prescrites par le Décalogue, et il y ajouta les lois cérémonielles et judiciaires spéciales à la nation juive. Enfin, depuis l'entrée des Hébreux dans la terre promise jusqu'à l'arrivée du Messie attendu, sous les Juges comme sous les Rois, dans leurs épreuves comme dans leur prospérité, l'action du gouvernement divin se montra toujours d'une manière évidente sur le peuple qu'il s'était choisi : tantôt par la lecture des livres saints et par leur explication qui avait lieu dans les synagogues ; tantôt par les cérémonies qui se pratiquaient à Jérusalem dans le temple ; tantôt encore par les prophètes que Dieu suscita, surtout vers les derniers siècles. Avant la naissance du Sauveur, et jusqu'à  la descente du Saint-Esprit, sur les apôtres, la loi de Moïse et la synagogue conservèrent toute leur autorité divine, au point que Jésus-Christ Lui-même s'y soumit pendant toute sa vie et qu'il y renvoyait ses propres disciples en leur disant : « Faites tout ce que vous diront ceux qui occupent la place de Moïse ; mais n'imitez pas leurs œuvres ». (Matthieu 23, 3). C'est ainsi que, même avant la prédication de l'Evangile, il y a toujours eu une autorité religieuse chargée par Dieu même de conserver les vérités révélées et d'exercer son influence pour faire accomplir les lois qui en étaient la conséquence.

 

Élévation sur le même sujet

 

I. Que vos Miséricordes sont grandes, Seigneur ! L'homme après avoir été comblé de vos bienfaits, après avoir été éclairé de vos divines lumières, après avoir reçu de vos mains une compagne digne de lui, est encore placé par vous dans un lieu de délices ; et malgré tant de faveurs, l'orgueil et la sensualité l'ont emporté sur la reconnaissance ! L'homme a bravé votre volonté, il a voulu être indépendant, il vous a désobéi ! Que n'avait-il pas alors à attendre de votre indignation, de votre justice et de votre toute-puissance ? Vous pouviez le réduire en poussière et l'anéantir. Mais non, votre infinie bonté s'est contentée d'un châtiment temporaire, elle lui a laissé la vie pour éprouver de nouveau sa fidélité et lui rendre l'espérance. Elle a fait plus encore, elle lui a accordé des lumières et des secours surnaturels pour l'aider à triompher dans cette épreuve décisive. Vous avez daigné veiller sur ses destinées futures avec une tendresse paternelle et l'entourer de toute la sollicitude de votre bienveillante providence.

II. Aussi, malgré ses ingratitudes et ses infidélités continuelles, vous n'avez jamais cessé de l'assister. Les patriarches ont d'abord été vos interprètes et l'ont éclairé sur le sens de cette Loi intérieure que vous aviez gravée dans son âme ; puis, vous-même avez écrit votre Loi sainte sur des tables de pierre pour la rendre plus claire et ineffaçable ; vous avez suscité Moïse pour la développer et pour prescrire aux Juifs les moyens les plus propres à ne l'oublier jamais. Vous avez choisi un peuple destiné à en conserver le précieux dépôt, et vous avez permis qu'il subît de longues captivités chez des nations étrangères, afin de répandre dans leur sein les lumières de la Vérité. Enfin, vous avez nettement fixé le culte qui vous est dû, et le respect que l'on devait aux décisions dogmatiques de la synagogue, pour que l'erreur ne pût jamais triompher de la vérité, et pour que celle-ci éclairât sans cesse les peuples de ses divins rayons. Aussi trouvons-nous dans les pays les plus lointains, dans les philosophes les plus célèbres, et même dans l'Islamisme, des débris défigurés de ces principes si sages que Vous aviez révélés à votre peuple, et dont la connaissance confuse s'était répandue par les rapports que les Juifs esclaves ou voyageurs avaient eus avec les hommes qui habitaient sous d'autres climats.

III. C'est ainsi, Seigneur, que vous vous vengez des outrages dont les hommes ne cessent de vous abreuver. Et qui le croirait pourtant, si ce n'était un fait malheureusement trop public, et qui se perpétue tous les jours à la face du soleil ? Les hommes, au lieu de reconnaître et d'adorer cette bonté infinie, qui daigne du haut du trône de sa suprême majesté entourer leurs intérêts éternels de ses soins les plus assidus, refusent d'ouvrir les yeux à la lumière ; ils blasphèment les vérités qui ne leur sont révélées que pour devenir la source de leur salut, ils les méprisent, et proclament hautement, comme un triomphe remporté sur la divinité, leur indépendance et leur liberté ; ils vont même jusqu'à  prendre en pitié ceux qui, disent-ils, sont assez simples pour croire les oracles divins, et le sacerdoce chargé de les publier. Hélas ! Si quelqu'un méritait ici quelque pitié, ne serait-ce pas plutôt ces pauvres malheureux qui ont des yeux et ne voient pas, des oreilles et n'entendent pas ; qui ont une langue qui ne se délie jamais pour la prière, ni pour chanter les louanges de leur Créateur ? Cependant, le temps marche, marche toujours impitoyablement, l'heure dernière approche, et après le jugement ! Quel réveil ! Et que deviendra leur indépendance et leur liberté lorsqu'ils tomberont entre les mains du Dieu vivant ?

 

Je crois en Dieu...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !

 

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4 juin 2014

Le Mois de Saint Pierre

Le Mois de Saint Pierre

ou dévotion à l'Eglise et au Saint Siège

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 Cinquième jour

Nécessité de l'influence de l'Eglise sur tous les actes de l'homme et de la Société

 

Notre Père... Je vous salue Marie...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous!

 

I. L'Eglise est l'intermédiaire par lequel Dieu, le soleil de justice, veut diriger tout homme qui apparaît dans ce monde. Elle n'a été instituée par son divin auteur que dans le but unique de guider et de soutenir l'homme et la société dans le voyage de la vie et de les conduire, par la réhabilitation du domaine de l'esprit sur la matière, à la félicité spirituelle et suprême du ciel. C'est l'Eglise qui, saisissant les âmes à leur entrée dans ce monde par le saint baptême, fait ensuite leur éducation spirituelle en leur apprenant à dompter la chair et à faire plier les choses temporelles sous le joug des espérances et des promesses éternelles. C'est là  la seule raison d'être de son établissement ; or, quel est l'homme, quelle est la société qui, soucieux de parvenir à la fin pour laquelle ils ont été créés, c'est-à-dire, d'arriver au souverain bonheur après le pèlerinage de cette vie, pourraient raisonnablement se soustraire à l'action de l'Eglise sur eux, pour suivre leurs propres lumières, ou celles que réprouvent la loi et le gouvernement donnés par Dieu lui-même ?

II. Mais, comme tous les actes privés de l'homme, et à plus forte raison les actes collectifs de la société, ont une portée positive, faible ou puissante, peu importe, sur le développement ou l'atrophie de l'esprit relativement au domaine qu'il doit avoir sur la matière, et qu'aucun de ces actes ne peut rester indifférent, puisque ne pas gagner de terrain dans une pareille situation, c'est en perdre ; il faut nécessairement en conclure que tous les actes humains, quelle que soit d'ailleurs leur importance, doivent subir l'influence salutaire de l'Eglise établie de Dieu, précisément pour les diriger vers le but qu'il s'est proposé, et pour soutenir la faiblesse humaine, jusqu'à ce qu'ils l'aient atteint.

III. De là, l'obligation rigoureuse où sont tous les hommes et la société tout entière de se conformer à  la volonté divine, en se soumettant à ses lois et au gouvernement de l'Eglise qu'il a fondée, sous peine de vivre ici-bas sous le joug tyrannique de la force brutale, et sous l'esclavage humiliant de la matière et des passions, sans autre perspective pour l'avenir que les redoutables châtiments que Dieu réserve, comme sanction de ses lois et de ses institutions, à ceux qui les auront méprisées, ou qui du moins auront agi selon leurs caprices et leur commodité, sans tenir le moindre compte de ses volontés. Hélas ! Le nombre de ces aveugles est grand ; car l'élément matériel de notre être est frappé plus vivement par les jouissances temporelles et présentes, que notre âme ne l'est par les promesses du souverain bonheur futur et éternel. Prions Dieu de ne pas partager cette folie et ce malheur.

 

Élévation touchant la nécessité de l'influence de l'Eglise sur tous les actes de l'homme et de la société

 

I. Que vous êtes bon, Seigneur, d'avoir jeté un regard plein de Miséricorde sur l'homme, qui, en vous désobéissant, avait perdu toutes les prérogatives de sa dignité originelle, et de lui avoir fourni les moyens nécessaires pour reconquérir ses titres de noblesse et de gloire. Comment pourrions-nous regarder comme une servitude la soumission aux lois et au gouvernement établis précisément pour nous arracher à l'esclavage de la chair, des sens et de la matière ? Comment, au contraire, tous les hommes ne conforment-ils pas leurs pensées, leurs projets, leurs actions, leur conduite et leur vie tout entière, aux règles si sages que vous leur avez tracées de votre propre main ? comment ne se laissent-ils pas diriger par cette autorité paternelle et salutaire que vous leur avez donnée pour les guider et les soutenir dans les voies de la vérité et de la félicité éternelles ?

II. Quels pourraient donc être les motifs qui sembleraient autoriser l'homme à se soustraire à l'influence de l'Eglise ! Serait-ce que l'humanité dont les vues sont si courtes, la science si bornée, le jugement si exposé aux illusions, remporterait en capacité sur Dieu et sur le gouvernement qu'il a établi pour diriger lui-même ses créatures vers le bien à travers le labyrinthe d'erreurs et l'aveuglement des passions qui inondent le monde ? Mais une semblable présomption serait le comble de l'absurdité et de la folie. L'homme réclamerait-il au nom de sa liberté ? Voudrait-il soutenir qu'il ne relève que de ses convictions et de sa volonté personnelle ? D'abord, qu'est-ce qu'une conviction qui peut produire et abriter la bonne foi ? C'est la conséquence d'une étude approfondie et sérieuse, et ceux qui se permettent de semblables allégations n'ont le plus souvent envisagé la question religieuse que d'une manière fort superficielle, si toutefois ils s'en sont jamais occupés. Dieu, d'ailleurs serait-il juste s'il n'avait promis et assuré à chacun de nous les grâces et les lumières suffisantes pour discerner la vérité et la faire luire dans notre cœur ? Ensuite ne relever que de sa volonté serait ne pas reconnaître le souverain domaine de celui qui est l'arbitre de nos destinées et qui tient notre vie et notre mort entre ses mains. Dieu, ne permettez pas que de semblables inepties abusent la faiblesse de ma raison ! Non, je le reconnais, vous ne portez aucune atteinte à ma liberté en daignant m'indiquer la route que je dois prendre pour arriver au bonheur suprême, ni en me donnant un guide charitable pour m'y conduire.

III. Oh ! Seigneur, vous êtes mon Créateur, mon Maître et mon Père, je vous appartiens donc comme l'ouvrage de vos mains, je suis votre serviteur et votre enfant ; quoi donc de plus raisonnable que de subir votre influence ou celle de votre gouvernement, c'est-à-dire de votre Eglise, dans mes pensées, mes projets, mes actes importants ou non ? Vous êtes mon Maître, donc rien ne m'appartient ; vous êtes mon Père, vous avez donc droit à tout mon amour ; et c'est parce que je vous aime que je vous soumettrai librement tout mon être, mon intelligence, ma volonté, mon cœur tout entier, ma conduite et ma vie. Qu'il s'agisse de mes intérêts matériels ou de ceux qui regardent mon âme ; de mes devoirs envers moi-même, ou de ceux qui lient les hommes entre eux au sein de la société ; que les questions les plus graves que puissent agiter les peuples et les empires soient en jeu, ou qu'on ne traite que d'une simple pratique de piété, tout relève de vous seul, ô mon Dieu, et par conséquent de l'autorité de vos lois et de votre Eglise, et je m'y soumets avec amour et respect.

 

Je crois en Dieu...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !

 

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