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29 avril 2017

Le Mois de Marie des Madones Nantaises

Le Mois de Marie des Madones Nantaises

Abbé Ricordel

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Ouverture du Mois de Marie

Le culte de la Très Sainte Vierge

« Toutes les générations me proclameront Bienheureuse ». (St Luc,1, 48).

 

J’imagine que si l’un de ces docteurs orgueilleux et suffisants, qui devaient plus tard traîner Jésus Christ au Calvaire, avait entendu ce cri, poussé par une jeune fille de quinze ans, fiancée d’un pauvre charpentier de village, il eut haussé dédaigneusement les épaules et se fut éloigné en esquisse… un sourire de pitié. Pourtant c’était une prophétie, et, pour prouver son accomplissement, il suffit de montrer l’univers catholique pressé au pied des autels dédiés il cette humble femme ; il suffit de prêter l’oreille aux discours et aux chants qui vont, durant ces quatre semaines, redire il tous les échos de la chrétienté ses incomparables grandeurs.

Ce verset du Magnificat appellerait un commentaire, le seul qui lui convienne, l’histoire du culte de la Très Sainte Vierge. Vous m’excuserez de ne point l’entreprendre ; ni le temps dont je dispose ici, ni mes forces ne me le permettent ; il y faudrait plus que la vie d’un homme. Je voudrais cependant apporter une pierre - fut-elle des plus modestes - à ce splendide monument, en étudiant avec vous le culte de Marie dans le diocèse de Nantes. Ce sera le sujet de nos entretiens durant ce mois. En guise d’introduction, disons deux. mots ce soir sur la légitimité du culte de Marie, et sur les avantages de ce que j’appellerai le culte local de Très Sainte Vierge.

Les théologiens, après avoir étudié il fond le mystère de l'Incarnation, et avoir exposé la vie de l’Homme Dieu, ne manquent pas d‘ajouter que la connaissance du Fils sans celle de la Mère serait imparfaite, et que le traité du Verbe incarné doit être suivi de celui de la Trés Sainte-Vierge. D’ailleurs, disent-ils encore, il n'est pas possible de séparer deux êtres si étroitement unis ; il n’est pas possible, quand on parle si longuement du Christ, de garder le silence sur sa divine Mère. C’est ce que le cardinal Mermillod exprimait ainsi familièrement : « La Sainte-Vierge est-elle donc de trop quand on parle de Jésus ? »

Ce que les théologiens disent de l’étude nécessairement simultanée de Jésus et de Marie, il me semble que je puis bien le dire de leur culte. Le culte du Fils, sans le culte de la Mère, serait incomplet; pour honorer pleinement Jésus, il faut honorer Marie. Le culte de la Très Sainte Vierge est, en effet, une conséquence nécessaire et comme le prolongement du culte de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Pourquoi honorons-nous Notre Seigneur Jésus Christ ? Parce qu’il est Dieu. Au commencement était le Verbe et le Verbe était Dieu, dit Saint Jean, et le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous. Avec les apôtres, dont l’antique symbole résume notre foi Catholique ; avec tous les siècles chrétiens, héritiers et gardiens de leur doctrine, nous croyons que Jésus-Christ est Dieu, et nous tombons a genoux devant lui, disant comme Saint Thomas : « Mon Seigneur et mon Dieu ! ».

Eh bien ! Marie est la mère de Jésus, Marie est la mère de Dieu. Marie est mère de Dieu ! Ce sont encore tous les siècles chrétiens qui le proclament; c’est l’Eglise qui le définit aux applaudissements des peuples ; que dis-je ? C’est le ciel qui l’annonce il la terre. C’est sainte Elisabeth qui s’écrie, dans un élan inspiré : « D’où me vient cet honneur que la mère de mon Dieu daigne me visiter ? » C’est l’Archange Gabriel qui dit a la Vierge de la part de Dieu : « Celui qui naîtra de vous sera saint et on l’appellera le Fils du Très Haut : il régnera éternellement sur la maison de Jacob ».

Marie est mère de Dieu ! Savez-vous la conséquence ? La Vierge elle-même va vous la dire. Au seuil de la maison d’Elisabeth, elle entend le cri inspiré de sa cousine : « D’où me vient cet honneur que la mère de mon Dieu daigne me visiter ? ». Alors, dans une sublime extase, elle-même entrevoit l’avenir et à son tour elle s’écrie : « Voici que toutes les générations une proclameront bienheureuse, parce que le Tout-Puissant a fait en moi de grandes choses ». Ces grandes choses accomplies en Marie par la toute puissance de Dieu, c’est la maternité divine, et, a cause de cela en effet, toutes les générations ont proclamé la Vierge bienheureuse ; et à cause de cela toutes les générations se sont prosternées respectueusement devant elle.

N’est-ce pas légitime ? N’est-ce pas nécessaire ? Eh quoi ! La mère d’un prince est exaltée au-dessus de toutes les autres femmes, et la mère de Dieu n’aurait pas droit a plus de respect et d’amour ? Non, non, cela n’est pas possible ; c’est le contraire qui doit être, c’est le contraire qui est. « Je vous salue, disaient Elisabeth et Gabriel, parce que vous êtes bénie au-dessus de toutes les femmes ». Et nous répétons après eux : « Je vous salue, Marie, je vous honore au-dessus de toutes les femmes, au-dessus de tous les saints, au-dessus de tous les anges, parce que vous êtes plus grande qu’eux tous ; parce que vous approchez de plus près le Maître du ciel et de la terre ; parce que vous êtes l’alliée, l’associée, que dis-je ? la mère de Dieu !

Pourquoi honorons-nous Notre Seigneur Jésus-Christ ? Nous l’honorons, non pas seulement parce qu’il est Dieu, mais aussi parce qu’il est homme. Vous connaissez la belle et profonde doctrine de l’lncarnation. Le péché, qui s’attaquait à Dieu, était, d’une certaine manière, infini. Donc, pour apaiser Dieu, pour expierle péché, il fallait une satisfaction infinie. Dieu seul est infini, Dieu seul est capable d’accomplir des actions infinies ; d’un autre côté, l’homme seul est capable de satisfaire et d’expier, parce que seul il est capable de souffrir. La conséquence, c’est que, pour offrir la satisfaction convenable, il fallait un Homme-Dieu. Saint Jean nous donne la solution du problème : « Et le Verbe s’est fait chair ». Le Fils de Dieu a pris notre nature humaine, a revêtu notre chair mortelle, et il a pu souffrir, mourir, apaiser Dieu, expier le péché, racheter le monde, rouvrir a l’homme coupable les portes éternelles. Vous savez ces choses, mes Frères, et tant d’amour vous confond et vous tombez aux genoux de l’Homme Dieu pour le bénir et pour l’adorer.

Mais comment le Verbe de Dieu s’est-il fait Homme ? N’est-ce pas en s’incarnant dans le sein de Marie ? Mais de qui le Verbe de Dieu tient-il cette chair, grâce a laquelle il a pu souffrir et mourir ? N’est-ce pas de sa Mère ? Écoutez, c’est Saint Augustin qui parle : « La chair du Christ est la chair de Marie, et bien qu’elle soit actuellement transfigurée par la gloire de la résurrection, elle reste la même, c’est toujours la chair qu’il a reçue de Marie ». C’est donc à Marie que nous devons ce petit enfant qui vagit à Bethléem, sur la paille d’une crèche ; c’est à Marie que nous devons ce divin ouvrier qui nous donne, il Nazareth, le fécond exemple du labeur humble et méritoire ; c’est à Marie que nous devons cet infatigable prêcheur qui, pendant trois années, parcourt la Palestine, en semant sa parole et ses miracles ; c’est à Marie que nous devons cette sainte et innocente victime qui gravit péniblement le Calvaire, et, pour nos péchés, expire sur la croix ; c’est à Marie que nous devons cette même victime perpétuellement immolée sur l’autel, perpétuellement donnée en nourriture à nos âmes, perpétuellement présente dans nos tabernacles ; c’est à Marie, en un mot, que nous devons, après Dieu, la rédemption du monde. N’est-ce pas ce qui justifie le beau titre de corédemptrice, qui lui a été décerné par les Pères ? N’est-ce pas ce qui justifie en même temps le culte que nous lui rendons ?

C’est pour cela que l’Eglise, appuyée sur l’exemple de l’archange Gabriel et de sainte Elisabeth, a, depuis dix-neuf siècles, prosterné ses fidèles au pied des autels de la Vierge et multiplié les fêtes en son honneur. C’est pour cela que toutes les générations chrétiennes, fières de pouvoir se dire les enfants de Marie, se sont ingéniées en mille façons à lui manifester leur amour. Je le répète, il nous serait impossible de passer en revue devant vous tous les pays et tous les siècles chrétiens, et de vous montrer, même en raccourci, ce qu’ils ont fait pour célébrer leur Mère; nous allons nous borner au culte local, c’est-à-dire, rechercher les honneurs rendus à Marie dans ce coin de terre catholique qui s’appelle le Diocèse de Nantes.

Je ne sais si je me trompe, séduit par mon amour passionné des vieilles choses et des vieux souvenirs de mon pays : il me semble que cette étude historique et religieuse n’est pas seulement curieuse, et qu’elle peut nous être également utile. C’est un moyen, et le meilleur peut-être, de dire la gloire de Marie sur la terre. En voyant comment elle a été honorée et aimée sur un point quelconque de la catholicité, en étudiant les détails de son culte dans un territoire restreint, ce qu’il serait impossible de faire pour des contrées plus vastes, on devine aisément quels honneurs elle a reçus dans l’univers Catholique, car ce qui s‘est fait chez nous s’est aussi fait ailleurs.

C’est un moyen, et l’un des plus doux à notre piété, de dire la gloire de notre petite patrie. Nous sommes fiers de notre foi bretonne, nous exaltons, quelquefois plus que de raison, ce vaste et beau diocèse de Nantes : son amour pour Marie, le soin qu’il a pris de l’honorer, les termes spéciales et multiples dont il s’est servi pour lui témoigner son filial attachement, tout cela est une preuve de notre foi, tout cela nous met en beau rang parmi les Eglises de France et du monde.

Mais ce qui importe davantage, c’est qu’une telle étude est de nature à fortifier notre foi et notre piété. Rien, pour obtenir ce résultat, comme la fidélité aux traditions religieuses d’un pays, la persévérance dans les pratiques pieuses des ancêtres. Les dévotions nouvelles sont bonnes assurément et nous pouvons les adopter quand elles ont été approuvées par l’Eglise. C’est dans l’ordre. Le progrès existe dans la piété comme en toutes choses. Je l’ai dit, les fêtes instituées dans la suite des âges, les pratiques diverses par lesquelles la piété des peuples a voulu honorer Marie sont une de ses gloires. Si l’on a pu les multiplier dans le passé, il est évident qu’on peut les multiplier dans le présent. Mais il y a un écueil : la tendance à embrasser toutes les nouveautés, d’où qu’elles viennent. C’est un signe d’inconstance et qui indique souvent plus de curiosité, d’humeur fantasque, de passion pour le changement et la mode que de fermeté dans la foi, de vivacité dans l’amour, de sérieux dans la piété. Peut être la piété contemporaine n’a-t-elle pas su se prémunir assez contre ce péril, et, en passant ainsi d’une dévotion à une autre, en accueillant, avec transport toute pratique nouvelle et surtout étrangère, a-t-elle montré qu’elle était plus superficielle que profonde. La fidélité aux dévotions anciennes, aux pratiques chères à nos pères, aux sanctuaires qu’ils ont aimés, est un indice de foi plus profonde et de piété plus sûre. Ces dévotions ont leurs racines dans le passé et nous rattachent à lui: la_ fidélité aux pratiques de nos pères entretient et fortifie la fidélité à leur foi.

N’ai-je pas le droit d’ajouter que ces dévotions locales, manifestations le plus souvent spontanées d’amour à Marie, convenaient au tempérament, aux habitudes, aux sentiments, aux mœurs de nos ancêtres ; que toutes ces choses qui constituent le caractère particulier d’une population, d’une province, ne se sont pas tellement modifiées qu’on ne puisse les retrouver chez nous, et que, par conséquent, ce qui plaisait à leur piété doit aussi plaire à la nôtre ? N’ai-je pas enfin le devoir de remarquer qu’un très grand nombre de ces pratiques, de ces dévotions, de ces pèlerinages, nés d’un cri d’angoisse ou d’un hommage de la reconnaissance, inspirés miraculeusement par Marie ou du moins approuvés par elle, sont une dette que nous n’avons pas le droit de protester, en même temps qu’un glorieux héritage dont nous avons le devoir d’être fiers ?

Venez donc, mes Frères, durant tout ce mois, étudier avec nous le culte de Marie au diocèse de Nantes. Sans doute nous ne dirons pas tout, nous ne citerons pas les quatre-vingt dix vocables sous lesquels on l’honorait dans notre pays ; nous n’énumérerons pas les quatre-vingt trois chapelles consacrées à son nom sur le territoire diocésain; nous ne calculerons pas le nombre des statues, ni même des autels qui lui furent dressés par la piété de nos pères ; nous ne cataloguerons pas toutes les congrégations et les confréries qui lui furent érigées ; nous ne signalerons pas toutes les processions qui se déroulaient en son honneur, chaque année, chaque mois, presque chaque semaine, dans les rues de nos villages et de nos villes ; nous ne mentionnerons pas tous ces curieux saluts de la Très Sainte-Vierge, dont le nom, sinon tout a fait la pratique, a disparu chez nous ; enfin nous ne dénombrerons pas les pèlerins qui ont tracé, à travers nos forêts et nos landes, les sentiers menant à nos sanctuaires locaux, pas plus d’ailleurs que ceux qui s’en vont aujourd’hui, emportés parla vapeur, à la Salette, à Pontmain et à Lourdes. J’espère toutefois que nous en dirons assez pour prouver que Nantes a toujours aimé Marie et que Marie le lui a bien rendu ; assez par conséquent pour vous déterminer à l’aimer toujours, et vous convaincre que toujours elle saura vous le rendre.

 

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28 avril 2017

Le Mois de Marie des Madones Nantaises

Le Mois de Marie des Madones Nantaises

Abbé Ricordel

 

Pour ce mois de Marie, je vous emmène en Bretagne, en Loire Atlantique, département duquel est orginaire ma famille, pour visiter et prier dans les nombreux petits sanctuaires, qui sont parfois très anciens qui se trouvent dans ce département. Les méditations de ce Mois de Marie, sont extraites du "Le Mois de Marie des Madones Nantes" ont été publié en 1904, par l'Abbé Ricordel, toutes ont étées prêchées en l'église Saint Nicolas, à Nantes, pendant le mois de mai de cette même année. (F.M.)

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Introduction

La Loire Atlantique, terre mariale

 

Lorsque je commençai d'étudier les madones nantaises, j’avais uniquement pour but d'exposer, devant un auditoire d‘élite, les forums variées qu'a revêtues, dans le diocèse de Nantes, le culte de la Très Sainte Vierge. La pensée ne m’était point venue de faire un livre. Invité cette année a donner les instructions du mois de Marie dans la basilique de Saint-Nicolas, j'entrepris de traiter ce même sujet. Des amis, trop bienveillants peut-être, ont été d’avis, les uns après les avoir entendu, les autres après avoir parcouru mes manuscrits, qu‘il fallait présenter ce travail à un public moins restreint. M. le Curé de Saint Nicolas lui-même a été assez aimable pour en faire l’éloge à la clôture des exercices et pour exprimer, du haut de la chaire, l’espoir qu‘il serait publié. Ces instances mirent fin a mes hésitations.

Toutefois, ce travail demandait a être complété si je voulais qu’il put servir aux lectures du mois de Marie. A Saint Nicolas, il n’y a pas de prédication le samedi et, par conséquent, je n’avais donné que vingt-sept instructions ; de plus, la première n‘était qu’une entrée en matière et, pour ainsi dire, une exposition du sujet ; enfin, le triduum en l'honneur de N.-D. de Bon-Conseil m’avait obligé à résumer l’histoire de cette image miraculeuse qui n'est que par une très récente adoption une madone nantaise. Il me restait donc à composer sept notices supplémentaires, c’est ce que j’ai fait. J’ai cru devoir cependant conserver l’instruction d’ouverture, ce qui porte il trente-deux le nombre des chapitres. De cette façon, il y aura assez de lectures pour ceux qui commencent les exercices la veille du 1er mai.

Je n'ai pas eu l‘intention de faire l'histoire complète du culte de la Très Sainte-Vierge dans notre pays. Il aurait fallu pour cela des loisirs que je n'ai point, il aurait fallu surtout une connaissance approfondie des choses du passé, il laquelle je suis loin de prétendre. Ce livre, d‘ailleurs, est moins le résultat de mes recherches personnelles qu’une sorte de vulgarisation des travaux antérieurs, et si je puis m’attribuer quelque mérite, c’est celui de posséder une bibliothèque. A part quelques sujets absolument inédits, puisés dans les archives départementales, ou empruntés aux registres paroissiaux, je n’ai guère fait que résumer les études consacrées par des spécialistes à nos pèlerinages diocésains et glaner quelques détails perdus dans des ouvrages d’histoire locale. Je n’ai point entendu faire non plus œuvre de critique et j’ai soigneusement écarté ce qui sent l’érudition pour donner une très large place aux légendes édifiantes que j’ai pu recueillir. J’ajoute même ingénument, au risque d’effaroucher les sévères historiens, que si j’éprouve un regret, c’est de n’en avoir pas récolté davantage. La science n’a rien à y gagner, mais la piété peut y trouver un aliment, et j'ai eu principalement pour but de faire une œuvre de piété.

Un livre de cette nature ne comporte pas les renvois multipliés au bas des pages, que l’on trouve dans les ouvrages d’érudition. On ne trouvera donc pas une seule note dans celui-ci. Je n’est pas cependant que je n’aie consulté beaucoup d’auteurs ; ce n’est pas non plus que je veuille m’attribuer le mérite de découvertes qui sont le fait d’autrui. Pour satisfaire, dans a mesure du possible, les exigences des lecteurs instruits, je donnerai, a la fin de cette introduction, la liste complète des sources où j’ai puisé. On verra par là que, sans chercher a faire œuvre d’historien, j’ai toujours respecté la vérité historique, quand elle m’était connue.

Les recherches auxquelles je me suis livré, les ouvrages que j’ai parcourus, les notes qui m’ont été transmises m’ont fait connaître bien des sanctuaires et bien des faits intéressants qui ne pouvaient entrer dans les notices particulières aux exercices du mois de Marie. Fallait—il les laisser enfouis dans mes cartons ? Je ne l’ai pas pensé. Il vaut mieux, semble-t-il, leur accorder une place dans cette introduction. De cette façon, sans donner l’histoire complète de ce que le diocèse de Nantes a fait pour honorer Marie, je fournirai quelques matériaux de plus il ceux qui seront tentés de l’écrire ; de cette façon aussi, je procurerai il un plus grand nombre de lecteurs la satisfaction de lire quelques lignes concernant les dévotions qui leur sont chères.

J’ai adopté, pour les notices destinées aux lectures publiques, l'ordre des mystères, le plus logique d’ailleurs et le seul possible en l’absence de dates précises ; je crois devoir suivre encore, en cette rapide revue, a peu près le même ordre.

M. l‘abbé Grégoire, dans son Etat du diocèse de Nantes en 1790, cite quatre-vingt-neuf vocables de la Sainte Vierge, et encore quelques-uns ont-ils dû échapper il ses patientes investigations ; en outre, plusieurs datent seulement du XIXe siècle ; enfin, beaucoup d’entre eux se retrouvent dans cinq ou six paroisses, souvent davantage. Je ne puis donc énumérer tous les lieux où le culte de Marie fut en honneur ni tous les titres qu’on lui décerna. Celle nomenclature, mêle dans une introduction, semblerait fastidieuse. Essayons, néanmoins, d'en donner quelque idée.

L'Immaculée-Conception, je le dirai plus tard, avait été, dans les âges les plus reculés, adoptée pour patronne par la Trève de Bouée ; elle y avait aussi une florissante confrérie, à laquelle une bulle du pape Paul V avait accordé (1515) de précieuses indulgences. Durant le cours du siècle dernier, trois paroisses nouvellement créées ont été heureuses de prendre ce vocable: N.-D. de Bon Port à Nantes, l’Immaculée-Conception a Saint-Nazaire et le Landreau. N.-D. la Blanche avait des chapelles, non seulement à Guérande, à Rezé ; à Saint Jean de Corcoué, où elle portait aussi le titre de N.-D. des Neiges ; mais à Carquefou, au milieu d’un cimetière du même nom, à Piriac, à Saint André des Eaux, à Saint Lyphard, à Herbignac, à Saint Molf, à Saillé, à Montoir. Ce dernier sanctuaire, modeste prieuré,presque perdu dans la Grande Brière, à l’extrémité du village d’Aisnes – aujourd’hui paroisse de Méan - eût son chapelain jusqu’à la Révolution, et ouvrait souvent ses portes aux nourrices des environs, qui venaient demande à la Vierge-Mère le lait dont elles avaient besoin pour leurs chers petits.

Ailleurs, à Sainte Croix de Machecoul, le peuple se prosterne devant N.-D. la Noire. N.-D. de Grâce possède une chapelle, dont nous parlerons, sur les bords de l’Isac, et un oratoire dans la banlieue de Nantes, près du château de la Collinière. La première n’a fait que grandir, le second a complètement disparu. Mais, depuis 1856, une paroisse voisine de notre grande cité, Saint-Sébastien d’Aigne, a érigé un petit monument et fait un pèlerinage annuel à N.-D. de Toutes Grâces. Le dimanche le plus rapproché du 8 septembre, fête de la Nativité de Marie, une procession part de l’église paroissiale et se dirige pieusement vers le village du Doucet. Elle s’arrête devant une grotte qui abrite une image de la Bonne Mère, pour la remercier de la protection qu’elle daigna accorder au village du Douet, en arrêtant le fléau des morts subites qui avait jeté l'effroi au sein de cette population.

Blain offrait ses hommages et ses prières à N.-D. des Vertus ; Remouillé et Rezé possédaient des chapelles du même nom ; le Temple appelait la sienne N.-D. de Toutes Vertus, comme pour indiquer la puissance universelle de la Reine qu’on y venait prier. Il a toujours pour elle la même confiance, et les mères du voisinage ne cessent pas d’aller demander a la Bonne Mère du ciel de fortifier et de faire marcher leurs petits enfants. Il y a bien longtemps qu’on la vénère ; les anciens registres donnent les noms des personnages importants qui voulurent dormir leur dernier sommeil au pied de son autel ; ils contiennent surtout un procès-verbal qui dira mieux que de longs développements quelle confiance on lui témoignait.

« L‘an 1710, le 26 juillet, sur les cinq heures du matin, par moi recteur soussigné, licencié en théologie, droit canon et civil, a été présenté devant l’image miraculeuse de N.-D. de Toutes Vertus, chapelle sise sur la lande, terroir du Temple-Maupertuis, honorable garçon Charles Bernard, natif de ce bourg, âgé de 22 ans ou environ, fils des défunts M” Julien Bernard, notaire et d’honorable femme Marie Guinel, ses père et mère, lequel étant allé sur mer en qualité de chirurgien, sur les vaisseaux marchands de Nantes, voguant sur les côtes d’Espagne en Amérique, étant en 1707, la nuit de la Toussaint sur le vaisseau nommé le Diamant, et se trouvant en danger de perdre la vie, avec tout le monde qui y était, il muse d’une tempête effroyable qui lit échouer le vaisseau contre un rocher qui le mit en pièces, fit le vœu qu'il rend aujourd‘hui à ladite chapelle, d’aller du bourg du Temple à ladite chapelle, pieds nus et en chemise, y faire dire la messe connue il a fait, et se sentit aussitôt délivré du naufrage, s’étant sauvé sur une barrique qui lui restait. Le vœu accompli, les dits jour et an que dessus, en présence de plusieurs qui ne signent, et a signé avec nous. Signé : Astruc, rect. du Temple, Charles Bernard ».

Bourgneuf honorait à la fois la maternité de Marie et la naissance humaine du Fils de Dieu, en invoquant N.-D. de Bétlhéem ; Machecoul faisait de même, et semblait avoir pris plaisir à multiplier les vocables sous lesquels il désignait la Vierge-Mère, connue pour montrer qu’il surpassait toutes les autres contrées dans son amour pour elle. On y trouvait en effet, N.-D. de Bethléem et N.-D. la Noire, les Neuf Mois, Notre-Dame et Saint-Jean, N.-D. de Bon Conseil, N.-D. de Bon Secours, N.-D. de Pitié, N.-D. des Dons, N.-D. des Clercs, N.-D. la Grande, N.-D. du Rosaire, N.-D. de Lorette, N.-D. du Calvaire, N.-D. d’Espérance, N.-D. de la Davsière, N.-D. de la Chaume. Riaillé, qui avait choisi l’Assomption pour sa fête patronale, avait aussi, comme Saint-Nicolas, sa confrérie de la Chandeleur.

Le mystère du recouvrement de Jésus au Temple, symbole de celui de la grâce, était rappelé au peuple par cinq chapelles, dédiées à N.-D. de Recouvrance. Deux d’entre elles feront l’objet d’une notice, signalons seulement les trois autres qui s’élevaient à Pornic, au Loroux-Bottereau, a Port-Launay, en Couérou. De celle du Leroux, il reste un pan de mur et une crédence, servant de niche a une statuette de la Vierge ; des deux autres il ne subsiste plus rien. Celle de Pornic était située sur l’emplacement de l'Hôtel de France ; l’autre a fait place a une route, et, parmi les voyageurs qui passent, combien sont-ils ceux qui savent qu’ils foulent aux pieds un sol autrefois consacré ? Ce dernier sanctuaire eut pourtant jadis une certaine importance, quand le Porl-Launay voyait les grands navires des armateurs nantais s’arrêter à ses cales; quand les gros négociants et les agents maritimes y construisaient les belles maisons que l’on y voit encore ; quand marins, manœuvres et commerçants allaient, actifs et empressés, remplissant de mouvement et de bruit ces lieux aujourd’hui silencieux et presque solitaires. L’oratoire avait alors son chapelain ; et lorsque, vers la fin du XVIIIe siècle (1763), on le dota d’une cloche nouvelle, ce fut un vicaire général de Nantes, l’abbé de Hercé, qui vint la bénir, en présence du marquis de la Musse, seigneur de la contrée, de sa fille et de son neveu qui donnèrent a la cloche les noms de Reine Françoise, de plusieurs ecclésiastiques, parmi lesquels on remarquait le prieur d’lndre et le recteur de Saint-Clément, de Nantes.

N.-D. de Pitié ne comptait pas moins de 22 chapelles, et si je voulais nommer tous les autels qui lui étaient dédiés, toutes les statues qui la représentaient, il me faudrait passer en revue le diocèse tout entier. Le même mystère est rappelé par N.-D. des Sept-Douleurs, a laquelle Saint-Clément reste toujours fidèle, et par N.-D. des Croix, qui avait jadis des chapelles à Paulx et à Abbaretz. La première, située au bas du bourg, possédait trois autels consacrés, ce qui peut nous faire juger de son importance. Celle d’Abbaretz marquait le point culminant de la paroisse et tirait son nom de plusieurs croix groupées très anciennement sur cette colline, qui domine tout le pays. Elle datait du XIIIe ou du XIVe siècle et les revenus que quelques fidèles y avaient attachés lui permettaient d’avoir son chapelain.Les du Matz, seigneurs de Villeneuve, prétendaient a certains droits sur elle, et la fille de l’un d’eux, Aliénor du Matz, voulut y recevoir la bénédiction nuptiale, en 1629. Ses derniers débris ont disparu « quand a été faite la récente route d’Abbaretz a Meilleraye, néanmoins, la piété des habitants voisins leur a fait élever, près du nouveau chemin, une croix de pierre rappelant l’ancien sanctuaire. On continue même d’y venir en pèlerinage ».

D’Abbaretz à Châteaubriant, il n’y a pas loin. Cette antique cité posséda naguère une église de Notre-Dame. On constate son existence au XIIe siècle ; mais bientôt elle disparaît sans laisser de trace. Les barons l’avaient reconstruite et il est à croire qu’on profita de la circonstance pour lui donner un nouveau patron, saint Nicolas. Ce n’était alors qu’une simple chapelle urbaine, sous l’autorité du doyen de Béré ; c’est aujourd’hui la paroisse principale.

L’église de Saint-Jean gardait du moins son autel de N.-D. des Villages, devant lequel était placé l’énorme cierge que les laboureurs portaient en procession. En 1663, le célèbre doyen Blays voulut établir à Châteaubriant la confrérie de N.-D. de la Mercy, et le R. P. Audouére, commandeur des religieux de ce nom, vint en faire l’installation solennelle. Quelques années plus tard (1670), le doyen attacha la nouvelle confrérie à l’autel des Villages ; avec les droits d’entrée des confrères et quelques dons particuliers, il fit faire un bel autel en bois, surmonté d’un tableau représentant la Rédemption des captifs. Il y plaça en même temps une statue de N.-D. de Bon-Secours, offerte par un prêtre de la ville. A partir de cette époque, l’autel de N.-D. des Villages changea son nom en ce ni de N.-D. de la Mercy. L’Evèque de Nantes autorisa la confrérie ; il permit en même temps de faire une quête a la grand’messe et d’apposer un tronc au-devant de l’autel. Les collectes devaient être remises aux Pères de la Mercy, qui venait de s’établir à l’ermitage du Pont-du-Cens, près de Nantes ; et ceux-ci avaient charge de les employer a la libération des captifs. Disons enfin que, dans la même église, fut également établie la confrérie du rosaire.

J’ai tout dit, ou a peu près, sur le culte officiel de la Sainte Vierge à Châteaubriant ; mais non pas sur le culte populaire. Une vieille légende rimée, publiée par M. l’abbé Goudé, nous apprend en effet que le peuple avait élevé à Marie un oratoire où on l’invoquait sous le nom de N.-D. de Jovence. C’était, près d’une fontaine, à quelques pas de la porte Saint Michel, une petite grotte, au fond de laquelle se dressait un autel surmonté d’une statue de la Vierge. Cette image, d’après le récit légendaire, était miraculeuse. Elle apparut subitement en ce lieu, sans qu’on put savoir qui l’y avait posée. Le bruit s’en répandit rapidement et la foule cria au miracle. Le clergé paroissial se hâta de la transporter à l’église de Béré ; mais, le lendemain matin, on le retrouvait au même endroit. De là, grande dévotion chez le peuple: les pèlerins affluèrcnt bientôt et leur foi naïve fut récompensée par d’éclatants prodiges. La ferveur dura cinquante ans, puis ce fut la négligence et presque l’abandon. Le pauvre oratoire tomba dans un délabrement complet. Cependant les Castelbriantais rougirent de leur ingratitude ; ils rétablirent dans un état décent la grotte et son autel, et la dévotion reprit. ()n venait surtout demander aux pieds de la madone un temps favorable et parfois le concours des fidèles était considérable. Cela dura jusqu’à la Révolution. Un propriétaire voisin profita de ces temps troublés pour démolir l’humble chapelle, qui était là depuis un temps immémorial, et employer ses débris a la construction d’une écurie. Le Conseil municipal s’émut un peu tardivement, réclama le terrain et le rétablissement des choses en l’état. Il obtint très probablement la restitution, mais l’oratoire ne fut point rebâti.

J’ai déjà signalé à Machecoul le touchant vocable de « Notre Dame et Saint Jean » ; le même existait a Saint-Michel du Pallet. On trouve ailleurs celui de « Mère et Fils », qui me semble plus touchant encore, et qui révèle bien la délicatesse de nos pères.

Le mystère de la Rédemption est plus particulièrement rappelé par N.-D. de Salvation, que l’on honorait à Blain, et par N.-D. du Salut, qui possédait une chapelle très vénérée à Maisdon. Un Jousseaume de la Bretèche voulut y recevoir la bénédiction nuptiale en 1691 ; et, au début de la Révolution, les fidèles de la contrée s’y rendaient en pèlerinage. Elle a disparu et nul n’a en l’heureuse pensée de la rétablir. Ajoutons, pour être juste, qu’un magnifique calvaire s’élève sur son emplacement et qu’un petit oratoire, aménagé dans ses soubassements, perpétue le souvenir et le culte de N.-D. du Salut.

L’Assomption de Marie a toujours été très vénérée chez nous. Le vœu de Louis XIII a sans doute donné plus d’éclat à cette solennité ; mais dès longtemps elle était la fête patronale d’un grand nombre de sanctuaires. Elle l’est encore de vingt-sept paroisses : Aigrefeuille, Bourgneuf, Brains, Grandchamp, la Chapelle-Basse Mer, la Chapelle-des-Harais, la Haie-Fouassière, la Limouzinière, la Marne, le Gâvre,Legé, le Pellerin, la Plaine, les Sorinières, Maisdon, Mesquer, Montbert, Mouais, N.-D. de la Montagne, Pompas, Biaillé, Roche Blanche, Sainte Marie, Vallet, Vieillevigne, Villepot, N.-D. de Clisson. J’ai renvoyé celle-ci a la fin parce que la noble collégiale, fondée par Olivier de Clisson, ne peut, malgré sa déchéance, rester confondue dans la foule. On a raconté son histoire et il m’est impossible de la résumer ici. Je veux du moins donner son acte de naissance en citant, d’après dom Lobineau, un passage du testament de son fondateur :

« Item, je vueil et ordonne que un Collège de Chanoines ou (chappelains séculiers soit fondé en l’Eglise de N.-l). de Cliczon, où il y ait Déan, Chanoines, Chappelains, Clercs et Serviteurs en tel nombre, et qui aient telles revenües connue les Commissaires qu’il plaira à nostre S. Père le Pape ordonner sur le fait d’icelle fondation verront que les rentes, terres et revenües que je ordonne pour cette anse pourront soustenir; pour la fondation et dotation duquel Collège le donne et laisse, quitte et transporte (lez le temps de présent à ladite Eglise de N.-D. de Cliczon et aux Déan, Chanoines, Chappelains, Clercs et Serviteurs des susdits, toute ma terre et Chastellenie de Montfaucon que j’ai conquise et fait amortir pour céste cause; parce que je retiens et réserve à moy et à mes hoirs successeurs, et ayants cause de moi, Seigneurs de Cliczon, le Patronnage et la présentation d’iceux Bénéfices toutes fois et quantes qu’ils vacqueront en aucun d’iceux vacquera. Item, je laisse à ladite Eglise de Cliczon une ymage d’argent de N.-D. dou poids de XX mares ».

Le connétable signa ce testament le 5 février 1406 ; un an plus tard, il entrait dans l’éternité. Ses dernières volontés furent exécutées strictement et Clisson eut sa collégiale. Elle se composait d’un doyen, de six chanoines, de six chapelains perpétuels ou semi-prébendés, de quatre serviteurs d’église et quatre enfants de choeur. Elle subsista près de quatre siècles : la Révolution seule mit fin aux hommages que le Chapitre de Clisson rendait à Notre-Dame et aux prières qu’il adressait à Dieu pour son illustre fondateur.

L’Assomption était aussi la fête principale d’une célèbre confrérie, établie dans l’église du prieuré de Pirmil, sous le nom de N.-D. de Vie. L’origine de cette association n’est pas connue ; on sait seulement. qu’elle existait en 1446, et qu’elle avait été fondée avec l’assentiment du Prieur. Un des moines de Saint Jacques en était le directeur, et l’administrait avec trois prévots, choisis parmi ses membres. Ceux-ci étaient ordinairement au nombre de 800. Le pape Léon X l’avait approuvée (10 fév. 1526) et favorisée de riches indulgences, fixées aux fêtes de l’Assomption, l’Annonciation, la Conception, la Purification ; et le roi François 1er lui avait accordé des lettres patentes. Chaque année, on distribuait le pain bénit aux confrères. Les jours d’indulgences, le saint Sacrement était exposé et le salut chanté à l’autel de la confrérie, situé dans la nef. Chaque semaine, trois messes étaient dites au même autel, le lundi et le samedi, jours où la messe était chantée, le jeudi où elle était basse. Enfin, au décès de chaque confrère, il y avait trois messes chantées pour le repos de son âme.

La plupart des pèlerinages nantais, dont nous parlerons, avaient pour ainsi dire des succursales sur divers points du diocèse. Il semble que les fidèles aient voulu faire dériver chez eux les flots de grâces qu’y répandait Marie ; à moins qu’il ne faille voir dans ces chapelles, des ex-voto de faveurs obtenues dans les sanctuaires principaux. C’est ainsi que nous trouvons N.D. de Miséricorde à Rouans, à Saint Philbert, à Saint Père-en-Betz, au Croisic, à Herbignac où elle supplanta N. D. la Blanche, lors de la restauration (1770) de sa chapelle qui existe encore; a Trescallan, dont l’église paroissiale porte toujours ce titre. N. D. de Bon Secours est titulaire d’un grand nombre de sanctuaires ; à Herbignac, où la succursale de Pompas était anciennement sous ce vocable ; à Machecoul, au Pellerin, à Prinquiau, à Saint-Mars-la-Jaille où on la voit toujours dans le cimetière, à Saint Joachim, à Crossac. La petite chapelle de Saint-Joachim n’a pas été détruite, plus heureuse que l’ancienne église brûlée pendant la 'Terreur ; elle est là, bien humble et toute basse, presque cachée au milieu des maisons plus jeunes et plus vastes. Les fidèles la regardent comme le berceau de la paroisse, et, s’ils sont fiers de leur église aux proportions de cathédrale, ils ne sont pas moins attachés à l’oratoire de Bon Secours ; c’est là, dans les jours d'angoisse, qu’ils vont de préférence réclamer le secours de Marie. Celle de Crossac a disparu, et pourtant elle était vénérable aussi, bien qu’elle ne fût pas fort ancienne. Bâtie par les aumônes des paroissiens, sur le fief de Bellebat, elle « fut bénite le 18 juin 1743, par Missire Vincenl Noël, recteur de Pontchâteau, en présence de Missire Lefebvre, recteur de Crossac ». A la Révolution, cette dernière paroisse dut subir, pendant quelques mois, la présence d’un intrus ; mais le vicaire légitime, l’abbé Jacques Vaillant, resta dans le pays, et c’est a Bon Secours qu’il célébrait la messe, jusqu’à ce que la persécution violente l'obligea à se cacher et à célébrer en secret. L’humble oratoire fut incendié bientôt, et n’a pas été rétabli.

N. D. des Dons était honorée a la Collégiale de Nantes et a Sainte Croix de Machecoul. Aucune de ces deux églises ne subsiste, et ce vocable serait tout a fait tombé dans ce pays, si un curé de Saint Nicolas-de-Redon ne l’avait donné a une chapelle élevée, pour abriter les œuvres paroissiales, à l’ombre de son église. Le titre de N. D. de Bon Garant ne se retrouve que dans la chapelle frairienne de Brésauvé, dans la paroisse d’Herbignac, qui semble avoir voulu réunir sur son territoire tous les noms célèbres du pays nantais.

N. D. de Toutes-Aides était mieux partagée. La chapelle de l’hôpital Saint Jean, à Nantes, commanderie de l’ordre de Malte, lui était dédiée. C’est ensuite, il Sévérac, le sanctuaire très antique et très vénéré de N. D. de Toutes-Aydes de Caradou ; c’est une chapelle du même nom à Saint Nazaire, dans la circonscription paroissiale de Saint Gohard. Elle fut bâtie en 1659, par les soins et sur .a proprieté de Jean Mothais, prêtre du pays, qui en fut le premier chapelain. Quand je la vis pour la première fois, elle se cachait, solitaire et pieuse, au milieu d’un verdoyant placis, sous la ramure des grands arbres, et, tout jeune que j’étais alors, je goûtai la douce poésie de ce sanctuaire champêtre. Je l’ai revue depuis. Hélas ! Quel changement ! Elle est désormais perdue au‘ milieu des guinguettes et des salles de bal de la banlieue, et ressemble, dans sa vétusté, a ces paysannes bretonnes qui promènent leurs costumes fanés dans les rues de nos faubourgs nantais. C’est encore la Chapelle-des-Marais. Ce sanctuaire existait en 1628. Quelques années plus tard on commence a l’agrandir avec les aumônes des frairiens ; puis on obtient du parlement de Bretagne l’autorisation de lever 600“ pour l’achever, sur tous les habitants de la frairie de Notre Dame. La chapelle devient succursale de Missillac, puis paroisse (1771). Elle fut remplacée par une belle église en 1860 ; mais Marie en resta toujours la patronne. Toutefois, nul dans le pays ne l’appelle plus N. D. de Toutes-Aides. Il y a quelques années, pendant une retraite que je donnais aux enfants de la communion, J'ajoutai à la prière qui terminait les exercices : « N. D. de Toutes Aides, priez pour nous », on me demanda le pourquoi de cette invocation.

La chapelle qui, des hauteurs de Saint Jacques, domine la cité nantaise, n’est pas la première qui ait été dédiée, dans ce diocèse, à N. D. de Bonne-Garde. Teillé possédait depuis longtemps un sanctuaire de ce nom. La tradition prétend qu’il avait été église paroissiale. Nous savons du moins qu’il existait en 1588, puisque la grosse cloche de la paroisse y fut à cette date fondue, puis bénite. Un Raoul de la Guibourgérey fut baptisé quelques années plus tard (1606). Les registres paroissiaux ne nous apprennent rien de plus. Nous savons aussi, par ailleurs, qu’on y faisait des processions et que le peuple lui marquait une grande dévotion. Elle était située dans « le haut du bourg ».

Nous ne sommes pas encore au bout de la revue que nous avons entreprise. Sur les ponts de Nantes, il nous faut saluer N. D. de Tous-saints, aumônerie fondée en 1363 par Charles de Blois, et composée « d’une église avec cimetière, hôpital et Hôtel-Dieu, pour loger et hébeger les pèlerins de Saint Jacques en Galice et de Saint-Méen, allans et retournans de leur voyage ». Un pont rappelle son souvenir aux Nantais, et le chercheur attentif peut découvrir encore quelques pans d’un mur de la chapelle.

Donnons aussi un souvenir à N.-D. des Vignes qui avait son autel chez les Jacobins ainsi qu’à l’hôpital de Sainte-Marie hors des murs. N. D. du Fresne nous est restée : elle était titulaire de deux chapelles, berceaux de deux paroisses. L’une des deux porte toujours ce nom ; l’autre s’appelle N.-D. de la Montagne, et garde fidèlement le souvenir de l’oratoire où sa patronne fut d’abord honorée. Chaque année, au soir de l’Assomption, les fidèles se rangent en ordre de procession, et la foule pieuse déroule ses longues files sur les riants coteaux qui dominent la Loire. Non loin du village de Roche-Ballue, elle s’arrête ; et le prédicateur de la fête, montant sur une chaire improvisée, adresse quelques mots d’édification à l’assemblée. Cette station se fait sur l’emplacement qu’occupait autrefois la chapelle de N.-D. du Fresne.

Il ne reste aussi qu’un vague souvenir de N.-D. des Ormeaux, à Oudon, bien qu’elle ait été, dit-on, le chef-lieu de la paroisse. On sait pourtant qu’elle s’élevait auprès de l’ancien presbytère, et c’est là ce qui explique l’éloignement, incompréhensible autrement, de celui-ci. Ce vocable me fait songer que nos pères avaient emprunté beaucoup d’autres noms à la nature, pour les donner à leurs madones ; nous voyons, par exemple, N.-D. des Léards à Saint-Julien-de Concelles, N.-D. du Sycomore â Guérande, N.-D. du Verger au Pallet, N. D. la Rose au Cellier et à la Collégiale, N.-D. du Châtellier à Saint Lumine-de-Coutais. Guérande nommait aussi la madone du Sycomore N. D. de la Clarté, et comme contraste, la Chevrolliére avait N.-D. des Ombres, de l’ombre des grands bois où elle se cachait, vocable mystérieux connue les forêts, qui inspira un cantique au Père de Montfort. Le propriétaire des Huguetières l’a fait reconstruire, il y a quelques années, et, mieux avisé que beaucoup d’autres, lui a laissé son nom.

Grandchamp reste fidèle à sa chère et vieille chapelle de N. D. des Fontaines et Vieillevigne à celle de N. D. de Belle-Fontaine, que l’on appelait aussi quelquefois N. D. de Crée-Lait, a raison de la faveur temporelle que les nourrices allaient y demander. fin 1687, elle est déjà, semble-t-il d’âge fort respectable, puisqu’il faut en rebâtir le choeur, et ce qui est « pareillement gast de la nef, joignant le coeur ». Non seulement la Fabrique y emploie ses propres ressources, mais elle met à contribution celles des confréries du Rosaire et des Agonisants. Elle décide, en outre, de prendre de la pierre dans les ruines de la chapelle Saint Thomas, mais on laissera de quoi « faire une muraille pour fermer et clôre ce qui en reste ». La chapelle Saint-Thomas était l’ancien temple protestant, et ainsi se justifiait encore, sur ce coin de terre, le texte de l’antienne que nous chantons aux fêtes de la Vierge : « C’est vous qui, dans l’univers entier, avez brisé toutes les hérésies ».

Mesquer possède un vocable analogue, N. D. du Puits. Il a, de plus, son prieuré de Merquel, dont l’oratoire subsiste, malgré les tempêtes des Révolutions et celles de l’Océan. On l’avait justement dédie â N.-D. de Bon-Port. Assérac, moins heureux, ne peut plus montrer, de l’autre côté du bras de mer qui les sépare, son prieuré et sa chapelle de N. D. de Penbé. Il se console en redisant la légende que lui ont transmis ses pères et dont témoignent d’ailleurs des parchemins vieux de neuf siècles. Aux jours lointains du XIe siècle, des étrangers furent jetés par la tempête sur la côte qui s’étend au sud et près de l’embouchure de la Vilaine. Ils se réfugièrent sur la hauteur de Penbé qui, comme le donne a entendre son nom celtique, commande l’entrée de la baie. L’un d’eux endurait de violentes douleurs. « Diverses révélations et ses compagnons eux-mêmes l’engagèrent a attendre là, au milieu du sommeil, le secours divin ». Bientôt il s’endort et se réveille guéri, disant avec le patriarche : « Le Seigneur est vraiment dans ce lieu ». Les étrangers élevèrent, sur la plage déserte, un autel a la Mère de Dieu et partirent. Les seigneurs du pays, mis au courant de ces merveilles, offrent alors « à un homme pieux nommé Aluchen d’y élever, avec leur concours, un oratoire pour servir la Vierge immaculée », promettant d’établir une fondation. Aluchen refusa d’abord, « objectant l’aridité du lieu, si exposé au vent et aux tempêtes ». Il finit cependant par accepter, à la condition qu’il pourrait transmettre les terres qu’on lui offrait â une abbaye de son choix. La condition fut agréée et, l’oratoire bâti, Aluchen l’offrit aux moines de Redon. Ceux-ci en firent un prieuré et, pendant huit siècles, la messe fut célébrée, au moins chaque dimanche, dans la chapelle d’Aluchen. Les moines furent dépossédés par la Révolution et l'oratoire laissé à l’abandon. Bientôt il tomba en ruines. On vendit alors ce qui pouvait être utilisé au profit de l’église d’Assérac. Le reste se désagrégea peu à peu sous l’action du vent et de la pluie ; mais longtemps encore les douaniers s’abritèrent derrière les derniers débris du vieux sanctuaire.

Pont-Saint Martin avait sa chapelle de N.-D. de Pubé; Montoir, celle de N. D. de Saint-Malo, bereau de la paroisse de ce nom ; Thouaré, cette de N.-D. d’Auray, au village de la Cartière : celle-ci était paroissiale et le recteur allait fidèlement y célébrer la messe aux fêtes de la Vierge, aux Hameaux et le lendemain des quatre fêtes annuelles. Parfois quelque notable y faisait bénir son mariage et les fidèles voisins allaient y prier souvent. Aussi le général avait-il grand soin d’entretenir sa « chapelle paroissiale d’Auray ». On finit pourtant par l’abandonner et la desserte se fit a la Seilleraye.

À Plessé, c’était N.-D. de Laré où, comme â Grâces, les vicomtes de Carheil avaient obtenu l’établissement d’une foire, preuve de l’affluence des pèlerins, et où ils partageaient, avec les barons deFresnay, les droits de prééminence, de banc et d’enfeu. Quilly entretient avec amour N.-D. de Planté, que Campbon ne se console pas d’avoir perdue (1832). On s’y rend en pèlerinage de toutes les paroisses d’alentour et l’on y publie les bienfaits que Marie ne se lasse pas de dispenser a ses dévoués serviteurs. On y parle souvent aussi de l’ermite qui se sanctifia dans ces lieux, il y a plus d’un siècle et demi. Il s’appelait Julien Château, était frère tertiaire de Saint François et mourut en grande réputation de sainteté, à 46 ans (1744). Les registres paroissiaux de Campbon racontent, en quelques lignes, sa vie et ses vertus.

Saint-Géréon avait jadis une chapellenie, c’est-à-dire une fondation de N.-D. des Miracles. Ce vocable était sans doute une importation, les moines du prieuré ayant voulu commémorer ainsi la madone célèbre de l’abbaye de Déols, dont ils dépendaient. Beaucoup d’autres pèlerinages célèbres furent de la sorte transplantés chez nous. Dès le XVIe siècle, N. D. de Lorette avait sa dévotion dans l’église de Saint-Saturnin, dont le Trésor possédait « une ymaige de N.-D. de Lorette, enchassée en une petite boueste de sapin garnie d’une vitre, apportée par deffunct Missire Guillaume Garnier, vivant recteur de céans, au voyage qu’il fit à Rome ». Guillaume Garnier avait été recteur de 1598 a 1607. On rencontre la même dévotion â Sucé, dont l’église reconnut longtemps la Sainte-Vierge pour titulaire ; à Saint-Mars-de-Coutais, Saint-Mars-du-Désert, Pannecé, chez les Carmes et chez les Minimes. La communauté des Missionnaires de Saint Clément, fondée par M. René Lévêque, au XVIIe siècle, fut d’abord établie sur la paroisse Sainte Croix et reçut le nom de N.-D. de Lorette. Cette dévotion. est toujours chère à Sainte Croix, dont l’église est affiliée il la basilique italienne.

Deux grands pèlerinages ont pris naissance en France. durant le XIXe siècle : la Salette et Lourdes. Tous deux sont dignement représentés chez nous. Deux paroisses de notre diocèse, Varades et la Rouxière, commémorent solennellement chaque année l’apparition de la Salette, et notre ville compte parmi ses plus beaux monuments la chapelle érigée sous ce vocable en 1855, grâce à l’initiative de Melle des Brulais et de M. le Chanoine Jacques Anneau, grâce surtout au talent de M. le chanoine Rousteau. Depuis lors, chaque année, au mois de septembre, la ville de Nantes célèbre la neuvaine de la Salette et la vaste chapelle se remplit tous les soirs de dévots serviteurs de Notre-Dame.

Et Lourdes, que dire de Lourdes ? N’est-ce pas aussi par adoption une dévotion nantaise ? Tous les ans, depuis 1872, c’est par milliers que nos pèlerins s’en vont aux roches de Massabielle, et, pendant ce temps, les fidèles de Nantes célèbrent de pieux triduums dans les deux sanctuaires consacrés a cette nouvelle et populaire dévotion, la chapelle de l’Immaculée Conception et celle du Pont de Cens.

N.-D. du Sacré Coeur encore une dévotion française possède une chapelle a Mauves et des statues a tous les foyers. N.-D. de Bon-Conseil et N.-D. du Perpétuel Secours nous sont venues de plus loin. La première était dès longtemps connue â Sainte-Croix de Machecoul ; elle a maintenant sa madone et son association de la Pieuse-Union dans la basilique de Saint Nicolas. La seconde est invoquée dans la plupart des paroisses rurales où les Pères Rédemptoristes ont prêché des missions, mais elle a commencé par être honorée a la Retraite de Nantes et c’est là surtout qu’elle prodigue ses faveurs à la piété confiante.

Le clergé séculier et les ordres religieux ont, dans tous les siècles, professé la plus tendre dévotion envers Marie. Nantes avait jadis sa confrérie, et Machecoul son autel de N.-D. des Clercs. Aujourd’hui presque tous nos séminaires, tous nos collèges,tous nos pensionnats de jeunes filles ont la sainte Vierge pour patronne ; et les rares maisons, érigées sous d’autres patronages, n’en sont pas moins dévouées au culte de Notre Dame, lui ont consacré des congrégations et dédié des chapelles.

Nos communautés religieuses ne sont pas restées en arrière. Le diocèse comptait autrefois huit abbayes ; six portaient le doux nom de Notre-Dame : la Chaume, Blanche-Couronne, Buzay, Melleray, Pornic et Villeneuve. La proportion était la même pour les couvents ; elle n’a pas changé depuis lors.

Les châteaux avaient aussi des chapelles ; bien rares sont celles dont les vocables sont venus à notre connaissance ; pourtant nous savons que beaucoup avaient été placées sous l’égide de Marie. Il y a moins de châteaux aujourd’hui ; mais il y a beaucoup plus de villas et des Moûtiers â Saint-Brevin, de Saint Nazaire, à Mesquer, nos côtes sont couvertes de châlets, et peuplées en été connue les cités les plus populeuses. Il a fallu multiplier les sanctuaires, et, presque partout, c’est a la sainte Vierge qu’on les a dédiés. Nous avons ainsi N. D. de la Bernerie, N. D. de Préfailles, N. D. des Dunes, N.-D. de la Baule.

Nos marins, si dévoués à la Bonne Mère sainte Anne, surtout depuis les révélations faites au pieux Nicolazic, ont aussi toujours montré beaucoup de confiance en Marie. Nos pères avaient élevé dans l’église de Sainte Croix un autel à N.-D. de la Navigation ; ils avaient consacré à N. D. de Bon Port une église et deux chapelles, la première, à Bourgneuf', les deux autres a la Chevrollière et a Mesquer. Il peut sembler étrange que nos riches armateurs nantais, si dévoués pourtant au culte de la sainte Vierge, n’aient point songé, dans les siècles passés a mettre leurs armements et leurs expéditions lointaines sous sa puissante protection, par l’érection d’un sanctuaire spécial. Le XIXe siècle a réparé cette omission ; et l’édifice qu’il a bâti est digne de celle dont il porte le nom. Voyez ce dôme qui s’élève, majestueux, dominant la Fosse et le port tout entier, ce fronton sculpté qui explique le vocable à la foule, ces peintures qui décorent l’intérieur de la coupole, ces riches autels qui attirent les regards en invitant à la prière, tout cela n’est-il pas digne de la Reine du ciel, et la grande cité n’a-t-elle pas dressé vraiment un trône d’honneur à N. D. de Bon Port ?

Toutefois, j’ai hâte de dire et ce livre en fournira des preuves, que nos marins n’avaient pas attendu cette construction tardive pour mettre leur confiance dans celle qu’ils saluent si volontiers du nom consolant d’Etoile de la Mer. Ils invoquaient, a Nantes, N. D. de Miséricorde, N. D. de Bon Secours, N. D. de Bonne Garde, N. D. de Toutes Aides, et les ex-voto sont là pour en témoigner ; â Donges, N.-D. de Bonne-Nouvelle ; à Saint-Nazaire, N. D. d’Espérance et N. D. de Toutes-Aides ; dans la presqu’île Guérandaise, N.-D. de la Délivrance ; au Croisic, N. D. de Pitié ; à Batz, N.-D. du Mùrier. Arrêtons-nous ici, devant cette merveille de l’art gothique que tout le monde admire, dont tout le monde déplore l’abandon, et, a défaut de l’histoire, laissons parler la légende.

C’était au XIVe ou au XVe siècle, un chevalier breton, et non pas des moindres, car il appartenait a l’illustre famille de Rieus, qui possédait alors le marquisat d’Assérac et avait pour résidence le château de Ranrouët - s’était épris de la fille du seigneur de Lesnérac. Dédaigné par celle-ci, malgré la noblesse de sa race et la puissance de sa maison, il franchit la Manche et s’en alla guerroyer en Angleterre. Il moissonna des lauriers sur maint champ de bataille mais rien ne pouvait arracher de son cœur le souvenir de celle qu’il aimait, puis, connue les bretons de tous les temps, il était rongé par le mal du pays. Il s’embarqua donc et cingla vers la terre d’Arvor. Hélas ! il fut bientôt assailli par une furieuse tempête ; après avoir vainement défié la mort sur tant de champs de bataille, allai-il donc périr au moment d'aborder a la terre natale ? Dans cette extrémité, le chevalier fit un vœu a la Sainte Vierge, et promit de lui bâtir une chapelle a l’endroit même où il débarquerait. Quelques instants après, il apercevait, brillant dans la nuit, une lumière ; peu à peu la tempête s’apaisa, et les voyageurs, guidés par la lumière mystérieuse, abordèrent dans la baie du Bourg de Batz. Ils virent alors que la clarté miraculeuse qui les avait sauvés provenait d’une statue de la Vierge, que les habitants avaient placée sur le tronc d’un mûrier voisin de la plage.

Le lendemain, Rieux se rendit au château de Lesnérac, dans l’espérance de voir, à cette fois, ses hommages mieux accueillis. Hélas ! c’était grande fête au manoir, la fille de céans allait épouser un seigneur du voisinage. La jeune fille n’avait pas tardé à se repentir des dédains par lesquels elle avait répondu à l’amour du jeune sire de Rieux, et longtemps elle avait attendu qu’il revint. Mais si vite jeunesse s’envole qu’elle avait craint sans doute de vieillir dans une attente vaine, et elle s’était enfin rendue aux vœux d’un nouveau soupirant. Déjà les cierges brûlaient dans la chapelle et les fiancés, suivis d’un brillant cortège, se rendaient à la messe nuptiale. Soudain les yeux de la jeune fille tombent sur le chevalier qu’elle a si cruellement dédaigné, puis attendu, et qu’elle devine toujours fidèle. Un cri s’échappe de ses lèvres et révèle a tous le secret de son cœur. La légende raconte encore que la fille du seigneur de Lesnérac épousa le chevalier de Rieux ; que celui-ci, reconnaissant à la Vierge qui l’avait si visiblement protégé, fit venir de loin les plus habiles ouvriers et construire la merveille de la contrée, cet admirable joyau qui s’appelle N.-D du Mûrier. Elle ajoute, qu’il voulut après sa mort, reposer dans la chapelle votive, et qu’il est la toujours, dormant son dernier sommeil, sous les arceaux à demi rompus et les murailles croulantes.

Terminons par deux vocables qui résument tous les autres : N. D. de la Cité et N. D. des Enfants-Nantais. Celui ci est peu connu : il était usité seulement chez les Chartreux, installés par Arthur III, à la Chapelle-au-Duc, collégiale fondée par les princes de Bretagne en l’honneur de nos saints patrons. Un tableau, qui n’est point sans valeur, représentait Notre Dame entre les deux jeunes martyrs. Il a plus vécu que la collégiale et la Chartreuse et on peut le voir encore au Grand Séminaire de Nantes. La paroisse de Saint-Donatien ne pouvait laisser ce titre tomber en oubli ; elle a tenu à honneur de le relever et l’on trouve dans son église un tableau moderne, dû a un artiste de Rome, qui représente la Bienheureuse Vierge Marie entre les saints Enfants Nantais.

N. D. de la Cité avait son autel et sa confrérie au cœur même de la ville, dans l’église de Saint-Saturnin. Celle confrérie avait, comme toutes les autres, ses fondations et ses fêtes, et il serait fastidieux de les exposer en détail. Il est pourtant une de ces fondations dont je veux dire un mot, parce qu’elle n’est point banale et qu’elle nous fait saisir sur le vif la piété profonde de nos aïeux. Le 12 juillet 1471, Guillaume de Launai, riche bourgeois de Nantes, tendait en cette ville, sur la paroisse de Saint Léonard, le collège Saint Jean. Le fondateur était pieux et paroissien de Saint-Saturnin, probablement membre zélé de la confrérie de N.-D. de la Cité. On le vit bien dans les conditions du contrat. Les régents du nouveau collège durent s’engager, pour eux et pour leurs successeurs, a « dire ou faire dire a leurs dépans, à perpétuité, le samedi de chaque semaine, une messe o note de l’office de Notre-Dame, en l’église de Saint Saturnin de Nantes, à l’autel de N.-D. de la Cité, quelle messe répondront les enfans gramoiriens de ladite escole, qui pour ce faire fussent processionnellement menez et conduits par lesdits maistres régens, deux a deux ensemble de ladite escole jusques à ladite église, chantant un hymne ou prose de Nostre-Dame, selon l’occurence du tempsà l’arbitrage, et à l’issue de ladite messe o note dire o note sur la tombe dudit de Launai aprés son déceix les répons « Libem me » et les versets, avec une oraison et Pater Noster et Ave Maria. Aussi dit que si le jour de samedi estait empesché par feste solemnelle, vacation d’estude ou autrement, tellement que les enfans ne vinssent à ladite escole, et par conséquent ne peussent estre conduits ne menez, comme dit est, a la célébration de ladite messe, en celui cas, lesdits maistres et leurs successeurs seront tenus dire ou faire dire ladite messe celui jour de samedi avec les autres suffrages ».

Ainsi fut fait, jusqu’au 23 janvier 1656. A cette date, avec l’autorisation des héritiers du fondateur, le collège Saint-Jean fut uni à celui de l’Oratoire, et la ville prit l’engagement de faire célébrer a Saint Saturnin le service établi par Guillaume de Launai : mais plus d’écoliers, plus de procession, plus de notes ! On le voit, les fondations en l’honneur de Marie étaient innombrables dans notre pays et la piété s’ingéniait à multiplier ses sanctuaires et ses autels. Sur 261 paroisses que compte actuellement le diocèse de Nantes, 39 l’ont adoptée pour patronne. Il n’est pas une. église qui ne lui ait au moins consacré un autel. Avant la Révolution, les sanctuaires les plus modestes possédaient beaucoup plus d’autels qu’aujourd’hui : on en voyait a tous les piliers, le long de tous les murs et jusque dans les moindres recoins ; aussi beaucoup d’églises comptaient jusqu’à trois et quatre autels dédiés à la Sainte Vierge sous des vocables différents, quelquefois davantage. C’est ainsi que la Collégiale, consacrée elle-même à Marie, lui avait dressé quatre petits autels : N.D. de Bon Amour, N.-D. de la Rose, N.-D. de Patience, N.D. de Pitié. On pourrait encore citer plus d’une église prodiguant de la même façon les hommages a la Sainte-Vierge. Mais c’est assez. Cependant, puisque j’ai mentionné les congrégations de nos collèges et de nos pensionnats, il faut bien dire que, dans un très grand nombre de paroisses, les jeunes filles et parfois les jeunes gens ont été groupés dans des associations semblables ; il faut bien rappeler que nos cercles et nos patronages ont été mis partout sous la protection de Marie.

Tout sera dit peut-être quand j’aurai signalé les exercices du mois de Marie qui s’accomplissent dans toutes les paroisses, et même dans les plus humbles hameaux où les fidèles, trop éloignés de l’église paroissiale, se réunissent dans quelque salle transformée en oratoire ; quand j'aurai fait remarquer, enfin, que nos familles de paysans ont conservé presque partout l’usage du chapelet en commun. Arrêtons-nous donc ici. Aussi bien cette énumération monotone est déjà suffisante pour démontrer, indépendamment de ce qui sera raconté dans la suite de ce livre, que s’il est des contrées où Marie a en des sanctuaires plus célèbres, il n’en est certainement pas où elle ait été plus aimée.

 

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 Notre Dame de Nantes

Icône vénérée dans l'église Sainte Croix de Nantes

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8 mars 2017

Le Mois du Coeur Agonisant de Jésus

Le Mois du Cœur agonisant de Jésus

Père Blot

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 Vingt-deuxième jour

Le Cœur agonisant

 

Pour la fête de l'oraison de Notre Seigneur sur le mont des Oliviers, l'introït de la messe commence ainsi : « Cor meum conturbatum est in me, mon Cœur s'est troublé en moi, et la crainte de la mort est tombée sur moi » (Psaume 37, 11). C'est donc spécialement au Cœur, que se rapportent les souffrances de Jésus agonisant.

 

Méditation

 

I. Le Cœur du bon Maître endura seul des souffrances plus nombreuses et plus acerbes, que toutes les autres parties de son corps prises ensemble ; l'état de ce Cœur adorable, livré à toutes les sévérités de la justice divine, était bien plus lamentable que l'état de ce corps mortel, déchiré par la cruauté des bourreaux ; la passion intérieure fut plus poignante que la passion extérieure. Voyez ce Cœur délaissé, abandonné de tous, chargé de tous les péchés des hommes. Il est réduit à dire au Père céleste : « Vous avez détourné de moi votre face, et j'en suis tout troublé » (Psaume 19, 8). Dieu semble en effet s'être éloigné, il livre à lui-même ce Cœur innocent devenu victime pour nous, il ne lui donne ni vues, ni lumières, ni goûts. Tout rebute ce pauvre Cœur, tout contribue à lui faire sentir le poids de sa peine. En quel abattement il tombe ! Quel ennui le saisit et le désole ! Quelles sombres réflexions l'inquiètent et le tourmentent ! Il a beau prier, le ciel est fermé pour lui ; la nature et les sens ne cessent de lui dire : « Où donc est ton Dieu ? » (Psaume 41, 4). Il éprouve toutes les agonies, il ressent toutes les souffrances morales, pour nous aider à les sanctifier. Hâtons-nous donc de prendre tous ses sentiments. Il faut que le Cœur agonisant du divin Maître batte en quelque sorte dans mon cœur affligé, pour que je participe à sa soumission, à son énergie, à son dévouement. Cœur admirable, soyez mon modèle, mon amour et mon soutien !...

II. Jésus s'était séparé de la plus grande partie de ses amis, et de sa Mère elle-même, en quittant le cénacle ; il s'était séparé de huit apôtres, en entrant dans Gethsémani ; enfin dans le jardin, il se sépare des trois disciples qu'il aime le plus. Ils s'endorment, pendant que Judas veille pour le trahir, et que nous veillons tous pour l'offenser. Nos péchés sans nombre, de hideux fantômes, de cruels démons peuplent seuls sa solitude. Son Cœur devient le confluent de toutes les souffrances, à cause des iniquités qui débordent de tous nos cœurs. Dans le Cœur agonisant du Sauveur tombent tous les crimes du monde, comme les fleuves entrent dans la mer avec la fange qu'ils charrient : de là des tristesses, des angoisses, des agitations, des tempêtes excitées parla colère même de Dieu irrité contre nous. Ah ! que ne puis-je arrêter le torrent de nos iniquités ? D'où vient que je le grossis encore par mes propres péchés ?...

III. De ce même Cœur, de cet océan de douleur et d'amour, sortent des gémissements, des prières, des actes répétés de résignation, des vapeurs sanglantes qui forment des nuages bienfaisants, pour répandre au loin une rosée salutaire. Par un flux et reflux continuel de miséricorde et d'expiation, il bat tous les rivages, il atteint tous nos cœurs, durs, secs, froids, stériles et insensibles comme des rochers ; puis il se replie sur lui-même, en soupirant, mais pour nous bénir encore et préparer notre salut. Voilà jusqu'où va sa douleur, voilà jusqu'où va sa bonté, dans le plus complet isolement. Pauvre Cœur abandonné, votre agonie n'a plus de bornes., et vos souffrances sont sans mesure. L'infinité de nos péchés vous accable, et notre ingratitude y met le comble en vous délaissant. Moi, du moins, je vous tiendrai compagnie, j'essuierai votre sueur, je m'unirai à votre prière, je partagerai vos afflictions et vos peines...

Lisez dans l'Agonie de Jésus, liv. I, ch. VIII, Jésus agonisant chef des pénitents.

 

Pratique : Résignons-nous à être, autant qu'il plaira au Seigneur, dans le trouble, dans l'inquiétude, dans la tristesse, dans la crainte, dans le dégoût et l'ennui. Ne cherchons pas à échapper à l'agonie du cœur par l'acceptation de l'agonie, en imitant ces âmes égoïstes qui veulent trouver dans leur résignation même quelque goût ou plaisir spirituelle calme, la paix, le contentement. Travaillons avec zèle à l'extension de l'archiconfrérie et de la communauté du Cœur agonisant.

 

Exemple

 

On obtient chaque jour de très nombreuses conversions, en invoquant le Cœur agonisant de Jésus, en plaçant son image dans la chambre du malade, sa médaille sur la poitrine ou sous l'oreiller du moribond. Dans presque tous les hôpitaux tenus par des religieuses on pourrait dire, comme les religieuses de Saint Alexis de Limoges : « Depuis que nous ayons embrassé la dévotion au Cœur agonisant de Jésus et au Cœur compatissant de Marie, elle a été une source de grâces précieuses et abondantes, d'abord pour nous-mêmes, ensuite pour les pauvres malades de notre vaste hôpital, que nous n'avons plus la douleur de voir mourir sans recevoir les derniers sacrements. Avons-nous affaire aux âmes les plus endurcies, dès que nous implorons pour elles les Cœurs sacrés de Jésus et de Marie, nous sommes exaucées ». On obtient de même des guérisons. Le 26 mai 1872, on écrivait de Lavaur (Tarn) : « Marie Cany, épouse de Jean Raynaud, en proie à d'atroces souffrances et abandonnée des médecins, appliqua une médaille, le 7au matin, sur le point le plus douloureux. Aussitôt la douleur se calma, et à deux heures le bien était complet ; il s'est maintenu. Nous espérons que cette faveur excitera de plus en plus la dévotion au Cœur agonisant, et ranimera le zèle des associés ». La pieuse médaille préserva de la mort un grand nombre de soldats, durant la guerre de1870-1871.

 

Vingt-troisième jour

Agonisons avec Jésus

 

De la grotte de l'agonie, l'Homme-Dieu nous dit : « Mon Cœur n'a attendu que des outrages et de la misère, improperium expectavit Cor meura et miseriam. J'ai été dans l'attente de quelqu'un qui s'affligerait avec moi, et il n'y en a point eu ; j'ai espéré des consolateurs, et je n'en ai point trouvé » (Psaume 78, 21). Voulons-nous le consoler ? Partageons ses souffrances et son agonie, avant de partager sa gloire et sa couronne (Romains 8, 17).

 

Méditation

 

I. La première manière d'agoniser avec le Sauveur, c'est de souffrir avec lui. Mais qui se présente pour partager l'état de Jésus agonisant dans Gethsémani ? Qui veut éprouver comme lui la crainte, l'ennui, le dégoût, la tristesse mortelle ? Qui veut suer sang et eau ? Qui se plaît à rencontrer un Judas parmi ses amis ? Qui est heureux d'adresser au Seigneur de longues prières, sans les voir exaucées ? Il est surtout un trait que nous n'imitons guère : c'étaient les péchés des hommes qui mettaient Jésus à l'agonie. Or, nous n'avons aucun empressement à partager cette agonie de douleur et de confusion, pour nos propres péchés, moins encore pour les péchés des autres. Il faut ordinairement que Dieu frappe à coups redoublés, que son bras s'appesantisse sur nous, pour que nous nous décidions à expier nos fautes ; encore nous bornons-nous alors à faire des afflictions qui nous sont envoyées une salutaire expiation. Mais nous n'allons pas au-devant, comme le divin Maître, comme les religieux pénitents ou contemplatifs qui embrassent volontairement un genre de vie, qu'ils savent être la plus large participation aux agonies du Sauveur. Quand donc serons-nous les compagnons de Jésus dans ses humiliations et ses souffrances !...

II. Une autre manière de lui tenir compagnie, d'agoniser avec lui, c'est d'avoir patience avec nous-mêmes, c'est de nous résigner aux tourments que nous causent notre imagination et notre sensibilité. N'est-ce pas exprès, tout exprès, que le Fils de Dieu a voulu s'abandonner à l'excès de sa sensibilité, comme aux sombres prévisions de son imagination ? A-t-il donc failli ? Non, il nous a sauvés par ces souffrances intérieures recherchées à dessein, autant que par les tortures extérieures infligées par ses bourreaux. Réduit à l'agonie par la vivacité de son imagination qui prévient les événements, et par la sensibilité de son Cœur qui aime éperdument des ennemis, il console et rassure ces âmes pieuses, qui s'entendent reprocher souvent de porter dans leur cœur la cause de leurs afflictions. Et ne portons-nous pas dans notre corps la cause de nos maladies ? Nos infirmités corporelles n'en peuvent pas moins être très-méritoires, si nous savons faire de nécessité vertu. Lors donc qu'une âme est torturée par la prévision ou l'exagération de ses maux, par l'excès de sa délicatesse ou de sa sensibilité, qu'elle laisse mille personnes la charger de reproches ou de mépris, et qu'elle considère Jésus-Christ seul en son agonie. Jésus lui reste, et c'est assez ; car il lui reste avec la force, avec la lumière, avec la consolation de ses souffrances et de ses exemples

III. Une troisième manière d'agoniser avec le Sauveur, c'est d'endurer comme lui notre dernière agonie, c'est de prier, d'agir, de souffrir pour sanctifier l'agonie des autres. Qu'elles sont affreuses les angoisses des pauvres moribonds, lorsque le remords de la conscience, la crainte du jugement qui s'approche et l'incertitude du salut éternel se réunissent, pour remplir leur âme de trouble et de frayeur ! L'enfer, qui n'a plus qu'un peu de temps (Apocalypse 12,1 2), redouble sa rage et fait un effort suprême, pour saisir au passage cette proie qui va lui échapper. Pour ce dernier combat, le démon qui d'ordinaire tendait des embûches à l'âme durant son pèlerinage, ne se contente pas de venir seul à la charge, mais il appelle à son aide des légions innombrables d'esprits infernaux. L'Église a donc bien raison de convoquer ses fidèles et ses ministres, d'appeler même les anges du ciel, auprès du plus humble agonisant qui va quitter la terre, pour opposer les saintes phalanges de la lumière et de l'amour aux infernales phalanges des ténèbres et de la haine. Secondons-nous de tous nos efforts les pieux desseins de notre mère ? Invoquons-nous Jésus agonisant pour chaque moribond, comme fait le prêtre qui l'assiste ?...

Lisez dans l'Agonie de Jésus, liv. I, ch. VII, Jésus agonisant, soutien des affligés.

 

Pratique : Laissons le Seigneur nous immoler en paix et sans bruit, sur le calvaire du cœur ou dans le jardin de l'agonie. Confortons les affligés, comme l'ange consolateur conforta Jésus. Engageons les cœurs qui souffrent à recourir au Cœur agonisant du divin Maître, pour qu'il sanctifie leur agonie par l'exemple et le mérite de la sienne. Prions tous les jours pour les mourants.

 

Exemple

 

On raconte de saint André Avellin, qu'au moment de sa mort son lit fut entouré de milliers de démons, et que pendant son agonie il eut un combat si terrible à soutenir contre l'enfer, que tous les religieux qui l'assistaient en furent saisis d'épouvante. On vit le visage du saint se décomposer, et prendre une couleur livide ; il tremblait de tous ses membres ; les larmes coulaient de ses yeux en abondance : autant d'indices du violent assaut qu'il avait à repousser. Un pareil spectacle arrachait des pleurs à tous les assistants : chacun redoublait de prières, chacun tremblait pour soi en voyant qu'un saint mourait de la sorte. Une seule chose consolait ces religieux ; c'était que le moribond tournait souvent ses regards vers une image de la très sainte Vierge, comme pour demander du secours. On se souvenait qu'il avait dit plus d'une fois, durant sa vie, que Marie serait son refuge à l'heure de la mort : « Ora pro nobis, in hora mortis ». Ce fait est cité par Saint Alphonse de Liguori.

 

Vingt-quatrième jour

La sueur sanglante

 

Durant son agonie et sa longue prière, Jésus sua du sang, sudor ejus sicut guttœ sanguinis decurrentis in terram (Luc 22, 44). Le sang et la sueur ordinaire ayant paru presque en même temps sur son corps, le sang s'y figea bientôt, et fut entraîné jus- qu'à terre par la fluidité de la sueur, qui lui servait comme de véhicule ; ou bien la sueur de sang étant très abondante coula jusqu'à terre, aidée à prendre ce cours par l'humidité que la sueur laissa sur la peau.

 

Méditation

 

I. Le péché se forme dans le cœur, avant de se consommer à l'extérieur par l'action, et il consiste dans la détermination de la volonté, plutôt que dans l'acte matériel. Il faut donc que le pécheur, avant d'offrir à Dieu le sacrifice de son corps au moyen de la satisfaction, lui offre le sacrifice de son cœur au moyen de la contrition. Caution des pécheurs, Jésus allait offrir le sacrifice de son corps sur le Calvaire, en satisfaisant surabondamment à la justice divine ; mais il commence par offrir, au jardin des Oliviers, le sacrifice de son Cœur par une indicible contrition. Sur le Calvaire la présence des bourreaux, faisant violence au Sauveur, empêchera les Juifs de croire que cette mort sanglante soit libre et volontaire du côté de la victime. Mais au jardin, la sueur de sang met en évidence cette liberté du sacrifice, qui importe tant à notre salut. Ici point de tourments ni de coups ; aucune blessure extérieure ne force le sang à jaillir des veines. Ici le Fis de Dieu, tout à la fois prêtre, autel et victime, ouvre lui-même, par son propre vouloir, ses veines sacrées. Profitons-nous aussi de notre liberté, pour multiplier nos sacrifices, les rendre plus saints et plus complets ?...

II. Quel supplice ne cause pas à toutes les parties du corps de Jésus agonisant, la rupture subite de tant de fibres délicates, dont le moindre dérangement nous cause de si excessives douleurs ! Mon sacrifice serait imparfait, disait le Fils de Dieu, s'il n'était celui d'un esprit abattu et d'un cœur brisé, spiritus contribulatus, cor contritum (Psaume 50, 19). Et mon âme, plus excellente que mon corps, doit être plus accablée par la crainte et la douleur, que mon corps ne le sera par les coups redoublés qui tomberont sur lui. Je ne trouve donc maintenant d'autre consolation que de consentir à m'affliger, puisque vous voulez que je souffre, ô mon Père ! Cette nuit est pour moi aussi douloureuse que le sera ma croix. Tous mes os sont comme arrachés de leur place, tous mes nerfs sont mis à la torture, mon Cœur est devenu semblable à la cire qui se fond (Psaume 21, 15), et mes artères sont agitées par un mouvement si violent, qu'elles s'entr'ouvrent et répandent du sang par tous mes pores. Avons-nous souffert, avons-nous combattu, avons-nous seulement résisté jusqu'au sang ?...

III. J'ai foulé le pressoir, avait dit le Sauveur par la bouche du prophète, je l'ai même foulé seul, car personne n'était avec moi, et mon vêtement a été couvert de sang (Isaïe 63, 3). Dans Gethsémani, qui signifie pressoir, sa chair a été foulée comme sous un pressoir, et le sang en est sorti, comme le suc sort du raisin en rougissant les habits de ceux qui le pressent. C'était Jésus lui-même qui, sans le secours d'aucun bourreau, pressait ainsi sa chair très sainte pour en exprimer le sang. Il pouvait dire : « Aucun homme de cœur n'est avec moi », car aucun gentil, aucun juif ne partageait son agonie, ne le soutenait dans cette lutte, n'essuyait sa sueur. Exposé à cette juste colère de Dieu, qui est comparée à un pressoir (Apocalypse 19, 15), et pour ainsi dire vendangé par le Seigneur (Thren. 1, 12) en punition de nos crimes, le Cœur du bon Maître ressemblait à un raisin foulé avec violence sous le pressoir, pour qu'un vin généreux en jaillisse de toutes parts. Jésus, c'est moi qui ai mis votre Cœur sous le pressoir pour en faire jaillir le sang. Puisse une goutte de ce sang tomber sur mon cœur refroidi, pour l'animer, l'échauffer, et le rendre tout brûlant du feu sacré de votre amour !...

Lisez dans l'Agonie de Jésus, liv. XI, ch. X, Fins et significations de la sueur de sang.

 

Pratique : Voulons-nous satisfaire à Dieu pour nos péchés ? Prenons pour modèle Jésus suant sang et eau, et implorons son secours. Mon Sauveur, qui avez sué volontairement du sang pour moi, changez la délicatesse de mon cœur en un vif désir de souffrir quelque chose pour vous.

 

Exemple

 

Sainte Madeleine de Pazzi éprouvait une indicible compassion pour le Sauveur en sa sueur de sang. Un jour, dans une extase, l'ayant vu tout sanglant au jardin des Oliviers, elle en conçut tant de douleur que de moment en moment elle tombait par terre, comme si elle eût été morte. Puis poussant les soupirs les plus enflammés, elle s'écria : « Mon Jésus, vous avez sué du sang ! Ah ! que ne puis-je enchaîner toutes les volontés des créatures, et les amener à vous !... Je ne puis plus, ô mon amour, vous appeler le plus beau des enfants des hommes, comme faisait le prophète (Psaume 44, 3), puisque je vois tout votre visage plein de sang. Tous vos apôtres dorment ; je m'étonne qu'ils ne se lèvent pas pour considérer votre face ensanglantée... » La sainte voyait tomber des gouttes de sang du visage de Jésus-Christ jusqu'à terre ; elle s'écriait avec une grande stupeur : « Il sue du sang ! mon amour, ne suffit-il pas que vous suiez du sang de tous les membres de votre corps ? Faut-il encore que je vous voie répandre par vos yeux des gouttes de sang, au lieu de larmes ? mon amour, que n'ai-je été moi-même la terre qui recevait ce sang !... Oh ! Si je pouvais recevoir quelques gouttes de votre sang, qui sont comme autant de rubis précieux tombant sur la terre ! Oh ! Si mon cœur était cette terre qui les reçoit, qu'il serait riche, qu'il serait heureux ! Il aurait en lui-même un trésor suffisant pour acheter mille mondes ».

 

Vingt-cinquième jour

Le sommeil

 

Durant sa prière, Jésus agonisant se leva plusieurs fois pour visiter ses apôtres privilégiés ; mais il les trouva toujours dormants, invenit eos dormientes (Matthieu 26, 40). Combien ce lâche sommeil fut poignant pour le Cœur du bon Maître ! Combien notre cœur à nous-mêmes ne souffre-t-il pas du sommeil ou de l'indifférence de nos amis, pendant que le vent de l'adversité souffle sur nous !

 

Méditation

 

I. Dans le présent Jésus lisait l'avenir, et il se disait : Ce sommeil de mes disciples m'est plus dur que la cruauté de mes bourreaux. Je vois que mon corps mystique, par la somnolence de mes pontifes et de mes prêtres, sera dans la suite assailli et maltraité, autant de fois que les successeurs des apôtres les imiteront dans leur sommeil, plus que dans leur courage. On verra dans les champs de l'Évangile, ensemencés par ma parole, arrosés par mon sang, croître les germes funestes de l'ivraie ou de la zizanie, les doctrines licencieuses, les hérésies manifestes, parce que mes apôtres dorment et que leurs successeurs dormiront encore. On verra les églises non respectées, les sacrements non fréquentés, les autels sans ornements, les mœurs sans pureté, la religion sans prestige,parce que mes apôtres dorment et que leurs successeurs dormiront encore. Ah ! mon Cœur en éprouve une agonie de tristesse et de dégoût ! Ne contribuons-nous point a endormir dans la tiédeur et la mollesse quelques âmes, des fidèles et même des prêtres ?...

II. Le sommeil de nos amis était aussi représenté dans le sommeil des amis de Jésus. Quel désappointement cruel pour nous, quand nous sommes forcés, durant nos épreuves, de comparer nos amis à ces oiseaux de passage, qui ne s'arrêtent en nos climats qu'autant que l'air en est doux et tempéré, et qui s'envolent aussitôt que l'hiver approche ! Alors notre sensibilité se retourne contre elle-même, et le développement qu'elle avait acquis par l'amitié, ne sert plus qu'à augmenter notre tourment. Heureux, mille fois heureux, Seigneur, l'homme qui tend vers vous les bras de son affection, et qui met en vous seul tout son amour, toute sa confiance ! Car vous seul peuplez réellement pour lui toutes les solitudes, vous seul ne lui manquez jamais, vous seul lui êtes un appui toujours prêt et toujours puissant, vous seul faites refleurir pour lui les sentiers de la vie, vous seul lui ouvrez à la mort les portes du ciel. Vous seul, ô Dieu fait homme, Jésus agonisant, victime du sommeil de vos amis, vous êtes pour nous un ami qui jamais ne sommeille réellement...

III. Dieu lui-même semble dormir quelquefois à notre égard : sommeil apparent, mais néanmoins douloureux pour nous, qui nous écrions alors avec David : Quare obdormis, Domine ? pourquoi dormez-vous, Seigneur ? Pourquoi oubliez-vous notre indigence et notre tribulation ? (Psaume 43, 23-26) ? Il nous répond : « Je dors, mais mon Cœur veille, Cor meum vigilat » (Cantique 5, 2). Mon sommeil ne ressemble-t-il pas à celui d'une mère, auprès du berceau de son enfant ? Lors même que ses sens paraissent le plus endormis, son cœur veille, et le moindre cri poussé par l'objet de son amour, la retrouve prête à lui prodiguer ses soins. Ainsi, malgré mon sommeil apparent sous le voile des espèces sacramentelles, mon Cœur eucharistique est toujours veillant et priant pour vous. Oui, mon Dieu, vous êtes l'ami qui veille pour les amis mêmes qui s'endorment ; vous êtes celui qu'au sortir de leur sommeil, interrompu parle malheur, ils trouvent toujours prêt à leur prodiguer ses conseils, ses secours et son sang. Ai-je recouru à ce Cœur divin qui veille nuit et jour près de moi, toutes les fois que je me suis senti malheureux et délaissé ?...

Lisez dans L'Agonie de Jésus, liv. IX, ch.I, Le sommeil de nos amis.

 

Pratique : Rougissons d'abandonner nos amis dans le malheur, ou de nous montrer indifférents à leurs souffrances. Si nous sommes nous-mêmes abandonnés de nos amis, ne nous en plaignons qu'à Dieu, et versons toutes les tristesses de notre cœur dans le Cœur agonisant ou dans le Cœur eucharistique de Jésus, en attendant de lui seul notre meilleure consolation.

 

Exemple

 

Saint Jean Eudes, fondateur des prêtres de Jésus et Marie, et des Religieuses de Notre-Dame de charité, vit ses meilleurs amis s'éloigner de lui, tant sa réputation fut attaquée par d'atroces calomnies. Ceux mêmes qui l'avaient exhorté à entreprendre l'établissement de sa Congrégation, l'abandonnèrent dans le malheur, à l'exception de trois; la reine-mère refusa de l'admettre à se justifier ; le vertueux baron de Renty fut lui-même ébranlé. Mais le P. Eudes ne se montra jamais plus tranquille et plus satisfait, que lorsqu'on le traita plus indignement. Un jour, dans les rues de Caen, une femme applaudie par la populace le chargea des injures les plus grossières. Il ne songea seulement pas à se dérober aux insultes, et on ne s'aperçut qu'il avait senti cette brutalité, que lorsqu'étant rentré au séminaire il dit à celui qui l'accompagnait : « Allons, mon frère, allons remercier Notre-Seigneur de la grâce qu'il nous a faite, de vouloir bien partager avec nous ses humiliations ». Dans ce même temps il écrivit : « Où trouvera-t-on un ami fidèle ? C'est la chose du monde la plus facile. Aimons Jésus fils de Marie, et Marie mère de Jésus ; mettons toute notre confiance en eux, et ils feront paraître leur puissance et leur bonté ». Ces deux amis célestes lui ramenèrent, en effet, la confiance et l'estime de tous, avec le succès de ses œuvres.

 

Vingt-sixième jour

Le réveil

 

Les deux premières fois que le Sauveur visita ses apôtres endormis, il leur adressa des reproches pour les réveiller : « Est-ce donc ainsi que vous tenez vos promesses ? Quoi ! vous n'avez pu veiller une heure avec moi ! » Mais dans la troisième visite il leur dit : « Dormez maintenant et reposez-vous » (Marc 14, 41). Néanmoins il ajouta aussitôt : « C'est assez, levez-vous ! »

 

Méditation

 

I. Le bon Maître réveille ou corrige ceux qu'il aime le plus parmi ses disciples, et c'est même au premier d'entre eux qu'il adresse d'abord ses reproches : « Simon, dormis ! Simon, tu dors ! » (Marc 14, 37). Il avait plus promis que les autres, il était leur chef ; n'était-il pas plus obligé à veiller ? Pour qu'il sente mieux sa faute, il reçoit ici le nom du vieil homme, le nom de l'humble et obscur pêcheur, Simon ; il ne reçoit pas du tout le nom de l'homme nouveau, du pontife suprême, du fondement de l'Église, Pierre. De même après notre conversion, après des jours de ferveur, si nous commençons à nous endormir, la voix de notre conscience nous adresse de légers reproches, et nous rappelle aussi notre humiliant passé. L'écoutons-nous ? Secouons-nous notre torpeur ?...

II. Jésus agonisant dit ensuite aux trois apôtres ensemble : « Sic non potuistis una hora vigilare mecun ? Ainsi vous n'avez pu veiller une heure avec moi ? » (Matthieu 26, 40). Ainsi se rapporte à ce que tous avaient dit après leur chef : « Quand même il me faudrait mourir avec vous, je ne vous nierai point » (Matthieu 26, 35). Voilà donc, leur dit le Sauveur, voilà donc comme vous êtes préparés à mourir avec moi, vous qui n'avez pas même pu veiller avec moi pendant une heure ! Une heure signifie ici un moment, par une figure dont le Maître se sert, pour faire ressortir toute la négligence de ses disciples. Par sa brièveté ce reproche unit la force à la douceur. Avec moi rend le reproche plus grave Jésus veillait lui-même, il veillait pour ses disciples, il veillait en présence de ses disciples, il gardait ses disciples comme un père garde ses petits enfants, comme un pasteur arde ses timides brebis : les trois disciples n'avaient donc point à s'effrayer de leur solitude, et, sous les yeux du divin Maître, leur indolence ou leur lâcheté devenait moins excusable et plus honteuse. Nous-mêmes nous ne sommes jamais seuls, le Seigneur est toujours avec nous, comme le prêtre nous le souhaite et l'affirme souvent. Dominus vobiscum ! Pourquoi donc sommes-nous si facilement découragés, abattus ?...

III. Les apôtres préférés, et pourtant si faibles, fie savaient que répondre aux justes reproches que le Fils de Dieu leur adressait, ignorabant quid responderent ei (Marc 14, 40). Les yeux de leur âme étaient appesantis, comme ceux de leur corps, leur intelligence était elle-même obscurcie par la sensualité, par le péché. L'ignorance est un sommeil. L'ignorance volontaire, causée par la paresse de l'esprit, est parfois en nous un sommeil coupable, dont nous rendrons un compte sévère. Les disciples écoutèrent avec une humble confusion les reproches du Maître, et ne cherchèrent point à se justifier. Ce silence est digne d'éloges : l'imitons-nous, nous qui sommes toujours si prompts à trouver des excuses ? Mais ils n'en retombèrent pas moins dans le sommeil : combien nous aussi nous profitons peu des avertissements qui nous sont donnés ! Combien nous restons endormis au service de Dieu !...

Lisez dans L'Agonie de Jésus, liv. IX. ch. IV, Le repos permis.

 

Pratique : Réveillons-nous à l'approche du carême, et par nos prières, nos actes, nos exemples, faisons en sorte que la sainte parole réveille les âmes endormies. Venons nous-mêmes toujours, et amenons les autres au pied de la chaire de vérité, afin de produire cette édification du nombre, qui est un réveil et un entraînement pour toute une paroisse.

 

Exemples

 

Dans l'histoire des Saints, on voit quelles admirables industries le Seigneur leur inspire pour réveiller les âmes. Saint François-Xavier, après avoir vainement exhorté un grand pécheur à se confesser, l'invite à faire avec lui une promenade sur une montagne voisine. Dès qu'ils sont seuls et à l'écart, l'apôtre saisit des chardons, s'en fait une discipline, se dépouille et se frappe rudement, en répétant à son compagnon : « C'est pour vous, c'est pour apaiser la colère de Dieu qui va tomber sur vous ! » Le sang qui sort des épaules de l'innocent rejaillit sur le coupable ; vaincu par un tel exemple de charité, le pécheur tombe aux pieds du saint, se confesse et se corrige.

Du vivant de saint Ignace, un Frère de la Compagnie de Jésus, fort tenté sur sa vocation, résolut de quitter Dieu pour retourner au monde. Le saint fondateur, ayant découvert que la cause de ce trouble venait d'un péché dont ce Frère ne voulait pas se confesser, alla le trouver et lui raconta toute sa vie passée, combien il avait été acharné au faux amour des créatures, afin de lui ôter la honte, et de lui donner une meilleure impression de la miséricorde divine. Heureux l'homme qui, dans la voix terrible des révolutions et des malheurs publics ou privés, reconnaît la voix du divin Maître lui donnant une leçon sur la vanité des choses humaines, pour le réveiller de son assoupissement et rattacher on cœur à Dieu !

 

Vingt-septième jour

N'entrons pas dans la tentation

 

Aux reproches, Notre-Seigneur ajouta un précieux conseil : « Veillez et priez, dit-il aux trois apôtres, afin que vous n'entriez point en tentation » (Marc 14, 38). De quelle tentation parle-t-il ? de toute tentation, principalement de la tentation de l'abandonner lui-même, comme les apôtres vont le faire dans sa passion, parce qu'ils n'ont ni assez veillé ni assez prié.

 

Méditation

 

I. Nous sommes tous éprouvés par quelque espèce de tentation. L'Homme-Dieu fut tenté, et sa tentation s'étend à tous les chrétiens ; elle se fit sentir aux apôtres et se fait sentir à chacun de nous, elle se fera sentir à ceux qui viendront après nous. Aussi ne dit-il pas : « Veillez et priez pour n'être point tentés » ; il dit seulement : « Veillez et priez pour ne pas entrer dans la tentation, ut non intretis in tentationem » (Matthieu 26, 41), pour n'être pas vaincus par la tentation, pour qu'elle ne vous prenne ni ne vous retienne dans ses filets. Nous ne pouvons pas empêcher le démon de nous tendre des pièges, des filets, des embûches, mais nous pouvons ne jamais y tomber ; nous sommes tentés malgré nous, mais nous n'entrons dans la tentation que de notre gré. Tenons-nous donc sur nos gardes, et prévoyons le danger, l'occasion, la tentation, pour n'y pas entrer...

II. Qu'est-ce que d'entrer dans la tentation ? C'est entrer dans les sentiments qu'elle suggère, en suivre l'attrait, en subir la violence ; c'est entrer dans le courant de nos passions, et nous laisser entraîner ou submerger. Entrer en tentation, c'est appliquer notre esprit à ce qui nous est subitement suggéré de mauvais, c'est nous en occuper. On veut voir ce que c'est, on s'entretient quelque temps avec le serpent, on ne veut pas le chasser sans savoir ce qu'il dit, et l'on pénètre ainsi plus ou moins rapidement dans la tentation, où l'on ne tardera pas à périr. Car toutes les tentations ont un commencement, qui mène fort loin quand il est négligé. Mais il serait aisément vaincu, si on ne lui laissait pas le temps de se fortifier, soit par une espèce d'engourdissement et de paresse, soit par une mauvaise curiosité, soit par une présomption téméraire. Nous entrons d'autres fois dans la tentation par plaisir ou par faiblesse, parce que nous négligeons la prière, et que nous nous laissons amorcer par le moindre appât, comme le poisson qui entre dans le filet ou mord à l'hameçon. N'est-ce point là l'explication de nos chutes ?...

III. En disant tous les jours à Dieu : « Et ne nos inducas in tentationem, ne nous induisez point en tentation, ne nous laissez pas succomber à la tentation (Matthieu 6 , 13), nous ne refusons pas d'être tentés, nous demandons la force de résister aux tentations, une force qui soit proportionnée au péril. Nous prions notre Père céleste de régler tellement, à notre égard, tous les événements dont il est le maître absolu, qu'aucun ne devienne pour nous une tentation trop forte, subite ou imprévue. Nous demandons qu'il nous inspire la vigilance et la fidélité, pour réprimer les plus légers commencements de la séduction ou de la crainte ; nous demandons qu'il fasse cesser la tentation, avant que notre patience et notre fermeté soient abattues. Si néanmoins nos tentations se multiplient, tâchons de nous en consoler et de nous en réjouir. Comme la fumée précède le feu, la tentation précède la gloire : et comme l'or s'épure dans le creuset, l'homme se perfectionne dans les épreuves. Ne nous laissons-nous point aller, au contraire, à la tristesse et au découragement ?...

Lisez dans L'Agonie de Jésus, liv. XI, ch. IX, N'entrez pas dans la tentation.

 

Pratique : Pour ne point entrer dans la tentation ou pour en sortir victorieux, veillons par la pratique des bonnes œuvres, prions par la fréquentation des sacrements. Augmentons même souvent alors nos charités, nos oraisons et nos austérités. Pour faire de toutes nos tentations autant de sources de grâces, demandons instamment à Dieu la prudence et le courage.

 

Exemple

 

Au temps de saint Vincent de Paul, un célèbre docteur en théologie fut soumis à une terrible épreuve. Son esprit s'obscurcit, sa foi s'ébranla, la prière sur ses lèvres se changea en blasphème, et le désespoir lui soufflait de continuelles tentations de suicide. Après de vains efforts pour le guérir, Vincent s'offrit à Dieu en victime, et consentit à prendre sur lui la tentation du docteur. Cet héroïque sacrifice fut accepté dans toute son étendue. Pendant que la lumière, l'espérance et l'amour affluaient dans l'âme du docteur, le saint était cruellement tenté, malgré ses larmes et ses bonnes œuvres. Alors il écrivit son Credo, et l'appliqua comme un remède sur son cœur. Puis, il convint avec Dieu que sa main, posée sur ce papier, serait un désaveu de la tentation et un acte de foi. De plus, il se fit une loi de contredire en tout les suggestions de l'ennemi, dans ses pensées, ses paroles et ses actes, s'appliquant à suivre toujours l'esprit de foi, à ne proférer que son langage, et à ne produire que les œuvres de la divine charité. Ce fut alors qu'il multiplia ses visites et ses services dans les hôpitaux. Cependant trois ou quatre années se passèrent dans ce rude exercice, et la tentation durait toujours. Dieu voulait encore quelque chose de son serviteur. Un jour qu'il était plus désolé que de coutume, il tomba à genoux et voua a vie à Jésus Christ dans la personne des pauvres. Il se releva libre et consacré apôtre de la charité.

 

Vingt-huitième jour

Promptitude et faiblesse

 

En recommandant la vigilance et la prière, Jésus en donna ce motif : « Spiritus quidem promptus est, caro autem infirma » (Matthieu 26, 41), parce que l'esprit est prompt à s'élever vers l'avenir, et à former de beaux projets, mais la chair est faible à les réaliser, et à tenir nos meilleures résolutions. Une trop grande confiance dans la promptitude de l'esprit, doit nous faire craindre d'autant plus la faiblesse de la chair.

 

Méditation

 

I. Le Verbe incarné, pendant sa vie mortelle, avait eu la promptitude de l'esprit, et il avait vivement désiré sa passion ; mais à peine l'heure de souffrir est-elle venue, qu'il éprouve la faiblesse de la chair et tombe en agonie. De même nous concevons dans la joie, mais nous enfantons dans la douleur, et peut-être ne participons-nous jamais mieux à l'agonie du Sauveur, qu'au moment d'accomplir, comme lui, ce qui doit contribuer à la gloire de Dieu et au salut des âmes. Si notre esprit est généreux, comme le sien, à vouloir ce qui est saint et utile, prompt à trouver les moyens de le faire, notre chair est faible dans l'exécution ; elle sent la peine et la fatigue, elle nous force à dire quelquefois : ah ! Qu'il en coûte pour faire le bien ! Sommes nous alors courageux, comme Jésus, pour aller au-devant des difficultés ?...

II. Les apôtres avaient prouvé la promptitude de leur esprit, quand ils avaient dit : « Nous mourrons avec vous » (Marc 14, 31) ; maintenant ils prouvent l'infirmité de leur chair, en se livrant au sommeil précurseur du renoncement ou de l'abandon. Nous-mêmes ne prouvons-nous pas cette promptitude de l'esprit dans les moments de ferveur ? par exemple, lorsque, dans la joie d'une première communion, nous renouvelons nos promesses du baptême ? Mais vienne l'adversité, vienne la tentation, nous ne montrons plus que la faiblesse de la chair. Cette promptitude et cette faiblesse, en un même sujet, nous causent parfois une sorte d'agonie. L'agonie est un abaissement de la vie : notre vie ne s'abaisse-t-elle pas par la faiblesse de la chair ? L'agonie est un combat : le combat, ne se ranime-t-il pas en nous par la promptitude de l'esprit ? Chacun de nous peut dire : Il y a deux hommes en moi, l'homme de l'esprit et l'homme de la chair ; et ces deux hommes se font souvent la guerre. Puisse cette lutte intérieure m'apprendre à être plus indulgent pour le prochain, plus miséricordieux dans mes jugements !...

III. Le tour de phrase dont se servit le divin Maître, attirait l'attention de ses disciples sur la faiblesse de là chair, plus que sur la promptitude de l'esprit, et la leur présentait comme ce qui les exposait le plus à entrer dans la tentation ; car l'esprit est prompt à la vérité, mais la chair est bien faible. Saint Paul insistera aussi davantage sur cette infirmité de la partie animale de notre être, puisqu'il en gémira souvent dans ses épîtres. Le principal motif de cette insistance est, sans doute, que la faiblesse de la chair n'est pas une simple absence de forces, quelque chose de purement négatif, mais une résistance positive à l'esprit par la violence des désirs contraires. Cette faiblesse de la chair n'est point semblable à la débilité d'un malade ou d'un enfant, qui n'est capable d'aucun effort ; on doit la comparer à la résistance d'un homme sain et robuste, d'un athlète ferme et vigoureux, combattant contre un autre qui prétend l'assujettir. Que faisons-nous pour diminuer cette résistance de la chair aux mouvements de l'esprit ? Nous imposons-nous des privations ou quelques macérations, comme le grand apôtre qui châtiait son corps pour le réduire en servitude (1 Corinthiens 9, 27) ?...

Lisez dans L'Agonie de Jésus, liv. IX,ch. XI, Promptitude de l'esprit et faiblesse de la chair en nous-mêmes.

 

Pratique : Gardons-nous d'accroître la fragilité de la chair, en prenant les habitudes d'un siècle sensuel, où chacun cherche ses aises et veut trouver partout le confortable. Défions-nous de l'ardeur même de l'esprit, qui peut devenir pour nous un danger, parce qu'elle naît quelquefois de l'orgueil et engendre la présomption. A la mortification unissons toujours l'humilité.

 

Exemple

 

Saint Thomas d'Aquin, à peine âgé de seize ans, s'enfuit de sa famille qui s'opposait à sa résolution d'entrer chez les dominicains. Surpris en route, il fut ramené au château d'Aquin et resserré dans une étroite prison. Une courtisane fut même introduite dans sa chambre. Aussitôt, prenant un tison enflammé, il repousse et poursuit la misérable. Puis, avec le même tison, il trace une croix sur le mur, tombe à genoux et renouvelle le vœu qui le consacrait entièrement au Seigneur. Pendant qu'il priait, un doux sommeil s'empara de lui. Les anges le visitèrent dans cette extase de la virginité, et ceignirent ses reins d'une ceinture, en lui disant : « Nous venons à toi, de la part de Dieu, te conférer le don de virginité perpétuelle ». Le cordon miraculeux que Thomas avait reçu des anges, et qu'il porta jusqu'à la fin de sa vie, fut donné à la maison des dominicains de Verceil, en Piémont. Sur ce modèle furent faits d'autres cordons semblables, qui devinrent la marque distinctive d'une nouvelle association, nommée la Milice Angélique, dont le but était de conserver ou de reconquérir le trésor de la pureté. Cette légion sainte, armée pour le triomphe de l'esprit sur la chair, se répandit avec une merveilleuse rapidité dans toutes les contrées de l'Europe, et s'est perpétuée jusqu'à nos jours. Les riches et les pauvres, les rois et les reines se firent gloire, pendant plus de cinq siècles, de porter le cordon de saint Thomas et de la sainte Vierge ; il devint surtout en usage parmi les étudiants de toutes les universités.

 

Vingt-neuvième jour

Prière répétée

 

Jésus agonisant se tourna trois fois vers son Père pour demander grâce, et trois fois il parut repoussé. Il s'approcha trois fois de ses plus chers disciples, comme pour en recevoir un peu de consolation, et trois fois il les trouva endormis. Comment cette réitération des mêmes efforts, toujours infructueux en apparence, n'aurait-elle pas aggravé l'agonie du chef, puisqu'elle aggrave tous les jours l'agonie des membres, nos luttes et nos souffrances morales ?

 

Méditation

 

I. Le Sauveur au jardin des Olives fit trois fois la même prière, oravit tertio eumdem sermonem dicens (Matthieu 26, 44). Il répéta les mêmes choses, et presque les mêmes paroles. Cette répétition peut se rapporter au transeat, au calice dont il demandait l'éloignement, et dans ce cas l'identité des termes n'excluait point la variété des intentions. Par ce calice, le divin agonisant ne pouvait-il pas indiquer tantôt une chose, tantôt une autre ? Cette répétition peut s'entendre du fiat, c'est-à-dire de la résignation qui, dans l'expression comme dans le sentiment, était générale et s'étendait à tout, mais qui pouvait admettre quelque variété dans les termes : « Que votre volonté soit faite et non la mienne (Luc 22, 42), non ce que je veux, mais ce que vous voulez (Marc 14, 36), comme vous voulez et non pas comme je veux (Matthieu 26, 39). Toutes les prières ne sont-elles pas résumées ou renfermées dans celles-là? Et n'est-ce pas cette partie de sa prière que Notre-Seigneur répéta surtout ? Est-ce aussi ce que nous aimons à répéter le plus, fiat ! Fiât !? D'ordinaire nous ne répétons volontiers que le transeat de la répugnance : loin de moi cette épreuve, loin de moi ce mépris, loin de moi cette douleur ! Notre parfait modèle l'a dit en son agonie, mais en ajoutant chaque fois le fiat de la soumission. L'imitons-nous ?...

II. Cette répétition se rapporte à l'ensemble, et s'entend de toute là prière de Notre-Seigneur. Il la répéta plusieurs fois intégralement, et voulut nous apprendre ainsi à persévérer dans nos demandes, à les renouveler même avec une constance toujours plus grande. Car notre insistance finit par obtenir ce qui pourrait être refusé à notre indignité. Cette importunité réjouit merveilleusement notre Père céleste. S'il diffère de nous accorder ses dons, son motif ordinaire est de nous les faire demander lus souvent et plus instamment. La foi, l'humilité, le respect et la confiance préparent les grâces, mais c'est la persévérance qui nous les obtient. Nous obstinons-nous dans la même prière, dans la même demande ?...

III. Le bon Maître voulait aussi nous montrer qu'une première résignation, une première acceptation du calice, ne suffit pas de notre part, et que nous devons réitérer souvent les protestations de notre obéissance, avec les prières qui peuvent seules nous obtenir cette conformité. Le Fils de Dieu ne s'était-il pas pleinement soumis dès la première fois, et son sacrifice n'avait-il pas été sans réserve ? Cependant il réitère les mêmes instances, pour s'entretenir dans ces heureuses dispositions. Pourquoi donc nous, qui sommes si changeants et si faibles, ne réitérerions- nous pas les mêmes exercices de piété, la méditation, l'examen, la confession, la visite et la communion ? L'Église le fait, comme son divin Époux. C'est la manne qui tombe toujours la même dans le désert de cette vie, mais qui a tous les goûts et toutes les délices (Sagesse 16, 20). Sommes- nous fidèles à la recueillir ?...

 

Lisez dans L'Agonie de Jésus, liv. IX, ch. XIV, Répétition des mêmes prières.

 

Pratique : Combattons la paresse de l'esprit, qui met obstacle à notre persévérance dans les mêmes prières, à nos progrès dans l'oraison, à notre perfection dans la vie contemplative. Tenons-nous en garde contre la manie de changer ou de multiplier les pratiques de dévotion, parce qu'elle n'est qu'une pure impatience de notre nature, qui veut toujours courir à cent choses, et qui n'aime rien tant que la nouveauté.

 

Exemple

 

La charité de saint Paul était un vaste et profond océan ; il donnait quelque soulagement à l'impétuosité de ses flots, en multipliant ses prières, en réitérant ses instances pour les enfants d'Israël. Pour eux l'affection de mon cœur, écrivait-il. et pour leur salut ma prière à Dieu (Romains 10, 1).La charité divine fut toujours le foyer du plus ardent patriotisme, et, en vivant ou en mourant pour Jésus-Christ, les saints priaient très souvent pour leur patrie. Ils prient encore pour elle comme pour leur famille, comme pour lEghse, et ils ajoutent à la prière le sacrifice. Pour décider le Seigneur à donner des grâces de choix, les religieuses du Cœur agonisant réitèrent chaque jour leur vœu d'immolation. Il les oblige au jeûne hebdomadaire et cette pratique extérieure de mortification a pour but de leur rappeler abattement corporel, auquel la sueur de sang réduisit le divin Maître. Il les oblige à l'exercice quotidien d'intercession, et cet exercice répond à la prière prolongée que fit l'Homme-Dieu dans le jardin des Oliviers. Quoi de plus éloquent que le cri de miséricorde poussé par toutes ces épouses du Sauveur, qui viennent au pied de l'autel s'associer à son sacrifice, unir leur prière à sa Prière, leur agonie à son agonie ! Des faits nombreux ont prouvé qu'elles obtiennent les grâces variées et puissantes, surtout des pensons inespérées, des conversions sincères, des morts édifiantes. Mais elles laissent à Dieu le soin de révéler ces faits. Leur vif désir est de rester elles-mêmes dans l'ombre et l'oubli, pour mieux imiter Jésus agonisant, dont la prière et le sacrifice sur le mont des Oliviers se firent dans le silence de la nuit.

 

Trentième jour

Les prévisions

 

Après avoir réveillé une troisième fois ses disciples, le divin Maître leur dit : « Il suffit, l'heure est venue, voici que le Fils de l'homme va être livré aux mains des pécheurs, Ecce Filius hominis tradetur. Levez-vous donc et allons. Voici que celui qui va me livrer est proche » (Marc 14, 41-42). Ces mots nous révèlent en Notre Seigneur cette prévision des épreuves, qui est souvent en nous une cause d'agonie, de souffrance, d'accablement.

 

Méditation

 

I. Les dernières paroles de Jésus agonisant à ses trois apôtres préférés, nous apprennent l'efficacité d'une résignation parfaite secondée de la grâce : il n'est rien de si pénible qu'elle ne nous fasse endurer ou entreprendre avec intrépidité ; elle réveille et fortifie toutes les puissances de L'âme. Notre Seigneur avait tremblé, avait été accablé de tristesse, s'était étendu sur la poussière et avait répandu une sueur de sang ; mais depuis qu'il s'est résigné pleinement à la volonté de son Père, il est plein d'ardeur pour affronter les redoutables épreuves qu'il prévoit, et il s'écrie lui-même : « En avant ! Venit hora », voici l'heure attendue depuis tant de siècles, voici l'heure que j'ai toujours regardée depuis le premier instant de ma vie, voici l'heure de ma détention et de votre affranchissement. Voici l'heure d'offrir aux hommes un suprême exemple de courage et de force, afin que, dans les occasions où ils se verront assaillis de difficultés, ils se souviennent de moi et surmontent tout généreusement, comme ils m'auront vu faire. Et pour qui va-t-il le faire ? pour qui court-il au-devant des souffrances prévues ? pour des indifférents, pour des ingrats, pour ses bourreaux eux-mêmes. Le Cœur agonisant de Jésus est un immense brasier d'amour ; le vent de l'ingratitude en rend la flamme plus vive et plus ardente. Ah ! Je veux en approcher mon cœur, pour qu'il s'embrase aussi et lui devienne semblable...

II. Les pécheurs désignés par la parole de Notre-Seigneur, in manus peccatorum, sont les Romains idolâtres, les Juifs déicides et Judas le traître. Cette connaissance anticipée de la trahison, de l'arrestation, de tous les détails de la passion, rendit plus douloureuse pour son Cœur toute sa vie mortelle, et en particulier son agonie. Dès son entrée en ce monde, il était homme pour sentir cette peine dans toute son étendue, et Dieu pour la prévoir dans toutes ses circonstances. Durant la passion, il y eut peu d'intervalle entre les différents supplices, à peine lui donnait-on le loisir de respirer ; néanmoins il ne les souffrit pas tous à la fois, au lieu qu'au jardin ces maux vinrent en foule assaillir son âme désolée : elle découvrit d'une seule vue toute cette longue et tragique histoire. Or tel qui pourrait résister en détail à tous ces malheurs, est accablé par la multitude. Le Sauveur fut d'abord abattu, mais avec quelle énergie il se releva ! Ainsi la grâce corrige et complète la prévision naturelle, qui souvent exagère les maux à venir, et nous abat plus qu'elle ne nous relève ; la grâce en fait la prévoyance chrétienne, qui prie avec Jésus, se mortifie avec Jésus, et se relève avec Jésus en face des difficultés réelles, pour les affronter de grand cœur...

III. Notre âme a deux facultés qui multiplient pour nous les douleurs et les épreuves. La mémoire et la prévoyance ne sont-elles pas en nous comme deux échos, qui répètent tous les sons lamentables, ou comme deux miroirs qui réfléchissent toutes les images sombres et attristantes ? Nous oublions plus facilement nos joies que nos douleurs, et nous sommes plus prompts à prévoir la peine que le plaisir. Cette prévision nous sert-elle toujours à augmenter nos mérites, en multipliant nos actes de résignation ? C'était dans sa prière que le Fils de Dieu prévoyait et acceptait toutes ses épreuves ; le temps de nos exercices de piété n'est il pas aussi le plus favorable à la prévoyance, et à l'acceptation de nos croix ? L'oraison du matin et la retraite annuelle sont des actes de prévoyance pour toute une journée, pour toute une année. La vie spirituelle est une continuelle prévoyance, et les saints furent les plus prévoyants de tous les hommes. Sous ce rapport, sommes-nous les enfants des saints ?...

Lisez dans L'Agonie de Jésus, liv. XI, ch. I, Prévoir les épreuves.

 

Pratique : Étendons notre prévoyance jusqu'au dernier instant de notre vie, afin que la mort ne puisse nous surprendre, quand même elle serait subite. Propageons la confrérie de la Bonne-Mort, et les associations de prières pour les défunts. Si nous le pouvons, consacrons un jour par mois à l'exercice de la préparation à la mort.

 

Exemple

 

Mademoiselle de Saint-Légier de la Sauzaye avait le zèle des malades. Ce fut à leur chevet qu'elle reçut l'inspiration d'établir une œuvre spéciale pour les aider à bien mourir, et pour préparer l'habitation de l'indigent à la visite du suprême consolateur. Bientôt, avec le concours d'une autre pieuse demoiselle, vouée comme elle au service de Notre-Seigneur dans la personne des pauvres, elle fonda l' Œuvre du Saint-Viatique. Elle put en constater les heureux fruits, mais elle mourut avant de la voir érigée en archiconfrérie. Cette érection date du 13 avril 1874, et le siège de l'archiconfrérie est la basilique de Saint Pierre à Saintes (Charente Maritime, France). Les associés commencent par remplir auprès des malades le ministère d'anges de paix, de bon conseil et de pieuse assistance ; ils leur inspirent des sentiments de foi et de confiance en Dieu, ils les disposent à se confesser, puis à communier ; ils ornent la chambre, et y portent toute une petite chapelle. Ils accompagnent le Saint-Viatique, et après que le prêtre s'est retiré ils n'abandonnent pas le mourant : ils l'exhortent à unir ses souffrances à celles du Sauveur, et prient avec lui et pour lui. « Quelle consolation pour le prêtre, écrivait-on, de trouver des chrétiennes au cœur brûlant d'amour pour Jésus, qui mettent leur bonheur à préparer les âmes, et à faire oublier aux pauvres le dénuement de leur mansarde, lorsque Dieu vient les visiter ! Aussi je désire vivement que l'OEuvre s'établisse partout ».

 

Trente-et-unième jour

Le Cœur compatissant de Marie

 

On croit que la Vierge-Mère eut le privilège de savoir ce que son Fils endurait, et d'unir son Cœur compatissant au Cœur agonisant de l'Homme-Dieu. Plusieurs âmes d'élite ont même pensé que Marie fut corporellement présente auprès de Jésus agonisant dans le Jardin, comme elle se tint debout auprès de Jésus mourant sur le Calvaire.

 

Méditation

 

I. La prévoyance avait fait de la vie de la Mère, comme de la vie du Fils, une longue agonie, et tout ce que les prévisions de Jésus avaient de plus douloureux, s'était réfléchi dans les prévisions de Marie, comme dans un miroir fidèle, afin d'augmenter sa participation aux souffrances qui devaient nous sauver. Marie fut ainsi, après Jésus, le plus parfait modèle de la résignation dans la prévoyance, et afin que sa résignation fût plus méritoire, sa prévoyance s'étendait au delà de ses maux personnels, à tous les maux de celui qu'elle aimait plus qu'elle-même. Elle n'aurait pu supporter un tel poids de douleurs, s'il n'avait été tempéré par de fréquentes consolations. Le Cœur agonisant de Jésus appelait donc le Cœur compatissant de Marie, et comme c'est au jardin que l'un fut le plus agonisant, c'est alors que l'autre fut le plus compatissant. L'agonie du Fils causa l'agonie de la Mère, et celle-ci à son tour rendit celle-là plus cruelle. Les honorons-nous toutes deux, par un pieux souvenir et une efficace compassion ?...

II. Pour aller du cénacle au jardin des Oliviers, pour courir à la mort, le Sauveur avait dû s'éloigner de sa Mère ; mais il ne s'en était séparé que de corps : il lui laissa tout entier son Cœur, et demeura toujours avec elle par la pensée et l'affection. L'amour qu'il avait pour sa Mère, fut un clou qui lui perça le Cœur, et l'attacha à une croix intérieure. Il voyait Marie présente à tous les mystères de sa passion, il voyait toutes les plaies de son corps se réunir et se ramasser dans le Cœur virginal de cette Mère bien-aimée : la compassion qu'elle avait ainsi de sa mort, le faisait plus souffrir que sa mort même. Voilà comment, rapprochés par un amour sans bornes, les Cœurs sacrés de Jésus et de Marie s'embrasaient de plus en plus l'un pour l'autre, et leurs flammes en s'unissant rendaient plus ardente la compassion réciproque pour leurs communes douleurs. Chaque coup qui frappait l'un ou l'autre de ces deux Cœurs, loin de trancher le nœud de leur amour, le resserrait davantage. En est-il ainsi de nous ?...

III. Venez donc, ô Marie, venez essuyer la sueur sanglante de Jésus. Et si vous n'avez pas de linge, essuyez, comme Madeleine, avec vos propres cheveux (Luc. vu, 38). Que de fois, lorsqu'il était encore enfant, vous avez essuyé ses larmes, en lui témoignant un souverain respect et une singulière dévotion ! Que de fois, le Cœur débordant de tendresse, vous lui avez donné un baiser ! Ce soir encore essuyez-le, baisez-le ! Non, vous ne pouvez être de corps auprès de lui, vous savez seulement ce qu'il endure dans son agonie. Mais cette connaissance suffit à déchirer votre Cœur, autant que si vous éprouviez vous-même ses angoisses. Votre Cœur est aussi brûlant que s'il était dans une ardente fournaise, et le feu de l'affliction vous pénètre tout entière. Durant cette triste nuit quelles paroles jaillirent de votre Cœur comme des étincelles ! « Ô mon Fils, disiez-vous, qui me fera la grâce de souffrir tous vos tourments, de mourir en votre place ? Ô Jésus, unique consolation de mon Cœur pourquoi ne me permet-on pas du moins de mourir avec vous ?... »N 'oublions-nous point ces gémissements de notre Mère ? (Eccle. 7, 29) Sommes-nous dans les sentiments où était Jésus (Philip, II, 5), où était Marie ?...

Lisez dans L'Agonie de Jésus, liv. XII, ch. VI, L'agonie de Marie.

 

Pratique : Imitons Notre-Dame du Mont des Oliviers, et invoquons son Cœur compatissant pour les affligés, les pécheurs et les moribonds. Dans le même but, répandons cette série non interrompue d'hommages, qu'on nomme Supplication perpétuelle au Cœur compatissant de Marie.

 

Exemple

 

Une noble veuve, très-zélée à répandre en Angleterre la dévotion qui nous occupe, offrait à Dieu tous ses efforts comme une prière pour des grâces nouvelles, comme un témoignage de reconnaissance pour les faveurs déjà obtenues. Une de ses parentes, ayant reçu une grande grâce par l'intercession de Notre-Dame des Victoires, voulait envoyer à Paris un riche ex-voto en métal. « N'y dépensez plutôt qu'une somme modique, lui dit la pieuse veuve, et faites offrir beaucoup de messes en action de grâces, en priant les prêtres que vous en chargerez, d'en remettre les mérites aux mains de la très sainte Vierge, pour qu'elle en fasse elle-même l'application aux âmes des agonisants, qui devront ce jour-là paraître devant Dieu. Ces âmes sauvées par la vertu du saint sacrifice, seront un ex-voto vivant et éternel, qui sera plus agréable au Cœur agonisant de Jésus et au Cœur compatissant de Marie ». Ce conseil fut suivi, comme on peut le voir dans les Annales de l'archiconfrérie du très saint et immaculé Cœur de Marie, numéro de décembre 1872. Combien de prêtres et de fidèles reconnaissants voudront aussi contribuer, par l'oblation du sacrifice de la messe, au salut des agonisants de chaque jour ! Les âmes ainsi sauvées deviendront dans le ciel autant d'ex-voto vivants, qui rendront éternellement témoignage de notre gratitude, pour les grâces dont nous sommes comblés ici-bas. Adressons-nous donc au Cœur compatissant de Marie, pour qu'il applique aux moribonds tous nos mérites et les mérites du sang de Jésus-Christ.

 

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1 mars 2017

Le Mois du Coeur Agonisant de Jésus

Le Mois du Cœur agonisant de Jésus

Père Blot

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Quinzième jour

La paternité divine

 

Le premier mot de la prière du Sauveur est, Mon Père, Pater mi (Matthieu 26, 39). Ce doux nom de Père excite en Jésus, au milieu même de ses plus poignantes douleurs, une confiance vraiment filiale : il n'hésite pas à se jeter entre les bras de Dieu, tant il est sûr d'en être exaucé comme un fils par un bon père. Pour la manière et la mesure, il s'en repose absolument sur sa providence paternelle.

 

Méditation

 

I. Jamais avant l'ère chrétienne, l'homme malheureux, l'homme suppliant, en s'adressant à la Divinité, n'avait osé lui donner le nom de Père. Mais le Sauveur le lui prodigue, même quand il en est le plus abandonné. Au jardin des Oliviers, il est accablé sous le poids d'une mortelle tristesse, et il dit : « Mon Père, que ce calice passe loin de moi » (Matthieu 26, 39). Sur le Calvaire, il est attaché à la croix, et quelle est sa première parole ? « Père, pardonnez-leur » (Luc 23, 34). Quelle est sa dernière parole ? « Père, je remets mon âme entre vos mains (Luc 23, 46). Voilà cet amour filial qui est le propre de la loi nouvelle. Que d'amour le Cœur agonisant met dans ces deux mots : « Mon Père » ! Que d'amour les saints, au milieu des plus grandes tribulations, n'ont-ils pas mis dans chacune des prières qu'ils faisaient à leur Père céleste ! Quel amour y mettons-nous ?...

II. C'était comme homme que Notre-Seigneur adressait à Dieu une prière proprement dite, et c'était comme homme qu'il disait : « Le Père est plus grand que moi » (Jean 14, 28). Alors le nom de Père désignait la Trinité entière. Mais dans la prière il pouvait désigner seulement la première personne, Jésus pouvait la prier seule, comme nous la prions nous-mêmes souvent, comme nous prions aussi la seconde et la troisième. On peut croire que, durant son agonie, le Sauveur pria tour à tour la Trinité entière et la première personne seulement ; qu'il désignait toute la Trinité, quand il disait simplement : « Père, Pater » ; mais qu'il s'adressait à la première personne, lorsqu'il disait en spécifiant : « Mon Père, Pater mi ». Or, comme les fleuves retournent à l'Océan d'où ils sont sortis, ainsi Jésus agonisant, par le sentiment filial qui correspond à cette double expression, retournait dans le sein de son Père, pour y trouver un abri contre les maux qui le poursuivaient. De même Isaac avait appelé Abraham son père, Pater mi, au moment où il allait être sacrifié par lui (Genèse 22, 7). Est-ce aussi dans le malheur et l'affliction, que nous faisons éclater notre piété filiale envers Dieu ?...

III. Trois témoignages, la soumission, les larmes et la sueur sanglante, se réunissent dans le jardin des Oliviers, pour attester la piété filiale de Jésus, et l'immensité de la douleur à laquelle il s'abandonne, afin de mieux glorifier son Père. Quand Pierre tirera le glaive pour le défendre, il l'arrêtera par ces mots : « Ne boirai-je donc pas le calice que mon Père m'a donné ? » (Jean 18, 11) La souffrance est le don d'un Père, la persécution est une coupe d'honneur, que Jésus nous apprend à recevoir avec reconnaissance et amour. Hélas ! Nous voulons presque toujours un autre calice, que celui qui a été choisi pour nous par notre Père céleste. Nous ne voudrions aucune épreuve, ou du moins nous ne voudrions que celle de notre choix...

 

Lisez dans L'Agonie de Jesus, Liv. VII, ch. V, La paternité de Dieu dans nos épreuves.

 

Pratique : Souffrons patiemment, dans un silence d'adoration, en baisant la main divine et paternelle qui nous frappe. Il faut vingt vertus pour ne point abuser des charmes de la prospérité ; il n'en faut qu'une seule pour profiter des coups de l'adversité, la résignation à la volonté de notre Père qui est dans les cieux.

 

Exemple

 

Dieu prend un soin paternel des innocents persécutés ; sa sollicitude va jusqu'au miracle. Saint Macaire d'Egypte vit un jour se réfugier, dans sa pauvre cellule, un homme accusé de meurtre, et poursuivi par ceux qui avaient ordre de l'arrêter. Le saint demanda où l'on avait enterré le mort, s'y rendit avec les accusateurs, pria quelques instants, puis appela le mort par son nom et lui dit : « Je vous conjure par Jésus-Christ de déclarer si cet homme qu'on accuse, est celui qui vous a ôté la vie ? » Du fond du sépulcre, le mort répondit d'une voix fort intelligible : « Non, ce n'est pas lui qui m'a tué! » Les assistants se jetèrent aux pieds du saint, et l'innocent fut sauvé. Un autre jour, sciant du blé, Macaire. vit une pauvre femme, qui glanait après lui et pleurait continuellement. Il voulut savoir la cause de ses larmes, « On avait confié, dit-elle, un trésor en dépôt à mon mari, et parce qu'il est mort subitement sans dire où il l'avait mis, celui auquel il appartenait veut nous avoir pour esclaves, mes enfants et moi ». Le saint se fait conduire à l'endroit où le mari est enterré, appelle le mort et l'invite à déclarer où est le trésor dont il était dépositaire. « Il est dans ma maison, répond-il, on le trouvera caché au pied du lit ». La veuve l'y trouva en effet, le rendit au créancier et dégagea ses enfants.

 

Seizième jour

Que ce calice passe !

 

Jésus agonisant dit à son divin Père : « Que ce calice passe loin de moi, transeat a me calix iste ! » (Matthieu 26, 39). L'expression de calice est une figure qui désigne les souffrances, les ignominies, toute la passion du Sauveur. Elle paraît empruntée à l'usage de présenter, à tous les convives, une même coupe pleine de vin, dont chacun buvait à son tour.

 

Méditation

 

I. Le pronom démonstratif « iste », employé par les trois évangélistes, prouve que le divin Maître ne refuse pas tous les calices, mais seulement une espèce particulière. Il en repousse un, à cause de ses lamentables conséquences ; mais il en demande tacitement un autre, plus amer peut-être, afin d'opérer un bien plus universel ; il demande à souffrir en lui-même et en nous, dans son corps réel et dans son corps mystique, pour notre plus grand bien, comme pour la plus grande gloire de Dieu. Jusqu'à la fin des temps le calice de l'agonie, le calice de la douleur, fera donc le tour delà table, au banquet de la grâce, et s'arrêtera devant chacun des convives, pour que nous en buvions tous à la ronde. C'est notre Père céleste qui nous le présente, et l'impression des lèvres de Jésus y demeure. Ah ! buvons-en généreusement notre part, à l'exemple des grandes âmes qui se sont enivrées du vin de la croix...

II. Le mot calice signifie parfois un grand bonheur (Psaume 15, 5 ; 22, 5), et il peut désigner ici la coupe désirée par celui qui est prêt à tout souffrir, pour sauver l'objet de son amour. Parce qu'une charité infiniment libre lui faisait prendre notre place, Jésus agonisant regardait comme une coupe délicieuse, comme un calice enivrant, tout ce qu'il lui faudrait souffrir pour nous réconcilier avec son Père. N'avait-il pas déjà exprimé le désir de recevoir au plus tôt le sanglant baptême de sa passion ? (Luc 12, 50) Son amour n'était-il pas le plus cruel et le plus impatient de ses bourreaux ? Trois heures de retardement sont pour le Rédempteur un supplice, tant il est pressé d'accomplir son œuvre. Ah ! S'écrie-t-il, je veux éloigner ce calice en le vidant, en le vidant promptement, en le vidant jusqu'à la lie. Viens vite, ô calice tant désiré, approche-toi de mes lèvres, et passe ensuite rapidement loin de moi ! Avons-nous cette soif de souffrances, pour gagner des âmes à Dieu ?..

III. Quand il considérait notre intérêt, le Sauveur demandait que chacun de nous bût généreusement, après lui, le calice des peines et des afflictions de cette vie. Selon saint Hilaire, il disait : « Que ce calice passe loin de moi, non sans que je le boive, mais après que je l'aurai bu; qu'il soit bu par tous les autres, après avoir été bu par moi ». Que tous les convives assis comme moi au banquet de la douleur, dans la suite des siècles, boivent après moi cette coupe d'honneur avec courage et confiance. Du moins, ô mon Père, pour que les hommes profitent de ma passion, transmettez-leur une partie de mes souffrances, faites que l'horreur que j'ai de leurs péchés passe de mon Cœur innocent dans leurs cœurs coupables, et pour que ce calice leur soit plus salutaire, faites qu'ils le boivent avec moi ! Avons-nous la sainte ambition de souffrir, pour expier nos péchés et les péchés d'autrui ?...

 

Lisez dans L'Agonie de Jésus, Liv. VII, ch. IX. Le calice d'amertume.

 

Pratique : Nous pouvons conjurer notre Père céleste de faire passer le calice de la mort, loin de ceux dont la vie est précieuse à la famille, à la patrie, à l'Église. Mais prions-le plus encore d'éloigner des âmes qui nous sont chères la mort spirituelle du péché. Imitons ces mères vertueuses qui, à la pensée du péché mortel où leur enfant pouvait tomber, s'écriaient : « Que ce calice d'amertume passe loin de moi ! Mon Dieu, plutôt la mort de mon enfant que la perte de son innocence ! »

 

Exemple

 

Souvent une personne pieuse et dévouée offrit à Dieu sa propre vie, pour la conservation d'une vie qui lui paraissait plus importante ; souvent aussi le Seigneur accepta cette offrande, et réalisa cet échange. Dans la nuit du 23 au 24 décembre 1823, le pape Léon XII était mourant, et venait même de recevoir le saint Viatique. Près de lui se tenait debout le vénérable Vincent Strambi, passionniste, ancien évêque de Macérata et de Tolentino. Il était environ une heure après minuit. Tout à coup ce prélat, inspiré de Dieu, demande au souverain Pontife la permission d'aller offrir le saint sacrifice de la messe, pour le rétablissement de sa santé. Il l'obtient, et en se retirant il dit : « Courage, Saint Père ! Il y a une personne qui présente à Dieu l'immolation de sa vie, pour la conservation de la vôtre ». La messe fut célébrée avec une ferveur, qui toucha profondément les assistants, et Dieu agréa l'offrande de Vincent ; car il rendit presque instantanément la santé à l'auguste malade, au grand étonnement de tous ceux qui se trouvaient présents. Vincent, à quelques jours de là, le 1er janvier 1824, payait son tribut à la mort. Combien de retours à Dieu, à la santé de l'âme, sont dus à l'immolation volontaire d'une personne, qui offre ses larmes et sa vie à cette intention, comme avait fait sans doute la mère de l'enfant prodigue, comme fit Monique pour Augustin !

 

Dix-septième jour

Que Votre Volonté soit faite

 

Notre-Seigneur nous avait appris à dire à notre Père céleste : « Que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel » (Matthieu 6, 10). Lui-même nous en donne l'exemple dans son agonie : « Mon Père, s'écrie-t-il, si vous voulez, éloignez de moi ce calice (Luc 22, 42). Mais s'il ne peut passer sans que je le boive, que votre volonté soit faite, fiat voluntas tua » (Matthieu 26, 42). On ne demande pas que Dieu fasse ce qu'il veut : car qui pourrait s'opposer à lui pour l'empêcher de le faire ? Mais nous demandons sa grâce et son secours, pour faire nous-mêmes ce qu'il veut.

 

Méditation

 

I. La volonté du Seigneur est miséricordieuse : il veut que tous les hommes soient sauvés (1 Timothée 2, 4), il ne veut pas qu'un seul des plus petits périsse (Matthieu 18, 14). Sa volonté réunit toutes les perfections, par conséquent l'amour et la providence qui s'étendent à tout. Elle nous est cachée en certains détails, et suit parfois des routes qui nous paraissent contraires à ce qu'elle prétend, soit afin de ne point nous rebuter dès le commencement, soit afin de nous faire attendre plus patiemment l'issue. Mais soyons convaincus que, tant que nous serons en cette vie, tout ce qui nous arrivera par la volonté ou la permission de Dieu, n'arrivera que pour notre bien, même les persécutions, les injures, la pauvreté ou la maladie. N'est-il pas écrit qu'il fallait que Jésus lui-même souffrît pour entrer dans sa gloire (Luc 24, 26) ? Prenez donc mon cœur, ô mon Dieu, comme vous prîtes le Cœur agonisant de Jésus, pour le presser fortement par diverses épreuves, ainsi qu'un fruit mûr et choisi, afin d'en exprimer le suc délicieux de la résignation !...

II. Le plus souvent, la volonté de Dieu est médiate, se manifeste et nous atteint par des intermédiaires. Comme pour nous donner l'existence et le bonheur, il se sert du ministère des créatures ; de même pour nous envoyer des épreuves, il emploie ordinairement des messagers. Dans le second cas, notre soumission doit descendre à tous ses intermédiaires, comme dans le premier cas notre reconnaissance doit monter jusqu'à lui-même. En se cachant ainsi, il resserre les liens de la société humaine, il rend plus méritoires notre obéissance et notre gratitude, il fait de nos douleurs autant d'acheminements au tombeau. Savons-nous, comme le Verbe fait chair, descendre chaque jour par la soumission, et monter par la reconnaissance ?...

III. Jésus agonisant voit la volonté de son Père jusque dans la volonté de ses ennemis, il étend la volonté de Dieu jusqu'à la volonté des hommes. C'est le traître Judas, c'est le lâche Pilate, ce sont les Juifs, que le Père éternel a chargés d'exécuter sur son Fils incarné les arrêts de sa divine justice. Que votre volonté soit faite signifie donc, dans la bouche du Rédempteur : « Que la volonté de Judas, que la volonté de Pilate, que la volonté de mes persécuteurs et de mes bourreaux soit accomplie ! Que ce qu'ils veulent soit fait, que tout se passe comme ils l'entendent ! » Mon doux Maître, quelle opposition entre ma conduite et la vôtre ! Pour vous soumettre à la mort, aux plus horribles supplices, par amour pour moi, il vous suffit que les plus méchants des hommes le veuillent. Et pour me soumettre au plus petit mal, à la plus faible contrariété, à l'inégalité d'humeur des personnes chères qui vivent avec moi, il ne me suffit pas toujours que Dieu l'ordonne !...

 

Lisez dans L'Agonie de Jésus, Liv. VIII, chap. IV, La résignation.

 

Pratique : Dans nos souffrances et nos malheurs, ne considérons et n'accusons ni l'avarice de ce parent, ni l'inconstance de cet ami, ni l'infidélité de ce serviteur, ni la méchanceté de ce concurrent. Mais allons jusque dans le sein de la divinité chercher le principe de nos peines. Car, encore que Dieu ne soit pas l'auteur du péché commis dans l'injustice qui nous est faite, il permet et il veut que nous en tirions un grand profit spirituel.

 

Exemples

 

Saint Vincent de Paul, dans toutes ses lettres, ne recommandait rien tant aux supérieurs de sa congrégation que la conformité au bon plaisir de Dieu. Il disait que Notre-Seigneur est une communion continuelle aux âmes vertueuses, qui se tiennent fidèlement et constamment unies à sa très sainte volonté, qui ont un même vouloir et un même non-vouloir avec lui. Il ajoutait que se conformer en toutes choses à la volonté de Dieu, et y prendre tout son plaisir, c'est vivre sur la terre d'une vie tout angélique, et même de la vie de Jésus-Christ.

Un des plus illustres otages de la Commune reconnut et bénit la volonté divine, qui faisait pour lui de la captivité une grâce de conversion. Le président Bonjean se confessa au P. Clerc, jésuite, le jour même où ils furent fusillés ensemble, le 24 mai 1871. Quelques instants auparavant il avait dit : « La crise que nous traversons me rappelle les dangers que j'ai courus sur mer. J'ai vu, dans la violence de la tempête, le gouvernail échapper aux mains du pilote, et le navire se balancer sur les abîmes. La main seule de Dieu le soutenait, et l'empêchait de sombrer. Voilà notre situation pour le moment. Qu'il fait bon alors s'abandonner à la conduite de Dieu, qui dirige tout à sa gloire et pour notre bien ! Comme cette pensée repose le cœur ! Comme elle me console quand je songe à l'affliction de ma famille ! ».

 

Dix-huitième jour

« Non ma volonté »

 

« Non ma volonté, non mea voluntas ! » (Luc 22, 42), s'écrie le Sauveur en sa prière, pour redresser notre volonté trop souvent tortueuse. Il commence par exprimer nos sentiments propres, et finit par nous faire exprimer les siens. En soumettant sa volonté en mon nom, il m'a mérité la grâce de soumettre aussi la mienne et de dire : « Ni ce que je veux, ni comme je veux, mais ce que vous voulez et comme vous voulez, ô mon Père ! »

 

Méditation

 

I. Pendant que la volonté supérieure ou de raison, en Jésus agonisant, adorait la volonté du Père céleste et s'y soumettait sans réserve, la volonté inférieure éprouvait une répugnance extrême à souffrir, parce qu'elle envisageait seulement ce que les souffrances avaient de contraire à la nature. Notre-Seigneur montrait ainsi une certaine volonté particulière d'homme, dans laquelle il figurait la nôtre, parce qu'il est notre chef. De même ses disciples ont parfois une volonté particulière, ils veulent quelque chose qui convient à leur intérêt, à l'affaire du moment. Mais dès qu'ils ont compris et reconnu que Dieu veut autre chose, ils préfèrent à leur volonté, à leurs désirs, à leurs répugnances, la volonté de celui qui est meilleur que nous tous; ils s'empressent de dire : « Non quod ego volo, sed quod tu, non ce que je veux, mais ce que vous voulez » (Marc 16, 36). Avons-nous cet Empressement à préférer la volonté de Dieu à la nôtre ?...

II. Notre-Seigneur s'attristait d'une mort, que Dieu voulait et ordonnait ; néanmoins il ne péchait pas, il ne cessait pas même d'être parfait. En lui, tous les mouvements de la volonté humaine qui ne tendaient pas à ce que Dieu voulait, n'étaient que des velléités ; de même qu'ils ne sont en nous que des velléités, quand nous disons : « Je voudrais bien que tel malheur ne m'arrivât pas, mais que la volonté de Dieu soit faite ! » De telles velléités ne sont pas des péchés, parce qu'elles ne nous font pas sortir du cercle, que le divin vouloir a tracé autour de nous ; on n'en sort, on ne pèche qu'en désirant, parlant ou agissant contre cette auguste volonté, parfaitement connue et déclarée par un précepte. Nous pouvons donc demander à Dieu le retour à la santé pour un malade, le retour à la paix et à la joie pour un affligé. Nous pouvons même faire de ces désirs et de ces prières des actes méritoires, en pratiquant la chanté ou la piété filiale. Il suffit que nous disions alors à notre Père céleste, comme son Verbe fait chair : Pourtant, non comme je veux, mais comme vous voulez, verumtamen non sicut ego volo, sed sicut tu » (Matthieu 26. 39). Le disons-nous sincèrement et du fond du cœur ?...

III. Rien n'est fort comme la volonté de l'homme unie à celle de Dieu. L'Écriture ne dit-elle pas : « Vir obediens loquetur victoriam (Proverbes 21, 28) ? L'homme qui obéit, c'est-à-dire qui soumet et conforme sa volonté à celle de Dieu, aura toujours des victoires à raconter, victoires sur l'enfer et sur le monde, victoires sur la fragilité de la chair et sur la paresse de l'esprit. Mais la volonté n'est jamais qu'avec l'amour, nous voulons ce que nous aimons, ce qui nous fait plaisir, et nous avons ordinairement en horreur ce qui nous cause quelque peine. D'où donc viendra la générosité dans nos actes, et la sublimité dans nos sentiments ? De l'amour de Dieu, et de la soumission à sa très sainte volonté. Le bon Maître souffrait comme le malade, qui consent à être amputé ou brûlé pour guérir, et qui supporte courageusement l'opération, bien qu'il n'aime ni l'amputation ni la brûlure, qu'il en ait même une grande frayeur. Mais Jésus agonisant aurait voulu souffrir plus encore, tant il désirait prouver à son Père son obéissance, et aux hommes son désir de leur salut. De même les martyrs ont souffert contre leur volonté naturelle les douleurs et les tourments ; mais ils étaient heureux de vaincre cette répugnance par amour pour Notre Seigneur, et d'accroître ainsi leurs mérites. Foulons donc aux pieds toutes les répugnances, pour nous soumettre à la volonté de Dieu ; nous nous élèverons plus haut dans la perfection et la félicité...

 

Lisez dans l'Agonie de Jésus, Liv. VIII, ch. V, La conformité.

 

Pratique : Goûtons le repos du cœur, en voulant tout ce que Dieu veut. Tâchons de connaître, en tout ce qui nous regarde, la volonté divine, et d'y conformer la nôtre. Pour nous consoler et nous soutenir dans nos épreuves, disons souvent : « Dieu l'a voulu ! ».

 

Exemples

 

Saint Ignace de Loyola avait un si ardent désir de voir Dieu, qu'il pleurait de joie en pensant à sa mort. « Néanmoins, disait-il, si on me donnait le choix de sortir à l'instant de ce monde, et d'aller au ciel jouir de Dieu, ou de rester sur la terre sans être assuré de persévérer dans la vertu, mais en rendant un service notable à la majesté divine, je préférerais demeurer en cette vie, ne regardant que Dieu, sans me soucier du péril » . Sainte Catherine de Sienne s'écriait : « Seigneur, il serait bon pour moi que tous lussent sauvés, et que moi seule, en gardant toujours votre charité, j'endurasse les peines de l'enfer, parce qu'il y aurait là pour vous un plus grand honneur et une plus grande gloire. Et si, en vous restant unie par l'amour, j'étais placée sur la bouche de l'enfer, pour fermer cet abîme de telle sorte que personne n'y tombât plus, j'en aurais une très-grande joie ». Durant trente-huit ans, pauvre, seule, abandonnée, en proie à toutes les maladies et à toutes les afflictions, sainte Lidwine ne demandait rien à Dieu, si ce n'est qu'il augmentât ses douleurs pour épargner les coupables et les convertir.

 

Dix-neuvième jour

Le Fiat dans le sacrifice

 

Jésus agonisant dit à son divin Père : « Fiat, fiat (Matthieu 26, 42 ; Luc 22, 42). Il avait déjà dit, et chacun de nous peut répéter après lui : « Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé » (Jean 4, 34). Un fiat sera donc pour les disciples, comme pour le Maître, un aliment aussi délicieux que fortifiant. Il embaume la bouche qui le prononce, il nourrit l'âme qui le médite, il est le pain quotidien de tout cœur qui tend à la perfection.

 

Méditation

 

I. Un seul fiat dans nos peines vaut mieux que mille actions de grâces dans nos joies. C'est le plus grand hommage que nous puissions rendre à Dieu, parce que c'est l'aveu le plus significatif de sa souveraineté sur toutes les créatures. Immoler notre volonté, ce n'est pas seulement un sacrifice plus excellent, parce qu'elle l'emporte en dignité sur notre corps, autant que celui-ci sur les biens extérieurs ; mais c'est encore un sacrifice plus étendu, un sacrifice universel, un holocauste, puisque c'est par la volonté que nous nous servons de tout le reste, et que donner notre volonté c'est tout donner. C'est donner l'écorce, c'est donner la moelle, c'est donner l'arbre entier avec ses fruits ; c'est offrir et sacrifier à Dieu tout ce que nous avons, tout ce que nous sommes. Étendons-nous jusque là notre fiat ?...

II. L'incarnation du Verbe exposait la Vierge-Mère aux plus rudes épreuves. Son fiât généreux l'éleva en dignité, répara la désobéissance d'Eve, et donna au monde un Sauveur. Ce qui nous élève aussi et ce qui nous sauve, c'est le fiât répété dans la souffrance et le sacrifice. Combien de fois même une épreuve, supportée avec résignation, a-t-elle préparé une conversion, enfanté Jésus dans une ou plusieurs âme ? Dans la maladie, nous pensons parfais à ce que nous ferions pour Dieu et pour le prochain, si nous étions en santé. Unissons plutôt nos douleurs aux douleurs de Jésus-Christ, notre volonté à la volonté de Dieu. Cette union vaudra mieux que toutes les mortifications, que toutes les pratiques de piété, que toutes les œuvres de zèle. On ne glorifie jamais plus le Seigneur, qu'en faisant mieux sa volonté. Pour cela même on le sert plus sûrement en souffrant qu'en agissant. En sommes-nous convaincus ?...

III. Aux approches de la mort surtout, un fiat qui l'accepte avec ses rigueurs et ses suites, est l'acte d'une charité très parfaite, qui suffit certainement pour effacer tous les péchés de la vie. et pour mériter la gloire du ciel. Jésus agonisant n'est-il pas le modèle de tous les moribonds ? En éprouvant notre répugnance naturelle à mourir, il voulut la sanctifier ; en la surmontant il voulut nous communiquer sa résignation. Lorsque de pieux moribonds sont tranquilles et souriants en face du trépas, c'est que le Cœur agonisant du bon Maître les fait participer aux merveilleux effets de sa prière et de son fiât. mon Dieu, dès aujourd'hui j'accepte la mort, comme mon Sauveur l'accepta, produisant par sa grâce, et en union avec lui, cet acte d'obéissance entière et de soumission parfaite, dont il me donna l'exemple. Vous me commandez de mourir en punition de mes fautes, j'obéis, je meurs, et je meurs content parce que je meurs obéissant comme mon Jésus....

 

Lisez dans l'Agonie de Jésus, Liv. VIII, ch. VII, Le fiat de l'agonie.

 

Pratique : Ne souhaitons notre sanctification même que dans la mesure de la grâce, que le Seigneur a résolu de nous donner, Faisons plus de cas de son bon plaisir et de sa divine volonté, que de toute la perfection et de toute la sainteté possible. Pour les malades et les mourants que nous visitons, faisons en sorte que le fiât revienne sans cesse dans leur cœur et sur leurs lèvres. Invoquons pour eux le Cœur agonisant de Jésus, et tâchons qu'ils en prennent tous les sentiments.

 

Exemples

 

Saint François de Sales, frappé d'apoplexie et mourant, entendit un religieux lui faire cette question : « Si telle était la volonté de Dieu, ne voudriez-vous pas bien mourir en ce moment ? » « Si Dieu le veut, répondit le saint malade avec un doux sourire, je le veux aussi ». « Monseigneur, lui dit le Père Maniglier, jésuite de ses amis, qui était accouru près de lui dès qu'il avait appris l'accident, dites : Transeat a me calix iste, que ce calice passe à côté de moi sans que je le boive ». « Oh ! Non, répondit-il, il vaut mieux dire : « Mon Dieu, que votre volonté se fasse et non la mienne ».

Le roi Louis XIII, près d'expirer au château de Saint-Germain-en-Laye, demandait à Vincent de Paul quelle était la meilleure manière de se préparer à la mort. « Sire, répondit le saint, c'est d'imiter celle dont Jésus-Christ se prépara à la sienne, et de se soumettre entièrement et parfaitement, comme il fit, à la volonté du Père céleste : Non mea minutas, sed tua fiat ! » « Jésus, reprenait le religieux monarque, je le veux aussi de tout mon cœur. Oui, mon Dieu, je le dis et le veux dire jusqu'au dernier soupir de ma vie : Fiat voluntas tua ! » Puis il parlait gaiement de son dernier voyage. Un de ses médecins lui ayant dit qu'il avait encore tout au plus deux ou trois heures à vivre, le prince joignit les mains, regarda le ciel, et s'écria sans montrer d'altération : « Eh bien, mon Dieu, j'y consens et de bon cœur ».

Le 19 mai 1818, le pape Pie VII accorda une indulgence de cent jours à la récitation de cet acte de conformité une fois le jour : « Fiat, Que la très juste, la très haute et très aimable volonté de Dieu soit faite, louée et éternellement exaltée en toutes choses ».

 

Vingtième jour

L'ange qui fortifie

 

Durant, son oraison, Notre-Seigneur vit un ange du ciel lui apparaître pour le conforter, angélus de cœlo confortans eum (Luc 22, 43). N'est-ce pas aussi durant la prière, n'est-ce pas souvent par le ministère d'un ange, ou d'une âme qui en a l'innocence et la charité, que les fidèles malheureux reçoivent la force et la consolation ?

 

Méditation

 

I. L'Évangile ne dit pas que l'ange ait consolé Jésus ; il dit seulement qu'il le fortifia, confortans eum. Il fut comme l'écuyer céleste du divin chevalier, il l'arma en quelque sorte pour cette lutte, pour ce combat, pour ce duel terrible qui devait se terminer par une complète victoire de la miséricorde et de la vie, par le salut du monde. Nous, hélas nous n'estimons la consolation qu'autant qu'elle peut nous soustraire à la lutte, à la fatigue, à l'ennui, à la douleur, à la croix, à la mort du vieil homme, ou du moins apporter à la partie inférieure un peu d'adoucissement et de relâche. Cœur agonisant de Jésus, apprenez-nous à n'estimer, à ne désirer, à n'accepter que la consolation qui accroît notre patience en proportion de nos épreuves, et qui nous donne des forces nouvelles pour nous préparer à de nouveaux combats !...

II. L'ange ne fortifie pas Notre-Seigneur en lui communiquant quelque vertu, ou quelque force, qui ne fût pas auparavant en lui ; toute la force divine est toujours restée dans le Dieu fait homme. Mais la partie inférieure de l'âme du Sauveur était, dans sa passion, comme abandonnée de la supérieure et privée de ses influences, afin de souffrir tout ce qu'elle pouvait souffrir. C'est pourquoi l'ange le fortifie, en faisant à cette partie inférieure de son âme une vive représentation du grand fruit de sa passion et de son sang, en lui mettant devant les yeux tant d'âmes dont il serait le salut et la vie, en le relevant par là de l'abattement où l'avait mis la vue de tant d'autres âmes, qui rejetteraient le prix de son sang, dont il serait par leur faute la perte et la ruine. L'envoyé céleste l'encourage et le conforte, en lui faisant voir toute la gloire qui suivra sa mort, la conversion des peuples, l'établissement de l'Église, la joie et le courage de tant de millions de martyrs, l'innocence de tant de justes, la pénitence de tant de coupables. Cœur agonisant de mon Sauveur, n'êtes- vous pas en effet consolé et ranimé par la joie, que vos anges eux-mêmes vous témoignent de la conversion des pécheurs ? Et toi, mon âme, pauvre enfant prodigue, par ton retour as-tu consolé ton Sauveur et ton Père ?...

III. Outre les consolations dont le motif nous est personnel, n'y a-t-il pas des consolations dont le motif se puise dans un généreux dévouement ? Un père, à la mort, se console en pensant à l'heureux avenir de ses enfants, lorsqu'il lui est donné de l'entrevoir. Moïse put s'affliger pour lui-même, mais il se réjouit certainement pour son peuple. De même Jésus goûta des consolations vraiment paternelles, pendant que l'ange déroulait devant lui le tableau de l'heureuse et sainte postérité, qui naîtrait de ses souffrances et de sa mort. Le céleste esprit lui montrait les fruits de sa passion, pour lui donner de la force, et non pour lui ôter l'amertume de sa douleur. Une telle consolation suffirait-elle à notre égoïsme ? Sommes-nous réjouis et fortifiés au récit, ou à la vue du bien accompli par d'autres ?...

 

Lisez dans L'Agonie de Jésus, Liv. X, ch. IV, Les fruits de l'apparition.

 

Pratique : Ne cherchons pas notre consolation dans les nouveautés même pieuses ; mais soyons réservés à l'égard des apparitions et des prophéties, que l'autorité ecclésiastique n'a point encore approuvées. Que Jésus seul soit toujours pour nous l'ange des grandes consolations ; puisons les dans son Cœur agonisant ou dans son Cœur eucharistique.

 

Exemple

 

En l'honneur de l'ange consolateur, les Religieuses du Cœur agonisant ont un exercice spécial, où elles font cette prière : « Jésus, qui avez voulu être triste jusqu'à la mort au jardin des Oliviers, et qui, dans cet excès d'abattement, n'avez pas craint d'être soutenu et fortifié par un ange, ne rejetez pas le faible soulagement que vous offre, avec tout le respect, et tout l'amour dont elle est capable, la plus indigne de vos servantes. Permettez qu'après avoir uni ma prière à votre prière, mon sacrifice à votre sacrifice, pour expier mes ingratitudes et pour sauver les âmes des pauvres mourants, je me joigne, pour vous consoler, à l'auge consolateur de votre agonie. Permettez-moi de rester avec vous dans cette grotte solitaire, d'être témoin de vos angoisses, d'y compatir, de les partager, de boire avec vous jusqu'à la lie le calice d'amertume, que vous envoie votre Père céleste.

Glorieux ministre du Très-Haut, qui avez eu la sublime mission de consoler, de réconforter un Dieu, souffrez qu'avec vous je tienne fidèlement compagnie à mon Sauveur. Ah ! Que ne puis-je comme vous apporter quelque soulagement aux tristesses profondes de sa sainte âme, à l'agonie mortelle de son aimable Cœur ! Donnez-moi votre force, votre courage, votre amour, pour que je puisse prier avec Jésus, souffrir avec Jésus, mourir avec Jésus. Ainsi soit-il ».

 

Vingt-et-unième jour

La crise ou l'agonie

 

Depuis qu'il est au jardin des Oliviers, notre Libérateur n'a cessé de combattre pour nous par la prière et la souffrance. Mais un messager de son divin Père est venu lui montrer les fruits de la victoire : aussitôt il engage la lutte suprême, factus in agonia (Luc 22, 43), et entre dans une agonie qu'on a comparée souvent à une crise.

 

Méditation

 

I. Le mot crise signifie au propre l'effort que fait la nature dans les maladies, effort lui est d'ordinaire indiqué par une sueur ou par quelque autre symptôme, et qui produit un changement subit et marqué en bien ou en mal. Il signifie au figuré le moment périlleux ou décisif d'une affaire, n'est-ce pas ce que nous voyons dans l'Agonie du Sauveur, après qu'un ange est venu le fortifier ? Tous les mouvements des passions contraires, réprimés les uns par les autres, se brisent dans le Cœur agonisant de Jésus, et y font comme une crise d'amour qui lui fait rejeter le sang, que la crainte lui envoie pour le soutenir dans sa défaillance. La sueur de sang fut plutôt une suite de la crise, que la crise elle-même. Ce mot convient d'autant mieux ici, qu'employé seul il est ordinairement pris en bonne part, et restreint à signifier les crises salutaires. Ce n'est pas le Fils de Dieu qui est malade, c'est la pauvre humanité ; mais il daigne éprouver en soi la crise qui doit nous sauver tous. Avons-nous une telle charité ? Au moment décisif, pour assurer une conversion, redoublons-nous nos macérations et nos actes de patience ?...

II. Cette agonie, cette crise était entièrement libre en Jésus-Christ. Nous, nous entrons en agonie sans le vouloir, et c'est à contre-cœur que nous traversons une crise, un temps où la nature va faire effort pour produire un changement, qui sera peut-être notre ruine et notre perte. L'Homme-Dieu ne fut point saisi par l'agonie ; il entra plutôt en agonie, comme le soldat se présente au combat, après l'avoir désirée, après l'avoir cherchée. Tout homme a dans sa vie des moments plus pénibles, des moments plus périlleux, des moments plus décisifs et plus critiques. Quelquefois même, pour que nous ayons une plus grande ressemblance avec Jésus agonisant, le symptôme de cette crise, de cette lutte intérieure, est l'insomnie, l'agitation, la pâleur du visage, la sueur qui coule de tous les membres. Si alors nous ne ressemblons pas au Sauveur par la liberté, ressemblons-lui du moins par l'assiduité à la prière. Il priait davantage, prolixius orabat (Luc. 22, 43) : prolongeons aussi nos prières, aux heures de crise ou d'agonie de l'âme. Le faisons-nous ?...

III. Plus il priait et souffrait librement, plus notre divin Sauveur exprimait vivement et méritoirement en lui notre dernière agonie, cette crise suprême que nous subirons tous, et qu'il voulait tout à la fois adoucir et sanctifier. Comme cette crise est la plus importante, puisqu'elle va décider de notre éternité, c'est elle principalement qu'il veut représenter en soi, de manière à vérifier cette parole de saint Paul : Pour nous tous Jésus a goûté la mort, gustaret mortem (Hebreux, 9). Les autres agonisants, comme si leurs sens étaient déjà morts, ne peuvent plus goûter l'amertume du trépas. Mais au jardin des Oliviers, les sens du divin agonisant étaient pleins de vie, et les facultés de son âme avaient toute la liberté de leur exercice. Voulons-nous comme lui goûter, sentir, savourer toute l'amertume de la souffrance, pour qu'elle soit aux autres plus douce et plus profitable ?..

 

Lisez dans L'Agonie de Jésus, Liv. XI, ch. V, La crise.

 

Pratique : Pour mener une vie nouvelle, commençons par recevoir un baptême de souffrances, et prenons un bain d'humiliations, un bain de douleurs et d'épreuves. Ayons le courage d'agoniser pour la conversion d'un pécheur, pour la sanctification d'un juste, pour la conservation de la foi dans notre patrie, pour la prospérité de l'Église universelle.

 

Exemples

 

Sainte Madeleine de Pazzi, pour hâter le retour des enfants prodigues, aurait voulu souffrir et ne pas mourir, être immortelle dans la souffrance. Elle demandait instamment les infirmités corporelles les douleurs morales, les persécutions du dehors, et même tous les châtiments que les pécheurs avaient mérités par leurs fautes, sans en excepter toutes les peines du purgatoire. Par zèle pour le salut des âmes, elle s'offrit même à rester en enfer, au milieu des tourments, à la seule condition de ne haïr ni blasphémer jamais la divine majesté. On l'entendit s'écrier : « Quelle souffrance pour moi que de ne pas souffrir ! Je voudrais mourir mille fois dans les tourments, pour donner mille fois ma vie. Que ne puis-je à toute heure et à tout instant endurer le martyre, pour ramener les âmes à leur Créateur ! Mais ce ne serait plus pour moi un martyre, ce serait un paradis. Verbe de Dieu, pourquoi ne me faites-vous pas goûter les peines de l'enfer, afin d'apaiser, au moins en partie, la colère de votre Père ! ».

Sœur Madeleine Orsini trouvant ses tribulations trop longues, Jésus crucifié lui apparut. « Ah ! Lui dit-elle, vous n'avez été que trois heures en croix, tandis que je suis dans la peine depuis plusieurs années ». « Ignorante, repartit le Sauveur, depuis le premier moment de ma conception, je souffris dans mon Cœur tout ce que j'endurai plus tard sur la croix ! ».

 

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22 février 2017

Le Mois du Coeur Agonisant de Jésus

Le Mois du Cœur agonisant

Christ-Gethsemane

Huitième jour

« Mon âme est triste ».

 

« Mon âme est triste, tristis est anima mea » (Matthieu 26, 38), dit le bon Maître à Pierre, Jacques et Jean, pour les réhabiliter à leurs propres yeux. En l'entendant lui-même parler de sa tristesse, ils n'ont plus honte d'éprouver une telle tristesse, que saint Luc l'alléguera bientôt comme excuse à leur sommeil, dormientes prœ tristitia (Luc. XXII, 45).

 

Méditation

 

I. Comment peut-il être éclipsé par la tristesse ce soleil divin, qui fait briller de célestes splendeurs et surabonder de joies ineffables toute âme qui s'attache à lui ? Sa tristesse vient de sa charité. On s'attriste de ce qui est désavantageux à celui qu'on aime, et dans le cœur des hommes le poids de l'affliction est égal au poids de l'amour. Plus le Cœur de Jésus nous aime, plus il s'attriste de nos fautes, plus il s'attriste de nos maux. Notre aimable Sauveur n'est-il pas un médecin charitable ? Au chevet d'un malade chéri, auquel il donne les meilleurs remèdes, il s'attriste de l'indocilité de ce malheureux, qui rend tous les remèdes inutiles. N'est-il pas un père compatissant ? A côté de son enfant coupable, condamné mais impénitent, il se désole doublement et à cause du crime et à cause du supplice. N'est-il pas un époux tendre et jaloux ? En face de nos âmes, ses épouses bien-aimées, dont il voit toutes les infidélités, il est rempli de dégoût pour le présent, et de crainte pour l'avenir. stérilité de l'agonie de mon Maître, que tu es déchirante pour son Cœur si tendre et si aimant ! Quelle est mon affliction des péchés d'autrui ?...

II. Jésus s'attriste pour ses disciples, qu'il chérit plus qu'une mère ne chérit ses enfants, et qu'il va laisser comme des brebis sans pasteur, dispersés, exposés au scandale, livrés à la tentation. Il s'attriste plus encore pour la Vierge Marie, dont l'insondable douleur vient de la sienne, et reflue sans cesse vers son Cœur filial. Il s'attriste pour ses persécuteurs eux-mêmes, dont il voit déjà les châtiments terribles, et pour sa patrie aussi aveugle qu'obstinée. divin Sauveur des sociétés et des âmes, sur la pente de cette même montagne des Oliviers, avant de faire votre entrée triomphale dans Jérusalem, vous vous étiez arrêté pour considérer cette grande capitale, pleurer sur elle et en prédire la complète destruction (Luc. 19, 37-44). Quelle doit être votre tristesse en ce même lieu, à l'heure où vous savez qu'on va venir vous prendre, pour vous entraîner dans cette ville coupable, impatiente de consommer le déicide qui causera sa ruine! Et moi, comment ai-je prouvé mon amour à ma patrie malheureuse ?...

III. Le Cœur de Jésus fut crucifié sur le mont des Oliviers, avant que son corps le fût sur la colline du Calvaire ; la croix du jardin fut même plus rigoureuse, pour lui, que celle du Golgotha. Car la compassion est proportionnée à l'amour, à la connaissance, à la sensibilité. Qui sentit comme Jésus ? Qui connut comme Jésus ? Qui aima comme Jésus ? Il sent, il goûte, il savoure toutes nos peines ; il prend sur lui le détail des douleurs de chacun, la somme des douleurs de tous ; il endure à la fois toutes les croix des apôtres, tous les tourments des martyrs, toutes les mortifications des confesseurs et des vierges, toutes les austérités des religieux, toutes les afflictions des justes calomniés ou persécutés. Âmes délaissées, cœurs ulcérés, pauvres moribonds, Jésus agonisant jette sur vous un regard plein d'amour et de tendresse ; son Cœur est plus attristé de vos maux, que la Vierge-Mère n'était émue des douleurs de son Fils unique. Ai-je un peu de cette compassion pour le prochain ?...

Lisez dans L'Agonie de Jésus, Liv. v, ch.VIII. Motifs de la tristesse de Jésus

 

Pratique : Si nous sommes tristes, ne parlons pas davantage aux hommes par nos plaintes, mais parlons davantage à Dieu par la prière. Aimons notre patrie, comme Jésus-Christ aimait la sienne, jusqu'à nous offrir en victimes pour en préparer le salut ou la conversion.

 

Exemple

 

Saint Paul éprouva l'agonie du patriotisme, en voyant les Juifs refuser l'Évangile, et courir ainsi à leur perte. C'est pour moi, dit-il, une grande tristesse tristitia mihi magna, c'est pour mon cœur une douleur continuelle, continuus dolor cordi meo, à tel point que j'eusse désiré devenir anathème, à l'égard de Jésus-Christ, pour les Israélites qui sont mes frères selon la chair (Romains 9, 1-4). Que dites-vous, ô grand apôtre ! S'écrie Saint Jean Chrysostome ? Vous demandez maintenant à être séparé de ce Christ tant désiré, dont vous affirmiez que rien ne vous séparerait jamais (Romains 8, 35-39). N'avez-vous plus le même désir ? Je vous entends me répondre : Mon désir n'est que plus ardent. C'est parce que je suis brûlant d'amour pour Jésus-Christ, que je demande d'en être séparé, non pas séparé de son amour, mais seulement de sa jouissance et de sa gloire. J'y consentirais pour que mon Maître ne fût pas blasphémé, pour qu'on ne dise plus : Il a promis aux uns et donné aux autres. Oui, volontiers, pour que l'on ne parlât point ainsi, bien que ce soit injustement, je renoncerais au royaume des cieux et à l'ineffable gloire, j'endurerais toutes les souffrances, estimant une grande consolation dans mes peines, de ne plus entendre blasphémer celui que j'aime si ardemment.

 

Neuvième jour

« Jusqu'à la mort ».

 

« Jusqu'à la mort », dit Notre-Seigneur, « mon âme est triste, usque ad mortem » (Matthieu 26, 38.) Cet aveu nous rappelle et le royaume sans fin qu'un ange lui avait prédit (Luc 1, 33), et l'amour qu'il nous témoigna jusqu'à la fin (Jean 13, 1). Son règne commencé par la mort s'accroîtra par la mort ; des douleurs sans limites et un dévouement sans réserves seront une semence de nouveaux sujets.

 

Méditation

 

I. Jusqu'à la mort, c'est la rigueur de la justice. Pour satisfaire surabondamment à la justice de Dieu, le Sauveur veut s'attrister, à cause de la mort qu'il doit subir en expiation de nos crimes, mort ignominieuse et cruelle, mort précédée de mille affronts et de mille tourments. Il aura beau prier son Père, il aura beau suer du sang, il devra bientôt s'humilier et obéir jusqu'à la mort, jusqu'au crucifiement ; il devra passer entre toutes les hontes et toutes les douleurs, comme une victime expiatoire, jusqu'à ce qu'il embrasse la croix et meure entre ses bras. Quelles répugnances en son humanité il lui faudra dompter auparavant ! « Mon âme sera triste, dit- il à ses trois apôtres privilégiés, jusqu'à ce que j'aie vaincu mes répugnances naturelles, jusqu'à ce que ma volonté soit morte à elle-même et ne vive plus qu'à Dieu ». Sommes-nous tristes, nous aussi, jusqu'à la mort de la nature ? Ne cherchons-nous de vraie joie que dans la mortification parfaite des appétits et des passions ?...

II. Jusqu'à la mort, c'est l'excès de l'amour. Un prodigieux amour fait que Jésus s'attriste de tous les délais, de tous les retards apportés à sa mort, parce que retarder son supplice c'est retarder notre Rédemption. « Oh ! que je souffre, s'écrie-t-il, jusqu'à ce que ce grand mystère soit accompli, quomodo coarctor usque dum perficiatur ! » (Luc 12, 50) ! Combien ce retardement me cause d'anxiété, d'impatience et de tristesse ! N'est-ce pas ainsi qu'un vaillant soldat s'afflige de voir retarder le signal de la bataille ? Ne pouvant plus tolérer ce délai, notre charitable Rédempteur s'abandonne lui-même à une si profonde tristesse, que tous les efforts de ses ennemis n'eussent jamais pu lui en causer une pareille, parce que la haine qu'ils ont contre lui, ne peut égaler l'amour qu'il a pour nous. Avons-nous cette sainte impatience de nous signaler au service de Dieu, de l'Église et de l'humanité ?...

III. Jusqu'à la mort, c'est la mesure de l'intensité. Suivant l'Écriture, un esprit triste dessèche les os (Proverbes 17, 22), et il est une tristesse qui fait mourir (2, Corinthiens 7, 10.) Incomparablement plus intense, plus accablante, plus excessive que toutes les autres, la tristesse de Jésus agonisant aurait dû mille fois lui donner la mort. « Mon âme est aussi triste, disait-il, que si je mourais déjà, que si j'expirais en ce moment. Cette tristesse serait même capable de m'ôter la vie, si je ne faisais un miracle e toute-puissance pour soutenir ma vie, jusqu'à ce qu'il me plaise de la sacrifier au milieu des tourments extérieurs, sur le Calvaire. Je puis dire encore que mon âme est triste, comme on est triste dans la mort éternelle ou dans l'enfer, non pas avec une rigoureuse égalité, mais avec une juste proportion. Je ressens la perte de chaque réprouvé, comme la perte d'un de mes membres, et je conçois une indicible tristesse de son malheur éternel ! » Sommes-nous disposés à faire pénitence pour les âmes, que nous voyons courir à leur damnation ?...

Lisez dans L'Agonie de Jésus, Liv. v, chap. VII « Jusqu'à la mort »

 

Pratique : Ne nous attristons jamais comme ceux qui n'ont point d'espérance ; mais faisons de notre tristesse même, comme le Sauveur en agonie, une expiation féconde. Sachons renoncer aux consolations, accepter la douleur et le sacrifice, pour la délivrance de nos chers défunts, pour le salut éternel des mourants de chaque jour.

 

Exemple

 

Les religieuses du Cœur agonisant de Jésus forment, à Lyon, une communauté contemplative et cloîtrée, qui ressemble d'autant plus au jardin des Oliviers, qu'on s'efforce d'y représenter matériellement, moralement et mystiquement l'agonie du divin Maître. Aux trois vœux ordinaires de religion, on ajoute le vœu particulier d'immolation, c'est-à-dire le vœu de s'offrir en sacrifice à Dieu le Père, en union avec le Cœur agonisant du Sauveur, pour le salut des moribonds. Il oblige chaque religieuse à l'offrande quotidienne de sa vie, et cette offrande sincère et formulée extérieurement fait écho à celle que le divin agonisant réitéra plusieurs fois, en s'attristant et en obéissant jusqu'à la mort pour notre salut. Voici cette formule abrégée :

« Dieu éternel et tout-puissant, quoique je sois très-indigne de paraître devant vous, me confiant néanmoins en votre infinie bonté, je m'offre très-humblement en victime à votre divine Majesté, en l'honneur et union du Cœur agonisant de votre très cher Fils Jésus. Daignez disposer de ma vie, de mes prières et de mes souffrances, selon votre bon plaisir, pour le salut de tous les mourants, spécialement des mourants de ce jour. Ainsi soit-il ».

De saints prêtres ont demandé et obtenu de mourir aussitôt après avoir dit la messe, afin que le sacrifice de leur vie, uni à celui de l'Agneau sans tache présent en eux, fût plus agréable au Seigneur.

 

Dixième jour

« Veillez en priant ».

 

Dès le début, le Sauveur dit aux trois disciples choisis : « Veillez et priez » (Matthieu 24, 38 ; Luc, 22, 40) ; dans le cours de son agonie, il le leur répéta (Matthieu 26, 41 ; Marc 14, 38). Il nous le répète aussi, parce que la vigilance et la prière forment tout le fond de la conduite chrétienne, sont un remède et un préservatif, conviennent à tous les âges et à toutes les conditions.

 

Méditation

 

I. Le divin Maître ne veut pas que la veille qu'il recommande à ses disciples, soit un temps employé à des choses profanes ; il veut qu'elle soit consacrée à la prière, à l'oraison, aux élévations de l'âme vers Dieu ; il veut qu'à sa passion ses apôtres les plus aimés unissent leur vigilante compassion, leur instante prière, vigilate et orate. Cet exemple apprend aux supérieurs à ne pas dédaigner le secours, si faible qu'il soit, que peut leur procurer la prière de leurs inférieurs, quand même ceux-ci sont visiblement imparfaits. Sans doute la pressante exhortation du Sauveur parut d'abord être sans effet sur Pierre, Jacques et Jean, puisqu'ils s'endormirent presque aussitôt ; mais plus tard elle porta son fruit pour eux, comme pour les vrais fidèles, en leur faisant prendre l'habitude de veiller avec Jésus et de veiller en priant. Avons-nous cette habitude ?...

II. Ce n'est pas la première fois que Notre-Seigneur exige cette union de la vigilance et de la prière ; car nous voyons dans saint Marc qu'il avait déjà dit : « Veillez et priez » (Marc13, 33), et dans saint Luc : « Veillez donc en priant toujours, vigilate itaque omni tempore orantes » (Luc 21, 36). Partout il met la vigilance avant la prière, parce qu'on prie mieux et plus volontiers, quand on sait veiller. La vigilance est une préparation à la prière, et on retrouve avec plaisir dans l'oraison les yeux du Maître, à qui l'on vient de donner par la vigilance une marque éclatante de fidélité. Pour aimer à prier, il faut veiller ; dans les entretiens avec Dieu, les goûts et les consolations ne sont accordés qu'au recueillement, et aux sacrifices de la vigilance. D'où vient ma sécheresse fréquente dans l'oraison ? N'est-ce point de mes égarements et de mes distractions volontaires ?...

III. Cette fois « Vigilate mecum, veillez avec moi et priez », est une harangue brève et militaire, que Jésus adresse à ses soldats, avant de livrer le dernier combat. C'est le discours d'un général, qui dispose à une grande bataille sa petite armée, affaiblie, fatiguée, vaincue par le sommeil et la tristesse, avant de l'être par l'ennemi. Il ranime son courage et lui promet la victoire, mais à la condition de faire, par la vigilance, tout ce qu'elle peut, et d'obtenir de Dieu par la prière ce qu'elle ne pourrait pas. Toute la tactique du combat spirituel est là. Qui arme l'esprit ? La prière. Qui désarme la chair ? l vigilance. Le soin de veiller sur nos pensées entretient la pureté du cœur, qui produit une prière enflammée ; à son tour, l'oraison rend l'esprit plus prudent à se garder lui-même. Prier sans veiller, c'est présumer de la grâce ; veiller sans prier, c'est présumer de ses propres forces. Cette double présomption n'a-t-elle pas préparé mes défaites ?...

Lisez dans « L'Agonie de Jésus », Liv, IX. chap. VI Union de la vigilance et de la prière.

 

Pratique : Cultivons la vertu de prudence, et accusons-nous d'y avoir manqué. Soyons fidèles à la pratique quotidienne de l'examen de conscience, général ou particulier. Que notre vigilance mette tout en œuvre, afin que les secours de la religion soient offerts aux mourants et aux malades ; que notre prière s'efforce d'obtenir que ces secours soient acceptés avec empressement.

 

Exemple

 

Après avoir tout repoussé, un moribond sort d'un profond assoupissement et s'écrie : « Quelqu'un a prié pour moi, car je suis tout changé ; amenez-moi un prêtre ! » Sa petite-fille avait prié au pied de son lit, et s'était offerte à tout souffrir pour son salut. À Lyon un fervent laïque, qui visitait souvent un vaste hôpital, faisait circuler chaque semaine une liste des personnes qui s'y trouvaient en danger de mort, afin qu'on priât à leur intention : aucune ne mourut sans être convertie. A Paris un curé disait : « Depuis que j'ai établi sur ma paroisse cette sainte ligue de la prière et de la vigilance, pour le salut des agonisants, personne n'y est mort, à moins que ce ne fût subitement, sans être réconcilié avec Dieu ». Formons partout de semblables ligues, redoublons de vigilance et de prière pour nos chers moribonds. Récitons même souvent, pour les quatre-vingt mille mourants de chaque jour, cette courte invocation qui, comme un germe précieux fécondé par la bénédiction du Pontife suprême en 1850, a été répandue par le souffle divin dans le monde entier, pour y faire croître et s'épanouir la dévotion au Cœur agonisant du Sauveur, et qui maintenant monte sans interruption vers le ciel, de tous les points du globe et en toutes les langues :

« Très Miséricordieux Jésus, plein d'amour pour les âmes, je vous en conjure par l'agonie de votre sacré Cœur, et par les douleurs de votre Mère immaculée, purifiez dans votre sang tous les pécheurs de la terre qui sont maintenant à l'agonie, et qui aujourd'hui même doivent mourir. Ainsi soit-il ».

« Cœur agonisant de Jésus, ayez pitié des mourants ! »

 

Onzième jour

Les séparation du Cœur

 

Notre-Seigneur s'avança dans le jardin des Oliviers, en laissant derrière lui, à la distance d'un jet de pierre, les trois apôtres qu'il aimait. Il s'en écarta par charité; mais cette séparation, prélude et présage de tant d'autres, fut si douloureuse pour son Cœur, qu'il fut comme arraché, et ipse avulsus est ab eis (Luc 22, 41).

 

Méditation

 

I. Combien plus douce est l'expression employée par l'Évangile, en parlant de la mort du Sauveur qu'en parlant de sa séparation ! S'il meurt, c'est lui-même qui rend son esprit, emisit spiritum (Matthieu 27, 30), qui donne son âme ou sa vie, pono eam a me ipso (Jean 10, 18) ; on n'a pas besoin de les lui arracher. S'il se sépare, ce n'est qu'en faisant effort pour s'arrachera ses disciples et aux hommes, avulsus est. Aussi le disciple bien-aimé ne dit pas l'heure de la mort, mais l'heure de la séparation, hora ejus ut transeat ex hoc mundo (Jean 13, 1). I1 avait reposé sur le Cœur du divin Maître, il était entré dans ce Cœur, il avait vu quelle place y tenait chacune de ces deux affections, chacun de ces deux amours, l'amour de la vie et l'amour des hommes, la crainte de la mort et la crainte de la séparation. Cette heure suprême était incomparablement plus dure au Sauveur du monde, comme heure de la séparation, que comme heure de la mort. Ce qui nous sépare de Dieu, le péché mortel, nous est-il aussi plus amer que le trépas ?...

II. Nous séparer des créatures nous est parfois, comme à Jésus, une dure agonie. Notre cœur ne tient-il pas à ses affections, comme notre corps à ses membres ? Quand le vaisseau qui nous porte, veut quitter le rivage du temps, pour nous déposer sur la rive inconnue de l'éternité, notre cœur se sent retenu à la terre par de suaves et fortes affections ; il s'y rattache par tous ses membres. Une lutte s'engage entre nos attachements et nos devoirs, nous avons une heure, plusieurs heures peut-être d'agonie. Il faut que le maître du vaisseau, l'arbitre de la vie, Dieu même, frappe un coup de hache qui coupe les membres de notre cœur, nous détache du rivage, et mette par la mort un terme à notre agonie. Ah ! N'attendons pas cette heure décisive, pour trancher dans le vif, pour rompre des liens coupables ou dangereux ; arrachons de suite notre cœur aux affections terrestres, excessives et despotiques...

III. Survivre à la séparation, survivre à un être uniquement aimé, devient parfois une agonie et une tentation. C'est une agonie, parce que c'est un rapide abaissement de la foi contre ces émotions et ces souvenirs, qui nous plongent dans la tristesse et nous noient dans les larmes. C'est une tentation, parce que le vide qui se fait autour d'un cœur, accoutumé à se sentir aimé et appuyé, l'expose à se refroidir pour son Dieu, à murmurer contre la Providence, à trancher même le faible et dernier fil de sa vie. Cette épouse, cette mère, qui a perdu tous les siens, ne sent-elle pas que son existence n'est plus qu'une lente agonie ? Son cœur est sans élan, sa piété sans joie, et sa vie considérablement abaissée se consume et s'éteint, dans d'obscurs combats, pour rester fidèle à la vertu. Avons-nous du moins profité de cette agonie de la séparation, comme le bon Maitre, pour prier davantage, prolixius orabat (Luc 22, 43) ?...

Lisez dans « L'Agonie de Jésus », Liv. I, chap. III L'agonie du Jardin

 

Pratique : Me conduire en homme convaincu que d'être appelé au christianisme, c'est être appelé à la séparation, et que toute vocation à l'apostolat ou à la perfection religieuse, est une vocation à une séparation plus complète. M'estimer heureux et me montrer empressé d'adoucir, pour les moribonds et les survivants, toutes les douleurs de la séparation.

 

Exemple

 

Les religieuses du Cœur agonisant savent, par expérience, qu'en se séparant de leurs familles, elles obtiennent à leurs parents une fin plus chrétienne. La Mère Supérieure écrivait : « Ici c'est un vieillard qui se réjouit de l'espoir que sa fille, religieuse dans notre communauté, lui obtiendra la grâce d'une sainte mort. En effet, il conserve jusqu'à la fin, avec le parfait usage de sa raison, les dispositions les plus chrétiennes. Là c'est un homme encore dans la force de l'âge, modèle de droiture et de délicatesse, mais infidèle, malgré ses convictions de foi, à la pratique de la religion, Dès qu'il tombe malade, une de ses parentes qui vit parmi nous, nous fuit partager à toutes son anxiété ; et, comme elle, nous demandons instamment au Cœur agonisant de Jésus cette âme qui lui est si chère. Dès les premiers jours, le malade demande le prêtre pour se réconcilier avec Dieu ; et, dans toutes les phases d'une maladie rapide et douloureuse, il exprime les plus admirables sentiments de résignation et de patience. Il expire, après avoir baisé avec amour le crucifix, et en prononçant le nom de Jésus. Du reste, je crois que ce serait faire injure au Cœur du divin Maître que de douter qu'en se dévouant, pour le salut des mourants, on obtienne de sa bonté des grâces particulières à ceux qu'on n'a quittés que pour lui ». Oui, tous les religieux, par la vertu de leur holocauste, parle mérite de leur séparation volontaire, ouvrent souvent le ciel à un parent, à tin frère, à un oncle, à un père dont la vie s'écoula loin de Dieu.

 

Douzième jour

La solitude du Cœur

 

Le Sauveur voulut être seul dans une grotte, sous un rocher, pour avoir la liberté de dire, de faire et de souffrir, durant sa prière, tout ce qui conviendrait aux saints mouvements dont son Cœur était agité. Fixons nos regards sur cette grotte de l'agonie, pour apprécier les avantages de la retraite, ou de la solitude chrétienne.

 

Méditation

 

I. Solitude signifie un lieu éloigné de la vue ou delà fréquentation des hommes, et l'état d'une personne qui vit seule, qui est retirée du monde. Le lieu doit nous servir de passage pour arriver à l'état. Il ne serait pas solitaire, au sens chrétien du mot, celui qui, vivant en un lieu écarté, porterait dans son cœur tout un monde profane. La vraie solitude du cœur nous fait participer à la vie de Dieu en lui-même ; car elle est l'image de cette solitude éternelle, que le Verbe goûte dans le sein du Père. Bornée au dehors, l'action de Dieu au dedans est infinie, action de l'intelligence par la connaissance, action de la volonté par l'amour : se connaître et s'aimer lui-même, c'est sa vie. Le plus grand désir d'un cœur solitaire n'est pas non plus de faire beaucoup au dehors, mais de vivre intérieurement de la connaissance et de l'amour de Dieu. Cette vie d'union le rend très-utile aux autres, par les grâces qu'il leur obtient et les bénédictions qu'il leur attire. L'estimons-nous ?...

II. La solitude du cœur nous fait participer à la vie de Jésus agonisant. Il ne se borne pas à nous offrir l'exemple de la retraite et de la prière, il nous donne l'esprit d'oraison, l'amour de la solitude et une part à ses souffrances morales. Car la solitude a ses peines, la retraite a ses heures d'angoisses, et les âmes contemplatives sont les plus exposées à l'agonie. Plus nous nous retirons des créatures, plus le Créateur semble quelquefois prendre plaisir à se retirer lui-même de nous. Il ne nous abandonne jamais réellement ; mais nous sentons une sorte d'absence ou d'éloignement de Dieu. Une nous tient plus sensiblement compagnie, la nuit se fait autour de nous et au-dedans de nous, la tempête éclate et soulève des montagnes de tentations et de difficultés dans notre solitude, comme un vent violent soulève des montagnes de sable dans le désert. Ainsi le Sauveur fut éprouvé dans la grotte. Savons-nous souffrir et résister comme lui ?...

III. Les profanations et les impuretés, les calomnies et les rapines, Les violences et les injustices, affluent de tous les pays et de les siècles vers ce Cœur solitaire et abandonné : elles s'y ramassent comme des eaux fangeuses, qui rendent sa contrition grande comme la mer (Thren. II, 13). De même que les torrents et les fleuves, par une pente naturelle, se précipitent vers l'océan pour s'y déverser et en grossir les flots ; ainsi tous les crimes du monde, tous les torrents du vice et de l'impiété, entrent par mille canaux dans le Cœur de Jésus, pour y grossir cette mer de douleurs. Mais en se mêlant dans la mer, les fleuves perdent le nom et la qualité de leurs eaux, tandis que les eaux impures du péché, qui enflent et qui noient le Cœur agonisant, y demeurent distinctes : chaque crime y est marqué de sa laideur particulière, chaque faute y conserve sa propre difformité. Ô mes péchés, vous lui étiez donc distinctement présents, pour le tourmenter !...

Lisez dans L'Agonie de Jésus, Liv. VI, ch. III. Ce que la solitude est pour nous.

 

Pratique : Pénétrons-nous bien de cette pensée : La solitude évangélique consiste dans l'éloignement de tout ce qui est de la terre, du monde et des hommes, et dans le rapprochement du ciel et de Dieu. Bénissons le Seigneur de tous ces abandons de nos proches et de nos amis, qui font souffrira notre cœur l'isolement et l'agonie.

 

Exemple

 

La bienheureuse Françoise d'Amboise avait gardé la virginité avec son mari, Pierre II, Duc de Bretagne. Devenue veuve, elle vit se liguer son père, ses oncles et le roi Louis XI, pour la contraindre à se remarier ; ils résolurent même de l'enlever, et gagnèrent à cet effet tous ses gens. C'était au printemps de 1462, dans la ville de Nantes. Enfermée, gardée à vue, Françoise mesura le danger ; mais quelle ressource lui restait-il ? une seule, celle qui ne manque jamais à l'homme abandonné, la prière. S'agenouillant donc, l'infortunée offrit à Dieu son isolement cruel, et son cœur brisé se répandit en supplications ardentes et résignées, comme autrefois le Cœur de Jésus au jardin des Oliviers. Elle priait avec tant de larmes et d'angoisses, qu'elle perdit beaucoup de sang par les narines, et se trouva plusieurs fois toute pâmée de douleur, à ce point que ses gardiens s'en effrayèrent, craignant qu'elle ne mourût. Ils lui rendirent donc la liberté. Mais le lendemain on prépara une litière pour l'y déposer de vive force, et des bateaux sur la Loire pour l'emmener à la cour de France. Elle se mit de nouveau en prière, et après minuit la glace couvrit le fleuve, depuis Nantes jusqu'à Mauves, liant ou brisant toutes les barques. Ainsi Dieu fit triompher de la violence des hommes une femme seule et délaissée. (E. de Kersabiec, La B. Françoise d'Amboise).

 

Treizième jour

La prière du Cœur Agonisant

 

Durant toute sa vie, la veille même de sa mort, en son agonie, Notre-Seigneur pria beaucoup pour lui-même et pour les autres. C'était une prière véritable et proprement dite, qu'il adressait ainsi à son divin Père. Il priait comme homme, mais d'une manière digne d'un Dieu, et son oraison était un moyen de nous obtenir de grandes grâces, comme sa mort en croix fut le moyen choisi pour nous racheter.

 

Méditation

 

I. Telle fut l'application du Sauveur à la prière, qu'il entra en agonie et sua du sang ; pour soutenir ou accroître encore son attention, il voulut prier du cœur et de la voix en même temps, orans et dicens (Matthieu 26, 39). Jésus prie du cœur : comme l'agonie a labouré, déchiré, brisé tout son Cœur, l'encens de la prière s'exhale de tout son Cœur. Nous, au contraire, nous avons souvent dans notre cœur des plis et des replis, d'où le parfum de la prière ne s'échappe pas, mais où le monde pénètre et avec lui ce qui nous distrait, l'amour des plaisirs et des vanités. Jésus prie de la voix ; mais ce n'est point par un effort de mémoire, c'est par l'effet d'une forte émotion qu'il prie vocalement. La prière vocale est-elle toujours, pour nous, le pied de l'échelle qui sert à monter vers Dieu, le moyen de recueillir et d'exciter notre âme, de produire par l'extérieur une émotion plus grande à l'intérieur ? Nous y recourons quelquefois par paresse, parce qu'elle exige moins. d'application. Quand donc comprendrons-nous que les exercices spirituels, comme les exercices militaires, veulent de l'attention, de la vigueur et de la persévérance ?...

II. Durant la prière, l'amour pour Dieu jaillit du Cœur agonisant de Jésus, comme une flamme impétueuse. Pourquoi demande-t-il à son Père ce qu'il pourrait avoir ou faire par lui-même ? parce que l'amour se plaît à demander, comme il se plaît à accorder, parce qu'il lui est doux de tout devoir à l'être aimé. Pourquoi soumet-il à la volonté de son divin Père tous ses désirs et toutes ses demandes ? pour lui prouver plus d'amour, en abandonnant tout à son bon plaisir. Dans nos prières, il nous faut aussi l'amour, un amour tout embaumé d'abandon et de conformité ; il nous faut vouloir uniquement ce qui plaît au Seigneur. Dieu travaillait à la gloire de son Fils, en n'éloignant pas le calice d'amertume ; ne travaille-t-il pas à notre vrai bonheur, en ne nous exauçant pas comme nous l'entendons quelquefois ?...

III. La charité pour le prochain, une charité active et pleine de sollicitude, accompagne aussi la prière de Jésus agonisant, puisqu'il l'interrompt trois fois, pour visiter ses disciples et les exhorter. Que les devoirs de la vie contemplative ne nous fassent donc pas négliger les devoirs de la vie active, les obligations et les vertus de notre état. L'aumône et le jeûne, la bienfaisance et la mortification, voilà quelles sont les mains de la prière : elle doit les lever toutes deux vers le ciel, pour être plus sûrement exaucée. L'Homme-Dieu, en son oraison, s'offrait comme victime pour le salut du monde ; que notre prière soit aussi vivifiée par des sacrifices, intérieurs ou extérieurs, pour l'Église et les âmes !...

Lisez dans L'Agonie de Jésus, Liv. VII, ch. I, Utilité de la prière dans l'agonie.

 

Pratique : Chaque jour récitons l'oraison dominicale, dans le même esprit et avec les mêmes sentiments, que le Sauveur en agonie fit ta prière, parce qu'elles ont toutes deux de nombreux rapports. Chaque année, le mardi de la septuagésime, fête de l'oraison de Notre-Seigneur sur le mont des Oliviers, examinons nos prières et nos oraisons, pour les rendre de plus en plus conformes à celles du Cœur agonisant de Jésus.

 

Exemple

 

La prière du soir est un souvenir de la prière du divin Maître au jardin des Oliviers. En beaucoup d'endroits, les fidèles se réunissent pour la faire à l'église, et les familles chrétiennes la font en commun, ainsi que les apôtres auraient dû la faire. Saint Charles Borromée, archevêque de Milan, établit dans son diocèse, en 1572, le pieux usage de prier tous les soirs, après la première heure de nuit, au signal donné par la cloche de l'église. Les personnes de la même maison étaient invitées à se réunir, et à prier ensemble pendant un quart d'heure. Le célèbre cardinal enseigna lui-même la manière de s'occuper durant cette oraison, et il obtint du Pape Grégoire XIII des indulgences, pour toutes les personnes qui prendraient cette louable habitude. Dans son homélie sur la passion, il rappelait à ses ouailles qu'il avait établi cette pratique, en mémoire de la prière de Jésus agonisant : « Ce fut selon sa coutume que le Sauveur alla, après la cène, prier sur le mont des Oliviers (Luc 22, 39). Milanais, mes chers fils, qu'elle est belle l'institution dont vous jouissez, lorsque le soir, à la seconde heure de nuit ou à peu près, au son de la cloche, en mémoire de cette très sainte coutume du Fils de Dieu, vous êtes invités à prier ! Certes, ceux qui veulent prouver qu'ils sont enfants de Dieu, et qui désirent avoir un même esprit avec Jésus-Christ, manquent à leur devoir, s'il n'adoptent pas cette sainte pratique, ou s'ils l'abandonnent ».

 

Quatorzième jour

La Face contre terre

 

Pour prier, Jésus agonisant mit les deux genoux en terre, positis genibus (Luc 22, 41). Ensuite saint Mathieu nous apprend qu'il tomba sur sa face, procidit in faciem suam (Matthieu 26, 39), et saint Marc qu'il tomba sur la terre, super terrain (Marc 14, 35). Il se prosterna donc et s'étendit sur la poussière.

 

Méditation

 

I. Le Sauveur en agonie prosterna tout à la fois son corps, son esprit et sa prière. Il tomba sur la face, sur la terre, en signe de la plus profonde vénération, pour fortifier par la posture de son corps les mouvements de son âme, pour lutter contre la tristesse, l'ennui et le dégoût dont elle était remplie, pour offrir à Dieu cette posture modeste et respectueuse, comme une compensation de ses répugnances et de ses frayeurs. Sa prière fut longue, il la recommença trois fois, il y fut soumis à toutes les épreuves intérieures ; néanmoins il resta constamment prosterné, comme un criminel, devant la majesté d'un Dieu irrité. Quelle condamnation de nos maintiens, qui favorisent presque toujours et la mollesse du corps et la mobilité de l'esprit ! Le Fils de Dieu garde l'attitude du dernier des hommes, et cette humilité attire sur lui une rosée de bénédictions, une pluie de grâces, qui font produire à l'opprobre et à la mort la gloire et l'immortalité. Mais quand notre céleste médecin se prosterne ainsi jusqu'à terre pour prier, nous, pauvres malades, nous daignons à peine nous incliner !...

II. Jésus tombe devant Dieu, comme représentant de tous les criminels, comme chargé de toutes les iniquités du monde. Ce poids l'accable, l'écrase, l'étend par terre, tandis que le pécheur impénitent se redresse, montre une impudence intolérable, et trouve son iniquité légère. Le Sauveur voudrait cacher à tous la honte qui couvre son visage, et il rougit de lever les yeux sur son divin Père. On dirait qu'il prend par avance le plan de sa croix, ou qu'il voudrait se cacher à lui-même la vue de nos péchés, en se faisant un bandeau de toute l'épaisseur de la terre. Mais la justice vengeresse le presse de tous côtés, et montre à ses regards tous les crimes dont il s'est chargé. Il en ressent cet accablement de l'affliction, qui produit une prostration des forces physiques, aussi bien que des forces morales. Et moi je ne me courberais pas sous le poids de mes propres iniquités ? Et moi je ne me tiendrais pas si humblement devant Dieu, que je puisse dire : « Mon âme s'est collée au pavé (Psaume, 25) ?...

III. Notre-Seigneur se penche, s'abaisse jusqu'à terre, afin de mieux apaiser son Père céleste, en cueillant pour lui-même une telle moisson de myrrhe, messui myrrham (Cantique 5,1), c'est-à-dire d'afflictions et d'épreuves, qu'il n'en reste plus pour nous qu'un bouquet, qu'une poignée, fasciculus myrrhae (Cant. i, 12). Comme le moissonneur se baisse, pour couper les épis plus près de terre, Jésus se prosterne pour faire plus complète cette moisson d'amertumes, de tristesses et de tourments. Et toutes ces gerbes de souffrances il les embrasse, il les étreint, il les presse sur son Cœur, il les baise comme il baisera Judas ! Que sont toutes nos mortifications et nos peines ? une poignée d'épis. Ah ! ne craignons pas de glaner après Jésus dans le champ de la douleur. Glanons-y en souvenir de lui et par amour pour lui. Dans nos prières prévoyons les épreuves, faisons provision de courage et redisons à Dieu : « Je suis prêt à souffrir, in flagella paratus sum » (Psaume 37, 18)...

Lisez dans L'Agonie de Jésus, Liv. VI, ch. V, Jésus tombe la face contre terre.

 

Pratique : Prosternons nos prières (Jérémie, 38, 36 ; 42, 9 ; Daniel 9, 18, 20) ; expression de l'Écriture tout à la fois énergique et naturelle, qui signifie que l'esprit doit être aussi prosterné que le corps, et la prière aussi humble que l'un et l'autre. Tout appel de Dieu à élever les autres, est un appel à descendre soi-même. Avec les prêtres et les religieux prosternés la face contre terre, abaissons-nous donc comme le Sauveur, pour élever comme lui les âmes.

 

Exemple

 

Au Bréviaire romain nous lisons, le 17 mars, que saint Patrick, apôtre de l'Irlande, fléchissait les genoux trois cents fois par jour pour adorer Dieu, et qu'il le faisait encore deux cents fois durant la première partie de la nuit. Nous y lisons de même, le 10 octobre, que saint François de Borgia, général de la Compagnie de Jésus, se mettait chaque jour cent fois à genoux, pour offrir à Dieu ses adorations. On sait que des personnes pieuses et mortifiées ont l'habitude de ne s'appuyer jamais, durant les plus longues oraisons, ni sur le prie-Dieu, ni sur le dossier de la chaise qui est devant elles. D'autres, quand elles ne peuvent être vues, aiment à tenir les bras élevés ou étendus en croix, durant la prière, comme faisait saint Antoine, patriarche des cénobites. Des religieux, pour la moindre faute, comme sous le poids d'un péché énorme, se prosternent et s'étendent sur la terre, pour que d'autres leur passent sur le corps, les foulent aux pieds. Ainsi se prosternèrent saint François d'Assise, le bienheureux Thomas de Cori, la fondatrice des Filles de la Charité, etc, etc...

 

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13 février 2017

Le Mois du Coeur Agonisant de Jésus

Le Mois du Cœur agonisant

dim20mars

En guise d'introduction

 

Le temps de la Septuagésime

 

Le temps de la Septuagésime est une période de trois semaines qui précède l’ouverture du carême. Le temps de la Septuagésime commence toujours la neuvième semaine avant Pâques et compte trois dimanches qui sont respectivement appelés dimanches de la Septuagésime, de la Sexagésime et de la Quinquagésime.

Ces appellations proviennent du système de comptage en usage dans l’antiquité et désignent la décade dans laquelle tombe chacun de ces dimanches : si en effet l’on divise les neufs semaines qui précèdent Pâques en séries de dix jours, on constate que le premier de ces neuf dimanches tombe dans la septième dizaine, le deuxième dimanche dans la sixième dizaine, le troisième dimanche dans la cinquième dizaine ; de là viennent leurs noms respectifs de dimanches in Septuagesima, in Sexagesima et in Quinquagesima.

Symboliquement, on fait correspondre ces (presque) septante jours aux septante années de la captivité à Babylone. Dans le symbolisme biblique et liturgique, Babylone représente la cité terrestre corrompue, opposée à Jérusalem, la cité de Dieu. La captivité à Babylone fut un châtiment : Dieu a permis que son peuple – vaincu et asservi – soit déporté en terre païenne. C’était la conséquence de ses infidélités répétées ; mais ce fut aussi le moyen radical d’une guérison car le peuple élu ne retomba plus ensuite dans l’idolâtrie.

Ainsi nous est rappelée la gravité du péché et ses conséquences dramatiques. Ainsi nous est montrée la nécessité de lutter contre les séductions du mal. Ainsi nous est enseigné à désirer ardemment de quitter la terre de l’exil – le péché -, pour revenir vers la patrie véritable – la grâce divine! L’existence de la liturgie septuagésimale est attestée au VIème siècle par un lectionnaire conservé à la bibliothèque de l’université de Wurtzbourg : ce manuscrit montre qu’à l’époque de Saint Grégoire le Grand, les épîtres et les évangiles du temps de la Septuagésime étaient ceux que nous avons aujourd’hui encore dans nos missels (pour la forme extraordinaire du rite romain, bien entendu).

Les lectures de ces trois dimanches sont particulièrement importantes : elles ont été choisies avec un très grand soin. Ce choix, leur répartition et leur progression manifestent une pédagogie remarquable tant par le sens que par son équilibre :

a) le dimanche de la Septuagésime nous fait entendre une épître fameuse rappelant la nécessité du combat spirituel (1 Cor. IX, 24-27; X, 1-5), tandis que l’Evangile nous fait méditer sur les ouvriers de la onzième heure (Matth. XX, 1-16) : de la sorte l’Eglise nous rappelle dans un même temps que nous avons à combattre avec une véritable pugnacité pour accéder au salut, mais que ce dernier sera toujours un don gratuit de Dieu, et qu’aucun homme ne pourra l’attribuer à ses mérites personnels.

b) dans l’épître du dimanche de la Sexagésime (2 Cor. XI, 19-33 ; XII, 1-9), nous entendons Saint Paul faire le résumé de toutes les épreuves qu’il a endurées mais au terme de cette énumération retentit cette sublime assurance : « Ma grâce te suffit, car Ma puissance s’accomplit dans la faiblesse ». L’Evangile de ce jour (Luc. VIII, 4-15) est celui de la parabole de la semence qui tombe en des sols variés avec l’explication donnée par Notre-Seigneur Lui-même : les hommes n’accueillent pas tous la Parole salvifique de Dieu de la même manière, ils ne sont pas égaux dans la façon dont ils lui font porter du fruit. Ces deux textes mis en parallèle nous redisent que si la toute puissante grâce de Dieu peut faire en nous des choses qui sont bien au-delà des capacités réelles de notre nature, nous ne sommes cependant pas dispensés de l’effort pour amender le terrain de notre âme si nous voulons que cette grâce y produise la plénitude de ses fruits.

c) au dimanche de la Quinquagésime, est proclamé l’hymne à la charité (1 Cor. XIII, 1-13) ; puis dans l’Evangile (Luc. XVIII, 31-43) Jésus fait l’annonce solennelle de Sa Passion et de Sa Résurrection – « Voici que nous montons à Jérusalem » – avant de guérir l’aveugle de Jéricho. Par là, l’Eglise nous engage à crier comme cet aveugle : « Fils de David, aie pitié de moi! » afin que soit guérie la cécité de nos coeurs, et pour que nous nous engagions résolument, en pleine liberté et intelligence (pas comme les apôtres dont cet Evangile nous dit qu’ils ne comprirent rien aux paroles de Jésus), dans les pas du Sauveur qui va accomplir le mystère pascal : or ce ne sont pas des déterminations, des qualités ou des prouesses humaines qui nous permettront de le faire, mais la seule charité surnaturelle.

On a pu dire du temps de la Septuagésime qu’il est le « vestibule du carême » : en effet, ces trois dimanches sont comme trois paliers qui nous conduisent, par une gradation très étudiée, jusqu’au seuil du grand temps liturgique où seront dispensées en abondance les grâces de la pénitence, de la conversion, de l’intériorité, de l’approfondissement de notre vie chrétienne et du salut... Cet « avant-carême » nous prédispose donc non seulement à y entrer mais surtout à y bien entrer. Ce n’est pas au matin du mercredi des cendres que nous devrons tout à coup nous mettre à penser aux efforts de conversion et de pénitence qui nous sont les plus nécessaires ; ce n’est pas le jour de l’entrée en carême que, de manière impromptue, nous devrons réfléchir à l’ascèse qui devra être la nôtre pendant ce temps et en déterminer les résolutions! Procéder ainsi serait le meilleur moyen de rater notre carême. Et voilà pourquoi l’Eglise – en Mère réaliste et en excellente pédagogue – a institué ce temps de la Septuagésime.

En nous mettant en face des enjeux de notre vie et de nos responsabilités,  le temps de la Septuagésime nous invite à une réflexion – raisonnable, méthodique et posée – sur la stratégie qui s’impose à chacun de nous pour faire progresser notre propre conversion à l’amour divin en vérité, en profondeur et avec efficacité.

Pendant le temps de la Septuagésime il n’y a pas encore d’obligation du jeûne, mais déjà les ornements sont violets ; les chants joyeux (Gloria in excelsis et Alleluia) sont supprimés. Aux Messes de semaine, seul le graduel est récité ; le dimanche et les jours de fête, il est suivi d’un trait qui remplace l’Alleluia. Aux Messes solennelles du temps, le diacre et le sous-diacre portent encore la dalmatique et la tunique, et l’on peut toucher l’orgue. Avant le code des rubriques de 1960, qui a aboli cet usage, le « Benedicamus Domino » remplaçait l’ « Ite, missa est » à toutes les Messes de férie.

À l’Office divin, l’Alleluia qui suit l’introduction « Deus, in adjutorium », est remplacé par « Laus tibi, Domine, Rex aeternae gloriae ». À la fin de Matines, le Te Deum est remplacé par un simple répons.

La veille de la Septuagésime, à la fin des vêpres, les chantres ajoutent deux Alleluia au « Benedicamus Domino » et le choeur deux Alleluia au « Deo gratias ». C’est la déposition de l’Alleluia, que nos pères appelaient «Clausum Alleluia» (Voir le texte de Dom Guéranger sur les adieux à l’Alléluia : http://leblogdumesnil.unblog.fr/2013/01/26/2013-12-les-adieux-a-lalleluia/)

Un chant particulier au temps de la Septuagésime est le répons « Media vita« , (dont vous pouvez – si vous le voulez – entendre un enregistrement par le moyen de la vidéo ci-dessous).

En voici la traduction :

Dès le milieu de la vie, nous voici à la mort : quel aide chercher, si ce n’est Vous, ô Seigneur? Vous, que nos péchés irritent avec raison : * ô Dieu Saint, ô Saint Fort, ô Saint Sauveur miséricordieux, ne nous livrez pas à l’amertume de la mort!

En Vous ont espéré nos pères : ils ont espéré et Vous les avez délivrés : * ô Dieu Saint…

Vers Vous crièrent nos pères : ils ont crié et ils n’ont pas été confondus : * ô Dieu Saint…

Gloire au Père et au Fils et au Saint Esprit. * Ô Dieu Saint…

 

Texte extrait du site http://leblogdumesnil.unblog.fr

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La Fête de l'Oraison de Notre Seigneur

Mardi de la Septuagésime

 

Jésus étant sorti s'en alla suivant, sa coutume au mont des Oliviers, et ses disciples le suivirent; et arrivé en ce lieu il leur dit « Priez afin de ne point entrer en tentation ». Et il s'éloigna d'eux de la distance d'un jet de pierre, et s'étant mis à genoux, il priait disant : « Père, si vous le voulez, éloignez de moi ce calice, cependant que votre volonté se fasse, et non la mienne ». Alors un ange du ciel lui apparut qui le fortifiait, et étant tombé en agonie il priait encore plus. Il eut une sueur, comme de gouttes de sang qui tombaient à terre.

L'Eglise consacre un jour de chacune des semaines qui précèdent la Passion à honorer d'un culte spécial une des parties de ce douloureux et ineffable mystère. Aujourd'hui, c'est l'oraison de Notre-Seigneur au jardin des Oliviers, qu'elle offre à la vénération et à la méditation de ses enfants. Ce qui émeut jusqu'au fond de l'âme dans le spectacle que nous offre la Passion, c'est la douceur inaltérable, le calme surhumain du Sauveur en présence de ce qui briserait le cœur le plus ferme.

Jamais on ne verra rien de semblable. C'est le sublime de la grandeur, le plus haut point d'élévation auquel l'homme puisse atteindre ; « s'en rapprocher, quoique toujours de loin, sera désormais le travail de ceux qui aspirent avec le plus d'ardeur à la perfection. Et néanmoins, comme pour les soutenir, comme pour encourager leurs efforts, cette perfection leur est montrée sous les conditions de la lutte, du combat intérieur inséparable de notre nature infirme. Aux approches de l'épreuve dernière, Jésus n'hésite pas certes, sa volonté n'est pas ébranlée un moment, mais le trouble envahit la partie inférieure de son être, il est triste jusqu'à la mort ; en proie à des angoisses, à une agonie plus terrible que le supplice même qui suivra, il ne le cache point, ne le dissimule point il veut au contraire que ses disciples en soient témoins, qu'ils en gardent le souvenir, afin d'y trouver un appui dans les involontaires défaillances de la chair, lorsque pour eux aussi viendra le jour du sacrifice ».

Le sacrifice se rencontre à chaque pas sur notre chemin. Les angoisses et les souffrances sont notre partage sur la terre le malheur est le roi d'ici-bas; et tôt ou tard, tout mortel finit par être atteint de son sceptre. Qui n'a pas ici-bas sa part aux infirmités humaines, sa croix à porter ? Toute créature est en travail, la vie humaine n'est qu'une longue plainte dont les échos montent vers le ciel. Jésus a voulu nous apprendre que la force pour supporter et souffrir se trouve dans la prière. A son exemple, adressons-nous à Dieu, il est le Tout-Puissant qui dirige tous les événements de ce monde il est la souveraine lumière qui éclaire toute intelligence.

Dieu est un bon Père, qui ne peut entendre les plaintes de ses enfants sans prêter l'oreille à leurs voix et sans apporter un soulagement à leurs misères. Mais n'oublions pas que s'il prie, que s'il arrose la terre de ses larmes et de son sang, c'est à cause des outrages dont nous nous sommes rendus coupables envers Dieu. Ce sont nos péchés qui rendent son âme triste jusqu'à la mort ; ce sont nos iniquités qui remplissent cette coupe qu'il demande à son Père d'éloigner de lui. Songeons à ne pas rendre ses souffrances inutiles, et disons-lui aujourd'hui avec l’Église : « Seigneur, qui, dans le jardin des Oliviers, nous avez appris, par votre parole et par votre exemple, à prier pour triompher des périls de la tentation, faites, dans votre bonté, qu'à travers les dangers et les obstacles de tout genre qui nous environnent, toujours appliqués à la prière, nous méritions d'en obtenir un fruit abondant, et par là, de parvenir sûrement au royaume du ciel ».

(Extrait des Petits Bollandistes, Abbé Guérin, Volume XVI)

 

Préface

 

Préparée à Paris, éclose à Vais près Le Puy, la dévotion au Cœur agonisant du Sauveur fut approuvée par le pape Pie IX, alors en exil ; le 2 février 1850, Sa Sainteté enrichit d'indulgences une prière rédigée par le R. P. Lyonnard, de la Compagnie de Jésus. Des confréries se formèrent bientôt en plusieurs villes ; celle de Jérusalem fut érigée en 1864, et transformée en archiconfrérie le 23 août 1867.

Plusieurs publications sont venues en aide à cette pieuse association, en ont expliqué les pratiques et entretenu l'esprit. Dans ce but, nous publiâmes nous-même plusieurs volumes,. « L'Agonie de Jésus » et « Le Cœur Agonisant » ; nous publions aujourd'hui un livre moins gros et plus populaire, en adoptant la forme d'un de ces Mois, qui sont si chers aux fidèles et si utiles aux âmes.

Toute époque où l'on se sent plongé dans l'affliction, est favorable pour faire le Mois du Cœur Agonisant. Le mois de juin, qui est le mois du sacré Cœur, paraît convenir aussi. Mais le mois de février convient mieux encore, parce qu'il devient ainsi une heureuse transition, entre les plaisirs du renouvellement de l'année et les austérités du carême. Nous conseillons même fortement de se régler sur la sainte quarantaine, de commencer ce Mois le quatrième jeudi avant le carême, le second avant la septuagésime, de manière que la fête de l'archiconfrérie du Cœur agonisant, l'oraison de Notre-Seigneur sur le mont des Oliviers, qui ne tombe jamais plus tôt que le 20 janvier, ni plus tard que le 24 février, toujours le mardi de la septuagésime, se rencontre le treizième jour, et que ces pieux exercices servent à s'y préparer, au moins durant une neuvaine. Ils se termineront le premier samedi de carême, par un hommage rendu au Cœur compatissant de Marie.

Chrétiens dévoués au Cœur agonisant de Jésus, méditez-en les angoisses, partagez-en les souffrances, et laissez votre cœur devenir un autel et un calvaire. La dévotion n'est-elle pas l'embonpoint spirituel d'une âme engraissée de charité ? Pendant un mois engraissez-vous d'amour, de compassion, de générosité, de dévouement et de patience, pour continuer l'œuvre du Cœur sacré du Rédempteur, en nous obtenant l'application des mérites de son agonie. Restez ensuite toute votre vie, comme durant ce mois, à l'école du divin agonisant, pour apprendre à compatir efficacement aux douleurs des autres, et à faire de vos propres agonies un apostolat fécond.

 

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Le Mois du Cœur agonisant de Jésus

 

Veille du premier jour

 

Lecture préparatoire

 

La dévotion au douloureux mystère du jardin des Oliviers, et la dévotion au Cœur de Jésus, ont une commune origine, les révélations de Notre-Seigneur à Sainte Marguerite-Marie, qui reçut de lui la pratique de l'Heure Sainte, et la mission de répandre le culte de son divin Cœur. Le Cœur agonisant c'est le Cœur même de l'Homme-Dieu, considéré dans son état passif, dans ses souffrances, ses angoisses, ses tristesses, ses craintes et ses ennuis, L'expression de Cœur agonisant était usitée dès les premières années du XVIIIe siècle.

Les peines intérieures commencèrent et finirent pour Jésus avec sa vie mortelle, et il y fait allusion quand il nous dit par la bouche du Psalmiste : « J'ai été dans le trouble, l'anxiété, les travaux dès ma jeunesse » (Psaume16). Mais il modérait à son gré cette agonie morale, et ce ne fut qu'à Gethsémani qu'il la laissa tourmenter pleinement son Cœur, et même déborder sur son corps. Aussi est-ce au jardin des Oliviers que tous les chrétiens fervents accourent en esprit, pour partager les souffrances de Jésus, pleurer avec Jésus, unir leurs cœurs au Cœur agonisant de Jésus.

Par la dévotion au Cœur agonisant du bon Maître, nous voulons d'abord lui offrir nos hommages et nos réparations, l'honorer dans ses douleurs et réparer les outrages qu'il reçoit. Nous voulons même prévenir ces outrages, les empêcher, en travaillant à convertir les pécheurs qui l'offensent, et surtout ceux que la mort va jeter dans l'éternelle damnation. Préserver de l'enfer, préserver de l'impénitence finale les quatre-vingt mille mourants de chaque jour, voilà l'objet principal de notre intercession, de nos supplications au Cœur agonisant de Jésus. Qui n'en voit l'opportunité ? Autrefois tout chrétien qui se sentait mourir, voulait se réconcilier avec Dieu, et en prenait lui-même les moyens. Mais aujourd'hui beaucoup de malades à l'extrémité ne veulent pas même voir le ministre de la réconciliation ; la société satanique des Solidaires travaille nuit et jour, à réaliser sa devise : Plus de prêtre, ni à la naissance, ni au mariage, ni à la mort. Elle séduit les faibles et les pauvres, par l'appât d'un enterrement civil où le nombre augmente le scandale.

Enfin le Cœur agonisant de l'Homme-Dieu est pour nous un objet d'imitation. Au dernier jour de sa Vie mortelle , le Sauveur voulut endurer trois passions, une passion eucharistique et sacramentelle sur le mont Sion, une passion mystique et intérieure sur le mont des Oliviers, une passion extérieure et sanglante sur la colline du Calvaire. Ces trois passions se continuent ou se réitèrent à travers tous les siècles. Tous les jours dans nos temples et sur nos autels Jésus lui-même continue, par le ministère du prêtre, sa passion eucharistique. Souvent au milieu des peuples civilisés ou barbares, dans les prisons ou sur les places publiques, la sanglante passion du Sauveur a été renouvelée, dans la personne des martyrs, par le ministère des bourreaux. En qui donc se réitérera sa passion intérieure ? En quelques âmes privilégiées, dont le cœur est tantôt un autel et tantôt un calvaire, mais quelquefois aussi une montagne et un jardin des Oliviers, où, sous la pression des épreuves mystiques et des souffrances morales, qui les réduisent à une agonie pire que la mort, coule l'huile de la prière et de la résignation, du renoncement et de la charité.

Le même religieux qui répandit la dévotion au Cœur agonisant de Jésus, publia « L'Apostolat de la souffrance », et propagea la société des victimes volontaires. N'est-ce pas le désir d'imiter le Cœur agonisant du Sauveur, qui a fait naître cette société, pour les besoins actuels de l'Église et des nations catholiques ? Plus un pays est souillé par les iniquités de ses habitants, plus il convient de le purifier et de l'assainir, en y introduisant les plantes salutaires issues du sang de Jésus-Christ, qui répandent autour d'elles une suave odeur de vie et de pureté ; plus il importe d'y établir des paratonnerres, qui détournent loin des têtes coupables les foudres de la divine justice, prête à éclater sur elles. Ces plantes, ces paratonnerres, ce sont toutes les communautés ferventes, ce sont particulièrement les victimes volontaires.

Dieu choisit indistinctement ces victimes spéciales, dans tous les rangs de la société chrétienne, et leur donne une large participation aux souffrances de son Fils unique, par conséquent à son titre de victime, à sa fonction de sauveur. La tendre prédilection qu'il a pour elles, le dispose à leur accorder des miracles de grâce, quand elles lui présentent leurs prières mêlées aux larmes, au sang et aux agonies de Jésus, ainsi qu'à leurs propres larmes et à leurs propres agonies. La Vierge-Mère fut au premier rang dans cette généreuse phalange ; vint ensuite saint Jean, le disciple bien-aimé du Cœur agonisant de Jésus, et l'enfant privilégié du Cœur compatissant de Marie. Puis, à toutes les époques de crise religieuse et sociale, le Seigneur suscita en nombre plus ou moins grand ces victimes cachées, dont l'action latente, comme celle de la grâce en chacun de nous, opère avec elle et par elle d'une manière intime et vitale.

Le but de ce Mois est de faire de nous des apôtres par la souffrance, aussi bien que par la prière. Soyons intercesseurs et suppliants, mais en même temps acceptons patiemment nos peines, nos maladies, toutes nos tribulations, la mort même pour l'Église et pour les âmes. Cet emploi apostolique de nos afflictions nous fera puiser, dans le Cœur agonisant de Jésus, les plus fortes et les plus suaves consolations. Peut-on mieux se consoler dans ses propres agonies, qu'en méditant les agonies d'un Dieu, et en soulageant les agonies des hommes ?

 

Premier jour

L'agonie continuelle

 

La continuité de l'agonie du Cœur en Jésus-Christ, depuis le premier instant de sa conception jusqu'à son dernier soupir, est attestée par les auteurs les plus graves, qui s'appuient sur le titre d'homme de douleurs donné au Messie parle prophète (Isaïe. 53, 3), et sur plusieurs paroles du psalmiste (Ps. 30, 11 ; 37, 18 ; 87, 16). Au jardin des Oliviers, il éprouva toute l'intensité de cette agonie.

 

Méditation

 

1. Pendant que les anges chantaient au-dessus de sa crèche : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté (Luc. 2, 14), Jésus disait en son Cœur ce qu'il devait redire sur le mont des Oliviers : « Mon Père, que votre volonté soit faite, et non pas la mienne (Luc 23, 42). Anges du ciel, pouvait-il ajouter, vous applaudissez à mon humiliation volontaire pour la gloire de Dieu et la paix des hommes. Vous êtes les avant-coureurs du céleste esprit, qui viendra me visiter dans une humiliation plus grande encore, dans la lutte de ma nature humaine contre ma volonté divine, lorsque je serai prosterné sur la terre, en proie à l'agonie et tout sanglant. En pensant à vous, je ne puis m'empêcher de penser à lui ». De même voyait-il des victimes ? Il savait qu'elles étaient la figure du sacrifice, qu'il consommerait par son immolation sur le Calvaire. Voyait-il Jérusalem ? Il savait que dans cette ville il perdrait la vie, au milieu des opprobres et des tourments. Regardait-il sa Mère bien-aimée ? Il s'imaginait la voir déjà debout au pied de sa croix. C'était pour son Cœur une continuelle torture. Pourquoi la vue d'un jardin, d'une fleur, d'un bouquet, ne vous ferait-elle pas aussi penser à ce jardin des Oliviers, à cette fleur des champs, à ce bouquet de myrrhe (Cant. 1, 12 ; 2, 1), tout arrosés de sueur et de sang ?...

II. Par la prévision de ses maux, Jésus endura dans son Cœur et pendant trente ans toutes les afflictions à la fois. De tous les organes de sa sainte humanité, son Cœur fut le premier et le dernier à souffrir : toutes les souffrances des autres membres s'y étaient ramassées. Il se faisait un flux et reflux continuel des peines de l'esprit au Cœur, et des peines du Cœur à l'esprit. C'était un calice qui se remplissait à tout moment, et que le Sauveur buvait aussi sans relâche et jusqu'à la lie. Ce qui rendait ce calice plus amer, c'était la certitude que ses peines seraient en partie inutiles ; ce qui rendait cette agonie plus poignante, c'était de savoir qu'après tant de combats il ne remporterait pas une victoire plus achevée, Il pensait non-seulement aux idolâtres, aux juifs, aux mahométans, à qui les mérites de sa passion ne seraient point appliqués ; il pensait encore aux chrétiens qui foulent aux pieds le Fils de Dieu, et souillent le sang du Testament (Heb. 10, 29). Ne pensait-il point aussi que, devenu notre juge, il nous demanderait un compte sévère du sang que nous avons profané ?...

III. Notre-Seigneur avait sans cesse sous les yeux les supplices de tous les martyrs, et il en discernait les détails les plus horribles ; il voyait les tribulations de tous les affligés, toutes les indigences et toutes les persécutions. Combien ne souffre pas une mère qui voit souffrir son enfant ! Or, Jésus nous aimait incomparablement plus qu'une mère. Si la tendresse de toutes les mères se réunissait en un seul cœur, ce serait moins qu'une étincelle en comparaison de l'incendie de charité qui dévorait le Cœur de l'Homme-Dieu. Chacune de nos souffrances faisait une plaie à cet aimable Cœur, qui, percé de tant de blessures, ne conservait la vie que par miracle. Il était devenu le confluent de toutes nos douleurs, et le calvaire où toutes nos croix étaient plantées. Jamais l'esprit humain ne comprendra quelle agonie, quel martyre, le Cœur du Fils de Dieu endura, depuis l'incarnation jusqu'à la mort, par sympathie et commisération pour nous. Quand nous sommes affligés, est-ce une consolation de savoir que toutes nos peines ont passé par le Cœur de Jésus, qu'il les a le premier ressenties et portées par amour pour nous ? En sommes-nous plus généreux à les porter par amour pour lui ?...

Lire dans l'Agonie de Jésus du Père Blot, livre I, le chapitre II « L'agonie de Nazareth »

 

Pratique : Ne nous faisons pas un christianisme mitigé, un christianisme à concessions, un christianisme sans combat. Ne nous plaignons plus de la longueur de nos souffrances et de nos épreuves. Mais consentons que notre vie soit comme celle des saints, comme celle de Jésus, une continuelle agonie.

 

Exemple

 

« Je trouve dans la vie de sainte Catherine de Gênes, dit le P. Eudes, qu'un jour Dieu lui fit voir l'horreur du moindre péché véniel, et elle assure que, quoique cette vue ne durât qu'un moment, elle vit néanmoins un objet si effroyable que le sang lui glaça dans les veines, qu'elle tomba dans l'agonie, et qu elle serait morte si Dieu ne l'avait conservée miraculeusement, pour raconter aux autres ce qu'elle avait vu. Ensuite de quo elle disait que, si elle était dans le plus profond d'une mer de feux et de flammes, et qu'il fût en son pouvoir d'en sortir à la condition de voir encore une fois en sortant de là une chose si épouvantable, elle aimerait mieux y demeurer que d'en sortir à cette condition. Or, si la vue du moindre péché véniel a mis cette sainte dans un tel état, que faut-il penser de l'état auquel notre Sauveur a été réduit par la vue de tous les péchés de l'univers ? Car il les avait tous continuellement devant les yeux, et sa lumière étant plus grande infiniment que celle de sainte Catherine, il y avait plus d'horreur infiniment qu'elle n'y en voyait. Tous ces péchés et toutes ces vues navraient son Cœur d'une infinité de plaies ». (Eudes, le Cœur admirable, T. II, liv. VI, ch. 10).

 

Deuxième jour

Une coutume de Jésus

 

Accomplissant les figures et les prophéties, Jésus sort de Jérusalem, traverse le torrent et la vallée du Gédron, malgré les ténèbres de la nuit, et va là où il sait qu'on viendra le trahir et le prendre. Pourquoi ? Pour rester fidèle à son habitude d'aller prier Dieu, le soir, sur le mont des Oliviers.

 

Méditation

 

1. Notre-Seigneur avait coutume de rendre grâces publiquement, de prier, après chaque repas ; il le fit encore la veille de sa mort, après avoir mangé l'agneau pascal et institué l'Eucharistie. Les religieux l'imitent, en nourrissant leur esprit par une lecture durant le repas, et en visitant aussitôt après le Saint Sacrement ou quelque pieuse image, pour nourrir leur cœur par la prière. Imitons-le aussi, en prenant la nourriture du corps avec tempérance et modestie, afin que l'âme puisse toujours se nourrir d'oraison, afin que nos repas mêmes glorifient le Seigneur. Soit que vous mangiez, soit que vous buviez, dit l'Apôtre, faites tout pour la gloire de Dieu (1 Cor. 10, 31). Le fait-on d'ordinaire parmi nous ? Parfois ne contentons-nous pas nos sens, de manière que l'excès de la nourriture appesantisse notre âme et l'empêche de prier ? Combien même de chrétiens aujourd'hui qui, comme les païens d'autrefois, ont l'idolâtrie du ventre, adorent le dieu ventre, (Philippiens 3, 19), se montrent plus fidèles à servir leur ventre qu'à servir Jésus-Christ (Romains 16, 18) ?...

II. Sous le coup des plus dures épreuves, le Sauveur n'interrompt ni ne change ses pieuses habitudes. Il n'ignorait rien de ce qui l'attendait au jardin des Oliviers, et saint Jean nous fait remarquer que c'était un lieu bien connu de Judas, parce que le Maître et les disciples s'y étaient fréquemment réunis (Jean 18, 2). La certitude d'y être facilement trouvé, pris, garrotté, ne suffit pas pour que Notre Seigneur manque à une sainte coutume. En est-il ainsi de nous ? Une mince contrariété, une légère fatigue, un malaise imaginaire, la moindre crainte, celle d'une critique, d'une raillerie, d'un regard ou d'un sourire désapprobateur, nous font interrompre nos meilleures coutumes, omettre nos exercices de dévotion, quelquefois même nos devoirs de religion, comme l'assistance à la messe, la communion, l'abstinence...

III. Les habitudes du divin Maître venaient d'une conviction si profonde et d'une volonté si ferme, qu'il allait, sortait, entrait, priait selon sa coutume, et non point par coutume. Nous, au contraire, que de choses nous faisons par simple habitude, par routine, machinalement, sans élan ni entrain, sans esprit intérieur ni générosité spirituelle ! Si nos lèvres récitent une formule, notre mémoire seule y prend part, notre cœur est loin de Dieu (Matthieu 15, 8). N'est-ce pas même parce que notre piété est comme un corps sans âme, que nous sommes souvent renversés par le choc de la tentation, ou du moins arrêtés dans notre marche Vers la perfection ? Cœur agonisant de Jésus, venez combattre le sensualisme et la mollesse de notre siècle ; venez nous aider à prendre des habitudes austères et viriles, qui nous fassent avancer encore, comme par la force d'une vitesse acquise, quand les résistances de la nature et du monde voudraient nous ralentir et nous entraver !...

Lisez dans L'Agonie de Jésus, liv. IV, chap. II, Le passage du Cédron.

 

Pratique : Mettons autant de régularité à nourrir notre âme qu'à nourrir notre corps. Durant l'agonie morale, le trouble et l'obscurité, ne faisons aucun changement à nos bonnes résolutions, mais changeons-nous courageusement nous-mêmes. Soyons fidèles à passer chaque année un mois au jardin des Olives, à faire l'Heure Sainte chaque semaine, malgré les dégoûts, les contradictions, les ennuis et les tristesses.

 

Exemple

 

La pratique de l'Heure Sainte, dont le parfum suave et discret embaume aujourd'hui toute l'Église, nous vient de Sainte Marguerite-Marie Alacoque, religieuse de la Visitation, à laquelle Notre-Seigneur confia le soin de cette plante bénie. Elle rapporte ainsi le commandement qu'il lui donna : « Toutes les nuits du jeudi au vendredi, je te ferai participer à cette mortelle tristesse, que j'ai bien voulu ressentir au jardin des Oliviers, et cette participation à ma tristesse te réduira à une espèce d'agonie plus rude à supporter que la mort. Tu m'accompagneras dans cette humble prière, que je présentai alors à mon Père parmi toutes mes angoisses, et pour cela tu te lèveras entre onze heures et minuit, et tu demeureras prosternée avec moi pendant une heure la face contre terre, tant pour apaiser la divine colère, en demandant miséricorde pour les pécheurs, que pour honorer et adoucir en quelque façon l'amertume que je sentis alors de l'abandon de mes apôtres ; ce qui m'obligea de leur reprocher qu'ils n'avaient pu veiller une heure avec moi. Tu feras pendant cette heure-là ce que je t'enseignerai ». (Mémoire de Sainte Marguerite-Marie, n° 37).

 

Troisième jour

Le Mont des Oliviers

 

Où se rend le divin Maître, en sortant de Jérusalem, suivi de ses disciples ? Sur le mont des Oliviers. Comme l'olive sous le pressoir, son Cœur veut y être serré, pressé, torturé par toutes les douleurs morales, pour répandre plus abondamment l'huile de la miséricorde et de la paix, l'huile de l'espérance et de l'amour.

 

Méditation

 

I. Pourquoi le Sauveur choisit-il une montagne, pour en faire le lieu de sa prière ? Il nous avertit de rechercher dans nos prières ce qui est haut et sublime, c'est-à-dire de faire des biens célestes, des intérêts éternels, l'objet principal de nos demandes. A mesure qu'il gravit la hauteur sur laquelle il va prier durant trois heures, il nous crie : « Les cœurs en haut ! Ne permettez pas que vos cœurs soient appesantis ou abaissés par le soin des choses inférieures ; mais que la sainte prière soit toujours pour vous une ascension de l'âme vers Dieu, une élévation des pensées et des désirs ! Hélas ! combien de fois nos prières ont-elles été boiteuses, ou se sont-elles traînées sur la terre ?...

II. Pourquoi l'Homme-Dieu choisit-il une montagne, pour y commencer sa passion, pour y livrer son Cœur à l'agonie ? Il nous apprend que son corps mystique doit se transfigurer sur le mont des Oliviers, comme son corps réel se transfigura sur le Thabor ; il nous apprend que les lieux où nous souffrons, sont pour nous le chemin de la gloire, et que la douleur prépare nos corps eux-mêmes à l'ascension glorieuse. Car de ces mêmes sommets où ils vont le voir souffrir cruellement, ses disciples le verront bientôt remonter glorieusement dans les deux. Partout où nous souffrons, disons donc avec saint Pierre sur le Thabor : « Il est bon que nous soyons ici » (Matthieu 17, 4). Ne nous tarde-t-il pas, au contraire, de changer de lieu ou d'emploi ? Nous descendons du mont des Olives, où la patience nous aurait transfigurés, nous rampons dans la plaine , nous restons des chrétiens vulgaires, parce que nous ne voulons faire effort ni pour rectifier notre conduite, ni pour élever nos sentiments, ni pour mettre notre cœur en harmonie avec le Cœur agonisant de Jésus...

III. Pourquoi encore le mont des Oliviers ? Parce que l'olivier est le symbole de l'espérance et de la paix. Des hauteurs du mont des Oliviers, le Sauveur découvre tout l'univers et l'histoire de tous les siècles, tous les lieux et tous les temps où nous serons agités, battus, brisés par les tempêtes ; il promène ses regards sur la mer orageuse du monde, où il voit tant d'âmes en péril, où il compte tant de malheureux qui ont déjà sombré, par imprudence et par faiblesse. Il leur crie : « Espérance, espérance, ô pauvres naufragés ! Je vous apporte la paix et le pardon, je vous envoie deux planches de salut, qui sont la souffrance et la prière : profitez-en, vous reviendrez tranquillement au port ! En profitons-nous ? Savons-nous espérer, souffrir et prier ?...

Lisez dans L'Agonie de Jésus, liv. III, ch. IX L'Espérance

 

Pratique : Quels que soient mes troubles, mes tentations, mes adversités, j'espérerai en Dieu quand même. Dans mes prières pour moi et les autres, je demanderai surtout les biens spirituels et célestes. Après mes exercices de piété, si agonisant que soit mon cœur, je montrerai à tous quelque chose de plus pacifique et de plus confiant, aux miens plus d'amabilité, aux malheureux plus de dévouement.

 

Exemple

 

 

L'exercice de l'Heure Sainte fleurit maintenant dans l'Église entière. Il a donné naissance à une archiconfrérie, dont le siège est à Paray-le-Monial, et que le pape Grégoire XVI, en 1831, dota de précieuses indulgences. Chaque semaine, au jour et à l'heure où le Fils de Dieu, prosterné la face contre terre, répandait une sueur de sang, un grand nombre d'âmes pieuses se dérobent aux douceurs du sommeil, pour tenir compagnie à Jésus agonisant, pour appliquer activement toutes leurs facultés à ses souffrances intérieures, et pour échapper au reproche qu'il adressa aux premiers témoins de son agonie : « Quoi ! Vous n'avez pu veiller une heure avec moi ? » (Matth. 24, 40). En certaines paroisses, comme à Bréauté, au diocèse de Rouen, cet exercice se fait collectivement le jeudi soir par les hommes seuls, par les confrères, qui passent une heure devant le saint Sacrement, en prières ou méditations, à genoux ou assis. Ils se proposent, de consoler ainsi le Cœur du bon Maître, et d'obtenir une part de ses miséricordes. Dans plusieurs communautés, comme celle du Cœur agonisant, à Lyon, toutes les religieuses se rendent à la chapelle vers le milieu de la nuit. L'une d'elles lit à haute voix ce que les Évangélistes nous apprennent, sur l'agonie de Notre-Seigneur au jardin des Oliviers. Toutes se prosternent, unissent leur prière à sa prière, leur sacrifice à son sacrifice, et s'offrent avec lui comme victimes à son divin Père. Avant de se retirer, on l'ait une amende honorable au Cœur agonisant de Jésus, qu'on adore dans le tabernacle, comme dans la grotte de Gethsémani.

 

Quatrième jour

Le jardin de l'Agonie

 

Sur le mont des Oliviers, Notre-Seigneur laissa huit de ses apôtres dans une ferme nommée Gethsémani, en leur permettant de s'asseoir ; il prit Pierre, Jacques et Jean, leur recommanda de veiller avec lui, et les introduisit dans un jardin, ubi erat hortus (Jn 28, 1). Le premier Adam nous avait fait tomber avec lui dans le jardin de délices : le second Adam nous releva par ses expiations volontaires, dans le jardin de l'agonie.

 

Méditation

 

I. Dans le paradis terrestre, nos premiers parents laissèrent s'allumer en eux cette soif de jouissances, qui ne devait plus s'éteindre dans leur postérité ; pour jouir ils foulèrent aux pieds leur devoir, leur bonheur et le nôtre. Jésus-Christ fait du jardin des Oliviers le lieu de sa pénitence, le temple et l'autel de son sacrifice ; il est lui-même le prêtre et la victime de son holocauste. Comme le premier châtiment infligé par le Seigneur à nos coupables parents, fut de les abandonner à eux-mêmes, en sorte qu'ils devinssent leurs premiers bourreaux, et que le remords fût leur première peine : ainsi le divin Réparateur veut paraître abandonné, se tourmenter lui-même, être son propre sacrificateur. N'hésitons pas non plus à nous imposer à nous-mêmes, par esprit de pénitence, des sacrifices et des privations...

II. Dans le jardin de délices, l'homme se cacha et Dieu se montra, l'homme par honte et Dieu par justice. Dans le jardin de l'agonie, c'est l'homme qui se montre et Dieu qui se cache. Dieu se cache, Deus abscondilus (Isaïe 45, 15), pour laisser souffrir son Fils notre Rédempteur ; l'homme se montre, vir dolorum (Isaïe 53, 3), pour endurer toutes les souffrances morales, être garrotté par les bourreaux et conduit au supplice. Quand aurai-je le courage de dire à Dieu : Cachez-vous pour moi, Seigneur ? Retirez-moi vos consolations, vos douceurs, toutes les délices sensibles de la dévotion, le sentiment même de votre assistance, pour que je souffre davantage, pour que mon sacrifice et ma fidélité soient plus méritoires !...

III. Au milieu de l'Éden, nous étions en Adam comme les rameaux dans l'arbre, et il nous communiqua le virus du péché originel. Chacun de nous n'est plus qu'un olivier sauvage, oleaster, suivant l'expression de saint Paul ; Jésus-Christ seul est l'olivier franc, sur lequel il faut que nous soyons entés pour porter de bons fruits (Romains 11, 17, 24). Pourquoi dans le jardin des Oliviers ouvre-t-il toutes ses veines, tous ses pores ? Pour s'unir et s'incorporer par toutes ces ouvertures, pour enter sur sa propre tige, tous ces oliviers sauvages et stériles qui sont les rejetons d'Adam. Il entre en agonie pour nous rendre participants de sa sève vitale, pour nous remplir du suc de sa grâce et de son amour. Demeurons en lui pour porter du fruit, et souffrons avec lui pour en porter plus encore. Cœur agonisant de Jésus, mon âme est devant vous comme une terre sans eau (Psaume 142, 6) ; visitez-la par votre miséricorde, pour l'enivrer de générosité, pour la rendre de plus en plus féconde !...

Lisez dans « L'Agonie de Jésus », Liv. IV, ch v Le jardin de délices et le jardin de l'agonie

 

Pratique : Me bien convaincre que, si Dieu paraît m'abandonner ou se cacher dans mes épreuves, c'est pour mieux les marquer au coin de son Fils, c'est pour en faire une monnaie qui ait plus de valeur. — Ne jamais blâmer les austérités des saints, mais estimer le droit à la souffrance innocente et libre, en user même quelquefois comme le divin agonisant.

 

Exemple

 

Une âme pieuse qui a expérimenté la manière passive défaire l'heure-sainte, écrivait à son directeur : « Je commence par me rendre en esprit au jardin de l'agonie, et je m'offre tout entière à Notre-Seigneur avec mon âme, mon esprit, mon cœur, mon corps, pour éprouver tout ce qu'il voudra pendant cette heure. A peine ai-je fait cette offrande, que mon âme est saisie d'effroi, d'épouvante ; elle se sent comme mourir, à la pensée des tourments qu'elle commence à endurer, et qui ne sont rien pourtant en comparaison de ceux qu'elle aura à souffrir, vers le milieu et vers la fin de cette heure d'angoisses. Le péché universel se montre à ma vue, et Notre-Seigneur me fait comprendre l'outrage qu'en reçoit la Majesté divine. C'est là le plus grand des supplices ; car il nous semble que Dieu nous revêt de ce péché, qu'il est nôtre, et qu'il nous en reste l'expiation. Je ne saurais vous dire ce qui se passe alors. On se sent accablé de tout le poids de ce péché, une sueur froide s'étend sur tout le corps, et l'âme est livrée aune telle torture intérieure que l'enfer semblerait un paradis, s'il était permis d'échanger un instant les tourments de l'enfer, pour ce supplice absolument inexprimable. L'esprit est enveloppé de ténèbres, livré à la crainte, à la tristesse, au dégoût, sans savoir précisément de quoi. On se sent plutôt écrasé par la justice du Père éternel, que sous la dépendance de Notre-Seigneur lui-même, pour partager toute son agonie. Il est rare que, dans ces moments indicibles, j'aie le sentiment de moi-même ; je ne sais plus si j'existe, je suis comme transsubstantiée en douleur ».

 

Cinquième jour

L'affliction du Cœur de Jésus

 

Le Cœur de l'Homme-Dieu avait toujours été agonisant ; mais dès qu'il entre au jardin des Oliviers, avec trois disciples choisis, il commence à sentir plus vivement la tristesse et le chagrin, cœpit contristari et mœstus esse (Matthieu 26, 37), parce que rien ne l'y soulage plus de ses ennuis et de ses craintes, de ses dégoûts et de ses douleurs.

 

Méditation

 

I. Pourquoi Notre-Seigneur veut-il tant souffrir au jardin des Oliviers, sans même attendre son arrestation ? Victime totale et universelle, il aurait voulu souffrir depuis le commencement du monde jusqu'au dernier jugement, afin d'égaler le plus possible sa souffrance à son amour. Ce vœu ne pouvant être exaucé, il entre volontairement en agonie, pour compenser la durée par l'intensité, pour récapituler en soi toutes les afflictions, et faire de son Cœur le confluent de toutes les douleurs. Il s'enferme dans le jardin comme dans une prison, afin que toutes les tortures morales viennent l'y assaillir, comme les soldats viendront l'y prendre. Nous aussi, quand nous avons moins longtemps à souffrir, désirons-nous souffrir plus violemment ? Ne cherchons-nous pas à diminuer la violence comme la durée de nos peines ?...

II. Si pour cette Agonie le Sauveur choisit le temps, qui précède immédiatement son arrestation, c'est afin de mettre plus en évidence et la générosité de sa conduite, et la liberté de son sacrifice : sa générosité, quand il ira lui-même au-devant de ses persécuteurs ; sa liberté, quand il achèvera sur le Calvaire, au milieu clés bourreaux, le sacrifice qu'il commence lui-même, sans nulle violence du dehors, sur le mont Olivet. Il est le maître des agitations de son Cœur, et tandis que ce sont nos passions qui nous remuent, c'est lui qui remue ce qui dans son Cœur tient lieu de nos passions ; il souffre quand il lui plaît, autant qu'il lui plaît et de la manière qu'il lui plaît. Il s'émeut comme un homme, mais avec la générosité et la liberté d'un Dieu. Nous, au contraire, nous usons le plus souvent de la liberté qui nous est laissée, pour nous soustraire à la peine, à la souffrance...

III. Durant tout le cours de sa vie, le bon Maître avait parlé de sa passion avec joie, comme d'un baptême désiré, Gomme d'une heure impatiemment attendue. Maintenant il avoue que son âme est troublée, il prie son Père de le préserver de cette heure-là (Jean 12, 27). Mais ne faut-il pas qu'il aille à la mort avec tremblement, puisqu'il doit y aller comme un criminel ? Sur la croix il montrera la grandeur de son pouvoir divin ; au jardin il veut montrer la faiblesse de sa nature humaine. Là nous le verrons dans l'acte même de sacrificateur ; ici nous le voyons dans l'état de victime. Aimons-nous cet état de victime ? Pour mieux ressembler à Jésus agonisant, acceptons-nous volontiers d'être victimes des événements, de l'injustice et de la calomnie ?

Lisez dans « L'Agonie de Jésus », liv. Il, chap II Jésus a vraiment souffert intérieurement

 

Pratique : Baisons quelquefois la terre avec respect, en souvenir de cette terre bénie sur laquelle Notre-Seigneur colla ses lèvres, et répandit la précieuse rosée de son sang : il s'en exhalera un parfum de patience et d'humilité, qui embaumera notre âme et ranimera notre courage. — Pour mieux puiser un surcroît de forces dans le Cœur agonisant, tenons-lui compagnie, veillons souvent avec lui, dans nos joies comme dans nos peines.

 

Exemple

 

Plusieurs âmes illustres ont éprouvé dans l'extase les afflictions du Cœur de Jésus, ont fait l'Heure-Sainte d'une manière extatique. Marguerite du Saint-Sacrement, carmélite de Beaune, fut transportée dans un ravissement au jardin des Oliviers, où le Sauveur lui communiqua la tristesse de son âme, ses craintes, sa sueur de sang, son agonie, et les imprima en elle autant qu'elle fut capable de les supporter. Pendant les deux premières heures, elle demeura le visage collé contre terre, versant des larmes avec tant d'abondance que toute la communauté en était vivement émue. Elle se releva ensuite, se tint droite pendant un quart d'heure, les yeux élevés au ciel, tremblante et paraissant fort effrayée ; après quoi elle se prosterna de nouveau. Insensiblement on vit son corps se courber, et sa tête se pencher à terre avec une indicible expression de terreur, jusqu'à ce que ne pouvant soutenir le spectacle déchirant de l'agonie et des douleurs infinies de son Maître, elle retombât la face contre terre, s'abandonnant à Dieu, comme avait fait Jésus-Christ, pour porter sa croix et le fardeau des péchés du monde. Au moment où elle aperçut en esprit la troupe conduite par Judas, elle se leva calme, sereine, avec un front plein de majesté. Peu d'instants après, ses mains se fixèrent Tune sur l'autre, comme si elles eussent été liées avec des cordes, dont les marques s'imprimèrent si fortement dans les chairs, que les carmélites apercevaient très-distinctement deux longues enflures, qui semblaient suivre toutes les sinuosités de la corde et former deux espèces de bourrelets. (Louis de Cissey, Vie de, Marguerite du St Sacrement).

 

Sixième jour

Les craintes du Cœur de Jésus

 

Celui que l'Écriture appelle le lion de la tribu de Juda (Apocalypse 5, 5), daigne commencer son agonie par la crainte, cœpit pavere (Marc 14, 33). Tel est l'excès de sa frayeur qu'il en est ébranlé, qu'il implore l'assistance de ceux mêmes dont il n'espère rien. C'est ainsi qu'il expie notre présomptueuse sécurité.

 

Méditation

 

I. Si le démon avait connu la divinité du Fils de Marie, s'il avait su que sa mort serait le salut du monde, il n'aurait point poussé les Juifs à le mettre en croix. Mais trompé par les apparences, il crut qu'il ne risquait rien en traînant au supplice un homme, dont la doctrine et les vertus excitaient sa haine. La crainte de Jésus est un appât pour prendre Satan à l'hameçon. Quel est cet hameçon ? la divinité, que le Sauveur cache sous le ver de son corps timide et tremblant. Le démon tout joyeux accourt pour dévorer l'humanité, le ver qu'il voit plongé dans les eaux de la douleur et de la crainte ; mais il est pris lui-même par l'hameçon, par la divinité. En manifestant son effroi, sa crainte de la mort, le Fils de Dieu provoque ses ennemis invisibles à le faire mourir, par un supplice qui anéantira leur empire. Et nous, dans nos combats pour la conquête du ciel, ne négligeons-nous point la prudence, le discernement, l'habileté ?...

II. Pour nous, la crainte et l'abattement du Sauveur sont une lumière et une force, dans toutes nos appréhensions, spécialement à notre dernière heure. N'a-t-on pas vu des saints trembler, comme lui, aux approches de la mort ? Que la crainte qu'il éprouve nous remplisse nous-mêmes d'une sainte frayeur pour ce redoutable passage ; qu'elle nous stimule à mieux nous y préparer, qu'elle nous console de nos répugnances et les sanctifie ! Si la nature en nous craint, tremble, murmure, ne nous en inquiétons pas ; mais que notre cœur, qui seul est en notre disposition, s'unisse au Cœur du divin agonisant, pour s'effrayer avec lui, espérer avec lui, se résigner avec lui. Avons-nous jusqu'ici pratiqué cette union ?

III. Nous ne saurions avoir tant de défaillances au cœur, que Jésus n'en ait ressenti plus encore pour nous obtenir du courage. Il a tremblé, pour que ses martyrs allassent au supplice comme aune fête. L'intrépidité humaine commence par une forcé audacieuse et superbe, mais se termine souvent à la crainte et à la faiblesse. L'intrépidité que la grâce inspire, commence par un abattement de l'âme, par une vive appréhension, par un humble aveu de notre insuffisance. Mais la vraie valeur, la valeur chrétienne, après avoir considéré tous les justes motifs de craindre le péril, passe et s'élève au-dessus de tous les obstacles pour l'affronter. Ainsi Jésus sera d'autant plus courageux qu'il a paru plus timide : après avoir tremblé à la vue d'iniquités qui ne sont pas les siennes, il n'hésitera pas à souffrir la passion la plus ignominieuse et la mort la plus cruelle, pour en faire pénitence. Ah ! prenons, prenons dans son Cœur le courage et l'humilité qu'il nous faut, pour n'hésiter jamais à laisser voir le repentir et la crainte, que nous causent des péchés qui sont les nôtres !

Lisez dans L'Agonie de Jésus, Liv. V chap. III Utilité de cette crainte

 

Pratique : Combattons la timidité comme la présomption, et ne reculons jamais devant une difficulté à vaincre pour accomplir un devoir. Foulons aux pieds toutes ces vaines terreurs, qui représentent à notre imagination nos plus saints projets comme impraticables. Que la peine ressentie en entreprenant une chose ardue, ne nous fasse pas différer ni remettre au lendemain.

 

Exemple

 

Saint Pierre Paschal, né à Valence en Espagne, l'an 1227, religieux de l'ordre de Notre-Dame de la Merci, évoque de Jaën, eut la tête tranchée par les Maures de Grenade, le 6 décembre de l'an 1300. Il se prépara avec joie à ce sacrifice, qu'il avait tant désiré. Son ange gardien l'ayant averti qu'il serait massacré le lendemain matin, il passa toute la nuit en prières ; il offrit sa vie à Dieu pour le salut des esclaves chrétiens, et pria même pour les Maures qui avaient résolu de le faire mourir. Il sentit néanmoins des craintes et des frayeurs en sa partie inférieure, et il souffrit une agonie pareille à celle de Jésus-Christ dans le jardin des Oliviers ; mais il se calma bientôt par un parfait abandon aux dispositions de la divine Providence. Le Sauveur lui apparut alors et lui dit : « Pierre, j'ai été sensible comme toi, et j'ai enduré d'horribles tourments pour ton amour ». Ces paroles répandirent une telle onction dans l'âme du saint, qu'il ne respira que le martyre. Il en reçut la couronne, pendant qu'il faisait son action de grâces après la messe.

Sainte Félicité, se trouvant enceinte au moment de sa condamnation à mort, vit différer l'exécution. Elle avait peur des douleurs de l'enfantement, et nullement des tortures du martyre. Comme le geôlier s'en étonnait, elle 'lui répondit : « Maintenant c'est moi qui souffre ce que j'endure ; mais alors ce sera un autre qui en moi souffrira pour moi, parce que moi aussi je souffrirai pour lui ». Cet autre était Jésus-Christ agonisant dans ses membres.

 

Septième jour

Les ennuis du Cœur de Jésus

 

Avec la crainte, le Sauveur éprouva dans le jardin des Oliviers une autre peine, la fatigue, le dégoût, l'ennui, et tœdere (Marc, xiv, 33.) C'est une consolation pour nous tous, qui avons tant de dégoûts et d'ennuis à dévorer : l'Homme-Dieu n'en a-t-il pas eu lui-même sa part ?

 

Méditation

 

I. Lorsqu'ils sont à leur comble, les dégoûts et les ennuis nous font haïr et abhorrer toutes choses, notre vie même. Tel est l'état du Fils de Dieu en son agonie. Devant lui une mort ignominieuse et cruelle ; à sa droite un petit nombre d'âmes, qui consentent à être rachetées par le prix infini de ce trépas ; à sa gauche, l'immense multitude des pécheurs endurcis et des damnés, qui ne s'en servent que pour aggraver leurs torts. Son Cœur devient comme une cire fondue, et sa force se dessèche comme la terre cuite au feu (Psaume 21, 15, 16.) La vie lui est à charge, et plus malheureux que Job il redit mieux que lui : « Je m'ennuie de vivre, mon âme est dégoûtée de la vie, tœdet animam meam vitœ meœ » (Job 10, 1.) A la vue de nos péchés, plus que de nos douleurs et de nos épreuves, disons aussi : « Mon âme est ennuyée de ma vie, de ma vie tiède, de ma vie peu chrétienne, de la vie mondaine ou criminelle que je mène depuis longtemps ! »...

II. En éprouvant le dégoût et l'enfui les plus accablants qui furent jamais, le Sauveur expiait les coupables dégoûts des uns, et consolait les autres dans leurs ennuis involontaires. Il se proposait de me réveiller, de secouer mon indolence, de changer ma lâcheté en courage, de rallumer dans mon âme une noble et sainte ardeur, pour tout ce qui est vrai et beau, grand et saint. Il voulait nous donner à tous sa persévérance, sa promptitude, sa vivacité, son empressement à prier, à parler, à agir, à souffrir pour le bien. Plus généreux que saint Martin, le voici qui se dépouille de son manteau tout entier, du manteau de sa gloire et de sa félicité, pour nous revêtir de la plénitude de ses contentements et de ses joies. Il prend pour lui le dégoût et l'ennui suprêmes, afin que son allégresse passe en nous, remplisse et fasse déborder notre âme, comme celle de l'Apôtre qui s'écriait : « Je surabonde de joie en toutes mes tribulations ! » (2 Corinthiens 7 , 4) Quel reproche pour moi qui ne fais rien, ne donne rien, ne souffre rien, dans le but d'épargner aux autres un peu de dégoût et d'ennui !...

III. Suite nécessaire de l'inquiétude d'un cœur qui n'est point à sa place, et qui ne peut l'être tout à fait ici-bas, les ennuis et les dégoûts sont inévitables en cette vie. Parce que notre nature est sujette au caprice et à l'inconstance, parce que la piété contrarie nos anciens goûts et nos premiers penchants, nous éprouvons au service de Dieu des répugnances et des amertumes, qui mettent notre patience ou notre fidélité en péril. Le désir de changement, si commun dans notre siècle, fait que la stabilité même nous ennuie. Tenons ferme, et l'expérience nous apprendra que, dans la piété, les ennuis et les dégoûts sont moins amers qu'on ne se le figure, moins amers que ceux des mondains, qu'ils ont des ressources que ceux-ci n'ont pas, et que la vertu n'a point de peine qui n'ait sa consolation. Mais comment nous conduisons-nous dans l'agonie du dégoût et de l'ennui ?...

Lisez dans l'Agonie de Jésus, Liv. v, ch. v. Le dégoût et l'ennui dans les membres mystiques de Jésus.

 

Pratique : Ne laissons pas voir aux autres, surtout à ceux qui pourraient en être scandalisés ou refroidis, les ennuis et les dégoûts que nous éprouvons parfois au service de Dieu. Afin de les diminuer, donnons-nous purement en sacrifice au Seigneur, sans en attendre rien d'extraordinaire et de sensible.

 

Exemple

 

Sainte Madeleine de Pazzi désirait si vivement souffrir sans aucune consolation, qu'elle conjurait souvent le Seigneur de lui retirer tous les goûts et plaisirs spirituels. Elle fut si bien exaucée qu'elle se comparait à un morceau de bois, à une pierre insensible. Mais jamais son visage ne parut ni troublé ni altéré ; on y vit toujours cette grâce angélique et cette douce paix, qu'elle avait dans le cœur. Néanmoins, pour échapper à toute illusion, pour ne point aggraver par ses négligences son tourment le plus cruel, l'extrême aridité d'esprit, elle redoublait ses macérations et ses efforts, afin de s'exciter à la dévotion, de réveiller en son cœur le goût des choses spirituelles. Pour sauver des âmes en péril, elle s'offrit à rester privée de tout sentiment, dépouillée même de toute grâce, excepté de la grâce principale qui est l'amour de Dieu et la volonté de le servir. Le Seigneur l'exauça encore, en l'éprouvant par de longues et atroces souffrances dans le corps et dans l'âme. Mais plus la sainte souffrait pour le salut des pécheurs, plus elle désirait souffrir.

 

Vous pouvez retrouver et télécharger les 3 volumes de L'Agonie de Jésus du Père François Blot,

pour compléter votre méditation quotidienne

(Les références seront indiquées chaque jour)

En cliquant sur les liens suivants

Volume 1

Volume 2

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31 décembre 2016

L'Avent avec Saints Louis et Zélie Martin

L'Avent avec Saints Louis et Zélie Martin

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Dimanche 1er Janvier 2017

Miracles

 

Le procès de Louis commence à Lisieux, le 22 mars 1957 et est clôturé le 12 février 1960. le procès de Zélie est quant à lui instruit à Sées. Chose heureuse, les deux causes sont réunies en 1971. le 26 mars 1994, le Pape Jean Paul II signe les décrets d'héroïcité de leurs vertus et les proclame tous les deux Vénérables. Le 10 juin 2003, l'archevêque de Milan le Cardinal Tettamanzi clôture le miracle attribué à l'intercession de Louis et Zélie Martin, pour la guérison subite et inexpliquée d'un enfants né le25 mai 2002 avec de graves problèmes respiratoires à Monza. Cette guérison est reconnue comme miraculeuse le 3 juillet 2008 par le Pape Benoît XVI et ouvre à la voie à la béatification.

 

À l'école des Saints Louis et Zélie Martin

 

« (pour deux de ses filles) Pour mon diamant et ma perle fine !: « Que pouvez-vous voir ailleurs que vous ne voyiez où vous êtes ? Vous avez devant les yeux le Ciel et la terre et tous les éléments. (…) Que pouvez-vous voir, en quelque lieu que ce soit, qui puisse longtemps demeurer stable sous le soleil ? » (Texte tiré de L'Imitation, copié de la main de Louis).

Parole de Dieu : « Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire » (Jean 1, 14).

 

Dans ma vie

 

Le langage fleuri de Louis Martin est à l'image de sa personnalité. Il connaît la valeur d'une belle montre en or et sait de quoi il parle quand il emploie le vocabulaire du bijoutier en parlant de ses filles : « Mon diamant, ma perle fine... ». La figure paternelle de Louis est marquée par le fait qu'il fut le père d'une fratrie de filles : de telles filles pour un tel homme ! Nous n'oublions pas ses fils décédés en bas âge et qui ornent son pêle-mêle familial de manière discrète et glorieuse tout en même temps. Pourquoi ne pourrions-nous pas les invoquer, eux aussi ?

Effet de Conversion : Si je le peux, j'irai à la Messe aujourd'hui et confierai à Notre Dame, Marie, Mère de Dieu, ma patrie la France et le monde. Pour que la Paix de Noël règne.

 

Avant l'Epiphanie

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Lundi 2 janvier

Modèle de sainteté

 

Louis et Zélie ont été officiellement proclamés Bienheureux, à Lisieux, le dimanche 19 octobre 2008, lors d'une célébration présidée par le Cardinal José Saraiva Martins, sous le pontificat de Benoît XVI. En déclarant Bienheureux Louis et Zélie Martin d'Alençon, l’Église Catholique offre à tous les couples de la terre un modèle indiquant un chemin de sainteté à part entière. C'est le second couple béatifié. Auparavant en 2001, un coupe italien, Luigi et Maria Beltrame-Quattrocchi, avait été porté à l'honneur des autels.

 

À l'école des Saints Louis et Zélie Martin

 

« (à sa fille Pauline à propos d'un pèlerinage à Lourdes) Au commencement, ton père n'approuvait pas que je vous emmène toutes les trois, mais maintenant, il le désire, disant qu'on ne peut faire trop de sacrifices pour obtenir un si grand miracle. (…) Nous devons nous mettre dans la disposition d'accepter généreusement la Volonté du Bon Dieu, quelle qu'elle soit, car ce sera toujours ce qu'il peut y avoir de meilleur pour nous » (Zélie).

Parole de Dieu : « La sagesse de l'homme fait luire son visage et son air austère est changé ». (Ecclésiaste 8, 1).

 

Dans ma vie

 

La Volonté de Dieu est notre boussole. Point de fécondité en dehors de l'acceptation sereine et paisible du bon vouloir divin. Oublions-nous qu'en toute chose nous sommes entre les mains de Dieu ? Ni la mort, ni la vie, ni le présent, ni l'avenir, rien ne pourra nous séparer de l'amour du Christ, lisons-nous dans les Saintes Ecritures. Plaçant ainsi notre espérance dans les choses qui demeurent, nous marcherons en présence de Dieu au milieu des vicissitudes de l'existence avec la légèreté d'un moineau qui vole de branches en branches. Rien ne pourra nous séparer de l'amour du Christ.

Effet de Conversion : Je remplacerai une connexion internet ou un appel téléphonique superflu par un Notre Père récité lentement à l'intention de mes ennemis.

 

Mardi 3 janvier

« Signes du Ciel »

 

Voici ce que disait le Cardinal Saraiva Martins lors de la béatification : « Thérèse écrivait dans l'Histoire d'une âme : Pardonne-moi Jésus, si je déraisonne en voulant te dire mes désirs, mes espérances qui touchent à l'infini, pardonne-moi et guéris mon âme en lui donnant ce qu'elle espère (Ms B 2v). Jésus a toujours exaucé les désirs de Thérèse. Il s'est même montré généreux dès avant sa naissance puisque, comme elles l'écrivait à l'Abbé Bellière – que beaucoup connaissent désormais par cœur - : « Le Bon dieu m'a donné un père et une mère plus dignes du Ciel que de la terre » (Lt 261).

 

À l'école des Saints Louis et Zélie Martin

 

« (à son frère) Si la Sainte Vierge ne me guérit pas, je la supplierai de guérir mon enfant, d'ouvrir son intelligence et d'en faire une sainte. Ainsi, laissons toutes les affaires comme elles sont arrangées, elles me paraissent très bien, puis remettons-nous entre les mains de Dieu » (Zélie).

Parole de Dieu : « Je suis le bon pasteur ; je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent » (Jean 10, 14).

 

Dans ma vie

 

Notre demeure est dans le Ciel. Les souffrances du monde présent ne doivent pas nous faire redouter la bonté de Dieu qui permet ce qui nous arrive pour que nous nous approchions toujours plus à Lui. Les choses agréables, pour le remercier, et les plus difficiles pour compter d'avantage sur Sa Miséricorde. Nous ne pouvons rien sans Lui : c'est la raison pour laquelle Il permet que nous vivions de lourdes épreuves, qui ne sont pas là pour nous assommer mais pour éprouver notre foi en Lui. Nous sommes faits pour le Ciel. Et le Ciel commence aujourd'hui, dira la Petite Thérèse, à condition que nous ne lâchions jamais la main de la Divine Miséricorde.

Effet de Conversion : Je choisis de me priver de quelque chose en offrant cette contrariété pour le Pape, les évêques et pour les prêtres.

 

Mercredi 4 janvier

Reflet de l'amour

 

« L'amour conjugal de Louis et Zélie est un pur reflet de l'amour du Christ pour son Eglise; il est aussi un pur reflet de l'amour dont l'Eglise aime son Epoux:  le Christ. Le Père nous a choisis avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints et irréprochables sous Son regard, dans l'amour (Ep 1, 4). Louis et Zélie ont témoigné de la radicalité de l'engagement évangélique de la vocation au mariage jusqu'à l'héroïsme. Ils n'ont pas craint de se faire violence à eux-mêmes pour ravir le Royaume des cieux ». (Cardinal Martins).

 

À l'école des Saints Louis et Zélie Martin

 

« (à des amis) « Dieu a béni la maison d’Aaron », il a béni aussi la maison Nogrix (famille destinataire de la missive), car ta famille « file un bon nœud » ; espérons que le vent ne changera pas que tous ne soient rendus à bon port. (...) Thérèse, ma petite reine, est entrée hier au Carmel !... Dieu seul peut exiger un tel sacrifice... Ne me plaignez pas, car mon cœur surabonde de joie ». (Louis).

Parole de Dieu : « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il demeure seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit ».

 

Dans ma vie

 

« Filer un bon nœud », écrit Louis Martin. Filer un bon nœud, c'est faire fi des mauvais courants et des vents contraires. C'est se jouer des avaries en tous genres par une bonne préparation : rien de ce qui nous arrive ne doit être vécu en dehors de Dieu, les bonnes choses comme les tristes. Filer un bon nœud, c'est ne pas lâcher le cap qu'est le Christ en laissant les monstres marins, les dragons, s'enfoncer toujours plus loin dans les abysses. Avec Notre Dame, « Marie-des-Flots », filer un bon nœud c'est enfin ne jamais oublier que la lumière du phare, c'est la doctrine Catholique.

Effet de Conversion : Je choisis de vivre ma prochaine Messe comme une occasion de m'offrir tout entier à la suite de Jésus. Comme il l'a fait pour la Vierge Marie. Je demanderai au Seigneur de consacrer mon offrande pour lui faire porter du fruit.

 

Jeudi 5 janvier

Marcher humblement

 

« Quel est le secret de la réussite de leur vie chrétienne? On t'a fait savoir, homme, ce qui est bien, ce que Dieu réclame de toi:  rien d'autre que pratiquer la justice, aimer la miséricorde, et marcher humblement avec ton Dieu (Mi 6, 8). Louis et Zélie ont marché humblement avec Dieu à la recherche de l'avis du Seigneur. Maître donne-nous ton avis. Ils cherchaient l'avis du Seigneur. Ils étaient assoiffés de l'avis du Seigneur. Ils aimaient l'avis du Seigneur. Ils se sont conformés à l'avis du Seigneur sans récriminer ». (Cardinal Martins).

 

À l'école des Saints Louis et Zélie Martin

 

« (à son frère) Le cou était pris de tous les côtés et de bouger le plus légèrement me mettait dans des douleurs atroces. (…) Il a fallu gémir toute la nuit; Louis, Marie et la bonne sont demeurés près de moi. Ce pauvre Louis, de temps en temps, me prenait dans ses bras comme une enfant. (...) La Sainte Vierge ne m'a pas guérie à Lourdes, que voulez-vous c'est que mon temps est fait et que le bon Dieu veut que je me repose ailleurs que sur la terre ». (Zélie)

Parole de Dieu : « Quiconque accueille ce petit enfant à cause de Mon Nom ; c'est moi qu'il accueille. Et celui qui m’accueille accueille celui qui m’a envoyé. (Luc 9, 48).

 

Dans ma vie

 

« Ce pauvre Louis me prenait dans ses bras comme une enfant », nous dit Zélie, alors qu'elle est en phase presque terminale de son cancer. Imaginons la scène et recueillons-nous. Savons-nous que Dieu nous prends dans ses bras lorsque nous souffrons ? Que celui qui est affligé de la maladie d'un très proche est lui-même enserré dans les bras généreux du Crucifié ? Ô divines plaies qui, au contact de notre pauvre être, réveillent en nous l'espérance de la résurrection... ayez pitié de nous.

Effet de Conversion : J'essaie de programmer la visite à un malade, à une personne handicapée, par amour pour le Christ.

 

Vendredi 7 janvier

Dieu premier servi

 

« Pour être sûrs de marcher dans le véritable avis du Seigneur, ils se sont tournés vers l'Eglise, experte en humanité, mettant tous les aspects de leur vie en harmonie avec les enseignements de l'Eglise. Pour les époux Martin, ce qui est à César et ce qui est à Dieu était très clair. Messire Dieu, premier servi, disait Jeanne d'Arc. Les Martin en ont fait la devise de leur foyer:  chez eux Dieu avait toujours la première place dans leur vie. Madame Martin disait souvent:  Dieu est le Maître. Il fait ce qu'Il veut. Monsieur Martin lui faisait écho en reprenant:  Dieu, premier servi. Lorsque l'épreuve atteignit leur foyer, leur réaction spontanée fut toujours l'acceptation de cette volonté divine ». (Cardinal Martins).

 

À l'école des Saints Louis et Zélie Martin

 

« (à ses filles carmélites) Je tiens à vous dire, mes chères enfants, que je suis pressé de remercier le Bon Dieu, car je le sens notre famille, quoique très humble, a l'honneur d'être au nombre des privilégiées de notre adorable Créateur » (Louis).

Parole de Dieu : Le Verbe était la lumière véritable qui éclaire tout homme » (Jean 1, 9).

 

Dans ma vie

 

Les chrétiens sont des privilégiés. Par les eaux du saint baptême, ils ont été renouvelés dans le mystère d'amour qui a présidé à leur création. La mission des Saints Louis et Zélie Martin commence tout juste. Dans le mystère de la communion des élus, nous sommes pris, non pas au piège, mais dans le rayonnement d'un amour inouï dont l'épicentre est la Sainte Trinité. Louis et Zélie se sont laissés saisir par cet amour ; ils ont choisi de dire oui à Dieu et aux préceptes de l'Eglise, de ne rien garder pour eux. En ferons-nous autant ? Nous avons tant à gagner : la vie éternelle.

Effet de Conversion : pour nourrir mon oraison, je lirai le prologue de l'Evangile selon Saint Jean. Je m'arrêterai plusieurs fois au cours de la lecture pour laisser descendre en mon âme la parole qui donne vie à mon être.

 

Reliquaire-poux-Martin

Samedi 8 janvier

La Béatification de Louis et Zélie Martin

 

Le premier miracle des Bienheureux Louis et Zélie Martin

 

Pietro, l’enfant miraculé grâce à l’intercession des bienheureux Louis et Zélie Martin.

 

« Je suis né malade, et quand j’étais malade, les époux Martin ont demandé à Jésus de me guérir et Il m’a guéri ».C’est ainsi que le petit Pietro Schilirò, âgé de six ans, explique le miracle de sa guérison alors qu’il était encore nouveau-né. Walter et Adèle, les parents du petit garçon, ont confié Pietro à l’intercession des époux Martin, Marie Zélie Guérin (1831-1877) et Louis Martin (1823-1894), parents de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. Ce miracle a permis la béatification du couple, qui a eu lieu le 19 octobre 2008, à la Basilique de Lisieux en France, précédée par la messe d’ouverture de la béatification à la basilique Notre-Dame d’Alençon.

 

Histoire d’un miracle

 

Pietro est le dernier d’une famille de cinq enfants. Il est né à Milan le 25 mai 2002. Dès le premier jour de sa naissance, il présente une grave malformation  pulmonaire, et doit rester à l’hôpital et suivre une thérapie intensive pour pouvoir respirer. Le père raconte :« Nous avons tout de suite compris que la maladie était très grave et qu’il n’y avait aucune chance de guérison. On nous a demandé de lui faire une radiographie des poumons pour voir ce qu’il en était ». Une biopsie s’avérait indispensable, mais comportait un grand risque pour le petit garçon. Aussi les parents décident de faire baptiser l’enfant sur-le-champ. Ils demandent alors à un carme italien, le P. Antonio Sangalli, d’administrer le sacrement. Le prêtre leur offre une petite image des époux Martin.« Ils avaient perdu quatre enfants en bas âge, explique Adèle, la maman de Pietro : les prier nous aurait aidés et soutenus dans la situation que nous étions en train de vivre et dans ce que le Seigneur nous demandait à ce moment-là ».

Les époux Schilirò savaient peu de choses de la vie de Zélie et Louis  en dehors de  ce qu’ils avaient lu dans les écrits de la petite Thérèse. Dans l’incertitude où ils se trouvaient  quant à la santé du petit Pietro, ils découvrirent une « mystérieuse proximité avec les époux Martin », avoue Walter.« C’est alors que nous avons osé demander au Seigneur ce qui nous tenait à cœur : la guérison de  Pietro. Le Seigneur avait mis entre nos mains les époux Martin », se rappelle Adèle. Au sein de leur souffrance, et à la vue de leur bébé relié à tant d’appareils artificiels pour pouvoir respirer, Adèle et Walter ont compris qu’ils devaient demander à Dieu de leur faire connaître Sa volonté pour Pietro.« Ce qui a été très important pour nous, car cela nous a aidé à regarder ce que notre enfant était en train de vivre. Il vivait pleinement sa vocation à travers ce qu’il faisait dans la souffrance et ce qu’il portait. Il participait au salut des âmes avec Jésus et, pour nous, cela a été le premier miracle ».

Le 26 juin Pietro a eu une grave crise d’insuffisance respiratoire. « Ce n’était plus qu’une question d’heures ou de quelques jours, nous ont dit les médecins. De toute façon, il n’y avait pas d’espoir pour Pietro », a poursuivi Adèle. Après avoir récité plusieurs fois la neuvaine aux époux Martin, le 29 juin, jour où l’Eglise célèbre la fête de saint Pierre et saint Paul, Pietro a commencé à montrer des signes d’amélioration. En l’espace de deux semaines, l’enfant pouvait respirer par lui-même, sans oxygène, et les médecins retinrent la guérison comme « un fait surprenant ». Les parents en parlèrent au père Antonio, et c’est ainsi que le prêtre devint vice-postulateur de la cause de béatification de Zélie et Louis.

« Nous débordons vraiment de gratitude. Nous ne le méritons pas, nous nous sentons dépassés », assure Adèle. Walter ajoute : « Il n’y a aucun mérite de notre part, absolument aucun. Ce qui est arrivé à Pietro rejaillit sur toute l’Eglise. C’est si vrai que nous sommes ici, aujourd’hui, pour remettre au pape cette relique, qui représente un grand signe pour toute l’Eglise ». Aujourd’hui, Pietro est un enfant normal : il joue, va à l’école et sait parfaitement que sa guérison est due au miracle obtenu par l’intercession des époux Martin. « Tous les soirs il récite avec nous, en famille, la prière des Martin pour intercéder en faveur des personnes qui nous demandent leurs prières », dit Adèle. « Il prie aussi pour le pape et tous nos chers amis prêtres, et pour toute une liste de personnes, ce qui prend toute la soirée », ajoute Walter.

Les parents de Pietro comprennent très bien ce que signifie se confier à la Providence quand on souffre pour la santé de ses enfants : « Je dirais aux parents d’enfants malades de ne pas perdre espoir, de se rapprocher du Christ à travers ses saints. Oser demander parce que le Seigneur est un Père qui est bon. Et il faut avoir cette force de comprendre que ce qui arrive est pour notre bien ».

« Au moment de l’épreuve, le Seigneur exige vraiment beaucoup de nous, mais si on met en Lui notre espérance et notre confiance, le Seigneur nous comble bien davantage encore. Il faut demander avant tout la conversion du cœur. C’est la première guérison à demander, toujours », recommande Adèle. (texte de Carmen Elena Villa Traduit de l’italien par E. de Lavigne, source ; Zenit.org, extrait du site http://louiszeliemartin-alencon.fr )

 

Parole de Dieu : « Mes bien-aimés, aimons-nous les uns les autres, puisque l’amour vient de Dieu. Tous ceux qui aiment Dieu sont enfants de Dieu, et ils connaissent Dieu. Celui qui n’aime pas ne connaît pas Dieu, car Dieu est amour.

 

Homélie du Cardinal José Saraiva Martins,

prononcée lors de la Messe de Béatification de Louis et Zélie Martin à Lisieux, le 19 octobre 2008

 

Thérèse écrivait dans l'Histoire d'une âme :  Pardonne-moi Jésus, si je déraisonne en voulant te dire mes désirs, mes espérances qui touchent à l'infini, pardonne-moi et guéris mon âme en lui donnant ce qu'elle espère!... (Ms B 2v). Jésus a toujours exaucé les désirs de Thérèse. Il s'est même montré généreux dès avant sa naissance puisque, comme elle l'écrivait à l'abbé Bellière - que beaucoup connaissent désormais par cœur -:  le bon Dieu m'a donné un père et une mère plus dignes du Ciel que de la terre (Lt 261).

Je viens de terminer le rite de béatification par lequel le Saint-Père a inscrit les deux époux conjointement dans l'Album des Bienheureux. C'est une grande première que cette béatification de Louis Martin et Zélie Guérin, que Thérèse définissait comme parents sans égaux, dignes du Ciel, terre sainte, comme toute imprégnée d'un parfum virginal (cf. Ms A).

Mon cœur rend grâce à Dieu pour ce témoignage exemplaire d'amour conjugal, susceptible de stimuler les foyers chrétiens dans la pratique intégrale des vertus chrétiennes comme il a stimulé le désir de sainteté chez Thérèse.

Pendant que je lisais la Lettre apostolique du Saint-Père, je pensais à mon père et à ma mère et je voudrais, en ce moment, que vous aussi pensiez à votre père et à votre mère et qu'ensemble nous remercions Dieu de nous avoir créés et fait chrétiens à travers l'amour conjugal de nos parents. Recevoir la vie est une chose merveilleuse mais, pour nous, il est plus admirable encore que nos parents nous aient amenés à l'Eglise qui seule est capable de faire des chrétiens. Personne ne peut se faire chrétien soi-même.

Parmi les vocations auxquelles les hommes sont appelés par la Providence, le mariage est l'une des plus nobles et des plus élevées. Louis et Zélie ont compris qu'ils pouvaient se sanctifier non pas malgré le mariage mais à travers, dans et par le mariage, et que leurs épousailles devaient être considérées comme le point de départ d'une montée à deux. Aujourd'hui, l'Eglise n'admire pas seulement la sainteté de ces fils de la terre de Normandie, un don pour tous, mais elle se mire dans ce couple de bienheureux qui contribue à rendre la robe de mariée de l'Eglise, plus belle et splendide. Elle n'admire pas seulement la sainteté de leur vie, elle reconnaît dans ce couple la sainteté éminente de l'institution de l'amour conjugal, telle que l'a conçue le Créateur Lui-même. L'amour conjugal de Louis et Zélie est un pur reflet de l'amour du Christ pour son Eglise; il est aussi un pur reflet de l'amour dont l'Eglise aime son Epoux:  le Christ. Le Père nous a choisis avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints et irréprochables sous Son regard, dans l'amour (Ep 1, 4).

Louis et Zélie ont témoigné de la radicalité de l'engagement évangélique de la vocation au mariage jusqu'à l'héroïsme. Ils n'ont pas craint de se faire violence à eux-mêmes pour ravir le Royaume des cieux et ainsi ils sont devenus la lumière du monde que l'Eglise aujourd'hui met sur le lampadaire afin qu'ils brillent pour tous ceux qui sont dans la maison (Eglise). Ils brillent devant les hommes afin que ceux-ci voient leurs bonnes œuvres et glorifient notre Père qui est dans les cieux. Leur exemple de vie chrétienne est telle une ville située sur une montagne qui ne peut être cachée (cf. Mt 5, 13-16).

Quel est le secret de la réussite de leur vie chrétienne? On t'a fait savoir, homme, ce qui est bien, ce que Dieu réclame de toi:  rien d'autre que pratiquer la justice, aimer la miséricorde, et marcher humblement avec ton Dieu (Mi 6, 8). Louis et Zélie ont marché humblement avec Dieu à la recherche de l'avis du Seigneur. Maître donne-nous ton avis. Ils cherchaient l'avis du Seigneur. Ils étaient assoiffés de l'avis du Seigneur. Ils aimaient l'avis du Seigneur. Ils se sont conformés à l'avis du Seigneur sans récriminer. Pour être sûrs de marcher dans le véritable avis du Seigneur, ils se sont tournés vers l'Eglise, experte en humanité, mettant tous les aspects de leur vie en harmonie avec les enseignements de l'Eglise.

Pour les époux Martin, ce qui est à César et ce qui est à Dieu était très clair. Messire Dieu, premier servi, disait Jeanne d'Arc. Les Martin en ont fait la devise de leur foyer:  chez eux Dieu avait toujours la première place dans leur vie. Madame Martin disait souvent:  Dieu est le Maître. Il fait ce qu'Il veut. Monsieur Martin lui faisait écho en reprenant:  Dieu, premier servi. Lorsque l'épreuve atteignit leur foyer, leur réaction spontanée fut toujours l'acceptation de cette volonté divine. Ils ont servi Dieu dans le pauvre, non par simple élan de générosité, ni par justice sociale, mais simplement parce que le pauvre est Jésus. Servir le pauvre, c'est servir Jésus, c'est rendre à Dieu ce qui est à Dieu:  chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces petits qui sont mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait (Mt 25, 34-40). Dans quelques instants nous proclamerons notre profession de foi que Louis et Zélie ont répétée tant de fois à la messe et qu'ils ont enseignée à leurs enfants. Après avoir confessé la sainte Eglise catholique, le symbole des apôtres ajoute la Communion des saints.

Je croyais, disait Thérèse, je sentais qu'il y a un ciel et que ce Ciel est peuplé d'âmes qui me chérissent, qui me regardent comme leur enfant... (Ms B).

Dans ce Ciel peuplé d'âmes, nous pouvons compter désormais les bienheureux Louis et Zélie, que pour la première fois, nous invoquons publiquement:  Louis et Zélie priez Dieu pour nous. Je vous en prie chérissez-nous, regardez-nous comme vos enfants, chérissez l'Eglise entière, chérissez surtout nos foyers et leurs enfants.

Louis et Zélie sont un don pour les époux de tous âges par l'estime, le respect et l'harmonie avec lesquels ils se sont aimés pendant 19 ans. Zélie écrivait à Louis:  Je ne puis pas vivre sans toi, mon cher Louis. Il lui répondait:  Je suis ton mari et ami qui t'aime pour la vie. Ils ont vécu les promesses du mariage:  la fidélité de l'engagement, l'indissolubilité du lien, la fécondité de l'amour, dans le bonheur comme dans les épreuves, dans la santé comme dans la maladie.

Louis et Zélie sont un don pour les parents. Ministres de l'amour et de la vie, ils ont engendré de nombreux enfants pour le Seigneur. Parmi ces enfants, nous admirons particulièrement Thérèse, chef d'œuvre de la grâce de Dieu mais aussi chef d'œuvre de leur amour envers la vie et les enfants. Louis et Zélie sont un don pour tous ceux qui ont perdu un conjoint. Le veuvage est toujours une condition difficile à accepter. Louis a vécu la perte de sa femme avec foi et générosité, préférant, à ses attraits personnels, le bien de ses enfants.

Louis et Zélie sont un don pour ceux qui affrontent la maladie et la mort. Zélie est morte d'un cancer, Louis a terminé son existence, éprouvé par une artériosclérose cérébrale. Dans notre monde qui cherche à occulter la mort, ils nous enseignent à la regarder en face, en s'abandonnant à Dieu.

Enfin je rends grâce à Dieu, en cette 82e journée mondiale des missions, car Louis et Zélie sont un modèle exemplaire de foyer missionnaire. Voilà la raison pour laquelle le Saint Père a voulu que la béatification se réalise en cette journée si chère à l'Eglise universelle, comme pour unir les maîtres Louis et Zélie à la disciple Thérèse, leur fille, devenue Patronne des missions et Docteur de l'Eglise. Les témoignages des enfants Martin au sujet de l'esprit missionnaire qui régnait dans leur foyer sont unanimes et frappants:  Mes parents s'intéressaient beaucoup au salut des âmes... Mais l'œuvre d'apostolat la plus connue chez nous était la propagation de la foi pour laquelle, chaque année, nos parents faisaient une très belle offrande. C'est encore ce zèle des âmes qui leur faisait tant désirer avoir un fils missionnaire et des filles religieuses.

Tout récemment, le cardinal Dias, préfet de la Congrégation pour l'évangélisation des peuples (Propagande Fide) écrivait:  Pour un disciple du Christ, annoncer l'Evangile n'est pas une option mais un commandement du Seigneur... Un chrétien doit se considérer en mission (...) pour répandre l'Evangile dans chaque cœur, dans chaque maison, dans chaque culture (Conférence de Lambeth, 23 juillet 2008).

Puissent, mes frères, vos familles, vos paroisses, vos communautés religieuses, de Normandie, de France... et du monde entier, être aussi des foyers saints et missionnaires, comme l'a été le foyer des bienheureux époux Louis et Zélie Martin. Amen.

 

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Epiphanie du Seigneur

Dimanche 8 janvier

 

La Canonisation de Louis et Zélie Martin

 

Louis et Zélie Martin ont donc été béatifiés à Lisieux, le 19 octobre 2008. Pour qu’ils soient canonisés, il était nécessaire que l’Eglise reconnaisse un miracle survenu par leur intercession. Il a été obtenu en faveur d’une enfant prématurée de Valencia, en Espagne.

Carmen naît le 15 octobre 2008, après 28 semaines d’une grossesse très difficile. « Préparez-vous au pire » annonce la sage-femme. Les complications, fréquentes chez un grand prématuré, se multiplient : détresse respiratoire, cardiaque, double septicémie, hémorragie cérébrale au stade le plus avancé, etc.

L’enfant ayant vu le jour pour la Fête de sainte Thérèse d’Avila, le Papa se rend dans un carmel en dehors de la ville. Les soeurs prennent cette intention à coeur. Les parents viennent chaque dimanche à la Messe et repartent vite à l’hôpital. Fin novembre, le cas semble désespéré. Pour la première fois la maman a le droit de toucher son bébé, la couveuse reste ouverte. La famille commence à évoquer l’inhumation.

Le 23 novembre, la Prieure du Carmel remet aux parents la prière à Louis et Zélie en espagnol. Ils ne les connaissaient pas du tout, pas plus que leur célèbre fille Thérèse de l’Enfant Jésus de la Sainte Face. Dès le lendemain a lieu un changement d’Hôpital providentiel. Contrairement à toute attente, Carmen le supporte, l’infection est jugulée. Elle commence à récupérer, au point de sortir le 2 janvier 2009.

Un point reste très préoccupant : l’hémorragie cérébrale dilate son crâne et la fait souffrir. Un examen est prévu le 19 février. Il faudra probablement opérer. Nouvelle « offensive » de prière aux Parents Martin dont le Reliquaire passe providentiellement au Sanctuaire de Llerida juste avant. Le père de Carmen, le grand frère Ismaël (né en 2004), et les grands-pères s’y rendent pour remercier et intercéder. De leur monastère, les carmélites se joignent à leur prière. Quelques jours après, l’échographie révèle que l’hémorragie cérébrale a disparu, on ne constate plus que les cicatrices et, ce qui est le plus surprenant (à ce jour les médecins ne peuvent l’expliquer), l’absence totale de séquelles neurologiques ou motrices. Cette guérison inexpliquée a été reconnue comme miracle par le Pape François, à Rome, le 18 mars 2015, permettant ainsi la canonisation des Bienheureux Parents Martin (d'après un texte extrait du site www.eglise.catholique.fr )

 

Homélie prononcée par le Pape François,

lors de la Messe de Canonisation de Louis et Zélie Martin

à Rome, 18 octobre 2015

 

Les lectures bibliques nous présentent (...) le thème du service et nous appellent à suivre Jésus sur le chemin de l’humilité et de la croix.

Le prophète Isaïe décrit la figure du Serviteur du Seigneur (53, 10-11) et sa mission de salut. Il s’agit d’un personnage qui ne se vante pas de généalogies illustres, il est méprisé, évité par tous, expert en souffrance. Quelqu’un à qui on n’attribue pas d’entreprises grandioses, ni de discours célèbres, mais qui mène à son accomplissement le plan de Dieu à travers une présence humble et silencieuse et à travers sa propre souffrance. Sa mission, en effet, se réalise au moyen de la souffrance, qui lui permet de comprendre ceux qui souffrent, de porter le fardeau des fautes d’autrui et de les expier. L’exclusion et la souffrance du Serviteur du Seigneur, prolongées jusqu’à la mort, se révèlent féconde au point de racheter et de sauver les multitudes.

Jésus est le Serviteur du Seigneur : sa vie et sa mort, entièrement dans la forme du service (cf. Ph 2, 7), ont été cause de notre salut et de la réconciliation de l’humanité avec Dieu. Le kérygme, cœur de l’Évangile, atteste que dans sa mort et sa résurrection se sont accomplies les prophéties du Serviteur du Seigneur. Le récit de saint Marc décrit la scène de Jésus aux prises avec les disciples Jacques et Jean, qui – soutenus par leur mère – voulaient s’asseoir à sa droite et à sa gauche dans le royaume de Dieu (cf. Mc 10, 37), revendiquant des places d’honneur, selon leur vision hiérarchique du royaume même. La perspective dans laquelle ils se placent se révèle encore polluée par des rêves de réalisation terrestre. Jésus alors donne une première “secousse” à ces convictions des disciples rappelant son chemin sur cette terre : « La coupe que je vais boire, vous la boirez… quant à siéger à ma droite et à ma gauche, ce n’est pas à moi de l’accorder ; il y a ceux pour qui cela a été préparé » (vv. 39-40). Avec l’image de la coupe, il assure aux deux la possibilité d’être associés jusqu’au bout à son destin de souffrance, sans toutefois garantir les places d’honneur ambitionnées. Sa réponse est une invitation à le suivre sur le chemin de l’amour et du service, repoussant la tentation mondaine de vouloir exceller et commander aux autres.

Devant des gens qui intriguent pour obtenir le pouvoir et le succès, pour se faire voir, devant des gens qui veulent que leurs mérites personnels, leurs œuvres personnelles soient reconnus, les disciples sont appelés à faire le contraire. Il les avertit donc : « Vous le savez : ceux que l’on regarde comme chefs des nations les commandent en maître ; les grands leur font sentir leur pouvoir. Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi. Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur » (vv. 42-44). Avec ces paroles, il indique le service comme style de l’autorité dans la communauté chrétienne. Celui qui sert les autres et est réellement sans prestige exerce la véritable autorité dans l’Église. Jésus nous invite à changer de mentalité et à passer de la convoitise du pouvoir à la joie de disparaître et de servir ; à extirper l’instinct de domination sur les autres et à exercer la vertu de l’humilité.

Et après avoir présenté un modèle à ne pas imiter, il s’offre lui-même comme idéal auquel se référer. Dans l’attitude du Maître, la communauté trouvera la motivation de la nouvelle perspective de vie : « Car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude » (v. 45). Dans la tradition biblique, le Fils de l’homme est celui qui reçoit de Dieu « domination, gloire et royauté » (Dn 7, 14). Jésus remplit d’un nouveau sens cette image et précise qu’il a le pouvoir en tant que serviteur, la gloire en tant que capable d’abaissement, l’autorité royale en tant que disponibilité au don total de sa vie. C’est en effet, par sa passion et sa mort qu’il conquiert la dernière place, atteint le maximum de grandeur dans le service, et en fait don à son Église.

Il y a incompatibilité entre une manière de concevoir le pouvoir selon des critères mondains et l’humble service qui devrait caractériser l’autorité selon l’enseignement et l’exemple de Jésus. Incompatibilité entre ambitions, arrivismes et suite du Christ ; incompatibilité entre honneurs, succès, réputation, triomphes terrestres et la logique du Christ crucifié. Il y a au contraire compatibilité entre Jésus “expert en souffrance” et notre souffrance. La Lettre aux Hébreux, qui présente le Christ comme le souverain prêtre qui partage en tout notre condition humaine, excepté le péché, nous le rappelle : « Nous n’avons pas un grand prêtre incapable de compatir à nos faiblesses, mais un grand prêtre éprouvé en toutes choses, à notre ressemblance, excepté le péché » (4, 15). Jésus exerce essentiellement un sacerdoce de miséricorde et de compassion. Il a fait l’expérience directe de nos difficultés, il connaît de l’intérieur notre condition humaine ; ne pas avoir fait l’expérience du péché ne l’empêche pas de comprendre les pécheurs. Sa gloire n’est pas celle de l’ambition ou de la soif du pouvoir, mais c’est la gloire d’aimer les hommes, d’assumer et de partager leur faiblesse et de leur offrir la grâce qui guérit, de les accompagner avec une infinie tendresse, de les accompagner sur leur chemin de souffrance.

Chacun de nous, en tant que baptisé, participe pour la part qui lui est propre au sacerdoce du Christ ; les fidèles laïcs au sacerdoce commun, les prêtres au sacerdoce ministériel. Tous nous pouvons donc recevoir la charité qui émane de son Cœur ouvert aussi bien pour nous-mêmes que pour les autres : en devenant des “canaux” de son amour, de sa compassion, spécialement envers tous ceux qui sont dans la douleur, dans l’angoisse, dans le découragement et dans la solitude.

Ceux qui aujourd’hui ont été proclamés saints ont constamment servi leurs frères avec une humilité et une charité extraordinaires, imitant ainsi le divin Maître. Saint Vincent Grossi a été un curé plein de zèle, toujours attentif aux besoins de ses gens, spécialement aux fragilités des jeunes. Pour tous, il rompait avec ardeur le pain de la Parole et il est devenu un bon samaritain pour les plus nécessiteux.

Sainte Marie de l’Immaculée Conception, en puisant aux sources de la prière et de la contemplation, a vécu en personne dans une grande humilité le service des derniers, avec une attention particulière aux enfants des pauvres et aux malades.

Les saints époux Louis Martin et Marie Azélie Guérin ont vécu le service chrétien dans la famille, construisant jour après jour une atmosphère pleine de foi et d’amour ; et dans ce climat ont germé les vocations de leurs filles, parmi lesquelles sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus.

Le témoignage lumineux de ces nouveaux Saints nous pousse à persévérer sur la route du service joyeux des frères, confiant dans l’aide de Dieu et dans la protection maternelle de Marie. Du ciel qu’ils veillent maintenant sur nous et nous soutiennent de leur puissante intercession !

 

Effet de conversion : Je remercie la Sainte Vierge pour sa présence, sa bienveillance et son soutien et je lui confie les années qui me restent à vivre sur cette terre : « Priez pour nous... maintenant et à l'heure de notre mort ».

 

Fin

 

Prochain mois de Dévotion

Le Mois du Cœur agonisant de Jésus

Rendez-vous le 15 février

 

 

Textes extraits du Hors Série de Parole et Prière, "Mon Avent avec Saints Louis et Zélie Martin", publié également en 2015 (pour les textes des semaines).

 

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Téléchargez les méditations de cette semaine (pdf) en cliquant ici

Téléchargez l'intégralité des Méditations de l'Avent avec Saints louis et Zélie Martin (pdf) en cliquant ici

 

24 décembre 2016

L'Avent avec Saints Louis et Zélie Martin

L'Avent avec Saints Louis et Zélie Martin

Images religieuses3

Nativité du Seigneur

 

Dimanche 25 décembre

 

La nouveauté de Dieu

 

Evangile de Jésus-Christ selon st Luc 2, 10-14

 

L’ange du Seigneur se présenta devant les bergers, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. Ils furent saisis d’une grande crainte. Alors l’ange leur dit : « Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. » Et soudain, il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. »

Noël ! Le Verbe prend chair, Jésus naît. Marie et Joseph donnent au monde le Sauveur, les anges chantent « Gloire à Dieu au plus haut des Cieux, et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté ! » [Lc 2,14]. Les bergers accourent, les mages ne tarderont pas. C’est un instant de paix, un instant de bonheur mais aussi un instant d’épreuve : n’oublions pas que la venue au monde de Jésus advient dans l’inconfort d’une étable, suite au manque d’hospitalité des habitants de Bethléem. Qu’importe, Marie et Joseph ont donné le meilleur d’eux-mêmes et ce meilleur d’eux-mêmes a été… le Fils de Dieu lui-même !

Louis et Zélie ont également cherché à donner le meilleur d’eux-mêmes, là où ils étaient, appuyés sur une foi profonde parfois mise à rude épreuve, mais une foi solidement enracinée en Christ. Ce meilleur d’eux-mêmes s’est traduit là aussi par la venue au monde, par le don au monde, d’une enfant, ou plus exactement du dernier enfant de la famille, venant couronner l’éclat de la sainteté de Louis et Zélie. Deux semaines après cette heureuse naissance de 1873, Zélie témoigne dans une lettre de sa joie après la peine : « Je suis tout-à-fait rétablie maintenant, la petite va bien aussi, elle promet d’être très forte […] La petite n’est pas du tout difficile pendant le jour, mais la nuit elle nous fait souvent payer cher sa bonne journée. Hier soir, je l’ai tenue jusqu’à onze heures et demie, je n’en pouvais plus de lassitude ; après, heureusement, elle n’a fait que dormir. Cette enfant s’appelle Thérèse ; tout le monde me dit qu’elle sera belle, elle rit déjà. Je m’en suis aperçue pour la première fois mardi. J’ai cru que je me trompais, mais hier le doute n’était plus possible ; elle m’a regardée bien attentivement, puis elle m’a fait un sourire délicieux.Pendant que je la portais, j’ai remarqué une chose qui n’est jamais arrivée avec mes autres enfants : lorsque je chantais, elle chantait avec moi… Je vous le confie à vous, personne ne pourrait y croire. » (CF 85).

Eh bien, osons croire, comme Louis et Zélie donnant au monde Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, en la bonté de Dieu donnant le meilleur en nous ! L’Homme est fait pour donner et se donner lui-même, car il est – au fond de lui-même – Amour, créé à l’image de ce Dieu qui n’est qu’Amour (1 Jn 4,16). Que Louis et Zélie intercèdent ainsi pour nous, qu’ils nous apprennent à faire confiance en Notre-Père, à suivre Jésus-Christ, à être mus par l’Esprit : acceptons nous aussi d’être aimés et d’aimer à notre tour !

 

Fr. Cyril Robert, ocd (Paris)

 

Saint et Joyeux Noël à vous tous !

 

Octave de la Nativité

 

Hautz-9318L

Lundi 26 décembre

Prise d'habit

 

Un an après son entrée au Carmel de Lisieux, Thérèse prend l'habit. Nous sommes le 10 janvier 1889. En ce jour, la santé de Louis est stable : il peut descendre la nef de la chapelle conventuelle au bras de sa fille, qui écrit : « Jamais il n'avait été plus beau, plus digne. Il fit l'admiration de tout le monde ». Pourtant, un mois plus tard, un nouveau drame. Lors d'une crise sévère, Louis s'imagine en plein milieu d'une bataille et s'empare de son revolver. Appelé en hâte, l'oncle Isidore parvient à désarmer son beau-frère... Ce triste épisode implique une nouvelle prise de décision à l'endroit de Louis.

 

À l'école des Saints Louis et Zélie Martin

 

« (à sa fille Marie) Je pense souvent à vous toutes, et dernièrement, j'ai fait un très beau rêve où je te voyais si bien que c'était comme une réalité. Si je pouvais vous faire ressentir tout ce que j'éprouve en admirant les grandes et belles choses qui se déroulent devant moi ! Mon Dieu, que vos œuvres sont donc admirables ! (…) C'est trop, Seigneur, vous êtes trop bon pour moi ! » (Zélie).

 

Parole de Dieu : « Guéris-moi, Seigneur, et je serai guéri, sauve-moi, et je serai sauvé, car tu es ma louange ! » (Jérémie 17, 14).

 

Dans ma vie

 

L'habit religieux n'est ni un uniforme ni un déguisement. C'est la parure dont l'Esprit Saint revêt les êtres qu'il s'est réservés. Mis à part, les religieux sont mariés avec Dieu pour toujours. Et leurs noces sont continuelles : c'est la raison pour laquelle ils sont appelés à ne pas se départir de leur vêtement de fête. Même la nuit, ils sont nombreux à le conserver pour signifier qu'ils sont, comme dans un linceul, morts au monde et vivants en Jésus-Christ. Signe de pauvreté, l'habit religieux est une invitation à l'humilité : je ne suis rien sans Dieu qui me revêt de sa beauté.

 

Effet de Conversion : Je prends le temps de lire et de méditer l'Evangile de la Messe de la Nuit pour ensemencer mon âme de la Parole de Dieu qui nourrit et féconde.

 

Mardi 27 décembre

Humiliation

 

Le 12 février 1889, décision est prise par le médecin d'interner le malade Louis Martin à l'asile du Bon Sauveur, à Caen. Le vieillard y restera trois ans. Pendant longtemps, le personnel se souviendra de sa gentillesse et de sa docilité lors de ses longs moments de lucidité. Il faut bien reconnaître que l'épreuve est lourde. Louis accepte la situation avec courage et résignation. « Je sais pourquoi le Bon Dieu m'a donné cette épreuve : je n'avais jamais eu d'humiliation pendant ma vie, il m'en fallait une ».

 

À l'école des Saints Louis et Zélie Martin

 

« (à sa belle-sœur) Quant à m'affliger outre mesure de ma malheureuse glande, je n'y suis pas décidée. Si le Bon Dieu permet que je meure de cela, je tâcherai de m'y résigner de mon mieux et de prendre mon mal en patience, pour diminuer mon purgatoire. Le Bon Dieu nous donne toujours ce qu'il nous faut, ayons tous bon courage ».

 

Parole de Dieu : « Or, vieilli, chargé d'années, ô Dieu, ne m'abandonne pas, que j'annonce ton bras aux âges à venir, ta puissance et ta justice, ô Dieu, jusqu'aux nues ! » (Psaume 71, 18-19).

 

Dans ma vie

 

La maladie psychiatrique n'est pas, en elle-même un désordre spirituel. Au contraire, elle peut être un tremplin vers un plus dans l'amour, dans l'offrande de notre vie à Celui qui acceptera d'apparaître tout petit dans le dénuement de la Crèche. Le monde n'aime pas ce qui n'est pas calibré, ce qui détonne et exprime une différenciation. Le chrétien est appelé à vivre son handicap sans s'écarter du plan de Dieu sur l'homme. Les personnes affectées d'une maladie psychiatrique ont beaucoup à nous apprendre sur elles et sur nous. Elle nous interrogent : comment mieux grandir vers Dieu et accepter comme une grâce ce qui nous arrive, même si cela a le goût affreux du vinaigre.

 

Effet de Conversion : Je choisis aujourd'hui d'être le plus souriant possible, surtout en présence des personnes qui me sont très désagréables. Il faut que celles-ci puissent se dire que je les aime vraiment.

 

Mercredi 28 décembre

Comprendre la souffrance

 

Derrière ses grilles qui la séparent du monde, la jeune Carmélite, la « Petite Reine », Thérèse partage douloureusement l'épreuve de son père. Sa prière se fait intense. Elle qui avait toujours vue en lui l'image de Dieu, père bienveillant et bon, reconnaît maintenant derrière son visage fatigué les traits du Christ humilié, abandonné, défiguré, méprisé de tous. Elle médite longuement sur le mystère de souffrance qui va constituer pour elle une étape importante sur son chemin spirituel.

 

À l'école des Saints Louis et Zélie Martin

 

« (à sa fille Marie) Dans quelques semaines, ce ne sera plus un rêve et nous serons de nouveau tous réunis pour le temps que Dieu, dans sa bonté, veut bien nous réserver. (…) Tu as bien fais de donner des poires : donne, donne, donne toujours et fais des heureux. (…) Allons, chères filles, soyez toujours ma joie et ma consolation sur la terre et continuez à bien servir le Seigneur ; il est si grand et si admirable dans ses œuvres ».

 

Parole de Dieu : « La montagne du Temple de Yahvé sera établie en tête des montagnes et s'élèvera au-dessus des collines » (Michée 4, 1).

 

Dans ma vie

 

(…) L'attente s'achève dans le mystère d'une rencontre avec le Tout Petit. Tant d'efforts pour une si maigre découverte... On non... Grâce unique : la vision du nourrisson divin est la révélation : en découvrant le dessein de Dieu qui se fait si humble, je suis appelé à mieux retrouver l'enfant qui sommeille en moi. Il ne s'agita pas de plonger dans un infantilisme puéril que d'emprunter les voies de l'enfance spirituelle. Pour devenir adulte dans la Foi, il fait accepter de perdre de la hauteur et de s'abaisser au niveau d'un bébé qui, se ses gestes maladroits, dessine le nouveau visage de l'humanité appelée à la renaissance.

 

Effet de Conversion : Je prends du temps, pendant ces jours de l'octave de la Nativité de Jésus, pour aller à l'église, prier et vénérer avec un grand amour le Divin Enfant de la Crèche.

 

Jeudi 29 décembre

Retrouvailles

 

Le 24 septembre 1890, âgée de dix-sept ans et demi, sœur Thérèse de l'Enfant Jésus prononce ses vœux et se consacre pour toujours dans la voie carmélitaine. Ce jour de joie et d'aboutissement pour la jeune fille est « tout entier voilé de larmes », tant elle pleure l'absence de son père qu'elle aime tant. Enfin, le 10 mai 1892, l'épreuve prend fin : Isidore ramène Louis de l'asile de Caen. Le vieillard peut rencontrer ses trois filles Carmélites au parloir pour la première fois depuis quatre ans. Ce sera aussi la dernière. Il est lucide, mais très amaigri et ne parle pas.

 

À l'école des Saints Louis et Zélie Martin

 

« (à sa belle-soeur) Le cœur me bat en pensant à la peine que je vais vous faire, j'ai hésité un instant à vous dire toute la vérité, mais je sens qu'il le faut (…). Voyant mon mal s'aggraver (…). Je n'ai pu m'empêcher de tout dire chez nous. Je m'en repens à présent, car c'était une scène de désolation... Tous pleuraient... Mon mari ne peut se consoler. (…). Quoi qu'il en soit, profitons du bon temps qu'il nous reste et ne nous tourmentons pas ». (Zélie).

 

Parole de Dieu : « Jacob engendra Joseph, l’époux de Marie, de laquelle naquit Jésus, appellé Christ ». (Matthieu 1, 16).

 

Dans ma vie

 

La terre, cette vallée de larmes comme nous le chantons dans le Salve Regina (In hac larcrimarum valle). Le Massacre des Saints innocents à succédé bien vite à la naissance du Prince de la Paix. Le silence d'Auschwitz, des goulags endormis sous les neiges, des poubelles emplies de cadavres d'enfants avortés dans le sein maternel... et les larmes de tant d'hommes qui pleurent discrètement. Noël, où es-tu ? Où sont les rois Mages et leurs présents, les Anges et leurs chants ? Préfiguration de la Croix, l'assassinat des petits enfants, juste après la Divine Naissance porte malgré tout les germes de la résurrection... et de puissants intercesseurs.

 

Effet de Conversion : Je prie pour les enfants qui n'ont pas vu le jour cette année, pour ceux qui sont morts en bas-âge, et pour leur parents. Que Dieu fasse miséricorde à tous.

 

Vendredi 30 décembre

Repos éternel

 

Louis est installé chez les Guérin, où Céline et Léonie, aidées d'une bonne et d'un domestique, s'occupent de lui car il ne peut plus marcher. Pendant l'été 1893, il est conduit au château de la Musse, une belle propriété campagnarde dont a hérité Isidore Guérin. La santé du vieil homme continue de se détériorer : le 27 mai 1894, il subit une violente attaque qui paralyse son bras gauche. Le 5 juin, il fait une crise cardiaque. Malgré son état d'extrême faiblesse, à le transporte à la Musse début juillet. C'est là qu'il meurt le 29 juillet 1894, en présence de sa fille Céline. Il est inhumé à Lisieux le 2 août. Le 14 septembre, Céline rejoint à son tour le Carmel de Lisieux.

 

À l'école des Saints Louis et Zélie Martin

 

« (à sa fille Marie) Tout ce que je vois est splendide (Louis est en voyage), mais c'est toujours une beauté terrestre et notre cœur n'est rassasié de rien, tant qu'il ne voit pas la beauté infinie qui est en Dieu. À bientôt le plaisir intime de la famille, c'est cette beauté-là qui nous en rapproche d'avantage » (Louis).

 

Parole de Dieu : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et sur la terre paix sur la terre aux hommes, objets de sa complaisance ! » (Luc 2, 14).

 

Dans ma vie

 

« Tu nous as faits pour Toi Seigneur et notre cœur est sans repos tant qu'il ne demeure en Toi », écrit Saint Augustin. Louis Martin connaît visiblement cette belle sentence du grand Docteur d'Hippone et la décline sur un autre mode : « Notre cœur n'est rassasié de rien, tant qu'il ne voit pas la beauté de Dieu ». Que le mystère de l'inhabitation de Dieu en nous est grand et que nous sommes petits ! La finalité de tout homme est à chercher les plaisirs, les réalités charnelles de l'existence. La bonté des biens de la terre est relative et ne trouve son sens que dans la lumière des joies qui ne passent pas.

 

Effet de Conversion : Dans la joie de Noël, je continue de prier quotidiennement auprès de ma crèche, à l'image des Mages, je décide de suivre l'étoile lumineuse qui annonce l'Enfant Jésus.

 

Samedi 31 décembre

Canonisation

 

Lors de la Canonisation de Thérèse, le 17 mai 1925, le Cardinal Antoine Vico a laissé entendre que la Congrégation pontificale des rites pourrait s'intéresser à la vie des parents de la sainte Carmélite. C'est seulement en 1941, date de la publication des lettres de Zélie, et 1946, date de la publication d'Histoire d'une famille par le Père Piat, que l'évêque de Bayeux et Lisieux de l'époque fera savoir publiquement au nonce apostolique Monseigneur Angello Roncalli, futur Pape Jean XXIII, son espoir de voir introduire la cause des Parents Martin.

 

À l'école des Saints Louis et Zélie Martin

 

« (à sa fille Pauline) Je me recommande beaucoup à Saint Joseph, j'ai grande confiance en lui (…). ne t'afflige pas de ce que je te dis, ma chère Pauline, si je savais que tu t'en fasses de la peine, je ne te dirais rien et le Bon Dieu ne serait pas content de toi, ce serait manquer de confiance. Abandonnons-nous à sa bonté, à sa miséricorde, et il arrangera tout pour le mieux » (Louis).

 

Parole de Dieu : « Car mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples » (Luc 2 30-31).

 

Dans ma vie

 

Pour bien découvrir l'intimité de la famille Martin, le grand livre est celui du Père Piat. Il nous parle avec les mots de l'époque et l'esprit libre, s'il en est, de son auteur. Le deuxième ouvrage qui pourrait faire entrer dans la sainteté de l'ordinaire de cette famille : l'édition de la correspondance de Louis et Zélie. Que fait-il retenir de tout cela ? Louis et Zélie sont les Saints de l'ordinaire. Il nous enseignent que la vie Chrétienne est faite de l'offrande des petites choses, de la banalité des événements qui parsèment le quotidien.

 

Effet de Conversion : Je choisis de me priver de quelque chose en offrant cette contrariété pour le Pape, les évêques et pour les prêtres.

 

Les textes de cette Retraites ont été publiés en 2015 par Les Carmes de Paris (pour les méditations des Dimanches) et sont extraites du Hors Série de Parole et Prière, "Mon Avent avec Saints Louis et Zélie Martin", publié également en 2015 (pour les textes des semaines).

 

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17 décembre 2016

L'Avent avec Saints Louis et Zélie Martin

L'Avent avec Saints Louis et Zélie Martin

Famille Martin

Quatrième semaine de l'Avent

 

Sortir de chez soi

 

Quatrième Dimanche de l'Avent

 

Dimanche 18 décembre

 

Evangile de Jésus-Christ selon St Luc 1,39-45

 

En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi. Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. »

 

La méditation de la semaine

 

« J’ai reçu trop de grâces devant cette Vierge ! » (Zélie, citée par ses filles) Marie est enceinte, elle mettra bientôt au monde l’Enfant-Dieu, « le Fils du Très-Haut » [Lc 1,32] appelé à régner pour l’éternité. Elle est sur le point de devenir la Theotokos, littéralement celle qui a accouché de Dieu. Cette place est unique au sein de l’humanité, tant personne d’autre que cette jeune fille de Nazareth ne bénéficiera d’un tel privilège ! Elle pourrait donc se mettre en avant, demander à ce que des honneurs lui soient rendus, organiser autour d’elle et de l’enfant à naître une véritable cour de fidèles… Il n’en est rien. L’évangile de ce dernier dimanche avant Noël nous montre au contraire la « hâte » de Marie ; hâte non de se mettre en avant ou de se trouver au-dessus de la mêlée, mais hâte d’aller aider une parente, sa cousine Elisabeth. Ne s’était-elle d’ailleurs pas présentée comme « servante du Seigneur » à l’ange Gabriel, lors de l’Annonciation ? Elle se présente à nouveau comme « servante » lors de son Magnificat, prononcé devant Elisabeth et devant toutes les générations actuelles.

 

RecevoirMarie chez soi, comme Elisabeth la reçut chez elle…

 

En étant servante, hier comme aujourd’hui, la Vierge d’Israël ne demeure ainsi jamais seule. Les Evangiles nous montrent Marie fiancée à Joseph, puis Marie dans son lien à Dieu par l’intermédiaire de l’ange Gabriel, Marie aidant Elisabeth, Marie et Jésus, Marie et les « frères » de Jésus, Marie confiée à Jean au pied de la croix, Marie avec les apôtres priant au cénacle… Marie n’est décidément jamais seule : Marie se donne et nous est donnée, constamment… La stupeur et l’émerveillement s’emparent d’Elisabeth voyant Marie venir à elle ; « comment cela se fait-il ? », « comment m’est-il donné que vienne à moi la mère de mon Seigneur » ? La réponse vient de la foi de Marie : elle ne se fait pas une fausse idée du Très-Haut, mais croit en sa bonté, en la puissance du Très-Haut se déployant dans le cours de l’histoire de l’humanité, en ce Dieu pour qui « rien n’est impossible » [Lc 1,37]. Aussi Marie imite t-elle en retour cette bonté, elle participe à cette puissance de la charité en actes : elle vient servir sa cousine dans l’Evangile.

Toute la vie de Marie de Nazareth exprime l’attitude d’une nouvelle Eve dans son lien avec le nouvel Adam, Jésus-Christ. Celui qu’elle s’apprête à mettre au monde vient comme « l’unique médiateur entre Dieu et les hommes » [1 Tm 2,5], il vient vaincre par sa Croix et sa Résurrection le péché et la mort, il vient remettre l’Esprit pour quiconque se tourne vers lui. Marie, nouvelle Eve, coopère à l’œuvre salvifique du nouvelle Adam par sa prière maternelle ; elle intercède pour obtenir par l’Esprit Saint l’engendrement du Christ en l’âme des croyants (d’où le terme de Chrétien), elle-même ayant auparavant engendré le Fils par la grâce de cet Esprit. Cette coopération de Marie et de Jésus est si intime que déjà Elisabeth en dresse le constat : on ne peut pas accueillir Marie chez soi sans accueillir le Christ ! L’expérience des serviteurs des noces de Cana va dans le même sens : interpellés par Marie, ils sont invités par la mère à accueillir la présence agissante de son Fils : « faites tout ce qu’il vous dira » [Jn 2,5].

Mais si le mystère de ce quatrième dimanche de l’Avent, celui de la Visitation, fait bien état de cette présence constante de Jésus avec Marie, n’oublions pas que ce mystère s’accomplit encore aujourd’hui ! Quiconque se tourne vers Marie se trouve orienté, comme Elisabeth ou les serviteurs de Cana, vers son Fils Jésus-Christ. Est-il possible d’être fortement attaché à Marie tout en éclipsant la figure de Jésus ? Cela ne serait pas la volonté du Père, cela ne serait pas l’œuvre de l’Esprit, cela ne serait pas la vie – disons-le – d’un vrai disciple du Christ… « Voici ta mère » [Jn 19,27], nous dit le Verbe-fait-chair. Croyons-nous en l’accomplissement de cette parole ? « Jésus ne veut pas que nous marchions sans une mère », nous rappelle le pape François (Evangelii Gaudium). Avons-nous accompli cette volonté du Maître lui-même, en recevant Marie chez nous, pour Mère ?

 

L’aide de la Sainte Vierge dans un foyer où elle fait partie de la famille

 

Marie fait déjà partie de la vie de Zélie avant 1858, c’est-à-dire préalablement à sa rencontre avec Louis. Zélie trouve en la Sainte Vierge un appui solide pour l’aider dans les péripéties de sa vie. Marie n’a-t-elle pas murmuré à son cœur, après l’effondrement de son projet de vie religieuse, une idée pour orienter sa vie professionnelle ? « Fais faire du point d’Alençon », glisse-t-elle à l’oreille du cœur de Zélie, le 8 décembre 1851… De ce fait la jeune femme (elle n’a pas encore vingt ans) évite de se retrouver prise au dépourvu, elle rebondit rapidement et se met à son compte. Dans la même période Louis, de son côté, se voit offrir une statue de la Vierge de l’Annonciation (la future « Vierge du Sourire » de Thérèse). Il vient d’ouvrir son commerce d’horlogerie, et Marie occupe également une place de choix dans sa vie. Il installe la statue dans le jardin du Pavillon, un endroit un peu en retrait où il se ressource régulièrement.

Cette statue de la Vierge ne tarde pas, après leur mariage, à être rapatriée au sein de la maison familiale et à recueillir les prières de la famille. La vie du foyer Martin est en effet ancrée dans la foi chrétienne : les journées commencent avec la Messe, tôt le matin, et s’achèvent avec la prière du soir, autour de la Vierge. Pour le couple Martin comme pour Elisabeth dans l’évangile de ce jour, Marie est vraiment une personne faisant partie de la famille. La statue devient ainsi le ‘‘coin-prière’’ du foyer. Zélie, dès ses premières lettres, témoigne de l’« aide » efficace de la Vierge envers celles et ceux qui se confient à elle. Elle en parle à son frère Isidore, dont la foi vacille pendant ses études de pharmacie à Paris : « tu habites tout près de Notre-Dame des Victoires ? Eh bien ! Entres-y seulement une fois par jour, pour dire un Ave Maria à la Sainte Vierge. Tu verras qu’elle te protègera d’une manière toute spéciale, et qu’elle te fera réussir en ce monde, pour te donner ensuite une éternité de bonheur. Ce que je dis là, ce n’est pas de ma part une piété exagérée et sans fondement ; j’ai sujet d’avoir confiance en la Sainte Vierge, j’ai reçu d’elle des faveurs que moi seul connais » (CF 1). Puis Zélie encourage son frère en lui demandant, pleine de réalisme et de bon sens féminin, de mettre « pour moi un cierge ; tu me rendras service. N’aie pas honte de cela. D’ailleurs, personne ne te connaît dans cette église » (CF 6) ! Pour Zélie, la chose est entendue : Marie est un rempart pour solidifier ou préserver notre foi. Ses dernières lettres, écrites alors qu’elle est sur le point de mourir, emportée par une tumeur du sein, sont émouvantes. Zélie y témoigne là aussi du soutien que lui apporte la Vierge Marie au moment de quitter ce monde. Elle y affirme croire fermement en cette parole de « la Vierge Marie qui nous a dit à tous, comme à Bernadette : « je vous rendrai heureuse, non pas en ce monde, mais en l’autre » » (CF 210). La protection de Marie ne nous préserve pas des souffrances de la vie mais nous aide à les traverser en conservant le bonheur de sa présence maternelle.

Mais que ce soit avant le drame du décès de Zélie ou après, toute la famille Martin a pour habitude de se placer sous le regard du Ciel, confiante en l’intercession de la Vierge. Les joies, les difficultés, les projets, les affaires sont autant de sujets pour la prière quotidienne. Aux côtés des prières habituelles (Notre Père, Ave Maria, la prière du Souvenez-vous de St Bernard, ou encore une prière quotidienne enseignée par Zélie à ses enfants) se tiennent des prières jaillissant des cœurs en toute simplicité. Concernant l’attente de la venue au monde d’un deuxième enfant par exemple, Zélie se souvient de ce « 8 décembre 1860, jour où j’ai prié notre Mère du Ciel de me donner une petite Pauline, mais je n’y puis penser sans rire, car j’étais absolument comme une enfant qui demande une poupée à sa mère et je m’y prenais de même. Je voulais avoir une Pauline comme celle que j’ai et je mettais les points sur les i, dans la crainte que la Sainte Vierge ne comprenne pas bien ce que je désirais » (CF 147). Pour la petite histoire, Pauline naît effectivement le 7 septembre 1861, soit exactement neuf mois plus tard. Plusieurs années durant, Zélie (probablement un peu confuse de la témérité de sa prière) remercie quotidiennement la Vierge de lui avoir obtenu cette grâce… Pour l’activité professionnelle, Marie est également sollicitée par la famille. Zélie se souvient des moments difficiles des années 1870-1871 : « j’étais accablée de travail et de soucis de toute espèce, mais j’avais cette ferme confiance d’être soutenue d’en-haut » (CF 65).

Malgré les difficultés, la présence de la Vierge Marie apporte enthousiasme et sérénité au foyer. Les filles aiment se recueillir quotidiennement avec les parents. La petite Thérèse aime ainsi voir son père prier, « n’ayant qu’à le regarder pour savoir comment prient les Saints » (Manuscrit A). La prière des enfants se trouve stimulée par l’exemple des parents. Lors du mois de Marie, le coin-prière de la famille est particulièrement fleuri, au point de devenir un véritable petit oratoire ! Au milieu des branches d’aubépine qui montent jusqu’au plafond, la statue se détache alors sur un fond de fleurs et de verdure. Les enfants allument avec plaisir les bougies autour de la Vierge, même s’ils se plaignent parfois des exigences méticuleuses de leur mère quant à l’aménagement de ce lieu de prière. Qu’importe, la Sainte Vierge est là et « c’est à ses pieds que maman faisait faire notre prière, témoigne Céline, et nous la baisions si souvent que ses doigts étaient tout cassés et qu’il fallait avoir en réserve plusieurs paires de mains ! ». La foi est bien transmise et la joie de l’Evangile aussi…

La présence de Marie dans la vie de Louis et Zélie Martin aura été bénéfique, dans tous les moments de leurs vies, heureux ou difficiles. Louis s’écriera devant ses filles, « Mon Dieu, c’en est trop ! », et Zélie confiera à ses filles, elle aussi ; « j’ai reçu trop de grâces devant cette Vierge ! »  Avec Louis et Zélie, n’ayons pas peur de trop aimer Marie…

 

3 pistes pour s’approprier l’Evangile et suivre l’exemple de Louis et Zélie :

 

L’accueil qu’Elisabeth fait à la Vierge, dans l’Évangile, lui permet d’expérimenter combien le Christ est lui aussi présent, et combien Marie est venue « non pour être servi[e], mais pour servir » [Mc 10,45] comme son Fils ! Avons-nous accueilli Marie chez nous, comme Elisabeth, ou plutôt comme Jean le disciple bien-aimé ? Quelle place lui accordons-nous dans notre vie quotidienne ?

Inquiète pour son frère Isidore dont la foi est plutôt vacillante pendant ses années d’études de pharmacie, Zélie le supplie de bien vouloir entrer dans une église pour prier et poser un geste concret. A travers cette anecdote, Zélie nous interpelle nous aussi ; n’ayons pas honte de poser des gestes concrets soutenant notre foi et attirant sur nous la bénédiction de son Fils…

La question de la transmission de la foi est préoccupante pour nombre d’entre nous, surtout quand il s’agit d’un éveil (ou d’un réveil) difficile de la foi chez un membre de la famille proche : conjoint, enfants, petits-enfants… Là aussi, Marie se présente à nous comme celle qui nous « aide ». Grâce à son intercession et grâce aux conseils de Zélie, Isidore a pu sauvegarder sa foi. Trente-cinq ans plus tard, c’est même lui qui financera la première impression d’Histoire d’une âme !

 

Fr. Cyril Robert, ocd (Paris)

 

Prier chaque jour de la semaine

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Lundi 19 décembre

Rencontre avec le Pape

 

Thérèse est profondément affectée par cette indécision épiscopale concernant sa demande d'entrée au Carmel. C'est alors que son père parle d'aller rencontrer le Pape. N'a-t-il pas prévu de participer en novembre 1887 à un pèlerinage à Rome pour le Jubilé de Léon XIII ? L'occasion de faire un grand voyage réjouit tout le monde. Louis, Céline et Thérèse vont visiter Paris, traverser la Suisse et rejoindre l'Italie où les visites se succèdent : Milan, Venise, Bologne, enfin la ville éternelle, Rome.

 

À l'école des Saints Louis et Zélie Martin

 

« (à son frère) Tu sais qu'étant jeune fille, je me suis donné un coup dans la poitrine à l'angle d'une table. On n'y fit pas alors attention, mais aujourd'hui, j'ai une glande au sein qui me cause de l'inquiétude, surtout depuis qu'elle me fait un peu souffrir. Cependant quand j'y touche, elle ne me fait aucun mal, bien que je sente tous les jours et plusieurs fois par jour, des engourdissements ». (Zélie).

Parole de Dieu : « Sachez-le, aucune prophétie de l’Écriture n'est objet d'explication personnelle ». (2 Pierre 1, 20).

 

Dans ma vie

 

La découverte d'une maladie grave résonne comme un tremblement de terre. Tout allait bien jusque là. Subitement l'on prend conscience que la vie va s'arrêter dans un court délai. Pourquoi moi ? Comment est-ce possible ? Tant de questions insolubles se télescopent. Une seule réponse demeure pourtant stable depuis l'aurore de l'existence : dieu est là et nous tient dans sa main. Aucun cheveu de notre tête ne tombe sans qu'il ne le sache. C'est alors qu'une paix profonde nous envahit : Dieu est père de miséricorde et rien ne nous arrive sans qu'Il ne soit avec nous. Tournons-nous alors vers son pardon, intensifions notre vie sacramentelle.

Effet de Conversion : Je vais accomplir aujourd'hui un acte d'abandon à la Divine Miséricorde avec l'intention de me remettre complètement entre les mains du Père.

 

Mardi 20 décembre

La Volonté de Dieu avant tout

 

L'audience papale tant attendue a lieu le 20 novembre 1887. Thérèse se jette aux pieds du Saint Père et l'implore de permettre son entrée au Carmel. Léon XIII regarde cette jeune fille tendrement et lui répond avec bienveillance qu'elle doit obéir aux supérieurs et s'en remettre à la Volonté de Dieu. Thérèse reste sur sa faim... Elle rentre tristement à Lisieux. Et pourtant, en ce matin du 1er janvier 1888, à, la veille de ses quinze ans, la petite dernière de Louis et Zélie Martin reçoit une lettre de Monseigneur l'évêque. Une lecture rapide... et c'est l'allégresse : Thérèse a l'autorisation d'entrer au Carmel.

 

À l'école des Saints Louis et Zélie Martin

 

« (à ses filles) Je t'expédie une douzaine de coquilles d'or, tu en donneras deux à Céline et deux à ma petite Reine, en les embrassant bien sur les deux joues. Et toi, ma grande, console-toi et encore une fois, je t'assure que tu ne te repentiras pas de m'avoir laissé partir (en voyage) ; aussi je t'embrasse, ainsi que ma Léonie, bien fort, bien fort. N'oublie pas de remettre les huit coquilles à ma « perle fine » du Carmel ». (Louis).

Parole de Dieu : « Vivez dans la prière et les supplication ; priez en tout temps dans l'Esprit » (Ephésiens 6, 18).

 

Dans ma vie

 

L'affection de Louis pour ses filles est remarquable. Sa paternité n'est-elle pas un exemple pour les pères de famille ? Il est ferme, exigeant et débordant de tendresse tout en même temps. Il aime le terrain de la complicité sans sombrer dans l'infantilisme. Avec ses adolescentes il garde le contact en prenant du temps et partageant des moments de jeux ou de voyages, hors de toute obsession de rentabilité ou d'activisme. Saint Louis Martin, maître en gratuité et pédagogue exceptionnel, enseignez-nous la voie de la patience et du don de nous-mêmes.

Effet de Conversion : Lorsque quelque chose me demandera de la peine et que j'hésiterai à renoncer, je m'imposerai de persévérer et de finir la tâche prévue. Pour l'amour de Dieu.

 

Mercredi 21 décembre

L'entrée au Carmel

 

Il faudra attendre jusqu'en avril pour que Thérèse rejoigne le monastère. Louis propose alors un pèlerinage à Jérusalem... L'offre est refusée car pour cela, il aura fallut repousser la date d'entrée au Carmel. Le 9 avril 1888, c'est le jour du départ, ou plutôt de l'arrivée. Devant la porte, Louis ne peut s'empêcher de laisser couler quelques larmes au moment où il bénit sa fille. Le Carmel de Lisieux abrite désormais trois de ses « petites ». Marie, Pauline et Thérèse. Le lendemain, il écrit à ses amis : « Ma petite Reine est entrée hier au Carmel. Dieu seul peut exiger un tel sacrifice, mais il m'aide si puissamment qu'au milieu de mes larmes, mon cœur surabonde de joie.

 

À l'école des Saints Louis et Zélie Martin

 

« (à sa fille Pauline) C'est donc mercredi l'Immaculée Conception ; c'est une très grande fête pour moi ! (…) Cette année j'irai encore trouver la Sainte Vierge de grand matin, je veux être la première arrivée ; je ne lui demanderai plus de petites filles ; je la prierai seulement que celles qu'elle m'a données soient toutes des saintes et que moi, je les suive de près » (Zélie).

Parole de Dieu : « Ayez confiance, c'est moi, soyez sans crainte » (Marc 6, 50).

 

Dans ma vie

 

La prière mariale est centrale dans la vie de la famille Martin. La présence de la statue de Notre Dame, la fameuse « Vierge du Sourire » indique bien l'attitude intérieure des occupants de la maison : avoir un esprit de Fils, c'est savoir qui est son Père, qui est sa Mère. Chaque jour, en famille, la prière des cœurs humbles s'élève vers les Cieux : « Je Vous salue Marie, pleine de grâce... » Quand une sainte maman s'appuie sur la Mère de Dieu pour accomplir son devoir d'état, l'on ne peut qu'être en admiration devant ce que Dieu a pu réaliser de magnifique dans le cœur d'une femme, Zélie.

Effet de Conversion : Si je n'ai pas une belle représentation de Notre Dame dans mon intérieur, je prévois de faire « un petit coin » marial qui soit joli... et fleuri.

 

Jeudi 22 décembre

« J'ai le cœur déchiré »

 

Depuis le voyage chez le Souverain Pontife, Louis Martin a beaucoup vieilli. Céline écrit ainsi à sa jeune sœur : « Ce pauvre petit père me semble maintenant si vieux, si usé. (…) J'ai le cœur déchiré, je me figure qu'il mourra bientôt ». Il commence à souffrir d'artériosclérose, de crises d'urémie qui provoquent étourdissements et malheureusement des pertes de mémoires... Le 23 juin 1888, une grande inquiétude agite les Buissonnets : Louis Martin a disparu ! Le lendemain, un télégramme du Havre est annoncé : Louis demande de l'argent sans laisser d'adresse. On le retrouve là-bas, lucide mais harcelé par l'idée de vivre en ermite.

 

À l'école des Saints Louis et Zélie Martin

 

« (à sa fille Marie) Ma Marie, ma grande, ma première, continue à conduire ton petit bataillon le mieux que tu pourras et sois plus raisonnable que ton vieux père, qui a déjà assez de toutes les beautés qui l'entourent et qui rêve du Ciel et de l'infini. Vanité des vanités, et tout n'est que vanité, hors aimer Dieu et le servir ! » (Louis).

Parole de Dieu : Quiconque fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, m'est un frère et une sœur et une une mère. » (Matthieu 12, 50).

 

Dans ma vie

 

La mission de l'aîné dans une famille est belle et sérieuse. Loin de chercher à faire peser sur les épaules du premier-né une charge qui ne serait pas la sienne, nous pouvons dire que ce n'est pas par hasard si untel est l'aîné. Il n'y a pas de hasard en Dieu. Seulement une divine Providence qui veille sur chacun et accompagne les pas hésitants. L'aîné à la mission de l'exemplarité : il est investi par Dieu de cette douce exigence d'être celui sur qui les regards des suivants se posent. Voilà une belle occasion de faire l'apprentissage de la responsabilité, comme un chef de patrouille dans le scoutisme avance en premier de cordée.

Effet de Conversion : à quelques jours de Noël, je prends un bon moment de prière silencieuse auprès de la Crèche. La contemplation de Marie et Joseph pourra m'aider à préparer mon cœur à la venue du Divin Enfant.

 

Vendredi 23 décembre

Toujours plus généreux

 

L'errance de Louis au Havre va traumatiser la famille, spécialement Thérèse qui a choisi de rejoindre le Carmel au moment où son père entre dans une grande période de fragilité. Certaines paroles méchantes franchissent la clôture du Carmel : si Louis a perdu la tête, n'est-ce pas dû au départ de ses jeunes filles en religion, surtout de la plus jeune qu'il aime tant ? Louis alterne les périodes de lucidité et de rechutes. Sentant sa fin proche, il se montre toujours plus généreux : il offre, entre autre, les 10 000 francs que coûte l'achat d'un maître-autel à la cathédrale de Lisieux.

 

À l'école des Saints Louis et Zélie Martin

 

« (à sa fille Pauline) On ne peut être heureux que la terre. Quand on a la fortune, on désire les honneurs, je vois cela chez toutes les personnes qui se sont enrichies. (…) je n'aime pas voir (Marie) avec des gens si riches, cela donne des envies malsaines. Je ne désire nullement fréquenter ces personnes-là » (Zélie).

Parole de Dieu : « Une fois de plus, aie pitié de nous ! Foule aux pieds nos fautes, jette au fond de la mer tous nos péchés ! » (Michée 7, 19).

 

Dans ma vie

 

L'orgueil est un mal affreux. Zélie, humble travailleuse dans la vigne du Seigneur, ne compte ni sa peine, ni son temps. Elle connaît les bienfaits jaillis de l'accomplissement des humbles tâches du quotidien. Son désir de perfection est un aiguillon qui va l'aider à désirer pour ses filles qu'elles vivent en véritables chrétiennes. C'est la raison pour laquelle elle les dissuadera bien souvent de chercher les fréquentations qui pourraient les écarter de la simplicité évangélique. L'orgueil, tel le lierre qui enlace l'arbre à la manière d'un serpent, est un poisson mortel.

Effet de Conversion : Il faut beaucoup d'humiliations pour un peu d'humilité dit-on. Je ne craindrai pas celles-ci pour mieux obtenir celle-là.

 

Samedi 24 décembre

Prise d'habit

 

Un an après son entrée au Carmel de Lisieux, Thérèse prend l'habit. Nous sommes le 10 janvier 1889. En ce jour, la santé de Louis est stable : il peut descendre la nef de la chapelle conventuelle au bras de sa fille, qui écrit : « Jamais il n'avait été plus beau, plus digne. Il fit l'admiration de tout le monde ». Pourtant, un mois plus tard, un nouveau drame. Lors d'une crise sévère, Louis s'imagine en plein milieu d'une bataille et s'empare de son revolver. Appelé en hâte, l'oncle Isidore parvient à désarmer son beau-frère... Ce triste épisode implique une nouvelle prise de décision à l'endroit de Louis.

 

À l'école des Saints Louis et Zélie Martin

 

« (à sa fille Marie) Je pense souvent à vous toutes, et dernièrement, j'ai fait un très beau rêve où je te voyais si bien que c'était comme une réalité. Si je pouvais vous faire ressentir tout ce que j'éprouve en admirant les grandes et belles choses qui se déroulent devant moi ! Mon Dieu, que vos œuvres sont donc admirables ! (…) C'est trop, Seigneur, vous êtes trop bon pour moi ! » (Zélie).

Parole de Dieu : « Guéris-moi, Seigneur, et je serai guéri, sauve-moi, et je serai sauvé, car tu es ma louange ! » (Jérémie 17, 14).

 

Dans ma vie

 

L'habit religieux n'est ni un uniforme ni un déguisement. C'est la parure dont l'Esprit Saint revêt les êtres qu'il s'est réservés. Mis à part, les religieux sont mariés avec Dieu pour toujours. Et leurs noces sont continuelles : c'est la raison pour laquelle ils sont appelés à ne pas se départir de leur vêtement de fête. Même la nuit, ils sont nombreux à le conserver pour signifier qu'ils sont, comme dans un linceul, morts au monde et vivants en Jésus-Christ. Signe de pauvreté, l'habit religieux est une invitation à l'humilité : je ne suis rien sans Dieu qui me revêt de sa beauté.

Effet de Conversion : Je prends le temps de lire et de méditer l'Evangile de la Messe de la Nuit pour ensemencer mon âme de la Parole de Dieu qui nourrit et féconde.

 

Les textes de cette Retraites ont été publiés en 2015 par Les Carmes de Paris (pour les méditations des Dimanches) et sont extraites du Hors Série de Parole et Prière, "Mon Avent avec Saints Louis et Zélie Martin", publié également en 2015 (pour les textes des semaines).

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3 décembre 2016

L'Avent avec Saints Louis et Zélie Martin

L'Avent avec Saints Louis et Zélie Martin

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Deuxième semaine de l'Avent

 

Trouver sa place

 

Deuxième Dimanche de l'Avent

 Dimanche 4 décembre

 

Evangile de Jésus-Christ selon St Luc 3,1-6

 

L’an quinze du règne de l’empereur Tibère, Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée, Hérode étant alors au pouvoir en Galilée, son frère Philippe dans le pays d’Iturée et de Traconitide, Lysanias en Abilène, les grands prêtres étant Hanne et Caïphe, la parole de Dieu fut adressée dans le désert à Jean, le fils de Zacharie. Il parcourut toute la région du Jourdain, en proclamant un baptême de conversion pour le pardon des péchés, comme il est écrit dans le livre des oracles d’Isaïe, le prophète : Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées ; les passages tortueux deviendront droits, les chemins rocailleux seront aplanis ; et tout être vivant verra le salut de Dieu.

 

La méditation de la semaine

 

« Nous mettre dans la disposition d’accepter généreusement la volonté du bon Dieu, quelle qu’elle soit, car ce sera toujours ce qu’il peut y avoir de mieux pour nous » (CF 204, Zélie) Jean, le prophète, le baptiste, fait irruption dans l’histoire d’Israël alors que le monde semble être bien en ordre. En cet « an quinze », il y a un empereur à Rome, un gouverneur en Judée, des grands prêtres et d’autres figures d’autorité et ce en divers lieux de l’Empire romain. Tout semble bien en ordre, ou plutôt tout semble tourner sans de véritable remise en cause à envisager. Ce monde bien établi n’est pourtant pas le monde idéal, comme en témoigne l’historien Flavius Joseph rapportant la brutalité d’un Ponce Pilate. Ce dernier se livre parfois à des répressions brutales, sanguinaires. Il heurte la sensibilité religieuse juive en introduisant des enseignes romaines à Jérusalem et en puisant dans le trésor du Temple. Mais malgré tout, le monde semble peu enclin à se remettre en question ; la paix – celle de Rome, celle des hommes – s’est plus ou moins imposée.

 

L’appel à la conversion au cœur même de nos vies

 

Un événement soudain surgit alors. Au cœur de ce monde, « la parole de Dieu fut adressée à Jean, fils de Zacharie ». La parole de Dieu fait irruption dans cet ‘establishment’, elle appelle à un changement de comportement, à un « repentir en vue de la rémission des péchés ». Elle le fait car le monde n’est pas seulement le monde des hommes mais celui de Dieu. S’il est vrai que l’homme a son Ciel en Dieu, Dieu, lui, a son Ciel en l’homme. Sa Présence, sa Providence font irruption au cœur même de nos vies, si banales qu’elles pourraient paraître. Notre Père n’est pas perdu au Ciel, au point qu’il nous faudrait gravir les nuages pour nouer contact. Notre Père vient à nos devants, à l’image de l’Esprit-Saint venant au-devant de Marie lors de l’Incarnation, ou du Fils venant au-devant de ses disciples après la Résurrection.

Si la parole de Dieu s’est adressée à Jean et à travers lui au peuple de l’époque, elle s’adresse à nous tous aujourd’hui. Elle s’inscrit dans cette Alliance que le Très-Haut a proposée au peuple hébreu au long des siècles avant Jésus-Christ et qu’il propose à chacun depuis. Le Seigneur nous adresse ainsi, à travers cet Evangile du jour, une demande et une promesse. La demande est pressante, impérative même : « préparez le chemin du Seigneur » ! Le changement d’attitude intérieure et extérieure constitue la façon pour l’homme de dégager le chemin à l’advenue du projet divin. Dieu ne s’impose pas brutalement à nous, mais il se laisse trouver quand notre cœur se trouve disposé. Notre-Seigneur, par l’intermédiaire de Jean-Baptiste, nous invite à travailler cette attitude de disponibilité, tant elle n’est pas aisée a priori. Le poids de notre propre histoire, avec ses blessures, ses déceptions, ses souffrances, ses égarements, ne nous rend pas toujours facile cette disponibilité de cœur et d’esprit. Mais une fois retrouvés, cette disponibilité et ce changement de comportement prennent un nom : celui de « conversion ». C’est à cela que nous sommes invités, en ce deuxième dimanche de l’Avent.

Cette conversion, autrement dit ce refus de s’enfermer sur nous-mêmes et sur nos péchés, cette confiance retrouvée en Dieu, laisse alors place à la promesse de Dieu : « toute chair verra le salut de Dieu ». « Le Seigneur l’a promis » [Is 40,5], rajoute le passage du prophète Isaïe cité par l’Evangile d’aujourd’hui. Quiconque prépare le chemin du Seigneur verra le salut de Dieu œuvrer en sa vie. Ce salut ne viendra probablement pas changer le monde actuel, ‘ordonné’ et non idéal comme pouvait l’être le monde à l’époque de Jean-Baptiste, mais il permet à « toute chair » tournée vers le Ciel de trouver sa place sur terre. Trouver sa place dans le monde, n’est-ce pas une question primordiale ? Mieux, voir la beauté de cette place qui est la nôtre, n’est-ce pas d’une importance capitale ? La promesse de Dieu nous est donnée, elle nous invite à prendre notre place au sein de la société, avant de prendre notre place au cœur du Royaume qui nous est destiné… Louis et Zélie ont mis plusieurs longues années avant de trouver ainsi leur place, mais l’attente en aura valu la peine !

 

Trouver, prendre sa place et… en voir la beauté

 

En 1847, après sa déception de n’avoir pas pu embrasser la vie monastique, Louis se remet à ses études professionnelles dans l’horlogerie, et se rend à Paris plusieurs années dans cette optique. Il lutte pour ne pas se laisser aller à des divertissements ou à des tentations – nombreuses dans la capitale ! – susceptibles de le détourner de sa foi profonde. N’oublions pas qu’avec le poids de sa déception, Louis aurait pu chercher un ‘réconfort’, un moyen d’oublier sa désillusion, il aurait pu endurcir son cœur ou jouer le désabusé… Il préfère rester droit et lutter pour ne pas tomber. « Il lui a fallu du courage pour sortir victorieux de tous ces combats » (CF 1), écrira par la suite Zélie à ce sujet. Revenu à Alençon, Louis attendra l’âge de 34 ans – ce qui est beaucoup, à l’époque – pour voir le tournant salvifique que Dieu s’apprête à opérer en sa vie. Zélie, pendant ce temps, est revenue de son projet de vie religieuse. Tout en soupirant toujours après une vie de consacrée – «  je ne fais que rêver cloître et solitude » (CF 150), écrira-t-elle encore quelques années plus tard –, Zélie s’est faite à l’idée d’un possible mariage et se lance dans la confection de la dentelle. Elle a 20 ans. Pendant une demi-douzaine d’années, Louis et Zélie vivront dans la même petite ville, sans se rencontrer, à moins de 500 mètres l’un de l’autre…

La vie de l’un et de l’autre semble être bien réglée et ordonnée, les affaires vont leur train mais le cœur de chacun semble rester dans l’expectative. Devrais-je « rester vieille fille », s’interroge Zélie (CF 150) ? Mon fils restera-t-il toujours célibataire, s’alarme la mère de Louis ? En avril 1858, la Providence agit. « Un jour que Zélie Guérin passait sur le pont Saint-Léonard, elle croisa un jeune homme dont la noble physionomie, l’allure réservée, la tenue pleine de dignité l’impressionnèrent. Au même moment, une voix intérieure lui murmurait en secret : « C’est celui-là que j’ai préparé pour toi » » (Piat, Histoire d’une famille). Zélie entend une intérieurement une parole céleste (elle l’attribue à la Vierge Marie) venant bouleverser sa vie ; elle vient de rencontrer Louis. Si elle et lui se sont préparés à être disponibles à la volonté de Dieu dans leur vie – « Préparez le chemin du Seigneur » nous dit l’Evangile d’aujourd’hui –, Dieu avait déjà en amont préparé cette place qui leur était destinée. Cependant, Louis et Zélie ont encore du mal à apercevoir la beauté de leur place, la beauté du mariage et de l’union conjugale. S’ils se marient trois mois après leur rencontre, le 13 juillet 1858, en toute discrétion (le mariage a lieu à minuit, en présence d’une dizaine de personnes seulement), Louis et Zélie ne comprennent encore pas totalement. Ils ne réalisent pas encore la beauté de leur vocation au sein du monde, au point que Zélie, le jour même du mariage, s’en va, accompagnée de Louis, pleurer à chaudes larmes au monastère de la Visitation où sa sœur Elise est devenue religieuse. « Je me trouvais si malheureuse d’être au milieu du monde, j’aurais voulu cacher ma vie avec la sienne » (CF 192), au monastère. Le jour de son mariage, Zélie rêve encore du cloître !

 

Parole donnée, parole tenue : l’accomplissement de la promesse

 

Si le couple a bien perçu l’appel divin à se sanctifier au cœur de la société, en tant que mari et femme, les deux époux sont toutefois encore imprégnés de leurs désirs d’une vie conçue comme une vie cloîtrée. Pendant les dix premiers mois, ils vivent même en se dispensant des relations conjugales ! Fort heureusement, le confesseur de Louis demande à ce dernier de mettre fin à leur abstinence sexuelle. Louis et Zélie ne se raidissent pas, ils vont découvrir le bonheur de se donner l’un à l’autre. Neuf enfants vont naître, parmi lesquels la petite Thérèse, la dernière. Ils font découvrir à Louis et Zélie le bonheur de devenir parents. Ainsi, lors du baptême de l’aînée, Marie, en 1860, Louis sera tout joyeux d’annoncer au prêtre que « c’est la première fois que je viens ici pour un baptême, mais ce n’est pas la dernière ! ». Zélie, de son côté, s’extasie : « moi, j’aime les enfants à la folie, j’étais née pour en avoir » (CF 83)… La promesse de Dieu s’est réalisée, Louis et Zélie sont comblés. S’ils conservent leur attrait pour la prière, ils mettent définitivement fin à leurs velléités de vie religieuse. Zélie est heureuse avec son Louis, au point qu’elle « en désire un pareil à toutes les femmes » (CF 1). Louis, en retour, l’« aime pour la vie » (CF 2bis).

Mais ce bonheur, le couple doit se battre pour le conserver et le faire croître, tant les difficultés familiales ne manquent pas. Sur les neuf enfants nés du mariage, quatre meurent en bas âge. C’est une épreuve douloureuse. En l’espace de quatre ans, le couple voit mourir trois nourrissons et une petite fille, Hélène, âgée de cinq ans. Pour cette dernière, le choc est terrible, l’enfant meurt dans les bras de sa mère, alors que celle-ci ne s’y attend pas. « J’ai cru que j’allais en mourir ». La foi de Louis et Zélie, mise à rude épreuve, leur permet de surmonter le drame. « Nous l’avons offerte ensemble au bon Dieu » (CF 52), mais le travail de deuil doit s’effectuer, il sera long. Léonie, née un an avant Hélène, se révèle une enfant difficile, moins douée que ses sœurs et psychologiquement fragile. Elle donne beaucoup de soucis à Zélie. Mais « plus je la vois difficile, écrit-elle alors que Léonie a onze ans, plus je me persuade que le bon Dieu ne permettra pas qu’elle reste ainsi. Je prierai tant qu’il se laissera fléchir » (CF 117). Léonie en effet finira par se redresser, au point de comprendre mieux que ses sœurs la – future – petite voie de Thérèse. Tout au long de leur vie, Louis et Zélie se mettent « dans la disposition d’accepter généreusement la volonté du bon Dieu, quelle qu’elle soit, car ce sera toujours ce qu’il peut y avoir de mieux pour nous » (CF 204). Ils ont pu l’expérimenter, malgré les difficultés et… au sein même de ces difficultés. Cette « disposition » est toujours œuvre de conversion. Grâce à elle, nous donnons prise au « bon Dieu » pour agir dans nos vies.

 

3 pistes pour s’approprier l’Évangile et suivre l’exemple de Louis et Zélie :

Dans l’Évangile, les foules entendent l’appel de Dieu à travers l’exhortation de Jean-Baptiste proclamant un baptême de conversion en vue de la rémission des péchés. Dans sa vie, Zélie entend l’invitation à considérer l’homme qu’elle allait croiser : Louis Martin. Sommes-nous également attentifs aux appels de Dieu dans nos vies quotidiennes ? Prenons-nous le temps de discerner ces appels ? Comment y répondons-nous ?

La foi et la disponibilité de cœur et d’esprit ont permis à Louis et Zélie d’accepter d’être bousculés, au point de consentir à une vie ne correspondant pas, initialement, à leur conception d’une vie sanctifiée. Mettons-nous nos existences pleinement sous le regard miséricordieux de Dieu, ou lui cachons-nous (à lui, mais peut-être à nous aussi) les points sombres ou douloureux de nos vies ? Cela revient à nous demander si notre attitude est bien une attitude filiale, confiante, celle d’un enfant envers le meilleur des pères, ou bien si nous lui présentons un personnage n’étant pas vraiment nous-mêmes…

Le salut des hommes est en Dieu, ne cesse de proclamer Jean-Baptiste. Louis et Zélie l’ont expérimenté. Livrés à eux-mêmes, ils ne se seraient probablement pas donnés l’un à l’autre, ils n’auraient pas eu la joie d’être parents, ils n’auraient probablement trouvé ni leur place ni aperçu la beauté de la place qui était la leur. Sommes-nous si sûrs d’être au clair avec cette question de notre place : l’avons-nous trouvée ? Savons-nous reconnaître la beauté de cette place qui est nôtre ?

 

Fr. Cyril Robert, ocd (Paris)

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Prier chaque jour de la semaine

 

Lundi 5 décembre

 Vivre en chrétien

 

Si Zélie, femme de premier plan, tient une place prépondérante dans ce ménage, celle-ci ne cesse de louer la bonté de son mari : « C'est un saint-homme que mon mari, j'en désire un pareil pour toutes les femmes ». Fervents chrétiens, Zélie et Louis assistent chaque matin à la Messe de 5 h 30. ils pratiquent le jeûne et la prière en famille, respectent avec une belle conviction le repos du dimanche. Ils mettent en pratique leur Foi : ils visitent les malades, les vieillards isolés, les mourants. Il leur arrive parfois d'accueillir les vagabonds à table...

 

À l'école des Saints Louis et Zélie Martin

 

« (à son frère) Il paraît que tu n'as pas été content de ma lettre du premier de l'An. Que voulais-tu que je te dise ? Si je t'avais fait des compliments, tu te serais moqué de moi, si je t'avais prêché, tu en aurais ris, de sorte que ce que j'ai mis me passait dans l'idée au moment. Mais cela n'empêche pas que je t'aime et que je donnerais tout ce que j'ai plutôt que de t'abandonner, quand même tu en viendrais à m'oublier et ferais les plus grandes sottises » (Zélie).

 

Parole de Dieu : « Quiconque demande reçoit ; cherche, trouve ; et à qui frappe, on ouvrira » (Luc 11, 11).

 

Dans ma vie

 

« Femmes, soyez soumises à vos maris ! » Eh bien oui, il faut bien se le dire, puisque cette parole nous vient du Christ, le Verbe de Dieu qui parle dans les Écritures. Certes, cet appel nous vient de Saint Paul ; pour autant nous savons que ses épîtres sont la parole de Dieu. Cette soumission n'est en rien celle de l'Islam, qui chosifie l'homme et le dégrade. Elle est en réalité une demande spécifique qui invite la femme, celle qui porte la vie, à ne pas s'attribuer la maternité de toute chose dans le ménage. C'est en se livrant à elle, totalement que le Christ a aimé l’Église, poursuit Saint Paul, que l'homme rend possible cet ordre : « Femmes, soyez soumises à vos maris ! ».

 

Effet de Conversion : La loi de l'Amour consiste à renoncer à soi-même, à porter sa croix et à suivre Jésus. Pour mieux aimer mon conjoint, mes enfants, ceux qui m'entourent, suis-je prêt à faire passer en deuxième position mes aspirations secondaires, celles qui ne sont pas de l'ordre de l'essentiel ?

 

Mardi 6 décembre

Maladie

 

Zélie s'occupe consciencieusement de ses bonnes et de ses ouvrières, souvent jeunes et inexpérimentées. Une première épreuve va s'abattre sur la famille Martin. En 1876, la maladie frappe une première fois la famille Martin. C'est d'abord la sœur de Zélie, Marie-Dosithée, rongée par la tuberculose. Zélie en est très affectée. Elle se résout à consulter pour elle-même un médecin en décembre 1876, chose qu'elle avait mise de côté malgré des maux de têtes et des douleurs d'estomac récurrentes.

 

À l'école des Saints Louis et Zélie Martin

 

« (à un ami) Je sens le besoin de te féliciter ou plutôt de remercier avec toi le Seigneur, et cela de tout mon pauvre cœur, de la grande faveur qu'il a bien voulu t'accorder en décembre dernier, époque à jamais mémorable ! (son ami était revenu à la pratique religieuse) De cette faveur, on en connaîtra au juste le prix que plus tard... » (Louis).

 

Parole de Dieu : « Qui cherchera à épargner sa vie la perdra, et qui la perdra la sauvera » (Luc 17, 33).

 

Dans ma vie

 

L'avent et le Carême sont les temps liturgiques qui invitent à la conversion, comme deux grandes retraites annuelles. Ce sont de véritables exercices spirituels. Louis et Zélie aimaient se retrouver auprès du Seigneur dans ces moments particuliers. Il est bon de rester avec son époux aux pieds du Maître, assis dans le silence. Rien n'est plus important que cela, c'est la meilleure part qui résume à elle toute seule la vie contemplative. La conversion, le retournement de tout l'être vers celui qui est à l'origine, est un bouleversement salutaire à désirer ardemment pour soi-même et pour les autres.

 

Effet de Conversion : Je prends la résolution de consacrer au Seigneur une demi-heure de cette journée par un temps de prière silencieuse et de méditation.

 

Mercredi 7 décembre

Renoncement

 

Zélie n'avait pas pris le temps de faire le point sur sa santé. Le diagnostic est sans appel : elle est affectée d'une « tumeur fibreuse » au sein très avancée. Toute opération est considérée alors comme inutile. Zélie reçoit la nouvelle avec courage, mais son mari, Louis, est « comme anéanti ». Isidore Guérin, le frère de Zélie, devenu pharmacien à Lisieux, lui fit rencontrer un grand chirurgien. Ce dernier pose le même diagnostic qu'antécédemment : il est trop tard pour envisager une opération.

 

À l'école des Saints Louis et Zélie Martin

 

« (à son frère) Tu sais que Louis est rigoureux observateur des Commandements de l’Église, il ne voudrait ni faire gras, ni ne pas jeûner pour un empire et je doute que ma tante soit aussi fidèle à son devoir. Quand M.D. est venu, ce Carême, tu ne pourrais croire combien nous avons été gênés. Louis jeûnait seul, puisque je m'en trouve dispensée pour le moment ; il nous regardait manger de bonnes choses pendant qu'il ne faisait que sa légère collation » (Zélie).

 

Parole de Dieu : « Qui aime sa vie la perd ; qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle ». (Jean 12, 25).

 

Dans ma vie

 

Certains démons ne se combattent que par le jeûne, pouvons-nous lire de la plume des plus grands auteurs spirituels de la tradition Catholique. En sommes-nous sûrs ? Nous devrions probablement l'être... si l'on croit les témoignages de ceux chez qui la pratique de l'ascèse corporelle, régulée avec discernement et dans l'obéissance à un bon directeur spirituel, porte des fruits magnifiques. L’Église demande le jeûne à ceux qui le peuvent certains jours de l'année, Mercredi des Cendres et Vendredi Saint. Elle n'interdit pas la pratique en Avent.

 

Effet de Conversion : Je choisis aujourd'hui de me priver de quelque chose pour m'unir à ceux qui manquent du nécessaire. Sans oublier de vivre cela avec le Christ qui s'offre à Son Père, dans l'Esprit Saint.

 

Jeudi 8 décembre

Retour au Père des Cieux

 

Le 24 février 1877, Marie-Dosithée s'éteint. Pour Zélie, c'est un coup très dur ; son mal empire. En juin de la même année, elle se rend à Lourdes malgré ses souffrances... mais il n'y a pas de miracle. Rentrée à Alençon, elle prépare sa tribu à son prochain départ. Elle reçoit l'extrême onction le 26 août en présence de Louis et de ses filles et meurt le 28 août 1877 après deux jours d'agonie. Ses funérailles sont célébrées dans l'actuelle Basilique Notre Dame d'Alençon. Le 29 août, elle est inhumée au cimetière d'Alençon. Sa famille est effondrée. La dernière de ses cinq filles, Thérèse, n'a pas cinq ans.

 

À l'école des Saints Louis et Zélie Martin

 

« (à son frère) La petite Léonie ne pousse pas bien ; elle ne paraît pas vouloir marcher. (…) Elle vient d'avoir la rougeole dont elle a été bien malade, avec des convulsions très fortes. Pauline est toujours la même. Elle est bien amusante et espiègle. (…) L'autre joue, je faisais le mois de Marie avec elle et je lui disais de prier le Bon Dieu pour toi ; elle a interrompu sa prière en pleurant, elle voulait voir son « tonton » ! ».

 

Parole de Dieu : « Tu sauvas mon âme de la mort pour que je marche à la face de Dieu dans la lumière des vivants ». (Psaume 56, 24).

 

Dans ma vie

 

La prière en famille n'est pas toujours aussi tranquille que l'office des Complies à l'Abbaye Saint Pierre de Solesmes. Les petits enfants ont parfois du mal à rester à genoux, tandis que les adolescents pourront être tentés de se passer de ce temps consacré à l'adoration, à l'examen de conscience et à l'action de grâce. Et pourtant, c'est comme cela que Dieu permet les choses. La perfection de la prière n'est pas d'abord dans l'attitude extérieure, même si celle-ci à son importance, mais dans la manière d'être présent à celui qui, venant des profondeurs de notre cœur où nous descendons si rarement, vient nous chercher dans une brise légère.

 

Effet de Conversion : Je réserve quelques instants à la contemplation de la création : en observant l'harmonie de l'oeuvre de Dieu, je nourris mon âme et la rends plus belle encore.

 

Vendredi 9 décembre

Installation à Lisieux

 

En novembre 1877, Louis et ses cinq filles choisissent de s'installer à Lisieux pour se rapprocher d'Isidore Guérin, frère de Zélie, qu'un conseil de famille a désigné subrogé tutelle des enfants. Les bonnes relations familiales entretenues notamment par Zélie, avec Isidore et son épouse, facilitent cette prise de décision. L'oncle et la tante sont persuadés que le transfert à Lisieux est une sage solution. Louis, d'abord réticent, est finalement gagné à cette idée. Ils trouvent à Lisieux une maison bourgeoise entourée d'un parc coquet : les Buissonnets.

 

À l'école des Saints Louis et Zélie Martin

 

« (à son frère) J'ai le portrait de mon père et le tien sur la cheminée ; ils sont parfaitement réussis et surtout très ressemblants. Pourtant Pauline ne te reconnaît pas. Elle dit : « Voilà Bon-Papa, et l'autre, c'est un curé ». (…) Si ça pouvait être la vérité ! Je donnerai de bon cœur ma part d'héritage pour que tu sois un bon curé. (…) Enfin, on a vu d'aussi grands miracles, mais pas de plus grands ». (Zélie).

 

Parole de Dieu : « Il délivre le pauvre qui appelle et le petit qui est sans aide ; compatissant au faible et au pauvre, il sauve l'âme des pauvres ». (Psaume 72, 12-13).

 

Dans ma vie

 

Les bonnes relations entretenues en famille, dans le respect des uns et des autres, mais sans repli sur soi, sont un signe de l'amour trinitaire. Dieu est famille. Dieu est amour. Le respect dû aux parents, aux anciens, est un principe majeur de l'Evangile. La présence des cousins, des enfants est un devoir pour tout Chrétien. « Regardez comme ils s'aiment ! ». L'évangélisation passe par le témoignage de l'amour échangé et vécu. Les bons repas en famille, c'est bien, la prière, la participation aux messes aux offices liturgiques, c'est encore mieux. L'Avent, c'est aussi fait pour ça !

 

Effet de Conversion : Je prends le temps de nommer les membres de ma famille proche, spécialement ceux qui m'ont blessé, et je mes confie à la maternité de Notre Dame.

 

Samedi 10 décembre

Continuer d'avancer sous le regard de Dieu

 

Louis a donc vendu le commerce familial d'Alençon et vit désormais de ses rentes. Il se consacre à ses filles et en particulier à Thérèse, qu'il appelle sa « reine » et elle son « roi ». Il m'emmène souvent en promenade aux alentours. L'aînée, Marie, âgée de dix-sept ans, prend en main le fonctionnement de la maison, avec l'aide d'une bonne engagée pour la circonstance. Pauline, du hait de ses seize ans, s'occupe de l'éducation des deux plus petites, spécialement de Thérèse. Quant à Louis, isolé de ses amis alençonnais, il vit intensément sa solitude, par la lection, la meditation, l'oratio (prière) et la contemplatio.

 

À l'école des Saints Louis et Zélie Martin

 

« (à un ami) Dernièrement, je t'ai parlé de mes cinq filles, mais j'ai oublié de te dire que j'ai encore quatre enfants qui sont avec leur sainte mère, là-haut où nous espérons aller les rejoindre un jour !... Alors je ne dirai plus : « Oh ! Qui me rendra mon Hélène ? » Avec Hélène, sont encore deux petits Joseph et une autre jolie petite Thérèse » (Louis).

 

Parole de Dieu : « Enfants, écoutez-Moi, Je suis votre père, faites ce que Je vous dis, afin d’être sauvés » (Ben Sirac 3,1).

 

Dans ma vie

 

« Qui me rendra mon Hélène ? » Louis a pu connaître cette tristesse de l'absence d'un être très cher et aimé. Dans le silence de sa prière, dans le secret de son âme bouleversée, il sait. Il sait qu'en se rapprochant de Dieu, il se rapproche de ceux qui sont avec Lui. Mystère de communion ! C'est à la Messe en particulier que les âmes chrétiennes, celles qui militent encore sur la terre et celles qui triomphent pour toujours dans le Ciel, se retrouvent vraiment dans l'amour. « Qui me rendra mon Hélène ? » Elle est là, maintenant, avec nous, en Dieu.

 

Effet de Conversion : Est-ce que je suis attentif aux mères enceintes de mon entourage ? Je choisis aujourd'hui, si j'en ai la possibilité, de poser un acte de Charité en direction d'une maman qui attend du bébé.

 

Les textes de cette Retraites ont été publiés en 2015 par Les Carmes de Paris (pour les méditations des Dimanches) et sont extraites du Hors Série de Parole et Prière, "Mon Avent avec Saints Louis et Zélie Martin", publié également en 2015 (pour les textes des semaines).

 

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Téléchargez les méditations de cette semaine (pdf) en cliquant ici

 

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26 novembre 2016

L'Avent avec Saints Louis et Zélie Martin

L'Avent avec Saints Louis et Zélie Martin

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Accueillir la nouveauté de Dieu avec saints Louis et Zélie Martin

 

Saints Louis et Zélie Martin

 

Ils sont les premiers ! Louis et Zélie Martin, canonisés le 18 octobre dernier, sont le premier couple de l’histoire à être canonisés ensemble, en tant que mari et femme… Mais qui sont-ils vraiment ? Sont-ils uniquement les parents de la petite Thérèse, parents dont la vie aurait semblée inintéressante s’il n’y avait pas eu leur illustre fille ? Sont-ils au contraire des saints inimitables ? En quoi leur vie de foi peut-elle nous être encore significative aujourd’hui ? Enfin, quel lien établir entre ce couple et la grâce de Noël à venir ?

Les différents thèmes abordés au cours des quatre dimanches de l’Avent répondront à ces diverses interrogations. Nous découvrirons en effet le déroulé de leur vie progressivement au cours de la retraite. Cependant, nous pouvons d’ores et déjà répondre à la dernière question : Louis et Zélie, comme Marie et Joseph, ont accueilli le don de Celui qui est la Vie, ils ont accueilli la présence sanctifiante de l’Amour. Leur vie commune, que nous suivrons de manière chronologique au cours de la retraite en ligne, nous donnera de voir combien la grâce de Noël – c’est-à-dire la grâce de l’Amour venant prendre chair parmi nous – s’actualise dans une vie ou dans un foyer partageant la foi quotidienne de l’humble famille de Nazareth.

 

La sainteté dans la vie de famille

 

Mais ne nous faisons pas d’illusions ! Si Louis Martin pouvait écrire à ses filles « que […] notre famille, quoique très humble, a l’honneur d’être au nombre des privilégiées de notre adorable Créateur » (Correspondance Familiale CF 231), cet honneur n’est pas destiné à être l’apanage de foyers familiaux ‘‘élitistes’’. À l’image de la vie de la petite Thérèse, Louis et Zélie ont mené une vie simple, exempte d’événements ou de grâces extraordinaires. Mieux, ils ont traversé des périodes de difficultés d’ordre familial (l’éducation difficile d’une enfant, la mort de plusieurs nourrissons, les finances parfois incertaines du foyer…) ou d’ordre moral (face à la tentation de désespoir notamment…). Même si Louis et Zélie ont vécu au XIXème siècle, leurs difficultés et leurs luttes nous donnent à voir un couple très actuel, proche de nos préoccupations, de nos joies, de nos propres combats.

La sainteté est accessible et elle n’est pas triste : voilà ce que la vie de Louis et Zélie nous enseigne, entre autres. N’ayons donc pas peur d’aspirer comme eux à la sainteté, n’ayons pas peur d’expérimenter à notre tour la beauté de la sainteté chrétienne. Louis et Zélie ne sont pas nés saints, ils le sont devenus… Avaient-ils des prédispositions prometteuses à ce sujet ? Il ne semble pas. Ils ont vécu la foi chrétienne en la prenant ‘‘simplement au sérieux’’, en mettant en pratique les commandements du Christ et en suivant les recommandations de l’Eglise. Cela a changé leur vie. Pas de mortifications démesurées, pas de prosélytisme exacerbé, pas de rigorisme mortifère : Louis et Zélie ont vécu la sainteté dans la situation propre qui était la leur. Que leur exemple et la grâce de la venue de Jésus permettent à l’Esprit de venir embraser le quotidien de nos vies d’aujourd’hui !

 

Notre retraite d’Avent avec les Martin

 

Avec Louis et Zélie, nous apprendrons à accueillir la nouveauté de Dieu qui se dévoile au grand jour de Noël. Nous suivrons quatre étapes, comme les quatre semaines de l’Avent, avec en plus un court message pour le jour de Noël :

 

  1. Attendre l’heure de Dieu

  2. Trouver sa place

  3. Accueillir la vie

  4. Sortir de chez soi

 

Chaque samedi, un message électronique. Vous sera envoyé : vous pourrez aussi y télécharger le texte (en format pdf) qui comprend une méditation pour le dimanche et pour la semaine suivante et un calendrier de l’Avent pour nourrir chaque journée, du lundi au samedi.

 

Bonne retraite à chacun, en union de prière !

 

Fr. Cyril Robert, ocd (Paris)

 

Les sources de cette Retraite

 

J'ai compilé et réactualisé à cette année deux Retraites de l'Avent qui ont été proposée en 2015 en une seule : La 1e retraite a été proposée par les Carmes de Paris dont j'ai gardé les méditations pour le dimanche, et la seconde par le hors série du magazine « Paroles et Prière » Mon Avent avec Saints Louis et Zélie Martin », dont j'ai volontairement placé les textes pour chaque jour de la semaine. F.Monvoisin, rédacteur du blog Images Saintes

 

 

La nouveauté de Dieu

Evangile de Jésus-Christ selon st Luc 2, 10-14

 

L’ange du Seigneur se présenta devant les bergers, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. Ils furent saisis d’une grande crainte. Alors l’ange leur dit : « Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. » Et soudain, il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. »

Noël ! Le Verbe prend chair, Jésus naît. Marie et Joseph donnent au monde le Sauveur, les anges chantent « Gloire à Dieu au plus haut des Cieux, et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté ! » [Lc 2,14]. Les bergers accourent, les mages ne tarderont pas. C’est un instant de paix, un instant de bonheur mais aussi un instant d’épreuve : n’oublions pas que la venue au monde de Jésus advient dans l’inconfort d’une étable, suite au manque d’hospitalité des habitants de Bethléem. Qu’importe, Marie et Joseph ont donné le meilleur d’eux-mêmes et ce meilleur d’eux-mêmes a été… le Fils de Dieu lui-même !

Louis et Zélie ont également cherché à donner le meilleur d’eux-mêmes, là où ils étaient, appuyés sur une foi profonde parfois mise à rude épreuve, mais une foi solidement enracinée en Christ. Ce meilleur d’eux-mêmes s’est traduit là aussi par la venue au monde, par le don au monde, d’une enfant, ou plus exactement du dernier enfant de la famille, venant couronner l’éclat de la sainteté de Louis et Zélie. Deux semaines après cette heureuse naissance de 1873, Zélie témoigne dans une lettre de sa joie après la peine :

« Je suis tout-à-fait rétablie maintenant, la petite va bien aussi, elle promet d’être très forte […] La petite n’est pas du tout difficile pendant le jour, mais la nuit elle nous fait souvent payer cher sa bonne journée. Hier soir, je l’ai tenue jusqu’à onze heures et demie, je n’en pouvais plus de lassitude ; après, heureusement, elle n’a fait que dormir. Cette enfant s’appelle Thérèse ; tout le monde me dit qu’elle sera belle, elle rit déjà. Je m’en suis aperçue pour la première fois mardi. J’ai cru que je me trompais, mais hier le doute n’était plus possible ; elle m’a regardée bien attentivement, puis elle m’a fait un sourire délicieux. Pendant que je la portais, j’ai remarqué une chose qui n’est jamais arrivée avec mes autres enfants : lorsque je chantais, elle chantait avec moi… Je vous le confie à vous, personne ne pourrait y croire. » (CF 85).

Eh bien, osons croire, comme Louis et Zélie donnant au monde Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, en la bonté de Dieu donnant le meilleur en nous ! L’Homme est fait pour donner et se donner lui-même, car il est – au fond de lui-même – Amour, créé à l’image de ce Dieu qui n’est qu’Amour (1 Jn 4,16). Que Louis et Zélie intercèdent ainsi pour nous, qu’ils nous apprennent à faire confiance en Notre-Père, à suivre Jésus-Christ, à être mus par l’Esprit : acceptons nous aussi d’être aimés et d’aimer à notre tour ! Joyeux Noël !

 

Fr. Cyril Robert, ocd (Paris)

 

Première semaine de l'Avent

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Attendre l’heure de Dieu

 

Premier Dimanche de l'Avent

Dimanche 27 novembre 2016

 

Evangile de Jésus-Christ selon St Luc 21,25-36

 

En ce temps-là, Jésus parlait à ses disciples de sa venue : « Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles. Sur terre, les nations seront affolées et désemparées par le fracas de la mer et des flots. Les hommes mourront de peur dans l’attente de ce qui doit arriver au monde, car les puissances des cieux seront ébranlées. Alors, on verra le Fils de l’homme venir dans une nuée, avec puissance et grande gloire. Quand ces événements commenceront, redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche. Tenez-vous sur vos gardes, de crainte que votre cœur ne s’alourdisse dans les beuveries, l’ivresse et les soucis de la vie, et que ce jour-là ne tombe sur vous à l’improviste comme un filet ; il s’abattra, en effet, sur tous les habitants de la terre entière. Restez éveillés et priez en tout temps : ainsi vous aurez la force d’échapper à tout ce qui doit arriver, et de vous tenir debout devant le Fils de l’homme. »

 

La méditation de la semaine

 

« Je suis sûre que tu réussiras si tu le veux » (1ère lettre de Zélie, à son frère, le 1er janvier 1863) Que peut-il y avoir de commun entre l’attente de la venue au monde d’un enfant – ou plus exactement de la venue au monde de l’Enfant sur qui reposent la promesse de Vie et le salut du monde – et les événements catastrophiques évoqués par Jésus dans l’Evangile de ce premier dimanche de l’Avent ? Le Christ, s’adressant à ses disciples, met le doigt sur une venue provoquant « l’angoisse », « la frayeur », l’ébranlement même des fondations du monde. Or, il s’agit de la manifestation glorieuse du Dieu-fait-homme, c’est-à-dire de Celui qui vient à la rencontre de l’humanité pour la mener paître en cette Terre promise à Israël depuis des siècles, en ce Paradis ouvert même à un bandit (le bon larron), en cette Vie de délices où il n’y aura plus ni maladie ni mort ni pleurs ni gémissements !...

 

« Comprenez »…

 

« Comprenez », demande Jésus à ses disciples, oui « comprenez » que l’important n’est pas tant de savoir exactement de quoi l’avenir sera fait, mais de veiller, de prier, de puiser dans la foi la force de tenir debout face à des événements pouvant se révéler dramatiques, imprévus, et bouleversant nos vies. Ainsi, si des hommes de foi en Israël avaient correctement interprété l’Ecriture au point de savoir que le Christ à venir naîtrait à Bethléem, en terre de Juda, personne en revanche n’avait envisagé que le prophète annoncé serait Dieu lui-même venant prendre chair, naissant comme un homme parmi d’autres, en un lieu aussi pauvre qu’une mangeoire… Le roi Hérode ne l’avait pas anticipé, les grands prêtres et les scribes ne l’avaient pas compris, les habitants de Bethléem recevant Joseph et Marie non plus, et le peuple d’Israël lui-même pensait fermement que « le Christ, à sa venue, personne ne saura d’où il est » [Jn 7,27]. Pourtant, Dieu est droit ; il n’est « pas de ruse en Dieu, mon rocher », proclame le Psalmiste [Ps 92 ,16]. Cette incompréhension des hommes et la « menace [évoquée par le Christ] sur le monde habité » [Lc 21,26] viennent du fait que l’homme a perdu sa simplicité d’enfant, son cœur est bien souvent malade et compliqué. La réaction cruelle d’Hérode faisant mettre à mort des enfants innocents, suite à l’annonce de la naissance du Prince de la Paix, dévoile bien un cœur malade et fermé sur lui-même. Le Très-Haut, lui, n’est ni fourbe ni cruel, et son projet pour chacun de nous est simplement un projet de Vie. Si nous soupirons tous après cette Vie - pour laquelle nous avons été façonnés dès l’origine - avons-nous assez de disponibilité de cœur et d’esprit pour la discerner et savoir l’accueillir ? Avons-nous vraiment la foi en ce Dieu qui met en nous ces aspirations immenses au bonheur, à l’épanouissement de nos talents, à la vie de famille ou à la vie consacrée… - et souhaite plus que nous leur accomplissement ?

L’Evangile de ce premier dimanche de l’Avent attire notre attention sur le fait que dans notre quête de bonheur, Jésus ne nous demande pas de ne pas nous tromper mais il nous demande plus fondamentalement de veiller : « veillez donc et priez en tout temps » [Lc 21,36]. La recommandation du Christ appelle une attitude de foi, une attitude de disponibilité à la Vie du Royaume, une attitude remettant éventuellement en cause nos priorités ou nos certitudes. « Cherchez et vous trouverez […] car qui cherche trouve » [Lc 11,9-10], affirme vigoureusement Jésus. Celui qui cherche sait bien qu’il se trompe facilement ou régulièrement (puisqu’il cherche !), avant de trouver ce qu’il cherchait. C’est pourquoi l’appel de l’Evangile de ce jour ne prend pas la forme d’un appel à ne pas se tromper, mais il invite à rester éveillés. Nous avons droit à l’erreur, nous avons droit à la remise en cause de nos certitudes, nous avons droit à l’échec… Dieu nous invite au sein de ces situations, il nous invite surtout au sein de ces situations, à rester dans une attitude de foi vigilante. Nous ne sommes pas le centre de nos vies, nous sommes liés à Celui qui nous a créés et rachetés, nous sommes liés à Celui dont le projet de Vie pour nous demeure ferme jusqu’au bout, y compris dans les méandres de nos vies. « Je suis venu pour que les hommes aient la vie, et qu’ils l’aient en surabondance » [Jn 10,10], rappelle Jésus. Jusqu’où oserons-nous le croire ?

 

Une ouverture de cœur au sein des méandres de nos vies

 

La vie de Zélie Guérin et de Louis Martin nous invite à rester fermes dans cette audace de la foi. Ils ont quotidiennement travaillé, par la prière et par la foi, à obtenir ou à maintenir une véritable ouverture de cœur et d’esprit face aux méandres de leurs vies respectives.

Zélie, née Azélie-Marie Guérin, naît le 23 décembre 1831 dans l’Orne, près d’Alençon, où ses parents déménagent quelques années plus tard. Elle est le deuxième enfant de ses parents Isidore et Louise-Jeanne. L’aînée est sa sœur Elise, le cadet est un garçon. Il s’appelle Isidore, comme son père. Elle reçoit une éducation chrétienne, est entourée de parents attentifs. Malheureusement, ceux-ci sont très austères. En fait, Zélie est privée d’affection, tant par son père que par sa mère, pendant toute sa jeunesse. « Mon enfance, ma jeunesse ont été tristes comme un linceul, écrit Zélie à son frère, car si ma mère te gâtait, pour moi, tu le sais, elle était trop sévère ; elle, pourtant si bonne, ne savait pas me prendre, aussi j’ai beaucoup souffert du cœur » (Correspondance Familiale CF 15). Zélie n’aura jamais ne serait-ce qu’une poupée pour jouer … Mais plutôt que de sombrer dans une certaine déprime, Zélie cherche à maintenir ses aspirations légitimes à la tendresse et à l’affection. Sa soif d’être aimée se reporte sur le Seigneur, sa soif d’aimer à son tour s’oriente vers les plus démunis. Zélie sent monter en elle le désir impétueux de se vouer à Dieu et aux pauvres. Son idéal de mener une vie valant la peine d’être vécue n’est pas entamé par sa « souffrance du cœur »… Zélie cherche quelle peut être la volonté de Dieu pour elle, mais elle ne la comprend pas encore vraiment…

Louis Martin, de son côté, naît quelques années avant Zélie, le 22 août 1823, à Bordeaux. Sept années plus tard, sa famille s’installe à Alençon. Le jeune Louis passe une jeunesse apparemment sans heurts, il apprécie la belle littérature et les ouvrages sur la vie des saints. On pourrait alors penser que Zélie et Louis – vivant tous deux dans la même petite ville – auront tôt fait de se rencontrer, de s’aimer, de se donner l’un à l’autre en fondant une famille. Il n’en est rien ! Louis lui aussi se trompe encore sur l’orientation à donner à sa vie. Après un apprentissage professionnel du métier d’horloger, il s’oriente vers le monastère du Grand-Saint-Bernard, hospice monastique juché à 2 472 mètres d’altitude, à une trentaine de kilomètres du Mont-Blanc, en Suisse. Louis portera toujours en lui un goût prononcé pour la solitude, la contemplation, l’aventure aussi. Mais après un essai au monastère, à l’âge de 22 ans, Louis se voit contraint de revenir à Alençon, pour y apprendre… le latin ! En effet, c’est une condition nécessaire pour devenir chanoine au Grand-Saint-Bernard. C’est une grosse épreuve pour le jeune homme. Pendant un an et demi, il se lance dans l’étude du latin avec opiniâtreté, mais c’est l’échec : il n’y arrive pas, ces études le fatiguent, la déception est terrible. Louis tombe malade…

À Alençon, Zélie se tourne à son tour vers la vie religieuse. Elle a l’ardent désir de devenir Fille de la Charité à l’Hôtel-Dieu d’Alençon, afin de pouvoir se consacrer à Dieu et aux malades hospitalisés. Vers 18 ou 19 ans, elle se rend sur place, accompagnée de sa mère. L’entrevue avec la supérieure tourne court, celle-ci annonce à Zélie qu’elle n’a pas la vocation. Pour Zélie comme pour Louis, c’est l’échec. Le coup est d’autant plus rude que cet idéal de vie religieuse serait venu combler le vide affectif dont Zélie avait souffert depuis sa plus tendre enfance. Les vies de Louis et de Zélie prennent l’allure de deux trajectoires élancées vers le Ciel et subitement brisées. Louis a jeté toutes ses forces dans la bataille, mais c’est la déroute. Zélie s’est réfugiée toute entière dans une vie qu’elle projetait meilleure et pour elle, mais là encore c’est la désillusion…

 

La force puisée dans la foi et la prière

 

Revenons à l’Evangile pour évaluer la situation de Louis et de Zélie : « comprenez » [verset 30], nous dit Jésus aujourd’hui, oui « comprenez » [verset 31] que l’important n’est pas tant de savoir exactement de quoi l’avenir sera fait, que de veiller, de prier, de recevoir dans la foi la grâce de tenir debout face à une épreuve comme celle endurée par Louis et Zélie. L’un comme l’autre puisent en la foi et en la prière la force de ne pas se laisser aller à une certaine déprime. La prière faite par Zélie juste après avoir été éconduite de son projet de vie religieuse l’exprime bien : « mon Dieu, puisque je ne suis pas digne d’être votre épouse […], j’entrerai dans l’état de mariage pour accomplir votre volonté sainte. Alors, je vous en prie, donnez-moi beaucoup d’enfants, et qu’ils vous soient tous consacrés »… Déçue, Zélie se bat pourtant pour continuer à croire en un vrai projet de Vie de Dieu pour elle, malgré une forte tentation de croire que ce projet de Vie n’est, finalement, qu’un ‘plan B’ venant prendre la place d’un ‘plan A’ ayant échoué. Son cœur et son esprit restent ouverts.

Louis, lui, se lance sans plus tarder dans son activité professionnelle. Il tient un commerce d’horlogerie dans la ville. Il ne pense apparemment pas à se marier. Une paroissienne ne tarde pas à lui offrir une statue de la Vierge de l’Annonciation (il s’agit de la future Vierge du Sourire !), Louis se montrant très porté à la prière tout en se révélant très actif dans les milieux caritatifs. Lui aussi, malgré la douleur de n’avoir pas pu réaliser son rêve, maintient une ouverture de cœur et d’esprit envers son Seigneur. Louis, comme Zélie, pourrait faire sienne cette prière du jeune Samuel : « parle [dans ma vie] Seigneur, car ton serviteur écoute » [1 S 3,10]. Cette situation durera plusieurs années. Le Seigneur agira et parlera au cœur de l’un et de l’autre, car ils finiront par accomplir leur projet de Vie ; le 2ème dimanche de l’Avent nous permettra de le découvrir. Ce projet de Vie aboutira si bien que Zélie, forte de cette expérience, pourra écrire à son frère : « je suis sûre que tu réussiras si tu le veux » (CF 1) ; tu réussiras… mais sous le regard du Seigneur, et peut-être pas de la façon initialement envisagée !

 

3 pistes pour s’approprier l’Evangile et suivre l’exemple de Louis et Zélie :

 

Ce 1er dimanche de l’Avent nous permet de constater combien Louis et Zélie ont cherché à comprendre, à l’invitation de Jésus, quel était ce projet de Vie pour chacun d’eux. Avons-nous ou travaillons-nous à avoir, nous aussi, cette disponibilité de cœur et d’esprit pour correspondre au projet de Dieu dans nos vies ? Nous sommes si souvent happés par des agendas bien chargés ou une vie bien (trop) réglée…

Louis et Zélie n’avaient pas envisagé le mariage, au point que leurs déconvenues semblaient prendre la forme d’un échec définitif dans leur vie. Comment envisageons-nous à notre tour nos propres échecs : à vue humaine, ou comme une façon de rebondir malgré une inévitable douleur ? Nous reconnaissons-nous un droit à l’erreur, sous le regard du Seigneur ? Ayons l’audace de nous pardonner à nous-mêmes nos propres erreurs. Ne laissons pas les déconvenues prendre les rênes de nos vies…

Enfin, la foi chrétienne et la prière tiennent une grande place dans la vie de Louis et de Zélie. Elles ont été leur soutien là où elles auraient pu être rejetées (‘si Dieu existe, pourquoi tant de déconvenues s’acharnent-elles contre moi ?’). Elles ont contribué à poser des fondations solides dans leur vie. Notre foi s’éclipse-t-elle, ou se révèle-t-elle au contraire un appui, quand une difficulté vient à se présenter ?

Fr. Cyril Robert, O.C.D. (Paris)

 

Prier chaque jour de la semaine

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Lundi 28 novembre

Attiré par Dieu

 

Fils de Pierre-François Martin (1777-1865) et de Fanie Boureau (1730-1883), Louis Martin naît le 22 août 1823 à Bordeaux. Dernier d'une famille de cinq enfants, il est élevé au hasard des garnisons militaires de son père, militaire de carrière. Après ses études, Louis entreprend le métier d'horloger. Âgé de 22 ans, il se sent attiré par la vie consacrée, il demande à entrer au Grand-Saint-Bernard, couvent de Chanoines Réguliers dans les Alpes Suisses. Sa candidature est ajournée car il ne connaît pas assez le latin. Il séjourne ensuite trois années à Paris, puis rejoint Alençon chez ses parents qui occupent un magasin d'horlogerie-bijouterie, rue du Pont Neuf.

 

À l'école des Saints Louis et Zélie Martin

 

« Mon très cher frère, (…) je désire de tout mon cœur que tu réussisses dans tes entreprises et je suis sûre que tu réussiras si tu le veux ; cela ne dépend que de toi, le Bon Dieu protège tous ceux qui ont confiance en Lui, il n'y en a jamais un seul de délaissé ». (Zélie).

 

Parole de Dieu : « Repentez-vous, car le Royaume de Dieu est proche » (Saint Matthieu 4, 17).

 

Dans ma vie

 

Le conseil de Zélie à son frère Isidore est précieux : il lui garantit le succès de son activité professionnelle. C'est en soi véritablement extraordinaire... Pour celui qui rêve de s'épanouir dans son travail, il n'y a pas mieux ! Et Dieu sait si, dans notre monde hyper actif de ce début du XXIe siècle, les candidats au succès sont nombreux. Zélie ajoute simplement une condition, « qui ne dépend que de toi », dit-elle : faire confiance à Dieu qui vient pour nous sauver et mettre en ordre nos affaires si mal en point sans lui. Mais attention, il sait mieux que nous ce qui est bon pour nous !

 

Effet de Conversion : Dans les difficultés professionnelles, je garderai le cœur tendu vers les réalités d'en-haut, à l'image de Louis et Zélie, qui eurent l'audace de tenir bon dans le quotidien parfois hasardeux de leurs entreprises parce qu'ils savaient que le Ciel est le véritable et seul horizon de l'existence.

 

Mardi 29 novembre

Jeunesse

 

Azélie-Martin Guérin, appelée Zélie, naît le 23 décembre 1831 à Gandelain, village proche de Saint Denis sur Sarthon. Son père, Isidore Guérin (1777-1865, ancien de la grande armée qui s'est battu à Wagram, soldat de Masséna et Soult pendant l'invasion espagnole, est affecté à la gendarmerie de Saint Denis sur Sablon. Sa mère, Louise-Jeanne Macé (1805-1859) est une rude paysanne. Zélie n'est pas seule : elle a une sœur aînée, Marie-Louise (1829-1877), et un frère, Isidore (1841-1909) qui naîtra dix ans plus tard. En septembre 1844, ses parents s'installent à Alençon. Zélie et Marie-Louise reçoivent alors une formation soignée au pensionnat des religieuses des Sacrés Cœurs de Picpus.

 

À l'école des Saints Louis et Zélie Martin

 

« (A son frère) (…) Dans une grande inquiétude à ton sujet. Mon mari me fait, tous les jours, de tristes prophéties. Il connaît Paris, et il me dit que tu seras en butte à des tentations auxquelles tu ne résisteras pas, parce que tu n'as pas assez de piété. Il me raconte ce qu'il a éprouvé lui-même, et ce qu'il lui a fallu de courage pour sortir victorieux de tous ces combats (…). Prie, et tu ne te laisseras pas entraîner par le torrent ».

 

Parole de Dieu : « Comme l’éclair part de l’orient et brille jusqu’à l’occident, ainsi sera la venue du Fils de l’homme ». (Saint Matthieu 24, 27).

 

Dans ma vie

 

Combien de jeunes sont-ils laissés à eux-même durant leurs études ? Loin de leurs parents et de leur base. Ils sont comme un arbre transplanté des rives verdoyantes d'un gave vers un désert aux nombreux mirages. Ils ont l'impression de contrôler la situation mais, faute de racines bien profondes, ils se dessèchent et confondent l'air du ciel avec les fumées de Satan. Que de paradis artificiels aujourd'hui : la drogue, le sexe, l'alcool, les mondanités, la séduction... Pour que le feuillage des âmes reste toujours vert, il suffit de s'accrocher aux Sacrements, à la parole de Dieu, au service des pauvres, à un directeur spirituel, à la prière silencieuse... et aux bons amis qui nous aident à avancer.

 

Effet de Conversion : Je désire de tout mon cœur offrir aujourd'hui une contradiction, à laquelle je serai en butte, à l'intention d'un jeune, que je connais ou pas, en grave difficultés dans la construction de sa personnalité.

 

Mercredi 30 novembre

Fervent Catholique

 

Alençonnais, Louis mène pendant huit ans une vie paisible, faite surtout de travail et de prière. Ses distractions consistent en de longues parties de pêche, quelques chasses et des soirées sérieuses avec ses amis du Cercle Catholique « Vital Romet ». D'une grande foi vive et fervente, il va à la messe non seulement le dimanche mais aussi en semaine. Il pratique l'adoration du Saint Sacrement et les pèlerinages. Sédentaire, il achète à Alençon ce que l'on appelle « le Pavillon », qui est constitué d'une petite tour entourée d'un terrain propice au jardinage et à la méditation. Va-t-il se marier un jour ? Il a 34 ans, et sa mère s'inquiète pour son avenir.

 

À l'école des Saints Louis et Zélie Martin

 

« (à son frère) Tu habites tout près de Notre Dame des Victoires (sanctuaire parisien fondé par Louis XIII) eh bien ! Entres-y seulement une fois par jour pour dire un Ave Maria à la Sainte Vierge. Tu verras qu'elle te protégera d'une manière toute spéciale, et qu'elle te fera réussir en ce monde, pour te donner ensuite une éternité de bonheur... J'ai reçu d'elle des faveurs que moi seule connais » (Zélie).

 

Parole de Dieu : « Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l'heure » (St Matthieu 25, 13).

 

Dans ma vie

 

Le cloître, refuge pour l'homme qui veut chercher Dieu. Nous aussi devrions tous avoir une arcade de cloître dans notre cœur : romane ou gothique, peu importe. Plongés dans le monde, notre bouée est cette chambre secrète, réclusion intérieure, où nous pouvons rencontrer Dieu dans le secret, seul avec le Seul, mais pourtant jamais moins seuls... que lorsque nous sommes seuls. Même marié, Louis va régulièrement « faire retraite » dans cette pauvre cellule qu'il appelle « le Pavillon ». Là, dans le silence, il se renouvelle au contact de la divine présence.

 

Effet de Conversion : A un moment où tout me poussera à détourner la tête d'un pauvre, quel qu'il soit, je veillerai à lui tendre une main secourable, à lui donner à manger, sans oublier de lui dire que Dieu l'aime et se sert des « bons samaritains » qu'il rencontre pour le lui faire savoir.

 

Jeudi 1er décembre

« Je veux devenir un saint »

 

Travailleuse et intelligente, Zélie conservera de son éducation une fragilité pouvant la conduire au scrupule. Les relations familiales ne sont pas très faciles, avec sa mère notamment, et ses souvenirs d'enfance sont empreints de grisailles : « Mon enfance, ma jeunesse ont été tristes comme un linceul ». Elle ressent assez jeune l'appel à la sainteté et songe alors à devenir religieuse et à entrer à l'hôtel-Dieu d'Alençon, mais la supérieure n'est pas de cet avis. Elle devient alors dentellière. En 1853, âgée seulement de 22 ans, elle ouvre une boutique avec sa sœur Marie-Louise qui la quitte peu de temps après pour entrer chez les Visitandines du Mans sous ne nom de sœur Marie-Dosithée.

 

À l'école des Saints Louis et Zélie Martin

 

« (à son frère) Tu sais bien que la vie n'est pas longue. Toi et moi, nous serons bientôt au terme, et nous nous saurons bon gré d'avoir vécu de manière à ne pas rendre notre dernière heure trop amère. Maintenant, si tu as le cœur mauvais, tu vas te moquer de moi ; si tu ne l'as pas, tu vas dire que j'ai raison ». (Zélie).

 

Parole de Dieu: « Je te bénis Père, Seigneur du ciel et de la terre, d'avoir caché cela aux sages et intelligents et de l'avoir révélé aux tout-petits ».

 

Dans ma vie

 

Vivre pour Dieu. Qu'à notre dernier instant nous ayons la force de tout remettre entre ses mains. Ce dernier instant ? Il peut arriver du jours au lendemain, d'une seconde à l'autre. Si un rien nous sépare de l'autre monde, une feuille de papier ou un rideau de soie, rien ne peut nous séparer de l'amour de Dieu qui frappe à la porte de notre cœur en permanence, sur un mode discret ou de manière plus vive. L'Esprit Saint ne cherche-t-il pas à faire naître en nous le Christ ? Avec Notre Dame prononçons alors un « fiat » décisif, que nous pourrons renouveler régulièrement.

 

Effet de Conversion : Je choisis de ne pas avoir peur de la mort, car je sais que Dieu est le maître de la vie et qu'il m'aide à me convertir à condition que je me livre tout entier à Sa Miséricorde.

 

Vendredi 2 décembre

La Volonté de Dieu

 

En 1858, âgé de 35 ans, sur le pont de Sarte de sa ville, louis rencontre Zélie de huit ans sa cadette. Convaincus que le doigt de Dieu est derrière cette entrevue providentielle, ils se marient le 12 juillet 1858 à minuit, à l'église Notre Dame d'Alençon. En premier lieu, ils décident de vivre comme frères et sœurs dans continence perpétuelle. Leur confesseur n'est pas de cet avis... Les naissances vont se succéder entre 1859 et 1873. Zélie donne naissance à neuf enfants, sept filles et deux garçons. Hélas, la mortalité infantile est encore très élevée à l'époque, et les Martin perdent quatre enfants en bas âge.

 

À l'école des Saints Louis et Zélie Martin

 

« (à sa fille Marie) Toi, ma Marie, ma grande, ma première, tu sais combien je t'aime ; eh bien continue à te dévouer de plus en plus pour tes sœurs, tâche qu'en te voyant, elles aient sous les yeux un bon modèle à imiter. Dis à Léonie que, si elle continue à être tout à fait bonne fille, je lui donnerai certainement quelque chose qui lui fera plaisir pour le premier jour de l'an ». (Zélie).

 

Parole de Dieu: « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre avec toi Marie, ton épouse, car ce qui a été engendré en est de l’Esprit Saint » (Matthieu 1, 20).

 

Dans ma vie

 

La rencontre entre deux êtres qui vont bâtir ensemble leur vie et s'appuyer l'un sur l'autre pour marcher, comme deux boiteux s'entraident sur le chemin qui grimpe, n'est jamais le fruit du hasard. Le mystère de l'attente caractérise le passage de Dieu. Si les premiers regards, les premières paroles font entrer dans l'avent de l'amour humain, la période antérieure est encore plus mystérieuse car Dieu réalise les connexions intime de l'âme qui, providentiellement seront opérationnelles quand il l'aura permis et voulu. À nous d'entrer dans ce chemin préparatoire, pour que toute rencontre avec nos frères soit comme une naissance de Dieu en nous.

 

Effet de Conversion : Dès que possible, je récite un Ave Maria pour un couple en grande difficulté, et, si opportun, je prendrai contact avec l'un des conjoints pour entendre de ses nouvelles sans m'immiscer dans leur conflit.

 

Samedi 3 décembre

Deuils et labeurs

 

Malgré ces deuils et une maladie du sein qui progresse lentement depuis 1863, Zélie consacre toute son énergie à son époux, sa famille et son entreprise. Cette dernière est prospère et Zélie emploie jusqu'à une vingtaine d'ouvrières. À force de labeur et d'épargne, il faut bien le dire, les époux Martin on acquis une jolie fortune. En 1870, Louis vend son horlogerie à un neveu pour aider sa femme à administrer sa production et son commerce, sans oublier la gestion de ses biens.

 

À l'école des Saints Louis et Zélie Martin

 

« (à son frère) J'ai pleuré de bonheur pour la première fois de ma vie. Tu sais, je suis un peu cause de ta réussite, car j'avais demandé des prières aux Clarisses d'Alençon, le mercredi et le jeudi à dix heures du matin, pensant que c'était l'heure de tes examens, ensuite j'ai communié pour toi ; il faut que tu me saches un peu gré de tout cela ». (Zélie).

 

Parole de Dieu:  « Père, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne ; donne-nous notre pain quotidien ». (Luc 11, 2-3).

 

Dans ma vie

 

L'argent serait-il davantage tabou chez les chrétiens qu'ailleurs ? Quel rapport entretenons-nous avec l'argent ? Avec un air « de ne pas y toucher ». faussement détaché, nous sommes souvent, en réalité, attirés de manière quasi magnétique par les écus sonnants et trébuchants... Ah ! Si j'avais de l'argent... Et pourtant bien souvent, le mépris du riche se mêle en nous à une authentique soif de pauvreté. L'exemple de Louis est limpide : c'est bien de gagner de l'argent, c'est mieux de partager, faut-il encore disposer de quelques billets honnêtement gagnés. Heureusement qu'il y a des personnes riches, c'est ainsi que les pauvres peuvent manger.

 

Effet de Conversion : Même si j'ai de faibles moyens, je prévois de faire un don à une œuvre ou à une personne qui en a grand besoin.

 

Les textes de cette Retraites ont été publiés en 2015 par Les Carmes de Paris (pour les méditations des Dimanches) et sont extraites du Hors Série de Parole et Prière, "Mon Avent avec Saints Louis et Zélie Martin", publié également en 2015 (pour les textes des semaines).

 

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21 novembre 2016

Mois des Âmes du Purgatoire

Mois des Âmes du Purgatoire

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 Les voix du Purgatoire

Petit mois des morts à l'usage des fidèles

 

Par un tertiaire de Saint François

 

« Ayez pitié de moi, ayez pitié de moi, vous au moins qui êtes mes amis »

 

Prière pour tous les défunts

A réciter chaque jour

 

Dieu tout-puissant, en présence des terribles rigueurs de votre justice, nous nous humilions. Oui, chaque coup que vous frappez est bien mérité ; nous avons tous péché contre vous, et les flammes du Purgatoire sont bien peu de chose pour compenser l'injure que nous vous avons faite. Mais, Seigneur, dans votre divin Cœur, il y a un océan de miséricorde. Nous nous jetons à vos genoux, et nous vous présentons les souffrances et la mort de notre Sauveur crucifié, votre Fils ; l'amour et les douleurs de Marie, sa mère et la nôtre ; la sainteté, les pénitences de tous les saints du ciel, et, en particulier, de saint Joseph, de sainte Anne et de saint François d'Assise, ainsi que les prières, les sacrifices et les souffrances de toute l'Eglise militante ; nous vous conjurons d'avoir pitié des pauvres âmes du purgatoire ; délivrez-les toutes de leurs peines, du moins allégez leurs souffrances, et qu'au plus tôt elles s'élèvent au ciel pour chanter vos louanges et prier pour nous, pauvres pécheurs, sur la terre. Ainsi soit-il.

 

De Profundis

 

Du fond de l'abîme j'ai crié vers vous, Seigneur :

Seigneur, écoutez ma voix.

Que vos oreilles soient attentives à la voix de ma prière.

Si vous exigez, Seigneur, un compte sévère de nos iniquités,

qui pourra Seigneur, subsister devant vous ?

Vous aimez à pardonner ; aussi, à cause de votre loi,

j'ai attendu, Seigneur, votre secours.

Mon âme l'a attendu sur votre parole,

mon âme a espéré dans le Seigneur.

Depuis le matin jusqu'au soir,

qu'Israël espère dans le Seigneur.

Car dans le Seigneur est la miséricorde

et une abondante Rédemption.

Et il rachètera Israël de toutes ses iniquités,

 

V, Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel.

R. Et que la lumière éternelle luise sur eux.

 

V, Seigneur, exaucez ma prière.

R. Et que mes cris s'élèvent jusqu'à vous.

 

Prions

 

O Dieu, Créateur et Rédempteur de tous les fidèles, accordez aux âmes de vos serviteurs et de vos servantes la rémission de tous leur péchés ; afin par que nos très humbles supplications, elles obtiennent le pardon qu'elles ont toujours désiré. Vous qui vivez et régnez dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

Seigneur, nous vous en supplions : secourez vos serviteurs, que vous avez rachetés par votre précieux sang.

 

V. Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel.

R. Et que la lumière éternelle luise sur eux.

V. Qu'ils reposent en paix.

R. Ainsi soit-il.

 

5 Notre Père, je Vous salue Marie, gloire au Père.

 

Offrande à faire tous les jours

 

Je Vous offre, ô mon Dieu, tout ce que j'ai fait ou ferai et tout ce que j'ai obtenu ou obtiendrais, aujourd'hui de mérites devant Vous, pour le soulagement des âmes du purgatoire, particulièrement aux intentions de ce jour.

 

Acte héroïque

 

O Marie, Mère de miséricorde, je mets entre vos mains, en faveur des saintes âmes du Purgatoire, l'entier abandon de mes œuvres satisfactoires pendant ma vie et des suffrages qui me seront appliqués après ma mort, ne me réservant que la compassion du Cœur de Jésus et la vôtre. Ainsi soit-il.

 

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Vingt-deuxième jour

Prions pour ceux qui souffrent pour avoir violé le dimanche

 

Voix du Purgatoire — Dieu, dans sa bonté, nous avait donné six jours et n'en avait gardé qu'un pour Lui ; et ce qu'il nous demandait de faire ce jour-là était encore pour notre avantage : assister à la sainte Messe, prier, cesser de travailler, c'est-à-dire, quitter la terre pour le contempler au ciel, oublier nos peines pour partager ses joies. Ingrats, nous n'avons observé sa loi qu'à demi, avec répugnance et indifférence. Oh ! ne suivez pas l'exemple de notre folie et priez pour nous.

 

Prière

 

Vous le savez, ô mon Dieu, les violateurs du dimanche sont des insensés qui, trompés par l'esprit du mal, vous ont offensé plus par égoïsme que par malice. Ayez donc pitié d'eux, et puisqu'il n'ont pas su goûter les joies que l'on trouve à vous honorer sur la terre, vengez-vous en leur faisant célébrer vos grandeurs dans le ciel pendant toute l'éternité. Ainsi soit-il.

 

Dieu Tout-puissant, De Profundis, etc...

 

Vingt-troisième jour

Prions pour ceux qui souffrent pour avoir violé les lois de l'abstinence et du jeûne

 

Voix du Purgatoire — Bienheureux sont ceux qui font pénitence lorsqu'il est encore temps. Sur la terre une légère souffrance n'est rien, et quels grands supplices elle nous épargne au purgatoire... Oh ! S'il nous était donné de retourner sur la terre, nous voudrions y passer toute une longue vie dans la plus austère pénitence : mais il est trop tard !... Priez pour nous.

 

Prière

 

Nous reconnaissons, Seigneur, notre amour du bien-être et de la bonne chère. A l'exemple d'un si grand nombre de chrétiens peu fervents, loin d'aimer la pénitence, nous la fuyons. Mais nous voulons à l'avenir bien observer les lois du jeûne et de l'abstinence. Nous vous supplions d'avoir pitié des âmes qui sont dans le Purgatoire et qui, comme nous, ont été infidèles sur ce point. Écoutez nos voix, bien aimé Sauveur, et faites-leur miséricorde. Ainsi soit-il.

 

Dieu Tout-puissant, De Profundis, etc...

 

Vingt-quatrième jour

Prions pour ceux qui souffrent à cause de leurs scandales

 

Voix du Purgatoire — La miséricorde de Dieu à notre égard a déjà été bien grande. Il nous a pardonné malgré nos scandales. Vous que nous avons scandalisés, pardonnez-nous aussi. Vous avez encore les moyens de vous sauver et de nous délivrer ; oh ! Soyez touchés de nos gémissements. Ouvrez-nous la porte du ciel, et nous vous attirerons près de nous par nos prières.

 

Prière

 

O Dieu, qui désirez le salut de tous, faites en sorte que le scandale ne triomphe pas parmi nous. Augmentez, sur la terre, le zèle de vos amis et, au ciel, le nombre des élus, en pardonnant aux âmes du Purgatoire pour lesquels nous vous intercédons aujourd'hui, afin qu'à leur tour, elles prient pour nous. Ainsi soit il.

 

Dieu Tout-puissant, De Profundis, etc...

 

Vingt-cinquième jour

Prions pour ceux qui ont eu une grande dévotion à Jésus-Christ

 

Voix du Purgatoire — C'est à Jésus que nous devons notre salut. Il nous a racheté de nos fautes et nous prépare un bonheur sans fin. Nous l'avons aimé sur la terre ; notre amour est maintenant bien plus grand. Nous soupirons vers lui. Il est notre espérance, notre vie. Nos souffrances ne sont rien, ce qui est affreux c'est d'en être séparé. Quelques prières seulement, et nous nous envolons, comme la colombe, vers notre bien-aimé.

 

Prière

 

Doux Jésus, nous savons que votre Cœur n'oublie jamais ses amis. Souvenez-vous donc qu'en purgatoire il y a quantité d'âmes qui vous ont aimé sur la terre plus que les autres, elles vous ont prié et ont placé en vous toutes leurs espérances ; seront-elles trompées ? Non, hâtez-vous de les secourir et de leur ouvrir les portes de la céleste patrie. Ainsi soit-il.

 

Dieu Tout-puissant, De Profundis, etc...

 

Vingt-sixième jour

Prions pour ceux qui ont eu une grande dévotion à la sainte Vierge

 

Voix du Purgatoire — Oh ! Quel bonheur a été le nôtre d'avoir été enfants de Marie ! Dans ce lieu de tourments, c'est Elle qui vient nous consoler et nous encourager. Sa vue, ses paroles nous donnent un avant-goût des joies du ciel. Priez pour nous, et nous-mêmes nous prierons pour vous, afin que bientôt nous soyons tous réunies pour toujours aux pieds de notre bonne Mère.

 

Prière

 

O Marie, nous vous adressons nos humbles prières. Voyez ces bonnes âmes qui soupirent vers le ciel : ce sont vos fidèles sur la terre, elles ont été membres de vos confréries, elles ont porté vos livrées, elles ont fidèlement récité votre rosaire, elles vous ont constamment aimé et servie. Maintenant qu'elles soupirent vers vous, accablées de peines et de misères, réunissez-les autour de votre trône, comme autant de diamants attachés à votre couronne. Ainsi soit il.

 

Dieu Tout-puissant, De Profundis, etc...

 

Vingt-septième jour

Prions pour ceux qui ont eu une grande dévotion à saint Joseph et à sainte Anne

 

Voix dît Purgatoire — Malgré nos peines et nos souffrances, nous sommes remplies de consolations. Nous avons eu une grande confiance en saint Joseph sur la terre, nous avons prié constamment sainte Anne. De combien de grâces ne leur sommes-nous pas redevables. Qu'il nous tarde de les aller rejoindre dans le séjour de la gloire ! Elevez donc vos voix vers eux en notre faveur ; priez-les, ils ne resteront pas sourds à vos supplications, et nous obtiendrons la fin de nos tourments.

 

Prière

 

Ne retirez pas vos faveurs, ô grand saint Joseph et glorieuse sainte Anne, aux âmes qui vous ont été dévouées sur la terre, et qui maintenant souffrent dans le Purgatoire. Écoutez nos prières, nous vous supplions, visitez-les, encouragez-les, et introduisez-les sans délai auprès de vous dans le ciel. Ainsi soit-il.

 

Dieu Tout-puissant, De Profundis, etc...

 

Vingt-huitième jour

Prions pour ceux qui ont honoré particulièrement leur Ange Gardien

 

Voix du Purgatoire — Nous aimions notre Ange Gardien sur la terre. Oh ! Comme nous en recueillons bien les fruits maintenant ! Lorsque les souffrances terribles que nous endurons en ce lieu nous jettent dans le découragement, notre Ange Gardien relève notre courage et nous fortifie. Il est près de nous, il pleure avec nous, il prie pour nous, il nous attire à chaque instant vers le ciel. Aidez-le donc, âmes pieuses, par vos prières.

 

Prière

 

O Dieu, qui avez commandé à vos anges de prendre soin de nous sur la terre, et qui leur permettez de nous continuer leur charitable protection dans le purgatoire ; animés par un sentiment de reconnaissance, nous vous supplions de récompenser les âmes souffrantes du purgatoire qui les ont honorés particulièrement pendant leur vie en les délivrant du purgatoire. Ainsi soit -il.

 

Dieu Tout-puissant, De Profundis, etc...

 

Vingt-neuvième jour

Prions pour ceux qui durant leur vie ont fait « l'Acte de cession »

 

Voix du Purgatoire — Nous nous sommes montrées généreux pendant notre vie : maintenant, nous sommes payées de notre désintéressement... suivez notre exemple. Nous nous étions réservé la compassion du Cœur de Jésus ! nous l'avons trouvée bien grande. Délivrez-nous et lorsque la justice divine vous aura appelé en ce lieu terrible. Dieu inspirera aux âmes compatissantes de vous en délivrer à votre tour.

 

Prière

 

Seigneur, vous n'oubliez jamais ce que l'on donne en votre nom. Nous renouvelons donc pour vous être agréable, « l'Acte de Cession », de toutes les indulgences que nous pourrons gagner, de tous nos mérites, et des suffrages qui nous seront appliqués après notre mort, en faveur des âmes du Purgatoire, ne nous réservant que la compassion de votre divin Cœur. Ayez pitié des âmes qui ont fait cet acte de cession durant leur vie, et qui souffrent maintenant dans le purgatoire. Ainsi soit- il.

 

Dieu Tout-puissant, De Profundis, etc...

 

Trentième jour

Prions pour les tertiaires et pour les enfants de Saint François

 

Voix du Purgatoire. — Nous nous adressons à vous avec confiance, fils de Saint François. Nous avons été négligents dans l'observation de notre sainte Règle ; nous avons été sourds à la voix de nos directeurs, Si nous avons pratiqué les grandes vertus, nous avons négligé les petites. Ah ! Que nous souffrons maintenant pour avoir joui quelques instants. Priez pour nous.

 

Prière

 

O bon saint François, vous ne laisserez pas vos enfants souffrir plus longtemps dans le purgatoire. Nous venons à vos genoux vous prier d'employer votre puissance auprès de Dieu pour faire sortir de ce lieu de peines tous vos fils bien-aimés. Faites-nous aussi un jour cette grâce, que nous nous efforcerons de mériter par notre fidélité à vos saintes lois. Ainsi soit-il.

 

Dieu Tout-puissant, De Profundis, etc...

 

Téléchargez les méditations de cette semaine (pdf) en cliquant ici

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Fin du mois des âmes du Purgatoire

 

Prochaine dévotion : L'Avent avec Saints Louis et Zélie Martin, rendez-vous le 26 novembre

 

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14 novembre 2016

Mois des Âmes du Purgatoire

Mois des Âmes du Purgatoire

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Les voix du Purgatoire

Petit mois des morts à l'usage des fidèles

 

Par un tertiaire de Saint François

 

« Ayez pitié de moi, ayez pitié de moi, vous au moins qui êtes mes amis »

 

Prière pour tous les défunts

A réciter chaque jour

 

Dieu tout-puissant, en présence des terribles rigueurs de votre justice, nous nous humilions. Oui, chaque coup que vous frappez est bien mérité ; nous avons tous péché contre vous, et les flammes du Purgatoire sont bien peu de chose pour compenser l'injure que nous vous avons faite. Mais, Seigneur, dans votre divin Cœur, il y a un océan de miséricorde. Nous nous jetons à vos genoux, et nous vous présentons les souffrances et la mort de notre Sauveur crucifié, votre Fils ; l'amour et les douleurs de Marie, sa mère et la nôtre ; la sainteté, les pénitences de tous les saints du ciel, et, en particulier, de saint Joseph, de sainte Anne et de saint François d'Assise, ainsi que les prières, les sacrifices et les souffrances de toute l'Eglise militante ; nous vous conjurons d'avoir pitié des pauvres âmes du purgatoire ; délivrez-les toutes de leurs peines, du moins allégez leurs souffrances, et qu'au plus tôt elles s'élèvent au ciel pour chanter vos louanges et prier pour nous, pauvres pécheurs, sur la terre. Ainsi soit-il.

 

De Profundis

 

Du fond de l'abîme j'ai crié vers vous, Seigneur :

Seigneur, écoutez ma voix.

Que vos oreilles soient attentives à la voix de ma prière.

Si vous exigez, Seigneur, un compte sévère de nos iniquités,

qui pourra Seigneur, subsister devant vous ?

Vous aimez à pardonner ; aussi, à cause de votre loi,

j'ai attendu, Seigneur, votre secours.

Mon âme l'a attendu sur votre parole,

mon âme a espéré dans le Seigneur.

Depuis le matin jusqu'au soir,

qu'Israël espère dans le Seigneur.

Car dans le Seigneur est la miséricorde

et une abondante Rédemption.

Et il rachètera Israël de toutes ses iniquités,

 

V, Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel.

R. Et que la lumière éternelle luise sur eux.

 

V, Seigneur, exaucez ma prière.

R. Et que mes cris s'élèvent jusqu'à vous.

 

Prions

 

O Dieu, Créateur et Rédempteur de tous les fidèles, accordez aux âmes de vos serviteurs et de vos servantes la rémission de tous leur péchés ; afin par que nos très humbles supplications, elles obtiennent le pardon qu'elles ont toujours désiré. Vous qui vivez et régnez dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

 

Seigneur, nous vous en supplions : secourez vos serviteurs, que vous avez rachetés par votre précieux sang.

 

V. Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel.

R. Et que la lumière éternelle luise sur eux.

V. Qu'ils reposent en paix.

R. Ainsi soit-il.

 

5 Notre Père, je Vous salue Marie, gloire au Père.

 

Offrande à faire tous les jours

 

Je Vous offre, ô mon Dieu, tout ce que j'ai fait ou ferai et tout ce que j'ai obtenu ou obtiendrais, aujourd'hui de mérites devant Vous, pour le soulagement des âmes du purgatoire, particulièrement aux intentions de ce jour.

 

Acte héroïque

 

O Marie, Mère de miséricorde, je mets entre vos mains, en faveur des saintes âmes du Purgatoire, l'entier abandon de mes œuvres satisfactoires pendant ma vie et des suffrages qui me seront appliqués après ma mort, ne me réservant que la compassion du Cœur de Jésus et la vôtre. Ainsi soit-il.

 

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Quinzième jour

Prions pour ceux qui souffrent à cause de leur avarice

 

Voix du Purgatoire — Nous avons voulu amasser des trésors sur la terre... Que sont devenus tous ces biens ! Hélas ! Nous n'avons rien. Toutes ces richesses nous sont inutiles, et nous expions maintenant nos désirs déréglés, et notre attachement trop vif à ces choses périssables. Que n'avons-nous plutôt amassé des mérites devant Dieu par notre charité et par la pénitence !

 

Prière

 

Vous nous avez vous-même, ô Seigneur, enseigné la sainte pauvreté. Pourquoi les hommes ne suivent-ils pas votre exemple ? Pardonnez à notre ignorance et à notre faiblesse. Puisez dans les richesses de votre Cœur les consolations si nécessaires aux âmes qui souffrent dans le Purgatoire, pour avoir trop aimé les biens de la terre, et faites nous comprendre qu'une seule chose est nécessaire ici-bas : le salut de notre âme. Ainsi soit-il.

 

Dieu Tout-puissant, De Profundis, etc...

 

Seizième jour

Prions pour ceux qui souffrent à cause de leurs péchés contre la pureté

 

Voix du Purgatoire — Chair que nous avons trop aimée, pour laquelle nous avons sacrifié tant de fois la vertu, l'honneur et le devoir, combien tes plaisirs sont insensés ! Pour toutes nos sensualités nous souffrons éternellement dans un feu allumé par la colère divine. Oh ! qu'il faut payer cher au Purgatoire les jouissances de quelques instants sur la terre !...

 

Prière

 

Dieu de clémence, nous sommes saisis de crainte à la vue de la multiplicité de nos péchés. Pardonnez à la faiblesse de notre chair. Que le souvenir de la pureté de Marie, la Vierge immaculée, de tant de saints et de saintes qui sont avec vous au Ciel, et de tant d'autres encore sur la terre, obtienne le pardon des âmes qui n'ont pas su conserver intact leur corps, temple du Saint-Esprit. Pardonnez-leur. Seigneur, et que, purifiées, elles prennent place au milieu des âmes pures des bienheureux. Ainsi soit- il.

 

Dieu Tout-puissant, De Profundis, etc...

 

Dix-septième jour

Prions pour ceux qui souffrent à cause de leur gourmandise et de leur ivrognerie

 

Voix du Purgatoire — Nous avons étés créés à l'image de Dieu, avec une âme raisonnable et immortelle. Et, misérables, nous nous sommes vautrées dans la fange. Le Dieu de miséricorde nous a pardonnés, sans doute, mais qu'elle est terrible la peine que nous avons encourue par nos fautes ! Maintenant notre âme est aride comme une terre sans eau, Ayez pitié de nous !

 

Prière

 

Mon Sauveur, qui sur la croix avez souffert d'une soif brûlante, en souvenir de ce cruel tourment et de cette ironie amère qui porta vos bourreaux à vous présenter du fiel et du vinaigre, jetez un regard de compassion sur les âmes qui souffrent dans le Purgatoire à cause de leurs excès dans le boire et le manger, et, appelez-les sans délai au partage de la vie éternelle. Ainsi soit-il.

 

Dieu Tout-puissant, De Profundis, etc...

 

Dix-huitième jour

Prions pour ceux qui souffrent à cause de leurs médisances et de leurs calomnies

 

Voix du Purgatoire — Âmes généreuses auxquelles nous avons ravi, dans notre fureur insensée, l'honneur et l'amour d'un époux, d'un parent ou d'un ami. Ah ! nous nous sommes fait un plus grand tort à nous-mêmes. Nous voici dans un lieu d'horribles souffrances, pour expier tous les péchés de notre langue. Secourez-nous par vos prières, afin que nous voyions bientôt les clartés du ciel.

 

Prière

 

Pardonnant sincèrement à tous ceux qui nous ont fait quelques torts par médisance et par calomnie, nous vous en supplions, Dieu de vérité et d'amour, pardonnez-leur aussi, et retirez-les du lieu de supplices où elles expient ces fautes, et faites les immédiatement jouir de l'éternité bienheureuse. Ainsi soit- il.

 

Dieu Tout-puissant, De Profundis, etc...

 

Dix-neuvième jour

Prions pour ceux qui souffrent à cause de leurs blasphèmes

 

Voix du Purgatoire — Dieu nous avait donné une langue pour le bénir, pour célébrer ses louanges, et le remercier de ses bienfaits. Malheureux, nous n'avons su nous en servir que pour l'insulter dans son Nom divin, dans sa sainte Mère, dans ses sacrements, dans tout ce qu'il aimait. Nous avons fait le malheur des nôtres et de notre pays, et nous nous sommes plongés dans un abîme de maux. Implorez pour nous la bonté de ce Dieu que nous n'avons pas même su respecter.

 

Prière

 

Dans votre juste colère. Seigneur, vous avez frappé l'audacieux qui s'est élevé contre vous ; vous l'avez puni de son crime, mais votre miséricorde lui a déjà pardonné, et vous ne l'avez pas perdu à jamais. Continuez à étendre sur lui votre clémence, et remettez lui sa peine pour qu'il puisse monter au ciel y chanter vos louanges. Ainsi soit-il.

 

Dieu Tout-puissant, De Profundis, etc...

 

Vingtième jour

Prions pour ceux qui souffrent à cause de leur paresse

 

Voix du Purgatoire — Nos jours se sont passés dans la mollesse. Nous avons négligé nos devoirs envers nos familles, envers notre prochain et envers Dieu. Nous avons perdu notre temps, nous avons été sans force pour repousser le mal, sans énergie pour pratiquer le bien. Ah ! maintenant, que notre travail est pénible ! La Justice divine nous presse constamment, et c'est sous des sueurs brûlantes que nous expions notre paresse d'autrefois.

 

Prière

 

Le premier homme, ô mon Dieu, fut condamné pour un péché, à gagner son pain à la sueur de son front. Ce fut donc par le travail qu'il devait mériter son pardon. Le travail fut plus tard sanctifié par l'Enfant-Jésus. En souvenir des travaux de votre divin Fils, nous vous supplions de pardonner à ceux qui souffrent dans le purgatoire à cause de leur paresse sur la terre. Ouvrez-leur la porte du ciel, afin qu'ils puissent pendant toute l'éternité travailler à votre gloire. Ainsi soit-il.

 

Dieu Tout-puissant, De Profundis, etc...

 

Vingt-et unième jour

Prions pour ceux qui souffrent à cause de leur colère

 

Voix du Purgatoire — Hélas ! Que de fois sur la terre nous avons commis des injustices, prononcé des paroles haineuses et blessantes, et fait des actes détestables de violence. C'est pour cela qu'aujourd'hui Dieu nous a plongés dans les plus profondes humiliations et dans les plus grands malheurs. Vous qui, peut-être, avez été victimes de nos violents excès, pardonnez-nous et priez pour nous.

 

Prière

 

O Jésus, qui dans votre douloureuse passion avez montré tant de douceur, ayez pitié de ceux qui souffrent dans le Purgatoire à cause de leur colère. Ces âmes sont dignes de pitié, car, bien souvent elles ont été leur victime, et n'ont pu trouver aucune jouissance même dans leurs passions. Pardonnez-leur et attirez-les au ciel près de vous. Ainsi soit-il.

 

Dieu Tout-puissant, De Profundis, etc...

 

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7 novembre 2016

Mois des Âmes du Purgatoire

Mois des Âmes du Purgatoire

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Les voix du Purgatoire

Petit mois des morts à l'usage des fidèles

 

Par un tertiaire de Saint François

 

« Ayez pitié de moi, ayez pitié de moi, vous au moins qui êtes mes amis »

 

Prière pour tous les défunts

A réciter chaque jour

 

Dieu tout-puissant, en présence des terribles rigueurs de votre justice, nous nous humilions. Oui, chaque coup que vous frappez est bien mérité ; nous avons tous péché contre vous, et les flammes du Purgatoire sont bien peu de chose pour compenser l'injure que nous vous avons faite. Mais, Seigneur, dans votre divin Cœur, il y a un océan de miséricorde. Nous nous jetons à vos genoux, et nous vous présentons les souffrances et la mort de notre Sauveur crucifié, votre Fils ; l'amour et les douleurs de Marie, sa mère et la nôtre ; la sainteté, les pénitences de tous les saints du ciel, et, en particulier, de saint Joseph, de sainte Anne et de saint François d'Assise, ainsi que les prières, les sacrifices et les souffrances de toute l'Eglise militante ; nous vous conjurons d'avoir pitié des pauvres âmes du purgatoire ; délivrez-les toutes de leurs peines, du moins allégez leurs souffrances, et qu'au plus tôt elles s'élèvent au ciel pour chanter vos louanges et prier pour nous, pauvres pécheurs, sur la terre. Ainsi soit-il.

 

De Profundis

 

Du fond de l'abîme j'ai crié vers vous, Seigneur :

Seigneur, écoutez ma voix.

Que vos oreilles soient attentives à la voix de ma prière.

Si vous exigez, Seigneur, un compte sévère de nos iniquités,

qui pourra Seigneur, subsister devant vous ?

Vous aimez à pardonner ; aussi, à cause de votre loi,

j'ai attendu, Seigneur, votre secours.

Mon âme l'a attendu sur votre parole,

mon âme a espéré dans le Seigneur.

Depuis le matin jusqu'au soir,

qu'Israël espère dans le Seigneur.

Car dans le Seigneur est la miséricorde

et une abondante Rédemption.

Et il rachètera Israël de toutes ses iniquités,

 

V, Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel.

R. Et que la lumière éternelle luise sur eux.

 

V, Seigneur, exaucez ma prière.

R. Et que mes cris s'élèvent jusqu'à vous.

 

Prions

 

O Dieu, Créateur et Rédempteur de tous les fidèles, accordez aux âmes de vos serviteurs et de vos servantes la rémission de tous leur péchés ; afin par que nos très humbles supplications, elles obtiennent le pardon qu'elles ont toujours désiré. Vous qui vivez et régnez dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

 

Seigneur, nous vous en supplions : secourez vos serviteurs, que vous avez rachetés par votre précieux sang.

 

V. Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel.

R. Et que la lumière éternelle luise sur eux.

V. Qu'ils reposent en paix.

R. Ainsi soit-il.

 

5 Notre Père, je Vous salue Marie, gloire au Père.

 

Offrande à faire tous les jours

 

Je Vous offre, ô mon Dieu, tout ce que j'ai fait ou ferai et tout ce que j'ai obtenu ou obtiendrais, aujourd'hui de mérites devant Vous, pour le soulagement des âmes du purgatoire, particulièrement aux intentions de ce jour.

 

Acte héroïque

 

O Marie, Mère de miséricorde, je mets entre vos mains, en faveur des saintes âmes du Purgatoire, l'entier abandon de mes œuvres satisfactoires pendant ma vie et des suffrages qui me seront appliqués après ma mort, ne me réservant que la compassion du Cœur de Jésus et la vôtre. Ainsi soit-il.

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Huitième jour

Prions pour nos ennemis, nos débiteurs et ceux qui souffrent à cause de nous

 

Voix du Purgatoire — Âmes généreuses, nous implorons votre pardon et votre pitié. Nous avons été coupables envers vous, nous avons été injustes, cruelles peut-être. Ah ! que nous sommes bien punis ! Tout ce que vous avez pu souffrir n'est rien auprès de nos affreux tourments. Pardon, pardon, intercédez pour nous... Dieu n'attend que cela... Il est prêt à pardonner... Resterez-vous insensibles ? Vous plairez-vous à nous voir brûler dans ce feu épouvantable ?

 

Prière

 

Cessez vos plaintes, pauvres âmes. Dieu de clémence, ayez pitié d'elles. Nous pardonnons tout, nous faisons remise pleine et entière aux âmes décédées de tout ce qui peut nous être dû, et nous implorons leur pardon et leur délivrance de votre Miséricorde divine, espérant qu'au ciel ces bonnes âmes prieront pour nous. Ainsi soit-il.

 

Dieu Tout-puissant, De Profundis, etc...

 

Neuvième jour

Prions pour ceux qui souffrent par notre faute

 

Voix du purgatoire — Nous vous demandons vos prières comme un acte de justice, si nous gémissons dans ce gouffre de douleurs, n'est-ce pas vous qui en êtes responsables ? Pourquoi n'avez -vous pas veillé sur nous ? Pourquoi ne nous avez-vous pas avertis, retenus, châtiés ? Pourquoi nous avez-vous scandalisés, entraînés au mal ? sans vous, peut-être, n'aurions-nous jamais offensé notre Dieu. Mais nous vous pardonnons, priez pour nous.

 

Prière

 

O mon Dieu, nous sommes bien coupables ; mais vous êtes la Bonté infinie, pardonnez-nous et pardonnez aux pauvres âmes qui souffrent actuellement dans le Purgatoire par notre faute. Frappez-nous pour elles dès cette vie, mais oubliez nos fautes et les leurs, afin que, les délivrant de ce lieu de supplice, et nous en préservant nous-même, nous puissions ensemble un pour vous bénir au ciel. Ainsi soit-il.

 

Dieu Tout-puissant, De Profundis, etc...

 

Dixième jour

Prions pour les âmes les plus abandonnées

 

Voix du Purgatoire — Voilà des années que nous souffrons et personne ne prie pour nous. Oh ! Que cet exil est long et pénible ! Nous n'avons plus de parents sur la terre, ni d'amis, nous sommes seuls, sans consolation, entourées de feu et de regrets. Ceux qui nous ont connus sur la terre ne sont plus ou nous ont oubliés. Combien durera ce martyre si tous nous abandonnent ?

 

Prière

 

Dieu de clémence, vous qui n'oubliez personne, ayez pitié des pauvres âmes les plus abandonnées. Nous vous supplions de mettre fin à leurs longs et cruels tourments. Nous prions la Sainte Vierge et les Saints du ciel de les consoler par leur présence, et de les conduire bientôt au ciel vers lequel se dirigent leurs désirs. Ainsi soit-il.

 

Dieu Tout-puissant, De Profundis, etc...

 

Onzième jour

Prions pour les âmes les plus proches de leur délivrance

 

Voix du Purgatoire — Il ne nous faut qu'un peu de charité d'une bonne âme pour payer notre dette ; plus qu'un coup d'aile pour franchir l'espace qui nous sépare du ciel. Nous voyons déjà poindre l'aurore du jour éternel ; les chants divins inondent nos cœurs; les clartés célestes sur la terre illuminent notre visage. Ah ! donnez-nous le moyen de louer immédiatement Dieu dans son paradis.

 

Prière

 

Ouvrez le trésor de votre miséricorde, mon Sauveur, et laissez-en tomber un sur les âmes qui sont le plus près de la gloire éternelle. Elles brûlent du désir d'être unies à vous, ne les laissez pas gémir davantage. Prenez dans le trésor abondant des mérites de Jésus- Christ, votre fils, de la sainte Vierge et des saints, pour satisfaire votre Justice. Et que ces saintes âmes prennent sans délai leur essor vers leur Bien- Aimé. Ainsi soit-il.

 

Dieu Tout-puissant, De Profundis, etc...

 

Douzième jour

Prions pour les âmes qui doivent souffrir le plus longtemps

 

Voix du Purgatoire — Quelle peine est la nôtre ! Nous souffrons des douleurs atroces, et nous les souffrirons des siècles peut être !.. Un instant de nos souffrances est infiniment plus cruel qu'une vie humaine toute entière passée dans un martyre continuel : et nous devons demeurer si longtemps dans ces supplices épouvantables, objet de la vengeance d'un Dieu irrité, venez, venez à notre aide !

 

Prière

 

O Dieu qui êtes inexorable dans votre justice, mais dont la bonté et la tendresse n'en sont pas moins infinies, serez-vous donc sans pitié pour ces pauvres âmes qui doivent souffrir le plus longtemps en Purgatoire. Sans doute, elles vous ont bien offensé, mais voyez donc ce qu'elles ont déjà souffert. Accordez à nos prières qu'elles soient délivrées de leurs souffrances, ou du moins soulagées et consolées par l'espérance d'une prochaine délivrance. Ainsi soit-il.

 

Dieu Tout-puissant, De Profundis, etc...

 

Treizième jour

Prions pour les âmes qui souffrent les plus grands tourments

 

Voix du Purgatoire — Quels affreux tourments nous endurons dans ce lieu ! Tout nous accable ! L'on ne pourra jamais sur la terre concevoir de pareilles souffrances. Justice de Dieu, que tu es terrible !.. Mais il nous reste l'espérance, Oh ! Priez pour nous vous qui êtes sur la terre. Dieu vous récompensera un jour de votre charité à notre égard.

 

Prière

 

Mon Dieu, nous vous présentons le Sang précieux de votre divin Fils, répandu à flot dans sa cruelle passion, pour le salut de tous. Nous vous l'offrons surtout afin que vous daigniez avoir pitié des âmes que votre justice frappe plus durement. Pourriez-vous nous refuser, alors que c'est votre Fils lui-même qui vous le demande. Pardonnez à ces grands coupables, et soulagez-les dans leurs cruels tourments. Ainsi soit-il.

 

Dieu Tout-puissant, De Profundis, etc...

 

Quatorzième jour

Prions pour ceux qui souffrent à cause de leur orgueil

 

Voix du purgatoire — Nous nous sommes crus grands dans notre fol orgueil, et nous n'étions rien. Nous avons méprisé nos semblables sur la terre, qu'étaient les autres auprès de nous, de nos talents, de nos richesses, de nos forces, de notre beauté ? Insensés que nous étions ! Aujourd'hui, Dieu nous fait sentir notre néant. Toutes les humiliations que nous avons fait subir aux autres nous écrasent, nous étouffent sous leur poids pesant... Apprenez de nous à être humbles et priez pour nous.

 

Prière

 

Jésus doux et humble de cœur, jetez un regard de compassion sur les âmes orgueilleuses qui sont ensevelies dans les flammes du Purgatoire, pardonnez leurs folles erreurs, et accordez- nous la grâce, par l'exemple de leurs châtiments, de reconnaître notre indigence, et de fermer notre cœur à tout sentiment d'orgueil. Ainsi soit-il.

 

Dieu Tout-puissant, De Profundis, etc...

 

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31 octobre 2016

Mois des Âmes du Purgatoire

Mois des Âmes du Purgatoire

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Les voix du Purgatoire

Petit mois des morts à l'usage des fidèles

Par un tertiaire de Saint François

 

« Ayez pitié de moi, ayez pitié de moi, vous au moins qui êtes mes amis »

 

Permis d'imprimer

Montréal, 20 octobre 1890

L. D. A. Maréchal, V.G.

 

Aux âmes compatissantes

 

Que dirai-je pour toucher vos cœurs ? Venez avec moi dans ce lieu terrible où nos parents, nos frères, nos amis expient si cruellement leurs fautes sous le fouet de la terrible justice de Dieu. Voyez-les enveloppés de flammes, tristes et gémissants. Leurs plaintes déchirantes feraient sécher de frayeur toute créature humaine qui les entendrait. Mais à travers tant d'horreurs et de souffrances, ces pauvres âmes n'ont pas perdu l'espérance.

Hélas ! Pauvre âme, offrez donc vos douleurs à Dieu. Il est si bon qu'il vous pardonnera. Nous ne pouvons rien pour nous, s'écrie-t-elle ; mais vous, mon époux, mon frère, mon ami, vous pouvez beaucoup ; la moindre prière, la moindre bonne œuvre faite pour nous, nous apporte un grand soulagement dans nos peines, ah ! ayez pitié de nous. Au Ciel nous prierons pour vous, et un jour, alors que vous-même souffrirez dans cet horrible lieu, à notre tour nous vous soulagerons ; ne restez pas insensible à nos souffrances. Nous aimons tant Dieu, nous brûlons d'un si grand désir d'être unis à Lui ; vous qui l'aimez aussi, par amour pour Lui, soulagez-nous.

C'est pour vous, chrétiens au cœur sensible, que nous avons préparé ce mois des morts. Faites-le. bien, et il suffira pour soulager considérablement ces saintes âmes. N'oubliez pas qu'au moyen des Sacrements, de la sainte messe, des prières, des bonnes œuvres et des indulgences vous pouvez non seulement soulager, mais délivrer les âmes du purgatoire : et qu'en faisant cela, vous faites l'œuvre la plus agréable à Dieu, et vous abrégez les jours de votre propre purgatoire.

 

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Prière pour tous les défunts

A réciter chaque jour

 

Dieu tout-puissant, en présence des terribles rigueurs de votre justice, nous nous humilions. Oui, chaque coup que vous frappez est bien mérité ; nous avons tous péché contre vous, et les flammes du Purgatoire sont bien peu de chose pour compenser l'injure que nous vous avons faite. Mais, Seigneur, dans votre divin Cœur, il y a un océan de miséricorde. Nous nous jetons à vos genoux, et nous vous présentons les souffrances et la mort de notre Sauveur crucifié, votre Fils ; l'amour et les douleurs de Marie, sa mère et la nôtre ; la sainteté, les pénitences de tous les saints du ciel, et, en particulier, de saint Joseph, de sainte Anne et de saint François d'Assise, ainsi que les prières, les sacrifices et les souffrances de toute l'Eglise militante ; nous vous conjurons d'avoir pitié des pauvres âmes du purgatoire ; délivrez-les toutes de leurs peines, du moins allégez leurs souffrances, et qu'au plus tôt elles s'élèvent au ciel pour chanter vos louanges et prier pour nous, pauvres pécheurs, sur la terre. Ainsi soit-il.

 

De Profundis

 

Du fond de l'abîme j'ai crié vers vous, Seigneur :

Seigneur, écoutez ma voix.

Que vos oreilles soient attentives à la voix de ma prière.

Si vous exigez, Seigneur, un compte sévère de nos iniquités,

qui pourra Seigneur, subsister devant vous ?

Vous aimez à pardonner ; aussi, à cause de votre loi,

j'ai attendu, Seigneur, votre secours.

Mon âme l'a attendu sur votre parole,

mon âme a espéré dans le Seigneur.

Depuis le matin jusqu'au soir,

qu'Israël espère dans le Seigneur.

Car dans le Seigneur est la miséricorde

et une abondante Rédemption.

Et il rachètera Israël de toutes ses iniquités,

 

V, Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel.

R. Et que la lumière éternelle luise sur eux.

 

V, Seigneur, exaucez ma prière.

R. Et que mes cris s'élèvent jusqu'à vous.

 

Prions

 

O Dieu, Créateur et Rédempteur de tous les fidèles, accordez aux âmes de vos serviteurs et de vos servantes la rémission de tous leur péchés ; afin par que nos très humbles supplications, elles obtiennent le pardon qu'elles ont toujours désiré. Vous qui vivez et régnez dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

 

Seigneur, nous vous en supplions : secourez vos serviteurs, que vous avez rachetés par votre précieux sang.

 

V. Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel.

R. Et que la lumière éternelle luise sur eux.

V. Qu'ils reposent en paix. t

R. Ainsi soit-il.

 

5 Notre Père, je Vous salue Marie, gloire au Père.

 

Offrande à faire tous les jours

 

Je Vous offre, ô mon Dieu, tout ce que j'ai fait ou ferai et tout ce que j'ai obtenu ou obtiendrais, aujourd'hui de mérites devant Vous, pour le soulagement des âmes du purgatoire, particulièrement aux intentions de ce jour.

 

Acte héroïque

 

Commençons ce mois en faisant ou en renouvelant l'Acte héroïque :

O Marie, Mère de miséricorde, je mets entre vos mains, en faveur des saintes âmes du Purgatoire, l'entier abandon de mes œuvres satisfactoires pendant ma vie et des suffrages qui me seront appliqués après ma mort, ne me réservant que la compassion du Cœur de Jésus et la vôtre. Ainsi soit-il.

 

Premier jour

Prions pour nos pères et nos mères défunts

 

Voix du Purgatoire – Vous ne saviez, sur la terre, comment nous témoigner votre amour ; c'est maintenant qu'il faut prouver que vous n êtes pas des ingrats. Nous souffrons pour vous. Ce fut l'objet de notre tendresse, ce fut la crainte de vous contrarier qui fit notre malheur. Aujourd'hui nous brûlons... ayez pitié de de nous... !!!

 

Prière

 

Seigneur, qui nous avez fait un commandement d'honorer nos pères et mères et de les aimer : laissez vous toucher par nos prières. Le cœur rempli de tristesse à la pensée des souffrances qu'ils peuvent endurer au Purgatoire, nous vous supplions de les délivrer de leurs peines. Ainsi soit-il.

 

Dieu Tout-puissant, De Profundis, etc...

 

Deuxième jour

Prions pour nos parents

 

Voix du Purgatoire — Nous avez-vous donc oubliés, vous auxquels des liens étroits nous unissaient sur la terre ? Vous, mon époux, mon épouse bien-aimés ; mon frère, ma sœur chéris ; vous les membres de notre famille, liés à nous par la nature. Nous avons reçu tant de marques de votre bonté que c'est avec confiance que nous crions vers vous : allégez nos souffrances. Vous pouvez nous soulager par vos prières et vos bonnes œuvres : N'oubliez pas ceux que vous aimiez autrefois...

 

Prière

 

Oubliez, ô mon Dieu, les offenses de nos parents défunts. Souvenez-vous des prières que nous avons fait monter ensemble, de cette vallée de misères, vers votre trône au ciel ; et, touché de leurs larmes et de nos supplications, que votre divine miséricorde leur vienne en aide et leur accorde le repos éternel. Ainsi soit- il.

 

Dieu Tout-puissant, De Profundis, etc...

 

Troisième jour

Prions pour nos enfants nos élèves et nos protégés

 

Voix du Purgatoire — Ah ! que nous souffrons pour ne pas avoir suivi les conseils de nos parents, de nos maîtres et de nos bienfaiteurs. Il était si facile d'éviter ces routes pour lesquelles nous sommes maintenant au milieu des flammes. Souvenez-vous de nous, vous qui prîtes soin de notre jeunesse et de notre éducation. Continuez toujours vos charitables soins, et que vos prières nous soient un nouveau gage de votre amour.

 

Prière

 

Ayez pitié. Dieu de miséricorde, de nos élèves et de nos protégés décédés, qui souffrent pour expier les fautes de leur vie. Hélas ! peut-être avons-nous failli à nos devoirs envers eux, et sommes-nous la cause de leurs souffrances. Pardonnez-leur et recevez-les dans votre paradis. Ne refusez pas cette grâce à ceux auxquels vous avez confié ces chères âmes ici-bas, c'est la récompense que nous vous demandons pour nos peines et nos labeurs. Ainsi soit-il.

 

Dieu Tout-puissant, De Profundis, etc...

 

Quatrième jour

Prions pour nos amis

 

Voix du Purgatoire — Amis, nous avons autrefois partagé les mêmes plaisirs ; nous avons offensé ce Dieu juste qui aujourd'hui se venge sur nous. Ah ! Il est temps encore pour vous, faites pénitence. Rachetez nos fautes communes. Ici l'on souffre sans mérite. Pitié chers amis, laissez-vous toucher de compassion au souvenir de notre ancienne amitié.

 

Prière

 

Âmes saintes de mes amis, nous implorons pour vous le Dieu des miséricorde : Que sa justice se laisse fléchir par nos accents douloureux et contrits. Nous sommes bien coupables d'avoir offensé un Dieu si bon ; mais le cœur plein de repentir, bien décidés de ne plus vous déplaire à l'avenir, nous crions vers vous, Seigneur : ayez pitié de nos amis qui souffrent dans le purgatoire, et remettez-leur la peine due à leurs fautes. Ainsi soit-il.

 

Dieu Tout-puissant, De Profundis, etc...

 

Cinquième jour

Prions pour les papes, les évêques et les prêtres

 

Voix du Purgatoire — Nous avons consacré notre vie au service des autels, n'est-ce pas vous qui en retiriez le plus grand bénéfice ? Qui vous a baptisé ? Qui vous a transmis le pardon de vos fautes ? Qui vous a distribué le Dieu d'amour à la sainte Table ?.... Nous avons failli quelquefois à nos saints devoirs ! Oh ! Âmes fidèles, priez pour nous en reconnaissance des bons services que vous avez reçus de nous ou de nos successeurs.

 

Prière

 

Mon Sauveur Jésus, qui avez créé, conformé et sanctifié la hiérarchie ecclésiastique dans votre Eglise. Vous, qui êtes le chef et le Père des papes, des évêques et des prêtres catholiques. Vous, qui connaissez le zèle, l'amour qui les a toujours guidés dans votre service sur la terre. Pardonnez-leur les fautes que la fragilité humaine leur a fait commettre : Daignez satisfaire sans délai le désir ardent qu'ils ont vous voir et de vous bénir éternellement dans le ciel. Ainsi soit il.

 

Dieu Tout-puissant, De Profundis, etc...

 

Sixième jour

Prions pour les religieux et les religieuses

 

Voix du Purgatoire — Dieu nous avait donné plus qu'aux autres, c'est pourquoi nous sommes plus cruellement tourmentées : on nous croit au ciel, et l'on ne prie pas pour nous. Secourez-nous, âmes chrétiennes, toute notre vie a été employée à prier pour vous, à instruire vos enfants, à soigner vos malades. Maintenant c'est à votre tour de nous être utile. Nous soufrons d'affreux tourments, n'endurcissez pas vos cœurs.

 

Prière

 

O Sainte Trinité, vous aimez les âmes parfaites, voyez donc combien vos plus chers amis sont affligés dans la prison où le feu où votre Justice les a plongés. La plus grande souffrance est de ne pouvoir vous aimer et vous glorifier d'avantage dans le ciel. Daignez donc, en ce moment même, les introduire en votre présence, les combler de joie et de félicités. Ainsi soit il.

 

Dieu Tout-puissant, De Profundis, etc...

 

Septième jour

Prions pour nos bienfaiteurs

 

Voix du Purgatoire — Vous rappelez-vous les bienfaits dont nous vous avons été comblés ? Vous nous devez la vie, la santé, l'éducation, vos biens, votre conversion, votre persévérance. Et pendant que vous jouissez de tout avec tranquillité et indifférence, nous souffrons ! Écoutez donc nos accents plaintifs ; secourez- nous, priez pour nous, nous vous demandons peu, mais ce peu, ne fut-ce qu'une prière, qu'un jeûne, faites-le bien en reconnaissance de ce que nous avons fait pour vous.

 

Prière

 

Seigneur, qui avez placé la reconnaissance parmi les vertus que vous honorez, nous venons à vos pieds vous supplier de pardonner à nos bienfaiteurs, et de leur faire la remise du temps qu'ils ont encore à souffrir avant d'être admis au nombre des bienheureux. Veuillez ne pas refuser cette grâce à nos prières, afin que ces saintes âmes puissent nous continuer dans le ciel protection qu'ils nous ont accordée sur la terre. Ainsi soit-il.

 

Dieu Tout-puissant, De Profundis, etc...

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21 septembre 2016

Mois de Saint Michel Archange et des Saints Anges

Nouveau Mois de Saint Michel Archange et des Saints Anges

ou

Le Précieux Sang et le Saints

 

« La dévotion à saint Michel est un signe de prédestination ». (Saint Alphonse de Liguori)

 

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Vingt-deuxième jour

Quis ut Deus ?

 

Le mot Michel (Mi-cha-el) signifie « Qui est comme Dieu ? » C'est le nom que l'Ange de la Victoire conquit au jour de son grand triomphe sur Lucifer.

Depuis ce jour glorieux, nommer, invoquer saint Michel avec confiance, c'est ou se prémunir contre une défaite, ou triompher soi-même de Satan et de ses légions, puisque ce Prince de la milice céleste n'a plus à diriger son invincible armée que vers les champs de bataille où l'homme lutte contre les esprits infernaux.

Oh ! Qu'il aime à venir à notre secours, dès le premier appel de notre âme, cet Adorateur de la sainte Humanité de Jésus et de son Sang précieux, ce Sujet fidèle de la Vierge-Mère, cet Ami de l'homme racheté par le Sang même qui l'a préservé du mal.

Adorateurs du Précieux Sang, les armes de saint Michel, son bouclier impénétrable, son armée toujours victorieuse, lui-même est à notre service. Appelons-le à notre aide aussi souvent que nous en avons besoin pour protéger en nous les intérêts de Jésus et de Marie, et il se hâtera d'accourir pour nous faire entendre d'une manière efficace son « Quis ut Deus ? »

Jeunes enfants, vous toutes, âmes privilégiées, qui ressemblez encore à l'Ange par le parfum d'innocence que vous exhalez, placez- vous aujourd'hui même, sous la protection de saint Michel, afin qu'il vous en revête comme d'une cuirasse impénétrable, et dites-lui :

« Saint Michel Archange, protégez-moi contre les ruses et les séductions de Satan. Je vous consacre toutes les avenues de mon âme, cette âme elle-même et toutes ses puissances. Protégez si bien les parties faibles de ma pauvre nature que toutes les luttes qu'elle aura à soutenir se changent en autant de victoires, à l'éternelle gloire du Sang très précieux de Notre Seigneur Jésus-Christ. Ainsi soit-il.

 

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Vingt-troisième jour

Saint Michel et les vaincus de Satan

 

Mais, hélas ! Ce n'est pas seulement la troisième partie des hommes qui sont vaincus par les démons et laissés comme morts sur le champ de bataille spirituel ; plus que les trois quarts de l'humanité ne parviennent à leurs destinées éternelles qu'après avoir reblanchi leur robe dans le bain du Sang divin.

Saint Michel est trop ami de l'homme à cause de l'Homme-Dieu, trop ami du Sang précieux à raison de la grâce de préservation qu'il en a reçue, pour ne point s'efforcer de ressusciter la vie spirituelle dans lame du pécheur. Nous aider à recouvrer la grâce sanctifiante, quand nous avons eu le malheur de la perdre, constitue donc une des plus importantes missions du saint Archange. Il est l'Ange du Pardon.

Matin et soir, en disant le Confiteor, nous nous confessons « à Dieu, à la bienheureuse Vierge Marie et à saint Michel Archange d'avoir péché, grandement péché » ; matin et soir, nous conjurons « la bienheureuse Vierge Marie et saint Michel Archange de prier pour nous le Seigneur notre Dieu », parce que nous avons péché, grandement péché. Que cette accusation et cette supplication ne soient pas routinières sur nos lèvres ; disons-les de tout cœur, avec l'intention d'obtenir la contrition de nos péchés, la grâce de les confesser sincèrement, d'en recevoir le pardon, de ne les plus commettre et d'en faire pénitence. Si nous ne sommes pas de ces âmes qui ne font usage des pratiques de piété que pour pécher plus facilement, à l'aide de la présomption, saint Michel rendra efficace notre bonne volonté, notre désir sincère de rentrer en grâce avec notre Dieu rédempteur : il blanchira, dans le Sang de l'Agneau, notre vêtement spirituel, fût-il plus rouge que l'écarlate.

O glorieux Archange, j'ai péché, mille fois péché, et, en péchant, j'ai méprisé les souffrances et le Sang de mon Jésus, victime d'expiation et de réparation. S'il ne me convertit, s'il ne me pardonne, j'habiterai éternellement en la compagnie et sous les pieds des démons. Je vous en conjure, ô saint Michel, aidez-moi à me retirer de cet abîme de misère ; priez pour moi, et obtenez que mon âme resplendisse encore de l'éclat de la grâce ici bas ; faites qu'elle la conserve jusqu'à la mort, afin que, sortant de cette vie revêtue du Sang rédempteur, elle puisse aller le glorifier éternellement au ciel. Ainsi soit-il.

 

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 Vingt-quatrième jour

Saint Michel, notre Secours universel

 

Pantaléon assure que saint Michel nous délivre des dangers, et même des nécessités temporelles, lorsque nous l'invoquons avec confiance. Citons deux faits à l'appui de cette assertion : l'un est ancien et l'autre récent.

Sozomène raconte la guérison suivante. Un de ses amis souffrait d'une maladie qui finit par lui rendre impossible la digestion de tout aliment, même de tout médicament. Le médecin ayant perdu tout espoir de guérir son malade, Aquilin se fit porter dans une église consacrée à saint Michel, « afin d'y guérir ou d'y mourir ». Pendant la nuit, le saint Archange lui apparut et lui dit : « Faites-vous faire une potion composée de miel, de vin et de poivre et assaisonnez-en quelques aliments légers que vous prendrez ; ce remède vous rendra votre santé première ». Le médecin, consulté, jugea que, de soi, cette potion ne pouvait qu'être funeste au malade : celui-ci en usa néanmoins et fut guéri.

Le fait suivant a été publié dans les pieuses Annales du Mont-Saint Michel : « Ma mère allant à l'église par un sentier détourné, passait au bord d'une vigne en côtoyant un ruisseau profond. A moitié chemin, la tête lui tourne, elle perd l'équilibre et se sent tomber. Soudain, il lui semble être soulevée par les bras , et elle est transportée dans la vigne. Elle en a été tout effrayée. Moi, j'ai cru reconnaître là un trait de protection de saint Michel puisque ma mère dit tous les jours son chapelet ; mais, pour savoir s'il y avait eu réellement intervention surnaturelle, je fis cette prière : « Saint Archange, si c'est vous, il me faut une autre grâce : une personne nous doit de l'argent ; si, dans trois jours, la somme nous est remise par votre intercession, je croirai que c'est vous qui avez ainsi préservé ma mère dans cet imminent danger ». Le lendemain du jour où j'avais ainsi prié saint Michel, on me remit l'argent dont nous avions si grand besoin ».

Bon saint Michel, protégez-nous en tous temps, en tous lieux et en toutes circonstances. Soyez le médecin de nos corps et de nos âmes ; assistez-nous en toutes sortes de nécessités ; gardez-nous de tout accident et surtout du péril d'offenser Dieu : nous vous en conjurons par les mérites du très précieux Sang de Jésus-Christ. Ainsi soit-il.

 

 

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Vingt-cinquième jour

Saint Michel nous aide à obéir à Dieu

 

Saint Michel, d'après Pantaléon, aide ses fidèles serviteurs à faire la volonté de Dieu. Jeunes gens, jeunes personnes qui êtes indécis, perplexes, embarrassés sur la voie qu'il vous faut prendre pour entrer dans les desseins de Dieu sur vous, recourez à saint Michel, l'Ange de l'Obéissance, et il vous enseignera le sentier de la soumission à la volonté divine.

Vierges, qui aspirez à donner à Dieu la première sève de votre jeunesse, la fleur de vos sentiments, votre être tout entier, et qui ne pouvez réaliser vos désirs de solitude, de vie cachée, de tête à tête, de cœur à cœur avec Jésus, recourez à saint Michel, et il écartera les obstacles qui entravent l'accomplissement de la volonté de Dieu sur vous ; il comblera vos saintes aspirations en vous conduisant au sentier de la perfection.

Aspirants au Sacerdoce et à l'Etat religieux, qui hésitez entre le monde et le sanctuaire, entre la bure et la soie ; vous qui craignez d'être téméraires en choisissant le calice du Sang divin, le calice de la souffrance pour votre partage dans la vie, recourez à Saint Michel, et il vous dira le secret de la volonté de Dieu sur vous.

Pauvres affligés que l'épreuve accable, que le pressoir de la douleur écrase, qui versez des larmes que l'Ange de la Résignation ne recueille pas, parce que votre agonie est sans Fiat, pauvres affligés, souvenez-vous que saint Michel porte l'étendard de la croix, que cet étendard est rougi du Sang divin, et qu'il suffit d'une goutte de ce Sang pour adoucir votre joug et alléger votre fardeau. Recourez à saint Michel, invoquez-le avec persévérance et il versera sur vos douleurs une telle onction, ou dans votre âme une telle force que l'Ainsi soit-il jaillira insensiblement de vos lèvres, et deviendra comme le baiser, l'Alléluia de votre âme à la volonté du Dieu qui vous crucifie.

Saint Michel Archange, dirigez et maintenez nos pas dans les sentiers de la volonté de Dieu, soit qu'ils mènent dans la plaine ou sur le Calvaire ; car, quoi qu'il m'en coûte, je veux sauver mon âme et glorifier éternellement, avec les Anges et les élus, le Précieux Sang de mon Rédempteur.

 

 

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Vingt-sixième jour

Saint Michel à l'heure de la mort

 

« Michel, mon archange, je vous ai établi prince sur toutes les âmes qui doivent être reçues dans mon royaume ». Ces paroles; que l'Eglise met sur les lèvres de Notre-Seigneur, nous apprennent que saint Michel a aussi pour fonction de nous assister à la mort.

Quelle heure terrible ! Quelle heure épouvantable ! C'est l'heure de la faiblesse de l'homme à qui il ne reste plus qu'un souffle de vie ; c'est l'heure de la puissance des esprits de ténèbres, l'heure où ils s'assemblent en légions pour tourmenter notre âme, afin de lui faire perdre la grâce de la rédemption. Mais saint Michel arrive aussi, avec la multitude de ses Anges, auprès du juste mourant. Là, la lutte s'engage de nouveau entre les deux armées ; mais, comme toujours, Satan est vaincu et repoussé dans le noir abîme.

Pour mériter cette grâce insigne de la protection de saint Michel à l'article de la mort, il faut : 1° être fidèle à Dieu pendant la vie ; 2° ou si la faiblesse en empêche, se hâter, au moins, après une faute, de purifier son âme dans le bain du Sang de Jésus ; 3° honorer le grand Archange et l'invoquer habituellement dans ce but, ne fût-ce que par l'une ou l'autre des deux courtes prières qui suivent :

 

Prière de la Sainte Eglise

 

Saint Michel Archange, défendez-nous dans le combat, afin que nous ne périssions pas au redoutable jugement de Dieu. Ainsi soit-il.

 

Prière de Saint Anselme

 

« Saint Michel, archange de Dieu, gardien du ciel, venez à mon secours au moment de la mort ; soyez ma défense contre l'ennemi malin, et conduisez mon âme dans le paradis de la jubilation éternelle » que Jésus-Christ nous a acquis par l'effusion de tout son Sang. Ainsi, soit-il.

 

 

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Vingt-septième jour

Saint Michel au Tribunal de Dieu

 

Saint Michel archange ne présente pas seulement les âmes au tribunal de Dieu, il est encore chargé de procéder au pèsement de leurs œuvres. (C'est pourquoi saint Michel est souvent représenté portant une balance). Ce pèsement des œuvres ne signifie pas que ceux qui auront fait un plus grand nombre de bonnes œuvres que de péchés seront sauvés, ni que ceux qui en auront fait un moindre nombre seront damnés ; cela signifie seulement que l'âme qui aura quitté la terre dans la grâce de Dieu aura le bonheur de contempler le Sang Divin dans le plateau de la balance opposé à celui de ses péchés.

Or, c'est Saint Michel, le premier adorateur de la sainte humanité de Jésus et de son Sang précieux, qui remplit l'auguste fonction d'ajouter ce prix de la rédemption aux œuvres des âmes qui sortent de cette vie dans l'amitié de Dieu.

L'âme revêtue de la grâce n'eut-elle à opposer à des iniquités incalculables que le seul acte de contrition qui l'aura sauvée, cet acte de contrition étant une une goutte du Sang de Jésus, c'est à dire un fruit de sa passion et de sa mort, c'en est assez pour que je jugement favorable qu'elle recevra soit un jugement plein d'équité ; son éternelle couronne sera un tissu des miséricordes du Sang rédempteur.

Cette raison n'est-elle point assez puissante pour nous engager à rendre chaque jour, quelque hommage au Sang infiniment précieux dont les mérites, sont destinés à nous couvrir des mérites, si nous savons obtenir qu'ils nous soient appliqués.

Saint Michel Archange, ô vous qui aimez mon âme, et qui la voulez voir éternellement heureuse, je vous en conjure, manifestez-moi votre amour dès cette vie, en m obtenant une grande dévotion envers le Précieux Sang et la douloureuse Passion de mon bien-aimé Rédempteur. Si j'obtiens cette grâce et celle de vous invoquer chaque jour, je suis certain d'entendre une sentence de salut au tribunal du Souverain Juge, et de chanter éternellement la puissance, la miséricorde et la charité du Sang de l'Agneau immolé. Ainsi soit-il.

 

 

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Vingt-huitième jour

Saint Michel après la sentence du Juge

 

Après le jugement, l'âme n'a plus qu'à prendre le chemin de son éternité. Si elle a entendu la sentence de salut qui lui ouvre le ciel sans délai, saint Michel l'y introduit au milieu des concerts de sa triomphante armée. Si l'enfer est son partage, saint Michel la livre à Satan qui la précipite dans le gouffre de feu.

Si l'âme doit séjourner au purgatoire, saint Michel, nous pouvons le conjecturer, l'y conduit en compagnie de l'Ange gardien. Et si cette âme a souvent invoqué saint Michel pendant la vie, si elle l'a fait honorer et aimer, le glorieux archange intercède pour elle et lui obtient une diminution de temps et de peine.

Jacques Massi rapporte qu'un prêtre, célébrant la Messe des morts recommandait quelques âmes d'une manière spéciale, en prononçant ces paroles : « Que le prince des Anges, Saint Michel, les introduise dans la Sainte Lumière » ; et à l'instant même, il vit le saint archange descendre du ciel dans le purgatoire pour les délivrer.

Le même auteur rapporte qu'un moine de Citeaux apparut à un prêtre et lui dit qu'il serait délivré du Purgatoire, si, à la messe, il le recommandait à saint Michel. Le ministre de l'autel se rendit à son désir, et il vit ainsi que d'autres personnes, l'âme de son ami conduit au ciel par le saint Archange.

Remarquons que l'âme du défunt demande qu'on invoque saint Michel pendant la messe. N'est-ce point dire que le glorieux dépositaire des âmes est plus promptement propice à celles qui l'invoquent en lui rappelant les souffrances, le Sang répandu et la mort de notre bien-aimé Rédempteur ?

O saint Michel, qu'elle sera longue mon expiation en l'autre vie, si vous ne m'obtenez, dès celle-ci, cet amour douloureux qui expie toute faute !... Ah ! si je ne suis pas digne d'une grâce aussi insigne, si je dois connaître le feu du purgatoire, je vous en prie, je vous en supplie, je vous en conjure par toutes les plaies de Jésus-Christ, versez abondamment sur mon âme la rosée rafraîchissante du Sang divin, afin que je ne gémisse pas longtemps loin de mon Dieu. Par ce même Sang si généreusement répandu, ayez pitié, ô saint Archange, de toutes les âmes détenues dans ce lieu d'expiation, particulièrement de celles qui m'intéressent davantage. Ainsi soit-il.

 

 

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Vingt-neuvième jour

Fête de Saint Michel Archange

 

La sainte Eglise ayant fait de ce jour la fête principale de Saint Michel, considérons-je aujourd'hui comme son protecteur spécial. Le dragon, dit saint Jean dans son apocalypse, se mit à persécuter la femme. Quelle femme est donc l'objet de cette persécution ? « Voulez-vous la connaître, dit Mgr Gaume ? Prêtez l'oreille à la voix des siècles passés et présents, tous répètent le nom de Marie »

Voici comment le docte abbé Soyer met le texte que nous lui empruntons en rapport avec Saint Michel considéré comme le protecteur de l’Église universelle.

« Marie, dit-il, est la femme immortelle, quarante siècle avant sa naissance, elle vivait dans Eve ; et Satan le savait. Depuis dix-neuf siècle, elle vit dans l’Église et Satan le sait encore.

Marie, en effet, vit dans l'Eglise, sa fille et sa ressemblance. Nous disons sa fille ; car le Sang divin qui a enfanta l'Eglise est le sang de Marie. Nous disons sa ressemblance ; comme Marie, l'Eglise est vierge et mère tout ensemble. Vierge, jamais l'erreur ne l'a souillée ; mère, elle enfante autant de Christs qu'elle enfante de chrétiens. Ainsi la femme, objet de la haine éternelle du Dragon, c'est l'Eglise, ou plutôt Marie vivant dans l'Eglise.

Le défenseur, le protecteur de Marie et de l'Eglise dans laquelle elle vit, est toujours celui qui fit entendre, dans le ciel, ce cri : « Qui est comme Dieu ? »

La sagesse divine a ses vues sur l'Eglise comme elle a eu ses vues sur Marie. L'épée du chef de la milice céleste n'empêche pas toujours l'Eglise de perdre ses possessions matérielles, ou plutôt de se les voir usurpées ; car la victoire de l'Archange, aux époques des spoliations et des persécutions qu'il laisse faire, est dans la défaite elle-même. En effet, la vie de l'Eglise n'est jamais plus vigoureuse et plus forte que quand celui qui la gouverne n'a plus qu'un sceptre brisé, une couronne dérisoire, un palais d'emprunt. D'ailleurs comme Marie, comme le Christ, l’Église doit ensanglanter sa voie à travers les siècles, par la souffrance...

Mais, comme ministre de Jésus-Christ qui a promis l'immortalité à son église, Saint Michel la protège toujours victorieusement contre le mal réel auquel les méchants veulent arriver par leur persécution : jamais elle ne sera détruite ; jamais son action sur la terre ne sera interrompue ; jamais elle ne cessera d'être une, sainte, catholique, apostolique ; jamais elle ne sera atteinte dans ce qui la constitue à proprement parler : sa foi, ses principes, son autorité, son infaillibilité. Dans ces circonstances, le « Qui ut Deus ? » de Saint Michel retentit toujours triomphalement ; et quand la conversion ne fait pas rentrer les oppresseurs de l’Église dans les voies du pardon, la lance de Saint Michel les précipite, au jour de la reddition des comptes, avec les premiers révoltés.

Saint Michel est aussi chargé de protéger les hommes apostoliques qui travaillent à l'extension de la sainte Eglise Un jour, il entre dans la prison de saint Erasme, martyr, et lui dit : « Je suis l'Archange Michel envoyé vers toi pour te mener dans la province de Campanie où tu dois enseigner le peuple ». Il rompt les chaînes du martyr, le sort de sa prison et le transporte au lieu de son apostolat. Une légende ajoute que, pendant sept ans, il fournit à l'apôtre le pain de chaque jour.

O saint Archange, au nom et pour la gloire du Sang de Jésus, secourez l'Eglise et son auguste chef, qui vous fait invoquer quotidiennement par toute la chrétienté, depuis si longtemps déjà ; secourez les hommes apostoliques qui vont annoncer la Bonne Nouvelle aux quatre coins du ciel ; soyez avec eux dans leurs tribulations, dans leurs prisons et à leurs derniers instants, et que le Sang vivificateur qu'ils distribuent aux âmes soit le Sang qui en fasse d'autres Christs sur la terre et au ciel. Ainsi soit-il.

 

 

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Trentième jour

Saint Michel à la fin du monde

 

« Aussitôt, dit l'apôtre, que le signal aura été donné par la voix de l'Archange, et par le son de la trompette de Dieu, le Seigneur descendra du ciel et ceux qui seront morts avec Jésus-Christ ressusciteront les premiers ».

Bernardin de Picquigny dit que cet Archange est Saint Michel, et que c'est d'après ses ordres que les esprits angéliques rassembleront... des extrémités du ciel les élus de Dieu. « Alors, dit l'Evangile, le signe du Fils de l'Homme paraîtra dans le ciel ». Quel est ce signe ? La Croix de Jésus-Christ, le porte-étendard des élus ? L'église nous l'apprend : « Sed explicat vidor Crucem Michael, salutis signifier » : c'est-à-dire : « à leur tête l'Archange Saint Michel porte l'étendard de la Croix, emblème de la victoire ». C'est donc saint Michel qui a pour mission de réunir les élus sous ce drapeau du chef des prédestinés.

Si nous voulons que cette croix, que ces plaies nous attirent au jour de la grande victoire ; si nous voulons qu'elles nous glorifient, rendons hommage, pendant la vie, à la Croix du Calvaire aux plaies sanglantes du Rédempteur ; et souvenons-nous qu'il n'y aura, pour suivre Jésus dans sa gloire, que ceux qui l'auront suivi dans ses humiliations et ses souffrances.

Oserions-nous prendre place sous ce royal étendard, le saluer avec confiance, au jour de son triomphe, si pendant la vie, le mystère de la croix nous avait été indifférent. Surtout si nous avions été des ennemis pratiques de la croix de Jésus ?

O saint Archange, la terreur me saisit quand je réfléchis à cette sortie du tombeau, à ce voyage vers le lieu du jugement, à cette apparition de la Croix du Christ dans les nues... En quel état ressusciterai-je ?.. Sera-ce comme les amis du Crucifié ? Ah ! je vous en prie et je veux vous en prier tous les jours de ma vie, fortifiez-moi, ô saint Archange, dans mes combats contre la croix, afin qu'elle remporte sans cesse de nouvelles victoires sur ma nature, et qu'après avoir ainsi triomphé de moi ici-bas, elle me fasse participer aux joies de l'éternel triomphe. Ainsi soit il.

 

 

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Prière pour choisir saint Michel Archange comme protecteur spécial

 

O grand Prince du ciel, gardien très fidèle de l’Église, Saint Michel Archange, moi N, quoique très indigne de paraître devant vous, confiant néanmoins dans votre spéciale bonté, touché de l'excellence de vos privilèges et de la multitude de vos bienfaits, je me présente à vous, accompagné de mon Ange gardien et, en présence de tous les Anges du ciel que je prends a témoin de ma dévotion envers vous, je vous choisis aujourd'hui pour mon protecteur et mon avocat particulier et je me propose fermement de vous honorer toujours et de vous faire honorer de tout mon pouvoir. Assistez-moi pendant toute ma vie, afin que jamais je n'offense les yeux très purs de Dieu, ni en œuvres, ni en paroles ni en pensées. Défendez moi contre toutes les tentations du démon, spécialement pour la foi et la pureté ; et à l'heure de ma mort, obtenez la paix à mon âme et introduisez-la dans l'éternelle patrie. Ainsi soit-il.

Grand saint Michel et vous tous, ô saints Protégez-nous dans les dangers présent : les ennemis de vos saintes phalanges nous font la guerre en tous lieux, en tous temps : luttez pour nous, Anges de la victoire, et que le Sang qui vous rendit vainqueurs un jour, au ciel, nous couronne de gloire, et nous unisse à vos célestes chœurs.

 

Épilogue

 

Les exercices de ce Mois ressemblent à ceux de la vie : ils fatiguent. Pourquoi ? Parce qu'il ne s'y rencontre un pas seul jour de parfait repos. L'Ange et l'âme reparaissent invariablement les armes à la mains, revêtus du casque de guerre, de l'armure et du bouclier... Est-ce que ce Mois n'eut pas plu d'avantage si l'Ange et l'âme eussent été montrés sous des vêtements plus diaphanes ? Oui, sans doute. Mais la lutte étant de tous les instants, il a fallu sonner le clairon, se remettre sous les armes tous les jours, afin de rappeler à l'homme que l'heure du repos ne sonnera pas avant le jour éternel : et qu'il importe, pour réunir l'Ange et l'âme dans le triomphe des cieux, qu'ils soient toujours militants l'un près de l'autre sur le champ de bataille de la terre.

 

 

Extrait du « Nouveau Mois de Saint Michel Archange et des Saints Anges », publié en 1893 par le Monastère du Précieux Sang, à Saint Hyacinthe (Canada)

 

 

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Fin du Mois de Saint Michel et des Saints Anges

 

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14 septembre 2016

Mois de Saint Michel Archange et des Saints Anges

Nouveau Mois de Saint Michel Archange et des Saints Anges

ou

Le Précieux Sang et le Saints

 

« La dévotion à saint Michel est un signe de prédestination ». (Saint Alphonse de Liguori)

 

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Quinzième jour

L'action des démons ici-bas

 

L'action des démons dans l'univers et sur l'homme serait à peu près sans borne, si elle n'était restreinte et dirigée par Dieu. Ainsi, d'après le Rituel et le Pontifical, ils peuvent corrompre l'air, l'eau, répandre la peste, soulever des tempêtes, envoyer des ouragans, des grêles, des foudres, en un mot déchaîner tous les éléments. Ils peuvent attaquer l'homme dans son corps, Se présenter à lui sous forme de spectres et de fantômes : souvent même ils se donnent pour les âmes des morts. Ils peuvent encore communiquer à l'homme leur vertu malfaisante, s'emparer de lui, habiter en lui, infester sa demeure, la hanter et la lui rendre dangereuse. Enfin, ils peuvent le harceler d'une manière terrible à l'heure de la mort, et disputer à son âme, au sortir du corps, le passage à la bienheureuse éternité. Quelle puissance ! Comme elle est propre à nous jeter dans l'épouvante !

L'éclair brille, la foudre éclate... C'est peut-être Satan qui déchire la nue pour atteindre une âme en péché mortel avant qu'elle n'ait le temps de se repentir... Pauvre âme, tremblez... et priez les saints Anges de vous secourir en offrant, en votre faveur, le Sang du Dieu bon qui n'acheva pas le roseau à demi brisé et qui n'éteignit pas la mèche encore fumante ; puis, hâtez-vous de vous blanchir dans l'Onde régénératrice de la pénitence.

Deux cavaliers bien coupables chevauchaient l'un près de l'autre, en un jour d'orage. Tout à coup, une voix formidable, criant : « Frappe ! Frappe ! » se fait entendre. Au même instant la foudre éclate, abat l'un des cavaliers et l'étend sans vie sur le sol. Terrifié, à ce spectacle, l'autre cavalier lance son cheval vers les premières habitations. Il allait les atteindre quand, tout à coup, la même voix terrifiante retentit : « Frappe ! Frappe ! » « Non, non », reprend une voix majestueuse, paraissant sortir de la nue, « épargne celui-là, car, ce matin, il a entendu ces paroles : « Et Verbum caro factun. est ». N'était-ce point la voix de saint Michel couvrant de sa protection l'adorateur du Précieux Sang ?... Ah ! De combien de malheurs nous préserve 'audition de la sainte messe à laquelle les saints Anges assistent par légions !

Comme tous ne peuvent l'entendre chaque jour, la pratique suivante pourrait peut être y suppléer, surtout si, d'esprit et de cœur, l'on s'unit à toutes les messes qui se célèbrent dans l'univers entier.

Un religieux Passionniste de Rome, le P. Fr.-J. Barthélemy, eut, un jour, en célébrant la sainte messe, la révélation que de grands maux allaient fondre sur le monde, et que, quiconque réciterait, avec piété, la prière suivante en serait préservé.

« Ô Jésus, divin Rédempteur, soyez-nous miséricordieux ; miséricorde pour nous et pour le monde entier ! Ainsi soit-il.

Dieu saint. Dieu fort, Dieu immortel, ayez pitié de nous et de tout le monde. Ainsi soit-il.

Grâce et miséricorde ! Miséricorde, mon Jésus ! Pendant les dangers présents, couvrez-nous de votre Sang précieux.

Père éternel, faites-nous miséricorde, au nom du Sang de votre Fils unique ; faites-nous miséricorde, nous vous en conjurons. Ainsi soit-il ».

 

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Seizième jour

Les Tentations du Démon

 

Mais c'est surtout sur nos âmes que Satan et ses légions exercent leur action malfaisante. Perdre l'homme pour l'éternité ; rendre stérile le Sang répandu avec une telle profusion ; anéantir les fruits de la douloureuse Passion de l'Homme-Dieu : voilà ce que veulent obtenir les anges déchus. C'est pourquoi le tentateur rôde sans cesse autour de nous, qu'il épie chacun de nos mouvements ; c'est pourquoi il nous présente la tentation sous ses formes les plus variées, les plus séduisantes, et dans les circonstances les plus dangereuses à notre fragile nature.

Puisque la vie de notre âme est si continuellement exposée, couvrons-nous du bouclier de la vigilance et armons-nous du glaive de la prière, c'est-à-dire ne nous exposons point à la tentation et protégeons-nous contre elle. Si, malgré ces précautions l'enfer nous attaque, invoquons le Sang divin, la Reine des Anges, Saint Michel, notre Ange Gardien, toute la milice angélique, et nous serons victorieusement défendus.

Rendons-nous familières les deux prières suivantes, que l'Eglise a enrichies d indulgences, et qui sont, à la fois un bouclier et une arme contre les démons :

Saint Michel archange, défendez-nous dans le combat, afin que nous ne périssions pas au redoutable jugement de Dieu (100 jours d'indulgences).

Ange de Dieu, qui êtes mon fidèle gardien, et au soin duquel j'ai été confié par la bonté suprême, daignez m'éclairer, me garder, me conduire et me gouverner. Ainsi soit-il. (100 jours d'indulgences).

 

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Dix-septième jour

Satan n'est pas plus fort que nous

 

Pauvres combattants de la vie, reprenons courage ! Car il est un asile où Satan ne pénètre pas, une citadelle qu'il ne peut prendre malgré nous : c'est notre volonté.

Quelles que soient les séductions de Satan, eussent-elles comme pénétré toutes les fibres de la partie inférieure de notre âme : nous semblât-il même que toutes les pensées, tous les sentiments de l'enfer sont en nous, pourvu que notre volonté les subisse seulement, pourvu qu'elle ne dise pas ; J'accepte tout cela ; je consens à tout cela, notre âme est triomphante et l'enfer est vaincu : car ce qui fait le péché, c'est le consentement et non la tentation.

La victoire sur les démons est toujours possible à l'homme ; car, ainsi que le dit saint Paul, « Dieu ne permettra pas que nous soyons tentés au delà de nos forces », c'est-à-dire des forces que recevra du ciel l'âme qui les demande, car de nous-mêmes nous ne pouvons rien.

C'est vrai, mon Dieu, vous prêterez toujours votre force à l'âme qui lutte pour protéger en elle le Sang de votre Fils ; toujours vous la rendrez triomphante des ennemis qui veulent lui faire fouler aux pieds ce Sang divin. Vous ne mettez qu'une condition à ce secours : c'est qu'on l'implore avec ferveur. Nous vous en conjurons donc, ô mon Dieu, enseignez-nous à prier de cette manière efficace qui vous fait accourir à notre aide à l'heure de la tentation, et nous en rend victorieux.

Et vous, saints Anges, infatigables lutteurs, soldats intrépides de la milice céleste, venez, sous la conduite de saint Michel, votre chef, venez, à l'heure de la lutte, terrasser et mettre en fuite tous nos ennemis spirituels Ainsi soit-il.

 

 

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Dix-huitième jour

Les Anges des Mères chrétiennes

 

« Le pouvoir des Anges est tel, dit Saint Thomas d'Aquin, que le dernier 'entre eux commande à Lucifer lui-même et s'en fait obéir ». Saint Jean vit descendre du ciel un Ange qui avait la clef «le l'abîme et une longue chaîne à la main. Il prit le dragon et l'enchaîna ; puis, le jeta dans l'abîme, qu'il ferma et scella sur lui.

C'est pourquoi les puissances infernales ne pourront jamais nuire à l'homme qui invoque les saints Anges avec confiance, ceux-ci étant chargés de le protéger et de le défendre. Marie d'Agréda donne sur ce sujet des détails qui intéresseront vivement les mères chrétiennes.

« Dès l'instant, dit-elle, qu'un enfant a été conçu, le Seigneur ordonne aux anges de le garder, ainsi que la mère... De ce moment, les anges ont de grandes disputes avec les démons pour défendre les enfants qu'ils prennent sous leur protection. Les démons allèguent qu'ils ont juridiction sur eux, parce qu'ils sont conçus dans le péché... Les Anges les défendent, mettant en avant que, malgré le péché originel. Dieu les crée afin qu'ils le connaissent, et qu'en vertu de la passion et du Sang de Jésus-Christ, ils puissent mériter la gloire... Si les parents ont reçu le sacrement et la bénédiction de l’Église ; s'ils sont charitables envers les pauvres ; s'ils sont pieux et dévots ; s'ils pratiquent quelques bonnes œuvres, les Ancres se servent de ces vertus et de ces œuvres comme d'armes contre les démons pour défendre ceux qui leur ont été recommandés...

Les démons continuent leur persécution et les Anges leur défense, après la naissance des enfants. C'est alors que le dragon redouble sa fureur contre ceux qui peuvent recevoir le baptême, et qu'il fait tous ses efforts pour l'empêcher... Les saints Anges les gardent avec une sollicitude vigilante, car tous les soins de ceux qui les élèvent ne sauraient prévenir tant de périls qui les environnent dans un âge si tendre... Leurs Anges les défendent quand ils dorment, quand ils se trouvent seuls et en d'autres occasions dans lesquelles un grand nombre d'enfants périraient, si leurs Anges ne les protégeaient.

Quand, parvenus à l'âge de raison, les enfants commencent à pécher, la résistance que font les démons pour empêcher les Anges de les tirer du péché est plus forte. Alors, les Anges mettent en avant les vertus de leurs parents et les bonnes actions des mêmes enfants. N'eussent-ils fait que prononcer le Nom de Jésus ou celui de Marie, lorsqu'on leur apprend à l'articuler, ils l'allèguent pour les défendre ; et s'ils ont d autres dévotions, s'ils savent et récitent les prières chrétiennes, les saints Anges se prévalent de tout cela comme d'armes propres à l'homme pour le défendre du démon ».

Parents chrétiens, pères et mères, aidez vos enfants alors qu'ils ne peuvent s'aider eux-mêmes ; et que votre piété, vos prières, vos bonnes œuvres leur soient une protection contre l'enfer.

O saints Anges, c'est ainsi que vous avez gardé et protégé mon corps et mon âme, dès mon entrée dans la vie Si, du sein de ma mère, je suis passé dans le sein de la sainte Eglise, par l'eau de la régénération baptismale ; si je me suis purifié de mes premières souillures dans le Sang de l'Agneau, c'est à votre protection que je le dois... Merci, saints Anges, de tout ce que vous avez fait pour moi jusqu'à aujourd'hui. Daignez me continuer votre assistance pendant tout le cours de ma vie ; et, lorsque poindra l'aurore de mon dernier jour, accourez par légions, je vous en conjure, afin de veiller sur mes derniers instants, de me rendre victorieux contre tous les assauts de l'enfer et de garder mon âme pour la vie éternelle. Ainsi soit-il.

 

L'enfant et son Ange Gardien

 

L'enfant

 

Aimes-tu Marie,

Mon Ange Gardien ?

Là dans la patrie,

Ne lui dis-tu rien ?

 

As-tu le Rosaire

Pour la saluer?

Dans son sanctuaire,

Vas-tu l'honorer ?

 

Est-ce que tressaille

Pour elle ton cœur ?

As-tu sa médaille

Qui fait mon bonheur ?

 

Est-elle ta mère ?

Es-tu son Enfant ?

N'es- tu pas mon frère,

Toi que j'aime tant ?

 

Fais-tu des guirlandes

Pour son cher autel ?

Que sont tes offrandes

A Marie, au ciel ?

 

Sais-tu le cantique

Où j'apprends ces noms

De Rose mystique,

De Lys des vallons ?

 

L'Ave de louanges

Qu'a dit Gabriel,

Est-il, par les Anges,

Chanté dans le ciel ?

 

Oh ! Dis-moi ces choses

Bel Ange d'amour :

J'offrirai des roses

Pour elle en retour ?

 

L'Ange

 

Ah ! Si je l'aime, Marie !...

Enfant, que demandes-tu ?

Elle est ma Reine chérie,

Pour elle j'ai combattu.

Je suis serviteur fidèle

De cette Vierge plus belle

Que les anges radieux ;

Sa gloire efface ma gloire ;

Elle est un Trône d'Ivoire

Pour le fils du Roi des cieux.

 

Près de ma Reine, ta Mère,

Je suis ton frère en amour ;

Et pour moi, son sanctuaire

C'est tout l'éternel séjour.

Les rosaires angéliques

Ce sont les joyeux cantiques

Chantés sur nos harpes d'or ;

Pour médaille, pour image.

Nous la voyons sans nuage

Dans un céleste décor ?

 

Les fleurs que nos mains recueillent

Pour la Mère du Sauveur,

Enfant, jamais ne s'effeuillent :

Ce sont les vœux de ton cœur.

Elle accepte ces guirlandes,

Et sourit à tes offrandes

Gages d'amour filial.

Elle répète à ses Anges ;

Apprenez-lui mes louanges ;

J'aime son cœur virginal !

 

Exhale encor ta prière,

Tes Ave délicieux ;

Ils se disent sur la terre

Ils se chantent dans les cieux !

L'écho des saintes collines

A ces notes enfantines

Donne un immortel accent ;

Et, comme un lys sur sa branche,

Marie est là qui se penche

Pour écouter ses enfants !

 

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Dix-neuvième jour

Neuvaine en l'honneur des saints Anges

Pour la seule gloire de Dieu

 

Demain commence la Neuvaine en l'honneur de saint Michel Archange le chef de la milice céleste. Ce mot Neuvaine, qui est si usité, n'est peut-être pas aussi généralement connu quant à son origine.

Le mot Neuvaine (neuf jours) est né de la dévotion aux Neuf chœurs des Anges, et c'est cette dévotion qui a présidé à l'institution de ces excellentes pratiques de piété répandues parmi les fidèles et reconnues pour être d'une si grande efficacité.

La Neuvaine que nous plaçons ici est fortement recommandée. On pourra la faire en préparation à la fête du saint Ange Gardien. Dans ce cas elle devra commencer le 23 septembre. Les personnes qui n'auraient pas l'intention de faire cette Neuvaine pourront ne réciter, pour ce dix-neuvième jour, que l'une on l'autre des prières qui suivent :

 

Intentions générales de la Neuvaine

 

Contrition pour les péchés passés. Reconnaissance pour les faveurs reçues. De nouvelles grâces à obtenir. Par dessus tout, le règne et la gloire de Dieu.

 

Prière de la Neuvaine

 

9 Pater, 9 Ave, 9 Gloria Patri, en l'honneur des neuf Chœurs des Anges, ou le Chapelet Angélique ou la prière suivante :

Saint Michel, saint Raphaël, saint Gabriel, mon Ange Gardien, vous tous Anges, Archanges, Trônes, Dominations, Principautés, Puissances, Vertus, Chérubins et Séraphins, obtenez-moi de la Sainte Trinité la grâce dont j'ai besoin (spécifiez-la) : je vous en conjure par le Sang, la passion et la mort de Jésus, aux mérites duquel vous devez votre bonheur éternel. Ainsi soit-il.

Marie Immaculée, reine des Anges, priez pour nous qui avons recours à vous. Ainsi soit-il.

Le cinquième jour de la neuvaine, recevez la sainte communion en l'honneur des Puissances.

« J'ai vu, dit le pieux Boudon, des merveilles de grâce obtenues par de telles neuvaines : des personnes délivrées des plus terribles tentations, des machinations de l'enfer ruinées et détruites, etc ».

 

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Vingtième jour

Beauté de Saint Michel Archange

 

Au jugement de saint Anselme, « la beauté du dernier des Anges est si éclatante qu'elle est capable d'effacer autant de soleils, s'ils existaient, qu'il y a d'étoiles au firmament « . Quelle est la gloire de l'illustre chef de cette création de lumière ? « Aucune intelligence céleste ne lui est supérieure », dit le même saint Anselme. « Aucune ne l'égale », enseignent saint Basile, saint Alphonse de Liguori, etc. « L'éclat de la beauté et de la puissance de saint Michel serait capable, dit le P. Faber, de nous donner la mort, s'il nous était manifesté dans la chair ». D'après Pantaléon, diacre de l'Eglise de Constantinople, « saint Michel est la plus grande et la plus radieuse étoile de l'ordre angélique ; il occupe le rang le plus distingué parmi ces milliers et myriades d'Anges qui peuplent le fortuné séjour ».

Félicitons saint Michel, et, avec l'abbé Soyer, disons-lui : « Illustre Archange, votre grandeur est sans égalée ! Les limites de votre royaume sont celles du ciel. Vos sujets seront plus nombreux que les étoiles du firmament et que les sables de la mer ; un prophète, qui les a vus, ne parle que de myriades, de légions, de millions et de centaines de millions ; un seul vaut l'armée la plus nombreuse et la plus aguerrie ; sous votre commandement ils ont conquis le ciel où ils jouissent de tous les biens ».

Que je suis heureux de votre gloire, ô illustre Archange ! Avec quel bonheur et quelle gratitude envers Dieu je vous en félicite ! Qu'il m'est doux de savoir que c'est au Précieux Sang que vous devez tous les dons, toutes les prérogatives dont vous jouissez, et qu'avec nous, vous vous écriez sans cesse : « Que Jésus soit à jamais béni et remercié pour nous avoir mérité toute grâce par l'effusion de son Sang précieux ! »

 

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Vingt-et-unième jour

Fidélité de Saint Michel

 

Mais il est quelque chose de plus éclatant, de plus éblouissant, de plus sublime encore que cette beauté dont Dieu a revêtu saint Michel : c'est la cause qui la lui a conservée, sa fidélité à Dieu.

Créature de Dieu, saint Michel fut fidèle à son Créateur jusqu'à l'adoration de la volonté divine dans ce qui lui paraissait être un abaissement de sa propre nature. Sujet du Monarque des cieux, il fut fidèle à son Souverain jusqu'à déserter, combattre, ruiner ceux de ses frères rebelles qui ne voulaient s'élever qu'en abaissant l'Homme-Dieu.

Constamment fidèle, le chef des armées de Dieu ne cesse de protéger la fidélité des âmes que Lucifer veut révolter contre son Souverain.

O Saint Archange, qui n'êtes parvenu si près de la divinité qu'en consentant à abaisser votre nature angélique jusqu'à celle de l'homme, je vous en conjure, par le Sang même de l'Homme-Dieu, obtenez-moi de bien comprendre que le sentier de l'humiliation mène directement à la gloire, quand on y marche par un principe de fidélité à Dieu. Daignez préparer vous-même ma couronne, en ne me laissant manquer aucune occasion d'accepter les anéantissements propres à me rendre conforme à l'Homme-Dieu couvert d'opprobres et de confusions. Ainsi soit-il.

  

Extrait du « Nouveau Mois de Saint Michel Archange et des Saints Anges », publié en 1893 par le Monastère du Précieux Sang, à Saint Hyacinthe (Canada)

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7 septembre 2016

Mois de Saint Michel Archange et des Saints Anges

Nouveau Mois de Saint Michel Archange et des Saints Anges

ou

Le Précieux Sang et le Saints

 

« La dévotion à saint Michel est un signe de prédestination ». (Saint Alphonse de Liguori)

 

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Huitième jour

Anges supérieurs et Anges inférieurs

 

Quand la sainte Ecriture parle des Anges, c'est par milliers et centaines et millions qu'elle indique leur nombre. Des milliers d'Anges, dit Daniel, exécutaient ses ordres, et un million assistaient devant lui ». Ces expressions signifient que le nombre des esprits célestes est incalculable. Ce serait donc la confusion dans le Ciel, si cette immense multitude était sans ordre. Mais, parmi les Anges comme parmi les hommes, il y a des degrés divers, c'est-à-dire des Anges qui administrent et des Anges qui sont administrés. Les Anges supérieurs, qui se tiennent plus près de Dieu communiquent aux Anges inférieurs les lumières et les ordres dont ceux-ci ont besoin pour bien remplir leurs fonctions spéciales. Avec quel bonheur et quelle docilité les Anges inférieurs reçoivent-ils ces communications des intelligences plus élevées ! Avec quelle charité, quel amour et zèle les Anges supérieurs communiquent-ils leur science !

Pourquoi commande-t-on et obéit-on si bien au Ciel ? C'est qu'il n'existe qu'une seule loi : la volonté divine, une seule ambition : l'accomplir fidèlement ; qu'un seul intérêt: procurer la gloire de Dieu. L'homme commande et obéit plus ou moins bien ou mal, selon qu'il recherche plus ou moins ou sa gloire ou celle de Dieu ; s'il cherche sa propre gloire, l'inférieur deviendra un marchepied que le supérieur foulera ; s'il cherche avant tout la gloire de Dieu, l'inférieur ne sera qu'un aide respecté et aimé, donné par Dieu pour le bien commun. Quant à l'inférieur, s'il recherche sa gloire, l'obéissance lui fera murmurer sans cesse, au moins dans le fond de son âme, le non serviam de l'ange déchu ; mais s'il ne considère son infériorité que dans l'ordre établi par la divine Providence, il comprendra qu'obéir à l'homme pour Dieu c'est servir Dieu, et, que servir Dieu, c'est régner.

O saints Anges, mettez la charité divine, c'est-à-dire l'amour de Dieu et du prochain, dans le cœur de ceux qui gouvernent et de ceux qui obéissent ; et bientôt tous comprendront que l'autorité de l'homme n'est rien autre chose que la volonté de Dieu manifestée à l'homme, comme elle l'est à l'Ange, c'est-à-dire par un de ses semblables. Aidez ceux qui commandent, aidez ceux qui obéissent, afin qu'un jour nous soyons tous, au pied du trône de Dieu, les serviteurs fidèles du Maître souverain de la terre et des cieux. Ainsi soit-il.

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Neuvième jour

L'Ange Gardien

 

Au moment de sa naissance, chaque créature humaine reçoit un Ange pour veiller sur elle et l'aider à parvenir à ses destinées éternelles ; c'est l'Ange Gardien. Saint Brunon de Segni enseigne que c'est à saint Michel qu'incombe le devoir de choisir l'Ange Gardien de chaque âme.

« Leurs Anges, a dit Notre Seigneur, voient sans cesse la face de mon Père qui est dans le ciel ». Et le psalmiste chante : « Dieu a ordonné à ses Anges d'avoir soin de vous et de vous garder dans toutes vos voies, de peur que votre pied ne heurte contre la pierre ». Et c'est en présence d'un aussi auguste témoin que nous ?faisons le mai !.. Au moins, à l'heure du péché, nous dérobons-nous aux regards de l'Ange et fuyons l'Envoyé céleste !..

Mais, où aller ?... car l'Ange Gardien est toujours avec nous ; il est toujours auprès de nous et la nuit et le jour. Ainsi que le dit saint Augustin : « Ses yeux sont sans cesse fixés sur nous et sur toutes nos œuvres ». O excessive bonté de Dieu envers l'homme ! O prodigalité du Précieux Sang ! Une goutte eût suffi pour racheter l'homme ; mais Jésus a voulu se créer le droit d'être prodigue d'excès d'amour envers sa créature privilégiée... et il a versé son Sang jusqu'à la dernière goutte !...

Seul, le Dieu capable de manifester ainsi son amour, a pu concevoir la pensée de confier à un Ange l'âme si extraordinairement aimée... Et ce Jésus, nous ne l'aimerions pas en retour ! Nous ne bénirions pas le Sang qui nous a acheté un Ange Gardien !... un ami Ange !

Ah ! oui, je l'aime mon Jésus ! je le bénis son Sang généreux ! Mais, mon bon Ange, mon Ange ami, aimons, bénissons de concert Jésus et son Sang ! Puisque vous êtes à moi, et que je suis à vous par et pour Jésus, ah ! Je vous en conjure, rendez efficaces, dans mon âme, les mérites infinis de son Sang Rédempteur. Ainsi soit-il.

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Dixième jour

L'Ange Conducteur

 

« Voici, dit le Seigneur, que j'envoie mon Ange, il marchera devant vous, vous protégera, il vous introduira dans le lieu que je vous ai préparé ».

Qu'il est difficile et dangereux le chemin qui conduit au ciel !... Que d'écueils sur cette mer du monde si fertile en tempêtes ! Comme il est puissant le monstre caché qui menace de submerger notre barque ! Mais l'Ange Gardien marche devant nous ; il nous protège, il nous défend, il lutte contre nos adversaires spirituels Si nous ne replions pas nos voiles ; si nous ne nous laissons pas glisser dans l'abîme ; si nous ne nous refusons pas à l'action du céleste pilote sous les auspices duquel nous avons levé l'ancre, notre frêle nacelle touchera le port ; elle abordera au rivage éternel !

Mon bon Ange Gardien, mon Ange conducteur, je vous en conjure, par le Précieux Sang que nous bénissons tous deux, prenez sous votre protection la plus efficace mon voyage vers l'éternité. Les flots de cette mer toujours en furie soulèvent souvent mon cœur, émoussent mon courage ! Au lieu de lutter avec plus d'énergie à ces heures dangereuses, hélas ! Vous le savez, souvent je dépose les rames, je cesse de regarder l'Etoile, de vous regarder, et je me laisse choir fatigué, ennuyé, dégoûté...

Dans ces moments d'accablement ah ! Je vous en supplie, cher Ange, libérez-moi de ma torpeur, en me parlant de Jésus et de la patrie. Si je demeure insensible, prenez-moi par la main ; si cela ne suffit pas, fixez-moi sous vos ailes, afin que je ne m'endorme pas un seul instant d'un sommeil de mort ; mais que, bientôt ranimé, je rame vigoureusement jusqu'à la Jérusalem céleste Ainsi soit-il.

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Onzième jour

Lucifer

 

« Je monterai dans le ciel, je placerai mon trône au-dessus des astres les plus élevés ».

Ainsi que nous l'avons dit ailleurs, l'orgueil s'introduisit au ciel de l'épreuve des premières créatures de Dieu. Volontairement admis dans le cœur de la troisième partie des Anges, il en fit des démons. Lucifer, le plus beau, le plus puissant de tous les Anges, leur chef aux jours de sa fidélité, un archi-Séraphin peut être, est devenu le chef des mauvais anges.

La Sainte Écriture lui donne plusieurs noms. Tantôt, elle l'appelle dragon, c'est-à-dire animal d'une forme épouvantable, d'une taille monstrueuse, d'une force égale à sa cruauté. Tantôt, elle l'appelle serpent, vieux serpent, à raison de sa ruse, de son venin, de sa puissance d'attraction ou de fascination. Le plus souvent il est appelé le diable, c'est-à-dire calomniateur, le Père du mensonge. On le nomme aussi Satan, c'est-à-dire ennemi Juré, ennemi implacable de Dieu et des hommes. Satan ! Voilà le chef d'oeuvre du péché ! Voila ce que c'est que de perdre Dieu !!

Satan apparut un jour à sainte Colette sous la forme d'un lion rugissant. En l'apercevant, elle lui dit ! « Ah ! Misérable ! Qui a perdu Dieu, retire-toi d'ici ». Le démon lui répondit : « Sais-tu bien ce que tu dis, petite créature ? Sais-tu bien ce que c'est que d'avoir perdu Dieu ? Avoir perdu Dieu ! répétait-il en frémissant, avoir perdu Dieu ! Nulle intelligence créée ne peut comprendre l'étendue de ce malheur irréparable : avoir perdu Dieu, c'est être exclu de tout bien, de toute félicité, puisque toute félicité est en lui. La peine du feu n'est rien en comparaison de la perte de Dieu ». « Et ce qui fait l'enfer de l'enfer, s'écria la Sainte, c'est qu'il durera toute l'éternité ». « Éternité ! Éternité ! Éternité ! répéta Satan avec un cri capable de fendre les pierres, si les chrétiens le comprenaient, nous ne réussirions jamais à leur faire perdre Dieu ». Ces paroles prouvent que le père du mensonge fait une terrible expérience de la peine du dam, puisqu'elle lui arrache des vérités dont la connais,sance nous est si utile.

Saint Michel Archange et vous tous saints Anges, nous vous en conjurons, par le Précieux Sang de Notre Seigneur Jésus-Christ, obtenez-nous la science profonde, intime, de tout le mal que comportent ces mots : « perdre Dieu pour l'éternité », afin que jamais plus nous ne nous exposions a un aussi épouvantable malheur. Ainsi soit-il.

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Douzième jour

Les Dons naturels des Démons

 

De même que les hommes, après avoir perdu la vie de la grâce, n'en conservent pas moins toutes leurs qualités humaines, ainsi les mauvais anges n'ont rien perdu de leurs dons naturels par leur chute.

Ils possèdent donc encore cette agilité, cette subtilité qui les rendent présents en un clin d'oeil et à volonté aux endroits les plus opposés de l'espace ; cette force extraordinaire que leur rendrait facile, selon saint Thomas, de soulever le poids énorme de la terre ; et, selon Bossuet, « cette action vive et vigoureuse, cet esprit délicat et ces vastes connaissances dont Dieu les dota en les créant ». « Les démon, dit l'abbé Soyer, ne peuvent se tromper en aucune science ; il n'y a, pour eux, d'erreur possible que dans les choses de l'ordre surnaturel ».

Concluons de là que la science la plus élevée, l'esprit le plus vaste, le génie le plus sublime, que tous les dons naturels, en un mot, sont fort peu de chose en eux-mêmes, puisque Dieu les laisse à ses plus grands ennemis. Hélas ! L'expérience prouve que ces dons sont même très dangereux, quand ils ne sont pas accompagnés d'humilité !.. En lisant cette réflexion, quel est celui qui ne se rappelle un génie tombé ?...

Périsse tout don extérieur qui m'entraînerait vers l'orgueil, ô mon Dieu !.. Anges de l'Humilité, vous qui, seuls, êtes demeurés fidèles, je vous en conjure, offrez à Dieu mon âme et mon corps, et obtenez que j'estime de préférence tout ce qui, en eux, m'abaisse. Que je rapetisse, me détruit, afin que, recouvert du Sang divin, mon néant germe l'humble vertu qui produit la gloire éternelle. Ainsi soit-il.

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Treizième jour

L'habitation des Démons

 

" Michel combattit avec ses Anges, dit l'Ecriture, et le dragon fut précipité sur la terre ». Suivant la doctrine de saint Pierre et de saint Paul, les démons habitent la terre et l'enfer. Voici comment saint Thomas explique la chose :

« La Providence conduit l'homme à sa fin de deux manières : directement, en le portant au bien : c'est le ministère des bons Anges ; indirectement, en l'exerçant h la lutte contre le mal. Il convenait que cette seconde manière de procurer le bien de l'homme fut confiée aux mauvais anges, afin qu'ils ne fussent pas entièrement inutiles à l'ordre général. De là, pour eux (d'ici à la fin du monde), deux lieux de tourments : l'un, à raison de leur faute, c'est l'enfer ; l'autre, à raison de l'exercice qu'ils doivent donner à l'homme, c'est l'atmosphère ténébreuse qui nous environne... »

Quel spectacle ! Les démons toujours en contact avec l'homme, luttant toujours contre l'homme ! Cette condition, que nous devons subir, prouve que l'homme aussi doit gagner sa couronne. Jésus, par l'effusion de son Sang, a rétabli l'humanité dans ses droits à l'héritage du royaume céleste ; mais l'homme n'y parviendra que par la guerre et la victoire... Eh ! Quelle guerre que celle qu'il nous faut soutenir contre ces légions de mauvais anges qui veulent à tout prix nous empêcher d'occuper les trônes qu'ils ont perdus !

Jésus ! Ô Marie ! Ô saints Anges ! Venez a notre aide. Tout l'enfer est déchaîné contre nous qui ne sommes que des roseaux d'autant mieux disposés à plier, au moindre souffle, que la chute de notre premier père a créé, dans notre être, des similitudes avec l'ange déchu qui nous inclinent, comme naturellement, vers les appas qu'il nous présente. Par pitié pour le Sang divin, envoyez saint Michel et ses légions terrasser nos implacables ennemis. Ainsi soit-il.

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Quatorzième jour

Le nombre des démons

 

Le nombre des démons qui infestent l'air est si grand que, s'ils n'étaient des êtres tout à fait spirituels, ils empêcheraient les rayons du soleil d'arriver jusqu'à nous.

Non seulement chaque homme a un démon particulier qui le moleste, mais il n'y a pas une seule créature visible dans l'univers qui n'ait aussi son démon spécial. Tertullien dit que le diable se plaît à reposer dans les eaux, dans les fontaines, dans les lacs et dans les ruisseaux. C'est peut-être pour cette raison que le Rituel s'ouvre par des exorcismes sur l'enfant qui se présente au baptême, et sur l'eau qui le doit baptiser. Un passage de Porphyre, cité par Eusèbe, attire notre attention : « Toute habitation, dit-il, est pleine de démons. C'est pourquoi on la purifie, en les chassant, toutes les fois qu'on veut prier Dieu ».

En quoi consiste cette purification ? Dans le Signe de la croix, qui épouvante l'enfer et met les démons en fuite ; dans le signe de l'Eau bénite qui produit le même effet. Ô sagesse de notre Mère la sainte Église ! Elle protège nos demeures et nos personnes contre les démons, en bénissant l'eau, les pieuses images, jusqu'aux branches d'arbres dont la piété se fait un bouclier contre Satan et en nous couvrant d'objets bénits !

« Bien plus, continue Porphyre, tous les corps sont remplis de démons... Ainsi, lorsque nous nous mettons à table, ils ne prennent pas seulement place près de nos personnes, ils s'attachent, encore à notre corps ».

Admirons encore ici la prévoyance de la sainte Église qui enseigne à ses enfants de ne se mettre jamais à table, pour prendre leurs repas, avant d'avoir dit le Bénédicité, et de l'avoir fait précéder et suivre du Signe de la croix. C'est le Précieux Sang qui donne à l'Eglise la puissance de ses bénédictions ; parce que l'Eglise est, en quelque sorte, le corps crucifié de Jésus-Christ, et que ce corps n'opère rien sans qu'il ne découle de sa tête, de ses mains ou de son Cœur le Sang qui rend son action efficace.

Ô saints Anges, protégez-nous contre les démons ; protégez nos familles, nos demeures, tout ce qui nous appartient. Augmentez chaque jour en nous la dévotion dans les objets bénits et dans toutes les saintes pratiques de notre Mère l'Eglise, lesquelles ne sont que de mystiques écoulements du Précieux Sang. Ainsi soit-il.

 

Extrait du « Nouveau Mois de Saint Michel Archange et des Saints Anges », publié en 1893 par le Monastère du Précieux Sang, à Saint Hyacinthe (Canada)

 

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31 août 2016

Mois de Saint Michel Archange et des Saints Anges

Nouveau Mois de Saint Michel Archange et des Saints Anges

ou

Le Précieux Sang et le Saints

 

« La dévotion à saint Michel est un signe de prédestination ». (Saint Alphonse de Liguori)

 

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Vive le Sang de Jésus !

 

À Saint Michel Archange

 

Chef des armées célestes, premier Adorateur du Verbe incarné et de son Sang précieux, premier Sujet de la Reine du ciel. Introducteur des âmes dans la gloire...

Le « Quis ut Deus » de votre fidélité à Dieu, et de votre triomphe sur son ennemi, vibre sans cesse sur les lèvres humaines qui célèbrent votre gloire. Adorateur (rice) du Précieux Sang, je voudrais faire résonner davantage, dans l'hymne d'amour que je vous consacre, une note qui remue bien délicieusement mon âme chaque fois que sa vibration arrive à mon oreille. Cette note, ô sublime Adorateur du Verbe incarné, tous deux nous la chantons à l'unisson, c'est la note de notre reconnaissance ! « Vive le Sang de Jésus ! » Oui, « Vive le Sang de Jésus ! » puisque c'est à ce Sang, ô saint Michel, que vous devez la grâce de votre « Quis ut Deus ». « Vive le Sang de Jésus ! » par lequel vous avez vaincu l'infernal ennemi. « Vive le Sang de Jésus ! » qui vous a couronné de tant d'honneur et de félicité dans le ciel de la gloire. Que les louanges rendues à ce Sang, au long de cet humble ouvrage, rejaillissent sur vous, ô glorieux Archange, et que celles dont vous serez directement l'objet retournent à la gloire de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Daignez bénir ces pages et les rendre fructueuses. Qu'elles Contribuent à étendre votre culte et à placer sous protection un grand nombre de ces pauvres humains qui luttent si difficilement pour conquérir leur couronne. Surtout, ô Saint Archange, qu'elles me valent votre assistance à la mort, afin que je sorte du dernier combat victorieu(x)se par le Sang de l'Agneau.

V. S. J.

Saint Hyacinthe, en la fête de saint Michel Archange, 29 septembre 1893.

 

Vive le Sang de Jésus !

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Le Précieux Sang et les Anges

 

Une belle page du R. P. Faber pour servir d'introduction

 

Dans son livre intitulé « Le Précieux Sang », Faber encadre l'histoire du Précieux Sang dans le tableau d'une « procession » qui nous montre le Sang du Christ sortant de l'éternelle pensée de Dieu, circulant dans le temps et remontant au ciel, après avoir pris, sur son passage, chacune de ces créatures de Dieu qui lui doivent leur beauté propre.

« La première fois que le Dieu invisible s'est rendu visible, ce n'a été que l'éclair d'un moment, et au loin s'étendait déjà le vaste monde des Anges palpitant de lumière... L'éclat qui les environnait était le reflet du Précieux Sang. C'est de lui qu'ils sortaient, et c'est à cause de lui qu'ils ont existe. C'est de lui qu'ils tiraient cette merveilleuse variété de grâces qui les ornaient. Leur sainteté n'était qu'un manteau fait de son royal tissu, et c'est à ses courants surnaturels qu'ils puisaient la beauté de leur nature.

Il semble ici que la procession se soit arrêtée un petit instant ou peut-être n'est-ce que le jaillissement soudain de la lumière qui a paru ressembler à un arrêt momentané. Les nouvelles créatures de Dieu, les premières intelligences créées, les premiers-nés de l'Intelligence Incréée reçurent ordre de prendre leur place dans les rangs, et d'accompagner la grande procession du Précieux Sang... C'est alors que, véritablement, trop véritablement, il y eut un moment d'arrêt, comme s'il se manifestait un refus de soumission et d'obéissance. Une lueur brille, qui semble indiquer une lutte à outrance ; un éclair des armes des Archanges traverse l'espace, et le cri de guerre de Michel, le premier cri créé, retentit parmi les montagnes éternelles. Un tiers de cette création de lumière si pure a refusé d'adorer le Sang humain du Verbe incarné, et ils sont, en un instant, précipités dans les sombres abîmes, et le cortège se resserre, et la lumière, restée fidèle, brille dans ses rangs diminués, avec plus de splendeur que jamais... »

Dans ce brillant exposé du grand Docteur du Précieux Sang, trois pensées doivent nous frapper : 1° les Anges doivent au Sang de l'Agneau immolé et les grâces dont ils ont été ornés dans leur création et celles de leur persévérance dans l'amitié de Dieu ; 2° Tous les Anges ne persévèrent point dans cette dernière grâce ; 3°Ceux qui la perdirent ne la recouvrirent point.

 

I- Les Anges doivent leur bonheur au Précieux Sang

 

Saint Jean nous dit dans son Apocalypse, qu'il vit dans le Ciel, « un agneau qui était là, comme égorgé » (Ap 5, 6). Pourquoi le ciel, comme la terre, présente-t-il à ses habitants un perpétuel emblème du Sang versé sur notre globe par le Verbe incarné ?

C'est que la créature angélique, comme la créature humaine, doit au Précieux Sang tous les trésors de grâce qu'elle possède. « Chacun des Anges, disait encore Faber, était resplendissant sous des milliers de faveurs célestes. Tous étaient admirables, tous revêtus de la sainteté et des dons les plus magnifiques.... Cependant, il n'y avait pas une seule de ces grâces qui, pour chacun deux, ne leur eût été méritée par le Sang de Jésus, et qui ne trouvât son type et son modèle dans ce Sang Précieux. Le Précieux Sang, le sang de l'homme, était comme la rosée qui recouvrait tout le royaume des anges..., C'est donc à juste titre qu'ils peuvent réclamer le droit d'entonner le chant de l'Agneau, à l'immolation et au sacrifice duquel ils sont redevables de tant de bénédictions ».

Et l'homme aussi doit tout au Précieux Sang !,... La moindre des grâces qu'il reçoit chaque jour ne lui arrive que par les mystiques canaux des plaies de Jésus immolé. C'est pourquoi, à l'instar de l'Ange qui, au sein de sa félicité, conserve un mémorial perpétuel de l'Agneau égorgé, l'homme élève partout, dans le lieu de sa rédemption, le signe sacré qui l'élèvera un jour, jusqu'à la patrie de l'Ange.

Et en union avec les anges, « ces roses plantées sur les eaux silencieuses de Siloé, ainsi que s'exprime saint Anselme, rendons nos hommages à l'Onde vivante qui baigne la cité de Dieu, et, avec le saint enthousiasme de la reconnaissance et de l'amour, écrions-nous comme le même saint Anselme : « O fleuve de paix ! Ô parfum du jardin de délice ! Ô sagesse qui embrasse toute l'étendue du Ciel ! C'est par vous que les esprits célestes brillent et resplendissent ! » c'est par vous aussi que nous espérons briller et resplendir un jour dans la cité des élus.

Ô Milice angélique, envoyez aux combattants d'ici-bas une une goutte de cet élixir divin dont les mérites anticipés vous fortifièrent à l'heure de l'épreuve, afin que, fidèles comme vous, nous soyons admis à nous abreuver avec vous aux eaux de l'éternelle félicité. Ainsi soit-il.

 

II. — Tous les Anges ne persévérèrent pas

 

« Dès le commencement, ajoute Faber, Dieu invita les Anges à adorer le Précieux Sang. Leur adoration devait être un double exercice d'humilité : d'humilité à l'égard de lui-même, d'humilité à l'égard des hommes qui étaient si fort au-dessous d'eux. C'était l'épreuve à laquelle il voulait soumettre leur fidélité. Il leur a montré son Fils bien-aimé, la seconde personne de la Sainte Trinité, dans sa sainte humanité. Le Verbe avait pris une nature inférieure à la nature angélique, et dans cette humble nature, il était couronné leur roi... le fils d'une mère terrestre devait être leur chef, et cette fille d'Eve devait elle-même être leur Reine ».

A cette révélation, l'Ange est interdit Sondant, de son regard profond, la distance qui sépare la nature angélique de la nature humaine. l'Esprit sublime et immortel se sent avili à la pensée d'adorer un Dieu-homme, un Dieu revêtu de chair et de sang... à la première vue, tous les Anges peut-être éprouveront un frémissement involontaire : c'était l'heure de la tentation... Plus rapide que l'éclair fut le regard qui .s'échangea entre ces purs Esprits. Un tiers des Anges, adhérant à la pensée du plus brillant d'entre eux, s'écria avec Lucifer : « Non serviam ! Je n'adorerai pas cet Homme-Dieu ». Au même instant, retentit le « Quis ut Deus ? » de Michel : « Qui est comme Dieu ? » lui répondent les légions demeurées fidèles... Et ce cri de victoire se répercute de cieux en cieux, pendant que Lucifer et ses phalanges orgueilleuses sont précipités dans l'abîme de feu que le Tout-Puissant vient de créer !

Et à l'homme, Dieu pardonne « jusqu'à soixante-dix-sept fois sept fois ! » Il lui pardonne aussi souvent qu'il se repent !.. Pourvu que l'homme, à la mort soit trouvé fidèle à la grâce de son dernier pardon, les péchés de sa vie eussent-ils été plus nombreux que les grains de sable du rivage, il occupera, un jour, au ciel, un des trônes des anges déchus ! Pourquoi, ô saints Anges, l'homme a-t-il été l'objet d'une telle miséricorde ? C'est parce que le Père céleste a tellement aimé l'homme qu'il lui adonné son Fils unique, afin que dans son Sang il lavât toute ses iniquités. Mais pourquoi Dieu aima-t-il l'homme plus que l'Ange ? Le cœur ne demande point pourquoi il est aimé, il se contente d'aimer en retour.

O Christ-Sauveur, en union avec l'Ange que votre Sang a préservé de toute chute ? Je vous aime et je vous bénis ! Pauvres enfants d'un père qui a prévariqué au paradis d'Eden, comme l'Ange au paradis des Cieux où en serions-nous avec notre triple concupiscence, ni la condition de notre Salut eût été celle de l'Ange ? Qu'il serait grand le nombre des âmes qui n'attendraient plus que la sentence de malédiction ! Ô saints Anges, qui pénétrez me mystère du Précieux Sang qu'il l'admirez plus que les hommes, parce que vous en saisissez mieux toute l'étendue , je vous en supplie, aimez, louez, bénissez pour moi le Sang qui nous a valu d'être placés ici -bas sous l'empire souverain de la miséricorde. Ainsi- soit-il.

 

III. — Pourquoi les Anges ne furent point rachetés

 

Mais pourquoi le Précieux Sang ne fut il pas un Sang rédempteur pour l'Ange comme pour l'homme ? C'est que, pour sauver l'Ange, il eût fallu un Ange-Dieu, Aucune hostie angélique et divine ne s'offrant pour la réparation de l'ange déchu, il fut voué à l'éternelle réprobation.

« Quand même, dit le P. Faber, tous les Anges ensemble, et les bons et les mauvais, auraient souffert volontairement les plus affreux tourments, volontairement subis, n'auraient pu satisfaire devant Dieu pour le péché du moins coupable des rebelles... il en eu été autrement si Notre-Seigneur s'était revêtu de la nature angélique ».

Mais « le Verbe s'est fait chair... » Et l'Homme-Dieu a racheté l'homme pécheur par l'effusion de tout son Sang sur la Croix ! Ah ! Que nous serions à plaindre si le Verbe ne s'était fait Homme, et si, devenu l'un de nous, il n'eût pris sur lui l'énorme dette de nos Péchés !.. Nés dans la malédiction nous aurions vécu misérables ; nous serions morts dans le désespoir, et notre éternité, comme celle de l'ange prévaricateur, eût été une éternité de pleurs et de grincements de dents. Mais, grâce à Jésus, notre Frère rédempteur, grâce à son Sang répandu, nous appellerons éternellement Dieu « notre Père ! » Si nous le voulons, oui, tous, nous serons sauvés.

L'enfant, qui vient de souiller sa robe d'innocence par un premier péché grave, n'a qu'à se plonger, avec confiance et amour, dans le bain du Sang divin, et une nouvelle grâce de régénération lui est accordée. L'adolescent et l'homme dans la vigueur de l'âge, qui ont eu le malheur d'égarer leurs pas dans les sentiers de la vie, peuvent, en recueillant le Sang dont le Bon Pasteur a rougi les ronces de son chemin, retrouver la voie qui conduit au ciel. Même le vieillard aux prises avec la mort, après une existence coupable, peut encore s'élancer vers le ciel, pourvu qu'avec un cœur contrit, il saisisse la main de Jésus crucifié et offre le Sang qui en découle, en expiation de ses péchés.

Après avoir fait ces considérations invitons les Anges à bénir et à remercier pour nous et avec nous le Dieu-Homme dont le Sang répandu nous associera à leur bonheur... Dans la véhémence de notre gratitude, écrions-nous sans cesse : « Mon Jésus, je vous remercie d'avoir bien voulu vous faire Homme par amour pour nous ». « Que Jésus soit à jamais béni et remercié pour nous avoir sauvés au prix se tout son Sang ». « Vive le Sang de Jésus, maintenant et toujours et dans tous les siècles des siècles ! » Ainsi soit-il.

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Mois de Saint Michel et des Saints Anges

Pieux exercices pour chaque jour du mois

 

Le Matin

 

Bonjour mon bon Ange, à vous je me recommande ; je vous remercie de m'avoir gardé cette nuit, gardez-moi, s'il vous plaît, aujourd'hui, sans péril, sans danger, sans mort subite, surtout sans offenser mon Dieu. Ainsi soit-il.

 

Le Soir

 

Bonsoir mon bon Ange, à vous je me recommande ; je vous remercie de m'avoir bien gardé pendant cette journée ; gardez-moi, s'il vous plaît, cette nuit, sans péril, sans danger de mort subite, surtout sans offenser mon Dieu. Ainsi soit-il.

 

Prières du Matin et du Soir

 

Ajoutez à vos prières ordinaires cette invocation de la Sainte Eglise : Saint Michel Archange et vous tous, ô saints Anges, défendez-nous dans nos combats, afin que nous ne périssions par au redoutable jugement de Dieu ».

 

En toutes sortes de nécessités

 

Glorieux Saint Michel archange, souvenez-vous de nous : ici et partout, priez toujours pour nous le Fils de Dieu.

 

Prières en l'honneur de saint Michel Archange

(Bienheureux Louis-Zéphirin Moreau)

 

Glorieux saint Michel, chef de la milice céleste et défenseur de la sainte Église, nous admirons les sublimes perfections dont le bon Dieu s'est plu à vous orner et à vous enrichir, et nous nous prosternons avec bonheur devant vous pour réclamer votre puissante intercession. Souvenez- vous que nous faisons partie de la grande famille des chrétiens que vous êtes particulièrement chargé de protéger ; que nous sommes continuellement exposés à tomber dans les pièges de Lucifer qui veut nous entraîner, comme ses complices les mauvais anges, dans une rébellion criminelle contre notre Dieu, et que, malheureusement et bien des fois, nous nous sommes laissé surprendre par les artifices de ce cruel ennemi de nos âmes.

Levez-vous, ô Prince de la milice céleste, et dissipez ces légions infernales, en faisant retentir à leurs oreilles le cri sublime : « Qui est semblable à Dieu ? », qui les terrassa et les fit tomber dans l'abîme de tous les maux. Nous avons à combattre le jour et la nuit contre ces esprits de malice répandus dans l'air, et ils ne nous laissent ni repos ni trêve : qui pourrait mieux nous défendre contre leurs morsures envenimées que vous, ô glorieux Archange, qui les avez mis en fuite lorsqu'ils eurent l'audace de s'attaquer à Dieu et de vouloir se rendre semblables au Très-Haut. Soyez notre protecteur et notre défenseur, et faites que nous combattions toujours à côté de vous dans les rangs de cette milice sacrée dont vous êtes l'auguste chef. C'est notre désir le plus ardent et la grâce que nous sollicitons en toute confiance de votre bonté.

En vous priant pour nous, nous ne pouvons oublier de vous prier aussi pour notre mère la sainte Église, et pour son chef visible, notre saint Père le Pape. Hélas ! depuis longtemps, il est aux mains de ses ennemis, et ne peut gouverner librement la sainte Église confiée à sa sollicitude. La ville éternelle est profanée de toute manière ; un gouvernement impie y est établi et travaille avec un acharnement infernal à la destruction des monuments religieux qui s'y sont accumulés depuis des siècles, et qui en faisaient l'ornement et la gloire. L'univers catholique est dans la stupeur : il prie et fait instance au ciel pour la délivrance de son pontife et pasteur bien-aimé. Aidez-nous, ô bienheureux Archange, levez votre glaive puissant ; faites disparaître de la cité sainte l'immonde cohorte d'hommes pervers qui la souillent ; rendez-lui ses solennités et ses joies, en lui redonnant son Pontife et son Roi. Délivrez notre saint Père le Pape de la captivité où il languit ; faites-le triompher au plus tôt de ses ennemis, et qu'il règne longtemps encore sur son vaste empire si heureux de lui obéir. C'est la grâce que nous vous demandons de tout notre cœur. Ainsi soit-il.

 

La Couronne Angélique

Ou Chapelet de Saint Michel

 

Cette dévotion doit son origine à la circonstance suivante : Saint Michel apparut, en 1751, une illustre servante de Dieu, Antonia d'Astonac, carmélite en Portugal. Il lui déclara qu'il voulait qu'on composât, en son honneur, neuf salutations correspondant aux neuf Chœur des Anges. Elles devaient consister chacune, dans la récitation d'un Pater et de trois Ave en l'honneur des trois hiérarchies angéliques ; puis de quatre Pater, dont le premier en son honneur, le deuxième en l'honneur de saint Gabriel, le troisième de saint Raphaël et le dernier de l'Ange Gardien. En compensation, le glorieux prince de la cour céleste promit que quiconque lui rendrait ce culte, aurait, en se rendant à la sainte table, un cortège de neuf anges choisis dans chacun des neuf chœurs. De plus, pour la récitation quotidienne de ces neuf salutations, il promit son assistance continuelle et celle des saints Anges durant tout le cours de la vie, et, après la mort, la délivrance du purgatoire pour soi et pour ses parents. Voilà ce qu'on trouve relaté dans la Vie de la Sainte, livre II, chapitre 14.

 

Formule de la Couronne

 

On commence en baisant la médaille, faisant le signe de la Croix, puis on dit, le plus parfaitement possible, un acte de contrition, à genoux devant l'image du Saint Archange, s'il se peut, on récite les salutations suivantes :

Dieu, viens à mon aide.

Seigneur, à notre secours.

Gloire au Père et au Fils et au Saint Esprit,

comme il était au commencement, maintenant et toujours, pour les siècles des siècles. Amen.


Sur les grains près de la médaille : Réciter quatre Notre Père : le premier en l’honneur de Saint Michel, le second en l’honneur de Saint Gabriel, le troisième en l’honneur de Saint Raphaël et le quatrième en l’honneur de notre Ange Gardien.


Puis, la salutation au premier Chœur des Anges, suivie d'un Notre Père sur le gros grain et trois Je vous salue Marie sur les trois petits grains rapprochés, … et ainsi de suite avec les choeurs suivants.


Salutations aux choeurs des Anges : Au premier Chœur des Anges. Par l'intermédiaire de saint Michel et du Chœur céleste des Séraphins, que le Seigneur nous rende dignes d'être enflammés d'une parfaite charité. Ainsi soit-il.


Au deuxième Chœur des Anges. Par l'intercession de saint Michel et du Chœur céleste des Chérubins, que le Seigneur nous fasse la grâce d'abandonner la voie du péché et de courir dans celle de la perfection chrétienne. Ainsi soit-il.


Au troisième Chœur des Anges. Par l'intermédiaire de saint Michel et du Chœur céleste des Trônes, que le Seigneur répande dans nos cœurs l'esprit d'une véritable et sincère humilité. Ainsi soit-il.


Au quatrième Chœur des Anges. Par l'intercession de saint Michel et du Chœur céleste des Dominations, que le Seigneur nous fasse la grâce de dominer nos sens et de nous corriger de nos mauvaises passions. Ainsi soit-il.


Au cinquième Chœur des Anges. Par l'intercession de saint Michel et du Chœur céleste des Puissances, que le Seigneur daigne protéger nos âmes contre les embûches et les tentations du démon. Ainsi soit-il.


Au sixième Chœur des Anges. Par l'intercession de saint Michel et du Chœur admirable des Vertus célestes, que le Seigneur ne nous laisse pas succomber à la tentation, mais qu'il nous délivre du mal. Ainsi soit-il.


Au septième Chœur des Anges. par l'intermédiaire de saint Michel et du Chœur céleste des Principautés, que le Seigneur remplisse nos âmes de l'esprit d'une véritable et sincère obéissance. Ainsi soit-il.


Au huitième Chœur des Anges. Par l'intercession de saint Michel et du Chœur céleste des Archanges, que le Seigneur nous accorde le don de la Persévérance dans la foi et dans les bonnes œuvres, pour pouvoir arriver à la possession de la gloire du Paradis. Ainsi soit-il.


Au neuvième Chœur des Anges. par l'intercession de saint Michel et du Chœur céleste de tous les Anges, que le Seigneur daigne nous accorder d'être gardés par eux pendant cette vie mortelle, pour être conduits ensuite à la gloire éternelle du ciel. Ainsi soit-il.


Antienne : Très glorieux saint Michel, chef et prince des armées célestes, gardien fidèle des âmes, vainqueur des esprits rebelles, favori de la maison de Dieu, notre admirable guide après Jésus-Christ, vous dont l'excellence et la vertu sont suréminentes : daignez nous délivrer de tous les maux, nous tous qui recourons à vous avec confiance, et faites par votre incomparable protection, que nous avancions chaque jour dans la fidélité à servir Dieu.


V.: Priez pour nous, ô bienheureux saint Michel, Prince de l'Eglise de Jésus-Christ.

R.: Afin que nous puissions être dignes de ses promesses.


Oraison : Dieu tout puissant et éternel, qui par un prodige de bonté et de miséricorde pour le salut commun des hommes, avez choisi pour prince de votre Eglise le très glorieux Archange saint Michel ; rendez-nous dignes, nous vous en prions, d'être délivrés, par sa bienveillante protection, de tous nos ennemis, afin qu'à notre mort aucun d'eux ne puisse nous inquiéter, mais qu'il nous soit donné d'être introduits par lui en présence de votre puissante et auguste majesté. Par les mérites de Jésus-Christ N.-S.. Ainsi soit-il.

 

Pour obtenir des images, chapelets de Saint Michel, statuettes, offrande de messes, s'adresser à :


Maison du Pèlerin,

B.P. 1

50170 Le Mont Saint Michel (France)


Extrait de la prière d’exorcisme du Pape Léon XIII,

et recommandée par l’Abbaye du Mont Saint Michel


Prince très glorieux de la milice céleste, saint Michel Archange, défendez-nous dans le combat contre les esprits méchants répandus dans le monde pour perdre les âmes. Venez au secours des hommes que Dieu a créés à son image et à sa ressemblance, et qu’il a rachetés à grand prix de la tyrannie du démon. La sainte Église vous vénère comme son gardien et son protecteur. C’est à vous que le Seigneur a confié la mission d’introduire dans le bonheur du ciel les âmes rachetées. Priez donc le Dieu de paix de vaincre Satan, afin qu’il ne puisse plus retenir les hommes dans ses chaînes et nuire à l’Église. Présentez au Très-Haut nos prières, afin que sans tarder le Seigneur nous fasse miséricorde. Amen.

 

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Premier jour

Motifs propres à nous exciter à la pratique fervente des pieux Exercices de ce Mois

 

Le P. Récupito, cite par saint Alphonse de Liguori, assure que La dévotion à saint Michel est un signe de prédestination an paradis. La raison en est que, comme ministre du Verbe incarné, le glorieux Archange aime beaucoup les âmes rachetées par le Sang du Dieu-Homme ; et que, pouvant les secourir efficacement, à raison de son crédit auprès de Dieu, il ne manque jamais d'assister celles qui se placent sous sa protection. C'est ce qu'au rapport de Saint Anselme, il déclara à Satan qui tourmentait un religieux mourant : « Sache, lui dit saint Michel, que tu n'auras jamais aucun pouvoir sur les âmes qui ont recours à moi et qui sont sous ma protection ». Ou ces âmes ne perdent pas l'amitié de Dieu, ou elles la recouvrent et obtiennent la grâce de la persévérance finale. L'Eglise atteste, dans l'office du saint Archange, au 8 mai, que, « lorsqu'on honore saint Michel on participe à ses bienfaits, et que lorsqu'il s'intéresse à une âme, il lui obtient le royaume des cieux ». Les deux exemples suivants appuient cette assertion ; ils sont cités par saint Alphonse de Liguori.

Un trésorier du roi de Pologne nommé Hubert Salonic, après avoir vécu dans le crime, fut atteint d'une maladie mortelle. Aux prises avec la mort, il se regardait comme perdu, voyant que les démons accouraient en foule pour se saisir de lui. Il avoua qu'il allait être damné si le chef de la milice angélique ne l'eût secouru. Mais, au moment où tout lui paraissait désespéré, saint Michel, qu'il avait honoré pendant sa vie, lui apparut ; il chassa les démons et dit à l'agonisant que Dieu lui accordait huit jours de vie pour réparer les désordres de sa conscience. La lumière et l'onction de la grâce pénétrant dans son âme, le pécheur fait appeler un prêtre, se confesse avec les sentiments du plus vif repentir, reçoit avec piété les sacrements de l'Eglise et meurt avec une grande espérance de saint.

Un autre malheureux pécheur se trouvant aussi près de mourir, fut si violemment tenté de désespoir qu'il alla jusqu'à refuser les sacrements de la sainte Eglise. Mais, malgré ses crimes, il avait conservé certains sentiments de dévotion envers saint Michel : ce fut son salut. Au moment où il allait expirer, l'archange de la bonne mort lui apparut, lui révéla qu'il avait prié pour lui, et que Dieu lui accordait encore trois heures de vie Le moribond, après avoir remercié son céleste bienfaiteur, fit appeler un prêtre. On courut à un couvent de Dominicains qui se trouvait peu éloigné ; mais, en chemin, le courrier rencontra deux de ces religieux qui lui dirent qu'une personne inconnue les avait priés de se hâter d'aller confesser le malade, et qu'ils s'y rendaient en toute diligence. On présuma avec raison que cet inconnu n'était autre que saint Michel. Le moribond se confessa avec une vive componction, et, les trois heures étant écoulées, il expira dans la paix et l'espérance d'aller remercier, au ciel, celui dont la médiation l'avait sauvé.

Il ne faudrait pas conclure de ces exemples que, pourvu qu'on honore saint Michel, menât-on une vie dépravée, on mourra dans la grâce de Dieu : mais on en peut conclure que, si le saint Archange a couvert de sa protection des âmes qui la méritaient si peu, à plus forte raison ne manquera-t-il pas d'assister, à l'heure de la mort, les âmes qui l'auront invoqué habituellement et qui auront fait des efforts constants pour vivre dans la grâce de Dieu.

Afin de mériter la protection de saint Michel, nous pourrions peut-être adopter quelques-unes des pratiques suivantes. La meilleure sera celle que nous garderons le plus fidèlement : 1° Ajouter, à la prière du matin et du soir, la courte invocation suivante : Saint Michel Archange, défendez-nous dans nos combats, afin que nous ne périssions pas au redoutable jugement de Dieu. 2° Le prier, au moment de la tentation ou d'un danger quelconque, par très précieux Sang de Jésus-Christ. 3° Réciter, au moins le lundi, le Chapelet qu'il a fait composer, et à la récitation duquel il a promis de si nombreux avantages. 4° Célébrer la neuvaine qui précède ses fêtes ; 5° Jeûner la veille de celle de ses fêtes que les circonstances nous permettent de chômer avec plus de piété. 6° Faire, du mois de septembre, un mois de pieux exercices en son honneur. 7° Entrer dans quelqu'une de ses Confréries.

 

Prière très efficace qu'il serait avantageux de réciter tous les jours

 

Auguste Reine des cieux, souveraine Maîtresse des Anges, vous qui avez reçu de Dieu le pouvoir et la mission d'écraser la tête de Satan, nous vous le demandons humblement, envoyez les légions saintes pour que, sous vos ordres et par votre puissance, elles poursuivent les démons, les combattent partout, répriment leur audace et les refoulent dans l'abîme. Qui est comme Dieu ? Saints Anges et Archanges, défendez-nous, gardez-nous. bonne et tendre Mère, vous serez toujours notre amour et notre espérance. O divine Mère, envoyez les saints Anges pour me défendre et repousser loin le moi le cruel ennemi. Ainsi soit-il.

 

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Deuxième jour

L'Emploi de l'Ange

 

Le mot Ange n'indique point la nature de l'Esprit céleste ; il détermine son office, son emploi, le ministère qu'il exerce : ange signifie messager, envoyé. En faudrait-il davantage pour être tenté de croire que, même en son ciel, Dieu a tout créé pour l'homme ? Quoi ! ces Intelligences sublimes, dont l'auguste Trinité forme sa cour, portent un nom qui semble surtout indiquer leurs fonctions auprès de l'homme ! Les Anges sont les messagers, les envoyés de Dieu. Et où iront- ils exercer leur emploi ? Partout où se trouvera l'homme. Ils viennent demander à une fille d'Eve le sang dont l'Esprit Créateur veut se servir pour former la Victime qui doit sauver le monde par l'effusion de son Sang. Ils viennent annoncer à la terre la paix de celui qui veut tout pacifier par le Sang de son Fils. Ils viennent informer Joseph qu'il faut fuir, parce qu'on cherche à verser trop tôt le Sang de l'Enfant-Dieu. Et plus tard, ils descendent à Gethsémani apporter à la Victime déjà sanglante une réponse qui fait de son fiat l'acte de la plus sublime adoration de la volonté, du Père céleste, volonté immuablement fixée dans son décret de ne sauver l'homme qu'en l'inondant des flots d'un Sang divin. Et, depuis le Calvaire, combien d'envoyés célestes sont descendus vers l'homme ! Tous les jours, comme dans la vision de Jacob, ils montent et descendent.

Ô Esprits de lumière, divins Envoyés, apportez-moi du ciel, je vous en conjure, une grâce efficace qui me fasse correspondre à l'amour de mon Dieu, et qui me mérite de glorifier éternellement le Sang rédempteur. Ainsi soit-il.

 

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Troisième jour

L'Empire des Anges

 

Comme Messagers de Dieu ou Exécuteurs de ses ordres, les Anges exercent un grand empire sur nos âmes et sur nos corps. Dieu, cependant, ne leur a point communiqué la puissance de pénétrer jusqu'à l'intime de nos âmes : les anges ignorent nos pensées et nos sentiments secrets. Notre cœur est un sanctuaire que l'œil de Dieu s'est réservé, mais dont il nous a confié la clef. Cette disposition de la Providence le nous prouve-t-elle pas la divine jalousie du cœur de Dieu ? Son ardent amour pour l'homme ?

« Mon fils, donne-moi ton cœur », semble-t-il nous dire par cette réserve imposée à l'ange, « donne-le-moi, puisque seul j'ai le droit d'y entrer. C'est moi qui l'ai fait si tendre et si aimant, si affamé d'amour et de bonheur, et je ne l'ai fait ainsi que pour moi ... Si tu me le donnes, je me féliciterai du Sang qu'il m a fallu verser pour l'obtenir ; je le montrerai aux Anges comme une capture faite sur l'infernal ennemi, et, en me voyant ainsi aimé, ils chanteront, à la gloire de mon Sang triomphant, l'hymne delà jubilation et de l'action de grâce... Mais, si tu me le refuses, je me tiendrai tristement assis à sa porte ; je saisirai toutes les occasions de me le faire ouvrir, en m'efforçant de cacher à l'ange déchu le mystère d'ingratitude qui m empêche de jouir d'un butin conquis au prix de tant de Sang et de souffrances ».

Ô saints Anges, puisque les secrets de mon cœur vous sont cachés, je veux vous les révéler, afin que vous m'aidiez a réaliser ma sainte ambition. Je voudrais aimer mon Dieu comme vous l'aimez vous-mêmes. Ah ! Je vous en supplie, déposez dans mon cœur une goutte du Sang qui jaillit, un jour de sa poitrine transpercée, et je saurai rendre à mon Jésus amour pour amour, sang pour Sang. Ainsi soit-il.

 

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Quatrième jour

L'Ange et le cœur humain

 

A la vérité, Dieu n'a point voulu permettre à l'Ange de s'introduire par lui même jusqu'au sanctuaire intime de l'âme humaine ; mais il permet à l'homme d'y introduire l'Ange Pour cela il suffit d'un acte de notre volonté. Dès que nous désirons le regard de l'Ange, l'œil angélique est illumine sur tout ce que nous voulons qu'il voie de notre intérieur. Quelle dignité possède donc l'âme humaine, puisque Dieu la traite avec une si respectueuse réserve ! Sa ressemblance avec Dieu, le prix qu'elle coûte nous dit mieux que toute parole et sa valeur et sa noblesse : elle vaut e Sang d'un Dieu !

Et quelle réserve, quelle discrétion pratiquerons-nous dans nos rapports mutuels de société, si nous voulons imiter l'exquise délicatesse de Dieu envers nous ! Que les secrets du prochain nous soient toujours sacrés, quand il nous les communique ; et qu'ils nous le soient encore davantage, s'il se peut, quand il se les réserve. Sérieux examen à faire ici, si nous étions enclins à juger les intentions du prochain.

Ô saints Anges, si Je ne puis imiter la perfection de Dieu dans ses sublimités, obtenez-moi de lui ressembler, au moins, dans cette aimable réserve envers le prochain qui consiste à n'entrer chez lui que dans la mesure qu'il le veut, et à ne rien sortir des intimités de sa maison. Ainsi soit-il.

 

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Cinquième jour

Les neuf Choeurs des Anges

 

Les Anges sont divisés en neuf chœurs et forment trois hiérarchies. La première hiérarchie est composée des Séraphins, des Chérubins et des Trônes ; la seconde comprend les Dominations, les Puissances et les Vertus ; la troisième est formée des Principautés, des Archanges et des Anges. La fonction spéciale des Anges de chaque chœur est déterminée dans la prière suivante :

Séraphins ardents, vous qui, placés au foyer éternel de l'amour, plongez sans cesse vos regards dans les rayons du soleil de justice, allumez dans nos cœurs, par la vertu du Sang divin, le feu sacré dont vous être consumés.

Chérubins très éclairés, vous qui êtes admis dans les secrets de Dieu dissipez les ténèbres de nos âmes, et, par la vertu du Sang divin, faites briller à nos yeux cette lumière surnaturelle qui nous fasse bien comprendre les vérités du salut.

Trônes sublimes et éblouissants de beauté, vous sur qui repose le Tout- Puissant, et qui intimez ses ordres aux anges inférieurs, obtenez-nous, par la vertu du Sang divin, la paix avec Dieu, avec le prochain et avec nous-mêmes.

Dominations suprêmes, vous qui avez autorité sur tous les chœurs angéliques chargés d'exécuter les ordres de Dieu, régnez sur nos esprits et sur nos cœurs ; et, par la vertu du Sang divin, aidez-nous à connaître et à accomplir fidèlement la volonté de Dieu.

Puissances invincibles, vous qui avez pour mission d'écarter les obstacles et d'éloigner les ennemis qui s'opposent à l'exercice des volontés divines, défendez-nous contre les attaques du démon, du monde et de la chair ; et, par la vertu du Sang divin, rendez-nous victorieux dans nos luttes contre cette triple puissance.

Vertus célestes, qui veillez à l'harmonie de la création matérielle, vous dont le nom signifie force, ayez pitié de notre faiblesse ; et obtenez-nous par la vertu du Sang divin, que nous souffrions avec patience tons les maux de cette vie.

Principautés souveraines, vous qui êtes les princes des nations, nous vous conjurons de veiller d'une manière efficace sur notre patrie, afin qu'elle réalise les desseins de Dieu sur elle. Gouvernez aussi nos âmes et nos corps, et, par la vertu du Sang divin, daignez nous faire atteindre nos destinées éternelles.

Archanges très nobles, vous qui, sous le commandement de saint Michel, gardez et protégez la sainte Eglise, daignez la délivrer de ses ennemis intérieurs et extérieurs. Veillez aussi sur le Père commun des fidèles, ainsi que sur tous les enfants de cette épouse immaculée du Christ ; et, par la vertu du Sang divin, faites-nous vivre et mourir dans sa foi, son espérance et sa charité, afin que nous soyons éternellement unis à son divin chef, Jésus-Christ Notre-Seigneur.

Anges très saints, vous que le zèle des intérêts de Dieu transporte plus rapidement que l'éclair partout où ils doivent être sauvegardés, protégez sa cause dans nos âmes ; et, par la vertu du Sang divin, obtenez-nous la grâce insigne de la persévérance finale. Ainsi soit-il.

 

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Sixième jour

Les Anges assistants au Trône de Dieu

 

Les Anges qui n'ont point de ministère extérieur sont désignés plus particulièrement sous le nom d'assistants au Trône de Dieu.

Contempler sa face divine ; se baigner dans la source des délices ineffables qui constituent le bonheur du ciel ; offrir les louanges, les prières, les bonnes œuvres des mortels ; plaider la cause des humains contre les démons ; montrer incessamment, en leur faveur, le Précieux Sang de Jésus ; telles sont leurs attributions spéciales. Elles sont surtout exercées par les Séraphins, les Chérubins et les Trônes.

Il est des âmes ici-bas dont les fonctions ressemblent à celles des Anges qui n'ont aucun ministère extérieur ce sont les âmes vouées à la vie contemplative.

Regarder le ciel.... la croix... l'autel, contempler, à la lumière de la foi, les perfections divines, l'Homme de douleurs revêtu d'opprobres, de Sang et de plaies ; s'unir aux louanges, aux bénédictions, au perpétuel Sanctus des Anges et de toute la cour céleste plaider la cause des justes et des pécheurs auprès du Souverain des cieux, offrir incessamment, en leur faveur ainsi que pour tout ce qui souffre ici bas, le Très Précieux Sang de Jésus, telles sont leurs fonctions essentielles. Leur vie, c'est l'essai du ciel, le prélude de la béatitude, presque la condition de l'Ange avant sa confirmation dans l'état de grâce.

Le monde aveugle, qui n'entend rien aux choses de Dieu, n'a que du dédain pour cette classe d'ouvriers à genoux ; il la croit frappée de stérilité. Mais l'Eglise, mais les âmes que Dieu illumine assurent que l'action des contemplatifs est à peu près celle des anges assistants au Trône de Dieu : c'est-à-dire que, par leur perpétuelle médiation auprès de Jésus-Hostie, ils obtiennent le succès des œuvres que les Anges voués à l'action poursuivent avec tant de zèle, d'abnégation et de dévouement.

O vous. Séraphins, Chérubins, Trônes sublimes, qui contemplez sans cesse l'auguste Trinité ; ô vous, Esprits de lumière et de feu qui adorez sans interruption les Plaies glorieuses de l'Homme-Dieu assis à la droite du Père, je vous en conjure, par le bonheur même dont vous jouissez, offrez en ma faveur le Sang précieux de ma Rédemption ; plaidez, avec ce Sang, la cause de mon âme souillée ; rappelez les douleurs au milieu desquelles il a été versé, et faites en sorte que cette pauvre petite créature humaine, qui vous implore, ait un jour le bonheur de contempler son Dieu face a tace et de s'enivrer à la source de vos inépuisables délices.

De plus, saints Anges, daignez multiplier ici-bas les âmes contemplatives, ces assistantes au trône de Jésus-Hostie. Obtenez-leur de vous imiter si bien dans la. sainteté de leur vie, qu'elles méritent de participer aussi à la fécondité de votre ministère. Ainsi soit-il.

 

La synaxe des Archanges

Septième jour

Les sept Anges debout devant Dieu

 

« Je suis Raphaël, disait l'un de ces Anges à Tobie, un des sept qui nous tenons debout devant Dieu ». Les fonctions de ces Anges, est-il dit quelque part, sont de veiller aux sept dons du Saint-Esprit, afin de les obtenir, de nous les communiquer et de les faire fructifier ; de dompter les sept démons qui président aux sept péchés capitaux ; de nous faire pratiquer les sept vertus nécessaires au salut, c'est-à-dire les trois vertus théologales et les quatre vertus cardinales.

S'il en est ainsi, ne peut-on pas dire avec vérité que l'attribution spéciale de ces Anges est d'appliquer, de distribuer, d'administrer le Sang divin aux âmes ?

En effet, les dons du Saint-Esprit ne nous sont mérités que par les sept effusions du Sang infiniment précieux de Jésus-Christ ; le péché ne peut être dominé, vaincu, arraché d'une âme que par la force puisée dans ce Sang Divin ; et il n'y a également que la puissance émanant du Sang de l'Agneau immolé qui puisse nous rendre aptes à la pratique des vertus.

Le célèbre oratorien, Faber, facilite encore cette conclusion, en se montrant incliné à admettre la pieuse croyance développée dans les lignes suivantes dictées par l'éminent théologien : « Chacun des sept Anges qui se tiennent devant le trône de Dieu est, dit-on, commis à la garde d'un Sacrement. L'Eucharistie est assignée à saint Michel, le Baptême à saint Gabriel, la confirmation à saint Uriel, la Pénitence à saint Jéhudiel l'Extrême-Onction à saint Raphaël, l'Ordre à saint Sealtiel et le Mariage a saint Barachiel ».

Les sacrements étant, selon l'expression même du P. Faber, les vases du Précieux Sang, nous pouvons donc dire que les sept anges qui président aux sacrements sont, en vérité les gardiens, les dépositaires, les ministre du Précieux Sang.

O saints Anges. voici mon âme, baignez-la, submergez-la, noyez-la dans les flots du Sang qui nous a mérité toute grâce, toute protection, tout secours pour le temps et pour l'éternité et obtenez-moi par le Sang même auquel vous devez votre félicité, de recueillir bien précieusement dans mon âme toutes les gouttes qui m'en sont offertes dans les grâces de Dieu et dans les sacrements de la sainte Eglise. Ainsi soit-il.

 

Extrait du « Nouveau Mois de Saint Michel Archange et des Saints Anges », publié en 1893 par le Monastère du Précieux Sang, à Saint Hyacinthe (Canada)

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23 juin 2016

Le Mois du Sacré Cœur de Jésus

Le Mois du Sacré Cœur de Jésus

Un Tertiaire Séculier

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« Nous avons tout reçu de sa plénitude ». (Jean, 1, 16).

 

Vingt-quatrième jour

 

Dieu nous distribue ses grâces par les mérites du sang de son Fils. Il nous met, par là même, dans l'occasion d'acquérir des trésors immenses pour l'éternité. Mais il faut avouer que nous faisons chaque jour, par notre négligence, des pertes inconcevables. La plupart de nos actions perdent leur valeur faute d'une droite intention.

Pratique : Offrez vos bonnes œuvres et toutes vos actions au Cœur de Jésus afin qu'elles soient purifiées en passant par ce Cœur infiniment parfait.

Oraison jaculatoire : Ô Cœur de Jésus, embrasez-moi de votre amour !

 

Vingt-cinquième jour

 

Partout où le cœur de Jésus a trouvé des adorateurs, l'image de de Cœur divin a été révérée. En effet, lorsque nous avons un bon ami éloigné de nous, son portrait nous est agréable, sa vue nous fait plaisir :elle excite dans nos cœurs les mêmes affections que produirait la présence de notre ami. De là les sentiments de dévotion que les images du Sacré Cœur de Jésus doivent faire naître dans les âmes qui sont touchées de son amour. Sainte Thérèse disait qu'elle aurait voulu en rencontrer dans tous les lieux où se portait sa vue.

Pratique : Avoir toujours sur soi une médaille du Sacré Cœur de Jésus. Travailler, autant qu'on le pourra, à procurer à cet aimable Cœur un sanctuaire qui lui soit dédié.

Oraison Jaculatoire : Aimé soit partout le Sacré cœur de Jésus !

 

Vingt-sixième jour

 

Trois obstacles principaux nous arrêtent ordinairement dans le chemin de la vraie dévotion au Cœur de Jésus : le premier, c'est la tiédeur. L'âme tiède ne fait que ce qu'elle ne peut omettre, et l'apôtre Saint Jean dit que Jésus-Christ la vomira de sa bouche. Le second obstacle est l'amour propre. Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il se renonce soi-même, qu'il porte sa croix et qu'il me suive. Le troisième obstacle, c'est quelque passion favorite qu'on ménage, qu'on ne saurait sacrifier.

Pratique : Si vous désirez obtenir une vraie dévotion au Cœur de Jésus, il est important de vous assurer si vous n'avez pas à surmonter en vous quelqu'un des obstacles que l'on vient de signaler.

Oraison Jaculatoire : Dieu, créez en moi un cœur digne d'être uni au cœur de Jésus !

 

Vingt-septième jour

 

Si vous voulez marcher à grands pas dans la voie de la perfection, et attirer sur vous les bénédictions du cœur de Jésus, embrassez la mortification intérieure et la mortification extérieure : toutes deux sont nécessaires pour arriver à la gloire véritable ; l'une ne peut réellement pas subsister sans l'autre. Mais la plus nécessaire est sans contredit la mortification intérieure, dont personne ne peut se dispenser. C'est cette violence qu'il faut se faire sans cesse pour ravir le royaume des cieux...

Pratique : Joignez à l'examen général de votre conscience, l'examen particulier de chaque jour que vous ferez sur votre défaut dominant ou sur une vertu que vous cherchez à acquérir.

Oraison Jaculatoire : Doux Cœur de Marie, soyez mon salut.

 

Vingt-huitième jour

 

Le premier moyen d'obtenir un ardent amour pour Jésus Christ et une dévotion tendre à son Sacré cœur, c'est la prière. Il y a sujet de s'étonner que les chrétiens ne soient pas, pour ainsi dire, tout puissants, puisqu'ils ont un moyen infaillible d'obtenir tout ce qu'ils désirent. Or, ce moyen ne consiste qu'à demander, et il n'est rien à quoi Jésus-Christ se soit si souvent et si solennellement engagé qu'à exaucer nos prières.

Pratique : Vous ne pouvez rien faire de plus agréable au cœur de Jésus que de vous adresser à lui avec confiance dans tous vos besoins. Surtout, ne manquez pas de lui demander son amour.

Oraison Jaculatoire : Doux cœur de Jésus, soyez mon amour.

 

Vingt-huitième jour

 

La dévotion envers le Sacré Cœur de Jésus est proprement un exercice d'amour. Or il suffit de savoir ce que c'est que de communier, pour concevoir qu'il n'est point de moyen plus sûr pour être Bientôt embrasé d'amour pour Jésus-Christ, que de s'approcher souvent de ce divin sacrement. « Il n'est pas possible, dit le Sage, de porter du feu dans son sein et de n'en être pas brûlé ». Ce feu sacré, c'est l'adorable Eucharistie, qui, comme le dit Saint Bernard, est l'amour des amours. Allons donc souvent à cette source de tous les biens ; c'est là qu'unis et incorporés à Jésus-Christ, l'auteur même de la grâce, nous la verrons couler tous les jours sur nous avec de nouvelles profusions.

Pratique : tâchez de vous rendre digne de communier souvent ; de la préparation et de l'action de grâces dépend tout le fruit de cette grande action.

Oraison jaculatoire : Sang de Jésus-Christ, enivrez-moi !

 

Trentième jour

 

La divine Eucharistie ne profite pas seulement à ceux qui la reçoivent. Pour recueillir quelques-uns des fruits de vie qui y sont attachés, il suffit de visiter Jésus-Christ dans cet adorable sacrement, de le désirer, d'y penser, de se tourner en esprit vers quelque église où il repose. C'était la pratique de Saint Alphonse de Liguori et d'un grand nombre de Saints. Il n'est rien qui gagne plus sûrement le Cœur de Jésus que ces fréquentes adorations et ces visites.

Pratique : Prenez la ferme résolution de ne passer aucun jour sans visiter Jésus-Christ au Saint-Sacrement.

Oraison jaculatoire : Que rendrai-je au cœur de Jésus pour l'amour qu'il me porte au Saint Sacrement ?

 

Trente-et-unième jour

 

Marie a tout pouvoir sur le Cœur de Jésus, elle est la mère du parfait amour. Nous pouvons donc nous adresser à elle avec confiance pour demander à être embrasés de cet amour ineffable. Les sacrés Cœurs de Jésus et de Marie sont trop conformes et trop unis pour que l'un ne nous conduise pas toujours à l'autre. Que de pécheurs Marie n'a-t-elle pas dirigés vers le Cœur de Jésus, où ils ont reçu le pardon de leurs iniquités !

Pratique : Unir à la dévotion au Sacré Cœur de Jésus la dévotion si belle au Cœur Immaculé de Marie.

Oraison Jaculatoire : Doux Cœur de Marie, soyez mon salut !

 

Trente-deuxième jour

 

Pour être vraiment dévots au cœur de Jésus, nous devons l'être aussi envers le père nourricier du Fils de Dieu. Saint Joseph aima Jésus, il le porta dans ses bras, il eut soin de son enfance Et Jésus aime son père ; son Cœur adorable est plein de reconnaissance pour lui, et il ne saurait rien lui refuser : nous ferons donc quelque chose de bien agréable à notre divin Sauveur en nous adressant souvent au grand saint Joseph, à cet homme juste par excellence, qui est à la fois notre protecteur et notre modèle.

Pratique : Dire souvent dans la journée, des invocations, de cœur plutôt que de bouche, au glorieux Saint Joseph, si puissant sur le cœur de Jésus.

Oraison Jaculatoire : Cœur de Jésus, faites que je vous aime, et faites que je vous imite !

 

Trente-troisième jour

 

On peut dire de la dévotion au Sacré Cœur ce que dit Saint Augustin de tout ce qui regarde la gloire de Dieu : quand on manque de zèle, on n'aime pas. On veut le bien de ceux que l'on aime, on cherche à procurer la satisfaction des cœurs auxquels on est uni d'affection. Or, le Cœur de Jésus ne désire rien tant que de voir les cœurs des hommes venir de toutes parts se ranger sous son joug si doux et si léger. Donc, si nous aimons Jésus notre Sauveur, travaillons de tontes nos forces à donner à son Cœur sacré le plus de dévots adorateurs qu'il nous sera possible. Pour cela prions, prions beaucoup ; et puis, ne manquons jamais de profiter de toutes les occasions qui se présenteront pour enchaîner de nouveaux captifs dans les filets d'amour du Cœur de Jésus.

Pratique : Employez une petite partie de vos économies à vous procurer des livrets, des images ou des médailles du Sacré Cœur, et lâchez de les répandre de tous côtés.

Oraison Jaculatoire : Cœur de Jésus, que le zèle de votre gloire me dévore !

 

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Acte de consécration au Sacré cœur de Jésus

(Révélé par Jésus à Sainte Marguerite-Marie Alacoque)

 

Moi (N), je me donne et consacre au Sacré Cœur de Notre Seigneur Jésus-Christ. Je Lui donne ma personne et ma vie, mes actions, peines et souffrances, pour ne plus vouloir me servir d'aucune partie de mon être que pour l'honorer, l'aimer et glorifier. C'est ici ma volonté irrévocable que d'être toute à Lui et faire tout pour son amour, en renonçant de tout mon cœur à ce qui pourrait lui déplaire. Je vous prends donc, ô Sacré Cœur, pour l'unique objet de mon amour, le protecteur de ma vie, l'assurance de mon salut, le remède de ma fragilité et de mon inconstance, le réparateur de tous les défauts de ma vie et mon asile assuré à l'heure de ma mort.

Soyez donc, ô Cœur de bonté, ma justification envers Dieu le Père, en détournant de moi les traits de sa juste colère. Ô Cœur d'amour ! Je mets toute ma confiance en vous, car je crains tout de ma malice et de ma faiblesse, mais j'espère tout de votre bonté. Consommez donc en moi tout ce qui peut vous déplaire ou résister ! Que votre pur amour vous imprime si avant dans mon cœur que jamais je ne puisse vous oublier, ni être séparée de vous, que je conjure, par toutes vos bontés, que mon nom soit écrit en vous, puisque je veux faire consister tout mon bonheur et toute ma gloire à vivre et à mourir en qualité de votre esclave. Amen.

 

Fin du Mois du Sacré Cœur de Jésus

Pour télécharger l'intégralité des méditations de ce mois (pdf), cliquer ici

Icône Année Sainte Miséricorde

Prochain Mois de Dévotion : Mois de Saint Michel Archange,

Rendez-vous le 31 août

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