L'Avent avec les Saints du Carmel
L'Avent avec les Saints du Carmel
Quatrième Semaine
Enseignés par saint Joseph, accueillir le don inouï de Celui qui vient
Sous le patronage de saint Joseph
Tandis que nous approchons de la nuit de Noël, la liturgie nous fait entendre les récits des événements qui ont immédiatement précédé la naissance du Sauveur. Ce dimanche, l’évangéliste Matthieu nous rapporte l’annonce reçue par saint Joseph. Cette « annonce à Joseph » nous est peut-être moins familière que celle reçue par la Vierge Marie, racontée par saint Luc, et commémorée lors de la solennité de l’Annonciation, ainsi que chaque jour, par la prière de l’Angelus. C’est pour nous l’occasion de nous laisser rejoindre, sur notre chemin d’Avent, par saint Joseph, lui que la tradition spirituelle du Carmel affectionne particulièrement.
À son sujet, sainte Thérèse d’Avila affirmait notamment : Je ne vois pas comment on peut penser à la Reine des anges et à tout ce qu’elle eut à souffrir en compagnie de l’Enfant-Jésus, sans remercier saint Joseph de les avoir si bien assistés l’un et l’autre. Ceux qui ne trouvent pas de maître pour leur enseigner l’oraison n’ont qu’à prendre ce saint pour guide et ils ne feront pas fausse route (Livre de la Vie 6, 8). C’est donc au nom du réalisme de l’incarnation – et d’un bon sens élémentaire ! – que sainte Thérèse nous encourage à nous tourner vers saint Joseph. À la suite de sainte Thérèse, à la fin du XVIIe siècle, les Carmes déchaux instaurèrent une fête du « patronage de saint Joseph », pour célébrer leur Protecteur. Ne pourrions-nous pas nous aussi vivre cette dernière semaine de l’Avent sous le patronage de saint Joseph, en le choisissant comme guide ? Pour ce faire, commençons par nous mettre à l’écoute du récit évangélique de « l’annonce à Joseph » :
Voici comment fut engendré Jésus Christ :
Marie, sa mère, avait été accordée en mariage à Joseph ; avant qu’ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l’action de l’Esprit Saint. Joseph, son époux, qui était un homme juste, et ne voulait pas la dénoncer publiquement, décida de la renvoyer en secret.
Comme il avait formé ce projet, voici que l’ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, puisque l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint ; elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. »
Tout cela est arrivé pour que soit accomplie la parole du Seigneur prononcée par le prophète : Voici que la Vierge concevra, et elle enfantera un fils ; on lui donnera le nom d’Emmanuel, qui se traduit : « Dieu-avec-nous ».
Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse (Mt 1, 18-24).
Face aux imprévus…
Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette annonce est déroutante pour Joseph. Accueillir la venue du Fils de Dieu dans sa vie, cela va le conduire à renoncer à son projet personnel, ou plutôt à renoncer à la forme qu’il avait légitimement envisagée pour la réalisation de son projet personnel. Certainement, il sent dans son cœur l’appel à être époux et père. Cependant, après la visite de l’ange du Seigneur, il va recevoir de Dieu lui-même la façon dont se réaliseront ses désirs : il sera époux et père, mais d’une manière bien différente de ce qu’il avait imaginé, d’une manière encore plus belle et féconde que ce qu’il avait imaginé.
Pour ce qui nous concerne, tout au long de notre retraite, notre désir de la venue du Fils de Dieu a grandi, notre confiance en sa venue certaine s’est affermie. Mais aussi, soyons bien sûr qu’il viendra à nous de la manière qu’il voudra et non pas forcément de la manière que nous imaginons. Alors, en cette dernière semaine, il nous est bon de nous laisser enseigner par saint Joseph : pour cela, voyons comment Joseph lui-même parvient à consentir à l’inouï qui est en train de se produire dans sa vie.
D’abord, comme l’ange l’y encourage, il fait confiance à Dieu : « Ne crains pas ». Peut-être nous demandons-nous quelle pourrait bien être la peur qui menace Joseph, lui dont l’évangéliste saint Matthieu nous dit qu’il est « un homme juste » ? Sans doute celle d’un fiancé amené à renoncer à ses projets les plus chers, et même à son projet de vie. En effet, l’irruption inouïe du Fils de Dieu dans la vie de sa fiancée amène Joseph à consentir à renoncer non pas à un élément de sa vie, mais de renoncer à sa vocation profonde, ou tout au moins à l’image qu’il en avait jusque-là. C’est une plongée dans l’inconnu qui peut susciter un véritable effroi : il lui est demandé d’accepter une paternité si différente de ce qu’il avait légitimement prévu.
Nous aussi, nous pouvons connaître des remises en cause, petites et grandes, de nos projets personnels. Évidemment, il importe que nous soyons des acteurs responsables de notre vie, que nous ne nous laissions pas ballotter au gré des événements. Mais quand l’inattendu surgit dans notre vie, Joseph nous invite à ne pas craindre, à faire confiance, afin de pouvoir accueillir, même dans ce que nous n’avions pas prévu, le dessein d’amour de Dieu.
Ensuite, le messager divin demande à Joseph : « Prends chez toi Marie ton épouse ». Rendu capable d’accueillir la nouveauté du projet du Seigneur, Joseph est appelé à collaborer à l’œuvre de Dieu. En effet, « prendre chez lui » son épouse, ce n’est pas seulement accueillir celle-ci dans une maison, c’est prendre soin d’elle, veiller sur elle et sur l’Enfant qu’elle porte : Joseph sera le responsable, le gardien de la Sainte Famille, le garant de l’accomplissement de la vocation divine de Marie et de son Fils.
Nous aussi, à travers les circonstances parfois déroutantes de nos vies, nous sommes appelés à découvrir comment nous allons participer à la croissance du Royaume de Dieu en notre monde, comment nous allons soutenir nos frères et sœurs afin qu’ils grandissent dans l’accomplissement de leur propre vocation. Joseph nous montre le chemin du véritable amour du prochain : avec discrétion et discernement, prendre dans notre cœur, dans notre prière, dans la sollicitude de notre action, ce soin de la relation d’autrui avec Dieu.
Enfin, saint Matthieu nous rapporte que, une fois réveillé, « Joseph fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit ». Tel est Joseph qui, sans bruit, agit selon la parole du Seigneur, dans l’humilité de celui qui ne cherche pas de bonnes raisons pour accomplir sa volonté propre à la place de celle du Seigneur mais trouve sa joie à agir, dans la silencieuse confiance, selon la Parole d’un autre. Très bien ! mais nous, comment ferons-nous ce que le Seigneur attend de nous ? dans quel songe entendrons-nous la voix d’un ange qui nous dira sur quels chemins marcher ? Allons, restons éveillés ! nous ne sommes pas moins bien lotis que saint Joseph : si nous ne portons pas dans nos bras l’Enfant-Jésus comme il l’a fait, nous recevons dans nos mains le Corps eucharistique du Christ ; si nous n’entendons pas en rêve la voix des anges, nous écoutons la Parole de Dieu dans le silence de notre prière. Et cela suffit – ô combien ! – pour que nous nous levions et que nous fassions ce que le Seigneur attend de nous.
Saint Joseph dans l’iconographie carmélitaine
Pour vivre cette semaine sous le patronage de saint Joseph, nous pouvons aussi nous laisser instruire par l’iconographie carmélitaine du « patronage de saint Joseph ». Nous en voyons un exemple au centre de la façade du carmel de Saint-Joseph d’Avila, le premier carmel fondé par sainte Thérèse : la statue de saint Joseph et l’Enfant-Jésus, de Giraldo de Merlo (1574-1629). En fait, au Carmel, dès la fin du XVIe siècle, le patronage de saint Joseph a été l’occasion du développement d’une iconographie spécifique, marquée par deux nouveautés importantes dans la façon de représenter saint Joseph avec l’Enfant-Jésus.
La première nouveauté tient dans le fait que Joseph est peint ou sculpté avec les traits d’un homme jeune, et non plus ceux d’un vieillard comme dans l’iconographie inspirée par les évangiles apocryphes. Sainte Thérèse elle-même, déjà, a aimé et promu ces représentations, encore au nom du réalisme de l’Incarnation : puisque sa mission est de prendre soin d’une épouse et d’un enfant, d’affronter des circonstances difficiles, il est clair que saint Joseph devait être dans la force de l’âge pour pouvoir assumer au mieux cette responsabilité.
Ensuite, dans ces représentations iconographiques, saint Joseph ne porte pas l’Enfant dans ses bras, mais ils marchent côte à côte, la main dans la main. Joseph est ainsi celui qui apprend à marcher à cet enfant, celui qui veille sur ses premiers pas et est prêt à le relever s’il tombe, celui qui s’émerveille et se réjouit de la croissance et de l’apprentissage de l’autonomie de ce fils, celui qui sera capable de le laisser aller sur son propre chemin. Mais bien sûr, par cette image, Joseph ne nous montre pas seulement qu’il prend soin de l’enfant, il nous montre comment il vit dans la présence de Jésus : en se mettant lui-même sous la conduite de Jésus. Ainsi, il nous enseigne que, pour chacun de nous, la vie spirituelle, la communion avec Dieu, consiste essentiellement à tenir la main de Jésus et à nous laisser guider par lui, pas à pas, à travers un chemin que nous ne connaissons jamais d’avance.
Vivre dans la présence de Jésus, marcher main dans la main avec Jésus, comme saint Joseph et à son exemple, sous son patronage, faire confiance au chemin sur lequel Jésus lui-même nous conduit, ce n’est évidemment pas une jolie image bucolique. C’est le chemin de la foi, et de la foi qui témoigne de son amour par ses œuvres plus que par des grands sentiments. Comme le souligne le Pape François, en saint Joseph, nous voyons le reflet, le modèle et le patron, de « tous ceux qui, apparemment, sont cachés ou en "deuxième ligne" [mais qui] jouent un rôle inégalé dans l’histoire du salut » car il est « l’homme qui passe inaperçu, l’homme de la présence quotidienne, discrète et cachée » (Lettre apostolique Patris corde).
À ce titre, saint Joseph nous rappelle de manière lumineuse, dans l’ombre, que la sainteté à laquelle nous sommes appelés, c’est d’abord la sainteté que le Pape François a appelée « la sainteté de la porte d’à-côté » (cf. Gaudete et exsultate n. 7), c’est-à-dire la sainteté de l’humble accomplissement de notre devoir d’état, de nos engagements petits et grands ; la sainteté de l’attention aux autres, spécialement les plus petits et les plus fragiles, dans le quotidien de la vie, là où nous sommes et pas là où nous rêverions d’être ; la sainteté du courage et de la persévérance, de la créativité en temps de crise. Telle est la sainteté de la vie dans la présence de Dieu, au moyen de l’écoute patiente, croyante, de la Parole de Dieu, et de la mise en œuvre humble et déterminée des appels reçus de Dieu, comme Joseph qui, quand il se réveilla, « fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit ».
Marcher main dans la main avec Jésus
Maintenant, c’est à notre tour ! Pendant cette semaine, nous pouvons notamment suivre les pistes suivantes :
- je me rends attentif aux « petits services » que je peux rendre aux personnes que je rencontre –celles qui me sont les plus proches, ou bien celles que je croise « par hasard » : en faisant pour elles ces « petits riens », je sème et récolte déjà quelque chose de la joie de Noël.
- je cherche à reconnaître les attentions dont je suis le bénéficiaire : rien de banal, chacun de ces petits gestes est l’écho de la main de Dieu, qui vient prendre soin de moi.
- face à une situation déroutante ou inattendue, je demande la grâce de reconnaître à quelle ouverture cela m’appelle peut-être. Il ne s’agit pas d’accepter des choses inacceptables, mais d’être disponible pour modifier librement le regard que je porte sur les choses, les événements, les personnes, afin de voir plus large.
Ne le sentons-nous pas ? Déjà l’Enfant de la Crèche s’approche de nous et nous tend la main : « C’est lui qui nous donne la joie d’entrer déjà dans le mystère de Noël pour qu’il nous trouve, quand il viendra, vigilants dans la prière et remplis d’allégresse » (Préface n°2 des messes du temps de l’Avent).
Bonne préparation à Noël !
fr. Anthony-Joseph Pinelli, ocd (Paris)
Prier chaque jour de la semaine avec saint Joseph
Lundi 19 décembre
Prier les mains vides
« Je voudrais persuader toutes les âmes qu’elles doivent porter de la dévotion à ce glorieux saint Joseph. Une longue expérience, en effet, m’a montré les grâces qu’il nous obtient de Dieu. » Sainte Thérèse d’Avila, Vie 6, 7
« Mets dans le Seigneur ta réjouissance : il t’accordera plus que les désirs de ton cœur. Remets ton sort au Seigneur, compte sur lui, il agira… » (Ps 37,4-5)
Comme un pauvre, je mendie aujourd’hui la grâce de la joie spirituelle.
Mardi 20 décembre
Devenir serviteur
« Saint Joseph va devenir un grand contemplatif du Verbe de Dieu, un contemplatif aussi de la Vierge Marie, son épouse. » Bienheureux Marie-Eugène de l’Enfant-Jésus, La Vierge Marie toute Mère.
« Je suis la servante du Seigneur ; qu’il m’advienne selon ta parole ! » (Lc 1,38)
Je cherche aujourd’hui à rendre service à mon prochain et en remerciant le Seigneur.
Mercredi 21 décembre
Choisir l’action de grâces
« Ma consolation fut grande. Aussi, je ne me lassais pas de rendre grâces à Dieu et à mon glorieux père saint Joseph. » Sainte Thérèse d’Ávila, Vie 30, 7
« Le juste aura sa joie dans le Seigneur et son refuge en lui ; ils s'en loueront, tous les cœurs droits. (Ps 64, 11)
Que saint Joseph m’aide à devenir plus juste devant Dieu en apprenant à rendre grâces chaque jour pour tous les dons reçus.
Jeudi 22 décembre
Développer notre intimité avec Jésus
« Marie et Joseph avaient fait l’expérience d’une vie seul à seul avec Dieu, et avaient été préparés pour leur mission particulière… Dans les chants de louange qui nous ont été transmis, s’exprime leur adoration émerveillée devant les merveilles divines. » Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix, Source cachée n° 244
« Moi, je prends appui sur ton amour ; que mon cœur ait la joie de ton salut ! Je chanterai le Seigneur pour le bien qu’il m’a fait. » (Ps 13,6)
Quels moyens ai-je pris en cet Avent pour être plus proche du Seigneur ?
Vendredi 23 décembre
Se confier à la Sainte Famille
« Quand l’épreuve sera finie / Nous en avons le doux espoir : / Près de la divine Marie, / Saint Joseph, nous irons vous voir. » Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, Poésie 54
« Lève-toi, prends avec toi l’enfant et sa mère. » (Mt 2, 13)
Je confie ma propre famille à la sainte famille de Nazareth.
Samedi 24 décembre
Au creux de Ses bras
« Ne vous traînez plus à ses pieds, suivez ce ‘premier élan qui vous entraîne dans ses bras. C’est là votre place.’ » Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, LT 261
« Comme une mère caresse son enfant, ainsi je vous consolerai, je vous porterai sur mon sein et je vous balancerai sur mes genoux. » Is 66, 11-12
Le Seigneur nous invite à nous laisser aimer en cette veille de Noël : goûtons cette joie !
Téléchargez les textes de cette semaine (pdf) en cliquant ici
L'Avent avec les Saints du Carmel
Accueillir la présence de Dieu dans nos vies
à l’école des Saints du Carmel
Première semaine
Guidés par sainte Thérèse d’Avila, veiller dans l’attente de Celui qui vient
La menace d’un nouveau déluge ?
Tandis que nous nous préparons à la venue du Fils de Dieu dans notre humanité, dans la Crèche de Bethléem, la liturgie du premier dimanche de l’Avent oriente notre cœur vers sa venue à la fin des temps : telle est d’abord « la venue du Fils de l’homme » dont Jésus parle à ses disciples dans l’Évangile de ce jour. Prenons le temps de prêter attention aux sentiments qui habitent notre cœur lorsque nous recevons cette annonce :
« En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Comme il en fut aux jours de Noé, ainsi en sera-t-il lors de la venue du Fils de l’homme. En ces jours-là, avant le déluge, on mangeait et on buvait, on prenait femme et on prenait mari, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche ; les gens ne se sont doutés de rien, jusqu’à ce que survienne le déluge qui les a tous engloutis : telle sera aussi la venue du Fils de l’homme. Alors deux hommes seront aux champs : l’un sera pris, l’autre laissé. Deux femmes seront au moulin en train de moudre : l’une sera prise, l’autre laissée. » (Mt 24,37-44)
Peut-être sommes-nous d’abord un peu déroutés : le temps de l’Avent ne doit-il pas nous préparer à accueillir le mystère de l’enfance du Fils de Dieu qui naît en notre humanité ? Or, c’est comme si ce passage de l’Évangile nous arrachait au début de l’histoire – la naissance de Jésus en notre monde – pour nous expédier brutalement vers la fin de l’Histoire – la venue du Seigneur à la fin des temps !
De plus, ce déplacement vers l’avenir ultime de l’humanité n’a-t-il pas quelque chose d’inquiétant, puisqu’il est mis en relation avec le Déluge ? Il est en effet question de cet épisode relaté par le livre de la Genèse, qui vit la disparition de la quasi-totalité de l’humanité et des animaux, moyen radical pour faire advenir une création renouvelée : « La terre s’était corrompue devant la face de Dieu, la terre était remplie de violence. Dieu regarda la terre, et voici qu’elle était corrompue car, sur la terre, tout être de chair avait une conduite corrompue. Dieu dit à Noé : "Et voici que moi je fais venir le déluge". » (Gn 6, 11-12. 17).
Enfin, notre perplexité et notre trouble risquent d’atteindre leur comble en raison du caractère soudain de cette « venue du Fils de l’homme », face à laquelle on est pris au dépourvu : « Jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche, les gens ne se sont doutés de rien, jusqu’à ce que survienne le déluge qui les a tous engloutis ».
Déroutés, inquiétés, perplexes… n’ayons ni peur ni honte d’éprouver ces sentiments, mais ne nous laissons pas paralyser par eux, n’en restons pas là ! En effet, soyons attentifs au fait que, dans ce discours adressé à ses disciples, Jésus emploie un genre littéraire bien connu de la Bible : celui des apocalypses. Cette manière « apocalyptique » de parler emploie souvent des images déroutantes, mais ce n’est pas dans le but d’écrire un scénario-catastrophe qui nous terroriserait. « Apocalypse » veut dire « révélation » : le style « apocalyptique » nous « révèle » ce qui va venir, afin de nourrir notre espérance. Et ce que nous espérons, c’est le salut offert par Dieu, lui qui « veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la pleine connaissance de la vérité ; en effet, il n’y a qu’un seul Dieu ; il n’y a aussi qu’un seul médiateur entre Dieu et les hommes : un homme, le Christ Jésus » (1 Tm 2, 4-5).
Le choix de veiller
Mais tout de même, est-ce que le Déluge ne nous menace pas ? Définitivement : non ! Non, car le Déluge est déjà venu dans notre vie, il nous a déjà submergés et a déjà fait de nous une création nouvelle : le déluge qui nous a engloutis, c’est notre baptême, par lequel nous avons été plongés dans la mort et la résurrection du Christ Jésus ! Ce jour-là, comme à Noé, Dieu nous a dit : « Voici que moi, j’établis mon alliance avec vous, avec votre descendance après vous. Oui, j’établis mon alliance avec vous : aucun être de chair ne sera plus détruit par les eaux du déluge, il n’y aura plus de déluge pour ravager la terre » (Gn 9, 9. 11). Et même, lors de notre baptême, Dieu a fait alliance avec nous d’une manière infiniment plus grande, car il a fait alliance avec nous en son Fils, mort et ressuscité pour le salut de tous.
Alors, si nous sommes déjà passés par le déluge, c’est dans la paix que nous pouvons attendre la venue du Fils de l’homme : ce dimanche, pour nous préparer à sa venue, Jésus ne nous dit pas : « Craignez ! » Il nous dit plutôt : « Veillez ! » « Veillez, car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur viendra ». Mais ne veillons pas avec crainte, veillons dans la joie de la venue d’un Ami. « Tenez-vous donc prêts, c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra ». Et cette surprise ne doit pas nous angoisser : c’est la délicatesse de l’amour et non pas la peur qui doit nous tenir en éveil. Dieu ne vient pas dans nos vies pour nous piéger, mais pour nous aimer : avec lui, les surprises sont toujours des bonnes surprises !
Puisqu’il en est ainsi, comment ne pas désirer que la venue du Fils de l’homme dans notre vie ne soit pas que pour la fin des temps, mais qu’elle advienne dès maintenant ? Justement, dans la deuxième lecture de la Messe de ce dimanche, saint Paul nous interpelle avec vigueur, il nous encourage à nous réveiller de notre torpeur, car la venue de Dieu dans nos vies se produit « maintenant » ! Dieu est là en ce moment :
Frères, vous le savez : c’est le moment, l’heure est déjà venue de sortir de votre sommeil. Car le salut est plus près de nous maintenant qu’à l’époque où nous sommes devenus croyants. La nuit est bientôt finie, le jour est tout proche. (Rm 13, 11-12)
Découvrir la Présence avec sainte Thérèse d’Avila
Dans l’un des ouvrages où sainte Thérèse d’Avila (1515-1582) nous livre sa pédagogie de la prière, le Chemin de perfection (écrit vers 1566), elle oriente notre cœur vers cette attention à la venue de Dieu, à la présence de Dieu en nous, ici et maintenant :
« Si on parle, tâcher de se rappeler qu’il y a en nous-même quelqu’un à qui parler ; si on écoute, se rappeler qu’on doit écouter Celui qui nous parle de plus près. Enfin, songer que nous pouvons, si nous le voulons, ne jamais nous éloigner d’une si bonne compagnie et regretter de laisser parfois longtemps seul notre Père, qui a besoin de nous ; si possible, souvent dans la journée ; sinon, quelquefois. Quand cette habitude sera prise, vous y gagnerez tôt ou tard. Lorsque le Seigneur vous l’aura accordée, vous ne voudrez l’échanger contre aucun trésor. Puisqu’on n’apprend rien sans un peu de peine, pour l’amour de Dieu, estimez que le soin que vous consacrerez à cela est bien employé ; je sais que si vous vous y appliquez, en une année, peut-être même en une demi-année, vous obtiendrez un résultat, avec la grâce de Dieu. C’est obtenir en bien peu de temps de bonnes bases au cas où le Seigneur voudrait vous élever à de grandes choses ; qu’il vous trouve prête alors, et près de lui. Plaise à Sa Majesté de ne pas nous permettre de nous éloigner de sa présence. Amen » (Chemin de perfection 29, 7-8).
Ainsi, au moment où nous nous mettons en route pour accueillir la venue de Celui qui vient, nous découvrons qu’il est mystérieusement déjà là, au plus profond de notre cœur. Sainte Thérèse nous enseigne que, veiller dans l’attente de Celui qui vient, c’est nous rendre attentifs à la présence de Celui qui est déjà là ! Nous pouvons passer le plus clair de notre temps, parfois même de longues années, dans l’oubli ou l’ignorance de cette vérité. Thérèse nous confie que ce fut son cas :
« Faisons attention : il y a en nous un palais d’une immense richesse, construit tout en or et en pierres précieuses, enfin, digne d’un tel Seigneur, et la beauté de cet édifice dépend de vous ; c’est vrai, car il n’est plus bel édifice qu’une âme pure et pleine de vertus ; plus elles sont grandes, plus les pierreries resplendissent ; dans ce palais habite ce grand Roi qui consent à être notre père ; il se tient sur un trône de très haut prix, qui est votre cœur (…) Cela fut obscur pour moi pendant un certain temps. Je comprenais bien que j’avais une âme, mais ce que méritait cette âme, qui l’habitait, je ne le comprenais point ; mes yeux, pour ne pas voir, étaient sans doute bouchés par les vanités de la vie. Il m’est avis que si j’avais compris, comme je le fais aujourd’hui, qu’en ce tout petit palais qu’est mon âme habite un si grand Roi, je ne l’aurais pas laissé seul si souvent, je me serais tenue de temps en temps auprès de Lui, et j’aurais fait le nécessaire pour que le palais soit moins sale » (Chemin de perfection 28, 9-11).
Alors, telle est la grâce que nous pouvons demander à Dieu au début de cette retraite : qu’il nous rende davantage attentifs à sa présence en nous. Pour désirer et accueillir cette grâce d’une attention plus grande à la présence de Dieu en nous, nous pouvons mettre en œuvre le conseil de sainte Thérèse :
Si on parle, tâcher de se rappeler qu’il y a en nous-même quelqu’un à qui parler ; si on écoute, se rappeler qu’on doit écouter Celui qui nous parle de plus près. Enfin, songer que nous pouvons, si nous le voulons, ne jamais nous éloigner d’une si bonne compagnie et regretter de laisser parfois longtemps seul notre Père, qui a besoin de nous ; si possible, souvent dans la journée ; sinon, quelquefois.
Des moyens concrets au quotidien
Au milieu de nos activités quotidiennes, tout au long de notre journée, bien des moyens sont à notre disposition pour nous tourner régulièrement vers cette présence intérieure de Dieu en nous, pour lui parler dans le silence de notre cœur, pour écouter sa voix au plus profond de nous. Par exemple :
- choisir un verset de l’Écriture, de préférence un verset en « tu », que nous dirons à Dieu régulièrement au long de notre journée. Ce peut être, par exemple, un verset de psaume : « Ta parole est la lumière de mes pas, la lampe de ma route » (Ps 118, 105) ; « Écoute, Seigneur, je t’appelle ! Pitié ! Réponds-moi ! » (Ps 26, 7) ; « Tu es mon Dieu ! je n’ai pas d’autre bonheur que toi » (Ps 15, 2). Ce peut être encore toute autre prière adressée à Dieu ou à Jésus par un personnage de la Bible : « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute » (1 S 3, 9) ; « Augmente en nous la foi ! » (Lc 17, 5) ; « Seigneur, toi, tu sais tout : tu sais bien que je t’aime » (Jn 21, 17) ; « Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis ! » (Lc 18, 13).
- faire sonner à intervalles de temps réguliers mon smartphone, ou mon ordinateur, ou une horloge, etc. pour me rappeler la présence de Dieu en moi : quand j’entends ce rappel sonore (trois fois par jour, toutes les heures, etc.), je peux en un instant « plonger dans mon cœur » à la rencontre de Dieu qui est là, et lui adresser, brièvement, dans le silence de mon cœur, une parole spontanée pour lui dire mon amour, ma joie, ma reconnaissance…
- avant une rencontre professionnelle ou amicale, prendre quelques instants de recueillement pour demander à Dieu la grâce d’être attentif à sa présence en moi et en la personne que je vais rencontrer. Bien sûr, il ne s’agit pas de « penser » à Dieu pendant tout l’entretien, mais plutôt de vivre ce rendez-vous en étant connecté à la présence de Celui qui ne nous quitte jamais.
Et n’hésitons pas à inventer aussi nous-mêmes les petits moyens qui raviveront et entretiendront la flamme de notre amour pour Dieu présent en nous ! Dans tous les cas, il ne s’agit pas de nous concentrer sur la présence de Dieu, mais d’ouvrir notre cœur à cette présence de Dieu, d’orienter notre être vers Dieu qui est présent, d’aimer Celui qui est déjà là. « Il ne s’agit pas de beaucoup penser, mais de beaucoup aimer ; donc, tout ce qui vous incitera à aimer davantage, faites-le », écrit sainte Thérèse (Château intérieur IV, 1, 7).
Veillons dans l’attente de Celui qui vient ! Soyons vigilants : Il est présent, ici et maintenant !
Bonne entrée en retraite ! bonne entrée en Avent !
fr. Anthony-Joseph Pinelli, ocd (Paris)
Prier chaque jour de la semaine avec sainte Thérèse d’Avila
Seul face à Dieu
« Il me resta le désir de la solitude, le goût des entretiens où l’on parlait de Dieu ; lorsque quelqu’un s’y prêtait, j’y trouvais une plus grande joie qu’à toute la politesse des conversations mondaines. Mes communions et confessions étaient beaucoup plus fréquentes, je les désirais. » Livre de la Vie 6,4
« Je vais la séduire, je la conduirai au désert, et je parlerai à son cœur. » Osée 2,16
Comment vais-je entrer dans l’essentiel pendant cet Avent ? Quels moyens vais-je prendre pour cela ?
Mardi 29 novembre
Agir par amour
« Ne cherchez pas à être utiles au monde entier, mais à celles qui vivent en votre compagnie… Le Seigneur regarde moins la grandeur de nos œuvres que l’amour avec lequel on les fait. » 7èmes Demeures 4,14-15
« Jésus partit pour la Galilée proclamer la Bonne Nouvelle : ‘Le Royaume de Dieu est tout proche, convertissez-vous’. » Marc 1,15
Je réfléchis aujourd’hui à ce que je pourrais vivre par amour pendant l’Avent afin que ma vie soit plus évangélique.
Mercredi 30 novembre
A l’école de saint Joseph
« Je pris pour avocat et maître le glorieux saint Joseph et je me recommandai beaucoup à lui… Ce saint nous secourt en toutes circonstances ; le Seigneur veut ainsi nous faire comprendre que, de même qu’Il fut soumis sur terre à Joseph qu’on appelait son père, et qui à ce titre pouvait lui commander, le Seigneur fait encore au ciel tout ce que Joseph lui demande. » Vie 6,6
« Lui, de condition divine, s’anéantit lui-même, prenant la condition d’esclave et devenant semblable aux hommes, il se rendit obéissant. » Philippiens 2,6-7
Je demande à saint Joseph qu’il nous apprenne à vivre l’obéissance à la volonté de Dieu.
Jeudi 1er décembre
Traverser les eaux troubles
« Je sais bien que sans le secours de Dieu il m’eût été impossible d’en finir si spontanément avec de si mauvaises habitudes et de renoncer à de si mauvaises actions. Que le Seigneur soit béni de m’avoir délivrée de moi-même ! » Vie 23,1
« Ainsi parle le Seigneur : Ne crains pas, je t’ai appelé par ton nom, tu es à Moi. Si tu traverses les eaux, je serai avec toi. » Isaïe 43,1-2
Je fais mémoire des grâces de libération vécues et je confie au Seigneur le salut de mes proches.
Vendredi 2 décembre
Servir le cœur libre
« Nous devons rendre grâce au Seigneur qui nous permet de désirer Le contenter, même si nos œuvres sont minces. Cette manière de vivre en compagnie du Christ est profitable dans tous les états, c’est un moyen extrêmement sûr de progresser. » Vie 12,3
« Lorsque vous aurez fait tout ce qui vous a été prescrit, dites : Nous sommes des serviteurs inutiles ; nous avons fait ce que nous devions faire. » Luc 17,10
La bonté de nos actions dépend-t-elle de la bonté de l’autre envers nous ? Jusqu’où suis-je libre de pardonner à mon prochain ?
Samedi 3 décembre
Chercher Dieu même quand Il semble lointain
« Oh! Que de fois je me rappelle l’eau vive que le Seigneur donna à la Samaritaine ! … Je suppliais très souvent le Seigneur de me donner de cette eau. » Vie 30, 19
« Celui qui boira l’eau que je lui donnerai n’aura plus jamais soif, l’eau que je lui donnerai deviendra en lui source d’eau jaillissant en vie éternelle. » Jean 4,14
Dans notre prière, ne nous lassons jamais de Le chercher ardemment, même s’Il semble se faire absent.
Téléchargez les méditations de cette semaine (pdf) en cliquant ici
L'Avent avec les Saints du Carmel
Accueillir la présence de Dieu dans nos vies
à l’école des Saints du Carmel
Introduction
« Marcher sur cette route magnifique de la présence de Dieu où l’âme chemine "seule avec le Seul" » (Dernière retraite1 n. 23). Ces mots lumineux de sainte Élisabeth de la Trinité (1880-1906) constituent le porche d’entrée de notre retraite d’Avent. En effet, pendant ce temps préparatoire à la solennité de Noël, nous marchons vers Bethléem : c’est le lieu de la naissance du Sauveur dans notre chair, c’est le lieu où le Fils de Dieu s’est rendu présent à notre terre, dans notre humanité, afin que nous puissions l’y rencontrer. Mais cette présence de Dieu en notre monde n’a pas été effective seulement à une époque, il y a deux millénaires, ni seulement en un lieu, celui de la vie terrestre du Christ Jésus. Désormais, c’est en tout lieu et en tout temps, ici et maintenant, que Dieu nous appelle à le rencontrer, à découvrir qu’il est présent en nous et au milieu de nous. En marchant vers Bethléem, lieu de la présence du Fils de Dieu, Enfant nouveau-né dans la Crèche, nous découvrons que Dieu nous appelle à accueillir sa présence à chaque instant de notre vie.
Vivre dans la présence de Dieu, c’est le cœur ardent de la spiritualité du Carmel, c’est la grâce que ses membres s’efforcent d’accueillir de jour en jour, c’est l’appel dont ils désirent transmettre la flamme à tous. Lorsque saint Albert de Jérusalem (v. 1150-1214) donna une formule de vie à nos premiers frères, qui étaient des ermites vivant sur le Mont Carmel, en Terre sainte, il exprima ainsi ce qu’était leur vocation dans l’Église : « Méditant jour et nuit la loi du Seigneur et veillant dans la prière ». Ces paroles constituent aujourd’hui encore le précepte central de la Règle du Carmel 2.
Déjà le patriarche du Carmel, le saint Prophète Élie, s’exclamait, dans l’Ancien Testament : « Il est vivant, le Seigneur, le Dieu d’Israël en présence de qui je me tiens » (1R 17, 1). Là est sa première parole, qu’il proclame comme une devise. La Bible ne nous dit pas grand-chose des origines d’Élie, mais sa conscience de vivre dans la présence de Dieu est en quelque sorte sa carte d’identité. Longtemps après Élie, à l’aube de la Nouvelle Alliance, c’est Zacharie, le père de saint Jean-Baptiste, qui exulte de joie à l’approche de la venue du Messie en chantant : « Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël, qui visite et rachète son peuple (…) afin que nous le servions dans la justice et la sainteté, en sa présence tout au long de nos jours » (Lc 1, 68. 75). Ainsi, toute la révélation biblique constitue un grand appel à accueillir la présence de Dieu en notre humanité. Et, nous qui nous préparons à fêter Noël, à quoi nous servirait de faire mémoire de la venue du Fils de Dieu en notre chair il y a 2000 ans, si nous n’accueillions pas de façon renouvelée sa présence dans nos vies, aujourd’hui ? Comme l’a dit un mystique du XVIIe siècle, Angelus Silesius : « Le Christ serait-il né mille fois à Bethléem, s’il ne naît pas en toi, c’est en vain qu’il est né ».
Eh bien, pendant cette retraite de l’Avent, nous vous proposons de nous mettre ensemble à l’école de la spiritualité du Carmel pour accueillir la présence de Dieu dans nos vies. Chaque vendredi, nous recevrons une méditation basée sur les textes bibliques de la liturgie de la messe du dimanche de l’Avent qui suivra. Chacune de ces méditations sera éclairée par l’enseignement d’un saint du Carmel, et comportera des pistes de mise en pratique de cet enseignement pour la semaine qui suit. Voici l’itinéraire que nous allons parcourir :
Vendredi 25 novembre : pour le 1er dimanche de l’Avent : guidés par sainte Thérèse d’Avila, VEILLER dans l’attente de Celui qui vient.
Vendredi 2 décembre : pour le 2ème dimanche de l’Avent : stimulés par saint Jean de la Croix, nous laisser CONVERTIR pour accueillir Celui qui vient.
Vendredi 9 décembre : pour le 3ème dimanche de l’Avent : éclairés par sainte Thérèse de Lisieux, DISCERNER dans nos vies l’action de Celui qui vient.
Vendredi 16 décembre : pour le 4ème dimanche de l’Avent : enseignés par saint Joseph, ACCUEILLIR le don inouï de Celui qui vient.
Enfin, le jour de Noël : auprès de la Vierge Marie, VIVRE en la PRÉSENCE de Dieu, aujourd’hui et chaque jour de nos vies.
Dès maintenant, demandons à l’Esprit Saint de préparer notre cœur pour cette retraite : Viens Esprit Saint, souffle en nos cœurs pour nous disposer à rencontrer de façon renouvelée le Seigneur Jésus présent dans nos vies ! Laissons-nous aussi toucher par les paroles de sainte Élisabeth de la Trinité qui ouvraient cette méditation introductive : « Dieu nous a élus en Lui avant la création, afin que nous soyons immaculés et saints en sa présence dans l’amour (…) afin de marcher, sans jamais connaître les détours, sur cette route magnifique de la présence de Dieu où l’âme chemine "seule avec le Seul" » (Dernière retraite, n. 23).
Que cette « route magnifique » soit le chemin de notre retraite : bonne retraite de l’Avent !
1 ÉLISABETH de la TRINITÉ, Œuvres complètes, Cerf, Paris, 1996.
2 Martin BATTMAN (édit.), La Règle de l’Ordre de la Bienheureuse Vierge Marie du Mont Carmel, DDB, Paris, 1982.
Le Bienheureux Marie-Eugène de de l'Enfant Jésus
Le Bienheureux Marie-Eugène de de l'Enfant Jésus
Fondateur de l'Institut Notre Dame de Vie
1894-1967
Fête le 4 février
Né le 2 décembre 1894 dans un modeste foyer de l'Aveyron (Le Gua, France), Henri Grialou, encore enfant, s'oriente vers le sacerdoce. Après la première guerre mondiale où il expérimente la puissante protection de Sainte Thérèse de Lisieux, il reprend ses études au Séminaire, y témoignant d'une profonde vie spirituelle. La découverte de Saint Jean de la Croix lui révèle sa vocation impérative au Carmel où il entre dès sont ordination sacerdotale, en février 1922 il prend le nom de Marie-Eugène de l'Enfant Jésus.
Fortement saisi par l'absolu de Dieu et la grâce mariale qui caractérisent le Carmel, le Père Marie-Eugène servira passionnément l’Église et l'Ordre : fondateur de l'Institut Séculier Notre Dame de Vie, Vicaire apostolique des Carmélites de France, Définiteur général et Vicaire général de l'Ordre à Rome, Provincial des Carmes du Sud de la France.
Il emploie toute sa vie à diffuser l'esprit et la doctrine du Carmel pour que soit largement vécue l'union de la contemplation et de l'action. Il transmet cette doctrine carmélitaine dans « la somme de théologie spirituelle qu'est « Je veux voir Dieu », ce chef d'oeuvre qui met l'auteur parmi les grands maîtres de spiritualité que Dieu a donné à l’Église par le Carmel » (P. Général des Carmes), livrant en même temps sa propre expérience de contemplatif et d'apôtre.
Appelé par Dieu à transmettre sa grâce à un grand nombre d'âmes, en 1932, il fonde l'Institut Notre Dame de Vie, dont les membres, laïcs et prêtres, veulent témoigner du Dieu vivant et le révéler aux hommes de notre temps. Son désir est d'ouvrir à tous les Chrétiens, en plein monde et dans la vie ordinaire, les chemins de la contemplation et de la sainteté, à la suite de Sainte Thérèse de Lisieux dont il est « l'un des disciples les plus important au XXe siècle... et pour les temps à venir » (Mgr Guy Gaucher).
Toute la vie du Père Marie-Eugène fut marquée par une emprise puissante de l'Esprit Saint et de la Vierge Marie. En réponse à sa fidélité d'amour, la Vierge Marie vint le chercher le 27 mars 1967, un lundi de Pâques, jour où lui-même aimait célébrer la joie pascale de Marie, Mère de Vie.
Déclaré Vénérable en 2011 par Benoît XVI, le Père Marie-Eugène a été béatifié à Avignon, le 19 novembre 2016. Inhumé dans l'église du Sanctuaire de Notre Dame de Vie, berceau de l'institut qu'il avait fondé à Venasque (Vaucluse, France), le lendemain de la béatification, ses reliques ont ont solennellement étés transférées en la chapelle Sainte Emérentienne de ce même Sanctuaire Notre Dame de Vie.
Citations du Bienheureux Marie-Eugène de l'Enfant Jésus
« Il est vivant l'Esprit d'amour qui vit en moi et qui m'a pris depuis longtemps. Ma sainteté sera de croire en Lui, en sa présence, et de me livrer à son emprise » (Notes intimes).
« C'est l'Esprit Saint qui fait les prophètes et les saints, c'est Lui qui vit en nous et qui nous montre le chemin qu'est le Christ... Il n'est pas d'autre moyen de sanctification que l'Esprit Saint (Août 1962).
« Priez pour demander de l'amour. C'est l'unique prière à faire. Pour les âmes que j'aime, je ne puis demander que l'amour ; c'est la seule réalité qui vaille quelque chose, la seule chose éternelle a demander pour vous. Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus a été géniale en cela : « Donnez-moi de l'amour » dit-elle au Bon Dieu ». (1951).
« Demandons à la Sainte Vierge qu'Elle nous aide à assurer à l'Esprit Saint cette fidélité qu'Il attend de nous. Qu'Elle fortifie notre foi si faible ; foi qui doit traverser l'obscurité et passer au-delà de toutes les angoisses pour aller à Dieu et croire en Lui. Nous Lui disons : « Je Vous donne déjà tout l'amour que vous attendiez de moi ; maintenant et demain, jusqu'au dernier soupir. Faites que je tienne cette fidélité d'amour » (Juillet 1962).
« Mes enfants doivent être fils de l'Esprit et de la Vierge » (Notes intimes 1953).
Prière
Seigneur notre Dieu, nous Te rendons grâce pour le Bienheureux Marie-Eugène de l'Enfant Jésus, Votre Prêtre, qui a vécu sous la motion de Votre Esprit Saint. Vous l'avez suscité afin qu'il nous apprenne à pouvoir pénétrer dans les profondeurs de Votre Intimité et pour conduire les hommes de notre temps, par les sentiers de la Foi et de la contemplation, à la perfection de l'amour. Faites que sa mission porte toujours plus de fruits en Votre Eglise. Accordez-nous les grâces que nous Vous demandons par son intercession, et, si Telle est Votre Volonté, hâtez-vous de l'élever au rang des Saints de Votre Eglise. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Amen.
Bienheureux Marie-Eugène de l'Enfant Jésus, priez pour nous !
Les personnes qui reçoivent des grâces par l'intercession du Bienheureux Marie-Eugène sont priées de les faire connaître au
Père Postulateur
Notre Dame de Vie
84210 Venasque (France).
Téléchargez le texte de cette prière (pdf) en cliquant ici
Messe de Béatification du Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus
Pour approfondir
Site de l'institut Notre Dame de vie
Site officiel de la Cause de Béatification
Saints Louis et Zélie Martin
Saints Louis et Zélie Martin
"Le Bon Dieu m'a donné un père et une mère plus dignes du Ciel que de la terre"
(Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus (lettre 261 du 26 juillet 1897)
Pour les parents de Thérèse, Dieu est toujours premier servi. Thérèse sera profondément marquée par leur foi profonde et la ferveur religieuse de sa famille. Louis Martin (1823-94) et Zélie Guérin (1831-77). Parents de Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus, déclarées "Vénérables" par Jean-Paul II le 26 mars 1994. Le procès pour les Causes de Canonisation des Serviteurs de Dieu Louis MARTIN et Zélie GUERIN, parents de Ste Thérèse de l'Enfant-Jésus, ont été instruits séparément par les diocèses de Bayeux-Lisieux et de Sées, entre 1957 et 1960, puis envoyés à Rome. Ces deux Causes, conduites selon la méthode historique et présentées à la Congrégation pour les causes des saints dans une unique étude ou Positio, seront discutées en même temps. Si l'Eglise décide, les deux époux pourront ainsi être glorifiés ensemble. Les fidèles sont donc invités à invoquer conjointement Louis Martin et Zélie Guérin pour obtenir faveurs et miracles par leur intercession. Le 26 mars 1994, le Pape Jean-Paul II les a déclarés "Vénérables", reconnaissant leurs "vertus héroïques". Béatifiés à Lisieux le 19 octobre 2008, ils ont étés canonisés à Rome par le Pape François, le 18 octobre 2015.
Prière pour obtenir des grâces par l'intercession des Saints Louis et Zélie Martin
Dieu notre Père, je Vous remercie de nous avoir donné Saint Louis Martin et Zélie Guérin. Dans l'unité et la fidélité du mariage, ils nous ont offert le témoignage d'une vie chrétienne exemplaire, en accomplissant leurs tâches quotidiennes selon l'esprit de l'Evangile. En élevant une famille nombreuse, à travers les épreuves, les deuils et les souffrances, ils ont manifesté leur confiance en Vous et adhéré généreusement à Votre Volonté. Seigneur, accordez-nous les grâces que nous Vous demandons, par l'intercession du père et de la mère de sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus, modèles des familles de notre temps. Amen
Biographies, documents, prières, neuvaine sur et aux Parents Martin,
cliquer sur le lien suivant:
http://spiritualitechretienne.blog4ever.com/blog/articles-83937-173690.html
L'Avent avec les Carmes
L'Avent avec les Carmes
Quatrième semaine
Grandir dans la foi
Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc (1, 39-45)
En ces jours-là, Marie se mit en route rapidement vers une ville de la montagne de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie de l’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Car, lorsque j’ai entendu tes paroles de salutation, l’enfant a tressailli d’allégresse au-dedans de moi. Heureuse, celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. »
Méditation pour la quatrième semaine
« grandir dans la foi »
« La foi et l’amour, nous dit cette semaine saint Jean de la Croix, sont les conducteurs d’aveugle qui te guideront par un chemin que tu ne connais pas, là où Dieu est caché. La foi, ce sont les pieds avec lesquels l’âme va vers Dieu, et l’amour est le guide qui la conduit ». Quelles images étonnantes ! Serions-nous en train de marcher à l’aveuglette, au cours de cette retraite d’Avent ? Pourtant, nous savons bien ce que nous faisons : nous nous dirigeons vers Bethléem, nous allons à la rencontre du Sauveur ! Alors, allons-nous vers l’inconnu ? Pas vraiment, car si nous n’avions aucune idée au sujet de Celui qui nous appelle, nous n’aurions même pas entamé ce chemin. Mais nous ne devons pas oublier pour autant que le Seigneur dépasse toujours ce que nous pouvons imaginer ou découvrir de lui. Le Seigneur se manifeste à nous, il se donne à connaître à nous… mais il est toujours au-delà de ce que nous pouvons saisir de lui. C’est pourquoi nous cheminons par la foi, dont Jean de la Croix nous dit dans un autre de ses ouvrages qu’elle est « le seul moyen adapté et approprié pour que l’âme s’unisse à Dieu », car elle nous met en contact avec le mystère de Dieu, avec le mystère qu’est Dieu.
Ce dynamisme de la foi, nous le reconnaissons dans l’épisode de la Visitation que la liturgie nous donne à méditer en ce quatrième et dernier dimanche de l’Avent. Comme ses contemporains, Élisabeth, la cousine de la Vierge Marie, attendait la venue du Messie d’Israël. Comme nous, elle avait une relation avec le Seigneur Dieu dans la prière et elle connaissait les Écritures : elle pouvait ainsi un peu se représenter comment le Seigneur s’y prendrait pour sauver son peuple. Pourtant, lorsqu’elle reçut la visite de la Vierge Marie, elle fit l’expérience d’une immense surprise. En effet, l’Évangile nous dit qu’elle fut alors remplie de l’Esprit Saint et qu’elle s’écria : « Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? » Jamais elle n’aurait pu imaginer que le Sauveur viendrait à elle de cette façon. Et d’ailleurs, que s’est-il produit lors de cette rencontre ? Elle n’a rien vu d’autre que sa jeune cousine enceinte qui venait lui rendre visite. Mais elle a laissé son cœur s’ouvrir et recevoir la grâce de l’Esprit de Dieu. Elle s’est laissée bouleversée jusqu’au plus profond d’elle-même : « L’enfant a tressailli d’allégresse au-dedans de moi ».
Depuis le début de cette retraite, d’une façon ou d’une autre, c’est l’amour pour Dieu qui nous a fait entreprendre notre chemin d’Avent. C’est cet amour qui nous pousse vers Bethléem, où nous allons bientôt découvrir le Sauveur. Nous aussi, comme Élisabeth, c’est par la foi que nous allons le rencontrer. Car le Sauveur ne ressemblera peut-être pas – sûrement pas ! – à ce que nous aurions imaginé... Qu’attendons-nous de lui ? Voulons-nous qu’il soit un magicien qui va, d’un coup de baguette magique, faire disparaître tous nos soucis ? Rêvons-nous pour Noël d’un personnage de conte de fées qui va combler toutes nos frustrations ? En fait, Dieu ne vient pas nous arracher à notre condition humaine. Tout au contraire, pour nous sauver, il vient partager notre humanité. C’est certain, le Sauveur ne ressemblera à aucun des super-héros que nous pourrions imaginer : Dieu vient à nous en se faisant enfant… Comme un enfant, il est déroutant, bouleversant : alors, laissons Dieu nous surprendre en cette nuit de Noël ! Le cadeau qu’il nous fait, ce n’est rien de moins que lui-même. Alors, pour Noël, n’attendons rien de moins !
Le Cantique spirituel de saint Jean de la Croix (1, 11)
Voilà, ô âme, ce que tu dois faire pour trouver l’Époux dans la retraite de ton cœur. Mais si tu veux écouter encore, voici une parole pleine d’une substance et d’une vérité inaccessibles : Cherche-le dans la foi et l’amour, sans te satisfaire d’aucune autre chose, sans goûter ni comprendre au-delà de ce que tu dois savoir. La foi et l’amour sont les conducteurs d’aveugle qui te guideront par un chemin que tu ne connais pas, là où Dieu est caché. La foi, qui est le secret dont nous avons parlé, ce sont les pieds avec lesquels l’âme va vers Dieu, et l’amour est le guide qui la conduit. Et l’âme, en contemplant et en approfondissant ces mystères et ces secrets de la foi, méritera que l’amour lui découvre ce que renferme la foi, à savoir l’Époux qu’elle désire, dès cette vie par une grâce spéciale – l’union divine avec Dieu, comme nous avons dit – et, dans l’autre vie, par une gloire essentielle, en jouissant de lui face à face, sans qu’il soit caché en aucune manière. Mais, jusque-là, bien que l’âme arrive à cette union qui est l’état le plus élevé auquel on parvienne en cette vie, l’Époux est malgré tout, pour l’âme, caché dans le sein du Père, comme nous l’avons dit. Et comme c’est là que l’âme désire en jouir dans l’autre vie, elle répète toujours : « Où t’es-tu caché ? »
La compagne de route de la semaine : la Vierge Marie
Qui, mieux que la Vierge Marie, peut nous accompagner en ces dernières heures du temps de l’Avent ? Elle a « cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur ». Bientôt, elle va découvrir le visage du Fils de Dieu, de son enfant, qu’elle porte depuis neuf mois et qu’elle a tant désiré voir... Marchons vers Bethléem en sa compagnie ! Qu’elle nous enseigne à rester attentifs à la venue du Seigneur ! Demandons-lui de soutenir notre persévérance dans la prière : que nous continuions à réserver, dans nos journées, des espaces de silence afin de nous tourner vers la présence intérieure du Seigneur qui vient à nous ! À son école, apprenons aussi à ouvrir notre cœur aux nécessités des autres, et à leur porter la Bonne Nouvelle du salut !
Prier chaque jour cette semaine
Dimanche 23 décembre
Songe à cet infini savoir et à ce secret caché. Quelle paix, quel amour, quel silence est dans ce Cœur divin ! quelle science élevée celle que Dieu enseigne là ! (Maxime 190).
Seigneur, prépare mon cœur à cette merveille inouïe : la puissance de Dieu dans un petit enfant !
Lundi 24 décembre
Oh ! Seigneur mon Dieu ! C’est toi qui te montres le premier et qui viens à la rencontre de ceux qui te désirent (Maxime 7).
Je t’ai cherché, Seigneur, et voici que tu me cherchais toi aussi ?
Retraite proposée par les Pères Carmes de Paris : http://www.carmes-paris.org/retraite-en-ligne/retraite-avent-2012/
L'Avent avec les Carmes
L'Avent avec les Carmes
Troisième semaine
S’ouvrir à la joie
Lettre de saint Paul, Apôtre, aux Philippiens (Ph 4, 4-7)
Frères, soyez toujours dans la joie du Seigneur ; laissez-moi vous le redire : soyez dans la joie. Que votre sérénité soit connue de tous les hommes. Le Seigneur est proche. Ne soyez inquiets de rien, mais, en toute circonstance, dans l’action de grâce, priez et suppliez pour faire connaître à Dieu vos demandes. Et la paix de Dieu, qui dépasse tout ce qu’on peut imaginer, gardera votre cœur et votre intelligence dans le Christ Jésus.
Méditation pour la troisième semaine
« S’ouvrir à la joie »
Dans la liturgie, ce troisième dimanche de l’Avent s’appelle dimanche de « Gaudete ». Ce mot latin est contenu dans la deuxième lecture de ce jour, tirée de la lettre de saint Paul aux Philippiens : « Réjouissez-vous (« Gaudete ») dans le Seigneur ! Soyez toujours dans la joie du Seigneur, soyez dans la joie ! » Ce dimanche est donc le dimanche de la joie ! C’est précisément la grâce de la joie que nous demandons dans la prière d’ouverture de la messe dominicale, que nous pouvons redire au Seigneur tout au long de cette semaine : « Tu le vois, Seigneur, ton peuple se prépare à célébrer la naissance de ton Fils ; dirige notre joie vers la joie d’un si grand mystère : pour que nous fêtions notre salut avec un cœur vraiment nouveau ».
Mais qu’est-ce que cette joie ? Ne la confondons pas avec l’euphorie d’un moment de rigolade ! Il s’agit évidemment de quelque chose de bien plus profond… En méditant les versets de la lettre aux Philippiens, nous pouvons découvrir que la joie dont saint Paul nous parle provient de notre relation au Seigneur. La raison de cette joie ? « Le Seigneur est proche ». Une de ses conséquences pour nous ? « Ne soyez inquiets de rien, mais faites connaître à Dieu vos demandes ». Autrement dit : « En toutes circonstances, prenez vos responsabilités, et faites aussi confiance au Seigneur qui agit dans votre vie ». De là découle un appel à laisser déborder cette joie sur les autres : « Que votre sérénité soit connue de tous les hommes ». Cette sérénité, ce n’est pas une simple question de bien-être ou de tranquillité d’esprit. C’est plutôt le résultat de notre union confiante au Seigneur : « Seigneur, j’ai confiance en ta présence et en ton action dans ma vie ». Si le fondement de notre vie, c’est cette relation au Seigneur, il en transparaitra quelque chose auprès des autres, à un moment ou un autre. Sans fanfaronnade, avec des paroles ou simplement par notre attitude, nous serons des témoins de la présence de Dieu dans notre vie. Pour nous qui, pendant ce temps de l’Avent, marchons vers Bethléem, tout cela prend un relief particulier : oui, le Seigneur est proche, il va bientôt venir pour nous dans la nuit de Noël. Dans la prière que nous nous efforçons de vivre pendant cette retraite, nous expérimentons même que déjà il est proche de nous, que déjà il est en nous.
Mais pourtant, tout en entendant saint Paul nous parler de joie, nous pourrions avoir envie de lui répondre que, dans notre vie, tout n’est pas si joyeux que cela. Nous avons des préoccupations bien légitimes qui viennent de notre travail, de nos responsabilités, de notre famille... Et puis nous avons aussi nos lieux de véritables souffrances : le mal que nous subissons, le mal que nous faisons, pourrait parfois plutôt nous enlever toute joie ! Oui, c’est certain, tout n’est pas rose dans notre vie. Mais justement, la joie dont parle saint Paul, c’est autre chose que d’avoir une vie facile. La joie dont il nous parle, c’est celle qui provient de la présence du Seigneur dans notre vie. Présence souvent discrète, mais bien réelle : à nous de nous rendre attentifs à cette présence, d’en demander la grâce. Saint Jean de la Croix, cette semaine, nous dit même qu’il faut que nous nous cachions pour rejoindre cette présence de Dieu en nous. Il ne s’agit pas de fuir la réalité, il ne s’agit pas de nier nos problèmes et nos difficultés. Mais notre chemin de prière peut nous faire découvrir que le Seigneur vers qui nous nous tournons dans la prière silencieuse, dans l’oraison, nous accompagne tout au long de nos journées. La joie qu’il nous donne ne fait pas disparaître nos souffrances. Mais elle est le signe que nous ne les vivons pas seuls, puisqu’il nous accompagne.
Alors, cette semaine, demandons au Seigneur la grâce de vivre avec lui, en sa compagnie, en sa présence, tout ce qui fait la trame de notre vie : ses joies et ses douleurs, ses réussites comme ses échecs. Quand nous marchons dans la rue, quand nous prenons le métro, où que nous soyons, tournons notre cœur vers lui, qui est présent au-dedans de nous, et disons-lui que nous désirons vivre chaque instant de notre vie en communion avec lui. Rendons-lui grâce pour le bien que nous voyons en nous, et confions-lui le mal qui nous fait souffrir : il désire que nous lui offrions tout, afin qu’il puisse agir dans toute notre vie. Sa présence en nous : là est la source de la joie véritable, que rien ni personne ne peut nous enlever !
Le Cantique spirituel de saint Jean de la Croix (1, 9)
Mais tu dis encore : Puisque celui qu’aime mon âme est en moi, comment se fait-il que je ne le trouve, ni ne le sente ? C’est parce qu’il est caché et que tu ne te caches pas aussi pour le trouver et le sentir ; car celui qui doit trouver une chose cachée doit se cacher lui-même et pénétrer jusqu’à l’endroit où elle est et, quand il l’a trouvée, il est caché comme elle. Donc, étant donné que ton Époux bien-aimé est le trésor caché dans le champ de ton âme, pour lequel le sage marchand a donné tous ses biens, il te faudra, pour le trouver, oublier tout ce qui t’appartient, t’éloigner de toutes les créatures, te cacher dans la retraite intérieure de ton esprit et, fermant sur toi la porte, c’est-à-dire renonçant à ta volonté en toutes choses, prier ton Père dans le secret. Ainsi, restant cachée avec lui, tu le sentiras alors en secret, tu l’aimeras et tu en jouiras en secret, et tu prendras plaisir avec lui en secret, c’est-à-dire au-delà de toute parole et de tout sentiment.
Le compagnon de route de la semaine : L’Apôtre saint Paul
Depuis sa rencontre avec le Christ sur la route de Damas, le chemin de l’apôtre Paul a été une marche continuelle vers le Seigneur, pour le connaître et l’aimer toujours davantage. Dans un autre passage de la lettre aux Philippiens, il parle de ce dynamisme incessant de son itinéraire spirituel. Déjà, il a rencontré le Seigneur. Mais il sait que le mystère de Dieu est toujours plus grand, et qu’il faut donc toujours avancer vers lui, sans jamais s’arrêter : « Oubliant le chemin parcouru, je vais droit de l’avant, tendu de tout mon être, et je cours vers le but, en vue du prix que Dieu nous appelle à recevoir là-haut, dans le Christ Jésus » (Ph 3, 13-14). Nous qui marchons sur le chemin de l’Avent, nous pouvons demander à saint Paul de nous communiquer quelque chose de son dynamisme spirituel. À sa prière, que le Seigneur enracine aussi en nous cette conviction de foi que rien ni personne ne peut nous séparer de l’amour de Dieu : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Lui qui n’a pas épargné son propre Fils mais l’a livré pour nous tous, comment avec lui ne nous accordera-t-il pas toute faveur ? (…) Qui nous séparera de l’amour du Christ ? la tribulation, l’angoisse, la persécution, la faim, la nudité, les périls, le glaive ? En tout cela nous sommes les grands vainqueurs par celui qui nous a aimés. Oui, j’en ai l’assurance, ni mort ni vie, ni anges ni principautés, ni présent ni avenir, ni puissances, ni hauteur ni profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rm 8, 31-39).
Prier chaque jour de la semaine
Dimanche 16 décembre
Seigneur Dieu, mon Bien-Aimé, si tu te souviens encore de mes péchés pour ne pas accomplir ce que je te demande, fais en eux ta Volonté, c’est ce que je désire le plus : exerce ta bonté et ta miséricorde, et tu seras connu en eux (Maxime 35).
Seigneur, mon péché ne m’empêche pas de venir à toi, pourvu que je te le présente !
Lundi 17 décembre
Qui pourra se libérer de ses pauvres manières et de ses pauvres limites, si toi-même ne l’élèves jusqu’à toi en pureté d’amour, mon Dieu ? (Maxime 39).
Dieu de miséricorde, fais-moi revenir à toi, et je serai sauvé !
Mardi 18 décembre
Tu ne m’ôteras pas, mon Dieu, ce qu’une fois tu m’as donné en ton Fils unique Jésus-Christ. En lui, tu m’as donné tout ce que je désire. C’est pourquoi je me réjouirai de ce que tu ne tarderas pas, si, moi, j’attends (Maxime 40).
Jésus, tu es mon Sauveur : j’ai confiance en toi !
Mercredi 19 décembre
L’âme qui aime est douce, humble et patiente (Maxime 45).
Je confie au Seigneur une difficulté face à laquelle je suis tenté par le découragement.
Jeudi 20 décembre
L’âme qui chemine dans la voie de l’amour ne fatigue pas, et ne se fatigue pas (Maxime 144).
Dans mes relations avec les autres, est-ce bien l’amour qui me pousse à agir ?
Vendredi 21 décembre
Dieu, pour aimer une âme, ne regarde pas sa grandeur, mais la grandeur de son humilité (Maxime 150).
Seigneur Dieu, tu m’aimes tel que je suis : aide-moi à m’aimer tel que je suis, confiant en ton amour !
Samedi 22 décembre
Efforce-toi toujours d’avoir Dieu présent et de conserver en toi la pureté que Dieu t’enseigne (Maxime 193).
Au milieu de mes activités de la journée, je fais une pause de quelques instants : « Béni sois-tu, Seigneur, pour ta présence dans ma vie ! »
Retraite proposée par les Pères Carmes de Paris : http://www.carmes-paris.org/retraite-en-ligne/retraite-avent-2012/
L'Avent avec les Carmes
L'Avent avec les Carmes
Deuxième semaine
Entrer au-dedans de soi
Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc (3, 1-6)
L’an quinze du règne de l’empereur Tibère, Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée, Hérode, prince de Galilée, son frère Philippe, prince du pays d’Iturée et de Traconitide, Lysanias, prince d’Abilène, les grands prêtres étant Anne et Caïphe, la parole de Dieu fut adressée dans le désert à Jean, fils de Zacharie. Il parcourut toute la région du Jourdain ; il proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés, comme il est écrit dans le livre du prophète Isaïe : « À travers le désert, une voix crie : Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route. Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées ; les passages tortueux deviendront droits, les routes déformées seront aplanies ; et tout homme verra le salut de Dieu. »
Méditation
« entrer au-dedans de soi »
Voici une semaine que nous sommes entrés en retraite pour ce temps de l’Avent. Il s’agit maintenant pour nous d’avancer sur la route. Mais quelle route allons-nous emprunter ? En citant le prophète Isaïe, Jean Baptiste, dans l’Évangile de ce dimanche, nous parle d’une route qui est « le chemin du Seigneur », c’est-à-dire le chemin sur lequel nous allons marcher pour parvenir jusqu’à la rencontre du Seigneur. Cette route, c’est la route de notre vie : nous pouvons rencontrer le Seigneur ici et maintenant, là où nous sommes. Il n’est pas étranger à notre vie, il n’est pas loin de nous. Cette route peut cependant sembler bien encombrée, car Isaïe nous dit qu’elle a besoin d’être « aplanie ». Dans ma vie, qu’est-ce qui a besoin d’être aplani, rectifié, redressé ?
Il y a d’abord des déformations dans le sens vertical : au lieu d’être bien plane, la route est interrompue par des « ravins », et aussi par des « montagnes » et des « collines ». Dans la méditation et la prière silencieuse, découvrons ce que sont les ravins et les montagnes de notre propre vie. Peut-être s’agit-il par exemple des erreurs d’appréciation que je porte sur moi-même. Tendance à me déprécier moi-même, à trop écouter la mauvaise petite voix qui me répète que je ne suis qu’un incapable, et que je ne mérite que de sombrer dans un ravin… Ou bien, à l’inverse, tendance à faire valoir de façon écrasante – à mes yeux et aux yeux des autres – mes qualités et mes talents : ceux-ci risquent alors de devenir des montagnes qui m’empêchent d’aller plus loin, à la rencontre des autres et de l’Autre… Difficile de porter un juste regard sur nous-mêmes, ni complexé ni orgueilleux ! Pourtant, comme l’écrit Christian de Chergé dans son testament spirituel, « ma vie n’a pas plus de prix qu’une autre, elle n’en a pas moins non plus ». Ni plus, ni moins : ma vie a juste la valeur qui est la sienne, un trésor aux yeux de Dieu ! Ni plus, ni moins : cette justesse si difficile à atteindre, c’est ce que Jean de la Croix nomme « le centre de l’humilité ».
Mais sur la route de notre vie, il y a aussi des déformations dans le sens horizontal : au lieu d’être bien droite, la route est « tortueuse », « déformée ». C’est que, comme le dit le prophète Jérémie, « le cœur de l’homme est malade et compliqué ». Et il poursuit : « Qui peut le connaître ? Le Seigneur, qui scrute les cœurs et les reins ». Quant au texte de notre Évangile de ce dimanche, il affirme que « tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées ; les passages tortueux deviendront droits, les routes déformées seront aplanies ». Nous pouvons alors nous demander qui réalisera ces immenses travaux de terrassement ! Comme toujours dans l’Écriture, quand le complément d’agent d’un verbe n’est pas exprimé, c’est que le Seigneur lui-même se cache derrière cette formule discrète. C’est lui-même qui nous attire à sa rencontre, c’est lui-même qui nous délivre de nos entraves, pourvu que nous le lui demandions, pourvu que nous ayons confiance en lui. Ayons le courage, pendant cette semaine, de lui présenter nos voies sans issue, nos voies de perdition, afin qu’il nous en libère.
Enfin, la tradition carmélitaine insiste sur le fait que cette route de la rencontre du Seigneur passe au-dedans de nous. C’est ce que nous dit saint Jean de la Croix dans le texte du Cantique spirituel proposé cette semaine à notre méditation. Il est impossible de passer un seul instant de notre vie sans que le Seigneur ne soit présent en nous, puisqu’il est notre créateur. S’il en était autrement, nous cesserions à l’instant de vivre. Eh bien, puisque le Seigneur est là, il faut nous tourner vers l’intérieur, nous recueillir, afin de le rencontrer au-dedans de nous. Profitons du temps de cette retraite pour nous réserver chaque jour un moment (choisir sa longueur selon nos disponibilités, quitte à sacrifier un loisir ou une activité moins utile !) de prière silencieuse où nous allons nous tourner vers cette présence intérieure du Seigneur en nous. Il faudrait un cadre propice, un endroit silencieux et calme, où nous allons pouvoir nous « poser » un moment. À chacun de choisir aussi un moyen pour orienter le regard intérieur vers le Seigneur : regarder une icône, répéter lentement un verset d’Écriture qui nous a touchés, dire tout simplement au Seigneur ce que nous voulons lui dire… bref, entrer en relation avec lui, qui est présent au-dedans de nous. Une fois ce moment passé, les activités trépidantes du quotidien vont reprendre le dessus et nous faire oublier ce temps de grâce ? Peut-être. Mais en prenant l’ascenseur, en attendant le métro, en passant à la caisse du supermarché, pourquoi ne pas faire une « piqûre de rappel » ? Rien ni personne ne peut m’empêcher alors de fermer les yeux, de me recueillir un instant, et de me tourner silencieusement vers sa présence : « Seigneur, je crois en ta présence en moi. Béni sois-tu pour ta présence en moi ! Découvre-moi ta présence… »
Le Cantique spirituel de saint Jean de la Croix (1, 6-8)
Et pour que cette âme altérée trouve son Époux et s’unisse à lui par union d’amour, autant que cela se peut en cette vie, et pour qu’elle entretienne cette soif par cette goutte qu’elle peut goûter de lui en cette vie, il sera bon, la prenant par la main au nom de son Époux, puisqu’elle le lui demande, que nous lui répondions en lui montrant l’endroit le plus sûr où il est caché, pour qu’elle le trouve sûrement avec la perfection et la saveur qu’on peut avoir en cette vie, et qu’ainsi elle n’erre pas sur les traces des mercenaires.
Il faut donc remarquer que le Verbe Fils de Dieu, avec le Père et l’Esprit Saint est, par essence et par présence, caché dans l’être intime de l’âme ; par conséquent il faut que l’âme qui doit le trouver sorte de toutes choses, selon l’affection et la volonté, et entre en elle-même dans un très grand recueillement, considérant toutes les choses comme si elles n’existaient pas. C’est pour cela que saint Augustin, parlant à Dieu dans les Soliloques, disait : « Je ne te trouvais pas au-dehors, Seigneur, parce qu’au-dehors je te cherchais mal, puisque tu étais au-dedans. »
Dieu est donc caché dans l’âme et c’est là que le bon contemplatif doit le chercher avec amour en disant : « Où t’es-tu caché ? »
Ô âme, la plus belle d’entre toutes les créatures, toi qui désires tant connaître le lieu où se trouve ton Bien-Aimé pour l’y chercher et t’unir à lui, voilà qu’on te dit que tu es toi-même la demeure où il habite, la retraite et le lieu secret où il est caché ; c’est un sujet de grand contentement et de grande joie pour toi de voir que celui qui est ton bien et ton espérance est si près de toi qu’il est en toi ou, pour mieux dire, que tu ne peux exister sans lui. Voici – dit l’Époux – que le royaume de Dieu est au-dedans de vous, et l’apôtre saint Paul, son serviteur, dit : Vous êtes temple de Dieu.
C’est pour l’âme une grande satisfaction de comprendre que Dieu ne s’éloigne jamais de l’âme, même si elle est en péché mortel, à combien plus forte raison si elle est en grâce.
Que peux-tu vouloir de plus, ô âme, et que cherches-tu de plus en dehors de toi, alors qu’au-dedans de toi tu as tes richesse, tes délices, ta satisfaction, ton rassasiement et ton royaume, c’est-à-dire ton Bien-Aimé que désire et recherche ton âme ? Puisque tu le possèdes si proche, réjouis-toi et sois dans l’allégresse avec lui en ton recueillement intérieur ; désire-le là, adore-le là et ne vas pas le chercher loin de toi car tu te distrairais et tu te fatiguerais et tu ne le trouverais ni n’en jouirais plus sûrement, ni plus rapidement, ni plus intimement qu’en toi-même. Il y a seulement une difficulté, c’est que, bien qu’il soit en toi, il est caché. Mais c’est une grande chose que de connaître le lieu où il est caché, pour le chercher avec certitude. Et c’est ce que toi aussi tu demandes ici quand tu dis, avec l’attachement de l’amour : « Où t’es-tu caché ? »
La compagne de route de la semaine
Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix (Édith Stein)
Née dans une famille juive, Édith Stein perd la foi pendant son adolescence. Devenue une philosophe de renom, elle fait de la « recherche de la vérité » son unique prière. La lecture du Livre de la Vie de sainte Thérèse d’Avila achève de lui donner la réponse désirée depuis longtemps : la vérité a un Visage, celui de Jésus-Christ. Elle reçoit le baptême en 1922, entre au Carmel de Cologne en 1933. Elle y prend le nom de Sœur Thérèse-Bénédicte de la Croix. Face à la montée du nazisme, elle doit se réfugier dans un Carmel des Pays-Bas, en 1939. Elle y arrêtée en 1942, avant d’être déportée au camp d’extermination de Auschwitz-Birkenau.
Édith naît l’année du troisième centenaire de la mort de saint Jean de la Croix (1891). Elle entre dans la Vie l’année du quatrième centenaire de la naissance de celui-ci (1942). Elle a consacré au Père du Carmel thérésien un ouvrage intitulé Science de la Croix. Passion d’amour de saint Jean de la Croix. Pour accompagner notre propre méditation du Cantique spirituel pendant ce chemin d’Avent, en voici un extrait, dans lequel Édith cherche à nous faire mieux comprendre ce que peut signifier, dans la vie spirituelle, le fait de parler de Dieu et de la personne qui prie comme d’un époux et d’une épouse :
« La tonalité fondamentale du Cantique [spirituel] est caractérisée par la tension qu’éprouve l’âme partagée entre le désir douloureux et l’heureuse découverte de son Bien-Aimé. Ce trait de base a trouvé son expression dans l’image qui domine en même temps le tout, sans considération pour la foule des images particulières qui lui sont ordonnées et subordonnées. Cette image est celle de l’épouse à qui il tarde de voir son Bien-Aimé, qui s’apprête à le chercher et finalement le trouve avec un immense bonheur (…)
Cette image n’est pas une allégorie. Si l’âme est appelée l’épouse de Dieu, il n’y a pas seulement là une relation de ressemblance qui autoriserait de désigner l’une par l’autre. Il existe entre l’objet et son image une unité si étroite qu’il peut à peine être encore question de dualité. C’est précisément ce qui caractérise le symbole dans le sens propre et le plus étroit du terme. La relation de l’âme avec Dieu, telle qu’il l’a prévue de toute éternité comme fin de sa création ne peut en vérité être désignée de façon plus frappante que par l’union matrimoniale. Réciproquement, ce que signifie le terme d’épousailles ne trouve nulle part une réalisation aussi appropriée et aussi parfaite que dans l’union d’amour de Dieu avec l’âme. (…) En se basant sur cette image, les relations matrimoniales des êtres humains peuvent exprimer symboliquement celles de Dieu avec l’âme. Mais contrairement à cette donnée, ce qu’elles sont, en tant que purs rapports humains dans la vie réelle, passe au second plan. La réalité du mariage trouve sa plus haute raison dans le fait qu’il est capable de traduire un mystère divin. »
Prier chaque jour cette semaine
Dimanche 9 décembre
Une œuvre pour petite qu’elle soit, faite en secret, sans désir qu’elle soit connue, est plus agréable à Dieu que mille autres, faites avec l’envie que les hommes en aient connaissance (Maxime 26).
Sous le regard du Seigneur, je repense à mes actions : Pour qui est-ce que j’agis ? pour qui est-ce que je vis ?
Lundi 10 décembre
Une seule pensée de l’homme est plus précieuse que tout l’univers : de là vient que Dieu seul en est digne (Maxime 51).
Il y a tant de pensées inutiles qui peuvent envahir mon esprit… Aujourd’hui, je m’efforce de leur dire « Stop ! » et de tourner mes pensées vers le Seigneur…
Mardi 11 décembre
À la fin du jour, c’est sur l’amour que l’on t’examinera. Apprends donc à aimer Dieu comme Il désire l’être, et laisse là ce que tu es (Maxime 80).
Viens, Esprit Saint, en nos cœurs ! Viens remplir jusqu’à l’intime le cœur de tous tes fidèles !
Mercredi 11 décembre
Ne pense pas de quelqu’un qu’il n’est pas agréable aux yeux de Dieu, sous prétexte que tu ne vois pas éclater en lui les vertus auxquelles tu penses : car il peut l’être pour ce à quoi tu ne penses pas (Maxime 82).
Je demande au Seigneur de convertir mon regard sur telle personne vis-à-vis de qui j’éprouve des difficultés.
Jeudi 12 décembre
Prends Dieu comme époux et comme ami, et marche continuellement avec Lui ; par ce moyen tu éviteras le péché, tu sauras aimer, et les choses nécessaires te réussiront heureusement (Maxime 88).
Seigneur Dieu, fais-moi la grâce de te choisir pour Ami !
Vendredi 13 décembre
Considère que Dieu ne règne que dans l’âme paisible et dénuée de la recherche de soi-même (Maxime 91).
« Seigneur Jésus, tu nous as dit : ‘Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix’. Donne-nous toujours cette paix ! »
Samedi 14 décembre
Le Père n’a dit qu’une parole : ce fut son Fils. Et dans un silence éternel il la dit toujours : l’âme aussi doit l’écouter en silence (Maxime 147).
Seigneur Jésus, apprends-moi à entendre ta Parole dans l’Écriture, dans les événements, dans les autres…
Retraite proposée par les Pères Carmes de Paris : http://www.carmes-paris.org/retraite-en-ligne/retraite-avent-2012/
L'Avent avec les Carmes
L'Avent avec les Carmes
Première semaine
Du 2 au 8 décembre
« Se mettre en marche »
Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc (21, 25-28 ; 34-36)
Jésus parlait à ses disciples de sa venue : « Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles. Sur terre, les nations seront affolées par le fracas de la mer et de la tempête. Les hommes mourront de peur dans la crainte des malheurs arrivant sur le monde, car les puissances des cieux seront ébranlées. Alors on verra le Fils de l’homme venir dans la nuée, avec grande puissance et grande gloire. Quand ces événements commenceront, redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche. Tenez-vous sur vos gardes, de crainte que votre cœur ne s’alourdisse dans la débauche, l’ivrognerie et les soucis de la vie, et que ce jour-là ne tombe sur vous à l’improviste. Comme un filet, il s’abattra sur tous les hommes de la terre. Restez éveillés et priez en tout temps : ainsi vous serez jugés dignes d’échapper à tout ce qui doit arriver et de paraître debout devant le Fils de l’homme. »
Méditation pour la première semaine
« se mettre en marche »
Ce dimanche marque le commencement du temps liturgique de l’Avent, qui est la préparation à la fête de Noël. Il marque aussi le début de l’année liturgique : à partir d’aujourd’hui, et pendant un an, la liturgie va nous faire célébrer l’ensemble des mystères de la vie du Christ. Sa naissance occupe évidemment la première place, du point de vue chronologique. Aussi, nous pourrions tout à fait – avec un peu d’humour ! – nous souhaiter en ce dimanche : « Bonne année ! » Oui, bonne année : qu’elle soit « une année de bienfaits accordée par le Seigneur » (Lc 4, 19) !
Pour nous, cette année, le premier dimanche de l’Avent marque aussi le début d’une retraite spirituelle. En effet, nous avons choisi saint Jean de la Croix comme guide et, avec lui, nous allons cheminer vers la lumière de Bethléem. Sans quitter notre milieu quotidien, nous allons, chaque jour, prendre le temps de méditer la Parole de Dieu, de faire silence sous le regard du Seigneur, de lui confier nos soucis, nos désirs, nos joies. Efforçons d’être fidèles à notre engagement à suivre cette retraite : il en va de la liberté et de la responsabilité de chacun de nous. Sachons que, sans nous voir, nous serons nombreux à suivre ce chemin ensemble : ne manquons pas de prier les uns pour les autres. Cette mystérieuse communion entre nous est un soutien sur lequel nous pouvons nous appuyer.
En ce premier jour de retraite, la liturgie nous offre un extrait de l’Évangile selon saint Luc (Lc 21, 25-28 ; 34-36). Il a peut-être de quoi nous surprendre. Le Seigneur Jésus y parle en effet de cataclysmes terrifiants : signes dans les astres, malheurs s’abattant sur le monde, ébranlement des puissances célestes. Nous voulions nous préparer à Noël, et le Seigneur nous parle de la fin du monde ! En fait, il emploie dans ce discours un langage particulier, que l’on trouve à de nombreuses reprises dans les Écritures. Il s’agit du langage que l’on appelle « apocalyptique ». Ce langage n’est pas celui des scénarios-catastrophe ! « Apocalypse », littéralement, signifie « dévoilement », « révélation ». Le langage apocalyptique sert à nous dévoiler quelque chose de ce qui arrivera à la fin des temps, dans le but de stimuler notre espérance, surtout en temps de crise. C’est comme si le Seigneur nous disait : « Oui, vous aurez bien des difficultés à affronter, mais n’oubliez jamais que je suis votre Sauveur, et que je viens à vous ! » Ainsi, ce passage de l’Évangile oriente notre regard vers la venue du Seigneur, dans sa gloire, à la fin des temps. Sa venue à Bethléem, dans l’humble nuit de Noël, en est l’écho par anticipation.
Alors, nous comprenons mieux pourquoi nous entendons ce difficile passage de l’Évangile au début de notre chemin d’Avent. Le but du chemin de notre vie chrétienne nous y est dévoilé, la raison de la venue du Seigneur à Noël nous y est révélée. Il vient pour notre salut : « Votre rédemption approche ». Et cela ne doit pas nous terroriser, bien au contraire ! Le Seigneur, en nous révélant ainsi le sens de notre existence, nous indique l’attitude à adopter pour nous préparer à accueillir sa venue : « Redressez-vous et relevez la tête », « tenez-vous sur vos gardes », « restez éveillés et priez en tout temps ». Autant de conseils, autant d’appels à la vigilance, que nous pouvons faire nôtres au début de cette retraite d’Avent. Car le Seigneur vient à nous, toujours ! À Noël, nous n’allons pas seulement commémorer le fait que Jésus est venu autrefois. Célébrer Noël, ce n’est pas souffler les bougies du gâteau d’anniversaire de Jésus ! C’est plutôt célébrer sa venue, au présent : cette année, à Noël, Jésus va naître pour notre salut. Aujourd’hui, chaque jour, le Seigneur vient à moi, dans ma vie, là où je suis. Il n’a même jamais cessé de venir vers moi, de m’appeler à le rencontrer. Mais est-ce que je suis attentif à sa venue, à sa présence dans ma vie ? Est-ce que je désire le rencontrer ?
Dans son Cantique spirituel, saint Jean de la Croix nous parle de la prise de conscience douloureuse que « l’âme » fait de ce mystère de la venue de Dieu. Elle prend conscience de sa propre responsabilité dans cette rencontre avec Dieu. Rappelons que « l’âme », dans le langage de Jean de la Croix, c’est la personne humaine, considérée dans sa capacité à se tourner vers Dieu, avec tout ce qu’elle est (corporéité, sensibilité, intelligence, mémoire, volonté, etc. : tout mon être). Pour m’appliquer à moi-même ce que dit Jean de la Croix dans son texte, il me suffit de remplacer « l’âme » par « je » : « Prenant conscience de ce que je dois faire, je vois que brève est la vie… » Eh bien, de quoi est-ce que « l’âme » est en train de se rendre compte, dans ces premières lignes du Cantique spirituel ? En fait, c’est très simple : elle est en train de se rendre compte que sa vie est quelque chose de sérieux, parce que Dieu l’a créée, parce qu’il l’a sauvée. Il en va de sa responsabilité à elle de se tourner ou pas vers Dieu. Et, dès ces premières lignes, le mot le plus important apparaît sous la plume de Jean de la Croix : il s’agit du mot « amour ». « Au seul prix de lui-même, Dieu l’a rachetée, pour cela elle lui doit tous ses efforts et la correspondance d’amour de sa volonté ». Dieu nous aime et désire être aimé de nous. La naissance du Fils de Dieu à Noël n’est motivée que par l’amour qu’il a pour chacun de nous.
La Parole de l’Évangile et la voix de Jean de la Croix s’accordent pour nous interpeller en ce début de retraite. En nous mettant à leur écoute, commençons, cette semaine, par prendre le temps de regarder notre vie sous le regard du Seigneur. Puisque nous avons décidé de suivre cette retraite, il est clair qu’il y a en nous un désir de nous tourner vers le Seigneur, qui est déjà présent dans notre vie. Sous le regard du Seigneur, voyons donc les richesses et les pauvretés qui habitent notre vie en ce moment, ainsi que les désirs et les aspirations qui sont les nôtres. Tout cela, c’est ce qui fait le tissu de notre existence, c’est ce qui se trouve dans notre bagage au moment de partir en retraite pour l’Avent. Maintenant, puisque le Seigneur nous attend, ne perdons plus de temps : mettons-nous en marche !
Le Cantique spirituel de saint Jean de la Croix (1, 1)
L’âme, prenant conscience de ce qu’elle doit faire, voit que brève est la vie, étroit le sentier de la vie éternelle, que le juste a bien du mal à se sauver, que les choses du monde sont vaines et trompeuses, que tout a une fin et s’épuise comme l’eau qui court. Les temps sont incertains, les comptes à rendre rigoureux ; la perdition est très facile, le salut très difficile. Elle reconnaît, d’autre part, la grande dette qu’elle a envers Dieu qui l’a créée pour lui seul, ce pour quoi elle doit le servir sa vie entière. Au seul prix de lui-même, il l’a rachetée, pour cela elle lui doit tous ses efforts et la correspondance d’amour de sa volonté. Elle reconnaît mille autres bienfaits pour lesquels elle se sait l’obligée de Dieu dès avant sa naissance. Une grande partie de sa vie s’en est allée en fumée et de tout cela elle doit rendre compte et raison, du premier acte jusqu’au dernier, sans faire grâce d’un centime, quand Dieu scrutera Jérusalem avec des flambeaux allumés. Déjà il est tard et peut-être est-ce la fin du jour. Pour porter remède à tant de maux et de dommages, et surtout parce qu’elle sent que Dieu s’irrite et se dérobe à elle qui, parmi les créatures, a tant voulu l’oublier, frappée jusqu’au cœur de douleur et d’effroi à la vue d’une telle ruine et d’un si grand péril, elle renonce à toute chose, laisse de côté toute autre affaire, sans tarder ni d’un jour, ni d’une heure. Avec un désir ardent et un gémissement jailli de son cœur déjà blessé d’amour de Dieu, elle se met à implorer son Bien-Aimé :
Où t’es-tu caché, Bien-Aimé ?
Tu m’as abandonnée dans les gémissements ;
comme le cerf tu as fui
m’ayant blessée.
Je sortis à ta poursuite en criant, et tu étais parti.
Le compagnon de route de la semaine : Saint Jean de la Croix
Chaque semaine, un aîné dans la foi nous rejoindra sur le chemin de notre retraite, afin de nous accompagner. Pendant cette première semaine, il est bon de nous familiariser un peu plus avec celui qui sera notre guide jusqu’à Noël : saint Jean de la Croix. C’est un homme d’une autre époque que nous, c’est un homme d’une autre culture que nous. Mais surtout, comme nous, c’est un croyant qui a désiré rencontrer le Seigneur plus en profondeur, et qui s’est mis en route pour cela. Les différentes étapes de sa vie montrent que cette recherche de Dieu est le dynamisme de son existence (voir le résumé biographique). Quand il le fallait, il fut même capable de faire des choix radicaux pour que le Seigneur soit toujours à la première place dans sa vie. Chaque jour de la semaine, une « maxime spirituelle » tirée de ses œuvres nous sera donnée. Que la méditation de celles-ci, accompagnées de pistes de réflexion, nous éclairent sur la route ! Laissons-nous inspirer aussi par ce premier extrait de son Cantique spirituel, riche de sens spirituel et tellement imprégné de la Parole de Dieu ! Reprenons par exemple, dans notre prière quotidienne, tel passage qui nous aura plus particulièrement touchés, ou l’un des versets de l’Écriture, qui viennent si spontanément sous la plume de Jean ! Que saint Jean de la Croix nous accompagne sur notre chemin d’Avent et intercède pour nous !
fr. Anthony-Joseph Pinelli, ocd
Prier chaque jour
Maximes de Saint Jean de la Croix pour chaque jour de la semaine
Dimanche 2 décembre
« Dieu requiert plus de toi le moindre degré de pureté de conscience, que toutes les autres oeuvres que tu puisses faire » (Maxime 18).
Pendant cette retraite, qu’est-ce que je désire demander au Seigneur ?
Lundi 3 décembre
« Toi, Seigneur, tu reviens, avec allégresse et amour, relever celui qui t’offense ; et moi, je ne reviens pas relever et honorer celui qui n’irrite que moi ! » (Maxime 65).
Je te rends grâce, Seigneur, pour ta miséricorde envers moi ! Apprends-moi à pardonner aussi à ceux qui m’ont fait du mal !
Mardi 4 décembre
« Seigneur mon Dieu, tu n’es pas distant, toi, de celui qui ne se rend pas distant de toi. Comment peut-on dire que tu t’absentes ? » (Maxime 68)
Béni sois-tu, Seigneur, pour ta présence et ton amour dans ma vie !
Mercredi 5 décembre
« Ne crois pas que plaire à Dieu consiste en beaucoup d’oeuvres, mais plutôt en ce que les oeuvres se fassent avec une volonté droite » (Maxime 79).
Viens Esprit Saint, en mon coeur ! Rends droit ce qui est faussé !
Jeudi 6 décembre
« Dans la tribulation, recours promptement à Dieu avec confiance, et ainsi tu seras conforté, illuminé et instruit » (Maxime 86)..
Délivre-moi, Seigneur de ce qui m’entrave et m’empêche d’avancer vers toi ! (Osons confier telle ou telle difficulté particulière au Seigneur).
Vendredi 7 décembre
« Dans les joies et les goûts, recours promptement à Dieu avec crainte et vérité, et tu ne seras pas trompé ni empêtré de vanité » (Maxime 87)
Quelle est la place que je donne au Seigneur dans ma vie ? Où en suis-je de ma relation avec lui ?
Samedi 8 décembre
« Celui qui ne cherche pas la croix du Christ, ne cherche pas la gloire du Christ » (Maxime 149).
Quel est le sens que je donne à ma vie ? Quel est le but que je poursuis ?
Retraite proposée par les Pères Carmes de Paris : http://www.carmes-paris.org/retraite-en-ligne/retraite-avent-2012/
La Servante de Dieu Mère Anne de Jésus
La Servante de Dieu Mère Anne de Jésus
Prieure du Carmel de Bergerac
1864-1928
« Tel fut son maintien habituel, toute recueillie en Dieu »
Rosa Peyrilles, en Religion Sœur Anne de Jésus, naquit Marminiac (Lot). Elle fit ses études au Pensionnat de la Miséricorde de Bergerac, et entra au Carmel de cette ville le 1er octobre 1885. Elue Prière en 1906, elle fut réélue à diverses reprises. Après 43 ans de vie religieuse, remarquable par son zèle pour le silence et la régularité, par un rare esprit de Foi, d'abandon et de force dans la souffrance. Elle mourut saintement le vendredi 25 mai 1928, âgée de 64 ans.
Pensées de Mère Anne de Jésus
« Il faut nous prendre comme nous sommes, ne rien désirer de plus que ce que nous avons. Tout ce que nous sommes, nous le sommes par la Volonté du Bon Dieu. Or Il est l'éternelle Sagesse... Ce qui importe, c'est que nous ne cessions pas de monter l'échelle de la perfection, dont les échelons sont nos efforts constants. Au bout est le succès, c'est certain, mais son heure appartient à Dieu. Lui seul sait ce qui nous est bon ; notre petite sagesse le voudrait sur le champ, et si Dieu nous exauçait, nous n'échapperions pas à l'orgueil. Au contraire, un long labeur, le plus souvent doublé d'humiliations, nous prépare la vie éternelle ».
« L'homme n'est pas fait pour lui, mais pour Dieu ; le temps de la vie n'est pas donné pour repos mais pour le travail ; la vie n'est pas une jouissance, mais un devoir ».
« En se sanctifiant, on vie pour les autres, on devient par son contact avec Dieu un foyer de lumière, de chaleur, de puissance ; on arrête le courroux divin en payant pour autrui à la Justice Divine, on soulage les autres par son dévouement, la Charité. On les stimule par l'exemple ».
« Courage ! La vie est courte, la souffrance passagère ; nous allons vers le paradis ; laissons-nous entraîner par le divin courant de la Grâce, qui tout en apaisant notre soif, adoucit le chemin et qui, lorsque nous serons arrivés au terme, nous pénétrera, nous environnera de félicité ».
« Le moyen de se faire une volonté propre, c'est de mettre cette volonté en perpétuel exercice. Si nous souhaitons avoir une volonté forte, généreuse, magnanime, demandons lui des efforts quotidiens, souvent renouvelés tout au long du jour ; habituons la à ne pas calculer devant l'effort, à ne pas hésiter, afin qu'elle règne en maîtresse sur tout l'être ».
« La Carmélite est un réservoir de grâces et d'amour tout rempli du Sang de Jésus. Il déborde sur le monde entier quand elle est très fidèle ».
« Dieu ne met ni bornes ni réserves en se donnant à nous, et nous voudrions en apporter mille avec Lui ! Quelle viles créatures nous serions! »
« Mon Dieu, je Vous aime !... Je Vous remercie !.... que Vous êtes bon de me faire tant souffrir ! O Jésus, toutes Vos Volontés sont exquises... Je suis le petit Amen du Cœur de Jésus, à tout ce qu'Il fait, à tout ce qu'Il veut, je dis : Amen ! Amen ! »
« Je voudrais que chacune des secondes de la vie qu'il me reste dure mille ans, même avec les souffrances que j'endure, pour pouvoir servir d'instrument à la Rédemption ! ».
« Il ne faut pas que je trompes tant d'espérance en restant sur la terre. Il faut que je parte bien vite... Je suis chargée de tant de messages et de requêtes... Oh ! En attendant, je vais prier et souffrir pour eux tous ! »
Prière pour obtenir la glorification de Mère Anne et solliciter des grâces par son intercession
(réservée au culte privé)
O Dieu qui n'êtes qu'Amour et Miséricorde, prenez en pitié nos misères et daignez exaucer la confiante prière que nous Vous adressons par l'intercession de Mère Anne de Jésus Votre Servante, qui voulait tout devoir à Votre Miséricorde. Par elle, que Votre Bonté infinie nous accorde les grâces... que nous sollicitons avec instance. Souffrez aussi que nous Vous demandions, si cela est conforme à Votre bon plaisir et au bien de nos âmes, de glorifier Votre humble épouse afin qu'elle nous aide à mieux Vous servir et aimer. Ainsi soit-il.
Imprimatur
R. Dupin de St Cyr, V.G.
Périgueux, le 1er octobre 1933.
Relations de grâces
Carmel de Bergerac
79, rue Valette
F- 24100 Bergerac (France)
Mail : carmel-de-bergerac@wanadoo.fr
Téléchargez le texte de cette prière (pdf) en cliquant ici