Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte
Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte
Neuvième jour
Neuvième rayonnement
Les Béatitudes
« Beati mundo corde » (Mt. 5, 8)
Un jour Jésus monta sur une haute montagne, qui s'élève à l'ouest de la Mer de Galilée, avec ses pics aigus et divisés en deux comme les deux pointes d'un croissant, appelés aujourd'hui « Cornes de Hattin ».
Une foule de peuple le suivit et se massa sur la pente orientale qui est douce tandis que l'autre est un précipice très abrupt entrecoupé de crevasses. Arrivé sur le sommet, Jésus s'assit au milieu de ses disciples et fit entendre au monde étonné les huit paroles sublimes qui allaient devenir le code de la Loi Nouvelle.
« Bienheureux, dit-il d'abord, bienheureux les pauvres d'esprit, parce que le royaume des cieux est à eux ». Il voulait parler de ceux qui ont l'esprit dépouillé d'artifice et qui marchent avec droiture, sans être embarrassés du fardeau des biens temporels ; car il y en a qui veulent bien être pauvres, à condition que rien ne leur manque. Le vrai pauvre, au contraire, se dépouille des désirs du monde ; le bagage de l'orgueil ne l'alourdit pas et ne l'empêchera pas de passer par la porte du ciel qui est étroite.
« Bienheureux les doux, parce qu'ils posséderont la terre ». Les doux ! Ceux qui se sont fait violence et règnent sur leurs passions soumises qui, sans rigueur ni malice, passent à travers les épreuves de la vie sans murmurer ; qui acceptent les peines ; adorent la volonté de Dieu et lui conquièrent des âmes par l'empire souverain de la douceur. Doux envers les hommes ! Doux envers la souffrance, l'adversité, doux envers la mort ! À ceux-là la possession de la terre, c'est-à-dire l'empire des cœurs.
« Bienheureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés ». C'est la sanctification des larmes et de la douleur. Le mot de douleur était âpre chez les anciens : La douleur n'est qu'un mot, disaient-ils avec orgueil. Le Cœur de Jésus lui donna une signification d'espérance ; il est permis désormais de pleurer en cette vallée de larmes ; mais il ne faut pas pleurer comme ceux qui n'ont plus d'espoir, car Dieu, un jour, séchera nos larmes et consolera nos douleurs.
« Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice, parce qu'ils seront rassasiés ». Les âmes qui cherchent la vérité avec une intention droite, celles qui s'indignent de l'injustice et qui appellent de leurs vœux le règne de Dieu, cherchant à l'établir en elles et autour d'elles ; en un mot les âmes éprises du beau et du bien, boiront un jour l'eau vive à sa source divine et se nourriront de la présence de Dieu dans l'éternelle Patrie.
« Bienheureux les miséricordieux, parce qu'ils seront traités avec miséricorde ». C'est le précepte de la charité établi en loi divine et humaine ; il sera rendu à chacun selon ce qu'il aura donné. La miséricorde même du pécheur sera récompensée et lui attirera peut-être la grâce du salut. Consolant espoir ! celui qui sera bon et miséricordieux envers son prochain, fût-il mauvais lui-même, sera traité avec bonté par la Justice infinie.
« Bienheureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu ». C'est pourquoi Jésus a tant aimé les enfants, parce que le cœur de l'enfant est un miroir limpide qui reflète l'image de Dieu ; le péché, cette buée grossière qui ternit le miroir, n'est pas venu troubler encore la divine image. Bienheureuse pureté du cœur, pureté native ou pureté reconquise, c'est elle qui reçoit la plus belle parole : elle verra Dieu !
« Bienheureux les pacifiques, parce qu'ils seront appelés enfants de Dieu ». Les pacifiques sont ces âmes équilibrées qui aiment l'ordre et la paix, qui fuient la querelle et la dispute, qui admirent dans la paisible sérénité de leur âme la bonté de Dieu. Enfants d'un même Père, frères d'une même famille, ils ne veulent point troubler l'harmonie qui doit régner. N'est-ce point à ces âmes que les anges s'adressaient en chantant au jour de Noël : « Paix aux hommes de bonne volonté ! »
« Bienheureux ceux qui souffrent persécution pour la justice, parce que le royaume des Cieux est à eux ». C'est la glorification éternelle des persécutés. Dans ce monde de bons et de mauvais où la part du pauvre et du déshérité est si inégale, il fallait une nouvelle espérance : un jour ces déshérités de la vie seront les vainqueurs. Ô martyrs, ô victimes saintes, ô pauvres volontaires et persécutés de tous les siècles, réjouissez-vous, vous serez couronnés de gloire un jour, et les méchants seront votre piédestal ! Voilà la grande vengeance du Seigneur Dieu au jour du jugement dernier.
Ces huit paroles sont le tableau exact et tracé de main de maître, des vertus du divin Cœur de Jésus ; c'est le « chef-d'œuvre de la spiritualité », comme dit saint Bonaventure, chef d'œuvre entièrement renfermé dans ce Cœur. En effet, humble, doux, pur, paisible au milieu des luttes, souffrant mille injures des hommes, éternellement persécuté mais éternellement vainqueur, il est lui-même notre Loi et la Source d'où jaillissent ces huit paroles de vie : les Béatitudes.
Invocation
Ô Jésus, votre Cœur sacré, tout rayonnant et tout enflammé, jette du sommet de la montagne des rayons merveilleux sur le monde tout entier. Ces huit paroles sublimes, semblables, à huit dards, vaincront désormais l'antique serpent ; ces paroles pleines de lumière, dirigeront nos pas dans les ténèbres, pleines de force, nous soutiendront dans les passages difficiles de la vie. Oh ! qu'elle est belle et consolante cette loi que vous promulguez sur la montagne ? Ce n'est plus la loi de crainte, donnée à Moïse pour maintenir les hommes dans l'obéissance, c'est une loi de mansuétude, faite pour guérir les plaies de l'humanité et nous attirer à vous par l'amour.
Jesu, mitis et humilis corde, fac cor nostrum secundum cor tuum.
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Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte
Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte
Huitième jour
Huitième rayonnement
La vie apostolique à Capharnaüm et Tibériade
« Veni sequere me ». (Mc 2, 14)
Capharnaüm et Tibériade furent le théâtre principal où se déroula la vie apostolique du Sauveur, les lieux préférés ou éclatèrent les merveilles divines. Il semble que Jésus avait une prédilection spéciale pour ce lac admirable, appelé alors Mer de Galilée, car tout le long de ses rives il gravait son amour par des bienfaits.
Après le miracle des Noces, le Sauveur commença sa vie militante qui ne devait plus finir qu'au Calvaire. C'est à Tibériade surtout qu'il prêchera publiquement aux foules, à Capharnaüm qu'il guérira tant de malades, sur les bords du lac qu'il s'attirera, par le charme de sa parole et le charme de sa vue, ses premiers disciples.
Tibériade n'est plus aujourd'hui ce qu'elle était au temps de Jésus-Christ, une belle ville romaine, campée fièrement comme un rempart de marbre au bord de la Mer de Galilée. Au temps des Croisades, elle devint la capitale de la principauté de Tancrède, qui la fortifia comme les villes du moyen âge. Aujourd'hui, il ne reste plus de ces splendeurs que des ruines, des remparts à demi écroulés, et une misérable bourgade malpropre, peuplée de Juifs plus encore que d'Arabes.
Mais le lac a gardé une merveilleuse beauté, comme un miroir fidèle qui reflétait jadis l'image de Jésus. Le pèlerin qui le contemple un soir, à la fin d'une longue étape depuis Nazareth, est soudain plongé dans le ravissement. Le soleil envoie ses feux mourants qui tracent sur les eaux bleues un sillon de pourpre ; les montagnes qui bordent le lac baignent dans une atmosphère chaude et lumineuse, qui se colore comme un prisme, des reflets de l'astre éblouissant. La sérénité du soir s'unit aux émouvants souvenirs du passé… ; il semble toujours, sur la nappe limpide de la Mer de Galilée, voir osciller là-bas... la barque fragile qui portait le Maître du monde !
Que de fois, en effet, ô Pèlerin, Jésus, assis dans la barque des pêcheurs, conversait amicalement avec eux, les instruisait doucement, tirant des travaux de leur métier des comparaisons pleines de justesse. Et, peu à peu, il façonnait ces rudes travailleurs pour en faire ses Apôtres, et cette éducation demandait une inépuisable patience, une infinie tendresse. Ils ne pouvaient résister aux attraits du divin Cœur, ces pauvres et ces petits, parce que, sans qu'ils le comprissent, cette bonté doucement pénétrait au travers de leur rude écorce.
Que de fois aussi Jésus côtoyait ce lac à pied, prêchant et guérissant ; tout le peuple ému admirait le prestige de sa puissance. Mais hélas ! si les peuples sont facilement enthousiastes, on les voit rarement fidèles, et Jésus qui répandit tant de faveurs sur Capharnaüm eut à déplorer son ingratitude et son infidélité. Son Cœur saigna en pensant à cette ville qu'il avait comblée de bienfaits, comme on comble une enfant chérie, et qui devint infidèle comme le sont les enfants prodigues de tous les siècles ! Aussi laissa-t-il échapper de ses lèvres cette malédiction : « Et toi, Capharnaüm, est-ce que tu t'élèveras jusqu'au ciel ? Tu descendras jusqu'aux enfers, parce que si dans Sodome avaient été faits les miracles qui ont été faits au milieu de toi, elle subsisterait encore ». Les chardons et les ronces qui recouvrent aujourd'hui ses ruines, ont donné raison à la parole du Sauveur.
Mais Jésus ne se lassait pas, il laissait son Cœur rayonner sur ces ingrats, nous montrant par cet exemple qu'il ne faut pas travailler pour la reconnaissance humaine. Il allait toujours, malgré les contradictions, rempli de sa mission divine, semant ses paroles et ses prodiges avec un zèle dévorant qui lui amenait les âmes en foule ; puis il enseignait et formait ses apôtres et se faisait tout à tous.
Jésus était le grand Semeur ; il ne venait pas moissonner, il l'a dit lui-même, mais il venait préparer la récolte. Voyez-le, ô Pèlerin, dans le cours de cette vie apostolique ; il forme, choisit et élève les Apôtres qu'il chargera de moissonner plus tard. À côté de la vie extérieure de son apostolat, il y a la vie toute intime du Cœur, qui se fait dans le calme et l'intimité, au soir de ces journées laborieuses ; quand le Seigneur se retirait avec son troupeau choisi. Dans ces conversations familières et affectueuses, les Apôtres l'interrogeaient : « Maître, que signifie pour nous telle parabole ? » Et Jésus la leur expliquait avec clarté, écartant les nuages, car c'était la vérité pure et pleine qui coulait de sa source. « Ô Maître, s'écriaient-ils alors, nous voyons bien maintenant que vous êtes le Fils de Dieu ».
L'école intime du divin Maître est donc son Cœur sacré ; c'est dans cette mystérieuse retraite que sont conviées les âmes choisies qui cherchent à s'instruire des secrets divins, à recevoir l'éducation divine ; car, c'est là, dans l'intimité de son Cœur, que le Seigneur, taillant dans le vif de nos cœurs, en fait des chefs-d'œuvre qu'il forme à sa ressemblance, les modelant comme un grand Maître de l'art.
Invocation
Ô Jésus, nous aussi, nous avons besoin de cette éducation spirituelle que vous donniez à vos apôtres. N'est-il pas nécessaire que vous pétrissiez à nouveau de vos mains divines nos âmes déformées par le péché. Ô Seigneur, ouvrez nos yeux, comme vous l'avez fait à tant d'aveugles, dé liez notre langue souvent muette sur vous louanges, mais trop déliée pour les discours mondains. Oh ! oui, éclairez-nous, déliez ce qui est trop attaché à la terre, liez ce qui est émancipé, mettez l'ordre dans le désordre, faites que notre cœur soit assez humble pour comprendre, assez pur pour vous voir un jour !
Jesu, mitis et humilis corde, fac cor nostrum secundum cor tuum.
Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte
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Septième jour
Septième rayonnement
Le miracle de Cana
« Quodcumque dixerit vobis facite » (Jn, 2, 5)
Jésus, sorti de sa retraite solitaire, commença sa Vie publique par un mi racle éclatant : le changement de l'eau en vin aux noces de Cana.
Cana, qui n'est plus aujourd'hui qu’une misérable bourgade, peuplée d'Arabes déguenillés, et située sur une colline non loin de Nazareth, était en ce temps-là une florissante cité.
Le lieu du miracle est occupé aujourd'hui par une petite église, qui appartient aux Pères Franciscains. On croit que la maison ou Jésus et sa sainte Mère furent invités, était celle de Simon le Cananéen qui devint un des apôtres du Sauveur ; c'est le sentiment de Nicéphore et de saint Jérôme.
Jésus était connu de lui ; du reste, le prodige de son baptême au Jourdain et le témoignage de Jean l'avaient signalé comme l’Elu de Dieu ; c'est donc à titre d'ami et de Prophète qu'il fut invité aux noces du jeune homme. Il était alors d'usage que les amis des Epoux offrissent les divers services du festin, et saint Bonaventure pense que le Sauveur s'était chargé de celui des vins, ce qui expliquerait parfaitement la scène du miracle.
Considérez donc toute cette scène, ô Pèlerin, car elle est remplie de précieux enseignements. Et d'abord, il est à supposer que la Sainte Vierge aidait humblement au service pendant le repas avec les autres femmes, et pourvoyait aux besoins des convives, puisqu'elle s'aperçut que le vin allait manquer ; et comment l'eût-elle remarqué si elle n'avait été invitée qu'à titre de convive ? Comment expliquer sa démarche près de son Fils, et comment se fût-elle approchée, remarque le même docteur, cette Mère pleine de modestie, près du Sauveur assis à la table des hommes ?
Tandis qu'elle servait les convives, elle s'avança doucement vers Jésus : « Mon Fils, lui dit-elle tout bas, ils n'ont plus de vin ». « Femme, répondit Jésus à haute voix, qu'y a-t-il de commun entre vous et moi ? »
Cette réponse paraît dure ; en la méditant, on ne la considère plus comme telle. La suite nous prouve, du reste, que le Seigneur ne l'adressait pas directement à sa Mère ; Marie n'en fut point blessée ; peut-être le regard qui accompagnait cette parole en avait-il adouci l'âpreté, car elle se tourna vers les serviteurs et leur dit : « Allez près de Lui, et faites tout ce qu'il vous dira », et le Seigneur, exauçant son désir au delà même de ce qu'elle espérait, dit aux serviteurs : « Remplissez d'eau toutes ces urnes ». Quand ils eurent obéi, Jésus dit : « Puisez maintenant et faites goûter au chef du festin ». Mais l'eau se trouva changée en vin, et quand ce lui-ci l'eut goûtée, ne sachant d'où venait ce vin, il appela l'époux et lui dit : « Pourquoi donc, contre la coutume, avez-vous réservé le bon vin en dernier ? » Tous étaient dans un grand étonnement.
Remarquez, ô Pèlerin, combien ce miracle est beau et puissant. Jésus ne touche ni même ne regarde l'eau, il commande simplement : « Allez puiser de l'eau », et sur la volonté du Maître, l'élément se transforme soudain en un vin délicieux. La divinité éclate ici : Jésus s'est laissé implorer en Dieu, et c'est en Dieu qu'il répond à la créature : « Qu'il a-t-il de commun entre vous et moi ». Mais la bonté et l'amour accompagnent ses paroles, et touché de la prière de sa Mère, il donne plus qu'elle n'avait demandé. Trois ans plus tard, ne donnera-t-il pas plus encore ? Sa propre chair changée en pain, son sang changé en vin. Ce miracle des Noces est le symbole admirable, le prélude de la transsubstantiation de l'Eucharistie. Aujourd'hui, son Cœur a soudain un rayonnement enflammé qui annonce déjà le feu incandescent de son amour dans le Sacrement. Il se dilate dans l'attente du miracle eucharistique, où il doit se donner lui-même à tous.
Dans cette effusion de son amour tout puissant, il rassasiait par avance les âmes altérées du bien, du beau et du vrai, les âmes qui ont soif et ne peuvent s'abreuver dans le désert de la vie. Ô vous tous qui soupirez après l'eau vive, venez vous désaltérer, venez à cette source de vie qui est le Cœur du divin Maître !
Puis encore, par ce miracle, Jésus bénit le mariage chrétien : il nous apprend la force de cette union de deux êtres transformés en une seule chair, merveilleusement bénie. Il donne au mariage chrétien une prééminence manifeste sur le mariage antique, une vigueur nouvelle symbolisée par la supériorité du vin sur l'eau.
Invocation
Ô Sauveur, vous vous révélez aujourd'hui dans votre puissance de Dieu créateur de toutes choses, et de Père qui pourvoit toujours au bien de sa créature. Vous avez pris notre forme et notre nature, mais vous ne nous trompez point ; nous reconnaissons votre toute-puissance tempérée par l'amour, votre Cœur si plein de générosité et de tendresse, que jamais cœur semblable n'a battu dans une poitrine humaine. C'est bien vous, ô Seigneur, que nous retrouvons plus tard et toujours, jusqu'à la fin des siècles, dans le vin de l'autel, dans la manducation eucharistique, qui sont à la fois et votre corps mortel et votre Divinité tout entière.
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Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte
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Sixième jour
Sixième rayonnement
La solitude au Mont de la Quarataine
« Non in solo pane vivit homo, sed in omni Verbo Dei » (Luc 4, 4)
Après ce grand acte qui ouvrait sa vie apostolique, le Sauveur, prêt à se donner aux hommes, et au moment d'entrer dans la carrière, sentit le besoin impérieux d'invoquer son Père au début de ses travaux ; de demeurer seul avec lui dans la solitude, pour bien nous apprendre que les grands actes de la vie doivent s'élaborer dans la prière, s'établir par le jeûne et la pénitence.
La retraite que choisit le Fils de Dieu, est une montagne presque inaccessible. Elle se dresse dans la plaine de Jéricho, avec ses arêtes aiguës et ses flancs escarpés, dernier rempart de la chaîne de Juda. Du côté oriental, elle est taillée à pic ; on n'aperçoit en y montant par l'étroit escalier coupé dans le roc, que des parois rocheuses, polies et droites au-dessus de l'abîme.
La grotte où Jésus jeûna, surplombe le précipice ; quelques ouvertures naturelles lui donnent jour et laissent apercevoir la plaine immense jusqu'au pied de la chaîne d'Arabie, avec le sillon du Jourdain, semblable à une lame d'argent, miroitant au soleil.
Représentez-vous maintenant, ô Pèlerin, le Seigneur Jésus dans cette grotte solitaire, n'ayant pour plancher que la terre nue, pour toit que le rocher, pour lit qu'un bloc de pierre que l'on contemple encore avec une indicible émotion.
Regardez-le bien priant et jeûnant, voyez comme son divin Cœur a des rayonnements d'amour pour son Père et pour nous. Affaibli par le jeûne, appuyé contre le rocher nu, Notre Seigneur aime nos âmes et souffre par avance les plus cruelles douleurs ; il voit se dérouler devant lui une longue série de travaux, de fatigues, un apostolat de dévouement couronné par une mort épouvantable. Mais son Cœur ne tremble pas ; il veut, au contraire, accomplir sa mission ; il ressent une joie austère, mais surabondante à la pensée de se donner tout entier, et de sauver tant d'âmes au prix de son sang. Qu'importent ses souffrances, s'il ramène les enfants à leur Père ; qu'importe, s'il lui achète chèrement des adorateurs sur la terre, des triomphateurs au ciel ? « Adveniat regnum tuum ». C'est lui qui vient l'établir, ce règne, et il ne comptera ni ses peines, ni ses douleurs. Est-ce que le vrai guerrier tremble au moment de l'attaque ? La vue de l'ennemi rangé en bataille le fera-t-elle reculer ? Au contraire, sa vaillance redouble plus les obstacles s'accumulent, et jamais il n'achètera trop cher la gloire du triomphe !
Et sur la montagne, le Seigneur se fortifiait dans la lutte , aux prises avec la misère humaine, les faiblesses de la nature et les tentations du démon, et pendant quarante jours de combat, il resta constamment vainqueur du Prince des ténèbres.
Dès que l'aube blanchissait l'horizon, le regard du Sauveur se reposait sur la lumière naissante qui, peu peu, dorait les montagnes d'Arabie. C'était bien le symbole de la Rédemption qui approchait pour le monde. Cette lumière, humble et douce à son lever, allait bientôt envelopper la terre de ses rayons ! Et le Sauveur, embrassant le monde d'un regard d'amour, s'élevait de la nature à Dieu et laissait son cœur se fondre, dans l'adoration, la reconnaissance et la tendresse.
Ce grand Maître de la vie intérieure nous apprenait ainsi le secret de la mortification et de la victoire sur la tentation. En luttant lui-même contre tant de causes extérieures : la faim, la solitude, le dénuement, et contre les pièges du démon, le Cœur de Jésus nous a acquis pour chaque action de notre vie, pour chaque lutte de notre âme, une force et une grâce particulières. Ce secours céleste, il l'a transmis au Sacrement de l'autel, où nous pouvons le puiser encore ; il y révèle les secrets de son Cœur à l'âme intérieure, il lui apprend la grande étude de l'oraison, la domination des sens, l’union avec Dieu, tandis que l'âme, comme le passereau solitaire, se cache dans la fente du rocher, à côté du divin Maître.
Que celui-là donc qui combat sur terre, qui supporte une épreuve, une tristesse, une tentation ; que celui qui implore une grâce, aille droit au Cœur de Jésus solitaire, pénitent, et il en recevra une force, une consolation ou la victoire.
Invocation
Ô Jésus, à mesure que votre corps s'affaiblit par la rude pénitence, par le jeûne austère, votre amour augmente de force, votre Cœur s'enflamme d'une irrésistible ardeur, et vous aiguisez vos armes, ô très doux Vainqueur des âmes. Vous vous préparez à la grande lutte, comme l'athlète qui assouplit ses muscles et aguerrit son corps pour soutenir les rudes assauts de l'arène ; vous allez entrer en lutte ; mais vous vaincrez, et rien ne pourra résister à votre amour !
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Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte
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Cinquième jour
Cinquième rayonnement
Le Baptême au Jourdain
« Ecce Agnus Dei ». (Jn. 1, 29)
L'obscurité qui couvrait la vie de Jésus ne commence à se dissiper qu'au jour glorieux de son baptême.
Il avait trente ans. Le rayonnement qui s'échappe de son Cœur arrive à son apogée, et puisque nous avons comparé ce divin Cœur au soleil, nous pouvons dire que les trois dernières années qui commencent en ce jour, sont le plein midi de ce soleil. De la Vie cachée, Jésus-Christ passe soudain à la Vie publique, et c'est tout d'un coup que cet éclat jaillit.
Un jour, Jean qui baptisait depuis un an au bord du Jourdain, eut un pressentiment direct de son approche. À l'instant, son cœur s'enflamma et, d'une voix vibrante comme l'éclat d'une trompette, il s'écria : « Voici, voici l'Agneau de Dieu ». Les multitudes comprirent-elles ce cri ? En tous cas, les eaux du fleuve qui coulaient comme un torrent, durent bondir de joie en voyant l'Agneau qui venait s'y baigner.
C'était à la dixième heure après le lever du soleil, correspondant environ à quatre ou cinq heures du soir, l'heure où les prêtres du Temple immolaient un agneau en offrant le sacrifice du soir ; c'est pourquoi le Précurseur disait : « Voici l'Agneau ». Véritable Agneau, en effet, par la pureté et la douceur.
L'Agneau, cette ravissante image de la douceur et de la sainteté du Cœur de Jésus, deviendra depuis l'appel de Jean, le nom de la Victime sainte : Agnus Dei. Le Cœur de Jésus est la douceur qui endure la souffrance sans plainte ni révolte, l'innocence qui se sacrifie, l'amour qui se donne, l'humilité qui s'abaisse.
Jésus s'avança vers Jean-Baptiste, mais celui-ci, confondu de tant d'humilité, lui dit ces paroles : « C'est moi qui devrais être baptisé par vous, et vous venez à moi ». Mais Jésus lui répondit : « Laisse faire maintenant, car c'est ainsi qu'il convient que nous accomplissions toute justice ». Alors Jean n'insista plus et Jésus descendit dans le Jourdain.
Ce beau fleuve qui roule ses eaux tumultueuses jusqu'à la mer Morte, et déjà célèbre par le passage des Israélites, allait devenir sacré par le contact divin. Formé des neiges immaculées du Liban, il se précipite en un cours impétueux au milieu d'une végétation luxuriante qui borde ses rives, dans cette plaine maintenant triste et désolée qu'il fécondait jadis comme le Nil féconde l’Egypte par ses inondations. C'est là un ravissant symbole du fleuve de grâce qui s'échappe du Cœur de Jésus-Christ pour arroser la terre aride et ingrate de nos âmes.
Après que Jésus fut baptisé, dit l’Evangile, tout-à-coup le ciel s'ouvrit, on vit l’Esprit de Dieu descendre sous la forme d'une colombe et une voix s'écria : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j'ai mis mes complaisances ». Ne fallait-il pas en effet, ô Pèlerin, que le rayonnement divin éclatât aux yeux de tous, et que Jésus apparût dès lors au monde comme Verbe de Dieu, dans la gloire de son Père, qui proclamait ainsi sa céleste origine : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ». Mais au lieu de cette éclatante manifestation de la Trinité, du Père qui parlait dans la nue, du Fils descendu dans le Jourdain, de l'Esprit Saint qui se reposait sur Lui, le Christ gardait le silence. Par ce silence, il confondait l'orgueil humain qui s'élève arrogant, si fier de quelque titre glorieux et terrestre. Sa bouche se taisait, mais son cœur semblait dire : « Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur ». En effet, le degré suprême de l'humilité est de se soumettre à son inférieur ; c'est ce degré qu'a occupé le Cœur de Jésus en s'abaissant devant saint Jean, qu'il exalte en s'humiliant lui-même. « Qui l'eût cru Fils de Dieu, s'écrie saint Bernard ; qui eût soupçonné en lui le Seigneur, et le Dieu de majesté ? Vous vous humiliez trop profondément, Seigneur, vous vous cachez avec trop de soin ; mais vous ne pourrez rester inconnu à Jean ». Puisque Jésus se tait, Dieu parle et l'Esprit-Saint se repose sur le Cœur humble et doux.
Jésus, descendu au milieu du fleuve, purifie les eaux ; il leur donne la force de la régénération, le « droit de baptême », selon le mot de saint Bernard ; puis il nous ouvre, par son baptême, la porte du ciel et les flots de la grâce, jusqu'alors retenue par le péché. En ce jour, le divin Cœur se donne comme source de vie et quels torrents descendent de lui ! Il fera ruisseler la grâce et la vie dans les âmes !
C'est un avant-goût de cet autre baptême qui terminera sa vie mortelle et dont il disait : « J'ai désiré d'un grand désir ce baptême, et pourquoi faut-il que je me voie empêché quelque temps encore de le recevoir ? »
Jésus, en instituant le baptême, épouse l'humanité, qui sera désormais lavée de ses péchés. Aussi l’Église chante-t-elle « qu'en ce jour elle a été unie à son céleste Epoux, parce que Jésus a lavé dans le Jourdain tous les crimes qu'elle avait commis ». En ce jour solennel, l'Agneau a pris sur lui toutes les souillures de sa créature et la faute originelle d'Adam, et les a purifiées dans ce bain régénérateur, devenu par le Christ le premier Sacrement.
Invocation
Ô divin Maître, Agneau chargé de nos péchés, votre amour s'abaisse à suivre la prescription de la loi faite seulement pour les pécheurs, pour nous montrer qu'on ne va pas à Dieu sans l'obéissance. Vous accomplissez merveilleusement le symbole de ce beau fleuve qui porte avec lui la fertilité, parce que vous nous montrez le chemin d'un Sacrement nouveau qui arrosera nos âmes flétries par le péché originel ; vous nous ouvrez toutes grandes les écluses qui retenaient captives les eaux de la grâce et du salut. Ô Seigneur, lavez-nous, purifiez-nous. « Lavez-moi non seulement les pieds, dira saint Pierre plus tard, mais encore les mains et la tête » ; c'est-à dire nos pas, nos actions et toutes nos pensées.
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Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte
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Quatrième jour
Quatrième rayonnement
Le Temple
« Ibi me docebis » (Ct. 8, 2)
Jésus a douze ans. L'enfant est devenu adolescent, il a grandi en sagesse ; tandis que son corps s'est développé, une énergie nouvelle s'accentue dans son caractère, une gravité précoce se dévoile et une secrète inclination pour la prière et l'oraison prolongée la nuit. Ce cœur plein d'amour qui devra se donner en entier doit aussi attendre que la frêle enveloppe de son corps se soit fortifiée, de peur qu'elle ne se brise au contact de la méchanceté des hommes.
La fête de Pâques qui approchait, attirait une grande affluence de peuples à Jérusalem. Marie et Joseph se disposèrent aussi à faire avec Jésus ce voyage religieux. Des groupes nombreux de Nazareth partaient ensemble, les uns à pied, les autres montés sur des ânes, selon la coutume du pays. Le pèlerin, qui aujourd'hui traverse la Samarie sur un cheval arabe, au milieu des cactus et des oliviers, parcourt les mêmes défilés sauvages et les mêmes sentiers suivis par la Sainte Famille. Il n'y eut jamais d'autres routes dans ces montagnes, seulement depuis Naplouse, des voies romaines traversaient la vallée, reliant les principales cités à la Ville Sainte. Cette marche à travers la Samarie, à l'époque dont nous parlons, ressemblait à une fête champêtre, car les groupes joyeux d'amis se joignaient, causaient et marchaient ensemble, et Jésus se mêlait à eux. On arriva ainsi à Jérusalem, Jérusalem ! la Ville Sainte et plus tard maudite, la ville aimée de Dieu et qu'un jour il devait haïr à cause de son crime ! À ce moment la Fille de Sion s'élevait belle et somptueuse sur les six collines, avec son Temple nouvellement restauré par Hérode, avec ses palais grandioses ses murailles de forteresse.
Le Temple magnifique s'élevait sur le mont Moriah ; aujourd'hui il n'en reste plus pierre sur pierre ; on ne voit sur l'immense esplanade que deux mosquées, l'une nommée El-Aksa, et l'autre la splendide mosquée d'Omar, la plus célèbre après la Mecque et Médine, et qui conserve l'antique roche Sakrah, sur laquelle le Saint des Saints était placé. L'esplanade renfermait jadis les différents parvis qui servaient de vestibules au Temple proprement dit.
Après ce coup d'œil jeté sur ce monument superbe, venez, ô Pèlerin, quittons le parvis sacré et redescendons avec Marie et Joseph les collines de Jérusalem, car la fête est finie et les foules commencent à se disperser. Ils se mêlent aux groupes des Nazaréens qui se reforment et s'en vont de nouveau par la route de Naplouse. Tout-à-coup, à El-Bireh, Marie rencontre saint Joseph et ne voit point Jésus. « Où est Jésus ? » Tel est le premier cri de ces saints Parents, et ni l'un ni l'autre ne peut répondre. Les voilà tout angoissés, qui cherchent dans la foule et ne le retrouvent point. Personne ne peut les éclairer, personne ne la vu, et pourtant un fol espoir leur reste, il est peut-être encore à Jérusalem avec quelque groupe attardé. Ils retournent bien vite sur leurs pas, priant et pleurant, ils cherchent pendant trois jours de mortelles inquiétudes, et rien... Enfin, ils montent au Temple, les deux Époux affligés, étreints au cœur par cette cruelle douleur.
Il était là, le doux Enfant, debout au milieu des Docteurs de la Loi, qui les instruisait, leur révélait la vérité et les tenait, ces sages, sous le charme de sa sagesse d'Enfant-Dieu ! Il ne disputait point avec eux, mais les interrogeait et avec un tact infini semblait apprendre, tout en éclairant pour eux le sens des Écritures. Que la lumière soit ! pouvait dire à cette heure le monde étonné, car Jésus commençait, en effet, à le dégager des ténèbres, à lui révéler l'aurore de sa mission divine et l'aurore de la foi. Ah ! c'est que le Verbe est intelligence et lumière. « Il est cette vraie lumière, dit saint Jean, qui éclaire tout homme venant en ce monde ». La science qu'enseigne le divin Cœur ne s'apprend pas dans les livres : c'est la science d'aimer, qui vient de la grâce et de la méditation des choses d'En Haut. Le Cœur de Jésus se dévoile sur tout aux petits, aux humbles de cœur, et s'il s'ouvrit aux savants, c'est pour nous montrer qu'on va à Lui par toutes les voies, par la raison et la science, comme on y va par l'humilité et la simplicité. Toutes les routes qui conduisent à la vérité éternelle sont bonnes, car Jésus est lui-même la voie, la vérité, la vie ! Son intelligence possède une souveraineté qui dépasse toute limite, car elle procède de lui ; elle brille comme la lumière sortie de son foyer. « Je suis la lumière du monde ». Jésus ne discute pas, son Cœur est trop doux ; il ne pérore pas, son Cœur est trop humble ; mais il parle, et déjà il a vaincu !
Mais cette lumière qu'il apportait n'était pas comprise ; ces savants qui en ce jour l'admiraient, plus tard le condamneront à mort. Ils diront plus tard avec étonnement : Comment peut il parler de cette sorte, lui qui n'a pas étudié ? Orgueil humain ! l'homme n’admire volontiers que ce qui ne lui porte pas ombrage ; la sagesse d'un enfant étonne ces Docteurs, jusqu'au jour où ils révoqueront à leur propre tribunal la Sagesse même de Dieu.
En voyant Jésus, Marie s'écria : « Ô mon Fils, pourquoi avez-vous agi de la sorte, pourquoi avez-vous causé, à votre père et à moi, un si grand chagrin ? » Jésus répondit : « Pourquoi me cherchiez-vous, ne saviez vous pas que je dois m'occuper du service de mon père ? » Marie et Joseph, nous dit l’Évangile, ne comprirent pas le sens mystérieux de cette parole ; c'était afin de nous montrer sans doute que la conduite de Dieu est souvent incompréhensible à notre foi. Mais Jésus ayant entrevu le désir de ses Parents quitta le Temple et revint avec eux. Il avait obéi au souffle de l’Esprit-Saint en enseignant les Docteurs ; mais sa mission finie, il rentra dans l'abnégation et le silence de sa Vie cachée.
Invocation
Ô Cœur de Jésus, apprenez-nous à suivre toujours l'inspiration de la grâce et non celle de nos désirs terrestres ; apprenez-nous à devenir humbles de cœur, car vous avez confondu l'orgueil humain en restant très humble. Ayez pitié de notre faiblesse, qui trébuche si vous ne la soutenez ; de la dureté de nos cœurs, si fermés au sens de vos paroles. Que la douce lumière qui s'échappe de votre Cœur nous éclaire par les chemins de la vie et nous conduise jusqu'à la vraie Patrie, où elle brille dans sa plénitude.
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Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte
Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte
Troisième jour
Troisième rayonnement
La vie cachée en Égypte et à Nazareth
« Erat subditus illis ». (Luc 2, 51)
Hérode ne laissa pas longtemps le Fils de Marie dans son humble demeure. Plein de rage, irrité et jaloux, il voua à la mort tous les petits enfants de Bethléem et des environs, âgés de deux ans et au-dessous, afin d'atteindre sûrement le rejeton royal de Juda. Le sang des petits Innocents arrosa la terre à flots, et l'on entendit les gémissements des mères inconsolables ; mais Jésus n'était plus là. Joseph, averti par un ange, avait fui vers la terre d'Égypte avec la Mère et l'Enfant. Ainsi, Jésus commençait déjà à être chassé par les hommes, à demeurer sans toit et sans abri.
L'Égypte conserva pendant sept ans ce dépôt précieux ; pendant sept ans, elle contempla cette divine beauté qui se développait ; mais l'Égypte a gardé ses secrets et nous ne savons rien de cette première enfance, sinon qu'à l'imitation de Jésus fugitif et errant, la vie érémitique fleurit merveilleusement plus tard en cette contrée. Pourtant le silence a beau se faire, le secret transpire ; nous devinons des trésors d'innocence et de bonté, des joies ineffables, une vie d'union entre Marie et Joseph, éclairée par les sourires de l'Enfant divin.
Un jour, ses parents ayant appris la mort d'Hérode, revinrent à petites journées de la terre d'Égypte en la Terre Promise, comme on voit au printemps les hirondelles revenir vers leur premier nid ; cependant, au lieu de se diriger du côté de Bethléem, qui n'avait été qu'un gîte d'emprunt, ils allèrent à Nazareth, où Joseph avait une maison.
L'Enfant a grandi, les temps mauvais sont apaisés, la vie intime commence ; c'est un rayonnement doux et continu, à la manière de cette douce chaleur qui pénètre sous les ombrages et fait seulement pressentir que le soleil est là.
Deux vertus rayonnent surtout du Cœur de Jésus dans la vie cachée : l'humilité et l'obéissance. L'humilité est si grande qu'elle semble même jeter un voile sur le merveilleux épanouissement de l'Enfant-Dieu. En effet, il reste inconnu à ses compatriotes de Nazareth ; il n'éblouit personne, il parle peu, il apprend simplement le métier de son père nourricier, et personne ne sait son origine divine. Fils de Dieu et Fils de David, il n'est aux yeux de tous que le fils du charpentier. Et pourtant cet Enfant possède et la science divine et le génie humain avec la toute puissance de Dieu. Il lui était facile de laisser éclater quelques unes de ces richesses ; mais il n'en laissa rien paraître jusqu'à ce que l'heure fût venue.
Que de fruits hâtifs et trop précoces s'empressent de briller, d'étonner ! Puis vient le vent de l'orgueil qui flétrit et qui fané avant l'heure. Croyez-en le Seigneur-Jésus, cachez le don de Dieu jusqu'à l'instant de le montrer pour sa gloire.
L'obéissance était son autre vertu. Marie et Joseph en savouraient la douceur ; car c'était une obéissance aimante, empressée, joyeuse, qui lui faisait saisir la moindre occasion de les servir. Sans doute, il aidait sa Mère aux divers travaux du ménage, et plus d'une fois il alla puiser de l'eau à cette source bénie qu'on appelle encore aujourd'hui : la Fontaine de la Sainte Vierge, et la petite ville de Nazareth, qui sourit au pèlerin ému, garde silencieusement ces divins souvenirs.
Dans l'Incarnation, Jésus formait le Cœur de sa Mère ; dans sa vie cachée, il nous apprend par son exemple à former le nôtre. En effet, quel exemple nous donne ce Cœur doux et humble, ô Pèlerin ! Il semble qu'il s'applique à acquérir les vertus dont il est la source, pour nous montrer qu'elles ne s'obtiennent que par l'effort, la grâce et la prière. « Il croissait, dit l'Évangile, en âge et en sagesse ». Tout est dans ce mot, car le Cœur de Jésus se révélait en ce silence de la vie cachée, comme il se révèle dans la Communion à l'âme qui lui parle seul à seul, dans le silence du cœur. Marie, qui recevait les grâces précieuses de cette présence adorée, ne dissipait pas au dehors ce bonheur intime, mais elle méditait toutes ces choses en son âme. Aussi toutes les grâces et toutes les joies de cette Enfance, nous les retrouvons dans le Cœur de Marie, miroir fidèle de celui de Jésus. « Mon Fils, dut-elle lui dire souvent, mon fils, qu'ai-je fait devant le Seigneur pour mériter le bonheur d'être votre Mère ? » Et Lui, s’approchant doucement d'elle et pliant le genou, devait lui répondre qu'Il l'avait choisie entre mille et qu'Il l'aimait avant même qu'elle fût née.
Ô mystère incomparable, doux colloques échangés entre la Mère et le Fils, laissez-nous deviner quelques-uns de vos accents, et nous pénétrer de vos suaves parfums !
Invocation
Ô Jésus ! vous qui déjà aimiez tant ce pauvre monde, ignorant encore qu'il lui était né un Sauveur, et qui vous prépariez dans l'ombre et le silence à votre glorieuse mission, apprenez-nous à aimer l'humilité et l'obéissance ; à vivre ignoré, méconnu du monde, sans éclat, sans réputation, si tel est votre bon plaisir.
Votre exemple enseigne à l'âme intérieure qu'elle ne doit pas chercher à attirer l'attention sur elle. Si elle ne peut s'enfuir dans une solitude inaccessible, elle doit se cacher, comme le passereau solitaire, dans la fente de votre Cœur, et y vivre si cachée au monde, que le monde ne la connaisse plus et ne puisse la ramener dans le tourbillon de ses folies.
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Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte
Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte
Deuxième jour
Deuxième rayonnement
La Nativité à Bethléem
« Natus est vobis hodie Salvator… in civitate David » (Luc 2, 2)
« C'est vraiment ici la maison de Dieu et la porte du Ciel ». Transportons-nous par la pensée, ô Pèlerin, dans cette petite ville de Bethléem, chérie de Dieu, où David fut sacré et qui reçut d’Abraham son nom. Bethléem veut dire : Maison du pain. N'est-ce point ici, en effet, que le froment céleste jeté en terre germa, grandit, pour être un jour broyé sous la meule des douleurs et devenir le Pain immortel du Sacrement ?
Abraham, l'ancêtre du Christ, eut-il cette vision lointaine ? Il savait bien, l'illustre Patriarche, que les générations sorties de lui produiraient cette fleur de Jessé ; mais s'il eut la vision prophétique de la vie du Sauveur, il dut trembler en voyant les souffrances qui l'accableraient dès l'instant de sa naissance.
Bethléem est aujourd'hui une charmante petite ville qui apparaît blanche et dentelée sur la colline, comme si elle avait surgi du sol lui-même ; de tout près elle a une physionomie très animée et très riante ; ses habitants sont presque tous catholiques et, en général, très laborieux, ce qui est rare parmi les Arabes. Les femmes portent le costume antique des femmes juives au temps de Notre-Seigneur.
Combien le pèlerin est ému délicieusement, en pénétrant dans le lieu de la Nativité, qui est une grotte taillée dans le calcaire et enclavée aujourd’hui sous l'église grecque ; quel ineffable transport quand il voit briller à ses yeux l'étoile d'argent qui marque le lieu sacré, comme le proclame l'inscription : Hic de Virgine Maria Jesus Christus natus est ! C'est là, en effet, qu'apparut le rayonnement visible et vivant de la Divinité, l'an 4000 de la création. Approchons-nous donc, ô Pèlerin, de ce lieu béni ; baisons avec amour cette petite étoile. Jadis les Israélites étaient frappés de mort s'ils portaient la main sur l’Arche d’Alliance, s'ils levaient le voile qui cachait le Saint des Saints ; mais aujourd'hui, loin de nous cette terreur, nous sommes prosternés près de la Crèche, arche nouvelle de la nouvelle alliance, et l'amour seul fait battre nos cœurs. Silencieux et ravis, nous sentons une atmosphère de calme, de joie et de paix envahir nos âmes.
C'était l'heure de minuit. Le monde endormi reposait, et le silence régnait sur toute la nature. Seuls dans la campagne, des bergers veillaient sur leurs troupeaux. Dans la petite grotte, en haut de la colline, une Vierge veillait aussi ; la lumière vacillante qui éclairait le rocher semblait au loin une étoile tombée du ciel. Soudain, l'heure étant venue, Marie fut entourée d'une lumière éblouissante, et comme un arbre donne son fruit, une fleur, son parfum, elle mit au monde son Fils unique, qui naquit sur la paille. Ah ! le monde est encore endormi, mais le grand jour est levé, car pour la première fois le Cour de Jésus, qui est un soleil radieux, rayonnait divinement sur la terre. C'est Marie qui reçut ses premières ardeurs avec ses premiers sourires d'enfant ; elle garda toutes ces joies dans son cœur, la divine Mère, si heureuse de veiller sur Lui, de l'endormir doucement, puis d'épier son réveil en l’écoutant ravie, balbutier ses premiers mots ! « Hé ! vrai Jésus, s'écrie saint François de Sales, que cette nuit est douce. Les cieux distillent de toutes parts le miel, et moi je pense que ces divins Anges qui résonnent en l'air leur admirable cantique, viennent pour recueillir ce miel céleste sur les lys où il se trouve, c'est-à-dire sur la poitrine de la très douce Vierge et de saint Joseph ».
L'Enfant divin qui venait de naître, avait un Cœur tout parfait, puisqu'il était Dieu, et déjà il aimait tant les hommes ! Jésus Enfant, qui commence à rayonner sur le monde, est aussi le Jésus de l’Eucharistie, enfermé plus tard dans le Tabernacle. Ici, la grotte est le temple, et les bras de Marie sont l'ostensoir ! Marie et Joseph l’adorent avec ravissement ; ils sont en communion constante avec Lui, et le silence qui règne dans la petite grotte est un silence d'adoration, d'amour, de plénitude de joie.
C'est l'image de la communion spirituelle des âmes qui appellent Jésus par l'ardeur de leurs prières et de leurs désirs, et qui vivent de la présence divine en elles : elles imprègnent de cette présence leur esprit, leurs facultés, leur intelligence, en sorte que leurs paroles et leurs actes en sont tout embaumés.
Le divin Cœur, qui toujours a soif de se donner en partage à l'humanité, dès l'instant de sa naissance priait déjà pour les hommes ; la jeune et sainte Victime s'offrait en expiation, comme un agneau pacifique. Il savait bien pourtant, le petit Jésus, toutes les souffrances qui l'attendaient, et l'ingratitude et la cruauté des hommes ; mais il acceptait tout dans son doux Cœur d'enfant.
Invocation
Ô Enfant divin, laissez rayonner sur nous ce grand amour qui attire nos cœurs comme l'aimant attire le fer ; laissez-nous puiser à cette source bénie des provisions de force pour les heures arides et désolées de la vie. Donnez-nous un cœur d'enfant pour comprendre le vôtre, qui est tout fait de pureté et d'humilité. Que vos petits bras, pleins de miséricorde, ne nous repoussent pas, mais laissent s'approcher humblement de vous les âmes éprises de votre divin Cœur.
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Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte
Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte
Introduction
« Trahe ine : post te currimus in odorem unguentorum tuorum ». (Ct. 1, 3).
Quand le pèlerin fatigué aborde au rivage de la Terre Sainte, son premier cri, élan de son cœur, se résume en un mot : « Jésus-Christ ! » Ce mot est son égide, sa force et son aiguillon : c'est pour lui qu'il a traversé les mers, avide de contempler de ses yeux la patrie terrestre du Fils de Dieu.
Si l'étranger qui pénètre au sein d'un pays illustré par quelque mortel fameux, se sent ému soudain, à la pensée de cet être, aux souvenirs héroïques et glorieux d'un peuple, que dire de l'émotion du pèlerin qui pose le pied sur le sol sacré, qui contemple pour la première fois la terre des Patriarches et des Prophètes, la terre toute baignée du sang de Jésus-Christ !
La langue humaine ne sait exprimer ce bonheur intense et recueilli où l'âme, en pleine raison, semble perdre le sens tant elle est ravie, transportée ! Le ciel et la terre de la Palestine sont d'éloquents témoins du passage de l'Homme-Dieu : l'une a gardé l'empreinte de ses pas, l'autre a vu son amour rayonner comme un soleil. Ah ! c'est que là surtout, sur cette terre privilégiée, l'amour du Christ a resplendi, émané de son foyer vivant, qui est le Sacré Cœur de Jésus.
Il semble, en effet, partout, sur les sen tiers de la Palestine, comme sur le chemin de notre vie, que Jésus-Christ ait placé son Cœur à tous les passages difficiles pour nous dire : « O vos omnes qui transitis per viam, attendite et videte si est Amor sicut Amor meus ! » Il nous sollicite à nous approcher de ce Cœur, à méditer ses douleurs, à écouter recueillis les enseignements divins, à nous pénétrer de sa chaleur vivifiante, de son amour brûlant.
Oui, ce Cœur adorable peut être comparé au lumineux soleil qui distribue à flots la lumière et la vie ; sous les effluves des rayonnements solaires tout palpite et vit, toute créature croît et s'anime, et, ce qui est vrai pour le soleil matériel, l'est infiniment plus pour le soleil de nos âmes, le Cœur sacré de Jésus-Christ.
Et en ce mot de Cœur, pris dans son sens le plus général, j'entends à la fois l'amour créé et l'amour incréé qui sont en Jésus-Christ, j'entends tout mouvement affectif parti de ce Cœur pendant sa vie mortelle, et dont le rayonnement s'en perpétue à travers les âges.
Quand le Verbe incarné prit la forme de l'homme, son Cœur devint, à la fois, le noble organe de la vie de son corps et le sanctuaire de son amour. Cet amour se répandit comme un torrent de flammes le jour où Longin perça de sa lance le côté du Sauveur crucifié ; c'est ce jour-là que cette parole s'accomplit : « Je suis venu apporter le feu sur la terre, que désiré-je, sinon qu'il s'allume ! » Le saint vase qui le renfermait fut brisé, afin que les flots du pur amour s'échappassent avec l'eau sacrée qui arrosait la terre. À nous de recueillir cette rosée, à nous d'allumer ce feu.
Oh ! qu'il est doux, fort et puissant, le Cœur de Jésus-Christ ! Appuyons-nous sur cette poitrine sacrée, et écoutons les battements de ce Cœur qui n'a battu que pour nous pendant trente-trois ans ! À travers les âges, ses rayonnements nous éclairent encore, et le divin souvenir du Christ est toujours resté immortel et vivant. Dans tous les mystères de sa vie humaine, nous voyons se dégager une influence directe, un sens profond qui s'appliquent soit aux hommes de son temps, soit aux hommes à venir et à son Église future, parce que ses paroles, ses actes et son amour s'adaptent à tous les temps, à tous les actes, à toutes les âmes. C'est ce que nous appellerons l'action permanente du divin Cœur à travers le monde, que nous chercherons à suivre comme un filon précieux, comme une source féconde qui distribue par mille canaux l'abondance et la vie !
Ô vous, Pèlerin de désir, qui suivez courageusement les sentiers rudes de la vie, sans avoir pu répondre à ce mystérieux attrait qui vous appelle vers le Tombeau de Jésus-Christ, suivez-moi par la pensée en cette contrée bénie que l'on a si juste ment nommée « l'Évangile ouvert », et laissez-moi vous montrer les rayonnements d'amour que le divin Cœur lança sur le monde, pendant son court passage sur la terre. Nous considérerons ensemble ces diverses manifestations de son amour et nous les méditerons chaque jour de ce mois de Juin, que les âmes pieuses n'appellent plus désormais que le mois du Sacré Cœur.
Ô Jésus, grand Vainqueur et grand Vaincu de l'amour ! Vainqueur, parce que vous avez fait triompher l'amour sur la colère divine et sur la douleur ! Vaincu, parce que c'est l'amour qui vous a en chaîné et qui vous a fait mourir ! Ô Jésus, ayez pitié de nous que votre Cœur à tant aimés, aimés jusqu'à la folie de la Croix !
Premier jour
Premier rayonnement (1)
L'Incarnation à Nazareth
« Et habitavit in nobis » (Jn., 1, 14)
Pèlerin de la vie, venez et suivez moi dans ce vrai et effectif pèlerinage que nous allons faire en Terre Sainte, à la suite du Divin Maître. Je vais vous conduire au lieu même où le premier rayon divin éclata, non pas dans une majesté éblouissante comme au Sinaï, mais voilé sous le mystère, caché sous l'enveloppe mortelle, semblable à une merveilleuse flèche d'amour tombée du Cœur de Dieu dans le sein d'une créature. Je veux parler de l'Incarnation et de Nazareth.
Nazareth, heureuse petite ville de Galilée, blanche et gracieuse, est échelonnée sur un coteau, au milieu d'un amphithéâtre de collines qui lui font une verdoyante ceinture. C'est ici le lieu choisi par Dieu pour accomplir le grand Mystère de l'Incarnation.
Si Nazareth ne fut point le berceau de la Vierge Marie (2), elle fut en tout cas l'abri de son enfance, car sainte Anne et saint Joachim y possédaient une maison, et souvent, disent les vieilles chroniques, Marie accompagnait sa vénérable Mère depuis Nazareth jusqu'aux pentes du Mont-Carmel, où sainte Anne avait des troupeaux et des champs. Mais Nazareth était appelée à des destinées encore plus hautes, c'était le point sacré du globe, selon la parole d'un grand poète, que Dieu avait choisi de toute éternité pour faire descendre sur la terre sa vérité, sa justice, son amour, incarnés dans un Enfant-Dieu !
La plénitude des temps était arrivée, l'heure divine allait sonner. Ici la scène s'entr'ouvre, un coin du voile est levé... Soyons attentifs, ô Pèlerin, concentrons notre religieuse attention sur ce lieu béni. Contemplons l’humble demeure de la Fille royale de Juda ; c'est une simple chaumière, adossée à une grotte taillée dans le roc. Vous pouvez voir encore cette grotte conservée précieusement dans sa nudité primitive, enclavée sous le maître autel de l'église. Quant à la petite maison, vous savez que les anges la transportèrent à Lorette, en Italie.
Marie a atteint sa quatorzième année, elle est remplie de grâce et de beauté : « Vous êtes toute belle, ma bien-aimée, il n'y a aucune tache en vous ». À l'heure solennelle dont nous parlons, Marie est seule dans la demeure paternelle, elle est à genoux et prie de toute l'ardeur de son cœur pur et doux. Soudain, une lumière céleste envahit la grotte ; l'Archange Gabriel, revêtu d'habits magnifiques, apparaît à ses yeux. Il se courbe et s'incline, le messager de Dieu, devant sa jeune souveraine et lui dit : « Je vous salue, Marie, pleine de grâces, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre toutes les femmes ». À cette étrange salutation, Marie, troublée dans son humilité, ne répond rien ; mais Gabriel la rassure et lui révèle de la part de Dieu le mystère de l’Incarnation. Elle n'acquiesce point d'abord, la prudente Vierge ; jalouse du privilège de sa virginité, elle n'accepte point d'abord la redoutable mission. Mais, de nouveau, l'Ange écarte ses craintes : « Cela se fera, dit-il, par l'opération du Saint-Esprit ». À ces paroles, la Vierge s'incline : « Voici la servante du Seigneur, répond-elle, qu'il me soit fait selon votre parole ». Et aussitôt elle conçut. Le Fils de Dieu qui attendait cette parole de sa créature, entra dans le sein de la Vierge tout entier, bien qu'il restât aussi tout entier dans le sein du Père, dit saint Bonaventure.
C'est ainsi que la parole d'Isaïe fut accomplie : « Voilà que la Vierge concevra et mettra au monde un Fils qui sera appelé Emmanuel », c'est-à-dire : Dieu avec nous ». La bénédiction divine descend en ce jour sur la terre maudite ; l'œuvre de Satan se défait, celle de Dieu se restaure et le monde nouveau se substitue à l'ancien. Le Cœur de Jésus, vivant avec nous sur la terre, commence à rayonner son amour. Ah ! il fallait que ce Cœur qui allait battre sur le cœur de Marie, nous aimât d'un amour incomparable pour accepter cet abaissement de tout son être, pour rester enfermé dans le sein d'une Vierge quand l'univers entier ne peut contenir sa gloire.
Mais entrons, ô Pèlerin, plus avant dans le mystère. Que faisait le Cœur de Jésus pendant cette réclusion de neuf mois ? Il formait le Cœur de sa Mère. Sa présence était pour elle une communion permanente, dans laquelle Jésus infusait au cœur tout céleste de Marie une grande abondance de grâces, des révélations intimes et saintes, un amour inexprimable, en sorte que ces deux cœurs les plus parfaits de la création, le Cœur divin et le Cœur immaculé, unis dans la plus étroite union, n'en formaient plus qu'un : telle on voit la brillante étoile du matin s'approcher du soleil, s'embraser de ses feux et se confondre avec lui.
N'est-ce pas, du reste, l'action toute semblable que Jésus fait en l'âme qui s'approche de lui et entre par la méditation dans les profondeurs de son Cœur ? Peu à peu le divin Maître la forme comme une cire malléable, lui fait sentir sa présence par ses dons et se donne tout à elle en ce commerce d'amour.
Ce jour de l'Incarnation est donc bien, en vérité, le jour de la fête nuptiale du Fils de Dieu qui célébrait ses noces avec l'humanité ; la fête du divin Prisonnier de l'Eucharistie, captif aujourd'hui dans l'enclos du sein virginal, la fête de son amour, la fête de son Cœur !
Invocation
O Seigneur, tandis que nos lèvres sont appuyées sur la place bénie qui vous vit descendre du Ciel, et que notre âme tressaille d'allégresse, apprenez-nous à méditer cet adorable mystère, à nous pénétrer de ce grand amour, présent déjà, mais encore caché à nos yeux. « Contentez nos désirs, montrez-vous à nous. Ô Seigneur, inclinez les cieux et descendez. Ô cieux, distillez votre rosée, et que la terre enfante son Sauveur... » Mais tout est silence dans la grotte sacrée, nos paroles s'éteignent dans des larmes de bonheur ; seules les aspirations ardentes de nos cœurs vous parlent, ô Jésus Incarné !
(1) Par ce premier rayonnement, on entend l'éclatante manifestation de l'amour divin, plutôt qu'un rayonnement véritable du Sacré Cour de Jésus.
(2) Deux opinions sont en présence : l'une fixe le lieu de la naissance de la Sainte Vierge à Nazareth ; l'autre, l'opinion orientale et la plus accréditée, le fixe à Jérusalem, dans la maison de Joachim et d'Anne, près de la Piscine probatique.
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Le Mois des âmes du Purgatoire
Le Mois des âmes du Purgatoire
Trentième jour
Intentions particulières
Prélude : Figurons-nous la joie des âmes que notre fidélité à suivre les exercices du mois des défunts a soulagées.
Méditation
C'est encore une excellente pratique de demander plus souvent à Dieu la délivrance de certaines âmes pour lesquelles il est raisonnable de s'intéresser davantage, quoiqu'on n'en ait qu'une connaissance un peu générale et confuse. Je m'explique.
Il y a des âmes qu'il importe, pour la gloire de Notre Seigneur, de délivrer au plus tôt ou de soulager, parce qu'elles sont plus capables que les autres de le glorifier dans le ciel. Et ce sont là les premières qu'il faut secourir.
Il y en a d'autres qui ont eu en cette vie une dévotion singulière pour la Sainte Vierge, pour saint Joseph, etc., qui par conséquent leur sont fort chères et dont la délivrance ne peut que leur être très agréable ; il faut aussi avoir pour elles des égards tout particuliers.
Il est encore de la charité chrétienne d'avoir compassion des pauvres, dont les âmes sont le plus souvent abandonnées et dénuées de tout secours.
Enfin, c'est une sainte invention de quelques personnes charitables, de s'employer principalement pour celles qui ont payé presque tout ce qu'elles devaient à la justice divine et qui sont près de sortir de leur prison, en sorte que, pour peu qu'on les secoure, toutes leurs chaînes seront brisées, leur captivité finira et elles s'envoleront au ciel où elles n'oublieront jamais leurs libérateurs. De cette manière, il est aisé d'acquérir en peu de temps de grands amis et de puissants intercesseurs auprès de Dieu.
Résolution : Se promettre d'être fidèle chaque année de sa vie à consacrer le mois de novembre aux âmes du purgatoire.
Bouquet spirituel : « C'est une sainte et salutaire pensée de prier pour les morts, afin que leurs péchés leur soient remis ». (2e livre des Macchabées 12, 36).
Exemple
Touchante prière
Le Père Yves, de l'ordre de Saint Dominique, provincial de la Terre sainte, tenant en main la sainte hostie, priait Dieu en cette sorte : « Mon Seigneur et mon Dieu, si le Turc avait un prisonnier, et que l'un de ses serviteurs le lui demandât, offrant un présent de telle valeur que celui que je tiens en mes mains, assurément il le délivrerait. Ah ! mon Dieu, vous n'êtes pas moins libéral. Donnez-moi donc telle ou telle âme que je vous demande, et la délivrez du purgatoire ». Belle et dévote pratique, qu'on peut faire tous les jours à la messe, lorsque le prêtre élève la sainte hostie.
Fin du Mois des Âmes du Purgatoire
Téléchargez toutes les méditations (pdf) en cliquant ici
à suivre : L’Avent avec les saints du Carmel