29 juin 2023

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

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Trentième et dernier jour

Trentième rayonnement

L'Ascension

 

« Latentur cæli et exultet terra » (Ps. 95, 11)

 

Pendant les quarante jours qui sui virent sa Résurrection, Jésus-Christ avait consolé les siens par ses visites et ses enseignements. Il leur avait apparu avec son corps glorifié, exempt de l'infirmité humaine et que ses Disciples considéraient avec plus d'amour et de respect. Ce corps lumineux et beau, quelques-uns l'avaient contemplé sur le Tabor dans sa splendeur ; mais depuis, la souffrance de la Passion y avait imprimé une gloire plus touchante encore. Il y avait une gratitude infinie dans le regard que ces hommes simples jetaient sur leur Maître crucifié pour eux, et ressuscité. Ceux qui avaient douté virent Jésus s'incliner vers Thomas, lui montrer de tout près la blessure de son Cœur, ses pieds et ses mains percés et dire : « Regarde, Thomas, et mets ton doigt dans mes mains et dans mon côté, et ne sois plus incrédule, mais fidèle ». La blessure du côté restée grande ouverte brillait surtout comme un soleil resplendissant. Ce grand Cœur qui n'avait pu contenir tant d'amour sans s'ouvrir par une violente blessure, rayonnait sur ses Disciples, les emplissant tous de sa divine lumière.

Cependant le Seigneur allait quitter ses fidèles, sa Mère et ses amis. Il avait parachevé son œuvre, le noyau de l'Église était formé, les Apôtres avaient reçu l'onction sainte du sacerdoce ; Pierre était la tête et les Disciples les membres fidèles. Il ne restait plus que la Confirmation du Saint Esprit, ce Consolateur promis qui devait leur communiquer la force et le talent nécessaire à ce grand œuvre : la conversion du monde.

Le Christ apparut une dernière fois aux siens dans la grande salle du Cénacle ; il partagea leur repas, et prenant congé d'eux il leur dit de monter au sommet du Mont des Oliviers et de l'attendre. Tandis qu'ils étaient là-haut, rassemblés au nombre de cent vingt, Jésus se trouva au milieu d'eux.

Regardez-les, ô pèlerin, au sommet de cette belle montagne qui se dresse à l'Orient de Jérusalem, couverte alors d'une luxuriante verdure, nouveau dernier Tabor ! Voyez les Disciples qui se pressent autour de leur Seigneur, saisis d'une frayeur soudaine de le perdre, pressentant déjà la séparation à cause des paroles qu'il leur avait dites : « Encore un peu de temps et vous ne me verrez plus, encore un peu et vous me reverrez ».

C'était en effet l'heure de l'adieu ! Soudain, Jésus levant les yeux vers le ciel, s'éleva de terre et lentement comme l'aigle qui s'envole, il monta, monta, les bénissant dans les airs, jusque dans les profondeurs des cieux.

On eût dit qu'il quittait la terre à regret, car il la quittait avec lenteur, le doux Seigneur bénissant !... Une nuée le déroba enfin aux regards de ses fidèles, voilant le dernier rayonnement visible de son Cœur !

Admirez, ô pèlerin, comme Jésus doucement attire et oriente nos cœurs vers le ciel, c'est là désormais qu'il faut le chercher : Sursum corda ! Mais, je vous en prie, jetez un regard de compassion sur ces pauvres désolés qui lèvent les mains vers le ciel en jetant des cris et des sanglots ; sur cette Mère affligée qui voit partir son Fils unique, la laissant seule en exil sur la terre ! Comment consoler tous ces exilés ? Que dire, en effet, à celui qui, loin de sa patrie, voit le soleil se coucher et disparaître sur sa terre natale ? Il pleure en pensant qu'il a perdu l'espérance avec la lumière et rien ne le console ?… Jésus-Christ était leur divin Soleil, et ils se sentaient seuls sur une terre étrangère depuis qu'ils avaient vu son humanité sainte disparaître dans l'infini.

Ils regardaient et pleuraient si long temps que les Anges étonnés vinrent leur dire : « Hommes de Galilée, pourquoi regardez-vous ainsi vers les cieux ? Ce Jésus qui vous a quittés s'est élevé au ciel et viendra un jour de la même manière que vous l'y avez vu monter ». Ces Anges, envoyés par le divin Maître pour les consoler, rendirent le courage et l'espoir à leur âme abattue. En effet, ô hommes de Galilée, pourquoi pleurez-vous, vous n'avez pas tout perdu, Jésus-Christ ne vous quitte pas, il est présent parmi exil vous par son Sacrement et par l'amour tous de son Cœur. Souvenez-vous de la Cène et des admirables promesses de votre Maître !

Et puis ne va-t-il pas implorer là-haut grâce et pardon pour nous, pauvres pécheurs, en montrant à son Père son saint Corps tout couvert des blessures reçues pour le salut du monde ? Il est désormais notre Messager, notre Médiateur…

Et ils descendirent de la montagne pleins de joie, retournèrent à Jérusalem plus forts contre l'épreuve, plus ardents à prêcher Jésus partout, prêts à donner leur vie pour son nom. La douce Mère de Dieu, elle, dont le cœur habitait le ciel, s'en alla aussi toute fortifiée.

Et vous, ô pèlerin, regardez le ciel avec eux ; « il est si beau, le ciel, dit saint François de Sales, maintenant que Jésus y sert de soleil et que son Cœur est une source d'amour dans laquelle les bienheureux viennent boire à souhait. Chacun va se regarder dedans ce Cœur et y voit son nom écrit d'un caractère d'amour, que le seul amour peut lire, que le seul amour a gravé ».

Jésus, en quittant la terre, avait donné aux siens un dernier gage d'amour : l'empreinte de ses pieds vainqueurs sur le rocher qui s’amollit au contact divin. Mais surtout, il leur laissait et nous laissait à tous le plus précieux héritage : son Cœur sacré. Ce Cœur, foyer de son éternel amour, restera réellement présent avec nous jusqu'à la fin des siècles, dans le Sacrement par excellence, l'ineffable Eucharistie !

 

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Invocation

 

Quand donc, ô divin Sauveur, quand donc suivrons-nous de nos aspirations, de nos désirs ardents cette route glorieuse que, vous nous tracez par votre Ascension ! « Qui me donnera les ailes de la colombe ! et j'irai et je me reposerai en vous ! » Ascende superius ! En haut, montez plus haut ! C'est l'appel que vous nous faites entendre, ô divin Maître ; et de même que l'aimant attire le fer, que votre Cœur attire les nôtres vers Lui, qu'il soit notre Guide, notre Boussole et nous oriente toujours vers la céleste Jérusalem ! Ainsi soit-il.

 

Mirebeau

 

Consécration au Cœur de Jésus

 

Je vous adore, Cœur sacré de Jésus, source de la vie éternelle, fournaise ardente du divin amour, et je vous consacre mon cœur ; soyez à jamais mon asile et le lieu de mon repos ; c'est dans votre Cœur que je veux habiter, là que je veux aimer. Ce Cœur deviendra la règle de mes pensées, mon Guide dans les passages difficiles de la vie, ma force, ma lumière, ma véritable consolation.

Ô Cœur de Jésus, que mon cœur soit l'autel de votre amour, que tout mon être soit occupé à vous servir, à publier votre ineffable bonté. Vous nous avez tout donné, ô Jésus, il est bien juste que je vous donne ma volonté et mon cœur. Faites que mon esprit médite vos perfections adorables, que ma mémoire se souvienne de vos bienfaits, et que mon cæur, tout uni au Vôtre, soit prêt pour vous à tous les sacrifices.

Ô Seigneur, que j'ai tardé à vous aimer, que j'ai tardé ! Aussi je veux vous consacrer tous les instants qui me restent à passer sur la terre, je ne veux plus vivre que pour vous, heureux si je pouvais mourir en vous aimant et vous glorifier pendant toute l'éternité. Ainsi soit-il.

 

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Fin du Mois du Sacré Cœur

 

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28 juin 2023

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

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Vingt-neuvième jour

Vingt-neuvième rayonnement

La pêche miraculeuse

 

« Dominus est ! » (Jn. 21, 7)

 

Jésus ressuscité ne pouvait se résoudre à quitter les siens, il vivait encore avec eux, leur apparaissait sans cesse, leur montrait ses pieds et ses mains percés, et rompait avec eux le pain comme il le fit avec les Disciples d'Emmaüs.

Vraiment ses délices sont d'être avec les enfants des hommes ! Quelle tendresse infinie dans ses rapports avec ses Apôtres, quelles douces paroles il leur distribue dans ces apparitions ineffables ; il ne peut les quitter, il les rejoint partout. « Pourquoi êtes-vous tristes ? », demande-t-il aux uns. « Ne vous troublez pas, ne craignez rien », dit-il à ceux-là. « Paix à vous, paix à vous », répète-t-il à tous. Comme le Cœur de Jésus palpite dans ces récits admirables du saint Évangile ! Son amour est transparent, translucide au travers des mots et des actes.

Un jour Pierre, qui était revenu en Galilée après la Résurrection avec quelques Apôtres et Disciples, sentit sa première vocation se réveiller en lui à la vue du beau lac de Tibériade et dit à ses compagnons : « Je vais pêcher ». Thomas, les fils de Zébédée et quelques autres lui répondirent : « Nous allons pêcher avec vous ». Et ils tendirent leurs filets dans la mer ; mais la pêche fut infructueuse, de toute la nuit ils ne prirent pas un seul poisson.

Au matin, Jésus parut sur le rivage et leur dit : « Enfants, avez-vous fait une bonne pêche? » « Non », répondirent-ils sans le reconnaître. Jésus reprit : « Jetez les filets à droite et vous trouverez ». Ils obéirent, mais ne pouvaient plus retirer les filets, tant ils étaient chargés de poissons. Aussitôt Jean dit à Pierre : « C'est le Seigneur ! » Admirable intuition de l'amour ! Jean le reconnaît moins à sa forme visible qu'à son adorable bonté !

Et voyez vous-même, ô pèlerin, combien Jésus est rempli d'une tendre sollicitude pour eux ! Tandis que la barque chargée approchait lentement du rivage, il avait préparé du feu sur le sable pour y faire cuire quelques poissons, et quand ses Disciples furent près de lui, il les servit lui-même de ses mains glorieuses. Le prodige les avait tous confondus, ils reconnaissaient à présent leur Seigneur ; mais n'osaient le questionner, tant ils étaient saisis d'admiration et de respect.

Mais le Maître reprenait avec eux la douce familiarité d'autrefois, son Cœur divin se laissait aller à des épanchements intimes et tendres, excitant en eux leur foi et leur amour. Oh ! l'admirable festin ! Les Disciples contemplent le visage adoré du Maître, et ne peuvent se rassasier de cette vue, ils se nourrissent spirituellement et corporellement avec le Seigneur. Heureuse l'âme qui s'entretient avec Jésus-Christ et qui reçoit les rayonnements de ce Cœur qui apporte le feu sur la terre et cherche à l'allumer dans toutes les âmes !

Ce miracle est d'une grande leçon, ô pèlerin. L'œuvre de l'homme est stérile en soi si Dieu ne la féconde ; mais il faut que l'homme apprenne son impuissance afin de recourir à Dieu en toute entreprise. Ces simples pêcheurs que Jésus-Christ allait élever au sacerdoce en les faisant pêcheurs d'hommes, apprenaient par ce symbole miraculeux que la grâce opérerait des prodiges par leur ministère, que Dieu donnerait une merveilleuse fécondité à leur apostolat. Ils allaient dès lors, à la parole du Maître, jeter les divins filets sur les multitudes et faire des captures d'âmes. Il était donc nécessaire d'exciter leurs sentiments de foi et d'amour au moment où Jésus allait confirmer leur vocation et élever Pierre à la dignité souveraine.

« Après qu'ils eurent mangé, dit saint Jean, le Seigneur dit à Pierre : « Simon, fils de Jean, m'aimes-tu plus que ne m’aiment ceux-ci ? » « Oui, Seigneur, répondit-il, vous savez que je vous aime ». Et trois fois Jésus renouvela cette demande et trois fois Pierre, avec un élan plus ardent, lui répondit : « Oh ! oui, Seigneur, je vous aime ». Et Jésus lui dit : « Pais mes brebis... »

Celui qui devait être le plus élevé en dignité, devait être aussi plus éprouvé en amour, plus fortifié en la foi. Déjà l'amour avait sa récompense, « car c'est l'office de l'amour, dit saint Augustin, de paître le troupeau du Seigneur ». Et par cette consécration de Pierre, le Cœur de Jésus transportait en son Apôtre et par lui en tous ses prêtres une partie de son grand amour pour les hommes.

Le Seigneur s'entretint encore quelques instants avec ses Disciples, puis il disparut. Ses visites n'étaient qu'une vision fugitive, mais infiniment consolante et douce. C'était pour eux un peu comme la visite eucharistique l'est pour les âmes. Elle est courte, l'âme ressent le bonheur de la présence réelle, sans pourtant savourer la douceur de ne plus la perdre.

Sur cette terre d'ombres, il en sera ainsi jusqu'à la fin ; la jouissance pleine est réservée pour l'éternité, et nous ne goûtons ici bas qu'en de furtifs instants combien le Seigneur est doux !

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Invocation

 

Seigneur, ne nous abandonnez pas dans notre exil, car nous vous aimons, oh ! oui, Maître, vous le savez ; mais si notre foi est chancelante, notre amour peu ardent, ayez pitié de notre faiblesse et fortifiez-nous, afin que nous aussi nous devenions des apôtres, apôtres par l'exemple et par la prière. Si vous nous apparaissiez tout-à-coup dans la splendeur de votre humanité sainte, nul ne pourrait résister à vos attraits ; mais nous ne vous voyons pas, vous ne nous consolez pas toujours, et pourtant toujours dans le silence de l'oraison, votre divin Cœur attentif rayonne avec amour sur l'âme qui prie.

 

Mirebeau

 

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27 juin 2023

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

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Vingt-huitième jour

Vingt-huitième rayonnement

Emmaüs

 

« Nonne cor nostrum ardens erat in nobis ? » (Lc. 24, 32)

 

Le jour de la Résurrection, vers le soir, deux Disciples s'en allaient de Jérusalem au bourg d'Emmaüs, situé environ à soixante stades (trois lieues) de la Ville sainte. Emmaüs est beaucoup moins élevé que Jérusalem ; mais pour y arriver il faut gravir un pays montagneux et rocailleux, traversé par la profonde vallée du Térébinthe, que sillonne le torrent tant célèbre où David ramassa la pierre qui devait tuer Goliath.

Les deux Disciples s'entretenaient des grands évènements arrivés à Jérusalem et dont tous les esprits étaient agités ; mais ils étaient profondément affligés de n'avoir point vu le Seigneur qu'on disait ressuscité. Tout en conversant avec tristesse et gravité et comme ils passaient dans la vallée de Térébinthe, un homme se joignit à eux et leur demanda doucement de quoi ils parlaient et d'où venait leur tristesse.

L'un des Disciples lui répondit : « Êtes-vous donc tellement étranger à Jérusalem, que vous ne sachiez rien des choses qui sont arrivées ces jours ci ? » « Quelles choses ? » dit le voyageur. Ils reprirent : « Au sujet de Jésus de Nazareth qui était un Prophète puissant en œuvres et en paroles devant Dieu et devant les hommes. « Ignorez-vous comment les Princes des Prêtres et les Anciens de notre nation l'ont livré et l'ont crucifié ? Nous espérions qu'il était Celui qui doit délivrer Israël ; mais voici maintenant trois jours que ces choses ont eu lieu ».

Alors les Disciples racontèrent avec l'accent du découragement que le Sépulcre était vide et que les saintes Femmes disaient avoir vu le Seigneur vivant et ressuscité ; mais ils appelaient cela délire de femme : deliramenta.

Alors le voyageur inconnu leur dit : « Ô insensés ! Cœurs lents à croire les Prophètes, ne fallait-il pas que le Christ endurât ces souffrances et qu’ainsi il entrât dans sa gloire ? » Ensuite il leur commenta les prophéties et leur expliqua ce qui était dit du Christ dans les Saintes Ecritures.

Cheminant ainsi tous trois, ils arrivèrent au seuil de la maison de Cléophas, l'un des deux Disciples, et le voyageur parut vouloir les quitter ; mais ils insistèrent pour qu'il restât, disant : « Il se fait tard, le jour est déjà sur son déclin ». L'inconnu entra et se mit à table avec eux, tout-à coup il prit du pain, le bénit, le rompit et le leur présenta comme au jour de la Cène. À cet instant, leurs yeux s'ouvrirent, ils reconnurent leur divin Maître ; mais aussitôt il disparut. Les Disciples, remués jusqu'au fond de l'âme, se dirent l'un à l'autre : « Notre cœur n'était-il pas tout brûlant au dedans de nous lorsqu'il nous parlait dans le chemin et qu'il nous expliquait les Ecritures ? »

Ainsi, ô pèlerin, le divin Cœur de Jésus se trouve partout sur le chemin de notre vie, à tous les passages difficiles, prêt à nous aider et à nous éclairer. Quand une âme livrée à quelque perplexité ou quelque sécheresse doute, s'attriste, désespère, il vient par sa grâce, fortifie et illumine cette âme.

Il est bon de s'entretenir des choses de Dieu ; mais si notre esprit limité se perd, si notre foi s'égare, le divin Voyageur viendra nous remettre dans le droit chemin. Son amour ne peut supporter de voir les siens errants, affligés ; c'est en ami qu'il vient à eux et leur demande doucement de lui ouvrir la porte de leur cœur.

Quand l'âme, médite et prie, le divin Cœur l'écoute et la suit, puis il fait semblant de partir, afin d'être retenu, d’être supplié. Alors il se révèle. Non seulement il attend les âmes, mais souvent il a pitié de la faiblesse de notre foi, il les poursuit de ses sollicitations, leur donne de précieuses leçons jusqu'à l'heure où l'âme éblouie s'écrie : C'était le Seigneur ?

Mais le passage du Seigneur est de courte durée, comme tout bonheur sur terre ; il faut saisir cet instant rapide, car l'on peut manquer la venue divine et repousser la grâce. Il faut pour écouter sa parole, un cœur docile et plein de bonne volonté.

Admirez encore, ô pèlerin, l'humilité très grande du divin Cœur qui se plaît à dévoiler ses plus hauts secrets à ces deux simples disciples. Les orgueilleux ne trouvent jamais assez d'auditeurs pour écouter leurs discours et croient s'abaisser en parlant à des hommes de condition inférieure ; mais le Seigneur converse familièrement avec ses deux pauvres compagnons de route et marche avec eux. Admirez aussi, combien cette manière de se faire reconnaître est touchante : l'Eucharistie : C'est là le grand moyen de Dieu pour s'attirer les âmes, pour fortifier les faibles, pour confirmer les forts ; c'est le signal divin !

Souvent l'âme aveugle reçoit l’hôte céleste d'un cœur indifférent ; mais un acte de bonté suprême, la touche puissante de la grâce, le lui fait reconnaître : le cœur s'échauffe à ce contact sacré, et adore ce Cœur dont les rayons d'amour l'illuminent.

 

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Invocation

 

Ô Cœur sacré, protégez-nous en ce passage de la terre et ne nous quittez pas ; ouvrez nos yeux, éclairez nos pas, dissipez nos doutes. Si mon cœur est uni au Vôtre, qui craindrai-je ? Vous l'avez dit, ô divin Maître : « Que votre cœur ne se trouble point et ne craigne point. Comme mon Père m'a aimé, c'est de ce même amour que je vous aime. Demeurez dans mon amour ». Et nous vous le demandons, comme les deux Disciples d'Emmaüs, ô Seigneur, demeurez avec nous, nous voulons habiter avec vous. Hic habitabo, quoniam elegi eam (Ps. 131, 15).

 

Mirebeau

 

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26 juin 2023

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

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Vingt-septième jour

Vingt-huitième rayonnement

L'apparition à Marie-Madeleine

 

« Anima mea liquefacta est, ut locutus est » (Ct. 5, 6)

 

Depuis la mort du Sauveur, Marie Madeleine ne pouvait s'éloigner du Tombeau où reposait son unique amour. Dès que le jour, à peine levé, lui permettait de sortir, elle courait seule ou accompagnée d'autres saintes Femmes, vers le Saint Sépulcre.

Le Dimanche, à l'aurore, elle devança ses compagnes et, les mains chargées de parfums nouveaux qu'elle voulait verser sur son Maître adoré, elle se dirigea vers le Tombeau. Elle s'approcha très près, car les gardes n'étaient plus là. Tout en pleurant, elle se baissa pour regarder dans le Sépulcre dont la porte est très basse ; elle vit la pierre écartée et le Tombeau vide. À cette vue, Madeleine alarmée court en toute hâte à la maison où étaient Pierre et Jean et s'écrie : « Ils ont enlevé le Maître et je ne sais où ils l'ont mis ».

« Pierre et Jean sortirent de la maison et vinrent au Tombeau. Ils couraient tous deux ; mais le disciple que Jésus aimait courut plus vite que Pierre et l'ayant devancé, il arriva le premier au sépulcre. Là s'étant incliné, il vit les bandelettes détachées du corps et posées à terre. Le suaire, dont on avait recouvert la tête de Jésus , était placé à part, roulé séparément ». Jean vit ces signes certains de la Résurrection et crut aussitôt, alors il s'en retourna avec Pierre.

Madeleine, elle, ne pouvait quitter un lieu si cher. Elle était toute noyée dans ses larmes, toute languissante d'amour : Christi amore languida ; elle chercha de nouveau à regarder dans le Sépulcre et se baissant :

« Elle vit deux Anges vêtus de blanc, assis l'un à la tête, l'autre au pied, là où avait été placé le corps. Lesquels lui dirent : « Femme, pourquoi pleurez-vous ? » Elle leur répondit : « Parce qu'ils ont enlevé mon Seigneur et je ne sais pas où ils l'ont mis ».

Ayant dit ces mots et absorbée dans l'unique pensée qui l'occupait, elle se retourna et fit quelques pas en avant comme égarée par la douleur : ses longs cheveux tombaient en désordre autour d'elle, et elle ne savait où elle allait. Soudain, elle vit devant elle un homme qu'elle prit pour un jardinier du jardin de Joseph d'Arimathie ; aussitôt elle s'écria avec impétuosité : « Seigneur, si c'est vous qui l'avez enlevé, dites-moi où vous l'avez mis et je l'emporterai ».

Quelle vaillance dans cette femme ! il n'y a point de borne à son amour : seule contre tous, elle disputera son Seigneur, elle l'enlèvera s'il le faut, et, faible femme, elle l'emportera dans ses bras !

Mais Jésus, car c'était lui sous les habits d'un jardinier, lui dit ce seul mot : « Marie ! » Aussitôt elle se retourne à la voix du Maître, et s'élance à ses pieds : « Rabbouni ! » s'écrie-t-elle. Oh ! quel accent dans ces deux mots ! Quel doux appel dans ce nom de « Marie ! » Quelle harmonie céleste dans la voix du Sauveur, que de tendresse et de révélation dans ce seul mot : « Marie ! » Qui ne voudrait entendre son nom prononcé par un telle bouche ; qui ne voudrait le voir inscrit au fond du Cœur de Jésus-Christ !

Le mot de : « Maître ! Rabbouni ! », résume tout chez Madeleine, la joie intense du revoir, la possession enfin retrouvée, l'adoration, l'amour ! Rabbouni !

Est-il, en effet, une révélation plus touchante, plus directe de l'amour du Cœur sacré, que cette consolante apparition ? Ce n'est point le salut du monde qui excite aujourd'hui ses ardeurs, ni la pensée des pauvres pécheurs qui l'enivre de dévouement comme au jour de la Passion ; c'est une âme, une seule âme qui l'occupe et l'attire, et qui, à cette heure, l'adore dans l'extase du bonheur. Tout disparaît, le Cœur de Jésus rayonne sur cette âme, il se donne à elle avec une infinie tendresse.

Le divin Maître ne peut résister à l'appel d'une âme, il est tout prêt, maintenant comme alors, à répondre au cri désolé d'un cœur qui le cherche avidement, à répandre sur lui les trésors de son Cœur divin ; caché sous les voiles eucharistiques, il est toujours là, présent avec nous depuis la merveilleuse invention de son amour !

Il se manifeste par la grâce, la paix, la consolation, à l'âme fidèle qui le cherche et qui le trouve au fond de douleurs. Si dans l'affliction elle l'invoque : tout bas, dans le silence du cœur, l'âme entend la voix divine qui l'appelle par son nom et c'est fini ! l'angoisse disparaît, le courage revient plus fort, la résignation plus grande, et la coupe de douleur semble épuisée, parce que l'Ami souverain a paru.

Mais en cette vallée de larmes, la joie est toujours de courte durée, Jésus le rappelle à Madeleine et par elle nous donne à tous une grande leçon ; il ne veut point qu'elle baise ses pieds sacrés comme autrefois : « Ne me touche point, dit-il, en arrêtant son élan, car je ne suis pas encore remonté vers mon Père ». Il lui rappelle, en ce moi, le grand mystère accompli, la résurrection de son corps qui doit habiter le ciel désormais ; mais s'il veut rester encore avec nous, ce sera invisiblement par l'amour de son Cœur, et par le Sacrement.

La possession visible et sans fin, ô pèlerin, est donc réservée pour le ciel. La possession eucharistique contente, il est vrai, notre âme, mais non point nos sens. La plénitude de la joie n'est pas faite pour la terre. Il faut tendre plus haut, il faut que la foi, cette flamme céleste, s'alimente surnaturellement, et que notre amour plus austère s'éprouve loin de la présence du divin Maître… Madeleine le comprit ; consolée et ravie, elle quitta le Seigneur et chercha par une prodigieuse austérité à mériter de le revoir face à face, sans jamais craindre de le perdre. « Il faut mourir avec Jésus, dit le P. Lacordaire, pour toucher de nouveau Jésus ».

 

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Invocation

 

Ô bon Maître ! Rabbouni ! Nous vous retrouvons enfin après l'absence du tombeau ; le rayonnement de votre Cœur resplendit à nouveau et la mort est vaincue par votre triomphant amour. Il vit et vivra toujours avec nous, ce Cœur sacré qui se dévoile à ses plus chers amis, pressé de consoler leur angoisse mortelle. Apprenez-nous donc à vous chercher : comme Madeleine éplorée, car l'amour appelle l'amour, et vous viendrez à nous, ô divin Cœur, vous vous montrerez par les signes de votre grâce jusqu'au jour de la possession éternelle.

 

Mirebeau

 

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25 juin 2023

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

Résurrection

 

Vingt-sixième jour

Vingt-sixième rayonnement

La Résurrection

 

« Ego sum lux mundi » (Jn., 7, 12)

 

Il y avait trois jours que le divin Crucifié était dans le tombeau. Ce tombeau, on le voit encore sous le roc taillé qui jadis faisait partie du Jardin de Joseph d’Arimathie, et qui est, aujourd'hui, enclavé dans l'église du Saint Sépulcre. Ce saint édicule, placé sous la grande coupole et qui n'est autre que le rocher lui-même, est divisé en deux chambres ; la première est appelée Chapelle de l'Ange, la seconde renferme le tombeau creusé en forme d'auge dans le roc vif. Le monument tout entier est recouvert de marbres et d'ornements ; mille lampes de couleurs, suspendues tout autour, le font resplendir comme un joyau sous la coupole sombre de la grande basilique.

Quelle indicible émotion saisit le pèlerin lorsqu'il pénètre sous le rocher sacré, lorsqu'à genoux sur les dalles, il baise en pleurant la place où reposait le divin Enseveli ! Un frisson parcourt l'âme entière, frisson de bonheur, de désir, d'amour ! C'est un instant de joie comme il n'en est point sur terre, un instant court comme la minute qui s'envole, rempli comme un siècle. À travers le revêtement de marbre, il semble au pèlerin qu'il voit encore la divine forme du Christ qui repose sur la pierre ! Il lui semble en baisant ce marbre froid comme le froid de la mort, sentir sous les lèvres le saint Corps rigide du Fils de Dieu ! À ce contact sacré, la vie s'accroît et se précipite comme s'il buvait à une source. Ah ! c'est que cette mort a fait jaillir la vie, c'est que cette force toute puissante a ressuscité le corps du Christ et nous ressuscitera un jour avec lui ! Ego sum ressurectio et vita.

Mais revenez, ô pèlerin, à l'immortelle scène qui se passa ici, il y a dix vingt siècles. Les amis de Jésus en pleurs, l'ayant embaumé avec les mille soins de l'amour le plus tendre, se séparèrent enfin de la dépouille sacrée, la transportèrent dans leurs bras jusqu'au sépulcre neuf de Joseph d’Arimathie à cinquante mètres du Calvaire ; et la déposèrent dans une sorte d'auge taillée dans le rocher.

Représentez-vous ce douloureux cortège, le déchirant adieu que ces amis fidèles disent à leur Seigneur et les sanglots qui l'accompagnent. Marie baise en pleurant la tête de son fils, Madeleine appuie ses lèvres sur les pieds sacrés et ne peut plus les en détacher... Pourtant il faut fermer le Tombeau et le laisser, hélas ! sous la garde des soldats Romains.

Voyez-vous à présent, ô pèlerin, le Sauveur enseveli, immobile, glacé ; il veut prendre sur lui l'humiliation du linceul et du tombeau ; mais en y passant lui-même il nous en ôtera l'horreur. N'est-ce point par amour qu'il reste ainsi enchaîné par la mort, et qu'il laisse son saint Corps reposer à l'ombre du tombeau ? Cette mort est une véritable victoire, la victoire de l'amour qui survit à la défaite du corps ! et plus tard ne demeurera-t-il pas ainsi toujours avec nous, dans l'anéantissement eucharistique, seul, obscur et vraiment enseveli dans le Tabernacle ? Du fond de son Tombeau glorieux, Jésus semble nous dire : Je dors, mais mon Cœur veille ! Dormio, sed Cor meum vigilat ! Et l'amour veille, l'amour qui illumine, qui réchauffe, qui console ! L'amour va con soler les saintes âmes des justes retenues dans les Limbes et leur donner l'espérance de leur prochaine entrée dans le ciel ; puis il va aussi consoler sa mère, suivant une touchante tradition, et son âme lui apparaît plusieurs fois. L'amour de Jésus est infatigable, il ne peut se reposer un seul instant, c'est un feu qui se communique et veut être allumé dans tous les cœurs !

Il y avait trois jours que le saint Corps reposait ; les gardes veillaient autour, de peur que les Disciples ne vinssent l'enlever. Pauvres insensés ! Celui qui marche sur les eaux et commande à la tempête saura bien briser les entraves du tombeau !

L'aube éclairait à peine l’horizon, au matin du Dimanche. Soudain, la terre tremble, le roc ébranlé s'entr'ouvre avec un bruit de tonnerre, c'est Jésus-Christ triomphant qui s'élance hors du sépulcre. Les gardes roulent par terre, aveuglés par la lumière éclatante ; aussitôt l’Ange du Seigneur descend comme un éclair et s'assied sur l'énorme pierre renversée.

Contemplez, ô pèlerin, le Soleil éblouissant qui se lève sur le monde ; admirez le nouvel éclat du Cœur transpercé. Et comme ce Corps abîmé par la souffrance resplendit ! Les Anges ont recueilli précieusement les parcelles de sa chair sacrée, tombées sur la terre sous les coups de la flagellation ; ils ont recueilli les gouttes de sang divin qui arrosait le Calvaire tout autour de la Croix, et voilà que la divinité qui toujours réside en ce Corps a mystérieusement réuni ces parcelles ; l'âme du Sauveur revient, et ce Corps soudain reconstitué sort du tombeau par sa toute puissance, semblable au soleil qui s'élève à l'horizon et monte inondant tout de sa clarté. Ses blessures lancent des feux, celle de son Cœur surtout est enflammée. Une beauté divine éclate en son humanité sainte, la beauté sereine du vainqueur.

Vainqueur de la mort et de la souffrance, vrai Vainqueur de l'amour ! Ego sum resurrectio et vita.

Le Cœur de Jésus est pour nous le gage de la résurrection, car il de meure avec nous par l'amour, pour nous ressusciter au dernier jour : « Celui qui croit en moi, je le ressusciterai ». Il est présent sur l'autel dans le Sacrement, afin que nous trouvions, que nous aimions ce Cœur, qui est là pour nous guérir, nous relever, nous purifier, nous ressusciter à la grâce.

La vie ! Ceux que la lumière de la Résurrection n'éclaire pas, les insensés qui détournent la tête pour ne pas être aveuglés de la vérité, ceux-là n'ont point part à la vie. La vie est à ceux qui croient, elle est aux âmes sincères où vibrent ces deux cordes divines ! la foi et l'amour ! Or, le Cœur de Jésus est le foyer de la vie ; allons donc puiser à cette source permanente et intarissable ; nous savons désormais où trouver la régénération et la vie véritable. Ego sum resurrectio et vita !

 

Divine-Mercy

 

Invocation

 

Seigneur, votre beauté est ancienne mais toujours nouvelle, car ce Corps meurtri refleurit d'une jeunesse nouvelle, les blessures de votre Passion sont transfigurées en rayons de gloire. Votre Cœur divin surtout resplendit, donnez- nous de le voir un jour, ce Cœur adorable qui projette sur le monde son éternel amour ; donnez nous de le connaître et de l'aimer sur cette terre d'exil, en attendant la joie de le contempler dans la céleste Patrie !

 

Mirebeau

 

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24 juin 2023

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

Heure de la Miséricorde

 

Vingt-cinquième jour

Vingt-cinquième rayonnement

Le Cœur ouvert par la lance

 

« Fluminis impetus lætificat civitatem Dei » (Ps. 45, 5)

 

Les amis du Sauveur veillaient au tour de sa dépouille mortelle, priant et sanglotant. Le corps sacré, tout blanc comme une neige très pure, s'élevait devant ces pauvres désolés avec une majesté tranquille. Il avait fini de souffrir, le Fils de l'Homme, mais la trace de ses blessures horribles formait sur cette blancheur, des sillons empourprés du sang divin, maintenant glacés par la mort.

Soudain, cette mère qui veillait tout en pleurs et les quelques fidèles éplorés virent s'approcher des soldats qui venaient achever l’agonie des crucifiés, en leur brisant les jambes avant de les ensevelir.

Ils tressaillirent d'une douleur nouvelle en pensant à ce dernier outrage qu'allait subir le Sauveur, ils se mirent à supplier les soldats de l'épargner, leur montrant le saint corps dont la livide blancheur attestait la mort. « Alors, dit saint Jean dans son évangile, un soldat vint, qui de sa lance, ouvrit le côté de Jésus, et aussitôt il en sortit du sang avec de l'eau.

En effet, poussé par une force irrésistible, accomplissant sans le savoir une prophétie, Longin brandit sa lance et, s'avançant à cheval à quelques pas de la Croix, il perça le côté droit du Sauveur avec une telle violence que la pointe ressortit après avoir traversé le cour de part en part.

Des cris d'angoisse avaient répondu à cet acte brutal ; mais Longin, converti jusqu'au fond de l'âme, descendit de cheval et à genoux sur le sol, il reçut le fleuve sacré d'eau mêlée d'un peu de sang qui jaillissait du côté entr'ouvert. Une lumière, la lumière surnaturelle qui sort du divin Cœur, toujours rayonnant malgré la mort, avait éclairé le cœur de Longin.

L'amour du Cœur de Jésus, comme une semence fertile qui s'échappe d'une corolle entr'ouverte et flétrie, tombe de la Croix sur le monde pour le féconder. Mystère nouveau ! la mort fait jaillir la vie ! Jésus-Christ avait donné tout son sang, mais pour qu'on sût bien qu'il nous donnait tout son amour, il voulut que son Cour fût perforé et ouvert aux yeux de tous. C'était le don dernier, le suprême rayonnement de ce divin Soleil, caché sous les voiles de la mort. Ce coup de lance est la blessure de l'amour, afin que par cette plaie visible, dit saint Bernard, nous connussions la plaie invisible que l'amour y a faite.

« Admirable parole de l'Évangile ! observe saint Augustin. Il n'est pas dit que le soldat perça le Cœur de Jésus, ni qu'il le blessa, il ne se sert d'aucune expression semblable ; mais il dit qu'il l'ouvrit, comme pour nous montrer dans ce Cœur la porte de la vie d'où sont sortis avec l'eau et le sang les Sacrements de l'Église, sans lesquels on ne peut atteindre à la vie véritable ». C'est pourquoi les Pères disent que l'Église, dont les principaux Sacrements sont ici représentés par l'eau du Baptême et le sang de l’Eucharistie, est sortie du côté de Jésus-Christ mort, comme Eve était sortie du côté d'Adam endormi.

Admirez donc, ô pèlerin, comme Jésus nous ouvre la source intarissable de la grâce, cette source d'eau vive qui jaillit jusqu'à la vie éternelle. Unissons nous à ceux qui étaient là, les quelques amis fidèles, le soldat vaincu, tous émus de douleur et de compassion. Pour la divine Mère, présente à ce suprême outrage, la parole de Siméon était accomplie : Un glaive percera votre âme de part en part. « Ah ! oui, s'écrie saint Bonaventure, le fer de la lance a traversé du même coup le Cœur du Fils et l'âme de la Mère ! »

Pour nous, la lance de Longin ouvrait les écluses de la grâce. Approchons-nous de ce Cœur, ô pèlerin, désormais il nous est ouvert ; portons lui nos fardeaux, nos douleurs, nos misères, il est assez grand pour les recevoir, assez généreux pour les soulager. Faisons en lui notre demeure ; n'est-ce pas là, dans cette fente mystérieuse, que nous irons vivre et nous reposer, comme le passereau solitaire, comme l'hirondelle qui se fait un nid ? Passer invenit sibi domum, et turtur nidum sibi ponat pullis suos.

La tradition rapporte que Longin avait les yeux fatigués et presque aveugles, et qu'il recouvra subitement la vue : la vue extérieure et la vue intérieure. C'est bien là l'image de l'obscurité plus ou moins épaisse qui recouvre les yeux de notre âme. Nous aussi, nous serons illuminés par la contemplation du Sacré Cœur qui nous verse à flots la lumière, la grâce, l'amour. Mais il nous faudra aussi, ô pèlerin, réparer cette blessure outrageante causée par les offenses des hommes ; il nous faudra ranimer notre zèle, prier, aimer dans la mesure que recommande saint Bernard : La mesure d'aimer Dieu est de l'aimer sans mesure, et sa raison, de l'aimer sans raison.

Un jour ne serons-nous pas mille fois heureux d'entendre le Sauveur lui-même nous adresser cette parole du Prophète : « Vos consolations ont rempli de joie mon âme, à proportion du grand nombre de douleurs qui ont pénétré mon Cœur ! »

 

Jésus Miséricordieux 2

 

Invocation

 

Ô Cœur admirable que l'amour a blessé, laissez-nous adorer cette blessure grande ouverte qui resplendit divinement dans la mort. Le vase sacré est brisé ; mais l'amour qu'il contenait est immortel. C'est à cette source d'amour que viendront puiser les fidèles de tous les siècles, qui sont accablés et malheureux, c'est là que les faibles trouveront la force, et les forts l'humilité. Tous se réfugieront désormais dans la plaie de votre côté, ô Jésus, comme dans un bienheureux asile, comme dans une forteresse imprenable !

 

Mirebeau

 

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23 juin 2023

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

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Vingt-quatrième jour

Vingt-quatrième rayonnement

Ecce Mater tua

 

Ego Mater pulchræ dilectionis. (Ecl. 24, 24)

 

Jésus va mourir. Il entend, au milieu de ses souffrances aiguës les dernières rumeurs de la foule qui s'éloigne, semblable à une tourmente qui s'apaise, et peu à peu le vide se fait autour de la Croix.

Aux pieds de Jésus-Christ, Jérusalem, sa ville aimée et maintenant déicide, s'étale blanche et somptueuse sur les collines ; mais la tache indélébile du sang divin est à son front, ce sang hélas ! qui retombera sur elle et sur ses enfants ! Autour de la Croix, les amis fidèles se rapprochent : la douloureuse Mère, presque agonisante se traîne vers son Fils, et mêle ses larmes aux gouttes de sang qui tombent sur les pieds adorés : Stabat Mater dolorosa, juxta crucem lacrymosa, dum pendebat filius.

Madeleine est là aussi, égarée par la douleur ; elle repose sa tête sur les pieds de Jésus, comme jadis, et reçoit la rosée rafraîchissante du sang divin. Bain salutaire, baptême nouveau qui efface toute souillure et ravive en cette divine amie le repentir et l'amour.

Jean aussi est là, le fidèle, le bien-aimé, le Disciple vierge. Il représente au pied de la Croix la longue procession des âmes privilégiées qui suivront l'Agneau partout où il va. À cette heure suprême, Jean représente aussi l'humanité qui attend le salut et cherche la consolation et la force près du divin Crucifié.

Mais à cette heure douloureuse, Jean pleurait et rien ne pouvait le consoler. Son Maître, qui l'avait pressé sur son Cœur au banquet eucharistique, regardait de ses yeux mourants sa sainte Mère, debout au pied de la Croix ; puis voyant Jean à côté d'elle, une émotion poignante étreignit le cœur du Sauveur : l'heure de l'adieu allait donc sonner... bientôt il abandonnerait les siens. Réunissant sur la tête de ces bien-aimés son legs suprême, il dit à Marie : « Femme, voilà votre Fils », et à Jean : « Voilà votre Mère. Ecce Mater tua ! » C'est donc l'union complète, l'achèvement des noces du Fils de Dieu avec l'humanité, puisqu'il s'identifie à elle dans la personne de Jean. « Votre fils, ô Mère, semble-t-il lui dire, ce n'est plus moi qui pars ; votre nouveau fils vous reste dans mon disciple Jean et dans tous les enfants des hommes que je vous laisse en héritage. Ce sont ceux-là, ma Mère, ceux-là pour qui j'ai donné ma vie, qui seront vos fils ! » Et Marie, abîmée dans la douleur, nous accepte au pied de la Croix pour les héritiers de son fils. Ah ! que la Rédemption est dure pour cette douloureuse Mère, dont le cœur est transpercé de mille glaives, et combien cette touchante parole d'adieu, aiguise encore sa douleur. Cependant, docile à la voix de son fils, pardonnant à son tour aux meurtriers, qui peut douter qu'à cette heure, au pied de la Croix, sanglante, elle nous ait tous adoptés pour ses enfants ?

Et lui le divin Cœur, comme un soleil à demi-voilé, rayonnait encore tant d'amour, qu'à cette heure suprême il ne pensait qu'à nous. Abandonné des hommes, délaissé sur la Croix, il nous donnait tout ce qui lui restait, sa Mère ! C'était la consommation de ses bienfaits.

« En effet, que peut-il donc donner, s'écrie Bossuet, nu, dépouillé comme il l'est, pauvre esclave qui n'a plus rien en son pouvoir dont il puisse disposer par testament ? De quelque côté qu'il tourne les yeux, Jésus ne voit plus rien qui lui appartienne, Je me trompe, il voit Marie et saint Jean qui sont là pour lui dire : « Nous sommes à vous ! »

C'est donc le seul bien qui lui reste, ô pèlerin, ce qu'il a de plus précieux Bon et de plus cher : il donne Marie à Jean et l'humanité à Marie ! Ecce Mater tua ! Tout son amour doit donc revivre en sa Mère, il transporte en ce cœur tout ce que le sien renferme de dévouement, de pardon, de généreuse tendresse. Ah ! que l'Église a bien comparé Marie à la lune brillante, la lune qui reçoit les rayons du soleil et nous les envoie, la lune qui prolonge pour nous le jour de sa sereine beauté !

Le Cœur de Jésus nous avait donc tout donné, il pouvait dire en toute vérité : « Je vous ai aimés jusqu'à la fin », car l'angoisse approchait... c'était l'heure d'abandon de toute créature et de son Père céleste, qu'il voulait endurer pour nous aider à souffrir toutes les douleurs, les ayant épuisées Je toutes. La soif de la fièvre s'ajoutait à cette soif d'amour dont son âme était altérée ! « J'ai soif », s'écria-t-il. C'est le cri de la Rédemption : Sitio ! Cœur brûlant, altéré d'amour, rien ne peut vous soulager que le salut des âmes. Sitio ! Cri éternel qu'il fera entendre à travers les siècles à toutes les âmes éprises de son amour, car il a soif, Celui qui nous apportait l'eau vive : Sitio !

Enfin, l'heure sainte étant arrivée, le Sauveur releva un peu la tête : « Tout est consommé », s'écria-t-il, puis, poussant un grand cri entremêlé de larmes : « Père, dit-il, je remets mon âme entre vos mains », et il rendit l'esprit…

 

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Invocation

 

J'admire, ô mon Sauveur, la tendresse si délicate et si généreuse de votre Cœur adorable, qui pense jusqu'à la dernière heure à l'affliction de vos enfants. Mais j'admire plus encore l'admirable pardon que vous accordez si divinement à vos bourreaux et à l'humanité tout entière, en lui donnant pour Mère votre propre Mère. Comment douter à présent de votre miséricorde, comment douter de votre pardon, puisque l'entrée de votre Cœur sacré nous sera toujours ouverte par ce nom mille fois béni : Votre Mère !

 

Mirebeau

 

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22 juin 2023

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

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Vingt-troisième jour

Vingt-troisième rayonnement

La Croix

 

« Fortis est ut mors dilectio » (Ct. 8, 6)

 

Le Sauveur, après son agonie terrible à la Grotte, resta la proie de la douleur jusqu'à l'heure du Crucifiement. Mais avant que l'Homme de douleur fût suspendu à la Croix, pour être donné en spectacle au monde, il faudra que ce corps d'une divine beauté soit défiguré et méconnaissable ; il passera entre les mains brutales des soldats ivres, il sera promené au milieu d'une populace en délire sous les fouets des bourreaux, les lambeaux de sa chair voleront en éclats et les risées accompagneront ses gémissements douloureux.

Puis la montée du Calvaire commence, procession sinistre de tous les instruments de supplice, brandis comme des trophées de victoire par ces esclaves de Satan. Voici le Seigneur Jésus lui-même la tête courbée sous l'aiguillon des épines, chargé de la pesante croix, entre deux haies de soldats qui le poussent de leurs lances. Il traverse ainsi sa chère ville de Jérusalem qu'il a tant aimée, le cortège défile lentement et se dirige vers la montagne de Gareb au pied de laquelle, sur une éminence peu élevée et appelée Calvaire (lieu du Crâne), on avait préparé la place du Crucifiement.

Le Calvaire est aujourd'hui enfermé dans la basilique du Saint-Sépulcre, on y monte par un escalier de dix huit marches. Le rocher teint du sang sacré est lui-même recouvert de marbres ; sous l'autel grec, étincelant de dorures, orné dans le goût byzantin, le pèlerin peut baiser le Trou de la Croix ; à côté, à quelques pas de là, il peut mettre sa main dans la fente merveilleuse du rocher, ouverte par le tremble ment de terre qui suivit la mort du Sauveur, et soudain la scène incomparable et poignante qui se dé roula ici même, envahit vivement son cœur.

Transportons-nous en ce lieu auguste du Calvaire, ô pèlerin, suivons nous-mêmes le Seigneur Jésus qui s'avance péniblement au lieu de son supplice. Que de fois en ce trajet douloureux, que de fois son Cœur a souffert ! Que cette cohorte de haine lui a prodigué d'injures et d'outrages. Il n'entrevoit sa Mère désolée qu'au travers des rangs ennemis, Véronique s'élance avec le suaire qui essuie cette Face divine, mais elle est aussi vite repoussée ; et que de coups, de chutes, de blasphèmes renouvelés pendant cette montée du Calvaire ! Il serait tombé cent fois pour ne plus se relever, le Sauveur, si la force d'en haut ne l'avait soutenu, si la hâte d'arriver n'avait été si ardente : la hâte d'accomplir la Rédemption du genre humain !

Pendant des minutes qui paraissent un siècle, on entend des coups de marteaux, les sanglots des saintes Femmes, les plaintes célestes de Jésus. À cette heure, le ciel attentif pleure, la terre tressaille d'allégresse, c'est la Rédemption !

Le voyez-vous à présent, ô pèlerin, le doux Seigneur cloué à la Croix, élevé dans les airs ; voyez ce saint corps allongé et distendu, épuisé, méconnaissable, semblable à un lys qu'on aurait foulé aux pieds.

Voici les grandes heures d’agonie qui commencent ; cette fois c'est l'agonie du Cœur et l'agonie de la nature tout ensemble. C'est lui, votre Seigneur, reconnaissez-le bien, Celui que vous suiviez sur les chemins de la Palestine ; hier encore, il vous donnait sa chair sacrée en nourriture, aujourd'hui le voici lui-même comme une grappe écrasée sous le pressoir, sans force, presque sans vie ; mais dans ces heures suprêmes d'abandon et d’agonie, il vous aime plus encore, le divin Cœur !

Toute la vie, en effet, s'est réfugiée dans ce Cœur et il domine le monde comme d'un trône, élevé dans les airs sur le bois de la Croix ! Jésus semble là-haut, dire en regardant le monde de ses yeux mourants : « Vous m'avez chassé, Ô enfants des hommes, vous m'avez défiguré et meurtri et pourtant je vous ai tant aimés. Ô mon peuple que t'ai-je fait ? À présent je vous quitte, ô hommes, mais quand vous me chercherez tristes et désolés, vous trouverez ma Croix et mon Cœur sur le chemin de votre vie ; je resterai votre consolateur unique quand tous vous auront abandonnés, car il n'est point sur terre d'amour comparable à mon amour ».

Et à cette heure, Jésus mourant, voyait d'un regard qui embrassait les siècles, les âmes aimantes qui viendront entourer sa Croix pour le consoler . Pour lui , il nous laissera son Cœur, c'est-à-dire son amour, incarné de nouveau dans le Sacrement. Mon Dieu, s'écriait Job, qu'est-ce donc que l'homme pour que votre cœur se repose ainsi sur lui ? » La réponse divine à l'homme est solennelle : « Je t'ai aimé, dit Dieu , d'un amour éternel » (Jr 21, 3).

Il nous laissera aussi sa Croix, parce que c'est par elle qu'on arrive à son Cœur ; si nous voulons avoir part à l'amour, il faut avoir part au sacrifice. « Je ne veux savoir qu'une chose, disait le grand Apôtre, c'est Jésus, et Jésus crucifié ». Et pourquoi ?... Parce que la Croix est la vraie science durable et profonde, parce que la Croix est la clef du mystère de la vie : la douleur. Tout homme est né dans la douleur et vit dans la douleur ; ce mot serait d'une désespérance absolue si Jésus n'était venu l'élever à la hauteur du ciel, en prenant sur lui le fardeau de toutes les douleurs pour nous en alléger le poids ; et à cette heure suprême du Crucifiement, il donnait une consécration divine à la douleur sanctifiée par l'amour.

Apprenons, ô pèlerin, la science de souffrir et d'aimer les lèvres sur le Crucifix : là en est le secret. Toute âme souffre sur terre, mais combien il y en a peu qui savent aimer ! Ah ! nous pouvons nous écrier comme le sublime désespéré de l’Alverne : « Non, l'amour n'est point aimé ! Amor non amatur ! »

Tandis que l'ombre de la Croix se projette sur le monde, le Calvaire est trop souvent désert, on fuit la Croix, on court à la consolation humaine, on détourne la tête... et bien peu veillent et prient dans le chemin royal du divin Maître, comme le groupe fidèle qui entourait le pied de la Croix. Et pourtant la Croix c'est une arme, un bouclier, une espérance : O Crux ave, spes unica ! à la suite du Seigneur, c'est la gloire !

 

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Invocation

 

Cœur de Jésus crucifié, votre amour n'est point aimé ! En dehors même des mépris et de l'indifférence, est-il beaucoup d'âmes vraiment éprises de vous, car pour aller à votre Cœur il faut monter à la Croix, et les faibles reculent par lâcheté, sans penser à la récompense trop grande, dit la Genèse, promise à ceux qui combattent courageusement. Ô Seigneur, donnez-nous d'accepter toutes les croix, car toutes venant de vous sont également bonnes et profitables, et donnez -nous de les unir à la vôtre, qui est notre force, notre salut, notre unique espérance !

 

Mirebeau

 

21 juin 2023

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

Agonie

 

Vingt-deuxième jour

Vingt-deuxième rayonnement

L’Agonie à la Grotte des Oliviers

 

« Pater, non mea voluntas, sed tua fiat » (Luc 22, 42)

 

Une fois encore, avant de quitter la terre, le Seigneur Jésus devait revoir la montagne des Oliviers. La haine des Pharisiens était arrivée à son comble, l'odieux marché avec Judas était conclu, on avait tramé la mort du Juste dans une assemblée démoniaque que Caïphe présidait.

Jésus ayant accompli l'ineffable mystère de la Cène, sortit du Cénacle avec les Douze. Arrivé au dernier soir de sa vie, il fut pris soudain d'une tristesse mortelle. Après s'être donné tout, avec un amour inexprimable, à l'heure d’accomplir le sacrifice entier, il se sentit oppressé d'un poids douloureux et comme envahi par l'agonie.

Au pied de la montagne des Oliviers, à l'entrée de la lugubre vallée de Josaphat, non loin du Cédron qui se creuse un lit désordonné dans la rocaille, est une sorte de caverne profonde qui s'enfonce sous terre. D'un côté se dressent les hauteurs qui portent la Ville sainte, de l'autre, cette montagne des Oliviers, de laquelle Jésus s'élèvera un jour au ciel ; sur la pente tout en bas, le pèlerin contemple encore le jardin de Gethsémani où tant de fois Jésus venait prier et cette grotte où il allait tant souffrir.

Suivons-le, ô pèlerin, dans cette veillée dernière et douloureuse ; il n'a gardé avec lui que trois de ses plus fidèles, les témoins de sa gloire au Tabor : Pierre, Jacques et Jean. Il les quitte au seuil du Jardin, et seul, à cent pas de là, il entre dans la grotte souterraine où la douleur l'attend.

Cette grotte que le pèlerin vénère à deux genoux, cette terre nue, imprégnée du sang divin, a conservé sa simplicité primitive. Elle est très sombre, éclairée seulement par une ouverture pratiquée dans la voûte et par des lampes qui projettent une clarté douce. Une émotion infinie saisit le cœur lorsqu'on entre sous ce roc qui vit les larmes et les défaillances de l'Homme-Dieu. Là, contre ce même rocher, Jésus s'appuyait chancelant, couvert du poids de nos fautes, écrasé sous une douleur acceptée ; là, son adorable Cœur, broyé de douleur, fut foulé comme le raisin sous le pressoir, et il en jaillit une sueur de sang qui inonda la terre... Et factus est sudor ejus sicut guttu sanguinis decurrentis in terram.

Oh ! venez et voyez, ô pèlerin, le doux Jésus en cet état, et si vous n'avez pas un cœur de bronze, vous serez ému jusqu'à pleurer ; car c'est aujourd'hui la vraie Passion de son Cœur ! Être flagellé, couronné d'épines, traîné devant les juges, souffleté par un soldat, chargé de la lourde croix qui meurtrissait ses épaules, enfin être crucifié dans d'horribles tortures… c'est un supplice effrayant ; mais c'est le supplice du corps. Le supplice du Cœur est autrement raffiné et douloureux ; il ressent à l'avance toutes les souffrances, toutes les ingratitudes, toutes les humiliations... Souffrir la trahison d'un apôtre, l'abandon des autres, la lâcheté et la haine des foules ; plonger son regard de Dieu dans tous les âges et voir les péchés s’amonceler, les crimes s'accroître, la rage des hommes augmenter, avec l'ingratitude noire, l'indifférence molle, le scepticisme cruel ; penser à l'inutilité de ses souffrances pour tous ceux-là... et pleurer... pleurer du sang ! Cela, c'est la Passion du Cœur !

Oui, les grandes eaux de la tribulation ont inondé son âme et la douleur entre en lui comme un glaive à deux tranchants. - Il demande grâce : « Mon âme est triste jusqu'à la mort, s'écrie-t-il dans l'excès de son affliction, mon Père, éloignez de moi ce calice... »

Mais sur les hauteurs du Calvaire, il voit dans une vision effrayante la Croix qui se dresse et lui ouvre les bras... elle a un charme tout puissant qui l'attire, et il lui tend les siens... il l'accepte : Pater, fiat voluntas tua !... C'est l'immolation voulue, héroïque, car elle est inspirée non par la gloire, mais par l'amour !

Le Cœur de Jésus souffrait en cette heure tout ce qu'il souffrira plus tard, caché dans le Sacrement, présent à tant d'odieuses ingratitudes, et il semblait être privé soudain de vie et de lumière. Courbé sur terre, le Seigneur luttait, car « il était homme véritable, a dit Isaïe, et il a été jeté dans une grande angoisse ». Il s'écriait : « Mon Père, délivrez-moi de cette heure... Mais c'est pour cette heure que je suis venu » (Jn 12, 27). Mais bientôt, l'amour de son Cœur sacré triompha, plus fort encore que l'agonie ; après avoir imploré la compassion de son Père pour lui-même, il pria pour les siens, et une admirable oraison jaillit de son Cœur, dit saint Bonaventure : « Père saint, regardez-moi et écoutez moi, parce que je suis contristé dans ma vie, que mon esprit est inquiet et que mon cœur est troublé. Père, si vous l'avez décrété, il faut que je subisse entièrement le supplice de la Croix, que votre volonté soit faite ! Mais je vous recommande tous les miens, tous ceux que vous m'avez donné à garder ; je les ai gardés jusqu'ici, ô Père, gardez-les moi maintenant ».

Et c'est ainsi que le Cœur de Jésus, luttant contre l'agonie, triomphait par son amour indomptable.

 

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Invocation

 

Ô Cœur affligé, doux Maître abandonné, vous souffrez seul sans consolation ! Laissez du moins les âmes qui vous aiment consoler votre Cœur. À genoux près de vous, dans cette grotte bénie, laissez-nous venir, par notre repentir et notre amour, prendre un peu de ce fardeau qui vous accable et qui est notre juste partage. Veillons et prions avec vous, ô Jésus, car c'est l'heure des ténèbres, l'heure où les embûches se multiplient et font tomber ceux qui dorment, car l'esprit est prompt et la chair est faible. Apprenez-nous à prier avec votre soumission, Cœur sacré, lorsque votre prière se résumait pour vous dans un héroïque : Fiat.

 

Mirebeau

 

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Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

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Vingt-et-unième jour

Vingt-et-unième rayonnement

L'Eucharistie

 

« Manete in dilectione mea » (Jn., 15, 9)

 

L'amour qui est fertile en inventions, a trouvé le moyen merveilleux de rester captif au milieu de nous, jusqu'à la fin des siècles, enchaîné dans le Sacrement par la parole du prêtre. Il devient l'apanage de tous les enfants des hommes ; désormais chacun puisera dans ce trésor, le divin Prisonnier de l’Eucharistie ne peut pas nous fuir. L'amour est captif ! l'amour est vaincu, il nous appartient ! Deliciæ meæ esse cum filiis hominum !

Quand donc le foyer vivant de l'amour, le Cœur de Jésus-Christ a-t-il trouvé ce miracle nouveau ?

C'était la veille de sa mort. Hors des murs d'enceinte de la ville de Jérusalem, il est, sur la montagne de Sion, une construction un peu isolée qu'on appelle aujourd'hui la mosquée Nabi-Daoud (du prophète David). Cette mosquée recouvre le lieu le plus saint de la terre après le Saint Sépulcre : le Cénacle.

Aujourd'hui, le Pèlerin ému de voir ce lieu auguste aux mains des Musulmans, pénètre dans une grande salle, soutenue par des colonnes et éclairée par trois grillages qui laissent glisser à l'intérieur un jour mystérieux et triste ; prosterné sur les dalles, le Pèlerin revit en son âme les poignants souvenirs du passé.

La veille de sa mort, Jésus avait rassemblé les siens ; il voulait leur laisser son dernier héritage, le gage immortel de son amour. Il avait envoyé quelques Disciples préparer cette salle, afin d'y manger la Pâque avec eux. Tout étant disposé et le soir venu, à l'heure où s'allument les étoiles, Jésus y entra avec les Apôtres et mangea avec eux l'agneau et quelques herbes, repas légal prescrit par la loi juive et qu'on prenait debout, comme des voyageurs pressés.

Après ce repas, le Sauveur quitta la table et descendit, accompagné des Douze, à l'étage inférieur du Cénacle ; il se ceignit les reins et, prenant un bassin plein d'eau, il se mit à leur laver les pieds avec une humilité touchante qui les confondit d'étonnement.

Cette cérémonie était le prélude du grand mystère qui allait s'accomplir ; c'était la purification symbolique de la créature, avant le prodige d'abaissement du Dieu qui allait se donner. Le Seigneur reprit ses vêtements et monta avec ses Apôtres pour le second festin qui suivait toujours le premier.

Alors, renouvelant le miracle des noces, mais d'une manière autrement sublime, Jésus prit du pain, le rompit et levant les yeux vers son Père, il accomplit l’auguste mystère. Donnant le pain à ses Apôtres il dit : Ceci est mon corps qui sera livré pour vous. Puis il prit le calice, l'éleva dans ses mains adorables, et leur dit de même : Buvez-en tous, car ceci est mon sang qui sera répandu pour vous. Et les Apôtres firent leur première Communion !

Admirez, ô Pèlerin, comme le doux Seigneur rayonne sur eux en cet instant, c'est un soleil resplendissant qui les enveloppe de son grand amour… Il les communie de ses mains, les bénit et les aime. Il leur donne ce don de Dieu qui est le don de lui même, et son Cœur se fond dans un embrasement qui s'étend non seulement à ses Apôtres, mais à toutes les âmes qui communieront à leur tour. C'était pour le monde l'heure de l'amour !

Par une telle invention de puissance et de tendresse, le divin Cœur allait prendre, en effet, possession des âmes comme le souverain incontesté d'un empire, car il allait non seulement vivre avec nous ; mais vivre en nous. Il nous donnait donc en ce jour une participation à la vie même de Dieu, vie de l'intelligence en nous révélant de si hautes vérités, vie du cœur en offrant à notre amour l'objet réel et idéal à la foi dont toute âme a soit ; vie de la volonté en fortifiant la foi, le courage et l'espérance ; en un mot Il nous donnait en l’Eucharistie, comme Il l'a dit lui-même, l'exubérance de la vie !

Mais le Cœur de Jésus, se donnant ainsi dans sa plénitude, nous communique déjà une sorte de résurrection. « Celui mange ma chair et qui boit mon sang a la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour ». C'est l'amour poussé aux limites extrêmes qui s'engage solennellement envers nous, par delà les siècles ; car, selon l'admirable parole de saint Jean, l’Eucharistie c'est l'infini dans l'amour : In finem dilexit. Saint Jean surtout avait reçu la révélation de cette tendresse du Cœur de Jésus, lorsque appuyé sur la poitrine sacrée de son Maître il sentait les battements de ce Cœur, sa force et sa chaleur vivifiante ! Quel moment doux et suave pour le Disciple privilégié, quel ineffable souvenir pour toute sa vie !

Jésus ne nous laissait pas seulement son précieux héritage, sa chair sacrée, mais il instituait aussi le sacerdoce. En faisant passer la coupe aux mains des Douze : Faites ceci en mémoire de moi, il leur donnait le pouvoir divin de reproduire cet acte auguste ; de faire descendre tous les jours sur l'autel son humanité sainte, par les paroles de la Consécration. Oh ! que le bonheur des Apôtres était grand ! Leur Seigneur n'était plus seulement devant eux avec son visage adorable et si doux ; il était en eux ! Aucune union de la terre n'est comparable à celle-ci ; nul esprit n'en conçoit la profondeur. Émerveillés, ils restaient dans l'adoration et le silence ; alors le Cœur de Jésus sembla se fondre en paroles d'amour et d'adieu :

« Mes petits enfants, je suis encore avec vous, mais pour bien peu de temps. Bientôt vous me chercherez, mais là où je vais, vous ne pouvez venir… Je ne vous laisserai pas orphelins ; mais je viendrai à vous. Que votre cœur ne se trouble point ; vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi... »

Oh ! que ce discours après la communion est beau et touchant ! Admirez, ô pèlerin, combien le Seigneur parle familièrement aux siens ; que cette action de grâces est d'un enseignement précieux ! Jésus veut aussi nous parler cœur à cœur, avec confiance, avec tendresse. Oh ! approchons-nous de ce Cœur sacré, il nous appelle. Courons au banquet eucharistique, il nous y convie. Et si la crainte nous retient, rappelons-nous les paroles de Notre-Seigneur à sainte Catherine de Sienne : « Si tu n'es pas digne que je vienne en toi, moi je suis digne que tu entres en moi ».

 

Coeur Eucharistique de Jésus

 

Invocation

 

Ô divin Maître, que l’Eucharistie est bien l'invention merveilleuse de votre Cœur ! Il ne sait comment étancher la soif qui le brûle, l'ardeur qui le dévore, sinon par ce prodige nouveau qui est de se donner toujours et toujours, dans un accès continuel de dévouement infini ! Oui, Seigneur, nous contenterons vos désirs, nous irons à vous avec amour, car vous l'avez dit : vous êtes le Pain de nos âmes, vous êtes la Résurrection et la Vie !…

 

Mirebeau

 

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