Le Mois de Marie Dominicain
Le Mois de Marie Dominicain
Marie honorée par les Saints et les Saintes de l’Ordre de Saint Dominique
Trente-et-unième jour
Patronage de la bienheureuse Vierge Marie sur l'Ordre de saint Dominique
(La fête du Patronage de la bienheureuse Vierge Marie sur l'Ordre a été autorisée en 1725, par Benoît XIII et se célèbre le deuxième Dimanche de novembre)
« Heureux enfants d'une adoption si tendre, aimons Celle qui est digne de tout amour, Marie, notre Mère, la Mère de Jésus, cette divine plante sur laquelle a été cueillie l'adorable fleur de l'éternité, le Fils unique de Dieu, dont l'odeur délicieuse embaume le ciel ». (Méditations sur la vie des saints et des bienheureux de l'Ordre de saint Dominique).
I. Combien il est doux et consolant pour nous, le souvenir de ce jour mémorable et mille fois béni, où Marie, voulant donner à notre glorieux Père l'assurance de sa protection maternelle, lui apparut, bénissant tous ses enfants endormis, et lui dit : « Je suis Celle que vous invoquez tous les soirs. Lorsque vous dites : « Eia ergo, Advocata nostra » ; je me prosterne devant mon Fils pour la conservation de cet Ordre ! »
Puis, comme si cette magnifique promesse n'eût pas suffi à l'immensité d'amour dont son coeur débordait pour son fidèle serviteur, elle voulut recevoir de Jésus lui-même le dépôt sacré et précieux des enfants de Dominique : « J'ai confié ton ordre à ma Mère », dit Notre Seigneur au saint Patriarche ravi au Ciel ; en même temps, il lui montra sous le manteau de la Reine du ciel une multitude de ses fils et de ses filles.
Aussi Notre Seigneur Jésus ayant révélé à notre bienheureux Père l'heure si désirée de son départ pour le ciel, il pria la très Sainte Vierge avec larmes, lui disant : « Marie, Reine du ciel, écoutez la prière que je vous fais : je me confie à Vous, parce que je sais que Vous êtes toute-puissante auprès de Dieu ; prenez sous votre protection mes frères, que j'ai élevés sous l'abri de mon scapulaire ; cachez-les et défendez-les sous l'étendard de votre manteau royal ; conduisez-les et soutenez-les, de peur que l'ancien ennemi n'ait aucun avantage sur eux et ne ruine cette vigne nouvelle que j'ai plantée par la droite de votre divin Fils ; car quelle autre chose, très douce Dame, ai-je voulu représenter par ce petit habit qui leur couvre la poitrine et les épaules, sinon le double esprit dans lequel je les ai nourris, les portant nuit et jour à servir Dieu en toute humilité et tempérance ? Je priais aussi pour eux, afin qu'ils ne désirassent rien de ce monde qui pût, ou déplaire à Dieu, ou obscurcir près des hommes l'éclat de leur piété et de leur modestie. À présent donc que le temps de ma récompense approche, je vous remets mes enfants, afin que vous les receviez et les adoptiez pour les vôtres, et daigniez les supporter comme une bonne et tendre Mère ».
La très Sainte Vierge répondit à cette affectueuse prière : « Mon cher ami Dominique, parce que vous m'avez aimée plus que vous-même, je prends vos enfants sous mon grand manteau pour les défendre et les conduire, en sorte que tous ceux qui persévéreront dans l'observance de votre règle seront sauvés. Mon grand manteau n'est autre chose que ma miséricorde, que je ne refuse à aucun de ceux qui la demandent fidèlement, et dans le sein de laquelle je reçois tous ceux qui la cherchent ». (IIIe Livre des révélations de sainte Brigilte, ch. XVII).
Ce fut ce colloque entre la très Sainte Vierge et le saint Patriarche mourant qui donna lieu aux admirables paroles qu'il adressa au moment de son agonie à ses Frères, et les remplit de consolations.
Marie fut fidèle à la promesse faite à son fidèle serviteur, elle versa sans cesse sur son Ordre une multitude de grâces, et qui essayerait de les énumérer devrait rappeler en même temps la vie de tous les saints et bienheureux qui ont vécu sous la règle et l'habit de notre saint Patriarche. Il n'en est aucun, en effet, qui n'ait aimé Marie comme une Mère, et qui n'ait reçu des marques signalées de sa protection.
Saint Dominique avait pris dans une affection toute particulière le Vénérable Père Paul de Venise, à cause de ses admirables vertus et de sa grande ferveur. Il l’envoya un jour prêcher avec un autre religieux aussi jeune que lui ; la supérieure d'un monastère où ils se présentèrent pour être logés par charité, jugea que la parole de Dieu ne pouvait avoir une grande efficacité dans la bouche d'hommes aussi jeunes, et elle les méprisa ; mais la nuit suivante, elle en fut sévèrement reprise par la Sainte Vierge elle-même, qui lui fit connaître que ces religieux et tous ceux de leur Ordre étaient sous sa protection, et que Dieu, qui s'était servi du jeune Daniel pour corriger le jugement des deux vieillards de Babylone, saurait bien donner le don d'éloquence à ces religieux qui, dans leur jeunesse, renonçaient si généreusement au monde et pratiquaient la perfection la plus sublime ; que c'étaient là proprement ses enfants, et qu'elle se gardât bien d'en avoir une opinion si indigne. La religieuse se repentit de son jugement précipité, et le lendemain fit à ses hôtes l'accueil le plus charitable et le obligeant qu'il lui fut possible. Au moment de la mort de ce jeune religieux, il plut à Notre Seigneur de faire connaître combien sa vie lui avait été agréable, et la récompense qu'il lui destinait.
Un Frère Prêcheur, envoyé chez les Cumans, craignait qu'un tel voyage ne fût inutile à lui-même autant qu'à ce peuple, et troublé dans son âme, il conjura un saint religieux Cistercien d'intercéder en sa faveur près de Dieu. Le religieux, ému de compassion, passa la nuit suivante en prières, et il eut une vision. Il lui semblait voir un grand fleuve, sur le fleuve un pont, et des religieux de divers Ordres passaient le pont, l'allégresse au visage; mais, seuls, les Frères-Prêcheurs, au contraire, luttaient au sein du fleuve, essayant de le franchir à la nage, et chacun d'eux traînait un char couvert d'hommes. Quelques-uns défaillaient sous l'excès de la fatigue ; mais aussitôt la bienheureuse Vierge Marie s’inclinait vers eux, et les soutenant de la main, les conduisait au rivage. Là, Elle les accueillait, ainsi que ceux qu'ils avaient sauvés, et les conduisait tous, ivres de joie, dans des lieux d'une ineffable beauté. Le Cistercien fit part de cette vision au dominicain tenté, qui partit aussitôt pour remplir sa mission. Il comprit que les Frères voués au salut du monde, devaient affronter des travaux plus rudes que ceux des religieux occupés uniquement à leur propre salut ; mais que ces travaux, plus féconds en fruits, gardaient à l'âme d'inénarrables joies, et que la bienheureuse Vierge les partagerait (Vitæ fratrum, lib. I, cap. VI).
II. Marie est la mère de tous les chrétiens ; mais Elle est en particulier la mère des Frères Prêcheurs qu'elle a enfantés, nourris, élevés, revêtus, protégés, institués héritiers du saint Rosaire. Ne craignons donc ni pour nous ni pour notre maison, c'est-à-dire pour notre famille spirituelle le grand froid, la neige, ou le souffle glacial du monde et de l'enfer ; car Marie nous a couverts d'un double vêtement, qui est notre scapulaire. Elle a donne' une riche ceinture aux Cananéens, c'est-à-dire le très Saint Rosaire aux Frères Prêcheurs, qui font le commerce des âmes, comme les Cananéens faisaient celui des étoffes précieuses.
Marie a présidé à la naissance de cet Ordre ; Elle en a béni les accroissements, multiplié les rejetons, protégé tous les âges, et ne cessera, jusqu'à la fin des siècles, nous en avons la douce confiance, de conserver en lui, de renouveler, s'il est nécessaire, dans toute sa vigueur, cet esprit primitif du saint patriarche Dominique, sève abondante qui lui fait produire, depuis six siècles, les fruits savoureux qui font la joie des anges et les délices du ciel.
Amour donc ! Oui, amour sans bornes à Marie, la céleste Mère de l'Ordre de saint Dominique ! Amour à ce Lys prédestiné dont le suave parfum nous réjouit et nous fortifie ! Amour à la sainte rosée qui ranime notre âme épuisée, fatiguée par la lutte des passions ! Amour à celle que l'Église appelle l'Étoile du Matin, splendide avant-courrière du soleil de justice, dont le doux éclat nous guide dans notre voie aride ! Que les cieux et la terre chantent la Vierge Marie ! Que les flots bruyants de la mer, l'avalanche qui se détache du rocher avec le bruit du tonnerre, que les vents mugissants dans les grands sapins, joignent leur cantique aux nôtres ! Et toi, petit oiseau qui rases la terre, chante-la aussi bien que l'aigle majestueux qui s'envole vers le soleil ; car, par un prodige d'amour qui nous confond, nous savons que, pendant que des millions d'archanges chantent de cieux en cieux sa gloire, Marie prête une oreille maternelle aux plus humbles louanges de ses enfants, et c'est pour cela que, quoique je ne sois qu'une petite fauvette sans voix et sans mélodie, j'ai essayé de la chanter pendant ces trente et un jours !...
Ô douce Patronne, il s'est écoulé comme un jour ce mois passé à vos pieds bénis, et mon frêle esquif va quitter l'anse tranquille où il était amarré à votre ombre tutélaire, pour reprendre la pleine mer orageuse de la vie ; ah ! permettez qu'il ne s'éloigne que chargé des fruits des méditations et des exemples que mon âme a savourés pendant ce mois.
Sainte Protectrice de notre Ordre, soyez toujours mon phare lumineux ; souvenez-vous, Mère chérie, que je navigue au milieu des écueils, aidez-moi à diriger mon esquif ; que la prudence soit mon gouvernail, l'humilité et la charité mon lest, la soumission à la volonté de Dieu ma boussole, votre protection maternelle, Vierge sainte, mon ancre d'espérance; que malgré les dégoûts et les amertumes qui, comme une mer houleuse, inonderont souvent mon âme, la voile de ma patience ne se déchire jamais, et que, comme l'arche de Noé, je surnage toujours avec persévérance sur les grandes eaux de la tribulation, jusqu'au port du salut éternel. Amen.
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Fin du Mois de Marie Dominicain
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Le Mois de Marie Dominicain
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Marie honorée par les Saints et les Saintes de l’Ordre de Saint Dominique
Trentième jour
Marie, Reine des Martyrs
« La seule présence de Marie sur le Calvaire auprès de son Fils mourant, suffit pour nous montrer quel martyre Elle souffrit, et combien sa patience fut constante et sublime. Ce fut alors que par sa patience, Elle devint notre Mère et nous ses enfants à la vie de la grâce » (Saint Albert-le-Grand).
I. Marie n'était pas seulement auprès de la croix, les yeux noyés de larmes, et contemplant les blessures de son Fils, Elle s'y tenait debout !... Les rochers se brisent par morceaux, et Marie ne perd rien de sa force. Son cœur est comme une mer d'amertume dont les vagues montent jusqu'au ciel ; mais elle conserve son calme, résiste à la tempête et ne s'écarte en rien de la volonté du Seigneur. Toutefois cette conformité à la volonté divine ne l'empêche point de sentir une immense douleur quand elle jette les yeux sur son Fils adoré et souffrant. (Vénérable Louis de Grenade, Méditation sur la Passion).
Ah ! Vraiment, Vierge sainte, il n'y a pas de martyre semblable à votre martyre, parce que parmi les créatures, il n'y a pas d'amour semblable à votre amour !
C'est le souvenir de la Passion de Jésus et du martyre de Marie au pied de la croix qui a fait la force de tous les martyrs, et les a rendus supérieurs à la douleur.
Dès l'origine de l'Ordre de Saint Dominique, l'enfer qui prévoyait le grand nombre d'âmes qu'il lui arracherait, se rua sur lui avec tant de rage, que les documents officiels portent à 13 300 le nombre des martyrs de l'Ordre pendant le premier siècle de son existence. Les savants auteurs de l'ancienne Année Dominicaine comptent 26 000 martyrs pendant son quatrième siècle.
À Saint Dominique et à l'arme du Rosaire dont il se servit par l'inspiration de la très Sainte Vierge, appartient la gloire d'avoir perlé à l'hérésie des Albigeois un coup mortel ; mais il fut donné aux religieux de son Ordre d'en éteindre les dernières étincelles dans leur sang généreux. En vingt ans le seul couvent de Toulouse eut l'insigne honneur de fournir douze martyrs à la cause de Jésus-Christ et de sa très Sainte Mère. Les trois derniers furent Guillaume Arnaldi, Bernard de Rochefort et Garcias d'Aure.
Le Bienheureux Guillaume Arnaldi, connu par son zèle pour la foi et le culte de la Sainte Vierge, objet des blasphèmes des hérétiques, avait reçu du pape Grégoire IX l'ordre de s'opposer à leurs tentatives criminelles. Il s'acquitta de ce devoir avec une vigueur apostolique qui fit naître contre lui une haine farouche dans le cœur des sectaires. Un jour qu'il était venu avec Bernard de Rochefort et Garcias d'Aure et trois prêtres à Avignonnet, pour remplir les devoirs de son ministère, ils furent surpris par les perfides hérétiques dans l'église même du lieu. Ils furent massacrés pendant qu'ils chantaient le Te Deum qu'ils avaient entonné en action de grâces de ce qu'ils avaient été jugés dignes de recevoir la couronne du martyre. La cruauté des sectaires s'exerça surtout sur le Bienheureux Guillaume, qui fut criblé de blessures, et à qui les hérétiques arrachèrent cette langue qui avait si souvent proclamé les grandeurs de Marie et les avait si souvent confondus.
À la nouvelle de ce meurtre sacrilège, le pape Grégoire IX frappa d'interdit l'église où il s'était passé. Au bout de quarante années, les habitants, alors tous revenus à la foi catholique, envoyèrent des députés à Rome pour obtenir la levée de l'interdiction. Or, au jour même où cette grâce leur était accordée à Rome, on trouva à Avignonnet l'église miraculeusement ouverte, dès le matin, quoique la porte fût fermée avec d'énormes barres de fer ; et les cloches, muettes depuis si longtemps, sonnèrent d'elles-mêmes, sans aucune impulsion humaine, pendant toute une nuit et un jour.
À l'entrée de l'église, les habitants d'Avignonnet trouvèrent une magnifique statue de la Vierge Marie. La Mère de Dieu, outragée par les hérétiques, défendue par les saints martyrs, manifestait par cette apparition inexplicable et sa propre gloire et celle des intrépides défenseurs de son culte. Depuis lors, les Chrétiens du pays, pleins de reconnaissance pour ce bienfait de Marie, voulurent en perpétuer le souvenir par une fête annuelle, qui se célèbre le premier mardi de juin, et où on porte en triomphe l'image de la Reine du ciel.
Un grand nombre de personnes de toute condition viennent, à cette date, de tous les environs, et, un cierge à la main, parcourent en se traînant sur leurs genoux la nef de l'église jusqu'au tableau du maître-autel, qui représente la glorification des martyrs.
Arrivés là, les pieux pèlerins terminent leur pénible trajet, en baisant une petite image de la Sainte Vierge, que le prêtre leur présente. Cet acte porte le nom de Vœu ; il constitue une double réparation : l'une, envers Marie, horriblement blasphémée par les Albigeois ; l'autre, envers les sains martyrs, dont le sang a été si cruellement répandu dans le lieu même. Les premiers convertis s'engagèrent à cet acte d'expiation en l'honneur de la sainte Vierge et de ses serviteurs. Voilà bientôt six cents ans que leurs enfants sont fidèles à remplir ce vœu de leurs ancêtres.
Un novice du couvent de Sandomir, où le Bienheureux Sadoc était Prieur, lisant, selon l'usage, le martyrologe après les matines, vit, écrites en lettres d'or, ces paroles prophétiques : « À Sandomir, le martyre de quarante religieux de l'ordre des Frères Prêcheurs ».
Le saint religieux et ses frères, saisis d'étonnement, comprirent que Dieu voulait par ce prodige les avertir de se préparer au martyre. En effet, le lendemain, les Tartares prirent la ville d'assaut, se précipitèrent sur le couvent des Frères Prêcheurs et massacrèrent le Bienheureux Sadoc, avec ses religieux, au nombre de quarante, pendant qu'ils chantaient au chœur le Salve Regina, que la fureur impétueuse de leurs bourreaux ne put leur faire interrompre. De là vient, dans l'Ordre de saint Dominique, la coutume de chanter le Salve Regina auprès des religieux mourants.
Un jeune novice, qui s'était caché pour échapper à la mort, entendit une mélodie céleste devenir plus sensible à mesure que les saints confesseurs étaient massacrés. Ne voulant pas perdre sa place dans ce glorieux concert de triomphe et d'amour, il courut rejoindre ses frères et cueillit avec eux la palme du martyre.
Marie est toujours la Reine des martyrs: toujours Elle fortifie et console les martyrs dans leurs tourments ; c'est Elle qui, après son divin Fils, a été la force des nombreux confesseurs de la foi que l'Ordre de Saint Dominique a eu en Cochinchine depuis plusieurs années.
Ces généreux enfants de Marie se réunissaient fréquemment dans les cachots où ils attendaient la mort,pour chanter les louanges de la sainte Vierge et réciter le saint Rosaire, sans que personne, par une permission de Dieu, les en empêchât. Un dominicain indigène, le Père François Du-yet, avait été arrêté par les mandarins qui, après lui avoir fait plusieurs questions, se mirent à vomir les plus horribles blasphèmes contre la pureté virginale de la Mère de Dieu. L'humble religieux, en vrai enfant de Saint Dominique, prit avec courage la défense de la Vierge Marie. L'orgueilleux mandarin, se voyant confondu, le fit fouetter avec cruauté une seconde fois. Le 19 novembre 1859, le défenseur de Marie fut condamné à avoir la tète tranchée ; ce ne fut qu'au septième coup seulement que l'âme du saint martyr quitta son enveloppe pour s'envoler vers son Créateur. Jusqu'au quatrième coup, on l'entendit prononcer les noms de Jésus et de Marie qui faisaient sa force. (Extrait de la persécution du roi Tu-Duc, dans le Tong-King central, par Mgr Valentin Ochoa, dominicain, martyrisé en 1862).
II. Pour tous la vie est un combat, pour presque tous un martyre douloureux, plus ou moins long ; aussi élevons-nous tous nos supplications vers Vous, Vierge Marie, qui, par vos douleurs et votre patience au pied de la Croix avez mérité le nom de Reine des martyrs. Rappelez-vous sans cesse que votre divin Fils, pour expier les iniquités du monde, a voulu ressentir toutes les douleurs et les supporter avec une inaltérable patience ! Répétez-nous, ô Marie, que l'acceptation généreuse de la souffrance est une vertu pour l'innocent et la seule voie de salut qui reste au pécheur. Quand, justes ou pécheurs, nous portons notre croix, faites que nos pensées s'élèvent toujours vers la montagne de la grande et sublime expiation !... Et si, en chemin, notre âme si faible, abattue, murmurant sous le poids de son martyre, était prête à succomber, divine Marie, montrez-nous alors la face meurtrie, le corps déchiré, les pieds sanglants et la couronne d'épines de votre Jésus; dévoilez-nous quelques-unes des tortures de votre cœur maternel, et dussions-nous ensuite, comme les martyrs, verser tout notre sang, avec le secours de votre intercession nous le ferons généreusement, et les joies de Jésus, couronné de gloire dans le ciel, deviendront les nôtres, puisque nous aurons partagé sur la terre ses douleurs et les vôtres. Amen.
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Le Mois de Marie Dominicain
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Vingt-neuvième jour
Marie, Refuge des pécheurs et Consolatrice des affligés
« Il ne nous sied pas d’ouvrir la bouche devant le Seigneur que nous avons tant offensé ; mais c’est Marie qui parlera et intercédera pour nous… Vierge Sainte, vous ne pouvez pas mépriser les pécheurs, puisqu’ils sont causes que vous êtes Mère de Dieu » (Saint Albert-le-Grand).
I. Marie assura à la bienheureuse Villana, qu'après le titre de Mère de Dieu, il n'en est point dont elle se glorifie davantage que celui d'Avocate des pécheurs.
La confiance que le bienheureux Égidius avait en Marie, refuge des pécheurs et consolatrice des affligés, lui obtint de recouvrer, après sept années de pénitences sévères et de ferventes prières, une donation qu'il avait eu le malheur de faire de lui-même au démon. Cette Vierge sainte, le refuge des pécheurs repentants et la terreur des démons, obtint à Égidius que la cédule impie par laquelle il avait livré son âme à Satan, lui fût rendue. Par ses ruses, l'esprit de ténèbres voulait nuire, non-seulement à Egidius, mais à beaucoup d'autres; mais, par l'intercession de Marie, la miséricorde de Dieu le sauve, le sanctifie et convertit par lui une grande multitude de pécheurs.
« Oh ! Oui, mon Dieu ! Votre miséricorde surpasse toutes vos œuvres... elle donne la vie, elle donne la lumière qui fait connaître votre clémence à toute créature, dans les justes et dans les pêcheurs; elle brille au plus haut des cieux dans vos saints, et si je regarde sur la terre, elle y abonde ». (Dialogue de sainte Catherine de Sienne).
Marie déclara à sœur Benoîte, l'humble bergère du Laus, que son Fils lui avait donné ce lieu pour la conversion des pécheurs ; et comme Benoîte devait être son auxiliaire terrestre dans cette œuvre sublime, on ne la rencontra plus que le Rosaire à la main, et ses yeux innocents exprimaient la gravité de ses pensées.
Mais ce qui augmenta et dilata encore son zèle pour la conversion des pécheurs fut l'apparition de Notre-Seigneur crucifié et couvert de sang : « Ce que vous me voyez souffrir, ma fille, lui dit le Sauveur, n'est pas ce que je souffre à présent ; mais c'est pour vous faire voir ce que j'ai souffert pour les pécheurs et quel est l'amour que je leur porte ! » Cette vue douloureuse lui ôta la parole pendant deux jours et l'eût privée de vie, si elle se fût prolongée.
L'excès des douleurs qu'elle ressentit à cette occasion lui fit comprendre quelque chose de ce que le Fils de Dieu et sa sainte Mère avaient souffert sur le Calvaire, et combien les âmes leur avaient coûté ; la vive compassion qu'elle avait ressentie lui fit éprouver le reste de sa vie, tous les vendredis, une sorte de crucifiement, et elle fut honorée des stigmates de la passion de Jésus. Elle comprit qu'il n'y a point de barrière plus forte contre le péché que le souvenir d'un Dieu expirant, ni de levier plus puissant pour retirer les pécheurs de la fange du vice. La glorieuse Mère du Sauveur lui apparut peu après cette apparition, la consola et l'avertit de prier beaucoup pour la conversion des pécheurs, puisque c'était pour eux que son Fils s'était soumis à une mort si cruelle.
Qui nous dira les nouvelles ardeurs dont ces grâces enflammèrent le zèle de Benoîte pour la conversion des pécheurs ?
Sauver les âmes, les ramener à leur Dieu était la fin de toutes ses pensées, de tous ses entretiens, de toutes ses bonnes œuvres. Pour elles, Benoîte passait les jours et les nuits en prières ; pour elles, elle offrait à Dieu ses communions, ses jeûnes, ses souffrances, ses macérations,et quand, à force de verser des larmes la source en était tarie, de ses yeux coulait du sang.
Elle employait mille pieuses industries pour les toucher et les gagner, et volontiers elle eût acheté le salut d'une seule âme par l'effusion de tout son sang.
Une fois, pendant une extase, la vénérable Mère Hippolyte de Rocaberti vit Notre Seigneur irrité contre le monde coupable et résolu de le châtier ; alors la très Sainte Vierge l'engagea à entrer dans la plaie du côté de Jésus pour le conjurer, par cet amour immense qui lui avait fait supporter tant de souffrances et ouvrir son cœur pour tous les hommes, de daigner leur pardonner leurs péchés.
Un jour qu'elle était affligée par un mal d'yeux qui la rendait presque aveugle, elle pria la Mère de bonté de l'assister dans cette peine ; à l'instant celle-ci lui apparut, et rendit à ses yeux la vue et l'éclat de ceux des colombes.
Une autre fois qu'elle était toute triste et désolée, la Vierge Marie la consola par ces paroles : « Tace, ama, spera, taisez-vous, aimez et espérez ».
Un autre jour que le démon l'inquiétait beaucoup au sujet des livres qu'elle composait lui disant que tout cela n'était qu'orgueil et perte de temps, et que, jamais ils ne verraient le jour, espérant ainsi la détourner d'écrire, elle eut recours à la Consolatrice des affligés, et pendant qu'après matines, elle récitait en son honneur le Rosaire, ce qu'elle faisait exactement chaque jour, ces paroles qu'elle avait dites à matines lui revinrent dans l'esprit : « La crainte et le tremblement m'ont saisie, et je me suis trouvée dans l'obscurité ; j'ai dit : « Qui me donnera des ailes comme à la colombe, et je volerai et je me reposerai ».
Dans le même moment, son esprit et son cœur furent ravis au ciel où elle vit la Mère de Dieu dans une grande gloire. La sainte Vierge lui dit : « Venez dans mon sein, ma colombe, et vous y reposerez ». A peine la, vénérable Mère eut-elle entendu ces paroles, qu'il lui sembla voir son âme introduite dans ce sein virginal où elle jouit longtemps d'une paix et d'un repos ineffable, pendant lequel toutes les craintes que le démon avait voulu lui inspirer s'évanouirent entièrement. Depuis ce temps, toutes les fois que le démon voulait la troubler et lui faire de la peine, elle prononçait humblement et avec ferveur ces paroles : « Quis dabit mihi pennas sicut columbæ, et volabo, et requiescam ? » et soudain elle se sentait transportée près de Marie, sur la montagne de Sion, et hors des griffes de son adversaire infernal.
II. Ô Vierge Marie, refuge des pécheurs, consolatrice des affligés, c'est en Vous que j'espère et que j'espérerai toujours ! Lorsque j'élève vers vous mes mains suppliantes et mes yeux noyés de larmes, la douce paix qui ne peut venir que de Dieu, descend dans mon cœur. Le souvenir de mes péchés pourrait-il encore me troubler, quand je vois dans vos mains les grâces que vous êtes toujours prête à répandre sur celles qui, prosternées humblement devant vous, vous implorent, le cœur plein d'angoisse, de tristesse et de repentir ?... Vous qui, chaste et Immaculée colombe, triomphâtes du mal et de la mort, et devîntes le bouclier, le refuge, la forteresse imprenable où nous sommes à l'abri des traits enflammés de nos ennemis ! Amen.
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Vingt-huitième jour
Vocations révélées par Marie
« Quand Marie a jeté ses racines dans une âme, Elle y produit des merveilles de grâce qu’Elle seule peut produire, parce qu’Elle est seule la Vierge féconde, qui n’a jamais eu sa semblable en pureté et en fécondité » (Saint Louis-Marie Grignion de Monfort).
I. « Il nous importe souverainement de rechercher quels sont les desseins de Dieu sur nous ; car si nous entrons dans le chemin qu'il nous destine, nous trouverons tous les jours sous notre main les grâces préparées d'avance pour nos besoins, et nous arriverons sans fatigue au terme de notre pèlerinage. Si, au contraire, nous prenons une voie différente de la voie où Dieu nous appelait, par une juste punition de notre désobéissance insouciante, nous serons semblables à une armée qui s'égare dans un désert, et qui périt peu a peu de fatigue et d'inanition. (De la Vocation religieuse, par le P. Ambroise Potion).
Mon Dieu ! Puisque par tant d'exemples vous m'éclairez aujourd'hui d'une si vive lumière, je veux, sans tarder davantage, examiner devant vous avec l'aide de ma Mère céleste, quel est l'état auquel vous m'appelez ; daignez mettre dans mon cœur les dispositions nécessaires pour une recherche si importante à votre gloire et à mon salut !
Le bienheureux Jourdain de Saxe excitait souvent son ami Henri de Cologne à suivre l'attrait qui l'appelait à la vie religieuse, et il rapporte ainsi son entrée dans l'Ordre de Saint-Dominique : « Je lui disais donc : « Quel plus grand mérite, quelle plus glorieuse couronne, que de nous rendre participants de la pauvreté du Christ et de ses apôtres, et d'abandonner le siècle par amour pour Lui ! » Mais bien que sa raison le fit tomber d'accord avec moi, sa volonté lui persuadait de me résister. La nuit même où nous venions de tenir ce discours, il alla entendre matines, dans l'église de la bienheureuse Vierge, et il y demeura jusqu'à l'aurore, priant la Mère du Seigneur de fléchir ce qu'il sentait de rebelle en lui ; et comme il ne s'apercevait pas que la dureté de son cœur fût amollie par sa prière, il commença à dire en lui-même :
« Maintenant, ô Vierge Bienheureuse, j'éprouve que vous n'avez point compassion de moi, et que je n'ai point ma place marquée dans le collège des pauvres du Christ ! » Il disait cela avec douleur, car il souhaitait la pauvreté, quoiqu'il n'eût pas le courage de l'embrasser de lui-même, et il allait se retirer de l'église de Notre-Dame ; triste de n'avoir point obtenu la force qu'il avait demandée. Mais à ce moment Celui qui regarde d'en haut les humbles, renversa les fondements de son cœur ; des ruisseaux de larmes arrivèrent à ses yeux; toute la dureté qui l'opprimait fut brisée, et le joug du Christ, auparavant si dur à son imagination, lui apparut ce qu'il est réellement, doux et léger. Il se leva dans le transport de sa joie, et courut auprès de Frère Reginald, entre les mains duquel il prononça ses vœux ». (Vie de saint Dominique).
Le jeune et illustre Tancrède, favori de l'empereur Frédéric II, s'adressait fréquemment à la sainte Vierge, la conjurant, par son intercession auprès de Dieu, de lui faire connaître l'état de vie dans lequel il serait le plus agréable au Seigneur, bien résolu de le prendre, quel qu'il pût être. Il y avait quelque temps qu'il persévérait dans sa demande, lorsqu'un soir la Mère de Dieu lui apparut, et lui dit : « Tancrède, vous demandez que je vous montre un état qui soit propre à assurer votre salut : allez donc, et entrez dans mon Ordre ». Puis Elle disparut. Tancréde, fort embarrassé, car il ne savait de quel Ordre la sainte Vierge avait voulu lui parler, s'endort l'esprit rempli de ce qu'il avait entendu. Pendant son sommeil, deux Frères Prêcheurs, dont l'Ordre lui était entièrement inconnu, se présentent à lui, et le plus âgé, lui dit : « Vous avez demandé à Dieu, par l'intercession de la sainte Vierge, de vous enseigner une voie sûre pour votre salut ; levez-vous promptement ; il faut que vous passiez le reste de vos jours avec nous ».
Le lendemain matin, en allant à la messe, Tancrède rencontra le prieur des Dominicains de Bologne, et après l'avoir considéré attentivement, il reconnut avec surprise que c'était bien le religieux qu'il avait vu en songe. Il l'aborde. et lui exposa tout ce qui lui était arrivé. Puis ne doutant plus alors de la volonté de Dieu, il renonça sans regret à tous les avantages que lui offrait le monde, pour se consacrer au Seigneur dans l'Ordre de Saint Dominique, où il vécut et mourut saintement.
Un enfant de bonne famille ressuscité par l'intercession de Saint Dominique, et qui, pendant que son âme était séparée de son corps avait en connaissance de la béatitude des saints et en particulier de la gloire de notre bienheureux Père, résolut, lorsqu'il fut devenu grand, de renoncer au monde pour mener une vie mortifiée et d'entrer dans l'Ordre de Saint Dominique, pour mériter d'avoir part un jour au même bonheur que lui. Il cacha longtemps cette grâce, et ne l'aurait peut-être jamais fait connaître, si la charité ne l'y eût obligé dans l'occasion suivante : Il y avait à Paris dans le même couvent que lui un novice fortement tenté de retourner dans le monde ; il lui parla en secret, et lui dit : « Si vous saviez, mon frère, la grâce que Dieu vous a faite en vous appelant à l'Ordre de Saint-Dominique, non-seulement vous ne chercheriez pas à le quitter ; mais vous en chercheriez plutôt un autre encore plus austère. Je vous découvrirai, pour vous en convaincre, ce que je n'ai encore déclaré à qui que ce soit. J'étais enfant, lorsqu'il plut a Dieu de me retirer de ce monde ; mais pendant le temps que je fus, à ce qu'il me semblait, dans le ciel, je vis de si belles choses, surtout sur la gloire admirable de Saint Dominique que Notre-Seigneur avait fait arbitre de ma résurrection, qu'il n'y a pas de peine au monde que je ne sois prêt à souffrir pour y arriver; c'est pourquoi, je vous en conjure, ayez bon courage, le travail est court, et la gloire éternelle ; mais pour en obtenir la couronne, il faut nécessairement l'obtenir par la victoire dans le combat ». Cet aveu dissipa la tentation du novice, et il persévéra avec ferveur dans l'Ordre toute sa vie. Ce religieux qui l'avait soutenu dans la pratique de la mortification, y excellait lui-même ; il était surtout admirablement silencieux, il ne parlait jamais qu'il n'y fût obligé ou même forcé; mais alors il disait tant de choses admirables sur le paradis, la gloire des saints, celle de la sainte Vierge et la nature des Anges, qu'il embrasait les cœurs de tous ceux qui l'écoutaient, du désir du ciel, et les disposait à souffrir toutes les pénitences possibles, en vue de l'immense récompense qui doit les suivre.
Plusieurs docteurs habiles, parmi lesquels était le confesseur de Sainte Rose de Lima, considérant son aversion pour le monde, son dégoût pour le mariage, son attrait pour la solitude, l'oraison et les macérations, jugèrent qu'elle devait entrer dans un couvent cloîtré, et ménagèrent son entrée dans celui des Augustines. Il ne s'agissait pour Rose que d'échapper à sa famille. Le dimanche suivant fut choisi pour le jour de sa fuite ; elle partit en effet, ce jour-là, accompagnée de son frère, confident de son projet, et à l'insu de ses parents.
En passant près de l'église de Saint Dominique, où était la chapelle du Saint-Rosaire, elle voulut y entrer pour se recommander à la glorieuse Vierge, et lui demander sa bénédiction. Mais à peine eut-elle fléchi les genoux au pied de son autel, qu'elle se sentit comme clouée à terre.
Son frère la pria de partir, lui disant qu'elle prierait tant qu'elle voudrait dans le monastère. Rose, ne voulant pas découvrir à son frère l'empêchement qui la retenait, fit tous ses efforts pour se lever et le suivre, mais inutilement. Celui-ci, revenant pour la troisième fois de la porte de l'église, montra quelque impatience, et lui dit qu'elle courait le risque de retomber entre les mains de ses parente. Contrainte alors d'avouer son impuissance, elle pria son frère de la soulever, ce qu'il entreprit de faire, mais sans aucun succès ; on eut dit un rocher enraciné dans le sol, ou une masse de plomb trop pesante pour être mue par un homme. La sainte comprit ce que ce miracle signifiait : « Ou Dieu n'approuve pas, se dit-elle, que je quitte mes parents, ou bien la retraite que j'ai choisie n'est pas celle qu'il me destinait ». Alors, s'adressant à la Reine des Anges, elle lui dit :
« Je vous promets, auguste Marie, de retourner sur-le-champ auprès de ma mère et de rester près d'elle jusqu'à ce que vous me donniez l'ordre d'en sortir ». À peine eut-elle achevé ces paroles, qu'elle put se lever sans aucune difficulté et retourner chez elle. Les tentatives qu'elle fit pour entrer dans le Carmel furent également sans succès. Marie qui réservait cette Rose de vertus pour l'Ordre de son serviteur Dominique, lui fit comprendre par des signes non équivoques qu'elle devait entrer dans le Tiers Ordre de Saint Dominique.
Un jour que la Bienheureuse Agnès de Jésus demandait avec larmes de sortir promptement de ce monde pour aller se réunir à l'Époux céleste, Notre Seigneur lui dit : « Tu m'es nécessaire pour la sanctification d'une âme qui doit servir à ma gloire ». Peu de temps après, la très Sainte Vierge lui apparut, et lui fit entendre ces paroles : « Prie mon Fils pour l'abbé Olier », Agnès ne connaissait point cet abbé ; mais la recommandation de Marie lui inspira pour cette âme une charité incroyable ; elle consacra trois ans de prières, d'austérités et de larmes à lui mériter la grâce abondante du salut et de la sanctification. Elle joignit à ses pénitences excessives les soupirs ardents de son cœur, et d'abondantes larmes.
Après ces trois années, Dieu fit connaître d'une manière prodigieuse à Agnès l'homme qui était pour elle l'objet d'une si vive sollicitude. L'abbé Olier, fervent serviteur de Marie, s'adonnait alors aux exercices d'une sérieuse retraite dans la maison de Saint Vincent de Paul. Il était dans sa chambre en oraison, lorsque, tout à coup, il voit paraître devant lui une personne revêtue de l'habit de Saint Dominique. C'était Agnès, miraculeusement transportée de Langeac à Paris. Une gravité sainte, une douce majesté embellissaient sa pâle figure ; des pleurs coulaient de ses yeux. D'une main elle tenait un crucifix, et de l'autre un Rosaire. Son Ange gardien, d'une beauté resplendissante, portait l'extrémité de sa chape noire ; il tenait de l'autre côté un mouchoir pour recevoir les larmes dont la figure de la vénérable Mère était baignée ; elle ne lui dit que ces paroles : « Je pleure pour toi », et elle disparut.
Ce langage alla au cœur de l'abbé Olier et le remplit d'une douce tristesse. Dès lors il entrevit les grands desseins que Dieu avait formés sur lui et toute la miséricorde de Marie à son égard. Il regarda, après Elle, la Bienheureuse mère Agnès comme sa mère spirituelle, et lui attribua toutes les grâces particulières qui firent de lui l'ornement et la gloire du clergé de France, l'un des plus saints prêtres de l'Église, et l'homme vraiment apostolique suscité pour réformer le clergé, et par lui, le peuple chrétien.
II. Ô Marie, vous que l'Église appelle la Porte du ciel et l'Étoile de la mer, brillez à nos yeux, dissipez les nuages épais qui nous environnent, et laissez luire à nos regards une de ces vives lumières qui indiquent la voie à suivre. Mais par-dessus tout, armez-nous de courage pour correspondre à. la voix intérieure et à la vérité connue, car il y en a plusieurs qui ne voient point et qui n'entendent point, parce qu'ils ne veulent point entendre, et parce qu'ils ne veulent point voir. Dieu frappe à la porte de notre cœur; mais si nous refusons de l'ouvrir, il ne s'est point engagé à nous attendre et à frapper plusieurs fois. C'est pourquoi comme Henri de Cologne, Tancrède et tant d'autres, armons-nous de courage, et si nous entendons sa voix n'endurcissons point nos cœurs, (Ps. 44.).
Parlez, Seigneur, votre servante vous écoute. Que voulez-vous que je fasse, ô Marie ? C'est vers vous que j'élève mes regards ; dirigez, Mère de lumière, dirigez mon cœur vers votre divin Fils, afin que j'entre dans la voie où je dois le servir, et que j'obtienne ainsi la fin pour laquelle j'ai été créée, le bonheur de le voir et de le posséder avec vous pendant l'éternité. Amen.
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Le Mois de Marie Dominicain
Le Mois de Marie Dominicain
Marie honorée par les Saints et les Saintes de l’Ordre de Saint Dominique
Vingt-septième jour
Amour envers Marie
« Aimons toujours davantage Notre Seigneur ! Aimons Marie ! Aimons Jésus jusqu'à l'ivresse ! Aimons Marie jusqu'à la passion !… » (Lettre du Père Schaffausser)
I. Albert le Grand applique à Marie ces paroles de la Sagesse : « Je préviens ceux qui me désirent et je me montre à. eux la première. Oh ! Qu'il est facile, ajoute-t-il, de trouver Marie quand on l'aime ! » Le Saint en avait fait la douce expérience ; on peut dire qu'il ne vivait que de Marie, que pour Marie, qu'avec Marie !
Un matin que le bienheureux Henri Suso était assoupi, il entendit sonner les fanfares qui annonçaient le retour du jour ; il se prosterna aussitôt contre terre en saluant son Étoile d'amour, la Reine souveraine du ciel ; il lui chanta dans son âme un cantique délicieux, avec cette effusion de joie que font paraître pendant l'été les oiseaux des champs quand ils saluent l'aurore. Une voix mélodieuse lui répondit intérieurement par ces mots : « Maria, stella Maris, hodie processit ad ortum ». Alors son allégresse n'a plus de bornes ; il chante avec Marie, qui chante dans son cœur. Il répète les paroles qu'il a entendues, et tout entier à Celle qui lui parle, il s'efforce de s'unir tout à Elle par ses adorations, par ses aspirations les plus fortes et les plus passionnées ; et Marie se penchant avec bonté vers son serviteur lui dit : « Plus tu m'aimeras sur la terre, plus je t'aimerai tendrement dans le ciel, et plus aussi, tu me seras uni au jour de l'éternelle clarté ».
Ces paroles anéantirent d'amour le jeune homme, et de ses yeux coulaient deux fontaines de larmes. Des grâces semblables lui étaient accordées pendant ses prières du matin, lorsqu'à l'aurore il se prosternait trois fois en embrassant la terre et en saluant ainsi l'éternelle Sagesse : « Mon âme a soupiré après vous toute la nuit, et dès le matin mon esprit s'est empressé de vous louer du plus profond de son être ». Ensuite il s'adressait à la chère étoile de lumière et d'amour, à Marie, la Mère du Verbe incarné, et il activait tellement son amour pour Dieu et Marie qu'il devenait comme un foyer d'amour, et que ses paroles étaient des flammes qui embrasaient tous les cœurs.
Le bienheureux Henri de Caltris prit l'habit religieux fort jeune au couvent de Louvain, il avait un grand amour pour la Reine des anges, qui, pendant son noviciat, lui apparut tout étincelante de lumière. Elle lui demanda son cœur, et depuis il eut un si grand amour pour Elle qu'aucun saint ne l'a surpassé dans cet amour. Aussi Marie venait elle à son secours toutes fois qu'il l'invoquait dans ses tentations.
Pendant que la bienheureuse Esprite était en pension, elle se levait ordinairement à minuit et priait pendant une heure devant un tableau de la Vierge qui était prés de son lit. Une de ses compagnes qui l'observait en secret, a dit plus d'une fois qu'Esprite, après avoir récité son chapelet, les litanies de la Mère de Dieu et plusieurs autres prières en son honneur, s'abandonnait à des transports d'amour pour la sainte Vierge, pendant lesquels elle lui donnait les plus tendres noms, l'appelant sa dame, sa maîtresse, sa souveraine, sa protectrice, sa Mère, sa toute belle; toute puissante, tout aimable princesse ; et faisant une inclination à chaque titre d'amour qu'elle lui donnait, elle s'efforçait d'inspirer des sentiments d'amour pour Marie à ses jeunes campagnes ; elle leur parlait sans cesse de ses perfections avec tant de force et d'onction, que ces jeunes coeurs en étaient tout attendris. Elle avait la Mère de Dieu si présente à son souvenir que toutes les fois qu'elle avait à monter les degrés qui conduisent à la tribune intérieure de l'église du monastère, on la voyait s'arrêter à la porte et faire de profondes révérences, accompagnées de ces petites façons que l'on fait à ceux qu'on prie par honneur d'entrer les premiers. Elle avait sans doute dans ce moment une pensée vive de la présence de la Mère de Dieu. et c'était là ce qui l'obligeait à lui rendre ces marques d'honneur et de respect.
Le bienheureux Jacques Salomon, ayant perdu de bonne heure les appuis de son enfance, prit Marie pour mère et lui consacra sa vie entière. « À peine peut-il bégayer quelques syllabes que le nom de Marie est sans cesse sur ses lèvres. Ses délices et sa joie sont de célébrer les louanges de Marie ; la plus précieuse récompense de ses travaux, c'est un regard de Marie ; son repos, son délassement dans les exercices d'une vie austère et pénitente, c'est d'aller répandre son cœur au pied de l'autel de Marie ; l'arme puissante qu'il emploie pour conquérir les âmes, c'est le Rosaire de Marie, et la ferveur des Ave Maria qui sortent de sa bouche fait fleurir en plein hiver les roses des cloîtres de son couvent ; enfin son espérance à l'heure de la mort, c'est Marie Mère de miséricorde qu'il invoque avec l'amour d'un enfant et la foi d'un prédestiné ». (Méditations sur la vie et les vertus des saints et des bienheureux de l'Ordre de saint Dominique).
II. Votre gloire immense, Vierge sainte, n'a nul besoin de mes humbles hommages et de mes louanges imparfaites, et si je n'écoutais que le profond sentiment de mon incapacité et de ma misère, je ferais silence, car mon âme ne peut décrire cet amour qu'elle sent si bien. Mille fois j'ai senti que rien ne peut rendre l'immensité de mon amour pour vous, ô Marie !
Je puis décrire l'océan et la vague qui bouillonne et se brise sur le roc, les hautes futaies qui gémissent sous le vent qui tourbillonne, l'éclair qui dissipe une seconde les ténèbres, pour en mieux faire sentir l'horreur ; je puis chanter le parfum des fleurs nouvelles, le ruisseau qui murmure, les pics neigeux qui portent jusqu'au delà des nuages le témoignage de la puissance de Dieu ; la beauté de l'aurore naissante ; mais qu'est auprès de vous, divine Vierge, ravisseuse des cœurs, tout ce que la terre renferme de beau, de suave, de doux !... Mais, ô profond mystère qui nous confond et nous ravit d'amour ; vous nous dites, vous nous prouvez, ô Mère si tendre ! Que vous aimez les louanges et les hommages de vos enfants quand ils sortent d'un cœur tout à vous, et que vous cessez d'écouter l‘harmonieux concert des archanges, pour prêter l'oreille aux humbles accents d'amour de la plus obscure de vos filles. Aussi, mon âme enivrée d'amour et de reconnaissance pour vous, auguste Mère de Dieu, vous offrira toujours ses hommages sur la terre, en attendant qu'elle puisse aller vous aimer sans fin, au ciel avec les esprits bienheureux. Amen.
« Vous êtes, ô ma bien-aimée Marie ! La plus belle de toutes les Vierges ; on ne vit jamais sur la terre une plus pure créature que vous ! Votre visage est un paradis plein de grâce et de pureté ; jamais ne parut ici-bas beauté plus parfaite après celle de Dieu. Vos yeux qui respirent l'amour, sont deux étoiles brillantes et belles; vos regards sont des traits qui blessent les cœurs. Vos mains sont des perles ; en les voyant, on les aime ; elles sont pleines de faveurs et de biens pour les âmes qui sont à vous ! Oh ! quand irai-je vous voir ! quand m'en irai-je vers vous, ô Marie, en soupirant d'amour ». (Couronne de Marie, octobre 1860).
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Le Mois de Marie Dominicain
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Marie honorée par les Saints et les Saintes de l’Ordre de Saint Dominique
Vingt-cinquième jour
Des Pèlerinages aux églises de Marie
« Qu'ils sont utiles aux pêcheurs les lieux consacrés par la piété a la très Sainte Vierge ! » (Mr Olier)
« Quand on est arrivé à un lien de pèlerinage, il faut rendre avec ferveur ses vœux et ses respects à Dieu, à la Vierge, ou au saint; demander instamment les grâces dont on a besoin, et surtout celle d'une parfaite conversion ». (Père Ducos).
I. Les oratoires qui, dès les commencements de l'Église, avaient été consacrés à la très Sainte Vierge, devinrent souvent, par la suite des temps, des lieux de pèlerinage à cause des miracles qui s'y opéraient. Mais pour que les pèlerinages soient utiles à nos âmes, il faut les faire comme les faisaient les saints, réfléchir sur la sainteté du but qu'on se propose, sur la sainteté du lieu qu'on veut visiter, sur les grâces à demander, sur la conduite à tenir et sur le mal à éviter pendant le voyage, et en offrir d'avance à Marie les fatigues et les privations; se mettre en état de grâce avant de partir, pour rendre méritoires les fatigues inséparables d'un long voyage, et ne pas risquer d'être surpris par les accidents auxquels on peut être exposé pendant le trajet ; se mettre sous la protection de la sainte Vierge, dont on va visiter le sanctuaire ; réfléchir sur les voyages que Notre-Seigneur faisait sur la terre pour le salut du monde, sur les voyages que les saints ont faits pour la gloire de Dieu et le salut des âmes sur le grand, important et décisif voyage que nous faisons du temps à l'éternité.
Notre glorieux Père saint Dominique nous donna le premier l'exemple de la dévotion aux pèlerinages de Marie. Notre Dame de Rocamadour, vieux sanctuaire dédié à la Bienheureuse Vierge Marie, dans une solitude sauvage et escarpée du Quercy, se souvient encore du pèlerinage que fit Saint Dominique avant de se rendre à Paris. Ce fut en sortant de Rocamadour qu'il accomplit un de ses plus éclatants miracles.
Tous les enfants de notre bienheureux Père l'imitèrent dans sa dévotion pour les pèlerinages de Marie, où le souvenir de leur passage est encore vivant.
Le vénérable Père Antoine Lequien n'alla jamais à Rome, voyage qu'il fit plusieurs fois, sans passer par Lorette, afin de vénérer Marie d'une manière plus particulière dans ce lieu qui lui est spécialement consacré ; il était cependant obligé pour cela de se détourner de plus de quarante lieues de sa route. Pendant un des séjours qu'il fit à Lorette, tandis qu'il priait Dieu dans la petite chambre de la Sainte Vierge, il vit qu'on se disposait à la balayer. Il sollicita comme une précieuse faveur la permission de remplir lui même cette fonction ; il s'en acquitta en effet avec beaucoup de respect et de ferveur. Cependant, ayant, par mégarde, heurté une des lampes suspendues dans la chapelle, l'huile se répandit sur sa tête ; il l'essuya promptement et la conserva toujours depuis comme une sorte de relique, que sa foi et sa piété lui rendaient précieuse. Pendant qu'il priait dans cette Sainte chapelle, il remarqua que les pèlerins déposaient dans le tronc des aumônes plus ou moins considérables. Son complet dénuement ne lui permettant pas de les imiter, il voulut cependant faire l'offrande qui était en son pouvoir, et qui, sans doute, ne fut pas la moins agréable à la divine Mère. Il écrivit sur un petit morceau de papier un acte de consécration et de donation entière de lui-même à Marie dans les termes les plus tendres et les plus dévoués, et l'ayant roulée étroitement, il le jeta dans le tronc, pour lui servir d'offrande.
Dans ce célèbre sanctuaire, il célébrait la Sainte Messe avec les sentiments de la plus profonde dévotion, et baisait respectueusement les petits ustensiles qu'on y conserve avec soin comme ayant servi à l'enfant Jésus et à sa sainte Mère.
Lorsqu'il arrivait à Paris, sa première visite était pour Notre Dame, qu'il prenait pour son aide et son soutien dans les affaires dont il était chargé. Dans un voyage dans le midi, il se détourna de sa route pour aller visiter une église dédiée à la sainte Vierge, sous le titre de Notre Dame de Grâce. Il visitait de même tous les lieux saints qui se trouvaient sur son chemin pendant ses voyages, pour remercier Dieu des grâces qu'il lui avait faites. Pour obtenir la victoire sur une pénible tentation, il ne craignit pas de faire deux lieues, pieds nus, pour invoquer Marie dans une chapelle plus spécialement consacrée à son honneur, et il en reçut le secours qu'il espérait.
« Au commencement du XIVe siècle, nous voyons parmi la foule des pèlerins de Notre Dame d'Einsiedeln, Sainte Elisabeth, fille d'André III, roi de Hongrie ; cette vertueuse princesse était entrée chez les Dominicaines de Toes, près Winterthur, et sous la direction spirituelle du Bienheureux Henri Suso, elle arriva bientôt à un haut degré de perfection. Élisabeth étant tombée dangereusement malade, les médecins lui ordonnèrent d'aller prendre les eaux de Bade, et ses supérieurs y donnèrent leur consentement. Mais sa confiance en Marie l'emporta sur les avis des médecins, elle vint à l'ermitage de Saint Meinrad, elle s'agenouilla devant l'image miraculeuse de Celle que l'Église appelle le salut des infirmes, elle pria longtemps avec espoir et foi, et quand elle se releva, elle était guérie ». (Chronique d’Einsiedeln).
L'abbé Olier avait une grande dévotion pour aller en pèlerinage aux divers sanctuaires de Marie. Toutes les fois qu'il avait quelque grâce spirituelle a demander c'était là sa grande ressource, et il retirait de ses pieux voyages les avantages les plus précieux. Pendant qu'il était à Rome pour étudier l'hébreu, il éprouva un affaiblissement de la vue qui lui rendit l'étude impossible, tous les remèdes furent employés sans aucun succès. Le pieux jeune homme eut alors recours à la Sainte Vierge, et fit vœu d'aller à Notre Dame de Lorette. Il se mit en route à la fin de mai, par une chaleur excessive, à pied, et couvert de ses vêtements d'hiver. Il fit environ cinquante lieues. Chemin faisant, il récitait le Rosaire, ou bien il chantait ou composait de pieux cantiques. Le plus souvent il méditait sur Jésus et Marie, et ces saintes occupations lui faisaient oublier la fatigue du voyage ; mais elle n'existait pas moins, et la nature fut près d'y succomber.
Il fut attaqué par une violente fièvre qui l'abattit sans l'arrêter néanmoins. Il se traînait lentement, et plus il approchait de Lorette, plus il goûtait de consolations intérieures, et plus sa confiance en Marie augmentait. Dès qu'il fut arrivé, on voulut qu'il allât consulter un médecin, mais il s'y refusa et alla de suite se prosterner aux pieds de la Madone miraculeuse. Son empressement et sa dévotion furent récompensés ; au même instant, il se trouva parfaitement guéri, et son âme fut inondée des plus suaves consolations et d'un grand désir de la perfection. Ce fut la, disait-il, qu'il reçut le coup le plus puissant, et qui de son entière conversion. Marie lui obtint plus qu'il ne lui avait demandé. Il fut guéri de la fièvre et de la faiblesse de sa vue pour le reste de sa vie, et de plus les yeux de son âme furent ouverts ; il reçut les grâces les plus particulières, et entre autres un si grand attrait pour la prière qu'il passa la nuit entière en oraison dans la sainte chapelle, et en sortit un homme nouveau.
Les pèlerinages aux sanctuaires de Marie étaient aussi le moyen que le même serviteur de Dieu employait pour se préparer aux fêtes de Marie.
En 1632, il fit le pèlerinage de Notre Dame de Liesse, pour se préparer à la fête de l'Assomption et aussi pour demander le succès d'un sermon qu'il devait faire ce jour-là. A cette époque, il éprouvait en montant en chaire une agitation extraordinaire, qui paralysait ses facultés. Ce jour-là, la mémoire lui manqua entièrement au milieu de son sermon, mais il s'abandonna à Marie en toute sincérité et humilité; il continua à parler et à dire tout ce qui lui venait sur les lèvres et il se trouva qu'il avait dit précisément tout ce qu'il avait préparé. Son sermon produisit d'heureux fruits.
Parmi les nombreux sanctuaires consacrés à Marie, il y en a plusieurs qui rappellent de grands souvenirs dominicains, et qui, pour cette raison, doivent nous être particulièrement chers. Le premier est sans contredit Notre Dame de Prouilhe. Notre glorieux Père puisait surtout dans sa tendre dévotion à Marie les forces dont il avait besoin pour accomplir la rude tâche qu'il s'était imposée. L'histoire, d'accord avec la tradition, nous montre le sanctuaire de Prouilhe comme le lieu où les faveurs de Marie se répandaient sur son serviteur d'une manière particulière, et nous regardons Prouilhe comme le berceau des principales institutions dominicaines.
Nous avons déjà vu que l'illustre patriarche commença par y établir le premier couvent des sœurs de son Ordre. Il vit fondre sur cet endroit un globe de feu, qui manifestait la volonté divine. Le sanctuaire de Prouilhe vit également germer, sous les bénignes influences de la Reine des cieux, le premier Ordre des Frères Prêcheurs. L'institution du Rosaire et celle du Tiers Ordre de la Pénitence, ces autres œuvres saintes de Dominique, ne sont pas étrangères non plus au sanctuaire de Prouilhe. Ah ! Sans doute, plus d'une fois, prosterné devant l'autel chéri de Notre Dame de Prouilhe. il y reçut des inspirations vives, des enseignements lumineux sur la dévotion si salutaire du Rosaire.
Quant au Tiers Ordre, selon toute vraisemblance, l'idée, le plan, la forme de cette institution nouvelle ont été souvent l'objet des préoccupations pieuses du serviteur de Dieu durant les longues veilles qu'il passait aux pieds de Notre Dame de Prouilhe. Ne nous étonnons pas du tendre intérêt que porte toute la famille dominicaine à ce lieu sacré ; il est bien légitime. À Prouille, la famille dominicaine a été conçue ; c'est là qu'elle a été engendrée. Saint Dominique en fut le Père, et elle reconnaît dans la Bienheureuse Vierge Marie sa Mère mystique.
À Avignonnet, non loin de Prouilhe, se trouve Notre Dame des Miracles qui rappelle aussi de grands souvenirs dominicains sur lesquels je m'étendrai un des jours suivants. Nous avons encore dans le diocèse de Toulouse Notre-Dame des Grâces de Brugnières, dans le diocèse de Fréjus, à Tavernes (Var), Notre-Dame de Bellevue et de Consolation ; dans le diocèse de Gap (Hautes-Alpes), Notre Dame du Laus, etc., etc...
II. Je vous remercie, Vierge sainte, d'avoir bien voulu manifester dans tant de lieux-dits vers votre puissance et votre miséricorde par un si grand nombre de miracles éclatants. Ô Vierge, je Vous conjure de daigner secourir toujours ceux qui vous invoqueront dans vos sanctuaires privilégiés ; soyez touchée de nous voir gémir sous le poids d'afflictions diverses dans cette vallée de larmes, et étendez la main pour nous secourir. Si vous m'accordez, ma, bonne Mère, la grâce de visiter quelqu'un de vos sanctuaires privilégiés, faites que je profite de tout ce que je verrai, de tout ce que j'entendrai le long de mon chemin, pour élever mon cœur vers Dieu, et qu'arrivée aux pieds de votre image bénie, je prenne sous vos auspices tous les moyens de profiter de la grâce que vous m'avez ménagée. Obtenez-moi enfin qu'après mon triste pèlerinage sur cette terre d'exil, vous m'ouvriez les portes du ciel, ma seule et véritable patrie. Amen.
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Le Mois de Marie Dominicain
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Vingt-quatrième jour
Diverses pratiques de dévotion en l’honneur de la très sainte Vierge Marie
« Si la dévotion à la sainte Vierge est nécessaire a tous les hommes pour faire simplement leur salut, elle l'est encore beaucoup plus à ceux qui sont appelés à une perfection particulière ». Saint Louis-Marie Grignion de Montfort).
I. « Quand le printemps venait, que les fleurs commençaient à paraître, je m'abstenais, dit le bienheureux Henri Suso, d'en cueillir jusqu'à ce que j'eusse fait une belle et brillante couronne à la Mère de mon Dieu. Je me mettais à cueillir des fleurs avec toutes sortes de pensées d'amour pour Marie ; j'allais dans la chapelle poser ma couronne sur la tête de la Sainte Vierge, cette fleur joyeuse de mon cœur, la priant de ne pas dédaigner les prémices que son serviteur lui offrait ».
Un jour qu'il avait ainsi honoré la sainte Vierge, il lui sembla que le ciel était ouvert; il voyait les anges descendre vers lui, et les entendait chanter à la louange de Marie un hymne si ravissant qu'il en mourait de plaisir. Le bienheureux unit sa voix à celles des esprits célestes, et son âme fut inondée de délices et d'amour pour Dieu. Une autre fois, au commencement du mois de mai, il avait dévotement offert, selon sa coutume, une couronne de roses à la Reine du ciel, lorsqu'il se crut transporté au milieu d'un concert céleste. Lorsqu'il fut terminé, la sainte Vierge s'avança vers lui, et lui commanda de chanter ce verset : « O vernalis rosula... » il obéit avec joie, et aussitôt des anges, dont les voix étaient plus admirables et plus ravissantes que tous les instruments de musique réunis, accompagnèrent son chant et le continuèrent longtemps encore après qu'il eut fini le saint cantique.
Le Père François Alain, du couvent de Notre Dame de Bonne Nouvelle à Rennes, eut une grande réputation de sainteté pendant sa vie et après sa mort. Il mérita, par son zèle et son assiduité à faire honorer la sainte Vierge, la qualité de « dévot de Marie et de père du saint Rosaire ».
Un grand nombre de nos saints et de nos saintes jeûnaient au pain et à l'eau la veille de toutes les fêtes de la Sainte Vierge. La Bienheureuse Marguerite de Hongrie, la veille de ces fêtes et pendant leur octave, servait Marie avec un redoublement de ferveur. Elle commença ces pieux exercices dès sa plus tendre enfance. Quand la maîtresse des novices l'envoyait avec les autres à la récréation, elle les engageait à venir avec elle à la chapelle chanter des hymnes à la Reine des Anges.
La Bienheureuse Hélène des Tourelles avait toujours été très dévouée à la sainte Vierge, avant d'entrer au couvent, elle fit bâtir une chapelle en son honneur et y attacha des rentes pour l'entretien du culte divin ; les cloches de cette chapelle sonnèrent toutes seules au moment de sa mort.
La tendre piété de Saint Albert-le-Grand lui mérita de la part de la Vierge Marie, qui récompense au centuple ce que l'on a fait pour Elle, toutes les grâces dont sa longue carrière fut remplie. Marie était à la fois sa mère, sa directrice et son amie. Si l'obéissance à ses supérieurs, la charité pour le prochain et les obligations de sa charge le lui eussent permis, il n'eût voulu faire qu'aimer Marie. Il entonnait ses louanges cent fois par jour, il poussait vers Elle de tendres soupirs, et quand ses devoirs lui laissaient quelque liberté, il allait se jeter avec effusion à ses pieds. Souvent on l'entendait, au milieu de ses promenades solitaires, chanter à sa céleste amie des hymnes ravissantes qu'il avait composées pour Elle, il mêlait souvent à ses chants autant de soupirs qu'il y avait de notes, et de larmes qu'il y avait de paroles. Mais il ne se plaisait pas seulement à parler de Marie, à chanter ses louanges, il faisait toutes ses actions en vue de lui plaire. Il lui offrait ses travaux, ses souffrances et ses consolations. S'agissait-il de donner un conseil, d'écrire, d'enseigner, de prêcher, c'était Marie qu'il appelait à son aide ; partout et toujours il la prenait pour modèle de sa vie, comme à toute heure elle était l'objet de ses affections.
Le Vénérable Père Antoine Lequien s'occupait avec ardeur de l'œuvre si difficile de la réforme des couvents de sa province ; mais bien convaincu que rien ne pouvait lui être plus utile dans cette circonstance que d'intéresser Marie à sa cause, il redoubla de supplications en récitant plusieurs fois par jour le saint Rosaire, pratique pour laquelle il avait une singulière dévotion. Sa confiance envers Dieu et Marie était sans bornes, des plus touchantes et des plus profondes ; aussi obtint-il par ce moyen les grâces les plus signalées. « J'étais, dit-il, convaincu de cette pensée, que Dieu se sert de nos infirmités pour faire réussir ses desseins, pourvu qu'on soit pénétré de confiance en Lui ». Le cœur de ce vertueux Père était plein d'une grande reconnaissance envers Dieu et Marie pour les bienfaits qu'il en recevait. Dès qu'il avait été exaucé, on le voyait aussitôt commencer des neuvaines d'actions de grâces envers Dieu et la sainte Vierge.
Non content de s'acquitter lui-même de ce devoir, il exhortait sans cesse ses religieux à la reconnaissance, leur recommandant surtout de la faire consister dans une plus grande et plus inviolable fidélité pour le service de leur divine bienfaitrice. L'abbé Olier avait un si grand amour pour Marie qu'il s'estimait heureux d'être né d'une mère qui s'appelait Marie, et dans une rue de Paris qui portait le nom de Notre Dame. Dès ses premières études, il ne manquait jamais d'invoquer la Vierge avant de prendre son livre, et il avouait plus tard qu'il ne pouvait rien apprendre qu'à force d'Ave Maria. Dès lors il avait l'habitude qu'il conserva toute sa vie, de lui offrir tout ce qu'il avait de neuf ; il n'aurait osé se servir d'un vêtement sans le lui avoir consacré ; il la priait instamment de ne pas permettre qu'il offensât son divin Fils tant qu'il le porterait. Il ne voulait user qu'en son nom de tout ce qu'il possédait. Quand il se levait ou se couchait, quand il sortait de sa chambre ou y rentrait, il ne manquait jamais de demander à la Sainte Vierge sa bénédiction, et, s'il entreprenait un voyage hors de Paris, il allait la lui demander dans l'église Notre Dame. Au retour, c'est à Elle qu'il allait rendre ses premiers devoirs. Toutes les fois qu'il entreprenait une chose considérable, il allait la lui recommander.
Le Père Schaffhausser, mort en 1860, ne quittait jamais sa cellule sans avoir prié la sainte Vierge de le bénir, en lui adressant à genoux avec ferveur cette invocation : « Nos cum prole pia benedicat Virgo Maria ! » Il aimait Marie comme un enfant aime sa mère, il lui redisait tous les jours quelques-unes des prières composées en son honneur, et dans ses promenades, pendant son noviciat à Châlais, son plus grand bonheur était de charmer les échos des montagnes en chantant des cantiques à Marie. Après le culte de Jésus, le Rosaire était sa dévotion privilégiée; il connaissait toute la puissance de cette prière sur le cœur de Dieu et sur celui de Marie pour obtenir de leur miséricorde la transformation des âmes ; aussi, non content de réciter le Rosaire, il en faisait souvent le sujet de ses prédications.
Parmi les mille moyens donnés par les auteurs de la vie spirituelle, en voici un peut être peu connu, mais dont les résultats sont efficaces ; c'est d'écrire à Marie ! Oui, écrire à Marie, surtout quand approchent ses fêtes, lui écrire et laisser parler son cœur ; lui exprimer avec naïveté nos misères, nos désirs et nos bons sentiments ; lui faire lire jusqu'au fond de notre âme, et quand arrivera un jour de fête ou de communion, placer cette lettre sur son cœur, et conduit par les mains de Marie, s'approcher de la sainte Table avec amour, afin de sceller par le sang de Jésus les promesses faites à notre divine Madone. La lecture de cette lettre soigneusement conservée, produit dans l'âme les plus heureux effets, et cette lettre doit être répétée plusieurs fois pendant le mois ou la semaine. Ainsi agissait un pieux jeune homme dont nous avons déjà parlé. Battu par la tempête, en proie à la rage de l'enfer, il ne se contentait pas de pousser des cris vers Marie, d'arroser de ses larmes le pied de ses autels, mais il lui exprimait par lettres, en caractères de feu, ce qui se passait dans son cœur, et ce moyen, comme il l'avoue lui-même, a été pour beaucoup dans sa vocation religieuse. Ce moyen, nous le répétons, l'avait puissamment aidé à vaincre le monde et les passions : sous l'habit religieux, il l'employait encore, pour se maintenir dans une continuelle ferveur. Pourquoi n'agirions-nous pas de même ? Notre cœur, habituellement si glacé, notre âme si faible pour le bien, trouveraient là un aliment de vie et de forces inconnues jusqu'à ce jour ». (Couronne de Marie, décembre 1860).
II. Vierge sainte, obtenez-moi que, par mes pratiques de dévotion en votre honneur, je moissonne de nombreux mérites pour la vie éternelle que votre Jésus m'a préparée ; que je moissonne la foi, l'espérance, la charité, la patience, la douceur, la persévérance, une sainte mort ! Divine Vierge, nous sommes tous des fleurs plantées sur cette terre, et que Dieu cueille en son temps, un peu plus tôt, un peu plus tard. Autre est la rose empourprée, autre est le lis virginal, autre l'humble violette; mais avec votre puissante protection, Vierge Marie, nous nous efforcerons tous, selon le parfum ou l'éclat qui nous est donné, de plaire à Jésus, le divin jardinier des âmes. Amen.
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Le Mois de Marie Dominicain
Le Mois de Marie Dominicain
Marie honorée par les Saints et les Saintes de l’Ordre de Saint Dominique
Vingt-troisième jour
Diverses pratiques de dévotion en l’honneur de la très sainte Vierge Marie
« Heureux les saints qui ont imaginé en l'honneur de Marie ces pieuses pratiques adoptées par la dévotion catholique. si conformes d'ailleurs à la nature humaine et en même temps si propres à exercer saintement les sens et à exciter les sentiments et les affections intérieures de la vraie piété ! » P. Contenson, Mariologie, chap.II).
I. La Bienheureuse Villana vit un jour, dans une vision céleste, la Mère de Dieu sous l'emblème d'une fontaine où l'on venait en foule pour y puiser l'eau de la grâce ; mais qu'arrivait-il ? Ceux qui portaient des vases intacts conservaient en entier les grâces reçues ; mais ceux qui portaient des vases fêlés, c'est-à-dire des âmes chargées de péchés, ne recevaient les grâces que pour les perdre aussitôt.
Si nous voulons que nos pratiques de dévotion envers Marie lui soient agréables et que les grâces qu'elles nous obtiendront ne s'écoulent sans profit pour nos âmes, comme l'eau d'un vase fêlé, nous devons les soutenir par la pureté de notre vie et l'imitation des vertus de Marie; c'est sur ce fondement qu'il faut établir l'espérance de notre salut, et non sur le seul accomplissement de pratiques extérieures, sans néanmoins mépriser ni négliger ces pratiques, qui sont de puissants moyens d'obtenir les faveurs de Marie.
Le Père Ducos nous dit que « nous pouvons honorer Marie par pensée, par affection, par parole et par œuvre ». (Pasteur Apostolique, p. 444). Nous l'honorons par pensée en portant une grande attention aux prières que nous lui adressons, en considérant sérieusement ses perfections, et en ayant une haute estime de sa personne bénie et pleine de grâce.
Nous l'honorons par affection en l'aimant et en la révérant au-dessus de toutes les pures créatures, en nous réjouissant et en rendant grâce à Dieu de son bonheur, en désirant avec ardeur l’accroissement de son culte, en conservant toujours une confiance filiale dans sa bonté maternelle. C'est principalement dans ces sentiments d'amour et de respect que consiste la dévotion à la sainte Vierge. Prions son divin Fils de nous y faire entrer ; travaillons-y nous-mêmes, en poussant souvent de ces sortes d'affections avec toute la ferveur possible.
Le culte de la parole consiste à parler souvent d'Elle, et de ses grandeurs, à porter les autres à sa dévotion et à leur en enseigner les pratiques, à lui adresser avec respect et confiance des prières vocales. La bouche parle de la plénitude du cœur, ainsi c'est témoigner de l'amour pour la Reine du ciel que de parler d‘Elle, d'exhorter les autres à lui être dévots, de la prier souvent; ce qui se fait en récitant chaque jour ses Litanies. son Rosaire, en disant un Ave Maria chaque fois que l'horloge sonne, en invoquant son saint nom, tant dans nos besoins et surtout nos besoins spirituels, que dans nos tentations : remède qui est quelquefois plus prompt et plus efficace que l'invocation du Saint Nom de Jésus, non parce qu'elle est plus puissante, mais parce que le Fils veut par là honorer sa Mère.
Le bienheureux Alain de la Roche, assailli un jour de violentes tentations, allait succomber et se perdre, faute de s'être recommandé à la très Sainte Vierge, lorsque dans ce danger imminent la Mère de Miséricorde lui apparut, et le frappant doucement sur la joue, lui dit : « Si tu m'avais invoquée, tu ne te serais pas trouvé dans ce péril ! »
Entre toutes les œuvres par lesquelles nous pouvons honorer Marie, la plus excellente consiste à nous corriger de nos vices et à imiter ses vertus.
Jeûner en l'honneur de la Mère de Dieu, le samedi et la veille de ses fêtes, s'approcher avec les dispositions nécessaires des sacrements aux jours de ses solennités, visiter ses chapelles et les lieux consacrés à son culte, faire des aumônes et donner des chapelets pour son amour ; avoir son image dans sa chambre et la saluer par un Ave toutes les fois qu'on en sort et qu'on y rentre, voilà sans doute des œuvres qui lui plaisent beaucoup ; mais nous conformer autant que nous le pouvons à ce parfait modèle d'innocence et de sainteté par une fidèle imitation de ses vertus, voilà ce qui lui est infiniment plus agréable,et ce qui nous est à nous-mêmes très salutaire.
Nous pouvons suppléer à notre tiédeur et à notre négligence dans le service de la Sainte Vierge, en lui offrant le Cœur de son Fils bien-aimé. Elle enseigna elle-même cette sainte pratique à Sainte Gertrude, un jour que ses infirmités ne lui permirent pas d'assister à une procession où son image était portée.
La pieuse pratique, si facile à imiter, de composer un bouquet de toutes nos bonnes œuvres pour les présenter à Marie, est un excellent moyen de les rendre plus agréables à Dieu, puisqu'elles passeront par les mains d'une si tendre Mère, pour arriver jusqu'à son Fils, qui se plaît, à son tour, à faire passer ses grâces et ses bienfaits par celles de sa Mère. C'est ce que faisait si souvent et d'une manière si fervente le Vénérable Père Antoine Lequien, qu'un volume suffirait à peine pour faire le récit de toutes les preuves de vénération, d'amour et de dévouement qu'il donnait sans cesse à la très Sainte Vierge.
Voici comment il s'exprime lui-même à ce sujet dans un de ses écrits : « Pour la Mère de Dieu, elle a été toute mon espérance, je crois que je lui dois le baptême, l'ayant reçu par une protection spéciale de sa part. C'est pourquoi je la regarde comme ma mère de baptême, ma mère de conversion, ma mère de religion, ma mère de salut, par laquelle j'espère obtenir le paradis ; et aussi je me sens si fort obligé à cette bonne Mère que je lui rapporte toutes les grâces et toutes les faveurs que j'ai reçues et que j'espère recevoir de Dieu, ainsi que toutes les bonnes œuvres que je pourrai faire jusqu'à la fin de ma vie ; je remets tout cela à ses pieds et lui en fais un bouquet. O ma Mère, que je sois avec vous éternellement ! Amen ».
Que dirons-nous de l'amour, de la tendresse du Père Marie-Augustin pour Marie, de toutes les pratiques qu'il exerçait en son honneur ! Le monde connaît ses grands travaux, son zèle infatigable pour l'amour et la gloire de Celle qu'il avait choisie pour sa Mère ; mais ce qu'il ignore, ce sont les délicatesses de l'amour le plus naïf et le plus pur, pour qui les petits riens sont de grandes choses.
Il avait toujours une petite statue de la sainte Vierge avec lui ou près de lui ; il la contemplait, il lui prodiguait les plus tendres baisers, il la donnait à baiser à ses frères et aux autres personnes qui venaient le visiter. Il demandait qu'on la lui fît baiser souvent ; il la faisait reposer sur son cœur. Souvent il lui offrait les prémices de sa boisson, en la faisant boite elle-même dans le vase où il buvait lui-même, ou en le lui faisant bénir. « Ce sont des enfantillages, disait-il, mais, Marie aime ces petits témoignages de la tendresse de son petit enfant ».
Pendant sa dernière maladie, il avait fait vœu, s'il se guérissait, de toujours prêcher sur la Sainte Vierge, ou sur le Rosaire et ses mystères ; se dévouant ainsi à être plus que jamais le serviteur, le prédicateur, l'apôtre de Marie, pour engendrer par Elle les âmes à Jésus son fils. Il fit aussi un pacte avec Marie. C'était dans ses plus mauvais jours, alors qu'il se sentait pour la première fois près de sa fin. « J'ai tout donné à Marie, nous dit-il : mon esprit, mon cœur, ma volonté, mon âme toute entière et mon corps aussi ; je lui ai donné mes œuvres, mes mérites, si j'en ai, et surtout mes péchés, et quant à la coulpe, et quant à la peine : maintenant ma cause est entre ses mains, c'est son affaire ; c'est à elle à me défendre ; pour moi, je ne m'en mêle plus ; j'ai toute confiance en Elle. Elle ne m'abandonnera pas... » Il disait encore en ce moment cette parole qu'il répétera plus tard : « In manus tuas, Domina, commendo spiritum meum ».
Mais c'est quand il parlait de Marie doucement, à quelque Frère penché sur son cœur, qu'il disait des choses admirables de Celle qu'il aimait si tendrement. Il suffisait d'entrer en communication un peu intime avec lui ; aussitôt il parlait de la sainte Vierge avec transport ; son doux Nom mêlé à celui de Jésus était sans cesse sur ses lèvres. Son admirable pureté se serait effrayée de tout, si son confesseur ou son supérieur ne l'eussent rassuré souvent. Et où puisait-il cette grande pureté d'âme ? On le devine bien.
Il avait demandé à Marie « un cœur bien pur pour bien aimer Jésus, pour bien aimer Marie » ; sa prière était exaucée : c'était au contact de son âme avec Marie, c'est dans cette union habituelle avec la plus pure des créatures, la Vierge des Vierges, la Vierge Immaculée, qu'il purifiait sans cesse son cœur virginal, et qu'en le purifiant sans cesse, il aimait sans cesse davantage. (Les derniers moments du P. Marie-Augustin, p. 75 et ss).
II. Prière de la Bienheureuse Esprite de Jésus
Vierge toute pure, Mère de mon Dieu, je viens à vous, je me mets sous votre protection, recevez-moi au nombre de vos servantes ; je vous promets une fidélité inviolable. Soyez, s'il vous plaît, ma Maîtresse et mon Avocate ; je vous donne mon cœur; ne permettez pas qu'il soit à un autre qu'à votre Fils, qui le rendra pur et chaste. Assistez-moi toujours, et surtout à l'heure de ma mort. Si l'ennemi me trouble, et s'il s'efforce, dans ce dernier moment, de me tenter de désespoir. Mère de mon Dieu ! Dissipez par vos deux regards les brouillards de cet esprit de ténèbres, et ne m'abandonnez pas. Amen.
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Le Mois de Marie Dominicain
Le Mois de Marie Dominicain
Marie honorée par les Saints et les Saintes de l’Ordre de Saint Dominique
Vingt-deuxième jour
Les images de Marie
« La première règle est d’avoir dans votre maison des peintures représentant la sainte enfance de Jésus ou la Vierge. C’est une charmante chose que la Vierge Marie portant sur son bras le divin Enfant » (Bienheureux Jean-Dominique).
I. L'Église a pris la défense du culte des images jusqu'à répandre pour sa défense le sang de ses martyrs ; et la divine Marie a montré par mille prodiges combien lui est agréable le culte rendu à ses images ; c'est pourquoi ses fidèles serviteurs les ont toujours vénérées avec une tendre affection. Il y avait à Lima une fort belle statue de la sainte Vierge du Rosaire, apportée par les premiers prédicateurs de la foi, et regardée dans tout le Pérou comme la sauvegarde du royaume. En 1553, les Espagnols, au nombre de 600 hommes, se trouvèrent en face de 200 000 guerriers indiens ; ils allaient infailliblement être écrasés, lorsque quelques Dominicains qui accompagnaient la phalange chrétienne implorèrent Notre Dame du Rosaire.
Aussitôt la divine Marie apparut dans les airs à la vue des deux armées, tenant à la main une verge qu'elle agitait contre les infidèles. Les Indiens effrayés laissèrent tomber leurs armes, et demandant la paix, se soumirent de grand cœur au joug de Jésus Christ. Les Espagnols avaient remarqué que la Vierge avait pris dans cette apparition la forme de la statue de Lima ; aussi cette image devint plus célèbre et plus chère au peuple que jamais. Dès sa plus tendre enfance, Sainte Rose de Lima ressentit pour cette statue un attrait tout particulier, et la chapelle où elle se trouvait devint si l'on peut ainsi dire son domicile privilégié. Toutes les fois que la sainte voulait obtenir quelque grâce pour elle ou pour les autres, elle courait à la chapelle du Rosaire, et là elle priait, en contemplant attentivement le visage de Marie, jusqu'à ce qu'elle y vît une expression favorable. L'expression du visage de la Vierge bénie lui disait sur quoi elle pouvait compter. C'était une opinion générale à Lima que sainte Rose obtenait à coup sûr toutes les grâces qu'elle demandait aux pieds de cette statue. En effet, chaque fois qu'on lui recommandait de prier Notre Dame du Rosaire pour quelque nécessité publique ou particulière, elle consentait sans peine à se charger de la requête, et au sortir du saint lieu, elle promettait la grâce sollicitée d'une manière aussi positive que si elle avait en le diplôme à la main.
Il y avait une autre image pour laquelle Sainte Rose avait une dévotion particulière. Celle-ci était une peinture représentant l'enfant Jésus couché sur les genoux de l'auguste Marie. Un jour que la femme du questeur, dans le parloir duquel était cette image, parlait à quelques-unes de ses amies des merveilles qui s'opéraient dans l'église d'Atocha, où l'image miraculeuse de Marie attirait un concours prodigieux, Rose, dont les yeux étaient fixés sur son tableau chéri, écoutait avec une pieuse avidité la narration, et pria qu'on la continuât.
Elle dit ensuite à la femme du questeur : « Pendant que vous racontiez les miracles de la Vierge d'Atocha, l'auguste Marie manifestait une joie extraordinaire; elle jetait sur nous des regards pleins de bonté, et semblait s'avancer hors de la toile, comme pour nous apporter son Fils endormi. Ne convenait-il pas de continuer une conversation qui paraissait lui être si agréable ? »
Les Tartares assiégeant la ville de Kiev, Saint Hyacinthe, qui était prieur du couvent que les Dominicains y possédaient, prit la résolution de quitter cette ville avec ses religieux ; mais avant de partir, il alla célébrer la Sainte messe pour la dernière fois à l'autel de la sainte Vierge, où se trouvait une grande statue d'albâtre représentant la Reine du ciel, et devant laquelle il avait la pieuse habitude de passer chaque jour plusieurs heures en prière.
A peine le saint avait-il fini sa messe, qu'il entendit la statue de Marie lui adresser ces paroles : « Mon fils, pourquoi me laissez-vous ici ? Voulez-vous donc m'abandonner à mes ennemis ? » Saint Hyacinthe ayant répondu, les larmes aux yeux, qu'il était trop faible pour porter un si pesant fardeau : « Prenez-moi, répliqua la statue, je deviendrai légère entre vos bras ».
Encouragé par cette réponse, le saint s'approcha de l'autel, prit d'une main le saint ciboire, de l'autre la statue de la Mère de Dieu, et sortit avec ses religieux par une porte dont l'ennemi ne s'était point encore emparé. Il traversa, ainsi chargé, la Moscovie, la Lituanie et plusieurs autres provinces, passant les fleuves à pied sec, et arriva enfin à Cracovie où il déposa dans l'église de la Trinité la statue de Notre Dame, qui, par un nouveau prodige, reprit aussitôt sa pesanteur naturelle.
La Bienheureuse Marguerite de Hongrie ne passait jamais devant une image de la Vierge, sans la saluer par un Ave Maria.
Un jour que la Vénérable Madeleine-Angélique priait devant une image de la sainte Vierge, en lui demandant le don de la pureté, l'image s'anima et lui répondit : « Sois assurée, ma fille, que ce que tu demandes te sera accordé ».
La Vénérable Marie de Jésus-Christ avait une dévotion particulière envers la Sainte Vierge, et entre autres honneurs qu'elle lui rendait, elle avait grand soin de tenir une lampe allumée devant une de ses images, et l'huile qui servait à alimenter cette lampe se multipliait miraculeusement dans le vase qui la contenait.
La vue des images de Marie remplissait le cœur de l'abbé Olier de joie et de confiance. Un jour qu'il passait une rivière, il se trouva en grand danger de faire naufrage; mais au moment le plus critique, ayant aperçu sur le rivage une image de Marie attachée a une maison, il dit à son compagnon : « Courage, il n'y a rien à craindre, la Sainte Vierge nous regarde, je ne crains plus. C'est la protectrice des corps et des âmes, la trésorière universelle de tous les biens ». Il saluait avec respect dans les rues les images de Marie qu'il rencontrait, lors même qu'il était entouré de monde. Il y avait alors beaucoup de ces images dans les rues de Paris, l'abbé Olier les connaissait toutes et il choisissait toujours pour son chemin les rues où elles se trouvaient. On connaissait cet usage, et on les appelait les rues de l'abbé Olier.
II. Je veux, divine Marie, vous avoir toujours sous les yeux, comme l'Étoile de la Mer, dont la vue rassuré les marins sur les flots orageux. Oui, Marie, votre image sera toujours près de moi ; s'il me vient une tentation, je vous regarderai et je la surmonterai ; s'il faut soutenir un assaut, la vue de ma mère me fera remporter la victoire. Marie, vous serez toujours près de moi ; ma prière du matin passera par vos mains pour s'élever plus agréablement vers le trône de votre divin Fils; quand je quitterai ma cellule, je vous demanderai, ainsi que l'ont fait tant de nos saints, votre bénédiction maternelle, et en rentrant, je vous saluerai encore. Quand la tristesse m'enveloppera de ses sombres Voiles, je jetterai les yeux sur vous, vous me tendrez les bras, vous m'encouragerez, vous me direz : « Courage, ma fille, j'ai souffert bien davantage, courage ! Je suis avec vous, je compte vos soupirs et vos larmes ! » Et quand la maladie m'étendra pour la dernière fois sur mon lit de douleur, ce sera Surtout alors, ô Marie, que je tournerai vers vous mes yeux mourants, que je vous rappellerai combien de fois je vous ai priée de m'assister à l'heure de ma mort ; et j'en ai la douce confiance, vous voudrez bien me tendre les bras pour m'attirer vers Vous, vous remplirez mon âme de force et d'espérance, et je m'endormirai paisiblement dans le Seigneur, en prononçant votre nom béni uni à celui de Jésus votre divin Fils, et de Joseph votre chaste époux. Amen.
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Le Mois de Marie Dominicain
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Marie honorée par les Saints et les Saintes de l’Ordre de Saint Dominique
Vingt-et-unième jour
Le esclavage de Marie
« Quand vous voudrez offrir quelque chose à Dieu, ayez soin de l’offrir par les mains très agréables et très dignes de Marie, à moins que vous ne vouliez être rejeté. Le plus grand bien que l’aimable Marie procure à ses fidèles serviteurs, c’est qu’elle intercède pour eux près de son Fils et l’apaise par ses prières. Elle les unit à Lui d’un lien très intime, et elle les y conserve ». (Saint Louis Marie Grignion de Montfort, du T.-O. De Saint Dominique).
« Ô Marie, je veux de tout mon coeur être la petite esclave de Jésus et la vôtre ». (Vénérable Sœur Charlotte de la Résurrection, conv.).
I. « La plus parfaite consécration à Jésus Christ n'est autre chose qu'une parfaite et entière consécration de soi-même à la très Sainte Vierge, pour être tout entier à Jésus Christ par Elle. Il faut lui donner 1° Notre corps, avec tous ses sens et ses membres ; 2° notre âme avec toutes ses puissances ; 3° nos biens extérieurs ; 4° nos biens intérieurs et spirituels qui sont nos mérites, nos vertus, et nos bonnes œuvres passées, présentes et futures ; en deux mots, tout ce que nous avons, et tout ce que nous pourrons avoir à l'avenir dans l'ordre de la nature, de la grâce et de la gloire ; et cela, sans aucune réserve, pas même d'un denier, d'un cheveu et de la moindre bonne action, et cela pour toute l'éternité, et cela sans prétendre ni espérer aucune autre récompense de son offrande et de son service, que l'honneur d'appartenir à Jésus Christ par Elle et en Elle, quand cette aimable Maîtresse ne serait pas, comme Elle l'est toujours, la plus libérale et la plus reconnaissante des créatures.
Une personne qui s'est ainsi volontairement consacrée et sacrifiée à Jésus Christ par Marie, ne peut plus disposer de la valeur d'aucune de ses bonnes actions ; tout ce qu'elle souffre, tout ce qu'elle pense, dit et fait de bien appartient à Marie, afin qu'elle en dispose selon la volonté de son Fils et à sa plus grande gloire, sans cependant que cette dépendance préjudicie en aucune manière aux obligations de l'état où on est à présent, et où on pourra être pour l'avenir : par exemple, aux obligations d'un prêtre, qui, par office ou autrement, doit appliquer la valeur satisfactoire et impétratoire de la sainte Messe à un particulier, car on ne fait cette offrande que selon l'ordre de Dieu et les devoirs de son état.
On se consacre tout ensemble à la très Sainte Vierge et à Jésus Christ : à la très Sainte Vierge, comme un moyen parfait que Jésus-Christ a choisi pour s'unir à nous et nous unir à Lui ; et à Notre Seigneur, comme à notre dernière fin, auquel nous devons tout ce que nous sommes. Comme à notre Rédempteur et à notre Dieu ». (Saint Louis-Marie Grignion de Montfort, Traité de la la vraie dévotion à la très Sainte Vierge).
Quelqu'un dira peut-être : « Si je donne à la très Sainte Vierge toute la valeur de mes actions, pour l'appliquer à qui Elle voudra, il faudra peut-être que je souffre longtemps en purgatoire ». Cette objection, qui vient de l'amour-propre et de l'ignorance de la libéralité de Dieu et de sa Sainte Mère, se détruit d'elle-même, une âme fervente et généreuse, qui prise les intérêts de Dieu plus que les siens, qui donne à Dieu tout ce qu'elle a sans réserve, en sorte qu'elle ne peut rien de plus ; qui ne respire que la gloire et le règne de Jésus Christ par sa Sainte Mère, et qui se sacrifie tout entière pour le gagner ; cette âme généreuse, dis-je, sera-belle plus punie dans l'autre monde, pour avoir été plus libérale et plus désintéressée que les autres ? Tant s'en faut : c'est envers cette âme, comme nous le verrons ci-après, que Notre-Seigneur et sa très Sainte Mère sont très généreux et prodigues en ce monde et dans l'autre, dans l'ordre de la nature, de la grâce et de la gloire.
On trouve depuis plus de huit cents ans des marques de cette pratique de dévotion dans l'Église. Saint Odilon, abbé de Cluny, qui vivait environ l'an 1040, a été un des premiers qui l'ait pratiquée publiquement en France. Différents papes ont approuvé cette dévotion, et des milliers de personnes l'ont embrassée.
La Bienheureuse Agnés de Jésus, religieuse dominicaine du couvent de Langeac, en Auvergne, où elle mourut en odeur de sainteté, souffrait de grandes peines d'esprit, quand elle entendit une voix qui lui disait que si elle voulait être délivrée de toutes ses peines et protégée contre tous ses ennemis, elle se fit au plus tôt l'esclave de Jésus et de sa sainte Mère. Aussitôt Agnès se donna tout entière à Jésus et à sa sainte Mère en cette qualité, quoiqu'elle ne sût pas auparavant ce que c'était que cette dévotion ; et ayant trouvé une chaîne de fer, elle se la mit autour du corps et la porta jusqu'à sa mort. Après cette action, toutes ses peines et ses scrupules cessèrent, et elle se trouva dans une grande paix et dilatation de cœur ; ce qui l'engagea à enseigner cette dévotion a plusieurs personnes qui y firent de grands progrès. Un jour la sainte Vierge apparut à la vénérable Agnès et lui mit au cou une chaîne d'or, pour lui témoigner la joie qu'elle avait qu'elle se fût faite l'esclave de son Fils et la sienne : et sainte Cécile, qui accompagnait la sainte Vierge, lui dit : « Heureux sont les fidèles serviteurs de la Reine du ciel, car ils jouiront de la véritable liberté ».
L'abbé Olier, fondateur de Saint Sulpice, voua à Marie une captivité perpétuelle, et en signe de cette heureuse captivité, il portait toujours une petite chaîne d'argent autour du cou. « Ces petits devoirs, disait-il, sont agréables à la sainte Vierge, ils lui plaisent davantage que d'autres plus considérables ».
Le Père de Montfort dit qu'il est très louable, très glorieux et très utile à ceux et celles qui se sont faits les esclaves de Jésus en Marie, de porter pour marque de leur esclavage amoureux de petites chaînes de fer bénites d'une bénédiction propre, chaînes mille fois plus glorieuses et plus précieuses, quoique de fer, que tous les colliers d'or des souverains et des mondains.
II. Ô Marie, je vous choisis aujourd'hui en présence de toute la cour céleste pour ma Mère et ma Maîtresse ; je vous livre et vous consacre, en qualité d'esclave, mon corps et mon âme, mes biens intérieurs et extérieurs, et la valeur même de mes bonnes actions passées, présentes et futures, vous laissant un plein droit de disposer de moi et de tout ce qui m'appartient, selon votre bon plaisir, pour la plus grande gloire de Dieu, dans le temps et dans l'éternité.
Ô Mère admirable, présentez-moi à votre cher Fils, en qualité d'esclave éternel, afin que m’ayant rachetée par Vous, Il me reçoive par Vous.
Ô Mère de Miséricorde, faites-moi la grâce d'obtenir la vraie sagesse de Dieu, et de me mettre pour cela au nombre de celles que vous aimez, que vous enseignez, que vous conduisez, que vous nourrissez et protégez comme vos enfants et vos esclaves.
Ô Vierge fidèle, rendez-moi en toutes choses une si parfaite imitatrice, disciple et esclave de la Sagesse incarnée, Jésus Christ, votre Fils, que je puisse partager un jour sa gloire dans les cieux. Amen.
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