Neuvaine à Notre Dame de la Garde
Notre Dame de la Garde
Notice historique
Lorsque
Marie était debout au pied de la croix, si l'on eût dit aux
Pharisiens: « Voilà la mère du crucifié »; pendant
qu'elle portait dans son sein le fils qu'elle a vu mourir, elle a
fait sur elle-même cette prophétie: « Toutes les générations
me proclameront bienheureuse! » les cœurs cruels eussent
peut-être ressenti quelque mouvement de pitié, et plaignant les
déceptions de cette infortunée, ils se seraient écrié : La mère
du faux prophète ne connaissait pas mieux que lui l'avenir. Pourtant
quelle prédiction s'est mieux réalisée que celle de la Sainte
Vierge? Toutes les générations, en adorant la croix de leur
Sauveur, ont proclamé Bienheureuse, Marie de qui est né Jésus, le
fils de Dieu fait homme. Dans la vierge de Nazareth, de Bethléem et
du Calvaire, elle ont salué leur mère, leur patronne et leur
protectrice. Cette vénération, ces hommages ne seront jamais
interrompus. Jusqu'au dernier jour du monde, Marie sera proclamée le
plus doux espoir des chrétiens, la cause de leur joie, la
consolatrice de leurs douleurs. Toutes les contrées de la terre
voudront avoir de magnifiques cathédrales et d'humbles oratoires
élevés en son honneur. Ces temples porteront le nom béni de
Notre-Dame. On s'y pressera pour implorer sa protection. Sur les
falaises battues par l'Océan, au bord des lacs, au fond des vallées,
sur la crête des montagnes, il y aura des sanctuaires vénérés où
les peuples accourront en foule, comme à des sources plus abondantes
de grâce et de salut. Que de prières ont été adressées à Marie
au pied de l'autel de Notre Dame de Paris, de Notre Dame de Chartres,
de Notre Dame de Fourvières, de Notre Dame de la Garde, de Notre
Dame du Puy, de Notre Dame de Rocamadour!
Le
pèlerinage de Notre Dame de la Garde ne remonte pas au-delà du
treizième siècle. Il eut d'humbles commencements. En 1244,
Guillaume de Pelra permit à un ermite, nommé Pierre, d'élever une
chapelle et une maison entourée d'un jardin sur le sommet de la
colline de la Garde, qui appartenait alors à l'antique abbaye fondée
jadis par Saint Jean Cassien. Cette colline, aux pentes abruptes et
rocailleuses, s'élève au sud du port de Marseille, à une hauteur
d'environ cent cinquante mètres au-dessus du niveau de la mer. Quand
on en gravit le sommet, vers quelque point de l'horizon que se porte
le regard, on peut admirer un panorama grandiose. Ici la mer, la
vaste mer, depuis les îles qui regardent l'Italie jusqu'aux terres
basses où le Rhône décharge ses flots limoneux; là;, un
demi-cercle de collines détachant sur un ciel azuré leurs vives
arêtes que les feux du soleil nuancent de mille couleurs. Dès
qu'une chapelle eut été élevée sur le plateau qui dominait la
colline de Notre-Dame-de-la-Garde, quelques pèlerins commencèrent à
la visiter. D'année en année, les pèlerinages devinrent plus
nombreux. En 1371, un clerc, simple tonsuré, attaqué à
l'improviste, avait tué son agresseur en défendant sa vie. Il fut
cité au tribunal de l'évêque, et condamné à monter nu-pieds,
tous les samedis, pendant un an, à Notre-Dame-de-la-Garde, la tête
couverte d'un capuchon et jeûnant au pain et à l'eau. Ce fait nous
prouve que vers la fin du quatorzième siècle la chapelle de
Villeneuve-la-Garenne était déjà un pèlerinage très-fréquenté.
Les familles plongées dans le deuil par la mort de l'un de leurs
membres se faisaient un devoir d'aller prier dans celte chapelle pour
le repos de l'âme chérie qui les avait quittées. Plusieurs, pour
allonger le pèlerinage et le rendre plus pénible, s'éloignaient
d'abord d'une dizaine de lieues, puis se dirigeaient, pieds nus, vers
le sanctuaire de Notre-Dame.
À la fin du quinzième siècle (1477), l'oratoire primitif étant devenu trop petit pour recevoir les visiteurs, de plus en plus nombreux, une nouvelle chapelle fut construite. Quelques années après, sous le règne de François 1er, la chapelle fut entourée d'un fort. Marseille se préparait ainsi au siège glorieux qu'elle soutint avec tant de succès contre l'armée du connétable de Bourbon. En 1622, le sanctuaire de Notre Dame de la Garde fut visité parle roi Louis XIII, et sa renommée, qui avait déjà franchi les frontières de la Provence, s'étendit dans la France entière. Mais aucun événement ne contribua plus puissamment à augmenter la dévotion à la Sainte Vierge et à multiplier les pèlerinages à Notre Dame de la Garde que la terrible peste qui dépeupla Marseille et ravagea la plupart des villes d'alentour. Le 8 novembre de l'année 1721, Mgr de Belsunce ordonna à toutes les confréries de pénitents de monter avec lui en procession au sanctuaire de la Vierge protectrice des Marseillais. Les consuls se rendirent à cette procession, qui fut suivie d'un peuple immense. Le vénérable évêque adressa une touchante exhortation à la foule recueillie, l'invitant à remercier Dieu de ce que Marseille était enfin délivrée du fléau qui l'avait si longtemps désolée, et à le prier pour Avignon, où la peste exerçait alors de cruels ravages. Quelques années après, les prêtres du Bon Pasteur donnèrent une mission aux pénitents de la Très Sainte-Trinité. Cette confrérie comptait alors près de trois mille membres. A la suite de la mission, qui produisit les plus heureux fruits, tous les pénitents montèrent nu-pieds à la chapelle de Notre Dame de la Garde, précédés par les saints prêtres qui les avaient évangélisés.
Consacré
par une dévotion déjà plusieurs fois séculaire, et par des signes
sans cesse renouvelés de la protection de la Sainte Vierge, le
pèlerinage de Notre Dame de la Garde devint une des plus chères
habitudes de la piété marseillaise. Chaque jour de nombreux
visiteurs gravissaient d'un pied joyeux les pentes pierreuses de la
sainte colline, pour implorer dans son sanctuaire celle que les
affligés n'ont jamais invoquée en vain. Ce concours de pèlerins
n'a été interrompu que pendant les plus mauvais jours de la
terreur. Lorsque la foi chrétienne put briller de nouveau de tout
son éclat dans notre patrie, qui semblait sortir des ténèbres
d'une éclipse, la radieuse beauté du culte catholique resplendit
aussitôt dans le sanctuaire de Notre Dame de la Garde, pareil à ces
cimes élevées qui reçoivent les premiers rayons du soleil. La
sainte colline retrouva ses pèlerins. Depuis lors, elle a été
fréquentée plus que jamais par les Marseillais et par tous ceux qui
abordent sur leur rivage. Tous les rangs, toutes les positions, tous
les âges, toutes les joies, toutes les douleurs se confondent dans
la chapelle de Notre Dame de la Garde. Ici, une mère prie pour son
enfant et demande pour lui, à celle qui est le secours assuré des
chrétiens, la guérison du corps ou la guérison de l'âme. Là, une
jeune fille conjure celle qui est le refuge des pécheurs d'obtenir
enfin à son père une grâce de conversion longtemps désirée.
Ailleurs, on supplie l'Étoile de la mer pour que le voyageur exposé
au courroux des flots apaise par son heureux retour les angoisses de
sa famille.. Toute âme visitée par la douleur vient confier à
Marie ses amères tristesses et lui demander une consolation. Les
marins, avant d'entreprendre une longue navigation, viennent se
mettre sous la protection maternelle de la Sainte Vierge, dans la
chapelle où, pendant leur absence, tous ceux qui leur sont chers se
réuniront souvent et prieront pour que Notre Dame veille sur eux à
l'heure du danger, guide leur voyage et les ramène au port. Que de
matelots, la veille de leur départ, se font un devoir d'entendre la
messe, au point du jour, entourés de leur famille, dans la chapelle
de Notre Dame de la Garde. A leur retour, ils ne manqueront pas de se
réunir encore sous les voûtes du sanctuaire vénéré, pour
remercier leur auguste patronne de les avoir préservés de tout
péril. Peut-être suspendront-ils aux murs de la chapelle un ex-voto
naïf, un tableau où la piété fait oublier l'absence de Part, un
petit bateau déployant ses voiles, image du navire qui les a portés
sur l'Océan, un fragment de cordage qui, pendant la tempête, a
maintenu le gouvernail. Aux ex-voto des marins s'en joignent d'autres
tout aussi expressifs. Le malade rendu à la santé se fait
représenter tel qu'il était lorsque la Sainte Vierge a intercédé
pour lui et l'a sauvé du trépas. Le paralytique et le boiteux, qui
ont recouvré l'usage de leurs membres, suspendent leur béquille
désormais inutile, comme un témoignage de l'efficace intercession
de la Reine du Ciel.
Souvent
d'illustres visiteurs se sont mêlés à la foule des pèlerins
obscurs dans la chapelle de Notre-Dame-de-la-Garde. Deux rois
d'Espagne, sur le chemin de l'exil, ont incliné leur tête, rendue
plus vénérable par la consécration du malheur, aux pieds de la
Mère de Celui dont le règne n'aura point de fin. Le 4 juin 1816, la
duchesse de Berry vint unir ses prières et associer d'avance ses
épreuves aux épreuves et aux prières des Bourbons d'Espagne.
Lorsque Marie-Caroline, alors princesse de Naples, se disposait à
quitter la terre natale pour venir en France où l'attendaient tant
de douleurs, elle reçut par la poste un pli cacheté qui ne
contenait qu'une image de la Sainte Vierge, avec cette inscription:
« Notre Dame de la Garde, patronne des marins, priez pour
nous ». La princesse étonnée ne put savoir qui lui adressait
cette image; aucune lettre n'accompagnait le mystérieux envoi. Elle
apprit seulement que Notre Dame de la Garde était un pèlerinage
marseillais où la Sainte Vierge était implorée avec une touchante
confiance par tous ceux qui devaient braver l'inconstance des flots.
Elle résolut d'accomplir ce pèlerinage en arrivant à Marseille, et
voulut porter sur elle, pendant la traversée, l'image invisible que
lui avait envoyée un ami inconnu. Lorsque le navire eut perdu de vue
les côtes napolitaines, il fut assailli par une violente tempête;
mais il fut protégé, tant que dura le péril, par la présence de
l'image sainte dont la vue rassurait les matelots. C'est à elle que
le commandant de la frégate crut devoir son salut. Dès qu'elle eut
touché le rivage de la France, la princesse voulut aller remercier
la Sainte Vierge dans le sanctuaire où elle reçoit les actions de
grâces des marins échappés à la fureur des flots. Un temps
magnifique favorisa son pèlerinage. Près de cinquante mille
personnes couvraient la colline. Chacun voulait voir de près la
courageuse princesse qui allait unir sa destinée à celle de
l'héritier de nos rois, menacé déjà par le fer régicide qu'un
assassin aiguisait dans l'ombre. De joyeux drapeaux flottaient
partout, dans la ville, dans le port, dans toutes les campagnes
voisines. D'innombrables navires livraient au souffle du vent les
couleurs de toutes les nations. Mais deux immenses drapeaux blancs
dominaient toutes les banderoles qui pavoisaient le fort : l'un
portait les armes de France, l'autre celles des Deux Siciles.
La duchesse d'Angoulême visita Notre Dame de la Garde le 15 mai 1823. Le vent du nord-ouest, le terrible mistral, soufflait avec une violence effrayante lorsque la magnanime princesse accomplit son pèlerinage. On la pria de remettre à un autre jour sa pieuse visite, lui disant qu'elle s'exposait à être renversée par le mistral sur les hauteurs de la colline. Mais l'intrépide femme, qui avait traversé sans en être vaincue toutes les tempêtes que peuvent soulever les passions humaines, pouvait-elle être arrêtée par le souffle du vent? Peu de jours furent plus mémorables pour les pèlerins de Notre-Dame-de-la-Garde que le jour où leurs majestés Napoléon III et l'Impératrice Eugénie, gravirent la colline sainte dont les flancs escarpés disparaissaient sous les rangs pressés de la foule qui les couvrait d'une mosaïque vivante. Dans ce sanctuaire où tant de rois avaient prié, quels vœux ardents ont formés pour la gloire et le bonheur de la France, quel divin secours ont imploré l'énergique souverain et la gracieuse souveraine, en inclinant leurs fronts couronnés aux pieds de la Reine du ciel! A l'occasion de cette auguste visite, l'accès de la chapelle fut rendu plus facile. Un escalier, habilement tracé et solidement construit, permit d'y arriver sans trop de fatigue. Une semaine suffit pour achever ce travail, qui fut poussé avec la prodigieuse activité que Marseille sait déployer quand elle veut se donner en quelques heures un ornement de plus. Ce fut le dimanche, 9 septembre 1860, que Leurs Majestés allèrent entendre la messe à Notre Dame de la Garde. La colline dont le sommet, richement pavoisé, ne pouvait être atteint que par un petit nombre de privilégiés, était entourée jusqu'à sa base d'une fourmilière humaine. Près de quatre-vingt mille personnes s'y étaient amassées. Mgr de Mazenod reçut Leurs Majestés à la porte de la chapelle provisoire, rapidement bâtie à côte du splendide sanctuaire qui commençait à s'élever sur les ruines de l'ancien. Il prononça un discours où il rappela l'histoire du sanctuaire cher aux Marseillais, et la nécessité de sa reconstruction encore inachevée. « La présence de Vos Majestés dans ce sanctuaire, dit le vénérable prélat, ajoute un nouvel éclat à son illustration séculaire. L'histoire de notre ville dira qu'après avoir contribué par votre munificence à la réédification du temple consacré à la Mère de Dieu, vous ayez voulu venir visiter les travaux de cette pieuse entreprise avant qu'ils fussent achevés, et donner ainsi un solennel témoignage de la part que vous prenez à la grande dévotion marseillaise... » S'adressant à l'Impératrice, il ajouta: « Et vous, Madame, qui attirez les peuples vers votre glorieux époux par le charme de vos bontés, vous continuerez votre vocation tutélaire devant la Mère de Dieu, en appelant sur l'Empereur des bénédictions que nous invoquons aussi sur votre personne et sur le Prince impérial, déjà béni par moi le jour de sa naissance, du haut de ce sanctuaire dont l'image fut suspendue sur son berceau. Ce souvenir nous est un motif de plus de le tenir pour présent au milieu de ses augustes parents, heureux et exaucés dans ce gage d'avenir donné à la France ».
Avant
la tourmente révolutionnaire, le sanctuaire de Notre Dame de la
Garde possédait une statue en argent de la Sainte Vierge qui
jouissait du privilège, considéré comme unique dans le monde
chrétien, de tenir à la main le Saint-Sacrement exposé. Pendant la
terreur, cette statue fut portée à la Monnaie pour être convertie
en numéraire. Lorsque la paix fut rendue à l'Église de France, le
bruit se répandit que l'image en argent de Notre Dame de la Garde
avait été vendue aux Génois, et qu'elle devait se trouver quelque
part. On se livra aux plus minutieuses perquisitions; mais on acquit
bientôt la conviction que la statue avait été détruite et changée
en pièces d'argent à l'effigie de la république. La piété
marseillaise, désireuse de réparer ce sacrilège, voulut donner au
sanctuaire de Notre Dame de la Garde une image de la Sainte Vierge
plus riche que celui qu'il possédait avant la révolution. La
duchesse d'Angoulême, en 1823, mit à la disposition des
administrateurs de la chapelle une somme de trois mille francs, comme
sa souscription personnelle à l'érection d'une statue d'argent.
L'exemple de l'auguste fille de Louis XVI ne pouvait manquer d'être
imité, il fut décidé qu'on remplacerait l'ancienne image par une
statue où la richesse du travail le disputerait à la richesse de la
matière. M. Channel, artiste aussi distingué que pieux, se chargea
de doter d'un chef d'œuvre la chapelle de Notre-Dame-de-la-Garde. Il
l'exécuta au repoussé sur un modèle en plâtre de Corlot,
statuaire à Paris. La Sainte Vierge est représentée portant sur
son bras l'enfant Jésus, et présentant à l'adoration des fidèles,
Celui qui donne à ses maternelles prières, le droit d'être
exaucées. Celte statue, haute de six pieds, d'une beauté et d'une
perfection de travail admirables, fut solennellement bénie au mois
de juillet 1837, sur le cours de Beizunce, au milieu d'une foule
immense où le peuple des campagnes et des villes voisines se mêlait
aux habitants de Marseille. M. Fortuné de Mazenod, alors âgé de 89
ans, adressa aux fidèles quelques paroles émues qui furent comme
les adieux de ce vénérable vieillard. Pour la dernière fois donna
la bénédiction pontificale à ses ouailles assemblées autour de
lui. Chaque année, à l'époque delà Fête-Dieu, la statue d'argent
de Notre Dame de la Garde descend de son sanctuaire, et vient passer
un jour entier au milieu de la ville, exposée sur un trône entouré
de flambeaux et de fleurs, comme une reine bien-aimée au milieu de
son peuple. Les fidèles se pressent sur le passage de l'image
vénérée. Dès le matin, les rues que le saint cortège doit
parcourir se parent de pavillons et de guirlandes. Gracieux
interprètes de leur famille, des enfants récitent une prière à la
Mère de Dieu portée en procession, et lui offrent un cierge, soit
pour implorer sa protection, soit pour la remercier d'un bienfait
reçu. Quand des jours de douleur et de deuil se lèvent sur
Marseille, quand un fléau destructeur jette l'épouvante au sein de
la riche cité, tous les regards se tournent vers Notre Dame de la
Garde. On se forme en procession, on va pieds nus chercher la
précieuse image de la protectrice des malheureux. Au lieu de ne
demeurer qu'un jour au milieu de la ville, elle reste exposée
pendant huit jours à la piété dos fidèles. C'est avec des larmes
qu'on l'implore. Quand elle reprend le chemin de son sanctuaire, on
la laisse partir à regret, mais avec la douce persuasion que la
justice de Dieu est apaisée.
En
1845, la chapelle de Notre Dame de la Garde reçut un bourdon sonore
dont les puissantes vibrations portent jusqu'aux extrémités du
territoire marseillais l'annonce des fêtes de la Sainte Vierge et
des cérémonies pratiquées en son honneur dans son sanctuaire de
prédilection. Cette cloche colossale, dont les flancs sont enrichis
d'ornements en relief d'une exécution parfaite, est sortie des
ateliers de Mr Morel, de Lyon. Elle reçut son baptême le 5 octobre
1845, sur la plaine Saint-Michel, au milieu d'un peuple immense, et
fut appelée « Marie-Joséphine ». Dix jours après, elle
fut posée sûr le clocher provisoire de Notre Dame de la Garde.
Depuis lors, trois fois par jour, aux heures de l'Angélus, le
bourdon de Notre Dame remplit la ville de ses vibrations graves et
prolongées, invitant les fidèles à prier la Vierge sainte, la Mère
de Dieu, Celle que l'ange Gabriel, de la part du ciel, et Élisabeth,
de la part de la terre, saluèrent pleine de grâces et bénie entre
toutes les femmes. Cependant Marseille, dont la prospérité
commerciale rendait nécessaire la création de deux nouveaux ports,
et qui tendait à devenir la plus opulente des villes de France après
Paris, en même temps que la plus peuplée, Marseille comprenait que
l'antique sanctuaire de Notre Dame de la Garde était à la fois trop
modeste et trop étroit. Les jours de fête, la plupart des pèlerins
ne pouvaient trouver place à l'intérieur de la chapelle. Le vœu
populaire demandait avec instance la construction d'une nouvelle
église. Le 1er novembre 1852, un mandement de Mgr Charles de Mazenod
annonça aux fidèles que leurs justes désirs allaient être
satisfaits. Il fit un appel à la générosité des fidèles; une
souscription fut ouverte, et le premier nom inscrit sur la liste de
souscripteurs fut le nom immortel de Pie IX. « Ce nom, disait Mgr de
Mazenod, vaut a lui seul un riche présent. Il est une bénédiction
sur notre œuvre et sur tous ceux qui y prendront part. » Des fonds
abondants furent bientôt réalisés, et la première pierre du
nouveau sanctuaire fut posée solennellement le 28 août 1853. Une
chapelle byzantine, ornée à l'intérieur d'un riche revêtement de
marbre, devait s'élever sur une crypte ou église inférieure. Mgr
de Mazenod put voir achever cette chapelle souterraine dont les
proportions heureuses, la décoration, le demi-jour favorable au
recueillement, rappellent les plus belles cryptes que nous a léguées
le moyen-âge ; mais il ne lui fut pas donné de consacrer le nouveau
sanctuaire de Notre Dame de la Garde: cette gloire était réservée
à son successeur. Dès qu'il eut pris possession du siège de
Marseille, Mgr Cruice déploya un zèle infatigable pour le
pèlerinage si cher à ses diocésains. Il fit reprendre et activer
les travaux de construction, interrompus depuis quelque temps. Des
murs de marbre, que nulle voûte ne dominait, s'élevaient au sommet
de la colline, comme des ruines, jouets de la pluie et des vents. Un
des premiers mandements du nouvel évêque eut pour objet d'adresser
à la généreuse piété des fidèles une pressante demande de
souscriptions. « Le nouveau sanctuaire de Notre Dame de la
Garde, leur dit-il, est plus que l'œuvre d'un pontife: c'est le
monument de tout un peuple, des riches et des pauvres, des ouvriers
et des artisans, des matelots et des pêcheurs. C'est la prière
d'une grande ville qui s'élève du sommet de cette colline et monte
vers les cieux. Pour les uns, c'est l'hymne de la reconnaissance;
pour d'autres, c'est l'invocation du repentir; pour tous, c'est le
cantique de l'amour ». Aux souscripteurs qui apporteraient à
Notre Dame de la Garde un don de mille francs, il accorda le droit de
faire poser dans la crypte du sanctuaire une plaque de marbre portant
leur nom de famille. « Ces noms passeront à la postérité;
les pèlerins les liront avec reconnaissance; les enfants
s'honoreront de la charité de leurs pères; elle deviendra pour eux
un litre de gloire, et auprès de ces ex-voto, ils prieront avec
confiance pour ceux qui leur étaient si chers et qui reposent alors
dans la paix du Seigneur ». En faisant cet appel à toutes les
familles pieuses, Monseigneur s'adressa aussi aux corporations
d'ouvriers, aux administrations, aux confréries, aux institutions
religieuses de toutes dénominations. Des plaques de marbre, revêtant
la crypte du monument, devaient rappeler les divers tributs d'hommage
offerts par toutes les classes de la société à la Mère de Dieu.
La voix de l'évêque fut entendue. Aucun Marseillais ne pouvait
rester indifférent au prompt achèvement du temple de la Bonne Mère.
Toutes les grandes familles se firent un devoir d'offrir le don qui
permettait à leur nom de figurer dans la crypte de Notre Dame de la
Garde, dans cette espèce de statistique en marbre qui fera connaître
à la postérité la plus reculée tout ce qu'il y avait de pieux et
de généreux à Marseille en 1861.
L'abondance
des souscriptions permit d'espérer qu'au bout de deux ans le nouveau
sanctuaire serait achevé et pourrait être consacré. En attendant
ce jour si désiré, la chapelle de Notre Dame de la Garde fut témoin
de deux fêtes magnifiques. Le 17 août 1862, Mgr Cruice annonça aux
fidèles, par une lettre pastorale, qu'il consacrerait son diocèse
au Saint Cœur de Marie, le jour où l'Église célèbre la fête de
ce Cœur immaculé. « Au jour solennel de notre consécration
épiscopale, disait-il, jour de la fête du très Saint Cœur de
Marie, prosterné au pied de ses autels, nous lui adressions cette
prière: « O Cœur immaculé, dont la tendresse maternelle n'a
jamais été vainement implorée, nous recourons à vous dans notre
faiblesse, nous vous consacrons tous les travaux de notre
épiscopat.... Le lendemain, célébrant à l'autel de Notre Dame des
Victoires notre première messe d'évêque, nous mêlions les mêmes
prières aux prières et au sang du divin Fils de Marie; peu après,
au soir de la fête de Saint-Lazare, nous passions au milieu de ce
peuple qui devenait notre famille, et nous appelions sur lui toutes
les bénédictions qu'un évêque peut puiser à pareil jour dans le
Cœur adorable de Jésus et dans le Cœur immaculé de Marie. Et
lorsque le soleil, qui avait éclairé cette fête de ses derniers
feux, se leva le lendemain à l'horizon, nous montions la colline qui
conduit au sanctuaire de Notre Dame de la Garde; C'était dans ce
temple privilégié, ou vos pères ont versé tant de prières et de
larmes, où vous-mêmes vous avez épanché si souvent les vœux, les
anxiétés et les espérances de vos cœurs, où Marie s'est toujours
montrée votre bonne Mère, par des prodiges de puissance et d'amour
si touchants et si nombreux, que la renommée en a été portée
jusqu'aux extrémités de la terre. C'est là, au pied des autels,
que nous devions confier notre ministère pastoral et notre diocèse
à la garde de la Très-Sainte Vierge. Mais ces prières étaient
proférées dans le silence de notre âme, et il nous tardait de voir
revenir l'anniversaire de notre sacre et la fête du Très-Saint Cœur
de Marie, pour vous conjurer, nos très chers frères, de vous unir à
nous dans un acte solennel de consécration à la Sainte Vierge, et
d'implorer publiquement avec nous sur ce diocèse, sur les travaux de
notre ministère, sur notre clergé, sur vos familles, sur
vous-mêmes, les faveurs précieuses du Cœur immaculé de notre
céleste Mère ». La cérémonie de la consécration du diocèse
de Marseille au Saint Cœur de Marie s'accomplit avec une imposante
magnificence, à la suite d'une procession comme les Marseillais
savent les faire. Quatre évoques étaient venus joindre leurs
prières à celles de monseigneur Cruice. La colline de Notre Dame de
la Garde présentait un spectacle qu'il est plus facile d'imaginer
que de décrire, au moment où les cinq pontifes, sur une estrade
élevée devant la chapelle provisoire, étendirent leurs mains
au-dessus de la foule agenouillée, en invoquant sur elles les
bénédictions du Très-Haut. L'anniversaire de cette solennité
mémorable fut célébré avec un éclat inaccoutumé. A cette
occasion, les reliques des saints du diocèse de Marseille furent
portées processionnellement dans la crypte de Notre Dame de la
Garde, avec une pompe où la savante ordonnance des fêtes du nord se
mêlait à l'élan populaire des fêtes du midi. De riches
reliquaires, œuvres d'art en même temps que de piété, avaient
reçu une portion des restes précieux des huit saints protecteurs du
diocèse de Marseille: saint Vincent de Paul, saint Victor, saint
Ferréol, saint Sérèmes, saint Théodore, sainte Marthe, sainte
Marie-Madeleine, saint Lazare. Les huit reliquaires étaient précédés
de huit cortèges d'aspects variés. Chaque paroisse avait rivalisé
de zèle et d'imagination pour former ces brillants cortèges. Ici,
flottaient des bannières, des guidons, des oriflammes; là,
s'agitaient des palmes et des branches fleuries. D'innombrables
encensoirs, étincelant au soleil, jetaient à la brise, des nuages
de fumée odorante. Des plumes blanches et roses s'arrondissaient en
couronnes, s'allongeaient en guirlandes, et formaient au-dessus des
reliquaires un dais aérien. Jamais l'admiration de la foule,
habituée cependant aux magnificences des processions marseillaises,
n'avait été si vivement excitée.
Cependant
la fête du 23 août 1863 ne devait être que le prélude de celle du
5 juin 1864,jour de la consécration du nouveau sanctuaire de
Notre-Dame de la Garde. Pour préparer les fidèles à la splendeur
de cette fête exceptionnelle, notre Saint-Père le Pape, sur les
instances de Mgr l'évoque de Marseille, a bien voulu accorder un
jubilé extraordinaire dont les indulgences ont pu être gagnées
pendant tout le mois de mai. Pie IX a déclaré qu'en accordant une
faveur si rare, il voulait récompenser la piété des Marseillais
envers la Sainte Vierge. L'inauguration du nouveau sanctuaire devait
dépasser en magnificence toutes les solennités dont l'antique
chapelle a été témoin. Ne fallait-il pas qu'on pût appliquer au
nouveau monument élevé en l'honneur de Notre-Dame-de-la- Garde ces
paroles de l'Écriture: « La gloire du second temple sera plus
grande que la gloire du premier ». Comment rie pas être ému a
la pensée de cette incomparable fête, manifestation grandiose de la
dévotion de tout un peuple envers la Sainte Vierge? Quelle imposante
réunion de prêtres venus de tous les points de la France, de
religieux de tous les ordres, de chanoines, d'évêques, de cardinaux
Quel pieux soulèvement d'une ville entière! quelle procession
triomphale! ô beauté sublime du culte catholique! ô jour de joie
et de transports ! ô jour « que le Seigneur a fait! » ô
jour dont le souvenir ne s'effacera jamais.
O
Vierge sainte! ô Notre-Dame-de-la-Garde nous avons raconté les
gloires de votre sanctuaire; nous terminerons nous aussi, notre
pèlerinage en vous adressant une prière filiale. Vous êtes la Mère
de grâce, ô Marie! Maria Mater gratiae. Augmentez la piété dans
nos âmes; unissez-les à votre divin Fils par les fortes chaînes de
l'amour. Inspirez-nous des pensées qui embellissent nos joies et
adoucissent l'amertume de nos afflictions. Souvenez-vous aussi des
pécheurs, puisque vous êtes une Mère de miséricorde, Mater
misericordiae. Tendez-leur votre main bénie. Faites apparaître à
leurs regards troublés un rayon de la gloire préparée à ceux qui
se convertissent. Si la justice de Dieu les effraie, rappelez-leur
votre bonté. Protégez-les, protégez-nous tous contre les attaques
de notre implacable ennemi, tu nos ab hoste protege. Toutes les fois
que le monde menacera notre faiblesse, nous accourrons auprès de
vous, comme des enfants épouvantés auprès de leur mère. Chaque
prière que nous vous adressons est un glaive qui met en fuite les
esprits de l'abîme. Nous portons sur notre cœur votre image
protectrice, comme un bouclier divin qui émousse tous les traits. La
vie est pour tous les hommes un difficile combat; mais pour vos
enfants, ô Marie! ce combat est une victoire. Viendra le jour du
triomphe. Au terme de notre pèlerinage dans cette vallée de larmes,
vous nous accueillerez, ô bonne Mère! Vous nous assisterez à
l'heure de notre mort, ex hora mortis suscipe. Votre nom, mille fois
répété, consolera notre agonie. Vous nous fermerez les yeux. Vous
recevrez notre âme s'échappant enfin de sa prison de chair; vous la
conduirez devant le juste Juge, afin que nous: trouvions grâce
devant lui, et que notre voix s'unisse à la Voix des élus et des
anges pour vous louer et vous bénir pendant toute l'éternité.
Ainsi-soit-il.
Neuvaine à Notre Dame de la Garde
L'usage
des Neuvaines est devenu fréquent de nos jours, parce qu'on en a
reconnu les immenses avantages. Une neuvaine bien faite porte
toujours ses fruits. La prière se fait alors avec plus de foi et
plus d'amour; les dispositions sont plus chrétiennes: la confession,
le retour sur soi-même, le grand désir, quelquefois même le grand
besoin d'être exaucé, tout agit puissamment sur l'âme, la
rapproche de Dieu, la rend plus fervente et plus détachée de la
terre; la prière devient plus pure, plus humble; et alors ce qui
souvent ne devait servir qu'à obtenir un bien temporel et passager,
nous obtient des grâces de salut pour l'éternité. Il ne suffit
donc pas de faire une Neuvaine pour obtenir une grâce particulière,
un secours, un miracle peut-être; il faut sanctifier ce temps de
prière, descendre dans le secret de son âme, reconnaître combien
peu on mérite les faveurs du ciel, et prendre la résolution de
s'avancer dans la charité et la pratique de la vertu. N'oublions pas
que la prière est bien imparfaite si elle n'est accompagnée d'une
vie chrétienne. Comme chacun a ses besoins particuliers qui peuvent
varier beaucoup, voyez à vous imposer, pendant la Neuvaine, telles
prières, méditations, lectures, pratiques, bonnes œuvres, qui
seront plus appropriées à votre état. Consultez, au reste, voire
confesseur; prenez ses conseils, et suivez en tout point la marche
qu'il vous tracera. Pour faire la Neuvaine avec fruit, il est bon de
commencer parla confession, et de se mettre en état de grâce, afin
de s'approcher de la sainte table au moins le dernier jour. Il faut,
autant que possible, faire dire la sainte messe dans l'intention de
la Neuvaine, ou du moins y assister pendant les neuf jours.
Prière
à Notre Dame de la Garde
A
dire chaque jour au début de la Neuvaine
O
sainte Mère de Dieu, nous nous unissons avec amour à tant d'âmes
pieuses qui, depuis une longue suite de siècles, se sont prosternées
à vos pieds dans ce sanctuaire. Hélas! héritiers d'une génération
qui a cru que la liberté était aussi l'abandon de la Foi et le
mépris des institutions religieuses, nous marchons faibles et
languissants dans les voies de la piété; nous avons laissé dépérir
cette sève du Christianisme qui animait nos pères, et les amenait
au pied de vos autels dans les joies comme dans les douleurs, avec
les larmes du repentir ou de la reconnaissance; faites revivre, ô
divine Marie ! cette foi puissante qui est la vie des peuples et des
individus; excitez dans nos cœurs le tendre amour pour Jésus et
Marie, dont ces heureuses populations étaient pénétrées, afin que
vous veniez encore à nous, toute pleine de votre amour de mère, et
toute prête à répandre sur vos enfants les bienfaits qu'ils
sollicitent pour accomplir leur pèlerinage dans cette vallée de
larmes. Ainsi soit-il.
Réciter en suite les Litanies en l'honneur de l'Immaculée Conception à la fin de la Neuvaine
Premier jour
O Marie conçue sans péché, priez pour nous.
O
Dieu! quelle abondance de miséricorde, et que les sujets d'espérance
se multiplient devant nous; puisque en même temps que par la
première femme le genre humain tombait de la splendeur de l'état
d'innocence, vous avez daigné prédestiner une autre femme pour le
relever. O Marie! vous êtes la nouvelle Ève, la fille chérie du
Créateur; comme la première, vous paraissez au monde toute pure,
toute brillante de beauté, toute enveloppée des grâces et des
bienfaits du Seigneur; mais vous venez pour sauver, par votre
maternité divine, ce que la première femme a perdu pour arracher à
la mort les victimes héréditaires de sa désobéissance. Voilà la
nouvelle Mère que vous donnez à l'homme, ô mon Dieu, pour qu'elle
soit médiatrice entre nos misères et votre miséricorde. Pure et
sans aucune tache, sa voix sera plus puissante quand elle priera pour
le pécheur. O Marie immaculée! Vierge toute parfaite, beauté toute
céleste dont jamais la moindre souillure n'a terni l'éclat,
n'êtes-vous pas cette radieuse espérance qui vient tout d'un coup
briller au sein même de l'abîme de la désolation? Qu'allions-nous
devenir sans le Christ qui vient nous-sauver? et vous êtes sa mère
à jamais chérie, la plus parfaite créature de Dieu, la plus pure
des vierges, la plus aimante des mères! O privilège admirable!
notre faible intelligence ne saurait se faire une idée de votre
estimable valeur.
O Vierge sainte! arche d'alliance! aidez-nous à correspondre aux desseins ineffables du Dieu qui, après s'être glorifié dans votre pureté incomparable, veut maintenant se glorifier dans notre indignité, et qui ne nous a arrachés au démon que pour faire de nous son temple et sa demeure la plus chère. Venez donc à notre secours, ô vous qui, par la miséricorde de votre Fils, n'avez jamais connu le péché! Que l'éclat de votre innocence virginale, rejaillissant en nos âmes, nous découvre la beauté de la grâce; que votre amour nous obtienne d'en sentir tout le prix, afin que désormais nous préférions toutes les douleurs et la mort même plutôt que de consentir à perdre le plus précieux des biens, le trésor inestimable de la grâce!
O Marie conçue sans péchés, priez pour nous qui avons recours à vous.
Deuxième
jour
Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous
Mère
de Dieu! quel honneur plus grand! quel titre plus magnifique! ô
Marie! il n'y a rien qui vous soit égal, rien qui vous soit
comparable, car Dieu seul est au-dessus de vous. Dire, en effet, que
vous êtes la Mère de Dieu, c'est vous élever au-dessus de toutes
les grandeurs qui existent, ou qu'on peut imaginer au-dessous du
Très-Haut, Cette dignité, selon la pensée de saint Thomas, est en
quelque sorte infinie, elle est incompréhensible à l'esprit humain,
parce qu'elle a pour terme Dieu lui-même; car qui dit une mère dit
un fils, et qui dit une Mère de Dieu dit nécessairement un Fils qui
est Dieu; c'est pourquoi, comme il n'y a point d'esprit créé qui
puisse comprendre la dignité d'un fils de Dieu, il n'y en a pas
davantage qui puisse comprendre celle de sa Mère. « Concevez,
dit saint Grégoire, ce que c'est qu'un Fils de Dieu, et vous
concevrez ce que c'est que sa Mère: l'excellence de l'une vous fera
connaître l'excellence de l'autre: si vous dites que l'une est
infinie, je dirai que l'autre l'est aussi ».
O très Sainte et très Immaculée Vierge, Mère de mon Dieu! vous êtes plus noble que tous les esprits célestes, plus pure que les rayons du soleil, plus digne d'honneur que toutes les hiérarchies des anges. O sainte Mère de mon Dieu! ayez pitié de moi qui suis un misérable pécheur. Souvenez-vous qu'en mettant au monde Celui qui est notre frère, vous êtes devenue véritablement notre Mère, et qu'ainsi vous êtes plus élevée on puissance et en gloire, plus nous devons ressentir les effets des sollicitudes de votre Cœur maternel. Je viens, ô Marie! me réfugier sous les ailes de votre protection; couvrez-moi de votre miséricorde. Oui, les yeux baignés de larmes, je vous supplie d'intercéder pour moi, afin que votre Fils, notre clément Sauveur, ne me rejette point à cause de mes péchés, et ne me retranche point comme un arbre stérile.
O
Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à
vous.
Troisième
jour
Marie source de grâces, priez pour nous
Reconnaissons
la conduite de la sagesse et de la miséricorde de notre Dieu. Dès
lors qu'il a conçu le dessein du salut des hommes, il en a mis tout
le prix et tout le succès entre les mains de Marie. Il a voulu que
la chute de la première femme fût relevée par un de ses enfants;
et que si une Vierge nous a perdus, une Vierge vînt aussi nous
sauver. Honorons de toute l'étendue de nos cœurs, de toute
l'affection de nos entrailles, de toute notre force et de tous nos
désirs, cette divine Mère; car telle est la volonté de Celui qui
veut que nous ayons tout pour Marie. Qui dit tout n'excepte rien; il
veut que nous ayons par Marie la grâce et la gloire; il veut que les
hommes reçoivent tout de son abondance et de sa plénitude. Il veut
que tous les hommes soient sauvés par les mérites du Fils et par
l'intercession de la Mère, parce que Dieu a résolu de ne nous faire
aucune grâce qui ne passe par les mains de Marie. Comme on ne peut
être sauvé sans grâce, il faut dire qu'on ne peut l'être que par
Marie, le canal de toutes les grâces qui descendent du ciel en
terre.
O Marie! Vierge de bonté, qui êtes notre consolation et notre ressource auprès de Dieu; vous qui êtes seule la rosée céleste qui donne du rafraîchissement à nos peines; vous qui faites distiller en nos cœurs une pluie divine, lorsqu'ils sont dans la sécheresse et l'aridité; vous qui êtes la lumière céleste qui éclairez nos âmes lorsqu'elles sont environnées de ténèbres; vous qui êtes notre guide dans les voyages, notre force dans les faiblesses, notre trésor dans la pauvreté, notre remède dans les plaies incurables, et notre consolation dans les larmes; vous qui êtes la fin de nos gémissements, la ressource de nos misères; vous qui rompez nos chaînes et qui êtes l'espérance de notre salut; exaucez nos prières, ayez compassion de nos soupirs, recevez nos plaintes, ayez pitié de nous. Que nos larmes touchent de compassion les entrailles de votre bonté, comme il est convenable à la Mère de Dieu qui a tant d'affection pour les hommes. Mère de Dieu, vous avez le pouvoir de nous exaucer; vous en avez aussi la volonté: ayez donc pitié de nous.
O
Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à
vous.
Quatrième jour
O Marie, notre avocate, priez pour nous.
C'est
dans vous, ô Marie! que réside toute l'assurance de la vie et de la
vertu; vous êtes le secours de ceux qui combattent, l'avocate des
pauvres, le refuge charitable des pécheurs: vous êtes la
dispensatrice des dons célestes, notre unique espérance après
Dieu; vous êtes le salut de tous ceux qui vous invoquent. Ah! qui
que nous soyons, nous pouvons nous approcher de Dieu avec assurance,
nous avons Marie pour nous présenter et pour nous défendre. Elle
est le trône où Dieu s'est reposé afin que nous puissions, comme
le dit l'Apôtre, obtenir grâce et miséricorde; elle est pleine de
grâces, afin de les répandre avec profusion sur ses enfants chéris.
Malheur à celui qui n'aura pas Marie pour avocate! qui pourra le
défendre? Et comment peut espérer son intercession celui qui ne la
prie point, qui ne l'aime point, et qui, négligeant son service, ne
s'efforce pas d'imiter ses vertus pour mériter son amour?
O
Vierge Immaculée ! vous êtes l'unique avocate et l'unique secours
de ceux qui sont sans défense. Vous êtes le port assuré de ceux
qui ont fait naufrage; vous êtes le salut et l'espérance de tous,
la ressource de l'univers, la couronne et la gloire des justes. Mère
de Dieu, couvrez-nous des ailes de votre charité et de votre
miséricorde; ayez pitié de nous qui sommes pécheurs: nous n'avons
confiance qu'en vous, ô Vierge sainte! nous sommes dévoués à
votre service, nous portons le nom de vos serviteurs. Ne souffrez
donc pas que l'ennemi de notre salut nous enlève à votre amour.
Vous êtes le port de notre navigation, ô Vierge Immaculée! Nous
sommes sous votre sauvegarde et votre protection; c'est pourquoi nous
avons recours à vous, nous vous invoquons avec larmes, ô
bienheureuse Mère! Nous nous prosternons devant vous, et nous vous
supplions très humblement d'empêcher que Jésus, votre Fils, notre
Sauveur et la vie de toutes choses, irrité par la multitude de nos
crimes, ne nous coupe comme l'arbre infructueux, et ne livre nos âmes
à la puissance du lion infernal.
O
Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à
vous.
Cinquième jour
O Marie, notre médiatrice, priez pour nous
Quelles louanges ne devons-nous point rendre à celle qui à mérité entre tous les saints d'être notre médiatrice et de nous obtenir les biens précieux de la grâce! C'est par Marie, ô mon Dieu! que nous avons reçu votre miséricorde, c'est par elle que nous recevons notre Seigneur Jésus-Christ. Elle seule a eu quelque part à la gloire de son Fils dans le salut du monde, car elle ne nous obtient rien qu'elle ne nous ait mérité pendant qu'elle était sur la terre; elle a aussi offert toutes ses actions et toutes ses souffrances unies à celles de Jésus-Christ pour le salut de tous les hommes, et Dieu a accepté cette offrande. La miséricorde de Marie était grande lorsqu'elle était encore dans l'exil de ce monde; mais maintenant qu'elle est dans le ciel, elle est incomparablement plus étendue.
O
sainte Mère de Dieu! véritable médiatrice de notre salut, nous
espérons obtenir par votre moyen le royaume des cieux. C'est vous
qui nous aidez, qui nous défendez, qui nous excusez auprès de votre
Fils, et qui travaillez puissamment à notre salut. Nous vous
supplions donc d'exaucer nos prières, et de nous obtenir ce que nous
demandons. Vous le pouvez, car vous avez, comme Mère, auprès de
votre Fils, un crédit qui ne peut souffrir de refus; vous avez des
forces insurmontables; et quelque grande que soit la multitude de nos
péchés, elle ne saurait égaler la grandeur de votre miséricorde.
Rien ne résiste à votre puissance, tout cède à votre force et à
vos commandements, tout obéit à votre empire. Celui qui est né de
vous vous a élevée au-dessus de tout; votre Créateur fait sa
gloire de la vôtre, et se tient honoré de ceux qui vous honorent.
Votre Fils se réjouit de voir l'honneur que nous vous portons; il
vous accorde volontiers ce que vous lui demandez; priez-le donc pour
nous, qu'il nous fasse la grâce de vivre et de mourir dans son saint
amour.
O
Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à
vous.
Sixième
jour
O Marie, refuge des pécheurs, priez pour nous
O
douce et bonne Vierge ! Marie, Mère de Dieu, espérance des plus
désespérés, c'est par vous que nous avons été réconciliés avec
Jésus-Christ votre Fils et notre Dieu. Priez pour nous, pauvres
pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort. O Mère de
Miséricorde! apaisez le Seigneur et rendez-le favorable aux misères
communes de notre nature. Vous êtes toute-puissante pour sauver les
pécheurs, et vous n'avez pas besoin d'autres recommandations auprès
de Dieu, car vous êtes la mère de la véritable vie. La plus belle
qualité que porte la très sainte Vierge est en effet celle de Mère
et de Reine de Miséricorde; parce que la miséricorde est une vertu
divine qui procède d'une plénitude de bonheur; car il faut être
plein pour se répandre, riche pour donner, heureux pour soulager.
Marie doit donc regarder les pécheurs comme ses enfants, car la
misère est l'objet de la miséricorde: il n'y en a point de plus
grande que celle d'un homme qui est dans le péché. Non-seulement
Marie est Mère, mais encore Reine de Miséricorde, parce que son
Fils l'a établie Reine des misérables et Médiatrice des pécheurs,
qu'elle demande toujours miséricorde pour eux et jamais justice.
O
Marie! les sollicitations que l'on vous adresse pour la conversion
des pécheurs ne vous importunent jamais; au contraire, toute votre
joie est de prier pour les misérables et d'assister, par vos prières
toujours efficaces, ceux qui sont en danger de se perdre. Vous savez,
ô très douce Mère de Dieu! mieux que tous les hommes et tous les
anges, combien notre salut est cher et agréable à votre divin Fils;
combien sa Miséricorde le presse de nous sauver; c'est pourquoi nous
venons réclamer votre bonté pour les pécheurs. Ayez pitié de
nous, Vierge sainte; voyez notre profonde misère et secourez-nous.
Obtenez de votre divin Fils un regard de miséricorde qui soit une
Lumière à notre esprit, et un feu dévorant pour notre cœur, afin
que, reconnaissant avec un profond repentir nos égarements passés,
nous remplacions une vie de péché par une vie de pénitence et
d'amour.
O
Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à
vous.
Septième
jour
O Marie, Vierge fidèle, priez pour nous
Conçue
dans l'amour de Dieu, sans aucune tache du péché, sans aucune
inclination au péché, ô Marie! vous n'avez pas eu sujet de
craindre, comme nous, ces chutes funestes qui détruisent la grâce;
et cependant, à examiner votre conduite, on aurait pu penser que
vous aviez autant et plus que nous à craindre. C'est que cette
Vierge prudente et fidèle veillait sans cesse sur son Cœur, comme
si les créatures eussent pu en obtenir les affections; elle veillait
sur toutes ses paroles, comme si elle eût eu à se défier de ses
lèvres; conçue avec tous les privilèges de l'innocence, elle
voulut toujours vivre dans la pénitence. Admirable modèle, sublime
exemple que vous nous avez donnés, ô mon Dieu! pour nous maintenir
dans la grâce de la régénération. Hélas! environnés d'ennemis
flatteurs et trompeurs qui ne cherchent qu'à mettre à profit notre
faiblesse naturelle, nous ne craignons pas, nous ne veillons point!
Nous reconnaissons que nous sommes la faiblesse même; cependant nous
nous exposons souvent aux occasions qui ont fait tomber les plus
forts. Eussions-nous été ravis, comme saint Paul, jusqu'au
troisième ciel, nous devons toujours craindre d'être précipités
au plus profond des abîmes avec l'ange rebelle. Dans le chemin de la
vertu, un jour ne répond pas de l'autre; et faute de fidélité, une
âme, après avoir été l'objet des faveurs de Dieu, peut encore
devenir un objet de réprobation.
O Marie ! vraie fontaine scellée où le démon ne pénétra jamais pour la troubler; lys éclatant de blancheur qui, vous élevant parmi les épines des enfants d'Adam, vous êtes maintenue pure et sans tache au milieu des crimes de la terre, ayez pitié de nous; voyez notre misère, et sauvez-nous de l'ennemi qui nous poursuit. Inspirez-nous cette vigilance active qui assure la fidélité. Veillez vous-même sur nous, soyez notre protectrice dans le chemin de la vie; dirigez nos pas à travers les dangers qui nous menacent. Que par vous nos cœurs s'élèvent jusqu'à Dieu; et que toutes nos œuvres soient autant d'actes d'amour qui nous garantissent une éternelle persévérance.
O
Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à
vous.
Huitième
jour
O Marie, mère aimable, priez pour nous
Est-il
possible d'aimer le Seigneur sans aimer l'auguste Vierge sa Mère?
Comment ne point éprouver pour elle les plus vifs sentiments
d'amour, quand on considère ce que fut Marie, ce qu'elle est devant
Dieu et devant l'homme? Oh! que les apôtres et les disciples durent
la vénérer profondément et l'entourer d'hommages quand ils
conversaient avec le divin Rédempteur que cette Mère avait enfanté,
à laquelle il avait été soumis pendant les trente premières
années de sa vie, et qu'il honorait jusqu'à attendre son
intercession, en quelque sorte, pour commencer le cours de ses
miracles? Le cœur de l'homme brisé par le péché originel
réclamait une mère pure et sans tache, et le Cœur de Dieu créa
Marie. En elle, dit saint Bernard, la justice et la paix
s'embrassent; en elle, se confondent la tendresse d'une mère et la
miséricorde d'un Dieu. Le don d'une mère! tel fut le dernier acte
du testament de Jésus-Christ. Il avait donné la grâce, la lumière
et la parole de vie: il donna encore ses mérites, ses expiations et
ses souffrances pour le salut du monde; et comme il aimait les siens
autant qu'un Dieu peut aimer, il leur légua, dans un ineffable
sacrement, la substance même de son amour et de sa personne; et
enfin, mettant le comble aux largesses d'une bonté infinie, il donna
sa Mère: Voici votre Mère! dernier mot de l'amour, gage d'une
indissoluble union, prémices de toutes les grâces de l'Esprit saint
et de tous les trésors du ciel!
O
toute aimable Marie! vous ne pouvez être nommée sans enflammer
d'amour. La pensée ne peut se porter vers vous sans que le cœur qui
vous aime n'éprouve un redoublement de tendresse; jamais vous ne
venez à notre mémoire sans nous remplir de cette sainte joie qui
vous est donnée de Dieu, Et maintenant, ô notre Souveraine! nous
crions vers vous de toutes les forces de notre âme; aidez notre
faiblesse; enlevez notre opprobre; ô bienheureuse Vierge qui
jouissez si pleinement de son affection filiale. Parlez, votre Fils
écoute: il exaucera toutes vos demandes. Invoquez son nom sur nous,
afin que nous soyons guéris de l'ancienne lèpre du corps et de
l'âme. Qu'à votre prière, notre jeunesse se renouvelle comme la
jeunesse de l'aigle; que le voile tombe de nos yeux, afin qu'unis à
l'Esprit du Seigneur par les liens de l'amour, nous ne fassions qu'un
avec lui. O Marie! obtenez-nous cette grâce par vos demandes auprès
de Jésus-Christ notre Seigneur, à qui louanges, gloire et actions
de grâce sont dues dans les siècles des siècles.
O
Marie conçue sans péchés, priez pour nous qui avons recours à
vous.
Neuvième
jour
O Marie, reine des gloires, priez pour nous
Comment
pourrons-nous exprimer l'excellence de celle Vierge, la plus parfaite
des créatures? Quelles louanges lui donnerons-nous, qui égalent son
mérite et son incomparable beauté? Quels cantiques spirituels
chanterons-nous à la gloire de Celle qui est très glorieuse entre
les anges? C'est elle qui a été plantée comme un bel olivier en la
maison de Dieu et que le Saint- Esprit, par sa grâce, a rendue
divine ment féconde. C'est par elle que nous avons été appelés à
la dignité d'enfants de Dieu, et fait héritiers du royaume de
Jésus-Christ. Elle est la gloire et l'honneur des vierges, la joie
et la consolation des mères, l'appui des fidèles, le parfait
exemple des saints, le palais des vertus elle temple de la vérité.
Elle est la source vivante qui a enfanté ce Seigneur qui est le
principe de notre vie. Le nom de Marie réjouit l'univers; elle est
la gloire de notre terre. Mais quel dut être le bonheur des esprits
célestes, quand ils purent entendre sa voix, contempler son visage,
jouir de sa présence! La divine patrie brille d'un nouvel éclata la
lumière du flambeau virginal. Plus les grâces dont elle avait été
comblée sur la terre étaient abondantes, plus sa grandeur au ciel
est sublime. Oui, bienheureuse et mille fois bienheureuse la Vierge
Marie, soit qu'elle conçoive le Fils de Dieu sur la terre, soit que
le Fils de Dieu la couronne dans le ciel !
Glorieuses sont les choses qui ont été dites de vous, ô Marie! Non, il n'est point de langue, point de paroles, chez aucune des nations qui vivent sous le soleil, qui puissent dignement célébrer votre grandeur. Et maintenant, des splendeurs de votre gloire, abaissez vos regards sur notre misère. Fils d'Ève, exilés de la patrie, nous gémissons ici-bas dans les liens du péché, enveloppés de ce corps de poussière qui nous détourne des cieux; venez à notre secours, ô reine de bonté! aidez-nous à vaincre nos passions, à dominer nos inclinations perverses, afin que, fortifiés par votre assistance, nous parvenions à vous bénir dans la gloire.
Bénie
soit la très-sainte et immaculée Conception de la bienheureuse
Vierge Marie. Ainsi soit-il.
Textes extraits de « Manuel du Pèlerinage à Notre Dame de la Garde », Librairie Eugène Michel, Marseille, 1864
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Saint Charles-Joseph Eugène de Mazenod
Saint Charles-Joseph Eugène de Mazenod
« Je voudrais passer ma vie auprès des Saints Tabernacles. C'est impossible d'être mieux: n'est-ce pas un avant goût du paradis? »
1782-1861
Charles-Joseph-Eugène de Mazenod naquit à Aix-en-Provence le 1er août 1782. Embrasé d'un zèle ardent pour les Missions paroissiales, il fonda, en 1816, la Congrégation des Missionnaires Oblats de Marie Immaculée. Sa famille religieuse prit de son vivant une extension considérable. Promu à l'évéché de Marseille en 1837, il s'occupa avec une égale sollicitude de la restauration de son Diocèse et du gouvernement de sa Congrégation, répandue aujourd'hui dans toutes les parties du monde. Il termina sa vie sainte le 21 mai 1861, laissant à ses Oblats ce testament spirituel: « Pratiquez bien parmi vous la Charité... la Charité... la Charité... et au dehors le zèle pour le Salut des âmes », et laissant à son Diocèse le souvenir d'un Pasteur selon le Cœur de Dieu. Béatifié le 19 octobre 1975, par le Serviteur de Dieu Paul VI, il a été canonisé le 3 décembre 1995, par le Serviteur de Dieu Jean Paul II.
Prière pour obtenir des grâces par l'intercession de Saint Eugène de Mazenod
Seigneur Jésus qui, en remplissant de zèle le cœur de Saint Eugène de Mazenod, lui avez donné de former et d'envoyer à travers le monde une Famille de Missionnaires pour prêcher l'Evangile aux âmes les plus abandonnées, et lui avez permis de travailler puissamment à la restauration d'un grand Diocèse, nous Vous en supplions, par l'Amour qu'il a eu pour Vous, pour Votre Divine Mère Immaculée, pour la Sainte Église et Votre Vicaire sur la terre, daignez nous accorder les faveurs que nous Vous demandons par son intercession et manifester à tous ceux qui l'invoquent le crédit dont il jouit auprès de Vous. Ainsi soit-il.
Imprimatur
+ Emmanuel
Ep. Isiondesis
Paris 15 novembre 1927
Litanies de Saint Lazare
Saint Lazare de Béthanie
Disciple du Christ, frère de Marthe et Marie de Béthanie
+ au 1er siècle
Fête le 29 juillet
Le ressuscité, le frère de Marthe et Marie. On ne le connaît que par l'évangile selon Saint Jean. Une tradition, sans autre fondement que la dévotion apostolique, le fait venir dans le sud de la France, tradition que chante le folklore provençal.
Evangile de Jésus-Christ selon saint Jean 11, 1-44
Un homme était tombé malade. C’était Lazare, de Béthanie, le village de Marie et de sa soeur Marthe. (Marie est celle qui versa du parfum sur le Seigneur et lui essuya les pieds avec ses cheveux. Lazare, le malade, était son frère.) Donc, les deux soeurs envoyèrent dire à Jésus : « Seigneur, celui que tu aimes est malade. » En apprenant cela, Jésus dit : « Cette maladie ne conduit pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu, afin que par elle le Fils de Dieu soit glorifié. » Jésus aimait Marthe et sa soeur, ainsi que Lazare. Quand il apprit que celui-ci était malade, il demeura pourtant deux jours à l'endroit où il se trouvait; alors seulement il dit aux disciples : « Revenons en Judée. » Les disciples lui dirent : « Rabbi, tout récemment, les Juifs cherchaient à te lapider, et tu retournes là-bas ? » Jésus répondit : « Ne fait-il pas jour pendant douze heures ? Celui qui marche pendant le jour ne trébuche pas, parce qu'il voit la lumière de ce monde ; mais celui qui marche pendant la nuit trébuche, parce que la lumière n'est pas en lui. » Après ces paroles, il ajouta : « Lazare, notre ami, s'est endormi ; mais je m'en vais le tirer de ce sommeil. » Les disciples lui dirent alors : « Seigneur, s'il s'est endormi, il sera sauvé. » Car ils pensaient que Jésus voulait parler du sommeil, tandis qu'il parlait de la mort. Alors il leur dit clairement : « Lazare est mort, et je me réjouis de n'avoir pas été là, à cause de vous, pour que vous croyiez. Mais allons auprès de lui ! » Thomas (dont le nom signifie : Jumeau) dit aux autres disciples : « Allons-y nous aussi, pour mourir avec lui ! » Quand Jésus arriva, il trouva Lazare au tombeau depuis quatre jours déjà. Comme Béthanie était tout près de Jérusalem - à une demi-heure de marche environ - beaucoup de Juifs étaient venus manifester leur sympathie à Marthe et à Marie, dans leur deuil. Lorsque Marthe apprit l'arrivée de Jésus, elle partit à sa rencontre, tandis que Marie restait à la maison. Marthe dit à Jésus : « Seigneur, si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort. Mais je sais que, maintenant encore, Dieu t'accordera tout ce que tu lui demanderas. » Jésus lui dit : « Ton frère ressuscitera. » Marthe reprit : « Je sais qu'il ressuscitera au dernier jour, à la résurrection. » Jésus lui dit : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s'il meurt, vivra ; et tout homme qui vit et qui croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? » Elle répondit : « Oui, Seigneur, tu es le Messie, je le crois ; tu es le Fils de Dieu, celui qui vient dans le monde. » Ayant dit cela, elle s'en alla appeler sa soeur Marie, et lui dit tout bas : « Le Maître est là, il t'appelle. » Marie, dès qu'elle l'entendit, se leva aussitôt et partit rejoindre Jésus. Il n'était pas encore entré dans le village ; il se trouvait toujours à l'endroit où Marthe l'avait rencontré. Les Juifs qui étaient à la maison avec Marie, et lui manifestaient leur sympathie, quand ils la virent se lever et sortir si vite, la suivirent, pensant qu'elle allait au tombeau pour y pleurer. Elle arriva à l'endroit où se trouvait Jésus ; dès qu'elle le vit, elle se jeta à ses pieds et lui dit : « Seigneur, si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort. » Quand il vit qu'elle pleurait, et que les Juifs venus avec elle pleuraient aussi, Jésus fut bouleversé d'une émotion profonde. Il demanda : « Où l'avez-vous déposé ? » Ils lui répondirent : « Viens voir, Seigneur. » Alors Jésus pleura. Les Juifs se dirent : « Voyez comme il l'aimait ! » Mais certains d'entre eux disaient : « Lui qui a ouvert les yeux de l'aveugle, ne pouvait-il pas empêcher Lazare de mourir ? » Jésus, repris par l'émotion, arriva au tombeau. C'était une grotte fermée par une pierre. Jésus dit : « Enlevez la pierre. » Marthe, la soeur du mort, lui dit : « Mais, Seigneur, il sent déjà ; voilà quatre jours qu'il est là. » Alors Jésus dit à Marthe : « Ne te l'ai-je pas dit ? Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu. » On enleva donc la pierre. Alors Jésus leva les yeux au ciel et dit : « Père, je te rends grâce parce que tu m'as exaucé. Je savais bien, moi, que tu m'exauces toujours ; mais si j'ai parlé, c'est pour cette foule qui est autour de moi, afin qu'ils croient que tu m'as envoyé. » Après cela, il cria d'une voix forte : « Lazare, viens dehors ! » Et le mort sortit, les pieds et les mains attachés, le visage enveloppé d'un suaire. Jésus leur dit : « Déliez-le, et laissez-le aller. »
Le 8 décembre 2002, par décret du préfet de la Congrégation des évêques, le Pape Jean-Paul II fit de notre bonne ville de Marseille la Métropole de la Province ecclésiastique nouvellement créée et il éleva son archevêque au rang d’archevêque métropolitain. C’est pour cette raison, Monseigneur [Mgr Bernard Panafieu], que nous avons été heureux que vous ayez accepté de présider la Messe solennelle du traditionnel Pèlerinage de Pentecôte à la Sainte Baume, et nous vous en remercions. C’est aussi pour mettre l’Église de Marseille à l’honneur que nous avons choisi cette année de parler de son saint Patron : Lazare, le ressuscité, l’ami du Seigneur. C’est un beau patronage pour Marseille. Sainte Marie-Madeleine est la Patronne de la Provence, mais au gré des redécoupages administratifs et ecclésiastiques, c’est l’Église de Fréjus-Toulon qui reçoit plus particulièrement en dépôt son témoignage et les traditions qui la concernent à Saint-Maximin et à la Sainte Baume. L’Église d’Aix conserve précieusement le témoignage de sainte Marthe à Tarascon. L’Église de Marseille s’est placée sous le patronage de leur frère Lazare. Il me semble que les liens de nos trois diocèses dans l’unité de la foi au Christ et dans la communion de l’Esprit-Saint se trouvent renforcés par le patronage et les saintes traditions concernant les membres de la famille de Béthanie. Marthe est la femme forte de l’Évangile, femme de foi, femme de tête, femme forte dans l’adversité, femme qui croit en la puissance de Dieu qui peut ressusciter un mort de quatre jours. Elle est aussi une femme d’action, une femme qui sait offrir l’hospitalité de sa maison. Elle a le privilège d’être citée par deux évangélistes : Luc et Jean. Apparemment, c’est elle qui dirige la maison de Béthanie, mais le devant de la scène est tenu par sa soeur. Marie-Madeleine est, sans conteste, la figure la plus marquante et la plus attachante du trio. D’ailleurs, il semble que Jésus lui même ait marqué une préférence à son égard, tout au moins une connivence plus grande avec elle. " C’est le temps que tu as dépensé pour ta rose qui fait ta rose si importante " disait le Renard au Petit Prince de Saint-Exupéry. Marie-Madeleine venait de loin, mais elle a été convertie par le Seigneur Jésus. Délivrée de ses sept démons, purifiée de son péché, elle chercha avec avidité à recueillir l’enseignement du divin Maître. À la Croix elle recueillit son sang rédempteur, et au matin de Pâques, cherchant son Bien-aimé, la première, elle mérita de voir Jésus ressuscité ! Première messagère de la Bonne Nouvelle aux Apôtres, elle demeure une figure incontournable des Évangiles. " Partout où sera prêché l’Évangile, dans le monde entier, on redira à sa mémoire ce qu’elle a fait " avait dit Jésus en louant son geste prophétique accompli six jours avant la Pâque. Les quatre évangélistes ont retenu la consigne : Mt, Mc, Lc et Jn lui assignent une place de choix parmi les saintes femmes. Lazare, quant à lui, est le plus discret des trois. Ni Mt ni Mc ni Lc ne font mention de lui, ni les Ac, ni St Paul dans ses épîtres, ni l’Ap. Seul Jean lui fait la part belle dans son évangile au chapitre onzième qui lui est consacré et au chapitre douzième où on l’évoque à plusieurs reprises mais en passant. Que sait-on de lui ? Lazare, de Béthanie, est un disciple de Jésus, un ami du Seigneur. Il tombe malade. Les deux soeurs font avertir le Maître. Lorsque Jésus arrive à Béthanie, Lazare est déjà mort, mais, à la prière des deux soeurs, Jésus relève le mort de quatre jours. On dit aussi qu’il est présent au festin qu’on donne à Béthanie, chez Simon le lépreux, six jours avant la Pâques, en l’honneur de Jésus. Lazare est parmi les convives. Marthe fait le service, Marie, sa soeur, verse un parfum valant 300 deniers sur les pieds de Jésus. L’Évangile dit aussi que les juifs décidèrent de tuer non seulement Jésus, mais aussi ce Lazare que Jésus releva d’entre les morts, car à cause de lui, beaucoup s’en allaient et croyaient en Jésus. C’est donc grâce à St Jean que nous savons quelque chose de Lazare. Mais chose étonnante, c’est un personnage muet : il ne nous laisse aucune réplique. La discrétion de ce personnage n’a pas empêché qu’on lui consacre un culte très tôt dans l’Église. N’est-il pas celui que Jésus a rappelé à la Vie ? Dès le IVe siècle, au moins, les pèlerins se rendaient en masse au lieu de son tombeau à Béthanie, à quelques kilomètres de Jérusalem. Il s’agit évidemment de son premier tombeau, celui dont le Christ l’a relevé ! Le samedi précédent le dimanche des Rameaux, on y lisait le récit de la résurrection de Lazare. La tradition raconte qu’après la Pentecôte, Lazare est venu en Provence, peut-être après s’être arrêté à Chypre où l’on garde mémoire de son épiscopat. Les Actes des Apôtres nous disent qu’après la mort d’Etienne, le premier martyr, c’est-à-dire seulement quatre ans après la passion du Sauveur, " une violente persécution se déchaîna contre l’Église de Jérusalem. Tous à l’exception des Apôtres, se dispersèrent dans les campagnes de Judée et de Samarie " (Ac 8:1). Dix ans plus tard, en l’an 44, Hérode mit la main sur quelques membres de l’Église. Il fit périr par le glaive Jacques, frère de Jean. Il fit arrêter Pierre (Ac 12:1-3). Comme on sait par l’Évangile selon Saint Jean que Lazare était menacé de mort par les juifs, on comprend aisément qu’il ait dû fuir la Judée. La tradition raconte qu’il est venu à Marseille, qu’il y a été évêque durant sept ans, avant d’être arrêté, enfermé dans un cachot sombre (aujourd’hui place de Lenche), et qu’il a été martyrisé. On raconte aussi qu’au huitième siècle ses reliques ont été transférées à Autun, mais les marseillais, qui sont des gens pratiques et astucieux, avaient pris soin de conserver son crâne, lequel, aujourd’hui encore, est proposé à la vénération des fidèles dans une chapelle de la cathédrale. Quelle valeur accorder à ces traditions ? Dans le fond, elles échappent à l’histoire. L’historien, qui examine, avec un regard critique, des documents et des monuments, peut nous renseigner sur l’émergence du culte et l’émergence des traditions concernant nos saints évangélisateurs. Il faut le reconnaître : aucun document historique du premier siècle ne permet de certifier avec certitude l’authenticité de ces traditions. Mais cela ne signifie pas pour autant que ce n’est pas vrai, car il existe beaucoup d’événements qu’on ne peut prouver de manière historique et qui se sont bel et bien déroulés. Et puis une tradition ne naît pas par génération spontanée : elle naît de la mémoire des peuples. Il est donc tout à fait raisonnable d’y accorder une certaine croyance. Mais il faut bien distinguer : ce que nous rapporte l’Évangile, nous devons le croire de foi certaine, de foi divine ; ce que rapportent les traditions de Provence, nous pouvons le croire, mais d’une croyance humaine, pour autant que les arguments ou les indices sont probants et pour autant qu’ils ne contredisent pas l’histoire. Ce que nous savons, c’est que la tradition existe bel et bien, qu’elle est ancienne, qu’elle est présente, qu’elle féconde notre prière et notre dévotion. Quel est donc son sens ? La tradition nous indique d’abord que l’Évangile est entré en Gaule par Marseille et par la vallée du Rhône et en cela elle rejoint l’histoire. Elle indique aussi que la foi a été solidement implantée, et que cela ne s’est pas fait sans effort, sans souffrance (la décapitation de Lazare), sans combat ni sans enracinement dans la vie contemplative (Madeleine à la Sainte-Baume). La tradition nous invite surtout à puiser à la source évangélique. Disons que cette tradition au sujet de nos saints évangélisateurs, en particulier Marthe, Marie et Lazare, produit une certaine résonance pour ne pas dire une connivence entre nous et certaines pages de l’Évangile. Comment ne pas vibrer à la lecture des récits qui mettent en scène ces saints qui nous sont si proches ? Cette tradition nous fait donc un devoir de nous approprier de façon plus intime et plus pressante les récits évangéliques où ils interviennent. Voyons donc ce que l’Évangile nous dit de Lazare et tâchons d’en dégager quelques leçons pour nous aujourd’hui.
La fraternité
Le chapitre onzième de l’Évangile selon saint Jean s’ouvre ainsi : " Il y avait un homme malade, Lazare, de Béthanie, le village de Marie et de sa soeur Marthe. " Le verset 2 précise : " Marie était celle qui oignit le Seigneur de parfum et lui essuya les pieds avec ses cheveux. C’était son frère Lazare qui était malade. " D’emblée, c’est une fratrie qui nous est présentée. On ne peut parler de Lazare sans parler de Marie et de sa soeur Marthe. L’Évangile renchérit : " Jésus aimait Marthe et sa soeur et Lazare. " Ce qui apparaît donc en premier dans cette page d’Évangile, ce sont ces liens de fraternité. Dans le seul chapitre 11, nous trouvons dix fois le mot frère ou soeur : cinq fois le mot frère, cinq fois le mot soeur, et une fois le mot Père, lorsque Jésus, devant la tombe, s’exclame : " Père, je te rends grâce de m’avoir exaucé ! " On pourrait dire que ces sont les membres de cette famille de Béthanie qui inaugurent ce grand thème de la fraternité, si cher aux chrétiens des premiers temps. Dans les Actes des Apôtres, saint Pierre donne aux disciples ce titre de frères dès qu’il s’adresse à eux. Dans ses épîtres, Paul fera de même : il s’adressera aux frères. C’est le titre que les chrétiens se donnent les uns aux autres. Pourtant avant la Passion du Seigneur, on ne voit pas que les disciples se soient considérés vraiment comme des frères. Jésus leur avait bien dit : " Ne donnez à personne le titre de Rabbi car vous n’avez qu’un seul Maître et vous êtes tous frères " (Mt 23:8). A part les frères de sang, tels Jacques et Jean ou Simon et André, ou les frères cousins de Jésus, on ne voit pas que les disciples se soient donner ce titre de frères de façon courante avant la passion. Or, à Béthanie, c’est le maître mot. Les liens entre Marthe, Marie et Lazare sont très forts : ce sont des liens de fraternité, et cela, l’Évangile le souligne à l’envie. La fraternité, c’est un aspect de la vie de l’Église. Ni Marthe ni Marie-Madeleine ni Lazare ne font partie du groupe des Douze. Ils n’assument pas un rôle de gouvernement dans le groupe primitif des disciples de Jésus. L’Évangile ne leur assigne pas un ministère. Mais ils transmettent le témoignage d’une fratrie. Sans renier la dimension hiérarchique et sacramentelle de l’Église il est bon de se souvenir que la sollicitude des uns pour les autres, l’amour fraternel, est comme le ciment qui joint les pierres vivantes que nous sommes pour former un Temple saint dans le Seigneur. Il me semble que dans l’Église la vie religieuse a plus particulièrement pour mission de souligner cette dimension fraternelle. Les religieux comme tels ne font pas partie de la hiérarchie de l’Église. Mais en vivant en communauté, en se donnant mutuellement les noms de frères ou de soeurs, ils reproduisent en quelque sorte les vertus de la famille de Béthanie. Déjà le psalmiste chantait les joies de la vie fraternelle : " Qu’il est bon, qu’il est doux d’habiter en frères dans l’unité. C’est une huile parfumée sur la tête, qui descend sur la barbe, sur la barbe d’Aaron, sur le col de ses tuniques. " Saint Augustin affectionnait particulièrement ce psaume 132 en donne une jolie interprétation. L’huile excellente, explique-t-il, désigne l’Esprit-Saint qui se répand à partir du Christ, notre tête, sur le corps tout entier de l’Église symbolisé par la tunique du Grand Prêtre Aaron au jour de sa consécration. Or cette huile, avant d’imprégner la tunique, descend d’abord sur la barbe, qui désigne les anciens, les presbytres - c’est-à-dire les évêques et les prêtres - qui dispensent la grâce du Christ. Les communautés religieuses, d’après Augustin, sont ces noeuds qui sont au bord de la tunique, au col, et qui tiennent ensemble les fils, les empêchant en quelque sorte de s’effilocher. Les communautés religieuses font partie de la tunique du Christ, mais par le témoignage de la vie fraternelle elles aident le corps tout entier de l’Église à vivre la grâce de la fraternité. Ce que Augustin dit des communautés religieuses vaut aussi, me semble-t-il, pour les communautés paroissiales, les fraternités en tout genre dans l’Église et même pour les familles. Nous avons besoin d’être ensemble, de nous sentir frères et soeurs. Nous avons besoin de nous retrouver en Jésus dans l’unité de l’Esprit-Saint. La fraternité dans l’Église serait un mot tout à fait vide si elle n’était vécue de manière concrète, à petite échelle, là où nous sommes. La famille de Béthanie nous enseigne les vertus de la fraternité. Il y a d’abord l’hospitalité : savoir accueillir, recevoir chez soi l’ami, le frère. Il y a aussi l’affection réciproque, le soutien mutuel, la sollicitude les uns envers les autres. Voyez l’empressement des deux soeurs pour leur frère malade, puis leur solidarité dans le deuil. Et puis à Béthanie, il y a surtout l’esprit de foi, l’encouragement, au coeur même des épreuves, à persévérer dans la foi, avec cette phrase si belle de Marthe à sa soeur : " Le Maître est là et il t’appelle ! " Oui, frères et soeurs, " qu’il est bon, qu’il est doux pour des frères de demeurer ensemble dans l’unité. " Mais ce n’est pas toujours facile. Même à Béthanie. Que l’on se souvienne des critiques de Marthe, accaparée par les multiples soucis du service, à l’encontre de sa soeur assise aux pieds du Seigneur en train d’écouter sa Parole. La tradition a voulu y voir comme une parabole de la vie contemplative et de la vie active. La complémentarité des vocations n’est pas toujours comprise, pas toujours acceptée. Les Douze eux mêmes se chamailleront pour savoir qui a la première place. Les deux soeurs et leur frère Lazare ont dû apprendre à s’estimer d’un véritable amour fraternel. L’épreuve, le creuset de la souffrance, les ont peut-être rapprochés.
La maladie et la mort
Le deuxième aspect du témoignage de Lazare et de ses soeurs, c’est la manière d’affronter la maladie et la mort. " Il y avait un homme malade, Lazare, de Béthanie, " un homme gravement malade, qui souffrait, qui se trouvait face à l’inéluctable échéance de sa mort prochaine. Les deux soeurs font avertir Jésus : " Celui que tu aimes est malade. " Pourtant Jésus reste loin. Il reste au loin pour une raison humaine bien simple : les juifs veulent le tuer. Sa vie est en danger : il le sait, les apôtres aussi le savent. S’il revient dans les environs de Jérusalem, les juifs vont mettre la main sur lui. La maladie de Lazare, l’affection qu’il lui porte, place Jésus en face du mystère de sa propre mort et de sa souffrance. Lui aussi, Jésus, devra affronter la mort. Peut-être est-il tiraillé entre le désir de venir en aide à son ami Lazare et la crainte d’affronter la souffrance et la croix. " Père s’il est possible que ce calice passe loin de moi " (Mt 26:39). Il sait aussi qu’il met la vie des apôtres en danger en s’approchant de Jérusalem. D’ailleurs quand il décide enfin d’aller auprès de Lazare, Thomas s’écrie, valeureux : " allons, nous aussi, pour mourir avec lui ! " En plus de ces raisons humaines bien compréhensibles qui retiennent Jésus loin de son ami Lazare, l’évangéliste nous dévoile une raison plus profonde, théologique, celle que nous n’aurions pas pu deviner : c’est afin que la gloire de Dieu se manifeste. " Cette maladie, dit Jésus, ne mène pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu afin que le Fils de Dieu soit glorifié par elle. " Et un peu plus loin il ajoute : " Lazare est mort, et je me réjouis pour vous de n’avoir pas été là-bas afin que vous croyiez. Mais allons auprès de lui. " Comment comprendre que la maladie et la mort de Lazare manifestent la gloire du Messie Fils de Dieu ? En réalité, les destinées des deux amis sont mêlées. La mort du premier entraînera la mort du second et la victoire du second sur la mort s’amorce déjà par la résurrection de Lazare. On encourage souvent les malades à offrir leurs souffrances en union avec Jésus. Soit, mais souvent on leur dit que c’est une manière de rejoindre Jésus. Cela n’est pas tout à fait juste. Il faudrait dire plutôt : Jésus vous rejoint. De même qu’il va vers son ami Lazare, Jésus vient vers nous lorsque nous souffrons. Et de même qu’il n’a pas épargné à son ami l’épreuve de la mort, de même, il ne nous préserve pas de toute souffrance, mais il vient à nous. Et cela l’Évangile de Lazare nous l’enseigne : " Allons auprès de lui. " Mais il y a l’attente. Jésus vient à nous, nous le savons, mais on aimerait le voir agir plus vite. Notre confiance est mise à mal ! Et puis, il y a la douleur, il y a l’angoisse de la mort. Lui Jésus, savait bien qu’il allait ressusciter son ami. " Notre ami Lazare repose, dira-t-il à ses disciples, mais je vais aller le réveiller ! " Et les disciples de répondre : " S’il repose Seigneur, il sera guéri ! " Cependant Jésus parlait du sommeil de la mort. Jésus savait, mais Lazare lui ne savait pas qu’il allait revivre. Les deux soeurs non plus. Et lorsque Jésus arrive à proximité du village, tour à tour elles lui font ce reproche : " Seigneur, si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort. " " Si tu avais été là ! " Combien de fois n’avons-nous pas entendu ce cri de détresse dans la bouche des croyants en butte à la maladie, à une souffrance morale très grande, en butte au deuil ou au suicide d’un proche. " Si tu avais été là Seigneur ! " Sous entendu : tu n’étais pas là quand il le fallait ! Pourquoi as-tu permis que cela se produise ! Pourquoi n’as-tu rien fait quand nous avons crié vers toi. " Seigneur, si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort ! " Et pourtant les deux soeurs avaient prié : " Seigneur, celui que tu aimes est malade ! " Ce mystère de l’absence de Dieu au moment de l’épreuve, même les disciples, même les proches de Jésus l’ont expérimenté. La douleur est le sort commun. La foi est un don de Dieu. Marthe exprime sa douleur et son incompréhension, qui revêt la forme d’un reproche à Jésus, et en cela elle est proche de nous : " Seigneur, si tu vais été là mon frère ne serait pas mort. " Mais elle ajoute : " Maintenant encore, je sais que tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera ! " Quel acte de foi admirable ! En cela, Marthe nous enseigne. Elle croit en la résurrection des morts. " Oui, dit Marthe, je sais que mon frère ressuscitera à la résurrection, au dernier jour. " C’est la foi de certains juifs de l’époque, ceux qui sont proches du courant pharisien ou du courant essénien. Ils croient aux prophéties de Daniel : au dernier jour, Dieu ressuscitera les morts. Mais Jésus va plus loin : " Je suis la résurrection et la vie. Qui croit en moi même s’il meurt vivra. Et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Le crois-tu ? " Elle répondit : " Oui, Seigneur, je crois que tu es le Messie, le Fils de Dieu, celui qui vient dans le monde. " Il y a là, dans ce dialogue, comme ressaisie, toute l’espérance chrétienne sur les fins dernières. Jésus est la résurrection. Il le montrera par sa résurrection d’entre les morts au matin de Pâques. Il le laisse pressentir déjà en ranimant d’entre les morts son ami Lazare au tombeau depuis quatre jours. Entre la résurrection de Lazare et celle de Jésus il y a une énorme différence : lorsque Jésus ressuscitera d’entre les morts, il sera glorifié, il ne mourra plus. Sur lui la mort n’aura plus d’empire. Lazare, lui, meurt et revient à la vie. " Qui croit en moi, même s’il meurt, vivra. " Oui, nous mourrons tous. Et après ? Il y a quelques décennies, la grande tentation était celle de l’athéisme, c’est-à-dire d’une vision uniquement matérialiste de la vie humaine. La grande tentation c’était de penser : après la mort, il n’y a rien. C’est le néant. La poussière retourne à la poussière, et l’âme n’est rien. Mais de nos jours, il me semble que la grande tentation, c’est de se rassurer à bas prix en disant : quand je mourrai, je continuerai ma vie, je me réincarnerai. Réapparaissent aujourd’hui les erreurs des anciens philosophes qui croyaient en la métempsycose, à la transmigration des âmes, autrement dit à la réincarnation. D’autres pensent : après la mort, j’aurai une vie spirituelle libérée des contraintes d’ici-bas ! L’âme enfin libérée du corps pourra voguer vers les régions supérieures. Ce n’est pas vrai. L’âme sans le corps n’est que l’ombre d’elle même. Elle n’a pas, par elle-même, les moyens de connaître ni d’être heureuse. Non, ceux qui meurent dans l’insouciance se préparent une éternité fadasse. C’est Jésus qui est notre résurrection : il est la Vie de notre âme. Le bonheur de l’au-delà ne peut-être que surnaturel : un don de Dieu. Un don. Donc quelque chose que nous ne pouvons obtenir par nous mêmes. C’est pourquoi Jésus dit : quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Il aura beau mourir de la vie du corps, il ne mourra pas de la seconde mort dont parle l’Apocalypse (Ap. 21:8). Car il y a une seconde mort : une mort spirituelle de l’âme lorsqu’elle reste livrée à elle même, sans recevoir de Dieu la plénitude de vie et de bonheur. La vie éternelle que nous promet Jésus est une vie divine injectée dans notre âme. Lazare ne ressuscite pas par lui-même. C’est la Parole de Jésus qui le réveille et lui rend la vie : " Veni foras ! (Lazare, viens dehors !) " Le mort sortit, les pieds et les mains liés de bandelettes, le visage enveloppé d’un suaire. " Déliez-le, dit Jésus, et laissez-le aller. " Lazare, mon cher Lazare, tu es silencieux. Tu n’as pas raconté ce que tu as ressenti pendant ces quatre jours pendant lesquels ton cadavre gisait dans ce tombeau creusé dans le roc. Tu n’a rien dit. Mais tu n’avais pas besoin de raconter : il nous suffit de constater que tu es vivant. Tu es le témoin que Jésus a choisi de relever d’entre les morts pour signifier qu’il est la vie des morts, comme il a choisi ta soeur, Madeleine, pour signifier qu’il est la vie des âmes, qu’il est le pardon, qu’il est le rachat et la réhabilitation des âmes perdues, qu’il est la sainteté des âmes pécheresses sanctifiées par ta grâce. Oui, nous aussi nous jouirons de la vie éternelle qu’offre le Seigneur à ses élus, à condition d’expérimenter ici-bas la résurrection spirituelle, la résurrection de l’âme lorsqu’elle est recréée dans la grâce, à l’image de Marie-Madeleine, déliée de ses sept démons, le visage rayonnant de son pardon.
L’amitié
" Celui que tu aimes est malade. " Lazare est le disciple bien-aimé, un disciple bien-aimé de Jésus. L’Évangile insiste : " Jésus aimait Marthe et sa soeur et Lazare. " Et plus loin dans le texte : " Notre ami Lazare repose et je vais aller le réveiller. " Lorsque Jésus voit pleurer Marie, et pleurer aussi les juifs qui l’accompagnaient, s’approchant de la tombe, il pleura. On pourrait même traduire : il fondit en larmes. Les juifs dirent alors : " Voyez comme il l’aimait ! " Mais quelques-uns dirent : " Ne pouvait-il pas, lui qui a ouvert les yeux de l’aveugle, faire que celui-ci ne mourût pas ? " Oui, Jésus aimait Lazare, comme il aimait Marthe et Marie. Oui, il l’aimait, mais quelle drôle d’amitié que de laisser son ami mourir alors qu’il avait le pouvoir de le guérir ! L’amitié avec Jésus est quelque chose de grand et de beau. Nous devons d’abord admirer la proximité de celui qui se fait notre ami. Jésus s’est fait proche. Il a bien voulu avoir des amis, des amis à qui parler, des amis chez qui s’arrêter, se reposer, prendre un bon repas. Et la table était bien garnie à Béthanie, dans la maison de Marthe. Jésus aimait s’y arrêter. L’amitié est une forme très belle et très haute de l’amour. L’amour passion peut flamber très vite et retomber tout aussi vite. L’amour passion peut faire souffrir. L’amour d’amitié a quelque chose de plus paisible, de large, de réconfortant. _ L’amour d’amitié élargit le coeur. L’amour d’amitié a trois caractéristiques : la première, c’est que c’est une affection réciproque. Pour qu’il y ait amitié, il faut qu’il y ait réciprocité, affection mutuelle, donc une certaine connivence. On peut aimer quelqu’un qui ne nous aime pas. On peut se dévouer à soigner un malade, ou venir en aide à un pauvre ou rendre service gratuitement à un voisin avec qui il n’y a aucun atome crochu. C’est de l’amour, de l’amour généreux, beau, mais ce n’est pas une amitié. L’ami sait qu’il est aimé de celui qu’il aime ; et cette affection réciproque qui unit les âmes est toujours très comblante. Et à force d’échanges mutuels et de partage, l’amitié conduit à l’égalité, car un ami c’est un peu un autre soi-même. La deuxième caractéristique de l’amitié, c’est qu’elle est faite de bienveillance : littéralement cela signifie vouloir le bien de l’autre. Tel dit aimer quelqu’un mais uniquement pour le profit ou les avantages qu’il peut en tirer. C’est un profiteur, non un ami. L’ami a le souci du bien de l’autre. Enfin, troisième aspect de l’amitié, c’est qu’elle est fondée sur la communion à un bien, à certaines valeurs qui unissent les amis. Et c’est là qu’on peut juger de l’honnêteté de l’amitié, de sa profondeur aussi. Il y a des amitiés un peu superficielles, fondées sur l’amour d’une bonne bouteille ou sur la passion du jeu. Il y a des amitiés malhonnêtes fondées sur l’attrait pour les mauvais coups, par exemple l’amitié entre mafieux. Il y a bien sûr les amitiés belles et profondes, fondées sur les valeurs humaines les plus hautes. Dieu s’est lié d’amitié avec les hommes. Celui qui s’est fait l’ami de Lazare, de Marthe de Marie, celui qui se fait notre ami, c’est Dieu en personne. " Je ne vous appelle plus serviteurs, mais amis, avait dit Jésus à ses apôtres, car tout ce que j’ai appris de mon Père je vous l’ai fait connaître. " Oui, Jésus nous appelle ses amis : non seulement il nous aime : cela, nous le savions déjà, mais en plus il nous invite à l’aimer en retour. Jésus nous appelle ses amis : non seulement il a souci de nous, de notre bien, mais il attend aussi que nous ayons souci de lui, de son bien et de sa gloire et de son honneur. Jésus nous appelle ses amis, et il veut fonder cette amitié avec nous sur la réalité la plus haute qui se puisse trouver : la révélation de l’amour du Père. Notre amitié avec Jésus se fonde sur la manifestation de l’amour du Père. Jésus vivait dans l’émerveillement continuel de la connaissance de l’amour du Père, et son existence entière se comprend dans cette lumière. Jésus reçoit tout de l’amour du Père, et sa mission est de faire comprendre que l’humanité est aimée de cet amour dont le Père aime son Fils unique ; la mission de Jésus est d’aimer le Père et de le faire aimer. C’est pour cela que l’amitié avec Jésus est exigeante. Notre ami Lazare repose. Jésus parlait non du repos du sommeil, mais du repos de la mort. L’amitié que Lazare portait à Jésus lui a fait faire son chemin de croix avant l’heure. De quelque manière, il est un précurseur. Dans l’évangile de Jean, il y a trois personnages qui reçoivent le titre d’amis de Jésus, et ces trois personnages sont également témoins. Le premier est Jean-Baptiste, le précurseur. Il apparaît dans le récit de l’Évangile dès le chapitre premier et on le mentionne encore au chapitre dixième. Après on ne parle plus de lui. Il est venu, pour rendre témoignage au Christ Lumière. Il se désigne lui-même comme l’ami de l’époux. Il témoignera jusqu’au martyre. Le dernier ami et témoin de Jésus, c’est le disciple bien-aimé. Dans la trame du récit, il n’apparaît que dans la troisième partie de l’Évangile, à partir du chapitre treizième. Entre les deux, il y a Lazare, personnage qui ne figure que dans les chapitre onzième et douzième de S. Jean. Lui aussi est l’ami de Jésus, lui aussi est témoin de Jésus. À cause de lui, dit s. Jean, beaucoup de juifs s’en vont et croient en Jésus, c’est pourquoi les chefs des juifs décident de tuer non seulement Jésus, mais aussi ce Lazare qu’il avait relevé d’entre les morts (Jn 12:10-11). En quelque sorte, d’après la pensée de l’évangéliste S. Jean, il faut d’abord être ami de Jésus pour pouvoir devenir son témoin. Et devenir l’ami de Jésus, c’est entrer dans l’intimité de sa pensée, de sa volonté de salut pour l’humanité, c’est partager son sort. En raison de l’amitié qui le lie à Jésus, Lazare annonce dans sa mort et dans son retour à la vie le mystère pascal de Jésus. Sans doute n’avait-il pas conscience de la portée immense de ce qu’il a vécu sur le moment comme une épreuve. Après sa propre résurrection et surtout après la victoire de Jésus sur la mort, Lazare a pu mesurer la grâce insigne qui lui avait été faite de communier ainsi à la destinée de son sauveur. Mais sur le moment, dans l’épreuve, dans la maladie, dans l’apparent abandon de son ami - abandon si souvent expérimenté par les plus grands mystiques - dans l’épreuve même de la mort, il ne comprenait pas. Mais l’amitié avec Jésus avait forgé son âme si bien que ce qu’il vivait dépassait son simple destin personnel. Nous aussi, qui sommes invités à devenir les amis de Jésus, faisons-lui confiance. Grâce à l’amitié qui nous lie à Jésus, notre vie prend une dimension que lui seul connaît. Notre vie comme notre mort sont dans la main de Dieu, pour sa plus grande gloire. Voilà ce que nous enseigne saint Lazare !
Texte extrait du site www.saintebaume.dominicains.com
Litanies de Saint Lazare
Seigneur, ayez pitié de nous.
Jésus-Christ, ayez pitié de nous.
Seigneur, ayez pitié de nous.
Jésus-Christ, écoutez-nous.
Jésus-Christ, exaucez-nous.
Père Céleste, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Fils rédempteur du monde, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Esprit-Saint, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Trinité Sainte, qui êtes un seul Dieu, ayez pitié de nous.
Sainte Marie, priez pour nous.
Saint Lazare, priez pour nous.
Saint Lazare, gloire éclatante d' une noble famille
Saint Lazare, illustre frère de Marthe et de Marie
Saint Lazare, ami de Jésus
Saint Lazare, hôte de Jésus-Christ
Saint Lazare, prodige de la toute puissance de Jésus-Christ
Saint Lazare, héraut des merveilles divines
Saint Lazare, soutien des soldats du Christ
Saint Lazare, terreur des démons
Saint Lazare, salut des lépreux,
Saint Lazare, consolateur des affligés
Saint Lazare, santé des infirmes
Saint Lazare, soutien des agonisants
Saint Lazare, la gloire de Jérusalem,
Saint Lazare, la joie de Marseille,
Saint Lazare, premier évêque de Marseille,
Saint Lazare, martyrisé Place de Lenche,
Saint Lazare, l'honneur du diocèse d'Autun,
Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, pardonnez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, exaucez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, ayez pitié de nous.
Jésus-Christ, écoutez-nous
Jésus-Christ, exaucez-nous
Priez pour nous bienheureux saint Lazare
Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ
Prions
O Dieu qui avez honoré du Pontificat et du martyre le Bienheureux Lazare, disciple de Jésus-Christ, ressuscité après être mort depuis quatre jours, accordez-nous par ses mérites de sortir de la mort du péché et de jouir de la vie éternelle. Par le même Jésus Christ Notre Seigneur, Ainsi soit-il
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