Le Mois de Saint Joseph
Le Mois de Saint Joseph
Avec la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich
Vingt-quatrième jour
Stations en Judée
La Sainte Famille, dans la nuit de son départ, traversa plusieurs endroits et se reposa le matin sous un de ces hangars que l‘on rencontrait sur les routes pour la commodité des voyageurs. Vers le soir, comme ils ne pouvaient pas aller plus loin, ils entrèrent dans un petit endroit appelé Nazara, qui renfermait une population à part et qu’on traitait avec un certain mépris. Elle n’était ni juive ni païenne ; mais sa religion était un mélange de paganisme et de judaïsme. Ils allaient adorer au temple du mont Garizim, près de Samarie, dont ils étaient éloignés de quelques lieues, par un chemin difficile et montueux. Ils étaient accablés de charges de toute nature, comme de travailler comme des esclaves au Temple de Jérusalem et faire d’autres travaux publics.
Ces pauvres gens accueillirent très amicalement la Sainte Famille, qui passa chez eux tout le jour suivant, qui était le jour du sabbat. Lors du retour d'Egypte, la sainte Famille visita de nouveau ces bonnes gens ; et aussi, plus tard, lorsque Jésus alla au Temple dans sa douzième année, et lorsqu’il en revint. Dans la suite, ces braves gens se firent baptiser par saint Jean, puis se réunirent aux disciples de Jésus.
Mais le jour même du sabbat, après sa clôture , la sainte Famille quitta Nazara et voyagea toute la nuit. Puis, tout le dimanche et la nuit suivante jusqu’au lundi, elle resta cachée près de ce grand vieux térébinthe sous lequel elle s‘était arrêtée en allant à Bethléem, lorsque la Sainte Vierge avait tant souffert du froid. C'était le térébinthe d’Abraham, près du bois de Moreh, à peu de distance de Sichem, de Thenat, de Siloh et d’Arumah. Les projets d’Hérode étaient connusdans ce pays, et la Sainte Famille n’y était pas en sûreté. C‘était près de cet arbre que Jacob avait enfoui les idoles de Laban. Josué rassembla le peuple près de ce térébinthe, sous lequel il avait dressé le tabernacle. Où était l’Arche d‘alliance, et il l’y fit renoncer aux idoles. Ce fut la aussi qu’Abimelech, le fils de Gédéon, fut salué roi par les Sichémites.
Le lundi matin, de bonne heure, la sainte Famille, se trouvant dans une contrée fertile, se reposa près d’une petite source ; à côté d’un buisson de baume. L'Enfant Jésus avait les pieds nus ; il était sur les genoux de la sainte Vierge. Ces arbrisseaux de baume étaient couverts de baies rouges ; il y avait à quelques branches des incisions d’où sortait un liquide qui était recueilli dans de petits vases. Personne ne songeait à les voler. Saint Joseph remplit de cette liqueur les petites cruches qu’il avait avec lui. La Sainte Famille mangea des petits pains et des baies cueillies sur les arbrisseau voisins. L’âne buvait et paissait dans le voisinage. L’on voyait à leur gauche , dans le lointain, les hauteurs sur lesquelles était Jérusalem. C‘était un tableau très touchant.
Le mardi, Zacharie et Eiisabeth ayant appris aussi le danger qui les menaçait par un» messager de confiance que la Sainte Famille leur avait sans doute envoyé, Elisabeth porta le petit Jean à un lieu très retiré dans le désert, à deux lieues d’Hébron. Zacharie les accompagna jusqu‘à un endroit où ils traversèrent un petit cours d’eau sur une poutre ; puis il se sépara d’eux et se dirigea vers Nazareth par le chemin que Marie avait suivi lors de sa visite à Elisabeth. Probablement il voulait prendre des informations plus précises auprès de Sainte Anne. Plusieurs amis de la Sainte Famille à Nazareth sont très attristés de son départ. Le petit Jean n’avait sur lui qu’une peau d‘agneau. Quoiqu’il eût à peine dix-huit mois, il pouvait déjà courir et sauter. Il portait dès lors à main un petit bâton blanc avec lequel il jouait à la manière des enfants. Il ne fait pas voir dans ce désert une immense étendue de pays sablonneuse et stérile, mais plutôt une solitude avec des rochers, des défilés, des grottes, des bosquets, des arbres et divers arbrisseaux produisant des baies et des fruits sauvages.
Elisabeth porta le petit Jean dans une caverne où Madeleine séjourna quelques temps après la mort de Jésus. L’on ignore combien de temps Elisabeth s’y tint cachée cette fois avec son enfant, si jeune encore. Elle y resta probablement jusqu’au moment où la persécution d’Hérode ne parut plus à craindre. Elle revint alors avec son fils à Jutta ; mais elle se retira encore dans le désert avec le petit Jean, lorsque Hérode convoqua les mères qui avaient des enfants de moins de deux ans, c’est à dire près d’un an plus tard.
Après que la Sainte Famille eut franchi quelques uns des sommets de la montagne des Oliviers, elle alla au-delà de Bethléem, dans la direction d’Hébron, et à deux lieues environ du bois de Mambré, entra dans une grotte spacieuse, placée dans une gorge sauvage, au-dessous de laquelle se trouvait un endroit dont le nom ressemble assez à celui d’Ephraïm. Ce devait être la sixième station de leur voyage. Ils arrivèrent accablés de fatigue et d’ennui. Marie était triste et pleurait. Ils souffraient de toute espèce de privations, car ils devaient suivre des chemins détournés, évitant toutes les ville et les hôtelleries fréquentées. Ils se reposèrent ici tout un jour. Plusieurs grâces miraculeuses leur apportèrent un peu de soulagement. Une source jaillit dans la grotte, à la prière de la Sainte Vierge. Une chèvre sauvage vint à eux et se laissa traire. Un Ange leur apparut aussi et les consola.
Un prophète avait souvent prié dans cette grotte. Samuel, à ce que l’on croit, s’y arrêta quelques fois. David garait aux environs les troupeaux de son père. Il pria ici et y reçut des ordres apportés par un Ange, et entre autres, l’ordre de se présenter au combat contre Goliath.
En quittant cette grotte, nos saints voyageurs firent sept lieues au midi, laissant toujours la mer Morte à leur gauche, et, à deux lieues au-delà d’Hébron, se trouvèrent dans le désert ou s’était réfugié le petit Jean-Baptiste. Ils passèrent à une portée de trait de la grotte où où il était. Et la Sainte Famille, fatiguée et épuisée, s’avança dans le sable du désert. L’outre qui contenait l’eau et les petites cruches de baume étaient vides. La Sainte Vierge était en proie à une vive inquiétude ; elle avait soif et Jésus aussi. Ils se détournèrent un peu de la route, vers un enfoncement où il y avait des buissons et un peu de gazon desséché. La Sainte Vierge descendit de l’âne et s’assit par terre. Elle avait son Enfant devant elle ; elle était toujours inquiète et priait. Pendant que la Sainte Vierge demandait de l’eau comme Agar dans le désert, il survint un incident singulièrement touchant. La grotte dans laquelle Elisabeth avait caché le petit Jean était tout près de là, au milieu de rochers élevés, et le petit Jean se mit à errer à peu de distance parmi les broussailles et les pierres. Il semblait plein d‘un désir inquiet, comme s’il eût attendu quelque chose. La vue de ce petit enfant, courant d’un pas assuré dans le désert, faisait une vive et touchante impression. De même qu’il avait tressailli dans le sein de sa mère comme pour aller à la rencontre de son Seigneur, il était excité cette fois par le voisinage de son Rédempteur souffrant de la soif. Il avait une peau d’agneau jetée sur les épaules et attachée autour des reins ; il tenait à la main son petit bâton, au haut duquel flottait une banderole d'écorce. Il sentait que Jésus passait, qu’il avait soif ; il se jeta à genoux et cria vers Dieu les bras étendus. Puis il se leva vivement, courut, poussé par l’esprit, jusqu’à une haute paroi du rocher, et frappa le sol avec son bâton. Il en sortit aussitôt une source abondante. Jean courut en toute hâte à l’endroit où elle descendait. Il s’y arrêta et vit dans le lointain la sainte Famille qui passait. En ce moment, la sainte Vierge éleva l’Enfant Jésus en l’air et le tourna de ce côté en disant : « Voilà Jean dans le désert ! » Et Jean tressaillit de joie près de l’eau qui se précipitait. Il fit un signe en agitant la banderole de son bâton, puis il s’enfuit dans la solitude.
Cependant la source ne tardait pas à se rapprocher du chemin que suivaient les voyageurs. Ils passèrent outre et s’arrêtèrent, pour se reposer, en un endroit assez agréable et ombragé par quelques arbres. La sainte Vierge descendit de l'âne avec le divin Enfant. Elle était profondément émue, ainsi que saint Joseph. Marie s’assit sur l’herbe. Joseph creuse à quelque distance, un petit bassin que l'eau vint remplir. Quand elle s’y montra tout à fait limpide, ils en burent tous. Marie baigna l’Enfant ; et ils se lavèrent les mains, les pieds et le visage. Joseph amena aussi l’âne, qui se désaltéra, et il remplit son outre. Ils étaient pleins de joie et de reconnaissance. Le gazon desséché s‘imbiba et se redressa. Le soleil se montra brillant ; tous étaient ranimés et consolés. Leur halte en cet endroit fut bien de deux à trois heures.
La dernière halte de la sainte Famille dans les Etats d’Hérode fut à peu de distance d’une ville, sur la frontière du désert, à deux lieues environ de la mer Morte. La ville s’appelait comme Anam, Anem ou Anim. Ils s’adressèrent dans une maison isolée : c’était une hôtellerie à l’usage des gens qui voyageaient dans le désert. Il s’y trouvait des cabanes et des hangars appuyée contre une éminence, et à quelque distance des arbres fruitiers à l‘état sauvage. Les habitants paraissaient être des chameliers, car ils avaient plusieurs chameaux qui erraient dans des pâturages entourés de haies. C’étaient des gens de mœurs assez farouches, et qui s’étaient livrés au brigandage. Cependant ils reçurent bien la Sainte Famille et lui donnèrent l’hospitalité. Dans la ville voisine, il y avait aussi beaucoup de gens à la vie désordonnée, qui s’étaient établis à la suite, de guerres. Il se trouvait entre autres, dans l’hôtellerie, un homme d’environ vingt ans, qui s’appelait Ruben.
Le jeudi suivant, les étoiles brillent au ciel, et la Sainte Famille traverse durant la nuit un endroit sablonneux où l’on ne trouve que des arbustes desséchés. Il présentait de grands dangers, à cause d’une multitude de serpents qui étaient cachés dans les broussailles où ils se tenaient roulés en cercle sous le feuillage. Ils s’approchèrent en sifflant et dressèrent leurs têtes contre la Sainte Famille, qui passa tranquillement, tout entourée de lumière. Il s’y trouvait encore des animaux malfaisants d’une autre espèce. Ils avaient un long corps noirâtre, avec des pieds très courts et des espèces d’ailes sans plumes, ressemblant à de grandes nageoires. Ils passaient rapidement comme s’ils eussent volé : il y avait dans la forme de leur tête quelque chose qui tenait du poisson. C’étaient peut-être des lézards volants, La Sainte Famille arriva comme au bord d’un chemin creux ou d’une profonde excavation dans le sol. Ils voulaient se reposer là, derrière des buissons.
La Sainte Famille fit ensuite deux lieues vers l’orient en suivant la grande route ordinaire. Le nom du dernier endroit où ils arrivèrent, entre la Judée et le désert, était quelque chose comme Mara. Ce qui faisait penser au lieu d’où Sainte Anne était originaire ; mais ce n’était point lui. Les habitants étaient sauvages et inhospitaliers, et la Sainte Famille ne reçut d’eux aucune aide. Ils entrèrent ensuite dans un grand désert de sable. Il n’y avait plus de chemin ni rien qui leur indiquât la direction à prendre, et ils ne savaient comment faire. Après avoir un peu marché, ils gravirent devant eux une sombre chaîne de montagnes. Ils furent un instant très inquiets, mais ils se mirent à genoux et appelèrent Dieu à leur secours. Plusieurs grands animaux sauvages se rassemblèrent autour d’eux. Il semblait d’abord qu’il y eût du danger ; mais ces animaux n’étaient pas méchants. Au contraire, ils les regardèrent d’un air amical, et il fut bientôt visible que ces bêtes étaient envoyées pour leur montrer le chemin. Elles regardaient du côté de la montagne, couraient en avant, puis revenaient, comme fait un chien qui veut conduire quelqu’un. Enfin la Sainte Famille suivi des animaux, et arriva à travers les montagnes à une contrée triste et sauvage.
Considération
Saint Joseph d’après Dom Guéranger
Voici ce que dit de Saint Joseph et de son culte le docte et pieux dom Guéranger, abbé de Solesmes, restaurateur de l’Ordre des Bénédictins en France, dans le dernier volume de son Année liturgique :
« La bonté de Dieu et la fidélité de notre Rédempteur à ses promesses s’unissent toujours plus étroitement de siècle en siècle, pour protéger en ce monde l’étincelle de la vie surnaturelle qu’il doit conserver jusqu’au dernier jour. Dans ce but miséricordieux, une succession non interrompue de secours vient réchauffer, pour ainsi dire, chaque génération et lui apporter un nouveau motif de confiance dans la divine Rédemption. À partir du XIIIe siècle, où le refroidissement du monde commença à se faire sentir, ainsi que l’Eglise nous en rend témoignage, chaque époque a vu s’ouvrir une nouvelle source de grâces. ce fut d‘abord la Fête du Très Saint Sacrement, dont les développements ont produit successivement la procession solennelle, les expositions, les saluts, les quarante heures. Ce fut ensuite la dévotion au Saint Nom de Jésus, dont saint Bernardin de Sienne fut le principal apôtre, et celte du Via Crucis ou Chemin de la Croix, qui produit tant de fruits de componction dans les âmes. Le XVIe siècle vit renaître la fréquente communion, par l’influence principale de saint Ignace de Loyola et de sa Compagnie. Au XVIIe, fut promulgué le culte du Sacré Cœur de Jésus, qui s’établit dans le siècle suivant. Au XIXe, la dévotion à la très Sainte Vierge a pris des accroissements et une importance qui sont un des caractères surnaturels de notre temps. Le saint Rosaire, le saint Scapulaire, que nous avaient légués les âges précédents, ont été remis en honneur ; les pèlerinages en l’honneur de la Mère de Dieu, suspendus par les préjugés jansénistes et rationalistes, ont repris leur cours ; l’Archiconfrérie du Saint Cœur de Marie a étendu ses affiliations dans le monde entier : des prodiges nombreux sont venus récompenser la foi rajeunie ; enfin notre temps a vu le triomphe de l’Immaculée Conception préparé et attendu dans les siècles moins favorisés.
Mais la dévotion envers Marie ne pouvait se développer ainsi sans amener avec elle le culte fervent de Saint Joseph. Marie et Joseph ont une part trop intime dans le divin mystère de l’Incarnation, l‘une comme Mère du Fils de Dieu, l’autre comme gardien de l’honneur de la Vierge et Père nourricier de l’Enfant Dieu, pour que l’on puisse les isoler l’un de l'autre. Une vénération particulière envers saint Joseph a donc été la suite du développement de la piété envers la très Sainte Vierge. Mais la dévotion à l’égard de l’Epoux de Marie n’est pas seulement un juste tribut que nous rendons à ces admirables prérogatives, elle est encore pour nous la source d’un secours nouveau d’une immense étendue qui a été déposé entre les mains de saint Joseph par le Fils de Dieu. Écoutez le langage inspiré de l’Eglise dans la sainte Liturgie : « Ô Joseph, l’honneur des habitants du ciel, l’espoir de notre a vie ici-bas, le soutien de ce monde ! » Quel pouvoir dans un homme ! Mais aussi, cherchez un homme qui ait eu avec le Fils de Dieu des rapports aussi intimes que Joseph. Jésus daigna être soumis à Joseph ici-bas ; au ciel, il tient à honorer Celui dont il voulut emprunter le secours, et à qui il confia son enfance avec l‘honneur de sa Mère. Il n’est donc pas de limites au pouvoir de Saint Joseph, et la sainte Eglise nous invite à recourir avec une confiance absolue à ce tout-puissant Protecteur. Au milieu des agitations terribles auxquelles le monde est en proie, que les fidèles l’invoquent avec foi, et ils seront protégés. En tous les besoins de l’âme et du corps, en toutes les épreuves et les crises que le chrétien peut avoir à traverser, dans l'ordre temporel comme dans l’ordre spirituel, qu’il ait recours à Saint Joseph, et sa confiance ne sera pas trompée. Le roi d'Egypte disait à ses peuples affamés : « Allez à Joseph ». Le Roi du ciel nous fait la même invitation, et le fidèle gardien de Marie a plus de crédit auprès de lui que le fils de Jacob, intendant des greniers de Memphis, n’en eut auprès de Pharaon.
La révélation de ce nouveau refuge préparé pour les derniers temps a été d’abord communiquée, selon l’usage que Dieu garde pour l’ordinaire, à des âmes privilégiées auxquelles elle était confiée comme un germe précieux ; ainsi en fut-il pour l‘institution de la Fête du saint Sacrement, pour celle du Sacré Cœur de Jésus-et pour d’autres encore. Au XVIe siècle, sainte Thérèse, dont les écrits étaient appelés à se répandre dans le monde entier, reçut dans un degré supérieur les communications divines à ce sujet, et elle consigna. ses sentiments et ses désirs dans sa Vie, écrite par elle-même. On ne s’étonnera pas que Dieu ait choisi la réformatrice du Carmel pour la propagation du culte de Saint Joseph, quand on se rappellera que ce fut par l’influence de l’Ordre des Carmes, introduit en Occident au XIIIe siècle, que ce culte s'établit d‘abord dans nos contrées. Voués depuis tant de siècles à la religion envers Marie, les solitaires du Mont Carmel avaient découvert avant d’autres le lien qui rattache les bonheurs auxquels a droit la Mère de Dieu à ceux qui sont dus à son virginal Epoux. Sur cette terre où s’est accompli le divin mystère de l’Incarnation, l’œil du fidèle plonge plus avant dans ses augustes profondeurs. Entouré de tant de souvenirs ineffables, le chrétien arrive plus promptement a comprendre que le Fils de Dieu prenant la nature humaine, s’il lui fallait une Mère, il fallait à cette Mère un protecteur ; en un mot, que Jésus, Marie et Joseph forment, à des degrés divers, l’ensemble de relations et d‘harmonies sous lesquelles l’ineffable mystère devait se produire sur la terre... Et Pie IX, à la veille des grandes tribulations de l‘Eglise, par un instinct surnaturel, a voulu appeler au secours du troupeau qui lui est confié le puissant Protecteur qui n’a jamais eu tant de maux à combattre, ni tant de fléaux a détourner.
Mettons donc désormais notre confiance dans le pouvoir de l’auguste Père du peuple chrétien, Joseph, sur qui tant de grandeurs n’ont été accumulées qu’afin qu’il répandit sur nous, dans une mesure plus abondante que les autres saints, les influences du divin mystère de l’Incarnation, dont il a été, après Marie, le principal ministre sur la terre ».
Pratique
Saintes Conventions
Le secret de cette pratique, nous dit le Père Huguet, consiste à déclarer à nos saints de prédilection que, quand nous produirons certains signes extérieurs, comme des génuflexions ou des inclinations de tête devant leurs images, certaines paroles, des mouvements de cœur, ou autres choses semblables, à leur endroit, nous aurons l’intention de leur rendre tel ou tel honneur, ou de leur dire telle ou telle autre chose, en les priant que chaque fois que nous produirons ces signes avec l’intention déjà formulée, ils tiennent pour fait ou pour dit ce que notre faiblesse ne nous permet pas de faire ou de dire actuellement, comme nous le désirons de tout notre cœur.
Quoique nous n’ayons pas leur consentement ou leur agrément exprès sur ces pratiques, il est certain néanmoins que les bienheureux ont pour agréables ces actes de piété en leur honneur, qu’ils exaucent nos bons désirs, et secondent nos intentions en nous obtenant ce que nous leur demandons. Mais si cette doctrine s’applique à tous les saints, elle s’applique bien d’avantage à saint Joseph, à qui Dieu a accordé une puissance de médiation à laquelle ne peut être comparée celle des autres saints. Arrêtons donc avec lui de ces pieuses conventions qui lui seront si agréables, et qui, sous tous les rapports, nous seront si utiles à nous-mêmes.
Et, pour rendre plus sacrées ces saintes conventions, choisissons un jour de fête pour lui en faire, après une fervente communion, la déclaration solennelle, en présence de Jésus-Christ, son Fils adoptif, que nous posséderons dans notre cœur, de la bienheureuse Vierge Marie, son épouse immaculée, et de tous les Saints du Paradis qui se réjouiront en nous voyant nous engager ainsi avec celui à qui le Père éternel, le Roi de gloire, et la Reine Mère de Dieu, ont rendu et rendront à jamais des honneurs plus éclatants et plus doux que toutes nos dévotions.
Prière
Tirée de Dom Guéranger
Père et protecteur des fidèles, glorieux Joseph, nous bénissons notre mère la Sainte Eglise, qui, dans ce déclin du monde, nous a appris à espérer en vous. De longs siècles se sont écoulés sans que vos grandeurs fussent encore manifestées ; mais vous n’en étiez pas moins au ciel l’un des plus puissants intercesseurs du genre humain. Chef de la Sainte Famille dont un Dieu est membre, vous poursuiviez votre ministère paternel à notre égard. Votre action cachée se faisait sentir pour le salut des peuples et des particuliers ; mais la terre éprouvait vos bienfaits sans avoir encore institué, pour les reconnaître, les hommages qu’elle vous offre aujourd’hui. Une connaissance plus étendue de vos grandeurs et de votre pouvoir, ainsi que la proclamation de votre protectorat sur tous nos besoins, était réservée à ces temps malheureux où l’état du monde aux abois appelle des secours qui ne furent pas révélés aux âges précédents. Nous venons donc à vos pieds, ô Joseph ! Afin de rendre hommage en vous, à votre puissance d’intercession qui ne connaît pas de limites, à une bonté qui embrasse dans une même adoption tous les frères de Jésus et les enfants de Marie.
Mais en notre qualité de frères de Jésus et d’enfants de Marie, nous sommes aussi vos enfants, ô Joseph. Soyez alors notre bon père, et daignez accepter nos instances que la sainte Eglise. encourage et qui montent vers vous plus pressantes que jamais. En ces temps où les saints manquent et où les vérités sont diminuées, nous savons qu’il vous faut peser de tout le poids de vos mérites, pour que le plateau de la divine balance n’incline pas du côté de la justice. Daignez, ô Protecteur universel, ne pas vous lasser dans ce labeur : l’Eglise de votre Fils adoptif vous en supplie aujourd’hui. Le sol miné par la liberté effrénée de l’erreur et du mal est, à chaque instant, sous le point de fondre sous ses pieds. Ne vous reposez pas un instant, et, par votre intervention paternelle, hâtez-vous de lui préparer une situation plus calme. Ainsi soit-il.
Extrait du « Mois de Saint Joseph ou Vie de Saint Joseph d’après Anne-Catherine Emmerich » par C.F. Fouet. Saint Dizier, Paris, 1872
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Le Mois de Saint Joseph
Le Mois de Saint Joseph
Avec la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich
Vingt-troisième jour
Départ pour l’Égypte
Mais que les joies de la terre, même les plus saintes, sont de courte durée ! Déjà Jésus, Marie et Joseph ne sont plus a Nazareth. La veille du jour où nous sommes arrivés, saint Joseph était revenu de bonne heure de la maison de Sainte Anne. Celle-ci et sa fille aînée étaient encore à Nazareth. A peine étaient elles allées se reposer, que l’Ange avertit Joseph. Marie et l’Enfant Jésus avaient leur chambre a coucher à droite du foyer ; Sainte Anne, a gauche ; la fille aînée de celle-ci, entre la chambre de sa mère et celle de Saint Joseph. Ces différentes pièces étaient séparées par des cloisons en branches d’arbres tressées ; elles étaient aussi couvertes par en haut avec un clayonnage de même espèce. Le lit de Marie était en outre séparé du reste de la chambre par une sorte de paravent. L’Enfant Jésus couchait à ses pieds sur un tapis: quand elle se levait, elle pouvait le prendre sans difficulté.
Saint Joseph dormait dans sa chambre, couché sur le côté, la tête appuyée sur son bras, quand un jeune homme, resplendissant de lumière, s’approcha de sa couche et lui parla. Joseph se releva ; mais il était accablé de sommeil, et il se recoucha. Le jeune homme le prit alors par la main, et Joseph se réveilla tout a fait et se leva. Le jeune homme disparut. Joseph alla allumer sa lampe à celle qui était devant le foyer, au milieu de la maison. Il frappa à la porte de la sainte Vierge, et demanda si elle pouvait le recevoir. Après quoi il entra et parla à Marie, qui n’ouvrit pas le rideau placé devant elle. Puis il alla dans l’écurie où était son âne, et entra dans une chambre où étaient divers effets. Il faisait les préparatifs pour le départ.
Quand saint Joseph ont quitté la sainte Vierge, elle se leva et s’habiller pour le voyage. Elle alla ensuite trouver sa mère et lui fit connaître l’ordre donné par Dieu. Alors Sainte Anne se leva aussi, ainsi que Marie d’Héli et son fils. Ils laissèrent l'Enfant Jésus reposer encore. La volonté de Dieu était au-dessus de tout pour ces saintes personnes : quelque affliction qu’elles eussent dans le cœur, elles disposèrent tout pour le voyage, avant de se livrer à la tristesse des, adieux. Marie ne prit pas, à beaucoup près, tout ce qu’elle avait apporté de Bethléem. Elles firent un paquet de médiocre grosseur avec ce que Joseph avait préparé, et y joignirent quelques couvertures. Tout se fit avec calme et très promptement, comme lorsqu’on vient d’être réveillé pour partir secrètement.
Puis Marie alla chercher l’Enfant, et son empressement fut tel, qu’on ne la vit pas le changer de langes. Le moment des adieux était arrivé, et l’on ne put dire combien amère était l’affliction de Sainte Anne et celle de sa fille aînée. Elles pressèrent en pleurant l’Enfant Jésus contre leur cœur, et le petit garçon lui-même le couvrit de baisers. Sainte Anne embrassa à plusieurs reprises la Sainte Vierge, pleurant amèrement, comme si elle ne devait plus la revoir. Marie d’Héli se jeta par terre et versa des larmes abondantes.
Il n’était pas encore minuit lorsqu’ils quittèrent la maison. Anne et Marie d’Héli accompagnèrent la sainte Vierge à pied pendant quelque temps. Saint Joseph venait derrière avec l’âne. On allait dans la direction de la maison de Sainte Anne ; seulement on la laissait un peu à droite. Marie portait dans ses bras l’Enfant Jésus, soigneusement emmailloté, et retenu par un grand linge noué autour du cou de sa mère. Elle avait un long manteau qui l'enveloppait ainsi que l’Enfant, et un grand voile carré, ramassé par derrière autour de la tête, mais qui retombait à longs plis sur les côtés. Elles avaient fait un peu de chemin, lorsque saint Joseph les rejoignit avec l’âne sur lequel étaient attachées une entre pleine d’eau et une corbeille où se trouvaient plusieurs objets, des petits pains, des oiseaux vivants et une petite cruche. Le petit bagage des voyageurs et quelques couvertures étaient empaquetés autour du siège, placé en travers, qui avait une planchette pour les pieds. Elles s’embrassèrent encore en pleurant ; Sainte Anne bénit la Sainte Vierge, et celle-ci monta sur l’âne que Joseph conduisait et se mit en route.
Enfin, ce matin, de bonne heure, Marie d‘Héli alla chez Sainte Anne avec son petit garçon, et pria son beau-père de se rendre à Nazareth avec un de ses serviteurs ; après quoi, elle retourna chez elle. Puis Sainte Anne rangea tout dans la maison de Joseph et empaqueta beaucoup de choses. Le matin, il vint deux hommes de la maison de Sainte Anne : l’un d‘eux ne portait sur lui qu’une peau de mouton et avait des sandales grossières assujetties avec des courroies autour des jambes ; l’autre avait un vêtement plus long. Celui-ci était, sans nul doute, le mari actuel de Sainte Anne. Ils aidèrent à tout mettre en ordre dans la maison de Joseph, à empaqueter tout ce qui pouvait être retiré, et à le porter dans la maison de Sainte Anne.
Considération
Saint Joseph d’après le Père Faber
Le Père Faber, mort en 1864, supérieur de l’Oratoire de Londres, fut un de ces nombreux ministres anglicans qui, en 1845, amenés par leurs seules études à reconnaître la vérité, surent faire tous les sacrifices pour suivre la voix de leur conscience, en abandonnant le schisme et rentrant dans le sein de l‘Eglise. Une des dévotions les plus chères au Père Faber, après sa conversion, était celle à Saint Joseph. Il le priait tous les jours avec autant de ferveur que de confiance; il ne manquait aucune occasion d‘en parler dans ses discours et dans ses ouvrages ; il exhortait à recourir à lui en pleine confiance tous ceux qu'il dirigeait.
« Marie, disait-il, doit être le premier objet de notre dévotion, Joseph le second ».
« Marie et Joseph, disait-il encore, sont d’une sainteté si sublime, qu’elle est capable de ravir d’admiration toutes les créatures, non-seulement jusqu’à la fin des temps, mais dans l’éternité ».
Nous regrettons de ne pouvoir donner ici que quelques lignes des admirables pages qu’il a consacrées au saint Patriarche dans ses deux ouvrages: Le saint Sacrement, et Bethléem ou le Mystère de la sainte Enfance.
« Qui peut douter, dit-il, dans le premier de ces ouvrages, que tout n’ait été disposé, dans la personne de saint Joseph, de manière à être une préparation digne de la haute dignité que Dieu devait lui conférer ? Qui peut douter que tout n’ait tendu à le former et à lui donner la consécration qui convenait au Père nourricier du Verbe fait chair ?…
Non seulement saint Joseph semble nous représenter tous à Bethléem, en Egypte, dans le désert et à Nazareth, mais il y est encore comme l’ombre du Père éternel. C’est là ce qui constitue la sublimité de sa dignité. L’incommunicable et a jamais bénie paternité de Dieu lui est communiquée d’une manière figurative. Il est le Père nourricier de Jésus ; aux yeux du monde extérieur, il passe pour son véritable père. Il en exerce l’autorité, et remplit envers lui tous les devoirs de l’affection et de la sollicitude paternelles. Que dis-je ? Dans sa nature humaine, Notre Seigneur est subordonné à saint Joseph, lui qui, dans sa nature divine, ne pouvait jamais être subordonné au Père éternel. Les ineffables trésors de Dieu, Jésus et Marie, sont confiés à la garde de saint Joseph ; et lui-même est un trésor en même temps qu’il est le gardien des trésors de Dieu. Il occupe une place dans le plan de la Rédemption. Comme Jésus et comme Marie, il a ses types, ses précurseurs et ses prophéties dans l’Ancien Testament. Il prête son concours a Dieu pour tenir secret le mystère de l'Incarnation ; et en sa qualité de représentant du Père éternel, il nous rappelle constamment, dans son ministère auprès de l’Enfant Jésus, le souvenir de sa divinité...
Quoi d’étonnant donc dans ce que les théologiens nous rapportent touchant les grâces nombreuses et les dons précieux dont il a été orné ? Est-il surprenant que les fidèles croient que pour lui, le moment de la résurrection des justes fut anticipé, qu’il fut un de ceux qui parcoururent les rues de Jérusalem le jour de Pâques avec leur corps ressuscité, et qu’il monta ainsi dans les cieux, le jour de l’Ascension, à la suite de Notre seigneur ? »
Et maintenant, si nous ouvrons « Bethléem ou le Mystère de la Sainte Enfance », voici ce que nous y lisons entre autres choses non moins édifiantes assurément :
« Après Marie, Joseph s’approche aussi pour adorer l’Enfant Dieu.... Joseph, le plus caché de tous les saints de Dieu, et enveloppé dans les nuages mêmes et les ombres qui environnent la source incréée de la Divinité. Son âme est un abîme de grâces sans nom ; de grâces plus profondes que celles d’où jaillissent les vertus ordinaires. Il ne nous est pas possible de donner un nom au caractère de sa sainteté. Nous ne pouvons le comparer avec aucun autre des saints de Dieu. De même que son office était unique, de même sa grâce a été toute spéciale ; elle a suivi ce qu’il y avait de particulier dans son office ; elle a été aussi unique. Joseph a été pour Marie parmi les hommes ce que Gabriel était pour elle parmi les Anges ; mais il a été plus rapproché d’elle que Gabriel, car Joseph était de la même nature que Marie. Il a donc été pour elle, après Bethléem, ce que saint Jean a été après le Calvaire, de sorte que, probablement, s’il nous était possible de l’apercevoir, nous concevrions une certaine analogie entre sa sainteté et celle du disciple bien-aimé. Mais sa sanctification est cachée dans l’obscurité. Il est probable qu’il a reçu le don de la justice originelle, comme Saint Jean-Baptiste. Ce qui est certain, c’est qu’il a été un vaisseau de la prédilection divine, prédestiné de toute éternité à un office particulier et incomparablement sublime, et revêtu des grâces les plus magnifiques destinées,à le rendre digne de cet office. Car quelque merveilleux que fût son office à l’égard de Marie, l’office qu’il avait à remplir à l’égard de Jésus était encore de beaucoup supérieur, à moins peut-être que l’on ne dise, ce qui est plus vrai, que le premier n’était qu’une partie du second…
Joseph, saisi de respect, s’approche de Jésus qui vient de naître, afin de l’adorer avant de lui commander. Son âme se remplit silencieusement d’amour, et volontiers sa vie se briserait et s’écoulerait sur la terre de la grotte, aux pieds de l’Enfant, comme elle le fit plus tard sur ses genoux ; mais le temps n’était pas encore venu, et l’Enfant le sanctifia de nouveau ; il le revêtit d’une force pleine de calme et d’une douceur pleine de force, et l’éleva à une sphère plus élevée de sainteté et d’ineffable grâce, afin qu’il pût être le supérieur officiel de son Dieu... »
Pratique
Missives à Saint Joseph
Qu’entend-on par Missives à Saint Joseph ? L’on entend par Missives à Saint Joseph des lettres qu’on lui écrit et lui adresse comme on ferait à un père, à un bienfaiteur, à un protecteur, dont on réclamerait les bonnes grâces, la faveur, la protection. Sans doute qu’on ne les lui enverra pas par la poste, mais on les lui fera parvenir en les déposant devant son image, au pied de sa statue, sur son autel. Par cette acte de vraie foi, d’amoureuse confiance, de reconnaissance de sa bonté pour les hommes et de sa puissance auprès de Dieu, nous semblons mettre le saint Patriarche en demeure de nous accorder l’effet de nos demandes. Et ces missives deviennent ainsi de vraies suppliques, qui, comme dit Saint Léonard de Port Maurice, sont d’abord présentées à Saint Joseph, Saint Joseph les remet ensuite à Marie, qui les soumet à son tour, à Jésus. Et Jésus, après avoir entériné ces suppliques, en remet les rescrits à Marie, qui les rend à Joseph peur sortir tout leur effet.
On rapporte du Père Louis Lallemand que, pendant qu‘il était recteur au collège de Bourges, la Fête de Saint Joseph approchant, il manda les Pères Paul Bagueneau et Jacques Nouet, qui y étaient régents des basses classes, et leur promit de leur faire obtenir, par l’intercession de ce grand Saint, tout ce qu’ils demanderaient, s‘ils voulaient exhorter leurs écoliers à lui être dévots, et à faire quelque chose d’extraordinaire pour le jour de sa Fête. Les deux jeunes régents s’y engagèrent et firent communier ce jour là tous leurs écoliers. Puis, ils allèrent proposer au Père recteur chacun ce qu’ils souhaitaient que saint Joseph leur obtint. Le Père Nouet demanda la grâce de parler et d’écrire dignement de Notre Seigneur. Mais le lendemain étant allé trouver le Père Lallemand pour lui dire qu’après y avoir bien pensé, il avait envie de demander une autre grâce qu’il croyait plus utile pour sa perfection, le Père lui répondit qu’il n’était plus temps de demander une autre grâce, parce que la première lui avait déjà été accordée, et qu’il ne s’était engagé que pour celle-ci.
Adressons, écrivons, envoyons des missives à saint Joseph avec la même Foi et la même confiance, et, comme ces saints religieux, nous ne tarderons pas à obtenir l’effet de nos demandes.
Prière pour la délivrance des âmes du Purgatoire
Bienheureux Saint Joseph, vous à qui Dieu a accordé de causer tant de joie dans les Limbes, lorsque votre sainte âme y est descendue, après votre bienheureuse mort, pour annoncer aux justes de l’ancienne loi, qui y étaient retenus, que l’œuvre de la Rédemption allait enfin se consommer, et que bientôt l’heure de la délivrance sonnerait pour eux ; vous a qui Jésus, dans le ciel où vous régnez maintenant avec lui au sein d‘une gloire incomparable, et donné, comme à Marie, tenté puissance dans le ciel, sur la terre et dans les enfers, non-seulement pour réfréner les démons, mais encore pour pouvoir secourir les pauvres âmes du Purgatoire ; vous si compatissant et si bon peur les affligés, les malheureux, ceux qui sont dans les gémissements et les larmes, daignez, nous vous en conjurons, faire ressentir les effets de votre puissante protection aux âmes si souffrantes du Purgatoire et particulièrement à l’âme de N. (mettre ici des noms) qui m’est singulièrement chère…
Vous savez bien mieux que nous, bon saint Joseph, combien elles souffrent, ces pauvres âmes, combien il leur tarde de voir arriver le jour de leur délivrance, combien elles ont hâte d’être admises dans le séjour du rafraîchissement, de la lumière et de l’éternelle paix. Avec toute votre puissance et votre bonté, venez donc au plus tôt à leur secours. Elles sont dans les flammes, apaisez-en les ardeurs ; elles sont dans les ténèbres, faites luire sur elles la lumière qui réjouit et console ; elles sont dans d‘indicibles tourments, apportez-leur tout le soulagement qui est en votre pouvoir. Elles ne savent, ô cruelle incertitude ! quand finiront ces terribles expiations ; obtenez-leur de Jésus, par Marie, leur entière amnistie. Puis, venez leur annoncer, comme vous le fîtes autrefois aux Limbes, que la justice divine est enfin satisfaite, et que vous venez les chercher pour les introduire dans le saint Paradis, où elles seront si heureuses de chanter éternellement les miséricordes de Jésus, les bontés de Marie, et la puissance de votre médiation.
Extrait du « Mois de Saint Joseph ou Vie de Saint Joseph d’après Anne-Catherine Emmerich » par C.F. Fouet. Saint Dizier, Paris, 1872
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Le Mois de Saint Joseph
Le Mois de Saint Joseph
Avec la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich
Vingt-deuxième jour
Rentrée à Nazareth
Cependant la sainte Famille arriva, le soir même de la Purification, à la maison d’Anne, à une demi-lieue de Nazareth, du côté de la vallée de Zabulon. L’on y fit une petite fête de famille du genre de celle qui avait en lieu lors du départ de Marie pour le Temple. Joachim ne vivait plus, et le second mari d’Anne était le maître de la maison. La fille aînée d’Anne, Marie d‘Héli, était présente. L’âne était déchargé, et l’on voulait rester ici un certain temps. Tous accueillirent l‘Enfant-Jésus avec une grande joie ; mais cette joie était grave et retenue. En général, l’on ne vit jamais rien de très-passionné chez tous ces saints personnages. Il y avait aussi là de vieux prêtres. On fit un petit festin. Les femmes mangèrent, comme toujours, séparées des hommes.
Quelques jours après, la sainte Famille était encore chez Anne. Il s’y trouva aussi plusieurs femmes : la fille aînée d‘Anne, Marie d’Héli, avec sa fille ; Marie de Cléophas ; puis une femme du pays d'Elisabeth, et la servante qui s’était trouvée près de Marie à Bethléem. Cette servante, après avoir perdu son mari, qui ne s’était pas bien conduit envers elle, n’avait pas voulu se remarier : elle était venue à Jutta, chez Elisabeth, où Marie l‘avait connue lors de sa visite à sa cousine ; de là, cette veuve était venue chez Anne. L’un de ces jours aussi, Saint Joseph fit plusieurs paquets chez Anne et alla avec la servante à Nazareth, précédant des ânes qui étaient au nombre de deux ou de trois. Il y fut bientôt suivi de la sainte Vierge, qui y vint, accompagnée de sa mère, et portant l’Enfant Jésus dans ses bras. Le chemin qu’elle parcourut était très agréable ; il avait environ une demi4ieue de long, et passait entre des collines et des jardins.
Anne envoie aussi des aliments à Joseph et à Marie dans leur maison de Nazareth. Et combien tout est touchant dans la Sainte Famille ! Marie est comme une mère et en même temps comme la servante la plus soumise du Saint Enfant ; elle est aussi comme la servante de Saint Joseph. Joseph est vis-à-vis d‘elle comme l’ami le plus dévoué et comme le serviteur le plus humble. Ce qui touchait encore, c’était de voir la sainte Vierge remuer et retourner le petit Jésus comme un enfant qui ne peut s’aider lui-même. Quand en songe que c’est le Dieu de Miséricorde qui a créé le monde, et qui, par amour pour nous, se laisse ainsi mouvoir en tous sens, combien on est douloureusement affecté de la dureté, de la froideur et de l’égoïsme des hommes !
Rentrée à Nazareth, la sainte Vierge s’y occupait à tricoter on a faire au crochet de petites robes. Elle avait un rouleau de laine assujetti à la hanche droite, et dans les mains deux petits bâtons en es, avec de petits crochets à l‘extrémité. L’un d’eux pouvait être long d’une demi-aune, l’autre était plus court. Elle travaillait ainsi debout ou assise près de l’Enfant Jésus, qui était couché dans un petit berceau d’osier.
Pour saint Joseph, il tressait différents objets, comme des cloisons et des espèces de planchers pour les chambres, avec de longues bandes d’écorce jaunes, brunes et vertes. Il avait une provision d’objets de ce genre, placés les uns sur les autres dans un hangar près de la maison. Il semblait ne pas prévoir qu‘il lui faudrait bientôt s’enfuir en Egypte. Sainte Anne, de son côté, venait presque tous les jours de sa maison, située à peu près à une lieue de là. Elle était souvent accompagnée de sa servante, que l’on vit un jour entre autres le paquet sur l’épaule, une corbeille sur la tête et une autre a la main. C’étaient des corbeilles rondes, dont l’une était à jour. Il y avait dedans des oiseaux. Elles portaient des aliments à Marie, car celle-ci n’avait pas de ménage, et recevait tout de chez sa mère.
Dans les derniers jours de février, sainte Anne et sa fille aînée se trouvent encore chez la sainte Vierge. Marie d’Héli avait avec elle un petit garçon fort robuste, de quatre ou cinq ans : c’était son petit-fils, le fils aîné de sa fille, Marie de Cléophas. Joseph était allé à la maison de Sainte Anne. Pendant son absence, les femmes sont assises ensemble, causant familièrement, jouant avec l’Enfant Jésus, l'embrassant et le mettant dans les bras du petit garçon, et l‘on se disait : « Les femmes sont pourtant toujours les mêmes ! » Tout cela se passait, en effet, comme de nos jours.
Marie d’Héli demeurait dans un petit endroit, à environ trois lieues de Nazareth, du côté du levant. Sa maison était presque aussi bien arrangée que celle de Sainte Anne. Elle avait une cour entourée de murs, avec un puits à pompe. Quand on mettait le pied sur un certain endroit, l’eau jaillissait en haut et tombait dans un bassin de pierre. Son mari s’appelait Cléophas ; sa fille, Marie de Cléophas, mariée à Alphée, demeurait à l’autre bout du village.
Un soir, les femmes prièrent ensemble. Elles se tenaient devant une petite table placée contre le mur, et sur laquelle était une couverture rouge et blanche. Sur cette table était un rouleau que la sainte Vierge déroula dans le sens de sa longueur et fixa à la muraille. Il y avait dessus une figure brodée, de couleur pâle : elle ressemblait à un mort, enveloppé, comme un enfant au maillot, dans un long manteau blanchâtre qui était relevé sur la tête ; elle tenait quelque chose à la main. L‘on avait déjà vu cette figure lors de la cérémonie qui eut lieu dans la maison d’Anne quand Marie fut conduite au Temple. La lampe était allumée pendant la prière. Marie était debout devant sainte Anne, et sa sœur près d’elle. Elles croisaient les mains sur la poitrine, les joignaient et les étendaient. Marie lut dans un rouleau placé devant elle, et elles récitèrent leurs prières sur un ton et un rythme qui rappelaient la psalmodie du chœur aux monastères et aux couvents.
Considération
Saint Joseph d’après Mgr de Beauvais
Mgr Gignoux, évêque de Beauvais, avait pris pour sujet de son Mandement de Carême 1863 le Culte de saint Joseph, et n‘en parlait ni autrement ni moins éloquemment que Mgr Angebault. Nous ne pouvons qu’abréger.
« Il semble, disait-il dès cette époque, que c’est de nos jours que le culte de saint Joseph est appelé à se répandre et a devenir vraiment populaire. Mais admirons ici la merveilleuse sagesse de l’Eglise notre mère. À l’incrédulité froide et railleuse du dernier siècle, elle opposait la dévotion affectueuse et compatissante envers le Cœur adorable de Jésus. Aux négations audacieuses de notre temps touchant la chute originelle, à cette tendance qui s’efforce de réhabiliter les instincts les plus grossiers de notre chair coupable, elle opposait naguère, aux applaudissements du monde Catholique, le dogme de l’Immaculée Conception de Marie, qui est à lui seul un trésor des plus précieux enseignements. Et voilà qu’à la vue d‘une génération avide de lucre et de plaisir, ne travaillant que pour jouir, faisant parade de tout, même de sa bassesse, elle va prendre dans son obscur atelier de Nazareth Joseph, l’homme juste, chaste, dévoué, désintéressé, laborieux, modeste, pauvre et soumis, et elle nous le présente en disant : « Voyez, et instruisez-vous ». À peine élevé sur le trône de saint Pierre, Pie IX, chef et organe de l‘Eglise, ordonnait que, dans tout l’univers, la Fête du Patronage de saint Joseph fût célébrée le troisième Dimanche après Pâques, afin que les fidèles retenus par leurs travaux le 19 mars, Fête principale de notre saint Patron, puissent plus facilement invoquer son assistance et étudier ses vertus dans un jour consacré au Seigneur. Dernièrement encore, cet illustre Pontife, entouré de trois cents Evêques et élevant la voix en présence du monde entier, recommandait, dans son immortelle allocution, l’Eglise catholique et ses immenses besoins à la puissante intercession de saint Joseph...
Entre les deux Testaments, dit plus bas l'illustre zélateur de saint Joseph en parlant de son excellence, quand l’ancienne loi va finir et la loi d’amour commencer, s’élève une figure simple, douce, grave et majestueuse. Saint Joseph nous apparaît comme le trait d’union qui relie l’ancien monde et le nouveau. Il clôt la série des Patriarches et ouvre la longue et admirable série des Bienheureux enfantés par l’Evangile. Mais en lui, quel mélange de simplicité et de grandeur ! Il est le fils des rois de Juda, le sang de David coule dans ses veines ; et pourtant ce n’est qu’un pauvre artisan, gagnant à la sueur de son front le pain de chaque jour. Témoin des plus ravissants mystères, confident du Très-Haut, instruit directement par le ministère des Anges, associé aux desseins de Dieu pour la rédemption du genre humain, saint Joseph contemple en silence ces grandes choses ; il s’enveloppe dans une obscurité volontaire et se tait, laissant à ceux qui en seront chargés le soin d’annoncer au monde les merveilles de Dieu... Sa mission, à lui, est de servir de voile à la maternité virginale de Marie et à l’incarnation du Verbe, afin de tenir ces mystères cachés jusqu’au jour fixé par la volonté du Seigneur. Il semble n‘être placé au troisième plan de ce ravissant tableau que pour faire ressortir plus vivement les traits adorables de Jésus-Christ et la douce figure de la très Sainte Vierge. Le Père éternel lui a délégué une paternité véritable sur son divin Fils ; il l’a honoré comme jamais ne le fut un mortel ; il l’a placé à une telle hauteur, qu’après la dignité de l’auguste Marie, il n’est pas de grandeur comparable à la sienne... »
Après quoi le pieux Prélat exalte avec une grande éloquence de cœur l’éminente justice de saint Joseph et sa double qualité d'Epoux de Marié et de Père adoptif de Jésus, et ajoute en s’appuyant Sur les témoignages de Gerson, de saint Bernardin de Sienne et du Docteur angélique :
« D’après ce que nous venons de dire, jugez du crédit dont jouit auprès de Dieu le chaste Epoux de Marie, le Père adoptif du Sauveur, le chef de la sainte Famille, aujourd’hui qu’il règne dans la gloire. Les martyrs prient par leurs plaies, les élus de tout genre parles sacrifices et les vertus de leur vie mortelle ; Marie, au témoignage de saint Bernard, par le sein qui allaita le Sauveur et par les entrailles qui le portèrent ; saint Joseph, indépendamment des mérites accumulés durant une vie passée auprès du Fils de Dieu, ne peut-il pas élever vers lui ses mains durcies au travail pour le nourrir et pourvoir à sa subsistance ? Ne peut-il pas lui montrer cette poitrine sur laquelle sa divine enfance goûta si souvent les douceurs du repos ? Ne peut-il pas, afin d’enrichir notre indigence, nous distribuer les grâces dont l’auguste Marie, son épouse, est dépositaire ?…
La bonté, d’ailleurs, de saint Joseph pour les hommes égale sa puissance. Pour avoir reposé quelques instants sa tête sur la poitrine du Sauveur, saint Jean est devenu l'apôtre de la dilection. Quels trésors de charité saint Joseph n’aura-t-il pas puisés dans ses rapports intimes avec le divin Maître, lui qui si souvent le porta dans ses bras, le serra contre sa poitrine ; lui qui reçut ses filiales caresses et lui prodigua les témoignages de son paternel amour ! Le Cœur de Jésus-Christ, cœur aimant jusqu’à l’infini, s’épancha dans celui de saint Joseph et lui communiqua pour la pauvre humanité cette indulgence, cette miséricorde dont il surabonde lui-même.
De son côté, la divine Marie, dont nous sommes les enfants d’adoption et qui nous a aimés au point de nous donner son Fils unique, a fait partager à son saint Epoux ses sentiments de mère à notre égard. Saint Joseph est vraiment un père pour tous ceux qui l’invoquent. Autant il est grand devant Dieu, autant il est compatissant à nos misères...
Mais puisque saint Joseph, dit-il en terminant, est le favori du Roi du Ciel, le dispensateur de ses richesses ; puisque sa bonté pour nous est si paternelle, venez à lui, prêtres du Seigneur, vierges consacrées à Dieu, braves ouvriers, pauvres pécheurs, chrétiens de tous les âges et de toutes les conditions, pour lui demander surtout une bonne mort ».
Pratique
Cierges en l'honneur de saint Joseph
Il en est des cierges comme des lampes. S’ils sont d’antique usage dans l’Eglise, c’est qu’ils sont une manière d’honorer Dieu, devant lequel ces cierges, en se consumant, prennent pour ainsi dire notre place et lui expriment le désir que nous avons de nous consumer pour son amour et pour sa gloire. Ainsi en est-il, toute proportion gardée, des cierges que nous mettons brûler devant les images ou les statues des Saints. C’est une manière de les invoquer, de les implorer, de nous rappeler plus spécialement à leur souvenir. Ces cierges prient pour nous, parlent pour nous, intercèdent pour nous. Et c’est pour cela, sans nul doute, que, d’instinct chrétiennement préconçu, les fidèles de tous les temps et de tous les lieux ont en recours à ces cierges pour faire intervenir plus efficacement la médiation des Saints en leur faveur dans leurs nécessités plus pressantes.
Apportons donc, tous tant que nous sommes, dans toutes les nécessités qui peuvent nous survenir, après comme avant les grâces reçues, de ces cierges aux autels du bon, du tout puissant Saint Joseph. Outre les autres avantages attachés à ces offrandes, les petits sacrifices d’argent qu’elles nous occasionneront toucheront son cœur et le disposeront favorablement à notre égard. Ne dit-on pas quelquefois qu'à l’occasion de telle ou telle faveur obtenue, telle personne lui doit vraiment un beau cierge ? Et cependant, si l’on est empressé de lui apporter le cierge de la demande, n’oublie-bon pas trop souvent de lui apporter le cierge de la reconnaissance ? Non, n’y manquons pas, quand ce ne serait qu’en nous rappelant que la reconnaissance est le meilleur moyen d’obtenir une autre fois de nouveaux bienfaits.
Ne dit-on pas encore que, dans ses fêtes, c’est par milliers que les fidèles apportent leurs cierges dans ses sanctuaires, et particulièrement à son autel de Notre Dame des Victoires, à Paris ? Dans ces jours, apportons au moins les nôtres à l’autel de saint Joseph qui se trouve dans notre église paroissiale.
Prière aux diverses fins de l’Archiconfrérie de Beauvais
Digne et saint gardien de l’Enfant Dieu, vous qui avez veillé sur ses jours avec tant de sollicitude et l'avez soustrait au glaive du cruel Hérode, couvrez de votre plus tendre et plus puissante protection l’Eglise notre mère, cette sainte Epouse que Jésus-Christ s’est choisie, qu‘il s‘est acquise par son sang, qu’il conduit de son esprit et qu’il s’unira éternellement dans sa gloire. Veillez sur son auguste chef, le Souverain Pontife ; assistez-le de votre puissance, fortifiez-le des consolations célestes, dissipez ses ennemis. Éloignez le sanglier dévastateur de la vigne du Seigneur. Changez les loups ravisseurs en brebis fidèles. Faites luire le soleil de justice sur les nations encore assises dans les ténèbres et à l’ombre de la mort. Convertissez les pauvres pécheurs en renversant les idoles auxquelles ils prostituent leur cœur. Rendez la vue à tant d‘aveugles qui ferment les yeux aux vérités divines et aux espérances éternelles. Rendez l’ouïe à ceux qui restent sourds aux menaces de la colère de Dieu. Redressez ceux qui boitent dans les voies de la justice et de la vertu. Comblez de vos bénédictions et de vos grâces ceux de vos serviteurs qui ont mis en vous leur confiance, et que, par vous, au dernier jour, nous soit propice Celui qui vous a honoré du titre de Père et prononcera en souverain juge sur nos destinées éternelles. Ainsi soit-il.
Extrait du « Mois de Saint Joseph ou Vie de Saint Joseph d’après Anne-Catherine Emmerich » par C.F. Fouet. Saint Dizier, Paris, 1872
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Le Mois de Saint Joseph
Le Mois de Saint Joseph
Avec la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich
Vingt-et-unième jour
Purification
Mais les jours de la Purification de Marie et de la Présentation de l’Enfant au Seigneur vont s’accomplir, et les saints parents de Jésus suivent lentement la route, assez courte, du reste, qui va de Bethléem à Jérusalem. Ils y mettent beaucoup de temps et s’arrêtent souvent. À midi, ils arrivent près d’un puits recouvert d‘un toit et se reposent sur des bancs qui l’entourent. Là, deux femmes viennent près de la sainte Vierge et lui apportent deux petites cruches avec du baume et des petits pains.
L’offrande de la Sainte Vierge pour le Temple était dans une corbeille suspendue aux flancs de l’âne. Cette corbeille avait trois compartiments, dont deux étaient recouverts et contenaient des fruits. Le troisième formait une cage a jour où l’on voyait deux colombes.
Vers le soir, à environ un quart de lieue en avant de Jérusalem, ils arrivent à une petite hôtellerie tenue par deux vieux époux sans enfants, qui les reçurent très affectueusement. C’étaient des Esséniens, parents de Jeanne Chusa. Le mari s’occupait de jardinage, taillait les haies et était chargé de quelque chose relativement au chemin.
Le lendemain, la sainte Famille passa toute la journée chez ses vieux hôtes. La sainte Vierge fut presque tout le temps dans une chambre, seule avec l‘Enfant qui était posé sur un tapis. Elle était toujours en prières et paraissait se préparer pour la cérémonie qui allait avoir lieu. Et l’on vit apparaître dans la chambre plusieurs Anges qui adorèrent l’Enfant Jésus. La Sainte Vierge en fut très émue. Pour les bons hôtes, ils montrèrent toute espèce de prévenances envers la Sainte Vierge. Ils devaient avoir un pressentiment de la sainteté de l’Enfant Jésus.
Et le matin étant arrivé, avant le jour, la Sainte Famille, accompagnée de ses hôtes, quitta son hôtellerie avec les corbeilles où étaient les offrandes, et se rendit au Temple de Jérusalem. Ils entrèrent d'abord dans une cour entourée de murs, attenante au Temple. Pendant que Saint Joseph et son hôte plaçaient l’âne sous un hangar, la Sainte Vierge fut accueillie très amicalement par une femme âgée, qui la conduisit plus loin par un passage couvert. Elles avaient une lanterne, car il faisait encore sombre. Dès leur entrée dans ce passage, le vieux Siméon vint au-devant de Marie. Il lui adressa quelques paroles qui exprimaient sa joie, prit l’Enfant qu’il serra contre son cœur, et revint en hâte au Temple par un autre chemin. Ce que l’Ange lui avait dit la veille lui avait inspiré un si vif désir de voir l’Enfant après lequel il avait si longtemps soupiré, qu’il attendait depuis plusieurs heures l’arrivée des femmes. Il portait de longs vêtements comme faisaient les prêtres hors de l’exercice de leurs fonctions. il était souvent dans le Temple, et toujours en qualité de prêtre, mais qui n'occupait pas un rang élevé dans la hiérarchie. Rien ne le distinguait que sa rare piété, sa simplicité et les lumières extraordinaires dont il était favorisé.
La sainte Vierge fut conduite par la femme qui lui servait de guide jusqu’au vestibule du Temple, Où la présentation devait avoir lieu , et où elle fut reçue par Anne la prophétesse, et par Noémie, son ancienne maîtresse, lesquelles habitaient l’une et l’autre de ce côté du Temple. Siméon, qui était venu de nouveau à la rencontre de la sainte Vierge, la conduisit au lieu où se faisait le rachat des premiers-nés. Anne, a laquelle saint Joseph donna la corbeille où était l’offrande, la suivit avec Noémie. Les colombes étaient dans le des sous de la corbeille ; la partie supérieure était remplie de fruits. Saint Joseph se rendit par une autre porte au lieu où se tenaient les hommes.
On savait dans le Temple que plusieurs femmes devaient venir pour la présentation de leurs premiers-nés, et tout était préparé pour cela. La pièce où se fit la cérémonie était bien aussi grande que l’église principale de Dulmen. Contre les murs étaient des lampes allumées qui formaient toujours une pyramide. La flamme sortait à l’extrémité d’un conduit recourbé par un bec d’or qui brillait presque autant qu‘elle. À ce bec était attaché par un ressort une espèce de petit éteignoir qui, relevé en haut, éteignait la lumière sans qu’elle répandit d’odeur, et qu’on retirait par en bas lorsqu’on voulait allumer.
Cependant plusieurs prêtres avaient apporté devant une espèce d’autel, aux coins duquel se trouvaient comme des cornes, une sorte de coffret quadrangulaire un peu allongé, qui formait le support d’une table assez large sur laquelle était posée une grande plaque. Ils mirent par-dessus une couverture rouge, puis une autre couverture blanche transparente, qui pendait tout autour jusqu’à terre. Aux quatre coins de cette table furent placées des lampes allumées à plusieurs branches, et au milieu, autour d’une espèce de berceau, deux plats ovales et deux petites corbeilles. Ils avaient tiré tous ces objets des compartiments du coffre, où ils avaient pris aussi des habits sacerdotaux, qu’on avait placés sur un autel fixe. Un grillage entourait la table destinée à recevoir les offrandes. Des deux côtés de cette pièce du Temple il y avait des rangées de sièges, dont l’une était plus élevée que l’autre, et était occupée par des prêtres en prières. Siméon s’approcha alors de la sainte Vierge, qui tenait dans ses bras l'Enfant Jésus enveloppé dans une étoffe bleu de ciel, et la conduisit par la grille à la table des offrandes, où elle plaça l'Enfant dans le berceau. À partir de ce moment, le Temple fut rempli d‘une lumière dont rien ne peut rendre l’éclat. C’est que Dieu y était, et au-dessus de l'Enfant l’on vit les cieux ouverts jusqu’au trône de la très Sainte Trinité. Siméon reconduisit ensuite la Sainte Vierge au lieu où se tenaient les femmes derrière un grillage. Marie portait un vêtement couleur bleu de ciel et un voile blanc ; elle était enveloppée dans un long manteau d’une couleur tirant sur le jaune.
Siméon alla ensuite a l’autel fixe, sur lequel étaient placés les vêtements sacerdotaux, et il se revêtit pour la cérémonie, ainsi que trois autres prètres. Ils avaient au bras une espèce de petit bouclier, et sur la tête une sorte de mitre. L’un d‘eux se tenait derrière la table des offrandes, l’autre devant, deux autres étaient aux côtés, et ils récitèrent des prières sur l’Enfant.
Anne la prophétesse s‘approcha alors de Marie, lui présenta la corbeille des offrandes, qui renfermait dans deux compartiments, placés l’un au-dessus de l’autre, des fruits et des colombes, et la conduisit au grillage qui était devant la table des offrandes, et devant lequel elles s‘arrêtèrent l‘une et l’autre. Siméon, qui se tenait devant la table, ouvrit la grille, conduisit Marie devant la table, et y plaça son offrande. Dans un des plats ovales on plaça des fruits, dans l’autre des pièces de monnaie ; les colombes restèrent dans la corbeille.
Siméon resta avec Marie devant l'autel des offrandes ; le prêtre placé derrière l’autel prit l’Enfant Jésus, l’éleva en l’air en le présentant vers différents côtés du Temple, et pria longtemps. Il donna ensuite l‘Enfant à Siméon, qui le remit sur le bras de Marie, et lut des prières dans un rouleau placé près de lui sur un pupitre.
Cette partie de la cérémonie terminée, Siméon reconduisit la sainte Vierge devant la balustrade, où l’attendait la prophétesse Anne, qui la ramena à la place où se tenaient les femmes. Il y en avait là une vingtaine, venues pour présenter au Temple leurs premiers-nés. Joseph et d’autres hommes se tenaient plus loin, à l’endroit qui leur était assigné. Alors les prêtres, qui étaient devant l’autel, commencèrent un service avec des encensements et des prières ; ceux qui se trouvaient sur les sièges y prirent part en faisant quelques gestes, mais non exagérés comme ceux des Juifs d‘aujourd‘hui. Quand cette cérémonie fut finie, Siméon vint à l’endroit où se trouvait Marie, reçut d’elle l’Enfant-Jésus, qu’il prit dans ses bras, et, plein d’un joyeux enthousiasme, parla de lui longtemps, et en termes très expressifs. Il remercia Dieu d’avoir accompli sa promesse, et dit, entre autres choses : « C’est maintenant, Seigneur, que, selon votre parole, vous renvoyez votre serviteur en paix, puisque mes yeux ont vu le Sauveur que vous nous donnez et que vous destinez à apparaître, au milieu des peuples, comme la lumière qui éclairera les nations et la gloire de votre peuple d’Israël ».
Saint Joseph s’était rapproché après l’offrande. Ainsi que Marie, il écouta avec respect les paroles inspirées de Siméon, qui les bénit tous deux, et dit à Marie : « Oui, cet Enfant est venu pour la ruine comme pour la résurrection de plusieurs en Israël. Il sera comme un signe de contradiction ; et votre âme, à vous-même, sera percée d’un glaive, afin que l’on voie révélées les pensées cachées au fond de beaucoup de cœurs ».
Et quand le saint vieillard eut fini de parler, la prophétesse Anne fut aussi inspirée, parla longtemps de l’Enfant Jésus, et appela sa mère Bienheureuse.
Les assistants écoutaient tout cela avec émotion, mais pourtant sans qu’il en résultât aucun trouble ; les prêtres mêmes parurent en entendre quelque chose. Il semblait que cette manière enthousiaste de prier à haute voix ne fût pas une chose tout à fait inaccoutumée, que des choses semblables arrivassent souvent, et que tout dût se passer ainsi. Tous les assistants cependant étaient extrêmement émus en leur cœur. Tous donnèrent à l’Enfant et à sa Mère de grandes marques de respect. Marie brillait comme une rose céleste.
Quoique la sainte Famille vint de présenter l’offrande des pauvres, Joseph n’en donna pas moins secrètement au vieux Siméon et à la prophétesse Anne beaucoup de petites pièces jaunes triangulaires, destinées spécialement aux pauvres vierges élevées dans le Temple, et hors d’état de payer les frais de leur entretien.
Après quoi, la Sainte Vierge, tenant l’Enfant dans ses bras, fut reconduite par Anne et Noémie à la cour où elles l’avaient prise,et où elles se firent réciproquement leurs adieux. Joseph y était déjà avec ses deux hôtes. Il avait amené l’âne sur lequel Marie monta avec l’Enfant, et ils partirent aussitôt du Temple, traversant Jérusalem et se dirigeant vers Nazareth.
Qu’en fut-il des autres premiers-nés amenés au Temple en ce jour ? Quoi qu’il en ait été, il est certain que tous reçurent des grâces particulières, et que beaucoup d’entre eux furent du nombre des Saints Innocents égorgés par ordre d’Hérode.
La cérémonie de la Présentation dut être terminée le matin, vers neuf heures, car c‘est alors que partit la sainte Famille. Ils allèrent ce jour-là jusqu’à Béthoron, et passèrent la nuit dans la maison qui avait été la dernière station de la sainte Vierge treize ans auparavant, lorsqu’elle fut conduite au Temple. La maison paraissait habitée par un docteur de la loi. Ils y étaient attendus par des gens que Sainte Anne y avait envoyés au-devant d’eux. Ils revinrent à Nazareth par un chemin beaucoup plus direct que celui qu’ils avaient pris en allant à Bethléem, lorsqu’ils évitaient les bourgs et n’entraient que dans des maisons isolées.
Joseph avait laissé chez son parent la jeune ânesse qui lui avait montré le chemin dans le voyage à Bethléem ; car il songeait toujours à revenir à Bethléem et a se construire une demeure dans la vallée des Bergers. Il avait parlé de ce projet aux bergers, et leur avait dit qu’il voulait seulement que Marie passât un certain temps chez sa mère pour se remettre des fatigues de son mauvais gîte de Bethléem. Il avait, à cause de cela, laissé beaucoup de choses chez les bergers.
Joseph avait avec lui une singulière espèce de monnaie qu’il avait reçue des trois rois. Il avait à sa robe une espèce de poche intérieure où il portait une quantité de feuilles de métal jaune, minces, brillantes, et repliées les unes sur les autres. Elles étaient carrées, avec les coins arrondis; il y avait quelque chose de gravé. Les pièces d’argent que reçut Judas pour prix de sa trahison étaient plus épaisses et en forme de langues.
Considération
Saint Joseph d'après Mgr d’Angers
Voici ce que disait Mgr Angebault, dernier évêque d’Angers, dans son beau Mandement de 1866, sur la dévotion a saint Joseph :
« Que l'Eglise ait constamment regardé comme un de ses plus grands Saints cet. humble Patriarche, c‘est un fait sur lequel l’histoire ne laisse aucun doute. Aussi bien, il n’en pouvait être autrement ; le choix que Dieu avait fait de lui pour être l’Epoux de la Vierge Marie, les fonctions qu’il lui a été donné de remplir, ses admirables vertus, n’étaient-ce pas autant de titres de nature a lui assurer dans l’estime et l‘amour de la sainte Eglise un rang d’honneur, une place privilégiée ?
Cette sainteté, toutefois, toujours reconnue, ne devait pas, dès le début, manifester son vif éclat.
Humble, obscur, caché durant sa vie terrestre, saint Joseph devait l‘être aussi dans sa vie céleste. Le nuage qui avait enveloppé sa vie admirable devait prolonger ses voiles jusqu’au delà de la tombe, et, dérobant pour de longs siècles, sa splendeur à la terre, en réservant l’éclat aux phalanges des Cieux.
Mais pourquoi Dieu a-t-il gardé pour notre siècle la manifestation solennelle, après tant d’années d’obscurité, de la vie, des vertus, de la sainteté, de la gloire de saint Joseph ? Ne serait-ce point dans le dessein de nous donner, par l’opposition éclatante de sa vie, par la nature de sa sainteté, par le caractère de ses vertus, une de ces leçons salutaires qu‘il puise dans ses trésors, selon les besoins des temps ?
Quelles Vertus brillent en saint Joseph au-dessus de toutes les autres qu’elles inspirent et qu’elles résument ? N'est-ce pas une fidélité inviolable à Jésus-Christ, un complet détachement des biens de la terre, la perfection dans la famille, c’est-à-dire les vertus mêmes qui nous manquent ?
Fidélité inviolable à Jésus-Christ! Le plus beau titre de saint Joseph, son éternel honneur, c’est d’avoir été choisi pour être le gardien de Jésus ; et avec quelle fidélité il remplit ces fonctions divines ! Il garde Jésus dès le sein de sa mère contre les calomnies des hommes, à l’ombre de sa paternité ; il le garde au moment de sa naissance, en lui procurant l’étable pour abri. Quand les bergers, quand les mages viendront voir et adorer le nouveau-né, il sera à côté de la crèche. Plus tard, il prend l’Enfant, et, pour le soustraire aux fureurs d’Hérode, il le conduit en Egypte et reste près de lui durant le voyage, près de lui sur la terre étrangère, près de lui à son retour. Durant son enfance, sa jeunesse, il est encore près de lui, veillant sur lui, le protégeant, et, quand il le perd à l’âge de douze ans, le recherchant avec toute la sollicitude de son vigilant amour. Enfin, à l’heure qui marquera la fin de sa vie, Jésus à son tour sera près de lui. C’est dans ses bras qu‘il rendra le dernier soupir et donnera ainsi le dernier trait à sa fidélité inviolable à Jésus-Christ.
Et que dire de la vie pauvre de Joseph qui ne soit connu de tous ? Joseph était de la famille de David ; ses pères avaient régné sur Juda ; il pouvait compter dans ses ancêtres ce prince si magnifique, si puissant, qu’on venait de l’Orient pour admirer sa splendeur. Nourrira-t-il dans son âme l’ambition de retrouver une part de ces richesses perdues, de cette gloire éclipsée ? Il n’en sera rien. Joseph, né pauvre, mourra pauvre, et l’humble travail de ses mains n’aura pour objet que de procurer à sa famille le pain de la vie, sans songer jamais à acquérir des richesses qu’il méprise et une élévation qu'il dédaigne.
Enfin, Joseph n’est-il pas le chef, le représentant de la famille de Nazareth, si justement appelée la sainte Famille, famille parfaite, famille bien au-dessus de toutes les autres, éternel modèle de toute famille chrétienne, parce qu‘elle renferme en elle a un degré suprême ce qui donne à toute famille la beauté dans la force, l’autorité reconnue et respectée dans le chef, qui est le père, et la vertu, et dans le chef, et dans les membres...
Et quelles vertus brillent dans cette sainte Famille, ou plutôt de quelle vertu ne brille-t-elle pas ? La religion, la justice, la tempérance, la piété, l‘innocence, sont les hôtes habituels de ce foyer béni, et le travail, l’ordre, la simplicité courageuse, jettent sur cette pauvre demeure un tel éclat, que jusqu’à la fin des siècles elle brillera d‘un éternel honneur aux yeux de ceux qui aiment ce qui est juste, ce qui est bon, ce qui est saint.
Entrevoyez-vous maintenant le dessein de Dieu ? Voyez-vous la raison de ce grand développement du culte de saint Joseph ? Du côté de Dieu, c’est la réalisation d’un de ces desseins de sagesse et d’amour qui présente aux maux le remède pour les guérir. De notre part, c’est la manifestation de la conscience de nos plaies. Dieu nous appelle à Joseph,et du plus intime des douleurs même de notre temps, une puissance nous pousse à ses autels. Nous avons besoin, nous le sentons, de contempler dans l’humble charpentier de Nazareth, comme dans un parfait modèle, ces vertus qui nous manquent, infidélité inviolable à Jésus-Christ, le détachement des biens de ce monde, la sainteté de la famille, comme aussi de trouver dans le puissant concours de son intercession la force et le courage de les accomplir.
Donc, cette dévotion à saint Joseph n’est point un fait du au hasard, un attrait de l’enthousiasme, un fruit d’une piété exaltée. Non. C’est un fait qui a ses racines profondes. Tout s’éclaire, tout s’explique, tout se justifie. La dévotion à saint Joseph, c’est, dans le champ de la sainte Eglise de Jésus-Christ, une fleur que Dieu avait tenue en réserve pour nos temps, et qui, venue à son heure, s’épanouit radieuse à nos regards ».
Pratique
Lampes de Saint Joseph
L’usage des lampes est ancien dans l’Eglise, et non seulement remonte aux temps apostoliques, mais a même été emprunté de l‘ancienne loi, selon ce qui se pratiqua d’abord dans le Tabernacle et ensuite dans le Temple de Jérusalem. Il est de rigueur dans toute l’Eglise catholique qu’au moins une lampe brûle nuit et jour devant le saint Sacrement. C’est une sorte de manifestation du culte de l’adoration envers. Notre Seigneur, comme celles que l’on entretient devant les images des Saints sont un témoignage de notre vénération à leur égard. On ne saurait toujours être en prière devant une image ou une statue. Les devoirs de la position que l’on occupe, les mille nécessités de la vie, forcent à diminuer et la longueur et le nombre des visites que l’on voudrait faire au pied des autels. On met alors une lampe devant la statue, et la flamme qui s’en élève prie constamment pour l‘âme que ses occupations retiennent ailleurs. C’est un mémorial qui ne cesse de rappeler au Saint et la personne qui l’invoque et la grâce qu’elle sollicite.
Que les lampes placées, allumées et entretenues devant les images de saint Joseph, doivent donc lui être agréables et propres à attirer sur nous sa particulière protection ! Non seulement vous pouvez faire à saint Joseph l’offrande d‘une de ces lampes, mais, sans vous charger seul des frais de son entretien continuel. vous pouvez vous mettre à plusieurs pour couvrir ces frais, ou bien en faire la dépense pendant un certain temps, ou bien déposer votre offrande dans un tronc qui serait destiné à cet effet. Un zélé serviteur de saint Joseph serait même heureux de prendre le soin voulu de ces lampes.
On a vu des personnes qui entretenaient de ces lampes allumées pendant une neuvaine, un mois, tel ou tel laps de temps, devant les images de Saint Joseph qu’elles possédaient dans leurs maisons particulières…
Prière des réunions de l’Archiconfrérie d’Angers
Ô Joseph, vous qui, par votre fidélité aux inspirations du ciel, avez mérité, au milieu des plus rudes travaux, des mépris du monde, des épreuves de la vie, que le Saint Esprit vous donnât le titre de Juste ; que Dieu le Père vous confiait avec Marie, la Reine des Vierges, Jésus son divin Fils ; nous vous en conjurons, aujourd’hui que vous êtes tout-puissant auprès de Dieu, souvenez-vous de nous qui languissons encore dans cette vallée de larmes, exposés aux embûches des plus cruels ennemis. Obtenez-nous le mépris des faux biens du siècle, la victoire sur nos passions, un dévouement sans bornes au service de Dieu, une tendre confiance pour Jésus votre Fils, pour Marie votre Epouse. Ô Joseph, soyez notre guide, notre patron, notre modèle, pendant le cours de cette vie ; soyez notre défenseur a la mort. Nous vous en supplions par l‘amour que vous portez à Jésus et à Marie. Nous vous conjurons de demander les mêmes grâces pour tous ceux qui se sont associés avec nous dans le but d’étendre votre culte. Écoutez leurs prières, secondez leurs efforts, et obtenez que, pour prix de leur zèle, ils soient réunis un jour autour de votre trône, aux pieds de Jésus et de Marie. Ainsi soit-il.
Cœur sacré de Jésus, ayez pitié de nous.
Cœur immaculé de Marie, intercédez pour nous.
Saint Joseph, priez pour nous.
Après quoi l’on ajoute un Pater et un Ave aux diverses intentions des Associés.
Extrait du « Mois de Saint Joseph ou Vie de Saint Joseph d’après Anne-Catherine Emmerich » par C.F. Fouet. Saint Dizier, Paris, 1872
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Le Mois de Saint Joseph
Le Mois de Saint Joseph
Avec la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich
Vingtième jour
Départ de Bethléem
L’Ange avait averti les rois à temps, car les autorités de Bethléem avaient le projet de les faire arrêter aujourd’hui, de les emprisonner dans les souterrains qui étaient sous la synagogue, et de les accuser auprès d’Hérode d’avoir troublé le repos public. Mais ce matin, lorsqu’on apprit leur départ à Bethléem, ils étaient déjà près d’Engaddi, et la vallée où ils avaient campé était calme et solitaire comme leur séjour, dont il ne restait plus d’autres traces que le gazon foulé et quelque pieux qui avaient servi pour les tentes. Dans le fait, cependant, l’apparition de la caravane avait produit beaucoup d’effet dans Bethléem. Bien des gens se repentaient ne n’avoir pas donné l’hospitalité à Saint Joseph ; d’autres parlaient comme des rois d’aventuriers conduits par d’étranges imaginations ; d’autres, enfin, rattachaient leur arrivée aux bruits de l’apparition qu’avaient eue les bergers. C’est ce qui porta les magistrats de l'endroit, peut-être sur une invitation d’Hérode, a prendre certaines mesures. Tous les habitants de Bethléem furent donc convoqués sur une place où se trouvait un puits entouré d’arbres, devant une grande maison à laquelle on montait par des degrés. Du haut de ces degrés en lut un avertissement ou une proclamation, par laquelle on les engageait à se tenir en garde contre les nouvelles fausses et superstitieuses, et on leur défendait de se porter dorénavant à la demeure des gens qui avaient donné lieu à tous ces propos.
Quand la foule ainsi rassemblée se fut retirée, saint Joseph fut mandé dans cette même maison et interrogé par de vieux Juifs. Il revint ensuite à la crèche et se rendit encore une fois au tribunal. La seconde fois, il prit avec lui un peu de l’or qu’avaient apporté les rois, et il le leur donna ; après quoi ils le laissèrent aller sans l’inquiéter. Tout cet interrogatoire aboutit donc a une escroquerie. Ensuite les autorités firent barrer, par un tronc d’arbre mis en travers, un chemin qui conduisait aux environs de la crèche sans passer par la porte de la ville, mais qui, en partant de la place où Marie s’était arrêtée sous un grand arbre, franchissait une colline ou un rempart. Ils placèrent une sentinelle près de l’arbre dans une cabane, et firent tendre sur le chemin des fils qui aboutissaient à une sonnette dans la cabane, afin qu’on pût arrêter ceux qui voudraient prendre ce chemin.
Dans l’après-midi, une troupe de seize soldats d‘Hérode vint trouver Joseph, avec lequel ils s’entretinrent. Ils avaient probablement été envoyés à cause des trois rois, qu’on avait accusés de troubler la paix publique ; mais comme le silence et le repos régnaient partout et qu’ils ne trouvèrent dans la grotte que la pauvre famille, comme d‘ailleurs ils avaient l’ordre de ne rien faire qui pût attirer l‘attention, ils s’en retournèrent tranquillement et rapportèrent ce qu’ils avaient vu. Joseph avait porté les présents des trois rois et ce qu’ils avaient laissé en outre après eux, dans la grotte de Maraha et dans d'autres grottes cachées de la colline de la Crèche, qu’il connaissait depuis sa jeunesse pour s’y être souvent dérobé aux persécutions de ses frères. Ces caveaux solitaires existaient dès le temps du patriarche Jacob. A une époque où il n’y avait qu’une couple de cabanes a la place de Bethléem, il y avait dressé une fois ses tentes sur la colline de la Crèche.
Ce soir, Zacharie d’Hébron, visita pour la première fois la sainte Famille. Marie était encore dans la grotte. il versa des larmes de joie, prit l’Enfant dans ses bras, et répéta, en y changeant quelque chose, le cantique de louanges qu‘il avait chanté lors de la circoncision de Jean-Baptiste.
Le lendemain, Zacharie est reparti, mais Sainte Anne est revenue près de la sainte Famille avec sa fille aînée, son second mari et la servante. La fille aînée d’Anne était plus grande que sa mère et paraissait presque plus âgée. Le second mari d’Anne était plus grand et plus vieux que ne l’était Joachim ; il s’appelait Eliud, et avait un emploi dans le Temple, où il était chargé de l’examen des victimes destinées aux sacrifices. Anne avait de lui une fille, qui s’appelait aussi Marie. Elle pouvait avoir déjà six ou huit ans lors de la naissance de Jésus. Cet Eliud mourut peu de temps après, et Anne dut se remarier une troisième fois pour obéir à la volonté de Dieu. Elle eut de ce mariage un fils, qui fut souvent appelé le frère de Notre Seigneur.
La servante qu’Anne avait amenée de Nazareth huit jours auparavant était restée près de la sainte Vierge. Quand celle-ci habitait encore la grotte de la Crèche, elle se tenait dans le petit caveau latéral ; mais depuis que Marie est dans la grotte voisine de celle de la Crèche, la servante loge sous un auvent que Saint Joseph a placé devant cette grotte. Anne et ceux qui l’ont accompagnée passent la nuit dans la grotte de la Crèche.
Une grande joie règne maintenant dans la Sainte Famille. Anne est au comble du bonheur : Marie lui met souvent l’Enfant Jésus dans les bras et le laisse soigner par elle. Ce qu’elle n’a jamais fait pour aucune personne. Mais ce qui était singulièrement touchant, c’est que les cheveux de l’Enfant, qui étaient blonds et bouclés, avaient à leur extrémité de beaux rayons de lumière. Aussi en prenait-on un grand soin ; car on frottait souvent sa petite tête lorsqu’on le lavait, et on lui mettait pour cela un petit manteau sur les épaules. Il y a toujours dans la Sainte Famille une pieuse et touchante vénération pour l’Enfant Jésus ; mais tout s’y passe simplement et naturellement, comme à l’égard des enfants qui sont bénis de Dieu. L’Enfant a une affection et une tendresse pour sa Mère que l’on a jamais vues chez des enfants si jeunes.
Marie raconta à sa mère tout ce qui s’était passé lors de la visite des trois rois, et Anne fut extraordinairement touchée que le Seigneur eut appelé ces hommes de si loin pour leur faire connaître l’Enfant de la promesse. Elle vit les présents des rois, qui étaient cachés dans une excavation pratiquée dans la paroi : elle aida à en distribuer une grande partie, et à mettre le reste en bon ordre. Tout était tranquille dans les environs : les chemins menant à la grotte qui ne passaient pas par la porte de la ville, étaient barrés par ordre des autorités.
Joseph n’allait plus faire ses emplettes à Bethléem : les bergers lui apportaient ce dont il avait besoin. La parente chez laquelle Anne est allée, dans la tribu de Benjamin, est Mara, la fille de Rhode, sœur d’Elisabeth. Elle était pauvre, et eut dans la suite plusieurs fils qui furent disciples de Jésus.Un d’eux s’appelait Nathanaël et fut le fiancé des noces de Cana.
Ce même jour, Anne renvoya son mari Eliud, avec un âne chargé, et la servante sa parente, avec un gros paquet. C’était une partie des présents des trois rois : des étoffes diverses et quelques vases d'or qui servirent plus tard au culte chez les premiers chrétiens. Ils emportèrent tout cela secrètement ; car il y avait toujours des espions qui rôdaient çà et là. Ils ne durent porter toutes ces choses qu’à un endroit peu éloigné sur le chemin de Nazareth, car on vit de nouveau Eliud à Bethléem, lors du départ de sainte Anne, qui eut lieu peu de temps après.
Anne resta donc seule avec Marie dans la grotte latérale, où elles travaillèrent ensemble à une couverture grossière, brodée ou tricotée. La grotte de la Crèche est, du reste, débarrassée. L’âne de saint Joseph est toujours caché derrière des claies. Encore aujourd’hui des agents d‘Hérode vinrent à Bethléem, et prirent des informations dans plusieurs maisons relativement un enfant nouveau-né. Ils accablèrent spécialement de questions une Juive d’un rang distingué qui, peu de temps auparavant, avait mis au monde un enfant mâle. Ils ne vinrent pas à la grotte de la Crèche. Comme précédemment ils n‘y avaient trouvé qu’une pauvre famille, ils ne supposèrent pas qu’il pût en être question.
Cependant deux hommes âgés, qui devaient être deux des bergers qui avaient adoré l’Enfant Jésus, vinrent trouver Joseph, et l’avertirent de ces perquisitions. La sainte Famille alors et sainte Anne se réfugièrent avec l’Enfant dans la grotte du tombeau de Maraha. Dans la grotte de la Crèche, il n’y avait plus rien qui indiquât un lieu habité : elle paraissait tout à fait abandonnée. Puis, pendant la nuit, ils traversèrent la vallée, à peine éclairés par une lanterne sourde. Anne portait l’Enfant Jésus dans ses bras, Marie et Joseph marchaient a côté d’elle ; les bergers les conduisaient, portant les couvertures et tout ce qui était nécessaire pour former la couche des saintes femmes et de l’Enfant.
Mais l’on vit, à cette occasion, autour de l’Enfant Jésus une gloire formée de sept figures d’Anges placées les unes au-dessus des autres ; plusieurs autres figures paraissaient dans cette gloire. L’on vit aussi près de sainte Anne, de saint Joseph et de Marie, des formes lumineuses qui semblaient les conduire par le bras. Quand ils furent entrés dans le vestibule, ils fermèrent la porte et allèrent. jusque dans la grotte du tombeau, où ils disposèrent tout pour y prendre leur repos.
Le lendemain, la sainte Vierge raconta de nouveau à sa mère tout ce qui s’était passé lors de la visite des saints rois, et elles parlèrent aussi de la manière dont elle avait été laissée dans la grotte du tombeau de Maraha. Puis, tout à coup, arrivèrent deux bergers qui venaient trouver la sainte Vierge et l’avertir qu’il venait des gens chargés par les autorités de s’enquérir de son enfant. Marie ressentit une vive inquiétude, et l’on vit bientôt après saint Joseph entrer, retirer l'Enfant-Jésus de ses bras, l’envelopper dans un manteau et l’emporter.
Et alors la sainte Vierge, livrée à ses inquiétudes maternelles, resta seule dans la grotte sans l’Enfant Jésus pendant l’espace d‘une demi-journée. Quand vint l’heure où on devait l’appeler pour allaiter l’Enfant, elle fit ce qu‘ont coutume de faire des mères soigneuses lorsqu’elles ont été agitées violemment par quelque frayeur ou quelque vive émotion. Avant de donner le sein à l’Enfant, elle en exprima le lait, que ses angoisses avaient pu altérer, dans une petite cavité de la couche de pierre blanche qui se trouvait dans la grotte. Elle parla de la précaution qu’elle avait prise a un des bergers, homme pieux et grave, qui était venu la trouver, probablement pour la conduire auprès de . l’Enfant, et cet homme, profondément convaincu de la sainteté de la Mère du Rédempteur, recueillit plus tard avec soin le lait virginal qui était resté dans la petite cavité de la pierre, et le porta avec une simplicité pleine de foi a sa femme, qui avait alors un nourrisson qu’elle ne pouvait pas satisfaire ni calmer. Cette bonne femme prit cet aliment sacré avec une respectueuse confiance, et sa foi fut aussitôt récompensée, car son lait devint aussitôt très abondant. Depuis cet événement, la pierre blanche de cette grotte reçut une vertu semblable ; et de nos jours encore, même des infidèles mahométans en font usage comme d’un remède, dans ce cas et dans plusieurs autres.
Depuis ce temps, cette terre passée à l’eau et pressée dans de petits moules a été répandue dans la chrétienté comme un objet de dévotion ; c’est d’elle que se composent les reliques appelées le Lait de la très sainte Vierge. Dans les jours qui suivirent, saint Joseph prit divers arrangements qui annonçaient le prochain départ de la sainte Famille. Chaque jour il amoindrissait son mobilier : il donna aux bergers les cloisons mobiles, les claies et les autres objets a l’aide desquels il avait rendu la grotte habitable, et ils les emportèrent aussitôt.
La veille du Sabbat, un assez grand nombre de gens qui allaient à Bethléem pour le sabbat, vinrent à la grotte de la Crèche ; mais, la trouvant abandonnée, ils passèrent outre. Cependant Sainte Anne, qui doit retourner à Nazareth après le Sabbat, met tout en ordre et fait des paquets. Elle prend avec elle et charge sur deux ânes plusieurs choses données par les trois rois, spécialement des tapis, des couvertures et des pièces d’étoffe. Le soir, la Sainte Famille commença le Sabbat dans la grotte de Maraha et l’y continua le lendemain. La tranquillité régnait dans les environs. Après la clôture du Sabbat, on prépara tout pour le départ de Sainte Anne et d’Eliud.
Mais cette nuit, pour la seconde fois, la Sainte Vierge sortit au milieu des ténèbres de la grotte de Maraha, et porta l’Enfant Jésus dans celle de la Crèche. Elle le déposa sur un tapis à l’endroit où il était né, et pria à genoux près de lui. Toute la grotte fut alors remplie de lumière céleste, comme à l’heure de la naissance du Sauveur.
Le lendemain, de très grand matin, Sainte Anne fit de tendre adieux à la Sainte Famille et aux trois bergers et partit pour Nazareth avec son mari et ses gens. Ils emportaient sur leurs bêtes de somme tout ce qui restait des présents des trois rois.
Comme on approchait, du reste, du jour où la Sainte Vierge devait présenter son premier-né au Temple et le racheter suivant les prescriptions de la Loi, tout fut préparé pour que la Sainte Famille pût d’abord aller au Temple, puis retourner à Nazareth. Dès ce même jour, d’ailleurs, les bergers avaient pris tout ce qu’avaient laissé après eux les serviteurs de sainte Anne. La grotte de la Nativité, la grotte latérale et celle du tombeau de Maraha avaient été débarrassées et nettoyées. Saint Joseph les laissa dans un parfait état de propreté.
Dans la nuit du dimanche au lundi, Joseph et Marie visitèrent encore une fois avec l'Enfant la grotte de la Crèche, et prirent congé de ce lieu à jamais consacré. Ils étendirent d’abord le tapis des trois rois a la place où Jésus était né, y déposèrent l'Enfant et prièrent ; puis ils le placèrent à l’endroit où avait eu lieu la circoncision, et s’y agenouillèrent aussi pour prier.
Le lundi, au point du jour, la sainte Vierge se plaça sur l’âne, que les vieux bergers avaient disposé et amené à l’entrée de la grotte. Joseph tint l’Enfant jusqu’à ce qu’elle se fût placée commodément, et le lui donna. Elle était assise sur un siège : ses pieds, un peu relevés, reposaient sur une planchette. Elle tenait sur son sein l’Enfant, enveloppé dans son grand voile, et le regardait avec bonheur. Ils n’avaient près d’eux, sur l’âne, que deux couvertures et deux petits paquets, entre lesquels Marie était assise. Les bergers leur firent de touchants adieux et les conduisirent jusqu‘au chemin. Ils ne prirent pas la route par laquelle ils étaient venus, mais passèrent entre la grotte de la Crèche et celle du tombeau de Maraha, en longeant Bethléem au levant. Personne ne les aperçut.
Considération
Saint Joseph d’après Monseigneur de Luçon
Entendons maintenant les Evêques de notre temps publier les louanges de saint Joseph, et nous exhorter à lui rendre le culte qui lui est si justement dû. Nous commençons par Mgr Baillès, ancien évêque de Luçon, résidant actuellement à Rome, où il fait partie de la congrégation de l’Index.
« L’incomparable patriarche Saint Joseph, dit-il, fils de David, honoré du titre de Père de Notre Seigneur Jésus-Christ, Epoux de la très Sainte Vierge Marie, a été associé d’une manière si ineffable au mystère de l’Incarnation du Verbe et de la Rédemption du monde, qu’il résume en lui des prérogatives, des faveurs, des grâces, des gloires dont les esprits créés ne pourront jamais pénétrer toute l’étendue. Il entre avec Jésus et Marie dans l’accomplissement des décrets éternels de Dieu pour le salut du genre humain ; il est préparé, dès l’origine du monde, pour ces hautes destinées ; et la suradorable Trinité, en formant le cœur de Jésus et en façonnant le cœur de Marie sur le modèle de son divin Fils, fait le cœur de Joseph aussi ressemblant à celui du Fils et de la Mère que peut le permettre la gloire divine du Fils et la gloire incomparable de la Mère. Bien plus, le Père éternel verse par torrents dans ce grand cœur la pure et sainte fécondité de son adorable paternité, les virginales et intimes communications de la société incompréhensible des trois personnes divines, afin que, par le plus grand des prodiges, la virginité de saint Joseph devienne féconde, que son ineffable pureté soit la gardienne de la pureté même, et qu’il soit le Père de Jésus et l’Epoux de Marie...
Raisonnant d’après ces principes, et distinguant en Marie la maternité spirituelle et la maternité corporelle, mais de telle sorte que la première est incomparablement au-dessus de la dernière, c’est ici que nous trouvons le plus grand et le plus solide éloge de notre saint Patriarche. Car s’il a été dépourvu, comme il le fallait, de la paternité corporelle, il a été doué merveilleusement de la paternité spirituelle, qui est la plus excellente. De sorte, dit saint Augustin, que si Marie fut la Mère de Jésus et par l’esprit et par la chair, Joseph, comme Epoux de Marie, en fut aussi le Père, quoique par le seul esprit.
Réunissons donc tout ce que nous pourrons imaginer de grâces, de grandeur, de gloire, pour former en saint Joseph une paternité spirituelle qui soit en rapport avec la maternité spirituelle de Marie, et nous parviendrons à nous faire une idée bien grossière, il est vrai, mais un peu moins incomplète des sublimes perfections de celui qui devait être appelé le Père de Jésus-Christ ; car si Marie est au-dessus de tout ce qui est créé, comme Mère de Dieu, quelle ne doit pas être la gloire de Joseph, à qui Jésus donnait le doux nom de Père, et qui pouvait, d‘une manière aussi prodigieuse qu vraie, lui donner la qualité de Fils !
Il me semble aussi voir toutes les hiérarchies célestes contempler, avec respect et combler d’honneur et de gloire dans l’éternité cet heureux Père, cet heureux Epoux, à qui le Fils et la Mère de Dieu ont été soumis et obéissants. Les Séraphins trouvent dans son coeur embrasé d’amour des ardeurs qui augmentent la flamme dont ils sont eux-mêmes consumés ; les Chérubins contemplent la plénitude et la perfection de la science et des lumières de ce saint Patriarche, découvrant dans ce chérubin de la terre des clartés qui semblaient ne pouvoir rayonner qu’au plus haut des cieux ; les Trônes ne cessent point d’admirer celui qui, encore placé sur la terre, y a porté et soutenu son Dieu avec le plus complet détachement de toutes choses, et dans l’exercice continuel de la plus sublime contemplation… Les Dominations sont ravies de rencontrer un si grand empire au-dessus de toutes les choses terrestres en celui qui a été investi de si peu d’autorité aux yeux des hommes ; les Vertus célèbrent l’énergie et la force d’âme inébranlables de celui qui, au sentiment de plusieurs saints docteurs, sanctifié avant sa naissance, fut dès ce moment solidement affermi dans la pratique des plus héroïques vertus ; les Puissances bénissent Dieu d’avoir réuni tant d’autorité et de modération, de force et de douceur, de pouvoir et d’obéissance dans le même coeur ; les Principautés ne se lassent point d’admirer de quelle dignité, de quel bonheur, de quelle prérogatives est investi auprès de Dieu celui qui fut si peu considéré, si peu estimé des hommes ; les Archanges se prosternent devant le chaste et virginal Epoux de Marie, et Gabriel ne pénètre point sous le toit béni de la maison de Nazareth sans envier le bonheur de celui que Dieu a si intimement uni à la Reine des Hiérarchies Angéliques… ; les Anges sont dans l’étonnement, à la vue des services que Joseph a en le bonheur de rendre, pendant toute sa vie, à Jésus et à Marie...
On se perd vraiment au milieu de tant de mystères, on est ébloui de tant de gloires, et l’on comprend que ni le langage des hommes ni celui des Anges ne peut s’élever à des hauteurs aussi inaccessibles a tout ce qui est créé.
Joignons-nous donc aux hiérarchies célestes que le Fils a établies dans la maison de son Père, et qu’il a chargées de former la cour de Celui à qui il a voulu se rendre soumis et obéissant, et offrons par elles à l’Epoux de Marie, à ce glorieux prince du ciel, nos prières, nos vœux, nos supplications et nos hommages...
Joignons-nous à Marie, occupée à contempler la perfection ineffable de son Epoux, qui n’a rien de nos faiblesses ni de nos tristes vicissitudes dans la ferveur.
Joignons-nous à Jésus se communiquant à Joseph, son Père, avec toutes ses grâces et sa vérité, lui ouvrant tous les trésors de son cœur et l’assistant lui-même avec Marie, à son heure dernière, afin que sa mort fût le plus doux des sommeils et le passage de la contemplation de la terre à la contemplation céleste qu'il lui avait préparée pour les jours mêmes de l’attente.
Pratiques
Sanctuaires de saint Joseph
« Comme ce serait une affection plus somptueuse, dit notre bon chanoine de Verdun, aussi serait-elle plus a louer et à récompenser, si l’on érigeait des églises, des chapelles, des autels sous l‘invocation de saint Joseph, Ou que l‘on mit soit de ses statues, soit de ses tableaux, dans toutes les églises, pour insinuer par cette industrie dans le cœur des peuples la volonté de le servir et de lui être dévot ». Ce qui donnerait droit, en effet, à une double récompense, et pour l’honneur qui en reviendrait à notre Saint, et pour l’édification que les fidèles y trouveraient. Comme on serait la cause et l'0rigine première de toutes les bonnes œuvres qui s’y opéreraient et de toutes les grâces qui en découleraient, il est évident que l‘on y aurait la première, nous allions dire la meilleure part.
Vous êtes donc bien heureux, si votre fortune vous a mis en état de pouvoir ériger de ces sanctuaires à saint Joseph. Vous ne pouvez en faire un meilleur usage; et, comme le saint Patriarche s’occupe également de nos intérêts temporels, vous pouvez avoir la confiance qu‘il vous obtiendra la graisse de la terre avec la rosée du ciel, c’est-à-dire les prospérités d’ici-bas avec les grâces d’en haut. C’est un bon et sûr banquier que saint Joseph, et on l’a vu plus d’une fois, servir de gros intérêts à ses clients.
Mais vous qui, comme lui, ne vivez que du travail de vos mains, ou ne jouissez que d’une modeste aisance, faites les sacrifices qui sont en votre pouvoir, soit pour la construction, soit pour la décoration de ces sanctuaires, de ces chapelles, de ces autels, et, comme son divin Fils, il saura bien apprécier ce que vous aurez fait pour lui, et vous tenir compte de ce que pour lui vous aurez prélevé sur votre indigence. voire même sur votre nécessaire.
Pour les circonstances difficiles de la vie
Bienveillant et débonnaire saint Joseph, qui, dans les desseins de Dieu, avez été tant éprouvé en cette vie, soit pour que v0us fassiez en tout conforme à Jésus et à Marie, soit pour que vous puissiez mieux compatir à nos misères, c’est a vous que je viens m’adresser dans la détresse où je me tr0uve réduit. Vous aussi vous avez ressenti toutes les peines de l‘esprit au temps de votre doute sur ce qui s’était passé dans votre sainte Epouse ; toutes les peines du cœur, lorsque vous n’eûtes que la pauvre étable de Bethléem à offrir à Jésus naissant et à Marie qui nous l‘enfantait ; puis, dans la fuite et le séjour en Egypte, toutes les misères qu’entraînent l’éloignement de son pays, l’isolement dans la terre étrangère, le dénuement de toutes choses, la pauvreté, le manque de travail ; et enfin, quoique saint, tous les tourments intérieurs de la perte de Jésus par le péché, lorsque vous le perdîtes vous-même à l’âge de douze ans. Vous avez donc titre, qualité et grâce pour nous secourir dans toutes nos douleurs.
Vous en avez aussi, je le sais, la volonté. C‘est ce qui me porte à recourir à vous en toute confiance. Vous connaissez tout ce que je souffre aussi dans mon esprit et dans mon cœur, toutes mes nécessités spirituelles et temporelles. Ô vous dont la puissance sait rendre possibles les choses les plus impossibles, venez-moi en aide dans l’embarras oh je me trouve, et prenez sous votre charitable conduite l’affaire si ardue que je vous recommande (la spécifier ici). Vous seul pouvez me tirer et me tirerez de l’extrémité où je suis réduit (la préciser de nouveau...).
Si toutefois l’objet de ma demande pouvait être contraire a la gloire de Dieu et à mon salut, obtenez-moi la grâce de me résigner avec amour a la volonté de Celui qui a pour nous un cœur de père, et qui, dans les afflictions qu‘il nous envoie comme dans les grâces temporelles qu‘il nous accorde, ne veut jamais que notre plus grand avantage et notre éternel bonheur. Mais non, la grâce que je sollicite n’est point opposée à sa gloire et à mon salut, et vous ne me refuserez pas ce que je vous demande avec tant de confiance.
Extrait du « Mois de Saint Joseph ou Vie de Saint Joseph d’après Anne-Catherine Emmerich » par C.F. Fouet. Saint Dizier, Paris, 1872
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Le Mois de Saint Joseph
Le Mois de Saint Joseph
Avec la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich
Dix-neuvième jour
Retour des Mages
Le lendemain matin, de bonne heure, les pieux rois et quelques personnes de leur suite visitèrent successivement la Sainte Famille. Ils s’occupèrent ensuite, pendant la journée, près de leur campement et de leurs bêtes de somme, de diverses distributions. Ils étaient dans la joie et le bonheur, et faisaient beaucoup de présents. C’est qu’alors on en agissait toujours ainsi lors des événements heureux. Les bergers qui avaient rendu des services à la suite des rois, reçurent des présents considérables. Ils firent aussi des gratifications à beaucoup de pauvres, et c’est ainsi que l’on mit des couvertures sur les épaules de quelques pauvres vieilles femmes, toutes courbées, qui s’étaient glissées jusque-là. Il y avait plusieurs personnes de la suite des trois rois qui se plaisaient dans la vallée, près des bergers, et qui voulaient y rester et contracter des alliances avec ces bergers. Ils firent connaître leur désir aux rois, et en reçurent la permission de rester, avec de riches présents, tels que des couvertures, des effets, de l'or en grains, et les ânes qu’ils avaient montés. Les généreux rois distribuèrent aussi beaucoup de petits pains plats, semblables à du biscuit, qu’ils préparaient aux endroits où ils campaient, au moyen de leur provision de farine, dans des formes de fer qu‘ils portaient avec eux, et qu’ils mettaient ensuite sur leurs bêtes de somme, entassés dans de légères boîtes de cuir. Il vint aussi aujourd’hui beaucoup de gens de Bethléem, qui se pressaient autour d’eux pour avoir des présents, et.qui se faisaient donner,quelque chose sous divers prétextes.
Le soir, ils allèrent à la crèche pour prendre congé de la sainte Famille. Mensor s’y rendit seul d’abord. Marie lui mit l’Enfant-Jésus dans les bras : il pleurait et était rayonnant de joie. Après lui vinrent les deux autres, qui firent également leurs adieux en versant des larmes. Ils apportèrent encore beaucoup de présents : des pièces de diverses étoffes, des tissus de soie sans teinture, d’autres tissus de couleur rouge ou à fleurs; puis de magnifiques couvertures. Ils voulurent en outre laisser leurs grands manteaux d'un jaune pâle, qui semblaient faits d’une laine extrêmement fine : ils étaient très légers, et le moindre souffle d’air les agitait.
Ils offrirent encore à la Sainte Famille plusieurs coupes placées les unes sur les autres, des boites pleines de grains, et dans une corbeille des pots, aussi placés les uns au-dessus des autres, et où étaient de beaux bouquets d’une herbe verte, chargée de jolies fleurs blanches, dans laquelle on reconnaissait facilement la myrrhe. Ils donnèrent aussi à Saint Joseph de longues cages avec des oiseaux bons à manger qu’ils avaient en grand nombre sur leurs dromadaires.
Tous versèrent des larmes abondantes quand ils quittèrent Marie et l’Enfant. La Sainte Vierge était debout à côté d’eux, au moment où elle reçut leurs adieux. Elle portait sur son bras l’Enfant Jésus enveloppé dans son voile, et elle fit quelques pas pour reconduire les rois vers la porte de la grotte ; puis elle s’arrêta, et pour donner un souvenir à ces bons rois, elle détacha de sa tête le grand voile d’étoffe jaune transparente qui l’enveloppait ainsi que l’Enfant Jésus, et le donna à Mensor. Ils reçurent ce don en s’inclinant profondément, et une joie respectueuse fit battre leurs coeurs quand ils virent devant eux la Sainte Vierge sans voile, tenant le petit Jésus. Quelles douces larmes ils versèrent en quittant la grotte ! Le voile fut pour eux dès lors la plus sainte relique qu’il possédassent.
La Sainte Vierge, en recevant les présents, ne semblait pas attacher de prix aux choses qu’on lui offrait, et pourtant sans sa touchante humilité, elle montrait une véritable,reconnaissance pour celui qui donnait. Pendant cette merveilleuse visite, l’on ne vit chez elle aucun sentiment de retour complaisant sur elle-même. seulement, au commencement, par amour pour l'Enfant Jésus et par compassion pour Saint Joseph, elle se laissa aller en toute simplicité à l’espérance que dorénavant ils trouveraient peut-être de la sympathie à Bethléem, et ne seraient plus traités d’une manière aussi méprisante qu’à leur arrivée ; car la tristesse et la confusion de Saint Joseph l’avaient beaucoup affligée.
Quand les rois prirent congé de la sainte Famille, la lampe était, déjà allumée dans la grotte : il faisait sombre, et ils se rendirent aussitôt avec leurs suivants sans le grand térébinthe qui surmontait le tombeau de Maraha, pour y faire, comme la veille au soir, les cérémonies de leur culte. Une lampe était allumée sous l’arbre. Lorsque les étoiles se montrèrent, ils prièrent et entonnèrent des chants mélodieux, Les voix des enfants faisaient un effet très agréable dans le chœur. Ils se rendirent ensuite dans leur tente, où Joseph leur avait encore préparé un petit repas, après lequel quelques-uns s’en retournèrent à leur hôtellerie de Bethléem, tandis que les autres se livrèrent au repos dans la tente.
Mais vers minuit, au beau moment où les rois reposaient tranquillement dans leur tente sur leurs couvertures étendues par terre, apparut auprès d’eux un jeune homme resplendissant. C’était un Ange qui les éveillait et leur disait de partir en toute hâte, et de ne pas s’en retourner par Jérusalem. mais par le désert, en contournant la Mer Morte. Ils se jetèrent promptement à bas de leur couche, et leur suite fut bientôt sur pied. L’un d’eux alla à la crèche éveiller saint Joseph, qui courut à Bethléem pour avertir ceux qui s’y étaient logés ; mais il les rencontra avant d’y arriver, car ils avaient eu la même apparition. La tente fut pliée, les bagages furent chargés, et tout fut enlevée avec une rapidité étonnante. Pendant que les rois faisaient encore de touchants adieux à Saint Joseph devant la grotte de la Crèche, leur suite partait en détachements séparés pour prendre les devants , et se dirigeait vers le midi pour longer la mer Morte en traversant le désert d’Engaddi.
Les rois firent des instances pour que la sainte Famille partit avec eux, parce qu‘un danger la menaçait certainement ; ils demandèrent ensuite qu’au moins Marie se cachât avec le petit Jésus pour n‘être pas inquiétée à cause d‘eux. Ils pleurèrent comme des enfants, embrassèrent saint Joseph et lui parlèrent avec une grande effusion de cœur ; puis ils montèrent sur leurs dromadaires légèrement Chargés, et s’éloignèrent à travers le désert. Et l’Ange se tenait dans la plaine près d’eux. leur montrait la direction du chemin. Bientôt ils disparurent. Ils,suivirent des routes séparées à un quart de lieue les uns des autres, se dirigeant pendant une lieue vers l’orient ensuite vers le midi, dans le désert. Ils passèrent une contrée que traversa Jésus en revenant d’Egypte dans sa troisième année de prédication.
Considération
Saint Joseph d’après Saint Alphonse de Liguori
Le dernier des saints canonisés qui nous ait parlé, à titre spécial, de Saint Joseph, est Saint Alphonse de Liguori, aussi illustre par ses vertus et son savoir que par les grandes choses qu’il a faites dans l’Église, ainsi que par son ardent amour pour Notre Seigneur et sa tendre dévotion envers la très Sainte Vierge et son saint époux. Nous ne pouvons que résumer ici ce qu’il pensait de Saint Joseph.
« Que ce soir pour nous, dit-il, un devoir d’honorer Saint Joseph qui peut en douter, après que le Fils de Dieu Lui-même a voulu l’honorer du nom de Père ? Nom, dit Saint Basile, qu’aucun Ange ou aucun Saint n’a jamais mérité de porter. Par ce nom de Père, Joseph a été plus honoré de Dieu que tous les Patriarches, les Prophètes, les Apôtres. Ils ont tous le nom de serviteurs, Joseph seul a celui de Père.
Il en a de plus le titre et la qualité, il est le chef de cette petite Famille, petite par le nombre, mais grande par les deux incomparables personnes qu’elle contient, la Mère de Dieu et le Fils de Dieu fait homme, qui lui est soumis comme un fils à son Père. Aussi, dans cette Famille, c’est Joseph qui commande et le Fils de Dieu qui obéit, de sorte que tous ses pas, ses démarches, sa nourriture, s'en repos, toutes ses actions ne sont réglés que par les ordres de Joseph, selon ce qui a été révélé à sainte Brigitte.
C’est pourquoi, dit saint Jean Damascène, Dieu a donné à Joseph l’amour, la vigilance et l‘autorité du père : dedit ei affectum, sollicitudinem, auctoritatem patris. Il lui a donné l’affection d’un père, afin qu’il veillât sur Jésus-Christ avec une grande tendresse ; il lui donna la sollicitude d'un père, afin qu’il l’environnât de toutes les précautions possibles ; et enfin l’autorité d’un père, pour lui donner l’assurance qu’il serait obéi dans toutes les mesures qu’il pourrait prendre touchant la personne de son Fils.
Mais, de savoir que saint Joseph fut élu de Dieu pour remplir les fonctions de père auprès de Jésus-Christ, cela suffit, dit ailleurs notre bienheureux, pour nous faire apprécier la sainteté de Joseph. Car, comme, selon saint Thomas, Dieu n’appelle jamais quelqu’un à une fonction sans lui donner toutes les grâces qui le rendent apte à la remplir, on doit tenir pour certain qu’il accorda à Joseph tous les dons de sagesse et de sainteté qui convenaient a une pareille charge. On ne doit donc pas douter qu’il ne l’ait enrichi de toutes les grâces et les privilèges accordés aux autres saints.
Joseph était déjà saint avant d’être élevé à la dignité d’Epoux de la Vierge ; mais il fit encore de bien plus grands progrès dans la sainteté, après que Dieu lui eut accordé cet insigne honneur. Les seuls exemples de sa sainte Epouse suffisaient pour le sanctifier. Mais si Marie, comme parle saint Bernardin de Sienne, est la dispensatrice de toutes les grâces que Dieu accorde, aux hommes, avec quelle profusion devons-nous croire, qu'elle en aura enrichi son Epoux, qui lui était si cher et à qui elle était si chère ! Puis, comme la sainteté de Joseph s’accrut encore par le commerce continuel et la familiarité qu’il eut avec Jésus-Christ tout le temps qu’ils vécurent ensemble ! Si les deux disciples qui allaient à Emmaüs se sentiront enflammés de l’amour divin pour le peu de moments qu’ils accompagnèrent le Sauveur et l’entendirent parler, quelles vives flammes de pure charité ne durent pas s’allumer dans le cœur de Joseph, pour avoir conversé pendant trente années avec Jésus-Christ, pour avoir entendu les paroles de vie éternelle qui sortaient de sa bouche, et avoir observé les admirables exemples d‘humilité, de patience et d‘obéissance qu'il donnait en se montrant si prompt à l’aider dans tous ses travaux, à le servir dans tout ce qui était nécessaire pour l‘intérieur de la maison ! Quel incendie de divin amour devaient opérer tous ces traits enflammés de charité dans le cœur de Joseph ! N’en doutons pas, Joseph, tant qu’il eut le bonheur de vivre avec Jésus-Christ, accrut ses mérites et sa Sainteté à tel point, que nous pouvons bien dire qu’il a surpassé les mérites de tous les autres saints.
Or, si Dieu, suivant l’Apôtre, doit rendre à chacun selon ses œuvres, quelle gloire devons-nous penser qu‘il ait préparée à saint Joseph, qui lui a rendu tant de services, et dont il a été tant aimé, tandis qu’il vécut sur la terre ? Et cette vie de la gloire de saint Joseph dans le ciel ne doit-elle pas accroître notre confiance en sa protection ?
Supplions alors ce grand saint de nous obtenir trois grâces en particulier : le pardon des péchés, l’amour de Jésus-Christ et une bonne mort.
Le pardon des péchés. Voici une pensée qui doit nous encourager. Lorsque Jésus-Christ vivait sur la terre dans la maison de Joseph, s‘il y avait eu un pécheur qui eût désiré recevoir du divin Maître le pardon de ses péchés, aurait-il pu trouver un moyen plus sûr d'être exaucé que l’intercession de Saint Joseph ? Si donc nous voulons que Dieu nous pardonne, recourons au même Saint Joseph, qui maintenant dans le ciel est plus aimé de Jésus-Christ qu’il ne l‘était sur la terre.
L’amour de Jésus-Christ, demandons-le aussi à Saint Joseph. Je tiens pour assuré que la grâce la plus singulière que saint Joseph obtient à ceux qui l’honorent est un tendre amour envers le Verbe incarné, en récompense de toute la tendresse qu’eut Saint Joseph pour Jésus en ce monde.
Enfin, demandons-lui une bonne mort. C’est une chose connue de tous que Saint Joseph est le protecteur de la bonne mort, ce grand saint ayant eu le bonheur de mourir entre les bras de Jésus et de Marie. Aussi tous ceux qui implorent son secours et mettent leur confiance en son crédit auprès de Dieu doivent-ils espérer que saint Joseph, au moment de leur mort, viendra les assister, accompagné de Jésus et de Marie ».
Pratique
Statues de Saint Joseph
Autre engouement de notre siècle, le besoin d’ériger des statues à ceux qu’on appelle grands hommes, quoiqu’ils ne le soient pas tous assurément devant Dieu, et qu’il en est plus d’un dont on peut dire que, s’ils sont glorifiés là où ils ne sont pas, ils sont bien crucifiés là où ils sont. Et nous, dévots de Saint Joseph, n’aurons-nous pas aussi à coeur de lui ériger des statues, soit pour satisfaire notre piété, soit pour soutenir et exciter celle des autres ? D’autant plus que les statues parlent plus à l’esprit et au coeur de tous que les tableaux et les gravures. Et n’est-ce point pour cela que, dans les âges de Foi, nos pères les mettaient dans les églises de préférence aux autres images ?
Mais qui ira les avantages particuliers des statues de Saint Joseph ? Il n’a fallu souvent que l’érection d’une de ces statues dans une église de paroisse, dans une chapelle de communauté, dans une maison, dans une localité, pour raviver la foi dans les coeurs et attirer sur ces lieux les faveurs d’en-haut et la singulière protection de Saint Joseph. Les hommages qu’on rend à ces statues touchent son coeur et le disposent à exaucer les prières qu’on dépose à leurs pieds. Vous serez donc bien heureux, si vous pouvez donner de ces statues à Saint Joseph, ou au moins contribuer par tous les moyens qui seront en votre pouvoir à lui en procurer.
Puis, vous en aurez une dans votre maison, dans votre chambre, dans votre oratoire, devant laquelle vous serez empressé de faire vos prières et de venir vous agenouiller dans vos moments de fatigues, d’ennui, de nécessité, de tentation.
Quand aux statuettes portatives, ayez toujours la vôtre sur vous, et, en vous gardant de toute idée superstitieuse, faites-vous en un saint talisman qui vous protège des dangers de l’âme et du corps, comme cela est arrivé plus d’une fois.
Prière
Tirée de saint Alphonse de Liguori
Grand Saint Joseph, mon bien-aimé Patriarche, vous qui avez été jugé digne de commander à Celui qui commande à l’univers et d‘être servi par un Dieu, je viens, a mon tour, me mettre à votre service. Dorénavant je veux être votre serviteur, en vous honorant et vous aimant comme mon maître. Recevez-moi sous votre patronage, et commandez-moi tout ce qu’il vous plaira. Je sais que tout ce que vous m’ordonnerez sera pour mon bien et pour la gloire de notre commun Rédempteur. Priez-le aussi pour moi. Il ne vous refusera rien, lui qui a obéi sur la terre à tous vos commandements. Dites-lui qu’il me pardonne toutes les offenses que je lui ai faites ; dites-lui qu’il me détache des créatures et de moi-même ; qu’il m’enflamme de son saint amour, et ensuite qu'il fasse de moi selon son bon plaisir.
Je vous choisis aussi, mon saint Patriarche, pour mon principal avocat et protecteur, après Marie. Je vous promets, pour le reste de ma vie, de vous honorer chaque jour par quelque hommage particulier, en restant ainsi sous votre patronage. Je ne le mérite pas, mais, par l'amour que vous portez à Jésus et à Marie, agréez-moi pour votre serviteur perpétuel. Et, par la douce compagnie que vous tinrent Jésus et Marie sur la terre, ne cessez de me protéger, afin que je ne me sépare jamais de Dieu, en perdant sa sainte grâce. Et, par l’assistance que vous reçûtes de Jésus et de Marie à votre bienheureuse mort, protégez-moi spécialement à ma dernière heure, afin qu’en mourant dans votre compagnie et celle de Jésus et de Marie, j’aille ensuite vous en remercier éternellement dans le paradis. Ainsi soit-il.
Extrait du « Mois de Saint Joseph ou Vie de Saint Joseph d’après Anne-Catherine Emmerich » par C.F. Fouet. Saint Dizier, Paris, 1872
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Le Mois de Saint Joseph
Le Mois de Saint Joseph
Avec la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich
Dix-huitième jour
Les Mages à Bethléem
Mais déjà, à la chute du jour qui suivit le départ d’Anne, le cortège des saints rois est arrivé devant Bethléem, près de ce même édifice où Joseph et Marie s’étaient fait inscrire : c’était l’ancienne maison de la famille de David. Il n’en reste plus que quelques débris de murs ; elle avait appartenu aux parents de saint Joseph. C’était un grand bâtiment entouré d’autres plus petits, avec une cour fermée, devant laquelle était une place plantée d’arbres et où se trouvait une fontaine. Il y avait sur cette place des soldats romains, parce que la maison était comme le bureau des collecteurs de l‘impôt. Quand le cortège arriva, un certain nombre de curieux se rassembla autour délai. L’étoile ayant disparu, les rois avaient quelque inquiétude. Des hommes s’approchèrent d’eux et les interrogèrent. Ils descendirent de leurs montures, et des employés vinrent de la maison à leur rencontre avec des branches à la main, et leur offrirent quelques rafraîchissements. C‘était l’usage de souhaiter ainsi la bienvenue à des étrangers de cette espèce.
Pendant ce temps-là, on conduisait leurs montures auprès de la fontaine, sous les arbres, pour les abreuver. C’est qu’on était bien plus poli avec eux qu’avec le pauvre saint Joseph, qui n’avait point, lui, de petites pièces d’or à distribuer. On leur parla de la vallée des Bergers comme d’un bon endroit pour y dresser leurs tentes. Ils restèrent assez longtemps dans l’indécision, mais ils ne firent plus de questions sur le roi des Juifs nouvellement né. Ils savaient que Bethléem était l’endroit désigné par la prophétie ; mais, par suite des discours d’Hérode, ils craignaient d'attirer l’attention. Enfin, ayant vu briller au ciel, sur le côté de la ville, un météore assez semblable à la lune à son lever, ils remontèrent sur leurs chameaux ; puis, longeant un fossé et des murs en ruines, ils firent le tour de Bethléem par le midi et se dirigèrent à l'orient, vers la grotte de la Crèche, qu’ils abordèrent par le côté de la plaine où les Anges avaient apparu aux bergers.
Quand ils furent arrivés près du tombeau de Maraha, dans la vallée qui est derrière la grotte de la Crèche, ils descendirent de leurs montures. Leurs gens défirent beaucoup de paquets, dressèrent une grande tente qu’ils portaient avec eux, et firent d’autres arrangements, avec l’aide de quelques bergers qui leur indiqueront les places les plus convenables. Le campement était terminé en partie, quand les rois virent l‘étoile se montrer, claire et brillante, sur la colline de la Crèche et y diriger perpendiculairement ses rayons. Elle parut grandir beaucoup et répandit une masse de lumière extraordinaire. Ils regardèrent d’abord d’un air très étonné : il faisait sombre; ils ne voyaient pas de maison, mais seulement la forme d’une colline semblable a un rempart. Tout d’un coup, ils furent saisis d’une grande joie, car ils virent dans la lumière la figure resplendissante d’un enfant. Tous se découvrirent la tête pour témoigner leur respect ; puis les trois rois. allèrent vers la colline et trouvèrent la porte de la grotte. Mensor, l'ayant ouverte, vit la grotte remplie d’une lumière céleste, et au fond la Vierge tenant l’Enfant et assise, telle que ses compagnons et lui l’avaient vue dans leurs visions.
Aussitôt il revint sur ses pas, et dit aux autres ce qu’il venait de voir. Alors Joseph sortit de la grotte, accompagné d’un vieux berger, pour aller à leur rencontre. Ils lui dirent en toute simplicité comment ils étaient venus pour,adorer le Roi nouveau-né des Juifs, dont ils avaient vu l’étoile, et pour lui offrir leurs présents. Joseph les accueillit amicalement, et le vieux berger les accompagna près de leur suite et les aida dans leurs arrangements, ainsi que quelques autres bergers qui se trouvaient là.
Cependant les Mages se préparèrent comme pour une cérémonie solennelle. Ils mirent de grands habits blancs qui avaient une longue queue ; ces manteaux avaient un reflet brillant comme s’ils eussent été de soie brute ; ils étaient très beaux et flottaient légèrement autour d’eux : c’était leur costume ordinaire pour les cérémonies religieuses. Ils portaient à le ceinture des bourses et des boites d’or suspendues à des chaînes. Tout cela était recouvert par leurs larges manteaux. Chacun des rois était suivi des principaux personnages de sa suite ; Mensor avait en outre avec lui plusieurs serviteurs qui portaient une petite table, un tapis à franges et plusieurs rouleaux d’étoffe légère.
Le cortège, précédé de Saint Joseph était arrivé dans un fort bel ordre sous la galerie en avant de la porte de la Crèche, on mit sur la table le tapis garni de franges, et chacun des trois rois y plaça quelques unes des boites d’or et les vases qu’ils détachèrent de leur ceinture : c’étaient des présents qu’ils offraient en commun. Mensor et tous les autres ôtèrent leur sandales ; et Joseph ouvrit la porte de la grotte. Deux jeunes gens de la suite de Mensor marchaient devant lui ; ils étendirent une pièce d’étoffe sur le sol de la grotte, puis ils se retirèrent en arrière ; deux autres le suivirent avec la table, où étaient les présents. Arrivé devant la sainte Vierge, il les prit, et, mettant un genou en terre, il les déposa respectueusement a ses pieds. Derrière Mensor étaient les quatre hommes de sa famille qui s’inclinaient humblement Seïr et Théokéno, avec leurs compagnons, se tenaient en arrière dans l’entrée. Quand ils s’avancèrent, ils étaient comme ivres de joie et d’émotion, et inondés de la lumière qui remplissait la grotte ; et pourtant il n’y avait là d‘autre lumière que la Lumière du monde.
Marie, appuyée sur un bras, était plutôt étendue qu’assise sur un tapis, à la gauche de l’Enfant Jésus, qui était couché à la place où il était né, dans une auge recouverte d’un tapis et placée sur une estrade. Mais au moment où ils entrèrent, la sainte Vierge se releva, s’enveloppa dans son voile, et prit dans ses bras l’Enfant Jésus, qu’elle couvrit des plis de ce voile. Mensor s’agenouilla, et, mettant les présents devant lui, il prononça de touchantes paroles par lesquelles il lui faisait hommage, en croisant ses mains devant sa poitrine et en inclinant sa tête découverte. Pendant ce temps, Marie avait mis à nu le haut du corps de l’Enfant, qui regardait d’un air aimable du milieu du voile dont il était enveloppé ; sa Mère, soutenait sa petite tête de l’un de ses bras et remontait de l’autre. Il avait ses petites mains jointes devant sa poitrine, et souvent il les étendait gracieusement autour de lui.
Oh ! Combien se trouvaient heureux de l’adorer, ces chers rois de l’Orient ! Leurs cœurs étaient purs et sans souillure, pleins de tendresse et d’innocence comme des cœurs d’enfants pieux. Il n’y a rien de violent en eux, et pourtant ils sont pleins de feu et d’amour ! C’est dans ces sentiments qu’ils s‘avancèrent successivement pour adorer l’Enfant Dieu.
Mensor s’avança le premier, tirant d’une bourse, qui était suspendue à sa ceinture, une poignée de petites barres compactes, pesantes, de la longueur du doigt, effilées à l’extrémité et brillantes comme de l’or : c’était son présent, qu‘il plaça humblement sur les genoux de la sainte Vierge, à côté de l’Enfant Jésus. Elle prit l’or avec un remerciement gracieux et le couvrit d’un coin de son manteau. Mensor donna ces petites barres d’or vierge, parce qu’il était plein de sincérité et de charité, et qu’il cherchait la Vérité avec une ardeur constante et inébranlable.
Après que Mensor se fut retiré en arrière avec ses quatre suivants, Soir, le roi basané, s’avança avec les siens, et s’agenouilla avec une profonde humilité ; il offrit son présent avec des paroles touchantes : c’était un vase d’or à mettre de l’encens, plein de petits grains résineux, de couleur verdâtre ; il le plaça su ;r la table devant l’Enfant Jésus. Il donna l’encens, parce que c’était un homme qui se conformait respectueusement et du fond du cœur à la volonté de Dieu et la suivait avec amour. Il resta longtemps agenouillé avec une grande ferveur avant de se retirer.
Après lui vint Théokéno, le plus vieux des trois. Il était très avancé en âge ; ses membres étaient roides, et il ne pouvait pas se mettre à genoux ; mais il se tint débout, profondément incliné, et plaça sur la table un vase d’or avec une belle plante verte : c‘était un bel arbuste à tige droite, avec de petits bouquets frisés, Surmontés de jolies fleurs blanches, et qui n’était autre la myrrhe ; il offrit la myrrhe, parce qu’elle est le Symbole de la mortification et de la victoire sur les passions car cet excellent homme avait eu de grandes luttes à soutenir pour triompher de l’idolâtrie, de la polygamie et des habitudes violentes de ses compatriotes. Dans son émotion, il resta si longtemps devant l’Enfant Jésus avec ses quatre suivants, qu’il lassa la patience des autres serviteurs, restés hors de la grotte, en les faisant tant attendre pour voir le Sauveur.
Les paroles des rois et de tous leurs compagnons étaient pleines de simplicité et fort touchantes. En se prosternant et en lui offrant leurs présents, ils s’exprimaient à peu près en ces termes : « Nous avons vu son étoile ; nous savons qu’il est le Roi de tous les rois; nous venons l’adorer et lui offrir notre hommage et nos présents, et tout nous-mêmes ». Ils étaient comme en extase, et dans leurs prières naïves et affectueuses, ils recommandaient à l’Enfant Jésus leurs personnes, leurs familles, leurs pays, leurs bien et tout ce qui avait du prix pour eux sur la terre. Ils offraient au Roi nouveau-né leurs coeurs, leurs âmes, leurs pensées et leurs actions. Ils le priaient de les éclairer, de leur donner la vertu, le bonheur, la paix et l’amour. L’humilité et l’amour transformaient leur nature, et des larmes de joie sillonnaient leurs joues et mouillaient leurs barbes. Ils étaient dans la félicité en songeant qu’ils contemplaient enfin Celui vers lequel, depuis tant de siècles, leurs ancêtres avaient dirigé leurs regards et leurs soupirs avec un désir si constant. Toute la joie de la promesse enfin accomplie étaient en eux.
La Sainte Vierge accepta tout avec d’humbles action de grâces. D’abord elle ne dit rien, mais un simple mouvement sous son voile exprimait sa pieuse émotion. Le petit corps de l’Enfant se montrait brillant entre les plus de son manteau. À la fin, elle adressa à chacun quelques bonnes et gracieuses paroles, et retira un peu son voile en arrière. Quelle leçon pour tous ! Car avec quelle douce et aimable gratitude elle reçoit chaque présent ! Elle qui n’a besoin de rien, qui possède Jésus, accueille avec humilité tous ces dons de l’amour, et nous apprend comment nous devons recevoir à l’occasion les présents et les dons de la charité. Que de bonté encore dans Marie et dans Joseph ! Ils ne gardent.presque rien pour eux, et distribuent tout aux pauvres.
Lorsque les rois eurent quitté la grotte avec leurs suivants et furent retournés à leur tente, leurs serviteurs entrèrent à leur tour. Ils avaient dressé la tente, déchargé les bêtes de somme, mis tout en ordre, et ils attendaient devant la porte, patiemment et humblement. Ils étaient plus de trente et il y avait aussi avec eux une troupe d’enfants qui avaient pour tout vêtement un linge autour des reins et un petit manteau. Les serviteurs entraient cinq par cinq, et un des principaux personnages auxquels ils appartenaient les conduisait. Ils s’agenouillaient autour de l’Enfant et l’adoraient en silence. Enfin, les enfants entrèrent tous ensemble, se mirent à genoux et adorèrent Jésus avec une joie innocente et naïve Les serviteurs ne restèrent pas longtemps dans la grotte de la Crèche, car les rois rentrèrent avec solennité. Ils avaient mis d’autres manteaux longs et flottants, et portaient à la main des encensoirs, avec lesquels ils encensèrent respectueusement l’Enfant. La Sainte Vierge, saint Joseph et toute la grotte ; puis ils se retirèrent après s’être profondément inclinés. C’était une manière d’adorer chez ce peuple.
Pendant ce temps, Marie et Joseph étaient pénétrés de la plus douce joie où on les eût jamais vus ; des larmes d’attendrissement coulaient souvent sur leurs joues. Les honneurs solennellement rendus à l’Enfant-Jésus, qu’ils étaient obligés de loger si pauvrement, et dont les grandeurs mystérieuses devaient rester cachées dans l’humilité de leurs cœurs, les consolaient infiniment. Ils voyaient que la Providence toute puissante de Dieu, malgré l’aveuglement des hommes, avait préparé pour l‘Enfant de la promesse et lui avait envoyé des contrées les plus lointaines ce qu’eux-mêmes ne pouvaient lui donner, l’adoration due à sa dignité rendue par les puissants de la terre avec une sainte magnificence. Ils adoraient Jésus avec les saints rois, heureux eux-mêmes des hommages qui lui étaient rendus.
Les tentes étaient dressées dans la vallée située derrière la grotte de la Crèche jusqu'à la grotte du tombeau de Maraha ; les bêtes étaient rangées en ordre et attachées à des pieux séparés par des cordes. Près de la grande tente qui était voisine de la colline de la Crèche, se trouvait un espace recouvert de nattes, où était déposée une partie des bagages ; mais la partie la plus considérable avait été portée dans la grotte du tombeau de Maraha. Quand tous eurent quitté la crèche, les étoiles s’étaient levées. Ils se rassemblèrent en cercle près du vieux térébinthe qui s’élevait au-dessus de la grotte de Maraha, et entonnèrent des chants solennels à la gloire des étoiles. L’on ne peut dire combien étaient touchants ces chants qui retentissaient dans la vallée silencieuse : pendant tant de siècles leurs ancêtres avaient contemplé, appelé, chanté l’étoile mystérieuse; maintenant tous leurs désirs étaient satisfaits, et ils étaient pour ainsi dire ivres de joie et de reconnaissance.
Cependant saint Joseph, avec l’aide de deux vieux bergers, avait apprêté un petit repas dans la tente des trois rois. Il fit apporter du pain, des fruits, des rayons de miel, quelques herbes et des flacons de baume, qu’ils rangèrent sur une table basse recouverte d’un tapis. Il s’était procuré tout cela dès le matin pour recevoir les rois, dont la sainte Vierge lui avait annoncé d’avance l’arrivée. Quand ceux-ci revinrent à leur tente, saint Joseph les accueillit très amicalement, et les pria, comme étant ses hôtes, d‘accepter le petit repas qu’il leur offrait. Il se plaça a côté d’eux autour de la table, et ils mangèrent. Il ne montrait point de timidité : il était si content, qu‘il, versait des larmes de joie.
Après ce petit repas, Joseph les quitta. Quelques-uns des plus considérables de la caravane allèrent à une hôtellerie de Bethléem ; les autres se placèrent sur leurs couches, qui étaient rangées en cercle dans la grande tente, et se livrèrent au repos. Joseph, revenu à la grotte, réunit tous les présents à droite de la crèche, dans un coin qu’il ferma par des nattes, de façon à cacher ce qui y avait été déposé. La servante d’Anne, qui, après le départ de celle-ci, était restée auprès de la Sainte Vierge, s’était tenue dans une grotte latérale pendant toute la cérémonie ; elle ne reparu que lorsque tous eurent quitté la Crèche. Elle était grave et modeste. Ni la sainte Famille, ni même cette servante ne regardèrent les présents des rois avec une complaisance mondaine. Tout fut accepté avec une humble reconnaissance pour être bientôt distribué avec une inépuisable libéralité.
Ce soir, il y eut à Bethléem un peu d‘agitation lors de l'arrivée du cortège à la maison où l’on payait l’impôt, et plus tard bien des allées et venues dans la ville. Les gens qui avaient suivi le cortège jusqu‘à la vallée des Bergers n’avaient pas tardé. à revenir. Plus tard, pendant que les trois rois, pleins de joie et de ferveur adoraient et déposaient leurs présents dans la grotte, de la Crèche, l'on vit rôder dans les environs, à une certaine distance, quelques Juifs qui espionnaient et chuchotaient ensemble ; plus tard encore on les vit, aller et venir dans Bethléem et faire divers rapports fort peu conformes à la réalité.
Mais cela ne fait-il pas souffrir de voir toujours les méchants, qui, quand le Sauveur s’approche des hommes, vont, viennent, observent, murmurent et répandent ensuite les sottes inventions de leur haine ? Eh quoi ! avoir le salut si près de soi, et le repousser, tandis que ces bons rois, guidés par leur foi sincère dans la promesse, sont venus de si loin et ont trouvé le salut! Oh l combien est déplorable l‘aveuglement et l‘endurcissement des pauvres mortels !
Aujourd’hui encore, pendant la journée, l’on vit, à Jérusalem, Hérode parcourir les Ecritures avec un grand nombre de docteurs et discuter les affirmations des Mages. Bientôt cependant tout rentra dans le, calme, comme si l’on eût voulu assoupir cette affaire.
Considération
Saint Joseph d’après Saint Léonard de Port-Maurice
Saint Léonard de Port-Maurice fut l’un des saints et des plus zélés missionnaires de la fin du XVIIe et du commencement du XVIIIe siècle. Il avait une très grande dévotion envers la très Sainte Vierge qui l’avait guéri miraculeusement dans les débuts de ses travaux apostoliques, et envers Saint Joseph, ainsi que l’atteste l’un de ses chef d’œuvre oratoire, dont nous ne pouvons que détacher les principaux traits.
Nous passons ce qu’il a dit des grandeurs de Saint Joseph, comme juste, pour recueillir ses plus belles paroles sur ses grandeurs comme Epoux de la Vierge et comme Père de Jésus.
« Il n’est point au pouvoir d’une langue mortelle, dit-il, d’exprimer le comble d’honneur ou fut élevé notre Saint en recevant pour épouse celle qui parut dans le monde comme une aurore naissante, et qui, croissant toujours de vertus en vertus, en fit une riche dot qu’elle apporta à Joseph, son époux. Contemplons, à la clarté de cette aurore céleste, les richesses du très heureux Joseph, qui, par cette sainte alliance, devient en quelque sorte plus grand que lui-même. En effet, l’auguste Vierge ne voulut d’autres conditions sur le contrat de mariage, sinon que son Epoux fût en tout et pour tout semblable à elle, et dans l’innocence des mœurs, et dans la pureté de l’âme. Et comme le contrat passa par les mains du Saint Esprit, qui peut douter que Marie n’ait été exaucée en sa demande, et que Joseph n’ait été enrichi de qualités, de dons et de vertus semblables en tout point à ceux de Marie, son épouse ? Que les évangélistes s’abstiennent d‘exalter ces vertus et ces prérogatives excellentes qui relèvent la dignité de Joseph, peu importe ; il me suffit qu’ils le représentent comme l’Epoux de Marie, virum Mariæ, c’est-à-dire comme celui de tous les mortels qui ressemble le plus à l’œuvre la plus parfaite entre les pures créatures qui soit sortie de la main de Dieu, à savoir, sa Mère ».
D’où le saint prédicateur part pour exalter les excellences attachées à cette dignité d’Epoux de Marie. Après quoi il ajoute :
« Toutefois, ce qui rehausse principalement Joseph en qualité d’Epoux de Marie, c’est qu’à ce titre il est vénéré comme le chef de cette sainte Famille, laquelle ne fut ni toute humaine ni toute divine, mais qui tient de l‘une et de l'autre, et qui, pour cette raison, a été appelée a juste titre la Trinité de la terre. Mais où trouver jamais des paroles pour peindre dignement cette admirable Trinité de Jésus, Marie, Joseph ? Rendez donc de fréquents hommages à l’adorable Trinité du ciel, Père, Fils et Saint Esprit, mais honorez aussi la Trinité sainte qui a habité visiblement parmi nous sur la terre, Jésus, Marie, Joseph. Gravez dans vos coeurs en lettres d’or ces trois noms, ces noms célestes : prononcez les souvent, écrivez les partout. Que, ce soient les premières paroles que vous enseigniez à vos enfants. Répétez plusieurs fois par jour ces noms sacrés, et qu’ils soient encore sur vos lèvres au moment où vous rendrez le dernier soupir ».
Quant à la paternité de saint Joseph, voici ce qu’on nous en dit de plus admirable :
« Joseph n’eut sans doute aucune part à la production de Jésus Christ, mais il n‘en fut pas moins son Père, ainsi que l’affirment tous les docteurs; Il eut à son égard l’autorité aussi bien que la sollicitude et les devoirs d‘un père. Est-il , en effet, une seule des fonctions du meilleur des pères qui n’ait été glorieusement exercée par ce serviteur fidèle et prudent que le Seigneur a préposé au gouvernement de sa famille ? N'est-ce pas Joseph qui recueillit dans ses bras l’Enfant Jésus à peine né, et le coucha sur la paille de la crèche ? N’est-ce pas Joseph qui le déroba à la fureur d’Hérode ? N’est-ce pas lui qui lui fournit, durant trente ans, du travail de ses mains, et à la sueur de son front, la nourriture, le logement et le vêtement ? Combien de fois les bras de Joseph ne servirent-ils pas de berceau a l’Enfant Jésus ? Que de tendres baisers il lui prodigua ! Que de fois il lui donna à manger de sa main, l’habilla, lui apprit à parler, l’exerça au travail ! Car ce divin Enfant voulut paraître en tout semblable aux autres. Et lorsqu’il fut devenu grand, que de fois Joseph ne reposa-t-il pas sur son coeur ? Or, si Joseph se comporta en père si tendre, si dévoué à l’égard de Jésus, comment pensez-vous que dut se comporter Jésus à l’égard de Joseph ? Est-il besoin de dire qu’il a été pour lui le meilleur des fils, lui témoignant un respect, une soumission, une obéissance parfaite en toute chose, comme à son père bien-aimé ?
« Mais pour se convaincre, poursuit-on, que Joseph fut vraiment grand comme juste, plus grand comme époux, très grand comme père, il suffirait de le considérer entre les bras de Jésus et de Marie au moment de rendre son âme à son Créateur. Voyez ce bienheureux Patriarche étendu sur une pauvre couche ; Jésus d’un côté, Marie de l’autre, entouré d’une multitude infinie d’Anges, d‘Archanges, de Séraphins, qui, dans une attitude respectueuse, s’apprêtent à recevoir sa sainte âme. Ô Dieu ! Qui pourra nous dire avec quels sentiments, à ce moment suprême, Joseph dit un dernier adieu à Jésus et à Marie ? Quelles actions de grâces, quelles protestations, quelles supplications, quelles excuses de la part de ce saint vieillard ! Ses yeux et son cœur parlent, sa langue seule se tait ; mais que son silence dit de choses ! Tantôt il regarde Maries, et Marie le regarde à son tour, et avec quelle affection ! Tantôt il tourne ses yeux vers Jésus, et Jésus le regarde, mais avec quelle tendresse ! Il prend la main de Jésus, la presse sur son cœur, la couvre de baisers et l’arrose de ses larmes, en lui recommandant instamment son âme. Il tombe ensuite dans une défaillance d’amour.... et il expire dans les embrassements de Jésus ».
Après quoi, notre Saint prédicateur, s’appuyant sur les témoignages de Sainte Thérèse d’Avila, exhorte les hommes de tous les états et de toutes les conditions à aimer, honorer, invoquer Saint Joseph, parce que, si Marie obtient tout en qualité de mère, Joseph peut tout en sa qualité de juste, d’époux et de père.
Images de Saint Joseph
Nous sommes dans un siècle, siècle pourtant qui oublie vraiment trop vite, ou l’on s’occupe beaucoup de photographie et de la reproduction, par cette photographie, des traits de ceux que l’on aime, que l’on vénère, ou dont on veut garder le souvenir. C’est ainsi que chacun de nous est heureux de se procurer les images de ses parents et de ses amis, de ses bienfaiteurs et de ceux qui lui sont chers. Et nous ne ferions pas de même pour saint Joseph, notre bon père, notre meilleur ami, notre suprême bienfaiteur ? À l’exemple plutôt de saint François de Sales, qui n’avait dans son bréviaire qu’une seule image, celle de saint Joseph, et du P. Louis Lallemant, qui voulut être enterré avec une image de notre Saint qu’il avait eue en grande vénération pendant sa vie, chacun de nous aura la même image en son livre d’église, en son oratoire, en sa chambre, ou dans tout autre endroit distingué de sa maison. C’est un hommage que tous les dévots de saint Joseph lui rendront, et auquel nous devons bien penser qu’il ne sera pas insensible.
« Et je me trompe fort, dit le bon chanoine de Verdun que nous avons déjà cité, si à toutes les fois que nous regarderons les portraits de ce grand Saint et élèverons nos pensées à leur principal sujet, nous ne concevons en même temps une sainte horreur de faire chose qui puisse lui déplaire, fussions-nous tentés le plus violemment du monde, puisqu’il prend connaissance de tout ce qui se passe autour de nous, regarde tout cela, nous voit et tout ce que nous faisons, soit bien, soit mal, dans le grand miroir de l’essence divine. Tellement que, quoique l’image ne nous voie point, néanmoins nous avons sujet de croire que celui de qui elle est l’image, au même temps de l’élévation de notre cœur vers lui, connaît par révélation divine et ordinaire à tous les bienheureux ce que nous faisons, nous regarde agir et prend plaisir ou déplaisir du bien ou du mal de nos actions ».
Prière
Pour demander les grâces de son état
Ô Père nourricier de Celui qui nourrit toutes les créatures, vrai et fidèle Epoux de la Mère de Dieu, quel est celui d’entre les saints qui peut comparer sa gloire à la vôtre ? Moïse a conduit le peuple de Dieu, et vous avez été le conducteur de Dieu fait homme. Abraham a été le père des enfants d’adoption, et Dieu vous a fait son père et le nôtre. Celui que les rois et les patriarches ont désiré voir un seul jour, vous l’avez élevé, nourri, possédé pendant trente années. Siméon S’estima bienheureux d’avoir tenu une seule fois dans ses bras l’Enfant-Dieu, et cent et cent fois vous l’avez porté dans les vôtres, cent et cent fois vous l’avez mis et remis entre les bras de sa Mère, l’embrassant comme votre Dieu, votre Seigneur et votre Fils. Dieu, pour sauver son peuple, l'a fait sortir de l’Egypte, en multipliant les miracles, et vous, par un dévouement héroïque, vous avez conduit le Fils de Dieu dans le même pays pour l’arracher à la mort.
Faites, ô grand Saint, que, tandis que je me réjouis et vous félicite de vos grandeurs , je ressente les heureux effets de votre puissante protection. Obtenez-moi les lumières dont j’ai besoin pour connaître tous mes devoirs, la force et le courage pour les accomplir. Obtenez-moi ce zèle fort et constant qui sait résister à l’ennemi, surmonter le dégoût, vaincre la répugnance, afin que jamais je n'aie le malheur de négliger mes obligations, ni de les sacrifier à la mollesse, au monde ou au plaisir. Demandez pour moi les grâces d‘une intention droite et pure dans toutes mes Œuvres, afin que, lorsque le jour du Seigneur sera venu, je puisse recevoir la récompense promise au bon et fidèle serviteur. Ainsi soit-il.
Extrait du « Mois de Saint Joseph ou Vie de Saint Joseph d’après Anne-Catherine Emmerich » par C.F. Fouet. Saint Dizier, Paris, 1872
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Le Mois de Saint Joseph
Le Mois de Saint Joseph
Avec la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich
Dix-septième jour
Attente des Mages
Les pieux rois qui vont venir à Bethléem adorer l’Enfant Dieu s’appelaient Mauser, Saïr et Théokéno. Les noms de Gaspard, Melchior et Balthasar, qu’on leur donne ordinairement, ne sont que des noms caractéristiques, le premier signifiant qui va avec amour ; le deuxième, qui s’approche doucement ; le troisième, qui veut promptement. Mauser, le brun, était Chaldéen, ainsi que Saïr, le basané, et Thëokéno, le blanc, de la Médie. Ils étaient adorateurs des astres, et c‘est en les contemplant qu’ils découvrirent l’étoile de Jacob que Balaam, un de leurs prophètes, avait annoncée, que leurs pères avaient attendue pendant des siècles, et qui, se dilatant à leurs yeux, leur apparut sous la forme d’un globe lumineux au centre duquel était une Vierge brillante devant qui planait un Enfant resplendissant d’une lumière plus brillante encore. À peine l’eurent ils aperçue, qu’ils se mirent en chemin pour aller adorer le Dieu qu‘elle annonçait.
Chacun des trois rois avait avec lui quatre proches parents ou amis intimes, de sorte que le cortège se composait de quinze personnes de haut rang, accompagnées d’une foule de conducteurs de chameaux et de serviteurs, qui ne fit qu’augmenter durant le trajet. L’étoile qui les conduisait se montrait devant eux, pendant la journée, comme un corps brillant dont la clarté surpassait celle du jour, et, pendant la nuit, avec la lueur rougeâtre de la.lune lorsqu‘il fait grand vent.
Ils visitèrent aussi, en venant, un roi de Causour, à qui ils racontèrent tout ce qu’ils avaient vu dans les étoiles. Il regarda lui-même celle qui les conduisait, et y vit un petit Enfant avec une croix. Il les pria alors de lui raconter, à leur retour, ce qu’ils auraient découvert, parce qu‘il voulait aussi élever des autels et offrir des sacrifices à l‘Enfant Dieu.
Cependant Marie avait en une vision sur l’approche des trois rois, pendant qu’ils faisaient leur visite au roi de Causeur. Elle vit aussi que celui»ci voulait élever un autel à l’Enfant. Elle raconta cela à saint Joseph et à Elisabeth, et dit qu'il fallait vider la grotte de la Crèche et tout préparer pour la réception des trois rois à leur arrivée.
Les gens à cause desquels Marie s’était retirée dans l’autre grotte étaient des visiteurs curieux, comme il s’en est présenté beaucoup dans ces derniers jours. Aujourd’hui Elisabeth est repartie pour Jutta, accompagnée d’un serviteur.
Il y eut plus de tranquillité dans la grotte de la Crèche pendant les jours suivants. La sainte Famille resta seule la plupart du temps. La servante de Marie, femme d’environ trente ans, très sérieuse et très humble, était seule présente. C’était une veuve sans enfants, parente d'Anne, qui lui avait donné asile chez elle. Son défunt mari avait été très dur envers elle parce qu’elle allait souvent chez les Esséniens ; car elle était très pieuse et attendait le salut d’Israël. Il s‘irritait à cause de cela, comme de méchants hommes de nos jours qui trouvent que leurs femmes vont trop souvent à l’église. Il l'avait quittée et était mort quelque temps après.
Les vagabonds qui avaient mendié et proféré des injures et des malédictions près de la grotte de la Crèche ne revinrent plus dans ces derniers jours. C’étaient des mendiants qui allaient à Jérusalem pour la Fête de la Dédicace du Temple, instituée par les Macchabées. Elle durait huit jours.
Saint Joseph célébra le sabbat d‘après la Circoncision sous la lampe, dans la grotte de la Crèche, avec Marie et la servante. Ce même jour, au soir, commençait la Fête de la Dédicace du Temple, et, pour la célébrer, il établit en trois endroits différents des candélabres, sur chacun desquels il alluma sept petites lampes. On est maintenant tranquille ici, parce que les nombreux visiteurs de ces derniers jours étaient des voyageurs qui allaient a la Fête. Anne envoie plusieurs fois des messagers pour apporter des présents et avoir des n0uvelles. Les femmes juives ne nourrissent pas longtemps leurs enfants sans leur donner d’autre aliment que leur lait ; aussi l’Enfant Jésus prit-il, après les premiers jours, une bouillie faite de la moelle d’une espèce de roseau : cette bouillie est douce, légère et nourrissante.
Pendant la Fête, chaque jour, soir et matin, Saint Joseph allume ses petites lampes pour la célébrer. Depuis le commencement de la Fête à Jérusalem, du reste, la tranquillité continue ici. Le lundi arriva un messager de sainte Anne. Il apportait à la Sainte Vierge, entre divers autres objets, tout ce qu’il fallait pour travailler a une ceinture, ainsi qu'une charmante corbeille pleine de fruits et recouverte de roses qui étaient placées sur les fruits et qui étaient restées très fraîches. Cette corbeille était étroite et haute. Les roses n’étaient pas de la couleur des nôtres, mais pâles et presque couleur de chair ; il y en avait aussi de jaunes et de blanches ; il s’y trouvait des boutons. Marie parut y prendre plaisir et plaça la corbeille près d’elle.
Cependant Joseph paraît préoccupé de l’envie de rester à Bethléem et de s’y fixer après la purification de Marie, et il a dû prendre quelques renseignements dans cette intention. Il y a trois jours, des gens aisés de Bethléem vinrent à la grotte de la Crèche, et maintenant ils prendraient volontiers la sainte Famille chez eux. Mais Marie s‘était cachée dans la grotte latérale, et Joseph déclina leurs offres. La Fête de la Dédicace était encore célébrée matin et soir. Il doit s’y être joint, le sixième jour, une autre Fête qui a dû occasionner à Jérusalem des changements dans les cérémonies de la première. C‘est sans doute ce qui amena un prêtre avec un rouleau près de saint Joseph dans la grotte : ils prièrent ensemble près d’une petite table qui avait une couverture rouge et blanche. Il semblait que ce prêtre voulût voir si Joseph célébrait la Fête ou qu‘il lui annonçât une nouvelle Fête. Dans ces derniers jours la grotte fut tranquille et sans visiteurs.
La Fête de la Dédicace finit avec le Sabbat. Joseph n’alluma plus les petites lampes. Les dimanche et lundi suivants, beaucoup de gens des environs vinrent encore à la crèche ; les mendiants effrontés se montrèrent aussi à l’entrée. C’était parce qu’on revenait alors de la Fête.
Le lundi, il vint aussi deux messagers de sainte Anne avec des provisions de bouche et divers effets. Mais Marie, qui était toujours prompte à donner, eut bientôt distribué tout cela. Saint Joseph commença alors à faire divers arrangements dans la grotte de la Crèche, dans les grottes latérales et enfin dans celle du tombeau de Maraha. On attendait prochainement la visite de sainte Anne et aussi celle des trois rois, d‘après les indications de la Sainte Vierge.
Pendant que Sainte Anne est en route avec son second époux, Marie d’Héli, une servante, un domestique, et deux ânes, saint Joseph termine de son mieux ses arrangements dans la grotte de la Crèche et dans les grottes latérales, pour loger ses hôtes de Nazareth, et pour recevoir les trois rois, dont Marie avait récemment annoncé l’arrivée lorsqu’ils étaient à Causour. Puis il se retire avec Marie dans l’autre grotte avec l‘Enfant Jésus. La grotte de la Crèche est entièrement débarrassée. L‘âne seul y est resté.
Saint Joseph, du reste, parfait observateur de toutes les lois, paraît avoir depuis quelque temps payé le second impôt. De nouveaux curieux sont aussi venus de Bethléem pour voir l’Enfant. Il s’est laissé prendre tranquillement par quelques uns et s’est détourné des autres en pleurant.
Pour la sainte Vierge, elle est parfaitement établie dans son nouveau logement, qui était arrangé commodément. Son lit était contre la paroi. L’Enfant Jésus était près d’elle dans une longue corbeille faite d’écorce, qui reposait sur des fourches. Le lit de Marie et le berceau de l’Enfant Jésus qui était a côté, étaient séparés du reste par une cloison en clayonnage. Le jour, quand elle ne voulait pas être seule, elle était assise en avant de cette cloison, ayant l’Enfant auprès d’elle. Saint Joseph reposait dans une partie éloignée de la grotte, qui était aussi séparée du reste.
Le jeudi d‘après, au soir, commençait un jour de jeûne. Tous les aliments étaient préparés pour le jour suivant ; le feu était couvert et les ouvertures voilées ; enfin, tous les ustensiles servant aux travaux manuels avaient été éloignés. Sainte Anne était arrivée avec son second mari, la sœur aînée de la sainte Vierge et une servante. Ces visiteurs devaient passer la nuit dans la grotte de la Crèche ; c’était pour cela que la sainte Famille s’était retirée dans la grotte latérale. Aujourd‘hui Marie a mis l’Enfant dans les bras de sa mère : celle-ci était profondément touchée. Anne avait apporté des couvertures, des linges et des provisions de bouche. Elle dormit à l‘endroit où Elisabeth avait reposé, et Marie lui raconta avec beaucoup d’émotion tout ce qui s’était passé. Anne pleura avec la Sainte Vierge, et tout ce récit fut interrompu par les caresses de l’Enfant Jésus.
Le vendredi, la sainte Vierge revint dans la grotte de la Crèche et y couche de nouveau le petit Jésus dans la crèche. Quand Joseph et Marie sont seuls près de l'Enfant, on les voit souvent l’adorer. Sainte Anne se tint aussi ce jour-là près de la crèche avec la Sainte Vierge dans une attitude respectueuse, et contemple l’Enfant Jésus avec un grand sentiment de dévotion et de ferveur.
Outre ce qu’Anne avait apporté pour la Mère et pour l’Enfant, Marie avait déjà reçu bien des choses depuis qu’elle était ici ; mais tout autour d‘elle présente l’image de la pauvreté, parce qu‘elle donne tout ce dont elle peut se passer à la rigueur.
Ce même jour, la sainte Vierge annonça à Anne que les rois de l’Orient viendraient bientôt et que leur visite ferait un grand effet. Pendant le séjour des rois, Sainte Anne ira à trois lieues d'ici chez sa sœur et elle reviendra plus tard.
Le lendemain soir, après la clôture du sabbat, sainte Anne, avec ceux qui l’accompagnaient, quitta la sainte Vierge pour un certain temps. Elle s’en alla à trois lieues de là, dans la tribu de Benjamin, chez une sœur cadette qui y était mariée. L’endroit où elle demeurait, et qui consistait seulement en quelques maisons dans une plaine, était à une demi-lieue de la dernière station de la sainte Famille dans son voyage à Bethléem, auprès de l’endroit où demeuraient les parents de saint Joseph.
Considération
Saint Joseph d’après un auteur belge
Cet auteur anonyme était toujours un grand dévot à saint Joseph. On ne parle pas ainsi, quoiqu’en un langage plein de simplicité et de naïveté, du saint Patriarche, sans être pénétré pour lui d‘un véritable amour et de la plus tendre piété. On sent qu’il est à son aise pour parler de son saint de prédilection. On sent, qu‘on nous permette de le dire, que c’est un enfant de cette Belgique qui s’est toujours distinguée entre les autres pays catholiques par sa grande dévotion au saint Epoux de la Reine des vierges, et qui l’a choisi depuis des siècles pour son Patron particulier. Et ce que nous voulons ajouter, nous nous demandons si ce n’est point au patronage de notre grand Saint que ce petit pays a dû d’être épargné jusqu’alors dans la tourmente révolutionnaire qui secoue toute l’Europe, et malgré le travail des sociétés secrètes et de la démagogie qui s’opère dans son sein. S’il en était ainsi, puisse l’auguste Epoux de Marie veiller toujours, ne fût-coque pour l’exemple des autres nations, sur ce pays, que l’on peut appeler son royaume, et y conserver, malgré les efforts incessants de l’impiété, la pureté de la foi et des mœurs !
Et nous voyons donc ce que notre pieux auteur dit des grandeurs du saint Patriarche dans son livre intitulé l’Alliance de saint Joseph, imprimé à Bruxelles sans autre date que celle de l’approbation, qui est de 1737.
« Saint Joseph, dit-il, a été choisi de toute éternité par la sainte Trinité pour être le chef de la famille de Dieu sur la terre, l’Ange gardien et l’Epoux de la Reine des Anges, le Père nourricier du Messie.
Il a eu l’honneur de gouverner la Famille de Jésus pendant près de trente ans, de vivre si longtemps parmi les innocentes caresses de l‘Enfant Sauveur, parmi la réserve, la retenue, l‘honnêteté de sa jeunesse, parmi les actions, les exemples et les instructions de son âge parfait, en la compagnie de la princesse la plus accomplie et la plus sainte qui fût jamais.
Huit jours après le divin enfantement, Joseph circoncit Jésus en l’étable de Bethléem, selon saint Jérôme et saint Bernard. Il lui donna l’auguste nom de Jésus, au jour de la Circoncision, selon l’ordre qu‘il en avait reçu de Dieu par le ministère d’un Ange. Il nourrit à la sueur de son corps celui qui nourrit tout ce qui est animé, et qui couvre de duvet les petits oisillons à peine éclos. Il eut le bonheur d’habiller souvent celui qui prend plaisir a vêtir les lys et les roses, et à les parer de riches et riantes couleurs. Il fut le sauveur de son Sauveur, le retirant des mains d’Hérode, tandis que les petits Innocents, à sa place, achetaient par leur sang la palme du martyre. Jésus, qui tient dans sa main tous les princes de la terre, à qui les Anges se font gloire d’obéir, lui a rendu tous les devoirs d’une parfaite soumission et d’une exacte obéissance, ne prenant mouvement que du clin de son œil et du son de sa voix.
L’extérieur de Joseph était noble, ravissant et digne ; son port plein d’une douce majesté, et son visage beau comme celui de son Fils, le plus beau d’entre les enfants des hommes, comme celui de sa sainte Epouse, la plus belle des créatures. Jeanne des Anges, religieuse Ursuline, après la vision qu’elle eut de saint Joseph, lorsqu’il la guérit miraculeusement, étant interrogée des peintres qui voulaient savoir comment il fallait représenter ce grand saint, leur dit : « Faites-le aussi beau que vous le pourrez ; jamais vos couleurs matérielles n’atteindront la sainte pudeur de son front, la gracieuse modestie de ses yeux, la douceur de ses lèvres, la majesté de tout son être ».
Joseph a aimé la sainte Vierge d’une affection naturelle, fondée sur ses rares et éminentes qualités ; d’une affection acquise et accrue par de continuels services et par tous les témoignages d’un chaste attachement ; d’une affection surnaturelle, en considération des grâces et des faveurs dont le ciel avait comblé sa belle âme. Lui et la sainte Vierge furent les premiers qui firent promesse, à Dieu de vivre en perpétuelle virginité. C’est la remarque du bienheureux Albert le Grand. On croit que la sainte résolution qu‘ils en avaient prise leur fut respectivement révélée. Ils renouvelèrent leur vœu d‘un commun accord après leur mariage.
Il possédait toutes les vertus. Passant sa vie avec la plus humble de toutes les créatures, il était humble comme elle ; il aimait sa pauvreté ; il était diligent en son travail ; il pratiquait le silence ; recueilli en lui-même, il possédait un cœur détaché du monde, et occupé du seul amour de Dieu. Lorsqu’il vit la grossesse de la sainte Vierge et qu‘il songea a se retirer, il était conduit par un sentiment d’humilité et de respect, se jugeant indigne, dit saint Basile, de servir un Dieu incarné.
Sa vie ne fut qu’un ravissement et une continuelle vision de Dieu. Ses prières au ciel sont puissantes. Les autres chanter aux Anges, et un psaume d‘actions de grâces. Quand ils voulurent se retirer, la sainte Vierge leur donna le petit Jésus, qu’ils tinrent tour a tour dans leurs bras, puis ils le lui rendirent en pleurant, et quittèrent la grotte. Sa vie ne fut qu’un ravissement et une continuelle vision de Dieu. Ses prières au ciel sont puissantes. Les autres saints, abaissant devant le trône de Jésus leurs palmes et leurs couronnes, demandent en recommandant ; mais Joseph fait ses demandes comme père, dit Origène, et Jésus les lui accorde comme fils.
Le pieux P. Suarez croit qu‘il est au ciel en corps et en âme, qu’il y monta le jour de la glorieuse et triomphante Ascension de son adorable Fils, et qu’il tient le premier rang en ce séjour de gloire, après Jésus et Marie ».
Pratique
Médailles de saint Joseph
Les médailles, outre qu’elles nous rappellent le souvenir des Saints, semblent nous mettre avant tout sous leur protection. Aussi trouvent elles accès auprès de toute sorte de personnes : des enfants, qui sont toujours heureux de les recevoir et de les porter ; des mères, qui y voient un gage de bénédiction pour leurs enfants et pour elles-mêmes ; des hommes faits, qui n’y trouvent que des avantages, en les acceptant souvent par pure complaisance pour une épouse, une mère, une sœur, une amie ; des vieillards, à qui elles procurent s0uvent une bonne fin de vie. Et combien de fois les pécheurs ont-ils rencontré dans la simple acceptation de ces médailles leur conversion et leur salut ! Et cela, quelquefois même lorsque de pieuses mains les leur avaient glissées à leur insu.
Combien de fois encore le port de ces médailles, comme celui des scapulaires, a-t-il préservé et sauvé des plus grands dangers et de la mort ! Et nos derniers désastres n’en ont-ils pas multiplié les exemples ?
Mais, après les médailles de la sainte Vierge, ce sont celles de saint Joseph, le tout-puissant auprès de Jésus, que nous devons préférer à toutes les autres. Portons donc toujours les nôtres avec respect, et ayons-en aussi sur nous pour pouvoir les distribuer à l‘occasion. Quelques bonnes paroles, quelques traits de la protection de saint Joseph, venant accompagner la distribution de ces médailles, doubleront leur puissance et ouvriront le cœur de ceux à qui nous parlerons.
C’est ainsi que nous nous assurerons pour nous et pour les autres la protection plus particulière du bon Père.
Prière des Fidèles pour les Prêtres
Grand saint Joseph, dont le cœur fut consumé d’amour pour Jésus et pour sa gloire, quelle tendre affection ne devez-vous pas ressentir pour ceux que ce divin Sauveur a honorés de son sacerdoce et revêtus de sa puissance et de son autorité, en les chargeant de continuer ici-bas sa céleste mission, de prêcher sa doctrine, d‘enseigner sa loi sainte, et de répandre partout ses grâces et ses bienfaits ! Mais ils ont, de plus, comme vous, le droit de commander à Jésus, et chaque jour Jésus leur obéit, en descendant à leur voix sur l’autel. Comme vous, ils ont l’honneur de le toucher de leurs mains, de le porter dans leurs bras, de manger et vivre avec lui, de se dévouer et travailler pour lui, de souffrir pour le défendre et conserver sa vie dans les âmes. Comme vous, enfin, ils ont le soin de garder, de protéger, de consoler Marie dans la personne des mères, des vierges chrétiennes, et de ceux qui, dans la vie religieuse, ont choisi le Seigneur pour leur unique partage.
Nous vous en conjurons donc. prenez-les tous, Souverain Pontife, Evêques et Prêtres, sous l’égide de votre puissante protection. Soutenez-les au milieu des dangers, des périls, des attaques de leurs nombreux ennemis, comme dans les travaux, les obstacles, les fatigues de leur pénible ministère. Demandez pour eux une vie sainte, toujours conforme à la sublimité de leur caractère, la dignité de leurs fonctions, la grandeur de leurs obligations et de leurs devoirs. Obtenez-leur l’humilité de saint Jean-Baptiste, la foi de saint Pierre, le zèle de saint Paul, la piété de saint Jean, la douceur de saint François de Sales, la charité de saint Vincent de Paul, et l’esprit de recueillement et d’oraison que vous avez si bien pratiqué vous-même, afin qu’après avoir été, sur la terre, de fidèles dispensateurs des mystères de votre Fils adoptif, ils reçoivent dans le ciel la récompense promise aux bons prêtres, et que nous espérons bien que vous nous ferez obtenir à tous. Ainsi soit-il.
Extrait du « Mois de Saint Joseph ou Vie de Saint Joseph d’après Anne-Catherine Emmerich » par C.F. Fouet. Saint Dizier, Paris, 1872
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Le Mois de Saint Joseph
Le Mois de Saint Joseph
Avec la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich
Seizième jour
Circoncision
Pendant le Sabbat, plusieurs personnes vinrent à la grotte de la Crèche, et le soir, après la clôture, les Esséniennes et la servante de Marie apprêtèrent un repas dans une cabane de feuillage, à l’entrée de la grotte. Joseph l'avait dressée avec l’aide des bergers. Il avait aussi vidé la chambre située dans l’entrée de la grotte, y avait étendu des couvertures par terre, et avait tout arrangé comme pour une fête, autant que le comportait sa pauvreté. Il avait ainsi disposé les choses-avant l’ouverture du Sabbat ; car le lendemain était le huitième j0ur depuis la naissance du Christ, lequel devait être circoncis ce jour-là, conformément au précepte divin.
Joseph était allé vers le soir à Bethléem, et il en avait ramené trois prêtres, un homme âgé et une femme qui paraissait une sorte de garde ou d‘assistante, employée ordinairement dans cette cérémonie. Elle apportait un siège dent on se servait en pareille circonstance, et une pierre plate, fort épaisse et de forme octogone, qui renfermait les objets nécessaires. Tout cela fut placé sur des nattes, à l’endroit où la cérémonie devait se faire, c‘est-a-dire à l’entrée de la grotte, entre le réduit de saint Joseph et le foyer. Le siège était un coffre avec des espèces de tiroirs, qui mis à la suite les uns des autres, formaient comme un lit de repos avec un appui d’un côté : on y était plutôt étendu qu'assis. La pierre octogone avait plus de deux pieds de diamètre ; au milieu était une cavité également octogone, recouverte d’une plaque de métal, et qui renfermait, dans des compartiments séparés, trois boites et un couteau de pierre. Cette pierre fut placée a côté du siège, sur un petit escabeau à trois pieds, qui jusqu’alors était toujours reste sous une couverture à la place où le Sauveur était né.
Quand on eut fait ces arrangements, les prêtres saluèrent la sainte Vierge et l’Enfant ; ils s’entretinrent amicalement avec Marie, et ils prirent dans leurs bras 1’Enfant, dont la vue les toucha. Le repas se fit ensuite dans la cabane de feuillage, et une quantité de pauvres gens, qui avaient suivi les prêtres, comme il arrivait toujours dans de semblables occasions, entourèrent la table, et, pendant le repas, reçurent des présents de saint Joseph et des prêtres, en sorte que tout fut bientôt distribué. Cependant le soleil s’était couché, et, en s‘abaissant à l'horizon, il avait laissé pénétrer ses rayons jusque dans la grotte par la porte ouverte.
Pendant la nuit, des lampes furent allumées dans la grotte, et l’on y pria beaucoup et chanta longtemps. La circoncision eut lieu au lever du jour. La Sainte Vierge était attristée et inquiète. Elle avait apprêté elle-même les linges destinés à recevoir le sang et à bander la plaie ; elle les tenait devant elle dans un pli de son manteau. La pierre octogone fut recouverte par les prêtres d'un drap rouge et d‘un autre drap blanc par-dessus, avec différentes prières et cérémonies ; puis l’un des prêtres s’appuya plutôt qu’il ne s’assit sur le siège, et la Sainte Vierge, qui se tenait voilée au fond de la grotte, avec l’Enfant sur les bras, le donna à la servante avec les linges destinés au pansement. Saint Joseph le reçut des mains de la servante, et le donna à la garde qui était venue avec les prêtres. Celle-ci plaça l’Enfant recouvert d’un voile sur la couverture de la pierre octogone.
On fit encore des prières ; puis cette femme ôta à l’Enfant ses langes et le remit sur les genoux du prêtre qui était assis. Saint Joseph se pencha par-dessus les épaules du prêtre et tint l’Enfant par le haut du corps. Deux prêtres s’agenouillèrent à droite et à gauche, tenant chacun un de ses petits pieds : celui qui devait accomplir la cérémonie s’agenouilla devant lui. On découvrit la pierre octogone et on enleva la plaque de métal pour avoir sous la main les trois boîtes où il y avait des eaux vulnéraires et de l’onguent. Le manche et la lame du couteau étaient de pierre. Le manche, brun et poli, avait une rainure où l’on faisait rentrer la lame ; celle-ci, qui était de couleur jaunâtre, ne paraissait pas très affilée. L’incision se fît avec la pointe recourbée du couteau. Le prêtre fit aussi usage de l’ongle tranchant de son doigt, exprime le sang de la blessure, et y mit du vulnéraire et d’autres ingrédients de même nature qu’il prit dans les, boites. La garde prit alors l’Enfant, et, après avoir bandé la plaie, lui remit ses langes. Cette fois, on emmaillota aussi ses bras qui étaient libres auparavant, et en roula autour de sa tête le voile dont on l’avait couvert. Il fut placé de nouveau sur la pierre octogone, et en fit encore des prières.
L’Ange avait dit à Joseph que l’Enfant devait s’appeler Jésus ; mais le prêtre n’agréa pas d’abord ce nom, et se mit en prière pour consulter le Seigneur. Un Ange alors lui apparut et lui montra le nom de Jésus sur un écriteau, pareil à celui qui surmonta la croix sur le Calvaire. Puis, tout ému, il écrivit ce nom sur un parchemin, comme en cédant a une impulsion d’en-haut. L’Enfant Jésus pleure beaucoup après la cérémonie de la circoncision. Saint Joseph le reprit et le mit dans les bras de la Sainte Vierge, qui était restée au fond de la grotte avec deux femmes. Elle le prit en pleurant, se retira dans le coin où était;la crèche, s’assit, couverte de son voile, et apaise l’Enfant en lui donnant le sein. Saint Joseph lui remit aussi des linges teints de sang. On pria de nouveau et l’on chanta des cantiques. La lampe brûlait encore, quoiqu’il fît alors tout à fait jour. Bientôt la sainte Vierge revint avec l’Enfant et le posa de nouveau sur la pierre octogone. Les prêtres lui croisèrent alors les mains au-dessus de la tête de l’Enfant, et lui dirent qu’elle pouvait l’emporter.
Avant de retourner à Bethléem, les prêtres mangèrent quelque chose avec saint Joseph et deux bergers qui, pendant la cérémonie, étaient restés à l’entrée de la grotte, dans la cabane de feuillage. Il a été constaté que tous ceux qui avaient assisté à la sainte cérémonie étaient des gens de bien, et que les prêtres, plus tard, embrassèrent la doctrine du Sauveur. Toute la matinée, on fit encore des distributions aux pauvres qui venaient à la porte. Pendant la cérémonie, l’âne était resté attaché à l’écart.
Ce même jour encore, beaucoup de mendiants fort sales, portant des paquets et venant de la vallée des Bergers, passèrent devant la grotte de la Crèche. Ils semblaient aller à Jérusalem pour une fête. Ils demandèrent l’aumône très insolemment et proférèrent des malédictions et des injures près de la crèche, parce qu'ils ne trouvaient pas que Joseph leur eût donné assez.
La nuit suivante, l’Enfant fut souvent privé de sommeil par la douleur qu’il ressentait : il pleurait beaucoup. Marie et Joseph le prirent tour a tour sur leurs bras et le promenèrent autour de la grotte, en essayant de le calmer.
Le lendemain soir, Elisabeth arriva de Jutta a la grotte de la Crèche, montée sur un âne que conduisait un vieux domestique. Joseph la reçut très amicalement ; Marie et elle s’embrassèrent avec des sentiments de joie indicible. Elle pressa l’Enfant Jésus sur son cœur en versant des larmes. On lui prépara une couche près de la place où Jésus était né. Devant cette place il y avait un tréteau élevé, comme une espèce de tréteau de scieur, sur lequel était un petit coffre où l’on mettait souvent l’Enfant Jésus. Ce devait être une chose habituelle p0ur les enfants, car, déjà chez Sainte Anne, Marie, dans sa première enfance, avait reposé sur un tréteau semblable.
Mais, une fois arrivée, Elisabeth et Marie, assises à côté l’une de l'autre, ne se lassaient pas de s’entretenir affectueusement. La sainte Vierge raconta a sa cousine tout ce qui lui était arrivé jusqu’alors ; et quand elle parla de ce qu’elle avait souffert en cherchant un logement à Bethléem, Elisabeth pleura amèrement. Elle lui raconte, aussi beaucoup de choses touchant la naissance de Jésus. Elle dit qu’au moment de l’Annonciation elle avait été ravie en esprit pendant dix minutes et qu’elle avait eu le sentiment que son coeur devenait double et qu’un bien inexprimable entrait en elle et la remplissait tout entière. Au moment de la Nativité, elle avait eu aussi un ravissement avec le sentiment que les Anges la portaient en l’air agenouillée, et il lui semblait que son coeur était divisé en deux et qu’une moitié se séparait de l’autre. Elle avait perdu dix minutes l’usage de ses sens ; puis ressentant un vide intérieur et un désir immense d’un bien infini qu’elle avait eu jusque là au dedans d’elle et qui n’y était plus, elle avait vu devant elle une éclatante lumière dans laquelle son Enfant avait semblé croître sous ses yeux. Elle l’avait alors vu remuer et entendu pleurer ; puis revenant à elle, l’avais pris sous sa couverture et pressé contre son sein. Car au commencement il lui avait semblé qu’elle rêvait, et elle n’avait pas osé prendre l’Enfant au sein de la lumière où il était plongé. Elle dit aussi qu’elle n’avait pas eu la conscience du moment ou l’Enfant s’était séparé d’elle. Élisabeth lui dit : « Vous avez eu dans votre enfantement des grâces que n’ont pas les autres femmes ; celui de Jean a aussi été plein de douceur, mais les choses se sont passées bien autrement ».
Bien des personnes sont venues visiter la Sainte Vierge et l’Enfant. L’on vit aussi passer plusieurs fois de ces mendiants insolents qui se retiraient l’outrage à la bouche. Saint Joseph ne leur a plus rien donné.
Un autre jour, Marie se cacha encore avec l’Enfant Jésus et Elisabeth dans la grotte latérale, voisine de la grotte de la Crèche. Elles y restèrent toute la nuit. Marie s’y décida, parce que des gens de distinction de Bethléem venaient en foule à la crèche par curiosité. Elle ne voulut pas se montrer à eux.
Enfin la sainte Vierge, avec l’Enfant Jésus, sortit de la grotte de la Crèche et alla dans une autre grotte placée à droite. L’entrée en était très étroite ; quatorze marches en pente conduisaient d’abord dans un petit caveau, puis dans une chambre souterraine plus spacieuse que la grotte de la Crèche. Joseph la sépara en deux au moyen d’une couverture suspendue en l’air. La partie voisine de l’entrée était semi-circulaire ; l’autre partie était carrée. La lumière ne venait pas par en haut, mais par des ouvertures latérales qui traversaient une grande épaisseur de rocher. Les jours précédents, un homme âgé avait enlevé de cette grotte des fagots, des bottes de paille et des paquets de roseaux, comme ceux dont Joseph se servait pour faire du feu. Ce fut un berger qui leur rendit ce service. Cette grotte était plus claire et plus spacieuse que celle de la Crèche. L’âne n’y était pas. L’Enfant-Jésus y fut couché dans une auge creusée dans le roc. Pendent les jours précédents, Marie avait souvent montré aux visiteurs son cher Enfant enveloppé d'un voile et n’ayant sous ce voile d’autre vêtement qu'un linge qui lui entourait les reins. D’autres fois, il était entièrement emmailloté.
De son côté, la garde qui avait assisté à la circoncision est souvent venue visiter l’Enfant. Marie lui donnait presque tout ce qu’apportaient les visiteurs, afin qu’elle le distribuât aux pauvres de Bethléem.
Considération
Saint Joseph d’après Bossuet
Après et entre les saints et les maîtres de la vie spirituelle, les maîtres de la science et de la parole ont célébré également les louanges de saint Joseph. Le premier qui surgit à l’horizon, c’est leur prince à tous, Bossuet, que l’on a appelé le dernier Père de l’Eglise. C’est à ce titre sans doute que, dans ses Elévations sur les mystères, il a parlé de saint Joseph à la manière des anciens Pères, en exposant le texte sacré. Mais voilà qu’oracle des temps nouveaux, dans un siècle où l‘on ne parlait encore que bien timidement de l’excellence de saint Joseph, il lui consacre deux magnifiques Panégyriques, qui sont en même temps deux de ses plus admirables chefs d'œuvre. Il nous montre, dans le premier, comment saint Joseph a été le juste par excellence, ayant pratiqué à la perfection les trois vertus essentielles de l’homme juste: la simplicité, le détachement, l’amour de la vie cachée. Il aborde, dans le second, avec son coup d’œil d’aigle et sans sourciller, toutes les profondeurs de la théologie relatives au saint Patriarche, sans que son expression fasse jamais défaut à la sublimité de sa pensée.
Il commence cet incomparable panégyrique par établir que trois dépôts furent confiés au juste Joseph par la divine Providence : la sainte virginité de Marie, la personne de Jésus-Christ, et le secret du Père éternel dans l’Incarnation de son Fils. Il montre ensuite comment saint Joseph a gardé ces trois dépôts : le premier, par sa pureté angélique, répondant en quelque sorte à celle de Marie ; le second, par la continuation persévérante de ses soins à Jésus au milieu des persécutions qui l’attaquèrent dès son enfance ; le troisième, par son humilité et son amour de la vie cachée, qui lui firent conserver intact le secret du mystère de l’Incarnation.
Mais il faut l’entendre exposer ce qui regarde le céleste mariage de Marie et de Joseph, dans lequel il trouve, avec saint Augustin, le sacré contrat, l’amour conjugal, et, comme fruit de cette union, le Sauveur Jésus.
Le sacré contrat ! « Car Marie, dit-il, appartient à Joseph, et Joseph à la divine Marie ; si bien que leur mariage est très véritable, parce qu’ils se sont donnés l’un à l’autre. Mais de quelle sorte se sont-ils donnés ? Pureté, voici ton triomphe. Ils se donnent réciproquement leur virginité ; et sur cette virginité, ils se cèdent un droit mutuel. Quel droit ? Celui de se la garder l'un à l’autre. Oui, Marie a droit de garder la virginité de Joseph, et Joseph a droit de garder la virginité de Marie ; ni l’un ni l’autre n’en peut disposer, et toute la fidélité de ce mariage consiste à garder la virginité. Voilà les promesses qui les assemblent, voilà le contrat qui les lie. Ce sont deux virginités qui s’unissent pour se conserver éternellement l'une l’autre, par une chaste correspondance de désirs pudiques.
Qui pourrait, maintenant, nous dire quel devait être l’amour conjugal de ces bienheureux mariés ? Car, ô sainte virginité ! Vos flammes sont d’autant plus fortes, qu’elles sont plus pures et plus dégagées, et le feu de la convoitise qui est allumé dans nos corps ne peut jamais égaler les chastes embrasements des esprits que l’amour de la pureté lie ensemble. Mais où est-ce que cet amour si spirituel s‘est jamais trouvé si parfait que dans le mariage de saint Joseph ? Car dites-nous, ô divin Joseph ! qu’est-ce que vous aimez en Marie ? Ah ! Sans doute, ce n’était pas la beauté mortelle, mais cette beauté cachée et intérieure dont la sainte virginité faisait le principal ornement. C‘était donc la pureté de Marie qui faisait le chaste objet de ses feux ; et plus il aimait cette pureté, plus il la voulait conserver, premièrement en sa sainte épouse, et secondement en lui-même, par une entière unité de cœur ; si bien que son amour conjugal, se détournant du cours ordinaire, se donnait et s’appliquait tout entier a garder la virginité de Marie...
Mais comment le Sauveur Jésus fut-il le fruit sacré de ce saint mariage ? « C’est à cause de sa pureté, dit-il, que Marie a plu au Père éternel ; c’est à cause de sa pureté que le Saint Esprit se répand en elle, et recherche ses embrassements pour la remplir d’un germe céleste. Et, par conséquent, ne peut-on pas dire que c’est sa pureté qui la rend féconde ? Que si c’est sa pureté qui la rend féconde, je ne craindrai plus d‘assurer que Joseph a participé à ce grand miracle ; car si cette pureté angélique est le bien de Marie, elle est le dépôt, et non-seulement le dépôt, mais encore le bien de son chaste époux. Elle est a lui par son mariage, elle est à lui par les chastes soins par lesquels il l’a conservée. Ô féconde virginité ! Si vous êtes le bien de Marie, vous êtes aussi le bien de Joseph. Marie l’a vouée, Joseph la conserve, et tous deux la présentent au Père éternel comme un bien gardé par leurs soins communs. Comme donc il a tant de part a la sainte virginité de Marie, il en prend aussi au fruit qu’elle porte. C'est pourquoi Jésus est son Fils, non pas à la vérité par la chair, mais par l‘esprit, à cause de l’alliance virginale qui le joint avec sa mère ».
Et le reste, que nous n’entreprendrons pas même d’analyser ici.
Pratique
Anneau de saint Joseph
La précieuse relique de l’anneau nuptial que saint Joseph donna à la sainte Vierge, lors de leur angélique mariage, se conserve à Pérouse, où il est l’objet de la pieuse vénération des fidèles, et surtout des époux chrétiens, qui sont trop heureux de pouvoir faire toucher leurs anneaux de mariage a celui de Marie et de Joseph, comme pour attirer sur leur mariage leur protection plus particulière. De là, pour les époux chrétiens de tous les pays, le pieux usage de porter aux doigts des anneaux bénits sous l'invocation du glorieux Patriarche.
Pour les personnes non engagées dans le mariage, elles peuvent aussi porter de ces anneaux, soit en vue de mériter davantage la protection de saint Joseph, soit comme témoignage de leur fidélité à son service, soit comme gage perpétuel de leur saint esclavage.
Tout prêtre peut bénir ces anneaux sans une autorisation spéciale. Voici une formule de bénédiction qui se trouve dans les Bréviaires de l’Ordre du Carmel, et qui est usitée dans les couvents de l’Association des Enfants de saint Joseph :
Bénédiction de l’anneau de Saint Joseph
V. Adjutorium nostrum, etc. R. Qui fecit, etc.
Oremus. Deus, cujus verbe sanctificantur omnia quæ percipimus, effunde, quæsumus, benedictionem tuam super nos et super hunc annulum, ut per intercessionem beatæ Mariæ semper Virginis, ac ejus sponsi Joseph, quæeumque præsentis vitae necessitas postulat, misericorditer cum gratiarum actione assequamùr. Per Christum Dominum nostrum. Amen.
Prière
Récitée dans l’Institut de Saint Jean-Baptiste de la salle
« Glorieux saint Joseph, qui avez été choisi de Dieu pour être le Père nourricier du Verbe fait chair, le fidèle Epoux et le gardien de la pureté de la très-sainte Vierge, obtenez-nous du Père une parfaite soumission à sa sainte volonté ; du Fils, une application intérieure à ses divins mystères ; et du Saint-Esprit, la pureté du cœur et du corps, ainsi qu’une entière fidélité à ses grâces ».
Telle est la prière, ô bon saint Joseph, que vous adressent tous les jours les pieux Enfants de Saint Jean-Baptiste de la Salle, nos admirables Frères des Écoles chrétiennes, qui savent si bien vous imiter et marcher dans cette voie de la simplicité et de l’humilité que vous avez tracée à la suite de Jésus et de Marie. Mais comme nous avons bien plus besoin qu’eux de ces vertus, qui vous sont chères, et dans le désir de les obtenir plus efficacement, nous nous unissons à eux pour vous les demander également pour nous, afin que, n0us aussi, nous parvenions à vivre, comme eux et comme vous, dans une parfaite soumission ai la sainte volonté de Dieu le Père, dans la vraie application intérieure aux divins mystères du Fils, et dans cette pureté de cœur et de corps que le Saint Esprit seul peut mettre en nous, en nous donnant l’entière fidélité à ses grâces. Obtenez-nous ces vertus, tout-puissant saint Joseph, de Celui qui, vous ayant adopté pour son Père, fait encore dans le ciel toutes vos volontés, comme il les faisait autrefois sur la terre.
Extrait du « Mois de Saint Joseph ou Vie de Saint Joseph d’après Anne-Catherine Emmerich » par C.F. Fouet. Saint Dizier, Paris, 1872
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Le Mois de Saint Joseph
Le Mois de Saint Joseph
Avec la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich
Quinzième jour
Autres adorateurs
Les pieux bergers, qui, avertis par l’Ange, étaient venus adorer l’Enfant Dieu, rapportèrent à leurs amis et connaissances ce qu’ils avaient vu et entendu. « Et tous furent dans l’admiration de ce qu’ils apprirent de la bouche des bergers, dit Saint Luc ; et plusieurs de ces derniers vinrent à leur tour adorer le Divin Enfant ».
Pour les trois bergers-chefs, ils étaient restés auprès de Joseph, et l’aidèrent tour à tour à tout disposer plus commodément dans la grotte de la Crèche et dans les grottes latérales. Il y avait aussi, près de la Sainte Vierge, plusieurs femmes pieuses qui lui rendaient divers services. C’étaient des Esséniennes qui demeuraient à peu de distance de la grotte de la Crèche, dans une gorge située au levant de la colline.
Elles habitaient, les unes près des autres, des espèces. de chambres creusées dans le roc à une assez grande hauteur. Elles avaient de petits jardins près de leurs demeures, et instruisaient des enfants de leur secte. C’était saint Joseph qui les avait fait venir. Il connaissait cette association depuis sa jeunesse ; car, lorsque, fuyant ses frères, il se réfugiait dans la grotte de la Crèche, il avait plus d’une fois visité ces pieuses femmes. Elles venaient tour à tour près de la sainte Vierge, apportaient de petites provisions et s’occupaient des soins du ménage de la sainte famille.
Mais le surlendemain de la naissance de l'Enfant, il se passa une scène très touchante dans la grotte de la Crèche : Joseph et Marie se tenaient près de la crèche et regardaient l’enfant Jésus avec un profond attendrissement. Tout à coup l’âne se jeta sur ses genoux et courbe sa tête jusqu’à terre. Marie et Joseph ne purent. retenir leurs larmes.
Le soir, on reçut des nouvelles de sainte Anne. Un homme âgé et la servante de sainte Anne, sa parente éloignée, arrivèrent de Bethléem, apportant à la sainte Vierge différents objets, soit nécessaires, soit utiles. Ils furent extraordinairement touchés à la vue de l’Enfant. Le vieux serviteur versa des larmes de joie. Il se remit bientôt en route pour porter des nouvelles à sainte Anne. La servante resta près de la Sainte Vierge.
Le jour suivant, la sainte Vierge, avec l’Enfant-Jésus et la servante, quitta la grotte de la Crèche, et pendant quelques heures, alla se cacher dans la grotte latérale où avait jailli une source après la naissance de Jésus-Christ. Elle resta environ quatre heures dans cette grotte, où plus tard elle devait passer deux jours. Le matin, de bonne heure, saint Joseph l’avait disposée pour que la sainte Vierge pût s’y tenir sans trop d’incommodité. Elle s’y retira pour obéir hutte inspiration divine, car quelques personnes vinrent aujourd’hui de Bethléem à la grotte de la Crèche. Ce devait-être des émissaires d’Hérode. Par suite des propos des bergers, le bruit s’était répandu que quelque chose de miraculeux avait eu lieu en cet endroit, lors de la naissance d’un enfant. Ces hommes échangèrent quelques paroles avec saint Joseph, qu’ils trouvèrent devant la grotte avec les bergers, et le quittèrent en ricanant, lorsqu’ils eurent vu sa pauvreté et sa simplicité. La Sainte Vierge, après être restée environ quatre heures dans la grotte latérale, revint à la crèche avec le divin Enfant.
Après cela, la grotte de la Crèche jouit d’une déli-cieuse tranquillité. Il n'y vient personne de Bethléem : les bergers seuls sont en rapport avec elle. Du reste, on ne s‘inquiète guère à Bethléem de ce qui s’y passe, car il y a beaucoup de mouvement et d’agitation dans la ville à :cause du grand nombre d'étrangers qui s’y trouvent. On vend et on tue beaucoup d‘animaux, parce que plusieurs étrangers paient leur impôt en bétail. Il y a aussi beaucoup de païens qui sont employés comme domestiques.
Cependant les adorateurs arrivent à la crèche. C’est d’abord l’excellent maître de la dernière hôtellerie où Marie et Joseph ont passé la nuit qui envoie a la grotte un serviteur avec des présents. Lui-même est venu dans la journée pour rendre ses hommages à l‘Enfant. L’apparition de l’Ange aux bergers a l’heure de la naissance de Jésus est cause que tous les braves gens des vallées ont entendu parler du merveilleux Enfant de la promesse ; ils viennent maintenant pour honorer l'Enfant.
Ils se succèdent donc les uns aux autres, et la veille du sabbat, entre autres jours, plusieurs bergers et d’autres braves gens vinrent à la grotte de la Crèche et honorèrent l’Enfant Jésus avec beaucoup d’émotion. Ils étaient en habits de fête et allaient à Bethléem pour le sabbat. Parmi ces gens, était la femme qui, le septième jour du voyage de Nazareth a Bethléem, avait réparé la grossièreté de son mari envers les saints voyageurs en leur offrant l’hospitalité. Elle aurait pu aller pour le sabbat à Jérusalem qui était près de chez elle ; mais elle fit un détour jusqu’à Bethléem, afin de pouvoir honorer l’Enfant et ses bons parents. Elle se sentit toute heureuse de leur avoir donné cette marque d'affection.
L’on vit aussi dans l’après-midi un parent de Saint Joseph près de la demeure duquel la Sainte Famille avait passé lé nuit du neuvième jour, venir à la Crèche et vénérer l’Enfant. C’était le père de Jonadab, qui, lors du crucifiement, porta à Jésus un drap pour se couvrir. Il avait su que Joseph avait passé près de chez lui et avait entendu parler des miracles qui avaient signalé la naissance de l’Enfant, et, comme il allait à Bethléem pour le Sabbat, il était venu à la Crèche apporter des présents. Il salua Marie et rendit hommage à l’Enfant. Joseph le reçut très amicalement, mais il ne voulut rien recevoir de lui ; seulement il lui emprunta de l’argent et lui remit en gage la jeune ânesse, à condition de pouvoir la reprendre quand il le rembourserait. Joseph avait besoin de cet argent pour les présents à faire et les repas à donner lors de la cérémonie de la circoncision de l’Enfant.
Quand tout ce monde fut parti pour la synagogue de Bethléem, Saint Joseph prépara dans la grotte la lampe du Sabbat, qui avait sept mèches, l’alluma, et plaça au-dessous une petite table sur laquelle étaient les rouleaux qui contenaient les prières. Ce fut sous cette lampe qu’il célébra le Sabbat avec la Sainte Vierge et la servante de Sainte Anne. Deux bergers se tenaient un peu en arrière de la grotte. Les Esseniènnes étaient aussi là.
Ce même jour encore, avant le Sabbat, les Esseniènnes et la servante préparèrent des aliments. Elles firent rôtir des oiseaux à une branche placée au-dessus du feu. Elles les roulèrent aussi dans une espèce de farine faite avec des grains qui viennent des épis sur une plante semblable au roseau : on la trouve à l’état sauvage dans les endroits humides et marécageux du pays ; on la cultive dans plusieurs lieux ; elle vient souvent sans culture près de Bethléem et d’Hébron. Les pâtres de la tour des bergers en avaient amené à Joseph. Ces femmes firent aussi avec ces grains une espèce de crème blanche assez épaisse et pétrirent des gâteaux avec de la farine. La Sainte Famille ne garda pour son usage qu’une très petite quantité des nombreuses provisions que les bergers avaient apportés. Le reste fut donné en présents et surtout distribué aux pauvres. Le lendemain surtout l’on doit faire d’abondantes distributions à l’occasion du repas de la Circoncision.
Considération
Saint Joseph d’après Monsieur Boudon
Le vénérable Monsieur Boudon, gloire de l’Église d’Evreux, voilà encore un grand amant de Saint Joseph, d’autant plus sincère qu’il fut l’un des plus fidèles imitateurs du Saint Patriarche dans sa vie cachée. C’est pour cela qu’il en parle si éloquemment. Malheureusement, nous sommes obligés de beaucoup omettre.
« Tout ce qu’il y a de plus saint dans le ciel, dit-il tout ce qu'il y a de plus grand dans l’Empyrée, tout ce qu’il y a de plus beau dans le Paradis, tout ce qu’il y a de plus éminent dans la gloire, tout ce qu’il y a de plus relevé, de plus glorieux, de plus charmant, de plus éclatant, de plus aimable et de plus admirable dans la belle éternité, est tout ce qu’il y a de plus caché avec Jésus-Christ en Dieu, en telle sorte que c’est une vérité indubitable que ceux-là sont les plus grands en l’autre vie, qui ont été les plus cachés en Dieu avec Jésus, pendant qu'ils vivaient ici-bas sur la terre.... Aussi que l’on dise de saint Joseph qu‘il est le Père putatif de l’adorable Jésus, c’est vrai ; que l’on soutienne qu’il est le chaste Epoux de la très Sainte Mère de Dieu, je l’avoue ; mais si saint Augustin a si bien dit que la glorieuse Vierge a été plus heureuse d‘avoir coupa Jésus dans son cœur que de l’avoir porté dans ses chastes entrailles, je puis avancer avec raison que cette qualité de Père putatif de Jésus aurait servi de peu au glorieux saint Joseph, si sa vie n’avait été cachée encelle de Jésus son Dieu... Sa vie a été cachée avec Jésus en Dieu. Voilà toute la vie de Saint Joseph, voilà toutes ses grandeurs, tous ses mérites. C’est là sa vie véritable... Vie, non de paroles, mais d’oraison et d‘admiration, d‘admiration et d'adoration.
Ô quels profonds secrets et quelles merveilles les esprits de Marie et de Joseph n’ont-ils pas pénétrés et sondés dans les abîmes de cette vie ! Quelles lumières n’ont-ils pas reçues de leur soleil qui leur était toujours présent ! Les âmes allaient en enfer, Jésus était venu pour y remédier, il quittait tout pour se tenir caché avec Marie et avec Joseph. Ce que Jésus pouvait faire en ce temps-là et qu’il n’a pas fait, tous les effets qu’il pouvait opérer et qu’il a suspendus, il les a tous produits ; avec une singulière éminence, en Marie et Joseph et il a amplement compensé en eux toutes les privations et suspensions de ses grandes et saintes opérations ; car il était occupé en eux, les sanctifiant et les élevant, de moment en moment, par de nouveau accroissements de grâce et de sainteté.
Et d’ailleurs, quelles communications mutuelles, quelle rencontre de ces lumières du paradis en se regardant de leur cœur, en s’entretenant de leurs volontés et affections Si la communication d‘’n saint avec Dieu,ou sa très Sainte Mère, nous étonne et nous produit véritablement des effets prodigieux de grâce dans l’âme, que devons-nous penser de celle qu’a eue Saint Joseph avec Jésus continuellement pendant environ trente ans ? Que ne peut point faire un regard de Dieu, une parole ? Par une seule parole de Dieu, tout le monde a été fait. Je vous prie, que n’a point opéré l'entretien de Jésus avec Joseph pendant un si long temps ? Qui pourrait expliquer les chastes embrasements, les saints baisers de saint Joseph avec Jésus, avec un Dieu? Y a-t-il un Séraphin qui puisse nous déclarer la grandeur de saint Joseph qui commande à un Dieu ? Et erat subditus illis. Tout ce que le Saint Esprit déclare de la vie cachée de Jésus est qu‘il était sujet à Marie et à Joseph. Voilà ses merveilles, voilà ses grandeurs, voilà ses miracles, voilà ses opérations, voilà la meilleure partie de la vie d’un Dieu. Joseph appelait Dieu, Jésus répondait ; Joseph commandait, Jésus obéissait ; Jésus était envoyé, et Jésus allait, un Dieu aidant au saint à exercer le métier de charpentier. Il balayait et nettoyait la maison, et faisait quantité d’autres choses domestiques, et tout cela pour moi, pour nous : et un Dieu ? Vous pouvez voir de là la facilité que Saint Joseph avait pour l’oraison et sa grande solitude intérieure au milieu de toutes les choses créées ; car quand il aidait Jésus, qu’il lui apportait quelque morceau de bois, il ne cessait de prier Dieu ; quand il mangeait, quand il se reposait, toujours avec Jésus, Dieu incarné, et avec la Reine de tous les Saints du Paradis. Il recevait par la continuelle présence de Jésus et de Marie, tant de rayons d’éclats de lumière du Saint Esprit et de si grands embrasements d’amour en son âme, qu’il ne pouvait plus vivre ni converser avec les hommes sur la terre, qu’il ne pouvait plus rien voir et aimer de toutes les choses créées. Il était toujours en la présence de Dieu, et c’est ce qui le séparait des créatures… et le mettait dans une telle solitude intérieure, qu’il vivait séparé de tout le reste de ces créatures, qu’aucune n’y pouvait avoir de part. Car, comme en la solitude de Jésus personne n’y entre, à cause des charmes ineffables qui résultent de l’union personnelle : non plus dans celle de la Sainte Vierge, à cause de sa maternité divine ; de même Saint Joseph est incommunicable, à cause des qualités de Père de Jésus et d’époux de la très pure Marie.
Ô vie ineffable et cachée en Jésus ! Joseph possédait Jésus et était possédé de Jésus. »
Pratique
Œuvres de piété et de miséricorde
Notre Seigneur nous a promis de ne point laisser sans récompense le verre d’eau froide donné en son Nom et pour son amour. Ainsi en est-il de la très Sainte Vierge, avec laquelle ses fidèles serviteurs ne sont jamais sans retour. Ainsi en est-il avec Saint Joseph, qui a souvent récompensé des plus insignes faveurs les moindres œuvres que l’on avait faites pour lui. Si donc nous voulons nous le rendre de plus en plus favorable, ne nous contentons pas de le glorifier et de l’invoquer, mais faisons quelques bonnes œuvres en son honneur, et surtout de ces œuvres, soit de piété, soit de charité, soit de miséricorde, dans lesquelles nous rencontrerons des sacrifices à imposer à notre amour-propre, à notre vanité, à notre paresse, à notre amour de nos aises, à nos satisfactions, des œuvres enfin qui nous coûterons à un point e vie ou à un autre.
C’est sans doute pour encourager cette pratique que Pie VII, par un rescrit du 13 juin 1813, a accordé à celui qui donne à manger à trois pauvres en souvenir de Jésus, Marie et Joseph, une Indulgence de sept ans et sept quarantaines chaque fois, et même une Indulgence plénière, si ce même jour il se confesse et communie.
Ceux de la famille qui contribuent à cette œuvre de miséricorde par leurs service, ou même par leur seule présence, gagnent également cent jours d’Indulgence.
Prière
Tirée de Monsieur Boudon
Grand Saint, le miracle et l’étonnement de tous les Saints, dont la grandeur de la grâce s’élève en sa hauteur incomparablement au dessus de tout ce qu’il y a de plus éminent parmi les saints. Homme plus qu’homme, homme plus qu'Ange, le sujet des admirations de ces esprits sublimes, de ces pures intelligences du ciel, aussi bien que des âmes les plus élevées de la terre, car où est l’Ange dont on puisse dire qu’il a eu la Mère d‘un Dieu pour épouse ; qu’il a été le Père putatif d’un Dieu-Homme ; qu’il l’a nourri, élevé, porté entre ses bras et sauvé de la mort ; et enfin qu’un Dieu lui a été sujet ?
Mais comment, incomparable Saint, peut-on penser aux assistances que vous avez rendues a la Reine du ciel et au petit Enfant Jésus, sans vous en remercier, sans en être touché ? Comment peut-on penser et à l'amour que vous avez eu pour Jésus et Marie, et à l’amour que Jésus et Marie ont eu pour vous, sans en être tout d’amour pour vous ? Je vous aime donc, ô le grand Saint de ma dévotion, le grand Saint que je désire de tout mon cœur honorer le reste de mes jours par un culte très particulier, et que je voudrais faire connaître a tout le monde comme le non-pareil dans ses faveurs, l‘incomparable dans son crédit auprès de Dieu, l’admirable dans ses bontés et miséricordes. Je vous conjure, bienheureux Saint, par la part que vous avez eue au mystère de l’Incarnation, de m’obtenir un vrai et fidèle amour pour le tout aimable Jésus, un amour qui me lie à cet adorable Sauveur inséparablement et pour jamais. Et pour cette fin, impétrez-moi de ses grandes miséricordes la grâce finale, le don de la persévérance. Je vous demande cette grâce, ô Jésus, par les services que le glorieux saint Joseph, votre Père putatif, vous a rendus autrefois sur la terre.
Extrait du « Mois de Saint Joseph ou Vie de Saint Joseph d’après Anne-Catherine Emmerich » par C.F. Fouet. Saint Dizier, Paris, 1872
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