Les Sept Paroles de Jésus en Croix
Les Sept Paroles de Jésus en Croix
Un texte de Saint Bonaventure, docteur de l'Eglise
Première Parole
« Mon Père, pardonne-leur, car ils ne savent que ce qu'ils font ! »
Jésus, Hostie, Sacrifice, Bienfait et Grâce de Salut ; Jésus, confiance assurée, refuge inébranlable : pour racheter le genre humain de sa captivité, pour anéantir les crimes dont nous étions coupables, pour nous unir à Dieu et nous combler de ses dons, Vous n'avez point refusé de souffrir les chaînes, les fouets, les meurtrissures. Vous avez accepté la Croix et ses ignominies, ses tourments et ses plaies. Et alors qu'elle vous recevait, alors que vos ennemis frémissaient contre Vous, que le marteau frappait et que les clous déchiraient Votre Chair, que la douleur se faisait sentir plus atroce, que Votre Sang adorable coulait en abondance, que la souffrance Vous oppressait et que Votre angoisse s'aggravait, Vous avez supplié Votre Père de pardonner à Vos ennemis, à ceux qui Vous attachaient ; Vous l'avez conjuré en faveur de leur ignorance, et Vous lui avez dit : « Mon Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu'ils font ».
Prière
O douce patience ! Ô mansuétude ineffable, clémence infinie, bénignité sans limites ! Comme une brebis pleine de douceur, Vous ne laissez échapper aucune plainte ; comme une mère pleine de tendresse, Vous excusez l'injure dont on Vous couvre ; comme l'âme dont la bonté est inépuisable, Vous gardez toute Votre bienveillance ; comme celui dont la Volonté est d'une tendresse sans bornes, Vous ne mettez en avant que la Miséricorde. L'espérance de nos cœurs se tourne vers Vous ; vers Vous montent nos soupirs, vers Vous coulent nos larmes, vers Vous s'élèvent nos désirs, et nous crions avec confiance : « Seigneur, daignez nous pardonner ».
Seconde Parole
« Je vous le promets, vous serez avec moi dans la gloire ! »
Jésus, auteur de tout pardon, consolation de ceux qui pleurent ; Jésus, gloire de notre repentir, espoir des pénitents : alors que, suspendu sur la Croix, Vous étiez associé au supplice de deux scélérats, l'un d'eux s'élevait contre Vous, Vous blasphémait injurieusement, et Vous disait : « Si Tu es le Fils de Dieu, sauve-Toi et sauve-nous en même temps ; exerce à Ton égard la puissance que Tu montras en sauvant les autres ». L'autre le reprenait, lui montrait sa folie, se déclarait coupable et Vous suppliait en disant : « Souvenez-Vous de moi lorsque Vous serez parvenu en votre Royaume, en ce Royaume plein de douceur, lorsque Vous vous montrerez Roi ». Et Vous, Seigneur, qui aimez le repentir et y attirez les cœurs par Votre Grâce, Vous ne vous êtes point contenté de lui promettre un souvenir, mais Vous l'avez assuré de Votre Gloire, et Vous lui avez dit : « Oui, Je vous le promets, vous serez avec moi dans la gloire ».
Prière
O Charité empressée de mon Dieu ! Miséricorde diligente, libéralité sans retard, munificence vraiment prompte, c'est vers Vous que s'élance notre ferveur, vers Vous que se tourne notre pensée, devant Vous que nous confessons nos fautes et que nous ouvrons le fond de nos cœurs. Nous Vous supplions avec confiance, Vous qui, seul, êtes sans péché et pur de tout crime, et nous Vous disons : « Souvenez-Vous de nous, Seigneur, dans Votre patience ».
Troisième Parole
« Femme, voilà votre Fils ! »
« Fils, voilà votre Mère ! »
Jésus, Lumière éclatante, Roi de gloire, Fils de Dieu et Fils de l'homme ; Jésus, Fleur de la pureté virginale, Fils de la Vierge Marie ; cette Vierge Très Sainte, cette Vierge accablée d'amertumes, cette Mère pleine d'Amour et brisée par tant de douleurs, Votre Mère bien-aimée, qui entoura Votre enfance de soins si diligents, se tenait inondée de ses larmes et anéantie par ses sanglots au pied de Votre Croix, Vous y voyait suspendu, contemplait Vos tourments, et, dans l'excès de son affliction, Elle semblait prête à défaillir. Mais Vous, Seigneur, Vous avez abaissé un regard sur cette Mère dans les pleurs, en proie à l'amertume, Votre Mère vénérable, digne de la suprême béatitude ; Vous avez considéré Votre Disciple bien-aimé, ce Disciple si digne de Votre Amour, Jean, le serviteur fidèle de Dieu, l'homme dont la vie est demeurée sans tache, et votre parole s'est adressée, pleine de douceur et avec un accent prophétique, à Marie et à Jean ; Vous avez recommandé tendrement Votre Mère au Disciple, et Vous avez dit : « Femme voilà votre Fils » ; et ensuite au Disciple : « Voilà votre Mère ».
Prière
Oh ! Quel changement ! Quel partage inégal ! Quelle désolation ! Quelle tristesse profonde pour une mère, alors que pour soutien c'est le Disciple qui lui est donné à la place du Maître, alors qu'au lieu de Dieu c'est un homme qui devient son appui ; qu'au lieu du Roi, c'est un simple serviteur qui demeure à Marie ! Et moi aussi, ô Jésus ! Je me recommande humblement à Votre Grâce, et je m'abandonne pour toujours à Votre Providence, afin qu'aidé des prières que la Vierge Vous adressera pour moi avec amour, je puisse être en tout temps à l'abri des orages du péché.
Quatrième Parole
« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi M'avez-Vous abandonné ? »
Jésus, vertu, sagesse du Père incréé ; Jésus, force et soutien de toute créature : par Votre puissance admirable Vous aviez multiplié les pains ; avec une force non moins grande, faible enfant, Vous aviez conduit l'étoile qui guidait les Mages ; vous aviez rappelé les morts à la vie, Vous aviez opéré des merveilles sans nombre, Vous aviez guéri les malades, Vous aviez tiré le monde du néant, Vous aviez chassé les démons par la terreur de Votre Parole, Vous aviez, au Jardin des Oliviers, renversé Vos ennemis par la force de cette même Parole ; et voilà que Vous êtes attaché à la Croix pour obéir à Votre Père ; voilà que Vous êtes, par Sa Volonté, en proie aux angoisses ; voilà que, pour accomplir Ses ordres, Vous êtes enchaîné et Vous souffrez comme un Criminel, et qu'il ne Vous permet point de faire usage de Votre puissance pour Vous soustraire aux tourments. Alors, Vous inclinant sous le poids des douleurs qui Vous oppressent, Vous faites entendre un cri, et Vous dites, en pleurant, d'une voix lamentable : « Eli, Eli, lamina sabachtani », c'est-à-dire : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'avez-vous abandonné ? »
Prière
O cri miraculeux, qui opère le salut du monde ! O Cœur innocent et humble ! Vous pleurez les peines méritées par nos crimes ; la compassion m'entraîne vers Vous ; je sens que vous souffrez pour moi ; je me prosterne devant Vous, je mêle mes pleurs aux Vôtres ; et ces pleurs me sont avantageux : ils me consolent, car ils seront pour moi une source de récompense et de joie éternelle.
Cinquième Parole
« J'ai soif ! »
Jésus, dont le souvenir est si doux et dont l'amour pénètre d'ardeur ; Jésus, ma tendre confiance, Vous qui êtes la nourriture qui réjouit mon âme/ alors qu'étendu sur l'Autel de la Croix, Vous accomplissiez, en Vous immolant, la rédemption des hommes, le monde Vous contemplait nu et dépouillé comme un objet de spectacle ; la terre faisait entendre contre Vous un cri de mort ; vos ennemis Vous lançaient leurs injures ; vos proches Vous fuyaient ; les clous perçaient Vos membres ; vos nerfs se contractaient sous l'excès de la douleur ; Vos Plaies se gonflaient ; Votre Sang coulait à grands flots ; Votre Chair devenait palpitante ; vos forces s'épuisaient. Alors, Seigneur, Vous avez été embrasé d'une soif dévorante, d'une soif qui languissait d'amour, d'une soif désireuse des vertus et avide de notre salut. Vous avez dit avec tendresse : « J'ai soif : Je désire la Foi chez tous les hommes, Je soupire après leur Salut, et Je m'offre encore à de nouveaux tourments, afin de l'obtenir ».
Prière
O soif vraiment salutaire qui ne demandez que notre amour ! Ô soif intime du Cœur qui brisez nos ardeurs perverses ! Faites, ô mon Dieu, que j'aie soif de Vous, que je brûle de cette soif, que je fuie la soif du mal, jusqu'à ce que j'arrive à la Fontaine de Vie, que je m'y désaltère, que j'y sois heureux toujours, et, qu'entré dans la Sainte Patrie, j'y contemple mon Dieu à jamais.
Sixième Parole
« Tout est consommé ! »
Jésus, notre Rédempteur, sauveur de tous les hommes ; Jésus, notre Amour, Salut de ceux qui croient : alors que Vous accomplissiez avec un zèle ardent par le mystère de la Croix l'oeuvre de notre rachat, afin d'être ainsi notre libérateur ; alors que Vous vous soumettiez au supplice pour nous en arracher, consommant le sacrifice de Votre Chair et de Votre Sang, en même temps que le combat terrible qui devait mettre le sceau à notre paix ; terminant la course passagère de cette vie fugitive et achevant le grand acte de notre Rédemption, au moment où l'heure de la mort approchait, où la vie Vous abandonnait, où Vous touchiez au terme de Vos souffrances, et où tout allait se trouver conduit à sa fin, pour exprimer toutes choses en un mot, Vous vous écriâtes : « Tout est consommé ! » En effet, Jésus est crucifié, l'Agneau est immolé, Son Sang est répandu, le prix du Salut est payé, le démon est vaincu, la guerre est terminée, la sentence de condamnation est détruite et l'homme est racheté.
Oraison
O bon Jésus ! Bonté suprême qui êtes notre justice ; ô vrai Jésus ! Vérité souveraine qui êtes notre Science ; ô nous Jésus ! Charité ineffable et notre rédemption ; ô Saint Jésus ! Sainteté sans tache et notre sanctification ; consommez en nous la grâce, consommez la justice, consommez notre conscience, consommez notre joie.
Septième Parole
« Mon Père, je remets mon âme entre vos mains ! »
Jésus, Voie de toute droiture et Porte du Salut ; Jésus, Refuge inébranlable et protecteur de tous les hommes ; Jésus, Vérité Salutaire et Lumière brillante des âmes ; Jésus, Félicité de la vie et Douceur enivrante des cœurs : alors que Vous livriez les derniers combats, afin de détacher Votre âme de Votre Corps Sacré, et que Vous abandonniez cette terre pour descendre aux enfers, voulant nous montrer la voie que nous devions parcourir, instruire les hommes formés d'une vile poussière, et nous faire reconnaître le défenseur en qui doivent se confier ceux que la mort environne, Vous avez recommandé Votre âme vénérable à Votre Père Très Saint et Vous Lui avez dit en gémissant dans un langage d'Amour : « Mon Père, je remets mon âme entre vos mains ». Et ensuite, inclinant la tête, toujours attaché au gibet de la Croix, couvert de plaies cruelles, honteuses et injustes, Vous avez rendu l'esprit. Mais en même temps Vous imprimâtes à l'univers un tel frémissement que tous ceux qui furent témoins de Vos tourments versèrent des larmes abondantes ; que les éléments se troublèrent, les rochers se fendirent, les sépulcres laissèrent aller leurs morts, la terre trembla, le voile du temple se déchira, le soleil se couvrit de ténèbres, le monde gémit, et la nature désolée s'écria : « Hélas ! Voici mon dernier jour, ou bien le Dieu qui m'a créée est à cette heure en proie aux souffrances ».
Prière
O mort digne de larmes, que toute créature a pleurée ! O mort lamentable, sur laquelle les êtres insensibles se sont désolés ! O mort admirable, où les morts ont puisé la vie ; O mort toute aimable, qui as exalté le courage des forts ; O mort sacrée, O mort glorieuse, qui as été la ruine des crimes ; O mort pieuse, O mort profitable, en qui nous avons trouvé des récompenses, fais que ton souvenir ne nous abandonne jamais ; qu'il excite notre âme et transperce en tout temps notre cœur ; qu'il verse la lumière en nos pensées et nous dirige en toutes nos démarches ; qu'il nous délivre de nos fautes et nous accorde le bienfait de la vie céleste. Ainsi soit-il.
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Si Quaeris
« Si Quaeris »
ou répons miraculeux composé par le Docteur Séraphique Saint Bonaventure
en l'honneur de Saint Antoine de Padoue
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.
Si vous voulez des miracles:
la mort, l'hérésie, les calamités,
le démon, la lèpre sont mis en fuite,
les malades se lèvent guéris.
La mer s'apaise:
les chaînes tombent des mains des captifs;
les jeunes gens et les vieillards demandent et obtiennent l'usage de leurs membre
et le recouvrement des choses perdues.
Les dangers cessent;
les nécessités n'existent plus;
que ceux qui ont éprouvé ses bienfaits, les racontent:
que les habitants de Padoue les redisent.
- La mer s'apaise...
Gloire soit au Père et au Fils et au Saint-Esprit.
- La mer s'apaise...
Saint Antoine, priez pour nous.
Afin que nous soyons dignes des promesses de Jésus-Christ.
Prions
Faites, Seigneur, que, par l'intercession du bienheureux Antoine, votre Confesseur, les enfants de votre sainte Église soient dans la joie, que votre secours ne leur manque jamais dans leurs besoins spirituels, et qu'ils méritent de jouir de la félicité éternelle. Par notre Seigneur Jésus-Christ, qui vit et règne avec Vous dans l'Unité du Saint Esprit, maintenant et toujours et pour les siècles et les siècles. Amen.
La Résurrection du Seigneur
Comment Marie-Madeleine et les deux autres Marie vinrent au tombeau, et comment Pierre et Jean y allèrent à leur tour
Marie-Madeleine et les deux autres Marie s'en allaient, comme je l'ai dit, au tombeau avec des parfums. Étant sorties de la ville, elles rappelaient à leur mémoire les afflictions et les peines de leur Maître, et elles s'arrêtaient un peu aux lieux divers où il avait, souffert ou fait quelque chose de considérable. Elles s'agenouillaient, baisaient la terre, poussaient des soupirs et des gémissements et disaient : « C'est ici que nous l'avons rencontré chargé de sa Croix, quand sa Mère demeura demi-morte ; ici, il s'est tourné vers les femmes de Jérusalem; ici, succombant à la fatigue, il a dépose sa Croix et s'est appuyé un peu sur cette pierre ; ici on l'a poussé cruellement et avec violence, afin qu'il marchât plus vite, et on l'a forcé presque de courir ; ici on le dépouilla de ses vêtements et on le mit tout nu ; ici on l'attacha au gibet de la Croix. » Et alors, poussant un grand cri, versant un torrent de larmes, elles se prosternèrent la face contre terre, adorèrent la Croix encore tonte rouge du sang précieux du Seigneur, et. la couvrirent de leurs baisers. Ensuite, se levant et s'avançant vers le Sépulcre, elles se disaient : « Qui nous enlèvera la pierre qui ferme l'entrée du tombeau ? » Et, élevant les yeux, elles virent la pierre renversée et l'Ange du Seigneur assis dessus, qui leur dit : «Ne craignez point, » et le reste ainsi qu'il est rapporté dans l'Évangile. Mais, trompées dans leurs espérances, car elles pensaient trouver le corps du Seigneur, elles ne firent pas attention aux paroles de l'Ange et s'en revinrent épouvantées vers les Apôtres, en disant que le corps du Seigneur avait été enlevé. Aussitôt Pierre et Jean coururent au tombeau. Considérez-les bien ils courent : Madeleine et ses compagnes courent à la suite; tous s'empressent de chercher leur Seigneur, leur coeur et leur âme. Ils courent avec fidélité, ferveur et anxiété. Lorsqu'ils furent arrivés au tombeau, ils regardèrent dedans et ne trouvèrent pas le corps; mais, ne voyant que lus linceuls et le suaire, ils se retirèrent. Compatissez-leur, car ils sont dans une grande affliction. Ils cherchent leur Seigneur et ne le trouvent point, et ne savent plus où le chercher ailleurs. Ils se retirèrent donc pleins de tristesse et en versant des larmes.
Saint Bonaventure, Docteur de L'Église, Méditations sur la Vie de Jésus-Christ, chapitre 87
Les 7 Paroles de Jésus en Croix
Les 7 Paroles de Jésus en Croix
Texte de Saint Bonaventure, Docteur de l'Église
Mon Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu'ils font.
Jésus, hostie, sacrifice, bienfait et grâce de salut; Jésus, confiance assurée, refuge inébranlable : pour racheter le genre humain de sa captivité, pour anéantir les crimes dont nous étions coupables, pour nous unir à Dieu et nous combler de ses dons, vous n'avez point refusé de souffrir les chaînes, les fouets, les meurtrissures. Vous avez accepté la croix et ses ignominies, ses tourments et ses plaies. Et alors qu'elle vous recevait, alors que vos ennemis frémissaient contre vous, que le marteau frappait et que les clous déchiraient votre chair, que la douleur se faisait sentir plus atroce, que votre sang adorable coulait en abondance, que la souffrance vous oppressait et que votre angoisse s'aggravait, vous avez supplié votre Père de pardonner à vos ennemis, à ceux qui vous attachaient; vous l'avez conjuré en faveur de leur ignorance, et vous lui avez dit: Mon Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu'ils font.
O douce patience ! ô mansuétude ineffable, clémence infinie, bénignité sans limites ! Comme une brebis pleine de douceur, vous ne laissez échapper aucune plainte; comme une mère pleine de tendresse, vous excusez l'injure dont on vous couvre; comme l'âme dont la bouté est inépuisable, vous gardez toute votre bienveillance; comme celui dont la volonté est d'une tendresse sans bornes, vous ne mettez en avant que la miséricorde. L'espérance de nos coeurs se tourne vers vous; vers vous montent nos soupirs, vers vous coulent nos larmes, vers vous s'élèvent nos désirs, et nous crions avec confiance: Seigneur, daignez nous pardonner.
« Oui, je vous le promets, vous serez avec moi dans la gloire. »
Jésus, auteur de tout pardon, consolation de ceux qui pleurent; Jésus, gloire de notre repentir, espoir des pénitents : alors que, suspendu sur la croix, vous étiez associé au supplice de deux scélérats, l'un d'eux s'élevait contre vous, vous blasphémait injurieusement, et vous disait: « Si tu es le Fils de Dieu, sauve-toi et nous sauve en même temps; exerce à ton égard la puissance que tu montras en sauvant les autres. » L'autre le reprenait, lui montrait sa folie, se déclarait coupable et vous suppliait en disant: « Souvenez-vous de moi lorsque vous serez parvenu en votre royaume, en ce royaume plein de douceur, lorsque vous vous montrerez roi. » Et vous, Seigneur, qui aimez le repentir et y attirez les coeurs par votre grâce, vous ne vous êtes point contenté de lui promettre un souvenir, mais vous l'avez assuré de votre gloire, et vous lui avez dit : « Oui, je vous le promets, vous serez avec moi dans la gloire. »
O charité empressée de mon Dieu! miséricorde diligente, libéralité sans retard, munificence vraiment prompte, c'est vers vous que s'élance notre ferveur, vers vous que se, tourne notre pensée, devant vous que nous confessons nos fautes et que nous ouvrons le fond de nos coeurs. Nous vous supplions avec confiance, vous qui, seul, êtes sans péché et pur de tout crime, et nous vous disons: Souvenez-vous de nous, Seigneur, dans votre patience.
« Femme voilà votre Fils », « Fils Voilà votre Mère »
Jésus, lumière éclatante, Roi de gloire, Fils de Dieu et Fils de l'homme; Jésus, fleur de la pureté virginale, Fils de la Vierge Marie; cette Vierge très-sainte, cette Vierge accablée d'amertumes, cette Mère pleine d'amour et brisée par tant de douleurs, votre Mère bien-aimée, qui entoura votre enfance de soins si diligents, se tenait inondée de ses larmes et anéantie par ses sanglots au pied de votre croix, vous y voyait suspendu, contemplait vos tourments, et, dans l'excès de son affliction, elle semblait prête à défaillir. Mais vous, Seigneur, vous avez abaissé un regard sur cette Mère dans les pleurs, en proie à l'amertume, votre Mère vénérable, digne de la suprême béatitude; vous avez considéré votre Disciple bien-aimé, ce Disciple si digne de votre amour, Jean, le serviteur fidèle de Dieu, l'homme dont la vie est demeurée sans tache, et votre parole s'est adressée, pleine de douceur et avec un accent prophétique, à Marie et à Jean; vous avez recommandé tendrement votre Mère au Disciple, et vous avec dit: Femme voilà votre Fils; et ensuite au Disciple: Voilà votre Mère.
Oh! quel changement! quel partage inégal! quelle désolation! quelle tristesse profonde pour une mère, alors que pour soutien c'est le Disciple qui lui est donné à la place du Maître, alors qu'au lieu de Dieu c'est un homme qui devient son appui; qu'au lieu du loi, c'est un simple serviteur qui demeure à Marie! Et moi aussi, ô Jésus! je me recommande humblement à votre grâce, et je m'abandonne pour toujours à votre providence, afin qu'aidé des prières que la Vierge vous adressera pour moi avec amour, je puisse être en tout temps à l'abri des orages du péché.
« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'avez-vous abandonné! »
Jésus, vertu, sagesse du Père incréé; Jésus, force et soutien de toute créature: par votre puissance admirable vous aviez multiplie les pains; avec une force non moins grande, faible enfant, vous aviez conduit l'étoile qui guidait les Mages; vous aviez rappelé les morts à la vie, vous aviez opéré des merveilles sans nombre, vous aviez guéri les malades, vous aviez tiré le monde du néant, vous aviez chassé les démons par la terreur de votre parole, vous aviez, au jardin des Olives, renversé vos ennemis par la force de cette même parole; et voilà que vous êtes attaché à la croix pour obéir à votre Père; voilà que vous êtes, par sa volonté, en proie aux angoisses; voilà que, pour accomplir ses ordres, vous êtes enchaîné et vous souffrez comme un Criminel, et qu'il ne vous permet point de faire usage de votre puissance pour vous soustraire aux tourments. Alors, vous inclinant sous le poids des douleurs qui vous oppressent, vous faites entendre un cri, et vous dites, en pleurant, d'une voix lamentable: Eli, Eli, lamina sabachtani, c'est-à-dire: Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'avez-vous abandonné ?
O cri miraculeux, qui opère le salut du monde! O coeur innocent et humble! Vous pleurez les peines méritées par nos crimes; la compassion m'entraîne vers vous; je sens que vous souffrez pour moi; je me prosterne devant vous, je mêle mes pleurs aux vôtres; et ces pleurs me sont avantageux: ils me consolent, car ils seront pour moi une source de récompense et de joie éternelle.
« J'ai soif »
Jésus, dont le souvenir est si doux et dont l'amour pénètre d'ardeur; Jésus, ma tendre confiance, vous qui êtes la nourriture qui réjouit mon âme: alors qu'étendu sur l'autel de la croix, vous accomplissiez, en vous immolant, la rédemption des hommes, le monde vous contemplait nu et dépouillé comme un objet de spectacle; la terre faisait entendre contre vous un cri de mort; vos ennemis vous lançaient leurs injures; vos proches vous fuyaient; les clous perçaient vos membres; vos nerfs se contractaient sous l'excès de la douleur; vos plaies se gonflaient; votre sang coulait à grands flots; votre chair devenait palpitante; vos forces s'épuisaient. Alors, Seigneur, vous avez été embrasé d'une soif dévorante, d'une soif qui languissait d'amour, d'une soif désireuse des vertus et avide de notre salut. Vous avez dit avec tendresse: J'ai soif: je désire la foi chez tous les hommes, je soupire après leur salut, et je m'offre encore à de nouveaux tourments, afin de l'obtenir.
O soif vraiment salutaire qui ne demandez que notre amour! ô soif intime du coeur qui brisez nos ardeurs perverses! Faites, ô mon Dieu, que j'aie soif de vous, que je brûle de cette soif, que je fuie la soif du mal, jusqu'à ce que j'arrive à la fontaine de vie, que je m'y désaltère, que j'y sois heureux pour toujours, et, qu'entré dans la sainte patrie, j'y contemple mon Dieu à jamais.
« Tout est consommé »
Jésus, notre rédempteur, sauveur de tous les hommes; Jésus, noire amour, salut de ceux qui croient: alors que vous accomplissiez avec un zèle ardent par le mystère de la Croix l'oeuvre de notre rachat, afin d'être ainsi notre libérateur; alors que vous vous soumettiez au supplice pour nous en arracher, consommant le sacrifice de votre chair et de votre sang, en même temps que le combat terrible qui devait mettre le sceau à notre paix; terminant la course passagère de cette vie fugitive et achevant le grand acte de notre rédemption, au moment où l'heure de la mort approchait, où la vie vous abandonnait, où vous touchiez au terme de vos souffrances, et où tout allait se trouver conduit à sa fin, pour exprimer toutes choses en un mol vous vous écriâtes: Tout est consommé ! En effet, Jésus est crucifié, l'Agneau est immolé, son sang est répandu, le prix du salut est payé, le démon est vaincu, la guerre est terminée, la sentence de condamnation est détruite et l'homme est racheté.
O bon Jésus! bonté suprême qui êtes notre justice; ô vrai jésus! vérité souveraine qui êtes notre science; ô nous Jésus! charité ineffable et notre rédemption; ô saint Jésus! sainteté sans tache et notre sanctification; consommez en nous la grâce, consommez la justice, consommez notre conscience, consommez notre joie.
« Mon Père, je remets mon âme entre vos mains »
Jésus, voie de toute droiture et porte du salut; Jésus, refuge inébranlable et protecteur de tous les hommes ; Jésus, vérité salutaire et lumière brillante des âmes; Jésus, félicité de la vie et douceur enivrante des cœurs: alors que vous livriez les derniers combats, afin de détacher votre âme de votre corps sacré, et que vous abandonniez cette terre pour descendre aux enfers, voulant nous montrer la voie que nous devions parcourir, instruire les hommes formés d'une vile poussière, et nous faire reconnaître le défenseur en qui doivent se confier ceux que la mort environne, vous avez recommandé votre âme vénérable à votre Père très-saint et vous lui avez dit en gémissant dans un langage d'amour: Mon Père, je remets mon âme entre vos mains. Et ensuite, inclinant la tête, toujours attaché au gibet de la Croix, couvert île plaies cruelles, honteuses et injustes, vous avez rendu l'esprit. Mais en même temps vous imprimâtes à l'univers un tel frémissement que tous ceux qui furent témoins de vos tourments versèrent des larmes abondantes; que les éléments se troublèrent, les rochers se fendirent, les sépulcres laissèrent aller leurs morts, la terre trembla, le voile du temple se déchira, la lotie recula en arrière, le soleil se couvrit de ténèbres, le monde gémit, et la nature désolée s'écria: Hélas! voici mon dernier jour, ou bien le Dieu qui m'a créée est à cette heure en proie aux souffrances.
O mort digne de larmes, que toute créature a pleurée! O mort lamentable, sur laquelle les êtres insensibles se sont désolés! mort admirable, où les morts ont puisé la vie; mort toute aimable, qui as exalté le courage des forts; mort sacrée, mort glorieuse, qui as été la ruine des crimes; mort pieuse, mort profitable, en qui nous avons trouvé des récompenses, fais que ton souvenir ne nous abandonne jamais; qu'il excite notre âme et transperce en tout temps notre coeur; qu'il verse la lumière en nos pensées et nous dirige en toutes nos démarches ; qu'il nous délivre de nos fautes et nous accorde le bienfait de la vie céleste. Ainsi soit-il.
Saint Bonaventure
Cardinal-Évêque, Docteur de l'Église
1221-1274
Fête le 15 juillet
Saint Bonaventure, né en Toscane, reçut au baptême le nom de Jean. À l'âge de quatre ans, il fut attaqué d'une maladie si dangereuse, que les médecins désespérèrent de sa vie. Sa mère alla se jeter aux pieds de saint François d'Assise, le conjurant d'intercéder auprès de Dieu pour un enfant qui lui était si cher. Le Saint, touché de compassion, se mit en prière, et le malade se trouva parfaitement guéri. Par reconnaissance, Jean entra dans l'Ordre fondé par saint François, et en devint l'ornement et la gloire. Le saint patriarche, près de finir sa course mortelle, lui prédit toutes les grâces dont la miséricorde divine le comblerait, et s'écria tout à coup, dans un ravissement prophétique: "O buona ventura! O la bonne aventure!" De là vint le nom de Bonaventure qui fut donné à notre Saint. Bonaventure fut envoyé à l'Université de Paris, où il devait lier avec saint Thomas une amitié qui sembla faire revivre celle de saint Grégoire de Nazianze et de saint Basile. Tous deux couraient plus qu'ils ne marchaient dans la carrière des sciences et de la vertu, et, d'étudiants de génie, ils parvinrent en peu de temps à la gloire des plus savants professeurs et des docteurs les plus illustres. Les études de Bonaventure n'étaient que la prolongation de sa fervente oraison. Saint Thomas d'Aquin vint un jour le visiter et lui demanda dans quels livres il puisait cette profonde doctrine qu'on admirait en lui. Bonaventure lui montra quelques volumes: mais, son ami faisant l'incrédule, il finit par montrer un crucifix qui était sur sa table, et lui dit: "Voilà l'unique source de ma doctrine; c'est dans ces plaies sacrées que je puise mes lumières!" Élu général de son Ordre malgré ses larmes, il continua ses travaux; mais, de tous, celui qui lui fut le plus cher fut la Vie de saint François d'Assise, qu'il écrivit avec une plume trempée dans l'amour divin, après avoir visité tous les lieux où avait passé son bienheureux père. Saint Thomas vint un jour lui rendre visite, et, à travers sa porte entrouverte, l'aperçut ravi, hors de lui-même et élevé de terre, pendant qu'il travaillait à la vie du saint fondateur; il se retira avec respect, en disant: "Laissons un Saint faire la vie d'un Saint." Bonaventure n'avait que trente-cinq ans quand il fut élu général des Franciscains, et il avait à peu près cinquante-et-un ans quand le pape Grégoire X le nomma cardinal-évêque d'Albano. Les envoyés du Pape le trouvèrent, lui, général de l'Ordre, occupé, avec plusieurs frères, à laver la vaisselle. Ce grand Saint mourut deux ans après.
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950.
Site du Sanctuaire Saint Bonaventure de Lyon
http://saintbonaventure-lyon.cef.fr
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Le Salve Regina paraphrasé
Le Salve Regina paraphrasé
Texte de Saint Bonaventure, Docteur de l'Église
Salut! Vierge des vierges, étoile du matin, remède véritable des crimes les plus infâmes, consolatrice des hommes en proie au malheur, ennemie irréconciliable du péché.
Reine de ceux qui règnent, Vierge immaculée, Mère unique entre les mères, vous avez mis au monde un Fils, et l'on vous appelle le palais sacré du Seigneur: versez donc sur nous les secours abondants du ciel.
Vous avez mérité d'être nommée la source de la miséricorde et la Mère de la grâce, car vous avez conçu le Roi suprême de gloire, vous lui avez donné la vie, et vous avez offert au monde l'auteur de tout pardon.
La vie, la voie, la vérité est sortie de la terre, et votre virginité est demeurée sans tache, car votre humilité vous a rendue digne d'être choisie de Dieu lorsqu'il se revêtit de notre chair.
La douceur par excellence, Celui qui est appelé l'Agneau de Dieu, Celui dont le sang, comme un bain salutaire, a lavé les crimes de l'homme abandonné, Celui qui a vaincu le démon, est le fruit béni de votre sein.
Vierge Marie, vous êtes notre espérance inébranlable, vous la tige fleurie de Jessé, vous que le Prophète nous a montrée couverte de la rosée du Ciel, vous qui êtes belle comme la neige la plus pure, tendre Mère de Dieu.
Salut! lumière des Fidèles, brillante comme l'aurore, plus ravissante et plus suave que le lis. Eloignez de nous sans retard tout ce qui peut nous être un danger, et implorez pour nous le secours du Seigneur.
Malheureux, plongés dans une infortune profonde, nous élevons nos cris jusqu'à vous; ouvrez à nos prières les oreilles de votre coeur sacré, afin que, délivrés par vous des gouffres de l'abîme, nous puissions librement suivre la voie montrée par votre Fils.
Nous poussons vers vous des soupirs pleins de ferveur, et nous vous supplions avec un tendre amour : « détruisez tout ce que nos pensées perverses ont pu produire au dehors d'actions criminelles.
Nous sommes tous condamnés à un dur exil. En punition du crime de nos pères, nous avons été privés de la gloire et déshérités des félicités du ciel; mais le don de votre tendresse nous a rendu tous nos droits.
Vos enfants ne peuvent qu'exprimer par Leur gémissements les misères dont ils sont assiégés de toutes parts en ce monde. Sans cesse ils se sentent, entraînés vers des crimes clignes des châtiments éternels; mais ils sont affermis par votre miséricorde.
La chute d'Eve nous a causé un tort irréparable; elle nous a ravi la joie bienheureuse du ciel. Mais après Eve, elle nous a valu, incarné de la Vierge , Celui qui a brisé la mort et détruit le péché.
Vos serviteurs crient sans cesse vers vous et font entendre des soupirs fidèles; ils implorent humblement le secours de votre puissance. Que votre miséricorde écoute leurs prières.
Nous soupirons et nous versons des larmes, nous gémissons sans cesse sur les péchés que nous avons commis. Mais, ô Mère de piété! nous avons mis en vous notre confiance; vous obtiendrez grâce et miséricorde au pécheur brisé par un vrai repentir.
Nous nous rappelons les fautes de nos jours anciens, les fautes dont notre esprit pervers s'est souillé librement, et nous en gémissons. Mais en même temps, ô Vierge immaculée ! nous espérons en vous, et nous vous demandons que nos voeux soient exaucés.
Nous pleurons et notre âme est en proie à la honte et à la douleur; versez donc en nous la lumière. Vierge bienfaisante, purifiez avec amour les taches que le péché imprima en nos coeurs; aimable Marie, veuillez nous réunir aux habitants de la céleste patrie.
En cette vallée misérable et environnée de ténèbres, je vois des hommes sans nombre dont la vie est détestable et hideuse; leurs exemples se propagent à raison des crimes qu'ils ont commis et des hontes dont ils sont couverts.
Des larmes abondantes ont coulé vainement de nos yeux : « les vieillards, les enfants et le peuple tout entier craignent de perdre ce que l'ambitieux cherche avec ardeur et ce que l'homme du inonde poursuit en tous lieux.
Relevez donc nos âmes de leurs chutes; dirigez leur course vers vous. Fortifiez ceux qui tremblent, redressez ceux qui se sont égarés et vous cherchent avec amour; soyez le guide assuré des malheureux qui se confient en vous.
Vous êtes notre puissante avocate auprès du Sauveur: « hâtez-vous donc d'intercéder pour nous, selon votre miséricorde accoutumée. Que votre amour maternel nous fasse sentir sa bénigne influence; qu'il apaise votre Fils en faveur d'un peuple infortuné.
Toujours la Vierge Mère fut l'espoir des fidèles; elle l'est encore de nos jours, elle le sera à jamais. Elle est pour nous la cité royale qui nous met à l'abri des coups de nos ennemis; elle est le remède qui chasse tous les maux loin de nous.
Illos tuos misericordes oculos ad nos converte.
Oui! tournez ces yeux pleins de tendresse et de miséricorde vers des serviteurs si peu unis dans le bien et si unanimes à courir au mal; détruisez l'aiguillon de noire chair , détruisez tous ses crimes.
Jésus, votre Fils unique, est le fruit béni de votre sein ; daignez-le montrer à nos yeux: « il est glorieux, plein de tendresse et ennemi du mensonge. C'est par lui que le genre humain après s'être éloigné de Dieu et perdu pour un temps , s'est relevé invincible des liens de la mort.
Vos entrailles ont porté Jésus, et vos mamelles bienheureuses ont allaité Celui que plus tard les Juifs couvrirent de blessures cruelles et qu'ils condamnèrent à la mort de la croix après l'avoir ainsi traité.
Nobis post hoc exilium ostende.
Après cet exil montrez-nous plein de miséricorde , donnez-nous Jésus votre Fils. Etendez sur nous votre protection maternelle et puissante; daignez prendre notre défense en ce moment où nous serons jugés.
O clémence ineffable de la souveraine bonté ! fille d'Adonaï, fleur de la virginité, pardon des pécheurs endurcis, mère de tendresse, joie des vierges et manteau de la charité !
O pieuse et tendre Reine des cieux! vous êtes la plus digne et la plus riche des créatures sorties des mains de Dieu; vous êtes la Vierge prudente par excellence, la gloire des Confesseurs et l'honneur le plus éclatant des Apôtres.
O Vierge d'une douceur inaltérable, plus douce que le miel et le rayon le plus suave, colombe très-pure, jamais le fiel le plus léger ne reposa en votre coeur. Mère de bénignité, repoussez loin de nous, nous vous en supplions, tout ce qui peut imprimer une tache à notre innocence.
Bonne Marie, conjurez votre Fils de daigner recevoir en sa gloire quiconque, pour vous honorer, voudra redire avec amour ce que je viens d'écrire à votre louange.
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Louanges en l'honneur de la Sainte Croix
Louanges en l'honneur de la Sainte Croix
Texte de Saint Bonaventure, Docteur de l'Église
Souvenez-vous de la Croix sainte, ô vous qui menez une vie parfaite, trouvez-y en tout temps votre bonheur. Souvenez-vous de la Croix sainte; qu'elle soit l'objet de vos méditations sans jamais vous en lasser. Demeurez sur la Croix avec Jésus, votre Maître, tant que vous êtes en cette vie, sans jamais hésiter un instant. Ne ralentissez point votre course, ne vous laissez point aller à la tiédeur, mais, au contraire, croissez en l'amour de la Croix, et que votre cœur s'embrase de son désir. Aimez la Croix : c'est la lumière du monde, et Jésus-Christ sera votre guide durant les siècles éternels. Environnez votre corps de la Croix; unissez-le à la Croix d'une manière inséparable, et que votre main en imprime partout la trace. Que votre cœur soit sur la Croix; que la Croix soit en votre cœur; qu'elle le trouve sans aucune tache et qu'elle y fasse régner la paix. Que votre langue devienne une croix ; qu'elle enseigne et célèbre la Croix sans jamais se fatiguer.
Que la Croix soit en votre cœur, qu'elle soit en votre bouche ; qu'elle vous fasse goûter sa douceur et vous pénètre de sa suavité. Que la Croix règne sur vos membres, et qu'en vous l'homme ne possède rien où son empire ne soit établi. Que la Croix absorbe tout votre cœur; qu'il soit ravi en elle par un incendie d'amour. Que les combats de la chair disparaissent ; que votre âme soit crucifiée tout entière dans les délices de l'esprit. Portez un amour spécial, rendez un hommage singulier à la Croix d'où vous vient le salut. Efforcez-vous de l'aimer de toute l'ardeur de votre âme, de toute la puissance de vos forces. Que cette Croix glorieuse soit l'objet de vos études; faites-en le lieu de votre demeure avec une joie sans limites. Avec Jésus, soyez attaché à la Croix, afin que vous puissiez ainsi parvenir avec lui dans les Cieux. Cherchez la Croix, cherchez les clous, cherchez les mains et les pieds qu'ils ont transpercés, cherchez l'ouverture du côté de Jésus. Et là, réjouissez-vous; là, faites entendre sans réserve et autant qu'il sera en vous les accents d'une allégresse et d'une louange suprêmes. Voici une alliance qui doit être inébranlable: que la Croix précède chacun de vos actes, et ils vous seront toujours profitables. La Croix est un remède excellent contre les traits de démon, un remède vraiment salutaire.
Soyez tout en la Croix de Jésus, avec un dévouement sans limites, avec des accents de bonheur. La Croix défend le serviteur de Dieu; elle le prend par la main et lui montre la voie qui conduit à la vie. Lorsque la tentation et les chagrins viendront fondre sur vous; lorsque vous serez abandonné, presque vaincu, et en proie à toutes les angoisses, oh! alors, empressez-vous, hâtez-vous avec un soin pieux de fortifier votre front du signe de la croix. Durant votre repos, au milieu du travail, dans l'allégresse et dans les larmes, dans la douleur et dans la joie; que vous alliez, que vous veniez; dans les consolations et les peines, que la Croix soit en votre cœur Au milieu des tribulations de tout genre, dans l'affliction et les calamités, la Croix est un remède souverain. Dans les peines et les tourments , la Croix est la douceur qui récrée l'âme pieuse; elle est son refuge assuré. La Croix est la porte du ciel. Les saints ont mis en elle leur confiance, et ils ont été partout vainqueurs. La Croix est la médecine du monde; c'est par elle que la bonté divine a opéré des merveilles. La Croix est le salut des âmes; elle est la lumière véritable et brillante, le baume qui réjouit les cœurs La Croix est la vie des bienheureux ; elle est le trésor des parfaits; elle est leur gloire et leur félicité.
La Croix est le miroir de la vertu; elle est le guide glorieux du salut et toute l'espérance des fidèles. La Croix est l'étendard d'honneur des élus; elle est leur consolation et tout leur désir. La Croix est un vaisseau; elle est un port; elle est un jardin de délices, où tout fleurit avec éclat. La Croix est une armure impénétrable; elle est un rempart assuré contre lequel le démon voit se briser ses efforts. La Croix est un arbre magnifique, arrosé par le sang de Jésus-Christ, et abondant en fruits de toute espèce. C'est par là que l'âme s'arrache de l'abîme, qu'elle se nourrit des célestes aliments dont jouissent les habitants de la patrie. Oh! quel sera votre bonheur si, dès maintenant et durant votre vie mortelle, vous dirigez toutes vos pensées vers la Croix ! Oui ! vous serez heureux sans fin, vous qui courez à la recherche de la Croix sainte, si la persévérance couronne vos efforts. Cherchez donc la Croix; portez la Croix; contemplez la Croix de Jésus-Christ jusqu'à languir d'amour. Regardez la Croix avec une foi profonde; mettez en elle une confiance sans limites, tant que vous demeurerez en cette vie. Faites de la Croix l'occupation de vos pensées; efforcez-vous de lui plaire en votre âme et de la porter en votre cœur C'est un travail salutaire de consacrer à la Croix son cœur, sa bouche et ses œuvres.
Sept fois, durant le jour, souvenez-vous, mon frère bien-aimé, de la Passion du Seigneur. C'est par elle que nous avons été délivrés; par elle que la vie éternelle nous est donnée, et que nous jouissons de la céleste lumière. Si vous l'aimez, si vous la vénérez, offrez-lui vos hommages avec un soin empressé à des moments déterminés. Célébrez-la au milieu de la nuit, au lever du soleil, à la troisième, à la sixième et à la neuvième heure du jour; célébrez-la le soir et avant votre sommeil. Célébrez-la assis, debout, couché, dans le silence et dans vos entretiens, et lorsque, fatigué, vous goûtez les douceurs du repos. Cherchez Jésus en qui se trouve votre espérance; portez-le, crucifié en votre cœur, en quelque lieu que vous soyez. Reposez avec empressement votre esprit sur Jésus-Christ souffrant, et compatissez à ses douleurs. O chrétien! pleurez la mort de Jésus; pleurez-la le soir et le matin, et que votre bonheur réside en vos larmes. Combien le Roi des cieux s'est humilié ! Combien il s'est abaissé afin de sauver le monde ! Il a enduré et la soif et la faim; il a vécu dans la misère et dans les privations, et il est mort. sur un gibet. Souvenez-vous de sa pauvreté, de ses abaissements profonds et de son effroyable supplice. Si vous voulez faire usage de votre raison, rappelez-vous ce supplice, rappelez vous et l'absinthe et le fiel.
Lorsque celui qui est infini fut conduit et suspendu à la Croix, en ce moment ses Disciples prirent la fuite. On perça ses pieds et ses mains; on l'abreuva de vinaigre; et il était le Roi suprême des siècles! Ses yeux, qui répandent le bonheur, se sont obscurcis sur la Croix, et son visage s'est couvert d'une pilleur effrayante. Aucune beauté ne demeura en son corps nu et dépouillé, et tout éclat disparut. C'est à cause des péchés des hommes que sa chair fut déchirée au milieu des horreurs de la flagellation. Ses membres se roidirent au milieu de tourments effroyables et des blessures profondes dont ils furent couverts. En proie à des douleurs cruelles, sur la Croix il pleura et il rendit l'esprit. Pleurons aussi et soupirons ; pleurons du fond de notre cœur, comme on pleure sur un fils unique. O vous qui entendez ces choses, gémissez amèrement et mêlez à ces douleurs les amertumes et la tristesse de votre âme. Livrez votre corps aux angoisses, remplissez votre cœur d'affliction ; que votre esprit se brise et que votre main se repose sur les plaies sacrées de Jésus expirant. Contemplez l'homme de douleurs; il est le dernier des hommes, et, dans le supplice, il demeure inébranlable. Qu'il nous soit doux, qu'il nous soit cher de mourir
avec lui sur la Croix et de partager l'ignominie de ses tourments. Lorsque vous êtes plongé dans l'affliction, lorsque la désolation vous assiège et que, vaincu, vous vous sentez presque défaillir; Alors pensez aux douleurs de Jésus; rappelez-vous ses peines et ses chagrins cruels, les crachats dont il fut couvert, les injures dont il fut l'objet. O bon frère ! quoique vous fassiez, contemplez les blessures de Jésus crucifié et soyez-lui toujours compatissant. Qu'en tout temps ces plaies soient pour votre âme comme des mets délicieux; jouissez-en avec bonheur. O Jésus crucifié! rendez-moi fort afin que, durant ma vie entière, je me plaise à pleurer votre mort. Je veux être avec vous couvert de blessures ; je désire, dans l'ardeur de mon âme, vous embrasser sur la Croix. Répandez en moi la douleur, comme la rosée du matin, afin que je pleure sur vous, ô Jésus mon rédempteur, afin que vous renaissiez en mon cœur Non, vous ne me cacherez pas ces cicatrices bienheureuses, ces cicatrices qui sont à vous à tant de titres; mais vous me les montrerez avec amour existantes en vous-même. Que tout ce que je viens d'exprimer soit à l'honneur de Jésus crucifié; qu'il soit à sa louange et à sa gloire; Afin que ce roi triomphant des cieux daigne m'accorder le pardon des fautes dont mon cœur est souillé. Ainsi soit-il.
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