Les Saints Ancêtres de Notre Seigneur Jésus-Christ
Les Saints Ancêtres de Notre Seigneur Jésus-Christ
24 décembre
En cette veille de la Nativité de notre Dieu et Sauveur Jésus-Christ, nous célébrons la mémoire du Patriarche Abrabam, le Père des croyants, et de sa lignée : les Ancêtres selon la chair de notre Sauveur.
Issu de la terre des Chaldéens idolâtres, le Patriarche Abraham n'hésita pas un instant à quitter son pays, sa maison, sa famille et ses biens, à rappel de Dieu, pour se rendre vers la terre de Canaan que le Seigneur lui donna en héritage, en lui promettant une glorieuse postérité et une alliance éternelle. Le fruit de cet acte de foi fut Isaac, que Dieu lui accorda dans sa vieillesse. Puis d'Isaac naquit Jacob, et de Jacob sortirent les douze Patriarches, pères des douze tribus d'Israël. C'est finalement de la tribu de Juda que, conformément aux Ecritures, devait naître le Christ, l'aboutissement des promesses, et la plénitude de l'alliance et de l'union entre Dieu et les hommes.
Par l'intermédiaire des Saints Ancêtres et Patriarches, notre Seigneur Jésus-Christ est donc en quelque manière lui aussi le fruit de la foi d'Abraham. C'est pourquoi, lorsque pour chacun d'entre nous, Dieu fait entendre sa voix alors que nous sommes encore dans la terre étrangère des passions et des vanités de ce monde, il nous faut, comme Abraham, abandonner sans hésitation ce qui est nôtre et suivre avec foi l'appel divin jusqu'à la Terre Promise, où nous pourrons à notre tour donner naissance, de manière spirituelle, au Christ. Car planté en nous par la Foi et le Baptême, Il doit croître et grandir en nous par les saintes vertus, afin de resplendir dans la lumière de la contemplation.
Devenus « fils de Dieu » par le don du Saint-Esprit, nous devons donc voir le Christ se former en nous, les descendants d'Abraham : « Tous en effet, vous êtes fils de Dieu par la foi au Christ Jésus, car vous qui avez été baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ (...) Vous tous, en effet, vous ne faites qu'un dans le Christ Jésus. Mais si vous appartenez au Christ, vous êtes donc descendance d'Abraham, héritiers aux termes de la promesse ». Devenons donc à notre tour ancêtres du Christ en persévérant dans la foi, afin de célébrer sa Nativité en disant : « Ce n'est plus moi qui vis, c'est le Christ qui vit en moi ! »
Evangile selon Saint Matthieu (Mt 1, 1-17)
« Généalogie de Jésus Christ, fils de David, fils d’Abraham :
Abraham engendra Isaac ;
Isaac engendra Jacob ;
Jacob engendra Juda et ses frères ;
Juda engendra de Thamar Pharès et Zara ;
Pharès engendra Esrom ;
Esrom engendra Aram ;
Aram engendra Aminadabv ;
Aminadab engendra Naasson ; Naasson engendra Salmon ;
Salmon engendra Boaz de Rahab ;
Boaz engendra Obed de Ruth ;
Obed engendra Isaï ;
Isaï engendra David.
Le roi David engendra Salomon de la femme d’Urie ;
Salomon engendra Roboam ;
Roboam engendra Abia ;
Abia engendra Asa ;
Asa engendra Josaphat ;
Josaphat engendra Joram ;
Joram engendra Ozias ;
Ozias engendra Joatham ;
Joatham engendra Achaz ;
Achaz engendra Ézéchias ;
Ézéchias engendra Manassé ;
Manassé engendra Amon ;
Amon engendra Josias ;
Josias engendra Jéchonias et ses frères, au temps de la déportation à Babylone.
Après la déportation à Babylone, Jéchonias engendra Salathiel ;
Salathiel engendra Zorobabel ;
Zorobabel engendra Abiudv ;
Abiudv engendra Éliakim ;
Éliakim engendra Azor ;
Azor engendra Sadok ;
Sadok engendra Achim ;
Achim engendra Éliud ;
Éliud engendra Éléazar ;
Éléazar engendra Matthan ;
Matthan engendra Jacob ;
Jacob engendra Joseph, l’époux de Marie, de laquelle est né Jésus, qui est appelé Christ.
Il y a donc en tout quatorze générations depuis Abraham jusqu’à David, quatorze générations depuis David jusqu’à la déportation à Babylone, et quatorze générations depuis la déportation à Babylone jusqu’au Christ.
Saint Valéry de Leuconaüs
Saint Valéry de Leuconaüs
v.550-622
12 décembre
Saint Valéry, en latin Walaricus ou Galaricous, naquit en Auvergne, d'une famille pauvre et obscure. On ignore le lieu précis de son origine mais on sait qu'il passa sa jeunesse à garder les troupeaux. Il avait un grand désir de s'instruire, et les moyens lui manquaient. Un jour, étant à la garde des brebis de son père, il entendit parler de quelques écoles du voisinage, où les enfants des nobles familles étaient élevés dans l'étude il soupira dès lors après le bonheur de participer au même bienfait. Il alla prier un de ces maîtres de la jeunesse de vouloir bien lui tracer les figures des lettres, et de lui apprendre à les connaître ce à quoi celui-ci se prêta volontiers. Valéry, revenu à la garde de son troupeau, repassa dans sa mémoire ce qu'on venait de lui enseigner, et, à l'insu de ses parents, développa avec tant d'assiduité ces premières notions, qu'il parvint en peu de temps à savoir lire et écrire. Le premier usage qu'il fit de ces connaissances fut de transcrire le Psautier, qu'il apprit en entier par cœur. Il commença dès lors à fréquenter plus assidûment l'église, à suivre les chants du chœur peu à peu, la grâce de Dieu agissant, il sentit son âme s'enflammer des choses célestes. C'était, sans doute, dans quelque église de monastère qu'il se rendait ainsi on en peut présumer que l'aspect de religieux édifiants éveilla en lui ce goût de recueillement et de solitude, qui le domina toute sa vie.
Un oncle qu'il avait, se rendant un jour au monastère d'Autumon ou d'Autoin (1), Valéry l'y accompagna. Il y passa quelque temps ; son désir d'entrer dans la vie religieuse devint alors tellement vif, qu'il ne fut plus possible de le décider à en sortir. Son père vint inutilement le prier de rentrer chez lui Valéry répondit qu'il ne reverrait plus jamais la maison paternelle. L'abbé et tous les religieux réunirent leurs instances à celles du père ils ne purent triompher de sa résolution. Ni la douceur, ni la sévérité, ni les jeûnes rigoureux qu'on lui imposa, ni même la menace de châtiments corporels, ne le firent fléchir il se souvenait, dit l'historien, de ces paroles de Jésus-Christ : « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi, n'est pas digne de moi ». À la fin, l'abbé, reconnaissant qu'une vocation aussi ferme ne pouvait venir que du ciel, dit à ses frères : « Ne rejetons pas le don de Dieu ». Selon toute apparence, le père lui-même se rendit à ces signes évidents de la volonté divine, et consentit à se séparer de son fils car, peu de jours après, il était présent au monastère, quand l'abbé d'Antoin, donnant la tonsure cléricale à Valéry, l'engageait irrévocablement au service du Seigneur.
Le jeune novice fit de rapides progrès dans la vertu, au point de devenir bientôt le modèle de ses frères. On ne se lassait pas d'admirer sa patience, son amour de la mortification, sa prudence, sa douceur, son angélique piété. On le trouvait toujours prêt pour les œuvres de charité ; aussi était-il universellement aimé. Du reste, la grâce intérieure semblait chez lui se refléter au dehors, et répandre sur ses traits je ne sais quoi d'aimable qui charmait tous les regards. Une maturité au-dessus de son âge s'adjoignait à ces hautes vertus il devenait visible que Dieu le destinait à quelque grand dessein. Bientôt, en effet, Valéry, initié de si bonne heure aux secrets de la piété, sentit le besoin d'agir et de verser au dehors le feu qui le consumait. Il était, d'ailleurs, trop près de ses parents : comme les illustres solitaires de cette époque, il sentit que le détachement ne peut être parfait tant que l'on vit au sein de sa patrie.
Il partit donc pour Auxerre. La renommée lui avait appris que l'évêque Aunachaire (2) avait établi, sous l'invocation de saint Germain, un monastère dans le faubourg de cette ville, qu'il y habitait lui-même et y donnait l'exemple de toutes les vertus. Valéry s'y rendit, et fut accueilli avec bonté par le prélat. Dans cette nouvelle retraite, plus libre et plus dégagé de tout lien terrestre, il se livra avec une nouvelle ardeur aux exercices de la pénitence, aux veilles, aux jeûnes et à l'oraison : en sorte qu'il semblait moins mener la vie d'un homme que celle d'un ange.
Sa réputation s'étendit bientôt au loin. Un seigneur nommé Bobon, aussi riche qu'illustre, entendit parler de notre jeune religieux, et voulut le voir. A peine eut-il abordé Valéry, qu'il se sentit gagné par la douceur de sa parole et la bonne odeur de ses vertus. Les instructions du jeune moine pénétrèrent si avant dans l'âme du seigneur, que celui-ci se sentit pressé de renoncer au monde, pour se donner tout à Dieu. Il ne retourna pas même chez lui, se dépouilla entièrement de sa fortune, et embrassa la pauvreté évangélique.
La célébrité qui s'attache aujourd'hui aux savants était alors réservée aux saints. Un personnage illustre par ses vertus devenait comme le point de mire vers lequel tous les yeux se portaient. Saint Colomban était un de ces hommes que le ciel donne en spectacle à la terre. Ses prédications dans les Gaules, ses grandes vertus, les miracles qu'il opérait, le nombre de ses disciples et la régularité qui régnait parmi eux : tout était propre à exciter le désir de le voir, de l'entendre, de servir Dieu sous ses ordres. Valéry espérait surtout trouver en lui de nouvelles lumières ou de plus puissants exemples ; il résolut de partir pour Luxeuil. Bobon voulut le suivre. Leur attente ne fut pas trompée : Colomban était l'homme qu'ils cherchaient. Le spectacle des communautés qu'il dirigeait les édifia au plus haut degré. Ils virent une société d'hommes étrangers au monde, morts à la vie des sens, n'ayant rien en propre, unis par la plus étroite charité, et se succédant perpétuellement pour chanter les louanges de Dieu. Valéry et Bobon, au comble de leurs vœux, demandèrent et obtinrent place dans cette brillante communauté. C'était vers l'an 594.
D'après la règle de saint Colomban, le travail de la terre faisait partie de l'occupation des religieux les novices, en particulier, devaient soigner le jardin. Valéry fut appliqué à cet emploi, destiné surtout à inspirer la vertu d'humilité ; mais, comme rien n'est petit pour un serviteur de Dieu, il sut relever cet office par l'esprit de piété dont il l'animait ; et Dieu lui-même se plut à manifester par un prodige combien cet esprit lui était agréable. Cette année-là, quantité d'insectes dévoraient les herbes et les fruits ; or, il arriva que la portion de jardin cultivée par l'humble moine fut entièrement épargnée par le fléau. Saint Colomban fut surpris d'y voir partout la fraîcheur et la verdure, les légumes sains et intacts, et il l'attribua à l'humilité et à l'obéissance de son fervent disciple. Celui-ci, au contraire, attribuait tout au mérite de ses frères ; car, ce qu'il redoutait le plus après le péché, c'était la louange. Bien qu'il ne fût novice que depuis peu, Colomban l'admit parmi les profès, estimant qu'il n'y avait pas lieu de soumettre à de plus longues épreuves celui que le ciel même honorait ainsi de ses faveurs.
Un jour le saint Abbé, expliquant à ses moines le sujet de la lecture, sentit tout à coup comme une odeur céleste remplir l'appartement. Il demanda quel était le religieux qui venait d'entrer et, comme on lui répondit que c'était Valéry, saisi d'un pieux transport, il s'écria : « Ô mon bien-aimé, c'est vous qui êtes le véritable seigneur et abbé de ce monastère ».
Il serait difficile de préciser le temps que Valéry passa sous la direction de saint Colomban on peut cependant présumer que ce fut environ quinze ou seize ans (594-610). Il était encore à Luxeuil quand le roi Thierry contraignit le saint Abbé de quitter son monastère. Témoin de la désolation que le départ de l'illustre fondateur causait à ses enfants, il sentit son cœur se déchirer en adressant à son maître vénéré un dernier adieu. Nul doute qu'il n'eût volontiers accompagné le glorieux exilé mais les ordres de Thierry étaient formels les Irlandais et les Bretons pouvaient seuls suivre Colomban. Cependant un religieux, nommé Waldolène, avait demandé la permission d'aller au loin prêcher l'Evangile. Tel était le zèle qui consumait alors les moines dans leur solitude les monastères n'étaient guère que des ruches fécondes, où se formaient des ouvriers évangéliques. Colomban ayant consenti à cette demande, Waldolène sollicita la faveur d'emmener Valéry, à qui une vive affection l'unissait. Colomban, qui aimait aussi ce fidèle disciple, répondit à Waldolène : « Le but que vous vous proposez est bon mais sachez que le compagnon que vous demandez est un grand serviteur de Dieu. Gardez-vous donc de lui causer la moindre peine, de peur de vous exposer à des regrets ». Pour des raisons que nous ne connaissons pas, le départ des deux missionnaires n'eut pas lieu alors et le monastère y gagna un secours utile, dans les circonstances difficiles où il se trouvait.
En effet, à peine Colomban était-il parti, que l'abbaye devint, pour ainsi dire, la proie de ses ennemis. Par les ordres, ou au moins du consentement de Thierry, des séculiers envahirent ses possessions, et jusqu'à ses bâtiments, où des bergers n'avaient pas craint d'établir leur domicile. Saint Eustaise, élu abbé, s'efforça de repousser ces injustes agressions, et fut puissamment secondé par Valéry. Une partie des religieux voulaient recourir aux moyens violents : Eustaise et Valéry s'y opposèrent. Ce dernier, rentrant un jour d'une excursion au désert, où il aimait à se retirer, à l'exemple de saint Colomban, trouva le lieu saint même occupé par les étrangers. Saisi d'un saint transport de zèle il implore le secours de Dieu, et réussit à faire cesser le scandale. Sa douceur et son éloquence persuasive, ainsi que celle d'Eustaise, décidèrent peu à peu les usurpateurs à se retirer, et le monastère recouvra ses possessions et sa tranquillité. Seulement, un des moines, emporté par un faux zèle, voulut employer la violence, malgré la défense d'Eustaise ; s'étant fait suivre de quelques frères, il engagea un combat, où il reçut une blessure dont il garda la trace toute sa vie, en signe de sa désobéissance.
Il semble que le départ de saint Colomban aurait dû déterminer Waldolène et Valery à exécuter leur projet. Cependant, si l'on en croit un auteur, Eustaise l'aurait retardé encore, en confiant à Valéry le gouvernement de l'abbaye, durant le voyage qu'il fit à Bobbio pour tenter d'en ramener saint Colomban.
Mais la paix une fois rétablie dans le monastère, les deux Saints résolurent de donner carrière à leur zèle apostolique. Ils prêchèrent dans différentes provinces environ deux années, opérant partout de nombreuses conversions. Arrivés en Neustrie, ils demandèrent au roi Clotaire la permission de se fixer dans ses Etats. Ce prince, qui aimait et favorisait Luxeuil, les accueillit avec bienveillance, et leur permit de s'établir où ils voudraient. Ils se dirigèrent du côté d'Amiens.
Comme ils arrivaient à Gamaches (Wahmago), un seigneur appelé Sigobard tenait, suivant l'usage du temps, des assises où il jugeait les gens de ses domaines. Il venait de condamner un homme à mort, et déjà la sentence s'exécutait. En voyant de loin le patient suspendu à la potence, Valéry sent ses entrailles émues ; il court de toutes ses forces vers le lieu du supplice, mais il arrive trop tard : le condamné venait d'expirer. Les bourreaux mêmes défendent au Saint d'approcher et de toucher le cadavre ; lui, sans les écouter, coupe la corde, reçoit le mort dans ses bras, le dépose à terre ; puis, se couchant sur lui face contre face, il prie avec ferveur et répand d'abondantes larmes. Le Seigneur exauça le vœu d'une si ardente charité à la grande stupéfaction de tous ceux qui étaient là, la vie rentre dans les membres du supplicié, et bientôt il se lève plein de force et de santé. Le miracle était évident Valéry supplie Sigobard de laisser libre celui qu'il vient de rendre à la vie. Mais le cruel seigneur refuse, et ordonne qu'on pende de nouveau le criminel. Alors Valéry s'écrie : « Vous avez déjà exécuté votre sentence, et si cet homme vit encore, c'est par un miracle de la miséricorde divine. Vous ne me l'arracherez pas, ou vous me ferez mourir avec lui. Que si vous dédaignez de prêter l'oreille à un humble serviteur du Christ, souvenez-vous que le Dieu créateur ne méprise pas ceux qui l'invoquent, il nous exaucera parce que nous combattons pour ses lois ». Sigobard se laissa fléchir par ces prières, et fit grâce au coupable, qui vécut encore de longues années après. On montrait, jusque dans ces derniers temps, une chapelle élevée à Amiens, sur le lieu même où, d'après la tradition, ce miracle s'était opéré.
Une pieuse dame, nommée Bertille, offrit un asile aux deux Saints. Elle reconnut bientôt dans Valéry un homme privilégié du ciel. Dès lors elle ne le considérait plus qu'avec une sorte de vénération. Un jour, elle le pria en grâce de lui permettre de l'ensevelir, s'il mourait avant elle. Confus et étonné qu'on le jugeât digne du moindre honneur, le Saint éluda la demande en répondant : « C'est à Dieu d'agir en cela qu'il fasse selon son bon plaisir ! » Il s'estimait au-dessous de toutes les créatures.
Cependant les deux Solitaires cherchaient le coin de terre où ils pourraient se fixer, pour vaquer à la contemplation. L'évêque d'Amiens, Berchond, avait coutume de se retirer dans un lieu désert, pour se soustraire aux bruits du monde ce lieu, d'un sol riche et fertile, entouré de forêts, baigné d'un côté par la mer, de l'autre par la Somme, et couronné au fond par des rochers à pic, s'appelait Leuconaüs (Leuconay). Il conseilla à Valéry d'aller s'y établir ; Valéry céda au conseil de l'évêque. Retrouvant son Dieu dans la solitude, il s'adonna avec plus d'ardeur encore à la prière, au jeûne, et à tous les exercices de la pénitence. Son unique ambition était d'échapper à tous les regards, pour se perdre en Dieu. Mais déjà le bruit de sa sainteté s'était répandu au loin le miracle qu'il avait opéré devant tant de témoins avait révélé en lui ce qu'il eût tant désiré cacher. Bientôt une foule de disciples vinrent se mettre sous sa direction. Le désert de Leuconaüs changea tout à coup d'aspect là où régnait naguère une profonde solitude, connue seulement d'un saint évêque, s'élevaient de nombreuses cellules et un temple là où les hurlements des bêtes fauves avaient seuls trouvé un écho, retentissaient jour et nuit les louanges du Seigneur. Tel fut le commencement de l'abbaye de Leuconaüs ou Saint Valéry, si célèbre dans l’Église. Fondée vers 613, c'est-à-dire trois ans après l'expulsion de saint Colomban, elle fut établie sous la règle de ce grand serviteur de Dieu.
Valéry n'avait pu se refuser à recevoir les fidèles qui venaient se ranger autour de lui mais, prévoyant les distractions que lui occasionnerait inévitablement le soin d'une communauté, il songea à se créer une nouvelle retraite, une solitude au milieu de la solitude. Il se construisit donc une cellule à part, où il se tenait isolé, pendant que ses religieux vivaient en commun. Il n'en était pas moins le guide et comme l'âme de son monastère. Le roi Clotaire, dont la bienveillance avait suivi nos Saints, apprit avec joie la nouvelle de cette fondation, et se chargea de pourvoir à la subsistance des moines, en leur envoyant des vivres.
Valéry ayant ainsi trouvé l'objet de ses vœux, s'appliqua avec un soin particulier à sa propre perfection. Il pouvait enfin se livrer sans obstacle à ce goût sublime de la contemplation, dont il était épris. Mais plus il s'efforçait de se cacher aux hommes, plus Dieu se plaisait à faire éclater sa sainteté. Il fut favorisé du don des miracles ; et, quelque soin qu'il prît de contenir, en quelque sorte, la vertu qui opérait en lui, il ne pouvait l'empêcher de se faire jour. De là lui venait une célébrité, importune à son humilité, mais à laquelle il ne lui était plus donné de se soustraire.
Un habitant des bords de l'Oise, nommé Blitmond, était affligé d'une faiblesse de membres si grande, qu'il ne pouvait se tenir debout. Il vint trouver Valéry, sur le bruit de sa sainteté, et se recommanda à ses prières. Touché de son triste état, le pieux solitaire se mit en oraison, puis lui imposa les mains, en levant les yeux au ciel. Il toucha ensuite les membres malades, et partout où sa main passait, les plus vives douleurs se faisaient sentir. Mais en même temps la vie y renaissait avec la force bientôt Blitmond fut rendu à une parfaite santé. Les nombreux témoins de ce miracle en rendirent hautement grâces à Dieu, et Blitmond lui-même ne crut pouvoir mieux en témoigner sa reconnaissance qu'en se rangeant parmi les disciples du Saint. Il se fixa à Leuconaüs, où Valéry prit de lui un soin particulier, et profita si bien des leçons et des exemples de son maître, qu'il mérita de lui succéder dans la direction du monastère. L’Église l'honore comme saint.
Valéry délivra un grand nombre de possédés du démon. Pour cette sorte de guérison, il avait, selon le conseil du divin Maître, recours au jeûne et à la prière, aussi était-il la terreur des esprits impurs, qui s'écriaient en sa présence : « Cet homme nous tourmente Valéry est notre ennemi ». Il fut aussi honoré du don de prophétie. Plus d'une fois, il réprimanda en public des fautes qui avaient été commises dans le secret ; il en résulta que, pour éviter cette humiliation, ses religieux s'empressaient de lui avouer ce qu'ils avaient de plus caché, convaincus que rien n'échappait à l'œil divinement éclairé de leur maître. C'est ainsi encore qu'un jour de Saint Martin il reprit deux frères pour avoir bu avant la messe et, une autre fois, un autre homme qui avait commis la même faute, avant d'assister au sacrifice du dimanche, car dans les premiers siècles de l’Église on devait entendre la messe à jeûn. Les coupables se jetèrent à ses genoux, demandèrent pardon, et promirent de se corriger. Une dame pieuse lui ayant envoyé des vivres par son fils, celui-ci succomba à une tentation de gourmandise, et cacha une partie de ce qu'il portait, pour le reprendre au retour. Le Saint lui dit : « Nous rendons grâces à Dieu des biens qu'il nous envoie par vos mains. Quant à vous, mon fils, prenez garde de manger du pain et de boire du flacon que vous avez cachés en venant car un serpent est caché dans ce vase, et ce pain est empoisonné ». L'enfant, épouvanté, retourna vers le lieu où ses provisions étaient enfouies, et reconnut la vérité de ce que le serviteur de Dieu lui avait dit. Il revint tremblant se jeter à ses pieds, et lui demander pardon de sa faute.
Si une foi ardente était nécessaire dans notre Saint pour opérer ces prodiges, elle ne l'était pas moins dans ceux qui en étaient les objets. Un jour, un homme, atteint à l'œil d'une pustule fort dangereuse, vint trouver Valéry. Celui-ci se contenta de faire sur lui le signe de la croix, et lui ordonna de s'en retourner à l'ouvrage. Le malade hésitait à obéir, ne pouvant sans doute se persuader qu'une guérison miraculeuse se fît à si peu de frais. Valéry, le voyant balancer, lui dit : « Vous doutez ? Eh bien retournez chez vous et refusez tout remède, même celui que votre femme vous présentera. Sinon, vous guérirez de cette infirmité, mais vous en porterez la marque toute votre vie ». Ce qui était prédit arriva. Cet homme à la foi chancelante reçut de la main de sa femme la potion qu'elle lui présentait, et s'appliqua encore d'autres remèdes, dans l'espoir de guérir son mal. Il échappa en effet à la mort mais il resta borgne toute sa vie. « On ne finirait pas, ajoute l'historien, si on voulait raconter combien il guérit de malades en faisant sur eux le signe de la croix, ou en les frottant de sa salive ».
Le goût de la solitude n'éteignait point chez Valéry le zèle apostolique. L'idolâtrie régnait encore dans quelques contrées des bords de l'Océan. Le Saint voyait avec une extrême douleur des populations entières adonnées à de grossières erreurs il s'appliqua à les en délivrer. À mi-chemin entre le monastère et la ville d'Eu, à Ouste-Marais, dépendance de Meneslies (canton d'Ault), non loin de la Bresle, se trouvait, près de cette rivière, un chêne énorme, sur lequel on avait tracé une foule d'images païennes, devenues un objet de culte pour les peuples circonvoisins. Passant un jour par là, Valéry se sent enflammé d'un saint zèle, et ordonne à un jeune moine qui l'accompagnait de renverser cet arbre. Le disciple, qui était chaque jour témoin des prodiges opérés par son maître, n'hésite pas un seul instant il touche l'arbre du doigt, et aussitôt celui-ci tombe avec fracas, comme s'il eût été frappé de la foudre. Cet événement jette dans la stupeur les païens qui sont présents ; mais bientôt ils passent de la surprise à la fureur, et se précipitent, armés de haches et de bâtons, sur le Saint, en qui ils s'apprêtent à venger l'outrage fait à leurs divinités. Valéry, sans s'émouvoir, dit : « Si c'est la volonté de Dieu que je meure, rien ne pourra leur résister ». Mais tout à coup une force invisible retient les bras de ces furieux, l'épouvante les saisit, et le Saint est sauvé. Profitant alors de la circonstance, il leur parle avec force de leur aveuglement, et les exhorte à quitter leurs idoles pour le vrai Dieu. Sa parole pénétra ces cœurs aveugles ; tous se convertirent, et plus tard, sur ces lieux mêmes, c'est-à-dire à Ponts, qui touche à Oust-Marais, une basilique s'éleva, sous l'invocation de saint Valéry, au-dessus de la fontaine où la tradition porte que le Saint s'était lavé. Beaucoup de miracles s'y opérèrent dans la suite.
Un jeune enfant, nommé Ursin, proche parent de Mauronte, l'un des premiers dignitaires du palais, avait à la cuisse une blessure qui mettait sa vie en danger. Le père de cet enfant avait peu de foi à la vertu divine mais ses parents l'apportèrent à l'abbé de Leuconaüs, qui le délivra aussitôt de son infirmité. Un autre seigneur lui présenta également son fils, tourmenté d'un mal affreux et rebelle à tous les remèdes, le priant, s'il ne voulait le guérir, d'avoir au moins la bonté de l'ensevelir. Le Saint répondit :« Celui qui a tiré du tombeau Lazare mort depuis quatre jours, peut certainement rendre la santé à cet enfant ». Aussitôt il le touche, et le mourant reprend vie et force, et demande à manger. Audebert, c'était son nom, vécut longtemps après, et servit Dieu fidèlement.
Valéry, du sein de sa solitude, répandait ainsi au loin la bonne odeur de Jésus-Christ. Apôtre zélé, il se portait tour à tour sur les différents points de la contrée, évangélisant les pauvres, tonnant contre les vices, semant partout la bonne doctrine : il se faisait ordinairement suivre d'un ou plusieurs disciples, qu'il exerçait ainsi au ministère de la parole. C'était le genre d'apostolat le plus usité alors, et le mieux approprié aux besoins de la société. Il fallait, pour convertir les populations grossières, adonnées aux plus stupides erreurs, des spectacles frappants et quoi de plus frappant que ces moines austères, enfoncés dans la solitude, ne vivant que d'herbes sauvages, priant jour et nuit, et ne sortant de leurs retraites que pour annoncer les oracles du ciel ? À travers leurs instincts grossiers, les barbares de cette époque sentaient qu'une puissance surhumaine agissait dans ces hommes extraordinaires. Ajoutons que presque toujours les missionnaires étaient favorisés du don de miracles en sorte que ceux qui avaient résisté à l'action de la parole s'inclinaient devant la force du prodige. Convenons cependant qu'il y avait encore des endurcis, comme Valéry l'éprouva dans une circonstance que son biographe raconte en ces termes :
« Il revenait un jour de Caldis (3) au monastère, en compagnie de quelques-uns de ses disciples. La rigueur du froid l'obligea à demander asile à un prêtre qui logeait sur la route. Par hasard, le juge du lieu se trouvait là ; mais, au lieu d'accueillir avec les égards convenables le saint missionnaire qui leur demandait l'hospitalité, ces indignes personnages se laissèrent aller à des propos malhonnêtes et à d'obscènes plaisanteries. Valéry leur fit de sages remontrances sur l'inconvenance de ce procédé, et leur rappela le compte sévère que nous devons rendre un jour de toute parole oiseuse, à plus forte raison de tout discours licencieux. Cet avertissement ne toucha point ces libertins, qui n'en donnèrent que plus libre cours à la malice de leurs cœurs. Alors le Saint s'écria : « Je vous demandais un abri d'un moment contre les rigueurs du froid mais vos affreux discours m'obligent à me passer de ce soulagement ». Et il sortit en secouant la poudre de ses pieds. Aussitôt la Justice divine prit soin de venger l'injure faite à son serviteur. De ces deux misérables, l'un, le prêtre, perdit la vue, et l'autre fut affligé d'une horrible maladie. Ils reconnurent la main qui les frappait, et supplièrent le Saint de revenir sur ses pas et de rentrer pour se réchauffer mais il ne le voulut point. Le prêtre resta aveugle toute sa vie, et le juge périt misérablement du mal honteux qui l'avait atteint ».
Les Saints n'ont dû qu'à leurs éminentes vertus, l'empire dont ils jouissaient sur la nature. Or, sous ce point de vue, Valéry peut être cité comme un modèle accompli. Toutes les vertus chrétiennes se rencontraient dans sa belle âme. Sa chasteté était si parfaite, que jamais une pensée impure ne le souilla. Chaque fois qu'il se mettait en prière, ou qu'il assistait au chœur ou même qu'il prêchait à ses disciples, des larmes abondantes inondaient ses joues, tant sa dévotion était tendre. Souvent, il passait la nuit entière en oraison ; souvent aussi, il se retirait dans l'épaisseur des bois ou dans le creux des rochers, ou s'enfermait dans sa cellule pour vaquer à la contemplation des choses saintes, et dérober aux regards des hommes les saintes extases dont le ciel l'honorait. Sa mortification était extraordinaire : il n'avait pour couche qu'une claie d'osier, pour vêtement qu'une grossière tunique surmontée d'une capuche il s'interdisait l'usage du lin. Il ne prenait de nourriture qu'une fois la semaine, le dimanche. Il n'usait ni de vin, ni de bière, ni d'aucune liqueur enivrante seulement, lorsque quelque étranger venait au monastère, il en buvait un peu par complaisance pour ses hôtes. Chaque jour il récitait deux offices complets celui du monastère et celui de l'église de France le reste de son temps il l'employait à la prédication, à la lecture, à l'oraison ou au travail des mains. Ses journées ainsi remplies, il ne lui restait que peu d'instants pour le sommeil. Sa charité envers les pauvres n'était égalée que par sa confiance en Dieu. Plus d'une fois il se dépouilla de son propre vêtement, pour en revêtir quelque membre souffrant de Jésus-Christ et tant qu'il restait quelque chose au monastère, il donnait aux mendiants, sans s'inquiéter du lendemain. Et quand il s'élevait là-dessus quelque murmure parmi les religieux, il répondait doucement : « Mes enfants, tenez pour certain que celui qui donne de bon cœur son nécessaire à ceux qui le lui demandent, ne sera jamais abandonné de Dieu ». Ces paroles ne furent pas démenties une main inconnue venait toujours à point réparer les vides faits par la charité.
Les animaux eux-mêmes étaient l'objet de ses soins, nous dirions presque de sa tendresse. Il aimait, comme plus tard on a vu saint François d'Assise, à nourrir les petits oiseaux, qui venaient familièrement voltiger autour de lui, se poser sur ses épaules et manger dans sa main. Si par hasard un des frères approchait et épouvantait ces petites bêtes, il le faisait retirer en disant : « Laissez ces innocentes créatures manger en paix leur petit grain ».
La douceur semble avoir plus particulièrement caractérisé ce grand Saint. Toute sa vie est comme empreinte de cette admirable vertu il n'a rien de cette sorte d'âpreté que le séjour de la solitude imprimait quelquefois aux moines de cette époque. Formé à une école où la rigidité formait le fondement de la règle, Valéry n'en avait pris que l'huile de Fonction. Il demandait à la douceur ce que d'autres auraient cru devoir obtenir par la fermeté. Son historien atteste qu'il s'efforçait sans cesse d'atténuer la rigueur de la discipline, mais dans la mesure prescrite pour ne rien lui ôter de son nerf. Sa bonté à l'égard des jeunes gens surtout était extrême bien que vivant sous la règle de saint Colomban, il n'appliquait que rarement les sévères punitions exigées par le Pénitentiel. Quand un moine avait encouru quelque peine corporelle, il le faisait venir, et lui disait avec douceur : « Voyez, mon fils, quel est le châtiment que vous venez de mériter. Rentrez en vous-même, rougissez de votre faute, et que pour cette fois votre honte soit votre unique punition ». Par ce moyen, ajoute le biographe, il ramenait les délinquants plus facilement et plus sûrement que par la sévérité.
Son aspect physique concordait, du reste, avec ce caractère de douceur et de bienveillance qui lui était propre. Une aimable sérénité brillait toujours sur son visage, sa parole était grave et mesurée, sa taille élevée, mais grêle il avait, ajoute l'historien, les yeux d'une beauté remarquable, et la physionomie gracieuse, malgré la pâleur et l'extrême maigreur de sa figure, causées par ses mortifications excessives. L'amour divin et l'énergie de sa volonté soutenaient si bien ses forces, que jamais il ne manqua à aucun des devoirs de sa charge. Quand il devait opérer la guérison de quelque maladie, ou révéler l'avenir ou quelque chose d'inconnu, ses joues s'enflammaient et son visage resplendissait d'un éclat particulier signe évident de l'esprit surnaturel qui agissait en lui. Du reste, sa pureté était si grande, qu'il garda sa virginité sans tache jusqu'à sa mort.
C'est dans l'exercice de ces vertus que s'écoulait cette précieuse existence. Il y avait six ans, selon les uns, neuf ans, selon les autres, qu'il habitait Leuconaüs, quand le Seigneur jugea à propos de l'appeler à lui. Une révélation particulière l'avertit que sa mort était proche. Un jour de dimanche, comme il rentrait au monastère, en passant sur la hauteur de la butte du cap Rornu, où il se retirait souvent pour prier, il s'arrêta au pied d'un arbre, prit deux branches qu'il fixa en terre, et dit aux religieux qui l'accompagnaient : « C'est ici que vous m'ensevelirez, quand il aura plu au Seigneur de terminer ma carrière mortelle ». Une révélation divine lui avait sans doute appris que le saint évêque Berchond avait coutume de suspendre à cet arbre les reliques des Saints, lorsqu'il venait y prier. Dès ce moment, ses frères comprirent qu'il ne tarderait pas à les quitter. En effet, peu de temps après, un jour de dimanche encore, il rendit paisiblement son âme à Dieu, le 1er avril 619. On l'enterra au lieu qu'il avait désigné, et où l'on a érigé depuis une chapelle. Bientôt son tombeau devint célèbre par de nombreux miracles. On éleva plus tard une basilique en son honneur, sur l'emplacement même de l'arbre consacré aux idoles, qu'il avait miraculeusement renversé.
On lui a donné pour attribut des oiseaux qui volettent sur ses épaules ou qu'il réchauffe dans ses mains. Sa tête est rasée. La longue robe des Bénédictins descend en plis gracieux jusque sur ses pieds.
Cultes et reliques de Saint Valéry
Après sa mort, la communauté qu'il dirigeait, obligée de fuir devant d'injustes oppresseurs, se dispersa ; et Leuconaüs redevint un aride désert. Alors Berchon, affligé que le corps du Saint ne fut plus entouré des honneurs qui lui étaient dus, forma le projet de le transporter dans sa cathédrale d'Amiens. Mais on essaya vainement de l'enlever de son tombeau : une puissance irrésistible paralysa tous les efforts ; on ne put venir à bout de le soulever de terre le bienheureux Valéry témoignant par là qu'il voulait encore habiter après sa mort les lieux qu'il avait honorés par ses vertus.
Cependant, quelques années après, l'orage étant passé, Blitmond, autrefois miraculeusement guéri par le Saint, et retiré à Bobbio depuis la mort de son maître, demanda à l'abbé Attale la permission de revenir à Leuconaüs. Celui-ci résista longtemps. À la fin, averti par une vision que telle était la volonté du ciel, il permit à son disciple d'exécuter son projet. Blitmond revint donc à Leuconaüs vers l'an 627, et y vécut une année en simple ermite. Puis il obtint du roi Clotaire et de l'évêque d'Amiens la permission d'y construire un vaste monastère et une magnifique église, qui devint bientôt le but de nombreux pèlerinages. Héritier du zèle de son maître, il combattit et détruisit les restes du paganisme dans ces contrées, et mérita d'être le second abbé de Leuconaüs. On ignore combien de temps il dirigea ce monastère ; mais ses vertus l'ont mis an rang des Saints, et une localité voisine a perpétué son nom. Ainsi, l'œuvre de notre Bienheureux ne périt point ; pendant bien des siècles, son intercession et son souvenir enfantèrent des Saints à l’Église.
Le nom de Valéry devint bientôt populaire ; on a recueilli le souvenir de quelques-uns des nombreux miracles opérés à son tombeau. Une ville se forma même autour, qui prit le nom du Saint (4). Vers l'an 980, Arnoul le Vieux, comte de Flandre, désireux d'avoir des corps saints, fit enlever violemment celui de saint Valéry, que l'on déposa d'abord à Montreuil, puis à Sithiü. Mais le duc Hugues (plus tard roi de France) le fit rendre aux moines de Leuconaüs. C'est même depuis ce temps-là que le monastère de Leuconaüs prit le nom de Saint Valéry.
Peu après, Ingelramme, abbé de Saint Riquier, composa des chants en l'honneur de notre Saint et de l'archevêque Ulframme. Un autre monastère du nom de Saint Valéry existait aussi en Auvergne. Un chroniqueur, antérieur au XIIe siècle, en écrivait : « Là repose le corps du saint confesseur, et les habitants du pays attribuent à sa présence d’être souvent délivrés des dangers ». Mais il est probable que ce monastère est celui où Valéry entra dans la vie religieuse, ou simplement un monument élevé à sa mémoire. car il est certain que ses reliques n'y ont jamais été transférées.
En 1197, le roi Richard, instruit que des vaisseaux sortis d'Angleterre portaient des vivres à ses ennemis et les déposaient à Saint-Valéry-sur-Somme, s'en vengea en mettant le feu à la ville, en dispersant les moines et en faisant transporter les reliques du Saint en Normandie, probablement dans la Bourgade qui, depuis, a pris le nom de Saint-Valéry-en-Caux, entre Dieppe et Fécamp. Mais plus tard elles furent rapportées au monastère de Saint-Valéry-sur-Somme, dévolu dans la suite à la congrégation de Saint Maur, et s'y sont conservées jusque dans ces derniers temps.
Il parait, du reste, probable que saint Valéry a évangélisé le pays de Caux et tout le littoral de la Manche telle est du moins la tradition (5).
Avant la Révolution de 1793, le corps de saint Valéry était renfermé dans une châsse magnifique, de la forme et de la grandeur d'un tombeau. Cette châsse était entièrement recouverte d'une lame d'argent qui lui donnait une certaine valeur intrinsèque. C'était plus qu'il n'en fallait pour provoquer la cupidité et l'impiété des sacrilèges révolutionnaires de cette lamentable époque. Aussi cette châsse fut-elle enlevée, et les reliques du Saint brûlées et réduites en cendres an milieu même du chœur de l'église.
Le pavé sur lequel s'est accompli cet acte de sauvage impiété en garde encore les traces et a été soigneusement conservé jusqu'à ce jour.
Toutefois, un ossement assez considérable, grâce à la piété courageuse d'une femme, a échappé à la destruction. Cette relique, la seule qui reste, avait été distraite du reste du corps et placée dans le soc du buste du corps de saint Valéry, recouvert d'argent, comme était autrefois sa châsse, pour être honorée et vénérée dans la chapelle dédiée au Saint, et où il avait été inhumé. La place du tombeau est soigneusement marquée dans ladite chapelle.
La dévotion à saint Valéry est toujours bien vive dans le pays. La chapelle, qui est hors des murs de la ville, reste ouverte tous les jours depuis le matin jusqu'au soir, et il est rare de n'y pas rencontrer des personnes en prière. On y vient en pèlerinage des pays voisins et autres plus éloignés. On aime à faire célébrer le saint Sacrifice de la messe sur le tombeau de notre Saint, et on y fait brûler un grand nombre de cierges.
Saint Valéry est le patron de toute la ville. Sa fête se célèbre du rit de première classe, le 12 de décembre. Depuis le Concordat, la solennité en est renvoyée au troisième dimanche d'Avent, quand la fête ne tombe pas ce jour-là (6).
Saint Valéry est mentionné dans le martyrologe romain (1er avril) et dans ceux d'Usuard et d'Adon. Trithemius, du Saussay, H. Menard, Bucelin, Molanus, Chatelain, etc., lui donnent unanimement place dans leurs calendriers. Les mariniers le considèrent comme leur patron. Près du monastère qui portait son nom, est une chapelle où il aimait à se retirer pendant sa vie, et où il fut enseveli c'est là que les marins vont se mettre sous sa protection, avant de s'embarquer. Guillaume le Conquérant, sur le point de partir pour l'Angleterre, fit porter hors de la chapelle et exposer au grand jour le corps du Saint, afin d'obtenir par son intercession un vent favorable. Le ciel exauça ses vœux au rapport de Guillaume de Malmesbury et de Matthieu de Paris.
Les Saints de Franche-Comté, Besançon, 1854 ; et notes locales.
Notes
(1) Il y a eu deux établissements de ce nom : Autoin, à quatre lieues d'Issoire, prieuré du diocèse de Saint Flour, dépendant du monastère de Soucillanges ; et Antoin, à une lieue d'Issoire, et dépendant des Pères Carmes du faubourg de Clermont. (Acta Sanctorum ord. Bened., t. V, addit. et corr., p. 628).
(2) Ou Aunaire. Il siégea de 571 à 605.
(3) Aujourd’hui Cayeux, village à quelque distance à l'ouest de Saint-Valéry. (Mab., note, p. 86).
(4) Saint-Valéry-sur-Somme (Picardie).
(5) Eglises d'Yvetot, par le savat abbé Cochet.
(6) M. Colamaire, curé-doyen de Saint-Valéry-sur-Somme, a bien voulu nous transmettre ces renseignements.
Texte extrait du 4e volume des Petits Bollandistes, Abbé Guérin, Paris, 1876
Le Mois de Sainte Philomène
Le Mois de Sainte Philomène
Trente-deuxième jour
Conclusion du Mois de Sainte Philomène
À toutes les gloires de sainte Philomène est venue ; dans ces dernières années - années d’épreuves pour la France - s’en joindre une nouvelle non moins éclatante que les autres. La Thaumaturge du XIXe siècle a voulu être l’instigateur des pèlerinages nationaux qui se sont organisés pour la conversion de la France et la délivrance du Souverain Pontife, en commençant par celui qui a eu lieu à la Salette en 1871, C’est elle qui a présidé au mouvement religieux de notre époque, lequel va grandissant tous les jours, et voici comment.
Durant la guerre civile qui a ensanglanté la capitale, une lampe n’a cessé de briller à l’autel de sainte Philomène en l’église des Saints Gervais et Protais, qui, quoique au milieu de l’incendie et de l'émeute, a été miraculeusement préservée, et avec elle, toutes les maisons de la paroisse. Au pied de cet autel quarante fidèles, touchés des malheurs de la patrie, et de là protection manifeste que la Sainte avait accordée à leur église, promirent d’aller solennellement en pèlerinage à Ars et à la Salette, et de convoquer à cette manifestation religieuse, non-seulement la paroisse de Saint Gervais, mais encore tous les catholiques de France.
Malgré des obstacles sans nombre dont Philomène a triomphé, le pèlerinage national de 1872 a eu lieu, et il a été suivi de celui de 1873, et l’on peut bien dire que si la vierge de Mugnano a inspiré le premier pèlerinage national, elle a été la protectrice de tous ceux qui ont suivi.
Aussi le culte de sainte Philomène à Saint Gervais, qui n’était à l’origine que paroissial, a acquis un caractère d’universalité et pris une importance qui ne fait que s’accroître ; il s’est régularisé grâce aux soins et au zèle de M. l’abbé de Bussy, curé de Saint Gervais et chanoine honoraire du diocèse, et a fait sentir partout sa douce et salutaire influence. De nombreux cierges brûlent constamment autour de la statue de la Sainte et treize lampes -en mémoire des treize années mortelles de la martyre - ont été allumées pour ne plus s’éteindre. Que de consolations accordées ! que de grâces obtenues !
Pratique : Que sainte Philomène a acquis de titres à notre reconnaissance ! Combien elle est grande devant Dieu, et combien nous devons faire d’efforts pour mériter un de ses regards ! Invoquons-la sans cesse ; déposons des ex-voto à ses sanctuaires ; faisons brûler en son honneur des huiles parfumées ! Invoquons-la surtout pour la conversion de notre patrie, pour le Pontife que la chrétienté vénère ; invoquons-la pour le catholicisme qu’on martyrise. Philomène est la vierge victorieuse - virgo victrix - elle est l’inspiratrice et la protectrice des grandes œuvres. Mettons-nous sous son égide, et nous n’aurons plus rien à craindre ; l’espérance luira pour nos cœurs, et nous atteindrons le séjour céleste que Dieu réserve à ses élus.
Téléchargez l’intégralité des méditations du Mois de Sainte Philomène (pdf) en cliquant ici
Fin du Mois de Sainte Philomène
Prochain Mois de dévotion:
le Mois des âmes du Purgatoire
rendez-vous le 30 octobre
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Le Mois de Sainte Philomène
Le Mois de Sainte Philomène
Trente-et-unième et dernier jour
Nous voici arrivés au dernier jour du Mois consacré à sainte Philomène. Nous avons pu voir cette sainte toujours secourant le malheureux, toujours versant à flots sur ses protégés les miséricordes du Seigneur et de la Vierge.
À ces traits déjà si multipliés nous eussions pu en ajouter des milliers d’autres. Car combien de prodiges la Sainte n’opère-t-elle pas de nos jours encore par sa médiation auprès du Tout-Puissant, en Italie, dans notre France, en Belgique, pays où son culte devient toujours plus florissant. Il n’est pas un lieu de pèlerinage, il n’est point un autel édifié à la Sainte où elle ne signale de temps en temps toute sa tendresse en faveur des âmes qui s’adressent à elle avec confiance.
Dites-le vous, braves anges, esprits bienheureux, gardiens de ces sanctuaires bénis qui avez été les témoins de ses bienfaits. N’est-il pas vrai que tous les maux trouvent des remèdes, et toutes les infirmités et les maladies leur guérison au pied de l’image vénérée de sainte Philomène ? Oh ! quel puissant encouragement pour nous de la prier avec foi, de l’honorer avec amour ! Grande Sainte, qui a jamais pu dire, s’il vous a invoquée avec humilité, confiance et persévérance, que vous l’ayez abandonné dans ses besoins. Oh! que les enfants des hommes célèbrent donc conjointement avec les anges les miséricordes de notre Dieu sur eux par l’entremise de Philomène !
Sainte Philomène donc ne demande qu’à nous faire du bien : nous en sommes convaincus. Mais cela suffit-il pour que nous jouissions de sa faveur ? Pas toujours ; car il faut qu’à sa bonté, à sa sollicitude, répondent non seulement notre désir d’être protégés par elle, mais encore, mais surtout la persévérance à l’honorer par un culte spécial, et qui soit conforme à la doctrine et à la pratique de notre mère la sainte Eglise. Or, ce culte de sainte Philomène doit être comme celui que nous rendons à Dieu, toujours proportion gardée selon les limites que l’ordre et les convenances réclament, rendu en esprit et en vérité, et ici le mot de saint Jean trouve heureusement son application : « N’aimons pas de paroles, mais par les œuvres ». C’est-à-dire que pour honorer dignement et avec fruit notre Sainte bien-aimée, il faut, si nous sommes pécheurs, quitter le péché et marcher dans la voie du juste, en y faisant tous les jours, à chaque instant de nouveaux pro grès. C’est-à-dire encore qu’à l’invocation de sainte Philomène, nous devons joindre l’imitation des vertus de sainte Philomène.
C’est ainsi que le saint curé d’Ars lui-même entendait le vrai culte de sainte Philomène ; il disait souvent aux empressés qui le priaient d’intervenir auprès de la Sainte pour eux, afin qu’elle les guérît de leurs infortunes : « Il faut guérir l’âme avant de guérir le corps ». Et nos dévotions pour sainte Philomène seraient-elles animées de la plus grande ferveur, le Seigneur et sa Sainte détourneront les yeux de nos prières, dédaigneront même notre culte, si nous voulons persévérer dans l’iniquité.
Une fois quittes du péché, une fois notre âme purifiée, allons avec confiance vers sainte Philomène, adressons-nous à elle dans nos besoins, et soyons convaincus à l’avance que nos espérances ne seront jamais frustrées dans ce que nous lui demanderons; car c’est ce dont il faut nous bien persuader en terminant, ou alors sainte Philomène nous obtiendra les grâces que nous sollicitons de sa bonté, ou elle nous en obtiendra de meilleures, c’est-à-dire des grâces plus conformes à ce que l’Eternel veut de nous et à nos vrais besoins.
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Le Mois de Sainte Philomène
Le Mois de Sainte Philomène
Trentième jour
Sainte Philomène corrige un esprit fort et le convertit
Combien de fois on rencontre de ces esprits soi-disant forts et qui sont très faibles, de ces esprits qui trouvent étrange qu’on attribue des effets merveilleux aux saintes images, et qu’on s’empresse à les honorer avec une si vive piété. Tel était l’individu dont il va être parlé et que sainte Philomène a ramené à la doctrine de vérité. Sachons profiter de la leçon pour le salut de notre âme.
Sa famille avait, en dépit de son incrédulité, une affection marquée pour notre Sainte. Elle en avait l’image dans un petit oratoire domestique, et lui rendait un culte assidu. C’était le fruit de ce qu’elle avait entendu dire à un pasteur fervent et zélé, sur les grâces sans nombre obtenues par l’intercession de sainte Philomène.
On en parlait quelquefois dans la maison. Mais croire à des miracles, et à de pareils miracles, c’était, selon cet homme, l’indice d’un bien petit esprit.
Il persistait à penser et à raisonner de la sorte, quand il lui semble un jour, en dormant, se trouver dans l’église ; et il y voit la sainte Martyre, environnée d’un grand nombre de personnes. Toutes lui demandaient quelque faveur, et toutes s’en retournaient pleinement satisfaites.
Désirant, lui aussi, voir se réaliser une chose qu’il avait fort à cœur, il s’approche et lui adresse sa prière : « Loin d’ici, loin d’ici, lui répond aussitôt la Vierge courroucée ! N’êtes-vous donc plus cet homme qui n’ajoute aucune foi aux prodiges que j’opère ? Quoi ! vous, oser me demander des grâces !... »
Ces paroles, prononcées d’un ton sévère, firent la plus vive impression sur son cœur ; et il se réveilla. Ce n’était plus le même homme. Il jugea, dès ce moment, d’une toute autre manière ; il ne cessait de pleurer son erreur, et par la tendresse de sa dévotion envers la Thaumaturge, il mérita de sa part une distinction marquée dans la distribution de ses faveurs.
Admirons et adorons Dieu dans les merveilles qu’il opère en faveur de ses élus, lors même que nous ne les comprenons pas. Nous mériterons par ce moyen d’en avoir l’intelligence, s’il plaît au Seigneur, devant qui les plus grands esprits ne sont que petitesse, ignorance et ténèbres.
Si nous réfléchissions sérieusement que les saints sont les amis de Dieu, qui tient lui-même à les honorer et les faire honorer par les prodiges de sa puissance souveraine qu’il opère le plus souvent par leur intervention ; que ce Dieu est à leur égard aussi libéral qu’il est tout-puissant ; certes ! nous ne trouverions plus rien d’incroyable de ce que la légende nous rapporte des merveilles divines dans les saints.
Que le peu que nous venons d’exposer de la protection universelle de sainte Philomène nous porte à nous confier en elle, à imiter les vertus qu’elle a pratiquées et à lui adresser avec fidélité et dévotion quelques-unes des prières qui vont être offertes dans la deuxième partie de ce livre. Le patronage de sainte Philomène est un bien si grand, que nous ne saurions jamais trop faire pour le mériter.
Pratique : Comme la mesure des faveurs de sainte Philomène sur nous sera celle de notre dévotion pour elle, empressons-nous à l’honorer de notre mieux.
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Le Mois de Sainte Philomène
Le Mois de Sainte Philomène
Vingt-neuvième jour
Sainte Philomène punit un incrédule
Il faut sans doute distinguer les vérités ou dogmes de foi d’avec ce qui est opinion purement humaine, le témoignage divin d’avec le témoignage humain. Mais mépriser les faits, les miracles, les révélations qui ne sont pas définitivement reçues de l’Église, par un sentiment de mépris, pour ridiculiser, c’est une faute très grave, et qui ne peut nous attirer que des châtiments de la part de Dieu, qui est jaloux de la gloire de ses saints, et qui aime à manifester par des œuvres merveilleuses le crédit dont ils jouissent auprès de lui. Le fait que nous citons doit bien suffire à le prouver.
Un homme, le plus riche et le plus puissant du lieu où il vivait, se servait de son opulence et de son crédit pour vexer et persécuter toute sa commune.
Il n’y avait personne qui n’eût à se plaindre de sa méchanceté, et quoi que l’on tentât pour le faire rentrer de gré ou de force dans le devoir, ce petit tyran avait toujours assez d’habileté pour se tirer d’affaire.
Sainte Philomène venait d’opérer dans le même endroit un miracle dont tout le peuple et un grand nombre d’étrangers avaient été témoins.
Cet homme n’avait pu l’être avec les autres, en raison d’une absence. Quand il fut de retour, il entend le récit. Mais le voilà qui crie au mensonge et à la superstition.
« Bon, bon, dirent alors dans la simplicité de leur foi les victimes de l’injustice, il s’en prend à la Sainte, nous serons vengés » ; et le bruit se répand, on ne sait comment, que le malheureux ne verra pas la fête de sainte Philomène. Le peuple, le clergé, tous le répétaient d’une commune voix.
La chose arriva, en effet, comme cela avait été prédit. Il mourut subitement, et sa mort, qui eut lieu un mois avant la fête, porta des caractères visibles et frappants d’un châtiment céleste.
C’est ainsi que le ciel punit ceux qui se rient des saints et des prodiges qu’ils opèrent. Prenons donc bien garde à nous.
Mais, me direz-vous, il faut donc, selon vous, croire absolument sous peine d’éternelle damnation tout ce qui se raconte des miracles et des apparitions des saints ? À Dieu ne plaise ! répondrai-je.
Croyez d’abord tout ce qu’enseigne et reçoit l’Église, c’est devoir ; croyez ensuite tout ce qu’elle ne repousse point, tout ce qu’elle tolère en fait de croyance humaine ; c’est humilité, c’est respect, pieux hommage que Dieu a le droit d’attendre de vous. Pour celui qui comprend combien Dieu est bon à l’excès, combien il est puissant à l'infini, celui-là n’a pas de peine à croire les choses merveilleuses.
Pratique : Ayons un profond respect pour tout ce qui concerne sainte Philomène et son culte.
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Le Mois de Sainte Philomène
Le Mois de Sainte Philomène
Vingt-huitième jour
Sainte Philomène rend la santé à une religieuse dangereusement malade
Qui racontera les secours que prodigue sainte Philomène aux religieuses qui sont fidèles à leurs saints engagements dans la noble et belle vocation qu’elles ont embrassée ? Le trait qui suit montre jusqu’à l’évidence combien ces âmes consacrées au Seigneur peuvent compter sur la protection de la Sainte, lorsqu’elles l’invoqueront avec instance et avec confiance dans leurs maladies ou autres causes désespérées.
Une jeune religieuse, que la discrétion ne permet pas de nommer, était dans un état voisin de la mort. Les gardes qui veillaient sur elle n’attendaient que l’instant où, dans un suprême effort, elle rendrait le dernier soupir.
Cependant on eût voulu sauver la vie de cette chère sœur à tout prix ! Voyant bien que l’espoir n’était plus, et saisie par une vive crainte qui le remplaçait, l’une des gardes vole à l’instant vers la digne supérieure.
« Ma mère, lui dit la sœur en laissant échapper de grosses larmes, venez recevoir le dernier soupir de votre fille ».
La supérieure arrive, fait prier sainte Philomène de vouloir bien, elle si bonne envers tous, s’intéresser à la position désespérante de la malade et lui obtenir le retour à la santé, s’il plaisait au Seigneur.
Une prière faite dans ces sentiments de foi et d’humilité, faite à sainte Philomène surtout, ne pouvait certes manquer d’être exaucée.
En effet, sainte Philomène, toujours si bienveillante, ne fut pas plus tôt invoquée, que la crainte à son tour fit place à l’espoir. Car, tout à coup, on voit la malade ouvrir les lèvres, on l’entend articuler quelques paroles.
Enfin, et l’Eternel le permettait ainsi pour que la guérison pût être certifiée par un témoignage imposant de plus, enfin, la nuit écoulée, l’aumônier arrive.
Il conjure la sœur malade d’unir sa prière à la prière de ses compagnes, et de se confier pleinement en Dieu sous la protection de sainte Philomène, il ajouta que la Sainte en avait tant guéri ! « Hélas ! répond à l’instant la pieuse et modeste religieuse, mais d’un ton qui accusait encore son état excessivement maladif, hélas ! ma vie est si peu de chose, et c’est un si grand bonheur pour moi de l’offrir à Dieu, en la lui sacrifiant par la mort ! » Le prêtre insiste ; la bonne sœur obéit ; elle prie sainte Philomène. Et soudain sa figure change, ses traits décomposés se rétablissent, un bien-être se fait sentir dans tous ses membres.
Sainte Philomène n’a point été insensible aux supplications qui lui ont été adressées. Oh ! Non ! car deux jours après, la malade allait à l’église rendre grâces à Dieu et à la Sainte de sa guérison.
Pratique : Comme sainte Philomène est la protectrice spéciale des personnes religieuses, elles doivent, ces personnes, lui témoigner une grande vénération. Les frères et les sœurs des écoles feront une œuvre bien agréable à Dieu et à la Sainte s’ils s'efforcent d’implanter la dévotion à sainte Philomène dans le cœur des jeunes enfants confiés à leurs soins.
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Le Mois de Sainte Philomène
Le Mois de Sainte Philomène
Vingt-septième jour
Sainte Philomène guérit deux dames à la prière du saint curé d'Ars
Nous empruntons les deux guérisons suivantes au délicieux ouvrage de monsieur l’abbé Garnier sur sainte Philomène. Le récit en a été fait par une dame de Chalon-sur-Saône, nommée Raymond Corcevray, qui, elle-même, est l’objet de la guérison. Elle dit donc :
« La première fois que je vis le curé d’Ars, c’était au mois de mai 1843, époque à laquelle ce bon père fut atteint d’une maladie qu’on crut mortelle. On me permit d’entrer dans sa chambre. Il fit en me voyant un geste de la main pour me bénir. J’étais très souffrante d’une affection chronique au larynx et aux bronches. Cette bénédiction me guérit à moitié.
À deux jours de là, j’assistai à une messe de trois heures du matin où M. le curé célébrait sa propre guérison et rendait grâce à sainte Philomène. Je le consultai sur mon état et il me dit : « Mon enfant, les remèdes de la terre sont inutiles ; on vous en a déjà beaucoup administré. Mais le bon Dieu veut vous guérir... Adressez-vous à sainte Philomène, déposez votre supplique sur son autel, faites-lui violence, dites-lui que si elle ne veut pas vous rendre votre voix, elle vous donne la sienne ».
Je suivis ce conseil, je courus me jeter aux pieds de la chère petite Sainte. Je m’unis de tout mon cœur au curé d’Ars. L’effet fut instantané. Il y avait deux ans que je ne parlais plus, six ans que je souffrais cruellement. En entrant chez madame Fairer où j’étais logée, je lus à haute voix quelques pages sur la confiance en la sainte Vierge... J’étais guérie. Lorsque je revis M. Vianney, il me dit : « Mon enfant, n’oubliez pas l’action de grâces, et soyez ici le jour de la fête de sainte Philomène ».
Je n’eus garde de manquer à ce cher rendez-vous. Le 10 août, j’étais derrière le bon saint pendant la messe. Je chantai à l’élévation d’une voix forte et soutenue, et lorsque l’office fut terminé, M. Vianney me félicita de ce que la petite Sainte avait achevé ma guérison, me rendant la faculté de chanter aussi bien que celle de parler. Quant à cette dernière, vous savez avec quelle prodigalité j’en use. Toutefois l’abus n’a jamais ramené ces douleurs si vives, si continuelles, que j’éprouvais avant ma guérison ».
Après avoir raconté sa propre guérison, madame Raymond parla de celle d’une amie qui, comme elle, dut la guérison d’une infirmité mentale au saint curé et à sainte Philomène. Voici en quels termes :
« J’ai une parente qui, à la suite d’une grande révolution, a eu pendant trois mois la tête complètement perdue. Les remèdes, les soins, les distractions lui furent inutilement prodigués.
Sa pauvre mère, ne sachant plus quel parti prendre, me l’amena. Elle était désespérée. Je l’adressai à notre bien-aimé saint.
« Ma bonne dame, lui dit ce saint curé, faites une neuvaine à sainte Philomène. Je prierai avec vous. Vous verrez que tout ira bien ».
Tout alla bien, en effet ; et le dernier jour de la neuvaine, il n’y avait plus chez ma jeune parente trace de la maladie.
Aujourd'hui elle est mère de cinq enfants, à la tète d’un commerce très important, qu’elle dirige avec une rare intelligence. Jamais on n’a remarqué depuis dans ses facultés le moindre-affaiblissement.
Rappelons cette belle parole du saint curé d'Ars : « Noubliez pas l’action de grâces ». Beaucoup s’adressent à Dieu et à ses saints pour solliciter leur propre guérison ou tout autre bienfait souvent temporel ; mais hélas ! que le nombre de ceux qui les remercient, après en avoir été gratifiés, est petit !
Pratique : Un moyen sûr pour que nos prières soient favorablement accueillies de sainte Philomène, c’est si nous savons employer auprès d’elle l’intervention du saint curé d’Ars. qui lui était si dévoué !
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Le Mois de Sainte Philomène
Le Mois de Sainte Philomène
Vingt-sixième jour
Sainte Philomène prend sa cause en main
Le ciel, qui est jaloux de la gloire des amis de Dieu, montre souvent sa puissance sur ceux qui prétendraient la leur ravir. Nous citons un fait qui prouve jusqu’à l’évidence que Dieu accorde à ses saints amis d’exercer eux-mêmes ce pouvoir sur les volontés des hommes qui s’opposent trop souvent d’une manière directe ou indirecte au culte que nous leur rendons et qu’ils ont le droit d’attendre de nous. Ce trait, du reste, nous devra faire remarquer que la grande influence du culte de sainte Philomène sur la société chrétienne à cette époque est le résultat de la puissance dont l’a revêtue l’Eternel, qui met en elle ses complaisances, et qui la glorifie sur la terre à raison de son humilité, de sa virginité et de son martyre.
Tout se disposait à Mugnano pour célébrer avec solennité l’anniversaire de la Translation de la Sainte.
Le concours était prodigieux, la joie universelle ; quand la veille de ce beau jour, vers l’heure de midi, arrive un escadron de cavalerie étrangère, avec ordre de s'arrêter dans cette petite ville, où il devait être maintenu aux frais des habitants.
C’était le fruit d’une intrigue, ourdie à Naples par la jalousie de l’enfer et par la malice de ses suppôts.
On y avait fait courir le bruit que la population de Mugnano méditait un soulèvement contre l’ordre actuel des choses, et qu’il était sur le point d’éclater. Aussi la première démarche du commandant, aussitôt après son arrivée, fut de défendre, sous des peines rigoureuses, la célébration de la fête, et particulièrement la procession, où devait être portée la statue de sainte Philomène.
Cette défense jeta tout le monde dans la consternation : habitants, étrangers, tous pénétrés de la plus amère douleur, ne pouvaient concevoir ce qui avait donné lieu à des mesures aussi impies que sévères, et ils couraient en foule épancher leur affliction aux pieds de leur sainte Protectrice.
Elle entendit leurs plaintes, et s’empressa de seconder leurs pieux désirs. Car enfin, comme dit l’Ecriture, le cœur de ceux qui gouvernent n’est-il pas entre les mains du Seigneur ? La Thaumaturge pria, et Dieu changea soudain la volonté du commandant.
L’ordre donné est révoqué ; il est permis de célébrer la fête et de faire la procession. La force militaire, envoyée dans les vues les plus hostiles, paraît n’être venue que pour ajouter une nouvelle pompe à la solennité, et faire régner partout l’ordre le plus exact. Officiers et soldats, tous dans la plus belle tenue et dans une attitude de respect, viennent se joindre au peuple et faire cortège à la sainte statue. La musique guerrière se mêle à celle de la cité ; il semble qu’il n’y ait en ce jour, à la plus grande gloire de la Sainte, qu’un cœur, qu’une âme, qu’une volonté. Et, comme si ce n’était point assez de ce premier triomphe sur de vils calomniateurs, à peine la fête terminée, le commandant déclare publiquement sa satisfaction du bon esprit qu’il avait trouvé dans la population de Mugnano. Il réprouve, comme fausse et absurde, la dénonciation faite au gouvernement. Et, pour gage de son affection et de son estime pour un peuple si religieux et si pacifique, il annonce son prochain départ.
Les troupes reprirent en effet le chemin de Naples, dès le lendemain, laissant à Mugnano la preuve évidente et palpable de ce qui est écrit : « Celui qui se confie au Seigneur n’aura rien à craindre des flèches qu’on lui décoche pendant le jour, ni des pièges qui lui sont dressés pendant la nuit. Le mal ne s’approchera point de sa personne, ni le fléau de son habitation, parce que le Seigneur a ordonné à ses Anges (et à ses Saints) de veiller sur ceux qui ont mis en lui leur confiance, et de les garder dans toutes leurs voies. Aussi les verra-t-on marcher avec assurance sur l’aspic et le basilic, et fouler sous leurs pas le lion et le dragon, sans en être mordus ».
Pratique : Ne nous rebutons pas des obstacles que l’enfer nous suscitera quand nous chercherons à propager la dévotion à sainte Philomène. Ces obstacles pourront venir de gens pieux, soi-disant bien intentionnés d’ailleurs, car le démon se sert de tous les moyens pour arriver à ses fins ; mais ayons confiance et prenons courage : le ciel couronnera nos efforts !
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Le Mois de Sainte Philomène
Le Mois de Sainte Philomène
Vingt-cinquième jour
Sainte Philomène multiplie les livres écrits en son honneur
Nous ne pouvons nous lasser d’admirer les attentions de sainte Philomène pour tous les objets qui la concernent. Non seulement elle a multiplié ses images, mais elle a multiplié ses livres avec des témoignages de sa bienveillance tout à fait surprenants. La merveille paraîtrait incroyable, si elle ne s’était opérée dans les mains pour ainsi dire du plus ardent serviteur de la Sainte, de Don François de Lucia. Et c’est parce que ce grand prodige s’est plusieurs fois répété que nous tenons à en rapporter quelques traits pour l’édification des dévots à sainte Philomène. Ce fut après la seconde édition de la Relation historique de sainte Philomène, ouvrage écrit avec une touchante simplicité, que ce prodige, vraiment inouï, eut lieu, d’abord à Mugnano, et ensuite à plusieurs autres endroits.
Comme les demandes, au lieu d’être adressées à Naples, où le livre avait été imprimé, se faisaient au Custode du saint Corps, à Mugnano, celui-ci fit venir de la capitale tout ce qui restait de cette seconde édition, et mit le dépôt dans sa propre maison pour être plus à portée de satisfaire les demandeurs.
Il disposa ces livres dans une grande corbeille sur cinq piles, composées chacune de quarante-cinq exemplaires, et les couvrit, à l’exception d’une seule, avec beaucoup de soin, pour qu’ils ne fussent pas endommagés parla poussière. La pile qui se trouvait en dehors était destinée à la vente journalière ; et, chose doublement étrange ! quoique depuis la fin de juin jusqu’à la mi-novembre, on ne fit qu’expédier des livres, la pile ne finissait jamais, et jamais non plus le vendeur, bien qu’étonné de cette singularité, n'eut la pensée qu’il pouvait y avoir là dedans quelque miracle.
Vers la mi-novembre, plusieurs personnes étant venues en pèlerinage au sanctuaire de notre Martyre, elles voulurent emporter des exemplaires de cette relation, et Don François les leur céda gratuitement en l’honneur de la Sainte. Il sort ensuite de chez lui, ferme la porte dont il retient la clef sur lui, et ne revient qu’à la nuit close. Le serviteur accourt lui porter de la lumière, et Don François ayant ouvert sa chambre, y entre avec lui.
Sa surprise fut extrême en voyant le plancher couvert de livres qui paraissaient avoir été jetés çà et là, de dessein formé. Ne sachant ni comment cela s’était fait, puisque la porte était fermée et qu’il n’était venu personne à la maison- ni pour quel motif, si par hasard la cause était surnaturelle, un tel accident aurait eu lieu, il hésite, il commence même à craindre que le ciel n’ait, par là, voulu lui faire connaître qu’il n’agréait pas son travail. Ce fut une pensée de son humilité. Voyons ce que lui suggéra sa prudence. Il renvoie au lendemain l'examen de ce fait singulier, et il prend garde, en attendant, à ne toucher à rien de ce qui s’est trouvé dans sa chambre.
À son lever, il considère tout avec la plus grande attention. Après s’être assuré que les piles de la corbeille étaient intactes, il compte les livres parsemés sur le plancher. Leur nombre s’élevait à soixante-deux. Convaincu alors de la réalité du prodige, que sa vertu ne lui avait même pas laissé soupçonner, il sort, ferme de nouveau la chambre, et se rend à l’église. Son intention était de fortifier son témoignage par la déposition de plusieurs autres témoins.
À mesure qu’il voyait entrer dans le temple des personnes de sa connaissance, et qui avaient vu fréquemment le dépôt en question, ainsi que la manière dont il était arrangé, il les priait d’aller chez lui, d’examiner, en se recommandant à Dieu et à la Sainte, les livres répandus sur le plancher ; de ne les toucher en aucune manière, et puis de revenir lui en dire ce qu’elles en pensaient. Tous s’accordèrent à voir un miracle dans cet événement, et il suffisait de réfléchir tant soit peu pour le croire.
1° La toile qui couvrait la corbeille était couverte de poussière et ne portait aucun indice du plus léger mouvement.
2° La pile extérieure, formée comme les autres de quarante-cinq volumes, se montait encore à dix-neuf.
3° Le nombre des exemplaires trouvés par terre était de soixante-deux.
4° Les quatre piles de la corbeille (et c’était tout ce qui restait de la seconde édition) n’avaient point été dérangées.
Que fallait-il donc en conclure ? Ce premier raisonnement fit découvrir un second miracle antérieur à celui-ci. Don François calcula le nombre de livres achetés ou distribués gratuitement, et il se trouva monter au delà de cinq cents exemplaires. Je laisse au lecteur à tirer de ce fait la conséquence qui se présente naturellement, et qui parle bien haut en faveur des merveilles contenues dans ces livres.
Notre vertueux missionnaire, vers les dix heures du soir, s’occupait avec son frère de certains ouvrages manuels, dont sainte Philomène était l’objet. Tout à coup ils entendent dans la chambre voisine, qui était celle de Don François, un grand bruit, dont l’un et l’autre sont épouvantés. Ils se regardent ; ils délibèrent ; ils hésitent; enfin, mettant leur confiance dans leur sainte Protectrice, ils vont droit au lieu d’où le bruit leur semblait être parti.
Aussitôt leurs regards les instruisirent d’un nouveau prodige de la Sainte. Encore une multiplication ; mais la disposition des livres avait quelque chose de si piquant par sa singularité, qu’elle les surprit plus encore que la multiplication elle-même. Il y en avait dont la tranche, ouverte à moitié, s’appuyait sur le plancher, sans que l’intérieur pût être sali par la poussière. D’autres se soutenaient horizontalement sur le dossier des chaises. D’autres sur les barreaux de ces mêmes chaises et sur le mur en même temps. Le tout enfin présentait quelque chose de gracieux et d’aimable, dont nos deux frères se réjouirent saintement. Il est à remarquer que c’est là un des caractères les plus saillants de la plupart des miracles de notre Sainte. Aussi, quand on a le bonheur de la connaître, il est bien difficile qu’on puisse se défendre de l’aimer.
Don François s’abstint, durant plusieurs semaines, de toucher aux livres miraculeux. Une foule de personnes put contempler à loisir ce jeu édifiant et singulier de l’admirable Thaumaturge, et rendre témoignage de la nouvelle multiplication. Il se trouva dix-neuf livres de plus, après l’examen attentif que l’on eut soin de faire ; et ces livres, en tout semblables aux autres,., furent en peu de temps distribués aux personnes pieuses et distinguées, qui s’empressèrent de toutes parts à les demander à Don François.
Ce que nous venons de dire eut lieu à Mugnano. Dieu voulut le répéter encore ailleurs. Don Alexandre Serio, chargé de distribuer quelques-uns de ces mêmes livres, n’en avait plus que six à sa disposition. Comme le débit en était grand à Naples, où ce gentilhomme habitait, l’on vint bientôt lui faire de nouvelles demandes. Recourant à son mince paquet, au lieu d’un, il en trouve deux ; et, dans chacun de ces paquets, le double de ce qu’il savait lui rester de livres.
À Monteforte, un homme, appelé Libérât Tedeschi, venait de recevoir de Mugnano dix exemplaires de la même Relation. C’était une commission qui lui avait été donnée par plusieurs de ses compatriotes. On vient les lui demander. Il court au tiroir, où il les avait enfermes sous clef, et au lieu de dix, il est étonné d’en trouver un nombre beaucoup plus grand. Il compte, et les livres s’élèvent au nombre de trente-quatre.
En 1829 se fit la cinquième multiplication. La troisième édition du même ouvrage avait été donnée au public. Don François ayant un voyage à faire dans la ville d’Ariano, et comptant de là se rendre à Lucera, prit avec soi une quarantaine d’exemplaires de cette troisième édition, et en laissa cent quarante à Mugnano.
Bientôt, dans Ariano seulement, il se vit dépouillé de tout ce qu’il avait apporté. Il écrit sur-le-champ, et on lui fait un premier envoi de cinquante autres, puis un second encore de cinquante, puis un troisième en égale quantité. Et, en lui écrivant alors de Mugnano, Don Angelo Bianco, ecclésiastique zélé, auquel Don François s’était adressé pour ces diverses expéditions, lui mandait qu’il en restait encore quarante.
Ce n’est pas tout. À son retour de Lucera, où les demandes n’en finissaient pas, Don François put en envoyer quatre-vingt-six autres exemplaires ; puis, calculant ce qui lui restait, il s’en trouva encore quatre-vingts ; ce qui fait une multiplication de deux cent trente-six volumes.
Ces quatre-vingts qui restaient furent bientôt demandés. On prenait, on envoyait. Le nombre de ces envois s’éleva, pendant une année entière, au delà de plusieurs centaines. À la fin de l’année, le fonds était encore intact, la source non épuisée. Dans une autre circonstance, Don François se trouva avec dix exemplaires seulement ; on lui en demande neuf ; il les envoie ; et puis, revenant à son dépôt, il en compte dix-neuf.
Telles sont les œuvres de Dieu pour glorifier ses Saints, dans un temps où, pour détruire le règne de Dieu lui-même, l’impiété fait circuler ses poisons dans des livres infâmes multipliés presque à l’infini... Et l’on pourrait se refuser à croire les miracles d’en-haut, tandis que l’on voit les vermisseaux d’ici-bas en opérer, j’ose le dire, de plus étonnants encore!...
Rappelons-nous d’ailleurs que tout est promis à la foi humble et confiante. Combien de semblables merveilles ne lisons-nous pas dans les Actes des Saints ? Mais qu’il suffise de rappeler à notre souvenir les miraculeuses multiplications de pains et de poissons opérées par Notre Seigneur dans l’Evangile. Que dis-je, la nature entière n’est-elle pas aux regards d’un physicien catholique, une suite non interrompue de multiplications, de créations nouvelles ? Croyons, et nous verrons de grandes choses s’accomplir ! Mais pour avoir cette foi si belle, si consolante au cœur chrétien, prions, prions beaucoup.
Pratique : Donner à lire la Vie de sainte Philomène, ou distribuer des livres qui parlent d’elle. S’imposer chaque année ; de lui faire une neuvaine au lieu de pèlerinage le plus rapproché.
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