Le Mois de Saint François d’Assise
Le Mois de Saint François d’Assise
Trente-et-unième et dernier jour
Les reliques
31 Octobre
Prélude : Vénérons, en union avec tous les dévots serviteurs de saint François, les reliques de notre séraphique Père, et envoyons de loin nos hommages à ces précieux restes, dans l'église où le pape Grégoire IX les a fait placer.
Réflexions
Le zèle de Grégoire IX pour le culte de saint François le porta à faire bâtir une magnifique église et d'y transférer le corps de son séraphique ami. Ce précieux dépôt reposait honorablement dans l'église de saint Georges, mais il convenait de remettre le Père entre les mains de ses enfants.
Or, quand on voulut choisir, à Assise, un emplacement pour bâtir une église et un couvent, il ne s'en trouva point de plus propice que l'endroit appelé « la Colline d'enfer », où l'on exécutait les criminels, près des murs de la ville, au-dessus d'un profond précipice. Ce fut l'accomplissement du désir prophétique de saint François, qui avait demandé d'y être enterré comme étant le lieu le plus vil.
Le nom de « Colline d'enfer » fut changé par le pape même en celui de « Colline de paradis ». On creusa aussitôt les fondations de l'église sur le penchant de la colline, et Grégoire IX en posa la première pierre avant son départ, en présence des cardinaux et d'une immense multitude, transportée de joie. Il assigna, pour couvrir les frais de la construction, la plus considérable partie des revenus de la vallée de Spolète.
Dès que la crypte de cette église, qui est l'une des merveilles du monde chrétien, fut achevée, sans plus tarder, en 1230, au milieu d'un immense concours et de fêtes magnifiques, la translation des reliques de saint François y fut opérée.
Cinq ans plus tard, en 1235, cette belle église étant complètement terminée, le saint Pape Grégoire IX, malgré ses quatre-vingt-quatorze ans, revint à Assise pour la consacrer de ses propres mains, le 25 avril, dimanche de Quasimodo. Ce fut une grande solennité. Ce monument gigantesque et charmant tout à la fois, se compose de trois églises superposées : l'une, qui est la crypte inférieure, où repose le corps de saint François, est peu étendue la seconde et la troisième, qui servaient au culte public, et qui ont été profanées en 1871, par la révolution italienne, avaient été décorées par les plus illustres peintres du moyen âge.
Pratique : Prendre la résolution de répandre, par tous les moyens en son pouvoir, le culte et la dévotion de saint François d'Assise.
Invocation : Saint François d'Assise, notre bon père, priez pour vos enfants !
Fioretti
Le trésor d'Assise
Dans l'église souterraine de la basilique de saint François, à Assise, on vénère le corps sacré du saint, dont on aperçoit la chasse en pierre, à travers une puissante grille de fer, au-dessus d'un autel où l'on peut célébrer la Messe. Des lampes sans nombre brûlaient jadis devant la sainte relique ; mais, depuis l'invasion piémontaise, qui a dépouillé la basilique et le grand couvent des Frères Mineurs, il n'en reste plus qu'une, triste et solitaire. Les ossements sacrés du corps de saint François, reconnus et vérifiés en 1821, par une commission spéciale sur l'ordre du Pape Pie VII, reposent tout entiers dans cette châsse. Les reliques du Saint que l'on donne aux fidèles, sont des parcelles de la vénérable poussière qui fut jadis sa chair, ses vêtements, les clous de ses Stigmates et les suaires dans lesquels le Saint fut enseveli.
Dans le Trésor, on voit le plus ancien portrait connu de saint François, dont il est question plus haut, ainsi que l'original de la Règle des Frères Mineurs, et celui de la bénédiction donnée à Frère Léon, tracés tous deux de la main même du Saint. Là on vénère encore deux tuniques portées par saint François, dont l'une, chose remarquable, est en laine blanche et a été tissée par sainte Claire et sa sœur sainte Agnès, de la laine du pauvre petit agneau que le Père François leur avait donné ; il mettait, paraît-il, cette blanche tunique les jours de grande fête. Là se conservent également des reliques qui rappellent ses Stigmates ; entre autres la feuille de parchemin, teinte de son sang et destinée à couvrir la plaie de son côté ; et la paire de sandales en étoupe, que la bonne sainte Claire, touchée des souffrances de son admirable Père, lui confectionna tout exprès pour atténuer les poignantes douleurs des Stigmates sanglants de ses pieds. (Le séraphique saint François, par Monseigneur de Ségur).
Fin du Mois de Saint François d’Assise
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Le Mois de Saint François d’Assise
Le Mois de Saint François d’Assise
Trentième jour
La canonisation
30 Octobre
Prélude : Entourons avec amour les premiers autels où l'on honore notre bien-aimé Père d'un culte liturgique.
Réflexions
Cependant, la voix de l’Église manquait à ce concert d’universelles louanges en l'honneur du séraphin d'Assise. De toutes parts, on sollicitait le Souverain Pontife de se rendre aux vœux de l'Italie et de la chrétienté tout entière. Le Pape d'alors était ce cardinal Hugolin, devenu Grégoire IX, qui avait été l'ami, le protecteur de François, ainsi que le témoin de sa vie merveilleuse et crucifiée.
D'autre part, les vertus du séraphique Père étaient si éclatantes, si publiques ; les miracles qui s'étaient opérés et qui s'opéraient chaque jour encore à son tombeau, étaient si nombreux, si beaux, si avérés. que les informations ne furent ni difficiles ni longues. Le Pape en confia l'examen juridique aux cardinaux et prélats qu'il savait le moins favorables à une canonisation aussi prompte ; et lorsque tout fut fini et mûrement discuté en plein consistoire, la canonisation fut résolue à l'unanimité.
Cette canonisation fut si solennelle, que saint Bonaventure s'excuse d'en rapporter toutes les circonstances, parce que le récit en serait trop long. Notre piété filiale est heureuse d'en noter quatre principales :
1° Le Pape, avec toute sa cour, vint exprès à Assise pour la cérémonie, fit le panégyrique du bienheureux Père, et en publia dans les termes les plus touchants diverses particularités qu'une étroite amitié avec le bon saint lui avait apprises.
2° La solennité fut faite dans le lieu même où reposait le corps du saint, ce que l'on n'avait point encore vu jusque-là.
3° Les miracles avec leurs preuves furent lus publiquement, ce qui n'était point d'usage jusqu'alors, car on se contentait de les examiner et de les approuver dans un consistoire secret. Ces merveilles étaient énumérées publiquement par un cardinal, en présence du Pape et de toute sa cour. La plupart des personnes, sur qui elles avaient été opérées, se trouvaient présentes, les attestaient tout haut et disaient : « C'est à moi que cela est arrivé », et elles en montraient les marques. On vit se renouveler alors ce que pratiquait saint Augustin pour les miracles des reliques de saint Etienne, premier martyr : il en faisait lire, dans ses sermons, les mémoires authentiques, produisant aux yeux de ses auditeurs ceux qui en avaient été l'objet et qui étaient bien connus. À Assise, comme à Hippone, la lecture et le spectacle remplissaient de joie le cœur des fidèles, affermissaient leur foi, animaient leur confiance. Tout le monde glorifiait Dieu et lui rendait des actions de grâces.
4° François était déclaré saint, deux ans seulement après sa mort, sur le témoignage d'une infinité de témoins et de plusieurs cardinaux, qui l'avaient vu et connu, et qui ne pouvaient douter de sa sainteté, ni de ses miracles. Aussi, ce fut au milieu de l'émotion générale que l'on entendit Grégoire IX s'écrier, les yeux et les mains levés au ciel : « À la gloire de Dieu tout-puissant, Père, et Fils et Saint Esprit ; à la gloire de la bienheureuse vierge Marie, et des saints apôtres Pierre et Paul, et à l'honneur de l’Église romaine, Nous avons résolu, de l'avis de nos Frères les cardinaux et des autres prélats, d'inscrire au catalogue des saints le bienheureux Père François, que Dieu a glorifié dans le ciel, et que nous révérons sur la terre ».
Pratique : Former la résolution de célébrer, chaque année, la fête et le mois de saint François d'Assise.
Invocation : Saint François, grand thaumaturge, priez pour nous !
Fioretti
La bulle de canonisation
La bulle de la canonisation de saint François, qui avait été dressée à Pérouse, fut expédiée le 19 juillet, trois jours après la cérémonie. Le Pape y admire la providence de Dieu sur son Eglise, le soin qu'il prend de lui envoyer des ouvriers dans tous les temps, et le bien qu'il lui a fait par son serviteur, le bienheureux François, homme selon cœur. Puis, le Saint Père expose, par des figures de l'Ecriture sainte, sa vocation, sa conversion, la générosité de son dépouillement, et sa pauvreté extrême, ses austérités rigoureuses, sa conformité avec Jésus crucifié, son assiduité à la prière, sa vie contemplative et active tout ensemble, le grand fruit de ses travaux, ses victoires remportées sur les ennemis du salut, la science et la sagesse qui l'élevaient au-dessus des savants. Ensuite, il s'exprime ainsi : « Quoique le grand éclat de sa sainteté suffi se pour faire croire qu'il est dans l’Église triomphante, néanmoins l’Église militante ne l'aurait pas encore déclaré saint, parce qu'elle ne juge point de ce qui n'est pas de son ressort. Mais Dieu ayant honoré de plusieurs grands miracles dont nous sommes pleinement informés, une vie si notoirement sainte, et qui nous est si bien connue par les liaisons intimes qu'il avait avec nous, lorsque nous étions dans un moindre rang, de l'avis et du consentement de nos Frères, Nous avons résolu de le mettre au catalogue des saints, ayant cette confiance que, par la miséricorde de Nous, et le troupeau qui nous est confié, serons aidés par ses suffrages, et que nous aurons au Ciel pour protecteur, celui que nous avions pour ami sur la terre ». À la fin de la bulle, le Pape ordonne que la fête de saint François soit solennisée le quatrième d’octobre, jour de sa bienheureuse mort, et recommande aux fidèles de la célébrer en glorifiant Dieu, et en invoquant le saint avec une humble confiance. (La vie de saint François d'Assise, par le Père Chalippe).
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Le Mois de Saint François d’Assise
Le Mois de Saint François d’Assise
Vingt-neuvième jour
La gloire manifestée
Prélude : Pressons-nous, avec la foule des premiers pèlerins d'Assise, autour du sépulcre glorieux de notre bien-aimé Père, et unissons la ferveur de nos supplications à celles qui lui furent adressées, dès le premier jour de son ensevelissement.
Réflexions
Comme nous l'avons médité hier, arrivé à Assise, le corps de saint François fut inhumé en grande pompe ; dans l'église de saint Georges.
O bon et cher saint, nous écrierons-nous avec Monseigneur de Ségur devant ce glorieux tombeau, ô bon et cher saint, véritablement incomparable en votre mort comme en votre vie, priez pour nous dans les splendeurs séraphiques de votre gloire, afin que, recevant par vous les miséricordes du Seigneur notre Dieu, nous puissions vous contempler un jour avec lui, et vous bénir, vous aimer, jouir de lui avec vous, pendant toute l'éternité !
Notre Seigneur ne voulut point tarder à faire éclater la sainteté et la gloire de son grand serviteur Le jour même de l'inhumation triomphale de saint François, les miracles commencèrent, et quels miracles ! Une jeune fille d'Assise qui, au vu et au su de toute la ville, avait la tête monstrueusement retournée et adhérente à l'épaule, s'approcha du tombeau du Bienheureux, y posa la tête, et aussitôt sa difformité disparut : la tête se trouva remise dans son état normal, à la grande stupéfaction et joie d'une infinité de spectateurs.
Un autre habitant d'Assise, aveugle depuis cinq ans et qui avait beaucoup aimé saint François, un femme nommée Sibilia et un homme de Spello, tous deux également aveugles depuis plusieurs années, recouvrèrent subitement la vue, de la même manière.
Un enfant tombé de très haut et tout brisé était depuis trois jours sans mouvement et sans vie. Sa mère, ayant fait vœu, s'il en revenait, de le porter au tombeau du glorieux François et d'y faire une offrande, le pauvre petit se trouva soudainement vivant et guéri.
Un autre enfant ne prenait plus rien depuis huit jours ; il avait les yeux fermés et la chair toute noire, si bien qu'on le jugeait mort ; sa mère, tout en larmes, n'en cessait pas moins d'invoquer le Saint : tout d'un coup, l'enfant ouvre les yeux ; sa chair redevient blanche et vive... Saint François l'avait rendu à la vie. Et comme on lui demandait qui l'avait guéri, il répondit : « C'est le Frère François, en me donnant sa bénédiction ».
Un malade, nommé Mancino, qui était à toute extrémité et abandonné des médecins, murmura le nom de François, et aussitôt il se trouva en parfaite santé.
Un jeune garçon muet et presque sans langue avait été recueilli, pour l'amour de Dieu, chez un homme fort pieux, nommé Marc. Un jour, celui-ci dit à sa femme : « Oh ! que si le bon saint François voulait, il pourrait bien remédier au mal de ce pauvre infirme ! Tous les jours, j'entends dire qu'il fait des miracles : celui de donner à un muet l'usage de la parole ne serait pas un des moindres. Si cela arrive, je fais vœu de le mener au tombeau du Saint, de l'adopter pour mon fils et de lui fournir, tant que je vivrai, les choses dont il aura besoin ». Il n'avait pas achevé que le muet s'écria d'une voix pleine : « Vive saint François ! » et regardant fixement : « Le voilà, dit-il, qui retourne au ciel. Il est venu me faire parler ! »
Pratique : Se renouveler dans la confiance en la puissante intercession de saint François d'Assise et l'invoquer avec un filial abandon dans toutes les nécessités temporelles et spirituelles.
Invocation : Saint François, notre bon père, ayez pitié de vos enfants.
Fioretti
Témoignage de saint Bonaventure
Dieu manifesta sa puissance, en honorant son serviteur de prodiges éclatants, après la mort comme durant la vie. Des aveugles, des sourds, des muets, des boiteux, des paralytiques, des hydropiques, des lépreux, des possédés, ont éprouvé la vertu des mérites du saint. À son invocation, dans les naufrages, dans la captivité, dans toute sorte de maladies, de nécessités et de périls, on s'est senti puissamment secouru. Beaucoup de morts ont été ressuscités. Parmi ces miracles, il y en eut plusieurs que Dieu fit pour confirmer la vérité des stigmates. (Légende de saint François, par saint Bonaventure).
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Le Mois de Saint François d’Assise
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Vingt-huitième jour
Les funérailles
Prélude : Suivons les funérailles de notre bienheureux Père et mêlons nos chants à ceux qui les transforment en un véritable triomphe.
Réflexions
Dès que la nouvelle de la mort du saint fut répandue, et qu'on entendit parler de ses stigmates, le peuple accourut en foule pour les voir. Chacun voulait les considérer de ses propres yeux, et avoir la satisfaction de s'assurer par lui-même d'un événement qui faisait la joie publique. On permit à un très grand nombre d'habitants d'Assise d'approcher, de voir et de baiser les saints stigmates.
L'un d'entre eux, nommé Jérôme, homme de guerre et lettré, sage et de grande réputation, ayant de la peine à croire cette merveille, l'examina plus hardi- ment et plus curieusement que les autres, en présence des Frères et de plusieurs personnes de la ville. Il toucha de ses mains les pieds, les mains et le côté du corps saint, fit mouvoir les clous, et s'assura si bien de la vérité du fait, qu'il en fut depuis un témoin très zélé, et en déposa avec serment sur les saints Evangiles. C'était, dit ingénieusement saint Bonaventure, comme l'apôtre saint Thomas, qui d'incrédule devint fidèle, en mettant ses mains dans les plaies du Sauveur, afin que sa foi, précédée d'incrédulité, affermît notre foi et nous empêchât de devenir incrédules.
Les Frères, qui avaient assisté au décès du bienheureux patriarche, passèrent le reste de la nuit à chanter les louanges de Dieu autour du corps, avec une multitude d'autres personnes qui survinrent ; et cela se fit de telle manière qu'il semblait, dit un biographe, qu'on fût à une fête d'esprits célestes plutôt qu'aux funérailles d'un homme. Le lendemain matin, qui était le dimanche, le saint corps fut porté à Assise, au chant des hymnes et des cantiques, sur les épaules des principaux de la ville, et des premiers d'entre les Frères Mineurs, les autres ayant une branche ou un cierge à la main.
Après avoir passé à Saint-Damien, on se remit en marche pour Assise, où François fut inhumé, dans l'église de Saint Georges, avec tout le respect possible. C'est là qu'il avait commencé à étudier dans son enfance, et qu'il avait prêché la première fois : ce fut là aussi son premier lieu de repos. Visitons notre bienheureux Père dans son sépulcre, et, comme les saintes femmes au sépulcre de Celui dont François fut une si vivante image, aimons à l'entourer du parfum de nos vertus.
Pratique : Concourir volontiers aux funérailles des pauvres.
Invocation : Saint François, honoré de Dieu et des hommes, assistez-nous dans l'exil où nous gémissons.
Fioretti
Les derniers adieux de sainte Claire
Quand le convoi passa à Saint-Damien, où Claire était avec ses filles, on s'y arrêta un peu, pour leur donner la consolation de voir et de baiser les stigmates. En admirant un tel prodige, et en gémissant d'être privées d'un tel Père, elles se souvinrent de la promesse qu'il leur avait faite dans sa dernière maladie, qu'elles le verraient avant leur mort. Claire s'efforça de tirer le clou d'une de ses mains, ce qu'elle croyait pouvoir faire, parce que la tête s'élevait dans la paume de la main au-dessus du reste de la chair ; mais il lui fut impossible d'y réussir. Elle trempa seulement un linge dans le sang qui en sortit, et elle prit la mesure du corps, dont elle se servit pour faire à la tribune, du côté des religieuses, une niche proportionnée, où l'on plaça l'image du saint. Ces pieuses vierges auraient bien souhaité qu'on leur eut permis de le considérer plus longtemps, mais on se remit en marche pour Assise, où il fut inhumé dans l'église de Saint Georges. (Vie de saint François d'Assise, par le Père Chalippe).
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Vingt-septième jour
Bienheureuse mort
Prélude : Entourons la couche suprême de notre Père et préparons-nous à assister au merveilleux spectacle de sa sainte mort.
Réflexions
Après avoir dicté son testament, le saint fit venir frère Léon, son confesseur, et frère Ange, auxquels il ordonna de chanter en sa présence le cantique du Soleil, parce que la mort était tout proche. C'est un cantique composé par le bienheureux Patriarche, où il rendait gloire à Dieu pour toutes ses créatures et aussi pour la mort. Assuré par une révélation qu'elle le ferait passer à la vie éternelle, son approche le remplissait de joie : il le témoignait en faisant chanter les louanges du Seigneur.
Le cantique fini, il mit ses bras l'un sur l'autre en forme de croix, signe salutaire qu'il avait toujours aimé, dit saint Bonaventure; et, les étendant sur ses Frères qui étaient autour de lui, il donna pour la dernière fois sa bénédiction aux absents et aux présents, au nom et par la vertu de Jésus crucifié. Ensuite, il prononça, avec une douceur ineffable, ces paroles : « Adieu, mes enfants, je vous dis adieu à tous ; je vous laisse dans la crainte du Seigneur, demeurez-y toujours. Le temps de l'épreuve et de la tribulation approche : heureux ceux qui persévéreront dans le bien qu'ils ont commencé. Pour moi, je vais à Dieu avec un grand empressement, et je vous recommande tous à sa grâce ». Il fit apporter le livre des Evangiles, et demanda qu'on lui lût l'Evangile de saint Jean, à l'endroit où commence l'histoire de la Passion de Notre-Seigneur, par ces paroles : « Ante diem festum Paschæ, avant la fête de Pâques ».
Cette lecture achevée, il commença lui-même à réciter, du mieux qu'il put le psaume 141 : « Voce mea ad Dominum clamavi, j'ai élevé ma voix vers le Seigneur », et il le continua jusqu'au dernier verset : « Me expectant justi, donec retribuas mihi ; les justes sont dans l'attente de la récompense que vous me donnerez ».
Enfin, tous les mystères de la grâce étant accomplis en cet homme si aimé de Dieu, sa très sainte âme, tout absorbée dans la charité divine, fut délivrée des liens du corps et il s'endormit dans le saint baiser du Seigneur. C'était un samedi soir, le 4e d'octobre, la 45e année de son âge, la 20e de sa conversion, la 18e de l'institution de son ordre et la 3e commencée depuis l'impression des sacrés stigmates. On mit le corps sur la terre nue, et on l'y laissa quelque temps, comme il l'avait ordonné. Il fut lavé ensuite et revêtu de la tunique apportée de Rome par Jacqueline de Septisoles. Cette pieuse veuve eut alors la consolation de contempler et de baiser les plaies du saint qu'elle avait tant révéré. Elle en fut si transportée qu'après lui avoir fait faire de magnifiques funérailles, elle régla ses affaires, renonça au monde et passa le reste de sa vie en veilles et en prières auprès du sépulcre de son Père spirituel.
Au même instant, le frère Augustin d'Assise, provincial de la terre de Labour, homme juste et saint, qui était malade à l'extrémité, et ne parlait plus, s'écria tout à coup : « Attendez-moi, mon Père, attendez-moi ; je m'en vais avec vous ». Les Frères surpris lui demandèrent à qui il parlait : « Eh quoi ! leur dit-il d'un ton ferme, ne voyez-vous pas François notre Père qui va au Ciel ? » À l'instant, son âme se détacha de son corps et suivit celle de son Père.
Pratique : Recommander souvent sa mort à Saint François d'Assise.
Invocation : Saint François, modèle d'une sainte mort, rendez ma mort semblable à la vôtre.
Fioretti
Le corps de saint François
Après sa mort, le corps de saint François était un objet admirable. On voyait dans ses mains et dans ses pieds des clous noirs comme du fer, merveilleusement formés de sa chair, par une vertu divine, et tellement adhérents à la chair, que, quand on les poussait d'un côté ils avançaient de l'autre, ainsi que des nerfs durs et tout d'une pièce. Rien n'empêchait de voir la plaie de son côté, qu'il cachait avec tant de soin pendant sa vie, cette plaie que la main de l'homme n'avait point faite, et qui ressemblait à l'ouverture du côté du Sauveur, d'où sortit le Sacrement de notre Rédemption et celui de notre régénération : sa couleur rouge et ses bords repliés en rond la faisaient paraître comme une très belle rose. La chair du saint, qui était naturellement brune, devint extraordinairement blanche ; elle représentait les robes blanchies dans le sang de l'agneau, dont les saints sont revêtus. Ses membres étaient flexibles et maniables comme ceux d'un petit enfant : signe évident de l'innocence et de la candeur de son âme. La blancheur de sa chair, relevée par le noir des clous aux pieds et aux mains, et par la plaie du côté, qui était comme une rose rouge toute fraîche, présentait aux yeux une variété de couleurs si belle et si charmante, qu'elle ne causait pas moins de plaisir que d'admiration à ceux qui la regardaient. Enfin, son corps était l'image de la Passion de Jésus-Christ par les plaies qu'il portait, et de la Résurrection glorieuse par les qualités qu'il avait reçues. (Description, par Saint Bonaventure).
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Le Mois de Saint François d’Assise
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Vingt-sixième jour
Le Testament
Prélude : Écoutons pieusement les dernières volontés que notre bienheureux Père dicte à frère Ange, un de ses compagnons, avant de mourir.
Testament de Saint François
Le Seigneur m'a fait la grâce, à moi frère François, de commencer ainsi à faire pénitence. Lorsque j'étais dans l'état du péché, il me semblait fort, amer de voir les lépreux : mais le Seigneur lui-même m'ayant amené parmi eux, j'exerçai la miséricorde à leur égard, et en les quittant, je sentis que ce qui m'avait paru si amer, s'était changé en douceur pour mon âme et pour mon corps.
Après cela, je demeurai peu dans le siècle, j'en sortis, et Notre Seigneur me donna une telle foi dans l’Église où il est, que je l'adorais simplement en disant : « Nous vous adorons, ô très saint Seigneur Jésus-Christ, ici et dans toutes vos églises qui sont par toute la terre, et nous vous bénissons d'avoir racheté le monde par votre sainte Croix ».
Il me donna aussi et me donne encore tant de foi aux prêtres qui vivent selon la forme de la sainte Eglise romaine, à cause de leur caractère, que, s'ils venaient à me persécuter, ce serait à eux-mêmes que je voudrais avoir recours : et quand j'aurais autant de sagesse que Salomon en a eu, si je trouvais des prêtres pauvres selon le monde, je ne voudrais pas, contre leur volonté, prêcher dans les églises où ils demeurent. Je veux les craindre, les aimer, les honorer, eux et tous les autres, comme mes maîtres. Je ne veux point considérer en eux le péché, parce qu'en eux je vois le Fils de Dieu, et par là ils sont mes maîtres.
Ce qui fait que j'en use ainsi, c'est qu'en ce monde je ne vois rien de sensible du même Fils de Dieu, le Très-Haut, que son très saint corps et son très saint sang, qu'ils reçoivent, et qu'eux seuls administrent aux autres. Or, je veux que ces très saints Mystères soient honorés et révérés par-dessus toutes choses : et qu'on les mette dans des endroits où ils puissent être précieusement conservés. Partout où je trouverai en des lieux indécents les très saints noms et les très saintes paroles du Fils de Dieu, je veux les en ôter et je prie qu'on les en ôte, pour les placer en quelque endroit honnête.
Nous devons respecter encore tous les théologiens, et ceux qui nous dispensent la très sainte parole de Dieu, comme des ministres qui nous donnent l'esprit et la vie.
Après que le Seigneur m'eut chargé de la conduite des Frères, personne ne m'enseigna ce qu'il fallait que je fisse, mais le Très-Haut lui-même me révéla que je devais vivre selon la forme du saint Evangile. Je la fis écrire en peu de paroles simples, et notre saint Père le Pape me la confirma.
Ceux qui venaient pour embrasser ce genre de vie donnaient aux pauvres tout ce qu'ils pouvaient avoir. Ils se contentaient d'une seule tunique, couverte de pièces en dedans et en dehors s'ils voulaient, avec une ceinture de corde et des caleçons ; et nous ne voulions rien davantage.
Nous, qui sommes clercs, disions l'office comme les autres clercs, les laïques disaient le Pater noster. Nous demeurions fort volontiers dans les églises pauvres et abandonnées, nous as des gens simples et soumis à tout le monde.
Je travaillais de mes mains, et je veux travailler ; je veux fermement aussi que tous les autres Frères s'appliquent à quelque travail honnête : ceux qui ne savent point travailler, qu'ils apprennent, non par la désir d'être récompensés de ce qu'ils feront mais pour bon exemple, et pour fuir l'oisiveté. Si l'on ne nous récompense point de notre travail, ayons recours à la table du Seigneur, demandant l'aumône de porte en porte. Il m'a révélé que nous devions nous servir de cette manière de saluer : « Le Seigneur vous donne sa paix ».
Que les Frères prennent bien garde de ne recevoir, en aucune manière, ni église, ni maisons, ni tout ce que l'on bâtit pour eux, si cela n'est conforme à la sainte pauvreté que nous avons promise dans la règle ; et que toujours ils demeurent comme hôtes étrangers et voyageurs. Je défends étroitement, par obéissance, à tous les Frères, quelque part qu'ils se trouvent, d'avoir la hardiesse de demander aucune lettre en cour de Rome, par eux- mêmes, ou par une personne interposée, ni pour une église, ni pour un autre lieu, ni sous prétexte de prédication, même pour la sûreté de leurs personnes, en cas de persécution.
Mais, quand ils ne seront pas reçus dans un endroit, qu'ils s'enfuient dans un autre pour y faire pénitence avec la bénédiction de Dieu. Je veux absolument obéir au ministre-général de cette Fraternité, et au gardien qu'il lui plaira de me donner ; et je veux être tellement lié entre ses mains, que je ne puisse ni aller, ni faire contre sa volonté, parce qu'il est mon maître.
Bien que je sois simple et inférieur, je veux pourtant avoir toujours un clerc qui me dise l'office, comme il est marqué dans la règle. Que tous les autres Frères soient tenus de même d'obéir à leurs gardiens et de faire l'office selon la règle. S'il s'en trouvait quelques-uns qui ne fissent pas l'office selon la règle, ou qui voulussent y faire des changements, ou qui ne fussent pas catholiques ; que tous les Frères, quelque pari qu'ils soient et s'ils en trouvent un de ceux-là, soient tenus, par obéissance, de le mener au custode le plus proche du lieu où ils l'auront trouvé ; et que le custode soit tenu, par en obéissance, de le garder nuit et jour comme un prisonnier, sorte qu'on ne puisse le lui enlever, jusqu'à ce qu'il le remette en propre personne entre les mains de son ministre ; que le ministre soit tenu étroitement, par obéissance, de le faire conduire par des Frères qui soient en état de le garder nuit et jour comme un prisonnier, jusqu'à ce qu'ils le représentent au cardinal d’Ostie, qui est maître, protecteur et correcteur de cette fraternité.
Que les Frères ne disent point : c'est ici une autre règle ; car c'est un mémorial, un avertissement, une exhortation, et mon testament, que moi, frère François, votre très petit serviteur, j'adresse à vous, mes Frères, qui êtes bénis de Dieu, afin que nous observions mieux d'une manière catholique la règle que nous avons promis au Seigneur de garder. Que le ministre-général, et tous les autres ministres et custodes soient tenus, par obéissance, de ne rien ajouter à ces paroles et d'en rien retrancher. Qu'ils aient toujours avec eux cet écrit joint à la règle, et que dans tous les chapitres qu'ils tiendront, lorsqu'ils liront la règle, ils lisent aussi ces paroles.
Je défends encore absolument par obéissance à tous mes frères clercs et laïques, de mettre gloses à la règle et à cet écrit, en disant : C'est ainsi qu'il doit les entendre. Mais, comme le Seigneur m'a fait la grâce de le dicter purement et simplement, entendez-les de même, purement et simplement, et sans glose, et les mettez en pratique jusqu'à la fin par de saintes actions. Quiconque observera ces choses, soit rempli au Ciel de la bénédiction du Père céleste le Très-Haut et sur la terre, de la bénédiction de son Fils bien-aimé, et du très saint Esprit consolateur, avec l'assistance de toutes les Vertus célestes et de tous les saints ; et moi, frère François, votre très petit serviteur en Notre Seigneur, je vous confirme tout autant que je puis cette très sainte bénédiction au dedans et au dehors. Ainsi soit-il.
Pratique : Baiser avec respect ces dernières paroles de notre bien-aimé Père.
Invocation : Saint François, notre Père, priez pour vos enfants.
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Le Mois de Saint François d’Assise
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Vingt-cinquième jour
La fin approche
Prélude : Hâtons-nous de recueillir les derniers exemples de notre Père mourant.
Réflexions
Au printemps de l'an 1226, frère Elie fit transporter son bienheureux Père d'Assise à Sienne, dans l'espoir qu'un climat plus doux soulagerait ses souffrances. Mais, elles ne firent qu'empirer, et, voyant ses fils dans la douleur, le bon Patriarche leur disait :
« Mes chers enfants, ne vous ennuyez pas de la peine que vous prenez à cause de moi, car Notre Seigneur vous récompensera, en cette vie et en l'autre, de tout ce que vous faites pour son petit serviteur ». L'un d'eux, lui ayant demandé un mémorial de sa volonté et de sa bénédiction suprême, François dit à frère Benoît de Pirato : « Ecrivez, prêtre de Dieu, comment je bénis tous mes frères qui sont dans mon Ordre et qui y seront jusqu'à la fin du monde. Mon infirmité m'empêchant de parler longuement, je fais connaître en peu de mots ma volonté et mon intention à tous nos frères présents et futurs, comme la bénédiction et le testament dont ils devront garder le souvenir. Que les frères s'aiment les uns les autres, comme je les ai aimés et je les aime. Qu'ils chérissent toujours Notre Dame, la Pauvreté, et ne s'écartent pas de ses lois. Qu'ils soient toujours fidèles et soumis aux prélats et aux clercs de la sainte Eglise romaine ; qu'ils soient bénis et gardés du Père, du Fils et du St-Esprit. Amen ».
Le voyant près de sa fin, frère Elie fit reporter le saint à Assise, où le bon Père lui donna cette ample bénédiction : « Mon fils, je te bénis en tout et par-dessus tout. De même que sous ta main le Très-Haut a augmenté le nombre de mes frères et de mes enfants, ainsi je les bénis tous avec toi et en toi ; que Dieu, le souverain Seigneur de toutes choses, te bénisse dans le ciel et sur la terre. Pour moi, je te bénis autant et plus que je ne le puis ; mais que Celui qui peut tout fasse en toi ce que je ne puis. Je prie Dieu qu'il se souvienne de ton travail et de tes œuvres, et qu'il te donne part à la récompense des justes ; que tu trouves toutes les bénédictions que tu souhaites, et que ce que tu demandes dignement s'accomplisse ».
Comme il voulait mourir au berceau de son ordre, il se fit porter à Sainte Marie des Anges, et, en route, bénit avec larmes sa chère ville d'Assise : « Sois bénie de Dieu, ville fidèle à Dieu, parce que beaucoup d'âmes seront sauvées en toi et par toi. Les serviteurs du Très-Haut habiteront en grand nombre ton enceinte, et, parmi tes habitants, beaucoup de justes seront choisis pour le royaume éternel ».
Pratique :S'attacher à regarder dans les choses de ce monde le côté par lequel elles se rapportent à l'ordre surnaturel.
Invocation : Saint François, modèle des cours, apprenez-nous à aimer comme il faut les choses de ce monde.
Fioretti
Les adieux à ses chères Filles
François, avant de quitter Assise, avait écrit une touchante lettre d'adieux à sainte Claire. Quand il fut arrivé à Notre Dame des Anges, le portier vint l'avertir que la dame Jacqueline de Septisoles venait d'arriver, et lui demanda si on la laisserait entrer dans le couvent, car il avait expressément défendu, par une constitution, de souffrir qu'aucune femme entrât dans les maisons de son Ordre, et il le faisait observer fort exactement à Sainte Marie des Anges. Mais, il répondit que cette dame ne devait pas être comprise dans la loi, puisque son logis étant toujours ouvert aux Frères Mineurs, il était juste qu'ils lui donnassent entrée dans leur couvent. On l'introduisit donc avec ses deux fils ; elle vint se mettre à ses pieds, comme on représente Marie-Madeleine au pied de la Croix ; elle baisa et arrosa de ses larmes les précieuses plaies ; elle fit aussi la fonction de Marthe, et rendit au serviteur de Jésus-Christ tous les services dont elle fut capable. Le mercredi matin, elle voulait renvoyer ses gens, parce qu'elle croyait qu'il ne mourrait pas sitôt ; il l'en empêcha, l'assurant qu'il ne lui restait pas plus de quatre jours à vivre : « Après quoi, lui dit-il, vous me rendrez les derniers devoirs, et vous pourrez vous en retourner avec tout votre monde ». (Vie de saint François d'Assise, par le Père Chalippe).
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Vingt-quatrième jour
La souffrance et l'amour
Prélude : Serrons-nous autour de notre père, qui va bientôt nous quitter.
Réflexions
Depuis sa stigmatisation jusqu'à sa mort, dit l'auteur de l’Histoire populaire de saint François, sa vie peut se résumer en deux mots : la souffrance et l'amour. Quand il revint à Sainte Marie des Anges, pâle, défait, cachant en vain les blessures sacrées de ses mains et de ses pieds, ses frères crurent voir un vivant crucifix. Malgré sa langueur et les douleurs incessantes que lui causaient ses plaies, le zèle du salut des âmes le fit bientôt sortir de cette retraite, et pendant une partie de l'hiver de 1224 à 1225, il allait ou plutôt il se faisait porter de ville en ville à travers l'Ombrie, guérissant les infirmes du corps et de l'âme, poursuivi de la vénération des peuples, et se bornant souvent, pour toute prédication, à répéter, d'une voix affaiblie, mais toute brûlante d'une divine charité : « Jésus-Christ, mon amour, a été crucifié ».
Dans son humilité, il croyait n'avoir rien fait pour Dieu et pour le prochain ; il se regardait comme un serviteur inutile et disait à ses frères : « Commençons, mes frères, à servir Dieu Notre Seigneur, car jusqu'ici nous avons fait bien peu de chose ». Depuis plusieurs années déjà, il avait ré- signé ses fonctions et son titre de supérieur général des Frères Mineurs, que ses infirmités rendaient trop pesants pour lui. En conférant son autorité au frère Pierre de Catane d'abord, et ensuite au frère Elie, il leur avait dit, avec cette simplicité céleste, qui lui venait directement du cœur doux et humble du Sauveur : « Mon père et mon très cher frère, je vous reconnais pour mon père et mon seigneur : je confie à vos soins la garde de mon âme, et je vous promets humblement tout respect et toute obéissance comme à mon vrai ministre. Je vous prie et je vous conjure, par le Dieu vivant et véritable, de vouloir bien confier à un de nos compagnons la charge de me commander et de prendre soin de moi : je lui obéirai inviolablement en tout comme à vous- même ; car, à cause du grand profit et du mérite de l'obéissance, je désire avoir toujours avec moi mon supérieur et être sans cesse en sa présence ». Et, comme il avait dit, il fit jusqu'à sa fin.
Son amour pour son Sauveur Jésus-Christ semblait croître avec ses souffrances ; ses ravissements étaient continuels ; sa vue achevait de s'éteindre dans les larmes brûlantes que lui arrachait la Passion de Notre Seigneur, et son bien-aimé se montrait également si plein d'amour pour lui, qu'il semblait jouir sans interruption de sa présence. Il communiait fréquemment et avec tant de dévotion qu'on le voyait devenir semblable à un homme enivré après avoir reçu l'Agneau sans tache, et souvent son action de grâce s'achevait en une ardente extase.
Sa tendresse pour ses frères, sa miséricorde pour les pécheurs, étaient sans bornes. Plus il participait aux souffrances et à la sainteté de Jésus-Christ, plus il participait aussi à sa bonté : la lettre, adressée par lui au frère Elie, et lui donnant des conseils pour le gouvernement de l'ordre, est un monument admirable de cette charité toute divine.
Sur les instances de frère Elie, le saint consentit enfin à se reposer. On le transporta dans une cellule très pauvre, près de Saint Damien, où sainte Claire et ses sœurs lui préparaient de leurs mains les remèdes indiqués par les médecins. Il y demeura pendant quarante jours avec les frères Massee, Ruffin, Léon et Ange de Rieti, ses ordinaires compagnons. Puis il revint à Sainte Marie-des-Anges, où il resta languissant et malade pendant toute la fin de l'année 1225. Ses frères, voyant ses forces décliner et sachant qu'ils allaient le perdre prochainement, le contemplaient avec une vénération et un amour toujours croissants. « Oh ! s'écrie l'un d'entre eux, Thomas de Celano, son premier historien, comme il leur apparaissait beau, splendide et glorieux, dans l'innocence de sa vie, dans la simplicité de ses paroles, dans la pureté de son cœur, dans son ardent amour de Dieu et de ses frères ! » Sa patience était inaltérable, et il répondait à ceux qui lui demandaient comment il pouvait supporter d'un cœur et d'un visage joyeux les douleurs cuisantes de ses yeux et de tout son corps : « La gloire que j'attends est telle, que toute peine, toute maladie, toute humiliation, toute persécution, toute mortification devient pour moi une cause de joie ». C'est pourquoi, dit saint Bonaventure, il ne considérait pas ses souffrances comme des peines, mais il les appelait ses sœurs.
Pratique : Invoquer saint François dans les maladies, pour les supporter avec résignation et d'une manière méritoire.
Invocation : Saint François, modèle de patience, aidez et soulagez les pauvres malades.
Fioretti
L'heureuse aventure
Vers la fin de 1225, il profita d'un court moment de convalescence, pour se faire transporter en quelques endroits de l'Ombrie et des provinces voisines, afin d'y gagner encore des âmes à Dieu. C'est dans cette dernière course apostolique qu'il guérit à Bagnolo, en Toscane, un petit enfant de quatre ans atteint d'une maladie mortelle. Quand il l'eut guéri, il s'écria, dit-on, en rendant grâces à Dieu : « O buona ventura ! O l'heureuse aventure ! » L'enfant, qui s'appelait Jean, en garda le nom : il devint plus tard saint Bonaventure. (Histoire populaire de saint François d'Assise, par le marquis de Ségur).
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Vingt-troisième jour
Les stigmates sacrés
Prélude : Recueillons-nous pour contempler ce grand prodige.
Réflexions
C'était sur le mont Alverne. Un ange l'avait averti de se disposer, avec humilité et patience, à recevoir un don spécial de Dieu. Pendant qu'il persévérait dans la prière, il se mit à méditer pieusement sur la Passion du Sauveur et sur son infinie charité. La ferveur de la dévotion s'accroissait tellement en lui, qu'il demeurait entièrement transformé en Jésus-Christ par l'amour et la compassion. Il était dans toute l'ardeur de cette divine contemplation, quand soudain il vit descendre, du haut des cieux, un séraphin qui avait six ailes éclatantes et toutes de feu. Il se précipitait d'un vol rapide vers lui ; et bientôt le saint put voir, entre ses ailes, la figure d'un homme crucifié. Ses ailes étaient disposées de telle sorte qu'il en avait deux sur la tête, deux autres lui servaient à voler, et les deux dernières lui couvraient tout le corps.
À la vue de ce séraphin, saint François demeura saisi d'étonnement ; une joie mêlée de tristesse et de douleur se répandit dans son âme. La douce contemplation du Christ, qui lui apparaissait si familièrement et qui daignait jeter sur lui de si tendrez regards, le remplissait de joie ; mais le douloureux spectacle de son crucifiement le pénétrait de compassion, et il en avait le cœur transpercé comme d'un glaive. Il admirait surtout profondément que l'infinité des souffrances du Sauveur parût sous la forme d'un séraphin, sachant bien qu'elle ne s'accorde pas avec l'état de gloire et d'immortalité. Mais bientôt le séraphin lui-même lui apprit que Dieu l'avait permis ainsi, pour lui faire connaître que ce n'était pas par le martyre de la chair, mais par l'embrasement de l'amour, qu'il devait être transformé tout entier en une parfaite ressemblance avec Jésus-Christ crucifié.
Après un long et mystérieux entretien, l'admirable vision disparut, laissant dans le cœur du saint une ardeur excessive et la flamme de l'amour divin, et sur son corps l'image merveilleuse et les traces de la Passion du Sauveur, Alors, ses pieds et ses mains furent transpercés par des clous semblables à ceux qu'il avait vus dans les mains et les pieds du Christ qui venait de lui apparaître. Les têtes de ces clous, qui étaient rondes et noires, se trouvaient dans le creux des mains et au-dessus des pieds, et les pointes ressortaient du côté opposé, recourbées et rivées de manière qu'on aurait pu sans peine y passer le doigt comme dans un anneau. Au côté droit du saint, apparut aussi une plaie rouge, comme s'il eut été transpercé d'une lance, et souvent elle jetait un sang sacré qui trempait sa tunique et ce qu'il portait sur les reins.
Il mit un tel soin à cacher ces blessures que ses frères les ignorèrent longtemps. Seulement, ils remarquèrent qu'il ne découvrait plus ni les pieds ni les mains, et qu'il ne pouvait même plus poser à terre la plante des pieds.
Le saint pape Alexandre, dit saint Bonaventure, prêchant au peuple, affirma devant un auditoire considérable de frères où j'étais moi-même, que ces saints stigmates, il les avait vus de ses propres yeux durant la vie du saint. Enfin, à sa mort, plus de cinquante frères, la vierge de Dieu très pieuse, Claire, avec ses sœurs, et d'innombrables séculiers les virent également, et la plupart d'entre eux les baisèrent avec vénération, et les touchèrent de leurs mains, afin que rien ne manquât à la force du témoignage.
Pratique : Vénérer souvent, avec une ardente et affectueuse dévotion, les cinq plaies de Jésus crucifié.
Invocation : Saint François, image fidèle de Jésus crucifié, imprimez profondément, dans nos âmes, les plaies du Sauveur.
Fioretti
L'entretien mystérieux
Dans cette apparition séraphique, le Christ lui-même daigna communiquer à saint François des choses secrètes et mystérieuses qu'il ne voulut jamais rapporter dans sa vie ; ce ne fut qu'après sa mort qu'il en fit la révélation. Or, voici quelles furent les paroles du Christ : « Sais-tu, disait-il au saint, le prodige que je viens d'opérer en toi ? Pour que tu sois mon gonfalonier, je t'ai donné les stigmates, qui sont les marques de ma Passion. Et, de même que, le jour de ma mort, je suis descendu aux Limbes, et qu'en vertu de mes plaies, j'en ai retiré toutes les âmes qui s'y trouvaient pour les introduire au Paradis, quand tu auras quitté la terre, tous les ans, le jour de l'anniversaire de ta mort, je t'accorde aussi de pouvoir descendre au Purgatoire, et, en vertu des stigmates, d'en retirer toutes les âmes de tes trois ordres, des Mineurs, des Sœurs et des Continents, et même de tous les autres qui auront eu pour toi une grande dévotion et que tu trouveras dans ce lieu d'expiation. Tu les introduiras toi-même au Paradis ; et c'est ainsi qu'après m'avoir été conforme pendant ta vie, tu le seras encore après ta mort ». (Considérations sur les stigmates de saint François, traduites par l'abbé Riche).
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Vingt-deuxième jour
La Portioncule
Prélude : Saint François priait une nuit dans sa cellule, voisine de l'église de la Portioncule, quand il fut révélé que dans l'église même étaient Notre Seigneur Jésus-Christ et sa Sainte Mère, avec une grande multitude d'anges. À cette nouvelle, pénétré d'une joie indicible, il se leva, et, plein d'un religieux respect, il entra dans l'église. Dès qu'il aperçut la majesté et la gloire ineffable du Fils de Dieu, il se prosterna en sa présence et l'adora avec la soumission et la dévotion la plus profonde. Notre-Seigneur Jésus-Christ, abaissant sur lui un regard plein de bonté, lui dit de demander quelques grâces pour le salut des hommes. Alors saint François, aidé du patronage de Marie qu'il avait invoquée avec ferveur, demanda que tous ceux qui viendront en ce lieu et visiteront cette église obtinssent pardon de tous leurs péchés, après s'en être confessés. Le Seigneur répondit à saint François que cette demande lui était agréable, mais il lui ordonna en même temps d'aller trouver son vicaire pour lui demander cette indulgence en son nom. Le Souverain Pontife fit d'abord quelques difficultés, mais il finit par accéder à cette demande.
Réflexions
Saint François avait obtenu cette indulgence au mois d'octobre de l'année 1221. Le jour auquel les fidèles pouvaient la gagner n'avait point été fixé. Or, quinze mois plus tard, pendant une de ces longues nuits d'hiver si propres à la contemplation, le saint patriarche priait dans sa cellule près de l'église de la Portioncule. Le démon lui suggéra de ne pas tant veiller et de ne pas tant prier, parce qu'à l'âge où il se trouvait, le sommeil était nécessaire. Aussitôt le saint reconnaît le tentateur et se souvient du moyen employé par saint Benoît pour le vaincre. Sortant donc de sa cellule, il va dans le plus épais du bois, ôte son habit, déchire son corps à travers les ronces et les épines, voit couler son sang de ses nombreuses plaies et s'écrie : « Il vaut mille fois mieux pour moi endurer ces douleurs avec Jésus-Christ que de suivre les conseils de l'ennemi qui me flatte ». En ce moment, une vive lumière remplit le bois. François s'arrête, étonné et ravi. Les ronces étaient transformées en roses rouges et en roses blanches, quoique l'on fut dans la saison la plus rigoureuse. Ces rosiers toujours verts et sans épines donnent encore des fleurs en toute saison ; on les appelle les rosiers de Saint François.
Pendant qu'il admire ce prodige, plusieurs anges éclatants de blancheur et de gloire l'entourent, et l'un deux lui adresse les mêmes paroles qui lui furent portées du Ciel, quinze mois auparavant : « François, allez à l'église, Jésus-Christ vous y attend avec sa sainte mère ». En même temps, il se voit revêtir miraculeusement d'un habit blanc ; et suivant l'inspiration qui le presse d'en agir ainsi, il cueille douze roses rouges et douze roses blanches, et les porte à l'église dont le chemin lui semble richement orné. En y entrant, il se prosterne et dit, avec une grande expression de foi et de confiance : « Père très saint, Seigneur du ciel et de la terre, Sauveur du genre humain, daignez, par votre grande miséricorde, déterminer le jour de l'indulgence que votre infinie bonté a bien voulu accorder en ce saint lieu ». Notre Seigneur lui répondit : « Je veux que ce soit depuis le soir du jour où l'apôtre saint Pierre fut délivré de ses liens, jusqu'au soir du lendemain ». Et comme saint François demanda encore de quelle manière cette indulgence devait être publiée, et si on ajouterait foi à sa parole, Notre Seigneur lui ordonna d'aller trouver son vicaire, de lui porter quelques roses rouges et blanches comme preuve de la vérité du fait, et d'emmener avec lui quelques-uns de ses frères, qui rendraient témoignage de ce qu'ils avaient entendu. Les anges entonnèrent ensuite le Te Deum, et la vision disparut.
Saint François prit trois roses de chaque couleur, en l'honneur des trois personnes de la Très Sainte Trinité, et il choisit, dans la même pensée, trois de ses religieux, pour l'accompagner à Rome. Dès le lendemain, il se mettait en marche avec eux. Arrivé à Rome, il rendit compte au Souverain Pontife des merveilles qui venaient de se passer à N.-D. des Anges, et lui présenta pour preuve les roses miraculeuses conservées dans toute leur fraîcheur, malgré la longueur de la route. Le Pape, surpris de voir des roses si belles, si fraîches et si odorantes, dans une saison si rigoureuse et après une si longue marche, reconnut la vérité de ces témoignages ; et, après avoir pris l'avis des cardinaux, il confirma l'indulgence et ordonna à sept évêques de la contrée de se réunir à Assise le 1er août de la même année, pour la publier solennellement à Sainte-Marie des Anges.
Au jour marqué, les évêques s'y assemblèrent ; le concours des fidèles était immense. Saint François prêche avec une ferveur et une onction angéliques. Les évêques ne voulaient pas que cette indulgence fut accordée à perpétuité. Ils jugeaient qu'une concession aussi extraordinaire ne pouvait être dans la pensée du Pape ; ils résolurent donc de ne l'annoncer que pour dix ans. L'évêque d'Assise se leva le premier pour publier l'indulgence ; mais il la déclara perpétuelle, sans qu'il lui fut possible d'y mettre aucune restriction. Les autres évêques essayèrent successivement de l'annoncer pour dix ans, mais, par une permission particulière de Dieu, ils furent obligés de publier une Indulgence perpétuelle, ils reconnurent ainsi la volonté manifeste de Dieu.
Cette indulgence, nous devons le remarquer, n'est point, comme les autres, une simple concession faite par le Souverain-Pontife, elle a l'inappréciable avantage d'avoir été accordée par Jésus-Christ lui-même, sur la demande de sa divine Mère. Depuis sa promulgation solennelle, vit affluer chaque année, à N.-D. des Anges, un immense concours de fidèles qui venaient participer au grand pardon d'Assise. Les pèlerins étaient obligés de loger sous des tentes dressées dans la campagne, autour de l'auguste sanctuaire. Le nombre en est encore très considérable, malgré les désastres que la révolution a accumulés dans ces pays qu'elle a envahis.
Toutefois, quelque immense que fut le nombre des pèlerins de la Portioncule, dès l'origine de cette indulgence, c'était peu auprès des fidèles qui, répandus sur toutes les parties du monde, ne pouvaient participer à cette grâce précieuse. Persuadés que cette sublime expansion de la miséricorde divine était un bienfait général et que ce pardon s'adressait à tous les fidèles, plusieurs Souverains Pontifes ont étendu cette indulgence à toutes les églises de l'ordre de saint François.
Quand une église a été abandonnée par les Franciscains. elle perd ce privilège. Il y a néanmoins une exception pour la France. Le Pape Pie VII a concédé de nouveau ce privilège à toutes les églises ayant appartenu aux Franciscains ou aux Franciscaines. L'indulgence de la Portioncule a l'insigne privilège de ne pas être suspendue par l'année du Jubilé. On peut la gagner autant de fois qu'on visite l'église à laquelle elle est attachée, depuis l'heure des premières vêpres jusqu'au soir du 2 août, après le coucher du soleil.
Pour y participer, il faut trois choses, outre la visite de l'église : 1° la confession, 2° la communion, 3° prier aux intentions du Souverain Pontife. Pour la confession, on suit la règle ordinaire des autres indulgences. La communion peut se faire dans quelque église que ce soit. On croit que la récitation du Miserere ou cinq Pater et cinq Ave suffit pour les prières aux intentions du Souverain Pontife. On peut s'appliquer une de ces indulgences, et même plusieurs dans le cas où on ne les aurait pas gagnées plénières, et appliquer les autres, par la voie de suffrage, aux âmes du Purgatoire.
Pratique : Bénissons la Reine des Anges qui nous a obtenu de son divin Fils une grâce si précieuse. Rendons nos actions de grâces à Notre-Seigneur qui met à notre disposition un moyen si facile de payer nos dettes à sa divine justice, de nous racheter du Purgatoire et de recouvrer l'innocence baptismale. Coopérons à tant de grâces, devenons meilleurs et enrichissons-nous pour le Ciel.
Invocation : Saint François, notre bon père, obtenez-nous la grâce de Jésus.
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