Le Mois de Saint François d’Assise
Le Mois de Saint François d’Assise
Huitième jour
Le jour des Noces
Prélude : Contemplons le Séraphique fondateur de l'Ordre franciscain, au moment où il reçoit la pleine révélation des vues de Dieu sur lui.
Réflexions
C'est une page capitale dans l'histoire de notre bon saint. Voici en quels termes son plus récent historien l'a écrite. On ne saurait, à coup sûr, mieux exprimer les sentiments que doit faire naître en notre âme ce touchant épisode.
« Dès le commencement de l'an de grâce 1208, la chapelle de Sainte Marie des Anges, arrachée à l'oubli et au déshonneur, avait retrouvé son culte séculaire, servait de nouveau de tabernacle au Saint des saints, et de but de pèlerinage à la piété des fidèles. Elle devint en même temps l'oratoire habituel et comme la demeure de François. Il aimait ce sanctuaire d'un amour de prédilection, ayant sans doute quelque. pressentiment divin des grandes choses que le Seigneur devait y opérer par son entremise. Il y passait ses jours et ses nuits en prière, adorant, aimant, pleurant, attendant, comme un enfant docile, que son Père céleste lui fit connaître par quelles œuvres il devait désormais le servir. La réponse de Dieu ne se fit pas longtemps désirer.
C'était dans le courant de cette même année 1208, qui tient une si grande place dans la vie du serviteur de Dieu. Un jour, il assistait dans son cher sanctuaire à une messe qu'il avait prié le prêtre de Saint Damien de dire en l'honneur des apôtres. Arrivé à la lecture de l'évangile, au moment où le prêtre prononçait ces paroles que Notre-Seigneur adressa à ses disciples : « Ne portez ni or, ni argent, ni aucune monnaie dans votre bourse, ni sac, ni deux vêtements, ni souliers, ni bâton », François reçut d'en haut une vive effusion de lumière ; sa vocation, jusqu'alors entrevue seulement, lui fut montrée dans une clarté toute céleste, et la pauvreté, la sainte pauvreté apostolique qui parcourt le monde, recevant le pain du corps et donnant le pain de l'éternelle vie, lui apparut comme son unique épouse et la compagne féconde de son apostolat. « Voilà, voilà ce que je cherche ! » s'écria-t-il tout rayonnant de joie et d'amour ; et dans le même moment, avec cette ardeur d'obéissance et cette impétuosité sublime de sacrifice qui d'un bond lui faisait atteindre les sommets de la perfection chrétienne, il achève son dépouillement, jette avec horreur sa bourse, son bâton, ses chaussures, et les pieds nus, couvert d'une grossière tunique grise qui fut jusqu'à la fin son unique vêtement, les reins entourés d'une corde, absolument pauvre et absolument joyeux, il part pour évangéliser le monde et conquérir les âmes à Jésus-Christ.
De ce jour date véritablement le commencement de la famille franciscaine, la naissance de cet ordre des Frères Mineurs qui devait en quelques années s'étendre jusqu'aux extrémités de la terre. C'est le jour de la mission de saint François, le jour de ses noces mystiques avec la sainte pauvreté, noces heureuses et fécondes qui allaient remplir le monde de bénédictions et d'angéliques vertus. Merveilleuse efficacité de la parole de Dieu et merveilleuse unité de ses voies ! Aux premiers temps du christianisme, saint Antoine entend dans une église d'Egypte ces paroles du Sauveur : « Si vous voulez être parfait, allez, vendez tout ce que vous avez, et le donnez aux pauvres » ; et, transformé par la vertu divine, il devient le fondateur et le père de la vie monastique en Orient. Dix siècles plus tard, dans une pauvre chapelle d’ltalie, François, fils du marchand Bernardone. entend une autre parole de l'Evangile qui tombe sur le bon terrain de son âme ; et la vie religieuse parfaite renaît en Occident, et l'Ordre des Frères Mineurs est fondé. Désormais la période solitaire de la vie de saint François, celle qui correspond à la vie du Sauveur à Nazareth, est terminée. Sa vie publique et sociale commence, et nous allons voir en lui se réaliser d'une façon merveilleuse ce mot étonnant de l'Evangile : « En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais, et il en fera de plus grandes encore ».
Pratique : Suivre fidèlement les inspirations que Dieu nous donne dans nos lectures pieuses, et spécialement dans celle des Livres Saints.
Invocation : Saint François, si fidèle observateur des voies de Dieu, dirigez nos pas dans les sentiers de la perfection à laquelle Dieu nous appelle.
Fioretti
La chère église
Des trois églises que François avait réparées, il choisit celle de Sainte Marie des Anges pour y faire sa demeure, afin d'honorer la mère de Dieu et les Intelligences célestes. Saint Bonaventure dit qu'il y fut souvent favorisé de la visite des anges, et qu'anciennement ce lieu avait été nommé Sainte Marie des Anges, à cause des fréquentes apparitions qu'y faisaient ces bienheureux esprits. L'homme de Dieu y passait les jours et les nuits en de ferventes prières, où il demandait à la Sainte Vierge, que, comme elle a conçu et enfanté le Verbe du Père, plein de grâce et de vérité, elle eût la bonté de devenir son avocate, pour en obtenir la participation : ce fut là aussi que, par les mérites de cette puissante avocate, il obtint le bonheur de concevoir et d'enfanter, pour ainsi dire, la vie évangélique ; fruit précieux de la grâce et de la vérité, que le Fils de Dieu est venu apporter à la terre. (Vie de St-François, par le Père Chalippe).
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Le Mois de Saint François d’Assise
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Septième jour
Devant l'évêque d'Assise
Prélude : Pénétrons avec un saint respect dans le cœur de notre bienheureux patriarche, pour y admirer l'action du Saint Esprit.
Réflexions
C'était en l'an 1206, François avait vingt-cinq ans. L'heure de Dieu avait sonné pour le grand Séraphin de la terre.
Ne se préoccupant plus en rien du monde, de ses biens ni de son estime, le saint jeune homme avait quitté la maison paternelle, pour se retirer à Saint Damien, où le Crucifié lui parla si amoureusement.
Mais, Bernardone ne pouvait supporter que son fils François, sur qui il avait fondé les plus orgueilleuses espérances, embrassât un genre de vie qui l'exposait à la risée du monde ; il était surtout furieux de le voir se dépouiller de tout ce qu'il possédait pour le donner aux pauvres, ou le consacrer à la réparation des églises. Un jour, il poussa la brutalité jusqu'à le frapper violemment ; puis, il le renferma dans un endroit obscur que l'on voit encore aujourd'hui et que l'on appelle la prison de saint François.
D'accord avec son autre fils Angelo, il n'est rien que le père n'inventât pour détourner François de suivre l'appel divin, il épuisa tous les moyens sans parvenir à arracher ce saint amant de Jésus de la divine folie de la croix. Il le traduisit devant les tribunaux civils, sans rien pouvoir gagner sur ce cœur si dévoué à son héroïque vocation.
Enfin, d'après l'avis des magistrats d'Assise, Bernardone eut recours à l'évêque de cette ville, Vico Secundi, pour arrêter les libéralités de son fils. L'évêque fit donc appeler François, et lui dit : « Votre père est très irrité contre vous ; si vous voulez servir Dieu librement, rendez-lui l'argent que vous avez... Mon fils, ajouta paternellement le saint prélat, ayez confiance en Dieu, ne craignez pas, il sera votre aide ; et, pour le bien de son Eglise, il vous donnera tout ce qui est nécessaire ». Vico Secundi, inspiré de l'esprit de Dieu, prophétisait en parlant ainsi.
L'entendant parler de la sorte, François, comme enivré de Dieu, se leva, en s'écriant : « Seigneur et Maître, je lui rendrai tout ce qui est à lui, même mes vêtements ». Il se dépouille aussitôt de ses habits, et reparaît, rayonnant, inspiré, sa chair virginale recouverte seulement d'un cilice. Puis, déposant tous ses vêtements devant l'évêque, il dit : « Écoutez et comprenez. Jusqu'à présent, j'ai appelé Pierre Bernardone, mon père ; désormais, je puis dire hardiment : Notre père, qui êtes aux cieux, en qui j'ai mis tout mon trésor et la foi de mes espérances ».
Tous les assistants, émus jusqu'aux larmes, maudissaient la rapacité de Bernadone. Mais, François était dans l'extase de la joie. L'évêque, ravi de la plus tendre admiration, ouvrit ses bras et son cœur au saint jeune homme, et le couvrit du manteau que l'on voit encore à Saint Georges, au couvent des Clarisses. François y traça une croix blanche avec du mortier, et s'éloigna, dépouillé de tout, libre de tous les liens de la terre, le plus pauvre et le plus joyeux des hommes.
Pratique : S'attacher au dépouillement des choses de la terre pour dégager son âme vers le ciel, où Dieu nous revêtira d'un manteau de gloire éternelle.
Invocation : Saint François, vrai pauvre de Jésus-Christ, détachez mon cœur des biens de ce monde.
Fioretti
Le Héraut du grand Roi
Dégagé de tous les liens des convoitises mondaines, selon ses désirs, il alla chercher hors de la ville quelque endroit à l'écart, où seul et en silence il put écouter la voix de Dieu. Dans un bois où il passait, chantant les louanges du Créateur en langue française, des voleurs vinrent lui demander qui il était : « Je suis le Héraut du grand Roi », leur répondit-il, en un sens prophétique, avec une parfaite confiance en Dieu. Sur cette réponse, ils le battirent cruellement, le jetèrent dans une fosse pleine de neige, et se moquèrent de la qualité qu'il prenait. Lorsqu'ils furent éloignés, il sortit de là et se remit à louer le Seigneur d'une voix encore plus haute, fort joyeux d'avoir eu occasion de souffrir. À un monastère voisin, où il demanda l'aumône, qu'il reçut comme un mendiant méprisable, on l’employa quelques jours aux plus vils offices de la cuisine. Mais, voyant que cela s'accordait mal avec ses exercices spirituels, il s'en vint à Gubbio, où un de ses amis le reconnut, et lui donna, pour le vêtir plus décemment, un habit d’ermite, une tunique courte, une ceinture de cuir, des souliers, avec un bâton. Sous cet habit de pénitence, il affligea son corps de nouvelles austérités ; et, afin de remplir toutes les fonctions de l'humilité qu'il aimait extrêmement, il se dévoua au service des lépreux. (Vie de Saint François d'Assise, par le Père Chalippe).
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Le Mois de Saint François d’Assise
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Sixième jour
Jésus crucifié
Prélude : Jésus en croix regarde François d'Assise agenouillé et l'entretient, tandis que son ardent disciple l'écoute dans le ravissement de l'amour.
Réflexions
Jésus et Jésus crucifié ! C'est l'unique science dont le grand apôtre se glorifiait, ce fut la grande école où le Séraphique François apprit à se vaincre et à grandir dans la plus sublime perfection.
Au lendemain de sa conversion, il eut l'apparition de Jésus crucifié. À ce spectacle, son âme, naturellement tendre et aimante, se fondit et se liquéfia, au point que, à partir de cette heure, quand il pensait à cette première vision du Sauveur en croix, il ne pouvait retenir ses larmes. Ce jour-là, il eut la révélation complète du mystère renfermé dans l'admirable exhortation de Notre Seigneur : « Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il se renonce lui-même, qu'il prenne sa croix et qu'il me suive ! » Il reçut les prémices de cet esprit de pauvreté et d'humilité qui fera le caractère de sa vie et comme l'esprit de son œuvre. Son cœur s'y embrasa d'une charité sublime, qui, malgré sa répugnance instinctive, le poussa à soigner, à embrasser et à baiser tendrement les pauvres lépreux, parce qu'Isaïe avait prophétisé de Jésus, en le comparant à un de ces malheureux. « François, lui disait le Sauveur, si tu veux connaître ma volonté, il faut que tu méprises et que tu haïsses tout ce que tu as aimé et désiré selon la chair. Ne t'effraie point de ce nouveau sentier, car si les choses qui te plaisaient doivent te devenir amères, celles qui te déplaisaient te paraîtront douces et agréables ».
C'est encore par amour pour Jésus pauvre et dépouillé sur la croix qu'il se voua dès lors avec une si incomparable générosité au service et au soulagement des pauvres. Il se dépouillait pour les vêtir, il partageait ses vêtements avec eux, il se levait de table pour leur porter les aliments qu'on ſui servait, il prenait même volontiers leurs haillons, foulant aux pieds l'orgueil humain et s'élevant par degrés à la perfection de la pauvreté évangélique. Rien n'égalait sa douleur du mauvais emploi de sa jeunesse et son attention à mortifier ses sens, afin de porter la croix de Jésus-Christ dans son corps, comme il la portait dans son cœur.
Voulant le récompenser de ce zèle à l'imiter, Jésus crucifié, qui s'était fait son maître, lui accorda cette magnifique récompense, dont parlent tous ses biographes. Un jour qu'il méditait dans la vieille église de Saint Damien, hors d'Assise, il se prosterna devant le crucifix, et, inspiré d'en haut, il redit trois fois cette belle invocation, qui depuis lui demeura familière : « Grand Dieu, plein de gloire, et vous, mon Seigneur Jésus-Christ, je vous prie de m'éclairer et de dissiper les ténèbres de mon esprit, de me donner une foi pure, une ferme espérance et une parfaite charité. Faites, ô mon Dieu, que je me connaisse si bien, qu'en toutes choses je n'agisse jamais que selon vos lumières et conformément à votre sainte volonté ». Ce disant, il regardait fixement le crucifix, les yeux baignés de larmes, et le crucifix s'anima, pour lui dire : « François, va, répare ma maison, que tu vois tomber en ruines ». La voix miraculeuse répéta trois fois les mêmes paroles. Elles signifiaient que Jésus-Christ l'appelait à réparer, par son ministère et par les travaux de ses disciples, son Eglise et aussi qu'il avait reçu la mission de restaurer la vieille église de Saint Damien.
Mais, cette voix du crucifix imprima plus avant dans son âme le mystère de la Passion. Il se sentit intérieurement blessé des plaies de Jésus, et il les pleurait avec des larmes si cuisantes que ses yeux en étaient comme ensanglantés, au sortir de l'oraison.
Pratique : Se renouveler dans la dévotion aux mystères de la Passion et de la mort de Jésus- Christ.
Invocation : Saint François, vivante image de Jésus crucifié, imprimez profondément dans mon âme les plaies du Sauveur.
Fioretti
Le divin lépreux
Au début de sa conversion, comme il passait à cheval dans la plaine d'Assise, François aperçut un lépreux qui venait droit à lui. D'abord, il en fut saisi d'horreur ; mais, se ressouvenant qu'il avait résolu de travailler à la perfection, et que, pour être soldat de Jésus-Christ, il faut commencer par se vaincre soi-même, il descendit de cheval, alla baiser le lépreux, et lui donna l'aumône. Quand il fut remonté, il ne vit plus personne, quoi qu'il regardât de tous côtés dans la plaine qui était toute découverte. Rempli d'admiration et transporté de joie, il se mit à chanter les louanges du Seigneur, avec un ferme propos de se rendre toujours plus parfait. (Vie de St-François d'Assise, par le Père Chalippe).
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Cinquième jour
Les songes mystérieux
Prélude : Adorons Notre Seigneur Jésus-Christ à la poursuite de son cher François d'Assise, dont il veut faire un parfait modèle de sa vie pauvre.
Réflexions
Avec le retour à la santé, notre bon saint eut un regain de jeunesse, il s'adonna de nouveau au goût des beaux habits et des divertissements profanes. Mais, son âme était dès lors blessée par la flèche de l'amour divin, son cœur inclinait par une pente de plus en plus sensible vers cet amour qui détache des amours terrestres et sa tendresse pour les pauvres devenait chaque jour plus vive.
L'heure était venue où la voix de Jésus allait pouvoir résonner à cette oreille inclinée pour l'entendre. Une nuit, Dieu fit voir à son serviteur un beau palais, rempli d'armes marquées du signe de la croix. Il demanda pour qui toutes ces armes. La voix mystérieuse répondit : « Pour toi et pour tes soldats ! » Le bouillant jeune homme, sans remarquer les croix, n'avait considéré que les armes. Il partit donc pour aller offrir ses services à Gautier de Brienne, annonçant qu'il reviendrait un jour à Assise en grand seigneur.
Arrivé à Spolète, Jésus-Christ l'arrêta dans sa fougue et dans son illusion. « François, lui dit- il dans un nouveau songe, lequel des deux peut te faire plus de bien : le maître ou le serviteur, le riche ou le pauvre ? - C'est le maître et le riche, répliqua simplement le jeune guerrier. - Pourquoi donc, continua le sauveur, quittes-tu Dieu, qui est le maître et le riche, pour chercher l'homme, qui est le serviteur et le pauvre ? »
Pour le coup, le nouveau Saül avait rencontré son chemin de Damas. Terrassé par la foudre de la miséricorde, il se jeta à genoux, et, dans un élan plein de ferveur, il s'écria : « Ah ! Seigneur ! que vous plaît-il que je fasse ? - Retourne dans ta ville, répondit Jésus, qui parlait dès lors en maître de cette âme conquise, ce que tu as vu ne signifie rien que de spirituel ; c'est de Dieu,et non des hommes, que tu en recevras l'accomplissement ».
Aussitôt, le docile disciple du Sauveur reprend le chemin d'Assise, pour y attendre les ordres de son Seigneur et Maître, sans se mettre le moins du monde en peine de ce que ses compagnons diraient de ce retour si inopiné.
Pratique : Se rendre docile aux moindres inspirations de la grâce et se garder, comme du plus grand de tous les malheurs, de contrister l'Esprit-Saint.
Invocation : Saint François, qui avez écouté l'appel de la grâce, priez pour nous.
Fioretti
La divine fiancée
De retour à Assise, François réunit ses compagnons de plaisir dans un repas qui devait être le dernier. Il les traita avec sa magnificence accoutumée et le charme habituel de son humeur ; mais son âme était déjà toute en Dieu, et le sourire de la gaieté n'était plus qu'à la fleur de son visage. Après le repas, comme ils allaient, riant et devisant par les rues d’Assise, François marchait derrière eux, plongé dans une profonde rêverie. Tout à coup, il s'arrêta : je ne sais quelle intuition céleste lui montra dans une lumière surnaturelle la vanité des choses de la terre ; la pauvreté évangélique lui apparut comme sa vocation et son unique compagne, et Dieu se répandit en son âme avec une telle effusion qu'il demeura sans voix et sans couleur. Il raconta depuis à son confesseur que si, dans ce moment, on eut déchiré son corps en lambeaux, il n'en eût rien senti, tant son âme était ravie en Dieu. Ses compagnons, le voyant immobile, accoururent et d'abord s'effrayèrent ; mais bientôt, quand il fut revenu à lui, ils reprirent leur frivole gaieté et lui dirent en riant : « Où avais-tu l'esprit, François ? Songerais-tu donc à prendre femme ? - Oui, répondit-il d'une voix grave, je veux prendre une épouse, mais si noble et si belle, qu'il n'y en aura point de semblable au monde ! » C'était la pauvreté qu'il voulait dire, la sainte pauvreté chrétienne, que Dieu venait de lui révéler, si méprisée dans le monde et trop oubliée même dans l’Église en ces temps malheureux ; c'était à cette fiancée, cette épouse mystique à laquelle il devait donner sa vie, qui devait lui tenir fidèle compagnie, comme au Sauveur, son premier époux, pendant tout son pèlerinage et jusqu'au suprême dépouillement de la mort. (Histoire populaire de saint François d’Assise, par le Marquis de Ségur).
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Quatrième jour
Épreuves
Prélude : Adorons les desseins de la Providence qui attire au service des âmes par les voies mystérieuses de l'élection divine.
Réflexions
Dieu attire les siens par des voies pleines de mystère ; souvent la pauvre nature se révolte : l'esprit a de la peine à comprendre pourquoi Dieu traite ainsi ceux qu'il aime, l'infirmité humaine regimbe contre l'aiguillon de la souffrance. Mais, les jugements de Dieu ne sont pas comme les jugements de l'homme. L'effet prouve bien ensuite qui a eu raison, et, si cette révélation ne nous est pas toujours donnée complètement dès cette vie, au ciel, nous serons ravis en voyant le pourquoi des desseins de la Providence sur les événements et sur les hommes.
François devait connaître cette conduite de Dieu envers ses élus. Mais, chose admirable ! Alors que toutes ou presque toutes les âmes ainsi passées au creuset de la souffrance se scandalisent ou du moins éprouvent quelque étonnement de prime abord, lui n'en parut avoir aucune émotion. Tout jeune qu'il fut, cet adolescent, emporté par le besoin de se distraire et de jouir de la vie, se soumit avec une générosité toute joyeuse à la volonté de Dieu qui l'arrêtait au milieu de ses divertissements.
Assise et Pérouse étaient en guerre. Dans une rencontre, il fut fait prisonnier et retenu en captivité, pendant plus d'un an, avec quelques-uns de ses compatriotes, qui se laissaient abattre et vivaient dans un morne désespoir. Mais lui, sans rien changer à ses habitudes de gaîté et d'enjouement, leur disait : « Je vous plains, mes amis ; pour moi, j'ai l'esprit fort libre et je me réjouis. Vous me voyez maintenant prisonnier ; plus tard, vous me verrez honoré par toute la terre ». Son aimable caractère et cette joyeuse soumission à la volonté de Dieu finirent par relever les courages abattus : le futur apôtre de la pauvreté préludait à ce sublime apostolat par la résignation qu'il inspirait aux âmes éprouvées par la souffrance.
Pourtant, cette longue captivité ne suffit point à incliner son âme vers le détachement absolu auquel l'appelait son héroïque vocation. Aussi, quand il fut rentré à Assise, Dieu le visita de nouveau par une longue et accablante maladie, qui le réduisit à une faiblesse extrême, disposant par là son âme à subir les opérations de la grâce d'en haut qui l'appelait, nous le verrons bientôt, à une si sublime destinée, celle dont il avait parlé prophétiquement à Pérouse, sans savoir combien il disait vrai.
Quand il put sortir, le jeune convalescent, dont le cœur était si tendre et l'âme si poétique, pensa que la vue des champs réjouirait son être alangui. Mais, à sa grande surprise, la beauté du paysage ne réveilla aucun écho au-dedans de lui, il lui sembla même que tout ce qu'il avait aimé jusque là lui inspirait présentement du dégoût. Il sonda son cœur et il vit que son cœur méprisait ce qu'il avait tant prisé jusqu'alors, sa conduite passée lui parut une folie.
Dieu disposait ainsi cette grande âme à recevoir une des impressions les plus profondes de la grâce qu'il ait jamais accordée à aucune âme dans les annales de la sainteté. Nous la méditerons demain.
Pratique : S'habituer à voir, à reconnaître, à bénir, à aimer et à adorer la main de Dieu dans tout ce qui nous arrive de fâcheux selon le monde.
Invocation : Saint François, modèle de patience, priez pour les âmes éprouvées.
Fioretti
La prédiction d'un compatriote
Les belles qualités de François le rendaient aimable à toute la ville, qui le regardait comme la fleur de la jeunesse, et en concevait de grandes espérances. Un homme fort simple, mais éclairé d'en haut, le fit encore plus estimer. Lorsqu'il le rencontrait dans les rues, il étendait son manteau par terre devant lui, et, pour raison d'un tel respect, « ce jeune homme, disait-il, fera bientôt de grandes choses : il méritera toutes sortes d'honneurs et sera révéré de tous les fidèles ». François, à qui les desseins de Dieu étaient inconnus, ne comprenait pas le sens de la prédiction. Il ignorait que ces honneurs ne lui seraient rendus qu'après des humiliations, conformément à la parole de l'Evangile. Distrait par les affaires et attaché aux vanités de ce monde, il ne pensait guère à cette divine vérité, il la goûtait encore moins ; cependant il se flattait d'être honoré quelque jour, comme on l'annonçait, ce que Dieu permit qu'il prédit lui-même dans la disgrâce de sa captivité à Pérouse. (Vie de St François d'Assise, par le Père Chalippe).
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Troisième jour
Le Nazareth de François
Prélude : Entrons, avec un saint respect, dans cet intérieur où l'enfant de Bernardone et de Pica grandit, comme le fils de Marie et de Joseph, en grâce, en âge et en sagesse.
Réflexions
C'est à une des plus belles pages de l'historien populaire de notre bon saint que nous empruntons aujourd'hui notre sujet de méditation.
« Les premières années de François s'écoulèrent tranquilles et cachées près de ses parents, comme celles de l'Enfant Jésus à Nazareth. Sa mère formait son cœur ; de bons prêtres d'Assise formèrent son intelligence et lui donnèrent une instruction en rapport avec la fortune de son père. L'enfant apprit avec goût et facilité les belles lettres : plus tard, il ne parla si souvent de son ignorance que par humilité. La langue latine et la langue française lui étaient familières ; si dans sa vie il se servit peu de livres, c'est qu'il lisait dans le livre toujours ouvert pour lui, et qui renferme toute science, de Jésus crucifié. Bientôt Bernardone associa son fils à ses opérations de commerce ; l'enfant apporta à cette occupation le zèle et l'intelligence qu'il avait mis à s'instruire.
Mais, dès ses premiers temps, il différa grandement de son père par sa manière d'envisager la richesse. Généreux jusqu'à la prodigalité, il se plaisait plus à dépenser l'or qu'à l'amasser, et, montrant une grande âme jusque dans les défauts de sa folle jeunesse, il semblait un fils de roi plutôt qu'un fils de marchand. Il aimait l'éclat des fêtes, la beauté des vêtements, la splendeur des repas ; il donnait aux plaisirs du monde et à la société de ses joyeux amis tout le temps que lui laissait le négoce paternel, et, sans mener une vie coupable, il menait une vie dissipée.
Une grâce spéciale de Dieu et l'élévation naturelle de son âme le préservèrent toujours des mauvaises mœurs : son cœur demeura pur, et quand plus tard Dieu marqua son corps des stigmates de sa Passion, il les imprima sur une chair virginale. Le doux adolescent avait d ailleurs une autre sauvegarde puissante contre les tentations des sens et les embûches du démon, c'était l'amour des pauvres qui précéda en lui l'amour de la pauvreté, et qui, de degré en degré, le porta jusqu'aux sommets les plus sublimes de la sainte charité. Il chérissait les pauvres comme frères, se plaisait à les secourir et se sentait particulièrement touché quand ils lui demandaient l'aumône pour l'amour de Dieu. Ces mots d'amour de Dieu remplissaient dès lors son âme, encore mondaine, d'une mystérieuse émotion. Une seule fois, préoccupé d'une affaire de son négoce, il rebuta un mendiant qui l'implorait avec cette divine formule. Mais aussitôt, rentrant en lui- même, il se repentit amèrement, courut tout en pleurs après le pauvre repoussé, lui fit une large aumône, et prit de ce jour la résolution, à laquelle il ne faillit point, de ne jamais refuser l'aumône à personne.
Ce mélange de vertus naissantes et de qualités naturelles, le charme de sa jeunesse, vivacité, son ardeur, sa générosité d'âme, gagnèrent à François, dès son adolescence, les sympathies de tous : ses compagnons le choisissaient volontiers pour chef et maître de leurs jeux ; son père, tout en regrettant ses prodigalités, était secrètement flatté de ses succès et du prestige qui déjà l'entourait, et Pica, sa pieuse mère, entrevoyait avec joie, sous ses qualités et ses défauts mêmes, le germe de célestes vertus et l'espérance d'un grand amour de Dieu ».
Pratique : Concourir, dans la sphère de son influence, à l'éducation chrétienne de la jeunesse.
Invocation : Saint François, qui avez passé la jeunesse dans l'innocence, priez pour les jeunes gens dont la vertu est exposée à faire naufrage.
Fioretti
Les deux étudiants
Un jour que saint François prêchait à Bologne, ses paroles avaient une onction si merveilleuses qu'elles paraissaient plutôt sortir de la bouche d'un ange que de celle d'un homme : c'étaient autant de flèches aiguës qui transperçaient le cœur de ceux qui les écoutaient. Aussi produisirent-elles la conversion d'une multitude de personnes. De ce nombre se trouvèrent deux étudiants distingués de la Marche d'Ancône, dont l'un s'appelait Pellegrino et l'autre Rinieri. Intérieurement touchés de la grâce en entendant les paroles du saint, ils vinrent le trouver aussitôt après sa prédication, lui protestant qu'ils voulaient entièrement renoncer au monde et entrer dans son Ordre. Connaissant alors, par révélation, que c'était Dieu lui-même qui les lui envoyait et qu'ils devaient se sanctifier dans son Institut, voyant aussi la grande ferveur dont ils étaient animés, saint François les reçut avec joie et leur dit : « Pellegrino, vous suivrez dans l'ordre la voie de l'humilité ; et vous, frère Rinieri, vous vous dévouerez au service des religieux ». Les nouveaux frères se montrèrent fidèles à ces recommandations. (Légendes du Moyen-âge, traduites par l'abbé Riche).
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Deuxième jour
Le baptême
2 Octobre
Prélude : L'Esprit Saint plane au-dessus du petit enfant qui se présente au baptême, accompagné des anges impatients de faire une cour à cet élu de Dieu, qui va entrer dans l’Église où son œuvre sera si puissante.
Réflexions
L'histoire de notre bon Saint est remplie de merveilles. Dès ses premiers pas dans la carrière de ce monde, on eut dit que le ciel s'appliquait à l'entourer de miracles, comme plus tard on dira qu'il semble avoir recouvré sur la nature le domaine suprême d'Adam avant la chute.
Avec quelle impatience, cette pieuse mère, qui l'avait enfanté à l'instar de la naissance du Sauveur, ne dut-elle pas presser l'heureux moment où ce cher fils serait en même temps le fils de Dieu et le frère de Jésus ! Toutes les heures, qui allaient s'écouler entre la naissance et la régénération, lui semblaient dérobées au seul légitime seigneur de son enfant. Le baptême eut donc lieu aussitôt que la mère put faire procurer au nouveau-né cet inestimable bienfait, dont le délai entraîne toujours la privation de beaucoup de mérites et expose souvent aux plus graves conséquences.
Lorsque le prêtre demanda comment on voulait nommer ce catéchumène, les parents répondirent qu'il s'appellerait Jean. C'est le nom du précurseur de Jésus, c'est aussi le nom du disciple bien-aimé. À ces deux titres, il convenait admirablement au thaumaturge, prédestiné à marcher devant la face du Seigneur et à préparer ses voies dans les âmes, pour qui il serait une lumière ardente et brillante. Il convenait aussi à ce préféré du Seigneur Jésus, qui serait admis à pénétrer dans les secrets de son cœur divin et à boire le calice de sa Passion.
Mais, le père de l'enfant avait une autre pensée. S'il consentit à lui laisser imposer le nom de Jean, il se réservait d'y ajouter cet autre nom que le fils de Bernardone a immortalisé et qui est une si grande gloire pour la France chrétienne.
Le surnom de François, qui devint bientôt son seul nom, lui fut donné par son père, suivant les uns en souvenir de la France où il se trouvait au moment de la naissance de ce fils premier-né, suivant les autres à cause de la facilité avec laquelle l'enfant apprit la langue française et de la grâce qu'il mettait à la parler. Quoi qu'il en soit, François porta toujours à la France une affection toute filiale, et notre patrie peut à juste titre se glorifier de lui comme d'un enfant d'adoption.
C'est en effet une grande gloire pour la France d'avoir souvent, dans l'histoire de l’Église, partagé avec Rome les prédilections des saints et de Jésus qui les inspire. Malgré les défaillances de l'heure présente, Dieu nous maintient ce privilège, c'est un signe de sa miséricorde, c'est aussi un heureux présage pour l'avenir de notre pays. On ne peut désespérer d'une nation aussi visiblement aimée du ciel.
Pratique : S'employer pour empêcher qu'on diffère, autour de nous, le baptême des nouveaux-nés.
Invocation : Saint François, qui aimez la France, priez pour elle.
Fioretti
Les parrains mystérieux
D'après une tradition constante, un jeune homme inconnu apparut au moment où l'on présentait le nouveau-né sur les fonts baptismaux, le prit dans ses bras et l'y tint pendant toute la cérémonie, sans rien dire, mais les yeux fixés sur lui avec une céleste complaisance. Au retour du baptême, un autre inconnu, un autre envoyé de Dieu, le caressa doucement et traça sur son épaule droite un signe de croix, comme pour le marquer dès sa naissance du caractère sacré de Jésus-Christ. La suite de sa vie, pleine de grâces si extraordinaires et de si merveilleuses vertus, fait croire sans peine à ces mystérieuses prémices. Dans toutes les œuvres divines, la grandeur des fondements est en rapport avec la beauté de l'édifice. Mais, au début, Dieu agit seul ; plus tard, l'homme, correspondant à ses grâces, agit avec lui, et coopère, dans sa liberté, à la grande œuvre de sa propre sainteté. (Histoire populaire de saint François d'Assise, par le Marquis de Ségur).
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Le Mois de Saint François d’Assise
Le Mois de Saint François d’Assise
Premier jour
La Naissance
Prélude : Pénétrons respectueusement dans l'humble asile où François vient au monde, pour faire revivre sur la terre une image admirablement parfaite du Seigneur Jésus.
Réflexions
Assise !... Le nom seul de cette ville fait tressaillir involontairement le cœur pieux. C'est que là se conservent des parfums et des souvenirs auxquels les âmes chrétiennes ne savent pas rester insensibles. « Ô cité chérie, disait saint François, quand il mourut tourné du côté d'Assise, ô cité chérie ! Sois bénie du Seigneur, parce que beaucoup d'âmes seront sauvées en toi et par toi. Un grand nombre de serviteurs du Très-Haut demeureront dans l'enceinte de tes murailles, et plusieurs de les citoyens seront élus pour le royaume éternel ».
Assise est une petite ville de l'Ombrie, cachée dans les montagnes des Apennins, située à égale distance de Rome et de Lorette, à l'entrée d'une large et belle vallée dont Pérouse garde l'autre extrémité. Les pins d'Italie, sombres et odoriférants, couronnent les hauteurs environnantes ; les oliviers couvrent les collines de leur pâle feuillage, et, dans les vallées, la vigne, courant d'arbre en arbre, jette partout le caprice. de ses pampres, et produit un raisin délicieux. Cette contrée, bénie de Dieu, est célèbre par ses saints, ses artistes et ses grands hommes ; mais saint François est et sera toujours sa gloire la plus pure et sa plus belle couronne.
À cette description d'un récent historien de notre Séraphique Père, il convient d'ajouter le bel hommage que rendit à la ville natale le plus grand poète de l’Italie. C'est entrer dans la pensée de François, que d'honorer et d'aimer cette cité, qu'il aima avec prédilection, parce que Dieu у avait marqué de toute éternité son berceau. Ainsi, Jésus bénit ceux qui aiment à parler de Bethléem et de Nazareth. Écoutons donc Dante :
« Entre le Lupino et la rivière qui s'écoule de la colline choisie par le bienheureux Ubald, descend d'une haute montagne une côte fertile. A l'endroit d'où Pérouse reçoit le froid et le chaud par la porte du soleil, et sur l'autre revers pleurent sous un joug pesant Nocéra et Gualdo. Au point où cette côte adoucit sa pente, naquit au monde un soleil comme celui-ci sort du Gange. Et que ceux qui veulent parler de ce lieu ne l'appellent point Assise, car ce nom ne dirait pas assez ; mais il faudrait l'appeler Orient ».
Son père, continue Monseigneur de Ségur, Pierre Bernardone, riche marchand d'étoffes, faisait grand commerce avec la France. C'était homme intéressé, presque uniquement occupé du soin d'accroître sa fortune. La femme de Bernardone, nommée Pica, bonne et pieuse, méritait d'être la mère d'un saint. Des présages célestes, des signes prophétiques, annoncèrent la grande destinée de cet enfant et accompagnèrent sa naissance. Sa mère, soit avertie par un songe, soit par un pèlerin mystérieux, se rendit dans une étable au moment d'enfanter, et ce fut là, sur de la paille, parmi des animaux domestiques, que, semblable au Sauveur Jésus, saint François vint au monde. Cette étable se voit encore à Assise : elle est devenue une chapelle connue sous le nom de Saint François-le-Petit. Sur la porte, on lit cette inscription en latin : « Cette chapelle a été l'étable du bœuf et de l'âne, où est né François, le miroir du monde ».
Pratique : Retrancher quelque chose dans les superfluités de son logement.
Invocation : Saint François, qui êtes né comme le Sauveur dans une étable, priez pour nous !
Fioretti
Une nuit de Noël
Depuis quelque temps, sainte Claire était attaquée d'une grave maladie qui la mettait dans l'impossibilité de se rendre à l'office pour y réciter l'office avec ses sœurs. La nuit de la Nativité de Notre Seigneur, au moment où elles allaient à Matines, elle se vit encore, malgré le vif désir qu'elle avait de les suivre, obligée de rester au lit, privée de la consolation spirituelle qu'elles allaient recevoir. Mais Jésus-Christ, son époux, ne pouvant souffrir de la voir ainsi triste et abandonnée, la transporta miraculeusement à l'église de Saint François, où elle assista à tout l'office de Matines et à la messe de la nuit ; bien plus, il lui procura le bonheur de recevoir la sainte communion, et elle fut ensuite de nouveau transportée sur son lit. Lorsque l'office fut terminé à l'église de Saint Damien, les sœurs revinrent trouver sainte Claire et lui dirent : « ô notre mère ! Sœur Claire, quelle consolation nous avons goûtée dans cette sainte fête de la Nativité ! Oh ! Plût à Dieu que nous eussions pu vous y voir parmi nous ! - Ô mes sœurs et mes très chères filles ! répondit la sainte, grâces et louanges soient rendues à Notre Seigneur Jésus-Christ ! car, moi aussi, j'ai assisté avec une grande consolation d'esprit à toute la solennité de cette très sainte nuit, et même à une solennité bien plus magnifique encore que celle où vous vous êtes trouvées. Par les mérites de saint François et par la grâce de Notre Seigneur Jésus-Christ, j'ai été transportée dans l'église de mon vénérable père, et là, en corps et en âme, j'ai entendu out l'office et le son des instruments, et même j'ai reçu la très sainte communion. Réjouissez-vous donc de la grâce insigne qui m'a été accordée, et remerciez-en le Seigneur ». (Fioretti, traduites par l'abbé Riche).
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Le Mois de Saint François d’Assise
Le Mois de Saint François d’Assise
Veille du premier jour
Ce qu'a été saint François
Prélude
Avec l'innombrable multitude des Frères et Sœurs du Tiers-Ordre Franciscain, des associés de l'archiconfrérie du Cordon Séraphique, prosternons-nous aujourd'hui aux pieds des autels de notre bienheureux Père, et unissons la faiblesse de nos prières à la ferveur des hommages que d'autres lui offrent dès ce jour, pour pour suivre, en communion avec eux, la sainte carrière du mois de saint François d'Assise.
Réflexion
Ce qu'a été saint François et pourquoi Dieu le désigne à une vénération si tendre et si universelle, un grand évêque de notre temps, qui porte son nom et qui aime avec prédilection le Séraphin d'Assise, va nous l'expliquer dans son pieux et éloquent langage.
Saint François, dit Mgr de la Bouillerie, n'a été ni un grand conquérant ni un grand politique ; il a été simplement un grand chrétien. Il a été l'un des plus parfaits et des plus fidèles imitateurs de Jésus-Christ ; et lorsqu'à la fin de sa vie, l'archange imprimait sur ses mains, sur ses pieds et sur son côté, les stigmates du divin Crucifié, c'était comme un sceau de perfection que le Dieu du Calvaire gravait sur la chair même de son imitateur.
Il a imité Jésus-Christ, en ce qu'il a été l'homme de la pauvreté, l'homme du véritable amour, l'homme de la paix.
1° L'homme de la pauvreté : c'est en se faisant pauvre que saint François est devenu chrétien. Il a tant aimé la pauvreté qu'il se l'est choisie pour épouse, et l'un des plus grands peintres du moyen-âge nous a représenté ces aimables fiançailles : il nous montre la pauvreté s'avançant vers saint François comme une vierge modeste, vêtue d'une simple robe blanche, n'ayant sur ses habits ni or, ni argent, ni bijoux, mais possédant cette beauté intérieure qui captive le cœur du Roi et qui avait ravi le cœur de saint François d'Assise. Il demeura toujours fidèle à son épouse, et, sur la couche dure où il mourut, la pauvreté était encore près de lui. - Plus encore que la pauvreté, saint François a aimé les pauvres, et ses mains, qui ne possédaient ni or, ni argent, renfermaient cependant un trésor où les pauvres puisaient toujours sans jamais le tarir : le trésor de la charité.
2° L'homme du véritable et parfait amour. C'est pour cela que l’Église lui a donné le beau nom de Séraphique. Saint François a été comme un séraphin qui, un moment, s'est dérobé au ciel pour venir habiter la terre : il a su aimer Dieu comme l'aiment les séraphins. Les anges voient Dieu face à face et leur cœur s'attache immédiatement à ce bien suprême qu'ils contemplent. Mais ce n'est pas seulement Dieu qu'ils aiment : en même temps qu'ils contemplent Dieu, ils voient en lui et dans son divin Verbe toutes les choses créées ; or, de même qu'ils les voient, ils les aiment ; et ainsi leur cœur dilaté embrasse toute la série des êtres qu'ils aiment pour Dieu, en Dieu et dans leurs relations avec Dieu. Tel est le cœur des séraphins, tel a été le cœur de saint François d'Assise. Si j'osais employer cette image, je dirais que son cœur a embrassé le clavier de l'amour comme les doigts du grand artiste embrassent le clavier de l'instrument. L'artiste fait entendre tout à la fois les notes hautes et les notes basses, mais toutes ces notes sont en parfait accord, et toutes ensemble elles forment une immense harmonie. Ainsi du cœur chrétien. C'est saint François qui a entonné ce beau cantique : « L'amour m'a mis en feu, l'amour m'a mis en feu » ; mais, cette magnifique épopée du poète séraphique n'a pas seulement des chants pour Dieu, elle chante aussi toutes les créatures, l'astre qui nous éclaire et la petite herbe que nous foulons aux pieds.
3° L'homme de la paix. La paix, dit saint Augustin, est la tranquillité de l'ordre, ce qui signifie que, là où tout est dans l'ordre, là règne la paix. Dieu, nous disent nos saints Livres, a créé toutes les choses du monde suivant le nombre, le poids et la mesure, c'est-à-dire suivant l'ordre. Or, les hommes semblent s'attacher à bouleverser et à détruire cet ordre ; mais la religion aime l'ordre, et c'est pour cela qu'elle aime la paix. Saint François a été à coup sûr l'une des âmes les plus pacifiques qui aient été données à la terre ; il disait souvent qu'il avait reçu du Sauveur lui-même cette salutation qu'il adressait à tous : « Que le Seigneur vous donne la paix », et jamais il n'ouvrait la bouche sans annoncer et sans prêcher la paix... Il avait entrepris de faire vivre pacifiquement les loups et les agneaux... Et un jour que, dans son voisinage, on lui avait signalé un loup qui menaçait de dévaster tout un troupeau, il fit venir le loup à ses pieds, il lui reprocha sa cruauté en termes sévères et ne le laissa partir que lorsqu'il eut reçu de lui l'assurance qu'il ne toucherait plus à un agneau.
Pratique : Commencer avec ferveur les saints exercices de ce mois béni et invoquer dès aujourd'hui la protection de saint François d'Assise sur notre âme, afin qu'elle obtienne la grâce spéciale que nous devons nous proposer, dès la veille du mois de notre Séraphique Père, d'obtenir par sa paternelle intercession.
Invocation : Saint François d'Assise, notre Séraphique Père, priez pour nous !
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Le Mois de Saint Dominique
Le Mois de Saint Dominique
Trente-et-unième et dernier jour
Consécration
Prélude. - Prosternons- nous aujourd'hui, avec tous les pieux enfants de saint Dominique, aux pieds d'une image de notre bienheureux Père et renouvelons-lui l'hommage de notre filiale confiance, nous consacrant de nouveau à son culte et à son imitation, pour mériter d'éprouver les effets de sa puissante protection.
Acte de consécration à Saint Dominique
Composé par le Bienheureux Jourdain de Saxe
Très saint prêtre de Dieu, Confesseur vénérable, Prédicateur éminent, Bienheureux Père saint Dominique, choisi vierge par le Seigneur, vous qui avez su entre tous plaire à Dieu et être aimé de lui, pendant vos jours ; vous, qui vous êtes rendu glorieux par votre vie, par votre doctrine et vos miracles, nous nous réjouissons de vous avoir pour avocat favori auprès du Seigneur notre Dieu. Vers vous, qu'entre les Saints et les élus de Dieu je vénère d'une dévotion toute spéciale, j'élève la voix du fond de mon cœur, dans cette vallée de misère.
Je vous en prie, ô Père miséricordieux, soyez favorable à mou âme pécheresse, privée de toute vertu et de toute grâce, et enveloppée d'une multitude de fautes et de la lèpre des pécheurs. Soyez favorable à mon âme coupable et infortunée, ô âme bénie et bienheureuse de cet homme de Dieu, qui fûtes enrichie par la grâce divine de tant de bénédictions, que, non-seulement elles vous élevèrent au repos bienheureux, au séjour de la paix, à la gloire céleste, mais que, par l'exemple de votre vie admirable, elles en entraînèrent un grand nombre d'autres à la même béatitude, après les avoir animés par de doux conseils, les avoir instruits par une doctrine suave, et les avoir excités par de ferventes paroles. Soyez-moi donc favorable, Bienheureux Dominique, et inclinez l'oreille de votre pitié vers le cri de mes supplications.
Se réfugiant vers vous dans sa pauvreté, mon âme indigente se prosterne devant vous, et aussi humblement qu'elle le peut, elle s'efforce de se présenter languissante à vos pieds. Mourante, elle tâche, selon ses forces, de vous supplier, en sollicitant vos puissants mérites et vos tendres prières, afin que vous daigniez la vivifier, la guérir et la combler des dons abondants de votre bénédiction ; je sais, oui, je le sais, et je suis sûr que vous le pouvez ; et, d'après votre grande charité, j'ai la confiance que vous le voulez ; et j'espère de la miséricorde immense du Sauveur, que tout ce que vous aurez voulu près de lui vous l'effectuerez. J'espère aussi de votre tendre familiarité avec Jésus-Christ, votre bien-aimé choisi entre mille , qu'il ne vous refusera rien, mais qu'auprès de lui (qui, bien qu'il soit le Seigneur Dieu, est cependant aussi votre ami), vous obtiendrez ce que vous voudrez.
Car qu'est-ce que ce bien-aimé pourrait refuser à celui qu'il aime ? Que ne donnerait-il pas à celui qui, méprisant toutes choses, n'a pas hésité de se donner, lui et tout ce qui lui appartenait, à ce cher bien-aimé ? Ainsi nous osons le dire, oui, nous vous louons et vous vénérons.
Encore à la fleur de l'âge, vous avez conservé votre virginité à ce magnifique époux des vierges. Vêtu de la blancheur baptismale et paré des grâces du Saint Esprit, vous avez voué votre âme au Roi des rois, dans les sentiers de l'amour le plus pur. Depuis longtemps muni des armes de la règle, vous avez disposé des degrés vers le ciel dans votre cœur. Croissant de vertus en vertus, vous vous êtes élevé du bien au mieux. Vous avez présenté à Dieu votre corps comme une hostie vivante, sainte et agréable. Formé par une loi divine, vous vous êtes tout entier consacré à Dieu. Ayant enfin abordé la voie de la perfection, après avoir tout abandonné, pour suivre, dépouillé de tout, Jésus-Christ pauvre lui-même, vous avez préféré amasser des trésors dans les cieux plutôt que sur la terre.
Vous reniant tout-à-fait vous-même, et portant courageusement votre croix, vous vous êtes appliqué à suivre les traces de notre Rédempteur et véritable guide. Par zèle de Dieu, consumé d'un feu divin, mû par votre excessive charité, dans la ferveur d'un esprit ardent et par vœu de pauvreté, vous vous êtes adonné tout entier à la religion apostolique et très parfaite ; et, pourvoyant à cette œuvre par un conseil d'en haut, vous avez institué l'Ordre des Frères Prêcheurs. Par vos mérites glorieux et par vos exemples, vous avez éclairé la sainte Eglise dans toute la terre. Ayant enfin quitté la prison de la chair, ravi dans la cour suprême, vous êtes monté glorieux dans le ciel. Encore revêtu de votre première robe d'innocence, vous vous êtes approché de Dieu, ô notre puissant avocat. Je vous en supplie donc, vous qui avez désiré avec tant de zèle le salut du genre humain, secourez-moi, secourez tous mes chers frères, tout le clergé et le peuple et le pieux sexe féminin.
Vous êtes, par-dessus tous les Saints et après la Bienheureuse Reine des vierges, mon espérance et ma douce consolation. Vous êtes mon refuge de prédilection. Prêtez-vous donc favorablement à mon aide. Je me réfugie vers vous seul, vers vous seul je m'approche hardiment, je me prosterne à vos pieds. Suppliant, je vous invoque comme mon patron, je vous implore, je me recommande à vous avec dévotion. Daignez, je vous en conjure, me recevoir, me garder, me protéger, me se courir avec bonté, afin qu'avec l'aide de votre protection, je sois digne d'acquérir la grâce désirée de mon Dieu, de trouver miséricorde et d'obtenir pour mon salut les remèdes de la vie présente et de la vie future.
Obtenez-moi cela, ô Maître, obtenez-le moi je vous en prie, Chef illustre, Père nourricier, Bienheureux Dominique, qu'il en soit ainsi ! Je vous demande instamment de me secourir, moi et tous ceux qui vous invoquent. Soyez nous véritablement Dominique, c'est à-dire le gardien vigilant du troupeau du Seigneur. Veillez toujours sur nous, et gouvernez ceux qui vous sont confiés ; réformez-nous, et, corrigés, réconciliez- nous avec Dieu. Après cet exil, offrez-nous avec joie au Seigneur béni et à notre Seigneur et sauveur Jésus Christ le Fils bien aimé et très-haut de Dieu, dont l'honneur, la louange, la gloire, la joie inénarrable, la félicité perpétuelle, avec la glorieuse Vierge Marie, et toute la cour des habitants du Ciel, subsistent sans fin dans les siècles éternels. Ainsi soit-il.
Pratique : Former la résolution de célébrer encore l'année prochaine et tous les ans jusqu'à la mort les saints exercices du mois consacré à saint Dominique.
Invocation : Saint Dominique, notre bon père, priez pour nous !
Fin du Mois de Saint Dominique
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Prochain mois de dévotion : le Mois de Saint François d’Assise
Rendez-vous le 29 septembre
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