Le Mois de Saint Pierre
Le Mois de Saint Pierre
ou dévotion à l'Eglise et au Saint Siège
Vingt-cinquième jour
Le Sacerdoce et la Hiérarchie de l'Eglise Romaine
Notre Père... Je vous salue Marie...
Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !
Lorsque Jésus-Christ en se faisant homme épousa l'humanité malgré l'état de dégradation et d'humiliation où elle se trouvait, son but était de la régénérer, de la réhabiliter et de lui rendre la grandeur et la noblesse qui, dans les plans primitifs de la Providence lors de la création de l'homme, étaient ses caractères naturels. Il n'épargna, pour accomplir cette œuvre gigantesque et divine, ni les travaux, ni les sacrifices ; il y consacra sa vie entière, et mit le dernier sceau à son amour pour les hommes en mourant sur la croix, afin que son sang devînt pour eux une source intarissable de vie. A la société corrompue qu'il voulait restaurer, ou plutôt refondre, il opposa une société nouvelle, la société chrétienne, c'est-à-dire l'Eglise. Déjà il avait confié à celle-ci le dépôt de sa doctrine divine et immuable, comme moyen de régénérer l'humanité et d'y entretenir la vie ; il lui laissa encore, avant de monter au ciel, le sacerdoce et le mariage chrétiens, deux autres sources intarissables aussi de restauration et de perpétuité : méditons d'abord sur le sacerdoce.
I. Il est de foi que, « dans le nouveau Testament, il y a un sacerdoce extérieur et visible », et qu'il y a, dans l'Eglise catholique, « une hiérarchie d'Institution divine, qui se compose d'évêques, de prêtres et de ministres ». (Concile de Trente, sess. XXIII.) Les livres saints font mention des évêques, des prêtres et des diacres. Aussi, les pères, les docteurs et les conciles de l'Eglise latine et de l'Eglise grecque, de l'Orient et de l'Occident, ont constamment reconnu cette hiérarchie comme un dogme catholique, comme une institution de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Le Sauveur a donc établi pour son Eglise un sacerdoce dont il a voulu être le premier prêtre, afin de lui communiquer ses propres pouvoirs et de le rendre, plus vénérable. L'ancien Testament avait bien aussi un sacerdoce, mais il n'était que l'ombre et la figure de celui de la loi nouvelle. Jésus-Christ était homme, comme les prêtres de la tribu de Lévi, parce qu'il fallait être homme pour compatir aux infirmités humaines ; mais en même temps il était Dieu pour sanctifier les hommes. Il n'a pas reçu son sacerdoce par voie de naissance et de succession ; Jésus-Christ n'a succédé à personne : il l'a reçu immédiatement de son Père. Les prêtres de l'ancienne loi offraient premièrement des sacrifices pour eux-mêmes afin de se purifier ; mais il n'en a pas été ainsi de Jésus-Christ ; étant Dieu, impeccable et la sainteté même, il n'avait pas besoin d'expiation pour lui-même ; c'est seulement pour les péchés du peuple qu'il s'est offert ; non pas uniquement pour le peuple juif, comme le faisait l'ancien sacerdoce, mais pour tous les peuples du monde et toutes les générations passées, présentes et futures, jusqu'à la consommation des siècles ; car Jésus-Christ sera prêtre éternellement : « Dieu l'a juré, et il ne rétractera jamais son serment », (Psaume 109). D'ailleurs, comme le dit saint Paul, « par là même que Jésus-Christ existera éternellement, il possède un sacerdoce éternel ». (Hébreux 7, 24.) Or, le Sauveur est prêtre éternellement en deux manières : d'abord, « en se présentant maintenant pour nous dans le ciel devant la face de Dieu » (Hébreux 9, 24), et en lui montrant ses plaies qui plaident sans cesse notre cause ; « c'est pourquoi il peut sauver éternellement ceux qui vont à Dieu par lui, qui est toujours vivant pour prier pour nous » (Hébreux 7, 28). Ainsi, dit le grand apôtre : « Ayant un pontife grand, qui est monté au plus haut des cieux, Jésus, le Fils de Dieu, demeurons fermes dans la foi, approchons donc avec confiance du trône de la grâce, afin d'obtenir miséricorde, et de trouver la grâce pour être secourus dans nos besoins ». (Hébreux 4, 14, 16). Le sauveur est encore prêtre éternellement, parce qu'il s'est donné dans son sacerdoce des successeurs qui sont chargés de continuer jusqu'à la consommation des siècles l'oeuvre de la rédemption, qu'il a commencée en offrant lui-même le sacrifice de la croix, et en fondant son Eglise. Le sacerdoce exercé par le Pape, les évêques et les prêtres, n'est donc autre chose que la continuation de celui même de Jésus-Christ, et est, par conséquent, absolument le même.
II. Le sacerdoce, pour accomplir la mission qui lui était imposée, fut d'abord revêtu, par le divin Fondateur de l'Eglise, de la magistrature destinée au gouvernement de cette nouvelle société. Pierre et ses successeurs furent placés à sa tête, comme chefs spirituels de toute la chrétienté ; et à mesure que l'Evangile étendait ses conquêtes, de nouveaux évêques étaient établis pour administrer les Eglises qui venaient de se former. Vers le quatrième siècle, on commença à investir quelques évêques d'une autorité de juridiction supérieure aux autres ; car, l'épiscopat renfermant en lui la plénitude du sacerdoce, il était impossible au point de vue de l'ordination d'y rien ajouter. On les appela d'abord Evêques du premier siège, puis Métropolitains, plus tard on leur donna aussi le nom d'Archevêques ; ceux-ci avaient ordinairement des suffragants, c'est-à-dire, plusieurs évêques qui relevaient d'eux. Les titulaires des sièges des plus grandes cités devinrent ensuite patriarches, et eurent sous leur juridiction les métropolitains et les évêques. On appela de ce nom les évêques de Rome, de Jérusalem, d'Antioche, d'Alexandrie, et plus tard de Constantinople. Chaque nation avait ainsi son patriarche. Celui des Latins était à Rome, et celui-ci, sous le nom de pape par excellence, était regardé comme patriarche universel. Celui des Juifs convertis résidait à Jérusalem, celui des Syriens à Antioche, celui des Egyptiens à Alexandrie, et enfin celui des Grecs à Constantinople. Le dernier degré du sacerdoce, celui qui renferme le plus grand nombre de ceux qui travaillent au salut des âmes, est celui des simples prêtres. Ils reçoivent leur juridiction de l'évêque dans le diocèse duquel ils exercent leur ministère ; ils sont placés comme curés pour gouverner les paroisses qui composent les diocèses, ou comme vicaires pour assister les curés dans l'exercice de leurs fonctions. D'autres s'adonnent plus spécialement à la prédication, et vont porter la parole divine en divers lieux, soit pour soulager les pasteurs des âmes, auxquels les occupations paroissiales si multipliées ne laissent que peu de temps pour se préparer à annoncer la parole sainte ; soit pour réveiller la foi et la ferveur par une série d'instructions : ce sont les missionnaires. Enfin, avant d'arriver à la prêtrise, le lévite est d'abord séparé du commun des fidèles par la cérémonie de la tonsure, qui le met au nombre des clercs ; puis, il passe successivement par les quatre ordres mineurs, qui correspondent à autant de fonctions diverses. Ces quatre ordres mineurs sont : les portiers, qui, dans les premiers siècles de l'Eglise, avaient pour fonctions d'ouvrir et de fermer les portes du lieu saint et d'avoir sous leur garde les vases et les ornements sacrés ; les lecteurs, qui faisaient la lecture des livres saints dans l'assemblée des fidèles ; les exorcistes, dont le ministère consistait à chasser les démons des corps de ceux qui en étaient possédés ; puis, les acolytes : ceux-ci portaient des chandeliers surmontés de flambeaux, se tenaient de chaque côté du livre des Evangiles pendant qu'on en faisait la lecture solennelle, et apportaient au sous-diacre le pain et le vin pour le sacrifice. Après avoir reçu successivement les quatre ordres mineurs, celui qui aspire au sacerdoce doit être ordonné sous-diacre, d'abord; puis, diacre. Dans l'Eglise latine ces deux ordres sont regardés comme majeurs et sacrés. Les fonctions du sous-diacre sont de préparer le pain et le vin pour la messe, de chanter l'épître et de servir le diacre au saint sacrifice. Son ordination lui donne le pouvoir de verser l'eau dans le calice, après que le diacre y a versé le vin. Il est spécialement chargé de la propreté des vases sacrés et de tout le linge de l'autel. En outre, les sous-diacres sont astreints à la loi du célibat et à la récitation de l'office divin. Quoique tous ces ordres remontent à la plus haute antiquité, puisque saint Ignace, martyr, qui avait été disciple de saint Jean l'Evangéliste, les nomme tous dans une lettre qu'il écrivait aux habitants d'Antioche, néanmoins ils ne sont pas d'institution divine comme le diaconat, la prêtrise et l'épiscopat, dont ils sont pour ainsi dire le noviciat. Le diaconat est donc un ordre sacré supérieur au sous-diaconat et inférieur à la prêtrise. Le diacre chante l'Evangile dans les messes Solennelles, verse le vin dans le calice et présente immédiatement au prêtre le pain et le vin qui doivent être consacrés ; il reçoit encore, en vertu de son ordre, le pouvoir de porter la sainte Eucharistie et de la distribuer aux fidèles. Pour avoir une idée générale de l'organisation et de la hiérarchie de l'Eglise, il ne nous reste qu'un mot à dire du cardinalat. Cette dignité, créée par la discipline ecclésiastique, est la plus éminente après la papauté. « Les cardinaux, dit Barbosa, sont les conseillers, les fils du pape, les lumières de l'Eglise ; des lampes ardentes, les pères spirituels, les colonnes de l'Eglise, ses représentants ». Mais la plus auguste de leurs prérogatives est bien, sans contredit, celle qui leur confère le droit de nommer le pape et de présider au gouvernement de l'Eglise, lorsque le siège est vacant.
III. Avec le gouvernement de la société chrétienne, Jésus-Christ confia encore au sacerdoce le dépôt de la législation et de la doctrine évangéliques, et les moyens nécessaires pour assurer l'accomplissement des devoirs qu'elles imposent. Aussi, le souverain Pontife et l'Episcopat tout entier, qui seuls possèdent le sacerdoce dans toute sa plénitude, ont-ils toujours été regardés dans l'Eglise comme les seuls dépositaires et les seuls gardiens de la Loi de Dieu et des vérités de la Foi. Les simples prêtres ne peuvent eux-mêmes exercer validement et légitimement leur ministère, qu'à la condition, non-seulement d'avoir été régulièrement ordonnés par les évêques qui sont en communion avec le Saint-Siège, mais encore, d'avoir reçu leur mission de l'autorité épiscopale ou papale. Il faut qu'il leur ait été dit par les successeurs des apôtres : « Allez, enseignez toutes les nattons »... Avec quelle intégrité et quel courage le corps enseignant de n'a-t-il pas toujours conservé dans toute sa pureté le précieux dépôt de la doctrine chrétienne ? Que de martyrs l'ont scellé de leur sang ! Fidèle à la voix du divin Maître, le Saint-Siège fait annoncer par tout l'Evangile avec un zèle incomparable, et il envoie des hommes apostoliques pour le répandre même dans les contrées les plus lointaines. Mais ce n'était pas assez de faire connaître aux hommes la vérité et les loi d'après lesquelles ils devaient régler leur conduite ; il fallait aussi leur fournir des moyens assez puissants pour contrebalancer et pour vaincre leur penchants au mal, afin de pouvoir suivre les lumières qui brillaient à leurs yeux. Jésus-Christ y a pourvu en établissant les sacrements ; et c'est encore le sacerdoce qu'il a chargé de les administrer, lorsqu'il dit aux apôtres : Allez, enseignez toutes les nations et baptisez-les... Tous les péchés que vous remettrez seront remis »... C'est ainsi que le sacerdoce devient pour la société chrétienne, c'est-à-dire pour l'Eglise, une source intarissable de régénération, de perpétuité et de vie : le sacerdoce de l'Eglise, étant le même que celui de Jésus-Christ, est éternel. Aussi, le Sauveur n'a-t-il pas voulu qu'il n'appartînt, comme sous l'ancienne loi, qu'à une seule famille ou à une seule tribu qui aurait pu s'éteindre dans la suite des siècles ; il n'a pas voulu qu'il fût héréditaire. Il choisit et appelle lui-même à cet éminent ministère ceux qu'il veut et c'est par l'invocation du Saint-Esprit et par l'imposition des mains que, depuis les apôtres jusqu'à la consommation des siècles, le sacerdoce saura se multiplier, se perpétuer, et rester au sein de l'Eglise pour en être l'âme jusqu'à la fin des temps.
Élévation sur le Sacerdoce et la Hiérarchie de l'Eglise Romaine
I. Je vous adore, ô mon Sauveur, comme le grand-prêtre de la loi nouvelle ; comme le Souverain Prêtre, la source première du sacerdoce et de tous les pouvoirs divins qu'il possède. Vous n'êtes venu sur la terre, vous ne vous êtes fait homme, que dans le but d'accomplir l'oeuvre de la rédemption. Mais, pour l'opérer, il fallait d'une part réconcilier Dieu avec l'humanité, et de l'autre fournir à la faiblesse humaine des moyens efficaces d'éviter le péché et de ne plus mériter la colère divine. Il fallait, en un mot, que vous fussiez prêtre, puisqu'il n'appartient qu'au sacerdoce, et c'est sa fonction essentielle, d'être le médiateur entre Dieu et les hommes, afin de renouer entre eux les liens primitifs qui les unissaient, et que le péché a rompus ; c'est ce qu'annonçait le roi-prophète, lorsque, entrevoyant le Messie dans un avenir lointain, il s'écriait : « Vous êtes revêtu d'un sacerdoce éternel, selon l'ordre de Melchisédech, (Psaume 109, 4). Aussi, Seigneur, votre vie tout entière a-t-elle été un sacrifice continuel, dont vous étiez tout à la fois le prêtre et la victime ; et depuis que vous avez quitté la terre, vous continuez aux cieux vos fonctions sacerdotales, en vous offrant sans cesse à votre Père pour les hommes comme une victime éternelle de propitiation et de salut. Toujours en union avec le sacerdoce que vous avez confié à vos apôtres et à leurs successeurs, vous lui inspirez le zèle de la gloire de Dieu et du salut des âmes, vous lui donnez le courage et l'héroïsme du sacrifice et de la charité, vous lui communiquez votre divin esprit ; du haut de votre gloire vous ratifiez ses sentences, vous pardonnez ceux qu'il absout, et lorsqu'il vous adjure, selon le commandement que vous lui en avez fait vous-même, de descendre sur les autels qu'il a élevés en votre honneur, vous obéissez avec une docilité incomparable à la faible voix qui vous appelle. Vous voulez que vos prêtres soient tenus pour d'autres vous-même, et que leur parole soit recueillie avec le même respect que la vôtre : « Celui qui vous écoute m'écoute, celui qui vous méprise me méprise ». (Luc 10, 16). Et déjà vous disiez par votre prophète : « Ceux qui touchent à vous, touchent à la prunelle même de mon œil ». (Zacharie 2, 8). Quelle miséricorde de votre part, ô mon divin Sauveur, d'avoir revêtu d'une aussi sublime dignité des êtres aussi fragiles que les hommes, afin de nous rendre le salut plus facile ! Vous vous incarnez pour ainsi dire de nouveau dans tous les prêtres, puisque c'est votre sacerdoce qu'ils remplissent. Je les entourerai donc désormais de la plus profonde vénération ; et si j'apercevais en eux quelque chose qui pût révéler la faiblesse de l'humanité, j'imiterais ce grand monarque qui disait que s'il voyait un prêtre coupable de péché, il le couvrirait de son manteau impérial, pour soustraire aux yeux des peuples ces misères et ces faiblesses inséparables de la fragilité qui est le triste partage de enfants d'Adam.
II. Lorsque je considère. Seigneur, l'ordre admirable que vous avez établi dans le gouvernement de votre Eglise ; cette hiérarchie sacrée qui, depuis plus de dix-huit siècles, est restée immuable avec tous ses degrés ; lorsque je vois l'humble docilité de tous ceux qui en occupent les rangs divers, et que je viens à comparer la constitution de cet empire des âmes, qui s'étend à l'univers entier, avec celle des royaumes de la terre, qui pendant le même temps ont subi de si nombreuses transformations, au milieu des troubles, des agitations politiques et trop souvent des guerres civiles les plus sanglantes ; je ne puis m'empêcher de reconnaître que votre sagesse et votre esprit président à ce gouvernement divin, et que vous accomplissez fidèlement la promesse que vous avez faite à votre Eglise d'être tous les jours avec elle jusqu'à la consommation des siècles. Les hommes appellent à leur aide la surveillance d'une police ombrageuse, les tribunaux, la force brutale, les châtiments les plus rigoureux : dans votre Eglise, le zèle, la charité, la conscience et l'influence morale font tous les frais nécessaires au maintien de l'ordre et de la discipline. Ce n'est pas pourtant que la société chrétienne ait toujours vécu dans une paix profonde ; les attaques et les orages ne lui ont pas manqué, souvent même de faux frères ont voulu déchirer son sein, et se sont efforcés de répandre l'ivraie de l'erreur au milieu du bon grain de la vérité ; mais vous, ô divin Maître, vous avez commandé aux vents et aux tempêtes, et aussitôt tous les ennemis de votre Eglise se sont dissipés comme une poignée de poussière, et le calme le plus parfait s'est rétabli. Oh ! Que votre gouvernement est tout à la fois doux et puissant ! Son chef sur la terre n'est qu'un pauvre vieillard faible et désarmé ; ses ministres ne portent pas l'épée ; et cependant, ses plus redoutables adversaires tremblent devant lui, et vont se briser à ses pieds ; jamais autorité ne fut plus profondément respectée. Ah ! Seigneur, c'est que vous lui avez révélé le secret de cette divine administration ; vous lui avez dit : « Aimez, paissez mes agneaux, paissez mes brebis ».
III. Que de merveilles et de prodiges, ô mon Sauveur, dans le gouvernement de votre Eglise ! Pour perpétuer votre sacerdoce sur la terre, vous n'avez accordé de préférence à aucune famille, à aucune condition, il n'y a pas de classe privilégiée, vous vous adressez à tous les hommes : grands ou petits, pauvres ou riches, simples ou doués d'une haute capacité ; que vous importe, puisque c'est vous qui leur donnez la science des saints et les pouvoirs sublimes dont l'efficacité fait seule tout le succès de leur ministère ? Vous vous contentez de faire un appel aux hommes de cœur et de bonne volonté. Et que leur promettez-vous en récompense de leur dévouement ? Des travaux multipliés, des souffrances et des sacrifices de toutes sortes, des mépris, des affronts, etc., en un mot, d'être traités comme vous l'avez été vous-même ; et néanmoins depuis dix-huit siècles les ouvriers apostoliques ont-ils jamais manqué ? vous avez revêtu du caractère le plus éminent, des fonctions les plus délicates et les plus difficiles, des hommes faibles et soumis comme les autres à toutes les misères de l'humanité ; et depuis dix-huit cents ans ils ont pu diriger avec un succès sans exemple la société chrétienne répandue sur toute la terre, et sauver votre Eglise des naufrages sans nombre dont elle ne cesse d'être menacée ! Quels moyens leur avez-vous donc donnés pour dompter la férocité des peuples barbares, pour subjuguer les esprits prévenus ou rebelles, pour triompher de la tyrannie et de la force brutale ? Ils n'ont reçu de vous aucun des moyens humains employés par les conquérants, par les princes de la terre, par les législateurs ou les modérateurs des peuples. La prière, l'influence de la parole divine qu'ils font entendre, le pouvoir de réconcilier les pécheurs avec Dieu, celui de faire descendre la victime sainte sur les autels et de la distribuer en nourriture aux âmes fidèles, telles sont les seules armes dont vous leur ayez accordé l'usage. Comment avec des ressources si faibles aux yeux du monde ont-ils pu remporter tant de victoires, triompher de tous les efforts des puissants du siècle ligués contre votre Eglise ? Ah ! Seigneur, vous l'avez dit : « Voilà que je suis avec vous jusqu'à la consommation des temps » ; et qui pourrait vous résister ? Qui pourrait abattre ce que vous soutenez ?
Je crois en Dieu...
Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !
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Le Mois de Saint Pierre
Le Mois de Saint Pierre
ou dévotion à l'Eglise et au Saint Siège
Vingt-quatrième jour
L'Eglise Romaine réunit tous les caractères divins de la véritable Eglise
Notre Père... Je vous salue Marie...
Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !
L'Eglise de Jésus-Christ devait être infaillible, parce qu'elle était divine dans son institution, et qu'elle avait pour mission d'imposer sa doctrine à tous les peuples de la terre. Etant infaillible elle devait être Catholique, tous les hommes ayant un égal besoin de la vérité. L'un et l'autre de ces caractères ont pour conséquence l'apostolicité de l'Eglise, c'est-à-dire, la transmission pure et intacte jusqu'à nous de la doctrine et du ministère confiés par Jésus-Christ aux apôtres. Par là même que l'Eglise est apostolique, elle doit être une ; car les apôtres unis entre eux parle même symbole n'ont pas pu prêcher une doctrine ni exercer un ministère qui offrissent des différences essentielles ; et que, dès que la doctrine et le ministère remontent aux apôtres, et qu'ils ne reconnaissent qu'une seule et unique source, ils ne peuvent renfermer aucune divergence notable. Mais, la doctrine et le ministère de l'Eglise étant les mêmes que ceux des apôtres, ils doivent nécessairement partager avec eux le caractère de sainteté qui les distingue : donc l'Eglise est sainte. Or, l'essence même de la sainteté consiste dans le combat livré à l'erreur et aux passions, dans le dévouement et le sacrifice : il appartenait donc à l'Eglise, qui était sainte, d'être persécutée depuis Jésus-Christ et les apôtres jusqu'à la fin des temps, et d'être toujours animée de l'esprit de pénitence. L'Eglise romaine renferme seule tous ces caractères, c'est pour cela que dans la profession de notre foi nous disons : « Je crois en l'Eglise catholique, apostolique et romaine ».
I. L'Eglise romaine est infaillible, c'est-à-dire, qu'elle n'a jamais admis et qu'elle n'admettra jamais des dogmes, qu'elle n'a jamais donné et qu'elle ne donnera jamais un enseignement ni des décisions qui ne soient pas conformes à la parole divine, soit écrite, soit traditionnelle. De tout temps, depuis saint Pierre qui a établi son siège à Rome, jusqu'au Pape François, en passant par l'immortel Pie IX qui y règne encore, on a regardé, dans l'Eglise Catholique, le pape et les évêques comme des dépositaires des Ecritures et de la tradition, comme interprètes de la parole divine, comme juges de la foi, comme formant ce tribunal suprême qui doit juger en dernier ressort tout ce qui intéresse la religion, et auquel seul Jésus-Christ a promis l'infaillibilité en lui disant qu'il serait avec lui et l'assisterait jusqu'à la consommation des siècles, et que l'enfer ou l'erreur ne prévaudrait jamais contre lui. Or, comme le chef des évêques et de l'Eglise entière a son siégé à Rome, c'est bien l'Eglise romaine qui seule a reçu cette prérogative de l'infaillibilité.
II. L'Eglise romaine est répandue dans tout l'univers : elle étend son empire en Europe, en Asie, en Afrique, en Amérique, dans l'Océanie, dans toutes les parties du monde ; et il n'est aucune société chrétienne séparée de sa communion, qui, prise isolément, soit aussi universellement répandue qu'elle, c'est-à-dire, qui possède un nombre d'adeptes égal à celui des Catholiques Romains. En effet, les sectes ne se répandent que pour se diviser et former d'autres sectes, aussi opposées les unes aux autres qu'elles le sont à l'Eglise romaine. C'est le sort de l'erreur et de tous ceux qui n'ont pas reçu la promesse et le don de l'infaillibilité. L'Eglise romaine seule ayant reçu ce privilège divin peut seule répandre sa doctrine et son ministère sans craindre aucune altération. Aussi, malgré tous les efforts de l'esprit de mensonge, continue-t-elle à accomplir chaque jour sa mission céleste : elle enseigne toutes les nations, Dieu voulant dans sa justice et sa bonté mettre la vérité et le salut à la portée de tous : l'Eglise romaine est donc catholique.
III. Elle est encore apostolique, puisqu'elle a recueilli à Rome le précieux héritage des princes des apôtres, Pierre et Paul, et qu'elle n'a jamais enseigné une autre doctrine que celle qui lui a été transmise par les apôtres. Jamais elle ne s'est écartée de cette règle par laquelle elle a confondu toutes les hérésies : « Que rien ne soit innové, et que l'on s'en tienne toujours à ce qui nous a été transmis ». Ce sont les paroles de saint Etienne, pape et martyr, qui vivait vers le milieu du troisième siècle ; et c'est précisément parce que l'Eglise romaine n'a jamais rien voulu innover qu'on l'accuse d'être rétrograde et de ne pas vouloir suivre progrès. Comme elle a possédé dès son institution toutes les vérités nécessaires à son existence et à sa perpétuité, elle n'a, en effet, rien à innover. En vain on a voulu l'accuser d'avoir introduit des dogmes nouveaux et d'avoir altéré son enseignement ; car, jamais on n'a pu assigner l'époque précise, ni citer le nom des auteurs de ces nouvelles doctrines, tandis que l'on connaît parfaitement les Arius, les Pelage, les Nestorius, les Eutychès, les Luther, les Calvin, les Jansénius, et la date exacte de l'apparition de leurs erreurs. D'ailleurs, comment l'Eglise romaine, qui condamnait les novateurs, aurait-elle pu innover elle-même sans encourir le reproche de faire ce qu'elle blâmait si sévèrement dans les autres ? Et pourtant, jamais les Grecs, qui ont toujours été plus ou moins les ennemis et les rivaux des Latins, ne les ont accusés d'avoir introduit la moindre altération dans l'enseignement qu'ils ont reçu des Apôtres. L'Eglise romaine est encore apostolique quant au ministère. La succession de ses pasteurs commence aux apôtres, et vient jusqu'à nous sans interruption morale. L'histoire s'est chargée de nous conserver leurs noms et la date de leur règne. Nous pouvons donc dire avec Saint Augustin : « Je suis retenu dans l'Eglise, par la succession des pontifes sur la chaire de saint Pierre, depuis cet apôtre à qui le Seigneur a confié ses brebis, jusqu'au pape actuel ». Partout et dans tous les temps, on voit, dans les évêques de l'Eglise catholique, la succession de l'ordination avec la succession du pouvoir de juridiction, dont le mode de transmission a toujours été déterminé par la puissance apostolique.
IV. L'Eglise romaine est une : elle seule peut se glorifier de cette unité de doctrine qui la caractérise si bien au milieu des variations sans fin de toutes les sectes qui se sont détachées d'elle. Nous avons la même foi que nos pères, comme nos pères eux-mêmes ne croyaient que ce qu'ils avaient reçu de leurs ancêtres, que ce que leurs ancêtres tenaient des apôtres. Tous les Catholiques Romains professent les mêmes dogmes, admettent les mêmes préceptes évangéliques, les mêmes conseils de perfection. L'Eglise romaine a toujours eu la même Foi, et si elle a ajouté quelques mots à ses anciens symboles, c'est uniquement pour faire connaître aux fidèles, d'une manière plus expresse, ce qu'elle avait toujours cru ; mais sans introduire le moindre changement dans sa doctrine : elle l'a développée, mais ne l'a point altérée. L'Eglise romaine est une non-seulement quant à la doctrine, mais encore quant au ministère. Tous les Catholiques Romains reconnaissent comme institution divine une seule et même hiérarchie composée du chef de l'Eglise, des évêques, des prêtres et des autres ministres de la religion, tous parfaitement unis entre eux. Les laïques ou simples fidèles les regardent comme les seuls pasteurs qui aient reçu de Jésus-Christ le droit et la vertu de les diriger dans les voie du salut. La Chaire de Saint Pierre est pour eux le centre de l'unité Catholique. De tout temps, dans l'Eglise catholique romaine, on a regardé comme schismatiques les fidèles et les prêtres qui se séparent de l'évêque en communion avec les Pape, et les prêtres et les évêques qui se séparent du pape , l'évêque de Rome, successeur de Saint Pierre prince des apôtres ; et c'est même une des raisons qui la font accuser d'intolérance. Sa discipline seule a varié suivant les temps et les lieux, dans l'intérêt moral et spirituel des fidèles et du clergé ; ce qui montre précisément l'injustice de cette accusation : mais son gouvernement n'a jamais varié. L'Eglise romaine est donc une de fait dans son ministère comme dans sa doctrine, et elle Test de droit en vertu de sa constitution qu'elle tient de Jésus-Christ.
V. L'Eglise catholique est sainte, avons-nous dit, parce que son fondateur Jésus-Christ est le Saint des saints, parce que les premiers hommes qui ont travaillé à son établissement étaient des saints ; parce qu'elle a été instituée pour la sanctification des hommes ; parce que ses dogmes, ses mystères, sa morale, sa doctrine, en un mot, sont marqués au sceau de la sainteté ; enfin, elle est sainte, en ce qu'un certain nombre de ses membres sont saints, et qu'il ne peut y avoir de véritables saints que parmi ses enfants. Or, tous ces caractères de sainteté se trouvent réunis dans l'Eglise romaine, et dans elle seule. Qu'elle ait Jésus-Christ pour fondateur, et les saints apôtres pour premiers pasteurs, c'est ce que nous avons démontré en prouvant qu'elle était apostolique. Sa doctrine est sainte, puisqu'elle lui vient aussi directement des apôtres et de Jésus-Christ, qui en est l'auteur. Son histoire tout entière est le récit de ses travaux continuels pour la sanctification des hommes, et du zèle ardent qu'elle a toujours déployé pour y parvenir : témoin ses missions lointaines, au prix des plus rudes souffrances et même de la vie de ses apôtres. Enfin l'Eglise Romaine a toujours eu des saints parmi ses membres. Jamais elle n'a cessé d'enfanter des justes de tout âge et de tout sexe, dans tous les rangs de la société. Sans doute un grand nombre se sont sanctifiés dans l'obscurité de la vie commune ; mais l'histoire en a enregistré dans tous les siècles qui se sont illustrés par l'éclat de leurs vertus. De tout temps, même de nos jours, on voit dans l'Eglise romaine des martyrs et des confesseurs de la Foi. Tous ses membres ne sont pas des saints, parce qu'ils sont hommes, et par conséquent sujets aux passions et aux faiblesses humaines, et que par là même ils n'ont pas toujours le courage de suivre ses instructions. Mais, comme le dit saint Augustin : « Si nous avons dans quelques scandales publics de justes sujets de douleur, il est aussi d'admirables vertus dont le spectacle doit nous consoler. Cette lie épaisse, qui attriste vos regards, ne doit point faire haïr le pressoir d'où sort en même temps l'huile pure dont la flamme brillante éclaire la maison de Dieu ». (Lettre 78). Il suffit d'ajouter que puisque l'Eglise Romaine possède seule la vraie doctrine de la sainteté, qui est la doctrine de Jésus-Christ, elle seule aussi peut produire des saints.
VI. La persécution est le dernier caractère de la véritable Eglise, que nous avons signalé. Ce caractère est-il au front de l'Eglise romaine ? C'est à peine si nous osons poser cette question. L'histoire et tous ses monuments semblent se lever avec enthousiasme pour y répondre. Il n'est aucune ville qui ait donné à l'Eglise autant de martyrs que Rome. On ne peut faire un seul pas dans cette capitale du monde chrétien sans y rencontrer la trace du sang généreux répandu pour la foi. Que serait-ce si nous parcourions les catacombes, qui recèlent encore dans leur sein les ossements de tant de victimes de leur généreuse fidélité à Jésus-Christ ? Il n'est pas surprenant, en effet, que le christianisme, allant s'établir au cœur du monde païen, ait été plus persécuté encore à Rome que partout ailleurs. Au reste, lorsque le sang de l'Eglise romaine eut cessé de couler autour de la Chaire de Saint Pierre, ses flots continuèrent néanmoins à être versés en d'autres lieux pour la cause de la foi chrétienne ; et aujourd'hui encore elle compte de nombreux martyrs en Chine, en Cochinchine et dans une multitude d'autres régions aussi inhospitalières. Mais Rome étant le siège du gouvernement de l'Eglise Catholique, elle n'a presque jamais cessé d'être de préférence le but spécial des persécutions de l'impiété contre la religion de Jésus-Christ, et trop souvent elle a été même la victime de l'ambition et de la colère des peuples et des rois. Les Goths, Genseric, Théodoric, Totila, les Lombards et bien d'autres, y portèrent successivement le fer et le feu ; et son histoire n'est qu'une persécution presque continuelle. Mais jamais elle ne s'en est alarmée ; confiante dans les promesses de son divin Epoux, elle a toujours souffert avec calme et résignation, avec dignité et sans faiblesse ; car elle savait que la barque de Pierre peut bien être plus ou moins agitée par les tempêtes, mais qu'elle ne périra jamais. Ainsi l'Eglise romaine est infaillible, Catholique, Apostolique, Une, Sainte, et l'objet des persécutions du monde : elle est donc la véritable Eglise fondée par le Divin Sauveur.
Élévation sur l'Eglise romaine réunissant tous les caractères divins de la véritable Eglise
I. O sainte Eglise Romaine ! Lorsque je jette un regard sur les sociétés religieuses qui se partagent la terre, je ne vois que vous seule qui réunissiez tous les caractères divins qui manifestent de la manière la plus éclatante que vous n'êtes pas l'ouvrage d'une intelligence humaine. Comme vous laissez loin derrière vous tous ces rêves creux et ces systèmes étroit des génies et des philosophes, même les plus éminents ! Il est impossible de vous contempler avec quelque attention, sans être frappé de ces rayons célestes qui s'échappent de votre front et qui révèlent au plus aveugles votre origine toute divine. Où se trouve ailleurs que dans votre sein l'interprète infaillible des oracles sacrés de celui qui est le Très-Haut ? Je cherche sur la terre une société qui invoque le vrai Dieu et qui compte un aussi grand nombre d'adorateurs en esprit et en vérité que vous comptez d'enfants, et je n'en découvre aucune. Qui pourrait vous disputer les droits évidents de votre antiquité, lorsque votre généalogie bien connue vous fait remonter jusqu'aux apôtres, jusqu'à Jésus-Christ, leur divin Maître ? Que les sectes qui se sont violemment séparées de vous nous montrent l'unité de leurs adhérents à côté de votre immutabilité ! Elles pourront nous nommer d'honnêtes gens et des héros même sortis de leurs rangs ; mais jamais elles ne pourront nous montrer des saints, puisqu'elles ne possèdent pas la vraie doctrine de la sainteté. Elles nous rappelleront bien le nom de quelques fanatiques morts pour défendre leurs erreurs et leurs œuvres ; mais elles seront impuissantes à prouver que la persécution est leur destinée à tout jamais, parce qu'on ne persécute à perpétuité que la vérité et la justice. Vous seule surtout, ô sainte Épouse de Jésus-Christ, possédez le trésor sacré de la Charité Divine dont l'éclat laisse dans les ténèbres les plus profondes la bienfaisance parement humaine et la philanthropie, qui n'en sont qu'une froide et misérable contrefaçon. Eglise de Jésus-Christ, ô Eglise romaine, que vous êtes belle ! Ô beauté toujours ancienne et toujours nouvelle, sans tache et sans ride ; ô ma mère bien-aimée, soyez donc à jamais bénie d'avoir daigné me recevoir dans votre sein, et de me compter au nombre de vos enfants !
II. Que vos conseils, ô Seigneur, sont admirables, et que vos voies sont profondes ! Une éternelle succession fut destinée à Saint Pierre. Il devait toujours y avoir un Pierre dans l'Eglise, pour confirmer ses frères dans la Foi, et pour tenir sans cesse la main au gouvernail ; mais il lui fallait un siège fixe pour l'exercice de cet office. Quel siège lui choisîtes-vous, ô Divin Maître ! Et qui pourrait assez admirer votre sagesse ! Ce ne pouvait être Jérusalem, parce que le moment était venu où, faute d'avoir connu le temps de sa visite, elle allait être livrée aux gentils, et détruite de fond en comble. L'heure de la conversion des gentils, d'autre part, avait aussi sonné ; ils allaient entrer en foule dans le temple de Dieu, c'est-à-dire dans son Eglise. Quel fut alors le lieu sur lequel tomba votre choix, Seigneur ? Rome, la maîtresse du monde, la reine des nations, et en même temps la mère de l'idolâtrie, la persécutrice des saints, c'est elle qui obtint vos préférences pour y placer le centre de la Foi qui devait être prêchée, comme d'un lieu plus éminent, à toute la terre. Vous aviez préparé de loin l'empire romain pour la recevoir. Un si vaste empire, qui réunissait dans son sein tant de nations, était destiné à faciliter la prédication de votre Evangile, et à lui donner un cours plus libre. A la vérité, l'Evangile devait encore aller plus loin que les conquêtes romaines, et il devait être porté aux nations les plus barbares ; mais enfin l'empire romain devait être son siège principal. Merveille ! les Scipion, les Pompée, les César, en étendant l'empire romain par leurs conquêtes, devaient être en quelque sorte les pionniers destinés à préparer les voies au règne de Jésus-Christ ; et, selon cet admirable conseil, Rome devait être la capitale de l'empire spirituel du Sauveur, comme elle l'était de l'empire temporel des Césars. Dès lors. Seigneur, vous avez tellement disposé les choses, que les successeurs de saint Pierre, à qui on donna par excellence le nom de Papes, c'est- à-dire celui de Pères, ont fait de la Chaire de Saint Pierre la chaire de l'unité, dans laquelle tous les évêques et tous les fidèles, tous les pasteurs et tous leurs troupeaux, se sont unis.
III. Aussi Rome, pour tout chrétien qui l'a visitée, est-elle, non pas seulement le plus vénérable des sanctuaires, mais encore la patrie et la maison paternelle. On s'y trouve comme chez sa mère, on y respire plus librement, l'atmosphère y est plus douce et plus suave qu'en aucun lieu du monde. Il semble qu'on y retrouve ce qu'on avait vu dans son enfance, parce qu'à chaque pas on y voit les lieux où habitèrent et souffrirent Saint Pierre et Saint Paul, tous ces Martyrs et ces Saints illustres qui furent nos pères dans la foi, et dont on nous racontait les sublimes vertus dans nos jeunes années. On s'attendrait presque à les rencontrer pleins de vie, tant leur mémoire est encore vivante, et le parfum qu'ils ont laissé après eux se sent encore partout. Seigneur ! Que vous montrez bien, ô Rome surtout, que vous êtes notre Père, et que vous êtes l'Epoux de votre Eglise bien-aimée ! Comme votre charité se plaît à se dilater et à répandre ses divines influences dans cette ville privilégiée ! Là tous les malheureux à quelque classe de la société, à quelque nation qu'ils appartiennent, trouvent un asile et le sein d'une mère pour s'y reposer et s'y consoler. Depuis les têtes couronnées, que l'instabilité des choses humaines a chassées de leurs états, jusqu'au pauvre pèlerin que la foi amène les pieds nus, jusqu'au tombeau des saints apôtres, tous rencontrent dans la ville sainte un accueil fraternel, délicat et cordial, tel qu'on pourrait à peine l'espérer au sein de sa propre famille. Cette majesté si douce, si pleine de noblesse et de grandeur, que vous voyez apparaître dans les traits et la tenue des princes de l'Eglise et du souverain Pontife, au milieu des imposantes cérémonies de la religion, se change bientôt, lorsque vous les abordez personnellement, en une affabilité et un abandon qui vous font oublier, au bout de quelques instants de conversation, que vous parlez aux premiers dignitaires de la chrétienté. Nulle part, aucun souverain n'est aussi abordable que le Saint-Père ne l'est au Vatican ; et il est impossible d'exprimer les sentiments de respect et d'amour qu'il sait inspirera ceux auxquels Dieu fait la grâce de l'approcher. Comme il réalise bien son nom, saint Père ! Oui, lorsque vous êtes prosternés à ses pieds, vous croiriez être aux pieds de Saint Pierre ou de Jésus-Christ Lui-même. Il semble qu'une émanation de sainteté vous pénètre tout entier et vous absorbe. Puis, lorsque sa douce main vous relève après vous avoir béni, lorsque sa parole bienveillante s'est fait entendre, vous retrouvez le bon Père de la famille chrétienne, et un cœur si doux et si tendre que vous en êtes tout interdit. Eglise romaine, pourquoi vos ennemis ne vous voient-ils pas de près ? ils reconnaîtraient d'instinct que vous êtes véritablement l'épouse de Jésus-Christ ; ils cesseraient de vous persécuter ; ils seraient heureux de vous appeler leur mère, de vous aimer et d'être vos enfants soumis et dévoués !
Je crois en Dieu...
Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !
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Le Mois de Saint Pierre
Le Mois de Saint Pierre
ou dévotion à l'Eglise et au Saint Siège
Vingt-troisième jour
Les persécutions de l'Eglise
Notre Père... Je vous salue Marie...
Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !
I. Tous ceux qui veulent vivre en accomplissant fidèlement la doctrine de Jésus-Christ, disait l'apôtre Saint Paul, souffriront persécution. (2 Timothée 3, 12). Et Notre-Seigneur avait déjà dit : « Heureux ceux qui souffriront persécution pour la justice; car le royaume des cieux leur appartient. Estimez-vous heureux lorsqu'on vous maudira et que l'on vous persécutera ; lorsqu'on dira faussement toute sorte de mal contre vous par rapport à moi : réjouissez-vous alors, et tressaillez d'allégresse, parce que votre récompense est grande dans le ciel : c'est ainsi qu'ont été persécutés les prophètes, qui sont venus avant vous ». (Matthieu 5, 10 et ss). La destinée de l'Eglise est donc d'être persécutée, et c'est là l'un de ses caractères essentiels et divins. Sans doute, elle aura de temps en temps des moments de repos et de paix ; mais ce ne sera pour ainsi dire que pour lui laisser reprendre haleine, et pour lui donner le loisir de se préparer à de nouveaux combats. Les persécutions entourèrent son berceau : à peine Sauveur était-il né, que déjà Hérode cherchait à mettre à mort ; et sa vie publique fut une persécution continuelle, qui ne se termina pour lui que lorsqu'il rendit le dernier soupir sur la croix. Les apôtres, disciples et ses successeurs dans l'oeuvre de la rédemption, ne furent pas mieux traités que leur maître, tous reçurent la couronne du martyre pour prix de leur fidélité et de leur dévouement. Mais ce n'était encore là que le prélude des trois premiers siècles de l'ère chrétienne, pendant lesquels l'Eglise devait se fonder et s'établir par le martyre, non plus seulement de ses princes et de ses chefs, mais encore par celui de milliers de chrétiens de tout âge, de tout sexe et de toute condition. C'est encore au prix de ces sacrifices sanglants qu'elle fait aujourd'hui de nouvelles conquêtes en Chine, en Cochinchine et dans une multitude d'autres régions lointaines. Ce n'est pas toutefois uniquement contre la vie de ses enfants que l'on conspire : on s'étudie aussi à attaquer ses dogmes, ses mystères, sa doctrine et même sa morale, dont on admire les principes, comme pour être autorisé à en condamner l'application pratique, que l'on trouve trop austère. On dénature les intentions et l'esprit de la sainte Eglise, on lui prête toutes les passions humaines, et sous ces prétextes futiles qui offrent quelque chose de spécieux aux masses, peu instruites surtout en matière de religion, on lui reproche d'avoir dégénéré de sa perfection primitive, de tomber en décadence, et l'on annonce depuis plusieurs siècles sa mort prochaine. On l'accuse d'idées rétrogrades, de s'obstiner à ne pas progresser avec les lumières des temps contemporains. On attaque ses docteurs, on renverse ses institutions. On traque et l'on épie ses ministres pour les trouver en défaut, et au besoin on les calomnie. On tourne en ridicule ses cérémonies les plus augustes, on raille ses enfants les plus dévoués et les plus fidèles ; c'est, en un mot, une guerre à outrance qu'elle aura à soutenir jusqu'à la fin des temps. L'Eglise ne s'étonne pas de ces persécutions, elle y compte, elle les attend comme une preuve de son institution divine, puisque Jésus-Christ les lui a prédites. « Voilà, lui dit-il que je vous envoie comme des brebis au milieu des loups : soyez donc prudents comme les serpents, et simples comme les colombes. Prenez garde aux hommes : ils vous traîneront devant leurs tribunaux et vous feront fouetter dans leurs synagogues. Ils vous conduiront à leurs juges et à leurs princes à cause de moi... Le frère livrera son frère pour qu'on le fasse mourir, et le père livrera son fils : les enfants eux-mêmes s'élèveront contre leurs parents pour qu'ils soient mis à mort. Vous serez un objet de haine pour tout le monde à cause de mon nom... Le disciple n'est pas plus que le maître... S'ils ont appelé le père de famille Belzébuth, comment n'en agiraient-ils pas de même avec ses serviteurs ?... Ne craignez donc pas ceux qui peuvent tuer le corps, mais qui sont impuissants à tuer l'âme : mais craignez plutôt celui qui peut précipiter le corps et l'âme dans les supplices éternels » (Matthieu 10, 16 et ss).
II. Les persécutions prédites par Notre-Seigneur à son Eglise ne devaient pas être seulement le fruit de la tyrannie et de l'oppression. Il lui en réservait de moins éclatantes et de plus continues, dans les épreuves ordinaires de la vie. Les premières ne devaient atteindre que les fidèles assez généreux pour confesser publiquement leur foi persécutée ; mais les secondes frappent tous les hommes indistinctement, car elles sont la suite et la punition du péché de notre premier père. Dans les desseins de Dieu, elles sont tout ensemble l'accomplissement des lois de sa justice et de celles de sa miséricorde : une expiation du péché, et une épreuve de notre fidélité. Tantôt il se charge lui-même de nous les envoyer directement par la mort de nos proches ou de nos meilleurs amis, par les maladies, les souffrances et les infirmités qui attristent si souvent notre existence. Tantôt, et le plus ordinairement, les hommes eux-mêmes deviennent entre ses mains, sans le vouloir et même sans le savoir, des instruments de persécution destinés à accomplir les desseins de Dieu sur son Eglise. Ce sont les médisances, les calomnies, les pertes de fortune ; le délaissement de nos amis et de nos proches ; l'ingratitude, des vengeances aveugles et injustes que l'on exerce contre nous ; les partialités, les injustices, les humiliations dont nous sommes victimes ; les caractères et les humeurs difficiles des personnes qui nous entourent, et avec lesquelles nous sommes forcés de vivre. Ce sont, si vous le voulez, des persécutions à coups d'épingle, mais qui n'en sont pas moins rudes ; d'autant plus qu'elles sont inévitables, persistantes, secrètes et de tous les jours. Sans doute, ce genre de persécution ne s'exerce pas uniquement contre les membres de l'Eglise, l'humanité tout entière y est soumise. Mais l'Eglise, dans le plan divin, devant être catholique, les éléments de sa destinée devaient être universels comme elle. Ceux qui ne veulent pas lui appartenir font un mauvais usage des persécutions, comme ils abusent des biens de la terre, et de toutes ces choses que Dieu a mises aux mains de tout le monde pour être des éléments de la vie chrétienne, et par conséquent des moyens de salut. Aussi, ce genre de persécution devient-il pour les enfants de l'Eglise une source continuelle de grâces : les uns sont ramenés à la vérité et à la pratique oubliée ou négligée de leurs devoirs religieux par les épreuves, qui leur ouvrent les yeux sur la vanité des choses du temps ; et, ne trouvant pas sur la terre le bonheur qu'ils comptaient y trouver, ils tournent alors leurs regards vers l'éternité ; les autres, habitués à vivre aux lumières consolantes de la foi, trouvent dans les afflictions que la Providence leur envoie un moyen aussi efficace que facile d'expier leurs fautes et une source intarissable de mérites.
III. Il est un troisième genre de persécutions qui n'est pas moins profitable à l'Eglise de Dieu, et qui ne vient ni de Dieu ni des hommes : mais de nous-mêmes, de l'esprit du monde et du démon : ce sont nos passions, nos mauvais penchants, et les tentations multipliées qui nous livrent sans cesse une guerre acharnée. L'honnêteté naturelle, l'intérêt, la philosophie ont bien pu quelquefois mettre un frein à la fureur de ces ennemis de l'humanité ; mais leur triomphe toujours partiel ne s'accomplissait qu'en développant d'autant plus d'autres mauvais instincts de notre nature corrompue. C'est ainsi que Diogène pratiquait le détachement des richesses, et qu'il se servait de cette apparence de vertu pour nourrir son orgueil. L'Eglise seule a reçu du divin Maître le secret du combat chrétien qui ne fait quartier à aucune passion, qui ne ménage aucun penchant désordonné. Sans doute la faiblesse humaine aidée même de la grâce ne triomphe pas toujours sur toute la ligne, mais elle a sans cesse les armes à la main, et se reproche du moins ses défaites. Cette guerre spirituelle, cette persécution intime sont une des plus rudes épreuves des enfants de l'Eglise, parce qu'elles les exposent à chaque instant au danger de se perdre pour l'éternité, c'est-à-dire, au plus grand des malheurs pour ceux qui vivent sous les inspirations divines de la foi. Mais aussi, d'autre part, c'est au milieu de ces luttes quotidiennes que les caractères se fortifient, que l'énergie devient du courage, et que celui-ci s'élève jusqu'à l'héroïsme. Les victoires se multiplient, et avec elles les mérites qui assurent à ceux qui les remportent un poids de gloire incomparable dans la vie future. Telle est pour l'Eglise l'avantage immense de ces épreuves. Enfin, tous ces genres divers de persécutions ne suffisent point encore à l'amour ardent de l'épouse de Jésus-Christ pour les souffrances. A l'exemple du divin Sauveur, elle les désire, elle y aspire et s'en impose elle-même par la mortification et la pénitence. De là les jeûnes, les abstinences et les autres austérités qu'elle prescrit ou qu'elle conseille à ceux qui vivent sous ses lois. La persécution, de quelque côté qu'elle vienne, et quel que soit le sens qu'on lui donne, est donc un des éléments de la vie de l'Eglise ; elle en est un des caractères distinctifs.
Élévation sur les persécutions de l'Eglise
I. Je ne suis plus surpris, ô divin Maître, du langage que vous teniez aux peuples qui se pressaient autour de vous pour entendre vos divins oracles. « Il faut, disiez-vous, que le Fils de l'homme souffre beaucoup ; il faut qu'il soit condamné par les anciens du peuple, par les princes des prêtres et par les scribes ; qu'il soit mis à mort, et qu'il ressuscite le troisième jour ». Aussi disait-il à tous, continue le texte sacré : « Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il a se renonce soi-même, qu'il porte sa croix tous les jours, et qu'il me suive. Que celui qui veut sauver son âme, fasse le sacrifice de sa vie, car celui qui en fera le sacrifice pour moi, la sauvera. Que sert, en effet, à l'homme de gagner l'univers entier, s'il se perd lui-même ? » (Luc 9, 22 et ss). Non, je ne suis plus surpris des prédictions que je méditais tout à l'heure, et par lesquelles vous prépariez l'âme de vos disciples à soutenir les rudes combats que vous réserviez à votre Eglise. S'il fallait que le Christ souffrît pour entrer dans sa gloire (Luc 24, 26), comment l'Eglise son épouse aurait-elle pu partager sa couronne sans être associée à ses souffrances ? Aussi le diadème sanglant et glorieux du martyre n'a-t-il jamais cessé entièrement de reposer sur son front. Un vénérable vieillard inspiré de Dieu, vous tenant pressé entre ses bras quelques jours à peine après votre naissance, s'était écrié : « Cet enfant a été envoyé de Dieu pour être la perte et la résurrection d'un grand nombre dans Israël, et il sera en butte à la contradiction ». (Luc 2, 34). N'est-ce pas aussi la destinée réservée à votre Eglise ? Elle vous a succédé dans l'oeuvre admirable de la rédemption : elle annonce partout la doctrine que vous lui avez enseignée et dont vous lui avez confié le précieux dépôt. Les uns la recueillent avec avidité et en suivent fidèlement les préceptes, ils en reçoivent la vie ; d'autres, au contraire, la repoussent avec dédain, et ils se perdent. Dès lors, la sainte Eglise est comme vous en butte à la contradiction. Comme vous, elle a des ennemis qui la persécutent, tantôt par leurs paroles et leurs sarcasmes, tantôt par leurs livres impies. On voudrait l'anéantir ; on l'épie, on la poursuit, on use de violence, on fait couler son sang, ou bien on s'attaque à son Chef vénéré, on le chasse de son trône, on lui arrache sa couronne, on l'exile ou on le charge de fers, on le retient captif dans une étroite prison ; et partout on publie la mort prochaine de votre sainte épouse. Vous lui avez bien prédit, Seigneur, qu'elle serait crucifiée, mais vous lui avez promis aussi l'immortalité. Elle souffrira donc , mais elle n'en deviendra que plus glorieuse, et ne périra jamais !
II. Une de vos plus fidèles servantes, en exprimant son amour pour les souffrances, était bien l'admirable interprète des sentiments de votre Eglise et de la destinée que vous lui avez faite, lorsqu'elle s'écriait : « Ou souffrir, ou mourir » ; une autre disait mieux encore dans l'ardeur de sa charité : « Toujours souffrir, jamais mourir ». C'est bien là, en effet, la véritable devise d'une épouse digne de vous. Tous les jours ses enfants, sans être exposés au martyre, voient se multiplier autour d'eux les occasions de vous témoigner leur amour, en supportant avec résignation et en union avec vos souffrances les épreuves de la vie. Oh ! Que d'âmes saintes qui savent souffrir avec une angélique patience les maladies, les infirmités, les contrariétés de toute sorte, les incompatibilités d'humeur et de caractère ! Avec quel courage et quel héroïsme se soumettent à votre volonté sainte ces généreux chrétiens, qui, semblables aux enfants dans la fournaise, chantent encore vos louanges, lorsque la mort vient les frapper dans leurs plus chères affections, ou que la fortune capricieuse les réduit aux dernières extrémités de la misère ! Combien de Jobs s'écrient encore : « Vous m'aviez tout donné, Seigneur, vous m'avez tout repris, que votre saint nom soit béni ! » Ils n'arrêtent pas leurs regards à ceux qui ne sont que les instruments aveugles de la Providence vis-à-vis d'eux ; jamais la foi leur montre que c'est vous, Seigneur, qui dirigez tous les événements de la vie indépendants de leur volonté ; et comme vous ne faites ni ne permettez rien que pour le plus grand bien de vos enfants, ils doivent toujours, quoi qu'il arrive, vous louer et vous bénir.
III. Ce n'est pas sans un profond mystère, ô divin Sauveur, que la croix est devenue le symbole essentiel du christianisme, que l'Eglise en couronne le frontispice de ses temples, qu'elle l'expose à la vénération publique sur ses autels, qu'elle la porte comme étendard de ralliement dans ses cérémonies les plus solennelles, qu'elle veut que toutes nos principales actions commencent par ce signe auguste, et que tout chrétien donne dans sa maison la place d'honneur à l'image qui lui rappelle que vous l'avez aimé jusqu'à la mort, et à la mort de la croix : le sacrifice, inséparable de l'amour, dont il est la plus vraie et la plus haute expression, devait être le fond de la vie chrétienne. Pour être chrétien, il fallait que l'homme fût, non-seulement prêt à donner au besoin sa vie par amour pour vous; qu'il fût toujours dans la disposition de se soumettre à vos décrets les plus inattendus : mais il fallait aussi qu'il s'immolât sans cesse lui-même à vous, en combattant ses penchants les plus intimes pour les plier au joug de votre loi : la mortification de la chair et des sens devait faire de lui une victime continuelle, et son cœur devait être un autel domestique sur lequel l'holocauste de toutes ses pensées, de ses désirs et de ses affections, vous sera offert chaque jour. Voilà le secret que nous révèle la croix. Si l'auguste sacrifice qui s'offre à chaque instant de l'orient à l'occident est essentiel à la vie de l'Eglise, ô divin Maître, celui des cœurs ne l'est pas moins. Qui pourrait dire les bénédictions célestes qu'attirent sur la terre la réunion de tant d'immolations, de tant de victimes volontaires, non pas seulement de celles où le sang coule, mais encore de celles qui consistent dans l'acceptation secrète et résignée des épreuves, et dans le combat chrétien de tous les jours ? O divin Jésus, accordez-moi la grâce d'en augmenter le nombre en me donnant entièrement à vous, sortant en moi les stigmates de vos plaies adorables, et en vivant de cette vie persécutée et sainte qui est l'un des caractères divins de votre sainte Eglise.
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Vingt-deuxième jour
Sur la sainteté de l'Eglise
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L'apôtre Saint Paul disait aux Ephésiens : « Jésus-Christ a aimé son Eglise, et il s'est livré à la mort pour elle, afin de la sanctifier en la purifiant par l'eau divine de la parole de vie, afin de la faire paraître devant lui pleine de gloire, sans tache, sans ride, sans rien de semblable, et de la rendre sainte et sans aucun défaut ». (Ephésiens 5, 27.) Aussi, tous les chrétiens professent-ils que l'Eglise est sainte, comme le prouve le Symbole des apôtres qu'ils récitent chaque jour.
I. L'Eglise est sainte en ce que : 1° son fondateur Jésus-Christ est le Saint des saints, la source de toute sainteté. Or, Jésus-Christ étant toujours le chef, quoique invisible, l'âme et la vie de son Eglise, il en résulte qu'elle vit, qu'elle ne pense, qu'elle n^agit que par lui. C'est en cela, dit saint Jean, que Dieu a fait paraître son amour envers nous, en ce qu'il a envoyé son Fils unique dans le monde, afin que nous vivions par lui. (Epître de S. Jean, 4, 9). Nous avons vu, au reste, dans la méditation quinzième, comment Jésus-Christ continue à entretenir la vie dans son Eglise. Cette Eglise peut donc dire comme saint Paul : « Je vis, ou plutôt ce n'est plus moi qui vis, mais Jésus-Christ qui vit en moi ; et si je vis encore dans ce corps mortel, j'y vis en la foi du Fils de Dieu, qui m'a aimé, et qui s'est livré lui-même à la mort pour moi » (Galates 2, 20). Ainsi l'Eglise est sainte, puisque c'est Jésus-Christ qui lui a donné la vie en la fondant, et qu'il continue de la faire vivre de sa vie, en vivant lui-même en elle. 2° Elle est sainte encore en ce que les premiers hommes qui ont travaillé à son établissement étaient des saints, et que, puisqu'un bon arbre ne peut produire que de bons fruits, des saints n'ont pu coopérer qu'à la fondation d'une société dont le caractère essentiel fût la sainteté.
II. L'Eglise est sainte parce qu'elle a été instituée pour la sanctification des hommes. « Le Seigneur, dit l'apôtre Saint Paul, a établi les uns pour être apôtres, d'autres pour être prophètes, d'autres pour être évangélistes, d'autres pour être pasteurs et docteurs, afin qu'ils travaillent à la sanctification des saints, qu'ils remplissent les fonctions de leur ministère pour l'édification du corps de Jésus-Christ, qui est l'Eglise ». (Ephésiens 4, 11, 12). Aussi, voyons-nous que tous ses efforts, ses travaux, ses sacrifices ont pour but de rendre les hommes meilleurs et de les conduire à la perfection. Tous les jours elle accomplit fidèlement sa mission, qui consiste à continuer l'œuvre de la Rédemption, en annonçant la parole divine, ou la vérité, pour détruire l'erreur et éclairer les âmes ; en appliquant, par l'administration des sacrements, les mérites de la passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ, pour purifier les hommes de leurs souillures, pour les soutenir contre la corruption du siècle et les conduire enfin à la sainteté, et au bonheur du ciel qui en est la récompense.
III. L'Eglise est sainte, parce que sa doctrine, c'est-à-dire, ses dogmes, ses mystères et sa morale, sont marqués au sceau de la sainteté, puisqu'ils sont l'ouvrage de Dieu lui-même, et qu'ils ne nous sont imposés par lui que pour nous conduire à la sainteté.
IV. L'Eglise enfin est sainte, en ce qu'un certain nombre de ses membres sont saints, et qu'il ne peut y avoir de véritables saints que parmi ses enfants. Comment, en effet, une mère si sainte ne serait-elle pas féconde en saints ? Aussi, saint Pierre parlant de la société chrétienne l'appelle : « La nation sainte, le peuple d'acquisition ». (Pierre 1, 11). L'Eglise renferme pourtant dans son sein des justes et des pécheurs, des bons et des méchants, des parfaits et des imparfaits ; ils sont mêlés ensemble et unis par la profession publique de la même foi, par la participation extérieure aux mêmes sacrements, et par la dépendance des mêmes pasteurs légitimes dont le pape est le chef visible ; le péché mortel ne sépare pas les méchants de l'Eglise, tant qu'ils conservent l'habitude de la foi ; c'est, en effet, ce qu'enseigne la doctrine catholique. Mais ce mélange des justes et des pécheurs ne saurait être un obstacle à la sainteté de l'Eglise, puisque celle-ci comptait déjà parmi ses membres, dès son origine, un Judas et de faux frères ; et que si elle ne retranche pas les mauvais de son sein, c'est qu'elle espère toujours les voir se convertir, et qu'elle se dirige par le même esprit que Jésus-Christ son époux, qui ne voulait pas que l'ivraie fût séparée du bon grain avant le temps de la moisson. Le saint Evangile ne nous représente-t-il pas encore l'Eglise comme l'aire qui contient à la fois la paille et le froment ; comme le filet qu'on jette à la mer, et que l'on retire plein de poissons de toute espèce ; comme le mélange des boucs avec les brebis, du méchant serviteur avec le serviteur fidèle, des vierges prudentes avec les vierges folles ? Il n'y a que quelques péchés énormes, et notamment ceux commis avec opiniâtreté contre la foi, qui puissent la décider à retrancher de sa communion ceux qui ont l'audace de les commettre. Encore ne le fait-elle que pour conserver intact le précieux dépôt de la foi lorsqu'il est menacé, et est-elle toujours prête à réhabiliter et à recevoir à bras ouverts tous ceux qui abjurent leurs erreurs et qui demandent à rentrer dans son sein. La sainteté consistant dans la profession sincère de la foi divine, et dans la pratique soutenue des vertus chrétiennes enseignées dans l'Evangile, dont l'Eglise a été établie seule dépositaire par Jésus-Christ, il s'ensuit qu'il ne peut y avoir de véritables saints que parmi ses enfants. Cette vérité ne renferme pas plus d'intolérance que celle-ci : « L'eau est le seul élément où les poissons puissent vivre et se multiplier ». Ailleurs que dans l'Eglise on peut être un homme de bien, courageux, héroïque même ; on peut posséder des vertus morales et humaines ; mais il n'appartient qu'à l'Eglise de surnaturaliser toutes ces vertus, de leur imprimer un sceau divin, et par conséquent de faire des saints.
Élévation sur la sainteté de l'Eglise
I. La sainteté, c'est l'ordre ; comme le péché est le désordre. Et c'est parce que vous êtes la sainteté par essence, ô mon Dieu, que toutes nos œuvres portent le cachet d'un ordre admirable et immuable. Cet immense univers qui se déploie sous nos yeux n'en est-il pas une preuve éclatante ? Depuis les jours de la création jusqu'à nous, le soleil et tous les autres corps célestes du firmament, la terre et tout ce qu'elle renferme n'ont-ils pas accompli leurs révolution, n'ont-ils pas rempli les fonctions qui leur avaient été assignées, avec une exactitude mathématique et avec une harmonie parfaite ? Mais cet ordre physique merveilleux, qui règne dans la création, n'est qu'une faible image de celui que vous avez établi dans votre Eglise, qui, étant aussi l'ouvrage de vos mains, devait être marquée au même sceau. Ici, ce n'est plus seulement un mécanisme gigantesque et dont les détails infinis et les lois savantes ont été, depuis près de s mille ans, le désespoir des plus grands génies, qui ont bien découvert quelques-uns de vos secrets, mais qui sont encore bien loin d'en avoir le dernier mot ; il ne s'agit plus de la vie purement organique des végétaux et des animaux, dont la physiologie se rend compte jusqu un certain point, assez pour en admirer la fidèle régularité, mais non pour en comprendre le ressort intime. Toutes ces merveilles ne sont que des accessoires l'usage du monde des esprits voyageurs sur la terre, au milieu desquels l'Eglise vient restaurer et rétablir l'ordre divin et primitif que le péché d'origine avait détruit. L'ordre physique aurait-il seul ses garanti dans les lois constantes de la création? Oh ! Non ! Seigneur, le monde moral est d'une nature bien autrement noble et élevée, pour que vous n'ayez pas pour aux moyens d'y maintenir aussi l'ordre nécessaire à sa vie et sa conservation. Mais l'Eglise, l'instrument surnaturel dont vous avez voulu vous servir pour atteindre ce but si important, ne doit-elle pas posséder elle-même ce principe de vie qu'elle est destinée à communiquer à l'univers entier, c'est-à-dire, l'ordre moral ou la sainteté ?
II. Oui, Seigneur, je le crois fermement, vous êtes la sainteté même, la sainteté par essence. Toutefois, vous n'avez pas voulu que votre sainteté fût une perfection purement spéculative, un trésor enfoui. Vous en êtes la source première ; mais il entrait dans vos ineffables desseins d'en répandre les eaux fécondes dans tous les cœurs, et c'est ce qu'accomplit chaque jour votre Eglise. C'est elle que vous avez établie dépositaire et distributrice de ces célestes richesses. C'est elle qui, puisant à pleines mains dans les eaux divines de la sainteté, nous sanctifie dès que nous faisons notre entrée dans ce monde, en nous donnant la naissance spirituelle. Dès lors, elle devient notre mère et nous entoure de sa plus tendre sollicitude. Elle bégaye avec nous les maximes de l'éternelle sagesse et de la sainteté chrétienne, dont elle seule possède les secrets. Elle nous ouvre ensuite le trésor de ses sacrements, par lesquels nous réparons les brèches faites à notre sanctification, et où nous trouvons les secours nécessaires non-seulement pour en relever les ruines, mais encore pour en faire un édifice indestructible, et capable de résister à toutes les attaques du monde et du démon. C'est elle, enfin, qui fait descendre chaque jour sur ses autels la victime sainte qui ôte les péchés du monde, la victime qui expie nos erreurs, et qui demande sans cesse grâce pour nous, la victime source de toute sainteté ; elle l'offre à nos adorations, elle nous convoque à y participer pour nous inoculer pour ainsi dire ses vertus, et elle la conserve précieusement dans son sanctuaire, comme son plus riche trésor, afin que le Dieu de sainteté soit toujours avec nous.
III. Oh ! Eglise de Jésus-Christ, notre mère bien-aimée, comment ne seriez-vous pas le sanctuaire de la sainteté ? Marie est bénie entre toutes les femmes, elle est la reine de tous les saints, parce que le Sauveur s'est incarné une fois dans ses chastes flancs, qu'elle l'a porté pendant neuf mois dans ses entrailles, qu'elle l'a nourri de son lait et bercé dans ses bras, et qu'elle nous a donné celui qui venait apporter la sainteté ou le salut au monde. Mais vous, ne devez-vous pas aussi à votre tour être à jamais bénie, puisque c'est vous qui répandez sur la terre toutes les bénédictions que le ciel lui envoie ? Vos mains entre lesquelles le Fils de Dieu s'incarne tous les jours tant de fois, depuis plus de dix-huit siècles ; vos mains qui le portent et le donnent aux hommes pour être la nourriture de leur âme, ne sont-elles pas pures et saintes ? Vos lèvres sur lesquelles se trouvent sans cesse la doctrine céleste du salut, des paroles de paix et de réconciliation, et les plus ferventes prières ; vos lèvres ne sont-elles pas saintes aussi ? Et votre cœur de mère tout brûlant de Charité pour vos enfants, votre cœur généreux qui ne compte pour rien les plus pénibles travaux, les sacrifices et les souffrances de toute espèce, le martyre même, s'il le faut, pour sauver les âmes ! Oh ! Oui, je le proclame hautement, et avec un profond sentiment de reconnaissance, votre cœur est le sanctuaire de la sainteté. Mais, vous n'êtes pas seulement notre mère, vous êtes aussi l'épouse de Jésus-Christ ; vos noces spirituelles ont été célébrées sur le Calvaire, lorsque, dans le sommeil de la mort, le nouvel Adam voulut que son Côté sacré fût ouvert, pour que vous fussiez en quelque sorte la chair de sa chair, le sang de son sang, le cœur de son cœur. Votre âme c'est la sienne ; vous ne faites qu'un avec lui. Ah ! Si la sainteté réside quelque part sur la terre, c'est bien dans l'Epouse du Saint des saints que nous devons la retrouver. C'est là, en effet, Seigneur, où vous en avez placé la source divine ; aussi est-ce vers elle que se tourneront toujours mes yeux et mon cœur pour y trouver la main secourable et puissante destinée à soutenir ma faiblesse et à me conduire au séjour bienheureux où vous avez daigné me préparer la récompense que vous réservez à vos saints.
Je crois en Dieu...
Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !
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Le Mois de Saint Pierre
Le Mois de Saint Pierre
ou dévotion à l'Eglise et au Saint Siège
Vingt-et-unième jour
L'unité de l'Eglise
Notre Père... Je vous salue Marie...
Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !
I. L'Eglise étant destinée à être la gardienne de la doctrine que Dieu a donnée à la terre par le ministère de Jésus-Christ, et l'Eglise ayant reçu la mission de faire connaître et de faire observer cette doctrine dans l'univers entier ; cette Eglise devait être une comme la vérité qu'elle enseigne, et comme le Dieu qui l'a chargée de remplir ces sublimes fonctions. Les hommes ne peuvent donc pas, en sûreté de conscience, s'attacher suivant leur caprice à n'importe quelle Eglise ; mais ils sont tenus, sous peine de se perdre pour l'éternité, d'entrer dans l'Eglise que Jésus-Christ a établie, et Jésus-Christ n'en a établi qu'une seule, l'Eglise Catholique et Apostolique ; à elle seule il a communiqué ses pouvoirs, et donné la mission de continuer son œuvre de la Rédemption des hommes jusqu'à la consommation des siècles. Notre Seigneur, en effet, n'a-t-il pas dit : « J'ai encore d'autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie : il faut que je les y amène, elles entendront ma voix, et il n'y aura qu'un troupeau et qu'un pasteur » (Saint Jean 10, 16) ? Et dans la prière qu'il adresse à Dieu son Père, il dit : « Père Saint, conservez en votre nom ceux que vous m'avez donnés, afin qu'ils ne fassent qu'un, comme vous et moi nous ne faisons qu'un. Ce n'est pas seulement pour eux que je prie, mais encore pour tous ceux qui croiront en moi, afin que tous ensemble ne soient qu'un : comme vous, mon Père, vous êtes en moi et moi en vous, qu'ils soient de même un en nous, afin que le monde croie que vous m'avez envoyé. Aussi, leur ai-je donné la gloire que vous m'avez donnée, afin qu'ils ne soient qu'un, comme vous et moi nous ne sommes qu'une même chose ». Saint Jean 11, 20-22.) L'apôtre Saint Paul écrivant aux Eph2siens dit encore : « Ayez soin de conserver l'unité d'un même esprit par le lien de la paix ; puisque vous n'êtes qu'un seul corps et qu'un esprit, ayant tous été appelés à la même espérance. Il n'y a qu'un Seigneur, qu'une foi, qu'un baptême ; il n'y a qu'un Dieu, père de tous ». (Ephésiens 4, 3-6).
II. Mais cette unité de l'Eglise, contrairement à celle que les Protestants admettent en principe, renferme nécessairement l'unité de doctrine et l'unité de communion, de ministère ou de gouvernement. L'unité de doctrine, d'après les Protestants, consiste dans la croyance de quelques articles fondamentaux seulement ; et ils prétendent qu'on peut se sauver dans toutes les communions qui ont conservé ces articles : ils rejettent par conséquent l'unité du ministère ou du gouvernement. L'unité de doctrine, dans le sens orthodoxe, consiste dans la croyance, au moins implicite, de toutes les vérités révélées et reçues comme telles dans l'Eglise Catholique. Il n'y a pas de distinction possible à établir entre des articles fondamentaux et d'autres qui ne le seraient pas. Jésus-Christ, en effet, donnant aux apôtres leur mission, ne leur dit pas : « Enseignez aux hommes tels ou tels dogmes indispensables au salut, désignez-leur les articles fondamentaux pour qu'ils puissent les discerner d'avec les autres ». Il veut que les apôtres « annoncent et fassent observer tout ce ce qu'il leur a commandé ». (Saint Matthieu 28, 19, 20). Il leur dit encore : « Prêchez l'Evangile à toute créature ; celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé ; celui qui ne croira pas, sera condamné ». (Saint Marc 16, 15, 16). Il est donc de toute nécessité de croire, non à une partie de l'Evangile, mais à l'Evangile tout entier ; à la doctrine de Jésus-Christ telle qu'elle a été transmise par les apôtres, telle qu'elle nous est enseignée par les évêques leurs successeurs. Enfin, il promet à l'Eglise enseignante son assistance jusqu'à la consommation des siècles sans distinction d'articles ; et il n'admet aucune exception lorsqu'il dit : « Si quelqu'un n'écoute pas l'Eglise, tenez-le pour un païen et un publicain ». (Saint Matthieu 28, 17). Puis, c'est Saint Paul qui atteste qu'il ne peut exister plusieurs doctrines qui puissent conduire au salut : « Quand nous vous annoncerions nous-mêmes, dit-il aux Galates, ou lorsqu'un ange descendu du Ciel vous annoncerait un Evangile différent de celui que vous avez reçu, qu'il soit anathème ». (Galates 1, 9.) Saint Paul ne fait pas plus que Jésus-Christ de distinction entre ce qui est fondamental et ce qui ne l'est pas. Or, serait-il vrai que les hérétiques de tous les temps, et, en particulier, que les sectes sans nombre de la Réforme, toutes opposées les unes aux autres, professassent la doctrine de l'Evangile, telle qu'elle nous a été transmise par les apôtres ? évidemment non : ils ne sont donc pas dans l'unité, ils en sont sortis, et encourent par là même l'anathème de l'apôtre. Terminons par ce passage du disciple bien-aimé, de l'apôtre de la Charité, de saint Jean, en un mot, qui ne laissait pas néanmoins de dire : « Quiconque ne demeure point dans la doctrine de Jésus-Christ, mais qui s'en éloigne, ne possède point Dieu ; et quiconque demeure dans la doctrine de Jésus-Christ possède le Père et le Fils. Si quelqu'un vient à vous et n'a pas cette doctrine, ne le recevez pas dans votre maison, et ne le saluez point, car celui qui le salue participe à ses œuvres perverses ». (2 Jean, 9, 10-11.) Or, qu'est-ce que la doctrine de Jésus-Christ, si ce n'est l'Evangile tout entier, sans y rien retrancher ? Aussi, est-ce cette doctrine que l'Eglise a reçue des apôtres et qu'elle n'a cessé d'enseigner, et c'est pour cela qu'elle est complètement une dans sa doctrine, mais d'une manière bien différente et plus parfaite que ne le sont les protestants.
III. L'unité de la communion, du ministère ou du gouvernement, est le second caractère indispensable de l'unité de l'Eglise. Il consiste dans la soumission aux pasteurs légitimement institués, et principalement au pape, chef visible de l'Eglise. On est hérétique lorsqu'on rejette sciemment une vérité que l'Eglise enseigne comme révélée ; on est schismatique lorsqu'on s'élève contre l'autorité suprême du souverain Pontife, et qu'on rompt l'unité du ministère en se séparant de la communion des pasteurs légitimes l'un et l'autre sont rebelles à l'Eglise et encourent cet anathème prononcé par Jésus-Christ : « Celui qui n'écoute pas l'Eglise doit être traité comme un païen et un publicain ». (Saint Matthieu 10, 17.) L'unité de communion, de ministère ou de gouvernement, est une conséquence nécessaire de l'unité de doctrine Aujourd'hui, plus que jamais, les gouvernements sentent la nécessité de la centralisation, pour qu'il y ai unité d'action et de direction dans leurs affaires comment donc l'Eglise pourrait-elle parvenir à maintenir l'unité de doctrine et l'unité des moyens nécessaires pour la faire observer dans le monde entier, si elle ne possédait l'unité d'action et de direction, c'est-à-dire l'unité de communion, de ministère ou de gouvernement ? Cette unité est la force de l'Eglise ; c'est pour cela que, de tout temps, ceux qui ont été ou qui sont encore les ennemis de la société chrétienne établie par Jésus-Christ, se sont efforcés d'attaquer ce privilège divin qui n'a été accordé qu'à elle seule, et qu'elle n'a jamais cessé de posséder seule aussi depuis dix-huit cents ans. Dès les temps apostoliques l'erreur cherchait à se mêler à la doctrine pure et céleste de l'Evangile, et Saint Paul en avertissant les fidèles des dangers qui les menaçaient, leur signale l'unité des efforts du ministère sacré de l'Eglise, comme le seul moyen de conserver l'unité de la foi. « Dieu, dit-il, a donné à son Eglise quelques-uns pour être apôtres, d'autres pour être prophètes, et d'autres pour être évangélistes, d'autres pour être pasteurs et docteurs, afin qu'ils travaillent à la perfection des saints, qu'ils s'appliquent aux fonctions de leur ministère, et qu'ils édifient le corps de Jésus-Christ, jusqu'à ce que nous parvenions tous à l'unité d'une même Foi et d'une même connaissance du Fils de Dieu... afin que nous ne soyons pas des enfants flottants, et que nous ne nous laissions pas emporter çà et là à tout vent de doctrine, par la malice des hommes, et par leur astuce à nous circonvenir dans l'erreur ». (Ephésiens 4, 11 et ss) Mais comment ce ministère apostolique et pastoral, établi dans l'Eglise de Jésus-Christ pour maintenir l'unité de la Foi, pourrait-il atteindre ce but, s'il ne possédait pas lui-même cette unité, et s'il était permis à chacun de s'ingérer de soi-même, sans mission, dans le gouvernement de l'Eglise ? Quelle garantie resterait-il à l'unité de la foi contre l'erreur, si on pouvait élever autel contre autel, et se séparer des pasteurs, dont le ministère remonte par une succession non interrompue jusqu'aux apôtres ? Saint Paul va jusqu'à mettre les divisions, les schismes, sur le même rang que les œuvres de la chair, qui excluent du royaume des cieux. (Cf. Galates 5, 19 et ss). L'esprit des apôtres est passé à leurs successeurs ; et de tout temps les évêques, les pères et les docteurs ont insisté sur la nécessité absolue d'être soumis aux pasteurs légitimes, excluant du salut éternel ceux qui se séparent de la communion de l'Eglise. L'Eglise catholique et apostolique, fondée par Jésus-Christ, possède donc seule l'unité de doctrine et de ministère ; aussi, est-ce à elle seule que Jésus-Christ a dit : « Voilà que je suis avec vous jusqu'à la consommation des siècles ».
Élévation sur l'unité de l'Eglise
I. Que seraient devenus les hommes, ô divin Maître, si vous les aviez abandonnés à leur faible raison, à leur jugement personnel, au milieu des erreurs sans nombre qui surgissent de toute part ? Vous qui veniez sur la terre pour réparer les suites funestes du péché de notre premier père, ne deviez-vous pas dissiper les ténèbres de l'ignorance, au moins en ce qui regarde notre fin dernière ou notre salut éternel ? Et n'est-ce pas pour cela que vous vous êtes annoncé comme étant la lumière véritable destinée à éclairer tout homme qui vient en ce monde ? C'est ce que vous avez fait, ô mon Sauveur, pendant tout le temps de vos prédications. Mais, pour que la vérité ne fît jamais naufrage, après votre retour dans la gloire de votre Père, vous avez fondé un corps enseignant auquel seul vous avez confié le dépôt de votre doctrine, et vous lui avez accordé le privilège divin de l'infaillibilité, pour qu'il jugeât en dernier ressort du sens véritable de vos oracles. Vous avez établi l'Eglise, et vous l'avez chargée de cette sublime mission. Or, si l'Eglise a été fidèle à ce divin mandat, elle a dû conserver scrupuleusement la doctrine sacrée qu'elle a reçue de votre bouche, et la répandre au loin dans toute sa pureté, et telle que vous la lui avez enseignée. C'est, en effet, ce qu'elle a heureusement accompli ; et c'est pour cela que son enseignement, ayant toujours été le même dans tous les siècles, est marqué au sceau de l'unité. Grâces vous soient rendues, ô mon Dieu, de ce que vous avez daigné donner au monde un sanctuaire où la vérité fut toujours à l'abri de tous les vents de l'erreur, un organe immortel de la science divine du salut, qui, malgré la diversité des langues, et les modifications incessantes qui se succèdent dans le langage d'une même nation, ne permet pas que la saine doctrine subisse aucune altération. Je comprends maintenant pourquoi la sainte Eglise, qui veille avec tant de sollicitude sur la conservation parfaite du précieux dépôt de la foi, a voulu adopter, pour exprimer sa pensée et ses jugements en cette matière délicate, une langue presque immuable parce qu'elle n'est plus d'un usage populaire, et que les règles en sont irrévocablement fixées. Oui, c'est ainsi que le latin est devenu la langue universelle et presque unique de l'Eglise : l'unité de langue devenait encore une garantie nouvelle de l'unité de la doctrine qu'elle devait enseigner.
II. Plus on médite votre sainte parole. Seigneur, et plus notre intelligence s'illumine de vos divines clartés ! Puisque votre parole est immuable, puisque le ciel et la terre passeront, mais qu'elle ne passera pas, elle est donc aujourd'hui ce qu'elle a été dans tous les temps, depuis que vous avez bien voulu l'apporter au monde et la lui faire entendre. Mais, comme c'est cette parole céleste qui a établi l'auguste ministère qu'exerce la sainte Eglise, il s'ensuit nécessairement que ce ministère divin n'a jamais pu être fondé sur d'autres bases que sur celles que vous aviez vous-même posées, ni s'écarter des principes que vous lui aviez donnés ; s'il n'en était ainsi, votre doctrine, qui est parvenue intacte jusqu'à nous, en serait l'éclatante condamnation. Et pourtant, qui est-ce qui nous a conservé cette doctrine sans tache, sans l'ombre d'altération ? Qui est-ce qui nous l'enseigne ? N'est-ce pas le ministère sacré de la sainte Eglise ? Une dans sa doctrine, elle est donc une aussi dans son ministère : quoi de plus rationnel, de plus logique ? Aussi, quelle facilité pour l'enseignement de ce qu'il importe nécessairement à l'homme de connaître pour être sauvé ! De père en fils les mêmes vérités se transmettent aisément aux esprits les moins favorisés de la nature ; le même ministère s'exerce en tout temps, en suivant les mêmes principes et les mêmes usages : comment ses actes ne se graveraient-ils pas dans les intelligences les plus grossières ! Les âmes élevées n'y trouvent pas moins pour cela le plus vaste champ qui fut et qui sera jamais, Ã leurs profondes et sublimes méditations. Tous les cœurs sont consolés et nourris abondamment dans tous les temps et dans tous les lieux par cet unique aliment des vérités saintes, qui leur est distribué par cet unique ministère qui est comme Dieu, dont il est le digne instrument, toujours ancien et toujours nouveau. C'est la manne du désert toujours tombant des cieux, et qui sous une forme unique satisfaisait tous les goûts et pourvoyait largement à tous les besoins. Hélas ! Ô mon Dieu ! aujourd'hui comme au temps du peuple de Dieu, il y a des hommes sensuels et inconstants qui sous prétexte de progrès, voudraient du nouveau, et qui murmurent contre vous, en se plaignant de la monotonie de la nourriture céleste que vous leur envoyez ; ils voudraient, non plus un aliment surnaturel pour leur âme, ils le trouvent trop léger, mais quelque chose de matériel qui pût satisfaire leurs sens affamés, comme aux siècles du paganisme et de la barbarie : c'est ainsi qu'ils entendent le progrès.
III. L'unité, Seigneur, vient de vous qui êtes essentiellement un, et c'est pour cela que l'on ne peut rien imaginer de plus parfait. Aussi, se trouve-t-elle dans la nature même de l'homme, comme une loi primitive et générale, à laquelle chacun se sent pressé d'obéir, croyant trouver la félicité dans son accomplissement. Si nous nous contemplons nous-mêmes, nous voyons tous nos organes contribuant à un but unique, la conservation de la vie. Nous retrouvons bien dans notre être une double substance, l'une matérielle qui est le corps, l'autre spirituelle qui est l'âme, dont l'union intime est l'un des plus profonds mystères ; mais, toujours en vertu de la loi de l'unité l'une commande à l'autre, et l'âme dirige les efforts de toutes ses facultés et de celles du corps, dont elle est la reine, vers un seul but : le bonheur. C'est encore la puissance reconnue de cette loi qui a porté les hommes à s'associer, soit pour s'entre aider et faciliter leurs moyens d'existence, soit pour accomplir des œuvres qu'ils n'auraient jamais pu exécuter tout seuls. De là cet adage : « L'union (ou l'unité) fait la force ». Pourquoi, dans tous nos gouvernements, la centralisation joue-t-elle un si grand rôle ? Pourquoi les conquêtes, les annexions qui font de plusieurs Etats un seul empire ? Sans doute l'ambition y a sa part, mais la tendance invincible à l'unité y a bien aussi la sienne. Aussi tous les grands génies ont-il rêvé de réunir tous les peuples sous un seul sceptre. Mais, ô mon Dieu, vous ne le permettrez jamais ; il n'appartient qu'à vous d'être le Roi de toutes les nations de la terre et de régner sur tous les cœurs : faut-il donc s'étonner que vous ayez donné à votre Eglise, chargée de vous représenter et d'agir ici-bas en votre nom, l'empire de l'univers entier : « Allez, enseignez toutes les nations » ; et comme cet empire doit durer jusqu'à la consommation des siècles, est-il surprenant que vous ayez armé cette Eglise du pouvoir irrésistible de l'unité ? Pouvoir tout à la fois invincible et plein d'une ineffable douceur, qui fait de tous les fidèles répandus sur la terre une seule et unique famille, un seul et même esprit, un seul et même cœur. Soyez à jamais béni. Seigneur, d'avoir ainsi pourvu votre Eglise de cette unité sainte réunit la charité et la force : une force supérieure lie de tous les hommes et même à celle de l'enfer, qui est par conséquent de nature à mettre la sécurité dans toutes les âmes qui se réfugient dans le sein votre Epouse bien-aimée ; une Charité toute céleste est elle-même le lien indissoluble de l'unité, et répand dans les cœurs de tous vos enfants les effusions délicieuses de votre divin amour.
Je crois en Dieu...
Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !
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Le Mois de Saint Pierre
Le Mois de Saint Pierre
ou dévotion à l'Eglise et au Saint Siège
Vingtième jour
L'apostolicité de l'Eglise
Notre Père... Je vous salue Marie...
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Nous avons déjà médité sur les dogmes, les mystères et la morale de la doctrine évangélique. Il importe maintenant de méditer sur l'apostolicité de la doctrine et du ministère de l'Eglise, c'est-à-dire, de bien comprendre comment la doctrine évangélique que les apôtres ont prêchée, est encore et sera toujours transmise dans toute sa pureté par l'Eglise, et comment le ministère qu'exerce aujourd'hui l'Eglise et qu'elle exercera jusqu'à la consommation des siècles, est et sera toujours le même que celui des apôtres.
I. L'Eglise a trois moyens de faire connaître et de répandre la doctrine évangélique qu'elle a reçue des apôtres : les livres saints ou l'Ecriture sainte, la tradition et la prédication :
1° les livres saints qui renferment l'ancien et le nouveau Testament. Les livres de l'ancien Testament ont été conservés jusqu'à nos jours tels que les Juifs les avaient transmis aux apôtres, puisque ceux qui sont entre nos mains sont en tout semblables à ceux que les rabbins eux-mêmes possèdent encore aujourd'hui. Que les livres du nouveau Testament soient essentiellement les mêmes que ceux qui sont sortis de la main des apôtres, c'est sur quoi il est impossible d'élever le moindre doute. Pour s'en convaincre il suffit de se rappeler que les apôtres et les disciples de Jésus-Christ se répandirent dans les diverses régions du monde connu ; que partout il se forma des Eglises chrétiennes gouvernées par les pasteurs qu'ils y établirent; que la doctrine qu'ils avaient prêchée fut consignée par eux dans des écrits, et que ces écrits furent disséminés dans toutes les églises. Ces livres sont dès lors révérés comme divins ; les copies s'en multiplient à l'infini. Les Pères en expliquent le texte sacré de siècle en siècle. Comment serait-il possible que des erreurs essentielles eussent pu se glisser dans des livres aussi répandus, aussi connus, respectés au point de voir les martyrs donner leur vie pour soutenir la divinité de la doctrine qu'ils renferment ? Dans des livres, où se trouvent réunis le dogme et la morale de toute la religion chrétienne, et par conséquent toutes les règles de conduite observées par les chrétiens de tous les temps ? Au reste, l'Eglise chargée du dépôt sacré des livres saints a toujours veillé avec le soin le plus scrupuleux à ce que l'intégrité la plus parfaite y fût conservée, et le saint concile de Trente en est une preuve irréfragable.
2° Les apôtres n'ont pas écrit et n'ont pas eu l'intention d'écrire tout ce que Notre-Seigneur Jésus-Christ a dit, ni tout ce qu'il a fait, ni tout ce que le Saint-Esprit leur a révélé ; saint Jean nous en avertit lui-même lorsqu'il dit, à la fin de son Evangile : « Jésus a fait encore beaucoup d'autres choses : si elles étaient écrites, je crois que le monde entier ne pourrait contenir la quantité de livres qu'il faudrait employer pour les y consigner » (Saint Jean, 21, 25) ; et dans sa seconde épître il s'exprime ainsi : « J'aurais encore plusieurs choses à vous écrire, mais je n'ai pas voulu les confier à l'encre ni au papier ; j'espère que je serai bientôt auprès de vous, et que je vous les dirai de vive voix » (2 Jean, 12.) Cette doctrine révélée que les apôtres ont enseignée de vive voix s'appelle parole de Dieu non écrite ou tradition, c'est-à-dire, doctrine transmise de main en main , et toujours reçue dans l'Eglise. Les successeurs des apôtres, les pères de l'Eglise, nous ont transmis dans leurs écrits cette doctrine, qu'ils avaient apprise d'eux de vive voix. Lorsque leur sentiment est unanime sur un point, on en conclut avec raison qu'ils tiennent cette doctrine des apôtres, qu'elle est également la parole de Dieu, comme ce qui est écrit dans les livres saints. Le saint concile de Trente, représentant l'Eglise universelle, met sur le même rang les saintes Ecritures et les traditions non écrites touchant la foi et les mœurs, comme ayant été reçues par les apôtres de la bouche de Jésus-Christ même, ou annoncées par eux sous l'inspiration directe du Saint-Esprit, et étant parvenues jusqu'à nous par la succession non interrompue de l'enseignement de l'Eglise catholique; puis, il déclare anathème quiconque a la témérité de rejeter ces traditions. (Sess. IV). Les protestants eux-mêmes sont forcés de recourir à l'autorité de la tradition, pour fixer le vrai sens des Ecritures sur les mystères de la Trinité et de l'Incarnation, pour reconnaître l'inspiration des livres saints, le précepte de la sanctification du dimanche, etc. Enfin, les sources de la tradition apostolique sont la croyance ou la pratique générale et constante de l'Eglise catholique ; la liturgie prise dans son acception la plus étendue ; les écrits des pères, des papes, des évêques ; et l'autorité de l'Eglise qui, assistée du Saint-Esprit, discerne infailliblement la vérité de l'erreur.
3° Mais, si la sainte Ecriture et la tradition pouvaient et devaient servir de base à l'enseignement de l'Eglise, elles ne suffisaient pas toutefois à la propagation de la foi catholique; aussi le Sauveur, après avoir prêché Lui-même, a-t-il recommandé à ses apôtres de prêcher à leur tour à toutes les nations, et de leur enseigner ainsi tout ce qu'il leur avait appris. Et comme dans la prédication on ne fait autre chose que développer les vérités renfermées dans l'Ecriture et dans la tradition, il en résulte que, quant au fond et quant à la forme, la prédication de l'Eglise est apostolique. L'enseignement par la prédication est tellement une nécessité pour répandre l'instruction religieuse et pour attirer les âmes à la Foi, que les protestants eux-mêmes, inconséquents avec leur propre principe, que la Bible et rien que la Bible suffit à chaque fidèle, ne laissent pourtant pas de convoquer ceux de leur secte aux discours qu'ils font dans leurs prêches, et de leur imposer l'explication qu'ils donnent de l'Ecriture ; d'après eux pourtant, chacun est suffisamment inspiré par l'esprit de Dieu pour interpréter les livres saints, et être infaillible relativement au sens qu'il lui donne. L'Eglise est donc apostolique dans sa doctrine.
II. L'Eglise est encore apostolique quant au ministère qu'elle exerce : tous les catholiques soutiennent, contre les schismatiques, que la véritable Eglise est celle dont les pasteurs sont les successeurs légitimes des apôtres. L'apostolicité du ministère consiste donc dans la succession non interrompue des évêques sur les sièges fondés par les apôtres ou par leurs successeurs légitimes. On distingue dans le ministère apostolique deux genres de pouvoirs qui émanent des apôtres, et que ceux-ci avaient reçus de Jésus-Christ. L'un est le pouvoir d'ordre, qui est inhérent au caractère épiscopal, et qui s'est perpétué par l'ordination, dont le rit a été déterminé par Notre-Seigneur. Les apôtres ont ordonné les premiers évêques, ceux-ci en ont ordonné d'autres, et ainsi de suite ; de sorte que les évêques de nos jours ont reçu le même caractère, le même pouvoir d'ordre qu'avaient reçus les premiers successeurs des apôtres. Quiconque n'a pas été ordonné, ou ne l'a été que par quelqu'un qui n'était point évêque, ne peut participer au ministère apostolique. Le pouvoir en vertu duquel on peut exercer le pouvoir d'ordre, et prendre part au gouvernement de l'Eglise, est le pouvoir de juridiction ; il naît de l'institution canonique, dont le mode est déterminé par les lois ecclésiastiques émanées des souverains pontifes, ou du moins sanctionnées par eux, en leur qualité de chefs de l'Eglise. Par cette institution, chaque évêque reçoit la juridiction qu'avaient ceux qui les ont précédés, en remontant jusqu'aux apôtres. Les nouveaux évêchés, qui sont érigés par les successeurs des apôtres, sont aussi apostoliques que ceux qu'établissaient les apôtres eux-mêmes, puisqu'ils sont fondés comme les premiers par la puissance apostolique... Le ministère apostolique qui se perpétue par la succession des évêques, comme une propriété spéciale de l'Eglise de Dieu, est une marque qui distingue celle-ci de toutes les sociétés schismatiques. Ce divin ministère a été établi par Jésus-Christ, pour qu'il se perpétuât jusqu'à la consommation des siècles : « Toute puissance, leur dit-il, m'a été donnée dans le ciel et sur la terre... Comme mon Père m'a envoyé, je vous envoie » (Saint Matthieu 28, 19 ; Saint Jean 20, 21). Puis, en conférant à ses apôtres la mission qu'il avait reçue de son Père, il les revêt des pouvoirs nécessaires pour l'accomplir, du pouvoir de prêcher l'Evangile, d'enseigner toutes les nations, d'administrer les sacrements ; et il donne à Pierre, en particulier, le pouvoir de gouverner toute l'Eglise, avec l'autorité de paître les agneaux et les brebis, c'est-à-dire les fidèles et les pasteurs : il confère aussi ces mêmes pouvoirs aux successeurs des apôtres, puisqu'il s'agit d'une mission qui ne doit finir qu'avec le monde, et que, d'ailleurs, il leur promet lui-même son assistance jusqu'à la fin des temps. L'apôtre Saint Paul parle aussi du ministère apostolique comme étant institué de Dieu pour le maintien de la vraie doctrine contre l'erreur, et par conséquent comme d'un ministère qui doit durer autant que l'Eglise. (Ephésiens 4, 11). C'est pourquoi le même apôtre a établi par l'imposition des mains Timothée évêque d'Ephèse, et Tite évêque de Crête, en les chargeant de garder le dépôt de la foi, et de perpétuer leur ministère par l'établissement d'autres pasteurs. (Tite 1, 5). C'est au reste l'enseignement des Pères et de toute la tradition. Il faut toutefois remarquer ici, que, pour que le ministère soit apostolique, il faut non-seulement que le pouvoir d'ordre ait été conféré par des évêques successeurs des apôtres, mais il faut encore que le pouvoir de juridiction ait été donné selon les règles canoniques établies par l'Eglise. De là cette décision solennelle du saint concile de Trente : « Tous ceux qui osent s'ingérer dans l'exercice du saint ministère, de leur propre autorité, ou qui n'y ont été appelés que par le peuple ou par la puissance séculière et par les magistrats, ne sont pas des ministres de l'Eglise, mais des voleurs et des larrons qui ne sont pas entrés par la porte (Sess. XXIII, c. 4). Anathème à celui qui dira que ceux qui n'ont été légitimement ordonnés ni envoyés par la puissance ecclésiastique et canonique, mais qui viennent d'ailleurs. sont de légitimes ministres de la parole et des sacrements ». ( Sess. XXIII, c. VII.) Ainsi, pour reconnaître si un évêque a le pouvoir apostolique d'exercer son Ministère, il faut examiner si celui dont il a reçu l'ordre et celui qui lui a conféré la juridiction remontent, par une chaîne non interrompue de translation de pouvoirs, jusqu'aux apôtres.
Élévation sur l'apostolicité de l'Eglise
I. Depuis dix-huit cents ans, ô mon Dieu, vous nous avez conservé dans toute sa pureté la sainte doctrine que vous êtes venu apporter au monde, et que vos apôtres ont prêchée à leur tour à toutes les nations. En vain le père du mensonge s'est-il plu à répandre l'erreur, à soulever les passions, à allumer le feu des persécutions, même dès le berceau de l'Eglise ; en vain au seizième siècle l'une des plus redoutables hérésies a-t-elle bouleversé l'Europe ; en vain la philosophie du dix-huitième siècle a-t-elle employé tour à tour la fourberie, le mensonge, le sarcasme, le ridicule et jusqu'à la force brutale : la vérité est restée intacte au sein de votre Eglise. Les hérésiarques, les philosophes et les tyrans ont passé, mais vos paroles n'ont point passé.Votre Evangile nous est resté tel que nous l'ont transmis vos apôtres et leurs successeurs. La séduction a fait et fait encore, sans doute, d'innombrables victimes dont nous déplorons amèrement la perte ; mais, malgré tous les efforts de l'enfer, votre parole dévie est encore prêchée parmi nous, et chaque jour de nouveaux ouvriers évangéliques surgissent de toutes parts pour aller l'annoncer aux contrées les plus lointaines, et pour la répandre au prix même de leur propre sang. Et si l'Europe, fière du progrès de ses lumières, s'obstine à repousser les rayons divins du Soleil de vérité, afin de se bercer et de s'enivrer dans les délices d'une liberté trompeuse qui est celle du mal, elle finira par retomber dans la barbarie ; tandis que la doctrine apostolique, poursuivant la série de ses victoires dans l'univers entier qui lui a été donné en partage, fera briller son céleste flambeau aux yeux des peuples qui dorment encore à l'ombre de la mort, et leur apportera la vérité et la vie. Elle quittera la terre ingrate qui l'aura dédaignée, mais elle la quittera pour son malheur ; et elle ira féconder de sa bienfaisante chaleur des cœurs plus fidèles et plus dociles. Oh! Seigneur, éloignez de notre patrie ce terrible châtiment, éloignez-le de moi surtout ; et ne souffrez pas que jamais il s'élève dans mon âme une seule pensée réfléchie qui soit en opposition avec ce don précieux de la foi que vous avez daigné m'accorder préférablement à tant d'autres. Si vous trouvez parmi nous si peu de disciples de bonne volonté, ce n'est pas qu'ils puissent, pour la plupart, ignorer de bonne foi la sainteté de votre doctrine ; les livres sacrés sont assez répandus, la tradition est assez connue; votre divine parole retentit assez, à temps et à contre-temps, selon l'expression de l'apôtre, pour qu'il soit facile aux intelligences même les moins élevées et les moins cultivées d'être parfaitement instruites de tout ce qui est nécessaire au salut. Ce ne sont ni les mystères , ni la sublimité de votre enseignement qui effrayent et éloignent les esprits. Il faut le dire à notre honte, ô mon Dieu, c'est l'austérité de votre loi, ce sont les sacrifices qu'elle impose, c'est le détachement des richesses, la chasteté et la mortification, l'humilité qu'elle commande : voilà ce qui lui suscite tant d'adversaires et d'ennemis, voilà le secret des schismes, des hérésies, et de toute l'impiété moderne ! Eh bien ! Seigneur, voilà aussi ce qui affermit ma foi ; car les hommes n'auraient jamais imaginé une doctrine qui est la mort de leurs passions, et si essentiellement opposée à la corruption humaine ; et pour qu'elle ait pu, malgré cela, faire sans cesse de si nombreux prosélytes dans toutes les classes de la société, pendant dix-huit cents ans, il faut convenir que Jésus-Christ seul a pu en être l'auteur, et que par conséquent elle est apostolique.
II. Mais, ô divin Maître, si nous admettons que la doctrine de votre Eglise remonte aux temps apostoliques, et par là même jusqu'à vous, ne faudrait-il pas convenir aussi que ceux qui en ont reçu le dépôt, et qui s'efforcent de la faire connaître et de la répandre dans le monde entier, remplissent un ministère aussi ancien et aussi divin que cette doctrine elle-même ? Quelle paix pour la conscience, quelle consolation pour le cœur d'un chrétien qui peut se dire : les prêtres qui m'instruisent ont été envoyés par mon évêque ; mon évêque a reçu la consécration par des évêques en communion avec la sainte Eglise, et par conséquent successeurs des apôtres ; il a reçu sa mission ou sa juridiction du Souverain Pontife successeur de Pierre ; il est dépositaire de la doctrine apostolique, puisque c'est celle qu'il me fait enseigner : donc le ministère qu'il exerce pour me conduire au salut est le même que celui des apôtres, c'est-à-dire apostolique et par conséquent divin ! Que les hommes fiers de leurs ancêtres établissent des arbres généalogiques pour remonter à grand peine jusqu'au douzième siècle au plus ; qu'ils y retrouvent avec bonheur et orgueil quelque fier-à-bras qui se soit illustré et dont ils réclament à grands cris l'illustre parenté ; pour moi, chrétien avant tout, je puis lire sans tant de peine la longue liste des souverains Pontifes qui ont depuis dix-huit siècles occupé, sans interruption morale, la Chaire de saint Pierre, et remonter ainsi jusqu'au jour où Jésus-Christ dit à celui qu'il établissait le chef de son Eglise : « Paissez mes agneaux, paissez mes brebis... Tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel, tout ce que vous délierez sera délié... » et jusqu'au jour aussi où le Sauveur dit également à ses apôtres : « Allez, enseignez toutes les nations, baptisez-les au nom du Père, du Fils, et du Saint-Esprit, et apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé... » Et je suis fier à mon tour, à bien plus juste titre, d'avoir pour pasteur un véritable descendant des apôtres, qui m'enseigne les mêmes vérités que les apôtres enseignaient, et qui exerce vis-à-vis de moi le même ministère que celui que Jésus-Christ avait confié aux douze premiers évêques qu'il avait choisis lui-même et qu'il avait consacrés de ses propres mains. Que je plains, ô mon Dieu, les schismatiques, les hérétiques et tous ceux qui vivent loin de la vérité à l'ombre de l'erreur ! Ne pourrions-nous pas leur dire : Montrez-nous votre origine, vous qui voulez avoir chez vous la sainte Eglise? Vous pourrez nous citer Jansénius, Calvin, Luther, Pholius, mais vous serez forcés de vous arrêter là où l'homme a séparé la branche du tronc sacré de l'Eglise ; et c'est cet homme qui vous a donné son nom ! Vous n'êtes donc pas chrétiens, puisque vous ne remontez pas jusqu'aux apôtres, et par conséquent jusqu'au Christ, dont nous tenons cette glorieuse qualification. N'êtes-vous pas comme des fils sans père, comme des disciples sans maître ; ou plutôt celui que vous regardez comme votre père et votre maître, n'est-il pas comme un successeur sans prédécesseur, comme un pasteur sans mission ? D'où vient sa doctrine, et qui lui a donné le droit de vous arracher aux entrailles du Père céleste, qui est dans les cieux, pour faire de vous ses propres enfants ? Pauvres frères égarés ! Combien nous vous plaignons ! Non, nous n'avons jamais éprouvé pour vous ni mépris, ni indignation, ni ressentiment ; mais nous vous portons, avec la Sainte Eglise, une compassion pleine de charité, et notre vœu le plus ardent c'est que Dieu ouvre enfin vos yeux à la vérité. Pour nous. Seigneur, nous ne saurions assez bénir votre miséricordieuse providence qui nous a fait naître au sein de cette Eglise apostolique, qui, par son auguste ministère, nous a reçus dès notre naissance au nombre de ses enfants, et nous a nourris du lait de son antique et divine doctrine.
Je crois en Dieu...
Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !
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Le Mois de Saint Pierre
Le Mois de Saint Pierre
ou dévotion à l'Eglise et au Saint Siège
Dix-neuvième jour
La Catholicité de l'Eglise
Notre Père... Je vous salue Marie...
Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !
I. L'Eglise est catholique ou universelle sous tous les points de vue. L'universalité est une conséquence nécessaire de sa nature même. L'Eglise, en effet, n'est autre chose que le gouvernement visible établi sur la terre par Dieu lui-même pour conduire les hommes à leur fin dernière, c'est-à-dire, pour leur apprendre à connaître, à aimer et à servir l'Etre suprême, leur Créateur, leur souverain Seigneur, et mériter par ce moyen les récompenses de la vie future et éternelle. Or, comme tous les hommes, sans exception, sont destinés à cette fin, et n'ont été créés que pour y parvenir, il en résulte que l'action de l'Eglise, ou du gouvernement visible de Dieu ici-bas, doit s'exercer sur tous les individus comme sur tous les peuples : l'Eglise doit donc être universelle ou catholique. On le voit, ce caractère est essentiel et inhérent à sa mission ; c'est pour cela que Jésus-Christ dit à ses apôtres : « Allez, enseignez toutes les nations, et baptisez-les au Nom du Père, du Fils, et du Saint-Esprit ; et apprenez-leur à pratiquer tout ce que je vous ai enseigné », (Matthieu 28, 19, 20). Dieu, notre souverain Maître, a le droit incontestable de dicter des lois à tous les hommes et à tous les peuples, et d'exercer sur eux une action universelle et sans limites ; l'Eglise, qui est son pouvoir exécutif, est donc revêtue de la même prérogative ; et c'est pour cela, qu'ayant le droit et même le devoir de se mêler à tous les actes humains, pour les soumettre à sa salutaire influence, comme nous le disions dans la cinquième méditation, elle est nécessairement catholique ou universelle. Les hommes, sans doute, peuvent résister à cette influence ; ils peuvent même secouer entièrement le joug que l'Eglise leur impose, et se révolter ouvertement contre elle, mais ils ne pourront jamais la dépouiller des droits qu'une autorité inattaquable, celle de Dieu-même, lui a conférés.
II. Aussi, comme l'action que Dieu a voulu exercer sur les hommes par son Eglise a commencé à se produire dès l'origine des temps, qu'elle s'est perpétuée sans interruption jusqu'à nous, d'abord par les patriarches, puis par Moïse, par les rois, par les juges, par les prophètes et par la hiérarchie établie définitivement sous la loi Evangélique ; et qu'elle continuera à s'exercer ainsi, malgré tous les efforts de l'impiété, jusqu'à la consommation des siècles, la catholicité de l'Eglise s'étend à tous les temps. L'Eglise est encore catholique en ce sens qu'elle enseigne toutes les vérités que Jésus-Christ lui-même a enseignées par ses apôtres, et qu'aucune de ces vérités n'a cessé d'être comptée au nombre de ses dogmes, depuis qu'elle en a reçu le dépôt ; parce que les hommes sont et seront toujours ce qu'ils ont été, c'est-à-dire, aussi sujets à l'erreur en ce qui regarde leurs intérêts éternels, aussi portés au mal et aussi faibles dans l'accomplissement de leurs devoirs ; et que, par conséquent, toujours il sera nécessaire de faire briller à leurs yeux la même lumière divine par laquelle le Seigneur daigne éclairer leurs pas dans la voie du salut. Enfin, l'Eglise est catholique quant aux lieux, en ce qu'elle est répandue simultanément, en vertu de la nature même de son institution, dans la plus grande partie des régions connues; en ce qu'elle est constamment plus répandue que chacune des sociétés séparées de sa communion. Jamais aucune secte n'a été et ne sera, nous ne disons pas plus nombreuse, mais aussi nombreuse que l'Eglise de Jésus-Christ ; les prophètes, le Sauveur du monde, les apôtres, les pères et les docteurs de tous les temps, s'accordent à nous représenter l'Eglise comme devant être constamment universelle sans cesser d'être une ; à la différence des Protestants, qui, par Eglise catholique, entendent la réunion de toutes les sociétés chrétiennes qui admettent les articles fondamentaux réduits à leur plus simple expression, et qui diffèrent néanmoins entre elles sous une multitude de points de vue de la plus haute importance. Comment peut-on, d'ailleurs, appeler Eglise l'amas de plusieurs sectes, qui, loin d'avoir entre elles aucune union, se regardent les unes comme hérétiques, les autres comme idolâtres, et qui se disent toutes mutuellement anathème ?
III. L'universalité de l'Eglise quant aux lieux, c'est-à-dire son expansion simultanée dans la plus grande partie de l'univers connu, est une conséquence naturelle de son institution. Destinée à éclairer et à régir tous les peuples de la terre et toutes les générations qui se succèdent, elle devait, pour pouvoir atteindre ce but, trouver dans l'homme des dispositions naturelles qui fussent en harmonie avec l'organisation et la mission célestes qu'elle avait reçues de son Divin Fondateur. Le Sauveur, en effet, n'ayant fait son Eglise que pour le service de l'humanité et afin de la conduire au salut, a calqué en quelque sorte la nature même de sa hiérarchie et l'économie de ses fonctions, sur celle de la famille humaine. Lui-même a voulu être le père de la famille chrétienne, l'Eglise ou ses ministres en sont la mère, tous les fidèles sont des frères. Comme père, il impose des lois à ses enfants, la mère est chargée de les promulguer et de veiller à ce qu'elles soient fidèlement observées. Elle exhorte les fils rebelles au respect et à la soumission ; sans cesse elle remplit les fonctions de médiatrice entre les enfants ingrats et le père justement irrité. Elle plaide la cause des premiers, elle apaise par ses ferventes prières la sévérité de son Epoux, elle réconcilie et bénit. Elle s'efforce d'entretenir la plus tendre affection entre tous les membres de cette immense famille, en cimentant leur union par les liens de la Divine Charité. Comment s'étonner maintenant si l'Eglise réunit à tant d'autres caractères qui révèlent sa céleste origine, celui de l'universalité, puisque la nature de son organisation, et jusqu'aux sentiments les plus délicats et les plus généreux qui l'animent, se trouvent déjà universellement répandus dans la famille, et par conséquent dans toutes les sociétés qui couvrent la surface du globe ? C'est ce qui explique en partie, comment il a été plus facile à l'Eglise de Jésus-Christ, qu'à toutes les sectes qui s'en sont séparées, de l'emporter par le nombre de ses conquêtes, et de pouvoir revendiquer avec justice pour elle seule le titre divin de catholique.
Élévation sur la Catholicité de l'Eglise
I. Le péché d'origine avait jeté un voile funèbre sur toute la terre. Le soleil de la vérité s'était caché sous des nuées obscures et semblait s'être retiré à jamais dans le secret de son sanctuaire. L'ignorance la plus profonde régnait depuis quatre mille ans parmi les hommes, au point de vue de leurs intérêts éternels. La Judée seule, qui abritait le peuple que Dieu s'était choisi entre tous les peuples, avait conservé la connaissance du vrai Dieu, et nourrissait l'espérance de la rédemption future. Ses prophètes annonçaient avec joie le moment heureux où le genre humain tout entier recevrait les lumières divines et serait éclairé par le Sauveur, qui, semblable à l'astre des jours, devait inonder toute la terre de l'éclat de ses célestes rayons. « Le Messie, disait le Saint Roi David, aura les nations pour héritage, et les extrémités de la terre pour possession ». (Psaume 2) « Il dominera d'une mer jusqu'à l'autre, et du fleuve jusqu'aux limites de l'univers ». (Psaume 61). « Tous les rois de la terre l'adoreront ; toutes les nations lui obéiront ». « Tous les peuples de la terre se convertiront au Seigneur ; toutes les familles des nations se prosterneront devant lui ». (Psaume 21). Isaïe, parlant au nom de Dieu au Rédempteur du monde, s'écriait : « Voilà que je t'ai établi la lumière des nations, pour que tu portes le salut qui vient de moi jusqu'aux extrémités de la terre ». (Isaïe 49). Malachie, à son tour, donnait à entendre la diffusion de l'Eglise de Jésus-Christ sur toute la terre, par opposition avec l'Eglise Judaïque qui n'était que pour la Judée : « Je ne mets plus en vous ma volonté, disait aux Juifs le Seigneur des armées, et Je ne recevrai plus de dons par vos mains, car, du levant jusqu'au couchant, mon nom est glorifié par toutes les nations ; et en tout lieu on offre et on sacrifie en Mon Nom une oblation pure ». (Malachie 1). C'est ainsi, Seigneur, que Vous annonciez au monde étonné l'étendue de vos miséricordes, et comment votre Eglise, pour en être l'instrument, devait être catholique et établir son règne sur l'univers entier !
II. Vous-même, ô Divin Sauveur, vous rappeliez à vos apôtres que ces prophéties devaient s'accomplir en vous : « Ainsi il est écrit, leur disiez-vous, ainsi il a fallu que le Christ souffrit et qu'il ressuscitât le troisième jour d'entre les morts, et qu'en son nom la pénitence et la rémission des péchés fussent prêchées dans toutes les nations, en commençant par Jérusalem ». (Luc 24, 47). « Allez dans le monde entier ; prêchez l'Evangile à toute créature ». (Marc 16, 18.) « Vous recevrez la vertu de l'Esprit Saint, qui descendra sur vous ; et vous Me servirez de témoins dans Jérusalem, dans la Judée, dans la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre ». (Actes des Apôtres 1, 8). Je comprends, après de semblables paroles, que les apôtres aient annoncé l'Evangile et établi des Eglises dans toutes les contrées qu'ils ont pu parcourir, sans distinction de peuples ou donations. Aussi, saint Paul écrivait-il aux Romains qu'il avait reçu la grâce de l'apostolat pour soumettre toutes les nations à la Foi, au nom de Jésus Christ (Romains 1, 5), ajoutant que la foi qu'il leur prêchait s'était répandue dans tout le monde. (Romains 8). Il fallait bien, en effet, que les apôtres eussent appris de vous, ô mon divin Maître, que votre Eglise devait être catholique, pour s'expliquer leur zèle, les nombreux voyages qu'ils ont entrepris, les dangers de toute espèce qu'ils ont courus sur terre et sur mer, tous les travaux en un mot qu'ils ont entrepris pour la propagation de l'Evangile. Et ce qui lèverait tous les doutes à ce sujet, s'il en pouvait exister, ce serait cet article qu'ils ont inséré dans le symbole de leur Foi, et dont ils exigeaient la profession de la part des premiers chrétiens : « Je crois à la Sainte Eglise catholique. C'est encore cette même foi à la catholicité de l'Eglise de Jésus-Christ qui me révèle le secret de cette ardeur infatigable qui n'a cessé d'animer dans tous les temps, depuis dix-huit siècles, des milliers d'ouvriers évangéliques, qui n'ont pas craint d'affronter toutes les souffrances et même la mort, pour aller porter dans les contrées les plus lointaines les bienfaits du christianisme.
III. Vos apôtres. Seigneur, avaient à peine rendu le dernier soupir au milieu des tourments du martyre, que déjà votre Eglise était répandue dans tout le monde connu : les uns avaient porté l'Evangile dans l'Orient et jusque dans les Indes, d'autres au sein de la civilisation grecque et Egyptienne, à Athènes, à Alexandrie ; Saint Pierre avait choisi l'Occident pour le champ de ses travaux et avait envoyé des missionnaires dans les Gaules, en Espagne et jusqu'en Afrique. Aussi Tertullien, qui vivait au troisième siècle depuis l'établissement du christianisme, disait-il dans son apologie de la religion chrétienne : « Les Maures, les Marcomans, les Parthes même, quelque nation que ce soit, renfermée dans ses limites, est-elle plus nombreuse qu'une nation qui n'en a d'autres que l'univers ? Nous ne sommes que d'hier et nous remplissons tout ce qui est à vous, vos villes, vos îles, vos forteresses, vos colonies, vos bourgades, vos assemblées, vos camps, vos tribus, vos décuries, le palais ; le sénat, le forum ; nous ne vous laissons que vos temples ». O mon Dieu ! Qui ne reconnaîtrait la puissance de votre bras dans un changement si subit opéré sur la surface de la terre, sans force matérielle, sans le secours de la science humaine, par des hommes ignorants, appartenant aux classes infimes de la société ; sans autre moyen, en un mot, que la croix et la prédication des vérités, que leur avait enseignées leur Divin Maître. Comment ces païens vivant au sein du luxe, d'une vie molle et sensuelle, dans un siècle où les lettres, les sciences, les arts et la civilisation étaient parvenus à un si haut degré de perfection, ont-ils pu embrasser en foule une doctrine dont les principes fondamentaux étaient le détachement des richesses, la mortification de la chair et l'humilité, et dont l'auteur était un crucifié ? Comment surtout ont-ils été jusqu'à donner leur vie en si grand nombre, plutôt que de renoncer à la croire et à la pratiquer? Ah ! Seigneur, c'est que, selon votre promesse, vous étiez avec votre église, vous avez travaillé avec vos apôtres : vous parliez par leur bouche, ils étaient inspirés par votre Divin Esprit, votre Divine Charité les soutenait et les animait. Vous aviez promis que votre Eglise s'étendrait de l'orient à l'occident, et vous avez opéré cette révolution prodigieuse en quelques années, par le seul ministère de ces hommes simples que vous aviez revêtus de vos pouvoirs divins : votre Eglise est devenue Catholique, et ce seul caractère suffirait à prouver la divinité de son institution. Oui, mon Dieu, je le confesse et je le publie hautement : Je crois en l'Eglise catholique !...
Je crois en Dieu...
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Notre Père... Je vous salue Marie...
Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !
I. De toutes les prérogatives de l'Eglise, celle qui révolte, qui irrite le plus l'égalité, la liberté et l'indépendance absolues auxquelles notre siècle aspire vainement, et cependant avec une incomparable ardeur, est assurément son infaillibilité. Il est évident que lorsqu'on ne veut voir dans l'Eglise qu'une institution purement humaine, son infaillibilité apparaît naturellement comme une prétention exorbitante, et les conséquences qui en découlent prennent un caractère d'intolérance qui blesse la raison. Toutefois, ne faut-il pas admettre que toutes les souverainetés possibles ne peuvent exister qu'à la condition d'agir comme si elles étaient infaillibles ? N'y a-t-il pas, et ne faut-il pas qu'il y ait dans tous les gouvernements une voix qui parle en dernier ressort, et dont les décisions soient sans appel ? Car, du moment où l'on pourrait sans cesse remettre en question toute espèce d'arrêt, sous prétexte d'erreurs ou d'injustice, une incertitude funeste planerait sur les droits les mieux acquis, toute direction des affaires deviendrait impossible. L'Eglise, étant le gouvernement de la société chrétienne, a d'autant plus de titres à ce droit commun de l'infaillibilité, que sa juridiction est plus étendue que celle de toutes les autres souverainetés, puisqu'elle embrasse l'univers entier, et que plus le territoire d'un gouvernement est vaste, plus il est nécessaire que les incertitudes en se multipliant ne viennent pas affaiblir l'autorité, ni compliquer l'administration de la chose publique. Mais ce qui lui donne surtout plus de droit à cette infaillibilité commune à tous les gouvernements, c'est d'abord que l'Eglise restreint son infaillibilité et ne s'en prévaut qu'en matière de religion, telle que la définition des articles de foi, la règle des mœurs, la discipline générale, les constitutions monastiques, la liturgie, la canonisation des saints ; et qu'après dix-huit siècles d'exercice de sa puissance, personne ne pourrait la convaincre de s'être jamais trompée dans son enseignement, qui est encore aujourd'hui le même que celui des apôtres. Depuis dix-huit cents ans ses lois fondamentales n'ont pas subi le moindre changement, et c'est précisément cette immutabilité qui est la source des reproches qu'on lui adresse en l'accusant de rester immobile pendant que les peuples sont, dit-on, dans la voie du progrès. Mais outre cet accord constant avec elle-même, pendant le cours de tant de siècles, accord qui contraste d'une manière frappante avec les variations perpétuelles opérées dans les législations de tous les empires, l'Eglise a toujours eu pour la gouverner des hommes qui réunissaient au plus haut degré les qualités qui peuvent le mieux assurer ici-bas l'infaillibilité des conseils et des décisions. Qui oserait, en effet, contester d'abord aux Pontifes, aux Evêques, aux Pères et aux docteurs qui ont administré et qui administrent encore les affaires de l'Eglise, cette science profonde des livres saints et de la tradition dont ils ont su faire respecter l'intégrité depuis les apôtres jusqu'à nous, et qui n'a cessé de vérifier cet oracle de Malachie : « Les lèvres des prêtres seront les gardiennes de la science, et c'est à la bouche du sacerdoce que l'on demandera la connaissance de la loi » (2, 7) ? Où trouverait-on ensuite plus de sagesse, de prudence, de maturité, de connaissance pratique du cœur humain pour porter et prononcer des jugements ? Y a-t-il jamais eu enfin d'autorité plus indépendante de la pression qu'exercent ordinairement sur les conseils les passions du dehors et celles du dedans ? Jamais, d'une part, l'autorité ecclésiastique n'a cédé Contre sa conscience ni aux menaces, ni à la force brutale des puissances du siècle, elle a préféré le martyre ; et de l'autre, destinée à combattre les inclinations perverses de l'humanité, elle s'en est affranchie elle-même, autant qu'il est permis à la faiblesse de notre nature d'y parvenir, et jamais elle n'a pris de décision importante sous leur influence. Ainsi, une science profonde des choses saintes ; l'expérience et la maturité ; enfin, toute l'indépendance possible ici-bas, pour éviter l'influence des passions : telles sont les garanties qui mettent les décisions de l'Eglise à l'abri de l'erreur, et qui lui assurent déjà un degré d'infaillibilité supérieur à celui que s'attribuent les autres gouvernements.
II. Mais outre cette infaillibilité de droit commun et de raison, l'Eglise possède encore une infaillibilité absolue et divine, à laquelle aucune autre ne peut être comparée. Le Verbe s'était fait homme pour apportera Vérité sur la terre, et pour arracher ainsi l'intelligence et la raison humaines au dédale inextricable d'erreurs dans lequel elles s'étaient plongées. Mais, pour que la vérité ne fit pas elle-même naufrage dans 1a suite des temps, et pour qu'elle pût parvenir intacte aux générations les plus reculées au milieu du déluge des fausses doctrines et des subtilités de l'esprit de mensonge, il fallait d'abord que ce dépôt sacré fût confié à des mains sûres, qui non-seulement le garderaient avec intégrité, mais qui en répandraient encore les richesses de siècle en siècle dans l'univers entier. Il fallait ensuite un tribunal suprême et sans appel, dont les décisions fussent revêtues d'une infaillibilité sanctionnée par la parole d'un Dieu, afin de trancher toutes les difficultés, et de dissiper tous les doutes qui pouvaient obscurcir de leurs voiles trompeurs l'éclat des vérités célestes, que le Sauveur voulait faire briller aux yeux de tout homme venant en ce monde. Les apôtres et leurs successeurs furent en effet choisis par Jésus-Christ pour remplir cette double mission. Ils reçurent le dépôt de la vérité ou de la doctrine de l'Evangile ; ils furent chargés de l'enseigner à toutes les nations, et le Sauveur leur promit d'être avec eux, c'est-à-dire de les assister jusqu'à la consommation des siècles : « Allez, leur dit-il, enseignez toutes les nations, baptisez-les au Nom du Père, du Fils, et du Saint-Esprit : enseignez-leur à observer tout ce que Je vous ai commandé : voici que Je suis avec vous tous les jours jusqu'à la consommation des siècles ». (Matthieu 28, 29, 20). Ainsi, les apôtres enseignant avec l'assistance de Jésus-Christ, jusqu'à la fin des temps, ne pouvaient donc jamais annoncer une doctrine erronée, et devenaient par conséquent toujours infaillibles dans leur enseignement. Mais le divin Maître voulut leur donner une garantie plus positive encore de cette prérogative toute divine et de cet insigne privilège, et il leur assura que jamais les portes de l'enfer, c'est-à-dire l'erreur et le mensonge qui ouvrent l'entrée de l'enfer, ne pourraient triompher de l'Eglise ; en d'autres termes, que l'Eglise serait toujours à l'abri de l'erreur, dépositaire de la vérité et infaillible dans sa doctrine : « Et les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre elle ». (Matthieu 16, 18). Or, comme ces promesses du Sauveur n'ont été faites qu'aux apôtres et à leurs successeurs, c'est-à-dire à l'Eglise Catholique, apostolique et romaine, ce qui sera démontré dans la suite de ces méditations, il en résulte que l'Eglise catholique possède seule la vérité et l'infaillibilité, à l'exclusion de toute autre société religieuse. Si c'est être intolérant d'admettre que l'Eglise est seule dépositaire de la vérité infaillible qui réduit à néant toute autre doctrine opposée à la sienne ; qui éclaire, échauffe et donne la vie au monde entier des esprits, par l'effusion de ses divins rayons ; pourquoi ne serait-on pas également intolérant lorsqu'on affirme que le soleil est, comme l'indique son nom « Solus », le seul astre qui possède une lumière qui lui soit propre, que tous les autres corps célestes pâlissent devant lui et ne font que refléter quelques rayons empruntés à son immense foyer ; enfin, que le soleil seul éclaire, échauffe et donne la vie au monde physique ? L'un comme l'autre ne sont-ils pas des faits incontestables ; et celui qui a créé un soleil à l'usage, des corps et du temps, pouvait-il négliger d'en créer un à l'usage des âmes et de l'éternité ?
III. Cependant, l'infaillibilité de l'Eglise une fois reconnue, il importe de savoir quel en est le siège. Il est évident que cet insigne privilège devait être réservé à ceux qui ont été chargés spécialement du dépôt de la Foi et du soin d'enseigner les fidèles, c'est-à-dire, au souverain Pontife et aux Evêques ; car ce sont eux qui forment uniquement l'Eglise enseignante. Les pasteurs du second ordre, c'est-à-dire les curés et les autres Prêtres, ne sont que des délégués des évêques, qui portent de leur part aux fidèles l'enseignement qu'ils ont eux-mêmes reçu des premiers pasteurs. Ils n'ont pas la plénitude du Sacerdoce, et par la même ils ne sont pas juges de la foi : l'infaillibilité n'était donc pas nécessaire à l'accomplissement de leurs fonctions. La promesse de l'infaillibilité fut faite par Jésus-Christ, d'abord à Pierre seul, et, dans sa personne, à ses successeurs légitimes. Un an environ avant la passion, et pendant la troisième année de sa prédication, le Divin Maître étant avec ses disciples auprès de la ville de Césarée de Philippe, les interrogea et leur dit : « Qui dites-vous que Je suis ? » Simon-Pierre répondit : « Vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant ». Jésus lui répondit à son tour, et lui dit : « Vous êtes heureux, Simon Bar-Jona, parce que ce n'est point la chair et le sang qui vous ont révélé ceci, mais Mon Père, qui est dans les Cieux. Et moi aussi Je vous dis que vous êtes Pierre, et que sur cette pierre Je bâtirai mon Eglise ; et les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre elle. Et Je vous donnerai les clefs du Royaume des Cieux ; et tout ce que vous lierez sur la terre, sera lié dans les Cieux ; et tout ce que vous délierez sur la terre, sera délié dans les Cieux ». (Matthieu 26, 15-19). Nous lisons encore, dans l'Evangile de Saint Luc, qu'après l'institution du sacrement de l'Eucharistie, et qu'après avoir conféré à ses apôtres l'épiscopat, le Sauveur dit à Pierre au moment où il allait se rendre au jardin des Oliviers : « Simon, Simon, Satan était dévoré du désir de vous cribler, comme on crible le froment : mais j'ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas : et lorsque tu seras converti, affermis tes frères ». (Luc 22, 31, 32.) D'après ces paroles du texte sacré, nous sommes en droit de conclure que celui qui est la pierre fondamentale de l'Eglise ne saurait chanceler ; car alors il entraînerait dans sa chute la ruine complète de l'édifice sacré qu'il soutient, et contre lequel pourtant les portes de l'enfer ne peuvent prévaloir. Si le chef de l'Eglise pouvait tomber dans l'erreur, ce serait en vain que Jésus-Christ lui-même aurait prié pour que la Foi de Pierre ne défaillît pas, et qu'il aurait confié au chef des apôtres le soin d'affermir ses frères dans la foi. Après sa résurrection, le Divin Maître s'adressant encore spécialement à Saint Pierre, exige de lui une triple profession d'amour et de dévouement, et lui dit solennellement : « Paissez mes agneaux, paissez mes brebis », (Jean 21, 16, 17). Mais, si Pierre n'est pas infaillible dans sa doctrine, comment pourra-t-il conduire les agneaux et les brebis, c'est-à-dire les fidèles et les pasteurs, dans les divins pâturages de la vérité ? Enfin, au moment de remonter au ciel, Jésus dit à tous les apôtres réunis à saint Pierre : « Toute puissance M'a été donnée dans le Ciel et sur la terre. Allez donc, enseignez toutes les nations... Voici que Je suis avec vous tous les jours jusqu'à la consommation des siècles ». (Matthieu 28, 19, 20.) Cette nouvelle promesse, loin d'infirmer les trois premières, les corrobore ; car le Sauveur ne promet ici d'être avec ses apôtres jusqu'à la fin des temps , c'est-à-dire d'être infaillibles comme lui-même, qu'à la condition qu'ils seront unis à Pierre, donc, cette prérogative est tellement propre au chef de l'Eglise, qu'elle cesse d'être partagée par les évêques et même par les Conciles, dès qu'ils se séparent du souverain Pontife. Qu'y a-t-il d'étonnant que celui qui est à la tête de l'Eglise ait reçu de Jésus-Christ des privilèges si sublimes et si singuliers ? Dans notre corps mortel, auquel Saint Paul compare la sainte Eglise (Romains, 12, 4), la tête n'a-t-elle pas été plus avantageusement partagée que les autres membres ? N'est-elle pas comme le centre auquel convergent toutes les relations des sens et des autres organes de la vie ? N'est-elle pas le siège principal de l'intelligence, de la volonté et du gouvernement de notre être tout entier ? Aussi, en revendiquant pour le chef de l'Eglise les prérogatives nécessaires et assurées à l'exercice des importantes fonctions dont il est revêtu, nous n'entendons point l'isoler des membres avec lesquels il forme un même corps. Dans un corps, il y a un ensemble d'action, auquel les parties qui le composent prennent une part proportionnée au rôle qu'elles ont à jouer. C'est, en effet, ce qui a lieu dans le gouvernement de la société chrétienne. Quoique les papes ne se soient jamais trompés lorsqu'ils ont prononcé comme souverains juges sur un point de dogme, sur une question de droit, sur les affaires publiques de l'Eglise, et quoiqu'ils aient reçu la promesse qu'en pareille circonstance, l'assistance du Saint Esprit ne leur ferait jamais défaut, ils n'en sont pas moins obligés d'employer tous les moyens convenables pour éclairer leurs jugements. D'autre part, ce n'est pas sans raison que Jésus-Christ a établi les successeurs des apôtres ou les évêques juges de la Foi, et qu'il leur a aussi promis l'infaillibilité lorsqu'ils se tiendraient unis aux souverains Pontifes. C'est ce qui explique pourquoi le chef de l'Eglise a recours, soit aux conciles, soit aux évêques dispersés dans l'univers chrétien, quand il a à prendre quelque décision importante. Mais, comme ni les conciles, ni les évêques séparés du souverain Pontife ne sauraient être infaillibles, nous sommes en droit de conclure que c'est principalement dans le successeur de Saint Pierre que réside l'infaillibilité de l'Eglise.
Élévation sur l'infaillibilité de l'Eglise
I. Grâces vous soient rendues, Seigneur, d'avoir assuré le dépôt des vérités saintes que vous avez confié à votre Eglise, par le don d'infaillibilité que vous n'avez accordé qu'à elle seule ! Au milieu des erreurs, des systèmes séduisants et des sophismes de toute espèce qui surgissent à chaque instant au sein de la société, comment aurions-nous pu, sans ce secours puissant, discerner les divins oracles d'avec les illusions répandues par l'esprit de mensonge ! Il fallait à l'homme sur la terre, comme autrefois au peuple de Dieu dans le désert, une nuée mystérieuse, qui soutînt sa Foi durant le voyage de la vie, même pendant le jour, c'est-à-dire, lors même que l'Eglise jouirait d'une paix profonde ; il lui fallait surtout pendant la nuit, c'est-à-dire, au milieu des contradictions et des persécutions que devait soutenir l'Epouse de Jésus-Christ, à l'exemple du Divin Maître, une colonne de feu, une lumière éclatante, qui ne laissât aucun doute sur la route à suivre pour arriver au salut éternel. Pourquoi, sous la loi de grâce, serions-nous moins favorisés que les Juifs sous la loi de crainte ? Vous serait-il plus difficile, ô mon Dieu, vous le Tout-Puissant, de faire un miracle qui se perpétuât jusqu'à la fin des temps, que d'en faire un qui a duré pendant quarante ans ? Qu'y a-t-il de surprenant qu'ayant choisi des hommes pour continuer sur la terre l'oeuvre de la rédemption, vous ayez donné à celui que vous avez établi le chef souverain de vos ministres et votre vicaire ici-bas, le don d'infaillibilité ? N'avez-vous pas revêtu tous vos prêtres de pouvoirs bien autrement étonnants, tels que ceux par lesquels ils remettent les péchés et par lesquels ils consacrent le corps adorable de votre divin Fils ? Oui, Seigneur, je crois à l'infaillibilité de votre Eglise et en particulier à celle de son chef ; j'y crois d'une foi aussi vive qu'à tous les autres Dogmes du christianisme, puisque c'est la même autorité qui me l'affirme, et qu'elle repose sur les mêmes oracles.
II. Quelle paix, quelle tranquillité parfaite pour une âme d'être assurée qu'elle possède la vérité ! Pour le comprendre, il faudrait avoir été témoin des luttes affreuses et des désespoirs qui sont le fruit du doute. Aussi, ô mon Dieu, soyez à jamais béni de m'avoir donné cette lumière divine de l'infaillibilité de votre Eglise pour dissiper toutes mes ténèbres, et pour diriger mes pas dans l'étroit sentier qui conduit à la vie véritable de l'éternité. Oui, mon Dieu, Votre Eglise et son vénérable chef n'ont qu'à parler, et aussitôt mon intelligence et ma raison s'inclineront devant eux, comme si votre adorable Fils eût fait entendre lui-même celle voix céleste qui est venue apporter la vérité dans le monde : je m'écrierai alors avec le grand saint Augustin : « Rome a parlé, tout doute a disparu ». Tout doit se taire devant la sagesse infinie dont elle est l'infaillible organe : la sagesse, la prudence, la science humaines ne sont, devant cette éclatante lumière, que des lueurs incertaines qui ne sauraient qu'égarer les imprudents qui les prendraient pour guides. Eh ! La raison de l'homme qu'est-elle donc, pour oser se poser en juge devant les promesses de l'infaillibilité que vous avez faites à votre Eglise et à votre représentant sur la terre ? Cette raison si fragile, si incertaine, qui se trompe à chaque instant lors même qu'il s'agit de choses temporelles et palpables, aurait l'audace de disputer avec les oracles sacrés qui assurent à la société chrétienne la possession absolue et exclusive de la vérité, et qui depuis dix-huit cents ans n'ont jamais été démentis ? Je le sais, Seigneur, cet insigne privilège fait frémir l'erreur ; elle crie à l'intolérance, et elle ne voit pas pourquoi l'Eglise catholique réclame pour elle seule le bénéfice d'une faveur qui paraît exorbitante en présence de la faiblesse humaine. Mais l'erreur est aveugle ; elle ne sait pas voir dans le Saint Evangile que Jésus-Christ n'ayant accordé l'infaillibilité qu'à l'Eglise, dont il est lui-même le fondateur, personne autre ne saurait se l'attribuer, sans faire violence au Texte Sacré, ni sans forfaire aux règles les plus vulgaires du sens commun. Comment d'ailleurs celui qui affirme une chose comme celui qui la nie pourraient-ils être également infaillibles ? O mon Dieu ! Dès que l'homme cesse d'être docile à votre voix, dès que son orgueil le conduit à n'avoir d'autre guide que son propre jugement, il se perd, il marche d'égarement en égarement, il finit par être absurde ; et cette raison dont il était si fier l'abandonne et le livre au ridicule, ou plutôt à la pitié. C'est la chute de Lucifer qui se perpétue sur la terre à différents degrés, depuis Luther et Lamennais jusqu'à l'artisan le plus ignorant et le plus grossier qui voudrait aussi à son tour jouer l'esprit-fort et pouvoir se dire infaillible !
III. Oh ! Sainte Eglise de Jésus-Christ ! Oh ! Pontife suprême. Père vénérable de toute la chrétienté ! Je me prosterne à vos pieds ; je me soumets pour l'avenir, comme pour le présent et le passé, à toutes les décisions, à tous les jugements que vous avez prononcés, ou que vous prononcerez pour éclairer ma Foi. Je ne mets aucune différence entre votre voix et celle de Dieu, qui vous a promis son assistance jusqu'à la consommation des siècles. Mon respect le plus profond, ma docilité la plus parfaite, ma reconnaissance et mon amour sincères, sont des devoirs sacrés que je remplirai fidèlement envers vous jusqu'à mon dernier soupir. Que l'infaillibilité de vos divines lumières ne cesse jamais un instant de briller à mes yeux, jusqu'à ce que la foi et l'espérance cédant leur place à la charité, j'arrive à cette cité sainte qui est l'Eglise du ciel, où je verrai Dieu face à face, et où toutes les splendeurs de la vérité viendront remplir mon âme d'inénarrables délices. Ainsi soit-il.
Je crois en Dieu...
Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !
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Le Mois de Saint Pierre
Le Mois de Saint Pierre
ou dévotion à l'Eglise et au Saint Siège
Dix-septième jour
Immuabilité de la Doctrine Évangélique
Notre Père... Je vous salue Marie...
Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !
« Êtes-vous celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » (Saint Matthieu 11, 3). Voilà le langage que semblent tenir certains philosophes de nos jours, je dirais même certains chrétiens peu éclairés des lumières de la Foi. Ils pensent que puisque la Loi Mosaïque donnée par Dieu lui-même n'était pas le dernier mot de la sagesse infinie, la Loi Évangélique étant venue apporter un perfectionnement qui place le Nouveau Testament bien au-dessus de l'Ancien ; de même aussi il pourrait se faire que l'Evangile fit place un jour à des croyances et à une morale plus parfaites, c'est-à-dire à des dogmes moins inaccessibles à la raison humaine, à une morale plus commode et plus en rapport avec la faiblesse de notre nature. Tout, dans ce monde, est à l'état de progrès et de perfectionnement, ajoutent-ils : n'y aurait-il donc que la doctrine évangélique qui restât stationnaire et immobile ? Ne doit-elle pas suivre le mouvement des peuples et les progrès de la civilisation ? Les dogmes, la morale et la forme de l'Eglise actuelle sont-ils tout ce que nous devions attendre de Dieu, ou bien devons-nous en attendre d'autres ?
I. Il n'est pas étonnant que la loi ancienne ou la Loi Judaïque ait été remplacée par une loi plus parfaite, par celle de l'Evangile. Tout dans la première annonçait qu'elle n'était que temporaire, qu'elle n'était que l'ébauche et le préambule d'une autre qui devait infailliblement la suivre. La promesse du Messie faite dès le premier âge du monde, la foi à l'avènement de ce Divin Rédempteur, sans laquelle personne ne pouvait être compté au nombre des justes, ni espérer de salut ; les prophéties qui annonçaient l'époque, le lieu où naîtrait le Sauveur, la famille même qui lui donnerait le jour : n'en était-ce pas assez pour montrer que la religion juive ne devait pas avoir une durée indéterminée, et qu'elle subirait immanquablement de la part du Céleste Législateur une transformation ! L'apôtre Saint Paul ne nous dit-il pas que « la fin que se proposait l'Ancienne Loi était le Christ ? » (Romains 10, 4). « La Loi, dit encore le même apôtre (Hébreux 10, 1), n'avait que l'ombre des biens à venir, et non l'image qui renferme la substance même des choses. Tout arrivait à cet ancien peuple en figure » (1 Corinthiens 10,11), et toutes ces choses n'étaient que l'ombre de tout ce qui se devait passer dans la loi nouvelle » (Colossiens 2, 17). « La Loi, dit à son tour Saint Jean (Jean, 1, 17), a été donnée par Moïse, et la grâce et la vérité ont été apportées par Jésus-Christ ». Il faudrait parcourir tout l'Ancien Testament, pour voir toutes ces figures expliquées en Jésus-Christ. On y voit, à chaque page. Dieu promettant à son peuple de le protéger constamment contre ses ennemis, promettant que le Sauveur du monde naîtrait de son sein ; mais nulle part nous ne voyons le Seigneur lui promettre que la synagogue subsisterait jusqu'à la consommation des siècles ; au contraire, nous lisons, au chapitre 21 de Saint Luc, que Jésus prédit aux Juifs la destruction complète de la Cité Sainte et du Temple, foyer de leur religion, et qu'il leur annonce que leur Nation sera dispersée, conduite en captivité sur tous les points de la terre, et foulée aux pieds jusqu'à ce que les peuples aient accompli leur destinée. Quelle comparaison pourrait-on donc établir entre l'Ancienne et la Nouvelle Loi ? Après la figure devait venir la réalité, mais après la réalité que peut-on attendre encore ? Parmi les prophéties, celles qui se rapportaient à la nation Juive, à sa religion et a l'avènement du Messie, se sont accomplies avec une exactitude telle, qu'elles ne laissent aucun doute sur l'accomplissement de celles qui touchent à la doctrine évangélique, à son immutabilité surtout et à sa perpétuité. Puis, viennent les promesses que le Divin Fondateur de l'Eglise a faites à cette dernière de la manière la plus positive, en lui assurant son assistance jusqu'à la consommation des siècles. Enfin, Jésus-Christ n'a-t-il pas dit qu'il était la vérité et la vie ? Ne s'ensuit-il pas que les dogmes, les mystères et la morale qu'il a enseignés étaient, sont et seront toujours la vérité ? La vérité est immuable, et il n'y a rien à attendre, en fait de perfectionnement et de progrès, au-delà de la vérité. Aussi le législateur de l'Eglise Chrétienne n'a pas craint de dire avec cette autorité et cette solennité qui ne redoutent pas un démenti : « Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas ». (Saint Matthieu 24, 38.) Il n'y a donc aucun changement à attendre dans la Doctrine Évangélique ; c'est un rocher inébranlable et indestructible contre lequel toutes les erreurs se sont brisées depuis dix-huit siècles, et contre lequel elles continueront à se briser jusqu'à la consommation des temps. Il n'y a plus à attendre que Jésus-Christ venant à la fin du monde pour juger les nations sur le respect qu'elles auront professé pour sa doctrine, et sur l'usage qu'elles en auront fait dans leur conduite.
II. On parle beaucoup aujourd'hui des progrès de la civilisation moderne, de leur incompatibilité avec vieux dogmes et les vieilles lois de l'Eglise, et de 1a nécessité où se trouve celle-ci de faire des changements dans sa constitution pour la mettre au niveau de lumières de son siècle. C'est à peu près aussi raisonnable que si l'on voulait que Dieu réformât les lois de la nature, parce qu'elles sont surannées, et qu'elle ne sont plus en harmonie avec les besoins croissant des peuples et avec les progrès incessants de l'industrie. Ainsi, le soleil ne brille pas assez longtemps pour éclairer les travaux urgents entrepris par nos architectes et nos industriels. On comprend que cette périodicité des jours et des nuits fût suffisante pou: nos ancêtres, qui avaient la bonhomie de se reposer la nuit, comme le saint jour du dimanche ; mais aujourd'hui ce système n'est plus tolérable, parce qu'il ne saurait satisfaire l'activité dévorante de notre époque et les exigences de la société présente. On pourrait et dire autant de toutes les autres lois de la nature qui contrarient les vues orgueilleuses et les intérêts cupides de l'humanité. Mais ces lois sont immuables comme celui qui les a établies, et il faut bien que les hommes s'y soumettent et en prennent leur parti. Il en est de même des dogmes et des lois fondamentales de l'Eglise. Ils sont le soleil de justice qui éclaire le monde moral ; et, immuables comme l'astre des jours, placés comme lui à des hauteurs inaccessibles à toutes les puissances humaines. Dieu n'y changera rien, quelles que soient les aspirations nouvelles et les impatiences du siècle des lumières. La vérité est, ou n'est pas ; mais elle ne peut souffrir aucune modification. Et d'ailleurs, ne serait-il pas absurde que le souverain Seigneur fût obligé de toucher aux principes éternels que sa sagesse infinie a donnés au monde pour guider ses pas chancelants dans les voies de la vérité et du salut, selon le caprice et les exigences de ses misérables créatures ? Ne serait-ce pas le renversement de tout ordre et de subordination ? Eh ! Quoi ! l'homme serait introduit dans les conseils divins, et forcerait en quelque sorte le maître de l'univers et le sien à refaire et inscrire des lois selon son bon plaisir ! Non, ce pas Dieu qui pliera devant les sociétés humaines, quelque avancée que soit leur civilisation. Mais celles-ci auront à accepter les vérités que le Tout-Puissant impose, et à en subir les conséquences pratiques, à être un jour contraintes de rendre un compte e de leur résistance ou de leur mépris au souverain-juge des nations. On dira peut-être que l'Eglise, qui a reçu le dépôt de la doctrine évangélique, a été instituée précisément pour administrer ce dépôt sacré, et par conséquent pour le modifier et le mettre en rapport avec les besoins des temps. L'Eglise, sans doute, a reçu de son Divin Fondateur tous les pouvoirs nécessaires pour le gouvernement de la société chrétienne ; mais parmi ces pouvoirs ne se trouve pas celui de rien retrancher, de rien ajouter, de rien changer, en un mot, ni aux dogmes, ni à la morale de l'Evangile, ni aux Sacrements, parce que toutes ces choses étant immuables, ce pouvoir lui devenait inutile. Elle peut lorsqu'elle le juge prudent et utile, toucher à sa discipline, rappeler des lois qu'elle a faites, soit parce les circonstances à l'occasion desquelles elles ont été portées ont changé, soit parce qu'après avoir été pendant longtemps un moyen de sanctification, le relâchement des mœurs en fait une nouvelle source de désobéissance et de perdition. Elle aussi varier sa législation en cette matière selon les temps, les lieux, les dispositions et le génie de peuples. Mais jamais elle ne se croira autorisée à porter la main sur les révélations divines de son Céleste Fondateur. Dieu lui-même, qui seul aurait droit de modifier son propre ouvrage, ne peut rien y changer, parce qu'ayant tout prévu par sa science infinie, et étant la vérité par essence, aucun de ses oracles ne pourra jamais avoir besoin de la moindre modification.
Élévation sur l'immutabilité de la Doctrine Évangélique
I. Lorsque vous avez parlé, ô Divin Maître, pourquoi l'homme ne tombe-t-il pas à genoux pour adorer les vérités que votre bonté et votre Miséricorde daignent faire briller à ses yeux ? Son cœur ne devrait-il pas éclater en sentiments d'admiration et de reconnaissance pour un bienfait si considérable et si généreux ? L'immutabilité, qui est le sceau divin auquel on reconnaît vos célestes oracles, loin de devenir pour l'humanité un sujet de scandale, ne devrait-elle pas être pour elle une source inépuisable de consolation d'espérance et de paix ? Tout est mobile ici-bas : la fortune est inconstante, la santé est d'une fragilité dont nous faisons tous les jours la douloureuse expérience, l'amitié même, ce feu presque divin , n'est pas à l'abri de ces vicissitudes qui laissent souvent au cœur plus d'amertumes qu'il n'a goûté de joies. N'était-il pas indispensable pour le repos et le bonheur l'homme qu'il pût trouver, même ici-bas, un point d'appui solide, inébranlable, à l'abri des incertitude et de l'instabilité des choses de ce monde ? Oui, Seigneur, vous saviez que notre cœur serait continuellement inquiet, tant qu'il ne reposerait pas en vous; vous saviez que vous seul pouviez satisfaire les désirs insatiables et apaiser les ardeurs qui le dévorent ; et alors, ô mon Dieu, votre majesté suprême n'a pas craint de se révéler à nous d'une manière plus claire et plus expresse que sous l'Ancienne Loi, par les dogmes, les mystères et la morale célestes de votre Evangile. Et comment ces révélations pourraient-elles ne pas être immuables, puisqu'elles sont la manifestation de votre nature et de votre volonté Divines, inaccessibles et supérieures à toutes les vicissitudes humaines ? Ah ! Si les biens de ce monde sont périssables, s'ils peuvent nous être ravis, nous avons appris de vous, du moins, qu'il n'est pas de puissance assez forte pour nous enlever, malgré nous, les espérances fondées sur votre salutaire doctrine. Grâce à votre divine parole, je sais que, lors même que je serais ici-bas abandonné de tous les hommes, j'ai dans le ciel un Dieu qui sera toujours pour moi le meilleur des pères ; que sa providence veille avec une tendresse maternelle sur moi ; que les épreuves de la vie sont, si je veux les souffrir avec patience et résignation, une source de mérites pour la vie future ; je puis sur cette terre trouver des cœurs insensibles à mes gémissements et à mes larmes, qui n'aient ni le temps ni la volonté de m'écouter; mais vous, ô mon Dieu, toujours vous serez prêt à écouter la prière de votre enfant, et à l'exaucer. Je sais, ô mon aimable Sauveur, que vous êtes descendu des hauteurs du ciel, et que vous avez épousé ma nature afin de la réhabiliter, de l'ennoblir et surtout de l'éclairer par vos pieux enseignements et par vos sublimes exemples ; je sais que vous avez expié mes péchés en mourant pour moi sur une croix, et en m'appliquant les mérites infinis de votre précieux sang par le moyen des sacrements. Je sais, enfin, qu'une fois justifié, une fois dans votre grâce, le divin Esprit habite en moi comme dans un temple; que, si je suis fidèle à ses inspirations et docile à sa voix, il sera pour moi un guide assuré dans la route, périlleuse qui conduit au salut ; il sera ma force dans les combats, ma consolation dans mes afflictions et dans mes peines ; je sais que l'amour divin dont il embrasera mon âme soutiendra mon courage et mon dévouement au milieu des plus grands sacrifices. Que j'aie été, ici-bas, riche ou pauvre, heureux ou malheureux selon le monde, considéré ou méprisé, qu'importe ! Ma vie n'est qu'un pèlerinage, le temps de la lutte et de l'épreuve ; mais le repos, un bonheur sans nuage et sans fin, m'attendent dans l'éternité pour prix de mes travaux. Que pourrait-il y avoir à changer dans cette admirable et consolante doctrine ? Qu'est-ce que les hommes pourraient trouver de plus beau, de plus grand, de plus généreux pour le substituer à ces dogmes, à ces mystères, à cette morale descendus des cieux ? Ah ! Seigneur, mais n'est-ce pas précisément parce que vos enseignements sont immuables, que ma confiance est sans bornes ! Si je pouvais seulement douter que ce que vous m'assurez être aujourd'hui la vérité, pût ne l'être plus demain, quelle fidélité, seriez-vous en droit d'attendre de ma part ? Non, vous, ne seriez plus un Dieu, vous seriez semblable à ces hommes légers et inconstants qui défont un jour ce qu'ils ont fait la veille. Impatients de porter votre joug, qu'ils trouvent trop pesant pour leur délicatesse. ils voudraient, au lieu de vous servir, vous mettre à la remorque de leurs prétendus progrès et disposer, selon leur caprice, de vos conseils et de votre volonté.
II. Que votre immutabilité, ô mon Dieu, soit exactement le contraire de cette mobilité de nos sociétés modernes qui ne rêvent que progrès, c'est chose facile à concevoir. Vous êtes l'Etre souverainement et infiniment parfait, la beauté toujours ancienne et toujours nouvelle, selon l'éloquent langage de Saint Augustin ; comment pourrait-on établir une comparaison quelconque entre vous et des êtres chétifs qui sont vos créatures, qui ont tout reçu de vous, et qui ne s'aperçoivent pas que s'il appartient à leur nature de progresser, ce n'est que parce qu'ils sont encore loin de la perfection à laquelle ils aspirent, mais à laquelle ils n'atteindront jamais en cette vie ? Qu'ils vous connaissent peu. Seigneur, et qu'ils sont injustes ceux qui vous croient l'ennemi du progrès, parce que vous êtes immuable ; comme si votre divinité ne devait pas avoir des attributs différents de ceux de l'humanité ! Ils ignorent, sans doute, que vous avez dit vous-même aux hommes : « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait » (Matt., 5, 48) ; c'est-à-dire, faites des progrès, faites des efforts, tendez sans cesse à la perfection ; mais la perfection est le terme du progrès; et comme vous seul, ô mon Dieu, êtes la perfection absolue, vous ne sauriez faire de progrès et n'avez pas à en faire. Et c'est parce que votre Eglise professe cette vérité, à savoir, l'immutabilité de votre nature, et par conséquent de vos dogmes, de vos mystères et de votre morale, qu'ils l'accusent de s'opposer aux progrès de l'humanité, en refusant de sortir de son immobilité ! Sans doute, tant qu'il s'agira de la foi, de tout ce qui en relève et de tout ce qui s y attache, elle s'opposera toujours à toute nouveauté, parce qu'il n'a jamais existé, qu'il n'y a au monde et qu'il ne surgira jamais de sage, ni de philosophe, qui puisse enseigner une doctrine qui l'emporte sur celle dont votre adorable Fils lui a confié le dépôt sacré, et que par conséquent y changer quelque chose ne serait pas progresser. Mais il y a loin entre l'immobilité des croyances et les progrès pratiques. L'astre des jours peut bien rester dans une immobilité relative sans empêcher les corps célestes qui l'entourent de faire leurs révolutions autour de lui, puisqu'il y concourt au contraire par sa puissante attraction, et sans cesser lui-même de les vivifier et de les féconder par sa lumière et sa chaleur ; pourquoi n'en serait-il pas ainsi dans l'ordre moral ? Et c'est en effet, Seigneur, l'ordre merveilleux que vous y avez établi, et qui est ainsi reflété dans toute la nature physique. Les enseignements de votre foi sont le centre autour duquel doivent graviter tous les actes humains, toutes les civilisations et les progrès des sociétés. Ce centre doit donc être immuable ; mais les êtres libres qui sont placés sous son influence peuvent et doivent même progresser en tendant à la perfection. Ils s'en rapprocheront d'autant plus qu'ils obéiront plus fidèlement à la force attractive de leur centre qui est cette même foi. Aussi, votre Eglise, chargée de continuer sur la terre la mission que vous étiez venu y commencer comme réparateur de l'humanité, ne cesse de répéter aux hommes : « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait ». Elle s'efforce d'exciter dans leurs âmes la faim et la soif de la justice, c'est-à-dire une noble ardeur pour le progrès moral; c'est le but de tous ses travaux et de toutes ses sollicitudes. Mais, de même, ô mon Dieu, que tout ce que renferme cet admirable univers est un hymne perpétuel qui s'élève du sein même des créatures inertes pour célébrer votre puissance et votre majesté ; ainsi toutes les facultés de l'homme, et toutes les œuvres qui en sont les fruits, sont-elles convoquées par votre Eglise à un progrès incessant vers la perfection, afin de publier tous les jours votre gloire avec plus d'éclat et de magnificence. De tout temps aussi, avons-nous vu la société chrétienne marchant à la tête de tous les progrès. Les ouvrages immortels des Pères témoignent assez que la philosophie, la littérature, l'art oratoire et les langues orientales étaient l'objet des plus sérieuses études de la part des chrétiens des premiers siècles. Plus tard, les sciences et les arts menacés par la barbarie ne trouvèrent bien longtemps d'autre asile que les monastères. D'ailleurs, qui n'admirerait les proportions gigantesques de nos vieilles basiliques, la hardiesse et l'élégance de leurs voûtes, la finesse et la légèreté de ces ornementations où la pierre le dispute à nos tissus les plus délicats ? Que fait-on de nos jours qui puisse y être comparé, si ce n'est de faibles imitations sur des dimensions étroites et mesquines ? Existe-t-il dans l'histoire moderne un seul siècle, un seul règne comparables à ceux du pape Léon X, sous le rapport du progrès des lettres et des arts ? C'est, en effet, alors que fleurirent l'Arioste, Accolti, Alamanni, Frascator, Sannazar, Vida, Bembo, Machiavel, Guichardin, Sadolet, Michel-Ange, Raphaël, André del Sarto, le Caravage, Jules Romain , etc. Et c'est aussi à cette époque que fut achevée la plus grande et la plus belle Eglise du monde, Saint-Pierre de Rome. Tout le monde connaît nos grands orateurs : Bossuet, Fénelon, Massillon, Bourdaloue, qui ont porté notre langue à son plus haut degré de perfection. De nos jours n'avions-nous pas à Rome un phénomène de linguistique dans un cardinal qui parlait parfaitement quarante langues sans compter les idiomes populaires ? et ne voyait-on pas, parmi les religieux, des physiciens, des astronomes, des archéologues qui pouvaient le disputer à nos savants français et étrangers les plus éminents ? La vapeur et l'électricité jouent sans doute le rôle le plus important dans nos découvertes modernes ; mais je ne sache pas que l'Eglise ait rien fait pour en entraver les progrès ; n'a-t-elle pas, au contraire, à chaque instant répandu sur elles ses bénédictions ? Quant à la vapeur, au reste M. Arago a démontré que Hiéron d'Alexandrie, cent vingt ans avant notre ère ; Blasco de Garay, en 1543 ; Salomon de Gaus, en 1615 ; et Branca, en 1629, avaient décrit les principaux effets de la vapeur, et imaginé des procédés pour l'employer comme force motrice. Puis, c'est un moine d'Angleterre qui, dans la solitude de son couvent et au milieu de ses éludes profondes, annonce, près de deux cents ans avant l'événement, que la vapeur portera les hommes au bout du monde avec une rapidité inouïe, et qu'ils pourront se communiquer leurs pensées a des distances incommensurables avec la promptitude de l'éclair. Enfin, c'est le célèbre Ampère, chrétien aussi accompli qu'il fut savant physicien, qui découvre toute la théorie des télégraphes électriques. Si les bornes que nous nous sommes prescrites ne nous empêchaient de nous étendre davantage, nous montrerions facilement la part immense qu'a prise l'Eglise et qu'elle prend encore dans la civilisation des peuples en les moralisant, en adoucissant leur caractère farouche, en les organisant, en y établissant les œuvres de bienfaisance inspirées par sa charité ; car l'industrie et les arts peuvent bien jusqu'à un certain point concourir à la prospérité matérielle des nations et au développement de leur intelligence ; mais ils ne tardent pas à engendrer la corruption et l'impiété, dès qu'ils cessent d'être animés par le souffle vivifiant de la foi ; et alors, au lieu de la civilisation, c'est la démoralisation qu'ils répandent. N'était-ce pas un progrès, même sur la bienfaisance officielle et civile de notre siècle, que cette multitude d'institutions charitables et d'hôpitaux fondés par l'Eglise ? Entre les mains de cette tendre mère, le dévouement désintéressé de la charité chrétienne suffisait à l'administration de tous ces établissements ; l'honneur et le bonheur de servir les membres souffrants de Jésus-Christ payaient assez les sacrifices et les peines de ceux qui se consacraient à ce pieux ministère ; aujourd'hui le laïcisme stérile ne sait faire autre chose que de s'emparer de ces inventions admirables de l'Eglise, de ces asiles qu'elle avait bâtis pour les pauvres, et d'y établir une pépinière de fonctionnaires dûment rétribués aux dépens de la charité publique : sous son ingrate influence, le dévouement est devenu mercenaire. Oh ! Seigneur, que les hommes sont injustes lorsque la passion les aveugle ! Le progrès, pour un grand nombre, est uniquement l'affranchissement toujours croissant de toute loi divine et humaine. Ils ne combattent votre Eglise, et ne l'accusent d'immobilité, que parce qu'elle tient d'une main ferme le frein qu'elle oppose à leurs désordres et à une liberté désastreuse. Mais, ô mon Dieu, votre bras puissant qui la soutient triomphera sans peine de leurs vains efforts, et rendra tout son éclat à l'auréole de gloire dont vous avez orné son auguste front, en la prenant pour votre épouse bien-aimée : cette auréole divine peut bien pâlir un instant aux yeux de la multitude sous les coups de l'épreuve ; mais ce n'est que pour apparaître ensuite plus resplendissante, après de nombreuses victoires.
Je crois en Dieu...
Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !
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Le Mois de Saint Pierre
Le Mois de Saint Pierre
ou dévotion à l'Eglise et au Saint Siège
Seizième jour
La Doctrine Évangélique, ses dogmes, ses mystères, sa morale
Notre Père... Je vous salue Marie...
Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !
Jésus-Christ et le Saint-Esprit sont la source de la vie de l'Eglise. Mais il fallait des moyens pour que la vie découlât de cette Source sacrée dans chacun des membres pour les vivifier. Le premier moyen employé dans ce but, par le Divin Législateur, fut la révélation faite aux hommes par le Verbe incarné d'un certain nombre de vérités surnaturelles et fondamentales réunies en un corps de doctrine dans les Saints Évangiles ; car « l'homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu », (Saint Matthieu 4, 4.) Or, cette doctrine renferme des dogmes, des mystères et des règles de morale.
I. Les dogmes sont les principes qui servent de base à toute la religion chrétienne ; ce sont des vérités capitales que Dieu nous a fait connaître par Jésus-Christ, et qui nous donnent la clef d'une infinité de mystères sur lesquels les philosophes avaient disputé vainement jusqu'à la venue du Sauveur, tels que la sainte Trinité, la chute de l'homme, sa réparation par l'incarnation du Fils de Dieu et par le sacrifice qu'il a offert, etc. Sans doute, Dieu en se faisant connaître ici bas à l'humanité, n'a pas déchiré tous les voiles qui couvrent sa face auguste, il a laissé certaines obscurités qui servent à exercer notre Foi ; puisque la Foi consiste précisément à croire ce qu'on ne voit pas et ce qu'on ne comprend pas ; mais tout ce qu'il a daigné nous révéler est tellement rationnel, si logiquement ordonné, que si l'on veut rompre un seul anneau de chaîne de nos dogmes, on met à leur place une chaîne d'erreurs des plus absurdes. Ces dogmes ne sont ne pas uniquement des vérités spéculatives destinées à mettre notre Foi à l'épreuve, puisque, au contraire, ils nous font comprendre une partie de ce que nous ignorons avant de les connaître : que d'erreurs, en effet, enfantait l'intelligence des philosophes et des plus grands génies, sur la nature de la divinité, sur le mélange du bien et du mal qui se rencontre dans homme ! Dans nos dogmes, il n'y a pas une seule vérité qui ne contribue à nous donner une idée incomplète assurément, mais au moins juste de notre Dieu, ou qui ne contribue à nous faire comprendre la dignité de notre nature ; quelle est la source de nos mauvais penchants ; l'immortalité et le prix de notre âme; la volonté sincère que Dieu a de nous sauver, et ce que nous devons faire pour y correspondre. Enfin, ce qui démontre mieux que tous les raisonnements l'utilité pratique de nos dogmes, c'est que la croyance de ces vérités a fait éclore des vertus dont la nature humaine ne paraissait pas capable, et des mœurs dont la régularité ne se trouve point ailleurs que chez les Nations Chrétiennes : quelle valeur peuvent avoir toutes les allégations possibles contre un fait incontestable? La révélation de ces dogmes est un fait historique, dont le livre le plus authentique qui existe au monde, l'Evangile, fait foi ; le fait de son utilité est public et frappe tous les regards. Après cela, n'est-il pas absurde d'élever encore quelque doute sur ce point, ou de venir demander à quoi ils servent ?
II. Le second élément que renferme la Doctrine Évangélique a pour objet les mystères de la Vie de Jésus-Christ, qui ne sont autre chose que les dogmes et la morale chrétienne mis en quelque sorte en action dans les faits les plus saillants de la vie du Sauveur. C'était un moyen de rendre palpables des vérités en apparence purement spéculatives, et de les mettre à la portée de toutes les intelligences en les liant à des faits historiques accomplis devant un certain nombre de témoins, et souvent même en public. C'est ainsi que le dogme de la Sainte Trinité et celui de l'Incarnation sont manifestés, au premier chapitre de Saint Luc, dans cette ambassade solennelle envoyée à Marie par Dieu le Père, où l'archange Gabriel annonce à la Très Sainte Vierge qu'elle concevra par l'opération du Saint-Esprit, et qu'elle enfantera un fils qu'elle nommera Jésus, Nous voyons encore apparaître d'une manière sensible la Trinité Sainte au baptême de Jésus-Christ et à sa Transfiguration sur le Tabor. Tous les mystères de la vie de Notre-Seigneur, pendant trente-trois ans, sont une preuve continuelle que le Verbe, le Fils éternel de Dieu, s'est bien véritablement fait chair, et que Jésus-Christ était bien réellement Dieu et homme tout à la fois. Tous ces mystères sont encore une source intarissable de lumières pour la pratique des plus éminentes vertus, c'est-à-dire de la morale chrétienne, dont le divin Maître nous a donné l'exemple pendant tout le temps qu'il a passé sur la terre. Il nous apprend, par sa naissance, le détachement des biens périssables de ce monde ; par sa circoncision, il nous enseigne l'humilité, et ce que nous devons retrancher dans notre conduite pour être des adorateurs de son Père en esprit et en vérité ; sa Présentation au Temple est pour nous un modèle de l'obéissance que nous devons à la Loi de Dieu, et sa Fuite en Egypte nous annonce que, si nous sommes ses disciples, nous serons persécutés comme Lui. Sa vie cachée passée dans l'obscurité de la ville de Nazareth jusqu'à l'âge de trente ans, est une leçon consolante pour la plupart des chrétiens qui sont appelés à mener une vie commune et même méprisable aux yeux du monde. Enfin, son jeûne et sa tentation dans le désert ne nous enseignent-ils pas la nécessité de la mortification de notre chair, et la manière dont nous devons combattre les tentations ? Pendant sa vie publique, Jésus-Christ opère un grand nombre de miracles de premier ordre assurément pour faire voir qu'Il était envoyé de la part de son Père, pour confirmer sa doctrine, ou pour prouver sa divinité : vérités fondamentales de la religion, qu'il était absolument nécessaire de bien établir ; mais aussi pour apprendre que ce qu'il a opéré sur les corps, il le fera désormais tous les jours sur nos âmes : c'est pour cela qu'il se plaît à guérir pendant sa vie les aveugles, les sourds, les boiteux, les paralytiques et toute espèce d'infirmités, et qu'il rend même la vie aux morts. Il touche enfin au terme de son séjour sur la terre, et il veut, par un excès d'amour pour les hommes, laver leurs iniquités dans son sang, en offrant à son Père le plus grand de tous les sacrifices, celui de sa vie, pour payer ainsi la rançon des pécheurs. C'est ainsi qu'il rattache au drame le plus frappant et le plus étonnant le mystère de la Rédemption, et qu'il y résume les exemples les plus sublimes des vertus qu'il avait enseignées dans toutes ses prédications.
III. Comme tout se tient, comme tout s'enchaîne dans cette admirable Doctrine ! Les dogmes, les mystères, la morale sont unis d'une manière inextricable : on ne peut toucher à rien sans tout ébranler. On ne comprend pas tout, et il le faut pour que Dieu en soit l'auteur et l'objet, et cependant rien n'est plus rationnel, ni plus satisfaisant pour l'esprit. Ce n'est pourtant pas un système qui dessèche l'âme par des combinaisons arides et au-dessus de la portée du vulgaire, bien loin de là : non-seulement on voit, on touche pour ainsi dire les vérités les plus élevées, qui se rattachent si bien à des faits ; mais le cœur, et le cœur surtout, y trouve un aliment inépuisable à sa sensibilité. Tout, en effet, dans la morale chrétienne, qui est la dernière conséquence des dogmes et des mystères dont elle découle tout naturellement, tout se résume, comme nous l'enseigne le divin Maître, dans ce seul mot : « aimer ». Aimer Dieu par-dessus toute chose, parce qu'il est plus que toute chose et qu'il est le souverain bien : par conséquent, lui immoler tout ce qui est contraire à sa volonté manifestée par sa loi sainte ; lui sacrifier même tout ce qui peut nous porter à lui être infidèles : ainsi, faire la guerre à nos sens par la mortification, à notre orgueil par l'exercice de l'humilité, à l'attachement désordonné aux richesses par l'esprit de pauvreté. Aimer le prochain comme nous-mêmes, non pour ses qualités personnelles, mais pour plaire à Dieu notre dernière fin, et par là même aimer, c'est-à-dire secourir selon notre pouvoir nos semblables quels qu'ils soient, et même nos ennemis ; nous dévouer à leur service parce qu'ils sont nos frères en Jésus-Christ, et que Dieu est notre père commun. Et enfin, faire toutes ces choses par des motifs nobles, élevés, par des sentiments que la nature a gravés dans tous les cœurs, la reconnaissance et la générosité : car Dieu nous a aimés le premier. Un autre qu'un Dieu pouvait-il trouver une morale plus simple, plus belle, plus digne de l'humanité et plus capable de la régénérer ? Telle est pourtant la morale de l'Evangile. Ces dogmes, ces mystères, cette morale qui forment l'ensemble de la doctrine Evangélique, sont l'incomparable trésor que Jésus-Christ a laissé et confié à son Eglise pour renouveler le monde, lui apporter et lui communiquer la vie !
Élévation sur la Doctrine Évangélique
I. Quelles actions de grâce n'avons-nous pas à vous rendre, ô mon Dieu, pour nous avoir révélé des vérités, que les hommes ont vainement cherché à découvrir pendant quatre mille ans ? Est-il étonnant que l'homme dont les facultés sont si bornées n'ait pas su s'élever jusqu'à vous, et pénétrer les mystères de votre nature divine ? Sans doute le flambeau céleste de la Foi ne s'était pas complètement éteint à la suite de la chute originelle ; votre peuple était resté dépositaire des dogmes sacrés qui ont toujours été la base de la vraie religion ; mais il n'en avait lui-même qu'une idée vague et confuse, et tout le reste de l'humanité était plongé dans les plus épaisses ténèbres. Une idolâtrie absurde et révoltante, les mœurs les plus dissolues, une cruauté qui ne reculait devant aucune barbarie, faisaient tous les frais des religions diverses sous le joug desquelles se courbaient honteusement les peuples les plus civilisés et les plus policés. C'est donc vous, Seigneur, qui, dans votre Miséricorde, avez jeté un regard de compassion sur cet homme que vous aviez créé à l'image de votre adorable Fils, que vous aviez inondé de vos divines lumières avant son péché, et qui ensuite était tombé si bas, victime des ténèbres de son intelligence et de ses plus brutales passions. Vous avez daigné faire briller de nouveau à ses yeux les clartés divines de la Foi, vous avez soufflé sur cette étincelle prête à s'éteindre ; vous y avez ranimé le Feu Sacré, par la révélation de vos dogmes, en envoyant votre Verbe les proclamer et les développer lui-même devant toutes les nations, sous une forme plus précise et plus lumineuse que vous ne l'aviez fait pour votre peuple de prédilection.
II. Oui, votre aimable Fils a pris une chair semblable à la nôtre, il a voulu et daigné unir sa divinité à notre humanité, pour nous montrer que vos dogmes et vos mystères renferment, comme sa personne adorable, un côté divin que la faiblesse de notre esprit ne saurait saisir complètement, et un côté que nous pourrions dire humain, parce que l'homme en est assez frappé pour en constater la réalité. C'était, Seigneur, l'accomplissement de cette bénédiction que vous aviez donnée à Jacob dans ce sommeil mystérieux, où il aperçut une échelle dont une extrémité touchait au Ciel, tandis que l'autre reposait sur la terre ; le Ciel et la terre allaient être réconciliés, et Jésus-Christ devait être le lien destiné à rétablir les rapports presque entièrement interrompus entre votre majesté infinie et vos créatures rebelles. Des anges descendaient des Cieux pour venir dévoiler à l'humanité mourante les secrets de la vie surnaturelle, et lui apporter vos secours divins, et d'autres esprits célestes remontaient vers la cité sainte pour engager les hommes par leur exemple à se détacher de la terre et à s'élever jusqu'à vous. Image frappante de l'auguste mission que vous êtes venu remplir ici-bas, ô mon Sauveur, en descendant du sein de votre Père pour nous ouvrir les portes de la bienheureuse éternité, et nous offrir les moyens d'y parvenir ! Comment répondre. Seigneur, à des desseins si miséricordieux, si ce n'est en méditant sérieusement vos adorables mystères, et en soumettant notre orgueilleuse raison à ce qu'elle ne saurait comprendre ? Oui, mon Dieu, nous croyons fermement tout ce que la Doctrine Évangélique nous enseigne ; et nous ferons plier sous le joug de votre parole sacrée toutes les révoltes et les répugnances qui ne sont que le fruit de notre imbécillité et de nos ténèbres.
III. Mais, surtout, nous serons dociles à votre voix, ô Divin Maître, lorsqu'il s'agira de vous prouver notre fidélité dans l'accomplissement de votre loi sainte. Vous ne nous l'avez tracée avec tant de soin et de détail, que pour éclairer nos pas à travers les nuages de notre ignorance et le torrent des passions qui nous entraînent à notre perte. Nous n'oublierons pas que notre amour pour vous doit être l'âme de toutes nos œuvres ; et si quelquefois notre nature récalcitrante murmure contre le frein que vous lui imposez, si la violence et les sacrifices deviennent nécessaires, nous nous rappellerons tout ce que vous avez fait pour nous, tout ce que vous a coûté notre âme : les sueurs, les souffrances, le sang par lesquels vous l'avez rachetée. Nous serons doux et charitables pour notre prochain, parce qu'il a été comme nous l'objet de votre amour et de toutes vos sollicitudes, parce que, quels que soient nos jugements si souvent injustes, il est peut-être plus agréable à vos yeux que nous ne le sommes nous-mêmes ; parce qu'enfin vous nous avez assuré que tout ce que nous ferions pour le plus petit des vôtres, vous le regarderiez comme fait à vous-même. Non, nous ne vous aimerions pas sincèrement, si nous n'aimions pas nos frères, si nous n'étions pas prêts à nous dévouer à leur service ; et cependant, ô mon Sauveur, permettez-nous de vous le dire avec Pierre le chef de vos apôtres, vous qui connaissez toute chose, vous savez que nous vous aimons, ou du moins que nous voulons vous aimer ; et puisque vous êtes descendu des cieux pour nous secourir, aidez-nous à vous le prouver par nos œuvres. Ainsi soit-il.
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