30 mai 2010

31 mai, fête de la Visitation de la Sainte Vierge à sa cousine Elisabeth

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La Visitation de la Sainte Vierge à sa cousine Elisabeth

Extrait des révélations de la Vénérable Maria d'Agreda

Fête le 31 mai


Dans la vision qu'elle eut après l'incarnation, la sainte Vierge connut que lé Seigneur avait pour agréable qu'elle visitât sainte Elisabeth, afin de sanctifier par la présence de son divin fils le précurseur qui allait naître. Elle conféra de ce voyage avec saint Joseph, qui offrit avec un grand respect de l'accompagner. Ils fixèrent le jour du départ, qui fut le quatrième après l'incarnation du verbe. Ils préparèrent les choses nécessaires, c'est-à-dire un âne que leur prêta un voisin , quelques fruits, du pain et quelques poissons et ils partirent de Nazareth, pour la maison de Zacharie, éloignée de quatre jours de marche par un chemin rude et pénible. La sainte Vierge se servait quelquefois du petit animal dans son voyage pour obéir à son époux, mais elle marchait souvent à pied. Elle pria plusieurs fois saint Joseph de se servir d~ la pauvre monture, mais le saint ne voulut jamais le faire. Ils restaient de longues heures en silence, la sainte Vierge chantait alors avec les anges visibles pour elle seule des hymnes au Très-Haut, saint Joseph s'entretenait avec Dieu dans l'oraison. ils s'occupaient ensuite à de saints entretiens dont le saint époux se sentait extraordinairement enflammé et pénétré; ne sachant d'où lui provenait cette grande ferveur, il voulut le demander à la sainte Vierge, mais il n'en eut pas le courage; la prudente Vierge ne voulut pas le lui découvrir, quoiqu'elle pénétrât son intérieur. Le voyage dura quatre jours pendant lesquels plusieurs miracles furent opérés l'un fut de rendre la santé à une fille malade. La reine de l'univers ordonna aux humeurs par le pouvoir suprême qu'elle avait sur les créatures, de se remettre dans leur état naturel. Les saints pèlerins arrivèrent enfin à Juda, c'était le nom de la ville où sainte Elisabeth habitait; elle fut détruite dans la suite, et il resta seulement cette maison qui devint un temple. Zacharie ne demeura pas toujours à Juda, mais aussi à Hébron, où il avait une maison, et il y mourut. Avant d'arriver à Juda, Joseph voulut prévenir Zacharie, mais sainte Elisabeth éclairée de l'esprit saint, était venue à la rencontre de la sainte Vierge avec quelques personnes de sa famille et la joignit aussitôt. La très-pure Vierge salua la première Elisabeth avec ces paroles : Le Seigneur soit avec vous ma cousine. Elisabeth répondit La mère du Très-Haut vient à moi! Que le Seigneur vous récompense d'être venue me donner cette consolation. Après ce salut, elles se retirèrent en particulier, et la mère de la grâce salua de nouveau, en disant : Dieu vous sauve, ma chère cousine, et sa divine lumière vous communique la grâce et la vie. A ces paroles, Elisabeth fut remplie de l'esprit saint, et éclairée intérieurement elle connut en un instant les plus hauts mystères. Lorsque Marie proférait les paroles déjà rapportées, Dieu regarda saint Jean, et lui accorda en ce moment le parfait usage de la raison, il le purifia du péché originel et le remplit de l'esprit saint. Dans le même temps saint Jean vit aussi le verbe incarné, les entrailles de Marie lui servant comme de cristal, et prosterné il adora le rédempteur du monde. Cette adoration produisit un tressaillement de joie du saint enfant dans le sein d'Elisabeth et ravie d'admiration de ces merveilles, les yeux fixés sur Marie elle dit les paroles rapportées par saint Luc: Vous êtes bénie entre toutes les femmes. Le jeune Baptiste comprit le sent de ces paroles. La sainte Vierge répondit d'une voix douce et modeste par le cantique Magnificat anima mea dominum. Elisabeth ensuite s'offrit elle-même et toute sa famille à la sainte Vierge pour la servir, et la pria d'accepter une chambre dont elle faisait usage pour prier le Seigneur. Marie accepta cette chambre avec un remerciement sincère et personne n'y entra désormais excepté sainte Elisabeth. La nuit arriva au milieu de leur doux entretien, la Vierge mère demanda en se retirant la bénédiction à Zacharie comme prêtre du Seigneur. Elle ne s'empressa pas de remédier à son état de mutisme, mais elle pria pour lui et lui porta une tendre compassion. Saint Joseph, après trois jours, demanda la permission de revenir à Nazareth, offrant de revenir au premier avis de sa sainte épouse. Après son départ, la sainte Vierge régla sa manière de vivre dans cette maison, et ce fut celle qu'elle observait à Nazareth. Elle faisait de ses mains les langes de l'enfant qui devait naître. Après une douce contestation, elle obtint de pratiquer l'obéissance, et qu'Elisabeth aurait le commandement. Elle s'occupa des ouvrages qui lui furent imposés de sa sainte cousine; tout ce que faisait la mère de sa sagesse, Elisabeth le gardait avec une grande vénération sans jamais l'employer pour aucun usage.

Dans la compagnie de la mère de Dieu, Elisabeth s'éleva à une très-haute sainteté, elle vit plusieurs fois la sainte Vierge entourée de splendeurs et soulevée de terre; en la voyant toute absorbée en Dieu, elle se prosternait devant elle pour adorer le verbe fait homme renfermé dans son chaste sein. Elle ne découvrit jamais à personne ce mystère caché excepté à Zacharie, et à son fils, et à celui-ci seulement après la naissance du divin enfant. Il y avait dans la maison d'Elisabeth, une servante d'un mauvais naturel, colère, médisante et habituée aux jurements; à cause de ces péchés, plusieurs démons la possédaient déjà depuis quatorze ans. La sainte Vierge découvrant le mauvais état de cette malheureuse femme et le motif pour lequel le démon l'avait possédée, pria le Seigneur pour cette âme; elle lui obtint la contrition et le pardon de ses péchés. Elle ordonna aux esprits infernaux de ne plus la tourmenter, mais de se tenir toujours éloignés d'elle comme ils avaient fait lorsque la Vierge entra sur le seuil de la maison. Il y avait une autre femme dans le voisinage de la maison d'Elisabeth, qui n'était pas meilleure que la précédente. Dès qu'elle eut appris qu'il était arrivé dans ce lieu une jeune étrangère, modeste, humble et retirée. Quelle est celle-ci, dit-elle, dont la vie est si singulière? Je veux voir qui elle est. Elle alla poussée par la curiosité à la maison d'Elisabeth voir l'étrangère; mais à la vue de la très-pure Marie, tous ses sentiments dépravés furent changés; elle pleura amèrement ses péchés, sans connaître encore la cause de ce changement si subit. La mère de Dieu fit aussi la conquête d'un grand nombre d'autres âmes, mais toujours en secret sans que personne remarquât que la grâce et la conversion étaient l'effet de l'efficacité de ses prières. Il y avait plus de deux mois que la Vierge habitait chez Elisabeth et sanctifiait toute cette famille par ses actions et ses exemples d'humilité. Elisabeth prévoyant le prochain départ de sa sainte cousine, commença à ressentir la perte qu'elle allait faire. Un jour elle s'efforça de lui persuader de changer son habitation de Nazareth à Juda; elle lui dit qu'on appellerait saint Joseph, et que sa maison, sa famille et sa personne seraient à leur service, L'humble Vierge écouta cette proposition, mais elle lui dit qu'elle ne pouvait rien décider sans le bon plaisir de Dieu et de son époux, qu'elle exposerait à Dieu ses désirs dans la prière et ferait connaître son invitation à saint Joseph. Sainte Elisabeth fut satisfaite elle la pria seulement de ne pas la quitter jusqu'à la naissance de l'enfant. La sainte Vierge se retira dans son oratoire, pour connaître la volonté du Seigneur. Elle fut aussitôt ravie en extase et le Seigneur lui fit comprendre qu'elle devait rester jusqu'à la naissance de l'enfant qui devait naître bientôt, et retourner à Nazareth lorsque la circoncision serait faite.

Lorsque le temps fut accompli, le Seigneur fit connaître à Jean-Baptiste l'heure où il devait venir au monde. Le saint enfant à cet avis resta en suspens sur ce qu'il devait faire: d'un côté les lois de la nature l'obligeaient de naître, la volonté du Seigneur l'ordonnait aussi, d'un autre côté il considérait sérieusement les dangers du périlleux voyage qu'il entreprenait dans cette vie si fragile. Il se tourna donc vers Dieu avec une entière obéissance et une grande confiance dans sa bonté: Seigneur dit-il, que votre divine volonté s'exécute, accordez-moi d'employer ma vie à votre service, et donnez-moi votre bénédiction pour venir à la lumière du monde. Le saint enfant mérita pal- cette prière que la divine majesté lui accordât de nouveau à sa naissance sa bénédiction et sa grâce. Dès qu'il fut né, Elisabeth en fit donner avis à la Vierge qu'elle n'avait osé inviter d'être présente. Marie lui envoya les langes préparées de ses mains pour envelopper l'enfant, et peu après elle vint elle-même par l'inspiration divine. Elisabeth était déjà assise sur son lit; la sainte Vierge prit l'enfant dans ses bras et l'offrit aussitôt au Père éternel. Il témoigna une grande joie de se voir dans les bras de la mère de Dieu, il s'inclina en signe de respect et fit d'autres gestes d'affection envers elle, mais elle conserva toujours sa dignité, et elle ne le baisa pas même une seule fois comme il est en usage de le faire à cet âge. Elle n'arrêta point sa vue sur lui, toute absorbée dans la contemplation de la beauté de sa grande âme, de sorte qu'elle ne l'aurait pas reconnu des yeux du corps.

Le huitième jour, il fut circoncis et appelé Jésus avec toutes les circonstances rapportées par saint Luc. Zacharie recouvra la parole et ce fut par le moyen de Marie qui usant du pouvoir qu'elle avait sur les créatures délia sa langue afin qu'il bénît en cette occasion le Seigneur. Il le fit à l'admiration de tous les assistants qui ne comprirent point comment s'était opéré le miracle. Après la circoncision, saint Joseph vint de Nazareth pour ramener son épouse. Elle le reçut avec une grande joie et un profond respect, se mit à genoux devant lui le priant de la bénir; et ensuite elle se prépara pour le départ. Elisabeth voulut profiter de la présence de la mère de la sagesse et la supplia de lui laisser quelques instructions pour lui servir de règlement de vie après son départ. Ses raisons et ses prières furent si vives que la Vierge en fut attendrie et ne put lui refuser une si juste consolation : « Elevez toujours, lui dit-elle, votre coeur et votre esprit à Dieu, et avec la lumière de la grâce que vous avez, ne perdez jamais de vue l'être immuable de Dieu éternel infini et sa bonté incompréhensible qui l'a porté à tirer les hommes du néant pour les élever à la gloire, et les enrichir de ses dons précieux. Vous devez apporter tous vos soins à dégager votre coeur de toutes les choses du inonde afin que libre et détaché il puisse atteindre sa fin. Pour cela, ma chère cousine, je vous recommande de le purifier de ce qui est terrestre, afin que délivrée des embarras de cette vie, vous répondiez aux desseins de Dieu, et que vous puissiez suivre sans peine et avec joie le Seigneur, lorsqu'il faudra laisser ce corps et tout ce qu'il aime. Maintenant, c'est le temps de souffrir et de mériter la couronne, sachons nous en rendre dignes et marcher avec diligence pour arriver à l'union intime avec notre véritable et souverain bien. Mettez un grand soin pendant votre vie obéir à Zacharie votre époux et votre chef, à le servir et l'aimer. Offrez votre fils à Dieu son créateur, et en lui, pour lui, vous pouvez l'aimer comme mère. Employez votre zèle afin que Dieu soit craint et honoré dans votre maison toute votre famille. Soyez attentive à soulager les pauvres ceux qui sont dans le besoin autant qu'il vous sera possible. Secourez-les des biens temporels que Dieu vous a libéralement donnés pour les distribuer généreusement à ceux qui en sont privés. Nous sommes tous enfants du même père qui est aux cieux, auquel appartiennent toutes les choses créées il n'est pas raisonnable que le père étant riche, un enfant soit dans l'abondance, et les autres soient pauvres et délaissés. Continuez ce que vous faites, et exécutez ce que vous avez dans l'esprit puisque Zacharie le remet à votre disposition; vous pouvez être libérale avec la permission de votre époux. Vous mettrez en Dieu votre espérance dans tout les peines qu'il vous enverra. Vous serez bonne, doue humble, bienveillante et très-patiente avec tout le monde quoiqu'il y en ait qui vous causent de la peine, dans la pensée que ce sont des instruments pour votre mérite. Bénissez éternellement le Seigneur pour les mystères si élevés qu vous a manifestés, et demandez toujours avec zèle et charité le salut des âmes. Priez Dieu, afin qu'il me gouverne et me dirige pour traiter dignement et selon sa volonté le mystère que sa bonté immense a confié à une si vile et si pauvre servante. » Ainsi parla la sainte Vierge à sa cousine au m ment de son départ, et se mettant à genoux elle lui demanda la bénédiction. Ensuite elle alla prendre congé de Zacharie et humblement prosternée à ses pieds, lui demanda aussi la bénédiction. Les paroles de la bénédiction du prophète furent presque toutes tirées de la sainte écriture. Que le Dieu tout-puissant vous assiste toujours et vous délivre de tout mal; qu'il vous défende par sa protection et vous remplisse de la rosée du ciel et de la graisse de la terre. Que les peuples vous servent, et les tribus vous vénèrent parce que vous êtes le tabernacle de Dieu. Vous serez la maîtresse de vos frères et les fils de votre mère fléchiront le genou devant vous. Celui qui vous exaltera et vous bénira, sera exalté et béni et celui qui ne vous louera pas, sera maudit. Que toutes les créatures connaissent Dieu en vous et que par vous le nom du Très-Haut soit glorifié. Après cette bénédiction, elle baisa la main au saint prêtre qui en fut tout attendri, Il garda toujours le secret de ces mystères. Une seule fois qu'il y avait dans le temple une assemblée de prêtres, poussé par l'esprit de Dieu il dit tout à coup ces paroles : Je crois fermement que le Très-Haut nous a visités en envoyant au monde le Messie qui doit racheter son peuple. Siméon à ces paroles fut saisi d'une grande émotion; ne permettez pas, dit-il, ô Dieu d'Israël, que votre serviteur quitte cette vallée de larmes avant d'avoir vu notre salut et le rédempteur de son peuple.

La sainte Vierge ayant pris congé des saints époux, voulut avant de partir voir encore Jean-Baptiste; elle le prit dans ses bras et lui donna plusieurs bénédictions mystérieuses. Le saint enfant parla à la sainte Vierge par la permission de Dieu, mais à voix basse, et lui demanda son intercession et sa bénédiction. Il lui baisa trois fois la main, et adora dans son sein le verbe incarné. L'enfant divin le regarda en même temps avec tendresse et bienveillance; ce que la Vierge mère vit et admira avec une grande joie.

Extrait de la Vie Divine de la Très Sainte Vierge Marie, chapitre 9

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25 mars 2009

L’Annonciation de Marie

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L’Annonciation de Marie

Extrait des révélations de la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich


« Je vis la sainte Vierge peu après son mariage dans la maison de Joseph à Nazareth, où me conduisit mon guide. […] Marie baissa son voile sur son visage et joignit les mains. […] Je la vis prier longtemps ainsi avec ardeur, le visage tourné vers le ciel ; elle invoquait la rédemption, la venue du Roi promis au peuple d'Israël. […] Elle resta longtemps à genoux, ravie en extase ; puis elle pencha la tête sur sa poitrine. Alors, du plafond de la chambre, descendit à sa droite, en ligne un peu oblique, une telle masse de lumière que je fus obligée de me retourner vers la cour où était la porte ; je vis dans cette lumière un jeune homme resplendissant avec des cheveux blonds flottants, descendre devant elle à travers les airs : c'était l'ange Gabriel. Il lui parla, et je vis les paroles sortir de sa bouche comme des lettres de feu ; je les lus et je les entendis. […] Marie tourna le visage de son côté, comme obéissant à un ordre, souleva un peu son voile, et répondit. L'ange parla encore ; Marie releva tout à fait son voile, regarda l'ange, et prononça les paroles sacrées : « Voici la servante du Seigneur, qu'il me soit fait selon votre parole ». La Sainte Vierge était dans un ravissement profond ; la chambre était pleine de lumière, je ne vis plus la lueur de la lampe qui brûlait ; je ne vis plus le plafond de la chambre. Le ciel parut ouvert ; mes regards suivirent au-dessus de l'ange une voie lumineuse ; je vis à l'extrémité de ce fleuve de lumière une figure de la Sainte Trinité : c'était comme un triangle lumineux dont les rayons se pénétraient réciproquement. J'y reconnus ce que l'on ne peut qu'adorer, mais jamais exprimer, Dieu tout-puissant, le Père, le Fils et le Saint Esprit, et cependant un seul Dieu tout-puissant. Quand la Sainte Vierge eut dit : « Qu'il me soit fait selon votre parole », je vis une apparition ailée du Saint Esprit, qui cependant ne ressemblait pas entièrement à la représentation ordinaire sous forme de colombe. La tête avait quelque chose du visage humain ; la lumière se répandait des deux côtés comme des ailes. […] Je vis après cela l'ange disparaître ; la voie lumineuse dont il était sorti se retira : c'était comme si le ciel aspirait et faisait rentrer en lui ce fleuve de lumière. Pendant que je voyais toutes ces choses dans la chambre de Marie, j'eus une impression personnelle d'une nature singulière J'étais dans une angoisse continuelle, comme si l'on m'eût dressé des embûches, et je vis un horrible serpent ramper à travers la maison et les degrés jusqu'à la porte près de laquelle j'étais quand la lumière pénétra la Sainte Vierge ; le monstre était arrivé à la troisième marche. Ce serpent était à peu près de la longueur d'un enfant ; sa tête était large et plate ; il avait à la hauteur de la poitrine deux courtes pattes membraneuses, armées de griffes semblables à des ailes de chauve-souris, sur lesquelles il se traînait. Il était tacheté de diverses couleurs d'un aspect repoussant, et rappelait le serpent du Paradis, mais avec quelque chose de plus difforme et de plus horrible. Quand l'ange disparut de la chambre de la Sainte Vierge, il marcha sur la tête de ce monstre devant la porte, et j'entendis un cri si affreux que j'en frissonnais. Je vis ensuite paraître trois esprits qui frappèrent ce hideux reptile et le chassèrent hors de la maison. Après la disparition de l'ange, je vis la sainte Vierge dans un profond ravissement et toute recueillie en elle-même ; je vis qu'elle connaissait et adorait l'incarnation du Sauveur en elle, où il était comme un petit corps humain lumineux, complètement formé et pourvu de tous ses membres. […] Si Marie devint Sa Mère et s'il ne vint pas plus tôt, c'est qu'elle seule était, ce que jamais créature ne fut avant elle ni après elle, le pur vase de grâce que Dieu avait promis aux hommes, et dans lequel il devait se faire homme, pour payer les dettes de l'humanité au moyen des mérites surabondants de sa Passion. La Sainte Vierge était la fleur parfaitement pure de la race humaine, éclose dans la plénitude des temps. Tous les enfants de Dieu parmi les hommes, tous ceux qui, depuis le commencement, avaient travaillé à l'œuvre de la sanctification, ont contribué à sa venue. Elle était le seul or pur de la terre ; elle seule était la portion pure et sans tache de la chair et du sang de l'humanité tout entière, qui, préparée, épurée, recueillie, consacrée à travers toutes les générations de ses ancêtres, conduite, protégée et fortifiée sous le régime de la loi de Moise, se produisait enfin comme la plénitude de la grâce. Elle était prédestinée dans l'éternité, et elle a paru dans le temps comme Mère de l'Eternel ».

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21 janvier 2009

Les épousailles de Marie et de Saint Joseph

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Les épousailles de Marie et de Saint Joseph

Texte extrait de la Vie Divine de la Très Sainte Vierge Marie, de Maria d'Agreda


La divine enfant fut rapportée par les anges dans le temple. Elle leur fit de douces plaintes et d'amoureuses instances, afin qu'il lui découvrissent la faute qui la privait de la présence de son divin époux. Le Seigneur entendit enfin ses plaintes et se manifesta à son épouse par une vision abstractive de sa divinité. Il dissipa ses ténèbres et remplit son âme de célestes consolations et des joies les plus pures. A l'âge de treize ans et demi il lui arriva ce que l'Écriture nous dit être arrivé à Abraham lorsqu'il lui fut commandé de sacrifier son fils Isaac. Elle avait fait voeu de virginité perpétuelle en présence de Dieu et des saints anges, et elle n'avait rien de plus à coeur que de conserver toujours ce beau lys de pureté. Mais le Seigneur lui commanda de prendre l'état du mariage, sans lui découvrir encore qu'elle fut choisie pour être la mère de Dieu. A cet ordre inattendu elle resta très affligée, mais elle suspendit son jugement, et croyant plus fermement qu'Abraham lui-même, elle espéra contre l'espérance, et se résigna à la divine volonté. Dieu dit en songe à Siméon de chercher un époux pour la fille de Joachim et de rassembler tous les prêtres et les docteurs pour leur exposer que cette enfant était orpheline et qu'elle n'avait aucune volonté de s'engager dans le mariage; mais que la coutume étant qu'aucune fille ne sortit du temple sans s'établir, il était convenable de lui trouver un mari. Le saint vieillard obéit aux ordres divins. Il exposa la chose aux prêtres, qui furent d'avis qu'il fallait prier le Seigneur de leur faire connaître quel était celui qu'il avait choisi pour son époux à cette enfant. Ils fixèrent donc un jour auquel tous les jeunes hommes de la famille de David, qui étaient présents à Jérusalem devaient se rassembler dans le temple; ils choisirent celui où Marie achevait, la quatorzième année de son âge. Simon voulut alors donner connaissance à la sainte enfant de leur résolution et l'engager à recommander cette affaire au seigneur. A cette nouvelle elle ressentit une si vive affliction qu'elle serai morte si Dieu ne l'eut fortifiée de sa divine vertu. Il lui donna cet avis neuf jours avant celui qui avait été fixé; en ce temps là, tandis que la sainte vierge redoublait ses prières afin que la divine volonté s'accomplit sur elle, le seigneur lui apparut et lui dit: Mon épouse et ma colombe, apaisez votre coeur affligé; je suis attentif à vos désirs et à vos prières, le prêtre sera conduit par ma lumière; je vous donnerai un époux qui ne s'opposera pas à vos désirs, et je vous viendrai en aide avec ma grâce. Je chercherai un homme parfait et selon mon coeur et je le choisirai parmi mes serviteurs; non pouvoir est infini et il sera toujours avec vous pour votre protection. Ces paroles du seigneur apaisèrent le coeur de la pure vierge et elle pria de nouveau le Très-Haut de lui conserver la pureté. Elle s'adressa aussi à ses anges qui la .consolèrent par les raisons tirées de la puissance de Dieu et de son amour infini envers elle. Le jour fixé arriva, tous les jeunes hommes de la famille de David s'assemblèrent et Joseph originaire de Nazareth, mais alors habitant à Jérusalem se trouva avec eux. Il était âgé de trente-trois ans, était bien fait de corps, d'un visage agréable et d'une modestie et d'une grâce incomparable. Dès sa douzième année il avait fait voeu de chasteté. Il était parent au troisième degré de la sainte vierge. Les prêtres se mirent- en prières afin de régler avec l'assistance divine ce qu'il fallait faire. Le seigneur inspira à Simon de faire prendre une baguette sèche à chaque prétendant et il leur dit que chacun demandât à Dieu de manifester sa divine volonté. Lorsqu'ils étaient tous en prière, on vit fleurir la baguette que tenait saint Joseph et voler au-dessus de sa tête une blanche colombe entourée d'une splendeur admirable. En outre saint Joseph entendit une voix qui lui dit intérieurement : Joseph mon serviteur, Marie doit être votre épouse, recevez-la avec soin et respect, car elle est agréable à mes yeux, juste, très-pure de corps et d'esprit et vous ferez ce qu'elle vous dira. Sur la déclaration du ciel les prêtres donnèrent la très-sainte Vierge pour épouse à saint Joseph, comme choisi de Dieu. Marie baisa la main à Siméon et à Anne sa maîtresse et sortit du temple avec son époux et quelques serviteurs du saint lieu et ils allèrent ensemble à Nazareth. Arrivés là, les saints époux visitèrent leurs parents et leurs amis ainsi qu'on la pratique dans ces sortes d'occasions et ils se retirèrent enfin à leur maison. Alors la très-pure Vierge pria les anges de l'assister dans ce premier entretien qu'elle devait avoir seule à seule avec un homme. Ils furent tous présents en forme visible; ils donnèrent une grande force à ses paroles et enflammèrent de charité le coeur de saint Joseph. Elle fit alors connaître à son époux le voeu de perpétuelle chasteté qu'elle avait fait, le suppliant de l'aider à l'accomplir; saint Joseph lui découvrit de son côté celui qu'il avait fait à l'âge de douze ans. Le coeur des deux chastes époux fut rempli de consolation en voyant l'oeuvre du seigneur dans la conformité de leurs sentiments; ils renouvelèrent leurs voeux, promirent d'y être fidèles et de s'entraider pour leur perfection. Après ces promesses, ils partagèrent, l'héritage que saint Joachim et sainte Anne leur avait laissé, ils en offrirent une part au temple, l'autre fut réservée pour les pauvres; ils gardèrent la troisième pour leur entretien Saint Joseph avait appris dans sa jeunesse le métier de charpentier comme un emploi honnête, dans le dessein de gagner sa vie. Il demanda à la sainte Vierge son épouse, s'il lui serait agréable qu'il exerçât ce métier. La sainte Vierge y Consentit, en l'avertissant que le Seigneur voulait qu'ils fussent pauvres et qu'ils secourussent les pauvres. Elle lui demanda la permission de distribuer des aumônes, ce que le saint époux lui accorda volontiers. Dieu pour augmenter dans saint Joseph le respect et la vénération qu'il devait à son épouse, voulut qu'elle répandît dans son époux par sa vue et sa présence une crainte respectueuse qui ne peut s'exprimer en paroles. Ces effets résultaient d'une rayonnante splendeur de la divine lumière, unie à une majesté ineffable dont saint Joseph était pénétré. Le saint mariage fut célébré le huit septembre, Marie ayant quatorze ans accomplis et saint Joseph trente-trois.

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05 janvier 2009

Litanies de la vie de Marie

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La Vierge Marie

Notre Maman du Ciel


La Vierge Marie est une jeune femme. Elle est née il y a un peu plus de 2000 ans en Israël. Elle est la fille de Anne et Joachim. Dieu l’a choisi pour être la mère du messie, Jésus le Christ. A 14 ans elle est visitée par l’ange Gabriel qui lui propose cette mission unique dans l’histoire du Salut de l’humanité. Elle accepte. Par son « Oui », Marie se laisse épouser par l’Esprit-Saint pour accueillir en son sein l’Enfant-Dieu. L'Église nous enseigne 4 dogmes (c’est à dire 4 vérités) sur la Vierge Marie : La Maternité Divine : Elle est Mère de Dieu; Sa Virginité; Son Assomption : A la fin de sa vie terrestre, elle s’est élevé au Ciel avec son corps et son âme. (Nous la fêtons le 15 août); Son Immaculée Conception : Elle est conçue sans péchés. Marie est avant tout une maman. Non seulement elle est la mère du Christ, et plus tard, sur la Croix, Jésus la donne pour mère à toute l’humanité. « Voici ta mère » (Jean 19, 27) Comme toutes les mamans, Marie est attentive à chaque petit problème de notre vie. Nous pouvons vraiment tout lui confier, tout lui dire.


Texte extrait de la Neuvaine « un cri vers le Ciel »

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Litanies de la vie de Marie


Seigneur, ayez pitié de nous.

Christ, ayez pitié de nous.

Seigneur, ayez pitié de nous.

Christ, écoutez-nous

Christ, exaucez-nous

Père céleste , qui êtes Dieu, ayez pitié de nous

Fils, rédempteur du monde, qui êtes Dieu , ayez pitié de nous.

Saint-Esprit, logement dans les âmes des justes, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.

Sainte Trinité, qui êtes un seul Dieu , ayez pitié de nous.


Sainte Marie, priez pour nous.

Sainte Vierge, issus de la race de David, priez pour nous.

Sainte Vierge, de la racine de Jessé, priez pour nous.

Sainte Vierge, conçue sans péché originel, priez pour nous.

Sainte Vierge, présenté au cours de l'enfance dans le temple, priez pour nous.

Sainte Vierge, fiancée à Joseph le juste, priez pour nous.

Sainte Vierge, lié par un serment inviolable de chasteté, priez pour nous.

Sainte Vierge, glorieusement salué par l'Ange, priez pour nous.

Sainte Vierge, pleine de grâce, priez pour nous.

Sainte Vierge, bénie entre toutes les femmes, priez pour nous.

Sainte Vierge, qui avez consenti au vœu du Ciel, priez pour nous.

Sainte Vierge, qui avez conçu de l'opération du Saint-Esprit, priez pour nous.

Sainte Vierge, en prenant en votre sein l'Homme-Dieu, priez pour nous.

Sainte Vierge, Mère du Seigneur, priez pour nous.

Sainte Vierge, Mère du vrai Salomon, priez pour nous.

Sainte Vierge, Mère de Dieu, priez pour nous.

Sainte Vierge, qui avez visité Élisabeth, priez pour nous.

Sainte Vierge, sainte porte par laquelle le Roi du Ciel est passée, priez pour nous.

Sainte Vierge, qui avez voyagé à Bethléem avec votre époux Joseph, priez pour nous.

Sainte Vierge, qui avez mis au monde votre divin Fils, priez pour nous.

Sainte Vierge, Mère de votre propre Créateur, priez pour nous.

Sainte Vierge, portant Dieu le Fils dans une crèche, priez pour nous.

Sainte Vierge, visitée par les bergers, priez pour nous.

Sainte Vierge, saluée par les Rois Mages, priez pour nous.

Sainte Vierge, qui avez présenté votre Fils pour être circoncis, priez pour nous.

Sainte Vierge, qui vous êtes présentée à la loi de la purification, priez pour nous.

Sainte Vierge, offrant votre cher Fils dans le temple, priez pour nous.

Sainte Vierge, exilée en Egypte pour sauver votre enfant, priez pour nous.

Sainte Vierge, menant une vie obscure à Nazareth, priez pour nous.

Sainte Vierge, observant les fêtes prescrites par la loi, priez pour nous.

Sainte Vierge, frappé par la perte de votre enfant à douze ans, priez pour nous.

Sainte Vierge, angoissé pendant la recherche de votre enfant, priez pour nous.

Sainte Vierge, qui avez honorée de votre présence à la fête de mariage de Cana, priez pour nous.

Sainte Vierge, présentant gracieusement à votre fils le manque de vin, priez pour nous.

Sainte Vierge, qui avez obtenu du Christ son premier miracle public par votre intercession, priez pour nous.

Sainte Vierge, à la suite de votre Fils dans son ministère, priez pour nous.

Sainte Vierge, partageant la douleur de votre Fils, priez pour nous.

Sainte Vierge, debout au pied de la Croix, priez pour nous.

Sainte Vierge, confié par votre Fils à Jean le disciple bien-aimé, priez pour nous.

Sainte Vierge, transpercé par une épée de la douleur, priez pour nous.

Sainte Vierge, remplis de l'Esprit Saint le jour de la Pentecôte, priez pour nous.

Sainte Vierge, élevé par votre Fils dans le ciel, priez pour nous.

Sainte Vierge, qui régnez dans le ciel, notre Reine, priez pour nous.

Sainte Vierge, qui êtes appelée bienheureuse par toutes les générations, priez pour nous.


Agneau de Dieu, qui enlèves les péchés du monde, pardonnez-nous, Seigneur.

Agneau de Dieu, qui enlèves les péchés du monde, exaucez-nous, Seigneur.

Agneau de Dieu, qui enlèves les péchés du monde, ayez pitié de nous.


Priez pour nous, ô Sainte Mère de Dieu,

Afin que nous soyons dignes des promesses du Christ.


Prions


Protège, Seigneur, tes serviteurs, accorde nous ta confiance, que dans la protection de la bienheureuse Marie toujours Vierge, et notre humble imitation de sa vie sainte, nous obtenions la victoire contre tous les ennemis et tous les dangers, par l'intermédiaire de Notre Seigneur Jésus-Christ. Amen.

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Téléchargez le texte des Litanies de la Vie de Marie (pdf) en cliquant ici

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02 août 2008

Le Rosaire médité avec Maria Valtorta 20/20

  Le Rosaire médité avec Maria Valtorta

Textes extraits de « L'Evangile tel qu'il m'a été révélé »

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Cinquième Mystère Glorieux: L'Assomption de Marie et sa glorification dans le Ciel


Combien de jours sont-il passés ? Il est difficile de l’établir sûrement. Si on en juge par les fleurs qui font une couronne autour du corps inanimé, on devrait dire qu’il est passé quelques heures. Mais si on en juge d’après le feuillage d’olivier sur lequel sont posées les fleurs fraîches, et dont les feuilles sont déjà fanées, et d’après les autres fleurs flétries, mises comme autant de reliques sur le couvercle du coffre, on doit conclure qu’il est passé déjà des journées. Mais le corps de Marie est tel qu’il était quand elle venait d’expirer. Il n’y a aucun signe de mort sur son visage, sur ses petites mains. Il n’y a dans la pièce aucune odeur désagréable. Au contraire il y flotte un parfum indéfinissable qui rappelle l’encens, les lys, les roses, le muguet, les plantes de montagne, mélangés.

Jean, qui sait depuis combien de jours il veille, s’est endormi, vaincu par la lassitude. Il est toujours assis sur le tabouret, le dos appuyé au mur, près de la porte ouverte qui donne sur la terrasse. La lumière de la lanterne, posée sur le sol, l’éclaire par en dessous et permet de voir son visage, fatigué, très pâle, sauf autour des yeux rougis par les pleurs. L’aube doit maintenant être commencée car sa faible clarté permet de voir la terrasse et les oliviers qui entourent la maison. Cette clarté se fait toujours plus forte et, pénétrant par la porte, elle rend plus distincts les objets mêmes de la chambre, ceux qui, étant éloignés de la lampe, pouvaient à peine être entrevus. Tout d’un coup une grande lumière remplit la pièce, une lumière argentée, nuancée d’azur, presque phosphorique, et qui croît de plus en plus, qui fait disparaître celle de l’aube et de la lampe. C’est une lumière pareille à celle qui inonda la Grotte de Bethléem au moment de la Nativité divine. Puis, dans cette lumière paradisiaque, deviennent visibles des créatures angéliques, lumière encore plus splendide dans la lumière déjà si puissante apparue d’abord. Comme il était déjà arrivé quand les anges apparurent aux bergers, une danse d’étincelles de toutes couleurs se dégage de leurs ailes doucement mises en mouvement d’où il vient une sorte de murmure harmonieux, arpégé, très doux.

Les créatures angéliques forment une couronne autour du petit lit, se penchent sur lui, soulèvent le corps immobile et, en agitant plus fortement leurs ailes, ce qui augmente le son qui existait d’abord, par un vide qui s’est par prodige ouvert dans le toit, comme par prodige s’était ouvert le Tombeau de Jésus, elles s’en vont, emportant avec eux le corps de leur Reine, son corps très Saint, c’est vrai, mais pas encore glorifié et encore soumis aux lois de la matière, soumission à laquelle n’était plus soumis le Christ parce qu’il était déjà glorifié quand il ressuscita. Le son produit par les ailes angéliques est maintenant puissant comme celui d’un orgue. Jean, qui tout en restant endormi s’était déjà remué deux ou trois fois sur son tabouret, comme s’il était troublé par la grande lumière et par le son des voix angéliques, est complètement réveillé par ce son puissant et par un fort courant d’air qui, descendant par le toit découvert et sortant par la porte ouverte, forme une sorte de tourbillon qui agite les couvertures du lit désormais vide et les vêtements de Jean, et qui éteint la lampe et ferme violemment la porte ouverte. L’apôtre regarde autour de lui, encore à moitié endormi, pour se rendre compte de ce qui arrive. Il s’aperçoit que le lit est vide et que le toit est découvert. Il se rend compte qu’il est arrivé un prodige. Il court dehors sur la terrasse et, comme par un instinct spirituel, ou un appel céleste, il lève la tête, en protégeant ses yeux avec sa main pour regarder, sans avoir la vue gênée par le soleil qui se lève. Et il voit. Il voit le corps de Marie, encore privé de vie et qui est en tout pareil à celui d’une personne qui dort, qui monte de plus en plus haut, soutenu par une troupe angélique. Comme pour un dernier adieu, un pan du manteau et du voile s’agitent, peut-être par l’action du vent produit par l’assomption rapide et le mouvement des ailes angéliques. Des fleurs, celles que Jean avait disposées et renouvelées autour du corps de Marie, et certainement restées dans les plis des vêtements, pleuvent sur la terrasse et sur le domaine du Gethsémani, pendant que l’hosanna puissant de la troupe angélique se fait toujours plus lointain et donc plus léger. Jean continue à fixer ce corps qui monte vers le Ciel et, certainement par un prodige qui lui est accordé par Dieu, pour le consoler et le récompenser de son amour pour sa Mère adoptive, il voit distinctement que Marie, enveloppée maintenant par les rayons du soleil qui s’est levé, sort de l’extase qui a séparé son âme de son corps, redevient vivante, se dresse debout, car maintenant elle aussi jouit des dons propres aux corps déjà glorifiés. Jean regarde, regarde. Le miracle que Dieu lui accorde lui donne de pouvoir, contre toutes les lois naturelles, voir Marie qui maintenant qu’elle monte rapidement vers le Ciel est entourée, sans qu’on l’aide à monter, par les anges qui chantent des hosannas. Jean est ravi par cette vision de beauté qu’aucune plume d’homme, qu’aucune parole humaine, qu’aucune œuvre d’artiste ne pourra jamais décrire ou reproduire, car c’est d’une beauté indescriptible. Jean, en restant toujours appuyé au muret de la terrasse, continue de fixer cette splendide et resplendissante forme de Dieu - car réellement on peut parler ainsi de Marie, formée d’une manière unique par Dieu, qui l’a voulue immaculée, pour qu’elle fût une forme pour le Verbe Incarné — qui monte toujours plus haut. Et c’est un dernier et suprême prodige que Dieu-Amour accorde à celui qui est son parfait aimant : celui de voir la rencontre de la Mère très Sainte avec son Fils très Saint qui, Lui aussi splendide et resplendissant, beau d’une beauté indescriptible, descend rapidement du Ciel, rejoint sa Mère et la serre sur son cœur et ensemble, plus brillants que deux astres, s’en vont là d’où Lui est venu. La vision de Jean est finie. Il baisse la tête. Sur son visage fatigué on peut voir à la fois la douleur de la perte de Marie et la joie de son glorieux sort. Mais désormais la joie dépasse la douleur. Il dit : "Merci, mon Dieu ! Merci ! J’avais pressenti que cela serait arrivé. Et je voulais veiller pour ne perdre aucun détail de son Assomption. Mais cela faisait trois jours que je ne dormais pas ! Le sommeil, la lassitude, joints à la peine, m’ont abattu et vaincu justement quand l’Assomption était imminente... Mais peut-être c’est Toi qui l’as voulu, ô mon Dieu, pour ne pas troubler ce moment et pour que je n’en souffre pas trop... Oui. Certainement c’est Toi qui l’as voulu, comme maintenant tu voulais que je vois ce que sans un miracle je n’aurais pu voir. Tu m’as accordé de la voir encore, bien que déjà si loin, déjà glorifiée et glorieuse, comme si elle avait été tout prés. Et de revoir Jésus ! Oh ! vision bienheureuse, inespérée, inespérable ! Oh ! don des dons de Jésus-Dieu à son Jean ! Grâce suprême ! Revoir mon Maître et Seigneur ! Le voir Lui près de sa Mère ! Lui semblable au soleil et elle à la lune, tous les deux d’une splendeur inouïe, à la fois parce que glorieux et pour leur bonheur d’être réunis pour toujours ! Que sera le Paradis maintenant que vous y resplendissez, Vous, astres majeurs de la Jérusalem céleste ? Quelle est la joie des chœurs angéliques et des saints ? Elle est telle la joie que m’a donnée la vision de la Mère avec le Fils, une chose qui fait disparaître toute sa peine, toute leur peine, même, que la mienne aussi disparaît, et en moi la paix la remplace. Des trois miracles que j’avais demandés à Dieu, deux se sont accomplis. J’ai vu la vie revenir en Marie, et je sens que la paix est revenue en moi. Toute mon angoisse cesse car je vous ai vus réunis dans la gloire. Merci pour cela, ô Dieu. Et merci pour m’avoir donné manière, même pour une créature très sainte, mais toujours humaine, de voir quel est le sort des saints, quelle sera après le jugement dernier, et la résurrection de la chair et leur réunion, leur fusion avec l’esprit, monté au Ciel à l’heure de la mort. Je n’avais pas besoin de voir pour croire, car j’ai toujours cru fermement à toutes les paroles du Maître. Mais beaucoup douteront qu’après des siècles et des millénaires, la chair, devenue poussière, puisse redevenir un corps vivant. A ceux-là je pourrai dire, en le jurant sur les choses les plus élevées, que non seulement le Christ est redevenu vivant par sa propre puissance divine, mais que sa Mère aussi, trois jours après sa mort, si on peut appeler mort une telle mort, a repris vie et avec sa chair réunie à son corps elle a pris son éternelle demeure au Ciel à côté de son Fils. Je pourrai dire : “Croyez, vous tous chrétiens, à la résurrection de la chair à la fin des siècles, et à la vie éternelle des âmes et des corps, vie bienheureuse pour les saints, horrible pour les coupables impénitents. Croyez et vivez en saints, comme ont vécu en saints Jésus et Marie, pour avoir le même sort. J’ai vu leurs corps monter au Ciel. Je puis vous en rendre témoignage. Vivez en justes pour pouvoir un jour être dans le nouveau monde éternel, en âme et en corps, prés de Jésus-Soleil et près de Marie, Étoile de toutes les étoiles”. Merci encore, ô Dieu ! Et maintenant recueillons ce qui reste d’elle. Les fleurs tombées de ses vêtements, les feuillages des oliviers restés sur le lit, et conservons-les. Tout servira... Oui, tout servira pour aider et consoler mes frères que j’ai en vain attendus. Tôt ou tard, je les retrouverai..." Il ramasse aussi les pétales des fleurs qui se sont effeuillées en tombant, et rentre dans la pièce en les gardant dans un pli de son vêtement. Il remarque alors avec plus d’attention l’ouverture du toit et s’écrie : "Un autre prodige ! Et une autre admirable proportion dans les prodiges de la vie de Jésus et de Marie ! Lui, Dieu, est ressuscité par Lui-même, et par sa seule volonté il a renversé la pierre du Tombeau, et par sa seule puissance il est monté au Ciel. Par Lui-même. Marie, toute Sainte, mais fille d’homme, c’est par l’aide des anges que lui fut ouvert le passage pour son Assomption au Ciel, et c’est toujours avec l’aide des anges qu’elle est montée là-haut. Pour le Christ, l’esprit revint animer son Corps pendant qu’il était sur la Terre, car il devait en être ainsi pour faire taire ses ennemis et pour confirmer dans la foi tous ses fidèles. Pour Marie, son esprit est revenu quand son corps très saint était déjà sur le seuil du Paradis, parce que pour elle il ne fallait pas autre chose. Puissance parfaite de l’Infinie Sagesse de Dieu !..." Jean ramasse maintenant dans un linge les fleurs et les feuillages restés sur le lit, y met ceux qu’il a ramassés dehors, et il les dépose tous sur le couvercle du coffre. Puis il l’ouvre et y place le coussinet de Marie, la couverture du lit. Il descend dans la cuisine, rassemble les autres objets dont elle se servait : le fuseau et la quenouille, sa vaisselle, et les met avec les autres choses. Il ferme le coffre et s’assoit sur le tabouret en s’écriant : "Maintenant tout est accompli aussi pour moi ! Maintenant je puis m’en aller, librement, là où l’Esprit de Dieu me conduira. Aller ! Semer la divine Parole que le Maître m’a donnée pour que je la donne aux hommes. Enseigner l’Amour. L’enseigner pour qu’ils croient dans l’Amour et sa puissance. Leur faire connaître ce qu’a fait le Dieu-Amour pour les hommes. Son Sacrifice et son Sacrement et Rite perpétuels, par lesquels, jusqu’à la fin des siècles, nous pourrons être unis à Jésus-Christ par l’Eucharistie et renouveler le Rite et le Sacrifice comme Lui a commandé de le faire. Tous dons de l’Amour parfait ! Faire aimer l’Amour pour qu’ils croient en Lui, comme nous y avons cru et y croyons. Semer l’Amour pour que soit abondante la moisson et la pêche pour le Seigneur. L’amour obtient tout. Marie me l’a dit dans ses dernières paroles, à moi, qu’elle a justement défini, dans le Collège Apostolique, celui qui aime, l’aimant par excellence, l’opposé de l’Iscariote qui été la haine, comme Pierre l’impétuosité, et André la douceur, les fils d’Alphée la sainteté et la sagesse unies à la noblesse des manières, et ainsi de suite. Moi, l’aimant, maintenant que je n’ai plus le Maître et sa Mère à aimer sur la Terre, j’irai répandre l’amour parmi les nations. L’amour sera mon arme et ma doctrine. Et avec lui je vaincrai le démon, le paganisme et je conquerrai beaucoup d’âmes. Je continuerai ainsi Jésus et Marie, qui ont été l’amour parfait sur la Terre."

Qui est Maria Valtorta

Maria Valtorta est une mystique chrétienne née à Caserta, au nord de Naples, le 14 mars 1897 et décédée à Viarregio, sur la côte toscane le 12 octobre 1961, à l'âge de 64 ans. Fille d’un sous-officier de cavalerie, pour qui elle avait une grande et profonde affection et d'une enseignante de français, une femme très autoritaire et acariâtre qui exigeait l'exclusivité de l'attention de sa fille et ne supportant aucun soupirant, cassa ses fiançailles. Elle se déplace en divers endroits d'Italie, au gré de l'affectation du régiment de son père. En 1920, tandis qu'elle chemine en compagnie de sa mère, elle est agressée par un jeune dévoyé qui la frappe violemment dans le dos avec une barre métallique. Elle doit garder le lit durant trois mois et en restera affectée toute sa vie. En 1924, la famille s'établit définitivement à Viareggio, en Toscane. Le 1er juillet 1931, elle s'offre au Seigneur comme victime expiatoire pour les péchés des hommes. Sa santé se détériore progressivement. Dès le printemps 1934 elle demeurera définitivement clouée sur son lit de douleur. C'est là que Maria Valtorta remplit 122 cahiers, soit près de 15.000 pages manuscrites, avec la description des visions et révélations qu'elle reçoit du Seigneur à partir de 1943 jusqu'en 1947, mais en mesure moindre jusqu'en 1953. Elle précise ce qu'elle appelle son travail : "écrire sous la dictée ou décrire ce qui se présente à moi. S'il s'agit de dictée et qu'elle se rapporte à un passage de la Bible, Jésus commence par me faire ouvrir le Livre au passage qu'Il veut expliquer. […] Si c'est la vision qui se présente, comme je l'ai dit, avec une image initiale qui est généralement le point culminant de la vision, et puis se déroule en suivant l'ordre […] je décris ce point, puis ce qui précède et ce qui suit" Maria Valtorta évoque discrètement, dans certaines notes personnelles, les souffrances qu'elle endure. Mais Jésus, dans une dictée, est plus explicite et d'une portée plus générale: "Si vous saviez quel esclavage c’est que d’être instrument de Dieu […] Cela entraîne sommeil, faim, souffrances, fatigues, envie de penser à autre chose, de lire des écrits qui ne soient pas des paroles de source surnaturelle, de parler et d’entendre des choses ordinaires, l’envie d’être et de vivre comme tout le monde, ne serait-ce qu’un seul jour : tout cela, la brûlure inexorable de la volonté de Dieu les empêche de l’avoir et de le réaliser. Sur tout cela, la hargne des hommes dépose son sel et son acide, comme si le maître de la galère mettait du sel et du vinaigre sur les brûlures de ses esclaves."


L’œuvre de Maria Valtorta


Les deux tiers à peu près de la production littéraire de Maria Valtorta ont été occupés par l’œuvre monumentale de la vie de Jésus; un ensemble de visions de scènes de la vie du Christ, depuis l'enfance de Marie jusqu'aux débuts de l'Église. Cet ouvrage est paru, en 1956, sous le titre "Le Poème de L'Homme-Dieu" (''Il poema dell'Uomo-Dio''), puis en français sous le titre "L'Évangile, tel qu'il m'a été révélé". C'est ce titre qui est maintenant retenu dans toutes les éditions. Maria Valtorta est au milieu de chaque scène, parmi ceux qui suivent Jésus et elle décrit ce qu'elle voit et entend. Elle sent les parfums, la température, se retourne pour voir arriver d'autres personnages derrière elle ... L'ouvrage dénote une connaissance stupéfiante de la végétation locale, des coutumes, de la topographie, voire du plan de certaines villes de Palestine. Tout en gardant son lit et malgré ses grandes souffrances, elle écrivait de sa propre main et d'un seul jet, à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit, sans se sentir nullement dérangée par des interruptions occasionnelles, gardant toujours son aspect naturel. Les seuls livres qu'elle pouvait consulter étaient "la Bible et le Catéchisme de Pie X". (Préface de l'éditeur) Cette révélation privée, dont Pie XII avait encouragé la publication, fut mise un temps à l'Index avant que le Pape Paul VI le supprime en 1966. Les autres écrits de Maria Valtorta, se présentent comme des "enseignements" de Jésus. Ils ont été édités dans l'ordre chronologique où ils ont été notés, et publiés en trois volumes : ''Les cahiers de 1943'', ''les cahiers de 1944'' et ''les cahiers de 1945 à 1950''. Cette œuvre est enfin complétée par une ''Autobiographie'' faite à la demande de son confesseur, les "Leçons sur l'épître de saint Paul aux romains", leçons dictées par Jésus à Maria Valtorta, et le "Livre d'Azarias", commentaires des textes de la messe donnés par l'ange gardien de Maria Valtorta.

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Le Rosaire médité avec Maria Valtorta 19/20

Le Rosaire médité avec Maria Valtorta

Textes extraits de « L'Evangile tel qu'il m'a été révélé »

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Quatrième Mystère Glorieux: La Dormition de Marie


Marie, dans sa petite pièce solitaire, élevée sur la terrasse, est toute vêtue de lin blanc, soit pour le vêtement qui la couvre entièrement, soit pour son manteau fermé à la base du cou, et qui descend derrière ses épaules, soit pour le voile très fin qui descend de sa tête. Elle est en train de ranger ses vêtements et ceux de Jésus, qu’elle a toujours conservés. Elle choisit les meilleurs. Il y en a peu. Des siens, elle prend le vêtement et le manteau qu’elle avait sur le Calvaire; de ceux de son Fils, un vêtement de lin qu’il portait habituellement en été, et le manteau retrouvé au Gethsémani, encore taché du sang qui avait coulé et de la sueur sanguinolente de cette heure terrible. Après avoir plié soigneusement ces vêtements, et baisé le manteau taché de sang de son Jésus, elle se dirige vers le coffre où se trouvent, maintenant depuis des années, rassemblées et conservées les reliques de la dernière Cène et de la Passion. Elle rassemble tout dans un seul compartiment, celui de dessus, et place tous les vêtements dans le compartiment inférieur. Elle est occupée à fermer le coffre quand Jean, monté sans bruit sur la terrasse et qui s’est avancé pour regarder ce que faisait Marie, peut-être impressionné par sa longue absence de la cuisine, où elle doit être montée pour passer les heures de la matinée, la fait se retourner en lui demandant : "Que fais-tu, Mère ?" "J’ai rangé tout ce qu’il est bien de conserver. Tous les souvenirs... Tout ce qui témoigne de son amour et de sa douleur infinis." "Pourquoi, ô Mère, rouvrir les blessures de ton cœur en revoyant ces tristes choses ? Tu es pâle, et ta main tremble... Tu souffres donc de les voir" lui dit Jean en s’approchant d’elle, comme s’il craignait, pâle et tremblante comme elle est, qu’elle allait se sentir mal et tomber par terre. “Oh ! non, ce n’est pas pour cela que je suis pâle et que je tremble. Ce n’est pas parce que se rouvrent mes blessures... En vérité, elles ne se sont jamais fermées complètement. Mais j’ai aussi en moi la paix et la joie et jamais elles n’ont été complètes comme maintenant." "Jamais comme maintenant ? Je ne comprends pas... A moi, la vue de ces choses pleines d’atroces souvenirs, réveille l’angoisse de ces heures. Et moi, je ne suis qu’un disciple. Toi, tu es la Mère..." "Et comme telle, je devrais souffrir davantage, veux-tu dire. Humainement tu dis juste, mais il n’en est pas ainsi. Je suis habituée à supporter la douleur des séparations d’avec Lui. C’était toujours de la douleur, car sa présence et son voisinage étaient mon Paradis sur Terre. Mais aussi volontairement et sereinement supportées, car tout ce qu’il faisait était voulu par son Père, était obéissance à la Volonté divine, et je l’acceptais donc car moi aussi j’ai toujours obéi aux volontés et aux desseins de Dieu pour moi. Quand Jésus me quittait, je souffrais, certainement. Je me sentais seule. Ma douleur quand Lui, enfant, me quitta secrètement pour la discussion avec les docteurs du Temple, Dieu seul l’a mesuré dans sa vraie intensité. Mais pourtant, à part la question juste que moi, sa mère, je lui ai faite pour m’avoir quittée ainsi, je ne Lui ai pas dit autre chose. Et de même, je ne l’ai pas retenu quand il me quitta pour devenir le Maître… et j’avais déjà perdu mon époux, j’étais seule dans une ville qui, sauf quelques personnes, ne m’aimait pas. Et je n’ai pas montré d’étonnement pour sa réponse au banquet de Cana. Lui faisait la volonté du Père. Moi, je le laissais libre de la faire. Je pouvais en arriver à un conseil ou à une prière : conseil pour les disciples, prière pour quelque malheureux. Mais plus que cela, non. Je souffrais quand il me quittait pour aller à travers le monde qui Lui était hostile, et pécheur au point que d’y vivre était pour Lui une souffrance. Mais quelle joie quand il revenait à moi ! En vérité elle était si profonde qu’elle compensait pour moi soixante-dix fois sept fois la douleur de la séparation. Déchirante fut la douleur de la séparation qui suivit sa Mort, mais avec quels mots pourrais-je dire la joie que j’ai éprouvée quand il m’est apparu ressuscité ? Immense la peine de la séparation à cause de sa montée vers le Père, et qui ne devrait finir que quand ma vie terrestre serait accomplie. Maintenant je suis dans la joie, une joie immense comme immense fut la peine, car je sens que j’ai accompli ma vie. J’ai fait ce que je devais faire. J’ai fini ma mission terrestre. L’autre, la céleste, n’aura pas de fin. Dieu ma laissée sur la Terre jusqu’à ce que moi aussi, comme mon Jésus, j’ai eu accompli tout ce que je devais accomplir. Et j’ai en moi cette joie secrète, seule goutte de baume dans ses derniers déchirements pleins d’amertume, qu’a eu Jésus quand il a pu dire  : “Tout est accompli” "Joie en Jésus ? A cette heure ?" "Oui, Jean. Une joie incompréhensible pour les hommes, mais compréhensible pour les esprits qui vivent déjà dans la lumière de Dieu, et qui voient les choses profondes cachées sous les voiles que l’Éternel tend sur ses secrets de Roi, grâce à cette Lumière. Moi, si angoissée, bouleversée par ces événements, associée à Lui, à mon Fils, dans l’abandon du Père, je n’ai pas compris alors. La Lumière s’était éteinte pour tout le monde à cette heure, pour tout le monde qui n’avait pas voulu l’accueillir. Et aussi pour moi. Non à cause d’une juste punition, mais parce que, devant être Corédemptrice, je devais moi aussi souffrir l’angoisse de l’abandon des réconforts divins, les ténèbres, la désolation, la tentation de Satan de ne plus me faire croire possible ce que Lui avait dit, tout ce que Lui souffrit, dans son esprit, du Jeudi au Vendredi. Mais ensuite j’ai compris. Quand la Lumière, ressuscitée pour toujours, m’est apparue, j’ai compris. Tout. Même la secrète, extrême joie du Christ quand il put dire : "J’ai tout accompli de ce que le Père voulait que j’accomplisse. J’ai comblé la mesure de la charité divine en aimant le Père jusqu’à me sacrifier, en aimant les hommes jusqu’à mourir pour eux. J’ai tout accompli de ce que je devais. Je meurs avec l’esprit content, bien que déchiré dans ma chair innocente". Moi aussi j’ai tout accompli de ce qui, ab æterno, était écrit que je devais accomplir. De la génération du Rédempteur à l’aide que je vous apporte à vous, ses prêtres, pour que vous vous formiez parfaitement. L’Église est désormais formée et forte. L’Esprit-Saint l’éclaire, le sang des premiers martyrs la cimente et la multiplie, mon aide a contribué à faire d’Elle un organisme saint que la charité envers Dieu et les frères alimente et fortifie de plus en plus, et où les haines, les rancœurs, les envies, les médisances, mauvaises plantes de Satan, ne poussent pas. Dieu est content de cela, et Il veut que vous l’appreniez de mes lèvres, comme Il veut que je vous dise de continuer à grandir en charité pour pouvoir grandir en perfection, et de même aussi pour le nombre des chrétiens et la puissance de doctrine. Car la doctrine de Jésus est une doctrine d’amour, parce que la vie de Jésus, et aussi la mienne, ont toujours été conduites et mues par l’amour. Nous n’avons repoussé personne, nous avons pardonné à tous. À un seul nous n’avons pas pu donner le pardon parce que lui, esclave de la haine, n’a pas voulu de notre amour sans limites. Jésus, dans son dernier adieu avant sa mort, vous a commandé de vous aimer entre vous. Et il vous a donné aussi la mesure de l’amour que vous devez avoir entre vous en vous disant : “Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. C’est à cela que l’on saura que vous êtes mes disciples”. L’Église, pour vivre et grandir, a besoin de la charité. Charité surtout dans ses ministres. Si vous ne vous aimiez pas entre vous avec toutes vos forces, et si de même vous n’aimiez pas vos frères dans le Seigneur, l’Église deviendrait stérile, et difficile et faible serait la nouvelle création et la supercréation des hommes à leur rang de fils du Très-Haut et de cohéritiers du Royaume du Ciel, car Dieu cesserait de vous aider dans votre mission. Dieu est Amour.[1] Tout ce qu’Il a fait a été fait par amour. De la Création à l’Incarnation, de celle-ci à la Rédemption, de celle-ci encore à la fondation de l’Église, et enfin à la Jérusalem céleste qui rassemblera tous les justes pour qu’ils jubilent dans le Seigneur. C’est à toi que je dis ces choses, parce que tu es l’Apôtre de l’amour et que tu peux les comprendre mieux que les autres..." Jean l’interrompt pour dire : "Les autres aussi aiment et s’aiment." "Oui. Mais tu es l’Aimant par excellence. Chacun de vous a toujours eu une caractéristique bien sienne, comme du reste c’est le cas pour toute créature. Toi, dans les douze, tu as toujours été l’amour, le pur, le surnaturel amour. Peut-être, d’ailleurs : certainement c’est parce que tu es si pur que tu es si aimant. Pierre, de son côté, a toujours été l’homme, et l’homme franc et impétueux. Son frère, André, était silencieux et timide autant que l’autre ne l’était pas. Jacques, ton frère, l’impulsif, au point que Jésus l’a appelé le fils du tonnerre. L’autre Jacques, frère de Jésus, le juste et l’héroïque. Jude d’Alphée, son frère, le noble et loyal, toujours. La descendance de David était visible en lui. Philippe et Barthélemy étaient les traditionalistes. Simon le Zélote, le prudent. Thomas, le pacifique. Matthieu, l’humble qui, se souvenant de son passé, cherchait à passer inaperçu. Et Judas de Kériot, hélas !, la brebis noire du troupeau du Christ, le serpent réchauffé par son amour a été le satanique menteur, toujours. Mais toi, tout amour, tu peux mieux comprendre et te faire voix d’amour pour tous les autres, à ceux qui sont éloignés, pour leur dire mon dernier conseil. Tu leur diras qu’ils s’aiment et qu’ils aiment tout le monde, même ceux qui les persécutent, pour être une seule chose avec Dieu, comme moi je l’ai été, au point de mériter d’être choisie comme épouse de l’Amour Éternel pour concevoir le Christ. Je me suis donnée à Dieu sans mesure, tout en comprenant tout de suite combien de douleur m’en serait venue. Les prophètes étaient présents à mon esprit et la lumière divine me rendait très claires leurs paroles. Ainsi, dès mon premier “fiat” à l’Ange, j’ai su que je me consacrais à la plus grande douleur qu’une mère pût supporter. Mais rien n’a mis de limite à mon amour parce que je sais qu’il est, pour quiconque le pratique, force, lumière, aimant qui attire vers en haut, feu qui purifie et embellit ce qu’il embrase, transformant et faisant dépasser l’humain pour ceux qu’il prend dans son embrassement. Oui, l’amour est réellement une flamme. La flamme qui, tout en détruisant ce qui est caduc, qu’il soit une épave, un rebut, une loque d’homme, en fait un esprit purifié et digne du Ciel. Combien d’épaves, d’hommes souillés, rongés, finis, vous trouverez sur votre route d’évangélisateurs ! N’en méprisez aucun, mais au contraire aimez-les pour qu’ils arrivent à l’amour et se sauvent. Versez en eux la charité. Bien souvent l’homme devient mauvais, parce que personne ne l’a jamais aimé, ou l’a mal aimé. Vous, aimez-les, pour que l’Esprit-Saint revienne les habiter, après leur purification, ces temples que beaucoup de choses ont vidés et souillés. Dieu, pour créer l’homme, n’a pas pris un ange, ni des matières choisies. Il a pris de la boue, la matière la plus vile. Puis, en lui infusant son souffle, c’est-à-dire encore son amour, Il a élevé la matière vile au rang élevé de fils adoptif de Dieu. Mon Fils, sur son chemin, a trouvé beaucoup d’épaves d’hommes tombés dans la boue. Il ne les a pas foulés aux pieds par mépris, mais, au contraire, il les a recueillis et accueillis et en a fait des élus du Ciel. Rappelez-vous-en toujours, et agissez comme Lui l’a fait. Rappelez-vous tout : les actions et les paroles de mon Fils. Rappelez-vous ses douces paraboles. Vivez-les, c’est-à-dire mettez-les en pratique. Et écrivez-les pour qu’elles restent pour ceux qui viendront jusqu’à la fin des siècles, et soient toujours un guide pour les hommes de bonne volonté pour obtenir la vie et la gloire éternelle. Vous ne pourrez certainement pas répéter toutes les paroles lumineuses de l’Éternelle Parole de Vie et de Vérité. Mais écrivez-en autant que vous pouvez en écrire. L’Esprit de Dieu, descendu sur moi pour que je donne au monde le Sauveur et qui est descendu aussi sur vous une première fois et une seconde, vous aidera à vous souvenir et à parler aux foules de manière à les convertir au Dieu vrai. Vous continuerez ainsi cette maternité spirituelle que j’ai commencée sur le Calvaire pour donner de nombreux enfants au Seigneur. Et le même Esprit, en parlant dans les fils recréés du Seigneur, les fortifiera de manière qu’il leur soit doux de mourir dans les tourments, de souffrir l’exil et les persécutions, afin de confesser leur amour pour le Christ et de le rejoindre dans les Cieux, comme déjà l’ont fait Étienne et Jacques, mon Jacques, et d’autres encore... Quand tu seras resté seul, sauve ce coffre..." Jean pâlit et se trouble plus encore qu’il ne l’a fait quand Marie lui a dit qu’elle sentait sa mission accomplie. Il l’interrompt en s’écriant et en lui demandant : "Mère, pourquoi parles-tu ainsi ? Tu te sens mal ?" "Non." "Tu veux me quitter alors ?" "Non. Je serai avec toi tant que je serai sur la Terre. Mais prépare-toi, mon Jean, à être seul." "Mais alors tu te sens mal, et tu veux me le cacher !..." "Non, crois-le. Je ne me suis jamais sentie en force, en paix, en joie comme maintenant. Mais j’ai en moi une telle jubilation, une telle plénitude de vie surnaturelle que... Oui, que je pense ne pas pouvoir la supporter en continuant à vivre. Je ne suis pas éternelle, du reste. Tu dois le comprendre. Éternel est mon esprit. La chair, non. Elle est sujette comme toute chair humaine à la mort." "Non ! Non ! Ne dis pas cela. Tu ne peux pas, tu ne dois pas mourir ! Ton corps immaculé ne peut mourir comme celui des pécheurs !" "Tu es dans l’erreur, Jean. Mon Fils est mort ! Moi aussi, je mourrai. Je ne connaîtrai pas la maladie, l’agonie, le spasme de la mort. Mais pour ce qui est de mourir, je mourrai. Et du reste sache, mon fils, que si j’ai un désir qui est mien, tout entier et seulement mien, et qui dure depuis que Lui m’a quittée, c’est justement celui-ci. C’est mon premier, puissant désir qui est tout mien. Je puis même dire : ma première volonté. Toute autre chose de ma vie n’a été que consentement de ma volonté au vouloir divin. Vouloir de Dieu, mis dans mon cœur de petite fille par Lui-même, la volonté d’être vierge. Son vouloir, mon mariage avec Joseph. Son vouloir ma Maternité virginale et divine. Tout, dans ma vie, a été vouloir de Dieu, et mon obéissance à sa volonté. Mais vouloir me réunir à Jésus, c’est un vouloir tout mien. Quitter la Terre pour le Ciel, pour être avec Lui éternellement et sans arrêt ! Mon désir de tant d’années ! Et maintenant je le sens près de devenir une réalité. Ne te trouble pas ainsi, Jean ! Écoute plutôt mes dernières volontés. Quand mon corps, désormais privé de l’esprit vital, sera étendu en paix, ne me soumets pas aux embaumements en usage chez les hébreux. Désormais je ne suis plus l’hébraïque, mais la chrétienne, la première chrétienne, si on y réfléchit bien, parce que la première j’ai eu le Christ, Chair et Sang, en moi, parce que j’ai été sa première disciple, parce que j’ai été avec Lui Corédemptrice et sa continuatrice ici, parmi vous, ses disciples. Aucun vivant, excepté mon père et ma mère, et ceux qui ont assisté à ma naissance, n’a vu mon corps. Tu m’appelles souvent : “Arche qui contint la Parole divine”. Maintenant tu sais que l’Arche ne peut être vue que par le Grand Prêtre. Tu es prêtre, et beaucoup plus saint et plus pur que le Pontife du Temple. Mais je veux que seul l’Éternel Pontife puisse voir, au temps voulu, mon corps. Ne me touche donc pas. Du reste, tu vois ? Je me suis déjà purifiée et j’ai mis le vêtement propre, le vêtement des noces éternelles... Mais pourquoi pleures-tu, Jean !" "Parce que la tempête de la douleur se déchaîne en moi. Je comprends que je vais te perdre. Comment ferai-je pour vivre sans toi ? Je sens mon cœur se déchirer à cette pensée ! Je ne résisterai pas à cette douleur !" "Tu résisteras. Dieu t’aidera à vivre, et longuement, comme Il m’a aidée. Car s’Il ne m’avait pas aidé, au Golgotha et sur l’Oliveraie, quand Jésus est mort et quand il est monté, je serais morte, comme est mort Isaac. Il t’aidera à vivre et à te rappeler ce que je t’ai dit auparavant, pour le bien de tous." "Oh ! je me rappellerai. Tout. Et je ferai ce que tu veux, pour ton corps aussi. Je comprends aussi que les rites hébraïques ne servent plus pour toi, chrétienne, et pour toi, toute Pure, qui, j’en suis certain, ne connaîtras pas la corruption de la chair. Ton corps, déifié comme aucun autre corps de mortel, et parce que tu as été exempte de la Faute d’origine, et plus encore parce que, outre la plénitude de la Grâce, tu as contenu en toi la Grâce elle-même, le Verbe, c’est pourquoi tu es la relique la plus véritable de Lui, ne peut pas connaître la décomposition, la putréfaction de toute chair morte. Ce sera le dernier miracle de Dieu sur toi, en toi. Tu seras conservée telle que tu es..." "Et ne pleure pas alors !" s’écrie Marie en regardant le visage bouleversé de l’apôtre, tout baigné de larmes. Et elle ajoute : "Si je me conserve telle que je suis, tu ne me perdras pas. Ne sois donc pas angoissé !" "Je te perdrai pareillement même si la corruption ne t’atteint pas. Je le sens, et je me sens comme pris par un ouragan de douleur. Un ouragan qui me brise et m’abat. Tu étais mon tout, surtout depuis que mes parents sont morts et que sont éloignés les autres frères de sang et de mission, et aussi le bien-aimé Margziam que Pierre a pris avec lui. Maintenant je reste seul et dans la tempête la plus forte !" et Jean tombe à ses pieds, en pleurant encore plus fort. Marie se penche sur lui, lui met la main sur sa tête secouée par les sanglots et lui dit : "Non, pas ainsi. Pourquoi me donnes-tu de la douleur ? Tu as été si fort sous la Croix, et c’était une scène d’horreur sans pareille, et à cause de la puissance son martyre et à cause de la haine satanique du peuple ! Si fort pour son réconfort et le mien, à cette heure ! Et aujourd’hui, au contraire, dans cette soirée de sabbat, si sereine et si calme, et devant moi qui jouis de la joie imminente que je pressens, tu es ainsi bouleversé ? ! Calme-toi. Imite, ou plutôt unis-toi à ce qu’il y a autour de nous et en moi. Tout est paix, sois en paix toi aussi. Seuls les oliviers rompent, par leur léger bruissement, le calme absolu de l’heure. Mais il est si doux ce léger bruit, qu’il semble un vol d’anges autour de la maison. Et peut-être ils y sont. Car toujours les anges m’ont été proches, un ou plusieurs, quand j’étais à un moment spécial de ma vie. Ils y furent à Nazareth, quand l’Esprit de Dieu rendit fécond mon sein vierge. Et ils furent chez Joseph, quand il était troublé et incertain à cause de mon état et de la manière de se comporter avec moi. Et à Bethléem, par deux fois, quand Jésus naquit et quand nous avons dû fuir en Égypte. Et en Égypte quand nous fut donné l’ordre de revenir en Palestine. Et s’ils n’ont pas apparu à moi, parce que le Roi des anges Lui-même était venu à moi dès sa Résurrection, les anges ont apparu aux pieuses femmes à l’aube du lendemain du sabbat et ils ont donné l’ordre de dire à toi et à Pierre ce que vous deviez faire. Les anges et la lumière toujours aux moments décisifs de ma vie et de celle de Jésus. Lumière et ardeur d’amour qui, descendant du Trône de Dieu vers moi, sa servante, et montant de mon cœur vers Dieu, mon Roi et Seigneur, m’unissaient à Dieu et Lui à moi, pour que s’accomplisse ce qui était écrit qu’il devait s’accomplir, et aussi pour créer un voile de lumière étendu sur les secrets de Dieu, afin que Satan et ses serviteurs ne connaissent pas, avant le temps voulu, l’accomplissement du mystère sublime de l’Incarnation. Ce soir aussi je sens, bien que je ne les voie pas, les anges autour de moi. Et je sens grandir en moi, au dedans de moi la Lumière, une lumière insoutenable telle que celle qui m’enveloppa quand je conçus le Christ, quand je l’ai donné au monde. Lumière qui vient d’un élan d’amour plus puissant que celui que j’ai habituellement. C’est par une semblable puissance d’amour que j’ai arraché des Cieux, avant le temps, le Verbe pour qu’il devienne l’Homme et le Rédempteur. C’est par une semblable puissance d’amour, telle qu’est celle qui me pénètre ce soir, que j’espère que le Ciel me ravisse et me transporte là où j’aspire à aller avec mon esprit pour chanter, éternellement, avec le peuple des saints et les chœurs des anges, mon impérissable “Magnificat” à Dieu pour les grandes choses qu’Il a faites pour moi, sa servante." "Pas avec ton seul esprit probablement. Et la Terre te répondra, la Terre qui, avec ses peuples et ses nations, te glorifiera et te donnera honneur et amour, tant que le monde existera. C’est ce qu’a prédit Tobie de toi, bien que d’une manière voilée, parce que c’est toi, et non le Saint des Saints, qui as porté vraiment en toi le Seigneur. Tu as donné à Dieu, toi seule, autant d’amour que tous les Grands Prêtres, et tous les autres du Temple n’en ont donné pendant des siècles et des siècles. Un amour ardent et toute pureté. C’est pour cela que Dieu te rendra toute bienheureuse." "Et Il accomplira mon unique désir, mon unique volonté. Car l’amour, quand il est tellement total qu’il arrive presque à la perfection comme celui de mon Fils et Dieu, obtient tout, même ce qui paraîtrait, en jugeant humainement, impossible à obtenir. Souviens-toi de cela, Jean, et dis-le aussi à tes frères. Vous serez tellement combattus ! Des obstacles de tout genre vous feront craindre une défaite, des massacres de la part des persécuteurs, et des défections de la part des chrétiens, à la morale... iscariotique, vous déprimeront l’esprit. Ne craignez pas. Aimez et ne craignez pas. En proportion de la façon dont vous aimerez, Dieu vous aidera et vous fera triompher de tout et de tous, On obtient tout si on devient séraphins. Alors l’âme, cette chose admirable, éternelle, qui est le souffle de Dieu infusé en nous, s’élance vers le Ciel, tombe comme une flamme au pied du Divin Trône, parle et Dieu l’écoute, et elle obtient du Tout Puissant ce qu’elle veut. Si les hommes savaient aimer comme le commande l’antique Loi, et comme mon Fils a aimé et enseigné à aimer, ils obtiendraient tout. C’est ainsi que j’aime. C’est pour cela que je sens que je vais cesser d’être sur la Terre, moi par excès d’amour, comme Lui est mort par excès de douleur. Voilà ! La mesure de ma capacité d’aimer est comble. Mon âme et ma chair ne peuvent plus la contenir ! L’amour en déborde, me submerge et en même temps me soulève vers le Ciel, vers Dieu, mon Fils. Et sa voix me dit : “Viens ! Sors ! Monte vers notre Trône et notre Trine embrassement !” La Terre, ce qui m’entoure, disparaît dans la grande lumière qui me vient du Ciel ! Ses bruits sont couverts par cette voix céleste ! Elle est arrivée pour moi l’heure de l’embrassement divin, mon Jean !" Jean s’était un peu calmé, tout en restant troublé, en écoutant Marie. Dans la dernière partie de son entretien, il la regardait extasié, et comme ravi lui aussi, le visage très pâle comme celui de Marie. La pâleur de cette dernière se change lentement en une lumière d’une extrême candeur, il accourt près d’elle pour la soutenir et en même temps il s’écrie : "Tu es comme Jésus quand il s’est transfiguré sur le Thabor ! Ta chair resplendit comme la lune, tes vêtements brillent comme une plaque de diamant posée devant une flamme d’une extrême blancheur ! Tu n’es plus humaine, Mère ! La pesanteur et l’opacité de la chair sont disparues ! Tu es lumière ! Mais tu n’es pas Jésus. Lui, étant Dieu en plus que d’être Homme, pouvait se conduire par Lui-même, là-haut sur le Thabor, comme ici sur l’Oliveraie, dans son Ascension. Toi, tu ne le peux pas. Tu ne peux te conduire. Viens. Je vais t’aider à mettre ton corps las et bienheureux sur ton lit, Repose-toi." Et, très affectueusement, il la conduit prés du pauvre lit sur lequel Marie s’étend sans même enlever son manteau. Croisant les bras sur sa poitrine, et abaissant ses paupières sur ses doux yeux brillants d’amour, elle dit à Jean qui est penché sur elle : "Je suis en Dieu. Et Dieu est en moi. Pendant que je le contemple et que je sens son embrassement, dis les psaumes et des pages de l’Écriture qui se rapportent à moi, spécialement à cette heure. L’Esprit de Sagesse te les indiquera. Récite ensuite l’oraison de mon Fils; répète-moi les paroles de l’Archange annonciateur, et celles que m’adressa Élisabeth; et mon hymne de louange... Je te suivrai avec ce que j’ai encore de moi sur la Terre..." Jean lutte contre les pleurs qui lui montent du cœur, s’efforce de dominer l’émotion qui le trouble, de sa très belle voix qui au cours des années est devenue très semblable à celle du Christ, chose que Marie remarque en souriant et qui lui fait dire : "Il me semble avoir mon Jésus à côté de moi !". Jean entonne le psaume 118, qu’il dit presque en entier, puis les trois premiers versets du psaume 41, les huit premiers du psaume 38, le psaume 22 et le premier psaume. Il dit ensuite le Pater, les paroles de Gabriel et d’Élisabeth, le cantique de Tobie, le chapitre 24ème de l’Écclésiastique, des versets 11 à 46. Pour terminer, il entonne le “Magnificat”. Mais, arrivé au 9ème verset, il s’aperçoit que Marie ne respire plus, tout en ayant gardé une pose et une attitude naturelles, souriante, tranquille, comme si elle n’avait pas remarqué l’arrêt de la vie. Jean, avec un cri déchirant, se jette par terre contre le bord du lit et il appelle à plusieurs reprises Marie. Il ne sait pas se persuader qu’elle ne peut plus lui répondre, que désormais le corps n’a plus son âme vitale. Mais il lui faut bien se rendre à l’évidence ! Il se penche sur son visage, resté fixe avec une expression de joie surnaturelle, et des larmes abondantes pleuvent de ses yeux sur ce suave visage, sur ces mains pures, si doucement croisées sur sa poitrine. C’est l’unique bain que reçoive le corps de Marie : les pleurs de l’Apôtre de l’amour et de celui que Jésus lui a donné comme fils adoptif. Après la première violence de la douleur, Jean, se rappelant le désir de Marie, rassemble les pans de son ample manteau de lin, qui pendaient des bords du lit, et aussi ceux du voile, qui pendent aussi des deux côtés de l’oreiller, et étend les premiers sur le corps et les seconds sur la tête. Marie ressemble maintenant à une statue de marbre blanc, étendue sur le dessus d’un sarcophage. Jean la contemple longuement et des larmes tombent encore de ses yeux pendant qu’il la regarde. Ensuite il donne une autre disposition à la pièce en enlevant tout mobilier inutile. Il laisse seulement le lit, la petite table contre le mur, sur laquelle il place le coffre contenant les reliques; un tabouret qu’il place entre la porte qui donne sur la terrasse et le lit où gît Marie; et une console sur laquelle se trouve la lampe que Jean allume, car maintenant le soir va venir. Il se hâte ensuite de descendre au Gethsémani pour y cueillir autant de fleurs qu’il peut en trouver et des branches d’oliviers, dont les olives sont déjà formées. Il remonte dans la petite chambre, et à la clarté de la lampe, il dispose les fleurs et les feuillages autour du corps de Marie comme s’il était au centre d’une grande couronne. Pendant qu’il fait ce travail, il parle à la gisante comme si Marie pouvait l’entendre. Il dit : "Tu as toujours été le lys de la vallée, la suave rose, la belle olive, la vigne féconde, le saint épi. Tu nous as donné tes parfums, et l’Huile de Vie, et le Vin des forts, et le Pain qui préserve de la mort l’esprit de ceux qui s’en nourrissent dignement. Elles font bien autour de toi ces fleurs, simples et pures comme toi, garnies comme toi d’épines, et pacifiques comme toi. Maintenant approchons cette lampe. Ainsi, près de ton lit, pour qu’elle te veille et me tienne compagnie pendant que je te veille, en attendant au moins un des miracles que j’attends et pour l’accomplissement desquels je prie. Le premier est que, selon son désir, Pierre et les autres, que je ferai prévenir par le serviteur de Nicodème, puissent te voir encore une fois. Le second c’est que toi, ayant eu en tout un sort semblable à celui de ton Fils, tu doives comme Lui, avant la fin du troisième jour, te réveiller pour ne pas me rendre orphelin deux fois. Le troisième c’est que Dieu me donne la paix, si ce que j’espère qu’il arrive pour toi, comme c’est arrivé pour Lazare, qui ne t’était pas semblable, ne devait pas s’accomplir. Mais pourquoi cela ne devrait-il pas s’accomplir ? Ils sont redevenus vivants la fille de Jaïre, le jeune homme de Naïm, le fils de Théophile... Il est vrai qu’alors le Maître a agi... Mais Lui est avec toi, même s’il ne l’est pas d’une manière visible. Et tu n’es pas morte de maladie comme ceux que le Christ a ressuscités. Mais es-tu vraiment morte ? Morte comme meurt tout homme ? Non. Je sens que non. Ton esprit n’est plus en toi, dans ton corps, et en ce sens on pourrait parler de mort. Mais, à cause de la manière dont c’est arrivé, je pense que ce n’est qu’une séparation passagère de ton âme sans faute et pleine de grâce d’avec ton corps très pur et virginal. Il doit en être ainsi ! Il en est ainsi ! Comment et quand la réunion arrivera-t-elle avec la vie qui reviendra en toi, je ne sais pas. Mais j’en suis tellement certain que je resterai ici, à côté de toi, jusqu’à ce que Dieu, par sa parole ou par son action, me montre la vérité sur ton sort." Jean, qui a fini de mettre tout en ordre s’assoit sur le tabouret, en mettant la lampe par terre près du lit, et il contemple, en priant, la gisante.


Fruit du Mystère, demandons la grâce d'une bonne mort et de la fidélité à Jésus

Le Rosaire médité avec Maria Valtorta 2/20

Le Rosaire médité avec Maria Valtorta

Textes extraits de « L'Evangile tel qu'il m'a été révélé »

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Deuxième Mystère Joyeux: La Visitation


Je suis dans un pays montagneux. Ce ne sont pas de hautes montagnes, mais ce ne sont plus des collines. Elles ont déjà des cimes et des gorges de vraies montagnes comme on en voit sur notre Apennin tosco-ombrien. La végétation est drue et magnifique. Il y a en abondance des eaux fraîches qui conservent vertes les prairies et productifs les vergers peuplés de pommiers, de figuiers avec, autour des maisons, des vignes. Ce doit être le printemps car les grappes sont déjà grosses comme des grains de vesce et les pommiers commencent à ouvrir leurs bourgeons qui maintenant paraissent verts, sur les branches supérieures des figuiers il y a des fruits qui sont déjà bien formés. Ensuite les prés ne sont que tapis moelleux aux mille couleurs. Les troupeaux sont en train d'y paître, ou bien ils se reposent, taches blanches sur l'émeraude de l'herbe. Marie gravit, avec sa monture, un chemin en assez bon état qui doit être la principale voie d'accès. Elle monte, parce que le pays dont l'aspect est assez régulier est situé plus haut. Celui qui me renseigne habituellement me dit : "Cet endroit c'est Hébron". Vous me parliez de montagne. Mais je ne suis pas fixée, je ne sais si "Hébron" désigne tout le pays ou l'agglomération. Je n'en dis donc que ce que j'en sais. Voilà que Marie entre dans la cité. C'est le soir : des femmes sur les portes observent l'arrivée de l'étrangère et en parlent entre elles. Elles la suivent de l’œil et ne se rassurent qu'en la voyant s'arrêter devant une des plus belles maisons située au milieu du pays. Devant se trouve un jardin puis, en arrière et autour, un verger bien entretenu. Vient ensuite une vaste prairie qui monte et descend suivant le relief de la montagne pour aboutir à un bois de haute futaie; ensuite j'ignore ce qu'il y a. La propriété est entourée d'une haie de ronces et de rosiers sauvages. Je ne distingue pas bien ce qu'ils portent. La fleur et le feuillage de ces buissons se ressemblent beaucoup et tant que le fruit n'est pas formé sur les branches, il est facile de se tromper. Sur le devant de la maison, sur le côté donc qui fait face au pays, la propriété est entourée d'un petit mur blanc sur lequel courent des branches de vraies roses, pour l'instant sans fleurs, mais déjà garnis de boutons. Au centre, une grille de fer qui est fermée. On se rend compte que c'est la maison d'un notable du pays ou d'un habitant assez fortuné, Tout, en effet, indique sinon la richesse, au moins l'aisance certainement. Il y a beaucoup d'ordre. Marie descend de sa monture et s'approche de la grille. Elle regarde à travers les barreaux et ne voit personne. Alors elle cherche à manifester sa présence. Une petite femme qui, plus curieuse que les autres l'a suivie, lui indique un bizarre agencement qui sert de clochette. Ce sont deux morceaux de métal fixés sur un axe. Quand on remue l'axe avec une corde, ils battent l'un contre l'autre en faisant un bruit qui imite celui d'une cloche ou d'un gong. Marie tire la corde, mais si gentiment que l'appareil tinte légèrement et personne ne l'entend. Alors, la femme, une petite vieille, tout nez et menton et entre les deux une langue qui en vaut dix, s'accroche à la corde et tire, tire, tire. Un vacarme à réveiller un mort. "C'est cela qu'il faut faire. Autrement comment pouvez-vous faire entendre ? Sachez qu' Élisabeth est vieille, et aussi Zacharie. Et à présent il est muet et sourd par-dessus le marché. Les domestiques sont aussi vieux, le savez-vous ? N'êtes-vous jamais venue ? Connaissez-vous Zacharie ? Vous êtes..." Pour délivrer Marie de ce déluge de renseignements et de questions, survient un petit vieux qui boîte. Ce doit être un jardinier ou un agriculteur, car il a en mains un sarcloir et, attachée à la ceinture, une serpette. Il ouvre et Marie entre en remerciant la petite vieille mais... hélas ! sans lui répondre. Quelle déception pour la curieuse ! A peine à l'intérieur, Marie dit : "Je suis Marie de Joachim et d'Anne, de Nazareth. Cousine de vos maîtres." Le petit vieux s'incline et salue et se met à crier : "Sara ! Sara !" Il rouvre la grille pour faire rentrer l'âne resté dehors parce que Marie, pour se défaire de la petite vieille importune, s'est glissée vite, vite, à l'intérieur et que le jardinier, aussi rapide qu'elle, a fermé la grille, au nez de la commère et, tout en faisant entrer la monture, il dit : "Ah ! grand bonheur et grande peine en cette maison ! Le Ciel a donné un fils à la stérile, que le Très-Haut en soit béni ! Mais Zacharie est revenu, il y a sept mois, muet de Jérusalem. Il se fait comprendre par signes ou en écrivant. Vous l'avez peut-être appris ? La patronne vous a tant désirée au milieu de cette joie et de cette peine ! Souvent elle parlait de vous avec Sara et disait : "Si j'avais encore ma petite Marie avec moi ! Si elle avait encore été au Temple ! J'aurais demandé à Zacharie de l'amener. Mais maintenant le Seigneur l'a voulue comme épouse à Joseph de Nazareth. Elle seule pouvait me donner du réconfort dans cette peine et m'aider à prier Dieu, car elle est si bonne, et au Temple tout le monde la pleure, A la dernière fête, quand je suis allée avec Zacharie la dernière fois à Jérusalem pour remercier Dieu de m'avoir donné un fils, j'ai entendu ses maîtresses me dire : 'Le Temple semble avoir perdu les chérubins de la Gloire depuis que la voix de Marie ne résonne plus en ces murs' ". Sara ! Sara ! Ma femme est un peu sourde, mais viens, viens que je te conduise." Au lieu de Sara, voilà, en haut d'un escalier au flanc d'un côté de la maison, une femme d'âge plutôt avancé, déjà toute ridée avec des cheveux très grisonnants. Ses cheveux devaient être très noirs parce que très noirs sont encore ses cils et ses sourcils et qu'elle était très brune, le teint de son visage l'indique clairement. Contrastant étrangement avec sa vieillesse évidente, sa grossesse est déjà très apparente, malgré l'ampleur de ses vêtements. Elle regarde en faisant signe de la main. Elle a reconnu Marie. Elle lève les bras au ciel avec un : "Oh !" étonné et joyeux et se hâte, autant qu'il lui est possible, à la rencontre de Marie. Marie aussi toujours réservée dans sa démarche se met à courir agile comme un faon et elle arrive au pied de l'escalier en même temps qu'Élisabeth. Marie reçoit sur son cœur avec une vive allégresse sa cousine qui pleure de joie en la voyant. Elles restent embrassées un instant et puis Élisabeth se détache de l'étreinte avec un : "Ah !" où se mêlent la douleur et la joie et elle porte la main sur son ventre grossi. Elle penche son visage, pâlissant et rougissant alternativement. Marie et le serviteur tendent les mains pour la soutenir parce qu'elle vacille comme si elle se sentait mal. Mais Élisabeth, après être restée une minute comme recueillie en elle-même, lève un visage tellement radieux qu'il semble rajeuni. Elle regarde Marie avec vénération en souriant comme si elle voyait un ange et puis elle s'incline en un profond salut en disant : "Bénie es-tu parmi toutes les femmes ! Béni le Fruit de ton sein ! (elle prononce ainsi deux phrases bien détachées). Comment ai-je mérité que vienne à moi, ta servante, la Mère de mon Seigneur ? Voilà qu'au son de ta voix l'enfant a bondi de joie dans mon sein, et lorsque je t'ai embrassée, l'Esprit du Seigneur m'a dit les très hautes vérités dans les profondeurs de mon cœur. Bienheureuse es-tu d'avoir cru qu'à Dieu serait possible même ce qui ne semble pas possible à l'esprit humain ! Bénie es-tu parce que, grâce à ta foi, tu feras accomplir les choses qui t'ont été prédites par le Seigneur et les prophéties des Prophètes pour ce temps-ci ! Bénie es-tu pour le Salut que tu as engendré pour la descendance de Jacob ! Bénie est-tu pour avoir apporté la Sainteté à mon fils qui, je le sens, bondit comme une jeune chevrette pour la joie qu'il éprouve, en mon sein ! C'est qu'il se sent délivré du poids de la faute, appelé à être le Précurseur, sanctifié avant la Rédemption par le Saint qui croît en toi !" Marie, avec deux larmes, qui comme des perles descendent de ses yeux qui rient vers sa bouche qui sourit, le visage levé vers le ciel et les bras levés aussi, dans la pose que plus tard, tant de fois aura son Jésus, s'écrie : "Mon âme magnifie son Seigneur" et elle continue le cantique comme il nous a été transmis. A la fin, au verset : "Il a secouru Israël son serviteur... etc..." elle croise les mains sur sa poitrine, s'agenouille, prosternée jusqu'à terre en adorant Dieu. Le serviteur s'était respectueusement éclipsé quand il avait vu qu'Élisabeth ne se sentait plus mal et qu'elle confiait ses pensées à Marie. Il revient du verger avec un vieillard imposant aux cheveux blancs et à la barbe blanche, qui de loin, avec de grands gestes et des sons gutturaux, salue Marie. "Zacharie arrive" dit Élisabeth en touchant à l'épaule la Vierge absorbée dans sa prière. "Mon Zacharie est muet. Dieu l'a puni de n'avoir pas cru. Je t'en parlerai plus tard, mais maintenant, j’espère le pardon de Dieu puisque tu es venue, toi la Pleine de Grâce." Marie se lève et va à la rencontre de Zacharie et s'incline devant lui jusqu'à terre. Elle embrasse le bord du vêtement blanc qui le couvre jusqu'à terre. Il est très ample ce vêtement et attaché à la taille par un large galon brodé. Marie répond entre temps aux questions que lui fait Zacharie en écrivant avec un stylet sur une tablette enduite de cire. Je comprends, par les réponses, qu'il lui parle de Joseph, et qu'il lui demande comment elle se trouve épousée. Mais je comprends aussi que Zacharie n'a eu aucune lumière surnaturelle sur l'état de Marie et sa condition de Mère du Messie. C'est Élisabeth qui, approchant de son mari et lui mettant affectueusement une main sur l'épaule comme pour une chaste caresse, lui dit : "Marie est mère, elle aussi. Réjouis-toi de son bonheur." Mais elle n'ajoute rien. Elle regarde Marie et Marie la regarde mais ne l'invite pas à en dire plus, et elle se tait.


Fruit du Mystère, demandons la Charité et l'amour du prochain

21 mai 2008

La Visitation de Marie

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La Visitation


La Visite de la Sainte Vierge à Sainte Elisabeth et la naissance de Saint Jean Baptiste


avisitationmyst02Dans la vision qu’elle eut après l’incarnation, la sainte Vierge connut que lé Seigneur avait pour agréable qu’elle visitât sainte Elisabeth, afin de sanctifier par la présence de son divin fils le précurseur qui allait naître. Elle conféra de ce voyage avec saint Joseph, qui offrit avec un grand respect de l’accompagner. Ils fixèrent le jour du départ, qui fut le quatrième après l’incarnation du verbe. Ils préparèrent les choses nécessaires, c’est-à-dire un âne que leur prêta un voisin , quelques fruits, du pain et quelques poissons et ils partirent de Nazareth, pour la maison de Zacharie, éloignée de quatre jours de marche par un chemin rude et pénible. La sainte Vierge se servait quelquefois du petit animal dans son voyage pour obéir à son époux, mais elle marchait souvent à pied. Elle pria plusieurs fois saint Joseph de se servir d~ la pauvre monture, mais le saint ne voulut jamais le faire. Ils restaient de longues heures en silence, la sainte Vierge chantait alors avec les anges visibles pour elle seule des hymnes au Très-Haut, saint Joseph s’entretenait avec Dieu dans l’oraison. ils s’occupaient ensuite à de saints entretiens dont le saint époux se sentait extraordinairement enflammé et pénétré; ne sachant d’où lui provenait cette grande ferveur, il voulut le demander à la sainte Vierge, mais il n’en eut pas le courage; la prudente Vierge ne voulut pas le lui découvrir, quoiqu’elle pénétrât son intérieur. Le voyage dura quatre jours pendant lesquels plusieurs miracles furent opérés l’un fut de rendre la santé à une fille malade. La reine de l’univers ordonna aux humeurs par le pouvoir suprême qu’elle avait sur les créatures, de se remettre dans leur état naturel. Les saints pèlerins arrivèrent enfin à Juda, c’était le nom devisitation la ville où sainte Elisabeth habitait; elle fut détruite dans la suite, et il resta seulement cette maison qui devint un temple. Zacharie ne demeura pas toujours à Juda, mais aussi à Hébron, où il avait une maison, et il y mourut. Avant d’arriver à Juda, Joseph voulut prévenir Zacharie, mais sainte Elisabeth éclairée de l’esprit saint, était venue à la rencontre de la sainte Vierge avec quelques personnes de sa famille et la joignit aussitôt. La très-pure Vierge salua la première Elisabeth avec ces paroles : Le Seigneur soit avec vous ma cousine. Elisabeth répondit La mère du Très-Haut vient à moi! Que le Seigneur vous récompense d’être venue me donner cette consolation. Après ce salut, elles se retirèrent en particulier, et la mère de la grâce salua de nouveau, en disant : Dieu vous sauve, ma chère cousine, et sa divine lumière vous communique la grâce et la vie. A ces paroles, Elisabeth fut remplie de l’esprit saint, et éclairée intérieurement elle connut en un instant les plus hauts mystères. Lorsque Marie proférait les paroles déjà rapportées, Dieu regarda saint Jean, et lui accorda en ce moment le parfait usage de la raison, il le purifia du péché originel et le remplit de l’esprit saint. Dans le même temps saint Jean vit aussi le verbe incarné, les entrailles de Marie lui servant comme de cristal, et prosterné il adora le rédempteur du monde. Cette adoration produisit un tressaillement de joie du saint enfant dans le sein d’Elisabeth et ravie d’admiration de ces merveilles, les yeux fixés sur Marie elle dit les paroles rapportées par saint Luc: Vous êtes bénie entre toutes les femmes. Le jeune Baptiste comprit le sent de ces paroles. La sainte Vierge répondit d’une voix douce et modeste par le cantique Magnificat anima mea dominum. Elisabeth ensuite s’offrit elle-même et toute sa famille à la sainte Vierge pour la servir, et la pria d’accepter une chambre dont elle faisait usage pour prier le 463Seigneur. Marie accepta cette chambre avec un remerciement sincère et personne n’y entra désormais excepté sainte Elisabeth. La nuit arriva au milieu de leur doux entretien, la Vierge mère demanda en se retirant la bénédiction à Zacharie comme prêtre du Seigneur. Elle ne s’empressa pas de remédier à son état de mutisme, mais elle pria pour lui et lui porta une tendre compassion. Saint Joseph, après trois jours, demanda la permission de revenir à Nazareth, offrant de revenir au premier avis de sa sainte épouse. Après son départ, la sainte Vierge régla sa manière de vivre dans cette maison, et ce fut celle qu’elle observait à Nazareth. Elle faisait de ses mains les langes de l’enfant qui devait naître. Après une douce contestation, elle obtint de pratiquer l’obéissance, et qu’Elisabeth aurait le commandement. Elle s’occupa des ouvrages qui lui furent imposés de sa sainte cousine; tout ce que faisait la mère de sa sagesse, Elisabeth le gardait avec une grande vénération sans jamais l’employer pour aucun usage.

Dans la compagnie de la mère de Dieu, Elisabeth s’éleva à une très-haute sainteté, elle vit plusieurs fois la sainte Vierge entourée de splendeurs et soulevée de terre; en la voyant toute absorbée en Dieu, elle se prosternait devant elle pour adorer le verbe fait homme renfermé dans son chaste sein. Elle ne découvrit jamais à personne ce mystère caché excepté à Zacharie, et à son fils, et à celui-ci seulement après la naissance du divin enfant. Il y avait dans la maison d’Elisabeth, une servante d’un mauvais naturel, colère, médisante et habituée aux jurements; à cause de ces péchés, plusieurs démons la possédaient déjà depuis quatorze ans. La sainte Vierge découvrant le mauvais état de cette malheureuse femme et le motif pour lequel le démon l’avait possédée, pria le Seigneur pour cette âme; elle lui obtint la contrition et le pardon de ses péchés. Elle21100 ordonna aux esprits infernaux de ne plus la tourmenter, mais de se tenir toujours éloignés d’elle comme ils avaient fait lorsque la Vierge entra sur le seuil de la maison. Il y avait une autre femme dans le voisinage de la maison d’Elisabeth, qui n’était pas meilleure que la précédente. Dès qu’elle eut appris qu’il était arrivé dans ce lieu une jeune étrangère, modeste, humble et retirée. Quelle est celle-ci, dit-elle, dont la vie est si singulière? Je veux voir qui elle est. Elle alla poussée par la curiosité à la maison d’Elisabeth voir l’étrangère; mais à la vue de la très-pure Marie, tous ses sentiments dépravés furent changés; elle pleura amèrement ses péchés, sans connaître encore la cause de ce changement si subit. La mère de Dieu fit aussi la conquête d’un grand nombre d’autres âmes, mais toujours en secret sans que personne remarquât que la grâce et la conversion étaient l’effet de l’efficacité de ses prières. Il y avait plus de deux mois que la Vierge habitait chez Elisabeth et sanctifiait toute cette famille par ses actions et ses exemples d’humilité. Elisabeth prévoyant le prochain départ de sa sainte cousine, commença à ressentir la perte qu’elle allait faire. Un jour elle s’efforça de lui persuader de changer son habitation de Nazareth à Juda; elle lui dit qu’on appellerait saint Joseph, et que sa maison, sa famille et sa personne seraient à leur service, L’humble Vierge écouta cette proposition, mais elle lui dit qu’elle ne pouvait rien décider sans le bon plaisir de Dieu et de son époux, qu’elle exposerait à Dieu ses désirs dans la prière et ferait connaître son invitation à saint Joseph. Sainte Elisabeth fut satisfaite elle la pria seulement de ne pas la quitter jusqu’à la naissance de l’enfant. La sainte Vierge se retira dans son oratoire, pour connaître la volonté du Seigneur. Elle fut aussitôt ravie en extase et le Seigneur lui fit comprendre qu’elle devait rester jusqu’à la naissance de l’enfant qui devait naître bientôt, et retourner à Nazareth lorsque la circoncision serait faite.

21100ALorsque le temps fut accompli, le Seigneur fit connaître à Jean-Baptiste l’heure où il devait venir au monde. Le saint enfant à cet avis resta en suspens sur ce qu’il devait faire: d’un côté les lois de la nature l’obligeaient de naître, la volonté du Seigneur l’ordonnait aussi, d’un autre côté il considérait sérieusement les dangers du périlleux voyage qu’il entreprenait dans cette vie si fragile. Il se tourna donc vers Dieu avec une entière obéissance et une grande confiance dans sa bonté: Seigneur dit-il, que votre divine volonté s’exécute, accordez-moi d’employer ma vie à votre service, et donnez-moi votre bénédiction pour venir à la lumière du monde. Le saint enfant mérita pal- cette prière que la divine majesté lui accordât de nouveau à sa naissance sa bénédiction et sa grâce. Dès qu’il fut né, Elisabeth en fit donner avis à la Vierge qu’elle n’avait osé inviter d’être présente. Marie lui envoya les langes préparées de ses mains pour envelopper l’enfant, et peu après elle vint elle-même par l’inspiration divine. Elisabeth était déjà assise sur son lit; la sainte Vierge prit l’enfant dans ses bras et l’offrit aussitôt au Père éternel. Il témoigna une grande joie de se voir dans les bras de la mère de Dieu, il s’inclina en signe de respect et fit d’autres gestes d’affection envers elle, mais elle conserva toujours sa dignité, et elle ne le baisa pas même une seule fois comme il est en usage de le faire à cet âge. Elle n’arrêta point sa vue sur lui, toute absorbée dans la contemplation de la beauté de sa grande âme, de sorte qu’elle ne l’aurait pas reconnu des yeux du corps,

Le huitième jour, il fut circoncis et appelé Jésus avec toutes les circonstances rapportées par saint Lue. Zacharie recouvra la parole et ce fut par le moyen de Marie qui usant du pouvoir qu’elle avait sur les créatures délia sa langue afin qu’il bénît en cette occasion le Seigneur. Il le fit à l’admiration de tous les assistants qui ne comprirent point comment s’était opéré le miracle. Après la circoncision, saint Joseph vint de Nazareth pour ramener son épouse. Elle le reçut avec une grande joie et un profond respect, se mit à genoux devant lui le priant de la bénir; et ensuite elle se prépara pour le départ. Elisabeth voulut21100B profiter de la présence de la mère de la sagesse et la supplia de lui laisser quelques instructions pour lui servir de règlement de vie après son départ. Ses raisons et ses prières furent si vives que la Vierge en fut attendrie et ne put lui refuser une si juste consolation : « Elevez toujours, lui dit-elle, votre coeur et votre esprit à Dieu, et avec la lumière de la grâce que vous avez, ne perdez jamais de vue l’être immuable de Dieu éternel infini et sa bonté incompréhensible qui l’a porté à tirer les hommes du néant pour les élever à la gloire, et les enrichir de ses dons précieux. Vous devez apporter tous vos soins à dégager votre coeur de toutes les choses du inonde afin que libre et détaché il puisse atteindre sa fin. Pour cela, ma chère cousine, je vous recommande de le purifier de ce qui est terrestre, afin que délivrée des embarras de cette vie, vous répondiez aux desseins de Dieu, et que vous puissiez suivre sans peine et avec joie le Seigneur, lorsqu’il faudra laisser ce corps et tout ce qu’il aime. Maintenant, c’est le temps de souffrir et de mériter la couronne, sachons nous en rendre dignes et marcher avec diligence pour arriver à l’union intime avec notre véritable et souverain bien. Mettez un grand soin pendant votre vie obéir à Zacharie votre époux et votre chef, à le servir et l’aimer. Offrez votre fils à Dieu son créateur, et en lui, pour lui, vous pouvez l’aimer comme mère. Employez votre zèle afin que Dieu soit craint et honoré dans votre 21100Cmaison toute votre famille. Soyez attentive à soulager les pauvres ceux qui sont dans le besoin autant qu’il vous sera possible. Secourez-les des biens temporels que Dieu vous a libéralement donnés pour les distribuer généreusement à ceux qui en sont privés. Nous sommes tous enfants du même père qui est aux cieux, auquel appartiennent toutes les choses créées il n’est pas raisonnable que le père étant riche, un enfant soit dans l’abondance, et les autres soient pauvres et délaissés. Continuez ce que vous faites, et exécutez ce que vous avez dans l’esprit puisque Zacharie le remet à votre disposition; vous pouvez être libérale avec la permission de votre époux. Vous mettrez en Dieu votre espérance dans tout les peines qu’il vous enverra. Vous serez bonne, doue humble, bienveillante et très-patiente avec tout le monde quoiqu’il y en ait qui vous causent de la peine, dans la pensée que ce sont des instruments pour votre mérite. Bénissez éternellement le Seigneur pour les mystères si élevés qu vous a manifestés, et demandez toujours avec zèle et charité le salut des âmes. Priez Dieu, afin qu’il me gouverne et me dirige pour traiter dignement et selon sa volonté le mystère que sa bonté immense a confié à une si vile et si pauvre servante. »  Ainsi parla la sainte Vierge à sa cousine au m ment de son départ, et se mettant à genoux elle lui demanda la bénédiction. Ensuite elle alla prendre congé de Zacharie et humblement prosternée à ses pieds, lui demanda aussi la bénédiction. Les paroles de la bénédiction du prophète furent presque toutes tirées de la sainte écriture. Que le Dieu tout-puissant vous assiste toujours et vous délivre de tout mal; qu’il vous défende par sa protection et vous remplisse de la rosée du ciel et de la graisse de la terre. Que les peuples vous servent, et les tribus vous vénèrent parce que vous êtes le tabernacle de Dieu. Vous serez la maîtresse de vos frères et les fils de votre mère fléchiront le genou devant vous. Celui qui vous exaltera et vous bénira, sera exalté et béni et celui qui ne vous louera pas, sera maudit. Que toutes les créatures connaissent Dieu en vous et que par vous le nom du Très-Haut soit glorifié. Après cette bénédiction, elle baisa la main au saint prêtre qui en fut tout attendri, Il garda toujours le secret de ces mystères. Une seule fois qu’il y avait dans le temple une assemblée de prêtres, poussé par l’esprit de Dieu il dit tout à coup ces paroles : Je crois fermement que le Très-Haut nous a visités en envoyant au monde le Messie qui doit racheter son peuple. Siméon à ces paroles fut saisi d’une grande émotion; ne permettez pas, dit-il, ô Dieu d’Israël, que votre serviteur quitte cette vallée de larmes avant d’avoir vu notre salut et le rédempteur de son peuple.

La sainte Vierge ayant pris congé des saints époux, voulut avant de partir voir encore Jean-Baptiste; elle le21100D prit dans ses bras et lui donna plusieurs bénédictions mystérieuses. Le saint enfant parla à la sainte Vierge par la permission de Dieu, mais à voix basse, et lui demanda son intercession et sa bénédiction. Il lui baisa trois fois la main, et adora dans son sein le verbe incarné. L’enfant divin le regarda en même temps avec tendresse et bienveillance; ce que la Vierge mère vit et admira avec une grande joie.

Retour de la Sainte Vierge à Nazareth


Les saints hôtes retournèrent enfin à leur pauvre maison de Nazareth. Le voyage dura quatre jours entiers, et ils n’usèrent jamais du pouvoir qu’ils avaient sur les créatures, quoique la chaleur, les rochers, les épines, leur causassent de grandes incommodités. Ils opérèrent plusieurs miracles et délivrèrent secrètement plusieurs infirmes et plusieurs pauvres de diverses infirmités et misères. A son arrivée à Nazareth, l’humble vierge balaya les chambres et mit en ordre la pauvre maison; les saints anges l’assistaient dans cet humble travail. Elle règla les actes de vertu qu’elle devait pratiquer avec une exactitude parfaite. Ces vertus héroïques, observées avec soin par Lucifer, lui firent soupçonner, si celui qui devait le vaincre et le terrasser, pouvait naître d’une femme plus profondément vertueuse. il assembla un conciliabule de démons dans l’enfer pour leur proposer ses doutes et leur faire part de ses soupçons. La résolution de cette maudite assemblée, fut d’employer toutes sortes de tentations pour vaincre et opprimer cette femme. Le verbe 21100Eincarné connut tous les desseins de Lucifer et pour revêtir notre invincible reine d’une nouvelle force, il se tient debout dans le tabernacle virginal comme celui qui voudrait se mettre en défense. Dans cette posture il pria le père éternel de renouveler ses faveurs à sa chère mère. Voici l’ordre de la bataille: Lucifer conduisit les sept légions des principaux chefs qu’il avait désignés comme tentateurs des hommes pour les sept péchés capitaux. La sainte Vierge était alors en oraison, et par la permission du Seigneur les sept légions vinrent l’une après l’autre faire tous les efforts que peuvent inspirer la malice, la rage et la nécessité d’obéir au prince des ténèbres. La prudente Vierge connut tous leurs artifices et les dissipa par sa grande sagesse et son incomparable attention. Tous ses ennemis avec leurs ruses et leur mille suggestions ne purent pas réussir à la distraire ni l’empêcher de faire toutes ses héroïques actions même les pins petites avec toute la perfection possible. Les puissances infernales furent entièrement vaincues. Lucifer en fureur, appela ses légions et voulut renouveler le combat se mettant lui-même à leur tête. Il employa contre la seule Vierge toutes les forces par lesquelles il a introduit dans le monde tant d’erreurs et tant de coupables désordres. Il mit, mais en vain tout en oeuvre contre elle; il lui fut également inutile de se servir pour instrument de la malice de quelques voisins, afin de tourmenter Marie et saint Joseph. Tous ses artifices ne servirent qu’à leur faire exercer des actes héroïques de vertus et à augmenter le mérite de leur victoire. Mais l’épreuve la plus grande où Dieu mit la sublime sainteté de ces deux saints époux, est celle dont nous devons maintenant parler. Marie était déjà dans le cinquième mois de sa grossesse, lorsque saint Joseph s’en aperçut dans la disposition de la sacrée personne, parce qu’étant très-proportionnée dans son corps elle pouvait moins le cacher. Cette connaissance pénétra de douleur le coeur de saint Joseph, et par l’amour très-vif qu’il lui portait et par le danger où il la voyait d’être lapidée conformément à la foi. Il recourut à Dieu dans l’oraison, car il soupçonnait dans cette grossesse quelque mystère caché, mais il n’en était pas assuré et il ne savait à quoi se résoudre; Dieu voulait avant de lui découvrir le secret lui donner l’occasion d’exercer plusieurs actes héroïques de vertu. La peine qu’il ressentait dans son coeur était si grande qu’elle paraissait au dehors, et sur son visage on voyait une profonde tristesse. La sainte Vierge n’avait pas besoin de ces signes extérieurs pour connaître l’affliction de son époux, car elle voyait clairement tout ce qui était dans21100F son coeur, mais elle ne lui découvrait pas le secret des mystères. Elle abandonnait tout à la divine providence, quoiqu’elle aimât tendrement son époux et qu’elle eût une tendre compassion pour son douloureux martyre. Les soupçons croissant de plus en plus le saint devint toujours plus pensif et mélancolique; quelquefois il parlait avec plus de sévérité qu’auparavant, mais la prudente reine n’en fit jamais aucune plainte; elle avait des manières plus douces, elle le servait à table, le faisait asseoir et lui présentait à manger. Mais saint Joseph était dans une incertitude toujours plus grande; ne sachant ce qu’il devait croire, on de ses yeux, pour qui la grossesse était évidente, ou la pureté incomparable et la bonté qu’il voyait dans son épouse. Dans ces perplexités il résolut de s’éloigner avant les couches. La sainte Vierge connut aussitôt la résolution de son époux, elle s’adressa à ses anges pour porter remède à un si grand mal. Les anges envoyèrent plusieurs inspirations à saint Joseph pour le persuader de la pureté irrépréhensible de sa sainte épouse. Ces inspirations retardèrent l’exécution de sa résolution, mais ses soupçons loin de diminuer, croissant toujours, et ne pouvant trouver aucun rem~de à sa peine, il résolut enfin de se retirer après avoir passé deux mois dans cette accablante tristesse. Il prépara donc un petit paquet et un peu d’argent gagné par son travail. Avant de quitter la maison, il pria le Seigneur et lui demanda son assistance, il protesta qu’il .ne s’éloignait pas de son épouse dans la crainte qu’elle fût adultère, mais parcequ’il la voyait enceinte et ne pouvait en comprendre la cause ni la manière. Il fit voeu d’aller visiter le temple de Jérusalem et d’offrir à Dieu une partie de son argent afin que sa chaste épouse fut préservée des calomnies des hommes. Après ce voeu il se retira pour prendre un peu de repos afin de pouvoir se lever à minuit comme il l’avait résolu et partit. La sainte Vierge était dans son oratoire et considérait par une lumière divine tout ce que faisait saint Joseph, elle voyait le paquet qu’il avait préparé, le peu d’argent qu’il avait pris et le voeu qu’il avait fait d’en offrir une partie à Dieu. Touchée de compassion, elle recommanda de nouveau ardemment au Seigneur cette affaire et ses prières furent si vives que le Seigneur enfin l’exauça. Tandis que saint Joseph prenait un peu de repos, Dieu envoya, l’archange Gabriel qui lui découvrit le mystère de la fécondité de sa chaste épouse. Saint Joseph ne le vit pas, il entendit seulement la voix intérieure et comprit le mystère. Il s’éveilla, et se mettant à genoux il adora avec une profonde humilité le Seigneur, et lui rendit de vives actions de grâce de l’avoir choisi pour être l’époux de sa mère. Il demanda pardon de son trouble et de ses soupçons, mais il n’osa pas visiter la sainte Vierge qui était retirée et était élevée à une haute 21100Hcontemplation. Il délia le petit paquet et pratiqua plusieurs actes de vertu et lorsque l’heure fut venue il alla à la chambre de Marie, se jeta à ses pieds, lui demanda pardon, lui offrit d’être son serviteur et lui fit la promesse de la reconnaître désormais pour sa reine. La sainte Vierge fit lever son époux, et sans qu’il put l’empêcher elle se prosterna à ses pieds et lui donna les raisons qui lui avaient fait cacher le mystère. Elle le supplia de ne pas changer la conduite qu’il avait gardée jusqu’alors; car son devoir à elle était d’obéir, et à lui de commander; saint Joseph fut tout renouvelé à cette occasion dans son intérieur et rempli du St.-Esprit. Il entonna un cantique de louanges et Marie lui répondit en disant de nouveau le cantique: Mon âme glorifie le Seigneur: elle fut ravie en une extase très-sublime et fut environnée d’un globe de lumière, à la grande admiration de saint Joseph qui ne l’avait jamais encore vue dans une semblable gloire. Le saint connut alors le mystère de l’incarnation et vit le fils de Dieu dans le sein virginal. Il comprit que la vierge son épouse avait été l’instrument de la sanctification de Jean-Baptiste et d’Elisabeth, et qu’elle était la cause de la plénitude de la grâce qu’il avait lui-même reçu de Dieu avec une abondance plus grande que celle qui avait été accordée à saint Jean-Baptiste. Saint Joseph ainsi éclairé résolut de traiter la sainte Vierge avec un plus grand respect et il commença à lui témoigner sa vénération. Lorsqu’elle lui parlait, ou qu’elle passait devant lui, il fléchissait respectueusement le genou. Il ne voulut plus permettre qu’elle le servit et s’occupât aux emplois humbles et bas, comme balayer la maison, laver la vaisselle et autres choses semblables, il voulut lui-même le faire pour ne pas déroger, disait-il, à la dignité ineffable de reine et de mère de Dieu. L’humble Vierge s’opposa à cette manière d’agir; elle le pria de ne fléchir le genou devant elle, parce qu’on ne pouvait distinguer si c’était pour elle ou pour le divin fils qu’elle avait dans son sein. Saint Joseph obéit et fléchit seulement le genou lorsqu’elle ne le voyait pas. Le débat fut plus grand pour les emplois humbles et vils, parce que saint Joseph ne pouvait consentir à ce que no,tre auguste reine s’occupât à des choses si basses et il s’efforçait de la prévenir. L’humble Vierge tâchait de faire ce qui lui était possible, mais tandis qu’elle était en prières le saint pouvait facilement la prévenir pour plusieurs viles actions. La sainte Vierge ne sachant comment le vaincre, s’adressa au Seigneur et le pria de commander à son époux de ne pas l’empêcher d’exercer ces vils emplois. Le Très-Haut l’exauça, et il ordonna aux anges gardiens de saint21100J Joseph de lui faire entendre intérieurement de conserver un grand respect et une grande vénération intérieure à sa sainte épouse, mais de ne pas l’empêcher d’exercer les oeuvres extérieures, parce que son divin fils était venu au monde pour servir avec sa mère, et non pour être servi. Le saint suivit cet avis avec une entière soumission.

La maison des saints époux était divisée en trois petites chambres ou compartiments qui composaient toute leur habitation. Elle était suffisante parce qu’ils n’avaient point de serviteur ni de servante; il n’était pas convenable qu’il y eût des témoins des merveilles si extraordinaires que le Seigneur opérait en ce lieu. Saint Joseph dormait dans une chambre, et travaillait dans l’autre, la troisième était pour la vierge mère. Elle ne sortait pas de sa maison sans une très-grave raison, et si elle avait besoin de quelque chose, elle se servait d’une pieuse femme voisine qui en récompense de ses services reçut de grandes grâces pour elle et pour sa famille. Plusieurs fois aussi les saints époux se trouvèrent dans un extrême besoin, parce que saint Joseph ne travaillait pas pour gagner de l’argent, mais seulement pour recevoir l’aumône qu’on lui donnait sans jamais rien exiger. Le Seigneur après avoir exercé leur patience les secourait de mille manières; quelquefois par le moyen des oiseaux qui leur apportaient des fruits , du pain et même des poissons. Ils furent aussi secourus par le ministère des anges; un jour où ils n’avaient rien à manger , ils se retirèrent pour prier et ils trouvèrent la table couverte de fruits, die bon pain, de poisson et d’une sorte de mets d’un goût et d’une douceur admirables. La manière la plus ordinaire de les secourir était par le moyen de sainte Elisabeth, qui après la visite de la sainte vierge leur envoya toujours des dons. La sainte vierge dormait sur 21100Lun pauvre lit de planches que lui avait fait saint Joseph. Elle avait deux couvertures dont elle s’enveloppait toute habillée pour prendre le peu de repos qui lui était nécessaire pour conserver la vie. Saint Joseph ne la vit jamais dormir et ne sut jamais par expérience si elle dormait quand elle se couchait. Son vêtement de dessous était une tunique ou chemise d’un tissu comme de coton plus douce qu’une étoffe en laine. Elle ne quitta jamais cette chemise en forme de tunique après qu’elle fut sortie du temple, elle ne s’usa ni ne se salit, et personne ne l’aperçut pas même saint Joseph qui ne vit jamais que le vêtement de dessus, visible pour tous. Ce vêtement était d’une couleur de cendre, et elle changeait seulement celui-ci et le voile, non parce qu’ils étaient sales, mais afin qu’on ne connût qu’ils étaient toujours dans le même état par un miracle évident. Tout ce qui touchait son corps virginal ne se gâtait point et n’était point sali, parce qu’elle ne suait jamais et qu’elle n’avait aucune des infirmités qu’éprouvent les corps assujettis au péché. Elle était toute pure et tout ce qu’elle faisait était parfait et extrêmement beau. Elle mangeait très peu, mais cependant elle le faisait tous les jours et toujours avec saint Joseph; elle ne mangea jamais de viande, quoique son époux en mangeât, et qu’elle même l’apprêtât. Sa nourriture était du pain ordinaire, des fruits, des herbes cuites et des poissons. Elle n’en prenait que ce qui était nécessaire pour l’entretien de sa vie selon son tempérament, et jamais elle n’excéda en rien comme mère de sagesse. Il en était de même pour le boire. Elle observa toute la vie pour la quantité cette juste proportion dans le manger, mais elle le changea pour la qualité suivant les occasions.

Le temps de l’heureux enfantement approchait, c’est pourquoi la sainte vierge commença à préparer les langes. Saint Joseph donna plusieurs ouvrages travaillés de ses mains et obtint en retour deux pièces de laine, l’une blanche et l’autre de couleur foncée, toutes les deux de-s meilleures qu’il était possible d’avoir. Elle en fit les langes pour le divin enfant. Elle fit les chemises d’une toile très-fine qu’elle avait travaillée elle-même après l’annonciation. Elle l’avait filée et tissée entièrement de ses saintes mains et toujours à genoux avec des larmes de tendre dévotion, elle avait ainsi fait les langes. Elle offrit au temple ce qui lui en resta. Elle enferma les chemises avec les langes dans un petit coffre qu’elle porta ensuite à Bethléem. Mais avant de les renfermer, elle les arrosa d’une eau de senteur qu’elle avait composée avec des fleurs et des herbes recueillies par saint Joseph. Mais En préparation intérieure fut bien plus grande, elle prépara sa grande âme par des actes héroïques de vertu et d’amour ardent pour recevoir dans ses bras le Dieu enfant. Elle préparait elle-même au Seigneur ce temple dont Salomon l’avait fait la figure. Dans tous ses actes elle se conformait à ceux que pratiquait son divin fils dans son sein virginal. Lorsqu’elle le voyait se mettre à genoux pour prier le père éternel ou qu’il se mettait en forme de croix comme pour essayer ce qu’il devait y souffrir, sa digne mère attentive à toutes ses actions s’appliquait eu elle-même à l’imiter avec une entière perfection.



Extraits de la Vie Divine de la Très Sainte Vierge, Vénérable Maria d'Agreda, chapîtres 9 et 10

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L'Annonciation

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Comment le Très-Haut prépara la Sainte Vierge et la combla de Grâces pour la rendre digne d'être la Mère de Dieu

La sainte Vierge s’occupa à des oeuvres de profonde humilité et d’héroïques vertus pendant les six mois etbig_Annunciazione_di_Simone_Martini dix-sept jours qui s’écoulèrent depuis le mariage jusqu’à l’incarnation du verbe éternel. Pour accomplir ce mystère avec plus de décence le Seigneur prépara la sainte épouse d’une manière singulière les derniers jours qui précédèrent son incarnation dans son sein virginal. Le premier jour de cette préparation, Marie se levant à minuit, selon sa coutume, pour louer le Seigneur; les anges lui parlèrent ainsi : épouse de notre divin maître, levez vous, car sa divine majesté vous appelle. Elle répondit : le Seigneur ordonne à la poussière de se lever de la poussière, et se tournant vers lui, mon divin maître dit-elle; que voulez-vous faire de moi? à ces paroles gon âme fut élevée à un nouveau séjour plus rapproché du Seigneur. La divinité lui fut manifestée d’une manière abstractive et elle connut avec une grande clarté les oeuvres du second jour de la création du monde. Le Seigneur lui découvrit qu’elle devait lui demander avec instance l’accomplissement de l’incarnation. Dans cette vision elle connut en particulier comment elle était formée de la ville matière de la terre; elle eut une si profonde connaissance de son être terrestre qu’elle s’humilia profondément et s’abaissa plus que tous les enfants d’Adam bien qu’ils soient remplis de misères. Le Seigneur lui donna cette connaissance pour creuser dans son coeur des fondements d’humilité qui fussent en proportion avec l’édifice qu’il voulait élever en elle; et comme la dignité de mère de Dieu est en quelque sorte infinie, il fallait que l’humilité qui devait lui servir de fondement fut sans bornes.

442Le second jour elle connut tout ce qui était du second jour de la création du monde. Dieu lui donna un plein pouvoir sur les cieux et tous les éléments; principalement pour deux raisons : la première, parce que la Vierge étant exempte du péché originel, devait dès-lors être exempte de toutes les misères des enfants d’Adam, contre lesquels Dieu avait donné aux créatures, en punition du péché, le pouvoir de venger l’outrage fait au créateur. La seconde, parce qu’il était convenable que toutes les créatures obéissent à celle à qui le créateur même devait obéir. Mais elle n’usa jamais de l’empire qu’elle avait sur les vents, la mer, le froid, le chaud, les saisons, si ce n’est lorsque la gloire de Dieu le demandait.

Le troisième jour elle reçut la science infuse de tout ce qui fut fait au troisième jour de la création. Elle connut avec une grande clarté les propriétés des eaux, les herbes, les fruits, les plantes, les métaux, les pierres, les minéraux et la connaissance qu’elle en eut surpassa celle d’Adam, de Salomon et des autres hommes. Elle reçut un si grand pouvoir qu’aucune créature ne pouvait lui nuire, si elle ne le permettait. Mais elle n’usa jamais de sa science ni de son pouvoir pour se préserver des souffrances; quelquefois seulement elle s’en servit pour les pauvres. Dieu lui donna aussi la connaissance de l’amour infini de Dieu jour les hommes et cette vue fit naître en elle un si grand désir de nous sauver et de réparer nos malheurs, pour plaire à Dieu, qu’elle serait morte mille fois, si le Seigneur ne lui eût conservé la vie par sa puissance. Sa grande charité et son ardent désir de sauver les pécheurs la disposait de plus en plus à être la mère du sauveur, et puisque son fils devait sauver le monde par le moyen de sa passion, usant de son pouvoir sur les créatures elle. le mir commandait de lui faire supporter ce qu’elles devaient faire souffrir à leur créateur.ann3

Le quatrième jour elle fut élevée à une plus haute connaissance des divines grandeurs; elle vit tout ce qui fut créé et ordonné au quatrième jour de la création. Elle connut l’arrangement, le nombre, les propriétés, la matière, la forme et les influences des planètes, des étoiles et de tous les corps célestes, sur lesquels elle reçut un empire absolu, dont elle se servit quelquefois pour son fils, particulièrement en Egypte où les chaleurs sont très-grandes. Elle commanda au soleil de tempérer son ardeur pour le divin enfant, mais non pour elle qui ne voulut jamais être privée de souffrir. Le Seigneur lui révéla en ce jour par une lumière particulière la nouvelle loi de grâce que le sauveur du monde devait instituer avec les sacrements qu’elle devait contenir, les dons abondants et les grâces préparés à ceux qui voudraient profiter des mérites de la rédemption. Mais connaissant l’état de corruption du monde, qui mettait obstacle par des péchés innombrables à l’amoureuse volonté du Très-Haut pour le salut éternel de tous, elle éprouva un nouveau genre de martyre causé par la douleur qu’elle avait de la perdition des hommes. Elle fit à Dieu de ferventes prières, afin qu’à l’avenir personne ne fût damné, et que tous obtinssent la gloire éternelle. Son coeur fut inondé d’une grande amertume par la folie et la dureté des pécheurs à résister à l’inclination miséricordieuse de Dieu pour leur salut éternel et cette amertume se prolongea pendant tout le temps de sa vie mortelle.

annunc_20completa_20Mariagrazia2Le cinquième jour, le Seigneur lui découvrit combien les hommes avec leurs péchés mettaient obstacle à l’accomplissement de l’incarnation, le petit nombre de ceux qui en profiteraient et correspondraient à un si grand bienfait. Elle connut dans cette vision toutes les créatures passées, présentes et futures, avec leurs bonnes et leurs mauvaises actions, et la fin qu’elles auraient. Dieu lui donna aussi la connaissance de tout ce qu’il avait créé au cinquième jour de la création, et le pouvoir sur toutes les oeuvres de ce jour. Il lui demanda en outre quel était son nom, elle répondit : je suis fille d’Adam, formée par vos mains d’une vile matière. Le Très-Haut lui répartit : désormais vous vous appellerez l’élue pour mère de mon fils unique, les esprits bienheureux entendirent seuls ces dernières paroles, elle n’entendit que le nom d’élue. Le coeur enflammé d’amour, elle demanda au Seigneur avec de très-vives instances l’accomplissement de l’incarnation, la très-sainte Trinité lui en fit la promesse, et remplie de joie elle demanda la bénédiction qui lui fut accordée aussitôt.

Le sixième jour, Marie persévérant neuf heures dans la prière, les oeuvres du sixième jour de la création lui furent montrées. Elle connut toutes les espèces d’animaux avec leurs qualités et leurs fonctions; il lui fut accordé sur eux un empire absolu et le commandement leur fut donné de lui obéir en toute chose : ils le firent dans quelques circonstances, comme le boeuf et l’âne qui se prosternèrent devant le Seigneur, au jour de sa naissance. En outre de la connaissance des créatures privées de raison, elle connut parfaitement la manière dont fut créé le premier homme, elle vit la parfaite harmonie du corps humain avec ses facultés et son tempérament; la nature et les perfections de l’âme raisonnable et son union avec le corps. Elle connut l’état de la justice originelle et comment il fut perdu par Adam; elle comprit la manière dont il fut tenté et vaincu, les effets de sa faute et la fureur des démons contre le genre humain. Dans cette connaissance, elle se chargea de pleurer ce premier péché et tous les autres qui en résultèrent comme si elle en eut été coupable. On peut donc appeler heureuse la faute d’Adam, pour avoir fait couler des larmes si précieuses. Se reconnaissant descendante de parents si ingrats envers Dieu, elle s’humilia et s’abaissa dans son néant, non pour avoir eu part à la faute d’Adam, mais parce qu’elle avait la même nature et était aussi sa fille.AnnonciationR

Le septième jour, elle fut transportée par les anges dans l’empyrée où Dieu l’appelait à célébrer de nouvelles épousailles. A cet effet Dieu commanda à deux séraphins de l’assister en forme visible; ensuite il la fit revêtir d’une robe d’un éclat extérieur en rapport avec la beauté intérieure . de l’âme. Cette robe semblable à une longue tunique était si resplendissante que si un seul rayon fut parvenu jusqu’à la terre il l’eut mieux éclairé que le soleil et même que si les étoiles eussent été des soleils. Les séraphins lui mirent une riche ceinture, symbole, de la crainte de Dieu, comme la robe était limage de son incomparable pureté et de sa grâce. Ils l’ornèrent de beaux cheveux à fils d’or liés avec une précieuse attache, pour faire comprendre que toutes ses pensées devaient être animées de la plus ardente charité dont l’or était le symbole. Ils lui mirent aux pieds une belle chaussure pour signifier que tous ses pas et ses mouvements devaient être dirigés aux fins les plus hautes de la gloire de Dieu. Ses mains furent ornées de riches bracelets signifiant la magnanimité qui lui était donnée, et ses doigts de bagues. précieuses, pour signifier les dons du saint Esprit. Elle reçut aussi un collier d’un éclat merveilleux d’où pendait un chiffre avec trois pierres précieuses qui correspondaient par les trois vertus théologales aux trois personnes divines. On lui mit aux oreilles de beaux pendants pour préparer son ouïe à l’ambassade de l’archange qu’elle devait bientôt recevoir. Aux extrémités de la robe pendaient des chiffres qui signifiaient, les uns Marie mère de Dieu, et les autres, Marie vierge et mère.

AnnunciationLe huitième jour, elle fut transportée de nouveau en paradis en corps et en âme, à la grande admiration des esprits bienheureux pour son incomparable beauté dans laquelle le Très-Haut prit aussi ses complaisances, et pour l’honorer davantage il déclara aux anges qu’elle était leur reine, Ils la reconnurent et l’acceptèrent tous avec joie et chantèrent avec une harmonie inexprimable des hymnes de reconnaissance au Seigneur, et ce jour fut pour eux celui d’une joie et d’un bonheur plus grand que ne l’avait été aucun autre depuis leur création. Le Très-Haut parla ensuite ainsi à Marie : « Mon épouse et mon élue, puisque vous avez trouvé grâce à mes yeux, demandez moi sans crainte ce que vous souhaitez; je vous assure comme Dieu fidèle à ses promesses et roi tout puissant, que je vous ne refuserai ce que vous demanderez quand même ce serait une partie de mon royaume. » L’auguste Vierge humiliée et abaissée dans son néant lui répondit : « Je ne demande pas une partie de votre royaume pour moi, mais je le demande humblement tout entier pour le genre humain. Je demande, ô roi tout puissant, de nous envoyer par votre miséricorde infinie votre fils unique notre rédempteur. » Le Seigneur lui dit : « Vos supplications me sont agréables, et vos prières me sont chères, il sera fait selon vos demandes et mon fils unique descendra bientôt sur la terre. » Remplie de joie par cette divine promesse, elle fut rapportée par les anges sur la terre.

Le neuvième et dernier jour, elle fut portée de nouveau dans l’empyrée en corps et en âme. Dans une vision abstractive de Dieu, elle connut les choses créées de tout l’univers, qu’elle avait vu auparavant dans ses parties. Elle comprit l’harmonie, la connexion, l’ordre et la dépendance que les choses ont entre elles, et la fin que Dieu a donnée aux diverses créatures. Alors lui fut placée sur la tête comme reine de toutes les oeuvres de la toute puissance divine, une magnifique couronne incrustée d’or avec un chiffre qu’elle ne comprenait pas, et qui signifiait Mère de Dieu. Des dons ineffables lui furent encore donnés comme dernière disposition à cette éminente et incomparable dignité. Ce qu’il faut surtout admirer, c’est qu’en recevant des faveurs si extraordinaires et si merveilleuses, il ne vint pas en pensée à l’humble vierge qu’elle était choisie pour mère du messie attendu, tant était profond dans son coeur le bas sentiment d’elle-même.

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Annonciation de la Sainte Vierge et Incarnation du Verbe

fete_201La plénitude des temps étant accomplie dans lequel le fils unique devait s’incarner, Dieu le fit connaître à l’archange Gabriel, non par la voie ordinaire en éclairant l’ange inférieur par le supérieur, mais immédiatement, et lui révéla l’ordre et les paroles mêmes de son ambassade. Gabriel ayant reçu l’ordre de Dieu descendit de l’empyrée en forme visible accompagné de milliers d’anges. Son visage était d’une rare beauté, ses vêtements d’un éclat admirable, il avait sur la poitrine une belle croix qui annonçait le mystère ineffable de l’incarnation. Il se dirigea vers la pauvre maison de Marie qui avait alors quatorze ans, six mois et dix-sept jours. Sa taille surpassait celle des autres filles de son âge, elle était bien proportionnée et très belle; sa couleur, son air et ses manières étaient admirables et il ne se trouvera jamais aucune créature qui puisse l’égaler. Son habit était pauvre et modeste, mais propre et d’une couleur approchant de la cendre, l’arrangement et la forme de ses vêtements étaient sans recherche et respiraient la modestie et la décence. A l’arrivée de l’archange, elle était dans une sublime contemplation des mystères qu’elle avait vus les jours précédents. Elle souhaitait vivement d’être la servante de cette bienheureuse femme qui devait être la mère du Messie. L’envoyé céleste entra dans la chambre de l’humble Vierge, accompagné d’une multitude innombrable d’esprits bienheureux; non seulement il empêcha que la Vierge le saluât à son ordinaire, mais s’inclinant lui-même il la salua avec un profond respect et lui dit; Ave Maria gratia plena. A ces paroles Marie se troubla à cause de sa profonde humilité, s’estimant la dernière des créatures, et aussi parce qu’elle ne comprenait pas quelle put être fidèle à son voeu de chasteté et néanmoins être mère. L’archange ayant expliqué les difficultés, la Vierge satisfaite inclinant la tête donna son consentement à l’ineffable mystère de l’incarnation du verbe. Toute absorbée dans la pensée que le Seigneur la voulait pour mère, elle se livra à des actes ardents d’amour et de conformité à la divineAnnunciation_II_Royal_Doors volonté, son chaste coeur naturellement comprimé par l’ardeur de ses mouvements et de ses affections distilla trois gouttes de sang qui tombèrent dans son sein virginal et le saint esprit en forma le petit corps du sauveur. Ainsi le coeur très pur de Marie par la force de l’amour divin fournit seul la matière dont ce côrps fut composé. Le corps divin de Jésus-Christ fut donc réellement formé au moment où inclinant la tête, Marie les mains jointes prononçait ces paroles; ecce ancilla domini, fecit mihi secundum verbum tuum. En ce moment la très sainte âme du sauveur fut créée et infuse dans ce corps, et la divinité s’unit à l’humanité par l’union hypostatique. Tout ceci s’accomplit un vendredi, le vingt-cinq du mois de mars, à l’aurore, à la même heure où Adam avait été créé, trois mille neuf cent soixante ans auparavant.

Au moment où le verbe éternel s’incarnait, les cieux et toutes les créatures donnèrent des signes de respect à leur créateur. Ils témoignèrent d’une rénovation intérieure et d’un changement pour la présence vivifiante du rédempteur de l’univers. Les hommes ne connurent pas ce renouvellement merveilleux, parce que Dieu ne voulut le découvrir qu’aux anges. Le Très-Haut répandit seulement dans le coeur de quelques justes une émotion et une joie extraordinaire dont ils ne comprirent pas la raison, quoique plusieurs. conçussent le soupçon que c’était un effet de la venue si désirée du Messie. L’archange saint Michel en apporta la nouvelle aux saints pères des limbes qui en éprouvèrent une émotion plus grande et une joie inexprimable. L’enfer éprouva aussi l’effet de la venue du sauveur, car les démons ressentirent une peine et une tristesse inaccoutumées et une force impétueuse du pouvoir divin qui semblable aux flots d’une mer irritée les renversa tous au fond des cavernes, mais ils n’en découvrirent pas la raison. Dès que par l’opération du Saint-Esprit l’incarnation du Annunciation_ystujverbe fut accomplie dans le sein virginal de Marie, elle fut élevée à une vision intuitive de Dieu où elle comprit avec les plus hauts mystères la signification des chiffres qui lui avait été toujours cachée. Le divin enfant croissait par la substance de sa mère, comme les autres enfants, mais avec cette différence que la matière dont ii était nourri était admirable. Pour le comprendre il faut remarquer que les actes faits avec ferveur et les affections amoureuses meuvent le sang et les humeurs, et le sang et les. humeurs mis en mouvement dans Marie par des actes héroïques et d’une ardente charité envers Dieu, servaient d’aliment au saint enfant. Ainsi l’humanité du verbe était naturellement nourrie, et la divinité prenait en même temps ses complaisances dans les héroïques vertus que pratiquait la Vierge mère, qui donnait un aliment substantiel par la force du divin amour. Dans la pensée que sa nourriture devait servir d'aliment au divin enfant, elle la prenait avec un si grand amour et des actes si héroïques de vertu que les anges étaient ravis d'admiration de voir la sainte Vierge rendre des actions si communes aussi agréables à Dieu et d'un si grand mérite pour elle. Le petit corps du Seigneur au premier instant de sa conception ne fut pas plus grand qu'une abeille, et l’âme auguste et très-sainte qui lui fut unie, exerça aussitôt tous les actes et d'une manière héroïque. I. Connaître et voir intuitivement la divinité comme elle est en elle-même et comme elle est unie à la sainte humanité. II. Se reconnaître dans son être humain inférieur à Dieu et s'humilier profondément. III. Aimer Dieu d'un amour béatifique. IV. S'offrir en sacrifice de salut, acceptant son être passible pour la rédemption du monde. V. Prendre possession du lit virginal de Marie et y mettre ses complaisances. VI. Remercier le Père éternel de l'avoir créée avec de si grands dons et grâces, et de l’avoir exemptée du péché originel. VII. Prier pour sa sainte mère et saint Joseph, demandant pour eux le salut éternel. Ces actes avaient un si grand mérite qu'ils auraient été suffisants  pour racheter une infinité de mondes, et l'acte d'obéissance de s'assujettir à la souffrance et celui d'empêcher que la gloire de son âme ne rejaillît sur son corps, avait un mérite surabondant pour notre rédemption. La sainte Vierge pratiquaannunciazione les mêmes actes que notre Seigneur à mesure qu'il les exerça. Elle s'humilia profondément en présence de la divine majesté , et adora le Seigneur dans son être infini et dans son union avec la nature humaine. Elle rendit gloire à Dieu au nom de tous les hommes, et particulièrement de l'avoir choisie pour mère de son fils; elle s'offrit humblement à le nourrir, le servir et l’accompagner, et à coopérer autant qu'elle le pourrait à l' oeuvre de la rédemption; elle demanda la grâce d'exercer avec zèle ses devoirs dans cette oeuvre si grande. A ces actes héroïques intérieurs qu'elle pratiqua aussitôt il près la conception du verbe, elle joignit les extérieurs. Elle se prosterna à terre et l'adora profondément , elle continua ses adorations et ses prosternations pendant toute sa vie; de minuit à minuit elle faisait trois cents génuflexions, et même au-delà lorsqu'elle n'était pas occupée à autre chose ou en voyage. Tous ses actes étaient èn hommage du divin enfant. Le jour de l'incarnation, les anges qui l'assistaient se rendirent visibles à ses yeux, remplis d'allégresse et adorant dans son sein leur Dieu fait homme. Ils s'offrirent de la servir comme leur reine, de l'aider dans son travail et dans tout ce qu'elle voudrait leur commander, et ils firent ce qu'ils disaient jusqu'à la servir à table lorsqu'elle était seule en l'absence de Joseph son époux. Pendant qu'elle avait dans son sein le divin enfant elle jouissait ordinairement de sa présence de plusieurs manières : mais celle qui lui donnait la plus grande consolation était de voir dans son sein comme au travers d'un pur cristal, l'humanité sainte qui recevait la lumière de la divinité. Elle éprouvait une grande satisfaction en voyant les petits oiseaux qui venaient adorer dans son sein leur créateur et le louer par leurs chants joyeux et leurs doux. mouvements. Dieu l'ordonna ainsi plusieurs fois pour la consolation de sa chère mère, souvent ils lui apportaient de belles fleurs qu'il1 laissaient tomber dans ses mains, et ils s'arrêtaient attendant ,qu'elle leur commandât de chanter. D'autres fois pour éviter les rigueurs de la saison, les pauvres oiseaux se réfugiaient auprès d'elle et la douce reine non-seulement les recevait mais leur donnait aussi la nourriture, toute joyeuse de leur innocence.

Extraits de la Vie Divine de la Très Sainte Vierge Marie, Vénérable Maria d'Agreda, chapître 7 et 8

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20 mai 2008

La Nativité et la Présentation au Temple de Marie

La naissance et la présentation au Temple de Marie


L’heureuse naissance de Marie, prémices de sa vie toute merveilleuse

santi_gioacchino_e_annaLes neuf mois étant accomplis, sainte Anne fut éclairée d’une lumière intérieure, par laquelle le Seigneur lui fit connaître que le temps de ses heureuses couches était venu. Prosternée en présence de la majesté divine, elle demanda humblement au Seigneur de l’assister de ses grâces, et tout-à-coup elle sentit dans son sein un doux mouvement, qui lui fit comprendre que sa très-chère enfant voulait venir à la lumière. Dans cet état de la sainte mère, la très-sainte enfant vint au monde le huit septembre, à minuit; et afin qu’elle ne vit ni ne sentit sa naissance, elle fut ravie en une extase très-sublime en paradis. La sainte mère voulut elle-même l’envelopper de ses langes, la recevoir dans ses bras, sans permettre que d’autres mains la touchassent et elle put remplir elle même cet office parcequ’elle ne ressentit pas les douleurs de l’enfantement. Sainte Anne ayant reçu cette chère enfant dans ses bras adresse à Dieu cette prière: « Seigneur, dont la sagesse est infinie, créateur de tout ce qui a l’être, je vous offre humblement le fruit de mes entrailles que j’ai reçu de votre infinie bonté et je vous remercie du fond du coeur. Faites de la fille et de la mère selon votre très-sainte volonté, et regardez de votre trône notre petitesse. Je félicite les saints pères des limbes et tout le genre humain, à cause du gage assuré que vous leur donnez de leur prochaine rédemption. Mais comment me comporterai-je envers celle que vous me donnez pour fille, ne méritant pas d’être sa servante? Comment oserai-je toucher la véritable arche du testament? Donnez-moi Seigneur la lumière qui m’est nécessaire pour connaître votre sainte volonté, pour l’exécuter suivant votre bon plaisir et dans les services que je dois rendre à ma fille.» Le Seigneur lui fit entendre de traiter cette sainte enfant en ce qui concernait l’extérieur, comme une mère traite sa fille; mais de lui conserver dans son intérieur le respect qu’elle lui devait.

Les anges vénérèrent leur reine entre les bras de sa mère et ceux qui étaient préposés à sa garde se découvrirent à, ses yeux; ce fut la première fois qu’elle les vit sous une forme corporelle. Ils étaient mille, désignés par Dieu pour sa défense dès le premier instant de sa conception. Quant ils l’eurent adorée, Dieu envoya le saint archange Gabriel, afin qu’il annonçât cette bonne nouvelle aux saints pères des limbes; et dans le même instant il envoya une multitude innombrable d’anges pour prendre et transporter dans le ciel en corps et en âme celle qui devait être la mère du verbe éternel. La petite Marie entra dans le ciel par le ministère des anges, et prosternée avec amour devant le trône royal du Très-Haut, elle fut reçue de Dieu lui-même dans son trône. Elle fut mise à son côté en possession du titre de sa propre mère et de reine de toutes les créatures, bien qu’elle ignorât alors la fin de ces profonds mystères, le Seigneur les lui cachant pour sa plus grande gloire. Il fut déterminé dans le conseil divin de donner un nom à cette enfant bien aimée, et aussitôt on entendit une voix sortant du trône de Dieu, qui disait: n notre élue doit s’appeler Marie. Ce nom doit être merveilleux et magnifique : ceux qui l’invoqueront avec une affection dévote, recevront des grâces très-abondantes; il sera terrible contre l’enfer et écrasera la tête du serpent » Le Seigneur commanda aux esprits angéliques d’annoncer cet heureux nom à sainte Arme, afin que ce qui avait été arrêté dans le ciel fut manifesté sur la terre. Les saints anges exécutèrent les ordres de Dieu. Ayant chacun un bouclier lumineux où le nom de Marie était gravé, ils annoncèrent à sainte Anne que c’était le nom qu’elle devait lui imposer. Marie fut donc remise entre les bras de sa mère, qui ne s’aperçut point de cette absence, parce que pendant assez longtemps, sainte Anne eut une extase d’une très-haute contemplation, et parce qu’un ange occupa la place de la très sainte enfant, ayant un corps aérien semblable au sien.030_Dr_Ioachim_l

Il est bon de connaître le continuel exercice auquel était occupée la sainte enfant. Au commencement de chaque jour, elle se prosternait intérieurement en la présence du Très- Haut, et le louait pour ses perfections infinies; elle lui rendait des actions de grâces de l’avoir tirée du néant, et se reconnaissant l’ouvrage de ses mains, elle le bénissait, l’exaltait, l’adorait comme son souverain Seigneur et créateur de tout ce qui a l’être. Elle élevait son esprit pour l’abandonner aux mains de Dieu; avec une profonde humilité et une parfaite résignation, elle priait Dieu de disposer d’elle selon sa sainte volonté; pendant ce jour là et pendant tous ceux qui lui resteraient à vivre et de lui enseigner ce qui lui serait le plus agréable pour l’accomplir exactement. Cette sainte habitude qu’elle prit dès sa naissance, elle la conserva pendant tout le cours de sa vie, sans jamais y manquer, quelques occupations et travaux qu’elle eût: elle la répétait même plusieurs fois le jour dans l’accomplissement de ses innocentes actions.

Les soixante-six jours de la purification étant passés, sainte Anne alla au temple portant dans ses bras sa très pure enfant : elle se présenta à la porte du tabernacle avec l’offrande que la loi exigeait. Le saint prêtre Siméon ressentit une joie extraordinaire et sainte Anne entendit alors une voix qui lui dit d’accomplir le voeu qu’elle avait fait d’offrir sa fille au temple dès l’âge de trois ans. En entrant dans ce temple sur les bras de sa mère, cette aimable enfant voyant de ses yeux tant de magnificence consacrée au culte divin, en éprouva dans son esprit des effets merveilleux, et ne pouvant se prosterner à terre pour adorer la divinité, elle y suppléa du moins en esprit. Elle pria humblement le Seigneur de la recevoir en ce lieu, au temps que sa sainte volonté avait déterminé. En témoignage de l’acceptation que le Seigneur en faisait, une très claire lumière. descendit du ciel d’une manière sensible sur la mère et sur l’enfant. Ayant fini sa prière et présenté son offrande, sainte Anne revint à sa maison de Nazareth. La très sainte enfant était traitée dans la maison paternelle comme les autres enfants de son âge. Elle prenait les mêmes aliments qu’eux, mais en très petite quantité, son sommeil était court, quoiqu’elle se laissât coucher quand on le voulait; elle n’était pas importune et ne pleurait jamais pour les petits chagrins ordinaires aux autres enfants, mais elle était très douce et très paisible et elle dissimulait cette merveille en versant souvent des larmes pour les péchés des hommes, afin d’en obtenir le pardon, et de hâter la venue du rédempteur. Son visage était ordinairement joyeux, mais pourtant sérieux et plein de majesté et il n’y avait dans ses actions jamais rien de puéril. Elle recevait dans de certaines rencontres les caresses qu’on lui faisait, mais à l’égard de celles qui n’étaient point de sa mère, elle les modérait par son sérieux: Aussi le Seigneur inspira à saint Joachim et à sainte Anne un grand respect et une grande modestie en sorte qu’ils étaient fort réservés et fort prudents dans les démonstrations sensibles qu’ils lui donnaient de leur tendresse. Lorsqu’elle était seule, ou qu’on la mettait dans son berceau pour dormir, ce qu’elle ne faisait que fort sobrement, et sans jamais interrompre les actions intérieures du saint amour, elle conférait sur les mystères du Très-Haut avec les anges. Elle fut sujette à la faim, à la soif et aux peines corporelles parce qu’il était convenable qu’elle imitât Jésus. La faim, la soif étaient plus grandes pour elle que pour les autres enfants, et la privation de nourriture lui était plus dangereuse, à cause de la perfection de son tempérament; mais si on ne lui en donnait pas à temps, ou qu’on y excédât, elle prenait patience jusqu’à ce que l’occasion se présentât de la demander par quelque signe. Elle ne ressentait pas de peine d’être enveloppée dans ses langes, à cause de la connaissance qu’elle avait que le verbe incarné devait être ignominieusement garrotté. Lorsqu’elle était seule, elle se mettait en forme de croix, parce qu’elle savait que le rédempteur du monde devait mourir ainsi. Elle rendait très fréquemment des actions de grâces pour les aliments qui la nourrissaient, pour les influences des planètes, des étoiles, des cieux, reconnaissant tout cela pour un bienfait de la bonté divine; si elle manquait de quelque chose, elle ne se troublait point, sachant que tout est une pure grâce et un bienfait du Seigneur.

Nous avons dit qu’une de ses principales occupations était de s’entretenir avec les Anges, lorsqu’elle était seule. Pour mieux faire entendre tout ceci, il faut donner une idée précise sur la manière dont ils se rendaient visibles à ses yeux, et dire quels étaient ces esprits angéliques. Ils avaient été pris des neuf choeurs, cent de chaque choeur, et choisis parmi ceux qui s’étaient le plus distingués par leur amour pour le Verbe incarné et sa très sainte mère, dans le combat contre Lucifer. Lorsqu’ils lui apparaissaient ils avaient la forme de jeunes hommes d’une merveilleuse beauté. Leur corps participait fort peu du terrestre, et il était comme un cristal très pur et rayonnant de la lumière du ciel. Ils joignaient à cette beauté une gravité noble, et un air majestueux. Leurs vêtements étaient semblables à un or très pur émaillé et embelli des plus riches couleurs. On découvrait néanmoins que tout cela n’était pas fait pour être touché, mais pour la vue seule, comme la lumière du soleil. Ils avaient sur la tête une belle couronne des fleurs les plus riches et les plus variées, qui exhalaient un parfum céleste. Ils portaient en leurs mains des palmes entrelacées, qui signifiaient les vertus que Marie devait pratiquer, et la gloire qu’elle devait obtenir. Ils avaient aussi sur leurs poitrines des devises qui avaient quelque rapport à celles des ordres militaires, il y avait un chiffre qui voulait dire: Marie Mère de Dieu. Cette devise était resplendissante, c’était un de leurs plus beaux ornements; mais la sainte vierge ne la comprit que lorsqu’elle conçut le Verbe incarné. Les effets que ces esprits célestes produisaient dans l’âme de Marie ne se peuvent expliquer dans le langage humain. Outre les neuf cents anges dont nous avons parlé, soixante-dix Séraphins d’entre les plus proches du trône, choisis parmi ceux qui se distinguèrent le plus par la dévotion à l’union hypostatique des deux natures divine et humaine, assistaient leur jeune reine. Lorsqu’ils se rendaient visibles, elle les voyait sous la même forme qu’Isaïe les vit, ayant six ailes, deux qui voilaient leur face, deux qui voilaient leurs pieds, et ils volaient avec les deux autres, signifiant ainsi le mystère caché de l’Incarnation et l’essor ardent de leur amour envers Dieu. Leur manière de communiquer avec la vierge était la même qu’ils gardent entr’ eux, les supérieurs illuminant les inférieurs; car bien que la Reine du ciel leur fût supérieure en dignité et en grâce, néanmoins dans sa nature l’homme comme le dit David, a été fait moindre que les anges. Il y avait encore douze anges dont a fait mention Saint-Jean (Apoc. ch. 21, v. 12.) Ils étaient de ceux qui se distinguèrent le plus par leur amour pour la rédemption des hommes. Ils furent choisis afin qu’ils coopérassent avec Marie au privilège qu’elle a d’être mère de miséricorde et médiatrice du salut du monde. Ces douze anges lui apparaissaient corporellement comme les premiers, et ils portaient plusieurs couronnes et plusieurs palmes réservées pour les dévots de cette divine reine. Leur emploi particulier était de lui faire connaître d’une manière toute spéciale la charité du Seigneur envers le genre humain. Les dix-huit anges qui complétaient le nombre de mille, étaient de ceux qui se distinguèrent le plus par leur affection envers les souffrances du Verbe incarné. Ces anges apparaissaient à Marie avec une admirable beauté. Ils étaient ornés de plusieurs devises de la passion et d’autres symboles mystérieux de la rédemption. Ils avaient une croix sur la poitrine et une autre sur le bras; l’une et l’autre d’une singulière beauté et d’une splendeur extraordinaire. La sainte vierge se servait souvent de ces anges qu’elle envoyait en ambassade à son très aimable fils pour le bien des âmes. Tous ces mille anges assistèrent à la garde dé cette grande reine, sans y jamais manquer en rien, comme nous le verrons, en plusieurs occasions, dans la suite de cette vie, et ils jouissent maintenant dans le ciel d’une joie toute particulière, par sa présence et par sa compagnie.

02La sainte enfant n’eut jamais l’impossibilité de parler qu’éprouvent les autres enfants; néanmoins pendant les dix-huit premiers mois, elle ne voulut point prononcer une parole; cachant par ce moyen la science et la capacité qu’elle possédait, et évitant l’étonnement qu’on aurait eu d’entendre parler un enfant qui ne faisait que de naître. Elle se dispensait seulement de cette loi du silence, lorsque dans la solitude elle priait le Seigneur, ou parlait avec les anges de sa garde. Le temps étant arrivé où la divine Marie devait rompre ce saint silence, le Seigneur lui déclara qu’elle pouvait commencer à parler avec les créatures humaines. Avant d’exécuter cet ordre, elle supplia le Seigneur dans une humble et fervente prière de l’assister dans cette dangereuse et difficile action de parler, afin qu’elle n’y commît jamais aucune faute. Le Seigneur lui ayant promis sa divine assistance, elle délia sa langue pour la première fois et les premières paroles qu’elle proféra furent pour demander la bénédiction de ses parents. Ceci arriva au dix-huitième mois de sa naissance. Pendant les dix-huit autres qui restaient pour achever les trois ans où elle entra au temple, elle n’ouvrit presque jamais la bouche que pour répondre à sa mère qui s’entretenait avec elle de Dieu, de ses mystères et surtout de l’incarnation du Verbe divin. Il était admirable de voir le soin qu’elle mettait dans un âge si tendre à faire les choses les plus basses et les plus humbles, comme de nettoyer et de balayer la maison, et alors les saints anges l’aidaient à recueillir ce fruit d’humilité. La maison de Joachim n’était pas fort riche, mais pourtant elle n’était pas des plus pauvres; c’est pourquoi sainte Anne habillait sa fille le mieux possible, dans les limites de l’honnêteté et de la modestie. Dès que la sainte enfant commença à parler, elle pria ses parents de la vêtir plus pauvrement d’un habit grossier et de couleur de cendres, et leur témoigna le désir qu’il eût déjà été porté. Sainte Anne ne jugea pas à propos de la ‘vêtir d’habits aussi grossiers qu’elle le demandait, elle la satisfit néanmoins pour la couleur et pour la forme qui rappelaient un peu l’habit qu’on met aux enfants par dévotion. Elle ne répliqua pas une parole, et se montra très soumise à‘sa mère, compensant par cet acte d’obéissance l’acte d’humilité qu’elle ne pouvait pas faire.


Sainte occupations, Présentation au Temple

05_20L_Entree_20au_20temple_20de_20la_20Mere_20de_20DieuUne de ses occupations était de se retirer dans la solitude pour jouir de Dieu, avec plus rie liberté et pleurer en secret les péchés des hommes. Son affection envers les pécheurs et envers les pauvres était toute particulière. Ayant passé l’âge de deux ans, elle demandait souvent l’aumône à sa mère pour ceux qui étaient dans le besoin. Elle retranchait quelque chose de ses repas pour leur donner. Elle ne donnait point l’aumône aux pauvres comme un bienfait, mais comme en leur payant une juste dette. Elle signala spécialement son humilité lorsqu’elle se laissa montrer à lire par autrui, quoiqu’elle fut la mère de la divine sagesse, et quelle se laissa enseigner des choses qu’elle savait par science infuse depuis le premier instant rie sa conception. Quand vint le temps de la conduire au temple pour remplir le voeu qu’avaient fait à Dieu ses parents, elle fut la première à les supplier humblement d’accomplir leur promesse sans tarder; et elle fit à Dieu de ferventes prières, pour qu’il leur inspirât de l’exécuter promptement. Le Seigneur exauça les humbles prières de sa bien aimée, et ses parents pour obéir aux inspirations du ciel, se séparèrent de cette sainte et très-aimable enfant, non sans un vif chagrin. Sainte Anne principalement eut une plus grande douleur que ne l’eut Abraham, lorsqu’il reçut l’ordre de sacrifier son fils Isaac. Les trois ans accomplis, Joachim et sainte Anne accompagnés de quelques uns de leurs parents et d’une suite nombreuse d’esprits angéliques, qui chantèrent dans tout le voyage des cantiques de louanges au Très-Haut, partirent de Nazareth et vinrent à Jérusalem, portant dans leurs bras la jeune et bienheureuse enfant. Arrivée au temple, Sainte Anne entendit une voix qui disait: « venez mon épouse et mon élue: venez dans mon temple où je veux que vous m’offriez un sacrifice de louange et de bénédiction.» Ils la conduisirent dans l’appartement des vierges, où elles étaient élevées toutes ensemble dans une sainte retraite jusqu’à l’âge du mariage. Elles étaient principalement de la tribu royale de Juda, et de la tribu sacerdotale de Lévi. L’escalier pour aller à cet appartement avait quinze degrés; un des prêtres qui étaient venus la recevoir la mit sur le premier degré, et Marie lui en ayant demandé la permission se tourna vers ses parents, leur demanda leur bénédiction à genoux, leur baisa les mains et les pria de la recommander à Dieu. Ceux-ci la lui donnèrent avec beaucoup de tendresse et de larmes. Alors elle monta toute seule les quinze degrés avec une ferveur et une modestie17thRusPresMary admirable. Le saint vieillard Siméon lui donna pour maîtresse la prophétesse Anne qui avait été prévenue pour cet emploi d’une grâce spéciale de Dieu, Ayant été remise à sa maîtresse, la jeune enfant se mit à genoux, lui demanda sa bénédiction et la pria de lui enseigner tout ce qui était nécessaire: ensuite elle alla offrir ses services à toutes les vierges, les salua et les embrassa chacune en particulier ave tendresse et les remercia de l’avoir reçue pour compagne toute indigne qu’elle en fût. Après avoir rempli ce devoir elle se prosterna à terre et baisa le pavé comme étant celui de la maison de Dieu, puis rendit grâce au Seigneur de ce grand bienfait. Ensuite elle s’adressa à ses douze anges dont nous avons parlé plus haut, et les pria d’aller consoler ses parents dans leur tristesse. Les anges partis, le Très-haut ordonna aux soixante Séraphins qui l’assistaient de la transporter dans l’empyrée; cela fut aussitôt exécuté, et elle vit là l’essence divine d’une vision intuitive; prosternée humblement devant le trône de Dieu, elle lui demanda deux grâce avec une singulière ferveur; l’une de souffrir beaucoup pour son amour, l’autre de pouvoir faire en sa présence, quatre voeux, ceux de pauvreté, de chasteté, d’obéissance et de clôture perpétuelle dans le temple. Le Seigneur agréa demande, mais il accepta seulement le voeu de chasteté et non les autres. Il régla seulement la manière dont elle devait conduire par rapport à ceux-ci: c’était d’agir comme si elle en eut fait voeu solennel. Après cette claire vision Dieu, elle fut encore retenue dans le ciel par une extase imaginative dans laquelle elle fut parée par les anges d’une manière admirable. Ils illuminèrent d’abord tous ses sens d’une clarté qui la remplit de grâce et de beauté; puis elle fut revêtue d’une robe magnifique, avec une ceinture de pierres précieuses de diverses couleurs, transparentes et resplendissantes: cette ceinture signifiait la pureté et les héroïques y tus de son âme très sainte. On lui mit au cou un collier d’un prix inestimable, avec trois grandes pierres, 18thCRusPresVirgsymbole des trois vertus théologales, la foi, l’espérance et la charité, elles pendaient sur sa poitrine, comme pour marquer le lieu où ces vertus résidaient. On lui mit aux doigts sept anneaux d’une rare beauté pour marquer les sept dons du Saint-Esprit. La très-sainte Trinité lui posa sur la tête, comme à la reine du monde, une couronne impériale d’une inestimable valeur. Le vêtement dont elle était revêtue était semé de chiffres d’un or très fin et très éclatant qui disaient, Marie fille du père Éternel, Épouse du Saint Esprit, et Mère de la véritable lumière: ces dernières paroles ne furent comprises que des anges. L’auguste fille parée ainsi, plut tellement à Dieu, qu’il lui commanda de demander tout ce qu’elle souhaiterait, l’assurant que rien ne lui serait refusé. La demande qu’elle fit au Seigneur fut qu’il envoyât au monde son fils unique pour racheter les hommes; qu’il augmentât son saint amour chez ses parents et les comblât des dons de sa main bienfaisante; qu’il consolât les pauvres et les affligés, qu’il les soulageât dans leurs peines et leurs travaux. Elle ne demanda ensuite pour elle que l’accomplissement dé sa sainte volonté.

Après cette admirable vision, les anges la remirent dans le temple d’où elle avait été enlevée, où elle rentra plus humble que jamais. Elle commença aussitôt à pratiquer ce qu’elle avait promis en la présence du20thNichPapasPresMary Seigneur. Elle alla trouver sa maîtresse et lui remit tout ce que sa mère lui avait donné pour ses besoins ou pour ses plaisirs, excepté un simple habit et un livre de prière manuscrit, et elle la pria de donner aux pauvres ces petites choses. Ses actions et ses pratiques de sublime vertu furent si parfaites qu’elle surpassa par ses mérites ceux de tous les Séraphins. Pour entrer en quelque détail, après avoir remis à sa maîtresse tout dé qu’elle avait, elle demanda très-humblement aux saints prêtres et à sa maîtresse de lui prescrire tout ce qu’elle aurait à faire. La très-humble enfant à genoux, les mains jointes et la tête inclinée, écouta les ordres de Siméon: « Ma fille, dit-il, vous assisterez avec beaucoup de respect et de dévotion aux cantiques du Seigneur, vous prierez, le Très-Haut pour les nécessités de son saint temple et de son peuple, et pour la venue du Messie. Vous vous retirerez à la troisième heurt pour vous reposer, et vous vous lèverez à la pointe du jour pour prier le Seigneur jusqu’à l’heure de tierce, et ensuite vous vous occuperez à quelque travail manuel. Vous observerez la tempérance dans les repas que vous prendrez après le travail, ensuite vous irez recevoir les instructions de votre maîtresse. Vous emploierez le reste de la journée à lire les divines écritures; vous serez en toute chose humble, affable et obéissante. » L’enfant sainte écouta à genoux le discours du prêtre, et après lui avoir demandé sa bénédiction et baisa la main, elle résolut dans son coeur d’observer exactement ce qu’on lui prescrivait, et c’est ce qu’elle fit en effet. Elle demanda en outre à sa maîtresse la permission de servir toute les autres vierges, et de s’employer aux emplois les plus humbles, comme de balayer la maison, et de laver la vaisselle et après l’avoir obtenue, elle se montra admirable pour prévenir les autres dans ces choses si humbles et si pénibles Elle demandait chaque jour le matin et le soir la bénédiction à sa maîtresse, lui baisait la main, et quelquefois les pied quand elle lui en donnait la permission. Elle employait beau coup de temps à lire les divines écritures, plus particulière ment Isaïe, Jérémie, et les psaumes, parce qu’ils contiennent d’une manière plus expresse les mystères du Messie et cou de la loi de grâce.

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Extraits de la Vie Divine de la Très Sainte Vierge Marie, Vénérable Maria d'Agreda, Chapîtres 3 et 4

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