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mois de la passion
9 avril 2022

Le Mois de la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ

Le Mois de la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ

 

Jésus devant Hérode

 

Dixième jour

10 Avril

 

Hérode

 

Prélude : Jésus debout se tait devant Hérode, qui se moque de lui.

 

Méditation

 

La crainte de déplaire aux Juifs l'emporte dans le cour de Pilate sur l'esprit de justice. Mais, il voudrait que ce fut un autre qui le condamnât. Aussi, entendant parler de la Galilée, il prétexte la juridiction d'Hérode sur les Galiléens, et lui renvoie Jésus. Durant ce nouveau trajet, les ennemis du Bon Maître, irrités des refus de Pilate et des obstacles mis à leur fureur, déchargent sur lui leur rage et excitent le peuple à l'insulter.

Hérode reçut fort bien le Fils de Dieu et lui fit d'abord un bon accueil, parce qu'il espérait se divertir et repaître sa curiosité en l'entretenant. Mais Dieu ne se communique pas aux esprits curieux et dissimulés. Aussi Hérode eut beau multiplier ses interrogations : Jésus, qui fuit l'ostentation et qui veut nous apprendre à mépriser la faveur et l'estime des grands de ce monde, garda un profond silence.

Le silence, à l'école de Jésus, est une marque de sainteté et de perfection. Mais, aux yeux des mondains, c'est une preuve de sottise. Aussi, Jésus silencieux est-il méprisé comme un homme sans pouvoir, parce qu'il ne fait point de miracles. Il est méprisé comme un homme sans esprit, parce qu'il ne se défend point contre les Princes des Prêtres et les Scribes qui persistaient à l'accuser. Oh ! que l'esprit de Jésus est contraire à l'esprit du siècle ? Comme la folle sagesse du monde est contradictoire avec la sage folie de Jésus !

Piqué du silence de notre divin Sauveur, Hérode le fait vêtir d'une robe blanche, pour faire voir qu'il ne le regardait pas comme un criminel, mais bien comme un fou, lequel s'imaginait être roi.

Contemple, ô mon âme l'humilité avec laquelle Jésus prend cette robe d'ignominie. Avec quelle douceur il supporte toutes les injures qu'on lui prodigue, quand il en est revêtu ! Il sort du palais d'Hérode, vêtu comme un insensé. De nouvelles huées l'accueillent dans les rues. Pilate, le voyant ainsi travesti, le méprise et le traite avec froideur, ne cherchant qu'à se débarrasser de cet importun maladroit.

Admirons et respectons notre Sauveur sous cet habit mystérieux dont le Père céleste se sert pour glorifier son fils. Tandis qu'Hérode, en l'habillant d'une robe blanche, prétend se moquer de la qualité de roi et de tous les titres d'honneur qu'on attribuait à Jésus, le Père Eternel déclare aussi l'innocence de son fils, sa pureté, sa douce simplicité, l'aimable candeur de son âme, sa dignité sacerdotale et royale.

Ne craignons, donc point la moquerie des hommes, ce sont des aveugles qui méprisent ce qu'ils devraient estimer et qui estiment ce qu'ils doivent mépriser. Mais Dieu tirera notre gloire de leur mépris et fera un jour retomber toute la confusion et l'ignominie sur ceux qui nous ont déshonorés.

Ô Roi du ciel, qui avez racheté cette précieuse robe de l'innocence, perdue par Adam, aux dépens de votre honneur et de votre vie, ne permettez pas que je la perde jamais par aucune offense mortelle, ni que je la souille par mes imperfections et mes défaits. Ah ! que je suis confus de l'avoir autrefois perdue avec tant de lâcheté et d'être encore maintenant si peu soigneux de la conserver, en me voyant entouré de tant d'ennemis qui cherchent à m'en dépouiller pour se moquer ensuite de moi. Quel malheur, si je retombais dans leurs mains et si la mort me surprenait, privé de votre grâce ! Ô nudité honteuse ! Ô confusion pire que la mort et plus horrible même que l'enfer !

Hérode et Pilate se réconcilièrent à cette occasion. C'était une figure de l'alliance que les méchants font entre eux contre les bons. Ne vous étonnez donc pas si les méchants se liguent contre vous, lorsque vous tâchez de suivre Jésus-Christ. C'est une marque du bien que Dieu a mis en vous. L'esprit qui vous anime dissipera tous leurs efforts et se moquera de leurs desseins.

Ô Jésus, qui avez bien voulu que votre mort servît à la réconciliation d'Hérode et de Pilate, fortifiez tellement mon âme par votre grâce, que je ne craigne point la conspiration des méchants ligués contre moi, mais que je profite de leur persécution, afin de vous être semblable et d'imiter ce grand exemple que vous m'avez donné de patience et de douceur.

Accordez-moi, mon Dieu, pour l'amour de votre Fils, le pardon de mes péchés, comme je pardonne de bon cœur, pour l'amour de lui, à ceux qui m'ont offensé.

 

Pratique : Supporter les humiliations volontiers, en union avec les humiliations supportées par Jésus chez Hérode.

Bouquet spirituel : « Hérode avec toute sa malice le méprise et se moque de lui ».

 

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8 avril 2022

Le Mois de la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ

Le Mois de la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ

 

Jésus devant Pilate

 

Neuvième jour

9 Avril

 

Pilate

 

Prélude : Jésus est amené devant Pilate, qui siégeait dans son Prétoire.

 

Méditation

 

Aussitôt que le matin fut venu, les Grands-Prêtres ayant tenu conseil avec les anciens, les Scribes et toute l'Assemblée firent lier Jésus, l'emmenèrent et le livrèrent à Pilate. Pilate se prêtant à leur fureur, sort sur le perron, vénéré aujourd'hui à Rome sous le nom de Scala Sancta, et leur dit : « De quel crime l'accusez-vous ? » À bout de ressources, les ennemis de Jésus finissent par le charger des plus odieuses calomnies et parviennent à inspirer quelques craintes au cœur de ce juge lâche et faible. Pilate rentre donc dans le Prétoire, et, faisant appeler Jésus, il lui dit : « Êtes-vous le roi des Juifs ? »

Ô Juge, si tu savais quel est celui à qui tu fais cette demande, tu ne l'interrogerais pas sur des accusations injustes, mais tu t'accuserais toi-même devant lui !

Pilate demande à Jésus ce que c'est que la vérité, et n'attend pas même la réponse. Il n'en était d’ailleurs point digne, car, pour connaître la vérité, il faut quitter le vice, purifier son cœur, mortifier ses passions, être humble et simple, et recourir à la prière.

Les Juifs attaquent en vain l'innocence de Jésus. Pilate est contraint, par l'évidence même des faits, de prendre la défense de ce juste. Il sort encore une fois du Prétoire pour aller dire aux Juifs : « Je ne trouve aucun crime en lui ! »

Mais les méchants sont plus acharnés au mal que les gens de bien ne sont zélés à soutenir le parti de la vertu. Pilate est dominé par la crainte de déplaire aux Juifs, il se laisse vaincre, et il abandonne lâchement l'innocent, contrairement au cri de sa propre conscience.

Il voudrait cependant que le Sauveur se défendît lui-même et lui fournit le moyen de le délivrer. Or, Jésus ne répondait ni aux accusations des Princes des Prêtres et des Anciens. Pilate lui disait : « N'entendez-vous donc pas combien on rend de témoignages contre vous ? » Mais, Jésus ne répondait pas un seul mot. Pilate était tout surpris de ce silence. Mais nous, nous savons pourquoi Jésus se taisait.

Il se taisait, pour laisser à ses ennemis la liberté de tout ce que la haine peut suggérer à leur esprit, résolu qu'il était à tout souffrir, de peur de mettre obstacle à notre salut.

Il se taisait, parce qu'il n'avait pas besoin d'être défendu. Son silence était comme le triomphe de son innocence, selon la remarque de saint Ambroise.

Il se taisait pour faire éclater les merveilles de patience et de douceur dont son cœur sacré était plein, et pour mériter à ses disciples une patience invincible dans les souffrances et dans les persécutions.

Il se taisait, par une prudente sagesse, au milieu du tumulte soulevé par les Juifs, voulant nous enseigner que c'est un acte de prudence de se taire quand ceux avec qui nous traitons n'écoutent point le langage de la raison, qu'un chrétien sans silence est une ville sans défense et sans murailles, que le silence est un doux concert de toutes les vertus qui attire Dieu dans l'âme et qui a la même force que la charité, que Dieu prend la défense de ceux qui souffrent avec égalité d'esprit le tort qui leur est fait, enfin que le silence édifie souvent, autant et quelquefois plus que la parole.

Devant ce silence du Sauveur et les interrogations de Pilate, les ennemis de Jésus redoublaient leurs cris et faisaient instance, de peur que Pilate ne le délivrât. Ils l'accusèrent de soulever le peuple lui qui prêchait la soumission à l'autorité. Ils lui reprochèrent de prêcher partout, comme si la doctrine de Jésus ne tendait pas à enseigner et à établir la paix parmi les hommes.

 

Pratique : Pratiquer volontiers le silence devant les accusations et les calomnies.

Bouquet spirituel : « Jésus se taisait ».

 

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7 avril 2022

Le Mois de la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ

Le Mois de la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ

 

christ the prisoner-001

 

Huitième jour

8 Avril

 

La nuit dans la prison

 

Prélude : Les Juifs voulant s'assurer de leur prisonnier pour le reste de la nuit, l'enfermèrent dans une prison, où il eut beaucoup à souffrir.

 

Méditation

 

On est prisonnier pour crimes ou pour dettes. Quel est donc le crime, quelle est la dette de Jésus ? Ah ! ce n'est point pour ses propres crimes, ni pour ses dettes personnelles qu'on l'a arrêté, mais bien pour les nôtres. Nous étions insolvables et indignes de pardon. Il a donné son sang pour payer nos dettes et sa vie pour expier nos offenses.

Qui donc l'a fait prisonnier ? La justice, la force et l'amour. La justice divine le retient dans cette prison, parce qu'il s'est chargé de nos crimes. La force et la violence de ses ennemis ont prévalu contre lui, parce qu'il a pris sur lui toutes nos faiblesses.

Mais, l'amour est la principale cause de son emprisonnement. C'est l'amour qui l'a enfermé neuf mois dans le sein d'une Vierge. C'est l'amour qui l'a mis dans la grotte de Bethléem et l'a lié dans les langes de l'enfance. C'est l'amour qui l'a resserré dans les espèces du vin, pour le donner à ses disciples. C'est l'amour qui l'a parqué dans le jardin des Oliviers, pour le livrer à ses ennemis. C'est l'amour qui l'enfermera bientôt dans le sépulcre et le fera descendre aux enfers, pour en tirer les captifs. C'est l'amour enfin qui le constitue prisonnier dans la maison du Grand-Prêtre, afin de rompre les chaînes de tous les pécheurs dont il prend la place, et de sanctifier les liens des martyrs et de tous les membres de son corps mystique qui souffrent persécution pour la justice.

Ô prisonnier des prisonniers ! Ô prisonnier d'amour ! Enfermez avec vous tous mes sens et toutes les puissances de mon âme. Ah ! Seigneur, vous qui donnez des bornes à la mer, et qui renfermez ses vagues comme dans une prison, serrez les affections déréglées de mon cœur, arrêtez l'impétuosité des passions qui s'élèvent comme des flots dans cet abîme, et ne permettez pas que mes désirs sortent jamais des bornes du respect et de la soumission que je dois à vos volontés saintes.

Écoutons ce divin prisonnier de l'amour : « Voici, dit-il, que vous avez éloigné de moi tous mes amis ; ils m'ont traité comme un objet d'exécration ; vous m'avez mis dans une prison étroite d'où je ne puis sortir ». (Ps. 83).

Ô mon âme, allons le visiter ! Ne le laissons pas seul dans l'erreur des ténèbres et sous la pesanteur de ses chaînes. Allons le consoler en esprit dans sa captivité. La pensée va partout, malgré les geôliers. L'amour divin force les portes de fer, et il n'est rien d'impénétrable à qui cherche son Dieu avec un cœur sincère.

Voyez avec les yeux de l'âme le beau visage de votre Epoux obscurci par les ténèbres d'un cachot que le soleil n'éclaire jamais. Considérez combien il souffre de la puanteur insupportable de ce cachot étroit et infect, comme tout son corps est accablé sous la pesanteur de ses fers et les mille incommodités d'un séjour qui redouble la douleur de ses blessures.

Ô triste nuit inconnue à tous les siècles ! Il n'y a, dit saint Jérôme, que le jour du jugement qui puisse nous apprendre le martyre qu'elle a fait endurer à notre Sauveur.

Seigneur Jésus, vous aviez coutume de passer les nuits à prier, ou à exercer votre charitable apostolat, ou à prendre un peu de repos nécessaire à votre vie. Mais, cette nuit-là, vous l'avez passée uniquement à souffrir, afin de confondre la paresse, la volupté et les désordres de tant de nuits, que les mondains emploient à vous offenser. Je vous demande pardon de ma lâcheté, et je vous supplie de régler si bien mes veilles et mon repos, que je puisse passer heureusement de la nuit de ce misérable monde, qui n'est qu'une prison pour vos élus, au jour des heureux de l'éternité.

 

Pratique : Visiter ou assister par des aumônes les prisonniers, en souvenir des souffrances de Jésus captif.

Bouquet spirituel : « J'étais prisonnier, et vous ne m'avez pas visité ! »

 

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6 avril 2022

Le Mois de la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ

Le Mois de la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ

 

Reniement de Saint Pierre 2

 

Septième jour

7 Avril

 

Chute de saint Pierre

 

Prélude : Pierre renie son Maître qui le regarde avec une tendre commisération.

 

Méditation

 

La présomption et l'orgueil secret de cet Apôtre furent le commencement de sa ruine. Il se fiait en ses propres forces ; elles lui firent défaut. Jésus l'avait averti le soir de veiller pour obtenir le secours du ciel : il l'avait menacé d'une honteuse chute. Mais, il néglige cet avertissement et oublie les paroles de son Maître. Il trouve alors comme un tempérament entre son amour pour Jésus et la crainte que lui inspirent les ennemis du Sauveur. Il le suit, mais de loin, avec une langueur pleine de lâcheté et une froideur que symbolise le froid de cette nuit fatale.

L'occasion prochaine où il se jette et la mauvaise compagnie où il s'engage achèvent de le perdre. Ce téméraire a trop présumé de sa vertu, il tombe dans l'abîme et périt dans le danger auquel il s'est exposé. Comment périt-il ? Suivons les degrés de sa chute, ils sont instructifs et nous donnent de précieuses leçons.

Une servante vient à lui et lui dit : « Tu étais aussi avec Jésus de Nazareth ». Pierre, qui se croyait un lion, tremble à la voix d’une servante, et répond : « Femme, je ne le connais point ». Quoi ! Pierre, toi, le chef de ses disciples, tu ne connais pas le Maître ! Autrefois, tu disais : « Seigneur, où irons-nous, si nous vous quittons, vous qui avez les paroles de la vie éternelle ? » Et maintenant, tu le quittes, te le renies, tu renonces à son amour, et pour aller où ?

Il sort, mais son trouble l'accompagne, et, la crainte d'être regardé comme criminel le ramène dans l'intérieur de la maison. Là, il trouve une nouvelle servante, second écueil qui est la cause d'une seconde chute encore plus dangereuse. Elle lui demande : « N'es-tu point de ceux-là ? » Et il nie pour la seconde fois, il ajoute même à son reniement un faux serment.

Une heure après, le combat recommence. Un de la troupe s'écrie qu'on le reconnaît à son langage et un autre parle de l'avoir vu au jardin des Oliviers. Alors Pierre, vaincu et tremblant, renie son Maître avec d'horribles imprécations.

Ces trois chutes successives et toujours plus graves nous rappellent qu'on ne tombe pas tout d'un coup au fond du précipice, et qu'il importe de se relever promptement, quand on est une fois tombé, de peur d'aller plus bas.

Pendant que Pierre se livrait à ses reniements, Jésus passa et entendit les imprécations de son Apôtre. Combien ces injures durent lui être sensibles ! Néanmoins il eut pitié de la faiblesse de Pierre, et il jeta sur lui un long regard. Oh ! combien ce regard son fut miséricordieux, généreux, charitable, puissant et doux ! Ô mon Jésus, ouvrez les yeux ainsi sur mon âme pécheresse !…

Ce regard de Jésus convertit l'Apôtre infidèle. Il se ressouvint de cette parole du Seigneur : « Avant que le coq chante, tu me renieras trois fois », et il sortit pour pleurer amèrement son crime.

Apprenons à pleurer nos péchés avec des larmes semblables à celles que Pierre versa pour expier son infidélité.

Ces larmes furent tendres ; elles furent sincères et véritables ; elles sortaient d'un cœur blessé par l'amour ; elles ne cessaient de couler avec une amère violence. « Heureuses larmes, dit saint Léon, qui n'ont pas moins de vertu pour laver son péché que les eaux du Saint Baptême, avec cet avantage que le Baptême ne se réitère point ».

Saint Pierre, sortant de la maison de Caïphe, commença de pleurer, dit l'Evangéliste. Mais, ces larmes, il les continua jusqu'à la mort. Au rapport de saint Clément, en effet, toutes les fois qu'il entendait le chant du coq, Pierre s'agenouillait et versait des larmes si abondantes qu'elles creusèrent ses joues. Profitons de ce grand exemple, et commençons aujourd'hui à faire pénitence de nos péchés, pour ne plus l'interrompre jusqu'à la mort.

 

Pratique : Ne jamais se livrer à une joie immodérée, en se ressouvenant toujours des péchés que l'on a commis et qui doivent nous empêcher de nous réjouir d'une joie mélange.

Bouquet spirituel : Pierre sortit et pleura.

 

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5 avril 2022

Le Mois de la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ

Le Mois de la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ

 

Jésus chez Caïphe 2

 

Sixième jour

6 Avril

 

Chez Caïphe

 

Prélude : Jésus est debout. Le Grand-Prêtre l'interroge. Les soldats et la valetaille entourent Jésus.

 

Méditation

 

Le Grand-Prêtre entreprend de juger le Dieu dont il est le ministre. Il l'interroge sur ses disciples, sur sa doctrine, sur ses disciples, Jésus ne répond rien, il les aime trop pour en dire le mal que mériterait leur lâche abandon. Mais, il répond sur sa doctrine, disant : « J'ai parlé devant tout le monde, je n'ai rien dit en secret. Pourquoi m'interrogez-vous ? Interrogez ceux qui m'ont écouté ; ils savent bien ce que j'ai dit ».

C'était bien là le langage de l'innocence et de la vérité, parlant par la bouche d'un Dieu. Ce ne fut pas l'avis d'un des valets de Caïphe, qui leva la main et couvrit le visage auguste du Sauveur d'un violent soufflet. Cette main était gantée de fer, et le bruit du soufflet retentit dans tout l'appartement, et le sang jaillit en abondance.

À cette atroce injure, Caïphe ne trouva rien à redire, et tous les assistants se livrèrent à des risées scandaleuses. Mais Jésus, toujours patient, toujours désireux de nous laisser l'exemple de la modération en toutes occasions, toujours bon, répartit avec douceur : « Si j'ai mal parlé, rends témoignage du mal. Mais, si j'ai bien parlé, pourquoi me frappes- tu ? »

Cependant, les Princes des Prêtres et toute l'assemblée étaient en peine de chercher quelque faux témoignage contre Jésus pour le faire mourir. Le Fils de Dieu était là au milieu d'eux, lui, le Juge des vivants et des morts, assujetti au tribunal des plus méchants juges de la terce. Telle est d'ailleurs l'innocence de ce Juste, que ces mauvais juges ne trouvent pas de faux témoins. Ceux qui se présentent se réfutent par leurs propres dires. Jésus se taisait.

Irrité de son silence, Caïphe adjure, au nom du Dieu vivant, Jésus, de lui dire s'il est le Christ fils de Dieu. Par respect pour le nom de son Père, le Sauveur répond : « Vous l'avez dit ». Alors, se livrant à sa fureur déicide, le Grand-Prêtre déchire ses vêtements, accuse Jésus de blasphème, et tous les assistants criaient : « Il est digne de mort ! »

Jusque-là, on avait gardé quelque forme de justice apparente. Mais, une fois le crime résolu, ces sacrilèges se livrent à toute leur rage. Ils lui crachent au visage. Ils se moquent de lui. Ils le frappent. Ils lui bandent les yeux, et, lui donnant des coups sur le visage, ils lui disent : « Prophétise qui est celui qui t'a frappé ! ». Ils profèrent mille blasphèmes contre le doux Sauveur.

Les insultes que le Fils de Dieu subit, dans cette nuit, ne lui furent pas moins sensibles que ses tourments. Ce bandeau, ces soufflets, ces blasphèmes, achevèrent son humiliation. Ô bonté de mon Maître ! Il porte le bandeau sur les yeux pour nous encourager. Il semble vouloir nous assurer qu'il ne veut plus voir nos péchés et qu'il oublie volontiers toutes les offenses que nous avons commises, pourvu que nous n'abusions plus désormais de ses faveurs.

 

Pratique : Se taire devant les injures, par imitation du silence de Jésus chez Caïphe.

Bouquet spirituel : « Jésus se taisait ».

 

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4 avril 2022

Le Mois de la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ

Le Mois de la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ

 

Jésus et Anne 2

 

Cinquième jour

5 Avril

 

Anne

 

Prélude : Saint Jean Damascène dit que les Juifs, ayant tiré Jésus du jardin des Oliviers, le traînèrent à travers le torrent de Cédron, et que le torrent étant semé de pierres aiguës, il en sortit tout ensanglanté et le visage meurtri. Le Saint ajoute que, Jésus étant obligé d'aller à grands pas, parce que les soldats le pressaient de peur qu'il ne leur échappât, et marchant près d'une lieue, tantôt sur les épines et tantôt sur les cailloux, au milieu des ténèbres de la nuit, il avait les pieds tout déchirés au point que le sang en sortait de toutes parts et marquait le chemin par où le Sauveur passait.

 

Méditation

 

Oh ! combien cette sortie qu'on fait faire à Jésus du jardin des Oliviers est ignominieuse : elle rappelle l'expulsion du premier homme chassé du Paradis terrestre ! Combien elle est violente, chacun de ses accompagnateurs s'exerçant à lui infliger quelque outrage !

Voilà donc Jésus rentré dans la ville de Jérusalem. Il passe par la même porte que le jour des Rameaux. Mais les deux entrées sont bien différentes ! Quel changement dans les esprits ! et lui demeure toujours le même. Les hommes le traitent ignominieusement, après lui avoir fait peu de jours auparavant un triomphe, mais lui, il est toujours leur sauveur, il ne change nullement son dessein de les sauver.

Pendant que Jésus passe dans les rues, le bruit réveille le peuple. Notre Divin Rédempteur peut alors répéter avec Job : « La multitude de la cohorte du peuple qui me regarde ne me trouble point ; je souffre sans impatience le mépris de mes amis et de mes proches ; je ne me défends point, je ne dis mot, et je me retire en moi-même, sans faire sortir au dehors un seul rayon de ma divinité ».

Jésus fut présenté d'abord à Anne. On lui amène Jésus par honneur, soit parce qu'il était beau-père de Caïphe, soit parce qu'il était associé dans la charge du souverain sacrificateur qu'ils exerçaient tour à tour, soit parce que Caïphe était bien aise de l'avoir pour complice de son crime.

Anne reçoit cet honneur avec plaisir, parce qu'il était le plus grand ennemi de Jésus et le principal auteur d'une conspiration, dont le succès le remplit de joie, et l'oblige à donner des éloges aux ministres de son injustice, et à Judas la récompense qu'il·lui avait promise.

Quel bonheur pour Anne, s'il eût connu la visite de Jésus et adoré son Sauveur ! Il suffisait de le voir dans l'état pitoyable où il était, pour être touché de compassion. Mais Anne étouffe tous les sentiments de piété ; et, après avoir satisfait sa passion et repu yeux d'un spectacle qu'il avait attendu avec impatience, il ses envoie aussitôt son prisonnier à Caïphe, qui était pontife cette année-là.

Considérons déjà, avant de passer plus avant, comment Jésus se laisse mener partout où l'on veut. Il fut traîné par dix fois en divers lieux le jour de sa Passion : du Jardin des Oliviers à Anne, d'Anne à Caïphe, puis en prison toute la nuit; de la prison au conseil, du conseil à Pilate, de Pilate à Hérode, d'Hérode à Pilate ; de là, dans la salle du prétoire pour être fouetté à la colonne ; de la colonne sur le perron, pour être montré au peuple ; du perron en bas, pour être enfin charge de la croix et conduit au Calvaire, où il consomma son obéissance par l'ignominie de son supplice.

Quel exemple ! Comme il nous apprend à suivre avec douceur l'inclination des autres et à nous laisser conduire par les supérieurs qui nous gouvernent.

 

Pratique : Se laisser conduire par les voies ordinaires de la Providence dans le choix de sa position.

Bouquet spirituel : « Ils l'amenèrent à Anne et Anne l'envoya lié chez Caïphe ».

 

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3 avril 2022

Le Mois de la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ

Le Mois de la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ

 

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Quatrième jour

4 Avril

 

Jésus abandonné

 

Prélude : Jésus lié reste seul entre les mains de ses ennemis, tandis que, au loin, on voit les disciples qui fuient.

 

Méditation

 

À la première vue du péril, les Apôtres oublient leurs bonnes résolutions. Étrange fragilité ! Ils s'imaginent que leur maître, entre les mains des soldats, ne peut plus les secourir. Le souvenir de tant de miracles qu'ils avaient vus, de tant de lumières qu'ils avaient reçues, de tant de prédications qu'ils avaient entendues, de tant de grâces qu'il leur avait accordées, s'efface en un instant et ne sert qu'à rendre leur fuite plus honteuse.

Est-ce donc là où aboutissent toutes ces protestations si souvent réitérées de donner leur vie pour lui ? « Allons et mourons avec lui ! » Ô Thomas, où est l'effet de cette promesse ? « Seigneur, je suis prêt à aller avec vous en prison et à la mort ! » Ô Simon, Pierre, où est ce grand courage que vous faisiez paraître quand vous étiez loin du péril ? Les enfants d'Ephraïm étaient braves, en apprêtant leurs armes ; mais ils ont tourné le dos au jour du combat.

Qui donc osera se fier à ses résolutions, aux lumières de son esprit, à la force de son bras, quand les premières colonnes de l’Église sont ébranlées au moindre effort de la tentation ? Nous promettons beaucoup à Dieu dans nos confessions, au milieu de l'affliction, pendant le danger, et, un instant après, nous nous oublions. Ah ! que l'homme est faible et misérable, si vous ne lui prêtez la main, ô mon Sauveur !

L'abandon de Jésus nous montre aussi le cas que nous devons faire de la fidélité des créatures. C'est une grande vanité de mettre sa confiance dans l'amitié des hommes, une grande folie de se rendre esclave de sa faveur ; un grand aveuglement d'offenser Dieu pour complaire à un ami ; une grande faiblesse de s'inquiéter de leur froideur ou de se plaindre de leur infidélité ! Jésus, le plus aimable de tous les hommes, est délaissé par ceux qu'il avait le plus obligés, et vous trouveriez étrange que vos amis vous quittent, vous qui méritez, à cause de vos péchés, d'être délaissé de toutes les créatures et de Dieu même !

« Tous ses disciples, l'ayant abandonné, prirent la fuite ». Voilà la prédiction du Fils de Dieu accomplie. Le Pasteur est frappé et les ouailles sont dispersées. La peur qui avait obligé les Apôtres à quitter Jésus les fait s'enfuir et se cacher dans des cavernes voisines !...

Âmes timides, qui vous éloignez de Dieu par une vaine peur, où allez-vous ? qui fuyez-vous ? Vous fuyez la vie, et vous courez à la mort ; vous fuyez un ami fidèle, et vous vous livrez à votre plus cruel ennemi. Pauvres fugitives, arrêtez-vous. Ou bien, si le courage vous manque et si la peur vous domine, fuyez, je le veux bien ; mais, fuyez vos ennemis et ne quittez pas votre Maître. Ne fuyez pas Jésus, mais plutôt fuyez vers Jésus. Ne fuyez pas la Croix, mais plutôt fuyez vers la Croix. S'il est nécessaire, fuyez comme Jean, en vous dépouillant de tout, fuyez sur le Calvaire, plutôt que de vous séparer de Jésus-Christ.

Ô mon Sauveur, quand je considère la fuite de vos disciples, ma fragilité m'étonne et mes infidélités me font trembler, me voyant si loin de vous ! Mais quand je me souviens de leur retour, quand je vois ces fuyards revenir au combat comme des lions, je reprends courage ; et, condamnant leur lâcheté, je m'appuie sur votre grâce. Ô ma force ! Ô mon soutien ! Soutenez-moi dans mes faiblesses, et faites-moi la grâce d'effacer la honte de mes lâchetés passées par une ferveur extraordinaire qui ne dure pas moins que la vie, et qui ne cède ni aux souffrances ni à la mort.

 

Pratique : Se relever de ses chutes avec promptitude et courage, en songeant à la défection des Apôtres.

Bouquet spirituel : Tous les disciples prirent la fuite.

 

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2 avril 2022

Le Mois de la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ

Le Mois de la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ

 

Arrestation de Jésus 2

 

Troisième jour

3 Avril

 

Jésus lié

 

Prélude : La troupe des soldats, le tribun et les valets des Juifs s'emparent de Jésus et le lient avec des cordes.

 

Méditation

 

Après avoir prouvé sa divinité par le renversement de ceux qui venaient le prendre et la guérison de Malchus, Jésus se laissa saisir et lier. Il est lié comme une victime innocente, dévouée au salut du monde. C'était l'une des prescriptions de la loi que la victime devait être liée, et, pour obéir à la loi, cette victime volontaire se laisse lier. Il est lié comme un captif d'amour, car si l'amour ne se fut d'abord emparé de son Cœur, jamais ses ennemis n'auraient pu l'arrêter. Ô charité, que tes liens sont forts et puissants, puisqu'ils peuvent captiver un Dieu ! Liez- moi donc si étroitement à lui que jamais je ne puisse m'en séparer. Il est lié comme un voleur. Ah ! l'aimable voleur, qui fait sa gloire de ravir les cœurs ! Quand donc vous emparerez-vous du mien, ô mon Jésus ?

En consentant à se laisser lier, Jésus s'est proposé diverses fins, également dignes de sa miséricorde et de sa bonté.

Il veut être lié pour nous tirer de la servitude. Trois sortes de liens le tiennent étroitement attaché : les Juifs le lient, son amour le lie, nos péchés le lient. Mais, en prenant nos liens, il nous tire de l'esclavage du démon et nous met en liberté. « Si vous me cherchez, dit-il, laissez aller mes disciples ». Ah ! mon Sauveur, que d'obligations je vous ai ! Vous avez rompu mes liens, je ne veux plus être esclave. Mes péchés m’avaient livré au démon, je ne pouvais m'affranchir de sa tyrannie, mais vous m'avez dégagé, en présentant vos mains aux chaînes et aux liens. Ô mon libérateur bien-aimé, je vous glorifierai toute ma vie.

Il veut être lié pour nous apprendre à fuir la licence, le libertinage et l'abus de la liberté. Notre Seigneur a mis la vie, le salut et la gloire dans la croix. Abandonnons donc volontiers cette malheureuse liberté que nous avons de pécher et de l'offenser, pour nous lier à lui par les liens de la charité. Il a été d'abord captif de l'amour qui l'a fait descendre du ciel, et il s'est ensuite chargé des liens de la Passion. Si nous voulons monter au ciel, il faut premièrement porter les liens de la Passion et puis ceux de l’amour : embrassons donc les souffrances, et soupirons après la charité. Les Juifs ont mis la main sur Jésus et en ont fait leur captif pour un temps. Que nous serions heureux si Jésus mettait la main sur nous, et nous faisait ses esclaves pour l'éternité.

Il veut être lié, pour lier à son tour les mains à la justice divine et délier celles de la miséricorde. Jésus veut être lié, pour empêcher la justice divine de nous punir : ne pourra-t-il pas aussi lier les mains d'un misérable pécheur tel que moi, pour m'empêcher de l'offenser ? Il a compati à mes liens, ne compatirai-je point aux siens ? Aurai-je le cœur assez dur pour aggraver ses chaînes par la pesanteur de mes crimes et pour les multiplier par le nombre de mes iniquités, qui est vraiment effroyable ?

Il veut enfin être lié pour consoler ses serviteurs affligés, qui gémissent dans les fers, qui languissent dans la servitude. « Souvenez-vous de mes liens », disait l'Apôtre, et saint Jean Chrysostome après lui : « Quand vous êtes dans l'affliction, souvenez-vous des liens de saint Paul ». Or, si les liens des Apôtres et des Martyrs sont sacrés, si nous devons en conserver chèrement la mémoire et leur porter un grand respect, que sera-ce des liens de Jésus-Christ ? Oh! que ces liens sont précieux ! Qu'il est utile d'en rappeler fréquemment le souvenir ! Êtes-vous dans la désolation ? Souvenez-vous de la triste nuit que Notre-Seigneur passa dans les liens avant sa mort. Êtes-vous pressé par la tentation ? Liez votre volonté avec les chaînes de l'humiliation et de la dépendance. Souvenez-vous que Jésus-Christ, pour vous consoler, a bien voulu plier sous la pesanteur de ses chaînes, et souffrir que des hommes de néant entreprissent sur sa liberté, le traînant de tribunal en tribunal, les mains liées, comme un criminel.

 

Pratique : Se restreindre volontairement dans l'usage de sa liberté.

Bouquet spirituel : « Souvenez-vous de mes liens ».

 

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1 avril 2022

Le Mois de la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ

Le Mois de la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ

 

Arrestation de Jesus Giotto

 

Deuxième jour

2 Avril

 

Le baiser de Judas

 

Prélude : Au milieu de la nuit éclairée mystérieusement par la douteuse clarté des lanternes que portent les soldats, celui qui les guide s'avance vers Jésus et imprime sur sa face auguste le baiser de la trahison.

 

Méditation

 

Il leur avait dit : « Celui que je baiserai, c'est lui ! Arrêtez-le ! » Le nom du traître ? Judas, un nom que Jésus avait souvent prononcé avec amour, depuis le jour où il le prononça pour la première fois en l'appelant à l'honneur de le suivre ! Judas, l'un des douze privilégiés, le disciple de Jésus, rempli de grâces, favorisé du don des miracles, l'apôtre devient le chef des ennemis de Dieu. Tremblons à la vue de ce malheur, humilions- nous et entrons en une humble défiance de nous-mêmes.

Ô mon Sauveur, tout le monde vous trahit, vous qui faites du bien à tout le monde. On se sert des choses les plus saintes pour trahir la sainteté même. On prend le baiser de paix pour signal de la guerre. Pour perdre Jésus, les traîtres feignent l'esprit et la douceur de Jésus ! Que de prières hypocrites, que de communions sacrilèges renouvellent le baiser de Judas !

Ô ami fidèle, à qui me fierai-je ? À vous seul. Le cœur des hommes est un abîme insondable. On ne peut faire fonds sur leur amitié. Mais vous, vous ne trompez jamais personne. Voilà le sujet de ma confiance. Elle serait entière, si vous pouviez vous fier à moi, ainsi que je puis me confier en vous.

« Mon ami, dit Jésus au traître, pourquoi êtes-vous venu ? Judas, vous trahissez le Fils de l'Homme par un baiser ! » Jésus fait un dernier effort sur le cœur de Judas, tandis que ce traître emploie toutes ses forces pour le perdre. Voilà donc la beauté souveraine aux prises avec la souveraine malice. Judas vient contre Jésus, armé de perfidie et de violence ; et Jésus s'approche de Judas avec les armes de l'humilité et de l'amour. Judas lui donne un baiser plus cruel que tous les traits les plus envenimés, et Jésus se baisse pour le recevoir, avec une simplicité et une générosité divine. Judas salue son maître avec les dehors d'une amitié feinte ; Jésus lui offre avec une affection sincère l'occasion de son salut éternel. Judas, semble-t-il lui dire, si vous n'avez plus d'amour pour moi, j'en ai encore pour vous, et je suis aussi prêt à vous donner le pardon que je l'ai été à recevoir l'injure que vous me faites.

Jésus combat la malice de Judas par sa bonté. Quelle sera donc l'issue de ce combat ? Hélas ! ils mourront tous les deux ; mais leur fin sera bien différente. Jésus nous ouvrira le ciel en mourant ; Judas se le fermera pour jamais. Oh ! que les hommes prennent de peine pour se perdre ! Que ne cela que fait pas ce malheureux pour avancer sa ruine ? Il va, il vient, il passe la nuit dans l'inquiétude. Que gagne-t-il donc ? Trente deniers, et puis la malédiction de Dieu !... Un petit intérêt temporel et la réprobation éternelle, voilà en effet toute la récompense des pécheurs.

Ô mon Sauveur, est-ce donc pour les hommes se consument de fatigues, de soucis et de labeurs ? Si je le veux, je puis me sauver avec moins de peine qu'ils n'en prennent pour se perdre. Pourquoi donc ne ferais-je pas pour mon salut ce que vos ennemis font pour leur damnation ?

« Mon ami, pourquoi êtes-vous venu ? » Cette question de Jésus à Judas, je veux me l'adresser souvent à moi-même, comme si j'entendais la bouche auguste du Rédempteur la proférer à mon endroit. « Pourquoi êtes-vous venu » dans le monde, dans la religion, dans la vie chrétienne, dans la pratique des vertus, dans la piété ? Est-ce pour y vivre en païen et en mondain, pour scandaliser vos frères, par votre mauvais exemple ?

Pourquoi allez-vous à l'oraison, à l'église, à la messe, à la visite du Saint-Sacrement, à l'adoration, à la Table Sainte ? Est-ce donc pour y perdre le temps en distraction, en oisiveté, en mille pensées extravagantes, que vous entretenez lâchement, sans respecter la majesté de Dieu, qui est présent, qui s'offense de vos irrévérences ? Quel fin, quel but, quelle récompense, quel fruit espérez-vous d'une conduite aussi criminelle, d'une vie si déréglée ?

 

Pratique : S'examiner soigneusement sur la manière dont on s'approche de la Sainte Table, de peur de renouveler le baiser de Judas.

Bouquet spirituel : « Mon ami, pourquoi êtes-vous venu ? »

 

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31 mars 2022

Le Mois de la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ

Le Mois de la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ

 

Agonie

 

Premier jour

1er Avril

 

L'agonie

 

Prélude : Transportons-nous par la pensée au jardin des Oliviers, et tenons-nous respectueusement à la distance où Jésus a placé ses apôtres, pour de la le contempler durant son agonie.

 

Méditation

 

Après la Cène, Jésus sort du Cénacle, et comme David persécuté par son propre fils, il quitte Jérusalem ; il traverse le torrent de Cédron, dont les eaux impétueuses lui parlent de la Passion, qui va fondre sur lui, et entre au jardin des Oliviers, pour y faire couler l'huile de ses miséricordes, en s'y soumettant à une pression qui exprimera de ses veines une sueur de sang.

Au pied de la montagne, Jésus fait asseoir ses disciples, pendant qu'il va se livrer au plus dur des labeurs pour salut de leurs âmes et des nôtres. Il emmène avec lui trois apôtres, prédilection qui montre à quel prix et de quelle nature sont les faveurs divines en ce monde. Il leur découvre l'extrême tristesse dont il est saisi, ajoutant que, s'ils veulent le consoler, ils demeureront avec lui et veilleront.

En entrant dans le jardin des Oliviers, Jésus remplit son Cœur de toutes les misères du monde, et le monde de toutes les miséricordes de son Cœur. Il s'attriste à la vue de nos misères spirituelles ; il s'attriste surtout de ce que nous ne ressentons pas autant qu'il faudrait l'extrême misère où nous sommes réduits.

Voulez-vous mesurer l'étendue de cette tristesse du Sauveur, dont il disait lui-même qu'elle allait jusqu'à la mort ? En voyant son Père offensé par tant de crimes et de scélératesses, Jésus s'attrista en proportion des lumières que sa divine intelligence possédait, de l'amour infini de son cour sacré, du nombre et de l'intensité des crimes passés et futurs.

Se voyant chargé de tous, les péchés du monde, il souffre une confusion extrême, parce qu'il est assimilé aux pécheurs, lui, la sainteté infinie ; parce qu'il devient un objet d'horreur pour son Père même ; parce qu'il est contraint de s'humilier en la présence des hommes et des Anges. La crainte s'empare de lui. Le Tout-Puissant consent à trembler pour nous consoler dans nos propres craintes et adoucir les peines que la peur nous donne ; pour que nous nous revêtions de sa propre force, en unissant nos craintes à la sienne ; pour nous rendre intrépides, en réveillant et confirmant en nous la confiance.

Son Cœur est saisi d'ennui et il éprouve dans sa nature humaine une immense répugnance pour la mort violente et ignominieuse qui l'attend. Mais, ce qui redouble son ennui, c'est de voir le peu de fruit que les pécheurs tirent de sa mort, ainsi que l'aveuglement des Juifs, obstinés à le méconnaître. Alors, notre divin modèle recourt à la prière. Les conditions de cette prière doivent nous servir d'exemple : elle fut recueillie, désintéressée, vigilante, respectueuse, confiante, humble, résignée et persévérante.

Pendant que Jésus priait, tout le ciel était attentif. Un des princes de la cour céleste porta sa prière devant le trône de Dieu et en reçut l'ordre de descendre au jardin des Oliviers, pour apparaître à notre divin Rédempteur, au plus fort même de sa douleur, le réconforter et lui apporter les ordres de son Père.

Les paroles de l'ange fortifièrent Jésus, mais elles ne lui donnèrent aucune consolation sensible ni aucun soulagement. Sa douleur s'augmenta même point de le réduire à une affreuse agonie, qui ne l'empêcha cependant pas de persévérer dans la prière, qu'il prolongea avec plus de ferveur encore. Alors une sueur de sang universelle, miraculeuse et salutaire vint baigner la terre où le divin agonisant était prosterné.

Pendant son oraison, Jésus visita par trois fois ses Apôtres. Mais il les trouva toujours endormis. « Pourquoi dormez-vous ? leur dit-il. Ainsi, vous n'avez pu veiller une heure avec moi ! » Puis, après ce doux reproche, il leur donne trois excellents avis contre les tentations : « Veillez et priez, dit-il, afin que vous n'entriez point en tentation, car l'esprit est prompt et la chair est faible ». Veillez donc, priez et dé- fiez-vous de vous-mêmes.

 

Pratique : Unir ses souffrances physiques et morales aux souffrances de Jésus durant son agonie.

Bouquet spirituel : « Se trouvant en agonie, il prolongeait sa prière ».

 

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29 avril 2018

Le Mois de la Passion

Le Mois de la Passion

ou la Science du Crucifix

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Trentième jour

Des motifs contre le désespoir à l’heure de la mort

 

I. Durant la vie humaine, l’ennemi de notre salut s’attache à nous perdre en nous inspirant une confiance présomptueuse dans la Miséricorde de Dieu : à l’heure de la mort il nous attaque par la tentation du désespoir, en nous représentant le nombre et l’énormité de nos péchés. Répondons-lui avec confiance, que nos péchés, quel qu’en soit le nombre, quelle qu’en soit l’énormité, sont propres à faire éclater en nous les richesses de la Miséricorde Divine et la vertu de la Croix du Sauveur. Cette vertu brille avec bien plus d’éclat dans la sanctification des pécheurs pénitents, que dans celle de ceux qui n’auraient pas péché. Jésus-Christ, comme il l’a dit lui-même, n’est pas venu sur la terre pour appeler les justes, mais les pécheurs ; Son Sang est le Sang de l’Agneau qui efface les péchés du monde. Quelques énormes que soient mes péchés, ce Sang précieux a encore plus de vertus pour les effacer et me sanctifier.

II. L’excellence de la Passion de Jésus-Christ serait comme obscurcie, le prix de Son Sang et la vertu de Sa Croix seraient comme éteints, s’il n’y avait eu ni pécheur à convertir, ni péché à expier. Les plus grands pécheurs, quand il se convertissent sont ceux qui contribuent le plus à sa gloire. La célébrité d’un médecin ne dépend pas du régime de santé qu’il prescrit à ceux qui se portent bien, mais de la guérison des maladies les plus compliquées et les plus désespérées. Jésus-Christ est le médecin de nos âmes ; plus je suis malade, plus Il apportera de soin à ma guérison, plus Il me prodiguera le baume de Son Sang précieux. Ah ! Avec un tel médecin, je ne puis périr, à moins que je n’aie pas recours à Lui, que je ne lui découvre pas mes plaies honteuses, ou que je ne mette pas toute ma confiance en Lui.

III. À qui le Sauveur du monde montra-t-il de la préférence, durant le cours de sa vie mortelle ? Aux pécheurs, et aux plus grands pécheurs. Il les prévenait, Il les recherchait, Il mangeait avec eux, Il en usait à leur égard avec tant d’indulgence et de bonté que ce fut un sujet de scandale pour les Pharisiens et les faux zélés. Il se représentait Lui-même sous l’image d’un bon pasteur qui abandonne son troupeau pour courir après une brebis égarée ; d’un bon père qui reçoit avec bonté un fils indigne qui revient à lui après les égarements les plus douteux ; d’un médecin zélé qui se consacre tout entier au soin des malades. Non content de recevoir les pécheurs avec bonté Il les invitait, Il les pressait de venir à Lui. « Venez à Moi, vous tous qui gémissez sous le poids de vos iniquités, et Je vous soulagerai ». Ô mon âme, le Coeur de Jésus n’a pas changé. C’est encore la même compassion pour les pécheurs, la même Miséricorde, le même zèle pour leur salut et Son Sang qui efface les péchés du monde, n’a rien perdu de ses mérites ni de sa vertu.

IV. Quand on présenta au Sauveur une femme adultère, n’aurait-on pas dit qu’Il allait la condamner à subir toute la rigueur de la Loi de Moïse ? Au contraire, Il la délivre de ses accusateurs, Il la console et comme personne ne l’a condamnée, Il ne veut pas être le premier à la condamner, Il la renvoie avec bonté, en lui recommandant de ne plus pêcher. Il vit avec plaisir à ses pieds une pécheresse publique les parfumer et les baigner de larmes. Il devint son défenseur contre ses censeurs indiscrets, et prédit que l’Evangile rendrait sa pénitence célèbre dans tous les siècles. Pleurons et aimons, à l’exemple de cette pécheresse scandaleuse ; et nos péchés, comme les siens, fussent-ils encore plus énormes, nous seront pardonnés.

V. Puis-je douter de la facilité de Jésus-Christ à pardonner les péchés, tous les péchés, et les péchés les plus énormes, lorsque je considère qu’Il a donné à Saint Pierre et à tous les ministres de Son Eglise le pouvoir de remettre tous les péchés sans en excepter un seul ? Ô Miséricorde inconcevable ! Dieu, pour obtenir ma grâce, me renvoie à Son Fils, et Son Fils me renvoie à des hommes faibles et pécheurs comme moi. Ô mon Dieu ! Pouviez-vous me rendre ma réconciliation plus facile ? Et si je me damne, ne sera-t-il pas vrai de dire que ma perte ne vient que de moi seul ? En vain dans l’enfer les réprouvés souffrent les plus affreux tourments, en vain ils poussent des cris et des hurlements ; jamais le feu qui les dévore ne consumera la tache de leurs péchés ; et sur la terre, si nous sommes pénitents, la seule parole d’un homme peut effacer tous nos péchés et éteindre tous les feux de l’enfer, en nous appliquant les mérites du Sauveur, en nous lavant dans son Sang Précieux. Ô mon Jésus ! Si de la conversion des pécheurs dépend Votre gloire, Vous avez de quoi Vous glorifier en moi. Je mets au pied de Votre Croix une vie souillée de mille et mille péchés. Puisque vous n’êtes que le Sauveur des pécheurs, soyez le mien, et que le salut de mon âme pécheresse ajoute à Votre gloire et au triomphe de Votre Croix, qui n’est enrichie que des dépouilles enlevées à l’enfer.

 

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Conclusion

Pratiques de piété qui doivent être le fruit des méditations du Mois de la Passion

 

I. Dans tout le cours de ma vie j’imiterai l’exemple de Saint Paul ; et comme cet apôtre zélé de la Croix de Jésus-Christ, je me ferai gloire de ne connaître en toutes choses que Jésus, et Jésus crucifié. Je graverai Sa croix divine dans mon coeur ; je l’imprimerai dans mon âme ; je la porterai sur mon corps ; je ne penserai qu’à elle ; je ne verrai qu’elle ; je ne parlerai que d’elle. Elle éteindra le feu de mes passions impures ; elle sera la garde de mes yeux, de ma langue et de mes oreilles ; elle me consolera dans mes afflictions ; elle me sanctifiera dans mes tentations ; elle me défendra des ennemis de mon salut ; elle soutiendra mes afflictions ; elle me rendra chaste et pur, doux et humble de coeur, elle imprimera à toutes mes actions le sacré caractère de la sainteté de Jésus-Christ.

II. Je n’adorerai pas seulement dans moi-même la croix de mon Sauveur, je l’adorerai dans tout ce qui m’environne ; je prendrai part et au bonheur de ceux qu’elle sanctifie par une vie sainte, et au malheur de ceux qui l’outragent par une vie criminelle. Quand je verrai se multiplier les enfants de Dieu par la vertu du baptême, ou les pécheurs convertis se purifier dans les eaux salutaires de la pénitence, je dirai : « Voici ceux qui ont lavé leur robe dans le Sang de l’Agneau » ; car on ne devient enfant de Dieu que par la vertu de la Croix : on ne peut être purifié de ses péchés que par le Sang précieux qui a coulé sur la Croix. Je m’efforcerai d’honorer la Croix de mon Sauveur en m’opposant au cours du péché, soit en moi-même par une vie conforme à son Saint Evangile, soit chez les autres, par mes exemples, par mes conseils, par tous les moyens qui seront en mon pouvoir ; et rien ne m’affligera plus que de voir le Seigneur renié, trahi, insulté, crucifié de nouveau par tant de péchés.

III. Dans les pauvres, dans les personnes souffrantes et affligées, j’honorerai mon Sauveur souffrant et crucifié ; je les regarderai comme ses membres et ses images vivantes : dans cette vue, je compatirai à leurs peines ; je les consolerai ; je les soulagerai, selon mon pouvoir ; me rappelant que Jésus-Christ nous a dit, qu’il regarderait comme fait à Lui-même ce qui serait au moindre des siens.

IV. Je regarderai toutes mes peines et mes afflictions comme une participation de la croix de mon Sauveur, sur laquelle je veux vivre et mourir ; je ne m’estimerai heureux qu’autant que je souffrirai avec Lui et pour Lui ; et pour que mon coeur ne cesse d’être attaché à Sa croix, j’aurai toujours dans l’esprit ces paroles divines : « Si quelqu’un veut marcher à Ma suite, il faut qu’il se renonce lui-même, que tous les jours il porte sa croix et Me suive ». Pour animer ma foi et soutenir mon courage, dans le plus fort de mes peines, je méditerai souvent ces paroles de Saint Paul : « Jetez les yeux sur Jésus, l’auteur et le consommateur de notre Foi, qui, au lieu de la joie qu’Il pouvait goûter, a souffert la croix, méprisant l’ignominie, et est maintenant assis à la droite de Dieu ». Représentez-vous donc celui qui a souffert une si grande contradiction de la part des pécheurs, afin que vous ne vous lassiez pas et ne manquiez pas de courage. Vous n’avez pas encore résisté jusqu’à répandre votre sang en combattant contre le péché.

V. Le plus grand soin, la plus douce consolation de ma vie sera de participer souvent et le plus dignement qu’il me sera possible aux Sacrements dans lesquels Jésus-Christ a enfermé le trésor de ses mérites, pour en faire part à ses membres ; j’y recueillerai fidèlement, et avec le respect le plus profond et le plus ardent amour, le Sang précieux qu’Il a répandu pour moi sur la croix. Chaque jour je m’unirai à Lui, comme un membre doit être uni à son chef, pour m’immoler avec Lui dans le Saint Sacrifice de l’Autel. Souvent, avec un coeur contrit et humilié, j’irai me plonger dans la piscine de la pénitence, où Son Sang qu’Il a répandu sur la croix pour effacer les péchés du monde, effacera de plus en plus les taches des mes iniquités. Souvent j’irai me présenter, avec une humble confiance à la table où Il nourrit les enfants de Dieu de Sa Chair et de Son Sang ; je le recevrai comme mon médecin qui me guérira de mes infirmités, comme mon Sauveur, comme l’Agneau de Dieu qui efface les péchés du monde, et dont le Sang imprimera dans mon âme le sceau du salut. Ma mission ne sera pas une raison de m’éloigner de Lui ; elle en sera une de recourir à Lui, puisque je ne puis cesser d’être misérable que par Lui. En lui disant comme Saint Pierre : « Seigneur, éloignez-Vous de moi qui suis un pécheur » ; je ne cesserai de le tenir embrassé et de m’unir à Lui ; afin qu’Il me transforme en Lui et que je ne vive plus mais que Lui-même vive en moi comme un chef vit dans les membres qu’Il anime.

 

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Texte extrait du Mois de la Passion ou la Science du Crucifix, aux Editions Saint Jean

 

Téléchargez l'intégralité des méditations (pdf) en cliquant ici

 

Fin du Mois de la Passion

 

A suivre: Mois de Marie de Notre Dame du Bon Conseil

 

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28 avril 2018

Le Mois de la Passion

Le Mois de la Passion

ou la Science du Crucifix

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Vingt-neuvième jour

Combien notre rédemption est abondante ;

mais c’est le plus grand des malheurs d’en abuser

 

I. Pour connaître la fécondité de la rédemption de Jésus-Christ, considérons ce qui se passe dans une âme pécheresse qui retrouve la vie dans la mort de son Sauveur. Elle est tombée dans le péché, elle est coupable et ennemie de Dieu : il faut donc ou qu’elle périsse et soit condamnée à la mort éternelle, ou que Jésus-Christ meure pour elle et la régénère dans Son Sang. Car, comme disait Saint Pierre, il n’y a de salut qu’en Jésus-Christ ; il n’y a que Son Sang qui ait la vertu de nous laver de nos péchés. Que fera cette âme malheureuse entre l’espérance et la crainte ? Elle embrasse la Croix de Jésus-Christ ; Il s’offre à la mort pour elle ; Il meurt, Il offre de nouveau le sacrifice de Son Sang et cette âme est arrachée à l’enfer, qui menaçait de l’engloutir, et ses péchés sont effacés, et Dieu lui rend sa grâce et son amour.

II. Si elle est fidèle à conserver le trésor que Jésus-Christ lui a acquis au prix de Son Sang, il semble que ce Divin Sauveur peut se consoler de l’avoir rachetée aux dépens de sa vie, et qu’il lui est glorieux de jouir de sa conquête. Mais si, inconstante et volage, elle abandonne encore son Dieu, et se replonge dans ses premiers désordres, il semble alors qu’elle est sans ressource, et que son salut est désespéré. Jésus-Christ avait donné la vie pour sa réconciliation : ses nouveaux péchés ont éteint la vertu de sa mort, ils ont rendu ses mérites inutiles, ils ont anéanti le fruit de sa rédemption. Cette âme infidèle est à la veille de périr éternellement : quel parti prendra-t-elle ? Si accablée sous le poids de son iniquité, elle se prosterne devant Dieu, quel langage lui tiendra-t-elle ?

Ah ! Mon Dieu, j’ai perdu mon Sauveur : que ferai-je, si Vous ne me le donnez encore ? j’ai foulé Son Sang aux pieds : que ferai-je si Vous ne me le rendez, pour me laver et me purifier de nouveau ? Ah ! Si le sang d’Abel a demandé vengeance et s’il a été exaucé, Dieu sera-t-il sourd aux cris du Sang de Son Fils, dont le pécheur abuse indignement, et qu’il foule aux pieds toutes les fois qu’il s’abandonne au péché ?

III. Cependant, au lieu d’une éternelle malédiction, si le pécheur se reconnaît encore et fait pénitence, la mort de Jésus-Christ se ranime encore pour lui rendre la vie ; ce divin Sauveur, dont la Miséricorde est inépuisable, et dont les satisfactions sont assez abondantes pour l’expiation d’une infinité de péchés, ouvre encore ses plaies pour, y recevoir le coeur du pécheur contrit et humilié, et le laver dans Son Sang. Saint Paul parlait de nos rechutes réitérées et des conversions qui leur succèdent, lorsqu’il disait : « Il y en a qui crucifient de nouveau Jésus-Christ ». Nous le crucifions lorsque nous retombons dans le péché, parce qu’il a été attaché à la Croix en punition du péché : nous le crucifions encore, lorsque la pénitence nous fait recourir à sa croix, parce que, pour nous réconcilier avec Dieu, Il doit rouvrir Ses Plaies, Il doit encore faire couler Son Sang, et mourir, pour ainsi dire, de nouveau. C’est de quoi Il se plaint amèrement, en disant des pécheurs : « Ils ont ajouté de nouvelles douleurs à Mes douleurs ».

IV. Ainsi Jésus-Christ, à la conversion d’un pécheur auquel Il avait si souvent appliqué les mérites de Son Sang, est obligé de reprendre la qualité de Sauveur, et d’acquitter encore par l’effusion de Son Sang, les nouvelles dettes qu’il a contractées. Ô mon Jésus ! Doit s’écrier un pécheur que Dieu reçoit en grâce après tant d’infidélités, ô mon Sauveur ! Car Vous l’avez été tant de fois et Vous l’êtes encore aujourd’hui ! Sauveur ancien, Sauveur nouveau ! Ah ! Bonté ancienne, bonté nouvelle ! Vous serez toujours nouvelle à ma pensée ; votre dernier bienfait ne s’effacera jamais de ma mémoire et j’aimerais mieux mourir mille fois que de perdre par une nouvelle infidélité le fruit précieux de ma rédemption.

V. Que doit penser, que doit dire une âme à la vue des objets funestes qui ont corrompu son innocence ? Ah ! Mon Dieu, des beautés mortelles qui m’ont séduites et empoisonnées, ce vain éclat des richesses, ces faux honneurs du monde, ne sont que des fantômes propres à me séduire ; ce sont des appâts empoisonnés dont le démon et le monde se servent pour me corrompre et me perdre. Non, jamais je ne m’y laisserai prendre ; je ne serai jamais assez ingrat pour crucifier Jésus-Christ de nouveau et le contraindre à répandre encore Son Sang pour effacer mes nouvelles iniquités.

VI. Mais enfin que le pécheur d’habitude n’ait pas la présomption sacrilège de croire que plus il commettra de péchés, plus le Sang de Jésus-Christ en effacera. s’il est assez ingrat pour abuser des miséricordes divines, qu’il ne soit pas assez insensé pour croire qu’Il peut accumuler péchés sur péchés, crimes sur crimes, parce que Dieu est infiniment bon, parce que les satisfactions de Jésus-Christ sont infinies. Jésus-Christ ne sauvera pas tous ceux pour lesquels Il est mort ; Il ne sauvera que les pécheurs véritablement pénitents, et Son Sang criera vengeance contre tous ceux qui l’auront profané dans le péché et l’impénitence ; Il tombera sur eux comme Il est tombé sur les juifs impénitents et endurcis. Le Sauveur du monde ne peut être indifférent pour les hommes ; Il est établi où pour les sauver de leurs péchés, où pour les perdre dans leur impénitence. Il sauvera tous ceux qui invoqueront Son Saint Nom, qui mêleront les larmes de la pénitence au Sang Précieux qu’Il a répandu pour effacer leurs péchés, et qui auront profané dans l’habitude du péché et de l’impénitence le Sang qui devait les purifier et les sauver. Ô mon âme, n’abuse pas du Sang de Jésus-Christ ; il se répand sur toi dans les Sacrements ; n’en approche qu’avec le plus profond respect, avec un coeur vraiment pénitent et sincèrement converti. Alors ne mets pas de bornes à ta confiance et ne te désespère pas, ni pour le nombre, ni pour l’énormité de tes péchés.

 

Texte extrait du Mois de la Passion ou la Science du Crucifix, aux Editions Saint Jean

 

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27 avril 2018

Le Mois de la Passion

Le Mois de la Passion

ou la Science du Crucifix

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Vingt-huitième jour

Des satisfactions de Jésus-Christ et de l’excellence de notre rédemption

 

I. Ce fut un grand mystère qu’après la mort de Jésus-Christ il sortit de Son côté du Sang et de l’Eau. c’était pour nous apprendre que le Sang du Sauveur du monde demeurait dans Son Eglise après sa mort, et qu’Il le déposait dans Ses Sacrements comme dans des trésors inépuisables. Les causes des effets naturels n’agissent pas tandis qu’elles existent : la mort de Jésus-Christ qui est ressuscité pour ne plus mourir, opère comme s’Il mourait à chaque instant. Elle est devenue pour nous une vie toujours agissante. Son Sang, lorsqu’il le répandit sur la Croix, expia les péchés passés ; il a expié ceux qui se sont commis depuis ; il expiera tous ceux qui se commettront jusqu’à la fin des siècles, si les pécheurs pénitents recourent à la Miséricorde Divine, et se plongent avec confiance dans le bain salutaire de ce Sang infiniment précieux.

II. L’Ecriture est remplie de témoignages qui prouvent que tous les péchés de tous les siècles se pardonnent par la seule vertu du Sang de Jésus-Christ. Vous tous qui avez été baptisés, dit Saint Paul, sachez que vous l’avez été dans la mort de Jésus-Christ, c’est-à-dire dans Son Sang. Il a fallu que l’Agneau sans tache fût égorgé et qu’il fit de Son Sang un bain salutaire pour effacer nos iniquités. C’est dans le Fils unique de Dieu, dit le même apôtre, que nous trouvons le prix de notre rédemption, car Il a versé pour nous tout Son Sang et c’est par le mérite de ce Sang Divin que nous recevons la rémission de nos péchés. Voilà l’Agneau de Dieu, dit Saint Jean, qui efface les péchés du monde. Il nous a aimés, et nous a lavés de Son Sang. Il n’y a pas d’autre nom, dit Saint Pierre, par lequel nous puissions être sauvés, que par le Nom de Jésus-Christ.

III. Ce serait faire outrage à la Passion de Jésus-Christ que de croire que Son Sang n’a été répandu que pour laver le péché originel, que sa vertu n’opère en nous que dans le Baptême, et que nous n’avons rien à espérer, si par de nouveaux péchés, nous avons le malheur de profaner le caractère de chrétien et d’enfants de Dieu. Non, cette vertu divine est inépuisable ; Jésus-Christ, pontife éternel, ne cesse d’offrir à Dieu son Père le Sacrifice de Sa Croix pour la rémission de tous nos péchés. Il est en même temps et notre Prêtre et notre victime ; Il ne cesse d’intercéder pour nous. Quelques pécheurs que nous ayons été ou que nous soyons encore, faisons pénitence, portons tous nos péchés au pied de la Croix ; Ses plaies nous sont toujours ouvertes et Son Sang est toujours prêt à couleur sur nous.

IV. La plus illustre preuve que Dieu est prêt à nous pardonner, en considération des mérites de Son Fils, tout nos péchés, quels qu’ils soient, c’est que Jésus-Christ a confié aux hommes même le pouvoir de les remettre, et qu’Il a établi sur la terre un tribunal de Miséricorde, sans mettre de bornes aux pouvoir qu’Il communique à ses ministres. Tout ce que vous délierez sur la terre, leur-a-t-il dit, sera délié dans le Ciel ; tous les péchés que vous remettrez seront remis. Jésus-Christ a donné aux hommes une autorité divine ; Il emploie avec des médiateurs aussi faibles et aussi pécheurs que nous avec l’ordre de nous absoudre, non pas seulement sept fois mais soixante dix fois sept fois, mais toutes les fois que nous détesteront nos péchés, que quittant sincèrement les voies de l’iniquité, nous recourrons à la Miséricorde Divine. Ô mon Dieu ! Quelle facilité vous nous donnez pour rentrer en grâce avec vous ? Quelque pécheur que je sois, je puis être absous par les paroles d’un homme ; je puis recevoir le pardon de mes péchés qu’une éternité de tourments ne pourrait expier dans l’enfer. Nous pouvons pardonner les injures qui nous sont faites ; mais qui peut pardonner les injures faites à autrui ? Dieu nous montre plus de bonté que les hommes ne peuvent en avoir les uns pour les autres ; Il donne aux hommes mêmes le pouvoir de remettre les injures que lui font continuellement les plus indignes pécheurs. Pouvait-il mieux nous prouver son estime infinie des mérites et des surabondantes satisfactions de Son Fils, notre Sauveur ?

V. Ce qui doit encore inspirer de la confiance aux plus grands pécheurs, c’est que la gloire de Jésus-Christ, notre divin Médiateur, n’est pas moins intéressée au pardon de nos péchés que notre salut même. Quand nous entrons dans les voies de la pénitence, nous mettons en valeur les mérites du Sauveur ; nous empêchons que Son sang précieux n’ait été inutilement répandu, nous lui procurons la victoire et le triomphe qu’Il a payé si cher en mourant pour nous. Les maladies désespérées font honneur au médecin qui en procure la guérison. Ainsi la pénitence fait que les péchés les plus énormes tournent le plus à la gloire du Sauveur et que l’enfant le plus prodigue devient le plus cher à son coeur.

 

Texte extrait du Mois de la Passion ou la Science du Crucifix, aux Editions Saint Jean

 

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26 avril 2018

Le Mois de la Passion

Le Mois de la Passion

ou la Science du Crucifix

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Vingt-septième jour

Des effets que la grâce et l’esprit de Jésus-Christ doivent produire en nous

 

I. Pour juger de l’abondance des grâces que Dieu répand dans le monde en vue des mérites de Son Fils, pensons que les patriarches et les prophètes soupiraient sans cesse après le Messie, qu’ils le demandaient comme une rosée céleste et la plus précieuse production de la terre, qui devait y répandre le salut et la vie. Dès lors ces saints hommes par leurs désirs et la préparation de leur coeur devenaient participants des mérites du Sauveur. Pensons ensuite qu’à la naissance du Messie, les Anges, les hommes, des pauvres et des riches, des bergers et des rois, lui rendirent leurs hommages, et devinrent les prémices de l’Église qu’Il devait sanctifier par les mérites de Son Sang. Pensons enfin qu’après la mort du Sauveur, Dieu ouvrit le trésor de ses grâces, et les répandit en abondance sur tous ceux que Son Fils avait tirés de l’esclavage et rachetés au prix de Son Sang.

II. Jugeons de là que jamais Dieu n’a accordé de grâces au monde qu’en vue des mérites de Son Fils. À l’exemple des patriarches, élevons notre coeur à Jésus-Christ dès le matin, et disons-lui : « Ô mon Sauveur, répandez-vous dans mon coeur comme une douce rosée ; croissez dans mon âme comme un rejeton qui produise en elle des fruits de salut. Sans Vous mon âme est sèche et mon coeur stérile ».

III. Le soir pensons que tout ce que nous avons fait de bien durant la journée, tout ce que nous avons pratiqué des vertus, tout cela nous vient du Sang précieux répandu sur la croix. Ah ! Seigneur, devons-nous nous écrier, ce sont Vos faiblesses qui m’ont donné des forces ; ces sont Vos langueurs, c’est Votre Agonie qui l’a inspiré cette vigueur. Que les anges Vous en bénissent à jamais !

IV. Enfin, comme Jésus-Christ ne nous donne Ses grâces qu’afin que nous puissions nous vaincre nous-mêmes, que pour résister au péché et pratiquer les vertus dont Il nous a donné l’exemple ; comme, selon Saint Paul, les Juifs qui ne vivaient que dans l’attente de la loi de grâce sous laquelle nous avons le bonheur e vivre, étaient pauvres et indignes en comparaison de nous, quelle fidélité ne devons-nous pas avoir à profiter des grâces que Jésus-Christ nous a prodigués, à seconder la force qui nous inspire, à produire des actions dignes des secours dont Il nous favorise, et à nous montrer en cette occasion les dignes enfants de Dieu, les frères et les cohéritiers de Jésus-Christ !

V. La plus douce et la plus importante considération que nous puissions faire, c’est que tout ce que nous obtenons de grâces et de lumières d’en-haut, nous est donné par Jésus-Christ et en vue de ses mérites ; que ce sont les fruits précieux du Sang qu’Il a répandu pour nous ; mais que toutes ces grâces ne nous sont données que pour devenir semblables à Jésus-Christ mourant pour nous ; qu’elles doivent par conséquent nous porter à la mort intérieure et à la mortification de nos passions. C’est ce qui a fait dire à Saint Paul : « Mes frères vous êtes morts et crucifiés avec Jésus-Christ ».

VI. De même que le vieil Adam nous ayant laissé l’héritage de sa corruption, notre vie naturelle ne peut être que corrompue et déréglée : ainsi Jésus-Christ le nouvel Adam, nous ayant transmis son esprit, notre vie doit être surnaturelle comme la sienne. À son exemple nous devons être doux et humbles de coeur, patients et mortifiés, pleins de zèle et de Charité. C’est ce que Saint Paul entendait, lorsqu’il a dit que comme la malignité qui nous est venue d’Adam nous a rendus méchants et dépravés comme lui, la bénédiction qui nous vient de Jésus-Christ doit nous réformer et nous rendre bons comme Jésus-Christ ; Dieu veut que l’influence de sa grâce et la participation de son esprit produisent en nous cette divine ressemblance. Je travaille, dit Saint Paul, et ne cesse de travailler jusqu’à ce que j’ai formé Jésus-Christ en moi.

VII. La mortification est le principal trait de ressemblance avec Jésus-Christ, puisque c’est en mourant pour nous qu’Il nous a engendrés. C’est sa mort qui nous donne l’esprit et la vie. Notre vie, pour tenir de son principe, doit donc être une vie de mort et de mortification continuelle. Nous devons exprimer en nous le dépouillement et l’anéantissement du Dieu de majesté, qui, pour nous sauver et nous réformer, naît dan une étable et meurt sur une croix. Un vrai disciple de Jésus-Christ doit se renoncer soi-même et porter sa croix tous les jours. c’est ce qu’Il nous a recommandé Lui-même, avant de se laisser attacher à la Croix et d’y mourir pour nous. Ce n’est pas tant pour nous éteindre les feux de l’enfer que Jésus-Christ répandit Son Sang, que pour retracer dans nos âmes l’image de la divinité que le péché avait effacée. Ce n’est donc qu’en mourant au péché et en crucifiant les passions qui nous y entraînent, que nous pouvons être les vrais disciples de Jésus-Christ, ses frères, ses cohéritiers et ses images vivantes.

VIII. N’est-ce pas une folie digne de pitié, n’est pas une chose monstrueuse que tant de chrétiens que Jésus-Christ à régénérés dans Son Sang, étouffent son esprit divin dont Il les a remplis, et préfèrent les ténèbres à la lumière qui les environne de toute parts ? Ils sont chrétiens, et ne vivent pas mieux que des infidèles et des idolâtres. Où sont ceux dont la vie soit intérieure et spirituelle, qui mortifient leurs sens, qui attachent leurs passion déréglées à la Croix de Jésus-Christ, qui, pour ne vivre que de l’esprit de Jésus-Christ, étouffent en eux l’esprit du monde, cet esprit d’orgueil et d’impiété, de plaisir et de vanité, d’avarice et de concupiscence ?

Où sont ceux qui vivent cachés en Dieu avec Jésus-Christ et qui s’appliquent à imprimer en eux avec le Sang précieux du Sauveur l’image de la divinité ? Pécheurs, si vous avez eu le malheur de passer votre vie dans l’ensorcellement de la bagatelle, il est encore temps de rétablir en vous cette image divine que le monde et les passions ont effacée. Jésus-Christ attaché à la Croix vous tend encore les bras ; jetez-vous y avec confiance, recevez Son Sang, dans un coeur contrit et humilié. Il vous fera entendre les paroles consolantes qu’Il dit avant de mourir à un voleur pénitent, dont peut-être la vie tout entière n’avait pas été plus réglée que la vôtre.

 

Texte extrait du Mois de la Passion ou la Science du Crucifix, aux Editions Saint Jean

 

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25 avril 2018

Le Mois de la Passion

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Vingt-sixième jour

La participation des mérites de Jésus-Christ n’est pas la même pour tous les Chrétiens

 

I. Dans l’ordre de la grâce, comme dans celui de la nature, il y a des pauvres et des riches, il y a des misérables et des heureux. Il est des âmes tellement unies à Jésus-Christ, si soigneuses de cultiver les grâces qu’elles en reçoivent continuellement, qu’elles sont riches et abondantes en bonnes œuvres. Elle ne vivent pas, c’est Jésus-Christ qui vit en elles. C’est ce que Saint Pierre entendait, lorsqu’il disait que nous avons un homme intérieur qui est riche devant Dieu. Ce sont les richesses de Jésus-Christ même ; ce sont les mérites de Son Sang qu’Il verse dans leur sein. Aussi Saint Paul disait-il que la grâce de Jésus-Christ n’avait pas été vaine en lui, qu’il avait fait fructifier la précieuse semence de son sang. Ah ! Que nous serions riches, si, dans tout ce que nous faisons, nous n’étions animés que de l’esprit de Jésus-Christ !

II. Au contraire il y a des âmes pauvres, dénuées de tout bien, sans mérites, sans bonnes œuvres, des âmes dont l’indolence laisse enfouir les précieux talents de Jésus-Christ ; des âmes qui perdent dans la dissipation ou la débauche le fruit de tous ses mérites ; des âmes qui étouffent les inspirations ou dans les folies de la vanité ou dans l’embarras des affaires mondaines. Ces âmes sont comme la lie du peuple dans le royaume de Jésus-Christ ; elle sont le rebus et l’opprobre du royaume de Jésus-Christ, en horreur à Dieu et à ses anges, d’autant plus malheureuses que ne l’étant que par leur faute et leur négligence, elles excitent plus d’indignation que de compassion.

III. Les grands embarras qui distraient le plus du service de Dieu, les désordres corrupteurs et les plus grands péchés se trouvent plus ordinairement dans les conditions élevées et parmi les richesses que dans la médiocrité. Aussi, qui sont ceux qui sont pauvres et misérables aux yeux de Dieu ? Ce sont ordinairement les grands du monde, les riches du monde ; et ceux que Jésus-Christ enrichir de sa grâce, sont ordinairement ceux qui vivent dans une condition pauvre ou du moins médiocre et qui ne sont d’aucune considération aux yeux du monde. Le Sauveur du monde a dit qu’Il n’est venu que pour prêcher aux pauvres au moins de coeur et d’esprit. Ah ! Quelle révolution ne verrions-nous pas, si dans cette vie Dieu nous rendait justice à chacun ? Ce que le monde admire nous le verrions dans l’opprobre, et dans la gloire ce qu’il méprise. Dieu permet ce désordre apparent pour la sanctification de ses élus. Un jour viendra que les mondains seront couverts de honte, et les pauvres de Jésus-Christ, les vrais enfants de Dieu, dans la gloire qu’ils méritent.

IV. Malheur à ceux qui se laissent conduire par un autre esprit que celui de Jésus-Christ et qui mettent leur confiance en tout autre chose que dans ses mérites et la vertu de Sa Croix ! Ils sont riches des biens extérieurs qui ne peuvent contribuer à leur bonheur, et leur âme dénuée des véritables biens. Les hommes applaudissent, et Dieu les regarde avec indignation comme les dissipateurs des mérites de Son Fils, comme les désolateurs de Sa Vigne, comme les ennemis de Sa Croix. En se livrant à l’esclavage de leurs passions honteuses, ils foulent aux pieds le Sang précieux que le Sauveur a répandu pour laver leurs iniquités ; et ce qui, dans les desseins de Sa Miséricorde divine, devait assurer leur salut éternel, tourne à leur éternelle réprobation.

V. Comme les infirmités sont la suite ordinaire de la pauvreté et de l’indigence, qui verrait le fond de l’âme des mondains, ennemis de la Croix que Jésus-Christ, n’y découvrirait que plaies et ulcères, que maux invétérés, un esprit abruti, remplis de préjugés, ne faisant aucun cas de ce qui frappe les sens, et regardant comme une folie la Croix de Jésus-Christ, le service de Dieu, et le soin du salut éternel. Oh ! Que le Sage a eu raison de dire que le service de Dieu est en horreur aux impies : c’est un service d’humilité, et ils sont pétris d’orgueil ; c’est un service de mortification, et ils sont esclaves des cupidités les plus honteuses ; c’est un service de foi et de prières, et ils passent leurs jours dans la dissipation et les folles joies du monde.

VI. Cependant le Sang du Sauveur coule encore, et sollicite Miséricorde en faveur des plus grands pécheurs : qu’ils se convertissent, qu’ils fassent pénitence, et ils vivront. Les mérites de ce Sang précieux se communiquent à nous à proportion que nous avons de la Foi et de l’humilité ; comme il enrichit de plus en plus ceux qu’il a sanctifiés, il délivre de l’esclavage les plus grands pécheurs qui retournent sincèrement à Dieu ; il les purifie de toutes leurs iniquités il les sanctifie et leur assure le droit d’entrer en participation de l’héritage des enfants de Dieu. Que les pécheurs recourent donc aux plaies de Jésus-Christ, et que ceux qui ont le bonheur d’y trouver le salut, s’y attachent de plus en plus pour en être de plus en plus sanctifiés.

 

Texte extrait du Mois de la Passion ou la Science du Crucifix, aux Editions Saint Jean

 

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24 avril 2018

Le Mois de la Passion

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Vingt-cinquième jour

De l’estime que nous devons faire des mérites de Jésus-Christ, et ce que c’est que de prier en Son Nom

 

I. La première disposition pour bien prier est de désirer ardemment les grâces que nous demandons. Le désir étend le coeur et le rend capable de recevoir les dons célestes. Il faut encore avoir une grande idée de la toute-puissance de Dieu et croire qu’il peut infiniment plus que nous ne pouvons désirer ni lui demander. Il fait joindre à cette disposition la plus grande confiance en sa bonté et ses miséricordes infinies. Et tout cela ne suffit pas, depuis que le Fils de Dieu se faisant homme est devenu notre Sauveur et notre chef. Si dans nos prières nous nous bornons aux sentiments de confiance dans la toute-puissance et la Miséricorde de Dieu sans chercher un autre appui, nous ne serons pas exaucés. Que faut-il de plus ?

II. Voici le secret et le sûr moyen d’obtenir de Dieu tout ce que nous lui demandons. Ce n’est pas en notre nom, c’est au nom de Jésus-Christ que nous devons prier. Quand nous prions comme il faut, c’est Jésus-Christ qui prie en nous et pour nous, et ce n’est qu’en vue de ses miséricordes que nos prières peuvent être exaucées. Nous ne devons donc nous confier que dans les mérites de Jésus-Christ ; nous ne devons prier qu’en son nom, et nous tenir assurés, selon qu’Il l’a promis Lui-même, que tout ce que nous demanderons sera accordé.

III. Nous ne devons pas douter que Dieu ne soit disposé à nous exaucer si nous faisons nos prières avec un double sentiment de confiance, et dans la Miséricorde de Dieu, et dans les mérites infinis de Jésus-Christ qui ne les a acquis que pour nous en faire part. Dieu veut honorer son fils, dont l’obéissance lui a procuré tant de gloire ; pour nous obliger à mettre en Lui toute notre confiance, Il ne veut rien accorder que par Lui et à cause de Lui ; les grâces qu’Il nous fait sont une justice qu’Il lui rend ; Il veut que nous croyions qu’en nous comblant de faveurs, Il ne fit que donner à Son Fils ce qu’Il a mérité pour nous.

IV. Comme Dieu a tellement aimé le monde, qu’Il lui a donné Son Fils pour le sauver, Il aime tellement Son Fils qu’Il n’accorde rien au monde, qu’en Son Nom et en vue de Ses mérites. Il veut que nous les lui représentions sans cesse, non qu’Il puisse les oublier mais pour nous obliger à n’en perdre jamais la mémoire, et à reconnaître que notre Sauveur a payé de Son Sang toutes les grâces que nous Lui demanderons en Son Nom. Afin que, ces grâces divines, nous les estimions ce qu’elles valent. Il a voulu que Son Fils unique nous les mérite, et veut nous les accorder en proportion de ses mérites. qu’elles sont précieuses les grâces d’un Dieu, puisque le Sang d’un Homme-Dieu en est le prix ! Mais qu’elles nous sont assurées, si nous les demandons avec Foi, puisque Jésus-Christ les a payées d’avance, et que nous les demandons à Dieu autant à titre de justice que de Miséricorde.

V. Ne croyons pas qu’il nous suffise pour obtenir les grâces qui nous sont nécessaires, d’avoir été baptisés et de croire en Jésus-Christ ; il faut prier encore, et prier en Son Nom. Le baptême nous rend ses membres, la Foi nous tient unis à Lui, et la prière nous fait communiquer avec Lui et nous attire l’influence des mérites, qu’Il n’a acquis au prix de son Sang, que pour nous en faire part. Par la prière faite au nom de Jésus-Christ, nous nous unissons à Lui par de nouveaux liens, nous nous approchons de plus en plus de la source des grâces ; et cette source étant infinie, plus nous y puisons, plus nous pouvons y puiser ; plus nous recevons, plus nous pouvons espérer de recevoir et d’être inondés de ces eaux salutaires qui découlent des Plaies de notre Sauveur.

VI. Ceux qui sont fidèles à s’unir à Jésus-Christ par la prière sont spécialement les héritiers de ses mérites, étant continuellement à la source qui est ouverte à tous ceux qui veulent y puiser. C’est par où se distinguent tous les saints. On remarque en eux une sainte émulation de s’unir plus intimement à Jésus-Christ par la prière et de s’incorporer davantage à leur divin Chef. Leur compagnie est la Croix de Jésus-Christ, qu’ils portent et dans leur coeur et sur toute leur personne. Ils ne parlent que de Jésus-Christ, ils ne pensent qu’à Lui ; ils n’aiment que Lui. Il est l’objet de leur méditation pendant le jour et de leurs songes même pendant le nuit. Ils gémissent, ils s’ennuient partout où ils ne rencontrent pas quelque trace de Jésus-Christ crucifié, et quelque teinture de Son Sang. Cette parole de Jésus-Christ leur est toujours présente à l’esprit : « Priez, et ne cessez de prier ; car de tout ce que vous demanderez en Mon Nom, rien ne vous sera refusé » ; et cette autre de Saint Paul : « Il n’y a pas de damnation pour ceux qui vivent et meurent en Jésus-Christ ».

 

Texte extrait du Mois de la Passion ou la Science du Crucifix, aux Editions Saint Jean

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23 avril 2018

Le Mois de la Passion

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Vingt-quatrième jour

Notre entretien devrait être avec Jésus-Christ

 

I. Dieu nous a donné en Jésus-Christ un accès facile auprès de son infinie majesté qui n’habite plus une lumière inaccessible. Il nous est aisé, si nous voulons, de nous occuper des grandeurs de Jésus, qui sont les grandeurs de Dieu même, cachées sous le voile de son humanité. C’est un objet proportionné à la faiblesse de notre imagination et où nos pensées peuvent atteindre, quoi qu’elles ne puissent le comprendre. C’est de notre Dieu que nous devons nous occuper : mais Il est homme comme nous. Nos yeux, dit Saint Jean, l’ont vu, nos mains l’ont touché, nos oreilles l’ont entendu. Il ne s’agit pas d’élever avec effort nos esprits vers une majesté invisible. En pensant à un homme nous pensons à notre Dieu ; en parlant à un homme, nous parlons à notre Dieu et c’est en aimant, c’est en adorant sa sainte humanité que nous nous élevons jusqu’à l’amour et à l’adoration de sa divinité.

II. Ce qui nous rend cet accès et plus facile et plus doux, c’est que Jésus-Christ est notre frère, et qu’il ne l’est devenu que par amour pour nous. Ah ! Que cette fraternité tempère l’éclat de la redoutable majesté de Dieu ! Ah ! Que les hommes sont insensé de chercher leurs plaisirs dans les entretiens frivoles, les jeux et les vaines joies du monde ! qu’ils en trouveraient un bien plus solide et plus doux en s’entretenant avec Jésus-Christ, en méditant sur ses grandeurs et ses miséricordes, en s’élevant par lui jusqu’à la contemplation de la majesté divine qui lui est si intimement unie, et en commençant sur la terre la vie des Saints dans le Ciel.

III. Quelles consolations n’éprouverions-nous pas en nous entretenant avec Jésus-Christ, notre Sauveur et le médecin de nos âmes ! De quelle lumière ne serions-nous pas éclairés, si nous prêtions l’oreille aux instructions et aux paroles de vie qui sortent de sa bouche sacrée ! S’il trouve ses délices à être avec les enfants des hommes, quels délices ne doit-il pas faire goûter à ceux avec lesquels Il daigne s’entretenir ? Ô mon âme, si Jésus est la source de tout bien et de toute consolation ; s’il se donne à toi dans le Sacrement de Son amour ; s’Il te nourrit de Sa Chair et de Son Sang ; s’Il t’aime jusqu’à vouloir te transformer en Lui, à quoi tient-il donc que tu ne sois inondée des douceurs de Son amour ? Donne-toi donc à Lui, comme Il se donne à toi et Il vivra en toi, et tous tes délices comme les siennes, seront d’être avec Lui.

IV. Qui ne devrait pas brûler d’amour en considérant que Jésus-Christ, pour ainsi dire, de nouveau pour nous, toutes les fois que nos péchés nous sont pardonnés, et que pour éteindre les feux de l’enfer, allumés pour nous punir, nous n’avons qu’à nous plonger dans Son Sang ? Ô bonté infinie ! Ô vertu incompréhensible du Sang de l’Agneau ! Pour m’en appliquer les mérites et effacer mes péchés, il me suffit d’avoir de la Foi, de la confiance et de l’amour : il me suffit de baiser ses plaies et de mêler mes larmes avec Son Sang. Hélas ! Étant héritiers des richesses de Jésus-Christ, comment pouvons-nous désirer des richesses périssables ? Ah ! Que tout est vil, que tout est bas et indigne d’un chrétien à qui Jésus-Christ veut bien faire part de toutes ses richesses, de tous ses mérites ! Malheureux que nous sommes ! Qui est-ce qui nous a corrompus ? Comment avons-nous si honteusement dégénéré de l’esprit des premiers chrétiens et qui estimaient tout le reste indigne d’eux ?

V. Que n’avez-vous pour Jésus-Christ le même amour que Madeleine qui aima d’autant plus son divin Maître et en fut d’autant plus aimée, qu’elle avait péché d’avantage ? Nos péchés, bien loin de nous désespérer, ne sont qu’une raison de plus d’aimer Jésus-Chris et de nous confier en Lui. Que n’aimons-nous le Sauveur Jésus, comme dit Saint Paul, qui ne pouvait vivre sans Lui, à qui cette vie mortelle, était à charge parce qu’il le tenait séparé de Lui, qu’il frappait d’anathème quiconque refusait de l’aimer ? Que ne l’aimons-nous comme Saint Ignace, qui se faisait gloire de porter son nom gravée dans son coeur, et qui animait les bêtes féroces à le moudre pour devenir le froment de Jésus-Christ ? Que ne l’aimons-nous comme tant de généreux martyrs qui ont versé leur sang pour la gloire de son Nom, comme tant de confesseurs, comme tant de vierges saintes qui n’ont vécu que pour Lui et qui durant leur vie mortelle, n’ont trouvé de délices qu’à converser avec lui ?

 

Texte extrait du Mois de la Passion ou la Science du Crucifix, aux Editions Saint Jean

 

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22 avril 2018

Le Mois de la Passion

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ou la Science du Crucifix

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Vingt-troisième jour

Considération des grandeurs de Jésus-Christ pour servir de fondement à nos espérances

 

I. Quand on approche d’un roi de la terre, on est frappé de sa majesté extérieure et de l’image de sa grandeur qui brille dans ses yeux et sur son visage ; on ne voit pas son âme, on n’y pense pas, on est occupé que de l’appareil extérieur de sa souveraineté. Cependant c’est à sa personne sacrée que se rapportent les hommages qu’on lui rend. Ainsi Dieu pour se proportionner à notre faiblesse, et nous montrer sous des traits sensibles sa souveraine majesté qui habite une lumière inaccessible, a voulu se faire homme. Ainsi, en adorant Jésus-Christ, en adorant son corps et son âme, c’est en Dieu que nous espérons ; en l’aimant c’est Dieu que nous aimons. Ô mon âme sois inséparablement unie à Jésus-Christ. Il est ton Dieu, aussi véritablement qu’il est ton sauveur et ton frère. Si la pure majesté de Dieu est trop éclatante pour la faiblesse de tes yeux, tu peux le contempler, tu peux l’adorer et l’aimer dans l’humanité de ton sauveur à laquelle elle est unie personnellement.

II. Jetons les yeux sur l’âme de Jésus-Christ, nous y découvrirons des abîmes de lumière. Comme elle est sainte de la Sainteté de Dieu même, nous y découvrirons d’inépuisables sources de grâce, une Sagesse, une Bonté, une Miséricorde, une Charité infinies. Pourquoi Dieu a-t-il déposé tant de richesses dans l’âme de son Fils, si ce n’est pour en faire part à ses fidèles adorateurs ? Ce divin Sauveur nous appelle à Lui, Il nous invite à recevoir le soulagement qu’Il veut accorder à nos misères. Il dépend de nous de puiser dans Son Coeur la Miséricorde et le pardon de nos péchés, l’amour de Dieu, la sainteté, les plus précieux gages de notre prédestination.

III. Ce que nous devons le plus admirer en Jésus-Christ, ce qui doit le plus exciter notre confiance, c’est qu’ayant mérité par sa mort toutes les grâces qui se donneront jamais, Il en est le maître et le dispensateur. C’est Lui qui fait les Saints, qui soutient les faibles, qui convertir les pécheurs. Comme il ne peut y avoir de salut que par Lui, toute notre espérance doit être renfermée dans Lui. Il est la source de toutes les grâces que le Ciel communique à la terre, et ce qui doit me rassurer contre les frayeurs que peuvent m’inspirer mes péchés, Il est l’auteur du Salut de tous ceux qui croient en Lui, et des plus grands pécheurs qui invoquent son Nom et recourent à ses Plaies pour être lavés dans son Sang.

IV. Autrefois Dieu maudissait ceux qui mettaient leur confiance dans la puissance des hommes et se reposaient sur un appui de chair ; maintenant ceux-là seuls seront bénis qui se confieront en la Chair et au Sang de Jésus-Christ, et qui mettront toute leur espérance dans les Plaies de ce Divin Sauveur. L’ordre de la Providence divine est bien changé : Dieu n’est plus jaloux qu’un homme entre en partage de sa puissance et de sa gloire. Il ne lui a pas seulement communiqué sa Sagesse et sa Puissance, comme Il l’a fait à d’autres, non pas le canal, mais la source même de tout bien et de toute sainteté. Nous devons donc adorer Jésus-Christ, nous devons à sa Sainte Humanité les mêmes hommages qu’au Dieu souverain parce qu’elle est l’humanité de Dieu même. Puisque Dieu nous a assez aimés pour nous donner son propre Fils, pour vouloir qu’Il s’immolât pour nous et portât la peine de nos péchés, nous devons mettre en Lui toute notre confiance. Si nous recourons à Lui comme au médecin de nos âmes accablées sous le poids de nos péchés, si nous invoquons avec foi son Saint Nom, si nous nous jetons entre ses bras pour lui remettre notre esprit, n’en doutons pas, Il usera de Miséricorde envers nous, Il nous recevra dans le Ciel auprès de Lui, et nous ayant affranchis de l’esclavage de l’enfer, il nous fera servir éternellement à la gloire de son triomphe.

 

Texte extrait du Mois de la Passion ou la Science du Crucifix, aux Editions Saint Jean

 

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21 avril 2018

Le Mois de la Passion

Le Mois de la Passion

ou la Science du Crucifix

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Vingt-deuxième jour

Considération des grandeurs de Jésus-Christ pour servir de fondement à nos espérances

 

I. Notre confiance en Jésus-Christ notre Sauveur et notre Chef, sera d’autant plus solide, que nous serons plus pénétrés de son excellence et de sa souveraine grandeur, et de la surabondance de ses satisfactions par où Il est devenu l’Agneau de Dieu qui efface les péchés du monde.

II. Jésus-Christ, cet admirable composé, qui est Dieu et Homme tout ensemble, que Dieu avait promis au monde dans son origine, a été donné au monde dans la plénitude des temps. Tous les siècles ont été faits par Lui. Les précédents ont servi à préparer son premier avènement, les suivants à préparer la gloire de cet empire éternel qu’Il doit exercer sur toutes les créatures à son dernier avènement. Avant sa naissance, Il était l’objet des vœux des patriarches et des prophètes ; à sa naissance Il a jeté dans Son Eglise des semences de salut pour se préparer un peuple de Saints ; depuis sa mort Il est dans le Ciel, élevé au-dessus de toutes les puissances, chef d’un empire et d’un règne qui n’aura jamais de fin.

III. C’est pour Jésus-Christ que toutes les choses ont été faites . Dieu n’a créé les hommes que pour que Son Fils eût des sujets sur lesquels il exerçât un empire éternel. Ô mon âme ! Ton Seigneur qui est homme comme moi est véritablement ton Dieu, ce Dieu souverain que tu dois adorer, ce Dieu puissant de qui dépendent ton être et ton salut. Il n’a pas crut que ce fût une usurpation de se dire égal à Dieu son Père. Dieu n’a dit d’aucun ange ce qu’il dit de lui : « Asseyez-vous à ma droite ; vous êtes mon Fils que j’ai engendré au jour de mon éternité ». Ô Jésus, si vous n’étiez que Dieu, je tremblerais et craindrais d’être accablé du poids de votre souveraine grandeur ; mais Vous êtes Homme-Dieu, en même temps égal à Dieu et semblable à moi. Ah ! Cette adorable égalité et cette merveilleuse ressemblance m’engagent à mettre en vous une confiance sans bornes.

IV. Jésus-Christ, uni à la nature divine, a été revêtu comme Homme du souverain pouvoir de Dieu sur toutes les créatures, Il est devenu héritier de toutes ses richesses ; le souverain des anges et des hommes, le juge des vivants et des morts. C’est par la main de Jésus-Christ que Dieu exerce sa toute-puissance, c’est par sa bouche qu’Il pardonne ce qu’Il condamne ; de Lui seul dépend notre éternelle destinée. Notre juge est notre Sauveur et notre Frère ; qu’il est facile aux plus grands pécheurs de le fléchir et d’en obtenir un arrêt de Miséricorde, puisque sa plus grande gloire consiste à pardonner, puisqu’il n’a répandu son Sang que pour effacer les péchés du monde.

V. Quoique Jésus-Christ soit égal à Dieu, Il n’en dépend pas moins de lui dans une partie de son être ; Il n’a pas été dispensé de la servitude commune : aussi lui a-t-il été obéissant jusqu’à la mort, et à la mort de la Croix. Obéissance véritablement glorieuse à Dieu, et infiniment plus glorieuse que ne le serait l’obéissance de toutes les créatures ensemble, puisque c’est l’obéissance d’un Homme-Dieu égal à Dieu ; obéissance qui nous est infiniment précieuse, et dont il dépend de nous de recueillir les mérites, puisque c’est comme chef du genre humain et au nom de tous les hommes qu’Il à obéi à Dieu son Père ; obéissance qui nous est imputée, si nous nous soumettons avec Jésus-Christ au souverain empire de Dieu et si nous mourons au péché, comme Il est mort pour expier nos péchés.

VI. Qu’il est étonnant, le mystère d’un Dieu fait homme ! Que les richesses qu’il procure à la nature sont merveilleuses ! l’homme y est parfaitement assujetti au souverain domaine d’un Dieu, et lui fait un digne sacrifice de lui-même, et Dieu élève l’homme jusqu’à Lui, en lui communiquant Sa Divinité même. Ô homme ! Apprends par la soumission et les anéantissements de Jésus-Christ, que le souverain domaine de Dieu est inaliénable ; mais que si tu te soumets à Lui, Il t’élève jusqu’à Lui, et qu’étant membres d’un corps dont Jésus-Christ est le chef, tu deviens participant de la nature divine, et tu entres en société des mérites de son Fils. Mon âme, soumets-toi au Seigneur, Il te pardonnera tes péchés, Il te sauvera, Il te recevra dans le sein de Sa gloire, en vue des mérites de Son Fils qui t’appartiennent.

 

Texte extrait du Mois de la Passion ou la Science du Crucifix, aux Editions Saint Jean

 

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20 avril 2018

Le Mois de la Passion

Le Mois de la Passion

ou la Science du Crucifix

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Vingt-et-unième jour

Quelle doit être notre confiance en Dieu si nous considérons le don qu’Il a fait au monde de Son propre Fils

 

I. Dieu a tellement aimé le monde qu’il n’a pas fait difficulté de lui donner son propre Fils. Et quel monde ? Un monde ennemi de Dieu, un monde que ses péchés rendaient abominable à sa sainteté divine. Il a envoyé son propre Fils pour sauver ce monde rempli de pécheurs, pour se charger Lui-même de tant de péchés, et les expier, comme si tout seul Il les eût tout commis. qu’avons-nous à craindre de la colère de Dieu, après qu’il a voulu l’éteindre Lui-même dans le Sang de son propre Fils ? Si nous détestons nos péchés, si nous en faisons pénitence, qu’avons-nous à craindre d’eux, après que Jésus-Christ Lui-même a bien voulu les expier, et daigner au défaut de nos propres mérites, nous appliquer les mérites de Son Sang Précieux ?

II. Dieu a voulu que Son Fils se fit homme pour avoir une raison en lui d’aimer tous les hommes, qui en eux-mêmes n’ont rien d’aimable à ses yeux. Il aime Jésus-Chris son Fils unique ; Il l’aime profondément, Il l’aime uniquement ; et parce qu’Il est le chef du genre humain, et le premier-né d’entre les hommes, Il n’aime les hommes qu’en Lui et pour l’amour de Lui : ainsi Dieu nous aime du même amour dont Il aime son Fils, du même amour dont Il s’aime Lui-même. Tandis que nous serons unis à Jésus-Christ, comme de faibles membres sont unis à leur chef, Dieu aura pitié de nous, Il nous aimera, sinon pour nous mêmes, qui sommes si misérables, du moins en faveur de son Fils bien-aimé, qui nous fait part de ses mérites.

III. Dieu a voulu que son Fils unique devint le Sauveur du monde, pour avoir une raison de pardonner aux hommes et de les réconcilier avec Lui. Un pécheur pénitent est couvert du Sang de Jésus-Chris, il est environné de ses mérites, il est sous la sauvegarde de sa Croix. Dieu, voudra-t-il perdre ceux que Jésus-Christ a sauvés, et leur refuser une Miséricorde qui a coûté si cher à Son Fils bien-aimé ?

IV. Dieu a tellement aimé les hommes, que pour les retirer de l’abîme ou le péché les avait plongés, il a voulu que la plénitude de sa divinité en Jésus-Christ, Homme et Dieu tout ensemble ; ce Dieu si jaloux de sa gloire l’a voulu ainsi, afin que les hommes pécheurs puissent avoir en Jésus-Christ un médiateur et un Sauveur digne de Lui, afin que ce Divin Sauveur devînt le principe du Salut de tous les hommes, la source de leur sainteté, et le fondement de toutes leurs espérances.

V. Dieu ayant donné son Fils au monde, a paru l’oublier, pour n’aimer en Lui que les hommes, et ne s’occuper que de l’intérêt de leur salut ; pour les sauver de la mort éternelle, Il a porté contre Lui, dès sa naissance, un arrêt de mort ; Il a voulu que sa vie se passât à les instruire, à leur donner et les leçons et les exemples de toutes les vertus ; Il a voulu que pour gagner les hommes, et les affranchir de l’esclavage du péché, Il fût dans tout le cours de sa vie, et leur maître, et leur modèle, et leur serviteur. Jette-toi, mon âme comme la pécheresse Madeleine, aux pieds de ton Sauveur ; ne crains pas de te jeter entre ses bras, ni, à l’exemple de son Disciple bien-aimé, de te reposer sur son sein. Il n’a pas dans le séjour de sa gloire moins de Miséricorde et de bonté qu’Il n’en a montré sur la terre.

VI. Dieu ne s’est pas contenté de donner son Fils au monde, ni de lui ordonner d’employer toute sa vie à l’oeuvre de son salut ; Il l’a encore condamné à la mort pour procurer aux hommes la vie éternelle. Il l’a arrachée de son sein pour le livrer aux bourreaux ; Il a voulu qu’Il consommât son sacrifice sur l’autel de la Croix, qu’Il devînt une victime d’expiation pour nos péchés. Son Fils réduit à une agonie mortelle, lui demanda grâce pour Lui-même, et Il ne l’obtint pas. Il semble que Dieu nous ait plus aimés que Lui. Et nous aimera-t-il moins au moment où il s’agit de recueillir les précieux fruits du Sacrifice qu’Il lui a offert pour notre salut ?

VII. Jésus-Christ ayant acquis par son obéissance jusqu’à la mort de la croix des mérites infinis, Dieu son Père, à qui Il a offert pour nous le sacrifice de sa vie, nous a incorporés en Lui ; Il l’a rendu notre chef, afin qu’étant les membres de son Fils unique, nous puissions devenir en Lui et par Lui ses enfants. Par là nous sommes devenus les frères et les héritiers de Jésus-Christ. Nous avons part à ses mérites et à toutes ses richesses. Je suis misérable de mes fonds ; mais je suis riche de Jésus-Christ. Ses larmes, ses prières, ses souffrances, tous ses mérites sont à moi. Ô admirable invention de la bonté divine ! Ne pouvant faire que nous fussions tous des Dieux, elle a fait un Homme-Dieu, pour nous rendre participants des richesses de la divinité ; et Dieu, comme dit Saint Paul, en nous donnant son Fils, ne nous a-t-il pas donné toutes choses avec Lui ?

VIII. C’est le baptême et la Foi en Jésus-Christ qui nous unissent à Dieu et nous rendent ses enfants ; ce sont les Sacrement qui nous incorporent à Son Fils bien-aimé. Ô mon âme ! Puisque j’ai le bonheur d’avoir été appelé à la Foi, d’avoir été baptisé dans le Sang de Jésus-Christ ; puisque je lui appartiens et que je suis associé à ses mérites, je puis dire avec confiance que tout est à moi, que malgré mon indignité je mérite tout, qu’en Jésus-Christ et par Jésus-Christ j’obtiendrais toutes choses. Ah ! Mon Dieu, qui me donnera un million de coeurs pour vous aimer comme Vous le méritez !

IX. Ô mon Dieu ! Ô Père très aimable et très miséricordieux ! Qui me donnera un million de coeurs pour Vous rendre une partie de l’amour que Vous m’avez porté en me donnant Votre Fils ? Vous avez voulu qu’Il consacrât toute sa vie au salut des hommes. Durant tout le cours de sa vie, Il s’est moins montré leur maître que leur serviteur. Il les recherchait, Il les prévenait, Il les guérissait de leurs maladies, Il multipliait les pains pour les nourrir, Il leur lavait les pieds, Il les instruisait, Il est mort pour eux, pour eux Il s’est ressuscité et s’est élevé dans les cieux pour y préparer leurs places. Il ne les oublie pas dans le lieu de leur exil, Il leur prodigue Son Sang et Ses mérites infinis qu’Il a mis comme en dépôt dans Ses Sacrements. Ô prodige de Miséricorde et d’amour ! Les paroles me manquent, mes pensées se confondent, mon esprit demeure interdit. Ô amour ! Ô bonté ! c’est tout ce que je puis dire : tant que je vivrai, je ne cesserai d’espérer en vous.

X. Oui j’espérerai dans la Miséricorde de mon Sauveur, quand même j’aurai déjà un pied dans l’enfer. Si Dieu avait voulu me perdre m’aurait-il incorporé à son Fils ? m’aurait-il ordonné l’usage des Sacrements dont la vertu est de me transformer en Son Fils ? En me réprouvant, il réprouverait Son propre Fils ; en me perdant, Il anéantirait sa rédemption et le plus grand ouvrage de Sa Miséricorde. Non, je ne craindrai rien, tandis que je croirai en Lui, que je mettrai ma confiance en Lui, que je me tiendrai attaché à sa Croix. Non rien ne me séparera de la Charité de Jésus-Christ.

XI. Si Dieu ne nous sauve pas pour l’amour de nous qui ne méritons que les rigueurs de sa justice, Il nous sauvera pour l’amour de Son Fils qui a porté la peine de nos péchés ; Il doit une récompense à l’obéissance qu’Il lui a rendue : or cette récompense est le salut de ceux qui croient en Lui : c’est tout ce qu’Il demandait, lorsqu’il Lui offrait Son Sang et Sa Vie. Dieu ne peut nous perdre sans ruiner l’héritage que Son Fils a acquis de Son Sang, sans affaiblir la vertu de Sa Croix, sans arracher de Son Corps adorable des membres qu’Il s’est incorporé. Non, notre divin Sauveur ne peut condamner les pécheurs sans faire violence à Sa Miséricorde ; c’est un malheureux père contraint de souscrire la condamnation de son fils. Ô bonté qui m’avez donné un si bon sauveur, j’espère que Vous me le conserverez, et que vous ne permettez pas que j’en sois séparé.

 

Texte extrait du Mois de la Passion ou la Science du Crucifix, aux Editions Saint Jean

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