Le Vénérable Pie XII
Le Vénérable Pie XII
1876-1958
Sa jeunesse
Eugenio Maria Giuseppe Giovanni Pacelli est né à Rome le 02 mars 1876 d'une mère dont la famille est bien connue du Saint Siège pour des services rendus et d'un père avocat à la Rote Romaine. Durant ses études, il obtient trois licences: théologie, droit civil et droit canonique. Il est ordonné prêtre en avril 1899. Puis, sur recommandation, il entre au Vatican dans une Congrégation chargée des relations internationales et devient cardinal 3 ans plus tard.
La première guerre mondiale
Il tente de dissuader l'Italie d'entrer en guerre et l'empereur François-Joseph de se montrer patient. En avril 1917, il devient nonce apostolique à Munich, unique représentation de l'état pontifical en Allemagne. Ses résultats sont décevants Tout en faisant connaissance avec l'Église catholique allemande, il s'instruit des discussions entre l'URSS et le Vatican. Son travail diplomatique le pousse à signer des concordats (traité signé entre un état et le Saint Siège afin de défendre les activités catholiques) avec différents états et Hitler, alors chancelier.
La seconde guerre mondiale
En 1938, il s'élève sans succès contre l'Ansschluss et en mars 1939, Eugénio Pacelli devient Pie XII. Son pontificat débute avec la deuxième guerre mondiale. Il tente en vain de tenir l'Italie en dehors du conflit. L'Allemagne nazie n'a pas l'intention de respecter le concordat signé en 1933. Il y aura d'ailleurs plus d'un millier d'arrestations de prêtres et de religieux dont 304 iront à Dachau. Les évêchés de Munich, Rottenburg et Freiburg seront saccagés, les religions étant, pour les nazis, des idéologies rivales à éliminer. Les évêques polonais demandent au pape d'intervenir au vu des atrocités nazies dans leur pays mais le Vatican a peur que ses déclarations n'accroissent les persécutions comme les déportations en Hollande qui, non seulement n'avait pas diminué, mais avaient augmenté après un appel des évêques. Pie XII donnera alors cette "consigne" à ceux qui font appel à lui: "Nous laissons aux pasteurs en fonction sur place le soin d'apprécier si, et dans quelle mesure, le danger de représailles et de pression, comme d'autres circonstances dues à la longueur et à la psychologie de la guerre, conseillent la réserve -malgré les raisons d'intervention- afin d'éviter des maux plus grands. C'est l'un des motifs pour lesquels nous nous sommes imposés des limites dans nos déclarations". En juillet 1942, les évêques de Hollande s'insurgent contre les déportations. Non seulement elles ne cessent pas, mais des prêtres le sont également, en représailles. 79 % des juifs hollandais seront ainsi déportés, soit un chiffre supérieur à celui des autres pays. Aussi, les prélats demandent au pape de rester prudent pour éviter que la situation n'empire pour les juifs et que les catholiques subissent le même sort. Il faut également protéger ceux qui arrivent à se cacher en ne mettant pas en danger les catholiques qui, eux, les cachent. C'est alors que le "silence" devient "prudence" et non "complicité". Son radio-message de Noël 1942 sera ainsi le dernier appel public à un retour à la paix, les deux suivants concernant la civilisation chrétienne et la démocratie. Il optera pour l'ouverture des instituions du Vatican aux victimes du nazisme dans la Rome occupée. En 1943, environ cinq mille juifs seront recueillis dans les couvents et monastères d'Italie, trois mille hébergés à Castel Gandolfo et 400 enrôlés dans la Garde Pontificale.
L'après-guerre
Les difficultés viennent alors du communisme et toutes les nonciatures des pays proches de l'URSS ferment leurs portes à l'exception de la Pologne qui accorde quelques libertés à l'Église catholique.
Son action pastorale
Il proclame le dogme de l'Assomption de la Vierge Marie en novembre 1950 et accomplit un immense travail sur la restauration de la liturgie romaine, écartant nouvelles coutumes ou rites périmés. Il condamne ainsi l'archaïsme considéré comme une rupture avec la tradition. Il réforme également le rite romain relatif à la semaine sainte. Il aurait été témoin de certaines apparitions à Fatima.
Sa mort. Les hommages rendus.
Il meurt le 9 octobre 1958 à Castel Gondolfo des suites d'une grave maladie dont il souffrait depuis quatre ans. A sa mort, Golda Meïr, ministre israélien des affaires étrangères, déclara, à l'ONU :"Nous pleurons un grand serviteur de la paix et de la charité. Pendant les dix années de la terreur nazie, quand notre peuple a souffert un martyr effroyable, la voix du pape s'est élevée pour condamner les bourreaux et pour exprimer sa compassion envers les victimes." Le rabbin Herzog et le Dr Elio Toaf, grand rabbin d'Italie, ont salué sa mémoire comme celle d'un juste. Albert Einstein a déclaré: "L'église catholique a été la seule à protester contre les assauts hitlériens portés à la liberté. Jusqu'à lors, je n'avais pris aucun intérêt pour elle, mais aujourd'hui j'éprouve une grande admiration pour l'Église, qui seule a eu le courage de se battre pour la liberté spirituelle et la liberté morale." Le Grand Rabin de Rome, Israël Zolli, touché par le dévouement et la charité du pape Pie XII, se convertit au catholicisme avec son épouse en 1945 et prit le nom de baptême de Eugène Pio. L'écrivain et diplomate juif Pinchas Lapide, alors qu'il n'apprécie guère la religion catholique, puisque écrivant dans son livre "Rome et les Juifs" que "Jésus se mit à croire à son omnipotence", a cependant rapporté que, d'après ses recherches, Pie XII, malgré les risques encourus, avaient pu sauver près de 850 000 juifs. Les exemples ne manquent pas et de nombreux survivants sont allés le remercier au Vatican, quelque temps après la fin de la guerre dont des délégués de "United Jewish Appeal" ou encore un ensemble de 94 musiciens juifs issus de 14 pays qui sont venus jouer au Vatican la neuvième symphonie de Beethoven en reconnaissance.
Origine de la Polémique autour de Pie XII
Tout a commencé en 1963 avec la sortie d'une pièce de théâtre "Le Vicaire" d'un auteur est-allemand Roch Hochhuth. Pour la première fois, il y est fait état du "silence" du pape. S'ensuivent neuf livres sur le sujet. Deux d'entre eux, dont le fameux Hitler's Pope de Cornwell attaquent le Pape sur la question. En 2001, Costa Gavras adapte la pièce au cinéma. Depuis, la polémique n'a fait qu'enflé, donnant au final du crédit à Roch Hochhuth, auteur à la personnalité fort controversée puisqu'en 1965, il approuve les propos de David Irving, négationniste notoire. Ce dernier, accusé d'avoir des sympathies nazies, a perdu, en 2000, un procès en diffamation et, en 2007, il est condamné, par la justice autrichienne, à deux ans de prison ferme pour négation de la shoah.
Pourquoi cette pièce de théâtre?
Avant même la guerre, le pape alors nonce apostolique se souciait des discussions avec la Russie et s'inquiétait de la montée du communisme. D'ailleurs en 1949, il excommunie les communistes. Les attaques venues de l'Est se multiplient à laquelle s'ajoutent les reproches le patriarche orthodoxe russe accusant le pape d'être un agent de l'impérialisme américain. A la mort de Pie XII, les soviétiques voulaient détruire l'autorité morale du Vatican. C'est alors qu'apparut cette pièce de théâtre dont l'auteur n'était pas spécifiquement communiste mais qui avait des connaissances sympathisantes avec le régime soviétique, tel Erwin Piscator, son producteur. Le Vatican crut bon de répondre aux attaques induites par cette pièce, des livres et des publications donnèrent chacun leur avis sur le "silence". Tout le monde se jeta dans la bataille: chrétiens, juifs, non croyants... et cela fit boule de neige. Tant est si bien qu'aujourd'hui tout le monde se souvient du "silence" mais pas de la pièce de théâtre. Paradoxalement, de nombreuses personnes, sans le savoir, pensant défendre les victimes juives, accordent du crédit à un individu qui nie l'existence même de la shoah!!!
La béatification
L'idée est venue de Paul VI. Jean Paul II l'a reprise puis mise en attente car la commission d'historiens juifs et chrétiens qu'il a réunie n'a pu s'entendre, faute de pouvoir consulter la totalité des archives. Benoît XVI, à son tour, la ressort. Cette décision, pour l'Église catholique, rend témoignage de la vie chrétienne de Pie XII en qui elle voit un grand théologien, précurseur de Vatican II. Sa cause est donc, pour l'instant, à l'étude.
Texte extrait du site Benedictus.fr
Reconnaissance des vertus héroïques de 10 baptisés, dont Eugenio Pacelli et Karol Wojtyla
Source: zenit.org
Dimanche 20 décembre 2009. Benoît XVI reconnaît les « vertus héroïques » de 10 baptisés, dont les papes Pie XII (Eugenio Pacelli) et Jean-Paul II (Karol Wojtyla), et deux fondateurs, un Français, le P. Louis Brisson, et une Anglaise, Mary Ward. Ces décrets de la Congrégation pour les causes des saints, qui ont été présentés après consultation et expertise des historiens et des théologiens, ont été approuvés le 19 décembre, à l'occasion de l'audience accordée par le pape au préfet de cette Congrégation, Mgr Angelo Amato. Ces décrets n'ouvrent pas la porte à la béatification. Il faudra ensuite non seulement qu'un miracle dû à l'intercession de ces baptisés soit reconnu, mais aussi que le pape donne son feu vert pour la béatification, qui reste toujours une décision du souverain pontife. En effet, la réunion des conditions nécessaires à une béatification ne suffit pas: le pape évalue le bienfait pastoral qu'une béatification peut apporter et le temps adapté à une telle proclamation. Certaines causes sont parfois enlisées pendant des années pour différents motifs. Ces décrets concernent donc d'abord les vertus héroïques des serviteurs de Dieu suivants (7 Italiens dont un laïc, un Polonais, un Français et une Anglaise: Giacomo Illirico da Bitetto, frère franciscain (1400-1496): il est déjà appelé « bienheureux » du fait que son culte a été « confirmé » le 29 décembre 1700, mais cela ne le dispense pas de repasser par cette étape moderne, rigoureuse, de discernement des « bienheureux »; Pio XII (Eugenio Pacelli), pape (1876-1958), salué à sa mort par les communautés juives et notamment Mme Golda Meir, pour son action pour sauver des juifs pendant la Shoah, comme l'ont rappelé les récents travaux des historiens qui ont restauré l'image calomniée par l'œuvre de Rolf Hochhuth « le Vicaire » dans les années soixante (cf. Philippe Chenaux, « Pie XII, Diplomate et pasteur », le Cerf 2003 ; ou Pierre Blet, « Pie XII et la Seconde Guerre mondiale, Perrin, et « Pie XII et la Seconde Guerre mondiale d'après les archives du Vatican, Perrin); Jean-Paul II (Karol Wojtyła), pape (1920-2005); Louis Brisson, prêtre français et fondateur des Oblats et Oblates de Saint-François de Sales (1817-1908); Giuseppe Quadrio, prêtre italien, salésien de Don Bosco (1921-1963); Mary Ward, fondatrice anglaise de l'Institut des Sœurs de la Bienheureuse Vierge Marie, aujourd'hui, Congrégation de Jésus (1585-1645); Antonia Maria Verna, fondatrice italienne de l'Institut des Sœurs de la Charité de l'Immaculée Conception (1773-1838); Maria Chiara Serafina di Gesù Farolfi, fondatrice des Sœurs clarisses franciscaines missionnaires du Saint-Sacrement (1853-1917) ; Enrica Alfieri, religieuse italienne des Sœurs de la Charité de Sainte Jeanne Antide Thouret (1891-1951); Giunio Tinarelli, laïc italien, de la Pieuse union des Ouvriers silencieux de la Croix (1912-1956).
Prière pour la Béatification de Pie XII
O Jésus, Pontife Éternel, qui avez daigné élever Votre Serviteur fidèle Pie XII à la suprême dignité de Votre Vicaire ici-bas, et lui avez concédé la grâce d'être un défenseur intrépide de la Foi, un courageux champion de la Justice et de la Paix, un glorificateur zélé de Votre Très Sainte Mère et un exemple lumineux de Charité et de toutes les vertus, daignez maintenant, en vue de ses mérites, nous accorder les grâces que nous Vous demandons, afin que, assurés de son efficace intercession auprès de Vous, nous puissions le voir un jour élevé à la gloire des autels. Amen.
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