Mois de Notre Dame de la Salette
Mois de Notre Dame de la Salette
Trente-et-unième jour
L'Assomption de Notre Dame de la Salette
Nous voici en présence des dernières circonstances de l'apparition: or, pendant que la divine Vierge s'élevait en l'air, Elle a regardé le ciel, ensuite la terre du côté de Rome, et puis, Elle a disparu peu à peu aux yeux des enfants, pour remonter au séjour glorieux d'où Elle était descendue. Etudions aujourd'hui, avec les yeux de la foi et les sentiments de la piété, ces deux derniers regards de notre Mère, dont l'un va au ciel et l'autre à Rome. 1° Premier regard de Notre-Dame de la Salette, vers l'Italie, du côté de Rome: L'Italie, Rome, quels mots, quels souvenirs! Quel appel touchant à nos pensées et à nos sentiments! Rome, la nouvelle Jérusalem de la terre; Rome, la tête et le cœur de l'Eglise, le centre de la vérité, le foyer de la vie catholique! La source intarissable de cette eau surnaturelle qui étanche la soif de l'esprit et du cœur, et qui jaillit jusqu'à la vie éternelle!... Dans ce regard inexprimable de Marie vers notre Rome, et les pleurs qui ont deux fois rempli ses yeux, il y avait sans doute des larmes sur les malheurs qui menaçaient de la rendre veuve de son pontife ; des larmes sur les œuvres sacrilèges qui pourraient la livrer aux mains impies des méchants!.., Mais aussi, que de tendresse ineffable, que de forte consolation, que d'amour protecteur et maternel dans ce même regard sur la ville de son Fils et sur le front de son pontife! Et ce regard maternel, Marie le devait à Pie IX, qui l'a proclamée Vierge immaculée. Ah! nous aussi, à l'exemple de Marie, et des yeux du cœur éclairés par la foi, regardons Rome avec une filiale tendresse, et offrons à l'Eglise mère, dans l'effusion de notre cœur, le serment du Prophète: « Que je m'oublie moi-même, si jamais je pouvais l'oublier, si je pouvais jamais te devenir infidèle! » 2° Après ce premier regard d'amour, Marie regarde le ciel, où Elle va remonter... Le ciel! Oh! quel mot consolant pour les âmes! Le ciel, notre patrie! le ciel, notre espérance! Le ciel, l'objet, le terme de tous nos vœux, de tous nos efforts! l'aspiration de tout notre être, de toute notre existence! le ciel, pour lequel nous avons été créés, pour lequel nous avons tout reçu de sa libéralité infinie! le ciel, où la bonne Mère nous attend, et Dieu lui-même, pour nous faire partager un incompréhensible bonheur! Richesses, plaisirs, honneurs, vous n'êtes rien à côté du ciel! Vous pouvez être aux mondains l'incessante pâture de l'illusion; vous pouvez jeter à leur faim insatiable quelques miettes empoisonnées! mais comme vous disparaissez et devenez méprisables à mes yeux, placés à l'horizon du ciel!... Non, je le sens aujourd'hui en voyant monter ma Mère au ciel, vous n'êtes pas faits pour moi! je suis trop grand pour descendre jusqu'à vous; vous êtes trop bas pour monter jusqu'à moi, destiné à une gloire et à une félicité infinies! Et il ne faut pas vous plaindre de mon indifférence et de mon mépris ; Jésus vous a ainsi traités, méprisant tout de la terre, richesses, royauté, honneurs; et Marie imite aujourd'hui son exemple, ne voulant emporter au ciel rien de la terre, pas même les roses dont Elle avait fait à ses pieds une couronne virginale! Tels sont la portée et le sens des deux derniers regards de Notre Dame de la Salette, au moment de prendre son essor, au sommet des Alpes, dans la nuée lumineuse de sa gloire; en face de ces deux regards de notre Mère, âme chrétienne, il nous faut estimer ce que Dieu nous a faits, c'est-à-dire, un citoyen du ciel, un frère des saints, un noble membre de la famille de l'Eglise, dont les pensées et les sentiments doivent monter et monter sans cesse, jusqu'à ce qu'il aille vivre là-haut éternellement de lumière et d'amour, d'inaltérable lumière et de parfait amour.
On pourrait appeler l'assomption de Notre Dame de la Salette, la voie du ciel : elle nous est indiquée par toutes les circonstances qui accompagnent cette assomption. 1° Marie, pour s'élever au ciel, n'est pas restée au fond du vallon de l'apparition; Elle a gravi l'éminence voisine, un lieu plus élevé qui domine le plateau de la montagne: cet acte de notre Mère est un enseignement: Elle a voulu, en montant Elle-même, nous apprendre à nous élever au-dessus des basses régions de la terre, vers le ciel, offert à nos désirs, promis à nos aspirations et à nos efforts. 2° Aux termes du récit, la Vierge se balançait doucement dans les airs comme un globe de feu, au moment de l'assomption: il résulte de ces paroles, que le corps très pur de Marie, semblable à un astre resplendissant, se mouvait dans une atmosphère lumineuse: cette clarté brillante était le rejaillissement de son âme glorifiée: « la beauté du corps, dit saint Augustin, dérive de la clarté de son âme ». Marie se propose ici figure et modèle de l'âme innocente et pure, qui, au moment de quitter la vie, secouant ses blanches ailes, trouve sans effort une puissance d'essor suffisante à la ravir au ciel... 3° La Vierge disparaît peu à peu aux regards attentifs des deux bergers. Cette disparition progressive contient encore un enseignement salutaire: il faut voir dans cette circonstance, l'image de ce détachement commandé, par lequel nous devons successivement nous déprendre de tout ce qui est corruptible et passager; faire disparaître de notre esprit la fausse appréciation des choses terrestres; en détruire l'illusion trompeuse et l'amour fallacieux dans notre cœur; devenir, en un mot, selon la belle expression de saint Paul, des hommes spirituels, qui s'envolent à l'éternel séjour, où il ne peut rien entrer que de pur; et vers lequel ne peut monter, dit saint Ambroise, que ce qui est dégagé de tout poids étranger!... 4° Marie, en disparaissant, disent les bergers, laissait après Elle, dans l'espace, une traînée lumineuse. Il faut voir ici l'emblème du doux et pur éclat des vertus chrétiennes que nous devons laisser après nous à ceux qui nous survivent; c'est-à-dire, un sillon de lumière qui leur montre le chemin de la vraie gloire, de la vraie fortune, de la vraie félicité, par lequel ils devront nous suivre, et venir nous rejoindre au ciel!... 5° Enfin il est raconté qu'en voyant Marie s'élever et disparaître complètement, les bergers s'élancent, pour retenir, disent-ils, quelque chose de ce qui s'échappe du corps et des pieds de la Vierge; mais tout s'évanouit dans l'espace, et ils ne saisissent que le vide!... Ames chrétiennes, pourrons-nous vous proposer, à la fin de ce mois béni, une image plus fidèle, une figure plus saisissante du néant de la vie, et du vide de toutes choses humaines et créées?... Oui, comme la vie est courte! comme le temps passe rapidement! comme tout s'évanouit dans le vide, ne laissant ici-bas que l'empreinte presque effacée d'avance d'un vague souvenir! et où allons-nous? à l'éternité!... Nous traversons le temps avec ses affaires, ses rares joies, ses nombreuses tristesses, et nous arriverons là, à ce terme inévitable de toute vie, l'éternité!... « L'éternité, terme sans terme, disent les Pères; fin qui est un commencement, et un commencement sans fin!... »
Consécration à Notre Dame de la Salette pour la clôture du Mois de Marie
On raconte, ô Notre Dame de la Salette, qu'un pieux pèlerin de la Terre Sainte, après avoir visité avec une ardente dévotion tous les lieux consacrés par les souffrances de Notre Seigneur, étant arrivé enfin au Calvaire, y expira d'émotion et d'amour... Quel doux trépas, quelle mort bienheureuse et digne d'envie!... Ah! si l'émotion et l'amour ne me peuvent ôter la vie, qu'ici, du moins, à vos pieds, à cette heure, tout ce qui est terrestre en moi, tout ce qui est trop humain, meure, expire, pour ne plus revivre jamais; que toutes mes ardeurs prennent leur cours, leur élan vers le ciel où est mon aimable Jésus, et où vous êtes, vous aussi, ô ma douce Mère! c'est la résolution de mon âme, l'offrande de mon cœur, à cette heure dernière de votre mois béni, qui va nous clore ses charmes et ses grâces!… Mais ici, ô bonne Dame de la Salette, il se présente à ma mémoire un consolant souvenir. Après votre disparition, les petits bergers des Alpes se disaient dans leur ignorante naïveté: « Si nous avions su que ce fût une grande sainte, nous lui aurions dit de nous mener avec Elle !... » Ah! ce que ne savaient pas ces pauvres enfants, moi je le sais: je sais que vous êtes bien plus qu'une grande sainte, la plus sainte des créatures, je sais que vous êtes la Reine de tous les saints! je vous dis donc aujourd'hui, dans toute l'ardeur de mon âme: « Menez-moi avec vous, ô ma tendre Mère, menez-moi avec vous! » Je n'ose vous dire: « Prenez-moi au ciel »; j'en suis encore si indigne, j'ai tant à réparer, à expier!... mais, prenez au moins mes pensées, prenez mes sentiments, faites-les monter jusqu'à vous! prenez mes désirs, prenez mes aspirations, prenez toutes mes facultés d'aimer, de connaître, de vouloir et d'agir: attirez-moi par l'odeur de vos parfums; prenez mon cœur, tout mon cœur, pour le donner à Jésus, sans réserve et sans retour! et quand je serai assez purifié, quand j'aurai assez réparé, assez expié: oh! alors menez-moi avec vous, prenez-moi avec vous; faites-moi entrer avec vous au paradis, afin qu'avec vous, j'adore, je loue, j'aime éternellement votre divin Fils, voyant la lumière dans la lumière de Dieu même, et m'enivrant à son cœur, sous l'aile de votre protection maternelle, du torrent de ses ineffables délices. Ainsi soit-il.
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Fin du Mois de Marie
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