Les Treize Mardis de Saint Antoine de Padoue 5/13
Les Treize Mardis de Saint Antoine de Padoue
Cinquième Mardi
Saint Antoine, Martyr de désir
Dans la pauvre demeure de saint Antoine d'Olivarez, dans cette pieuse solitude, rien ne pouvait distraire l'âme d'Antoine de ses saintes aspirations et de ses préoccupations élevées. Il était déjà préparé d'ailleurs par ses années de vie religieuse à ne diriger ses regards et son cœur que vers Dieu, à n'avoir d'autres entretiens que ceux qui sont comme un écho du ciel. Ses historiens nous le représentent agenouillé au pied des autels, avec la ferveur d'un séraphin, se pénétrant de l'esprit de Saint François, s'attachant de plus en plus à la pauvreté et au détachement le plus complet des choses de la terre et entretenant dans son cœur, comme un feu sacré, le désir de mourir pour la Foi.
Dans ces conditions, la formation religieuse du Saint novice fut bien vite achevée. Il prononça ses vœux, et vit enfin venir l'heure tant souhaitée de se sacrifier entièrement pour Jésus-Christ. Sur sa demande, ses supérieurs le désignèrent comme missionnaire au pays des infidèles, et il se hâta de partir pour l'Afrique. A cette époque, le midi de l'Espagne était occupé par les Musulmans, et cependant ce ne fut pas vers cette Andalousie, que les Maures devaient occuper encore longtemps, qu'Antoine dirigea ses pas. Il regarda l'Afrique, il vit cette terre empourprée du sang de cinq de ses frères, et se rappelant que le sang des Martyrs est une semence de chrétiens, il n'hésita pas; de plus, son âme vaillante et avide de souffrance entrevit pour lui-même la mort du confesseur de la Foi, la couronne du martyre, et il y courut, il y vola.
Mais Dieu avait ses desseins. Il destinait Antoine à un autre martyre, au martyre de la pénitence. Aussi à peine notre Saint eut-il débarqué au Maroc, qu'une fièvre violente s'empara de lui, anéantit ses forces et l'obligea à rester dans l'inaction. Pas une plainte ne s'échappa de ses lèvres, pas un gémissement ne sortit de sa poitrine brûlée par la fièvre. Il unissait ses souffrances physiques et morales aux souffrances de Notre-Seigneur sur la croix, et il disait, avec une entière soumission : « Que Votre Volonté soit faite ». Bientôt ses supérieurs, avertis par le Frère qui avait accompagné notre Saint, de l'état dans lequel il se trouvait, enjoignirent à Antoine de revenir en Portugal. Il obéit à la voix de ses Supérieurs, et, bien que dévoré encore par une fièvre brûlante, il monta sur le bateau qui devait l'éloigner pour toujours de cette terre d'Afrique, où il avait voulu faire entendre et faire connaître, au prix même de son sang, le Nom Sacré de Jésus. Le lendemain de son départ, une violente tempête s'éleva ; le bateau, après avoir été le jouet d'une rafale épouvantable, fut jeté bien loin de sa destination. Il aborda en Sicile.
Frère Antoine se rendit chez les Frères Mineurs de Messine, où il trouva un accueil cordial et empressé, et aussi le repos et les soins qui lui étaient nécessaires pour refaire ses forces brisées. En 1221, nous retrouvons Antoine au chapitre général, tenu encore par Saint François, à Sainte Marie des Anges. C'est à l'issue de ce chapitre général qu'Antoine demanda au frère Gratien, provincial de Bologne, de lui assigner un Couvent où il pût s'occuper uniquement à étudier la discipline régulière et Jésus crucifié. Gratien y consentit, l'emmena avec lui et lui désigna l'ermitage du mont Saint Paul, près de Bologne.
Là, dans une petite cellule taillée dans le roc et isolée, Antoine se livra tout entier à la méditation des Saintes Écritures, à la mortification des sens et à la contemplation du Sauveur Jésus. Vivant dans la simplicité au milieu des simples, il cachait sous des dehors faibles et humbles les grandes lumières qu'il recevait du Ciel. Dieu prépare toujours dans le secret les apôtres qui doivent répandre à grands flots sur le monde la vérité et l'amour. Dans cette solitude, plus près du Cœur Sacré de son Divin Maître, l'intelligence d'Antoine s'illuminait de toutes les clartés du Ciel, et son cœur ravi s'embrasait de plus en plus des flammes de la Charité Divine.
Réflexions
Notre Mère la Sainte Église
Après sa glorieuse résurrection, Notre Seigneur donna à Ses Apôtres et à Ses Disciples ses suprêmes encouragements et ses dernières instructions. C'est dans ces touchantes et solennelles entrevues, avant de monter au Ciel, qu'Il dit à Ses Apôtres : « comme cela était écrit, il fallait que le Christ souffrît, qu'Il ressuscitât le troisième jour, et qu'on prêchât en Son nom la pénitence et la rémission des péchés parmi toutes les nations, à commencer par Jérusalem. Vous êtes témoins de ces choses. Allez donc par tout le monde ; prêchez l'Évangile à tous les hommes. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ; mais celui qui ne croira pas sera condamné ». Jésus leur promit ensuite le Saint Esprit, en disant : « Jean a baptisé dans l'eau, mais vous, vous serez baptisés dans le Saint Esprit ».
Après avoir vu le Sauveur monter au Ciel, les apôtres attendirent la réalisation de Ses promesses dans la solitude et dans la prière, et quand se leva l'aurore du jour de la Pentecôte, ils étaient tous réunis au Cénacle, et ils furent remplis de Saint Esprit. Au lendemain de ce jour, les apôtres, obéissant à leur Maître, se dispersèrent et s'en allèrent à la conquête des âmes. En quittant Jérusalem, s'ils avaient rencontré un centurion romain aux portes de la ville, et si cet officier leur avait demandé où ils allaient, ils auraient répondu : « Nous allons prêcher l'Évangile, prêcher la Divinité de Jésus-Christ et établir dans le monde la Religion du Divin Crucifié ; nous allons renverser les faux dieux et fonder l'Eglise contre laquelle ne prévaudront jamais les puissances de l'enfer ».
Assurément le Centurion aurait souri, en regardant ces hommes dont les épaules étaient à peine couvertes d'un méchant manteau, dont les pieds étaient nus et qui n'avaient à la main que le bâton du voyageur, et il se serait dit, en rentrant dans la ville, que la religion de l'Empire n'avait pas grand'chose à craindre de ces pauvres insensés. Le centurion se serait trompé, car ce sont ces insensés qui ont vaincu l'idolâtrie et fait luire la lumière de la vérité. La lutte entre la foi nouvelle et le vieux monde a été violente, et le sang a été répandu.
Pierre est mort crucifié, Paul a eu la tète tranchée, Étienne a été lapidé, André a souffert une mort cruelle, et des millions d'autres Martyrs sont tombés sous les coups des persécuteurs. Et tous sont morts pour Jésus-Christ, tous sont morts pour attester la vérité de la Religion et la Divinité de son Fondateur. Pendant trois siècles, l'Église notre Mère, aux prises avec l'idolâtrie, a été obligée de vivre cachée dans les catacombes ; et la main sur l'Autel du Sacrifice nouveau, la Croix de son Maître sur le cœur, elle répétait les paroles d'immortalité qui lui avaient été dites par le Christ, et elle ne cessait, malgré les tortures et les supplices, d'arracher les âmes aux ténèbres, de les régénérer dans les eaux baptismales, de revendiquer les droits de l'honneur et de la vertu et de prêcher la vraie liberté.
En parcourant les pages de l'histoire de l'Église et en voyant l'acharnement de ces longues et sanglantes persécutions, nous sommes tentés de crier aux Néron, aux Domitien, aux Décius et aux Dioclétien ce qu'un docteur de la Loi, nommé Gamaliel, disait aux Juifs : « Laissez faire ces hommes. Si leur œuvre ne vient pas de Dieu, elle tombera d'elle-même ; mais si elle vient de Dieu, vous ne pouvez l'arrêter et vous serez en danger de combattre le Seigneur lui-même13.
La persécution cessa avec l'édit de Milan, donné par Constantin en 313, mais la lutte ne fut pas terminée. De nouveaux ennemis, le schisme et l'hérésie, se dressèrent devant l'Eglise. Les conciles, les écrits des Pères de l'Église maintinrent dans son intégrité le dogme catholique. A travers tous les siècles, au milieu de toutes les agitations, des bouleversements et des révolutions des peuples, à travers le feu des idées, malgré des théories nouvelles ou dangereuses, subtiles ou pernicieuses, l'Eglise a gardé le précieux dépôt que Jésus lui avait confié. Aussi peut-elle répéter avec vérité les paroles que saint Paul adressait aux Hébreux : « Le Christ était hier, Il est aujourd'hui, et Il sera dans l'éternité ». L'Église, c'est Jésus-Christ continué. Elle était hier, elle est aujourd'hui, elle sera dans l'éternité.
Prières : Notre Père, je Vous salue, Si Quaeris, Trois Gloire soir au Père, suivis de l'invocation : « Saint Antoine de Padoue, priez pour nous ».
Oraison
O grand Saint Antoine, vous dont le cœur est si plein de bonté, et qui avez reçu de Dieu le don de faire des miracles, secourez-moi en ce moment, afin que, par votre assistance, j'obtienne la grâce que je demande (nommer la grâce), et que je puisse ainsi glorifier de plus en plus le Seigneur qui opère par vous de si grandes merveilles.
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