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bienheureuse anne catherine emmerich
10 mars 2019

Le Mois de Saint Joseph

Le Mois de Saint Joseph

Avec la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich

Nativity-Village-web

Onzième jour

Bethléem

 

De la dernière station jusqu’à Bethléem, il y avait environ trois heures de marche. Joseph et Marie firent un détour au nord de Bethléem, et s’approchèrent de la ville par le côté du couchant. Ils firent une halte sous un arbre, en dehors de la route. Marie descendit de l'âne et mit ses vêtements en ordre. Alors Joseph se dirigea avec elle vers un grand édifice entouré d'autres bâtiments plus petits et de cours, à quelques minutes en avant de Bethléem. Il y avait aussi là de grands arbres, et beaucoup de gens avaient dressé des tentes dessous. C’était l’ancienne maison de la famille de David, qu’avait possédée le père de Joseph. Des parents ou des connaissances de Joseph y habitaient encore ; mais ils le traiteront en étranger et ne voulurent pas le reconnaître. C’était maintenant la maison où l’on recevait les impôts pour le gouvernement romain.

Joseph, accompagné de la sainte Vierge et tenant l’âne par la bride, se rendit à cette maison; car tous ceux qui arrivaient devaient s’y faire connaître et y recevaient un billet sans lequel on ne laissait pas entrer à Bethléem. La jeune ânesse n’est pas avec eux ; elle court autour de la ville, vers le midi, au fond d‘un petit vallon. Joseph est entré dans le grand bâtiment ; Marie est dans une petite maison sur la cour, avec des femmes. Elles sont assez bienveillantes pour elle et lui donnent à manger.... Ces femmes préparent à manger pour les soldats... Ce sont des soldats romains ; on les reconnaît aux bandes de cuir qui enveloppent leurs jambes. Il fait un temps magnifique et nullement froid. Le soleil se montre au-dessus de la montagne qui est entre Jérusalem et Béthanie. On a d’ici une très-belle vue... Joseph est dans une grande pièce qui n’est pas au rez-de-chaussée ; on lui demande qui il est, et on consulte de grands rouleaux, dont plusieurs sont suspendus aux murs ; on les déploie, et on y lit sa généalogie, ainsi que celle de Marie. Il ne paraissait pas savoir qu’elle descendait directement de David par Joachim. On lui demanda aussi où était sa femme...

Joseph est un peu en retard pour payer l’impôt, mais on a des égards pour lui... On lui a demandé encore quels étaient ses moyens d‘existence, et il a répondu qu’il n’avait pas de biens-fonds, qu‘il vivait de son métier, et qu’il était en outre aidé par sa belle-mère.

Enfin, Joseph put descendre; et quand il fut descendu, on appela Marie dans une galerie devant les scribes, mais ils ne lui lurent pas leurs papiers. Ils dirent à Joseph qu’il aurait pu se dispenser d’amener sa femme avec lui, et ils eurent l‘air de le plaisanter à cause de la jeunesse de Marie. Ce qui le rendit un peu confus.

Au sortir de là, Joseph et Marie entrèrent dans la ville, dont les maisons étaient séparées les unes des aulnes par d’assez longs intervalles. On entrait à travers des décombres et comme par une porte détruite. Marie se tint tranquillement près de l’âne à l‘entrée de la rue, et Joseph chercha vainement un logement dans les premières maisons, car il y avait beaucoup d‘étrangers à Bethléem, et les rues regorgeaient de monde. Il revint vers Marie, et lui dit qu’on ne pouvait pas trouver à se loger dans ce quartier, et qu‘il fallait aller plus avant dans la ville. Il conduisit l’âne par la bride, pendant que la sainte Vierge marchait a côté de lui. Quand ils furent à l'entrée d’une autre rue, Marie resta de nouveau près de l‘âne, pendant que Joseph alla encore de porte en porte demander un logement, sans pouvoir en trouver. Il revint bientôt tout attristé. Cela se répéta plusieurs fois, et souvent la sainte Vierge eut bien longtemps à attendre. Partout la place était prise, partout on le rebute, et il finit par dire à Marie qu’il fallait aller dans une autre partie de Bethléem, où ils trouveraient sans doute ce qu’ils cherchaient. Ils revinrent alors sur leurs pas, dans la direction contraire à celle qu’ils avaient prise en venant, puis ils tournèrent au midi. Ils suivirent une rue qui ressemblait plutôt à un chemin dans la campagne, car les maisons étaient isolées et placées sur de petites élévations. ça aussi, toutes les tentatives furent vaines et inutiles.

Arrivés de l’autre côté de Bethléem, où les maisons étaient encore.plus dispersées, ils y trouvèrent un grand espace vide situé dans un fond : c’était comme un champ désert dans la ville. Il y avait là une espèce de hangar, et à peu de distance un grand arbre assez semblable à un tilleul, dont le tronc était lisse et dont les branches s’étendaient au loin et formaient comme un toit autour de lui. Joseph conduisit la sainte Vierge à cet arbre ; il lui arrangea avec des paquets un siégé commode au pied du tronc, afin qu'elle pût se reposer pendant qu‘il chercherait encore un logement dans les maisons d’alentour. L’âne resta la tête tournée vers l’arbre. Marie se tint d’abord debout, appuyée contre le tronc.Sa robe de laine blanche n’avait pas de ceinture et tombait en plis autour d’elle ; sa tête était couverte d’un voile blanc ; Plusieurs personnes passèrent et la regardèrent, ne sachant pas que leur Sauveur fût si près d‘elles. Combien elle était patiente, humble et résignée ! Il lui fallut attendre bien longtemps, et elle s’assit enfin sur les couvertures, les mains jointes sur la poitrine et la tête baissée. Joseph revint tout triste vers elle ; il n’avait pas pu trouver de logement. Les, amis dont il avait parlé à la sainte Vierge voulaient a peine le reconnaître. Il pleurait, et Marie le consolait. Il alla encore de maison en maison ; mais comme, pour faire mieux accueillir ses prières, il parlait de la prochaine délivrance de sa femme, il s‘attirait par la des. refus plus formels.

Il y avait moins de monde dans cette partie de la ville. Cependant les passants finirent par s’arrêter et regarder de loin avec curiosité, comme on fait ordinairement quand on voit quelqu’un rester longtemps a la même place a la chute du jour. Quelques uns même adressèrent la parole à Marie et lui demandèrent qui elle était. Enfin Joseph revint ; il était tellement troublé, qu‘il osait à peine s’approcher d'elle. Il lui dit que tout était inutile, mais qu’il connaissait en avant de la ville un endroit où des bergers s‘établissaient souvent quand ils venaient à Bethléem avec leurs troupeaux, et qu'ils trouveraient la au moins un abri. Il connaissait ce lieu depuis sa jeunesse : quand ses frères le tourmentaient, il s‘y retirait souvent pour y prier a l’abri de leurs persécutions. Il disait que si les bergers y venaient, il s‘arrangerait aisément avec eux ; mais que, du reste, ils s‘y tenaient rarement à cette époque de l'année. Quand elle y serait tranquillement établie, ajoutait-il, il ferait de nouvelles recherches.

Ils sortirent alors par le côté oriental de Bethléem, suivant un sentier désert qui tournait à gauche. C’était un chemin semblable à celui que l’on suivrait en marchant le long des murs écroulés, des fossés démolis et des fortifications en ruine d‘une petite ville démantelée. Le chemin montait d‘abord un peu, puis il descendait la pente. d’un monticule, et il les conduisit à quelques minutes à l’est de Bethléem devant le lieu qu’ils cherchaient, près d’une colline ou d’un vieux rempart, en avant duquel se trouvaient quelques arbres. C’étaient des arbres verts, des térébinthes ou des cèdres, et d‘autres arbres qui avaient de petites feuilles comme celles du buis. Tout ce côté de Bethléem ressemblait aux abords d’une petite ville autrefois fortifiée.

 

Considération

Saint Joseph d’après le Père Suffren

 

Le Père Suffren, de la Compagnie de Jésus, est auteur d’une Année chrétienne, qu’il composa à la prière de saint François de Sales, et d’où nous tirons la méditation suivante, intitulée : « La Couronne des douze Privilèges de saint Joseph ». Tout aussi bien, après avoir entendu sur saint Joseph, saint Bernardin, de l’ordre de Saint François, Isidore des Iles, de l’ordre de Saint Dominique, sainte Thérèse, de l’ordre des Carmes, il est bien naturel d’entendre un des premiers Pères de l’illustre Compagnie. Ils sont d’ailleurs nombreux, les Jésuites qui ont écrit sur le saint Patriarche. Voici donc ce qu’en dit le P. Suffren :

« De même que la Vierge destinée à être Mère de Dieu a en des privilèges très grands, conformes à cette dignité, de même Dieu a fait de grandes faveurs à saint Joseph, l’ayant destiné à être l’Epoux de la Vierge et le Père nourricier de Jésus. Dans les autres mariages, les femmes prennent leur honneur et leur dignité des maris, uxores coruscant radiis maritorum ; mais en celui-ci, le mari le prend de la femme. Et comme la sainte Vierge est couronnée de douze étoiles, qui sont douze principaux privilèges, ainsi en est-il de saint Joseph.

1° Elle a été conçue sans la tache du péché originel et sanctifiée dans le sein de Sa mère. Lui, conçu vraiment dans le péché originel, mais sanctifié avant de naître, selon l‘opinion des docteurs.

2° Elle n’a jamais en la rébellion des passions contre la raison, ni le foyer du péché, et jamais elle n’a commis aucun péché, ni mortel, ni véniel. En lui la même rébellion a été éteinte ou liée, et il n‘a jamais commis de péché mortel ; il n’en a commis que fort peu de véniels, toute sa vie ayant été une continuelle oraison et union avec Dieu.

3° Elle a été toujours Vierge et à fait voeu de Virginité. Lui aussi a été tel.

4° Elle a connu la première, par révélation de l’Ange Gabriel, le mystère de l’Incarnation. Lui, trois mois après, l‘a connu par là révélation du même Ange.

5° Elle a été la vraie Mère de Jésus, ayant sur lui l‘autorité de mère. Lui, le Père putatif, et à juste raison, car, par le mariage, la personne de la Vierge tombait sous son domaine. Donc le fruit qui a été produit lui appartient, comme les métaux qui naissent dans les champs sont au maître du champ, et comme la fleur produite miraculeusement en un jardin appartient au maître du jardin. Le mariage faisant du mari et de la femme une même personne civile, tout est commun entre eux ; et le mari étant le chef de la famille, saint Joseph était le chef dans cette sainte Famille, où se trouvaient Jésus et Marie. Il avait l‘autorité de père sur Jésus, et de mari sur la Vierge. Jésus lui était sujet et obéissant comme à son père, et la Vierge comme à son époux. Oh ! Quel honneur de commander à ceux qui commandent au ciel et sur la terre avec une pleine puissance !

6° Elle a été la nourrice de Jésus, l’ayant nourri de son propre lait dès le berceau ; et elle a été spirituellement nourrie par son Fils. Lui, le nourricier de Jésus tant qu’il a vécu, gagnant par son travail ce dont il pouvait le nourrir, et en récompense il a été nourri par lui intérieurement en son âme.

7° Elle a conversé familièrement avec Jésus durant les trente ans de sa vie cachée, et elle l’a suivi souvent durant les trois ans de ses prédications ; et par cette conversation, elle a continuellement accru la grâce et la sainteté qui était en elle. Lui a conversé avec la Vierge et vécu avec Jésus à Nazareth et en Egypte presque trente ans, travaillant avec lui à l’office de charpentier ; et il l’eût suivi dans ses prédications, s’il eût été en vie en ce temps-là.

8° Elle a été remplie de grâce et de lumière divines par-dessus tous les Anges et tous les Saints. Lui a plus de grâces que les autres Saints, comme ayant été plus proche et ayant communiqué plus souvent aux deux fontaines de grâce, Jésus et Marie, et ayant vu leurs actions et entendu leurs saints discours. Si Moïse, pour avoir conversé quarante jours avec un Ange à la montagne, avait sa face si lumineuse, quelle a été la face de l’âme de saint Joseph, ayant tant d‘années conversé avec le Roi et la Reine des Anges ?

9° Elle est morte par un excès de l'ardeur de l’amour de Dieu, une pareille mort étant convenable à celle qui est Mère de Dieu. Lui est mort entre les bras de Jésus et de Marie, enflammé du feu de l‘amour de Dieu, qu’ils lui jetaient dans le cœur.

10° Elle est ressuscitée trois jours après sa mort ; elle est au ciel en corps et en âme. Lui est ressuscité trois ans après sa mort, lorsque plusieurs ressuscitèrent avec Jésus-Christ, et il est au ciel en corps et en âme.

11° Elle est la plus élevée dans le ciel près de Jésus, son cher Fils. Lui est le plus élevé dans le ciel près de la Vierge, sa chère Epouse.

12° Elle est la médiatrice des hommes envers son Fils. Lui le médiateur des hommes envers la Vierge, son Épouse, et envers Jésus, son Fils putatif.

Honorez donc ce Saint et respectez-le pour ces douze privilèges... Réjouissez-vous avec lui de ce que son ministère regarde directement l’ordre de l’union personnelle du Verbe divin avec notre chair.... Réjouissez-vous avec la Vierge de ce qu’elle a eu un tel Epoux... Imitez-le, car sa grande sainteté lui est venue d'avoir conversé familièrement tant d‘années avec Jésus et Marie... Considérez bien leurs vies, et pratiquez leurs vertus... »

 

Pratique

Cordon de Saint Joseph

 

Le Cordon de saint Joseph est un petit cordon blanc, en laine, fil ou coton, se terminant à une de ses extrémités par sept noeuds qui rappellent ses mystères joyeux, douloureux et glorieux, et que l‘on porte sur les reins, par mode de ceinture, en l’honneur du saint Patriarche, et dans le but d’obtenir, avec sa protection spéciale, la pureté de l’âme, la chasteté de son état, la persévérance finale et une assistance particulière à l’heure de la mort. Il doit être bénit par un Prêtre ayant le pouvoir de le donner, comme, par exemple, le Directeur de l’Archiconfrérie de Beauvais, ou un Prêtre son délégué.

Les Associés du saint Cordon peuvent, pourvu qu’ils récitent chaque jour la prière « Ô saint Joseph, père et protecteur, etc »., gagner l’Indulgence plénière : 1° le jour de l’admission ; 2° aux Fêtes de saint Joseph, 23 janvier, 19 mars et le 3e Dim. après Pâques ; 3° à l'article de la mort ; et l’Indulgence de sept ans et sept quarantaines chaque Dimanche qui suit les Quatre Temps ; quand on visite l’Eglise de la Confrérie, ou à son défaut, l’Eglise paroissiale ; quand on y assiste à quelque office ; quand on accompagne le Très Saint Sacrement ; quand on fait telle ou telle œuvre de piété et de charité.

Toutes ces Indulgences sont applicables aux âmes du Purgatoire, et l’Indulgence plénière de l’autel privilégié est attachée à toutes les Messes célébrées pour les Associés défunts, à quelque autel ou dans quelque Eglise que ce soit.

 

Prière

Universelle et pour tous

 

Glorieux saint Joseph, vous dont le cœur virginal et paternel est ouvert a tous ceux qui implorent votre secours, du haut des cieux jetez sur nous tous un regard favorable et obtenez-nous à tous la grâce de toujours vivre conformément à la divine volonté, en imitant vos vertus, et surtout votre foi, votre humilité, votre chasteté, votre douceur. Ô bon saint Joseph, priez votre Jésus pour le triomphe de la sainte Eglise, pour le Souverain Pontife, pour les Evêques, les Prêtres et tous les ordres religieux ; pour la persévérance des justes, pour la conversion des pécheurs, pour le retour des hérétiques et des schismatiques à l‘unité ; pour les mourants, pour les âmes du Purgatoire, pour les pauvres, les affligés ; pour tous ceux qui souffrent ; pour toutes les familles chrétiennes, et tout particulièrement pour la mienne, en vous faisant le pourvoyeur de tous ses besoins, le protecteur et le défenseur de tous ses intérêts. Veillez aussi sur.notre pauvre patrie. Que la religion, l'ordre et la paix, les vertus et les bonnes mœurs y refleurissent. Que tous nos cœurs, enfin, soient embrasés de l’amour de Jésus et de Marie, et, à notre dernière heure, venez avec eux nous défendre, nous assister et recevoir notre âme entre vos bras bénis, afin qu’éternellement nous puissions avec vous aimer et bénir la très sainte Trinité qui vous a couronné de tant de gloire. Ainsi soit-il.

 

Extrait du « Mois de Saint Joseph ou Vie de Saint Joseph d’après Anne-Catherine Emmerich » par C.F. Fouet. Saint Dizier, Paris, 1872

 

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Téléchargez le texte de cette méditation (PDF) en cliquant ici

 

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9 mars 2019

Le Mois de Saint Joseph

Le Mois de Saint Joseph

Avec la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich

Voyage-a-Bethleem-St-Sauveur-in-Chora

Dixième jour

Voyage vers Bethléem

 

Le voyage de Nazareth à Bethléem dura dix jours. Le premier jour, au matin, les saints voyageurs arrivèrent à six lieues de Nazareth, dans une plaine appelée Ghinim, où l’ange était apparu à Joseph l’avant-veille. Anne possédait un pâturage en cet endroit, et ses serviteurs vinrent y prendre l’ânesse d’un an que Joseph devait emmener avec lui. Elle courait tantôt en avant et tantôt en arrière de la petite troupe. Anne et Marie de Cléophas prirent ici congé des saints voyageurs et s’en retournèrent avec les serviteurs.

Cependant Joseph et Marie continuèrent leur route par un chemin qui montait vers les montagnes de Gelboë. Ils ne passaient pas dans les villes, et suivaient la jeune ânesse qui prenait toujours des chemins de traverse. C’est ainsi qu’ils gagnèrent une propriété de Lazare, à peu de distance de la ville de Ghinim, du côté de Samarie. L’intendant les reçut amicalement. Il les avait connus lors d’un autre voyage. Leur famille avait des relations avec celle de Lazare. Il y avait là de beaux vergers et des allées. La position était si élevée, qu’on avait du toit une vue très étendue. Lazare avait hérité ce bien de son père. Notre Seigneur Jésus-Christ s’arrêta souvent en cet endroit pendant sa prédication, et enseigna dans les environs. L’intendant et sa femme s’entretinrent très amicalement avec la Sainte Vierge, et se montrèrent étonnes qu’elle eût entrepris ce grand voyage dans la position où elle se trouvait, lorsqu’elle pu rester commodément établie dans la maison de sa mère.

Le surlendemain, les saints Epoux étaient à quelque lieues au-delà de l’endroit que nous venons de citer, se dirigeant, pendant la nuit, vers une montagne le long d’une vallée très froide. Il avait gelé. La Sainte Vierge souffrait beaucoup du froid, et elle dit à Joseph : « Il faut nous arrêter ; je ne puis pas aller plus loin ». À peine avait-elle dit ces paroles, que l’ânesse, qui les devançait, s’arrêta sous un grand térébinthe très vieux qui se trouvait près de là, et dans le voisinage duquel était une fontaine. Ils firent halte sous cet arbre : Joseph arrangea avec des couvertures un siège pour la sainte Vierge, qu’il aida à descendre de son monture, et qui s’assit contre l’arbre. Joseph suspendit à une branche de l’arbre la lanterne qu’il portait avec lui. C’était l’usage des gens qui voyageaient dans ce pays.

Cependant la Sainte Vierge conjura Dieu de ne pas permettre que le froid lui fut nuisible. Au même instant, elle sentit une si grande chaleur qu’elle tendit les mains à Saint Joseph pour qu’il y réchauffa les siennes. Ils se réconfortèrent un peu avec des petits pains et des fruits qu’ils avaient avec eux, et burent l’eau de la fontaine voisine dans laquelle ils mirent du baume que Joseph portaient dans un cruchon. Joseph consola et encouragea le Sainte Vierge. Il était si bon ! Il souffrait tant de ce que ce voyage était si pénible ! Il lui parla du bon logis qu’il espérait lui procurer à Bethléem. Il connaissait une maison appartenant à de très braves gens, où ils seraient commodément à très bon compte. Il lui vanta Bethléem en général, et lui dit tout ce qui pouvait la consoler. Mais hélas ! Les choses devaient se passer tout autrement.

À ce point de leur voyage, ils avaient passé deux petits cours d’eau ; ils avaient traversé l’un d’eux sur un pont élevé, et les deux ânes avaient passé à gué. La jeune ânesse qui courait en liberté avait des allures singulières. Quand la route était bien tracée, entre deux montagnes, par exemple, et qu’on ne pouvait se tromper, tantôt elle courait derrière les voyageurs, tantôt elle allait bien loin. Quand le chemin se partageait, elle reparaissait toujours et prenant la bonne direction. Lorsqu’ils devaient s’arrêter, elle s’arrêtait elle-même, comme lors de leur halte sous le térébinthe. On ne sais pas s’ils passèrent la nuit sous cet arbre, ou s’ils atteignirent un autre gite.

Ce térébinthe était un vieil arbre sacré qui avait fait partie du bois de Moreh, près de Sichem. Abraham venant de la terre de Canaan, y a vu apparaître le Seigneur, qui lui avait promis cette terre pour sa postérité. Il avait élevé un autel sous le térébinthe. Jacob, avant d’aller à Bethel pour y offrir un sacrifice au Seigneur, avait enfoui sous ce térébinthe les idoles de Laban et les bijoux que sa famille avait avec elle. Josué y avait érigé le tabernacle où était l’Arche d’Alliance, et y ayant rassemblé le peuple, l’avait fait renoncer aux idoles. C’est aussi en ce lieu qu’Abimelech, fils de Gédéon, avait été proclamé roi par les Sichémites.

Le troisième jour, Joseph et Marie arrivèrent à une grande ferme, à deux lieues plus au midi que le térébinthe. La maîtresse de la maison était absente, et le maître refusa de recevoir Saint Joseph, lui disant qu’il pouvait bien aller plus loin. Quand ils eurent fait un peu de chemin au-delà, ils trouvèrent une jeune ânesse dans une cabane de bergers, où ils entrèrent aussi. Quelques bergers, qui étaient aussi occupés à la vider, les accueillirent avec beaucoup de bienveillance. Ils leur donnèrent de la paille et des petits paquets de jonc et de ramée pour faire du feu. Ces bergers allèrent à la maison d’où ils avaient été repoussés ; et quand ils racontèrent à la maîtresse de cette maison combien Joseph paraissait bon et pieux, combien sa femme était belle et avait l’air sainte, elle fit des reproches à son mari pour avoir repoussé de si excellentes gens. Puis cette femme se rendit aussitôt près de la cabane où s’était arrêtée la Sainte Vierge ; mais elle n’osa pas entrer, par timidité, et retourna chez elle pour y prendre quelques aliments.

Le lieu où ils se trouvaient était sur le versant nord d’une montagne, à peu près entre la Samarie et le Thebez. À l’orient de ce lieu, au-delà du Jourdain, se trouve Succoth ; Ainon est un peu plus au midi ; toujours au-delà du fleuve ; Salem est en deçà. Il pouvait y avoir douze lieues de là à Nazareth.

Au bout de quelques temps, la femme vint avec deux enfants trouver les saints voyageurs, apportant avec elle quelques provisions. Elle s’excusa poliment et se montra touchée de leur position. Quand les voyageurs eurent mangé et pris quelques repos, le mari vint aussi, et demanda pardon à saint Joseph de l’avoir repoussé. Il lui conseilla de monter encore une lieue vers le sommet de la montagne, lui disant qu’il pouvait y arriver à un bon gite avant le commencement du Sabbat, et y rester pendant le jour du repos. Sur/quoi Joseph et Marie se mirent en route.

Quand ils eurent fait à peu près une lieue en montant toujours, ils arrivèrent à une hôtellerie d’assez bonne apparence, composée de plusieurs bâtiments entourés de jardins et d’arbres. Il y avait aussi là des arbrisseaux qui donnent le baume, rangés en espaliers. Cependant l’hôtellerie était encore sur le côté nord de la montagne.

La sainte Vierge avait mis pied à terre, Joseph conduisait l’âne. Ils s’approchèrent de la maison, et Joseph pria l’hôte de les loger ; mais celui-ci s’excusa, parce que son hôtellerie était pleine. Sa femme vint alors, et comme la sainte Vierge s’adressa à elle et lui demanda avec la plus touchante humilité de leur procurer un logement, cette femme ressentit une profonde émotion, et l‘hôte aussi ne put plus résister. Il leur arrangea un abri commode dans une cabane voisine et mit leur âne a l'écurie. L’ânesse n’était pas là : elle courait en liberté dans les environs. Elle était toujours, loin d‘eux quand elle n’avait pas a montrer le chemin.

Joseph apprêta sa lampe, sous laquelle il se mit en prières avec la sainte Vierge, observant le sabbat avec une piété touchante. Ils mangèrent quelque chose, et se reposèrent sur des nattes étendues par terre.

Le quatrième jour était le jour du Sabbat, et les saints Epoux restèrent dans ce lieu toute la journée, priant ensemble. La femme de l’hôte resta presque toujours près de la Sainte Vierge avec ses trois enfants. L’autre femme qui s’était montrée la veille si compatissante vint aussi la visiter avec ses deux enfants. Elle s’assirent auprès d’elle d’un air très amical, et furent très touchées de la modestie et de la sagesse de Marie.

La Sainte Vierge s’entretint avec les enfants et leur donna des instructions. Les enfants avaient avec eux de petits rouleaux de parchemins. Marie leur en fit lire quelques passages qu’elle leur expliqua avec tant de bonté, qu’ils ne la quittaient plus des yeux. C’était touchant de voir, et encore plus touchant à entendre.

Saint Joseph, dans l’après-midi, se promena avec l’hôte dans les environs, examina les jardins et les champs et tint avec lui des discours édifiants. C’est ce que faisaient toujours les gens pieux du pays le jour su sabbat. Les saints voyageurs restèrent encore en ce lieu la nuit suivante.

Les bons hôteliers de la Sainte Famille avaient pris la Sainte Vierge en affection à un degré incroyable, et ils lui témoignèrent une tendre compassion pour son état. Ils la prièrent amicalement de rester chez eux et d’y attendre le moment de sa délivrance. Ils lui montrèrent une chambre commode qu’ils voulaient lui donner. La femme lui offrit du fond du coeur tous ses soins et toute son amitié ; mais Joseph et Marie reprirent le voyage de grand matin, le lendemain du Sabbat, et descendirent par le côté sud-est de la montagne dans une vallée. Ils s’éloignèrent alors davantage de Samarie, où semblait les conduire la direction qu’ils avaient prise jusque là. Pendant qu’ils descendaient, ils pouvaient voir le temple qui est sur le mont Garizim. On l’apercevait de très loin. Il y avait sur le toit plusieurs figures de lions ou d’autres animaux qui brillaient au soleil.

Ils firent en ce jour environ six lieues. Vers le soir, étant dans une plaine à une lieue au sud-est de Sicham, ils entrèrent dans une assez grande maison de bergers, où ils furent bien accueillis. Le maître de la maison était chargé de surveiller les vergers et des champs qui dépendaient d’une ville voisine. La maison n’était pas tout à fait dans la plaine, mais sur une pente. Ici tout était plus fertile et en meilleure condition que dans le pays parcouru précédemment, car ici ont était tourné vers le soleil, ce qui dans la terre promise, fait une différence considérable à ce moment de l’année. D’ici jusqu’à Bethléem il y avait beaucoup de semblables habitations de bergers, dispersées dans les vallées.

Les habitants de ces vallées étaient de ces bergers dont plusieurs des trois rois mages, restés en Palestine, épousèrent plus tard les filles. D’une de ces unions provenait un garçon que Notre Seigneur guérit dans cette maison, à la prière de la Sainte Vierge, le 31 juillet de la seconde année de sa prédication, après son colloque avec la Samaritaine. Jésus le prit, ainsi que deux autres jeunes gens, pour l’accompagner dans le voyage qu’il fit en Arabie après la mort de Lazare, et il devint plus tard disciples du Sauveur. Jésus s’arrêta souvent ici et y enseigna. Il y avait des enfants dans cette maison, Joseph les bénit avant son départ.

Le sixième jour, Joseph et Marie suivirent un chemin plus uni. La sainte Vierge allait de temps en temps à pied. Ils trouvaient plus souvent des haltes commodes où ils se réconfortaient. Ils avaient avec eux des petits pains et une boisson à la fois rafraîchissante et fortifiante dans de petites cruches très élégantes qui avaient deux anses et brillaient comme du bronze. C’était du baume que l’on mêlait avec de l’eau. Ils cueillaient aussi des baies et des fruits qui pendaient encore aux arbres et aux buissons dans certains endroits exposés au soleil. Le siège de Marie sur l’âne avait à droite et à gauche des espèces de rebords sur lesquels les pieds s’appuyaient, de sorte qu’il ne pendaient pas comme chez les gens de la campagne qui vont à âne dans notre pays. Ses mouvements étaient singulièrement posés et décents. Elle s’asseyait alternativement à droite et à gauche. La première chose que faisait Joseph, quand on faisait une halte ou qu’on entrait quelque part, était de chercher une place où la sainte Vierge pût s‘asseoir et se reposer commodément. Il se lavait souvent les pieds, ainsi que Marie. En général, ils se lavaient souvent.

Il faisait déjà nuit lorsqu’ils arrivèrent à une maison isolée. Joseph frappa et demanda l’hospitalité. Mais le maître du logis ne voulut pas ouvrir; et quand Joseph lui représenta la situation de Marie, qui n‘était pas en état d’aller plus loin, ajoutant qu‘il ne demandait pas à être logé gratuitement, cet homme dur et grossier répondit que sa maison n’était pas une auberge, qu‘il voulait qu‘on le laissât tranquille et qu‘on cessait de frapper, et autres choses semblables. Cet homme intraitable n’ouvrit même pas, mais fit sa grossière réponse à travers la porte fermée. Ils continuèrent donc leur chemin, et au bout de quelque temps ils entrèrent dans un hangar près duquel ils trouvèrent l’ânesse arrêtée. Joseph se procura de la lumière et prépara un lit pour la sainte Vierge, qui l’y aida. Il fit aussi entrer l’âne, pour lequel il trouva de la litière et du fourrage, ils prièrent, mangèrent un peu, et dormirent quelques heures.

De la dernière hôtellerie jusqu’ici il pouvait y avoir six lieues de chemin. Ils étaient maintenant à environ vingt-six lieues de Nazareth et à dix de Jérusalem. Jusqu’alors ils n’avaient pas suivi la grande route, mais avaient traversé plusieurs chemins de communication qui allaient du Jourdain à Samarie, et aboutissaient au grandes routes qui conduisaient de Syrie en Egypte. Les chemins de traverse qu’ils suivaient étaient très étroits ; dans la montagne, ils étaient souvent si resserrés, qu’il fallait beaucoup de précautions pour y avancer sans broncher. Mais les ânes y marchaient d’un pas très assuré. La présente station était dans la plaine.

Joseph et Marie quittèrent ce dernier lieu le lendemain avant le jour. Le chemin redevint un peu montant. Ils durent toucher à la route qui conduisait de Gabara à Jérusalem, et qui formait en cet endroit de limite entre la Samarie et la Judée. Ils furent encore une fois grossièrement repoussés d’une maison. Comme ils étaient à plusieurs lieues au nord-est de Béthanie, il arriva que Marie étant très fatiguée éprouva le besoin de prendre quelque chose et de se reposer. Alors Joseph se détourna de là dans un endroit où se trouvait un beau figuier qui était ordinairement chargé de fruits. Cet arbre était entouré de bancs où l’on pouvait se reposer, et Joseph le connaissait depuis un de ces précédents voyages. Mais quand il y arrivèrent, ils n’y trouvèrent pas un seul fruit, ce qui les attrista. Plus tard Jésus rencontra cet arbre, qui était couvert de feuilles vertes mais ne portait plus de fruits. Il le maudit dans un voyage qu’il fit après s’être enfui de Jérusalem, et l’arbre se dessécha entièrement.

Ils approchèrent ensuite d’une maison dont le maître commença par traiter grossièrement Joseph qui lui demandait humblement l’hospitalité. Il regarda la sainte Vierge à la lueur de sa lanterne et railla Joseph de ce qu’il tenait avec lui une femme aussi jeune. Mais la maîtresse de la maison, étant survenue, eut pitié de la sainte Vierge, leur offrir amicalement une chambre dans un bâtiment attenant à la maison, et leur porta même quelques petits pains. Le mari se repentit aussi de sa grossièreté, et se montra très serviable envers les saints voyageurs.

Ils allèrent plus tard dans une troisième maison, habités par un jeune ménage. On les y accueillit, mais sans beaucoup de courtoisie : on ne s’occupa guère d’eux. Ces gens n’étaient pas des bergers aux mœurs simples, mais comme les riches paysans de ce pays, assez occupés d’affaires, de négoce, et le reste.

Jésus visita une de ces maisons, après son baptême, le 20 octobre, le 1er du mois de Tisri. On avait fait un oratoire de la chambre où ses parents avaient passé la nuit. C’était peut être la maison dont le maître avait d’abord raillé Saint Joseph. Quoi qu’il en soit, on avait fait cet arrangement après les miracles qui signalèrent la naissance du Sauveur.

Joseph fit des haltes fréquentes à la fin du voyage ; car la sainte Vierge en était de plus en plus fatiguée. Ils suivirent le chemin que leur indiquait la jeune ânesse, et firent un détour d‘une journée et demie à l’est de Jérusalem. Joseph connaissait très bien cette contrée, parce que son père y avait possédé des pâturages. Si ils avaient traversé directement le désert qui est au midi derrière Béthanie, ils auraient atteint Bethléem en six heures ; mais ce chemin était montueux et très incommode dans cette saison. Ils suivirent donc l’ânesse le long des vallées et se rapprochèrent un peu du Jourdain.

Le huitième jour, les saints voyageurs arrivèrent à une grande maison de bergers, qui pouvait être à trois lieues de l’endroit où Jean baptisait dans le Jourdain, et à environ sept lieues de Bethléem. C’est la maison où, trente ans après, Jésus passa la nuit la veille du jour où, pour la première fois après son baptême, il passa devant Jean-Baptiste. Près de cette maison, se trouvait une grange séparée où étaient déposés les instruments de labourage et dont se servaient les bergers, Il y avait dans la cour une fontaine entourée de bains qui recevaient par des conduits l‘eau de cette fontaine. Le maître de la maison devait avoir, des propriétés étendues, et il y avait là une exploitation considérable, où l’on voyait aller et venir de nombreux valets qui prenaient la leur repas.

Le maître de la maison accueillit les voyageurs très amicalement et se montra fort serviable. On les conduisit dans une chambre commode et en prit soin de leur âne. Un domestique lava les pieds de Joseph à la fontaine et lui donna d’autres habits, pendant qu‘on nettoyait les siens qui étaient couverts de poussière ; une servante rendit les mêmes offices à la sainte Vierge. Ils prirent leur repas dans cette maison et y dormirent.

La maîtresse de la maison était d’un caractère assez bizarre, et elle resta renfermée dans sa chambre. Elle avait regardé les voyageurs à la dérobée ; et comme elle était jeune et vaine, la beauté de la sainte Vierge lui avait déplu. Elle craignait, en outre, que Marie ne s‘adressât à elle, ne voulut rester dans sa maison et y faire ses couches. Aussi eût-elle l'impolitesse de ne pas se montrer et prit-elle ses mesures pour que les voyageurs partissent le jour suivant. C’est la femme que Jésus, trente ans après, le 11 octobre, trouva dans cette même maison, aveugle et courbée en deux, et qu’il guérit, après lui avoir donné quelques avis sur son inhospitalité et sa vanité. Il y avait aussi des enfants dans la maison. Joseph et Marie y passèrent la nuit.

Le lendemain, vers midi, ils quittèrent le lieu où ils avaient logé la veille. Quelques habitants de la maison les accompagnèrent jusqu‘à une certaine distance.

Après un court voyage d’environ deux lieues, ils arrivèrent sur le soir à un lieu que traversait une grande route, bordée de chaque côté d'une longue rangée de maisons avec cours et jardins. Joseph avait des parents qui demeuraient en ce lieu, peut-être les enfants du second mariage d’un beau-père ou d‘une belle-mère. Leur maison avait beaucoup d’apparence. Ils traversèrent pourtant cet endroit d’un bout a l’autre ; puis, à une demi-lieue de là, ils tournèrent à droite, dans la direction de Jérusalem, et arrivèrent à une grande hôtellerie, dans la cour de laquelle se trouvait une fontaine avec-plusieurs conduits. Il y avait là beaucoup de gens rassemblés : on y célébrait des funérailles.

L’intérieur de la maison, au centre de laquelle se trouvait le foyer avec un conduit pour la fumée, avait été transformé en une grande pièce par la suppression de cloisons mobiles qui formaient ordinairement plusieurs, chambres séparées. Derrière le foyer étaient suspendues des tentures noires, et en face se trouvait quelque chose qui ressemblait à une bière recouverte en noir. Il y avait là plusieurs hommes qui priaient ; ils portaient de longues robes noires, et par-dessus, des robes blanches plus courtes ; quelques-uns avaient une espèce de manipule noir à franches suspendu au bras. Dans une autre chambres se trouvaient les femmes, entièrement enveloppées dans leurs vêtements ; elles étaient assises sur des coffres très-bas et pleuraient. Les maîtres de la maison, occupés de la cérémonie funèbre, se contentèrent de faire signe aux voyageurs d‘entrer ; mais les serviteurs les accueillirent très-bien et prirent soin d‘eux. On leur prépara un logement à part formé avec des nattes suspendues, qui le faisaient ressembler à une tente. Plus tard les gens de la maison visitèrent les saints voyageurs et s‘entretinrent amicalement avec eux. Ils n’avaient plus leurs vêtements blancs de dessus. Joseph et Marie, après avoir pris un peu de nourriture, prièrent ensemble et se reposèrent.

Le dixième jour, enfin, vers midi, Joseph et Marie se mirent en route pour Bethléem, dont ils étaient encore éloignés d‘environ trois lieues. La maîtresse de la maison les engagea à rester, parce qu‘il lui semblait que Marie pouvait accoucher d’un moment à l‘autre. Marie répondit, après avoir baissé son voile, qu’elle avait encore trente-six heures à attendre. Peut-être a-t-elle dit trente-huit. Cette femme les aurait gardés volontiers, non pas pourtant dans sa maison , mais dans un autre bâtiment. Au moment du départ, Joseph parla de ses ânes avec l’hôte ; il fit l’éloge de ces animaux, et dit qu‘il avait pris l’ânesse avec lui pour la mettre en gage en cas de nécessité. Comme les hôtes parlaient de la difficulté de trouver un logement à Bethléem, Joseph dit qu’il y avait des amis et qu’il y serait certainement bien accueilli. Cela fait vraiment peine a l’entendre parler avec tant d’assurance du bon accueil qu"il attendait. Il en parla encore à Marie pendant la route. On voit par là que même d’aussi saints personnages peuvent se tromper ; mais ces douces illusions de la pieuse confiance ne sont-elles pas souvent, comme ici, un effet de la bonté de Dieu ?

 

Considération

Saint Joseph d’après Saint François de Sales

 

Saint François de Sales aimait à entretenir ses Filles de la Visitation du glorieux Epoux de Marie, pour lequel il avait une affection particulière. Voici la doctrine de son Entretien avec elles sur les vertus de notre Saint Patriarche.

Il commence par comparer Saint Joseph au palmier, le roi des arbres, et qui possède, dit-il, les trois propriétés particulières de la virginité, de l’humilité et de la constance ; lesquelles propriété conviennent davantage à Saint Joseph, qui est, ainsi que la Sainte Eglise nous fait dire, semblable à la palme. Oh ! Quel Saint est le glorieux saint Joseph. Il n’est pas seulement Patriarche, mais le coryphée de tous les Patriarches. Il n’est pas simplement confesseur, mais plus que confesseur ; car dans sa confession sont encloses les dignités des évêques, la générosité des martyrs et de tous les autres saints. C’est donc à juste raison qu’il est comparé au palmier qui est le roi des arbres, et lequel à la propriété de la virginité, celle de l’humilité et de la constance et vaillance, trois vertus dans lesquelles le glorieux saint Joseph a grandement excellé ; et si l’on osait faire des comparaisons, il y en aurait plusieurs qui maintiendraient qu’il surpasse tous les autres saints en ces trois vertus.

Dieu, expose-t-il ensuite, ayant destiné de toute éternité, en sa divine Providence, qu’une Vierge concevrait un fils qui serait Dieu et homme tout ensemble, voulut néanmoins que cette Vierge fût mariée, parce qu’il fallait que cette Vierge conçût et enfantât ce doux trait de vie, Notre Seigneur, sous l’ombre du saint mariage, mariage donc qui n’était point selon l’ordinaire tant pour la communication des biens extérieurs que pour l’union et conjonction des biens intérieurs.

Ô la divine union que celle qui existait entre Notre Dame et le glorieux saint Joseph ! union qui faisait que ce bien des biens éternels, qui est Notre Seigneur, fut et appartint à saint Joseph, ainsi qu‘il appartenait à Notre Dame, non selon la nature qu’il avait prise dans les entrailles de notre glorieuse maîtresse (nature qui avait été formée par le Saint Esprit du très pur sang de Notre Dame), mais selon la grâce, laquelle le rendait participant de tous les biens de sa chère Epouse, et laquelle faisait qu’il allait merveilleusement croissant en perfection. Car de même que l’on voit un miroir opposé aux rayons du soleil recevoir ses rayons très parfaitement, et un autre miroir étant mis vis-à-vis de celui qui les reçoit, bien que le dernier miroir ne prenne et ne reçoive les rayons du soleil que par réverbération, les représente pourtant si fidèlement, que l’on ne pourrait presque pas juger lequel c’est qui les reçoit immédiatement du soleil, ou celui qui est opposé au soleil, ou celui qui ne les reçoit que par réverbération ; de même en était-il de Notre-Dame, laquelle , comme un très pur miroir opposé aux rayons du soleil de justice, rayons qui apportaient en son âme toutes les vertus en leur perfection, perfections et vertus qui faisaient une réverbération si parfaite en saint Joseph, qu’il semblait presque qu'il fût aussi parfait, ou qu‘il eût les vertus en un aussi haut degré comme les avait la glorieuse Vierge notre maîtresse.

Et, partant de ce principe, notre bienheureux exalte la virginité de saint Joseph élevée à un si haut degré par son contact avec celle de la sainte Vierge, qu’elle lui fait surpasser tous les Saints, les Anges et les Chérubins mêmes, en cette vertu tant recommandable de la virginité ; sa très sainte humilité, sous l’abri de laquelle il tient cachées ses grandes vertus et ses si hautes dignités d’Epoux de Marie, et de gouverneur, de Père même putatif de Notre Seigneur ; sa vaillance et sa force contre les deux plus grands ennemis de l’homme, le diable et le monde ; sa constance et sa persévérance contre notre grand ennemi intérieur qui est l’ennui dans la continuation des choses abjectes, humiliantes, pénibles, adverses ; son amour si sincère de la pauvreté, son obéissance si parfaite, sa soumission si entière à la divine volonté, laquelle allait toujours croissant et se perfectionnant, parce qu’il la tirait de Notre Dame, comme Notre Dame tirait sa propre perfection de son divin Fils.

Enfin, notre saint auteur s’écrie, après avoir démontré et affirmé que saint Joseph est très certainement au ciel en corps et en âme : « Oh ! combien serons-nous heureux, si nous pouvons mériter d’avoir part en ses saintes intercessions ! car rien ne lui sera refusé, ni de Notre Dame, ni de son glorieux Fils. Il nous obtiendra, si nous avons confiance en lui, un saint accroissement en toutes sortes de vertus, mais spécialement en celles qu’il a eues au plus haut degré que toutes les autres, qui sont la très sainte pureté de corps et d’esprit, la très aimable vertu d’humilité, la constance, la vaillance et la persévérance, vertus qui nous rendront victorieux, en cette vie, de nos ennemis, et qui nous feront mériter la grâce d’aller jouir en la vie éternelle des récompenses qui sont préparées à ceux qui imiteront l’exemple que saint Joseph leur a donné, étant en cette vie, récompense qui ne sera rien moindre que la félicité éternelle, en laquelle nous jouirons de la claire vision du Père, du Fils et du Saint Esprit. Dieu soit béni.

 

Pratique

Chapelet de saint Joseph

 

Ce qu’on appelle le Chapelet ou Couronne de saint Joseph , se compose de trente grains divisés en trois dizaines, pour honorer les trente années que saint Joseph a passées dans la compagnie de Jésus et de Marie. On le récite plus particulièrement pour demander la grâce d’une bonne mort ; et voici la manière plus ordinaire de le dire :

Sur la croix, après avoir dit « Au nom du Père, etc., » l’on dit : « Vous l‘avez, Seigneur, couronné d’honneur et de gloire, et constitué prince dans votre maison, et sur tout ce qui vous appartient ».

Sur les gros grains : « Que les mérites du chaste Epoux de votre très sainte Mère, ô divin Jésus, viennent en aide à notre insuffisance, afin que par son intercession il nous soit accordé ce qu’il n’est pas en notre pouvoir d’obtenir. Nous vous en conjurons, Seigneur, qui, étant Dieu, vivez et régnez avec le Père dans l’unité du Saint Esprit, pendant les siècles des siècles. Ainsi soit-il ».

Sur les petits grains : « Je vous salue, Joseph, fils de David, homme juste. Epoux de Marie, de laquelle est né Jésus. Saint Joseph, Père nourricier de Jésus, priez pour nous, pauvres pécheurs , maintenant et à l’heure de notre mort. Ainsi soit-il ».

Si cette méthode paraissait compliquée et présentait quelques difficultés dans la pratique, on pourrait y apporter des modifications, comme de dire le Pater sur la croix, l’Ave, Maria, sur les gros grains, et la Salutation à saint Joseph, sur les petits, etc.

 

Invocation

Bon saint Joseph

 

Bon Saint Joseph, protégez-nous et protégez la sainte Eglise ! Bon saint Joseph ! Nous savons bien que Dieu seul est bon, mais puisque le bon Dieu vous a fait bon aussi, le Père, en vous associant à sa divine paternité, le Fils, en vous admettant pendant trente ans dans une incomparable intimité, le Saint Esprit, en vous unissant comme Epoux à la bonne Vierge Marie, rappelez-vous que vous n’avez été fait bon qu’à cause de nous, et afin que rien ne vienne mettre des bornes à votre bonté pour nous.

Protégez-nous ! Car les temps sont bien mauvais, les jours bien malheureux, les dangers bien pressants, et voilà que toutes les vérités saintes sont diminuées parmi les enfants des hommes. Dans cette extrémité, nous avons recours à votre toute-puissante protection, dans la confiance que vous ne rejetterez pas nos prières, mais que vous nous protégerez dans tous nos dangers.

Et protégez la sainte Eglise ! La sainte Eglise si tourmentée, si éprouvée, si persécutée, si accablée, si écrasée, et qui devrait périr mille fois, si elle n’avait pour elle les promesses de celui qui a bien voulu se faire votre Fils. Mais, malgré ces promesses, elle n’en est pas moins trop opprimée. Protégez-la donc, tout-puissant saint Joseph, et sauvez-la de nos jours, comme vous l‘avez sauvée dans ses premiers jours et les anciens temps.

C’est dans ces sentiments que nous vous disons avec Pie IX indulgenciant cette invocation (50 jours pour les associés du Culte Perpétuel), avec tous les associés du Culte Perpétuel,avec tous vos fidèles serviteurs qui poussent vers vous ce cri de leur détresse et de leur confiance : « Bon Saint Joseph, protégez-nous et protégez la Sainte Eglise ! »

 

Extrait du « Mois de Saint Joseph ou Vie de Saint Joseph d’après Anne-Catherine Emmerich » par C.F. Fouet. Saint Dizier, Paris, 1872

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8 mars 2019

Le Mois de Saint Joseph

Le Mois de Saint Joseph

Avec la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich

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Neuvième jour

Départ pour Bethléem

 

Environ 4000 ans s’étaient écoulés depuis la création du monde, 2348 depuis le déluge, 1921 depuis la vocation d’Abraham,1491 depuis la loi de Dieu donnée sur le mont Sinaï, 1005 depuis la dédicace du temple de Salomon, 558 depuis la fin de la captivité de Babylone. On était entré dans la 63e semaine prédite par le prophète Daniel, dans la 194e Olympiade, selon la manière de compter des Grecs, dans la 752e année depuis la fondation de Rome, et l’Empire romain étendait sa domination sur toute la terre. C’est alors que César Auguste ordonna le dénombrement de tous ses habitants. Ce dénombrement fut fait pour la Judée par Cyrinus, gouverneur de Syrie, et l’on vit pendant plusieurs mois le pays parcouru en tous sens par toutes sortes de personnes qui allaient se faire inscrire dans les lieux dont elles étaient originaires.

Cependant la sainte Vierge était auprès de sa mère, sainte Anne, dont la maison était à peu près à une lieue de Nazareth, dans la vallée de Zabulon. Il n’était resté à la maison de Nazareth que la servante qui servait saint Joseph, tandis que Marie était chez sa mère. Du reste, tant qu’Anne vécut, ils n’eurent pas de ménage entièrement séparé ; mais ils recevaient toujours de celle-ci ce dont ils avaient besoin.

Depuis plusieurs semaines aussi, la sainte Vierge était occupée des préparatifs pour la naissance de Jésus-Christ : elle apprêtait des couvertures, des bandages et des langes. Son père Joachim ne vivait plus, et Anne s’était remariée, d’après l’ordre du ciel, à un homme qui avait un emploi dans le Temple, où il inspectait les victimes destinées aux sacrifices ; en dehors du Temple, il restait ordinairement auprès de ses troupeaux, où Anne lui envoyait sa nourriture : c’étaient des petits pains et des poissons qu'elle mettait dans un sac de peau divisé en plusieurs compartiments. Il y avait encore chez sainte Anne une petite fille, d’environ sept ans, qui était souvent près de la sainte Vierge, laquelle lui donnait des leçons. Ce devait être la fille de Marie de Cléophas, qui s’appelait aussi Marie.

C’était donc dans la maison d’Anne que la sainte Vierge passait le temps de sa grossesse, en compagnie de plusieurs autres femmes qui préparaient des effets et des couvertures pour ses couches. Anne avait des propriétés assez considérables en troupeaux et en pâturages. Elle fournissait abondamment la sainte Vierge de tout ce qui lui était nécessaire suivant son état. Comme elle croyait que Marie ferait ses couches chez elle, et que tous ses parents la visiteraient à cette occasion, elle faisait toute espèce de préparatifs pour la naissance de l’Enfant de la promesse. On apprêtait pour cela de belles couvertures et de beaux tapis.

Il y avait une couverture de ce genre, lors de la naissance de Jean, dans la maison d’Elisabeth. Elle était ornée de figures symboliques et de semences tracées à l’aiguille. Au milieu était une espèce d‘enveloppe dans laquelle l‘accouchée se plaçait de telle façon, que, quand les diverses parties de la couverture étaient assujetties autour d’elle avec des lacets et des boutons, elle était là comme un petit enfant dans son maillot, et pouvait facilement rester assise entre des coussins, pour recevoir les visites de ses amies, qui s’asseyaient auprès d’elle sur le bord du tapis.

On préparait aussi dans la maison d’Anne des objets de ce genre, outre des bandelettes et des langes pour l’enfant, dans lesquels on allait jusqu’à faufiler çà et là des fils d‘or et d’argent. Tous ces effets et ces couvertures n’étaient pas uniquement pour l’usage de l’accouchée ; il y avait beaucoup de choses destinées aux pauvres, auxquels on pensait toujours dans ces jours d‘allégresse. La sainte Vierge et d’autres femmes, assises par terre autour d‘un grand coffre, travaillaient à une grande couverture qui était placée sur ce coffre au milieu d’elles. Elles se servaient de petits bâtons où étaient attachés des fils de diverses couleurs. Sainte Anne était très affairée : elle allait ça et la pour prendre de la laine, la partager, et donner leur tâche à chacune des travailleuses.

Cependant Joseph était allé à Jérusalem, où il avait conduit des animaux pour le sacrifice. Il les avait laissés dans une petite hôtellerie située à un quart de lieue en avant de Jérusalem, du côté de Bethléem, et tenue par un vieux ménage sans enfants. C‘étaient des gens pieux, chez lesquels on pouvait loger en toute confiance. Joseph alla de là à Bethléem, mais il ne visita pas les parents qu'il y avait. Il voulait seulement prendre des informations relativement à un dénombrement ou à une levée d’impôts qui exigeaient que chacun comparût dans son lieu de naissance. Il ne se fit pourtant pas encore inscrire, car il avait l’intention, lorsque, le temps de la purification de Marie serait accompli, d‘aller avec elle de Nazareth au Temple de Jérusalem, et de là à Bethléem, où il voulait s’établir. On ne sait pas bien quel avantage il y trouvait, mais le séjour de Nazareth ne lui plaisait pas. C’est pour cela qu’il profita de l’occasion pour aller à Bethléem, où il prit des informations relativement à des pierres et à des bois de charpente, ayant toujours le projet d’y bâtir une maison. Il revint ensuite à l’hôtellerie voisine de Jérusalem, alla offrir son sacrifice au Temple, et se remit en route peur Nazareth.

Mais pendant la nuit, comme il traversait la plaine de Ghinim, à six lieues de Nazareth, un Ange lui apparut et lui enjoignit de partir avec Marie pour Bethléem, car c’était là qu’elle devait mettre son Enfant au monde. L’Ange lui prescrivit aussi ce qu’il devait prendre avec lui. Il devait emporter peu d’effets, et notamment aucune couverture brodée. Il devait aussi, outre l’âne sur lequel Marie monterait, emmener avec lui une ânesse d’un an qui n’avait pas encore eu de petits. Il devait la laisser courir en ‘liberté et suivre toujours le chemin qu’elle prendrait.

Ce soir, Anne se rendit a Nazareth avec la sainte Vierge ; elles savaient que Joseph arriverait. Elles ne paraissaient pourtant pas savoir que Marie irait à Bethléem ; elles croyaient qu’elle mettrait son Enfant au monde dans sa maison de Nazareth, où l’on porta plusieurs des objets qu’on avait préparés. empaquetés dans des nattes. Joseph arriva le soir à Nazareth.

Le lendemain, saint Joseph fit connaître à la sainte Vierge et à sainte Anne ce qui lui avait été dit la nuit précédente. Elles revinrent ensemble dans la maison d’Anne, et firent des préparatifs pour un prompt départ. Anne en était tout attristée. La sainte Vierge savait d’avance qu’elle devait enfanter son Fils à Bethléem, mais elle n’en avait rien dit par humilité. Elle le savait par les prophéties sur la naissance du Messie qu’elle conservait a Nazareth. Elle avait reçu ces écrits de ses maîtresses du Temple, et ces saintes femmes les lui avaient expliqués. Elle les lisait souvent et priait pour leur accomplissement. Ses ardents désirs invoquaient toujours la venue du Messie ; elle appelait toujours bienheureuse celle qui devait mettre au monde le saint Enfant, et désirait seulement pouvoir être la dernière de ses servantes ; elle ne pensait pas, dans son humilité, que cet honneur pût lui être destiné. Comme elle savait, par les textes des prophéties, que le Sauveur devait naître à Bethléem, elle se conforma avec d’autant plus de joie à la volonté divine, et se prépara à un voyage très pénible pour elle dans cette saison, car il faisait souvent un froid très vif dans les vallées, entre les chaînes des montagnes.

Ce même soir donc, Joseph et la sainte Vierge, accompagnés d’Anne, de Marie de Cléophas, et de quelques serviteurs, partirent de maison d’Anne. Marie était assise sur le bât d’un âne qui portait aussi son bagage. Joseph conduisait l’âne. Il y avait un second âne sur lequel sainte Anne devait revenir. Son mari était dans les champs lors du départ de la sainte compagnie.

 

Considération

Saint Joseph d’après Sainte Thérèse

 

Une des gloires de la mission providentielle de sainte Thérèse a été de propager le culte de saint Joseph dans toute l'Église. Par la page céleste qu'on va lire, et dans laquelle sa plume, séraphique a si bien exalté le saint Patriarche, l’illustre réformatrice du Carmel a comme ouvert la carrière aux pieux auteurs qui voudraient publier ses louanges, et donné le signal du culte qui devait lui être rendu. Aussi, depuis lors, que de livres publiés à la gloire de saint Joseph, et qui n’ont été qu’un pieux ou savant commentaire de ce qu’elle a écrit ! Que d‘hommages ont été adressés au glorieux Père nourricier de Jésus, de tous les points du monde catholique ! Et que de ferventes invocations sont sorties des lèvres de tous ceux qui se sont pressés autour de ses autels, et qui n’ont été, à le bien prendre, que l’éclosion des sentiments qu’elle avait fait naître dans tous les cœurs !

« Je pris, nous dit-elle dans sa Vie écrite par elle-même, ch. VI, pour avocat et pour protecteur le glorieux saint Joseph, et je me recommandai très instamment à lui. Ce tendre Père de mon âme, ce bien-aimé Protecteur m'a toujours exaucée au delà de mes prières et de mes espérances. Je ne me souviens pas de lui avoir jamais rien demandé jusqu’à ce jour qu’il ne me l’ait accordé. Quel tableau je mettrais sous les yeux, s’il m‘était donné de retracer les grâces insignes dont Dieu m’a comblée, et les dangers, tant de l’âme que du corps, dont il m’a délivrée par la médiation de ce bienheureux saint !

Le très-Haut donne seulement grâce aux autres Saints pour nous secourir dans tel ou tel besoin ; mais le glorieux saint Joseph, je le sais pas expérience, étend son pouvoir à tous, Notre Seigneur veut nous faire entendre par là que de même qu’il lui fut soumis sur cette terre d’exil, reconnaissant en lui l’autorité d’un père nourricier et d’un gouverneur, de même il se plaît encore à faire sa volonté dans le ciel, en exauçant toutes ses demandes. C’est ce qu’on vu comme moi, par expérience, d’autres personnes auxquelles j’avais conseillé de se recommander à cet incomparable Protecteur. Aussi le nombre des âmes qui l’honorent commence-t-il à être grand, et les heureux effets de sa médiation confirment de jour en jour la vérité des mes paroles.

Connaissant aujourd’hui par une si longue expérience l’étonnant crédit de saint Joseph auprès de Dieu, je voudrai persuader tout le monde de l’honorer d’un culte particulier. Jusqu’ici, j’ai toujours vu les personnes qui ont eu pour lui une dévotion vraie et soutenue par des œuvres faire des progrès dans la vertu ; car ce céleste Protecteur favorise d’une manière frappante l’avancement des âmes qui se recommandent à lui. Déjà, depuis plusieurs années, je lui demande, le jour de sa fête, une faveur particulière, et j’ai toujours vu mes désirs accomplis. Si, par quelque imperfection, ma demande s’écartait tant soit peu du but de la gloire divine, il la redressait admirablement, dans la vue de m’en faire tirer un plus grand bien.

Si j’avais autorité pour écrire, je goûterai un plaisir bien pur à raconter, dans un récit détaillé, les grâces dont tant de personnes sont comme moi redevables à ce grand Saint. Je me contente de conjurer, pour l’amour de Dieu, ceux qui ne me croiraient pas d’en faire l‘épreuve; ils verront par expérience combien il est avantageux de se recommander à ce glorieux Patriarche et de l‘honorer d’un culte particulier. Les personnes d’oraison surtout devraient toujours l’aimer avec une filiale tendresse. Je ne comprends pas comment on peut penser a la Reine des Anges et à tout ce qu’elle essuya de tribulations durant le bas âge du divin Enfant Jésus, sans remercier saint Joseph du dévouement si parfait avec lequel il vint au secours de l’un et de l'autre. Que celui qui ne trouve personne pour lui enseigner l’oraison choisisse cet admirable Saint pour maître, il n’aura pas à craindre de s’égarer sous sa conduite ».

Et fidèle à ses sentiments à l’égard de Saint Joseph, la bienheureuse avait recours à lui dans ses doutes, ses embarras, ses diverses nécessités. Elle lui dédia la plupart de ses fondations, les mit toutes sous sa garde, et plaça de ses mains à la porte d’entrée de tous ses monastères l’image de la Sainte Vierge et de Saint Joseph fuyant en Egypte. Elle voulut aussi que toutes les religieuses eussent une dévotion particulière envers le Saint Patriarche, et elle leur faisait réciter, croit-on, chaque jour, comme elle les récitait elle-même, les dernières paroles de la prière suivante.

 

Pratique

Litanies de Saint Joseph

 

Les Litanies sont une suite d’invocations que l’on adresse, soit à Dieu, à qui nous demandons,sa grâce en lui disant : « Ayez pitié de nous », « secourez-nous », « pardonnez-nous » ; soit aux Saints, à qui nous demandons seulement d‘intercéder pour nous auprès de Dieu, en leur disant : « Priez pour nous ». Nous ne disons pas autre chose, en effet, même à saint Joseph, même à la sainte Vierge, parce que, quelque puissants qu’ils, soient auprès de Dieu, toute leur bienveillance pour nous se borne à un pouvoir d’intercession, intercession, toutefois que l’on pourrait presque dire infaillible.

Dès 1601, le Souverain Pontife Sixte V attacha 200 jours d’Indulgence à la récitation des Litanies de la sainte Vierge, et Pie VII, en 1817, éleva cette Indulgence a 300 jours, en accordant de plus à ceux qui les réciteraient chaque jour une Indulgence plénière à gagner aux cinq Fêtes principales de la sainte Vierge.

Le 8 juin 1862, Pie IX, heureusement régnant, accorda, pour leurs diocèses respectifs, aux Evêques qui le lui demandèrent, 300 jours d’Indulgence à la récitation des Litanies du saint Nom de Jésus.

Le Saint Siège n‘a point attaché, jusqu’à présent, d'Indulgence aux Litanies de saint Joseph ; mais divers Evêques ont enrichi d’une Indulgence de 40 jours celles qu‘ils ont approuvées pour leurs propres Diocèses, et Mgr l’Evêque de Namur a même approuvé une Octave de ces Litanies appliquées a chaque jour de la semaine.

 

Retrouvez le texte des Litanies de Saint Joseph en cliquant ICI

 

Prière

Tirée de Sainte Thérèse

 

Mon bien-aimé Protecteur, que je vous remercie des grâces insignes dont Dieu m'a comblée, et des dangers, tant de l’âme que du corps, dont il m’a délivrée par votre toute-puissante médiation. Je ne me souviens pas, en effet, de vous avoir jamais rien demandé que vous ne me l’ayez obtenu de Dieu ; mais ce dont je me souviens, c’est que vous m’avez toujours exaucée au delà de mes prières et de mes espérances. M’appuyant donc sur la longue expérience que j’ai faite de votre étonnant crédit auprès de Dieu, soit par moi-même, soit par ceux à qui j‘ai conseillé de recourir à votre incomparable protection, je m‘adresse encore à vous en ce moment, dans la pleine confiance que vous ne me refuserez pas les nouvelles grâces que je viens vous demander.

Et vous, Dieu très bon et tout-puissant, qui, dans votre providence, avez destiné le juste saint Joseph pour Epoux à la Vierge Marie, votre Mère, en en faisant votre Père nourricier, daignez, en considération de ses prières et de ses mérites, accorder le calme et la paix à votre Eglise, et nous faire parvenir nous-mêmes à cette glorieuse éternité où vous vivez et régnez avec le Père et le Saint Esprit dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

 

Extrait du « Mois de Saint Joseph ou Vie de Saint Joseph d’après Anne-Catherine Emmerich » par C.F. Fouet. Saint Dizier, Paris, 1872

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7 mars 2019

Le Mois de Saint Joseph

Le Mois de Saint Joseph

Avec la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich

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Huitième jour

Doute de saint Joseph

 

Saint Joseph avait donc laissé Marie à Jutta, où elle resta jusqu’à la naissance de Jean-Baptiste. C’est alors trois mois qu‘elle demeura auprès de sa cousine Elisabeth, qu‘elle ne voulut quitter qu‘après la naissance de son Fils, mais avant sa circoncision. Joseph vint à sa rencontre jusqu’à moitié chemin, probablement jusqu'à Dothan, où, en allant chez Elisabeth, ils s’étaient arrêtés chez un ami du père de Joseph«Vraisemblablement aussi, elle fut accompagnée jusque-là par des parents de Zacharie ou par des amis de Nazareth qui se trouvaient avoir le même voyage à faire.

Mais Joseph, en revenant à Nazareth avec Marie, s’aperçut qu'elle était enceinte. Il fut alors assailli par toutes sortes d’inquiétudes et de doutes, car il ne connaissait pas l’ambassade de l’Ange près de Marie. Aussitôt après son mariage, il était allé à Bethléem pour quelques affaires de famille ; Marie, pendant ce temps, s’était rendue à Nazareth avec ses parents et quelques compagnes. La Salutation angélique avait eu lieu avant le retour de Joseph à Nazareth. Marie, dans Sa timide humilité, avait gardé pour elle le secret de Dieu.

Joseph, plein de trouble et d’inquiétude, n’en faisait rien connaître au dehors, mais luttait en silence contre ses doutes. La sainte Vierge, qui avait prévu cela d’avance, était grave et pensive. Ce qui augmentait encore l’anxiété de Joseph.

Quand ils furent arrivés à Nazareth, la sainte Vierge n’alla pas tout de suite dans, sa maison avec saint Joseph, et demeura deux jours dans une famille alliée à la sienne. C‘étaient les parents du disciple Parménas, qui alors n’était pas né, et qui fut plus tard l’un des sept diacres dans la première communauté des chrétiens à Jérusalem.

Ces gens étaient alliés à la sainte famille : la mère était sœur du troisième époux de Marie de Cléophas, qui fut le père de Siméon, évêque de Jérusalem. Ils avaient une maison et un jardin à Nazareth ; ils étaient aussi alliés à la sainte famille, du côté d’Elisabeth. La sainte Vierge resta quelque temps chez eux avant de revenir dans la maison de Joseph : mais l’inquiétude de celui-ci augmentait à tel point, que, lorsque Marie voulut revenir auprès de lui, il forma le projet de la quitter et de s’enfuir secrètement Pendant qu‘il roulait ce dessein dans son esprit, un Ange lui apparut en songe et le consola, en lui disant:  « Joseph, fils de David, ne craignez point de retenir Marie votre épouse, car ce qui est né en elle est l’œuvre du Saint Esprit. Elle enfantera un Fils, et vous lui donnerez le nom de Jésus, parce que c’est lui qui rachètera son peuple de ses péchés ».

Joseph, à son réveil, fit Ce que l’Ange lui avait ordonné, et ne pensa plus quitter Marie, son épouse.

 

Considération

Saint Joseph d’après Isidore des Iles

 

Isidore d’Isolanis, ou des Iles, que l’on peut appeler le prophète de Saint Joseph, et qui fut au XVIe siècle l’une des illustration du saint et savant Ordre de Saint Dominique, écrivit dès cette époque un ouvrage spécial et considérable sur le Saint Patriarche. Il l’intitula la Somme des Dons de saint Joseph, et le dédia à Adrien VI, en des termes que nous aimons à reproduire, parce qu’ils conviennent, sous beaucoup de rapport, à notre temps et notre immortel Pie IX :

« Très Saint Père, disait-il, l’Italie attendait votre avènement au milieu des larmes. Secouée par les orages des factions, inondée du sang des fidèles, pleurant ses citoyens exilés, gémissant à la vie des maisons monastiques spoliées, affligée de la dispersion des Religieux réduits à la mendicité, elle vous supplie de jeter d’en haut un regard sur tant de maux, et elle désire ardemment de contempler la sainteté, la prudence, la piété et la sagesse de votre pontificat ; car c’est son avènement qui changera en joie notre tristesse.

« Nous y voyons la puissance de Dieu accompagner votre venue, et la sainteté de vos vertus couvrir la terre comme d’une nuée ; mais en même temps, ce n’est pas légèrement que je crois que la paix sera rendue à l’Italie par les saintes prières à Saint Joseph. Je vous supplie donc instamment, très saint père de la société humaine, Abraham par la foi, Moïse par la direction, David par l’onction, Pierre par l’autorité, d’ordonner que, par votre empire, votre commandement et votre loi, l’Église universelle célèbre en l’honneur de Saint Joseph des jours de fête annuels, solennels, joyeux, avec une observance exacte, un profond respect et une vénération apostolique. Par ces grands honneurs, l’empire de l’Église militante recevra une grande puissance d’en-haut ; et quand elle aura recouvré la paix, elle pourra répandre l’eau du Saint Baptême sur les nations barbares et prêcher à tous les peuples le nom du Christ. Par les prières aussi de l’Epoux de la Reine des Cieux, de celui qui a reçu le nom divin, la belle Asie, abandonnant Mahomet, pourra se courber sous votre sceptre, et Jérusalem le vénérer, elle qui a crucifié Jésus notre Seigneur, ce Maître qui a fait trembler dans le Ciel l’armée des Anges devant sa divinité… »

Mais dans l’accomplissement de cette prévision du pieux enfant de Saint Dominique, qu’il n’a pas été donné à Adrien VI et à ses successeurs de pouvoir réaliser, n’a-t-il point été réservé à notre grand Pie IX, qui semble appelé à faire tout ce que l’on peut faire pour la gloire de saint Joseph ? C’est lui, assurément, qu’il a entrevu dans ces paroles que nous trouvons dans le corps de l’ouvrage :

« Le Saint Esprit, dit-il, ne cessera point d’agir sur les cœurs des fidèles jusqu’à ce que l’Eglise universelle honore avec transport le divin Joseph d’une vénération nouvelle, fonde des monastères, érige des églises et des autels en son honneur, multiplie ses fêtes et les fasse célébrer plus solennellement. Le Seigneur enverra sa lumière jusque dans le plus intime des intelligences et des cœurs. De grands hommes scruteront les dons intérieurs de Dieu cachés en saint Joseph, et ils trouveront en lui un trésor d‘un ineffable prix, tel qu’ils n'en ont point trouvé et qu’ils n’en trouveront point dans les Saints ni de l‘ancienne ni de la nouvelle alliance. Bénissez donc, ô peuples, saint Joseph, afin que vous soyez remplis de bénédictions ; car quiconque le bénira sera rempli des plus abondantes bénédictions.

Oui, Jésus Christ, pour la gloire de son propre nom, a destiné saint Joseph à être le Patron particulier et principal de tout l’empire de l’Eglise militante. C’est pourquoi, avant le jour du jugement, tous les peuples connaîtront, vénéreront et adoreront le nom du Seigneur et les dons magnifiques que Dieu a faits à saint Joseph, dons qu’il a voulu laisser presque cachés pendant une longue suite de temps.

La Fête de saint Joseph sera donc un jour célébrée comme une fête principale et vénérable. Le Vicaire de Jésus Christ sur la terre, obéissant à l’impulsion du Saint Esprit, commandera que la Fête du Père adoptif du Christ, de l'Epoux de la Reine du monde, de l’homme très-éminent en sainteté, soit célébrée dans toutes les contrées de l’Eglise militante, orthodoxe et catholique. Et ainsi celui qui dans le ciel a toujours été au premier rang, ne sera point à un rang inférieur sur la terre ».

Et nous, que penserons-nous de ces paroles, après le décret de Pie IX en date du 8 décembre 1870, lequel confère à saint Joseph le titre de Patron de l’Église catholique, et ordonne que sa Fête sera désormais célébrée sous le rite double de première classe ? Qu’en penserons-nous encore après son décret du 7 juillet dernier, qui décerne à saint Joseph, dans le Culte public ecclésiastique, toutes et chacune des prérogatives qui sont particulières aux saints patrons ? N’est-il pas incontestablement le Pontife annoncé et attendu par les Saints comme devant mettre le Comble à la gloire sur terre de saint Joseph ? Que Dieu lui donne d’accomplir toutes ses destinées, que Marie le sauve, que Joseph le délivre de tous ses ennemis !

 

Pratique

Saint Nom de Joseph

 

Après les très Saints Noms de Jésus et de Marie, il n’est pas de nom plus digne de nos louanges que celui de Joseph. Aussi de pieux fidèles ont voulu honorer notre glorieux Patriarche par la récitation de cinq Psaumes dont les lettres initiales composent ce sainte nom. Ce sont les Psaumes Jubilate Deo… servite ; Omnes gentes ; Soepè expugnaverunt ; Exultate Deo et fundamenta, auxquels ont ajoute une Hymne commençant par ces mots : Dei qui gratiam, avec les verset et oraison convenable.

L’Église a tellement approuvé cette pratique, que le Souverain Pontife Pie VII, en 1809, a attaché à la récitation en latin de ces Psaumes, Hymne, Verset et Oraison, une Indulgence de sept ans et sept quarantaines chaque fois, et une indulgence plénière une fois le mois, quand ont les récite tous les jours. En 1815, le même souverain Pontife a concédé cette Indulgence plénière pour le 3e Dimanche après Pâques, si on les récite souvent dans le cours de l’année.

L’on pourrait aussi réciter six Gloria Patri, mais sans gagner d’indulgence, en l’honneur des six lettres qui forment le nom de Joseph.

En 1804, Pie VII avait aussi accordé l’Indulgence d’un an à chaque fois que l’on réciterait l’Hymne Quicumque sanus vivere.

 

Retrouvez le texte de ces Psaumes en cliquant ICI

 

Invocations

Jésus, Marie, Joseph

 

Jésus, Fils éternel de Dieu le Père, et dans le temps, de Marie et de Joseph ; Marie , douce Mère de Jésus et des hommes; Joseph, Père de Jésus et le nôtre, je vous offre, après Dieu, mon cœur et toutes ses affections, mon esprit et toutes ses facultés, ma vie, son passé, son présent, son avenir et sa fin. Elle s’avance, cette vie, et je pressens déjà cette fin. ô Jésus, recevant le dernier soupir de Joseph ; Marie, lui rendant les derniers devoirs ; Joseph, expirant entre les bras de Jésus et de Marie, assistez-moi toujours, mais surtout à l’heure de la mort, en ce moment redoutable de l’agonie, où j’aurai a faire le grand passage du temps à l’éternité. Puissé-je le faire en votre sainte compagnie !

C’est l’unique grâce que je vous demande en ce moment, afin qu'après vous être resté uni pendant la vie, je puisse, sous vos auspices, m’endormir dans la paix du Seigneur et la confiance d’une bonne et sainte mort. C’est dans ces sentiments et pour gagner, avec tous vos fidèles serviteurs, les Indulgences que Pie VII y a attachées (400 jours à chaque invocation que l’on peut séparer), que je ne cesserai de vous adresser les précieuses invocations :

 

Jésus, Marie, Joseph, je vous donne mon cœur, mon esprit et ma vie,

Jésus, Marie, Joseph, assistez-moi toujours, surtout à l’agonie,

Jésus, Marie, Joseph, donnez-moi de mourir en votre compagnie.

 

Extrait du « Mois de Saint Joseph ou Vie de Saint Joseph d’après Anne-Catherine Emmerich » par C.F. Fouet. Saint Dizier, Paris, 1872

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6 mars 2019

Le Mois de Saint Joseph

Le Mois de Saint Joseph

Avec la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich

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Septième jour

La Visitation

 

Quelques jours après l’Annonciation de l’Ange à Marie, saint Joseph revint à Nazareth et fit certains arrangements dans la maison pour pouvoir exercer son métier ; car il n‘avait pas encore été à demeure à Nazareth, où il avait passé à peine deux jours. Il ne savait rien de l’Incarnation de Dieu dans Marie. Elle était la Mère du Seigneur, mais elle était aussi sa servante et gardait humblement son secret. La sainte Vierge, lorsqu’elle sentit que le Verbe s‘était fait chair en elle, éprouva un grand désir d’aller tout de suite à Jutta, près d’Hébron, visiter sa cousine Elisabeth, que l’Ange lui avait dit être enceinte depuis six mois. Comme on approchait du temps où Joseph devait se rendre à Jérusalem pour la Fête de Pâques, elle désira l’accompagner pour aller assister Elisabeth pendant sa grossesse. Joseph se mit donc en route pour Jutta avec la sainte Vierge.

Leur route se dirigeait vers le midi. Ils avaient avec eux un âne sur lequel Marie montait de temps en temps ; il portait quelques effets, entre autres un sac appartenant à Joseph, où se trouvait une longue robe brune de la sainte Vierge avec une espèce de capuchon. On l’attacha sur le cou de l’âne. Marie mettait cet habit quand elle allait au Temple ou a la synagogue. En voyage elle portait une tunique de laine brune, une robe grise avec une ceinture par-dessus, et une coiffe tirant sur le jaune.

Ils voyageaient assez vite. Ils traversèrent d’abord la plaine d’Esdrelon, dans la direction du midi, puis gravirent une hauteur pour entrer dans la ville de Dothan, où ils s’arrêtèrent chez un ami du père de Joseph. C’était un homme assez riche, originaire de Bethléem. Le père de Joseph l’appelait son frère, quoiqu’il ne le fût pas, mais il descendait de David par un homme qui était aussi roi, et qui s’appelait Ela, ou Eldoa, ou Eldad. Cet endroit était très commerçant.

Une fois ils passèrent la nuit sous un hangar; puis, comme ils étaient encore à douze lieues de la demeure de Zacharie, ils s’arrêtèrent un soir dans un bois sous une cabane de branchages, toute recouverte de feuillage vert avec de belles fleurs blanches. On trouve souvent dans ce pays, au bord de ces routes, des cabanes de verdure ou même des bâtiments plus solides dans lesquels les voyageurs peuvent passer la nuit ou Se rafraîchir et apprêter les aliments qu’ils ont avec eux. Une famille du voisinage a la surveillance de plusieurs abris de ce genre et fournit plusieurs choses nécessaires, moyennant une modique rétribution.

De Jérusalem ils n’allèrent pas tout droit à Jutta, mais ils firent un détour vers le levant pour voyager plus solitairement. Ils contournèrent une petite ville à deux lieues d‘Emmaüs, et prirent alors des chemins que Jésus suivit souvent pendant ses années de prédication. Ils eurent ensuite deux montagnes à franchir, entre lesquelles on les vit une fois se reposer, manger du pain et mêler dans leur eau des gouttes de baume qu’ils avaient recueilli pendant le voyage. Le pays ici était très montagneux. Ils passèrent devant des rochers qui étaient plus larges par le haut que par le bas ; on voyait aussi là de grandes cavernes dans lesquelles étaient toutes sortes de pierres singulières. Les vallées étaient très fertiles.

Leur chemin les conduisit encore a travers des bois, des landes, des prés et des champs, dans lesquels se faisait remarquer particulièrement une plante qui avait de jolies petites feuilles vertes et des grappes de fleurs, formées de neuf clochettes roses fermées.

La maison de Zacharie était sur une colline isolée. Il y avait à l‘entour des groupes de maisons. Un ruisseau assez fort descendait de la montagne.

Ce devait être le moment où Zacharie revenait chez lui de Jérusalem après les Fêtes de Pâques,et Elisabeth, poussée par un désir inquiet, s’en alla assez loin de sa maison sur la route de Jérusalem. Zacharie fut bien étonné, et effrayé de la rencontrer à une si grande distance de chez elle dans la position où elle se trouvait. Elle lui dit qu’elle avait le coeur très agité et qu'elle était poursuivie par la pensée que sa cousine Marie de Nazareth venait la voir. Zacharie chercha à lui faire perdre cette idée ; il lui fit entendre par signes, et en écrivant sur une tablette, combien, il était peu vraisemblable qu’une nouvelle mariée entreprit en ce moment un si grand voyage. Ils revinrent ensemble à la maison.

Elisabeth ne pouvait renoncer à son espérance, car elle avait appris en songe qu’une femme de son sang était devenue la Mère du Messie promis. Elle avait pensé alors à Marie, avait conçu un ardent désir de la voir, et l’avait vue en esprit venant vers elle. Elle avait préparé dans sa maison, a droite de l‘entrée, une petite chambre avec des sièges. C’était là qu’elle était assise le lendemain, toujours dans l'attente, et regardant si Marie arrivait. Bientôt elle se leva, et s‘en alla sur la route au-devant d'elle.

Elisabeth était une femme âgée, de grande taille ; elle avait le visage petit et de jolis traits ; sa tête était enveloppée. Elle ne connaissait la sainte Vierge que de réputation. Marie, la voyant de loin, connut que c‘était elle, et s’en alla en toute hâte à sa rencontre, précédant saint Joseph, qui discrètement resta en arrière. Marie fut bientôt parmi les maisons voisines dont les habitants, frappés de sa merveilleuse beauté, et émus d’une certaine dignité surnaturelle qui était dans toute ; sa personne, se retirèrent respectueusement quand elle rencontra. Elisabeth. Elles se saluèrent amicalement en se tendant la main. En ce moment parut un point lumineux dans la sainte Vierge, et comme un rayon de lumière qui partait de là vers Elisabeth, et dont celle-ci reçut une impression merveilleuse. Elles ne s‘arrêtèrent pas en présence des hommes; mais, se tenant par le bras, elles gagnèrent la maison par la cour placée en avant : à la porte de la maison, Elisabeth souhaita encore la bienvenue à Marie, et elles entrèrent.

Joseph, qui conduisait l’âne, arriva dans la cour, remit l’animal a un serviteur et alla chercher Zacharie, dans une salle ouverte sur le côté de la maison. Il salua avec beaucoup d’humilité le vieux prêtre ; Celui-ci l’embrassa cordialement et s’entretint avec lui au moyen de la tablette sur laquelle il écrivait, car il était muet depuis que l’Ange lui avait apparu dans le Temple.

Marie et Elisabeth, entrées par la porte de la maison, se trouvèrent dans une salle qui me parut servir de cuisine. Ici elles se prirent par le bras. Marie salua Elisabeth très amicalement, et elles appuyèrent leurs joues l’une contre l’autre. Alors quelque chose de lumineux rayonna de Marie jusque dans l’intérieur d’Elisabeth ; celle-ci en fut tout illuminée, son cœur fut agité d’une sainte allégresse et profondément ému. Elle se retira un peu en arrière en élevant la main, et pleine d’humilité, de joie et d’enthousiasme, elle s’écria : « Vous êtes bénie entre toutes les femmes, et le fruit de vos entrailles est béni. D’où me vient ce bonheur que la Mère de mon Seigneur vienne à moi ? Voici qu’aussitôt que la voix de votre salutation est parvenue à mes oreilles, l’enfant que je porte a tressailli de joie dans mon sein. Vous êtes heureuse d’avoir cru : ce qui vous a été dit par le Seigneur s’accomplira ».

Après ces dernières paroles, elle conduisit Marie dans la petite chambre préparée pour elle, afin qu’elle pût s‘asseoir et se reposer des fatigues de son voyage. Il n’y avait que deux pas à faire jusque là. Mais Marie quitta le bras d’Elisabeth qu’elle avait pris, croisa ses mains sur sa poitrine, et commença son admirable cantique. Et Elisabeth répétait tout le Magnificat avec un semblable mouvement d’inspiration. Après quoi elles s’assirent sur des sièges très-bas. Il y avait sur une petite table, peu élevée aussi, un petit verre placé devant elles.

Dans l’après-midi du même jour, Joseph et Zacharie restèrent ensemble, s’entretenant de la venue prochaine du Messie et de l‘accomplissement des prophéties. Zacharie était un grand et beau vieillard habillé en prêtre ; il répondait toujours par signes ou en écrivant sur une tablette. Ils s‘assirent sur le côté de la maison dans une salle ouverte qui avait vue sur le jardin. Marie et Elisabeth étaient aussi assises dans le jardin, sur un tapis, sans un grand arbre, derrière lequel était une fontaine d’où l’eau sortait quand on retirait un fosset. Il y avait tout autour du gazon, des fleurs et des arbres avec de petites prunes jaunes. Elles mangèrent ensemble des fruits et de petits pains tirés de la besace de Joseph. Quelle simplicité et quelle frugalité touchante ! Il y avait dans la maison deux servantes et deux serviteurs, qui allaient et venaient. Ils apprêtèrent sous un arbre une table avec des aliments. Zacharie et Joseph vinrent et mangèrent quelque chose. Joseph voulait revenir tout de suite à Nazareth ; mais il restera huit jours. Il ne sait rien de l’état de grossesse de la sainte Vierge. Marie et Elisabeth se taisaient la-dessus. Il y avait dans leur intérieur comme une entente secrète et profonde de l’une à l’autre.

Plusieurs fois le jour, spécialement avant les repas, quand tous étaient ensemble, les saintes femmes disaient des espèces de litanies. Joseph priait avec elles, et l’on vit ensuite apparaître une croix entre elles. Il n'y avait pourtant pas encore de croix : c’étaient comme si deux croix se fussent visitées.

Le soir enfin ils mangèrent tous ensemble, et restèrent assis jusque vers minuit, près d’une lampe, sous l’arbre du jardin. Puis Joseph et Zacharie se retirèrent seuls dans un oratoire, tandis que Marie et Elisabeth étaient dans leur petite chambre. Elles se tenaient debout, vis-à-vis l'une de l’autre, comme ravies en extase, et disaient ensemble le Magnificat.

Le lendemain, Zacharie conduisit saint Joseph dans un autre jardin séparé de la maison. Zacharie était en toutes choses plein d’ordre et de ponctualité. Ce jardin était abondant en beaux arbres et produisait des fruits de toute espèce ; il était très bien tenu ; il était traversé par une allée en berceau, sous laquelle on était à l’ombre ; à l’extrémité du jardin, se trouvait cachée une petite maison de plaisance dont la porte était sur le côté. Dans le haut de cette maison, étaient des ouvertures fermées avec des châssis ; il s’y trouvait un lit de repos en nattes, recouvert de mousse ou d’autres herbes. Il y avait aussi là deux figures blanches de la grandeur d’un enfant, qui paraissaient ressembler à Zacharie et à Elisabeth, seulement beaucoup plus jeunes.

Cependant, Marie et Elisabeth s’occupaient de concert dans la maison. La sainte Vierge prenait part à tous les soins du ménage ; elle préparait toute sorte d’effets peur l‘enfant qu’on attendait. Elles travaillaient ensemble ; elles tricotaient une grande couverture pour le lit d’Elisabeth lorsqu’elle serait accouchée. Les femmes juives se servaient de couvertures de ce genre : il y avait au milieu une espèce de poche, disposée de façon que l‘accouchée pût s’envelopper tout entière avec son enfant ; elle s’emmaillotait là-dedans, soutenue par des coussins, et pouvait à volonté se mettre sur son séant ou rester couchée. Sur le bord de cette couverture étaient des fleurs et des sentences brodées à l’aiguille. Marie et Elisabeth préparaient aussi toutes sortes d’objets qui devaient être donnés aux pauvres à la naissance de l’enfant.

Pour sainte Anne, pendant l‘absence de la sainte famille, elle envoya souvent sa servante dans la maison de Nazareth pour voir si tout y était en ordre ; elle y alla aussi une fois elle-même.

Le surlendemain, Zacharie est allé avec Joseph se promener dans les champs. Sa maison est isolée sur une colline : c’est la plus belle maison qu’il y ait dans la contrée ; d’autres sont dispersées tout autour. Marie, qui est un peu fatiguée, est restée seule avec Elisabeth à la maison.

La nuit suivante, Zacharie et Joseph la passèrent dans le jardin situé à quelque distance de la maison, tantôt dormant dans la petite maison qui est là, tantôt priant en plein air. Au point du jour, ils reviennent à la maison de Zacharie, que n’avaient point quittée Elisabeth et la sainte Vierge. Tous les matins et tous les soirs, elles répétaient ensemble le cantique Magnificat, dicté par le Saint Esprit à Marie après la salutation d’Elisabeth.

Le jour suivant, Elisabeth et la sainte Vierge se rendirent elles-mêmes au jardin éloigné de la maison de Zacharie. Elles avaient des fruits et des petits pains dans des corbeilles, et voulaient passer la nuit dans cet endroit. Quand Joseph et Zacharie y vinrent plus tard, la sainte Vierge alla à leur rencontre. Zacharie avait sa petite tablette, mais il faisait trop sombre pour qu'il pût écrire, et Marie, poussée intérieurement par le Saint Esprit, lui dit qu’il parlerait bientôt, et qu’il pouvait laisser la sa tablette, parce qu’il serait bientôt en état de s’entretenir avec Joseph et de prier avec lui.

Puis les quatre saints personnages passèrent la nuit dans le jardin : ils s’assirent et mangèrent un peu, marchèrent ensuite deux à deux, s’entretenant ou priant, et entrèrent alternativement dans la petite maison pour y prendre du repos. Après le sabbat, Joseph doit retourner à Nazareth, et Zacharie l’accompagnent à quelque distance. Il faisait ce jour-là un magnifique clair de lune et le ciel était très pur..

La nuit d’avant le sabbat, la sainte Vierge reposa dans sa petite chambre, étendue sur le côté et la tête appuyée sur le bras ; elle était enveloppée dans une pièce d‘étoffe blanche, depuis la fête jusqu’aux pieds. Cependant, sous son cœur, brillait une gloire lumineuse en forme de poire qu’entourait une petite flamme d’un état indescriptible. Dans Elisabeth brillait une gloire moins éclatante, mais plus grande et d’une forme circulaire : la lumière qu’elle répandait était moins vive.

Mais le sabbat était commencé, et on le célèbre dans une chambre particulière de la maison de Zacharie, que l’on éclaira avec une lampe allumée exprès. Zacharie, Joseph et six autres hommes, qui étaient probablement des gens de l‘endroit, priaient debout sous la lampe autour d'un coffre sur lequel étaient des rouleaux écrits. Ils avaient des linges qui pendaient par dessus la tête, mais ne faisaient pas, en priant, toutes les contorsions que font les juifs actuels, quoique souvent ils baissassent la tête et levassent les bras en l’air. Marie, Elisabeth et deux autres femmes se tenaient à part derrière une cloison grillée, d’où elles voyaient dans l'oratoire; elles étaient tout enveloppées jusque par-dessus la tête dans des manteaux de prière.

Pendant toute la journée du sabbat, Zacharie resta avec le même habit qu‘il avait mis au commencement du sabbat. Il avait une longue robe blanche avec des manches qui n’étaient pas très larges ; il portait une large ceinturé qui faisait plusieurs tours, et sur laquelle il y avait des lettres. A cette robe était attaché une espèce de capuchon, qui pendait en plis sur les épaules comme un voile rejeté en arrière. Quand, dans la journée du samedi, il faisait quelque chose on allait quelque part, il relevait cette robe par dessus une épaule ; il l’attachait de l’autre côté, sous le bras, à l‘aide de la ceinture. Il montra ce jour-là à Joseph son manteau de prêtre, qui était très beau. Il était très lourd, de couleur blanche et pourpre, et attaché sur la poitrine par trois fermoirs.

Le soir, le sabbat étant fini, ils mangèrent de nouveau. Ils prirent leur repas ensemble dans le jardin près de la maison. Ils mangèrent des feuilles vertes qu’ils trempaient dans une sauce. Il y avait aussi sur la table des assiettes avec de petits fruits, et d’autres plats, où était, sans doute, du miel, qu’ils prenaient avec des espèces de spatules en corne.

Plus tard, au clair de la lune, par une belle nuit étoilée, Joseph se mit en voyage, accompagné de Zacharie. Joseph avait avec lui un petit paquet où étaient des pains et une petite cruche, et un bâton recourbé par en haut. Ils avaient tous deux des manteaux de voyage qui recouvraient la tête. Les deux femmes les accompagnèrent a une petite distance, et s‘en revinrent seules par une nuit d’une beauté remarquable.

Marie et Elisabeth rentrèrent a la maison dans la chambre de Marie. Il y avait là une lampe allumée, selon ce qui se faisait toujours lorsqu’elle priait et allait se coucher. Les deux femmes se tinrent vis-à-vis l’une de l’autre, et récitèrent le Magnificat.

Cependant Joseph continua sa route et rentra à Nazareth. Il ne parait pas qu’il ait été à Jérusalem, mais il semble s’être rendu directement chez lui. La servante d’Anne prend soin de son ménage, et va et vient d‘une maison à l’autre. A cela près, Joseph resta seul.

A Jutta, Zacharie est aussi de retour, et Marie et Elisabeth y partagent leur temps entre la prière et les différents travaux de la maison. Vers le soir, elles se promènent dans le jardin, où il y avait une fontaine, ce qui n’est pas commun dans le pays. Elles allaient souvent aussi, dans la soirée, quand la chaleur était passée, se promener dans les environs, car ta maison de Zacharie était isolée et entourée de champs. Ordinairement elles se couchaient vers neuf heures, et se levaient toujours avant le soleil.

 

Considération

Saint Joseph d’après saint Bernardin de Sienne

 

Saint Bernardin, dit de Sienne, parce que, né près de cette ville, il en fit son séjour habituel, fut la lumière, comme l’avait prédit de lui saint Vincent Ferrier, et le restaurateur de l’ordre de Saint François, et l’un des plus saints et des plus illustres prédicateurs de son temps. Il nous a laissé sur saint Joseph un Sermon, dont nous donnons ici l'abrégé.

« Quand Dieu appelle, dit-il, un homme à quelque dignité ou a quelque sublime ministère, il le dote avec munificence de toutes les qualités nécessaires pour accomplir dignement la mission qu’il lui impose. C’est une loi générale de l’économie de sa grâce, qu'il a très particulièrement suivie à l’égard de saint Joseph. L’ayant choisi de toute éternité pour être le Père nourricier de Notre Seigneur Jésus Christ et le digne Epoux de la Reine des Anges, il l’a enrichi, avec une libéralité toute divine, de la sainteté et des vertus requises pour une si haute dignité et un si sublime ministère.

La première grâce que Dieu a donnée à Joseph est celle que demandait le titre d’Epoux de la Vierge et le privilège de vivre dans sa société. Mais pour qu’il fût à la hauteur de cette dignité, le Saint Esprit pouvait il ne pas lui donner une âme souverainement ressemblante à celle de Marie pour l’opération des vertus ? Aussi est-il incontestable que saint Joseph a été très pur dans sa virginité, très profond dans son humilité, très ardent dans sa charité, très parfait dans sa sollicitude pour la Vierge son épouse, qui n’a pas peu contribué, du reste, à le rendre encore plus parfait par le contact journalier dans lequel il vécut si longtemps avec elle.

La seconde grâce que Dieu, accorda à saint Joseph fut celle que demandait son titre de Père nourricier du Sauveur, dans la société duquel il devait vivre pendant de longues années. Ce fut avec une libéralité toute divine que le Très-Haut répandit Cette grâce dans son âme, et Joseph la révéla au dehors par la pureté surangélique avec laquelle il traita la personne de l’Homme-Dieu, par la fidélité avec laquelle il le servit, et enfin par l’amour dont il l’aima.

Quelle ne fut pas, en effet,la pureté d’esprit, d’âme, de cœur et de corps, avec laquelle saint Joseph traita le Verbe incarné dans les rapports si intimes, si immédiats, si assidus, qu’il eut avec lui, durant les trente ans qu’il passa en sa compagnie, ne se séparant jamais ni du Fils ni de la Mère, mais les entourant constamment de ses soins, soit dans leur maisonnette de Nazareth, soit en Egypte, soit dans leurs diverses pérégrinations !

Quelle ne fut pas encore la fidélité avec laquelle il servit le Verbe incarné, voyant sans cesse le Verbe dans le Christ enfant, grandissant, homme fait, et ne sortant jamais de l’indicible étonnement que lui causait la pensée que le Fils de Dieu avait daigné se faire son fils, et l’avait choisi pour le nourrir, le porter, le gouverner, veiller à toutes les nécessités de sa vie, et le soustraire à la haine de ses persécuteurs !

Enfin, quelle ne fut pas l'ardente charité qu’il lui voua et lui témoigna, quand, comme un père, il tenait le divin Enfant dans ses bras, il lui apprenait à parler, il lui apprenait à marcher, il échangeait avec lui d'aimantes caresses et de ces si amoureux embrassements auxquels un tel père pouvait se livrer avec un tel fils ! Et ce fils, soit enfant, soit adulte, ne lui fit-il pas savourer d‘indicibles délices, en lui imprimant au cœur d’ineffables sentiments de sa divinité ? La grâce de l’Enfant-Dieu agissait sur l’âme de Joseph par toutes les voies extérieures, par son regard, par son filial sourire, par ses paroles, par ses divines caresses.

La troisième grâce enfin que Dieu accorda à Joseph est celle d‘une mission spéciale dans son Eglise. Car si toute l’Eglise est redevable à la Vierge-Mère parce qu’elle lui a donné le Christ ; certes, c’est à Joseph, après la Vierge, qu’elle doit le plus de reconnaissance et de vénération, puisque l’on peut dire qu’après Dieu, c’est de lui que nous tenons Jésus et Marie.

Et maintenant, si nous passons à l’époque et aux circonstances de sa mort, comme il n’est pas douteux qu’elle arriva avant le baptême de Notre Seigneur, qui pourrait dire les encouragements, les consolations, les promesses, les illustrations intérieures, les sentiments embrasés, les révélations des biens éternels qu’il reçut, à ses derniers moments, de sa très sainte Epou se et du très doux Fils de Dieu, Jésus !

Je le laisse à contempler et à méditer aux âmes pieuses, et, élevant mes pensées au ciel, j’y découvre le faite de la gloire de Joseph. On ne peut douter, en effet, que Jésus-Christ, qui, pendant sa vie mortelle, non content d’avoir admis Joseph à une intime familiarité, lui rendait encore le respect et l’obéissance qu'un fils doit à son père, ne lui ait conservé dans le ciel ses sublimes prérogatives, qu’il ne les ait même admirablement augmentées et perfectionnées.

Si, d’ailleurs, le Dieu Sauveur a voulu, pour satisfaire sa piété filiale, glorifier le corps aussi bien que l’âme de la très sainte Vierge au jour de son Assomption, l’on peut et l’on doit croire pieusement qu’il n’en a pas moins fait pour Joseph, si grand entre tous les Saints, et qu’il l’a ressuscité glorieux, le jour où, après s’être ressuscité lui-même, il en tira tant d’autres de la poussière des tombeaux. Et ainsi cette sainte famille qui avait été unie sur la terre dans les souffrances de la vie et dans les liens de l'amour et de la grâce, règne maintenant en corps et en âme dans l’amour et dans la gloire des cieux ».

 

Pratique

Un Jour de Saint Joseph

 

Les serviteurs de saint Joseph, non contents de lui consacrer un mois dans l’année, ont encore pris la pieuse habitude de lui offrir un jour par semaine, à l’imitation de ce qui s'est fait pour le Sacré Cœur et la très sainte Vierge. Ce jour est le mercredi, et surtout le premier mercredi du mois. Nous voyons dans la Vie de plusieurs Saints qu’ils étaient fidèles à cette pieuse pratique, que Dieu a souvent récompensée en leur accordant de bien précieuses faveurs.

Les Souverains Pontifes, d‘ailleurs, ont approuvé et ene0uragé cette dévotion en accordant des Indulgences plus considérables aux hommages que l’on rend, le mercredi, à l’angélique Epoux de Marie. C’est ainsi, par exemple, que l’on peut gagner une Indulgence plénière, un mercredi par mois, dans l’Archiconfrérie de Saint Joseph de Paris, et dans celles de Beauvais et de Lourdoueix, deux mercredis par mois et tous les mercredis du mois de mars.

Mais que doit-on pour sanctifier ce mercredi ? Chacun peut suivre, à ce sujet, son attrait particulier ; mais tous comprendront qu‘il convient surtout de sanctifier ce jour par la méditation, l’assistance à la sainte messe, la réception des sacrements, et l’accomplissement de quelques bonnes œuvres particulières en l’honneur de saint Joseph.

 

Prière

Tirée de Saint Bernardin

 

Glorieux saint Joseph, que le Seigneur a choisi de toute éternité pour être le Père nourricier de Notre Seigneur Jésus Christ et le véritable Epoux de la Reine des Anges en vous constituant le fidèle gardien de ses deux principaux trésors, son Fils et sa Mère, et qu’il a enrichi avec une libéralité toute divine de la perfection, de la sainteté et de toutes les vertus requises pour une si haute dignité et un si sublime ministère, nous vous témoignons, avec toute l‘Eglise. notre vénération et notre reconnaissance pour la tendre sollicitude dont vous avez entouré la naissance, l’enfance et l’adolescence de notre doux Jésus, et nous recourons à votre grand crédit auprès de celui qui vous rendait sur la terre le respect et l’obéissance qu‘un fils doit à son père, et qui, loin de vous les refuser dans le ciel, ne peut que vous les rendre avec plus de perfection, pour l’avantage de vos élus. Souvenez-vous donc de nous, ô bienheureux Joseph, et, par le suffrage de vos prières, intercédez pour nous auprès de votre Fils adoptif. Rendez-nous aussi propice la bienheureuse Vierge, votre épouse et mère de celui qui, avec le Père et le Saint Esprit, vit et règne dans les siècles des siècles. ainsi soit-il.

 

Extrait du « Mois de Saint Joseph ou Vie de Saint Joseph d’après Anne-Catherine Emmerich » par C.F. Fouet. Saint Dizier, Paris, 1872

 

 

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5 mars 2019

Le Mois de Saint Joseph

Le Mois de Saint Joseph

Avec la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich

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Sixième jour

Annonciation

Quelque temps après son mariage, la sainte Vierge était restée seule dans la maison de Joseph, à Nazareth. Joseph était parti avec deux ânes, soit pour rapporter quelque chose dont il avait hérité, soit pour prendre les instruments de son métier. Le second mari d’Anne et d’autres personnes avaient été le matin dans la maison, mais ils étaient repartis.

Outre la sainte Vierge et deux jeunes femmes de son âge, qui avaient été sans doute ses compagnes au Temple, il y avait dans la maison sainte Anne avec cette veuve, sa parente, qui était à son service, et qui, plus tard, l’accompagna à Bethléem, après la naissance de Jésus. Sainte Anne avait tout remis à neuf dans la maison. Dans la journée, les quatre femmes allèrent et vinrent dans l’intérieur de la maison, puis se promenèrent ensemble dans la cour. Vers le soir, elles rentrèrent et prièrent debout autour d’une petite table ronde ; après quoi elles mangèrent des herbes qui avaient été apportées. Elles se séparèrent ensuite. Sainte Anne alla encore çà et là dans la maison comme une mère de famille occupée de son ménage. Les deux jeunes personnes allèrent dans leurs chambres séparées, et Marie aussi se retira dans la sienne.

La chambre de la sainte Vierge était sur le derrière de la maison, près du foyer. On y montait par trois marches ; car le sol de cette partie de la maison était plus élevé que le reste et sur un fond de rocher. Vis-à-vis la porte, la chambre était ronde, et dans cette partie circulaire, qui était séparée par une cloison a hauteur d‘homme, se trouvait roulé le lit de la sainte Vierge. Les parois de la chambre étaient revêtues jusqu’à une certaine hauteur d’une espèce de travail de marqueterie faite avec des morceaux de bois de différentes couleurs. Le plafond de la chambre était formé par quelques solives parallèles, dont les intervalles étaient remplis par un clayonnage orné de figures d’étoiles.

La sainte Vierge, en entrant, se revêtit, derrière la cloison de son lit, d‘une longue robe de laine blanche avec une large ceinture, et se couvrit la tête d‘un voile d’un blanc jaunâtre. Pendant ce temps, la servante entra avec une lumière, alluma une lampe à plusieurs bras qui était suspendue au plafond, et se retira. La sainte Vierge prit alors une petite table basse qui était contre le mur, et la mit au milieu de la chambre. Appuyée au mur, elle ne se composait que d‘une planchette mobile repliée sur deux pieds. Marie la releva horizontalement et ramena en avant un troisième pied pour la soutenir. Le côté de la table qui reposait sur ce troisième pied était rond. La petite table était recouverte d’un tapis rouge et bleu au milieu duquel était brodée une figure, qui pouvait être une lettre ou un ornement. Un rouleau de parchemin écrit était sur cette table.

La sainte Vierge l’ayant dressée, entre la place de son lit et la porte, à un endroit où le sol était recouvert d'un tapis, plaça devant un petit coussin rond pour s’y agenouiller. Elle se mit alors à genoux, les deux mains appuyées sur la table. La porte de la chambre était devant elle à droite ; elle tournait le dos à sa couche.

Marie baissa son voile sur son visage et joignit les mains devant sa poitrine, mais sans croiser les doigts. Elle pria longtemps ainsi avec ardeur, le visage tourné vers le ciel ; elle appelait la rédemption, la venue du roi promis au peuple d’Israël, et elle demandait aussi à avoir quelque part à sa mission. Elle resta longtemps à genoux, ravie en extase ; puis elle pencha la tête sur sa poitrine.

Alors, du plafond de la chambre descendit à sa droite, en ligne un peu oblique, une telle masse de lumière, que l’on ne pouvait en supporter la vue. Dans cette lumière était un jeune homme resplendissant, avec des cheveux blonds flottants, qui descendit devant elle à travers les airs : c’était l’ange Gabriel. Il lui parla, et ses paroles sortirent de sa bouche comme des lettres de feu. Marie tourna un peu sa tête voilée vers le côté droit. Cependant, dans sa modestie, elle ne regarda pas. L‘Ange continua à parler. Marie tourna le visage de son côté, comme pour obéir à un ordre, souleva un peu son voile, et répondit. L’Ange parla encore. Marie releva tout à fait son voile, regarda l’Ange et prononça les paroles sacrées : « Je suis la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon votre parole ».

La sainte Vierge était dans un ravissement profond. La chambre était pleine de lumière. On ne vit plus la lueur de la lampe qui brûlait ; on ne vit plus le plafond de la chambre. Le ciel parut ouvert. Il y avait au dessus de l’Ange une voie lumineuse, et à l’extrémité de ce fleuve de lumière une figure de la sainte Trinité : c’était comme un triangle lumineux dont les rayons se pénétraient réciproquement. On y reconnaissait ce que l’on ne peut qu’adorer, mais jamais exprimer : Dieu tout-puissant, le Père, le Fils et le Saint Esprit, et cependant un seul Dieu tout-puissant.

Quand la sainte Vierge eut dit : « Qu’il me soit fait selon votre parole », on vit une apparition ailée du Saint-Esprit, qui cependant ne ressemblait pas entièrement à la représentation ordinaire sous forme de colombe. La tête avait quelque chose du visage humain ; la lumière se répandait des deux côtés comme des ailes, et il en partit comme trois courants lumineux vers le côté droit de la sainte Vierge, Où ils se réunirent.

Quand cette lumière pénétra son côté droit, la sainte Vierge devint elle-même lumineuse et comme diaphane : il semblait que ce qu‘elle avait d‘opaque en elle se retirât devant cette lumière comme la nuit devant le jour. Elle était dans ce moment tellement inondée de lumière, que rien en elle ne paraissait plus obscur ni opaque : elle était resplendissante et comme illuminée tout entière.

Après cela l’Ange disparut, et la voie lumineuse dont il était sorti se retira : c’était comme si le ciel aspirait et faisait rentrer en lui ce fleuve de lumière. Il parut en remontant laisser tomber sur la sainte Vierge plusieurs boutons de roses blanches, chacun avec une petite feuille verte.

Mais en ce moment apparut dans la chambre de Marie un horrible serpent. Ce serpent était à peu près de la longueur d’un enfant ; sa tête était large et plate ; il avait à la hauteur de la poitrine deux courtes pattes membraneuses, armées de griffes semblables à des ailes de chauves souris, sur lesquelles il se traînait. Il était tacheté de diverses couleurs d’un aspect repoussant, et rappelait le serpent du paradis, mais avec quelque chose de plus difforme et de plus horrible. Quand l’Ange disparut de la chambre de la sainte Vierge, il marcha sur la tête de ce monstre devant la porte, et l‘on entendit un cri si affreux, que l’on en frissonnait. L’on vit ensuite paraître trois esprits qui frappèrent ce hideux reptile et le chassèrent hors de la maison.

Après la disparition de l’Ange, la sainte Vierge entra dans un profond ravissement, et, toute recueillie en elle-même, elle contemplait et adorait l’incarnation du Sauveur en elle, où il était comme un petit corps humain lumineux, complètement formé et pourvu de tous ses membres. Ici, à Nazareth, c‘est tout autre chose qu’à Jérusalem : à Jérusalem, les femmes doivent rester dans le vestibule ; elles ne peuvent pas entrer dans le Temple ; les prêtres seuls ont accès dans le sanctuaire ; mais à Nazareth, c’est une Vierge qui est elle-même le temple ; le Saint des saints est en elle, le grand prêtre est en elle, et elle est seule près de lui. Combien cela est touchant, merveilleux, et pourtant simple et naturel ! Les paroles de David dans le Ps. 45 sont accomplies : « Le Très-Haut a sanctifié son tabernacle ; Dieu est au milieu de lui, il ne sera pas ébranlé ».

Il était à peu près minuit quand s’accomplit ce mystère. Au bout de quelque temps, sainte Anne entra chez Marie avec les autres femmes. Un mouvement merveilleux dans la nature les avait éveillées : une nuée lumineuse avait paru au-dessus de la maison. Quand elles virent la sainte Vierge à genoux au-dessous de la lampe, ravie en extase dans sa prière, elles s’éloignèrent respectueusement.

Au bout de quelque temps, la sainte Vierge se releva et s’approcha de son petit autel, qui était contre le mur ; elle alluma la lampe et pria debout. Des rouleaux écrits étaient devant elle sur un pupitre élevé. Elle se mit ensuite sur sa couche vers le matin.

Cependant Anne avait reçu une connaissance intérieure de ce qui s’accomplissait. La sainte Vierge aussi savait qu’elle avait conçu le Messie, le Fils du Très-Haut ; elle voyait des yeux de l’esprit tout ce qui se passait en elle, mais elle ne savait pas encore que le trône de David, son père, que Dieu devait lui donner, était un trône surnaturel ; elle ne savait pas encore que la maison de Jacob, sur laquelle, d’après les paroles de Gabriel, il devait régner éternellement, était l’Eglise, la société de l‘humanité régénérée. Elle croyait que le Rédempteur serait un saint roi qui purifierait son peuple et le rendrait victorieux de l‘enfer ; elle ne savait pas encore que ce Roi, pour racheter les hommes, mourrait de la mort la plus cruelle et la plus ignominieuse.

Mais pourquoi le Rédempteur devait-il rester neuf mois dans le sein de sa mère et naître enfant ? Pourquoi n’avait-il pas voulu naître homme fait comme notre premier père, se montrer dans toute sa beauté comme Adam sortant des mains du Créateur ? Ce que l’on en peut comprendre, c’est qu’il a voulu sanctifier de nouveau la conception et la naissance des hommes, qui avaient été si dégradées par le péché originel. Si Marie devint sa mère et s’il ne vint pas plus tôt, c’est qu’elle seule était, ce que jamais créature ne fut avant elle ni sera après elle, le pur vase de grâce que Dieu avait promis aux hommes, et dans lequel il devait se faire homme, pour payer les dettes de l’humanité au moyen des mérites surabondants de sa Passion. La sainte Vierge était la fleur parfaitement pure de la race humaine, écluse dans la plénitude des temps. Tous les enfants de Dieu parmi les hommes, tous ceux qui, depuis le commencement, avaient travaillé à l’œuvre de leur sanctification, ont contribué à sa venue. Elle était le seul or pur de la terre ; elle seule était la portion pure et sans tache de la chair et du sang de l’humanité tout entière, qui, préparée, épurée, recueillie, consacrée à travers toutes les générations de ses ancêtres, conduite, protégée et fortifiée sens le régime de la loi de Moïse, se produisait enfin comme la plénitude de la grâce. Elle était prédestinée dans l‘éternité, et elle a ' paru dans le temps comme Mère de l’Eternel.

 

Considération

Saint Joseph d'après Gerson

 

Gerson, le dévot chancelier de l‘Université de Paris, fut une des grandes figures de ce moyen-âge tant maltraité par la mauvaise foi et surtout par l‘ignorance mais qui n’en restera pas moins l’âge de la vraie vie des peuples, parce qu'il fut l'âge de la vie divine descendue sur la terre et passée dans les mœurs particulières et publiques. On l’appela, de son temps, le docteur très chrétien, comme il l’était en effet. Il se distingua surtout par sa dévotion et son amour pour saint Joseph. Il lui consacra un admirable poème qu’il intitula Josephina. Il eût été heureux de voir sa Fête partout solennisée, et il composa une sorte d’Office en vue de l’établissement de cette Fête. Il écrivit plusieurs lettres dans ce but, et, en 1413, il fit une Exhortation spéciale au duc de Barry a ce sujet. Il en parla aussi au Concile de Constance, et, le 8 septembre 1416, il fit dans ce Concile un magnifique Sermon sur le saint Patriarche. C’est dans ce Sermon qu‘il préconisa l’opinion qui tient que saint Joseph a été sanctifié dès le sein de sa mère. Ses ennemis attaquèrent ce Sermon sur quelques points relatifs à la politique ; mais personne n’ayant réclamé contre celui-ci, il s’ensuit que la doctrine de Gerson est devenue pour ainsi dire celle de ce Concile, composé de 4 Patriarches, 47 Archevêques, 160 Evêques et 564 abbés et docteurs. Voici la substance de ce Sermon :

« C’est de Jacob que fut engendré Joseph, l’Epoux de Marie, Mère de Jésus », nous dit l‘Evangile ; et par ces paroles il met en évidence deux grands principes de notre foi : le premier, que Jésus, qui est appelé le Christ, étant né de Marie, Marie est Mère de Dieu, puisque le Christ est Dieu ; le second, que Joseph étant l’Epoux de Marie, en est aussi le chef, puisque le chef de la femme, c’est l’homme, dit l’Apôtre.

Mais de ces deux principes en découlent deux autres qui s’en déduisent naturellement : le premier, que Marie dut, de toute convenance, briller d’une telle pureté, qu’après celle de Dieu, comme dit saint Anselme, l'on ne peut en concevoir de plus grande ; le second, que Joseph dut, de toute convenance aussi, jouir d’une semblable prérogative, pour que la ressemblance et le rapport d‘un tel époux avec une telle épouse fussent plus parfaits. D'où vient que de même que louer Marie. c’est louer le Christ, son Fils ; louer aussi Joseph, c’est louer à la fois Jésus et Marie. Ce qui explique aussi pourquoi la sainte Ecriture ne donne pas plus de détails sur les louanges, les dignités et les excellences, les vertus, les œuvres et les actions de Marie et de Joseph, parce que le monde, si vaste qu‘il soit, ne contiendrait pas tous les livres qu‘on pourrait écrire sur ce sujet.

Recueillons, toutefois, de ces principes quatre considérations qui priment toutes les autres :

La première, qui regarde la noblesse de l’origine de Marie et de Joseph, noblesse qui s‘étend à l’un comme à l’autre. Car, comme Marie était issue de la race royale de David, ainsi en fut-il de Joseph, époux de Marie, que nous lisons dans l’Evangile être issu également de la maison de David.

La deuxième, qui concerne la sanctification de l’un et de l’autre. Car, si Marie fut sanctifiée dès le sein de sa mère, ou peut l'admettre aussi, par une pieuse croyance, de Joseph, son virginal époux, quoique cette sanctification n'ait pas en lieu de la même manière, Marie ayant été tellement prévenue de la grâce, qu’elle ne fut jamais soumise à la tache originelle, et Joseph n’ayant été sanctifié dans le sein de sa mère qu‘après sa conception et par le baptême du Saint Esprit, comme Jean-Baptiste et plusieurs autres.

La troisième, qui a trait à la répression du foyer de la concupiscence en l‘un et en l‘autre. Car, de même que Marie ne ressentit point la concupiscence originelle et ne fut point exposée à brûler de l’ardeur des vices, ainsi peut-on l’entendre pieusement de Joseph, son virginal époux, à partir surtout du moment qu‘il fut uni à Marie par les liens du plus saint mariage.

Enfin la quatrième, relative aux diverses naissances du Christ par rapport à Joseph et à Marie. L’on peut distinguer, en effet, en Jésus-Christ trois naissances : l’éternelle, la corporelle et la spirituelle.

Pour l’éternelle, c’est celle par laquelle il est engendré de son Père de toute éternité. A celle-ci, ni Marie ni Joseph n’ont en aucune part.

Pour la corporelle, c’est celle qu'il a prise dans le sein de Marie par la seule opération du Saint-Esprit. A celle-là, il n’y a bien que Marie qui y ait directement contribué, mais en faisant de Joseph, son époux, le père putatif et légal, le père d’adoption et de droit, de Notre-Seigneur.

 

Extrait du « Mois de Saint Joseph ou Vie de Saint Joseph d’après Anne-Catherine Emmerich » par C.F. Fouet. Saint Dizier, Paris, 1872

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3 mars 2019

Le Mois de Saint Joseph

Le Mois de Saint Joseph

Avec la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich

 

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Quatrième jour

Mariage de saint Joseph

 

Les noces de Marie et de Joseph, qui durèrent sept à huit jours, furent célébrées à Jérusalem, dans une maison près de la montagne de Sion, qu‘on louait souvent pour de semblables occasions. Outre les maîtresses et les compagnes de Marie à l‘école du Temple, il y avait beaucoup de parents d‘Anne et de Joachim, entre autres une famille de Gophna avec deux filles. Les noces furent solennelles et somptueuses. Beaucoup d’agneaux furent immolés et offerts en sacrifice. L‘habit nuptial de la sainte Vierge était si remarquable et si beau, que les femmes qui avaient assisté au mariage aimaient encore à en parler bien des années après.

Voici quel était ce vêtement de fiancée de Marie. Elle avait une robe de dessous en laine sans manches ; les bras étaient enveloppés de bandelettes de laine blanche. Elle mit à son cou une espèce de collerette tombant sur la poitrine et ornée de perles. Elle revêtit ensuite une robe très ample, ouverte par devant avec de larges manches. Cette robe était fond bleu, semée de grandes roses rouges, blanches et jaunes, entremêlées de feuilles vertes, comme les riches chasubles des anciens temps. Le bord inférieur était garni de franges et de houppes, et elle se rattachait par le haut au collet blanc qui couvrait le cou. Sur cette large robe on plaça un scapulaire semblable à celui que portent plusieurs ordres religieux, et entre autres les Carmes. Il était en soie blanche avec des fleurs d’or, large d’une demi-aune et couvert sur la poitrine de perles et de pierres brillantes ; il descendait jusqu’au bas de la robe et recouvrait l’ouverture qui était par devant. Sur le dos pendait une bande semblable, et de plus courtes et plus minces sur les épaules et les bras. Ces quatre bandes formaient une croix autour du cou. Les larges manches sur lesquelles retombaient les parties du scapulaire qui couvraient les épaules étaient rattachées au milieu du bras et de l’avant-bras par des bracelets larges de deux doigts et sur lesquels des lettres étaient gravées. Par-dessus tout cela, elle portait un manteau bleu de ciel qui avait la forme d’un grand drap. Outre ce manteau, les femmes juives portaient encore dans certaines occasions une espèce de manteau de deuil à manches. Le manteau de Marie était assujetti sur la poitrine par un fermoir au-dessus duquel une fraise brodée comme avec des plumes ou de la bourre de soie entourait son cou. Le manteau retombait sur les épaules, revenait en avant des deux côtés et se terminait en queue. Les bords étaient brodés de fleurs d'or.

La chevelure de la sainte Vierge était arrangée avec beaucoup d’art : elle formait une raie au milieu de la tête et se partageait en un grand nombre de filets non tressés qui, liés transversalement avec des cordons de soie blanche et des perles, formaient un grand réseau tombant sur les épaules et descendant jusqu’au milieu du manteau. Elle portait immédiatement sur les cheveux une guirlande de soie ou de laine blanche qui aboutissait en haut par trois rubans a une espèce de bourrelet de même étoffe. Là-dessus reposait une couronne fermée, enrichie de pierres précieuses et large à peu près comme la main, et sur le devant de cette couronne se trouvaient trois perles placées l‘une au-dessus de l’autre, et une autre perle de chaque côté.

Les vierges du Temple arrangèrent la chevelure de Marie : plusieurs d’entre elles s’y employèrent, et cela se fit plus vite qu’on ne pourrait le croire. Anne avait apporté l’habit de noces, et Marie, dans son humilité, ne voulait pas consentir à s’en revêtir après les fiançailles. Ses cheveux furent rattachés autour de sa tête, on lui mit un voile blanc qui pendait jusqu’au-dessous des épaules, et la couronne fut placée sur ce voile.

La sainte Vierge avait une chevelure abondante d’un blond doré, des sourcils noirs et élevés ; de grands yeux habituellement baissés avec de longs cils noirs, un nez d’une-belle forme et un peu allongé, une bouche noble et gracieuse, un menton effilé ; sa taille était de moyenne grandeur ; elle marchait revêtue de son riche costume avec beaucoup de grâce, de décence et de gravité. Elle mit ensuite pour ses noces un autre habit moins magnifique, Elle portait cet habit rayé à Cana. et dans d’autres occasions solennelles. Elle mettait quelquefois sa robe de noces pour aller au Temple. Il y avait des gens riches qui changeaient trois ou quatre fois d‘habits pour leur mariage, Dans ces habits de parade, Marie rappelait un peu certaines femmes illustres d’une époque postérieure, par exemple, l'impératrice sainte Hélène, et même sainte Cunégonde, quoiqu’elle s’en distinguât par le manteau dans lequel s’enveloppaient ordinairement les femmes juives, et qui ressemblait davantage à celui des dames romaines. Il y avait à Sion, dans le voisinage du cénacle, un certain nombre de femmes qui apprêtaient de belles étoffes de toute espèce.

Quant à saint Joseph, il avait pour habit nuptial une longue robe fort ample, de couleur grise, fermée de haut en bas par des agrafes, ou plutôt par des glands. Les larges manches de cette robe étaient aussi fermées sur le côté par des agrafes, relevées au poignet, et garnies de poches à l’intérieur. Autour du cou il avait une fraise brunâtre, ou plutôt une large étole, et sur la poitrine retombaient deux bandes d‘étoffe blanche, assez semblables aux rabats des prêtres, mais beaucoup plus longues.

Nous ne dirons rien des circonstances du mariage de la sainte Vierge et de saint Joseph, du festin nuptial et de tout le reste de la tête ; mais nous ne pouvons pas passer sous silence ce qui regarde l’anneau nuptial de la sainte Vierge, si célèbre dans l’Église. Cet anneau n’était ni d‘or, ni d’argent, ni d‘autre métal, mais d’une matière brunâtre et chatoyante. Ce n’était pas un petit cercle mince ; il était assez épais, et large d’un doigt. Il paraissait uni, bien que l’on y vit de petits triangles réguliers qui paraissaient enchâssés, et qui supportaient des lettres. De l’un de ses côtés, celui que l’on mettait à l’intérieur, il ne présentait aucun dessin. Cet anneau avait une signification mystérieuse, et il fut conservé plus tard dans une belle église, sous plusieurs serrures. Les personnes pieuses, avant de se marier, lui font toucher leur anneau nuptial.

Ajoutons ici que le saint Époux de Marie, qui avait aussi les cheveux blonds, était grand, grave, avec une singulière expression de douceur, calme, mesuré en toutes choses. Il avait d’excellentes manières et conservait un cachet de distinction jusque dans les rapports les plus familiers. Il avait enfin dans toute sa personne quelque chose qui annonçait une extrême bonté et l’empressement à rendre service.

 

Considération

Saint Joseph dans le moyen-âge

 

Après l’ère des persécutions commence celle des hérésies, qui, attaquant l’une après l’autre les vérités saintes, les dégagent peu à peu de toutes ombres et les font briller à la fin aux yeux des hommes dans tout l’éclat de leur pureté. Déjà la divinité de Notre Seigneur a été affirmée contre Arius, celle du Saint Esprit contre Macédonius, la maternité divine de Marie contre Nestorius, les deux natures et les deux volontés en Jésus-Christ contre les Eutychiens et les Monothélites, le culte des Saints et des Images contre les Iconoclastes et autres, et l’Eglise, ayant ainsi formulé les principaux points de son enseignement, put se livrer avec plus d‘expansion aux développements de son dogme et de son culte.

C’est alors aussi que le dogme chrétien sur saint Joseph commence à se produire comme timidement d‘abord, mais en s'accentuant de jour en jour et de siècle en siècle. Les Pères des premiers âges, les Cyprien, les Grégoire de Nazianze, les Hilaire de Poitiers, les Ambroise, les Jérôme, les Augustin, les Chrysostome, ne font mention de saint Joseph qu’en exposant le mystère de l’Incarnation, mais toujours en exaltant sa justice suréminente, sa virginité associée à celle de Marie, sa grande dignité de Père putatif du Sauveur. Ils n‘en parlent qu‘en passant, mais ils n’en affirment que plus fortement la tradition de l'Eghse. Viennent ensuite le vénérable Bède, saint Pierre Damien, saint Anselme, saint Bernard, saint Bonaventure, qui publient bien plus haut les louanges de saint Joseph, et enfin saint Thomas d‘Aquin, qui, partant de ce point que « plus une chose approche de son principe, plus elle participe à l‘effet de ce principe », en conclut « que si la bienheureuse Vierge participe davantage à la grâce du Christ, c’est parce qu‘elle eut des rapports plus directs avec le Christ ». D’où Suarez et les autres théologiens ont conclu à leur tour que « nul, après la Vierge, n’ayant plus approché du Christ, source de la grâce, et de la Vierge, canal universel de la grâce, que Joseph, nul aussi, après la Vierge, n‘a plus participé a la grâce du Christ que Joseph ». Et c’est sans doute pour tirer les dernières conséquences de son principe que le Docteur angélique a déclaré que « s’il a été donné à certains bienheureux de nous venir en aide dans certaines nécessités, saint Joseph a reçu le pouvoir de nous assister en toutes et de nous couvrir tous de sa paternelle protection ».

Et cependant son culte aussi s’établit, et la peinture murale et sur verre, la sculpture et la statuaire aidant, se développe d’âge en âge. Les Bollandistes se sont même demandé, sans oser se prononcer, si son nom ne figurait pas dans le Martyrologe dit de saint Jérôme, mais traduit et abrégé par lui d'Eusèbe de Césarée, qui vivait au VI° siècle. Quoi qu'il en soit, ils assurent que le culte de saint Joseph fut en honneur, dès les premiers temps, dans les laures ou agrégations anachorétiques de Jérusalem, a Antioche, en Syrie, dans toute l’Église d‘0rient, quoiqu’il ne se soit propagé que plus tard dans l’Eglise d‘Occident. Et ne sont-ce point les Carmes de Syrie qui nous l’auront apporté à la suite des Croisades ? Ce qui porterait a le croire, c’est que l’ordre des Carmes fut le premier à honorer singulièrement saint Joseph. Mais une fois qu’il eut commencé, il fut bien vite suivi par les Franciscains, les Dominicains, les Jésuites, et différentes Eglises particulières en Belgique, en France, en Espagne, en Allemagne, et en Italie.

A partir aussi de cette époque, le culte de saint Joseph commence a se propager, et sa dévotion devient populaire. Ce ne fut cependant qu'au commencement du XVIIe siècle que le Pape Grégoire XV permit sa Fête dans toute l’Eglise. Urbain VIII, allant plus loin que son prédécesseur, ordonna que cette Fête serait de précepte. Son décret, du reste, n’eut son plein effet que sous le pontificat d’lnnocent X, son successeur.

C'est dès lors aussi que l’on s‘empressa de lui ériger partout des églises, des chapelles, des oratoires, et de former sous son patronage diverses Confréries, comme celle des Jeûnes Filles, à Avignon, que l’on croit avoir été établie par Grégoire XV lui-même ; des Écoliers et des Gens mariés, en Belgique ; des Artisans, à Sainte Marie de la Rotonde à Rome. L’Eglise favorise, d’ailleurs, ces associations, en leur accordant de précieuses Indulgences, et le ciel lui-même, pour accroître la dévotion des peuples envers le glorieux saint Joseph, intervient par de nombreux miracles rapportés par les auteurs du temps et qui ne vont plus, pour ainsi dire, discontinuer dans l’Eglise.

Qu’il est donc beau, dès les premières fleurs qu‘il donne, le lys de la dévotion à saint Joseph ! Mais maintenant qu’il est éclos, il ne cessera plus de s’épanouir jusqu’à ce qu‘il ait atteint sa dernière efflorescence à la consommation des siècles. Heureux ceux qu‘il attirera à lui et qui accourront à l’odeur de ses incomparables parfums !

Et vous tous, glorieux Pontifes et éminents Docteurs, plus profonds théologiens et plus pieux auteurs, orateurs sacrés et apologistes chrétiens, succédez-vous les uns aux autres pour faire resplendir ce beau lys, dans la suite des âges, de tout l’éclat de ses fleurs si propres à parfumer tous les cœurs de la bonne odeur de toutes les vertus.

 

Pratique

Mois de saint Joseph

 

C’est le nom que prend le mois de mars, que beaucoup de fidèles consacrent aujourd’hui à notre saint Patriarche, parce que c’est dans ce mois, le 19, que tombe sa Fête principale. Née en Italie, cette dévotion s’est développée sous le regard et les bénédictions du successeur de saint Pierre, et répandue ensuite dans toute l’Eglise. Encouragée par les Souverains Pontifes et par les Evêques, adoptée par toutes les âmes fidèles désireuses de plaire à Jésus et à Marie, confirmée par d’éclatants miracles, elle est bientôt devenue pour ceux qui la pratiquent une source inépuisable de grâces et de consolations.

Mais qu‘y a-t-il à faire pour pratiquer cette dévotion ? Rien autre chose que de rendre, chaque jour du mois, des hommages particuliers à saint Joseph. Moyennant cela, l’on peut gagner les mêmes Indulgences que pendant le mois de Marie, c’est-à-dire l’Indulgence de 300 jours pour chaque jour du mois, et l‘Indulgence plénière une fois dans le mois, au jour que l‘on choisit, pourvu que, s’étant confessé et ayant fait la sainte communion, l’on prie selon les intentions ordinaires.

Ainsi l’a décrété le Pape Pie IX, si zélé pour la gloire de saint Joseph, dans son bref du 27 avril 1865, disposant en outre que ces Indulgences pouvaient être appliquées aux âmes du Purgatoire.

 

Prière

Souvenez-vous à saint Joseph

 

Bon saint Joseph, que j‘éprouve de consolation de penser que si depuis longtemps les pieux dévots de Marie, qui sont aussi les vôtres, ont accoutumé de lui redire chaque jour, et chaque jour avec une nouvelle confiance, leur Souvenez-vous, il leur est venu également au cœur de vous adresser la même prière, au souvenir de vos bontés pour nous et de votre immense puissance auprès de celui qui a bien voulu se faire votre Fils. Et voilà que l’Eglise, pour les récompenser de leur dévotion, a fixé elle-même les paroles de cette prière et a attaché à sa récitation de précieuses Indulgences (300 jours, une fois par jour, applicables aux défunts, 26 juin 1863). C’est donc avec cette sainte Eglise, notre mère, avec le Pape Pie IX, avec tous vos fidèles serviteurs, et dans l’intention de gagner ces Indulgences, que je vous dis moi-même :

« Souvenez-vous , ô très chaste Epoux de la vierge Marie, saint Joseph, mon aimable protecteur, qu’on n’a jamais entendu dire qu’aucun de ceux qui ont invoqué votre protection et imploré votre secours, soit resté sans consolation. Plein de confiance en votre pouvoir, je viens en votre présence et me recommande à vous avec ferveur. Ah ! ne dédaignez pas mes prières, ô vous qui êtes appelé Père du Rédempteur, mais écoutez-les favorablement et daignez les exaucer. Ainsi soit-il ».

 

Extrait du « Mois de Saint Joseph ou Vie de Saint Joseph d’après Anne-Catherine Emmerich » par C.F. Fouet. Saint Dizier, Paris, 1872

 

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2 mars 2019

Le Mois de Saint Joseph

Le Mois de Saint Joseph

Avec la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich

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Troisième jour

Fiançailles de Marie et de Joseph

 

La sainte Vierge vivait dans le Temple avec plusieurs autres vierges, sous la surveillance de pieuses maîtresses. Ces vierges s’occupaient de broderies et d’ouvrages du même genre pour les tentures du Temple et les vêtements sacerdotaux ; elles étaient aussi chargées de nettoyer ces vêtements et d‘autres objets servant au culte divin. Elles avaient de petites cellules d‘où elles avaient vue sur l’intérieur du Temple et où elles priaient et méditaient. Quand elles étaient arrivées à l’âge mobile, on les mariait. Leurs parents les avaient entièrement données à Dieu, en les conduisant au Temple, et il y avait chez les plus pieux d'entre les Israélites un pressentiment secret que de l’un de ces mariages sortirait un jour le Libérateur promis.

La sainte Vierge ayant quatorze ans et devant bientôt sortir du temple pour se marier, avec sept autres jeunes filles, sainte Aune vint la visiter. Joachim ne vivait plus, et Anne, par ordre de Dieu, avait pris un autre mari. Quand on annonça à Marie qu’elle devait quitter le Temple et se marier, profondément émue, elle déclara au prêtre qu’elle désirait ne pas quitter le Temple, qu’elle s’était consacrée à Dieu seul et n’avait pas de goût pour le mariage ; mais on lui répondit qu’elle devait prendre un époux.

Elle entra ensuite dans son oratoire et pria Dieu avec ferveur. Puis, se trouvant très altérée, elle descendit avec sa petite Cruche pour puiser de l‘eau a une fontaine ou à un réservoir ; et là, sans apparition visible, elle entendit une voix qui la consola et la fortifia, tout en lui faisant connaître qu’elle devait consentir à se marier. Ce ne fut pas là l’Annonciation, car elle eut lieu plus tard à Nazareth. Cependant apparut dans le Temple un prêtre très vieux, qui ne pouvait plus marcher : ce devait être le grand prêtre. Il fut porté par d’autres prêtres dans le Saint des Saints, et pendant qu’il allumait un sacrifice d’encens, il lisait des prières sur un rouleau de parchemin placé sur une espèce de pupitre. Puis il fut ravi en esprit. Il eut une apparition, et son doigt fut placé sur le passage suivant du prophète Isaïe, qui se trouvait écrit sur le rouleau : « Une branche sortira de la racine de Jessé, et une fleur naîtra de sa racine » (Isaïe, 11, 1). Quand le vieux prêtre revint à lui, il lut ce passage et y reconnut une prescription divine.

On envoya ensuite des messagers de tous les côtés dans le pays, et on convoqua au Temple tous les hommes de la race de David qui n‘étaient pas mariés. Lorsque plusieurs d’entre eux se furent rassemblés dans le Temple, en habits de fête, ou leur présenta la sainte Vierge, et il se trouvait parmi eux un jeune homme très pieux de la contrée de Bethléem. Ce jeune homme avait demandé à Dieu avec une grande ferveur l’accomplissement de la promesse, et il conçut dans son cœur un grand désir de devenir l’Époux de Marie. Quant à Marie, elle revint dans sa cellule et versa de saintes larmes, ne pouvant pas s’imaginer qu’elle ne dût pas rester vierge.

Alors le grand prêtre, obéissant à une impulsion intérieure qu‘il avait reçue, présenta des branches à chacun des assistants, et leur enjoignit de marquer chacun une branche de leur nom et de la tenir à la main pendant la prière et le sacrifice. Quand ils eurent fait ce qui leur avait été dit, on leur reprit les branches, qui furent mises sur un autel devant le Saint des Saints, et il leur fut annoncé que celui d’entre eux dont la branche fleurirait était désigné par le Seigneur pour devenir l’Époux de Marie de Nazareth.

Pendant que les branches étaient devant le Saint des Saints, on continua le sacrifice et la prière. Durant ce temps, le jeune homme dont nous venons de parler cria vers Dieu, les bras étendus, dans une salle du Temple, et versa des larmes brûlantes, lorsque, après le temps fixé, on leur rendit les branches en leur annonçant qu’aucun d’entre eux n’était désigné par Dieu comme devant être le fiancé de cette vierge. Ces hommes furent alors renvoyés chez eux, et ce jeune homme se retira sur le mont Carmel, auprès des anachorètes qui vivaient là depuis le temps d’Élie ; il y vécut aussi depuis lors, priant continuellement pour l'accomplissement de la promesse.

Cependant les prêtres du Temple cherchèrent de nouveau dans les registres des familles s’il n‘existait pas quelque descendant de David qu’on eût oublié. Comme ils y trouvèrent l‘indication de six frères de Bethléem, dont l’un était inconnu et absent depuis longtemps, ils s‘enquirent du séjour de Joseph et le découvrirent à peu de distance de Samarie, dans un lieu situé près d’une petite rivière, où il habitait au bord de l’eau, travaillant pour un maître charpentier.

Sur l’ordre du grand prêtre, Joseph vint à Jérusalem et se présenta au Temple. On lui fit, à lui aussi, tenir une branche à la main pendant qu’on priait et qu’on offrait un sacrifice ; comme il se disposait à la poser sur l’autel devant le Saint des Saints, il en sortit une fleur blanche semblable à un lys, et une apparition lumineuse descendit sur lui : c’était comme s’il eût reçu le Saint-Esprit. On comprit alors que Joseph était l’homme désigné par Dieu pour être le fiancé de la sainte Vierge, et les prêtres le présentèrent à Marie en présence de sa mère. Marie, résignée à la volonté de Dieu, l’accepte humblement pour son fiancé, car elle savait que tout est possible à Dieu, qui avait reçu son vœu de n'appartenir qu’à lui.

 

Considération

Saint Joseph dans les temps apostoliques

 

Que saint Joseph soit mort avant la Passion de Notre Seigneur, et même avant son Baptême et sa Vie publique, personne n’en doute. Notre-Seigneur n‘avait plus besoin de lui, ni pour pourvoir à sa subsistance, ni pour évangéliser les Juifs, déjà trop portés à ne voir en lui que le fils du charpentier. Il convenait dès lors de le faire disparaître de la scène du monde et de le soustraire aux regards des hommes, pour lesquels il aurait pu être une occasion de pensées injurieuses à Notre-Seigneur.

Que saint Joseph soit ressuscité et que son corps, loin de subir la corruption du tombeau, soit maintenant glorifié dans le ciel avec ceux de son divin Fils et de son Épouse Immaculée, c’est ce qui parait également hors de doute, d‘autant plus que nous ne possédons point de lui des Reliques proprement dites, mais seulement l’anneau qu’il donna à la sainte Vierge lors de leur saint mariage, des fragments du manteau dans lequel il reçut et porta l’Enfant Dieu, et les pierres que l’on détache de son tombeau resté en grande vénération, quoique vide, à Jérusalem.

Mais s‘il fallait, pour quelque temps au moins, comme effacer saint Joseph dans le souvenir des hommes, ne croyons pas que, de son côté, Notre Seigneur le mette en oubli. Ne lisons-nous pas, en effet, qu’il se fit un devoir de rendre hommage a sa mémoire toutes les fois qu‘il en eut l’occasion, en visitant les lieux où saint Joseph avait séjourné ? N’en aura-t-il pas, d’ailleurs, souvent parlé à ses Apôtres, soit dans ces circonstances, soit dans mille autres, pour le recommander particulièrement à leur vénération ?

Et la très sainte Vierge, qui aimait dans saint Joseph I’Epoux vraiment digne d’elle et le Père choisi de Jésus, comment supposer qu'elle ne leur ait pas fait ses recommandations à son sujet, dans les jours, par exemple, qu’elle a passés avec eux après l'Ascension de son divin Fils au ciel ? Comment. croire qu’en leur donnant ses conseils pour la constitution de l’Église de tous les temps, elle ne leur ait pas inculqué l’estime dans laquelle ils devaient le tenir et le culte que les fidèles auraient à lui rendre dans la suite des âges ?

Et les Apôtres, dont plusieurs avaient dû connaître plus particulièrement saint Joseph, comment n’auraient-ils pas vénéré sa mémoire ? Si, pour ne pas offusquer la foi naissante des premiers fidèles, ils devaient faire de son culte une sorte de question réservée, en étaient-ils moins imprégnés du parfum de cette douce mémoire ? S’ils ne lui rendaient point un culte public et solennel, ne l’honoraient-ils point en leur particulier comme l’auguste Père nourricier de leur Dieu et le très-digne Époux de sa sainte Mère ? S’ils ne l’invoquaient point ostensiblement, ne lui rendaient-ils point leurs hommages en secret, et ne recouraient-ils point à lui dans leurs nécessités particulières ?

Mais ils vont partir pour aller annoncer au monde la bonne nouvelle ; et de même qu’ils ont déposé en germe, comme on l'a dit, dans leur Symbole, le dogme de l’Immaculée Conception de Marie, ils y ont consigné également la substance de la divine doctrine sur saint Joseph et les premières origines du culte qui devait lui être rendu plus tard. C‘est ce qu’ils ont fait dans leur troisième article, ainsi formulé : Qui a été conçu du Saint Esprit, est né de la vierge Marie. Oui, qui a été conçu du Saint Esprit, parce que, « quoique Marie eût épousé Joseph, c’est avant qu’ils eussent été ensemble qu’elle se trouva enceinte par l’opération du Saint-Esprit ». Qui est né de la vierge Marie, parce que « Joseph ne l'avait point connue, lorsqu’elle enfanta son Fils premier-né, à qui il donna le nom de Jésus ».

Elles ont, en effet, un sens bien profond, ces paroles de notre Symbole. Inspirés par le Saint Esprit, les Apôtres y ont renfermé toute la divine doctrine sur le mystère de l’Incarnation, ses suites, ses conséquences et ses corollaires pour la sainte Vierge et saint Joseph. Instruits par eux, les fidèles, dans la première ébullition de leur foi, accueillent et professent cette doctrine dans toute sa teneur, et confessent, sans se préoccuper de celui qui peut être appelé le Père de Jésus, que le Fils de Dieu, en se faisant homme, a été conçu par l’opération du Saint Esprit, et est né de la vierge Marie. Mais, le dogme une fois admis, si l’on demande comment cela a pu se faire, puisqu‘il y avait la, visible et incontesté, un Époux de la Mère et un Père de l’Enfant, c’est alors que la foi, continuant de projeter ses splendeurs sur la personne de saint Joseph, le montre à tous les âges comme le virginal protecteur de l’opération du Saint Esprit et de la maternité de la Vierge qui a conçu et enfanté sans cesser d’être vierge.

Et voilà bien cet ineffable mystère de l’Incarnation, qui n’a pu s’opérer que sous le voile du mariage que la Vierge-Mère avait contracté avec saint Joseph, et en vertu duquel elle a donné Joseph pour père réputé et légal à Jésus; qui nous montre la maternité de Marie appelant la paternité de Joseph, puisque l’on ne peut affirmer l’une sans supposer l’autre ; et qui, pour peu que l’on pénètre dans sa méditation, nous met aussitôt en présence de la personne de Joseph, devenue nécessaire et indispensable dans le plan divin.

Pour les Pères apostoliques, marchant sur les traces des Apôtres, ils ne parleront de Joseph qu‘en expliquant cet article du Symbole et exposant le texte sacré. Les fresques, d’ailleurs, des Catacombes ne le représenteront que dans les mystères de la Naissance de Jésus, de la Présentation au Temple, de la fuite en Égypte, de la sainte enfance du Sauveur. Le temps n’est pas encore venu d’en faire davantage pour le saint Patriarche.

 

Pratique

La Dévotion des sept Dimanches

 

La dévotion des sept Dimanches consacrés à honorer plus particulièrement les douleurs et les allégresses de saint Joseph n'est pas toute nouvelle dans l’Église., et les fidèles serviteurs du saint Patriarche, encouragés par les faveurs dont le ciel les récompensait, la pratiquaient bien avant que les Souverains Pontifes l’aient enrichie des plus précieuses Indulgences. Grégoire XVI avait accordé, en date du 22 janvier 1836, 300 jours à la récitation, pendant sept Dimanches consécutifs, dans le courant de l’année, de la prière connue sous le nom des Sept Allégresses et des Sept Douleurs de saint Joseph, et le septième Dimanche une Indulgence plénière. Mais le saint pontife Pie IX a appliqué, le 1er février 1847, l’Indulgence plénière à chaque Dimanche ; et le 22 mars de la même année, il a étendu ces Indulgences à tous ceux qui, ne sachant point lire ou n’ayant pas la prière susdite, réciteraient ces mêmes Dimanches sept Pater, Ace, Gloria, etc., en remplissant les conditions d’usage pour gagner les Indulgences plénières.

Quoiqu’il n’y ait aucune époque déterminée dans l‘année pour gagner ces Indulgences, il semble cependant que l‘on peut choisir de préférence les Dimanches qui précèdent les Fêtes de saint Joseph, ou bien quelques circonstances particulières dans lesquelles on a besoin de grâces plus abondantes. Puis, comme ces Indulgences sont applicables aux âmes du Purgatoire, l’on peut encore recourir à cette dévotion après la mort d’un parent ou d’un ami, pour les soulager dans leurs peines, et alléger sa propre douleur.

N’oublions pas surtout de remplir ces pratiques pendant sept Dimanches consécutifs. Une interruption, même involontaire, obligerait de recommencer.

 

Prière

communément appelée efficace

 

Me voici prosterné à vos pieds, ô bienheureux saint Joseph, pour vous adresser la prière connue depuis longtemps sous le nom d’efficace, parce que vous l’avez toujours écoutée et exaucée, et qu’elle a toujours obtenu son effet auprès de vous. Confiant dans vos bontés et certain que vous ne voudrez pas qu’elle soit moins efficace pour moi que pour tant d’autres, je vous l’adresse en ce moment en union avec le Pape Pie VII, qui l’a indulgenciée pour les prêtres (une année à chaque récitation, 23 septembre 1802) ; avec Pie IX, qui l’a indulgenciée pour tous les fidèles (100 jours chaque fois, 3 février 1863) ; avec tous les associés du saint Cordon, qui en ont fait leur prière propre et particulière ; avec tous vos fidèles serviteurs qui sont si heureux d’en recueillir tous les jours les salutaires effets, et je vous dis avec eux tous :

« Ô saint Joseph, père et protecteur des vierges, gardien fidèle à qui Dieu confia Jésus, l’innocence même, et Marie, la Vierge des vierges, ah ! Je vous en supplie et vous en conjure par Jésus et Marie, par ce double dépôt qui vous fut si cher, faites que, préservé de toute souillure, pur de cœur et chaste de corps, je serve constamment Jésus et Marie dans une chasteté parfaite. Ainsi soit-il ».

 

Extrait du « Mois de Saint Joseph ou Vie de Saint Joseph d’après Anne-Catherine Emmerich » par C.F. Fouet. Saint Dizier, Paris, 1872

 

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1 mars 2019

Le Mois de Saint Joseph

Le Mois de Saint Joseph

Avec la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich

 

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Deuxième jour

Jeunesse de saint Joseph

 

Joseph, dont le père s’appelait Jacob, était le troisième de six frères. Ses parents habitaient en avant de Bethléem un vaste édifice qui avait été autrefois la maison paternelle de David, dont le père, Isa ou Jessé, était possesseur. A l’époque de Joseph, il ne restait plus guère que les gros murs de l’ancienne construction. Sa position était charmante, surtout a cause des cours d’eau qui l'entouraient.

Devant la maison, il y avait, comme devant les maisons de l’ancienne Rome, une cour antérieure entourée de galeries couvertes. Il y avait dans ces galeries des figures semblables à des têtes de vieillards. D’un côté de la cour se trouvait une fontaine sous un petit édifice en pierre. L’eau sortait par des têtes d‘animaux. La maison d‘habitation n‘avait pas de fenêtres au rez-de-chaussée, mais il y avait plus haut des ouvertures rondes. Autour de la maison régnait une large galerie, aux quatre coins de laquelle se trouvaient de petites tours semblables à de grosses colonnes, qui se terminaient par des espèces de coupoles surmontées de petits drapeaux. Par les ouvertures de ces coupoles, où conduisaient des escaliers pratiqués dans les tourelles, on pouvait voir de loin sans être vu soi-même. Il y avait de semblables tourelles sur le palais de David à Jérusalem, et ce fut de la coupole de ces tourelles qu'il arrêta un regard coupable sur Élisabeth. Dans le haut de la maison, cette galerie régnait autour d’un étage peu élevé, dont la toiture plate supportait une construction terminée par une autre tourelle. Joseph et ses frères habitaient dans le haut, ainsi qu’un vieux Juif qui leur servait de précepteur. Ils couchaient autour d’une chambre placée au centre de l’étage qui dominait la galerie. Leurs lits, consistant en couvertures qu’on roulait contre le mur pendant le jour, étaient séparés par des nattes qu’on pouvait enlever. Leurs parents, qui ne paraissaient ni bons ni mauvais, ne s’occupaient guère de leurs enfants et avaient peu de rapports avec eux.

Joseph était d’un naturel fort différent de celui de ses frères. Il avait beaucoup d’intelligence et apprenait très bien ; mais il était simple, paisible, pieux et sans ambition. Ses frères lui faisaient toutes. sortes de malices et le rudoyaient de temps en temps. Ces enfants avaient de petits jardins divisés en compartiments ; à l’entrée de ces jardins se trouvaient sur des piliers, dans des espèces de niches, des figures semblables à des enfants emmaillotés, comme on en voyait dans les oratoires de sainte Anne et de la sainte Vierge ; seulement, chez Marie. cette figure tenait un objet assez semblable à un calice, d’où quelque chose sortait en serpentant. Les figures de la maison dont il est ici question ressemblaient seulement à des enfants au maillot avec des visages tout ronds et entourés de rayons. Il y avait des figures de ce genre dans les ornements du temple de Jérusalem, et l’on en rencontrait jusqu’en Égypte, où elles avaient souvent de petits bonnets sur la tête. Parmi les figures que Rachel déroba à son père Laban, il y en avait de semblables, quoique plus petites ; mais la plupart étaient d‘une autre forme. Il y avait aussi chez les Juifs de ces figures couchées dans de petits coffres ou de petites corbeilles. Peut-être qu’elles représentaient Moïse enfant, flottant sur le Nil, et que l’emmaillotage pouvait indiquer les forts liens dans lesquels la loi enchaînait le peuple israélite. Ils avaient de ces petites figures comme nous avons des Enfants-Jésus.

Dans les jardins des enfants, se trouvaient des herbes, des buissons et des arbustes. Les frères de Joseph allaient souvent en secret dans son jardin. pour y faire des dégâts. Ils le faisaient beaucoup souffrir. Pour lui, on le voyait souvent, sous les galeries de la cour, prier à genoux et les bras étendus ; ses frères se glissaient alors près de lui et le frappaient dans le des. Une fois, pendant qu‘il était ainsi à genoux, l'un d’entre eux le frappa par derrière ; et comme il ne paraissait pas s‘en apercevoir, l‘autre recommença si souvent, que le pauvre Joseph tomba en avant sur les dalles. C‘est qu’il avait été ravi en extase pendant son oraison. Quand il revint à lui, il ne se mit pas en colère, il ne pensa pas à se venger, mais il chercha un coin reculé pour y continuer sa prière.

Aux murs extérieurs de la maison étaient adossés de petits logements où demeuraient deux femmes d‘un âge mûr, qui allaient toujours voilées et paraissaient faire partie des gens de la maison, car on les voyait souvent entrer et sortir pour des commissions de toute espèce. Elles portaient l‘eau, lavaient, balayaient, fermaient les ouvertures des fenêtres avec des grilles qu’elles mettaient devant, roulaient les lits contre les murs et mettaient devant des espèces de paravents en nattes. Les frères de Joseph parlaient souvent à ces femmes, les aidaient dans leurs travaux, ou plaisantaient avec elles. Joseph n’agissait pas ainsi : il restait toujours réservé et aimait à être seul.

Les parents de Joseph n’étaient pas très satisfaits de lui : ils auraient voulu qu’il employât ses talents à se faire une position dans le monde ; mais il n’avait aucune inclination de ce côté. Ils le trouvaient trop simple et trop calme : il n’aimait qu’à prier et à travailler tranquillement de ses mains. A une époque où il pouvait bien avoir douze ans, on le vit souvent, pour se dérober aux taquineries continuelles de ses frères, s‘en aller de l’autre côté de Bethléem, non loin de ce qui fut plus tard la grotte de la Crèche, et passer quelque temps près de pieuses femmes qui appartenaient à une petite communauté d’Esséniens. Elles demeuraient contre une carrière pratiquée dans la colline sur laquelle se trouve Bethléem, et habitaient là des chambres creusées dans le roc ; elles cultivaient de petits jardins voisins de leur demeure, et instruisaient des enfants d’autres Esséniens. Souvent, pendant qu’elles récitaient des prières écrites sur un rouleau, à la lueur d’une lampe suspendue à la paroi du rocher, le petit Joseph cherchait auprès d‘elles un refuge contre les persécutions de ses frères et priait avec elles. Il s’arrêtait aussi quelquefois dans des grottes, dont l'une fut plus tard le lieu de naissance de Notre-Seigneur. Il y priait seul ou s‘exerçait à façonner de petites pièces de bois. Un vieux charpentier avait son atelier dans le voisinage des Esséniens, Joseph allait souvent chez lui et apprenait peu à peu son métier ; il y réussissait d’autant mieux qu’il avait appris un peu de géométrie avec s’en précepteur.

L’inimitié de ses frères lui rendit à la fin impossible la demeure dans la maison paternelle. Alors un ami de Bethléem, qui n’était séparé de l‘habitation de son père que par un petit ruisseau, lui donna des habits avec lesquels il se déguisa, et quitta la maison pendant la nuit pour aller ailleurs gagner sa vie à l’aide de son métier de charpentier. Il pouvait avoir alors dix-huit à vingt ans.

Il travailla d‘abord chez un charpentier, près de Lebonah. Ce fut la qu‘à vrai dire, il apprit son métier. La demeure de son maître était contre de vieux murs qui conduisaient de la ville à un château en ruines, le long d’une crête de montagne. Beaucoup de pauvres gens habitaient là dans la muraille, et Joseph, entre deux grands murs où le jour pénétrait par des ouvertures pratiquées en haut, y façonnait de longues barres de bois. C’étaient des cadres dans lesquels on faisait entrer des cloisons en clayonnage. Son maître était un pauvre homme qui ne faisait guère que des ouvrages grossiers et de peu de valeur.

Joseph était pieux, bon et simple ; tout le monde l’aimait. Il rendait, avec une parfaite humilité, toutes sortes de services à son maître, ramassait des copeaux, rassemblait des morceaux de bois et les rapportait sur ses épaules. Plus tard, il passa une fois en cet endroit avec la sainte Vierge, et dut visiter avec elle son ancien atelier.

Ses parents crurent d‘abord qu’il avait été enlevé par des bandits. Plus tard ses frères découvrirent où il était et lui firent de vifs reproches ; car ils avaient honte de la basse condition à laquelle il s’était réduit. Il y resta par humilité; seulement il quitta ce lieu , et travailla dans la suite à Thanath (Thanach), près de Megiddo, au bord d’une petite rivière (le Kison) qui se jette dans la mer. Cet endroit n’est pas loin d’Apheké, ville natale de l’apôtre saint Thomas. Il vécut la chez un maître assez riche ; en y faisait des travaux plus soignés.

Plus tard encore, à Tibériade, il travailla pour un autre maître. Il demeurait seul dans une maison au bord de l’eau. Il pouvait avoir alors trente-trois ans. Ses parents étaient morts depuis longtemps à Bethléem. Deux de ses frères habitaient encore à Bethléem, les autres étaient dispersés. Leur maison paternelle avait passé en d'autres mains, et la famille était promptement tombée en déchéance.

Joseph était très pieux et priait ardemment pour la venue du Messie. Il était occupé à arranger auprès de sa demeure un oratoire où il pût prier dans une plus grande solitude, lorsqu’un Ange lui apparut et lui dit de cesser ce travail ; car, de même qu‘autrefois Dieu avait confié au patriarche Joseph l’administration des, blés de l’Égypte, de même le grenier qui renfermait la moisson du salut allait être confié à sa garde.

Joseph, dans son humilité, ne comprit pas ces paroles et continua à prier avec ferveur, jusqu’au moment où il fut appelé à se rendre au Temple de Jérusalem pour y devenir, en vertu d’une prescription d’en haut, l’Époux de la sainte Vierge. Il ne parait pas qu‘il fût marié antérieurement. Il vivait très retiré et évitait la société des femmes.

 

Considération

Saint Joseph d'après l’Évangile

 

Si le Saint Esprit a dit, au livre de Tobie (12, 7), qu’il est bon de tenir caché le secret du Roi et honorable de révéler et de confesser les œuvres du Très-Haut, l’Évangile aussi, qui est sa parole la plus substantielle, nous racontera bien les merveilles de l‘Incarnation du Fils de Dieu, mais ne trahira pas le secret dont le Seigneur a voulu envelopper son glorieux Père nourricier. Il ne parlera donc du saint Patriarche qu’autant qu’il sera besoin pour l’exposition du grand mystère. Pour ce qui le concerne personnellement, à peine s‘il fera allusion. Et toutefois ce qu'il en laissera voir en dira plus que l’esprit humain ne pourra jamais comprendre et que tous les docteurs ne pourront jamais expliquer.

L’évangile d’abord n’a qu’un mot pour exprimer sa sainteté. Comme Joseph, dit-il, était un homme juste, cùm esset justus. Mais comme ce mot, pris ainsi absolument, implique la réunion et la perfection de toutes les vertus, il n’y a plus rien à ajouter après ce mot, qui écarte jusqu’à la moindre objection que l‘on pourrait élever contre une sainteté au-dessus de toutes les atteintes. Il était juste, juste à tous égards, juste sous tous les rapports, juste au point que la moindre obscurité ne pouvait planer sur sa justice, juste comme Dieu se le devait à lui-même pour faire de Joseph un digne Époux de Marie et un non moins digne Père nourricier de Jésus. Comprenne maintenant qui pourra quelle était la justice de Joseph et quelle est la signification de cette parole de l’Évangile : Comme il était juste.

C’est encore d’un mot qu’il exprime la dignité et les grandeurs de saint Joseph. Il l’appelle l’Époux de Marie, de laquelle est né Jésus, virum Mariæ, de quâ natus est Jesus.

L’Époux de Marie ! Simple parole qui transporte tant de suite Joseph à une hauteur de dignité, et en même temps de vertu, de sainteté et de perfection, qui dépasse toutes les conceptions. Car si Marie a été la plus privilégiée de toutes les créatures, et, comme Mère de Dieu, bien élevée au-dessus de tout ce qu’il y a de plus parfait sur la terre et dans le ciel, il faut bien que Joseph, destiné a être l’Époux de Marie, ait été enrichi de dons, de qualités et de vertus semblables en tout point a ceux de Marie, et soit, après elle, l'être le plus privilégié du ciel et de la terre. Et c’est de Marie qu’est né Jésus ! Dont Joseph devient conséquemment le Père, légalement, en droit, aux yeux des hommes et aux yeux même de Dieu, qui lui communiqué, sauf la génération qu’il ne partage qu’avec l’Immaculée Vierge, tous les autres éléments de la paternité, et non-seulement le titre, mais le naturel, l’amour, l’autorité, les fonctions, les devoirs, et tous les droits d’un véritable père.

Aussi est-ce en cette double qualité d’Époux de Marie et de Père de Jésus que l’Évangile lui attribue, que saint Joseph pourvoit a la naissance de l’Enfant Dieu à Bethléem ; lui impose le nom dans sa Circoncision ; le porte ensuite à Jérusalem pour sa Présentation au Temple ; conduit l’Enfant et la Mère en Égypte pour les soustraire à la colère d‘Hérode ; les nourrit de son travail et de ses sueurs durant les rigueurs de l‘exil, et les ramène enfin à Nazareth, où il reste le chef et le pourvoyeur de la sainte famille jusqu‘à la fin de ses jours.

Mais à Nazareth, Jésus, fils de Marie et de Joseph, leur était soumis, et erat subditus illis. Oui, fils de Marie et de Joseph, parce que ces derniers mots sont dits de Jésus immédiatement après que ses parents l’ayant retrouvé dans le Temple, Marie lui eut dit : « Mon fils, pourquoi en avez-vous agi ainsi avec nous ? Voilà que votre père et moi, vous cherchions bien affligés ». Ecce pater tuus et ego quærebamus te. L’Evangéliste avait déjà dit, du reste, à propos du Cantique du saint vieillard Siméon, que « son père et sa mère étaient dans l‘admiration de ce qui se disait de lui ». Et crut pater ejus et mater mirantes super his quœ dicebantur de illo.

Admirable simplicité du récit évangélique qui, dans sa sublime brièveté, montre, dès le principe, à l’Église saint Joseph tel qu’il est en réalité, le saint Époux de Marie, le vrai Père, quoique d‘adoption, de Jésus, et conséquemment de tous les chrétiens, ces autres enfants de Marie qu’il a également adoptés ! Puis, en énonçant si clairement ses relations avec les trois divines Personnes, avec le Père, qui l’a associé à sa divine paternité, avec le Fils, dont il fut le père sur la terre, avec le Saint Esprit, qui l’a constitué ici-bas l’époux de Marie, avec la Mère Immaculée, qui lui a donné sa part dans l’enfantement et la conservation de son divin Fils, comme il établit merveilleusement les fondements du culte que les générations futures auront a lui rendre dans la suite des âges, en reconnaissant qu’il jouit dans le ciel des mêmes dignités et des mêmes prérogatives qu’il posséda sur la terre ! Et voilà bien ce qui ressort, en effet, du texte sacré.

Maintenant donc que les Pères de l’Église, les Docteurs, les Saints, les auteurs ascétiques, s‘emploient à l’envi, et les uns après les autres, à exalter les louanges du saint Patriarche, ils ne feront jamais que développer ce fond inépuisable de lumière que le Saint Esprit a concentré dans quelques paroles. Tout ce qu’ils diront, selon la pensée d’un pieux auteur, sera contenu dans ce qu’il a dit, mais ils n’arriveront jamais à dire pleinement tout ce qu’il a dit en si peu de mots dans l’Évangile.

 

Pratique

Culte Perpétuel de saint Joseph

 

Le Culte Perpétuel de saint Joseph consiste à réunir un nombre suffisant de personnes, 365 au moins, pour pouvoir offrir chaque jour de l’année un tribut de prières et d’hommages a saint Joseph. Mais pour rendre ce pieux exercice plus facile, soit à établir, soit à maintenir, dans les paroisses et communautés, le Pape Pie IX a approuvé de réduire à trente le nombre des associés, de manière qu’en choisissant chacun leur jour dans le mois, ils puissent consacrer à saint Joseph tous les jours de chaque mois, et par conséquent tous les jours de l’année.

Il convient, ce jour-là : 1° d'entendre la sainte messe et d'y communier en l’honneur de saint Joseph ; 2° de penser davantage à lui et de réciter, à l’intention de ses douleurs et de ses allégresses, sept Pater, Ave et Gloria ; 3° de faire quelque bonne œuvre à sa gloire ; 4° de finir la journée par une visite au Saint Sacrement et l’offrande de son propre cœur à saint Joseph.

Saint Pie IX a enrichi cette pratique de nombreuses Indulgences, d‘abord, de sept ans et de sept quarantaines chaque jour où l‘on s‘acquittera de quelqu‘une des pratiques énoncées plus haut, et ensuite, d‘Indulgences plénières : 1° le jour de l‘inscription ; 2° le jour choisi pour les pratiques du Culte Perpétuel ; 3°aux trois principales Fêtes de saint Joseph ; 4° aux fêtes de l’Immaculée Conception, de la Purification, de l'Annonciation, de l‘Assomption et de la Nativité de la très sainte Vierge ; 5° un jour chaque mois ; 6° à l’article de la mort. Toutes les messes dites pour les âmes des Associés défunts jouissent, en leur faveur, des Indulgences de l'autel privilégié.

 

Offrande de la journée

Attribuée à sainte Madeleine de Pazzi

 

Bénie soit la sainte et indivisible Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, que nous bénirons et confesserons à jamais pour les grandes miséricordes dont ils ont usé envers nous !

Bénie soit la Sainte et très auguste Trinité de la terre, Jésus, Marie, Joseph, que nous louerons et glorifierons à toujours, en reconnaissance des grâces qu’il leur a plu de nous faire et de nous obtenir de Dieu !

Oui, ô adorable et glorieuse Trinité du ciel, qui nous avez donné sur la terre l’admirable Trinité de Jésus, Marie, Joseph, et qui l’avez prévenue des bénédictions de votre douceur, en établissant Jésus comme la source, Marie comme la fontaine, et Joseph comme le canal de l’eau qui coule de votre paradis pour arroser et fertiliser la terre desséchée de nos cœurs, faites-nous la grâce de pouvoir puiser à cette source par leur entremise, et participer ensuite en abondance à leurs bénédictions et à leurs mérites, afin qu’après avoir honoré d’un saint culte cette Trinité sur la terre, nous puissions être admis un jour dans le ciel en leur éternelle et bienheureuse compagnie, où il nous sera permis de jouir à jamais de la Trinité parfaite, en vivant toujours en elle, la louant sans mesure, la bénissant sans cesse, et répétant dans les siècles des siècles :

Bénie soit à jamais la très sainte et très adorable Trinité, du Père, du Fils et du Saint Esprit !

Bénie soit à jamais la très sainte et très auguste Trinité de Jésus, Marie et Joseph !

 

Extrait du « Mois de Saint Joseph ou Vie de Saint Joseph d’après Anne-Catherine Emmerich » par C.F. Fouet. Saint Dizier, Paris, 1872

 

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28 février 2019

Le Mois de Saint Joseph

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Le Mois de Saint Joseph

Avec la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich

 

Premier jour

Généalogie de Saint Joseph

Saint Joseph, le Saint parmi les saints, et qui a tellement accompli toute justice, qu’il a été trouvé digne de devenir l’Époux de l’Immaculée Vierge Marie et le Père nourricier du Fils de Dieu fait homme, descendait de la race royale de David, et était cousin germain de saint Joachim, le bienheureux père de sa sainte Épouse, ainsi que le supposent et le constatent les deux généalogies qu’ont données de Notre-Seigneur saint Matthieu et saint Luc.

Le grand-père, en effet, de saint Joseph, descendait de David par Salomon et s’appelait Mathan. Mathan eut deux fils, Joses et Jacob, père de saint Joseph. Mais, Mathan étant mort, sa veuve épousa en secondes noces un nommé Lévi, qui descendait de David par Nathan, et en eut Mathat, père d’Héli, ou Joachim, père lui-même de la sainte Vierge. Joachim et Joseph étaient donc cousins germains du côté maternel.

Voici, du reste, comment cette généalogie fut montrée à Anne-Catherine Emmerich. À partir de David, elle vit l’arbre généalogique du Sauveur se séparer en deux rameaux distincts. Le rameau de droite commençait à Salomon et finissait à Jacob, père de Joseph, époux de Marie. Sur ce rameau étaient les figures de tous les parents de saint Joseph, nommés dans l’Évangile, et qui descendaient ainsi de David par Salomon. Ce rameau avait une signification plus élevée que l’autre ; il sortait presque en entier de la bouche du roi prophète, et était complètement blanc, sans mélange d’aucune couleur. Les figures placées à côté de ce rameau s’élevaient tentes au-dessus des figures correspondantes de l’autre rameau. Toutes avaient à la main une tige longue comme le bras, avec des fleurs palmées à l’entour ; la tige se terminait par une clochette blanche, avec cinq étamines jaunâtres, desquelles tombait une poussière singulièrement fine. Trois membres de ce rameau, avant le milieu en commençant par le haut, étaient détachés, noircis, et semblaient complètement morts. Les fleurs variaient pour la grandeur, la force et la grâce ; celle de saint Joseph était sans une seule tache, et ses feuilles étaient parfaitement fraîches : il avait la plus belle de toutes les fleurs. En plus d’un endroit de ce rameau, les rejetons se trouvaient très écartés. Ces rameaux se touchaient quelquefois, et se croisaient vers leur extrémité. La signification de ce rameau était haute et mystérieuse ; il était plus spirituel et moins charnel que l’autre ; il tenait plus de Salomon. Mais ce sont des choses qu’il est difficile d’expliquer.

Le rameau de gauche allait de Nathan, fils de David, à Héli. Héli était le véritable nom de saint Joachim ; il ne reçut qu’assez tard le nom de Joachim, de même qu’Abraham porta d’abord le nom d’Abram. Tout ce rameau était plus bas que l’autre ; il était coloré, il avait çà et là des taches, puis il retrouvait son éclat resplendissant de rouge, de jaune, de blanc, mais jamais de bleu. Les figures étaient plus petites que celles de l’autre rameau ; elles avaient à côté d‘elles des branches d’arbuste avec des feuilles dentelées. d‘un vert jaunâtre, et au sommet, un bouton rouge, de la couleur de celui de l’églantine. De ces boutons, les uns étaient encore frais, et les autres étaient fanés. Le bouton n‘était pas un bouton à fleur, mais un bouton à fruit, un ovaire, et il était touj0urs fermé. Aux branches se rattachait un double rang de petits rameaux du côté où pendaient des feuilles dentelées.

Les deux lignes se croisaient trois ou quatre générations avant Héli ou Joachim, et aboutissaient l’une et l‘autre à la sainte Vierge. Et c’est a l'endroit où elles se croisaient que le sang de Marie commençait à briller dans le rayon.

Mais c’eût été peu pour les desseins de Dieu sur notre saint Patriarche de le faire descendre d'une si longue suite de Bois et de saints personnages, s‘il ne l'eût appelé en même temps à une sainteté suréminente. et quine fût point au-dessous de sa future dignité d’Époux de la Vierge-Mère et de Père réputé et légal de Jésus. Si sa sainteté ne pouvait égaler celle de Marie, dont aucune autre ne peut approcher, elle devait venir immédiatement après. Saint Joseph devait être la plus sainte créature après l’Immaculée Mère.

Aussi, s’il fut conçu dans le péché comme tous les enfants d’Adam, ne parait-il pas douteux qu’il fut purifié de la tache originelle et sanctifié dès le sein de sa mère, comme Jean-Baptiste et plusieurs autres.

L’on tient même généralement que ce glorieux privilège lui fut accordé le septième mois après sa conception, et le deuxième avant sa naissance. Il est donc à croire qu‘il naquit, comme Marie, plein de grâce et singulièrement orné de toutes les vertus.

Le huitième jour après sa naissance, il fut circoncis et reçut le nom de Joseph, nom qui signifie accroissement, augmentation, et dont il devait accomplir la la lettre la signification, non-seulement parce que Dieu allait toujours l’augmenter de ses dons, mais parce que lui-même augmenterait toujours de vertus en vertus, et que, plus tard, d’ailleurs, sa gloire irait toujours en augmentant dans l’Église.

 

Considération

Saint Joseph dans les desseins de Dieu

 

Les temps arrêtés dans les desseins de Dieu pour la Rédemption du genre humain sont accomplis, et le Fils de Dieu va se faire homme pour venir racheter les hommes. Mais du moment qu’il se fait homme, il lui faut une Mère. Quelle sera cette Mère ? Mère du Sauveur des hommes, elle doit être prise d’entre les homme ; mais aussi Mère de Dieu, elle doit approcher de Dieu aussi près qu’il peut l’être donné à la créature. Que fera donc Dieu pour elle ? Pour elle il épuisera en quelque sorte tous les trésors de son infinie munificence, en lui communiquant de sa divinité tout ce qu’il peut en conférer à une simple créature. Comment cela ? En la formant toute sainte, toute pure, mille fois plus pure que les Anges, pure comme lui, dont elle deviendra, d’ailleurs, la Mère par la seule opération du Saint Esprit.

Mais ce n'est pas tout, et il faut, dans l’ordre humain, que le voile du mariage vienne ombrager de ses plis protecteurs l’ineffable mystère. Il faut, dans cet ordre humain, un Époux à cette Vierge Mère, un Père à cet Enfant Dieu ; à la Vierge-Mère, un Époux qui-vénère tellement sa virginité, que Dieu seul puisse être l’auteur de sa maternité ; à l’Enfant Dieu, un Père d’adoption qui, sauf la génération, aura éminemment tous les autres attributs de la paternité. Et quel sera le mortel que Dieu choisira, non pas entre mille, ni entre dix 'mille, mais entre tous les hommes, pour l’élever à cette double et incomparable dignité ? Dieu l’a dit, ce sera Joseph, qu’il fera assez saint et assez pur pour qu’il puisse confier à sa virginité la garde de la virginité de Marie, et assez accompli en toute perfection pour qu'il puisse se décharger sur lui du soin de l’humanité de son divin Fils.

Gloire donc, honneur, louange et bénédiction à l’homme béni entre tous les hommes, comme Marie fut la femme bénie entre toutes les femmes. Car si toutes les générations appellent Marie bienheureuse, parce que le Seigneur a fait pour elle de grandes choses, elles peuvent bien appeler aussi Joseph bienheureux, puisque le Seigneur a fait pour lui des choses également grandes.

Mais comment Dieu introduira-t-il dans le monde cet homme si singulièrement privilégié ? Ce sera sans doute avec splendeur et avec éclat, comme pour le recommander davantage à la vénération des autres hommes ? Loin de là. Il le fera en silence, sans bruit, sans commotion, de la manière dont il opère toutes ses grandes œuvres. Puis, il le tiendra en réserve dans le plus secret de son éternel sanctuaire, jusqu’au jour, jusqu‘au moment, nous ne dirons pas où il aura besoin, mais où il voudra se servir de lui : tout l’Ancien Testament sera plein de Jésus et de Marie, mais sans s’occuper de Joseph, ni dans ses promesses, ni dans ses figures, ni dans ses prophéties, qui, d‘accord avec la tradition des peuples, supposeront toujours une Vierge-Mère. Enfin, quand le moment sera venu de le montrer à la terre, l‘on ne connaîtra rien, ni de sa naissance, ni de son enfance, ni de son adolescence, et il grandira dans une obscurité telle, que l‘on aura peine à le découvrir lorsqu‘il faudra le trouver pour le donner pour époux à Marie. Les Prêtres qui procéderont à leurs épousailles ne le soupçonneront même pas d’abord, et Dieu sera obligé de faire un miracle pour le leur désigner.

Mais les saintes épousailles ont été célébrées, et quelques jours après s’opère, à l’insu de Joseph, dans le sein de Marie, son épouse, l’ineffable mystère. Un Ange vient bientôt l’en avertir, et, à partir de ce moment, il est tout entier à la Mère et à l’Enfant, qui n’ont plus qu’à se reposer sur lui de leurs sollicitudes de chaque jour. C’est ainsi que, fidèle à sa sublime mission, il s’occupe de la naissance de Jésus à Bethléem, de sa Circoncision, de sa manifestation aux Mages, de sa Présentation au temple, de sa fuite en Égypte, de son séjour dans la terre étrangère, de son retour à Nazareth. Quand enfin l’Enfant est devenu grand et a atteint l’âge de l’homme parfait, sa mission étant remplie, Dieu le retire de la terre aussi silencieusement qu’il l’y a mis, et sans que sa mort fasse le moindre bruit, pour le cacher de nouveau dans le secret de sa face, Jusqu’à ce qu’il lui plaise de le glorifier d'une manière plus éclatante à la fin des temps.

Ô profondeur des trésors de la sagesse et de la science de Dieu ! Que ses jugements sont incompréhensibles, et que ses voies sont impénétrables ! Que ses pensées sont élevées au-dessus de nos pensées, et que ses manières d‘agir sont différentes des nôtres ! De même qu’il abaisse ceux qui s’élèvent, il élève ceux qui s’abaissent, et il travaille pour eux d’autant plus en secret qu'il veut les honorer davantage. Il les tient d’abord d’autant plus cachés, qu‘il les réserve pour la suite à de plus hautes destinées. Ainsi en a-t-il été de saint Joseph. Ainsi en est-il de chacun de nous, toutes les fois que nous répondons aux desseins de Dieu sur nous.

 

Pratique

Fêtes de Saint Joseph

 

La première des Pratiques par lesquelles nous devons nous empresser de mériter la protection de saint Joseph est naturellement la célébration des Fêtes que l’Église. lui a consacrées, et qui constitue pour tous les fidèles la base du culte que tous ont à lui rendre, mais que doivent surtout lui rendre ceux qui font gloire de l’honorer plus particulièrement, et qui ont à cœur de lui plaire davantage, sans même songer à l’intéresser plus efficacement en leur faveur. Les vrais serviteurs de saint Joseph n’ont d'autre préoccupation , en célébrant ses Fêtes, que de suivre les inspirations de leur foi, de leur dévotion, et de leur amour. Des enfants qui fêtent un père s‘oublient eux-mêmes pour ne penser qu’à lui.

Ces Fêtes sont sa solennité principale, la grande Fête du 19 mars, que le Pape Pie IX, si glorieusement régnant, en proclamant saint Joseph Patron de l’Église Catholique, vient d’élever au rite double de première classe, la mettant ainsi au rang de nos plus grandes solennités ; celle de son Patronage, que, par décret du 10 septembre 1847, il a fixée pour toute l’Église au 3e Dimanche après Pâques ; et celle de ses Épousailles avec la très sainte Vierge, qui se célèbre le 23 janvier.

Des Indulgences plénières sont attachées à ces trois Fêtes dans toutes les Confréries et Associations en l’honneur de saint Joseph, et même dans beaucoup d’autres.

Les pieux dévots au saint Patriarche honorent aussi sa Fuite en Égypte, le 28 décembre ; son Retour d’Égypte en Galilée, le 7 janvier, et son bienheureux Trépas, le 20 juillet.

 

Oraison dédicatoire

Tirée de saint François de sales

 

Très sainte Mère de Dieu, vaisseau d’incomparable élection, élection de la souveraine dilection, vous êtes la plus aimable, la plus aimante, et la plus aimée de toutes les créatures. Mais, ô Mère toute triomphante, qui peut jeter les yeux sur votre Majesté sans voir à votre droite celui que votre Fils voulut si souvent, pour l‘amour de vous, honorer du titre de Père, vous l’ayant uni par le lien céleste d‘un mariage tout virginal, afin qu’il fût votre secours et coadjuteur en la charge de la conduite et éducation de sa divine enfance ?

On mettait jadis les lampes de l’ancien temple sur des fleurs de lys d’or. Ô Marie et Joseph, pair sans pair, lys sacrés d’incomparable beauté, entre lesquels le Bien-Aimé se repaît et repaît tous ses amants, hélas ! vous le savez, si j'ai composé cet écrit, c’est dans la seule fin de vous glorifier de mon mieux l‘un et l‘autre, ainsi que votre divin Fils. Où puis-je alors mieux le colloquer que parmi vos lys, lys entre lesquels le soleil de justice, splendeur et candeur de la lumière éternelle, s’est si souvent récréé, qu’il y a pratiqué les délices de l’ineffable dilection de son Cœur envers nous ?

C‘est donc a vos pieds que je le dépose, ô Mère bien-aimée du Bien-Aimé, ô Époux bien-aimé de la Bien-Aimée, en vous offrant en même temps mon âme avec toutes ses facultés, mon corps avec tous ses sens, tout ce que j’ai, tout ce que je suis, tout ce que je serai à jamais. Je vous le consacre et vous le dédie, dans l’espérance qu’à cause de l’hommage que nous vous faisons de tout nous-mêmes, vous nous prendrez tous, auteur et pieux lecteurs, sous votre singulière protection, dont vous nous ombragerez pendant la vie, dont vous nous couvrirez surtout à l’heure de la mort, et que vous daignerez nous continuer pendant l’interminable cours de la bienheureuse éternité.

 

Extrait du « Mois de Saint Joseph ou Vie de Saint Joseph d’après Anne-Catherine Emmerich » par C.F. Fouet. Saint Dizier, Paris, 1872

 

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5 avril 2010

Dimanche de Pâques

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Dimanche de Pâques

La Résurrection du Seigneur

Extraits des révélations de la Bienheureuse Anne Catherine Emmerich

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Nuit de la Résurrection

Bientôt après je vis la tombeau du Seigneur ; tout était calme et tranquille alentour : il y avait six à sept gardes, les uns assis, les autres debout vis-à-vis et autour de la colline. Pendant toute la journée, Cassius n'avait presque pas quitté sa place dans le fossé, à l'entrée de la grotte. En ce moment il était encore là, dans la contemplation et dans l'attente, car il avait reçu de grandes grâces et de grandes lumières : il était éclairé et touché intérieurement. Il faisait nuit, les lanternes placées devant la grotte jetaient alentour une vive lueur. Je m'approchai alors en esprit du saint corps pour l'adorer. Il était enveloppé dans son linceul et entouré de lumière et reposait entre deux anges que j'avais vus constamment en adoration à la tête et aux pieds du Sauveur, depuis la mise au tombeau. Ces anges avaient l'air de prêtres ; leur posture et leurs bras croisés sur la poitrine me firent souvenir des Chérubins de l'arche d'alliance, mais je ne leur vis point d'ailes. Du reste, le saint sépulcre tout entier me rappela souvent l'arche d'alliance à différentes époques de son histoire. Peut-être cette lumière et la présence des anges étaient-elles visibles pour Cassius, car il était en contemplation prés de la porte du tombeau, comme quelqu'un qui adore le Saint Sacrement. En adorant le saint corps, je vis comme si l'âme du Seigneur, suivie des âmes délivrées des patriarches, entrait dans le tombeau à travers le rocher et leur montrait toutes les blessures de son corps sacré. En ce moment, les voiles semblèrent enlevés : je vis le corps tout couvert de plaies, c'était comme si la divinité qui y habitait eut révélé à ces âmes d'une façon mystérieuse toute l'étendue de son martyre. Il me parut transparent de manière que l'intérieur était visible ; on pouvait reconnaître dans tous leurs détails les lésions et les altérations que tant de souffrances y avaient produites, et voir jusqu'au fond de ses blessures. Les âmes étaient pénétrées d'un respect indicible mêlé de criante et de compassion. J'eus ensuite une vision mystérieuse que je ne puis pas bien expliquer ni raconter clairement. Il me sembla que l'âme de Jésus, sans avoir encore rendu la vie à son corps par une complète union, sortait pourtant du sépulcre en lui et avec lui : je crus voir les deux anges qui adoraient aux extrémités du tombeau enlever ce corps sacre, nu, meurtri, couvert de blessures, et monter ainsi jusqu'au ciel à travers les rochers qui s'ébranlaient ; Jésus semblai ; présenter son corps supplicié devant le trône de son Père céleste, au milieu de choeurs innombrables d'anges prosternés : ce fut peut-être de cette manière que les âmes de plusieurs prophètes reprirent momentanément leurs corps après la mort de Jésus et les conduisirent au temple, sans pourtant revenir à la vie réelle, car elles s'en séparèrent de nouveau sans le moindre effort. Je ne vis pas cette fois les âmes des patriarches accompagner le corps du Seigneur. Je ne me souviens pas non plus où elles restèrent jusqu'au moment où je les vis de nouveau rassemblées autour de l'âme du Seigneur. Pendant cette vision, je remarquai une secousse dans le rocher : quatre des gardes étaient allés chercher quelque chose à la ville, les trois autres tombèrent presque sans connaissance. Ils attribuèrent cela à un tremblement de terre et en méconnurent la véritable cause. Mais Cassius fut très ému : car il voyait quelque chose de ce qui se passait, quoique cela ne fût pas très clair pour lui. Toutefois, il resta à sa place, attendant dans un grand recueillement ce qui allait arriver. Pendant ce temps les soldats absents revinrent. Ma contemplation se tourna de nouveau vers les saintes femmes : elles avaient fini de préparer et d'empaqueter leurs aromates et s'étaient retirées dans leurs cellules. Toutefois elles ne s'étaient pas couchées pour dormir, mais s'appuyaient seulement sur les couvertures roulées. Eues voulaient se rendre au tombeau avant le jour. Elles avaient manifesté plusieurs fois leur inquiétude, car elles craignaient que les ennemis de Jésus ne leur tendissent des embûches lorsqu'elles sortiraient, mais la sainte Vierge, pleine d'un nouveau courage depuis que son fils lui était apparu, les tranquillisa et leur dit qu'elles pouvaient prendre quelque repos et se rendre sans crainte au tombeau, qu'il ne Leur arriverait point de mal. Alors elles se reposèrent un peu. Il était à peu près onze heures de la nuit lorsque la Sainte Vierge, poussée par l'amour et par un désir irrésistible, se leva, s'enveloppa dans un manteau gris, et quitta seule la maison. Je me demandais avec inquiétude comment on laissait cette sainte mère, si épuisée, si affligée, se risquer seule ainsi au milieu de tant de dangers. Elle alla, plongée dans la tristesse, à la maison de Caïphe, puis au palais de Pilate, ce qui l'obligeait à traverser une grande partie de la ville, et elle parcourut ainsi tout le chemin de la croix à travers les rues désertes, s'arrêtant à tous les endroits où le Sauveur avait eu quelque chose à souffrir ou quelque outrage à essuyer. Elle semblait chercher un objet perdu ; souvent elle se prosternait par terre et promenait sa main sur les pierres : après quoi elle la portait à sa bouche, comme si elle eût touche quelque chose de saint, le sang sacré du Sauveur qu'elle vénérait en y appliquant ses lèvres. L'amour produisait en elle quelque chose de surhumain : car toutes les places sanctifiées lui apparaissaient lumineuses. Elle était absorbée dans l'amour et l'adoration. Je l'accompagnai pendant tout le chemin et je ressentis et fis tout ce qu'elle ressentit et fit elle-même, selon la faible mesure de mes forces. Elle alla ainsi jusqu'au Calvaire, et comme elle en approchait, elle s'arrêta tout d'un coup. Je vis Jésus avec son corps sacré apparaître devant la sainte Vierge, précédé d'un ange, ayant à ses côtés les deux anges du tombeau, et suivi d'une troupe nombreuse d'âmes délivrées. Il ne faisait aucun mouvement et semblait planer dans la lumière qui l'entourait ; mais il en sortit une vois qui annonça à sa mère ce qu'il avait fait dans les limbes, et qui lui dit qu'il allait ressusciter et venir à elle avec son corps transfiguré ; qu'elle devait l'attendre près de la pierre où il était tombé au Calvaire. L'apparition parut se diriger du côté de la ville, st la sainte Vierge, enveloppée dans son manteau, alla s'agenouiller en priant à la place qui lui avait été, désignée. Il pouvait bien être minuit passé, car Marie était restée assez longtemps sur le chemin de la croix. Je vis alors le cortège du Sauveur suivre ce même chemin, tout le supplice de Jésus fut montré aux âmes avec ses moindres circonstances : les anges recueillaient, d'une manière mystérieuse, toutes les portions de sa substance sacrée qui avaient été arrachées de son corps. Je vis que le crucifiement, l'érection de la crois, l'ouverture du côté, la déposition et l'ensevelissement leur furent aussi montrés. La sainte Vierge de son côté contemplait tout cela en esprit et adorait, pleine d'amour. Il me sembla ensuite que le corps du Seigneur reposait de nouveau dans le tombeau, et que les anges y rejoignaient, d'uns façon mystérieuse, tout ce que les bourreaux et leurs instruments de supplice en avaient enlevé. Je le vis de nouveau resplendissant dans son linceul, avec les deux anges en adoration à la tête et aux pieds. Je ne puis exprimer comment je vis tout cela. Il y a là tant de choses, des choses si diverses et si inexprimables, que notre raison dans son état ordinaire n'y peut rien comprendre. D'ailleurs, ce qui est clair et intelligible quand la le vois, devient plus tard complètement obscur et je ne puis le rendre avec des paroles. Lorsque le ciel commença à blanchir à l'orient, je vis Madeleine, Marie, fille de Cléophas, Jeanne Chusa et Salomé quitter le Cénacle, enveloppées dans leurs manteaux. Elles portaient des aromates empaquetés, et l'une d'elles avait une lumière allumée, mais cachée sous ses vêtements. Les aromates consistaient en fleurs fraîches qui devaient être jetées sur le corps, en sucs extraits de diverses plantes, en essences et en huiles dont elles voulaient l'arroser. Je les vis se diriger timidement vers la petite porte de Nicodème.

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Résurrection du Seigneur

Je vis apparaître l'âme de Jésus comme une gloire resplendissante entre deux anges en habits de guerre (des deux anges que j'avais vus précédemment étaient en habits sacerdotaux) ; une multitude de figures lumineuses l'environnait. Pénétrant à travers le rocher, elle vint se reposer sur son corps très saint : elle sembla se pencher sur lui et se confondit tout d'un coup avec lui. Je vis alors les membres se remuer dans leurs enveloppes, et le corps vivant et resplendissant Au Seigneur uni à son âme et à sa divinité, se dégager du linceul par le côté, comme s'il sortait de la plaie faite par la lance : cette vue me rappela Eve sortant du côté d'Adam. Tout était éblouissant de lumière. Il me sembla au même moment qu'une forme monstrueuse sortait de terre au-dessous du tombeau. Elle avait une queue de serpent et une tête de dragon qu'elle levait contre Jésus ! Je crois me souvenir qu'elle avait en outre une tête humaine. Mais je vis à la main du Sauveur ressuscité un beau bâton blanc au haut duquel était un étendard flottant : il marcha sur la tête du dragon et frappa rois fois avec le bâton sur sa queue ; à chaque coup, je vis le monstre se replier davantage sur lui-même, diminuer de grosseur et disparaître : la tête du dragon était rentrée sous terre, la tête humaine paraissait encore. J'ai souvent eu cette vision lors de la résurrection, et j'ai vu un serpent pareil qui semblait en embuscade lors de la conception du Christ. Il me rappela celui du Paradis ; seulement il était encore plus horrible. Je pense que ceci se rapporte à la prophétie : “ La semence de la femme écrasera la tête du serpent. ” Tout cela me parut seulement un symbole de la victoire remportée sur la mort, car lorsque je vis le Sauveur écraser la tête du dragon, je ne vis plus de tombeau. Je vis bientôt Jésus resplendissant s'élever à travers le rocher. La terre trembla ; un ange, semblable à un guerrier, se précipita comme un éclair du ciel dans le tombeau, mit la pierre à droite et s'assit dessus. La secousse fut telle que les lanternes s'agitèrent violemment et que la flamme jaillit de tous les côtés. A cette vue, les gardes tombèrent comme atteints de paralysie ; ils restèrent étendus par terre, les membres contournés et ne donnant plus signe de vie. Cassius, ébloui d'abord par l'éclat de la lumière, revint promptement à lui et s'approcha du tombeau : il entrouvrit la porte, toucha les linges vides, et se retira dans le dessein d'annoncer à Pilate ce qui était arrivé. Toutefois il attendit encore un peu, dans l'espoir de voir quelque chose de plus ; car il avait senti le tremblement de terre, il avait vu la pierre jetée de côté, l'ange assis dessus et le tombeau vide, mais il n'avait pas aperçu Jésus. Ces premiers événements furent racontés aux disciples soit par Cassius, soit par les gardes. Au moment où l'ange entra dans le tombeau et où la terre trembla. je vis le Sauveur ressuscité apparaître à sa Mère près du Calvaire. Il était merveilleusement beau et radieux. Son vêtement, semblable à un manteau, flottait derrière lui, et semblait d'un blanc bleuâtre, comme la fumée vue au soleil. Ses blessures étaient larges et resplendissantes ; on pouvait passer le doigt dans celles des mains. Des rayons allaient du milieu des mains au bout des doigts. Les âmes des patriarches s'inclinèrent devant la Mère de Jésus à laquelle le Sauveur adressa quelques mots que j'ai oubliés pour lui dire qu'elle le reverrait. Il lui montra ses blessures, et, comme elle se prosternait à terre pour baiser ses pieds, il la prit par la main, la releva et disparut. Les lanternes brillaient prés du tombeau dans le lointain, et l'horizon blanchissait à l'orient au-dessus de Jérusalem.

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Les Saintes Femmes au Tombeau


Les saintes femmes étaient près de la petite porte de Nicodème, lorsque Notre Seigneur ressuscita ; mais elles ne virent rien des prodiges qui eurent lieu au tombeau. Elles ne savaient pas qu'on y avait mis des gardes, car elles n'y étaient pas allées la veille, à cause du sabbat. Elles se demandaient avec inquiétude : “ Qui nous ôtera la pierre de devant la porte ? ” Car dans leur empressement à honorer le corps du Seigneur, elles n'avaient pas pensé à cette pierre. Leur dessein était de verser de l'eau de nard et de l'huile odorante sur le corps de Jésus, et d'y répandre des aromates et des fleurs. N'ayant contribué en rien aux dépenses de l'embaumement de la veille dont Nicodème seul s'était chargé, elles voulaient maintenant offrir au Seigneur ce qu'elles avaient pu trouver de plus précieux, et honorer ainsi sa sépulture. Celle qui avait apporté le plus de choses était Salomé. Ce n'était pas la mère de Jean, mais une femme riche de Jérusalem, parente de saint Joseph. Elles résolurent de placer leurs aromates sur la pierre qui fermait le tombeau et d'attendre là que quelque disciple vint leur en ouvrir l'entrée. Les gardes étaient étendus par terre comme frappés d'apoplexie ; la pierre était rejetée à droite, de sorte qu'on pouvait ouvrir la porte sans peine. Je vis à travers la porte, sur la couche sépulcrale, les linges dans lesquels le corps de Jésus avait été enveloppé. Le grand linceul était à sa place, mais retombé sur lui-même et ne contenant plus que les aromates ; la bande de toile avec laquelle on l'avait serré autour du corps n'avait pas été dépliée ; et elle était déposée sur le bord antérieur du tombeau. Quant au linge dont Marie avait recouvert la tête de son fils, il était à part au lieu même où cette tête sacrée avait reposé : seulement la partie qui avait voilé la face était relevée. Je vis les saintes femmes approcher du jardin ; lorsqu'elles virent les lanternes des gardes et les soldats couches autour du tombeau, elles eurent peur et se retournèrent un peu du coté du Golgotha. Mais Madeleine, sans penser au danger, entra précipitamment dans le jardin, et Salomé la suivit à quelque distance, c'étaient elles deux qui s'étaient principalement occupées de préparer les onguents. Les deux autres femmes furent moins hardies, et s'arrêtèrent à l'entrée. Je vis Madeleine, lorsqu'elle fut près des gardes, revenir un peu effrayée vers Salomé ; puis toutes deux ensemble, passant, non sans quelque crainte, au milieu des soldats étendus par terre, entrèrent dans la grotte du sépulcre. Elles virent la pierre déplacée, mais les portes avaient été refermées, probablement par Cassius. Madeleine les ouvrit, pleine d'émotion, fixa les yeux sur la couche sépulcrale, et vit les linges où le Seigneur avait été enseveli vides, repliés et mis de côté. Le tombeau était resplendissant, et un ange était assis à droite sur la pierre. Madeleine fut toute troublée ; je ne sais pas si elle entendit les paroles de l'ange, mais je la vis sortir rapidement du jardin et courir dans la ville vers les apôtres assemblés. Je ne sais non plus si l'ange parla à Marie Salomé, qui était restée à l'entrée du sépulcre ; je la vis, tout effrayée, sortir du jardin en grande hâte aussitôt après Madeleine, rejoindre les deux autres femmes et leur annoncer ce qui venait de se passer. Tout cela se fit précipitamment et avec un sentiment d'épouvante comme en présence d'une apparition. Le récit de Salomé troubla et réjouit à la fois les autres femmes, lesquelles hésitèrent un peu avant d'entrer dans le jardin. Mais Cassius. qui avait attendu et cherché quelque temps dans les environs, espérant peut-être voir Jésus, se rendit en ce moment même vers Pilate pour lui faire son rapport. En passant près des saintes femmes, il leur dit très brièvement ce qu'il avait vu et les exhorta à s'en assurer par leurs propres yeux. Elles prirent courage et entrèrent dans le jardin. Comme elles étaient à l'entrée du sépulcre, elles virent les deux anges du tombeau en habits sacerdotaux d'une blancheur éclatante. Elles lurent saisies de frayeur se serrèrent l'une contre l'autre, et, mettant les mains devant leurs yeux, se courbèrent jusqu'à terre. Mais un des anges leur dit de n'avoir pas peur, qu'elles ne devaient plus chercher là le Crucifié, qu'il était ressuscité et plein de vie. Il leur montra la place vide, et leur ordonna de dire aux disciples ce qu'elles avaient vu et entendu. Il ajouta que Jésus les précéderait en Galilée, et qu'elles devaient se ressouvenir de ce qu'il leur avait dit : “ Le Fils de l'homme sera livré entre les mains des pécheurs ; on le crucifiera, et il ressuscitera le troisième jour ”. Alors les anges disparurent. Les saintes femmes, tremblantes, mais pleines de joie, regardèrent en pleurant le tombeau et les linges, et s'en revinrent vers la ville. Mais elles étaient encore tout émues ; elles ne se pressaient pas, et s'arrêtaient de temps en temps pour voir si elle n'apercevraient pas le Seigneur, ou si Madeleine ne revenait pas. Pendant ce temps, je vis Madeleine arriver au Cénacle ; elle était comme hors d'elle-même et frappa fortement à la porte. Plusieurs disciples étaient encore couchés le long des murs, et dormaient ; quelques-uns étaient levés et s'entretenaient ensemble. Pierre et Jean lui ouvrirent. Madeleine leur dit seulement du dehors : “  On a enlevé le Seigneur du tombeau ; nous ne savons pas où on l'a mis ”. Et après ces paroles, elle s'en retourna en grande hâte vers le jardin. Pierre et Jean rentrèrent dans la maison. et dirent quelques mots aux autres disciples ; puis ils la suivirent en courant, Jean toutefois plus vite que Pierre. Je vis Madeleine rentrer dans le jardin et se diriger vers le tombeau, tout émue de sa course et de sa douleur. Elle était couverte de rosée ; son manteau était tombé de sa tête sur ses épaules, et ses longs cheveux dénoués et flottants. Comme elle était seule, elle n'osa pas d'abord descendre dans la grotte, mais elle s'arrêta un instant devant l'entrée ; elle s'agenouilla pour regarder jusque dans le tombeau à travers les portes, et comme elle rejetait en arrière ses longs y cheveux qui tombaient sur son visage, elle vit deux anges en vêtements sacerdotaux d'une blancheur éclatante, assis aux deux extrémités du tombeau, et entendit la voix de l'un d'eux qui lui disait : “ Femme, pourquoi pleures-tu ” ? Elle s'écria dans sa douleur (car elle ne voyait qu'une chose, n'avait qu'une pensée, à savoir que le corps de Jésus n'était plus là) : “ Ils ont enlevé mon Seigneur, et je ne sais pas où ils l'ont mis ”. Après ces paroles, ne voyant que le linceul vide, elle quitta le tombeau et se mit à chercher ça et là. Il lui semblait qu'elle allait trouver Jésus : elle pressentait confusément qu'il était près d'elle, et l'apparition même des anges ne pouvait la distraire, elle ils paraissait pas s'apercevoir que c'étaient des anges ; elle ne pouvait penser qu'à Jésus. “ Jésus n'est pas là ! où est Jésus ” ? Je la vis errer de côte et d'autre comme une personne qui aurait perdu son chemin. Sa chevelure tombait à droite et à gauche sur son visage. Une fois, elle prit tous ses cheveux à deux mains, puis elle les partagea en deux et les rejeta en arrière. C'est alors qu'en regardant autour d'elle, elle vit, à dix pas du tombeau, vers l'orient au lieu où le jardin monte vers la ville, une grande figure habillée de blanc apparaître entre les buissons, derrière un palmier, à la lueur du crépuscule, et comme elle courait de ce côté, elle entendit ces paroles : “ Femme, pourquoi pleures-tu ? qui cherches-tu ” ? Elle crut que c'était le jardinier ; et, en effet, celui qui lui parlait avait une bêche à la main, et sur la tête un large chapeau qui semblait fait d'écorce d'arbre. J'avais vu sous cette forme le jardinier de la parabole que Jésus avait racontée aux saintes femmes, à Béthanie, peu de temps avant sa passion. Il n'était pas resplendissant de lumière, mais semblable à un homme habillé de blanc qu'on verrait à la lueur du crépuscule. A ces paroles : “ Qui cherches-tu ” ?, elle répondit aussitôt : “ Si c'est vous qui l'avez enlevé, dites-moi où il est, et j'irai le prendre ”. Et elle se mit tout de suite à regarder de nouveau autour d'elle. C'est alors que Jésus lui dit avec son son de voix ordinaire : “  Marie ” ! Elle reconnut sa voix, et aussitôt, oubliant le crucifiement, la mort et la sépulture, elle se retourna rapidement, et lui dit comme autrefois : “ Rabboni (maître !) ” ! Elle tomba à genoux et étendit ses bras vers les pieds de Jésus. Mais le Sauveur l'arrêta d'un geste, et lui dit : “ Ne me touche pas ! car je ne suis pas encore monté vers mon Père, mais va trouver mes frères, et dis-leur que je monte vers mon Père et leur Père, vers mon Dieu et leur Dieu ”. Alors il disparut. Il me fut expliqué pourquoi Jésus avait dit : “ Ne me touche pas ” ! mais je n'en ai plus un souvenir bien distinct. Je pense qu'il parla ainsi à cause de l'impétuosité de Madeleine, trop absorbée dans le sentiment qu'il vivait de la même vie qu'auparavant, et que tout était comme autrefois. Quant aux paroles de Jésus : " Je ne suis pas encore monté vers mon Père " , il me fut expliqué qu'il ne s'était pas encore présente à son Père céleste après sa résurrection, et qu'il ne l'avait pas encore remercié pour sa victoire sur la mort et pour l'oeuvre accomplie de la Rédemption. C'était comme s'il eût dit que les prémices de la joie appartenaient à Dieu, qu'elle devait d'abord se recueillir et remercier Dieu pour l'accomplissement du mystère de la Rédemption : car elle avait voulu embrasser ses pieds comme autrefois ; elle n'avait pense à rien qu'à son maître bien-aimé, et elle avait oublié, dans l'emportement de son amour, le miracle qui était sous ses yeux. Je vis Madeleine, après la disparition du Seigneur, se relever promptement, et, comme si elle avait fait un rêve, courir de nouveau au sépulcre. Là, elle vit les deux anges assis : ils lui dirent ce qu'ils avaient dit aux deux autres femmes touchant la résurrection de Jésus. Alors, sûrs du miracle et de ce qu'elle avait vu, elle se hâta de chercher ses compagnes, et elle les trouva sur le chemin qui menait au Calvaire ; elles y erraient de côté et d'autre, toutes craintives, attendant le retour de Madeleine et ayant une vague espérance de voir quelque part le Seigneur. Toute cette scène ne dura guère que deux minutes ; il pouvait être trois heures et demie du matin quand le Seigneur lui apparut, et elle était à peine sortie du jardin que Jean y entra, et Pierre un instant après lui. Jean s'arrêta à l'entrée du caveau ; se penchant en avant, il regarda par la porte entrouverte du tombeau et vit le linceul vide. Pierre arriva alors et descendit dans la grotte, jusque devant le tombeau : il y vit les linges repliés des deux côtés vers le milieu : les aromates y étaient enveloppées et la bande de toile roulée autour : le linge qui avait couvert la face était également plié et déposé à droite contre la paroi. Jean alors suivit de Pierre, vit tout cela et crut à la résurrection. Ce que Jésus leur avait dit, ce qui était dans les Ecritures devenait clair pour eux maintenant, et jusqu'alors ils ne l'avaient pas compris. Pierre prit les linges sous son manteau, et ils s'en revinrent en courant par la petite porte de Nicodème, Jean courut encore en avant de Pierre. J'ai vu le sépulcre avec eux et avec Madeleine, et chaque fois j'ai vu les deux anges assis à la tête et aux pieds, comme aussi tout le temps que le corps de Jésus fut dans le tombeau. Il me sembla que Pierre ne les vit pas. J'entendis plus tard Jean dire aux disciples d'Emmaüs que, regardant d'en haut, il avait aperçu un ange. Peut-être l'effroi que lui causa cette vue fut-il cause qu'il se laissa devancer par Pierre, et peut-être aussi n'en parle-t-il pas dans son Evangile par humilité, pour ne pas dire qu'il a vu plus que Pierre. Je vis en ce moment seulement les gardes étendus par terre se relever et reprendre leurs piques et leurs lanternes. Ces dernières, placées sur des perches à l'entrée de la grotte, avaient quelque peu éclairé l'intérieur. Les gardes, frappés de stupeur, sortirent en hâte du jardin et gagnèrent la porte de la ville. Pendant ce temps, Madeleine avait rejoint les saintes femmes, et leur racontait qu'elle avait vu la Seigneur dans le jardin, et ensuite les anges. Ses compagnes lui répondirent qu'elles avaient aussi vu les anges. Madeleine courut alors à Jérusalem, et les saintes femmes retournèrent du côté du jardin où elles croyaient peut-être trouver les deux apôtres. Je vis les gardes passer devant elles et leur adresser quelques paroles. Comme elles approchaient du jardin, Jésus leur apparut revêtu d'une longue robe blanche qui couvrait jusqu'à ses mains, et leur dit : “ Je vous salue ”.  Elles tressaillirent, tombèrent à ses pieds et semblèrent vouloir les embrasser ; toutefois je ne me rappelle pas bien distinctement cette dernière circonstance. Je vis que le Seigneur leur adressa quelques paroles, sembla leur indiquer quelque chose avec la main, et disparut. Alors elles coururent en hâte au Cénacle, et rapportèrent aux disciples qu'elles avaient vu le Seigneur et ce qu'il leur avait dit. Ceux-ci d'abord ne voulaient croire ni elles, ni Madeleine, et traitèrent tout ce qu'elles leur dirent d'imaginations de femmes jusqu'au retour de Pierre et de Jean. Comme Jean et Pierre que l'étonnement avaient rendus tout pensifs s'en revenaient, ils rencontrèrent Jacques le Mineur et Thaddée qui avaient voulu les suivre au tombeau, et qui étaient aussi très émus, car le Seigneur leur était apparu prés du Cénacle. l'avais aussi vu Jésus passer devant Pierre et Jean, et Pierre me parut l'avoir aperçu, car il sembla saisi d'une terreur subite. Je ne sais pas si Jean le reconnut. Dans ces visions relatives à la Résurrection, je vis souvent, soit à Jérusalem, soit ailleurs, le Seigneur Jésus au d'autres apparitions en présence de diverses personnes, sans remarquer que celles-ci le voient aussi. Quelquefois je vois les uns frappés d'un effroi soudain et saisis d'étonnement, tandis que les autres restent indifférents. Il me semble que je vois toujours le Seigneur, mais je remarque en même temps que les hommes ne le voyaient alors qu'à certains moments. Je vis de même continuellement les deux anges en habits sacerdotaux se tenir dans l'intérieur du sépulcre, à partir du moment où le Seigneur y fut déposé ; je vis aussi que les saintes femmes, tantôt ne les voyaient pas, quelquefois n'en voyaient qu'un, tantôt les voyaient tons doux. Les anges qui parlèrent aux femmes étaient les anges du tombeau. Un seul d'entre eux leur parla, et comme la porte n'était qu'entrouverte, elles ne virent pas l'autre. L'ange qui descendit comme un éclair, rejeta la pierre du tombeau et s'assit dessus, parut sous la figure d'un guerrier. Cassius et les gardes le virent au commencement assis sur la pierre. Les anges- qui parlèrent ensuite étaient les auges du tombeau ou l'un d'eux. Je ne me souviens plus pour quelle raison tout cela se fit ainsi : quand je le vis, je n'en fus pas surprise, car alors ces choses paraissent toutes simples et rien ne semble étrange.

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Rapport des gardes sur le tombeau

Cassius était venu trouver Pilate environ une heure après la résurrection. Le gouverneur romain était encore couché, et on fit entrer Cassius prés de lui. Il lui raconta tout ce qu'il avait vu avec une grande émotion, lui parla du rocher ébranlé, de la pierre repoussés par un ange, des linceuls restés vides : il ajouta que Jésus était certainement le Messie et le Fils de Dieu, qu'il était ressuscité et qu'il n'était plus là. Il parla encore de diverses autres choses qu'il avait vues. Pilate écouta ce récit avec une terreur secrète, mais il n'en laissa rien voir, et dit à Cassius : “ Tu es un superstitieux, tu as follement agit en allant te mettre près du tombeau du Galiléen ; ses dieux ont pris avantage sur toi, et t'ont fait voir toutes ces visions fantastiques ; je te conseille de ne pas raconter cela aux Princes des prêtres, car ils te feraient un mauvais parti ”. Il fit aussi semblant de croire que le corps de Jésus avait été dérobé par ses disciples et que les gardes racontaient la chose autrement, soit pour s'excuser et cacher leur négligence, soit pares qu'ils avaient été trompés par des sortilèges. Quand il eût parlé quelque temps sur ce ton, Cassius le quitta, et Pilate alla sacrifier à ses dieux. Quatre soldats vinrent bientôt faire le même récit à Pilate ; mais il ne s'expliqua pas avec eux et les renvoya à Caiphe. Je vis une partie de la garde dans une grande cour voisine du Temple où étaient rassemblés beaucoup de vieux Juifs. Après quelques délibérations, on prit les soldats un à un, et, à force d'argent et de menaces, on les poussa à dire que les disciples avaient enlevé le corps de Jésus pendant leur sommeil. Ils objectèrent d'abord que leurs compagnons qui étaient allés chez Pilate les contrediraient, et les Pharisiens leur promirent d'arranger la chose avec le gouverneur. ! Mais lorsque les quatre gardes arrivèrent, ils ne voulurent pas dire autrement qu'ils n'avaient fait chez Pilate. Le bruit s'était déjà répandu que Joseph d'Arimathie était sorti miraculeusement de sa prison, et comme les Pharisiens donnaient à entendre que ces soldats avaient été subornés pour laisser enlever le corps de Jésus et leur faisaient de grandes menaces, s'ils ne le représentaient pas, ceux-ci répondirent qu'il ne pouvaient pas plus représenter ce corps, que les gardes de la prison ne pouvaient représenter Joseph d'Arimathie. Ils persévérèrent dans leurs dires et parlèrent si librement du jugement inique de l'avant veille, et de la manière dont la Pâque avait été interrompue. qu'on les arrêta et qu'on les mit en prison. Les autres répandirent le bruit que Jésus avait été enlevé par ses disciples et ce mensonge fut propagé par les Pharisiens, les Sadducéens et les Hérodiens : il eut cours dans toutes les synagogues où on l'accompagna d'injures contre Jésus. Toutefois cette imposture ne réussit pas généralement, car après la résurrection de Jésus, beaucoup de justes de l'ancienne loi apparurent de nouveau à plusieurs de leurs descendants qui étaient encore capables de recevoir la grâce, et les poussèrent à se convertir à Jésus. Plusieurs disciples qui s'étaient dispersés dans le pays et dont le courage était abattu, virent aussi des apparitions semblables qui les consolèrent et les confirmèrent dans la foi. L'apparition des morts qui sortirent de leurs tombeaux après la mort de Jésus ne ressemblait en rien à la résurrection du Seigneur. Jésus ressuscita avec son corps renouvelé et glorifié, qui n'était plus sujet à la mort et avec lequel il monta au ciel sous les yeux de ses amis. Mais ces corps sortis du tombeau n'étaient que des cadavres sans mouvement, donnés un instant pour vêtement aux âmes qui les avait habités, et qu'elles replacèrent dans le sein de la terre, d'où ils ne ressusciteront comme nous tous qu'au jugement dernier. Ils étaient moins ressuscités d'entre les morts que Lazare qui vécut réellement et dut mourir une seconde fois.

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Le Christ est Ressuscité

Alléluia! Alléluia!

1 avril 2010

Semaine Sainte 2010

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Semaine Sainte 2010

La Dernière Cène de Notre Seigneur Jésus-Christ

Extrait des visions de la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich

Préparatifs de la Pâque

Jésus étant âgé de trente-trois ans dix-huit semaines moins un jour. C'est hier soir qu'eut lieu le dernier grand repas du Seigneur et de ses amis, dans la maison de Simon le lépreux, à Béthanie, où Marie-Madeleine répandit pour la dernière fois des parfums sur Jésus: Judas se scandalisa à cette occasion; il courut à Jérusalem, et complota encore avec les princes des prêtres pour leur livrer Jésus. Apres le repas, Jésus revint dans la maison de Lazare, et une partie des apôtres se dirigea vers l'auberge située en avant de Béthanie. Dans la nuit, Nicodème vint encore chez Lazare, et s'entretint longtemps avec le Seigneur; il retourna à Jérusalem avant le jour, et Lazare l'accompagna une partie du chemin. Les disciples avaient déjà demandé à Jésus où il voulait manger la Pâque. Aujourd'hui, avant l'aurore, le Seigneur fit venir Pierre, Jacques et Jean : il leur parla beaucoup de tout ce qu'ils avaient à préparer et à ordonner à Jérusalem, et leur dit que, lorsqu'ils monteraient à la montagne de Sion, ils trouveraient l'homme à la cruche d'eau ils connaissaient déjà cet homme, car, à la dernière Pâque, à Béthanie, c'était lui qui avait préparé le repas de Jésus; voilà. pourquoi saint Matthieu dit : un certain homme. Ils devaient le suivre jusqu'à sa maison, et lui dire: " Le maître vous lait savoir que son temps est proche, et qu'il veut faire la Pâque chez vous ". Ils devaient ensuite se faire montrer le Cénacle qui était déjà préparé, et y faire toutes les dispositions nécessaires. Je vis les deux apôtres monter à Jérusalem en suivant un ravin au midi du Temple, vers le côté septentrional de Sion. Sur le flanc méridional de la montagne du temple il y avait des rangées de maisons: ils marchaient vis-à-vis ces maisons an remontant un torrent qui les en séparait Lorsqu'ils eurent atteint les hauteurs de Sion qui dépassent la montagne du Temple, ils se dirigèrent vers le midi, st rencontrèrent, au commencement d'une petite montée, dans le voisinage d'un vieux bâtiment à plusieurs cours, l'homme qui leur avait été désigné : ils le suivirent et lui dirent ce que Jésus leur avait ordonné. Il se réjouit fort à cette nouvelle, et leur répondit qu'un repas avait déjà été commandé chez lui (probablement par Nicodème), qu'il ne savait pas pour qui, et qu'il était charmé d'apprendre que c'était pour Jésus. Cet homme était Héli, beau-frère de Zacharie d'Hébron, dans la maison duquel Jésus, l'année précédente, avait annoncé la mort de Jean-Baptiste. Il n'avait qu'un fils, lequel était lévite, et lié d'amitié avec Luc, avant que celui-ci ne fût venu au Seigneur, et en outre, cinq filles non mariées. Il allait tous les ans à la fête de Pâques avec ses serviteurs, louait une salle et préparait la Pâque pour des personnes qui n'avaient pas d'hôte dans la ville. Cette année, il avait loué un Cénacle, qui appartenait à Nicodème et à Joseph d'Arimathie. Il en montra aux deux apôtres la situation et la distribution intérieure.

Le Cénacle


Sur le côté méridional de la montagne de Sion, non loin du château ruiné de David et du marché qui monte vers ce château du côté du levant, se trouve un ancien et solide bâtiment entre des rangées d'arbres touffus, au milieu d'une cour spacieuse environnée de bons murs. A droite et à gauche de l'entrée, on voit dans cette cour d'autres bâtisses attenant au mur, notamment à droite, la demeure du majordome, et tout auprès, celle où la sainte Vierge et les saintes femmes se tinrent le plus souvent après la mort de Jésus. Le Cénacle, autrefois plus spacieux, avait alors servi d'habitation aux hardis capitaines de David, et ils s'y exerçaient au maniement des armes. Avant la fondation du Temple, l'arche d'alliance y avait été déposée assez longtemps, et il y a encore des traces de son séjour dans un lieu souterrain. J'ai vu aussi le prophète Malachie caché sous ces mêmes voûtes: il y écrivait ses prophéties sur le saint Sacrement et le sacrifice de la Nouvelle Alliance. Salomon honora cette maison, et il y faisait quelque chose de symbolique et de figuratif que j'ai oublié. Lorsqu'une grande partie de Jérusalem fut détruite par les Babyloniens, cette maison fut épargnée. J'ai vu bien d'autres choses à son sujet, mais je n'en ai retenu que ce que je viens de dire. Cet édifice était en très mauvais état lorsqu'il devint la propriété de Nicodème et de Joseph d'Arimathie: ils avaient disposé très commodément le bâtiment principal, qu’ils louaient pour servir de Cénacle aux étrangers que les fêtes de Pâques attiraient à Jérusalem. C'est ainsi que le Seigneur s'en était servi à la dernière Pâque. En outre, la maison et ses dépendances leur servaient, pendant toute l'année, de magasin pour des pierres tumulaires et autres, et d'atelier pour leurs ouvriers: car Joseph d'Arimathie possédait d'excellentes carrières dans sa patrie, et il en faisait venir des blocs de pierre, dont on faisait sous sa direction des tombes, des ornements d'architecture et des colonnes qu'on vendait ensuite. Nicodème prenait part à ce commerce, et lui-même aimait à sculpter dans ses moments de loisir. Il travaillait dans la salle ou dans un souterrain qui était au-dessous, excepté à l'époque des fêtes: ce genre d'occupation l'avait mis en rapport avec Joseph d’Arimathie; ils étaient devenus amis et s'étaient souvent associés dans leurs entreprises. Ce matin, pendant que Pierre et Jean, envoyés de Béthanie par Jésus, s'entretenaient avec l'homme qui avait loué le Cénacle pour cette année, Je vis Nicodème aller et venir dans les bâtiments à gauche de la cour où l'on avait transporté beaucoup de pierres qui obstruaient les abords de la salle à manger. Huit jours auparavant, j'avais vu plusieurs personnes occupées à mettre des pierres de côté, à nettoyer la cour et à préparer le Cénacle pour la célébration de la Pâque ; je pense même qu'il y avait parmi elles des disciples, peut-être Aram et Themeni, les cousins de Joseph d'Arimathie. Le Cénacle proprement dit est à peu près au milieu de la cour, un peu dans le fond; c'est un carré long, entouré d'un rang de colonnes peu élevées, qui, si l'on dégage les intervalles entre les piliers, peut être réuni à la grande salle intérieure, car tout l'édifice est comme à jour et repose sur des colonnes et des piliers ; seulement, dans les temps ordinaires, les passages sont fermés par des entre-deux. La lumière entre par des ouvertures au haut des murs. Sur le devant, on trouve d'abord un vestibule, où conduisent trois entrées; puis on arrive dans la grande salle intérieure, au plafond de laquelle pendent plusieurs lampes: les murs sont ornés pour la fête, jusqu'à moitié de Leur hauteur, de belles nattes ou de tapis, et on a pratique dans le haut une ouverture, où l'on a étendu comme une gaze bleue transparente. Le derrière de cette salle est séparé du reste par un rideau du même genre. Cette division en trois parties donne au Cénacle une ressemblance avec le Temple; on y trouve aussi le parvis, le Saint et le Saint des Saints. C'est dans cette dernière partie que sont déposés, à droite et à gauche, les vêtements et les objets nécessaires à la célébration de la fête. Au milieu est une espèce d'autel. Hors du mur sort un banc de pierre élevé sur trois marches; sa forme est celle d'un triangle rectangle dont la pointe est tronquée; ce doit être la partie supérieure du fourneau où l'on fait rôtir l'agneau pascal, car aujourd'hui, pendant le repas, les marches qui sont autour étaient tout à fait chaudes. Il y a sur le coté une sortie conduisant dans la salle qui est derrière cette pierre saillante. C’est là qu'on descend à l'endroit où l'on allume le feu: on arrive aussi par là à d'autres caveaux voûtés, situés au-dessous de la salle. L'autel ou la pierre saillante renferme divers compartiments, comme des caisses ou des tiroirs à coulisse. Il y a aussi en haut des ouvertures, une espèce de grille en fer, une place pour faire le feu, une autre pour l'éteindre. Je ne puis pas décrire textuellement tout ce qui se trouve là: cela semble être une espèce de foyer pour faire cuire des pains azymes et d'autres gâteaux pour la Pâque, ou encore pour brûler des parfums et certains restes du repas après la fête : c'est comme une cuisine pascale. Au-dessus de ce foyer ou de cet autel se détache de la muraille une sorte de niche en bois : plus haut se trouve une ouverture avec une soupape, probablement pour laisser sortir la fumée. Devant cette niche ou au-dessus je vis l'image d'un agneau pascal: il avait un couteau dans la gorge et il semblait que son sang coulât goutte à goutte sur l'autel; Je ne me souviens plus bien comment cela était fait. Dans la niche de la muraille, sont trois armoires de diverses couleurs qu'on fait tourner comme nos tabernacles pour les ouvrir ou les fermer; j'y vis toutes espèces de vases pour la Pâque et des écuelles rondes; plus tard, le saint Sacrement y reposa. Dans les salles latérales du Cénacle sont des espèces de couches en maçonnerie disposées en. plan incliné, où se trouvent d'épaisses couvertures roulées ensemble, et où l'on peut passer la nuit. Sous tout l'édifice se trouvent de belles caves. L'Arche d'alliance fut déposée autrefois au-dessous de l'endroit même où le foyer a été depuis construit. Sous la maison se trouvent cinq rigoles, qui conduisent les immondices et les eaux sur la pente de la montagne car la maison est située sur un point élevé. J'ai vu précédemment Jésus y guérir et y enseigner : les disciples aussi passaient souvent la nuit dans les salles latérales.

Dispositions pour le repas pascal

Lorsque les apôtres eurent parlé à Héli d'Hébron, celui-ci rentra dans la maison par la cour: pour eux, ils tournèrent à droite et descendirent au nord à travers Sion. Ils passèrent un pont et gagnèrent, par un sentier couvert de broussailles, l'autre côté du ravin qui est en avant du Temple et la rangée de maisons qui se trouve au sud de cet édifice. Là était la maison du vieux Siméon, mort dans le Temple après la présentation du Christ; et ses fils, dont quelques-uns étaient secrètement disciples de Jésus, y logeaient actuellement. Les apôtres parlèrent à l'un d'eux, qui avait un emploi dans le Temple; c'était un homme grand et très brun. Ils allèrent avec lui à l'est du Temple, à travers cette partie d'Ophel par où Jésus était entré dans Jérusalem, le jour des Rameaux, et gagnèrent le marché aux bestiaux, situé dans la partie de la ville qui est au nord du Temple. Je vis dans la partie méridionale de ce marché de petits enclos où de beaux agneaux sautaient sur le gazon comme dans de petits jardins. C'étaient les agneaux de la Pâque qu'on achetait là. Je vis le fils de Siméon entrer dans l'un de ces enclos : les agneaux sautaient après lui et le poussaient avec leurs têtes comme s'ils l'eussent connu. Il en choisit quatre, qui furent portés au Cénacle. Je le vis dans l’après-midi s'occuper, au Cénacle, de la préparation de l’agneau pascal. Je vis Pierre et Jean aller encore dans différents endroits de la ville et commander divers objets. Je les vis aussi devant une porte, au nord de la montagne du Calvaire, dans une maison où logeaient la plupart du temps les disciples de Jésus, et qui appartenait à Séraphia (tel était le nom de celle qui fut appelée depuis Véronique). Pierre et Jean envoyèrent de là quelques disciples au Cénacle et les chargèrent de quelques commissions que j'ai oubliées. Ils entrèrent aussi dans la maison de Séraphia, où ils avaient plusieurs arrangements à prendre. Son mari, membre du conseil, était la plupart du temps hors de chez lui pour ses affaires, et même lorsqu'il était à la maison, elle le voyait peu. C'était une femme à peu prés de l'âge de la sainte Vierge, et depuis longtemps en relation avec la sainte Famille; car lorsque Jésus enfant resta à Jérusalem après la fête, c'était par elle qu'il était nourri. Les deux apôtres prirent là divers objets, qui furent ensuite portés au Cénacle par des disciples, dans des paniers couverts. C'est là aussi qu'on leur donna le calice dont le Seigneur se servit pour l'institution de la sainte Eucharistie.

Du calice de la Sainte Cène

Le calice que les apôtres emportèrent de chez Véronique est un vase merveilleux et mystérieux. Il était resté longtemps dans le Temple, parmi d'autres objets précieux d'une haute antiquité dont on avait oublié l'usage et l'origine. Quelque chose de semblable est arrivé dans l'Eglise chrétienne, où bien des objets sacrés, précieux par leur beauté; leur antiquité, sont tombes dans l'oubli avec le temps. On avait souvent mis au rebut, vendu, ou fait remettre à neuf de vieux vases et de vieux bijoux enfouis dans la poussière du Temple. C'est ainsi que, par la permission de Dieu, ce saint vase, qu'on n'avait jamais pu fondre à cause de sa matière inconnue, avait été trouvé par les prêtres modernes dans le trésor du Temple parmi d'autres objets hors d'usage, puis vendu à des amateurs d'antiquité. Ce calice, acheté par Séraphia avec tout ce qui s'y rattachait, avait déjà servi plusieurs fois à Jésus pour la célébration des fêtes et à dater de ce jour, il devint la propriété constante de la sainte communauté chrétienne. Ce vase n'avait pas toujours été dans son état actuel: je ne me souviens plus quand on avait mis ensemble les diverses pièces dont il se composait maintenant, ni si c'était par l'ordre du Seigneur. Quoi qu'il en soit, on y avait joint une collection portative d'objets accessoires, qui devaient servir pour l’Institution de la sainte Eucharistie. Le grand calice était posé sur un plateau dont on pouvait tirer encore une sorte de tablette, et autour de lui étaient six petits verres. Je ne me souviens plus si la tablette contenait des choses saintes. Dans ce grand calice se trouvait un autre petit vase ; au-dessus un petit plat, puis un couvercle bombé. Dans la pied du calice était assujettie une cuillère qu'on en tirait facilement. Tous ces vases étaient recouverts de beaux linges et renfermés dans une enveloppe en cuir, si je ne me trompe : celle-ci était surmontée d'un bouton. Le grand calice se compose de la coupe et du pied qui doit avoir été ajouté plus tard, car ces deux parties sont d'une matière différente. La coupe présente une masse brunâtre et polie en forme de poire; elle est revêtue d'or, et il y a deux petites anses par où on peut la prendre, car elle est assez pesante. Le pied est d'or vierge artistement travaillé; il est orné dans le bas d'un serpent et d'une petite grappe de raisin, et enrichi de pierres précieuses. Le grand calice est resté dans l'église de Jérusalem, auprès de saint Jacques le Mineur, et je le vois maintenant encore conservé quelque part dans cette ville; il reparaîtra au jour, comme il y est reparu cette lois. D'autres églises se sont partagé les petites coupes qui l'entourent; l'une d'elles est allée à Antioche, une autre à Éphèse: chacune des sept églises a eu la sienne. Elles appartenaient aux patriarches qui y buvaient un breuvage mystérieux, lorsqu'ils recevaient et donnaient la bénédiction, ainsi que je l'ai vu plusieurs fois. Le grand calice était déjà chez Abraham: Melchisédech l'apporta avec lui du pays de Sémiramis dans la terre de Chanaan, lorsqu'il commença quelques établissements au lieu où lut plus tard Jérusalem ; il s'en servit lors du sacrifice où il offrit le pain et le vin en présence d'Abraham, et il le laissa à ce patriarche. Ce vase avait été aussi dans l'arche de Noé. “ Voici des hommes, de beaux hommes qui viennent d'une superbe ville: elle est bâtie à l'antique ; on y adore ce qu'on veut, on y adore même des poissons. Le vieux Noé, avec un pieu sur l'épaule, se tient dans le côté de l'arche ; le bois de construction est rangé tout autour de lui. Non, ce ne sont pas des hommes: ce doit être quelque chose de plus relevé, tant ils sont beaux et sereins; ils apportent à Noé le calice qui, sans doute, a été égaré quelque part. Je ne sais pas comment s'appelle cet endroit. Il y a dans le calice une espèce de grain de blé, mais plus gros que les nôtres ; c'est comme une graine de tournesol ; et il y a aussi une petite branche de vigne. Ils parlent à Noé de sa grande célébrité; ils lui disent de prendre ce calice avec lui, qu'il y a là quelque chose de mystérieux. voyez, il met le grain de blé et la petite branche de vigne dans une pomme jeune qu'il place dans la coupe. Il n'y a point de couvercle au-dessus, car ce qu'il y a mis doit toujours croître en dehors. Le calice est fait d'après un modèle qui, je crois, est sorti de terre quelque part, d'une façon merveilleuse. Il y a là un mystère, mais il est lait sur ce modèle. Ce calice est celui que J'ai vu figurer dans la grande parabole l, à l'endroit où était le buisson ardent. Le grain de froment s’est développé jusqu'à l'époque de Jésus-Christ ”. La Sœur raconta tout ce qu’il vient d'être dit du calice dans un état d'intuition tranquille et voyant devant elle tout ce qu'elle décrivait. Souvent elle semblait lutter contre ce qui se présentait à elle et poussait des exclamations mouvantes. Pendant son récit relatif à Noé, elle était tout absorbée dans sa vision. A la fin, elle poussa un cri d’effroi, regarda autour d'elle et dit: " Ah ! j'ai peur d'être obligée d'entrer dans l'arche ; je vois Noé, et je croyais que les grandes eaux arrivaient ". Plus tard, étant tout à fait revenue à son état naturel, elle dit: " Ceux qui ont apporté le calice à Noé portaient de longs vêtements blancs et ressemblaient aux trois hommes qui vinrent chez Abraham et lui promirent que Sara enfanterait. Il m'a semblé qu'ils enlevaient de la ville quelque chose de saint qui ne devait pas être détruit avec elle et qu'ils le donnaient à Noé. La ville même périt dans le déluge avec tout ce qu'elle contenait. Le calice fut à Babylone, chez des descendants de Noé restés fidèles au vrai Dieu, ils étaient tenus en esclavage par Sémiramis. Melchisédech les conduisit dans la terre de Canaan. et emporta le calice. Je vis qu'il avait une tente près de Babylone, et qu'avant  de les emmener, il y bénit le pain et le leur distribua, sans quoi ils n'auraient pas eu force de le suivre. Ces gens avaient un nom comme Samanéens. Il se servit d'eux et de quelques Chananéens habitant des cavernes, lorsqu'il commença à bâtir sur les collines sauvages où fut depuis Jérusalem ". Il fit des fondations profondes à la place où furent ensuite le Cénacle et le Temple et aussi vers le Calvaire. Il y planta le blé et la vigne. " Après le sacrifice de Melchisédech, le Calice resta chez Abraham. Il alla aussi on Egypte, et Moise en fut possesseur. Il était fait d'une matière singulière, compacte, comme celle d'une cloche, et qui ne semblait pas avoir été travaillée comme les métaux, mais être le produit d'une sorte de végétation. J'ai vu à travers. Jésus seul savait ce que c'était ".

Jésus va à Jérusalem

Le matin, pendant que les deux apôtres s'occupaient, à Jérusalem, des préparatifs de la Pâque, Jésus, qui était resté à Béthanie, fit des adieux touchants aux saintes femmes, à Lazare et à sa mère, et leur donna encore quelques instructions. Je vis le Seigneur s'entretenir seul avec sa mère ; il lui dit, entre autres choses, qu'il avait envoyé Pierre, qui représentait la foi, et Jean, qui représentait l’amour, pour préparer la Pâque à Jérusalem. Il dit de Madeleine, dont la douleur la jetait dans une sorte d'égarement, que son amour était grand, mais encore un peu selon la chair, et qu'à cause de cela, la douleur la mettait hors d'elle-même. Il parla aussi des projets du traître Judas, et la sainte Vierge pria pour lui. Judas était encore allé de Béthanie à Jérusalem, sous prétexte de faire des payements et divers arrangements. Le matin, Jésus s'enquit de lui auprès des neuf apôtres, quoiqu'il sût très bien ce qu'il faisait. Il courut toute la journée chez des Pharisiens, et arrangea tout avec eux. On lui fit même voir les soldats chargés de s'emparer du Sauveur. Il calcula toutes ses allées et venues de manière à pouvoir expliquer son absence. Il ne revint vers le Seigneur que peu de temps avant la Cène. J'ai vu tous ses complots et toutes ses pensées. Lorsque Jésus parla de lui à Marie, je vis beaucoup de choses touchant son caractère. Il était actif et serviable, mais plein d'avarice, d'ambition et d'envie, et il ne luttait pas contre ses passions. Il avait fait de miracles et guéri des malades en l'absence de Jésus. Lorsque le Seigneur annonça à la sainte Vierge ce qui allait arriver, elle le pria, de la manière la plus touchante, de la laisser mourir avec lui. Mais il lui recommanda d'être plus calme dans sa douleur que les autres femmes; il lui dit aussi qu'il ressusciterait, et lui indiqua le lieu où il lui apparaîtrait. Elle ne pleura pas beaucoup, mais elle était profondément triste et plongée dans un recueillement qui avait quelque chose d'effrayant. Le Seigneur la remercia, comme un fils pieux, de tout l'amour qu'elle lui avait porté, et la serra contre son cœur. Il lui dit aussi qu'il ferait spirituellement la Cène avec elle, et lui désigna l'heure où elle la recevrait. Il fit encore à tous de touchants adieux et donna des enseignements sur plusieurs objets. Jésus et les neuf apôtres allèrent, vers midi, de Béthanie à Jérusalem; ils étaient suivis de sept disciples qui, à l'exception de Nathanael et de Silas, étaient de Jérusalem et des environs. Parmi eux étaient Jean Marc et le fils de la pauvre veuve qui le jeudi précédent, avait offert son denier dans le Temple, pendant que Jésus y enseignait. Jésus l'avait pris avec lui depuis peu de jours. Les saintes femmes partirent plus tard. Jésus et sa suite erraient ça et là autour du mont des Oliviers, dans la vallée de Josaphat et jusqu'au Calvaire. Tout en marchant, il ne cessait de les instruire. Il dit, entre autres choses, aux apôtres que jusqu'à présent il leur avait donné son pain et son vin, mais qu’aujourd’hui il voulait leur donner sa chair et son sang, qu'il leur laisserait tout ce qu'il avait. En disant cela, le Seigneur avait une expression si touchante que toute son âme semblait se répandre au dehors, et qu'il paraissait languir d'amour dans l'attente du moment où il se donnerait aux hommes. Ses disciples ne le comprirent pas: ils crurent qu'il s'agissait de l'agneau pascal. On ne saurait exprimer tout ce qu'il y avait d'amour et de résignation dans les derniers discours qu'il tint à Béthanie et ici. Les saintes femmes se rendirent plus tard dans la maison de Marie, mère de Marc. Les sept disciples qui avaient suivi le Seigneur à Jérusalem ne firent point ce chemin avec lui: ils portèrent au Cénacle les habits de cérémonie pour la Pâque, les déposèrent et revinrent dans la maison de Marie, mère de Marc. Lorsque Pierre et Jean vinrent de la maison de Séraphia au Cénacle avec le calice, tous les habits de cérémonie étaient déjà dans le vestibule, où ces disciples et quelques autres les avaient apportés. Ils avaient aussi couvert de tentures les murailles nues de la salle, dégage les ouvertures en haut, et apprêté trois lampes suspendues. Pierre et Jean gagnèrent ensuite la vallée de Josaphat, et appelèrent le Seigneur et les neuf apôtres. Les disciples et les amis qui devaient faire aussi la Pâque dans le Cénacle vinrent plus tard.

Dernière Pâque

Jésus et les siens mangèrent l'agneau pascal dans le Cénacle, divisés en trois troupes de douze, dont chacun, était présidée par l'un d'eux, faisant l'office de père de famille. Jésus prit son repas avec les douze apôtres dans la salle du Cénacle. Nathanaël le prit avec douze autres disciples dans l’une des salles latérales, douze autres avaient à leur tête Eliacim, fils de Cléophas et de Marie d’Héli, et frère de Marie de Cléophas: il avait été disciple de Jean Baptiste. Trois agneaux furent immolés pour eux dans le Temple avec les cérémonies habituelles. Mais il y avait un quatrième agneau, qui fut immolé dans le Cénacle ; c'est celui-là que Jésus manges avec les apôtres. Judas ignora cette circonstance, parce qu'il était occupé de ses complots et n'était pas revenu lors de l'immolation de l'agneau: il vint très peu d'instants avant le repas. L’immolation de l'agneau destiné à Jésus et aux apôtres fut singulièrement touchante : elle eut lieu dans le vestibule du Cénacle avec le concours d'un fils de Siméon, qui était Lévite. Les apôtres et les disciples étaient là, chantant le ils. psaume. Jésus parla d'une nouvelle époque qui commençait; il dit que le sacrifice de Moïse et la figure de l'agneau pascal allaient trouver leur accomplissement: mais que, pour cette raison, l’agneau devait être immolé comme il l’avait été autrefois en Egypte, et qu'ils allaient sortir réellement de la maison de servitude. Les vases et les instruments nécessaires furent apprêtés, an amena un beau petit agneau, orné d'une couronne qui fut envoyée à la sainte Vierge dans le lieu où elle se tenait avec les saintes femmes. L’agneau était attaché le des contre une planche par le milieu du corps, et il me rappela Jésus lié à la colonne et flagellé. Le fils de Siméon tenait la tête de l'agneau : Jésus le piqua au cou avec la pointe d’un couteau qu'il donna au fils de Siméon pour achever l'agneau. Jésus paraissait éprouver de la répugnance à le blesser ; il le fit rapidement, mais avec beaucoup de gravité. Le sang fut recueilli dans un bassin et on apporta une branche d’hysope, que Jésus trempa dans le sang. Ensuite il alla à la porte de la salle, en peignit de sang les deux poteaux et la serrure, et fixa au-dessus de la porte la branche teinte de sang. Il lit ensuite une instruction, et dit, entre autres choses, que l'ange exterminateur passerait outre, qu’ils devaient adorer en ce lieu sans crainte et sans inquiétude lorsqu'il aurait été immolé, lui, le véritable agneau pascal ; qu'un nouveau temps et un nouveau sacrifice allaient commencer, qui dureraient jusqu'à la fin du monde. Ils se rendirent ensuite au bout de la salle, près du foyer où avait été autrefois l'arche d'alliance : il y avait déjà du feu. Jésus versa le sang sur ce foyer. et le consacra comme autel. Le reste du sang et la graisse furent jetés dans le feu sous l’autel. Jésus, suivi de ses apôtres, fit ensuite le tour du Cénacle en chantant des psaumes, et consacra en lui un nouveau Temple. Toutes les portes étaient fermées pendant ce temps. Cependant le fils de Siméon avait entièrement préparé l’agneau. Il l'avait passé dans un pieu : les jambes de devant étaient sur un morceau de bois placé en travers : celles de derrière étaient étendues le long du pieu. Hélas ! il ressemblait a Jésus sur la croix, et il fut mis dans le fourneau pour être rôti avec les trois autres agneaux apportés du temple. Les agneaux de Pâque des Juifs étaient tous immolés dans le vestibule du Temple, et cela en trois endroits : pour les personnes de distinction, pour les petites gens et pour les étrangers. L'agneau pascal de Jésus ne fut pas immole dans le Temple : tout le reste fut rigoureusement conforme a la loi. Jésus tint plus tard un discours à ce sujet, il dit que l'agneau était simplement une figure, que lui-même devait être, le lendemain, l'agneau pascal, et d'autres choses que j'ai oubliées. Lorsque Jésus eut ainsi enseigné sur l'agneau pascal et sa signification, le temps étant venu et Judas étant de retour, on prépara les tables. Les convives mirent les habits de voyage qui se trouvaient dans le vestibule, d'autres chaussures, une robe blanche semblable à une chemise, et un manteau, court par devant et plus long par derrière ; ils relevèrent leurs habits jusqu'à la ceinture, et ils avaient aussi de larges manches retroussées. Chaque troupe alla à la table qui lui était réservée : les deux troupes de disciples dans les salles latérales, le Seigneur et les apôtres dans la salle du Cénacle. Ils prirent des bâtons à la main. et ils se rendirent deux par deux à la table, où ils se tinrent debout à leurs places, appuyant les bâtons à leurs bras et les mains élevées en l'air. Mais Jésus, qui se tenait au milieu de la table, avait reçu du majordome deux petits bâtons un peu recourbés par en haut, semblables à de courtes houlettes de berger. Il y avait à l'un des côtés un appendice formant une fourche, comme une branche coupée. Le Seigneur les mit dans sa ceinture de manière à ce qu'ils se croisassent sur sa poitrine, et en priant il appuya ses bras étendus en haut sur l'appendice fourchu. Dans cette attitude, ses mouvements avaient quelque chose de singulièrement touchant : il semblait que la croix dont il voulait bientôt prendre le poids sur ses épaules dût auparavant leur servir d'appui. Ils chantèrent ainsi : " Béni soit le Seigneur, le Dieu d'Israël " ! ou " Loué soit le Seigneur ", etc. Quand la prière fut finie, Jésus donna un des bâtons à Pierre et l'autre à Jean. Ils les mirent de côté ou les firent passer de main en main parmi les saints apôtres. Je ils m'en souviens plus très exactement. La table était étroite et assez haute pour dépasser d'un demi pied les genoux d'un homme debout ; sa forme était celle d'un fer à cheval ; vis-à-vis de Jésus, à l'intérieur du demi cercle, était une place libre pour servir les mets. Autant que je puis m'en souvenir, à la droite de Jésus étaient Jean, Jacques le Majeur et Jacques le Mineur ; au bout de la table, à droite, Barthélémy ; puis, en revenant à l'intérieur, Thomas et Judas Iscariote. A la gauche, Simon, et prés de celui-ci, en revenant, Matthieu et Philippe. Au milieu de la table était l'agneau pascal, dans un plat. Sa tête reposait sur les pieds de devant, mis en croix ; les pieds de derrière étaient étendus, le bord du plat était couvert d'ail. A côté se trouvait un plat avec le rôti de Pâque, puis une assiette avec des légumes verts serrés debout les uns contre les autres, et une seconds assiette, où se trouvaient de petits faisceaux d'herbes amères, semblables à des herbes aromatiques ; puis, encore devant Jésus, un plat avec d'autres herbes d'un vert jaunâtre, et un autre avec une sauce ou breuvage de couleur brune. Les convives avaient devant eux des pains ronds en guise d'assiettes ; ils se servaient de couteaux d'ivoire. Après la prière, le majordome plaça devant Jésus, sur le table, le couteau pour découper l'agneau. Il mit une coupe de vin devant le Seigneur, et remplit six coupes, dont chacune se trouvait entre les deux apôtres. Jésus bénit le vin et le but ; les apôtres buvaient deux dans la même coupe. Le Seigneur découpa l'agneau ; les apôtres présentèrent tour à tour leurs gâteaux ronds et reçurent chacun leur part. Ils la mangèrent très vite, en détachant la chair des os au moyen de leurs couteaux d'ivoire ; les ossements furent ensuite brûlés. Ils mangèrent très vite aussi de l’ail et des herbes vertes qu'ils trempaient dans la sauce. Ils firent tout cela debout, s'appuyant seulement un peu sur le dossier de leurs sièges. Jésus rompit un des pains azymes et en recouvrit une partie : il distribua le reste. Ils mangèrent ensuite aussi leurs gâteaux. On apporta encore une coupe de vin mais Jésus n'en but point : Prenez ce vin, dit-il, et partagez-le entre nous ; car je ne boirai plu, de vin jusqu’à ce que vienne le royaume de Dieu. Lorsqu'us eurent bu, ils chantèrent, puis Jésus pria ou enseigna, et on se lava encore les mains. Alors ils se placèrent sur leurs sièges. Tout ce qui précède s'était fait très vite, les convives restant debout. Seulement vers la fin ils s'étaient un peu appuyés sur les sièges. Le Seigneur découpa encore un agneau, qui fut porté au. : saintes femmes dans l'un des bâtiments de la cour où elles prenaient leur repas. Les apôtres mangèrent encore des légumes et de la laitue avec la sauce. Jésus était extraordinairement recueilli et serein : je ne l'avais jamais vu ainsi. Il dit aux apôtres d'oublier tout ce qu'ils pouvaient avoir de soucis. La sainte Vierge aussi, à la table des femmes, était pleine de sérénité. Lorsque les autres femmes venaient à elle et la tiraient par son voile pour lui parler, elle se retournait avec une simplicité qui me touchait profondément. Au commencement, Jésus s'entretint très affectueusement avec ses apôtres, puis il devint sérieux et mélancolique. “ Un de vous me trahira. dit-il, un de vous dont la main est avec moi à cette table ”. Or, Jésus servait de la laitue, dont il n'y avait qu'un plat, à ceux qui étaient de son côté, et il avait chargé Judas, qui était à peu près en face de lui, de la distribuer de l'autre côté. Lorsque Jésus parla d'un traître, ce qui effraya beaucoup les apôtres, et dit : “ un homme dont la main est à la même table ou au même plat que moi ”,  cela signifiait : “  un des douze qui mangent et qui boivent avec moi, un de ceux avec lesquels je partage mon pain ”. Il ne désigna donc pas clairement Judas aux autres, car mettre la main au même plat était une expression indiquant les relations les plus amicales et les plus intimes. Il voulait pourtant donner un avertissement à Judas, qui, en ce moment même, mettait réellement la main dans le même plat que le Sauveur, pour distribuer de la laitue. Jésus dit encore : “ Le Fis de l'homme s’en va, comme il est écrit de lui ; mais malheur à l'homme par qui le Fils de l'homme sera livré : il vaudrait mieux pour lui n'être jamais né. ” Les apôtres étaient tout troublés et lui demandaient tour à tour : “ Seigneur, est-ce moi ” ? car tous savaient bien qu'ils ne comprenaient pas entièrement ses paroles. Pierre se pencha vers Jean par derrière Jésus, et lui fit signe de demander au Seigneur qui c'était ; car, ayant reçu souvent des reproches de Jésus, il tremblait qu'il n'eût voulu le désigner. Or, Jean était à la droits de Jésus et comme tous, s'appuyant sur le bras gauche, mangeaient de la main droite, sa tête était prés de la poitrine de Jésus. Il se pencha donc sur son sein et lui dit : “ Seigneur, qui est-ce ? Alors il fut averti que Jean avait Judas en vue. Je ne vis pas Jésus prononcer ces mots : “ Celui auquel je donne le morceau de pain que j'ai trempé ” ; je ne sais pas s'il le dit tout bas, mais Jean en eut connaissance lorsque Jésus trempa le morceau de pain entouré de laitue, et le présenta affectueusement à Judas, qui demanda aussi : “  Seigneur, est-ce moi ” ? Jésus le regarda avec amour et lui fit une réponse conçue en termes généraux. C'était, chez les Juifs, un signe d'amitié et de confiance. Jésus le fit avec une affection cordiale, pour avertir Judas sans le dénoncer aux autres. Mais celui-ci était intérieurement plein de rage. Je vis, pendant tout le repas, une petite figure hideuse assise à ses pieds, et qui montait quelquefois jusqu'à son coeur. Je ne vis pas Jean redire à Pierre ce qu’on avait appris de Jésus ; mais il le tranquillisa d'un regard.

Le lavement des pieds

ils se levèrent de table, et pendant qu'ils arrangeaient leurs vêtements, comme us avaient coutume de le faire pour la prière solennelle, le majordome entra avec deux serviteurs pour desservir, enlever la table du milieu des sièges qui l'environnaient et la mettre de côté. Quand cela fut fait, il reçut de Jésus l'ordre de faire porter de l'eau dans le vestibule, et il sortit de la salle avec les serviteurs. Alors Jésus, debout au milieu des apôtres, leur parla quelque temps d'un ton solennel. Mais j'ai vu et entendu tant de choses jusqu'à ce moment, qu'il ne m'est pas possible de rapporter avec certitude le contenu de son discours ; je me souviens qu'il parla de son royaume, de son retour vers son père, ajoutant qu'auparavant il leur laisserait tout ce qu'il possédait, etc. Il enseigna aussi sur la pénitence, l'examen et la confession des fautes, le repentir et la justification. Je sentis que cette instruction se rapportait au lavement des pieds, et je vis aussi que tous reconnaissaient leurs péchés. s'en repentaient, à l'exception de Judas. Ce discours fut long et solennel. Lorsqu'il fut terminé, Jésus envoya Jean et Jacques le Mineur chercher l'eau préparée dans le vestibule, et dit aux apôtres de ranger les sièges en demi cercle. Il alla lui-même dans le vestibule, déposa son manteau, se ceignit et mit un linge autour de son corps. Pendant ce temps, les apôtres échangèrent quelques paroles, se demandant quel serait le premier parmi eux ; car le Seigneur leur avait annoncé expressément qu'il allait les quitter et que son royaume était proche, et l'opinion se fortifiait de nouveau chez eux qu'il avait une arrière-pensée secrète, et qu'il voulait parler d'un triomphe terrestre qui éclaterait au dernier moment. Jésus étant dans le vestibule, fit prendre à Jean un bassin et à Jacques une outre pleine d'eau ; puis, le Seigneur ayant versé de l'eau de cette outre dans le bassin, ordonna aux disciples de le suivre dans la salle où le majordome avait placé un autre bassin vide plus grand que le premier. Jésus, entrant d'une manière si humble, reprocha aux apôtres, en peu de mots, la discussion qui s'était élevée entre eux ; il leur dit, entre autres choses, qu'il était lui-même leur serviteur et qu'ils devaient s'asseoir pour qu'il leur lavât les pieds. Ils s’assirent donc dans le même ordre que celui où ils étaient placés à la table, les sièges étant ranges en demi cercle. Jésus allait de l'un à l'autre, et leur versait sur les pieds, avec la main, de l'eau du bassin que tenait Jean ; il prenait ensuite l'extrémité du linge qui le ceignait, et il les essuyait. Jean vidait chaque fois l'eau dont on s'était servi dans le bassin placé au milieu de la salle, et revenait près du Seigneur avec son bassin. Alors Jésus faisait, de nouveau, couler l'eau de l'outre que portait Jacques dans le bassin qui était sous les pieds des apôtres et les essuyait encore. Le Seigneur qui s'était montré singulièrement affectueux pendant tout le repas pascal s'acquitta aussi de ces humbles fonctions avec l’amour le plus touchant. Il ne fit pas cela comme une pure cérémonie, mais comme un acte par lequel s'exprimait la charité la plus cordiale. Lorsqu'il vint à Pierre, celui-ci voulut l'arrêter par humilité et lui dit : “ Quoi ! Seigneur, vous me laveriez les pieds ” ! Le Seigneur lui répondit : “ Tu ne sais pas maintenant ce que je fais, mais tu le sauras par la suite ”. Il me sembla qu'il lui disait en particulier : “  Simon, tu as mérité d'apprendre de mon père qui je suis, d'où je viens et où je vais ; tu l'as seul expressément confessé : c'est pourquoi je bâtirai sur toi mon Eglise, et les portes de  l'enfer ne prévaudront point contre elle.. Ma force doit rester prés de tes successeurs jusqu'à la fin du monde ”. Jésus le montra aux autres apôtres, et leur dit que lorsqu'il n'y serait plus, Pierre devait remplir sa place auprès d'eux. Pierre lui dit : “ Vous ne me laverez jamais les pieds ”. Le Seigneur lui répondit : “ Si je ne te lave pas, tu n'auras  point de part avec moi ”. Alors Pierre lui dit : “ Seigneur, lavez-moi non seulement les pieds, mais encore les mains et la tête ”. Et Jésus lui répondit : “ Celui qui a déjà été lavé n'a plus besoin que de se laver les pieds : il est pur dans tout le reste. Pour vous aussi vous êtes . purs ; mais non pas tous ”. Il désignait Judas par ces paroles. Il avait parlé du lavement des pieds comme d'une purification des fautes journalières, parce que les pieds, sans cesse en contact avec la terre, s'y salissent incessamment si l'on manque de vigilance. Ce lavement des pieds fut spirituel et comme une espèce d'absolution. Pierre, dans son zèle, n'y vit qu'un abaissement trop grand de son maître : il ne savait pas que Jésus, pour le sauver, s'abaisserait le lendemain jusqu'à la mort ignominieuse de la croix. Lorsque Jésus lava les pieds à Judas, ce fut de la manière la plus touchante et la plus affectueuse : il approcha son visage de ses pieds ; il lui dit tout bas qu'il devait rentrer en lui-même, que depuis un an il était traître et infidèle. Judas semblait ne vouloir pas s'en apercevoir, et adressait la parole à Jean ; Pierre s'en irrita et lui dit : “ Judas, le Maître te parle ” ! Alors Judas dit à Jésus quelque chose de vague, d’évasif, comme : “ Seigneur, à Dieu ne plaise ” ! Les autres n'avaient point remarqué que Jésus s'entretint avec Judas, car il parlait assez bas pour n'être pas entendu d’eux : d’ailleurs ils étaient occupés à remettre leurs chaussures. Rien de toute la passion n'affligea aussi profondément le Sauveur que la trahison de Judas. Jésus lava encore les pieds de Jean et de Jacques. Jacques s'assit et Pierre tint l'outre : puis Jean s'assit et Jacques tint le bassin. Il enseigna ensuite sur l'humilité : il leur dit que celui qui servait les autres était le plus grand de tous, et qu'ils devaient dorénavant se laver humblement les pieds les uns aux autres ; il dit encore, touchant leur discussion sur la prééminence, plusieurs choses qui se trouvent dans l’Evangile : après quoi il remit ses habits. Les apôtres déployèrent leurs vêtements qu'ils avaient relevés pour manger l'agneau pascal.

Institution de la Sainte Eucharistie

Sur l'ordre du Seigneur, le majordome avait de nouveau tressé la table, qu'il avait quelque peu exhaussée ; il la couvrit d'un tapis sur lequel il étendit une couverture rouge, et par-dessus celle-ci une couverture blanche ouvrée à jour. Ayant ensuite replacé la table au milieu de la salle, il mit dessous une urne pleine d'eau et une autre pleine de vin. Pierre et Jean allèrent dans la partie de la salle où se trouvait le foyer de l'agneau pascal pour y prendre le calice qu'ils avaient apporté de chez Séraphia, et qui était dans son enveloppe. Ils le portèrent entre eux deux comme s’ils eussent porté un tabernacle, et le placèrent sur la table devant Jésus. n’y avait là une assiette ovale avec trois pains azymes blancs et minces, qui étaient rayés de lignes régulières ; il y avait trois de ces lignes dans la largeur, et chaque pain était à peu près une fois plus long que large. Ces pains, où Jésus avait déjà fait de légères incisions pour les rompre plus facilement. turent placés sous un linge auprès au demi pain déjà mis de côté par Jésus lors du repas pascal : il y avait aussi un vase d'eau et de vin, et trots boites, l'une d'huile épaisse, l'autre d'huile liquide, et la troisième vide avec une cuiller à spatule. Dès les temps anciens, on avait coutume de partager le pain et de boire au même calice à la fin du repas c'était un signe de fraternité et d'amour usité pour souhaiter la bienvenue et pour prendre congé ; je pense qu'il doit y avoir quelque chose à ce sujet dans l'Ecriture sainte. Jésus, aujourd'hui, éleva à la dignité du plus saint des sacrements cet usage qui n'avait été jusqu'alors qu'un rite symbolique et figuratif. Ceci fut un des griefs portés devant Caiphe par suite de la trahison de Judas : Jésus fut accusé d'avoir ajouté aux cérémonies de la Pâque quelque chose de nouveau : mais Nicodème prouva par les Ecritures que c'était un ancien usage. Jésus était placé entre Pierre et Jean : les portes étaient fermées, tout se faisait avec mystère et solennité. Lorsque le calice fut tiré de son enveloppe, Jésus pria et parla très solennellement. Je vis Jésus leur expliquer la Cène et toute la cérémonie : cela me fit l'effet d'un prêtre qui enseignerait aux autres à dire la sainte Messe. Il retira du plateau sur lequel se trouvaient les vases une tablette à coulisse, prit un linge blanc qui couvrait le calice et l'étendit sur le plateau et la tablette. Je le vis ensuite ôter de dessus le calice une plaque ronde qu'il plaça sur cette même tablette. Puis il retira les pains azymes de dessous le linge qui les couvrait, et les mit devant lui sur cette plaque ou patène. Ces pains, qui avaient la forme d'un carré oblong, dépassaient des deux cotés la patène, dont les bords cependant étaient visibles dans le sens de la largeur Ensuite il rapprocha de lui le calice, en retira un vase plus petit qui s'y trouvait, et plaça à droite et à gauche les six petits verres dont il était entouré. Alors il bénit le pain, et aussi les huiles, à ce que je crois : il éleva dans ses deux mains la patène avec les pains azymes, leva les yeux, pria, offrit, remit de nouveau la patène sur la table et la recouvrit. Il prit ensuite le calice, y fit verser le vin par Pierre, et l'eau qu'il bénit auparavant, par Jean, et y ajouta encore un peu d'eau qu'il versa dans une petite cuiller : alors il bénit le calice, l'éleva en pliant, en fit l'offrande et le replaça sur la table. Jean et Pierre lui versèrent de l'eau sur les mains au-dessus de l'assiette où les pains azymes avaient été placés précédemment : il prit avec la cuiller, tirée du pied du calice, un peu de l'eau qui avait été versée sur ses mains, et qu'il répandit sur les leurs ; puis l'assiette passa autour de la table, et tous s'y lavèrent les mains. Je ne me souviens pas si tel fut l'ordre exact des cérémonies : ce que je sais, c'est que tout me rappela d'une manière frappante le saint sacrifice de la Messe et me toucha profondément. Cependant Jésus devenait de plus en plus affectueux ; il leur dit qu'il allait leur donner tout ce qu'il avait, c’est-à-dire lui-même : c'était comme s'il se fût répandu tout entier dans l'amour. Je le vis devenir transparent ; il ressemblait à une ombre lumineuse. se recueillant dans une ardente prière, il rompit le pain en plusieurs morceaux, qu'il entassa sur la patène en forme de pyramide ; puis, du bout des doigts, il prit un peu du premier morceau, qu'il laissa tomber dans le calice. Au moment où il faisait cela, il me sembla voir la sainte Vierge recevoir le sacrement d'une manière spirituelle, quoiqu’elle ne fût point présente là. Je ne sais comment cela se fit, mais je crus la voir qui entrait sans toucher la terre, et venait en face du Seigneur recevoir la sainte Eucharistie, puis je ne la vis plus, Jésus lui avait dit le matin, à Béthanie, qu'il célébrerait la Pâque avec elle d'une manière spirituelle, et il lui avait indiqué l’heure où elle devait se mettre en prière pour la recevoir en esprit. Il pria et enseigna encore : toutes ses paroles sortaient de sa bouche comme du feu et de la lumière, et entraient dans les apôtres, à l'exception de Judas. Il prit la patène avec les morceaux de pain (je ne sais plus bien s'il l'avait placée sur le calice, et dit : “Prenez et mangez, ceci est mon corps, qui est donné pour vous ”. En même temps, il étendit sa main droite comme pour bénir, et, pendant qu'il faisait cela, une splendeur sortit de lui ; ses paroles étaient lumineuses : le pain l'était aussi et se précipitait dans la bouche des apôtres comme un corps brillant : c'était comme si lui-même fût entré en eux. Je les vis tous pénétrés de lumière. Judas seul était ténébreux. Il présenta d'abord le pain à Pierre, puis à Jean: ensuite il fit signe à Judas de s'approcher ; celui-ci fut le troisième auquel il présenta le sacrement, mais ce fut comme si la parole du Sauveur se détournait de la bouche du traître et revenait à lui. J'étais tellement troublée, que je ne puis rendre les sentiments que j'éprouvais. Jésus lui dit : “ Fais vite ce que tu veux faire ”. Il donna ensuite le sacrement au reste des apôtres, qui s'approchèrent deux à deux, tenant tour à tour l'un devant l'autre, un petit voile empesé et brodé sur les bords qui avait servi à recouvrir le calice. Jésus éleva le calice par ses deux anses jusqu'à la hauteur de son visage, et prononça les paroles de la consécration : pendant qu'il le faisait, il était tout transfiguré et comme' transparent ; il semblait qu'il passât tout entier dans ce qu'il allait leur donner. Il fit boire Pierre et Jean dans le calice qu'il tenait à le main, et le remit sur la table. Jean, à l'aide de la petite cuiller, versa le sang divin du calice dans les petits vases, et Pierre les présenta aux apôtres, qui burent deux dans la même coupe. Je crois, mais sans en être bien sure, que Judas prit aussi sa part du calice, il ne revint pas à sa place, mais sortit aussitôt du Cénacle les autres crurent, comme Jésus lui avait fait un signe, qu'il l'avait charge de quelque affaire. Il se retira sans prier et sans rendre grâces, et vous pouvez voir par là combien l'on a tort de se retirer sans actions de grâces après le pain quotidien et après le pain éternel. Pendant tout le repas, j'avais vu prés de Judas une hideuse petite figure rouge, qui avait un pied comme un os desséché, et qui quelquefois montait jusqu’à son cœur ; lorsqu'il fut devant la porte, je vis trois démons autour de lui : l'un entra dans sa bouche, l'autre le poussait, le troisième courait devant lui. Il était nuit, et on aurait cru qu'ils l'éclairaient ; pour lui, il courait comme un insensé. Le Seigneur versa dans le petit vase dont J'ai déjà parlé un reste du sang divin qui se trouvait au fond du calice. puis il plaça ses doigts au-dessus du calice, et y fit verser encore de l'eau et du vin par Pierre et Jean. Cela fait, il les fit boire encore dans le calice, et le reste, versé dans les coupes, fut distribué aux autres apôtres. Ensuite Jésus essuya le calice, y mit le petit vase où était le reste du sang divin, plaça au-dessus la patène avec les fragments du pain consacré, puis remit le couvercle, enveloppa le calice et le replaça au milieu des six petites coupes. Je vis, après la résurrection, les apôtres communier avec le reste du saint Sacrement. Je ne me souviens pas d'avoir vu que le Seigneur ait lui-même mangé et bu le pain et le vin consacrés, à moins qu'il ne l'ait fait sans que je m'en sois aperçue. En donnant l’Eucharistie, il se donna de telle sorte qu'il m'apparut comme sorti de lui-même et répandu au dehors dans une effusion d'amour miséricordieux. C'est quelque chose qui ne peut s'exprimer. Je n'ai pas vu non plus que Melchisédech lorsqu'il offrit le pain et le vin. y ait goûté lui-même. J'ai su pourquoi les prêtres y participent, quoique Jésus ne l'ait point fait. Pendant qu'elle parlait, elle regarda tout à coup autour d'elle comme si elle écoutait. Elle reçut une explication dont elle ne put communiquer que ceci : “  Si les anges l'avaient distribué, ils n'y auraient point participé ; si les prêtres n'y participaient pas, l'Eucharistie se serait perdue : c'est par là qu'elle se conserve ”. Il y eut quelque chose de très régulier et de très solennel dans les cérémonies dont Jésus accompagna l'institution de la sainte Eucharistie, quoique ce fussent en même temps des enseignements et des leçons. Aussi je vis les apôtres noter ensuite certaines choses sur les petits rouleaux qu'ils portaient avec eux. Tous ses mouvements à droite et à Fauche étaient solennels comme toujours lorsqu'il priait. Tout montrait en germe le saint sacrifice de la Messe. Pendant la cérémonie, je vis les apôtres, à diverses reprises, s'incliner l'un devant l'autre, comme font nos prêtres.

Instructions secrètes et conspirations

Jésus fit encore une instruction secrète. Il leur dit comment ils devaient conserver le saint Sacrement en mémoire de lui jusqu’à la fin du monde ; il leur enseigna quelles étaient les formes essentielles pour en faire usage et le communiquer, et de quelle manière ils devaient, par degrés, enseigner et publier ce mystère, il leur apprit quand ils devaient manger le reste des espèces consacrées, quand ils devaient en donner à la sainte Vierge, et comment ils devaient consacrer eux-mêmes lorsqu'il leur aurait envoyé le Consolateur. Il leur parla ensuite du sacerdoce, de l'onction, de la préparation du saint Chrême et des saintes huiles (1). Il y avait là trois boites, dont deux contenaient un mélange d'huile et de baume, et qu'on pouvait mettre l'une sur l’autre, il y avait aussi du coton prés du calice. Il leur enseigna à ce sujet plusieurs mystères, leur dit comment il fallait préparer le saint Chrême, à quelles parties du corps il fallait l'appliquer, et dans quelles occasions. Je me souviens, entre autres choses, qu'il mentionna un cas où la sainte Eucharistie n'était plus applicable : peut-être cela se rapportait-il à l’Extrême Onction ; mes souvenirs sur ce point ne sont pas très clairs. Il parla de diverses onctions, notamment de celle des rois, et dit que les rois, même injustes, qui étaient sacrées, tiraient de là une force intérieure et mystérieuse qui n'était pas donnée aux autres. Il mit de l’onguent et de l'huile dans la boite vide, et en fit un mélange. Je ne sais pas positivement si c'est dans ce moment, ou lors de la consécration du pain, qu'il bénit l'huile. Je vis ensuite Jésus oindre Pierre et Jean, sur les mains desquels il avait déjà, lors de l'institution du saint Sacrement, versé l’eau qui avait coule sur les siennes, et auxquels il avait donné à boire dans le calice. Puis, du milieu de la table, s'avançant un peu sur le côté, il leur imposa les mains, d'abord sur les épaules et ensuite sur la tête. Pour eux, ils joignirent leurs mains et mirent leurs pouces en croix, ils se courbèrent profondément devant lui, peut-être s'agenouillèrent-ils. Il leur oignit le pouce et l'index de chaque main, et leur fit une croix sur la tête avec le Chrême. Il dit aussi que cela leur resterait jusqu'à la fin du monde. Jacques le Mineur, André, Jacques le Majeur et Barthélémy reçurent aussi une consécration. Je vis aussi qu'il mit en croix, sur la poitrine de Pierre, une sorte d’étole qu'on portait autour du cou, tandis qu'il la passa en sautoir aux autres, de l'épaule droite au côté gauche. Je ne sais pas bien si ceci se fit lors de l'institution du saint Sacrement ou seulement lors de l'onction. Je vis que Jésus leur communiquait par cette onction quelque chose d’essentiel et de surnaturel que je ne saurais exprimer. Il leur dit que, lorsqu’ils auraient reçu le Saint Esprit, ils consacreraient le pain et le vin et donneraient l'onction aux autres apôtres. Il me fut montré ici qu'au jour de la Pentecôte, avant le grand baptême, Pierre et Jean imposèrent les mains aux autres apôtres, et qu'ils les imposèrent à plusieurs disciples huit jours plus tard. Jean, après la résurrection, administra pour la première fois le saint Sacrement à la sainte Vierge. Cette circonstance fut fêtée parmi les apôtres. L'Eglise n'a plus cette fête ; mais je la vois célébrer dans l'Eglise triomphante. Les premiers jours qui suivirent la Pentecôte, je vis Pierre et Jean seuls consacrer la sainte Eucharistie ; plus tard, d'autres consacrèrent aussi. Le Seigneur consacra encore du feu dans un vase d'airain ; il resta toujours allumé par la suite, même pendant de longues absences ; il lut conservé à côté de l'endroit où était déposé le saint Sacrement, dans une partie de l'ancien foyer pascal, et on l'y alla toujours prendre pour des usages spirituels. Tout ce que Jésus fit lors de l'institution de la sainte Eucharistie et de l'onction des apôtres se passa très secrètement, et ne fut aussi enseigné qu'en secret. L'Eglise en a conservé l'essentiel en le développant sous l'inspiration du Saint Esprit pour l'accommoder à ses besoins. Les apôtres assistèrent le Seigneur lors de la préparation et de la consécration du saint Chrême, et lorsque Jésus les oignit et leur imposa les mains, cela se fit d'une façon solennelle. Pierre et Jean furent-ils consacrés tous deux comme évêques, ou seulement Pierre comme évêque et Jean comme prêtre? Quelle fut l'élévation en dignité des quatre autres ? C'est ce que je ne saurais dire. La manière différente dont le Seigneur plaça l'étole des apôtres semble se rapporter à des degrés différents de consécration. Quand ces saintes cérémonies turent terminées, le calice prés duquel se trouvait aussi le saint Chrême fut recouvert et le saint Sacrement fut porta par Pierre et Jean dans la derrière de la salle, qui était séparé du reste par un rideau et qui fut désormais la sanctuaire. Le lieu où reposait le saint Sacrement n'était pas tort élevé au-dessus du fourneau pascal. Joseph d'Arimathie et Nicodème prisent soin du sanctuaire et du Cénacle pendant l'absence des Apôtres. Jésus fit encore une longue instruction et pria plusieurs fois. Souvent il semblait converser avec son Père céleste : il était plein d'enthousiasme et d'amour. Les apôtres aussi étaient remplis d'allégresse et de zèle, et lui faisaient différentes questions auxquelles il répondait. Tout cela doit être en grande partie dans l'Ecriture sainte. Il dit à Pierre et à Jean qui étaient assis la plus près de lui différentes choses qu’ils devaient communiquer plus tard, comme complément d’enseignements antérieurs, aux autres apôtres, et ceux-ci aux disciples et aux saintes femmes, selon la mesure de leur maturité pour de semblables connaissances. Il eut un entretien particulier avec Jean ; je me rappelle seulement qu'il lui dit que sa vie serait plus longue que celle des autres. Il lui parla aussi de sept Eglises, de couronnes, d'anges. et lui fit connaître plusieurs figures d'un sens profond et mystérieux qui désignaient, à ce que je crois, certaines époques. Les autres apôtres ressentirent, à l'occasion de cette confidence particulière, un léger mouvement de jalousie. Il parla aussi de celui qui le trahissait. “ Maintenant il fait ceci ou cela ”, disait-il ; et je voyais, en effet, Judas faire ce qu'il disait. Comme Pierre assurait avec beaucoup de chaleur qu'il resterait toujours fidèlement auprès de lui, Jésus lui dit : “ Simon, Simon, Satan vous a demandé pour vous cribler comme du froment ; mais j'ai prié pour toi, afin que la foi ne défaille point. ” Quand une fois tu seras converti, confirme tes frères. “Comme il disait encore qu'ils ne pouvaient pas le suivre où il allait, Pierre dit qu'il le suivrait jusqu'à la mort, et Jésus répondit : “  En vérité, avant que le coq n'ait chanté trois fois, tu me renieras trois fois ”. Comme il leur annonçait les temps difficiles qui allaient venir, il leur dit : “ Quand je vous ai envoyés, sans sac, sans bourse, sans souliers, avez-vous manqué de quelque chose ” ? “  Non ”, répondirent-ils. “ Maintenant ”, reprit-il, “ que celui qui a un sac et une bourse les prenne. Que celui qui n'a rien vende sa robe pour acheter une épée, car on va voir l'accomplissement de cette prophétie : il a été mis au rang des malfaiteurs. Tout ce qui a  été écrit de moi va s'accomplir ”. Les apôtres n'entendirent tout ceci que d'une façon charnelle, et Pierre lui montra deux épées, elles étaient courtes et larges comme des couperets. Jésus dit : “ C'est assez, sortons d'ici ”. Alors ils chantèrent le chant d'actions de grâces, la table fut mise de côté, et ils allèrent dans le vestibule. Là, Jésus rencontra sa mère Marie, fille de Cléophas. et Madeleine, qui le supplièrent instamment de ne pas aller sur le mont des Oliviers ; car le bruit s'était répandu qu'on voulait s'emparer de lui. Mais Jésus les consola en peu de paroles et passa rapidement : il pouvait être 9 heures. Ils redescendirent à grands pas le chemin par où Pierre et Jean étaient venus au Cénacle, et se dirigèrent vers le mont des Oliviers. J'ai toujours vu ainsi la Pâque et l'institution de la sainte Eucharistie. Mais mon émotion était autrefois si grande que mes perceptions ne pouvaient être bien distinctes : maintenant je l'ai vue avec plus de netteté. C'est une fatigue et une peine que rien ne peut rendre. On aperçoit l'intérieur des coeurs, on voit l'amour sincère et cordial du Sauveur, et l'on sait tout ce qui va arriver. Comment serait-il possible alors d'observer exactement tout ce qui n'est qu’extérieur : on est plein d'admiration, de reconnaissance et d'amour : on ne peut comprendre l'aveuglement des hommes ; on pense avec douleur à l'ingratitude du monde entier et à ses propres péchés. Le repas pascal de Jésus se fit rapidement, et tout y fut conforme aux prescriptions légales. Les Pharisiens y ajoutaient ça et là quelques observances minutieuses.

Coup d'oeil sur Melchisédech

Lorsque Notre-Seigneur Jésus-Christ prit le calice lors de l'institution de la sainte Eucharistie, j’eus uns autre vision qui se rapportait à l'Ancien Testament. Je vis Abraham agenouille devant un autel ; dans le lointain étaient des guerriers avec des bêtes de somme et des chameaux : un homme majestueux s'avança prés d'Abraham et plaça sur l'autel le même calice dont Jésus se servit plus tard. Je vis que cet homme avait comme des ailes aux épaules ; il ne les avait pas réellement ; mais c'était un signe pour m'indiquer qu'un ange était devant mes yeux. C'est la première fois que j'ai vu des ailes à un ange. Ce personnage était Melchisédech Derrière l'autel d'Abraham, montaient trois nuages de fumée : celui du milieu s'élevait assez haut ; les autres étaient plus bas. Je vis ensuite deux rangs de figures se terminant à Jésus. David et Salomon s'y trouvaient. (Etait-ce la suite des possesseurs du calice, des sacrificateurs, ou des ancêtres de Jésus ? la Sœur a oublié de le dire.) Je vis des noms au-dessus de Melchisédech, d'Abraham et de quelques rois. Puis je revins à Jésus et au calice. Le 3 avril 1821, elle dit, étant en extase : “ Le sacrifice de Melchisédech eut lieu dans la vallée de Josaphat, sur une hauteur. Je ne puis maintenant retrouver l'endroit ”. Melchisédech avait déjà le calice. Je vis qu'Abraham devait savoir d'avance qu'il viendrait sacrifier ; car il avait élevé un bel autel, au-dessus duquel était comme une tente de feuillage. Il y avait aussi une sorte de tabernacle où Melchisédech plaça le calice. Les vases où l'on buvait semblaient être de pierres précieuses. Il y avait un trou sur l'autel, probablement pour le sacrifice. Abraham avait amené un superbe troupeau. Lorsque ce patriarche avait reçu le mystère de la promesse, il lui avait été révélé que le prêtre du Très-Haut célébrerait devant lui le sacrifice qui devait être institué par le Messie et durer éternellement. C'est pourquoi, lorsque Melchisédech fit annoncer son arrivée par deux coureurs dont il se servait souvent, Abraham l'attendit avec une crainte respectueuse, et éleva l’autel et la tente de feuillage. Je vis qu'Abraham plaça sur l'autel, comme il le faisait toujours en sacrifiant, quelques ossements d'Adam ; Noé les avait gardés dans l'arche. L'un et l'autre priaient Dieu d'accomplir la promesse qu'il avait faite à ces os, et qui n'était autre que le Messie. Abraham désirait vivement la bénédiction de Melchisédech. La plaine était couverte d'hommes, de bêtes de somme et de bagages. Le roi de Sodome était avec Abraham sous la tante. Melchisédech vint d'un lieu qui fut depuis Jérusalem ; il y avait abattu une forêt et jeté les fondements de quelques édifices ; un bâtiment semi-circulaire était à moitié achevé et un palais était commencé. Il vint avec une bête de somme grise, ce n'était pas un chameau, ce n'était pas non plus notre âne ; cet animal avait le cou large et court. Il était très léger à la course, il portait d'un côté un grand vaisseau plein de vin et de l'autre une caisse où se trouvaient des pains aplatis et différents vases. Les vases, en forme de petits tonneaux, étaient transparents comme des pierres précieuses. Abraham vint à la rencontre de Melchisédech. Je vis celui-ci entrer dans la tente derrière l'autel, offrir le pain et le vin en les élevant dans ses mains, les bénir et les distribuer : il y avait dans cette cérémonie quelque chose de la sainte Messe. Abraham reçut un pain plus blanc que les autres, et but du calice qui servit ensuite à la Cène de Jésus, et qui n'avait pas encore de pied. Les plus distingués d'entre les assistants distribuèrent ensuite au peuple qui les entourait du vin et des morceaux de pain. Il n'y eut pas de consécration : les anges ne peuvent pas consacrer. Mais les oblations furent bénies, et je les vis reluire. Tous ceux qui en mangèrent furent fortifiés et élevés vers Dieu, Abraham fut aussi béni par Melchisédech : je vis que c'était une figure de l'ordination des prêtres. Abraham avait déjà reçu la promesse que le Messie sortirait de sa chair et de son sang. Il me fut enseigné. plusieurs fois que Melchisédech lui avait lait connaître ces paroles prophétiques sur le Messie et son sacrifice: “  Le Seigneur a dit à mon Seigneur, asseyez-vous à ma droite jusqu'à ce que je réduise vos ennemis à vous servir de marchepied. Le Seigneur l'a juré et ne s'en repentira pas. Vous êtes prêtre dans l'éternité selon l'ordre de Melchisédech. ” Je vis aussi que David. Lorsqu'il écrivit ces paroles, eut une vision de la bénédiction donnée par Melchisédech à Abraham. Abraham, ayant reçu le pain et le vin, prophétisa et parla par avance de Moise, des lévites, et de ce que le premier donna à ceux-ci en partage. Je ne sais pas si Abraham offrit aussi lui-même ce sacrifice. Je le vis ensuite donner la dîme de ses troupeaux et de ses trésors; j'ignore ce que Melchisédech en fit ; je crois qu'il la distribua. Melchisédech ne paraissait pas vieux; il était svelte, grand, plein d'une douce majesté ; il avait un long vêtement, plus blanc qu'aucun vêtement que j'aie jamais vu : le vêtement blanc d'Abraham paraissait terne à côté. Lors du sacrifice. Il mit une ceinture où étaient brodés quelques caractères, et une coiffure blanche semblable à celle que portèrent plus tard les prêtres. Sa longue chevelure était d'un blond clair et brillanta comme de la soie ; il avait une barbe blanche, courte et pointue, son visage était resplendissant. Tout le monde le traitait avec respect; sa présence répandait partout la vénération et un calme majestueux. Il me fut dit que c'était un ange sacerdotal et un messager de Dieu. Il était envoyé pour établir diverses institutions religieuses. Il conduisait les peuples, déplaçait les races, fondait les villes. Je l'ai vu en divers lieux avant le temps d'Abraham. Ensuite je ne l'ai plus revu.

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12 avril 2009

Le rapport des gardes sur le Tombeau

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Le rapport des gardes sur le Tombeau

Extrait des révélations de la Bienheureuse Anne Catherine Emmerich

Cassius était venu trouver Pilate environ une heure après la résurrection. Le gouverneur romain était encore couché, et on fit entrer Cassius prés de lui. Il lui raconta tout ce qu'il avait vu avec une grande émotion, lui parla du rocher ébranlé, de la pierre repoussés par un ange, des linceuls restés vides : il ajouta que Jésus était certainement le Messie et le Fils de Dieu, qu'il était ressuscité et qu'il n'était plus là. Il parla encore de diverses autres choses qu'il avait vues. Pilate écouta ce récit avec une terreur secrète, mais il n'en laissa rien voir, et dit à Cassius : “ Tu es un superstitieux, tu as follement agit en allant te mettre près du tombeau du Galiléen ; ses dieux ont pris avantage sur toi, et t'ont fait voir toutes ces visions fantastiques ; je te conseille de ne pas raconter cela aux Princes des prêtres, car ils te feraient un mauvais parti ”. Il fit aussi semblant de croire que le corps de Jésus avait été dérobé par ses disciples et que les gardes racontaient la chose autrement, soit pour s'excuser et cacher leur négligence, soit pares qu'ils avaient été trompés par des sortilèges. Quand il eût parlé quelque temps sur ce ton, Cassius le quitta, et Pilate alla sacrifier à ses dieux. Quatre soldats vinrent bientôt faire le même récit à Pilate ; mais il ne s'expliqua pas avec eux et les renvoya à Caiphe. Je vis une partie de la garde dans une grande cour voisine du Temple où étaient rassemblés beaucoup de vieux Juifs. Après quelques délibérations, on prit les soldats un à un, et, à force d'argent et de menaces, on les poussa à dire que les disciples avaient enlevé le corps de Jésus pendant leur sommeil. Ils objectèrent d'abord que leurs compagnons qui étaient allés chez Pilate les contrediraient, et les Pharisiens leur promirent d'arranger la chose avec le gouverneur. ! Mais lorsque les quatre gardes arrivèrent, ils ne voulurent pas dire autrement qu'ils n'avaient fait chez Pilate. Le bruit s'était déjà répandu que Joseph d'Arimathie était sorti miraculeusement de sa prison, et comme les Pharisiens donnaient à entendre que ces soldats avaient été subornés pour laisser enlever le corps de Jésus et leur faisaient de grandes menaces, s'ils ne le représentaient pas, ceux-ci répondirent qu'il ne pouvaient pas plus représenter ce corps, que les gardes de la prison ne pouvaient représenter Joseph d'Arimathie. Ils persévérèrent dans leurs dires et parlèrent si librement du jugement inique de l'avant veille, et de la manière dont la Pâque avait été interrompue. qu'on les arrêta et qu'on les mit en prison. Les autres répandirent le bruit que Jésus avait été enlevé par ses disciples et ce mensonge fut propagé par les Pharisiens, les Sadducéens et les Hérodiens : il eut cours dans toutes les synagogues où on l'accompagna d'injures contre Jésus. Toutefois cette imposture ne réussit pas généralement, car après la résurrection de Jésus, beaucoup de justes de l'ancienne loi apparurent de nouveau à plusieurs de leurs descendants qui étaient encore capables de recevoir la grâce, et les poussèrent à se convertir à Jésus. Plusieurs disciples qui s'étaient dispersés dans le pays et dont le courage était abattu, virent aussi des apparitions semblables qui les consolèrent et les confirmèrent dans la foi. L'apparition des morts qui sortirent de leurs tombeaux après la mort de Jésus ne ressemblait en rien à la résurrection du Seigneur. Jésus ressuscita avec son corps renouvelé et glorifié, qui n'était plus sujet à la mort et avec lequel il monta au ciel sous les yeux de ses amis. Mais ces corps sortis du tombeau n'étaient que des cadavres sans mouvement, donnés un instant pour vêtement aux âmes qui les avait habités, et qu'elles replacèrent dans le sein de la terre, d'où ils ne ressusciteront comme nous tous qu'au jugement dernier. Ils étaient moins ressuscités d'entre les morts que Lazare qui vécut réellement et dut mourir une seconde fois.

La Douloureuse Passion de Notre Seigneur, chapitre 67

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12 avril 2009

Les Saintes Femmes au Tombeau

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Les Saintes Femmes au Tombeau

Extrait des révélations de la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich

Les saintes femmes étaient près de la petite porte de Nicodème, lorsque Notre Seigneur ressuscita ; mais elles ne virent rien des prodiges qui eurent lieu au tombeau. Elles ne savaient pas qu'on y avait mis des gardes, car elles n'y étaient pas allées la veille, à cause du sabbat. Elles se demandaient avec inquiétude : “ Qui nous ôtera la pierre de devant la porte ? ” Car dans leur empressement à honorer le corps du Seigneur, elles n'avaient pas pensé à cette pierre. Leur dessein était de verser de l'eau de nard et de l'huile odorante sur le corps de Jésus, et d'y répandre des aromates et des fleurs. N'ayant contribué en rien aux dépenses de l'embaumement de la veille dont Nicodème seul s'était chargé, elles voulaient maintenant offrir au Seigneur ce qu'elles avaient pu trouver de plus précieux, et honorer ainsi sa sépulture. Celle qui avait apporté le plus de choses était Salomé. Ce n'était pas la mère de Jean, mais une femme riche de Jérusalem, parente de saint Joseph. Elles résolurent de placer leurs aromates sur la pierre qui fermait le tombeau et d'attendre là que quelque disciple vint leur en ouvrir l'entrée. Les gardes étaient étendus par terre comme frappés d'apoplexie ; la pierre était rejetée à droite, de sorte qu'on pouvait ouvrir la porte sans peine. Je vis à travers la porte, sur la couche sépulcrale, les linges dans lesquels le corps de Jésus avait été enveloppé. Le grand linceul était à sa place, mais retombé sur lui-même et ne contenant plus que les aromates ; la bande de toile avec laquelle on l'avait serré autour du corps n'avait pas été dépliée ; et elle était déposée sur le bord antérieur du tombeau. Quant au linge dont Marie avait recouvert la tête de son fils, il était à part au lieu même où cette tête sacrée avait reposé : seulement la partie qui avait voilé la face était relevée. Je vis les saintes femmes approcher du jardin ; lorsqu'elles virent les lanternes des gardes et les soldats couches autour du tombeau, elles eurent peur et se retournèrent un peu du coté du Golgotha. Mais Madeleine, sans penser au danger, entra précipitamment dans le jardin, et Salomé la suivit à quelque distance, c'étaient elles deux qui s'étaient principalement occupées de préparer les onguents. Les deux autres femmes furent moins hardies, et s'arrêtèrent à l'entrée. Je vis Madeleine, lorsqu'elle fut près des gardes, revenir un peu effrayée vers Salomé ; puis toutes deux ensemble, passant, non sans quelque crainte, au milieu des soldats étendus par terre, entrèrent dans la grotte du sépulcre. Elles virent la pierre déplacée, mais les portes avaient été refermées, probablement par Cassius. Madeleine les ouvrit, pleine d'émotion, fixa les yeux sur la couche sépulcrale, et vit les linges où le Seigneur avait été enseveli vides, repliés et mis de côté. Le tombeau était resplendissant, et un ange était assis à droite sur la pierre. Madeleine fut toute troublée ; je ne sais pas si elle entendit les paroles de l'ange, mais je la vis sortir rapidement du jardin et courir dans la ville vers les apôtres assemblés. Je ne sais non plus si l'ange parla à Marie Salomé, qui était restée à l'entrée du sépulcre ; je la vis, tout effrayée, sortir du jardin en grande hâte aussitôt après Madeleine, rejoindre les deux autres femmes et leur annoncer ce qui venait de se passer. Tout cela se fit précipitamment et avec un sentiment d'épouvante comme en présence d'une apparition. Le récit de Salomé troubla et réjouit à la fois les autres femmes, lesquelles hésitèrent un peu avant d'entrer dans le jardin. Mais Cassius. qui avait attendu et cherché quelque temps dans les environs, espérant peut-être voir Jésus, se rendit en ce moment même vers Pilate pour lui faire son rapport. En passant près des saintes femmes, il leur dit très brièvement ce qu'il avait vu et les exhorta à s'en assurer par leurs propres yeux. Elles prirent courage et entrèrent dans le jardin. Comme elles étaient à l'entrée du sépulcre, elles virent les deux anges du tombeau en habits sacerdotaux d'une blancheur éclatante. Elles lurent saisies de frayeur se serrèrent l'une contre l'autre, et, mettant les mains devant leurs yeux, se courbèrent jusqu'à terre. Mais un des anges leur dit de n'avoir pas peur, qu'elles ne devaient plus chercher là le Crucifié, qu'il était ressuscité et plein de vie. Il leur montra la place vide, et leur ordonna de dire aux disciples ce qu'elles avaient vu et entendu. Il ajouta que Jésus les précéderait en Galilée, et qu'elles devaient se ressouvenir de ce qu'il leur avait dit : “ Le Fils de l'homme sera livré entre les mains des pécheurs ; on le crucifiera, et il ressuscitera le troisième jour ”. Alors les anges disparurent. Les saintes femmes, tremblantes, mais pleines de joie, regardèrent en pleurant le tombeau et les linges, et s'en revinrent vers la ville. Mais elles étaient encore tout émues ; elles ne se pressaient pas, et s'arrêtaient de temps en temps pour voir si elle n'apercevraient pas le Seigneur, ou si Madeleine ne revenait pas. Pendant ce temps, je vis Madeleine arriver au Cénacle ; elle était comme hors d'elle-même et frappa fortement à la porte. Plusieurs disciples étaient encore couchés le long des murs, et dormaient ; quelques-uns étaient levés et s'entretenaient ensemble. Pierre et Jean lui ouvrirent. Madeleine leur dit seulement du dehors : “  On a enlevé le Seigneur du tombeau ; nous ne savons pas où on l'a mis ”. Et après ces paroles, elle s'en retourna en grande hâte vers le jardin. Pierre et Jean rentrèrent dans la maison. et dirent quelques mots aux autres disciples ; puis ils la suivirent en courant, Jean toutefois plus vite que Pierre. Je vis Madeleine rentrer dans le jardin et se diriger vers le tombeau, tout émue de sa course et de sa douleur. Elle était couverte de rosée ; son manteau était tombé de sa tête sur ses épaules, et ses longs cheveux dénoués et flottants. Comme elle était seule, elle n'osa pas d'abord descendre dans la grotte, mais elle s'arrêta un instant devant l'entrée ; elle s'agenouilla pour regarder jusque dans le tombeau à travers les portes, et comme elle rejetait en arrière ses longs y cheveux qui tombaient sur son visage, elle vit deux anges en vêtements sacerdotaux d'une blancheur éclatante, assis aux deux extrémités du tombeau, et entendit la voix de l'un d'eux qui lui disait : “ Femme, pourquoi pleures-tu ” ? Elle s'écria dans sa douleur (car elle ne voyait qu'une chose, n'avait qu'une pensée, à savoir que le corps de Jésus n'était plus là) : “ Ils ont enlevé mon Seigneur, et je ne sais pas où ils l'ont mis ”. Après ces paroles, ne voyant que le linceul vide, elle quitta le tombeau et se mit à chercher ça et là. Il lui semblait qu'elle allait trouver Jésus : elle pressentait confusément qu'il était près d'elle, et l'apparition même des anges ne pouvait la distraire, elle ils paraissait pas s'apercevoir que c'étaient des anges ; elle ne pouvait penser qu'à Jésus. “ Jésus n'est pas là ! où est Jésus ” ? Je la vis errer de côte et d'autre comme une personne qui aurait perdu son chemin. Sa chevelure tombait à droite et à gauche sur son visage. Une fois, elle prit tous ses cheveux à deux mains, puis elle les partagea en deux et les rejeta en arrière. C'est alors qu'en regardant autour d'elle, elle vit, à dix pas du tombeau, vers l'orient au lieu où le jardin monte vers la ville, une grande figure habillée de blanc apparaître entre les buissons, derrière un palmier, à la lueur du crépuscule, et comme elle courait de ce côté, elle entendit ces paroles : “ Femme, pourquoi pleures-tu ? qui cherches-tu ” ? Elle crut que c'était le jardinier ; et, en effet, celui qui lui parlait avait une bêche à la main, et sur la tête un large chapeau qui semblait fait d'écorce d'arbre. J'avais vu sous cette forme le jardinier de la parabole que Jésus avait racontée aux saintes femmes, à Béthanie, peu de temps avant sa passion. Il n'était pas resplendissant de lumière, mais semblable à un homme habillé de blanc qu'on verrait à la lueur du crépuscule. A ces paroles : “ Qui cherches-tu ” ?, elle répondit aussitôt : “ Si c'est vous qui l'avez enlevé, dites-moi où il est, et j'irai le prendre ”. Et elle se mit tout de suite à regarder de nouveau autour d'elle. C'est alors que Jésus lui dit avec son son de voix ordinaire : “  Marie ” ! Elle reconnut sa voix, et aussitôt, oubliant le crucifiement, la mort et la sépulture, elle se retourna rapidement, et lui dit comme autrefois : “ Rabboni (maître !) ” ! Elle tomba à genoux et étendit ses bras vers les pieds de Jésus. Mais le Sauveur l'arrêta d'un geste, et lui dit : “ Ne me touche pas ! car je ne suis pas encore monté vers mon Père, mais va trouver mes frères, et dis-leur que je monte vers mon Père et leur Père, vers mon Dieu et leur Dieu ”. Alors il disparut. Il me fut expliqué pourquoi Jésus avait dit : “  Ne me touche pas ” ! mais je n'en ai plus un souvenir bien distinct. Je pense qu'il parla ainsi à cause de l'impétuosité de Madeleine, trop absorbée dans le sentiment qu'il vivait de la même vie qu'auparavant, et que tout était comme autrefois. Quant aux paroles de Jésus : " Je ne suis pas encore monté vers mon Père " , il me fut expliqué qu'il ne s'était pas encore présente à son Père céleste après sa résurrection, et qu'il ne l'avait pas encore remercié pour sa victoire sur la mort et pour l'oeuvre accomplie de la Rédemption. C'était comme s'il eût dit que les prémices de la joie appartenaient à Dieu, qu'elle devait d'abord se recueillir et remercier Dieu pour l'accomplissement du mystère de la Rédemption : car elle avait voulu embrasser ses pieds comme autrefois ; elle n'avait pense à rien qu'à son maître bien-aimé, et elle avait oublié, dans l'emportement de son amour, le miracle qui était sous ses yeux. Je vis Madeleine, après la disparition du Seigneur, se relever promptement, et, comme si elle avait fait un rêve, courir de nouveau au sépulcre. Là, elle vit les deux anges assis : ils lui dirent ce qu'ils avaient dit aux deux autres femmes touchant la résurrection de Jésus. Alors, sûrs du miracle et de ce qu'elle avait vu, elle se hâta de chercher ses compagnes, et elle les trouva sur le chemin qui menait au Calvaire ; elles y erraient de côté et d'autre, toutes craintives, attendant le retour de Madeleine et ayant une vague espérance de voir quelque part le Seigneur. Toute cette scène ne dura guère que deux minutes ; il pouvait être trois heures et demie du matin quand le Seigneur lui apparut, et elle était à peine sortie du jardin que Jean y entra, et Pierre un instant après lui. Jean s'arrêta à l'entrée du caveau ; se penchant en avant, il regarda par la porte entrouverte du tombeau et vit le linceul vide. Pierre arriva alors et descendit dans la grotte, jusque devant le tombeau : il y vit les linges repliés des deux côtés vers le milieu : les aromates y étaient enveloppées et la bande de toile roulée autour : le linge qui avait couvert la face était également plié et déposé à droite contre la paroi. Jean alors suivit de Pierre, vit tout cela et crut à la résurrection. Ce que Jésus leur avait dit, ce qui était dans les Ecritures devenait clair pour eux maintenant, et jusqu'alors ils ne l'avaient pas compris. Pierre prit les linges sous son manteau, et ils s'en revinrent en courant par la petite porte de Nicodème, Jean courut encore en avant de Pierre. J'ai vu le sépulcre avec eux et avec Madeleine, et chaque fois j'ai vu les deux anges assis à la tête et aux pieds, comme aussi tout le temps que le corps de Jésus fut dans le tombeau. Il me sembla que Pierre ne les vit pas. J'entendis plus tard Jean dire aux disciples d'Emmaüs que, regardant d'en haut, il avait aperçu un ange. Peut-être l'effroi que lui causa cette vue fut-il cause qu'il se laissa devancer par Pierre, et peut-être aussi n'en parle-t-il pas dans son Evangile par humilité, pour ne pas dire qu'il a vu plus que Pierre. Je vis en ce moment seulement les gardes étendus par terre se relever et reprendre leurs piques et leurs lanternes. Ces dernières, placées sur des perches à l'entrée de la grotte, avaient quelque peu éclairé l'intérieur. Les gardes, frappés de stupeur, sortirent en hâte du jardin et gagnèrent la porte de la ville. Pendant ce temps, Madeleine avait rejoint les saintes femmes, et leur racontait qu'elle avait vu la Seigneur dans le jardin, et ensuite les anges. Ses compagnes lui répondirent qu'elles avaient aussi vu les anges. Madeleine courut alors à Jérusalem, et les saintes femmes retournèrent du côté du jardin où elles croyaient peut-être trouver les deux apôtres. Je vis les gardes passer devant elles et leur adresser quelques paroles. Comme elles approchaient du jardin, Jésus leur apparut revêtu d'une longue robe blanche qui couvrait jusqu'à ses mains, et leur dit : “ Je vous salue ”.  Elles tressaillirent, tombèrent à ses pieds et semblèrent vouloir les embrasser ; toutefois je ne me rappelle pas bien distinctement cette dernière circonstance. Je vis que le Seigneur leur adressa quelques paroles, sembla leur indiquer quelque chose avec la main, et disparut. Alors elles coururent en hâte au Cénacle, et rapportèrent aux disciples qu'elles avaient vu le Seigneur et ce qu'il leur avait dit. Ceux-ci d'abord ne voulaient croire ni elles, ni Madeleine, et traitèrent tout ce qu'elles leur dirent d'imaginations de femmes jusqu'au retour de Pierre et de Jean. Comme Jean et Pierre que l'étonnement avaient rendus tout pensifs s'en revenaient, ils rencontrèrent Jacques le Mineur et Thaddée qui avaient voulu les suivre au tombeau, et qui étaient aussi très émus, car le Seigneur leur était apparu prés du Cénacle. l'avais aussi vu Jésus passer devant Pierre et Jean, et Pierre me parut l'avoir aperçu, car il sembla saisi d'une terreur subite. Je ne sais pas si Jean le reconnut. Dans ces visions relatives à la Résurrection, je vis souvent, soit à Jérusalem, soit ailleurs, le Seigneur Jésus au d'autres apparitions en présence de diverses personnes, sans remarquer que celles-ci le voient aussi. Quelquefois je vois les uns frappés d'un effroi soudain et saisis d'étonnement, tandis que les autres restent indifférents. Il me semble que je vois toujours le Seigneur, mais je remarque en même temps que les hommes ne le voyaient alors qu'à certains moments. Je vis de même continuellement les deux anges en habits sacerdotaux se tenir dans l'intérieur du sépulcre, à partir du moment où le Seigneur y fut déposé ; je vis aussi que les saintes femmes, tantôt ne les voyaient pas, quelquefois n'en voyaient qu'un, tantôt les voyaient tons doux. Les anges qui parlèrent aux femmes étaient les anges du tombeau. Un seul d'entre eux leur parla, et comme la porte n'était qu'entrouverte, elles ne virent pas l'autre. L'ange qui descendit comme un éclair, rejeta la pierre du tombeau et s'assit dessus, parut sous la figure d'un guerrier. Cassius et les gardes le virent au commencement assis sur la pierre. Les anges- qui parlèrent ensuite étaient les auges du tombeau ou l'un d'eux. Je ne me souviens plus pour quelle raison tout cela se fit ainsi : quand je le vis, je n'en fus pas surprise, car alors ces choses paraissent toutes simples et rien ne semble étrange.


La Douloureuse Passion de Notre Seigneur, chapitre 66

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12 avril 2009

La Résurrection du Seigneur

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La Résurrection du Seigneur

Extrait des révélations de la Bienheureuse Anne Catherine Emmerich

Je vis apparaître l'âme de Jésus comme une gloire resplendissante entre deux anges en habits de guerre (des deux anges que j'avais vus précédemment étaient en habits sacerdotaux) ; une multitude de figures lumineuses l'environnait. Pénétrant à travers le rocher, elle vint se reposer sur son corps très saint : elle sembla se pencher sur lui et se confondit tout d'un coup avec lui. Je vis alors les membres se remuer dans leurs enveloppes, et le corps vivant et resplendissant Au Seigneur uni à son âme et à sa divinité, se dégager du linceul par le côté, comme s'il sortait de la plaie faite par la lance : cette vue me rappela Eve sortant du côté d'Adam. Tout était éblouissant de lumière. Il me sembla au même moment qu'une forme monstrueuse sortait de terre au-dessous du tombeau. Elle avait une queue de serpent et une tête de dragon qu'elle levait contre Jésus ! Je crois me souvenir qu'elle avait en outre une tête humaine. Mais je vis à la main du Sauveur ressuscité un beau bâton blanc au haut duquel était un étendard flottant : il marcha sur la tête du dragon et frappa rois fois avec le bâton sur sa queue ; à chaque coup, je vis le monstre se replier davantage sur lui-même, diminuer de grosseur et disparaître : la tête du dragon était rentrée sous terre, la tête humaine paraissait encore. J'ai souvent eu cette vision lors de la résurrection, et j'ai vu un serpent pareil qui semblait en embuscade lors de la conception du Christ. Il me rappela celui du Paradis ; seulement il était encore plus horrible. Je pense que ceci se rapporte à la prophétie : “ La semence de la femme écrasera la tête du serpent. ” Tout cela me parut seulement un symbole de la victoire remportée sur la mort, car lorsque je vis le Sauveur écraser la tête du dragon, je ne vis plus de tombeau. Je vis bientôt Jésus resplendissant s'élever à travers le rocher. La terre trembla ; un ange, semblable à un guerrier, se précipita comme un éclair du ciel dans le tombeau, mit la pierre à droite et s'assit dessus. La secousse fut telle que les lanternes s'agitèrent violemment et que la flamme jaillit de tous les côtés. A cette vue, les gardes tombèrent comme atteints de paralysie ; ils restèrent étendus par terre, les membres contournés et ne donnant plus signe de vie. Cassius, ébloui d'abord par l'éclat de la lumière, revint promptement à lui et s'approcha du tombeau : il entrouvrit la porte, toucha les linges vides, et se retira dans le dessein d'annoncer à Pilate ce qui était arrivé. Toutefois il attendit encore un peu, dans l'espoir de voir quelque chose de plus ; car il avait senti le tremblement de terre, il avait vu la pierre jetée de côté, l'ange assis dessus et le tombeau vide, mais il n'avait pas aperçu Jésus. Ces premiers événements furent racontés aux disciples soit par Cassius, soit par les gardes. Au moment où l'ange entra dans le tombeau et où la terre trembla. je vis le Sauveur ressuscité apparaître à sa Mère près du Calvaire. Il était merveilleusement beau et radieux. Son vêtement, semblable à un manteau, flottait derrière lui, et semblait d'un blanc bleuâtre, comme la fumée vue au soleil. Ses blessures étaient larges et resplendissantes ; on pouvait passer le doigt dans celles des mains. Des rayons allaient du milieu des mains au bout des doigts. Les âmes des patriarches s'inclinèrent devant la Mère de Jésus à laquelle le Sauveur adressa quelques mots que j'ai oubliés pour lui dire qu'elle le reverrait. Il lui montra ses blessures, et, comme elle se prosternait à terre pour baiser ses pieds, il la prit par la main, la releva et disparut. Les lanternes brillaient prés du tombeau dans le lointain, et l'horizon blanchissait à l'orient au-dessus de Jérusalem.

La Douloureuse Passion de Notre Seigneur, chapitre 65

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11 avril 2009

La Nuit de la Résurrection

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La Nuit de la Résurrection

Extrait des révélations de la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich

Bientôt après je vis la tombeau du Seigneur ; tout était calme et tranquille alentour : il y avait six à sept gardes, les uns assis, les autres debout vis-à-vis et autour de la colline. Pendant toute la journée, Cassius n'avait presque pas quitté sa place dans le fossé, à l'entrée de la grotte. En ce moment il était encore là, dans la contemplation et dans l'attente, car il avait reçu de grandes grâces et de grandes lumières : il était éclairé et touché intérieurement. Il faisait nuit, les lanternes placées devant la grotte jetaient alentour une vive lueur. Je m'approchai alors en esprit du saint corps pour l'adorer. Il était enveloppé dans son linceul et entouré de lumière et reposait entre deux anges que j'avais vus constamment en adoration à la tête et aux pieds du Sauveur, depuis la mise au tombeau. Ces anges avaient l'air de prêtres ; leur posture et leurs bras croisés sur la poitrine me firent souvenir des Chérubins de l'arche d'alliance, mais je ne leur vis point d'ailes. Du reste, le saint sépulcre tout entier me rappela souvent l'arche d'alliance à différentes époques de son histoire. Peut-être cette lumière et la présence des anges étaient-elles visibles pour Cassius, car il était en contemplation prés de la porte du tombeau, comme quelqu'un qui adore le Saint Sacrement.

En adorant le saint corps, je vis comme si l'âme du Seigneur, suivie des âmes délivrées des patriarches, entrait dans le tombeau à travers le rocher et leur montrait toutes les blessures de son corps sacré. En ce moment, les voiles semblèrent enlevés : je vis le corps tout couvert de plaies, c'était comme si la divinité qui y habitait eut révélé à ces âmes d'une façon mystérieuse toute l'étendue de son martyre. Il me parut transparent de manière que l'intérieur était visible ; on pouvait reconnaître dans tous leurs détails les lésions et les altérations que tant de souffrances y avaient produites, et voir jusqu'au fond de ses blessures. Les âmes étaient pénétrées d'un respect indicible mêlé de criante et de compassion.


J'eus ensuite une vision mystérieuse que je ne puis pas bien expliquer ni raconter clairement. Il me sembla que l'âme de Jésus, sans avoir encore rendu la vie à son corps par une complète union, sortait pourtant du sépulcre en lui et avec lui : je crus voir les deux anges qui adoraient aux extrémités du tombeau enlever ce corps sacre, nu, meurtri, couvert de blessures, et monter ainsi jusqu'au ciel à travers les rochers qui s'ébranlaient ; Jésus semblai ; présenter son corps supplicié devant le trône de son Père céleste, au milieu de choeurs innombrables d'anges prosternés : ce fut peut-être de cette manière que les âmes de plusieurs prophètes reprirent momentanément leurs corps après la mort de Jésus et les conduisirent au temple, sans pourtant revenir à la vie réelle, car elles s'en séparèrent de nouveau sans le moindre effort. Je ne vis pas cette fois les âmes des patriarches accompagner le corps du Seigneur. Je ne me souviens pas non plus où elles restèrent jusqu'au moment où je les vis de nouveau rassemblées autour de l'âme du Seigneur.


Pendant cette vision, je remarquai une secousse dans le rocher : quatre des gardes étaient allés chercher quelque chose à la ville, les trois autres tombèrent presque sans connaissance. Ils attribuèrent cela à un tremblement de terre et en méconnurent la véritable cause. Mais Cassius fut très ému : car il voyait quelque chose de ce qui se passait, quoique cela ne fût pas très clair pour lui. Toutefois, il resta à sa place, attendant dans un grand recueillement ce qui allait arriver. Pendant ce temps les soldats absents revinrent.


Ma contemplation se tourna de nouveau vers les saintes femmes : elles avaient fini de préparer et d'empaqueter leurs aromates et s'étaient retirées dans leurs cellules. Toutefois elles ne s'étaient pas couchées pour dormir, mais s'appuyaient seulement sur les couvertures roulées. Eues voulaient se rendre au tombeau avant le jour. Elles avaient manifesté plusieurs fois leur inquiétude, car elles craignaient que les ennemis de Jésus ne leur tendissent des embûches lorsqu'elles sortiraient, mais la sainte Vierge, pleine d'un nouveau courage depuis que son fils lui était apparu, les tranquillisa et leur dit qu'elles pouvaient prendre quelque repos et se rendre sans crainte au tombeau, qu'il ne Leur arriverait point de mal. Alors elles se reposèrent un peu.


Il était à peu près onze heures de la nuit lorsque la Sainte Vierge, poussée par l'amour et par un désir irrésistible, se leva, s'enveloppa dans un manteau gris, et quitta seule la maison. Je me demandais avec inquiétude comment on laissait cette sainte mère, si épuisée, si affligée, se risquer seule ainsi au milieu de tant de dangers. Elle alla, plongée dans la tristesse, à la maison de Caïphe, puis au palais de Pilate, ce qui l'obligeait à traverser une grande partie de la ville, et elle parcourut ainsi tout le chemin de la croix à travers les rues désertes, s'arrêtant à tous les endroits où le Sauveur avait eu quelque chose à souffrir ou quelque outrage à essuyer. Elle semblait chercher un objet perdu ; souvent elle se prosternait par terre et promenait sa main sur les pierres : après quoi elle la portait à sa bouche, comme si elle eût touche quelque chose de saint, le sang sacré du Sauveur qu'elle vénérait en y appliquant ses lèvres. L'amour produisait en elle quelque chose de surhumain : car toutes les places sanctifiées lui apparaissaient lumineuses. Elle était absorbée dans l'amour et l'adoration. Je l'accompagnai pendant tout le chemin et je ressentis et fis tout ce qu'elle ressentit et fit elle-même, selon la faible mesure de mes forces.


Elle alla ainsi jusqu'au Calvaire, et comme elle en approchait, elle s'arrêta tout d'un coup. Je vis Jésus avec son corps sacré apparaître devant la sainte Vierge, précédé d'un ange, ayant à ses côtés les deux anges du tombeau, et suivi d'une troupe nombreuse d'âmes délivrées. Il ne faisait aucun mouvement et semblait planer dans la lumière qui l'entourait ; mais il en sortit une vois qui annonça à sa mère ce qu'il avait fait dans les limbes, et qui lui dit qu'il allait ressusciter et venir à elle avec son corps transfiguré ; qu'elle devait l'attendre près de la pierre où il était tombé au Calvaire.


L'apparition parut se diriger du côté de la ville, st la sainte Vierge, enveloppée dans son manteau, alla s'agenouiller en priant à la place qui lui avait été, désignée. Il pouvait bien être minuit passé, car Marie était restée assez longtemps sur le chemin de la croix. Je vis alors le cortège du Sauveur suivre ce même chemin, tout le supplice de Jésus fut montré aux âmes avec ses moindres circonstances : les anges recueillaient, d'une manière mystérieuse, toutes les portions de sa substance sacrée qui avaient été arrachées de son corps. Je vis que le crucifiement, l'érection de la crois, l'ouverture du côté, la déposition et l'ensevelissement leur furent aussi montrés. La sainte Vierge de son côté contemplait tout cela en esprit et adorait, pleine d'amour.


Il me sembla ensuite que le corps du Seigneur reposait de nouveau dans le tombeau, et que les anges y rejoignaient, d'uns façon mystérieuse, tout ce que les bourreaux et leurs instruments de supplice en avaient enlevé. Je le vis de nouveau resplendissant dans son linceul, avec les deux anges en adoration à la tête et aux pieds. Je ne puis exprimer comment je vis tout cela. Il y a là tant de choses, des choses si diverses et si inexprimables, qua notre raison dans son état ordinaire n'y peut rien comprendre. D'ailleurs, ce qui est clair et intelligible quand la le vois, devient plus tard complètement obscur et je ne puis le rendre avec des paroles.


Lorsque le ciel commença à blanchir à l'orient, je vis Madeleine, Marie, fille de Cléophas, Jeanne Chusa et Salomé quitter le Cénacle, enveloppées dans leurs manteaux. Elles portaient des aromates empaquetés, et l'une d'elles avait une lumière allumée, mais cachée sous ses vêtements. Les aromates consistaient en fleurs fraîches qui devaient être jetées sur le corps, en sucs extraits de diverses plantes, en essences et en huiles dont elles voulaient l'arroser. Je les vis se diriger timidement vers la petite porte de Nicodème.

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25 mars 2009

L’Annonciation de Marie

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L’Annonciation de Marie

Extrait des révélations de la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich


« Je vis la sainte Vierge peu après son mariage dans la maison de Joseph à Nazareth, où me conduisit mon guide. […] Marie baissa son voile sur son visage et joignit les mains. […] Je la vis prier longtemps ainsi avec ardeur, le visage tourné vers le ciel ; elle invoquait la rédemption, la venue du Roi promis au peuple d'Israël. […] Elle resta longtemps à genoux, ravie en extase ; puis elle pencha la tête sur sa poitrine. Alors, du plafond de la chambre, descendit à sa droite, en ligne un peu oblique, une telle masse de lumière que je fus obligée de me retourner vers la cour où était la porte ; je vis dans cette lumière un jeune homme resplendissant avec des cheveux blonds flottants, descendre devant elle à travers les airs : c'était l'ange Gabriel. Il lui parla, et je vis les paroles sortir de sa bouche comme des lettres de feu ; je les lus et je les entendis. […] Marie tourna le visage de son côté, comme obéissant à un ordre, souleva un peu son voile, et répondit. L'ange parla encore ; Marie releva tout à fait son voile, regarda l'ange, et prononça les paroles sacrées : « Voici la servante du Seigneur, qu'il me soit fait selon votre parole ». La Sainte Vierge était dans un ravissement profond ; la chambre était pleine de lumière, je ne vis plus la lueur de la lampe qui brûlait ; je ne vis plus le plafond de la chambre. Le ciel parut ouvert ; mes regards suivirent au-dessus de l'ange une voie lumineuse ; je vis à l'extrémité de ce fleuve de lumière une figure de la Sainte Trinité : c'était comme un triangle lumineux dont les rayons se pénétraient réciproquement. J'y reconnus ce que l'on ne peut qu'adorer, mais jamais exprimer, Dieu tout-puissant, le Père, le Fils et le Saint Esprit, et cependant un seul Dieu tout-puissant. Quand la Sainte Vierge eut dit : « Qu'il me soit fait selon votre parole », je vis une apparition ailée du Saint Esprit, qui cependant ne ressemblait pas entièrement à la représentation ordinaire sous forme de colombe. La tête avait quelque chose du visage humain ; la lumière se répandait des deux côtés comme des ailes. […] Je vis après cela l'ange disparaître ; la voie lumineuse dont il était sorti se retira : c'était comme si le ciel aspirait et faisait rentrer en lui ce fleuve de lumière. Pendant que je voyais toutes ces choses dans la chambre de Marie, j'eus une impression personnelle d'une nature singulière J'étais dans une angoisse continuelle, comme si l'on m'eût dressé des embûches, et je vis un horrible serpent ramper à travers la maison et les degrés jusqu'à la porte près de laquelle j'étais quand la lumière pénétra la Sainte Vierge ; le monstre était arrivé à la troisième marche. Ce serpent était à peu près de la longueur d'un enfant ; sa tête était large et plate ; il avait à la hauteur de la poitrine deux courtes pattes membraneuses, armées de griffes semblables à des ailes de chauve-souris, sur lesquelles il se traînait. Il était tacheté de diverses couleurs d'un aspect repoussant, et rappelait le serpent du Paradis, mais avec quelque chose de plus difforme et de plus horrible. Quand l'ange disparut de la chambre de la Sainte Vierge, il marcha sur la tête de ce monstre devant la porte, et j'entendis un cri si affreux que j'en frissonnais. Je vis ensuite paraître trois esprits qui frappèrent ce hideux reptile et le chassèrent hors de la maison. Après la disparition de l'ange, je vis la sainte Vierge dans un profond ravissement et toute recueillie en elle-même ; je vis qu'elle connaissait et adorait l'incarnation du Sauveur en elle, où il était comme un petit corps humain lumineux, complètement formé et pourvu de tous ses membres. […] Si Marie devint Sa Mère et s'il ne vint pas plus tôt, c'est qu'elle seule était, ce que jamais créature ne fut avant elle ni après elle, le pur vase de grâce que Dieu avait promis aux hommes, et dans lequel il devait se faire homme, pour payer les dettes de l'humanité au moyen des mérites surabondants de sa Passion. La Sainte Vierge était la fleur parfaitement pure de la race humaine, éclose dans la plénitude des temps. Tous les enfants de Dieu parmi les hommes, tous ceux qui, depuis le commencement, avaient travaillé à l'œuvre de la sanctification, ont contribué à sa venue. Elle était le seul or pur de la terre ; elle seule était la portion pure et sans tache de la chair et du sang de l'humanité tout entière, qui, préparée, épurée, recueillie, consacrée à travers toutes les générations de ses ancêtres, conduite, protégée et fortifiée sous le régime de la loi de Moise, se produisait enfin comme la plénitude de la grâce. Elle était prédestinée dans l'éternité, et elle a paru dans le temps comme Mère de l'Eternel ».

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4 mars 2009

Jésus dans le désert

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Jésus dans le désert. Son jeûne de quarante jour

Extraits des révélations de la Bienheureuse Anne Catherine Emmerich


Avant le sabbat, Jésus, accompagné de Lazare, alla à l'hôtellerie que celui ci possédait sur le chemin du désert. Il lui dit en particulier qu'il reviendrait dans quarante jours. à partir de l'hôtellerie, il continua son chemin seul et pieds nus. Il n'alla pas d'abord dans la direction de Jéricho, mais vers le midi, comme s'il eût voulu aller à Bethléhem, en passant entre la résidence des parents de sainte Anne et celle des parents de saint Joseph près de Maspha : alors il se dirigea vers le Jourdain, faisant le tour de tous les villages par des sentiers ; il passa tout contre le lieu où l'arche d'alliance s'était arrêtée, et où Jean avait célébré une fête. Il commença à gravir la montagne à une lieue environ de Jéricho ; et il entra dans une caverne spacieuse. Cette chaîne de montagne, à partir de Jéricho, court entre le levant et le midi, et, de l'autre côté du Jourdain, elle se dirige vers Madian. Jésus commença son jeûne ici, près de Jéricho ; il le continua en divers endroits situés au delà du Jourdain et revint le terminer sur cette première montagne, qui est celle où le diable le transporta. Au sommet de cette montagne, on a une vue très étendue. Elle est en partie couverte de buissons, en partie nue et sauvage. Elle ne s'élève pas jusqu'au niveau de Jérusalem, mais sa base est située beaucoup plus bas, et elle est dans une situation plus isolée. Lé point lé plus élevé des hauteurs de Jérusalem est la colline du Calvaire qui se trouve au niveau du faîte du temple. Du côté de Bethléhem, et vers le midi, Jérusalem aboutit à des escarpements coupés à pic : de ce côté aussi il n'y a pas d'entrée, et tout l'emplacement est occupé par des palais. Jésus gravit pendant la nuit la montagne escarpée et sauvage qu'on appelle aujourd'hui montagne de la Quarantaine. Il y a trois crêtes et trois grottes placées l'une au dessus de l'autre. Derrière la grotte supérieure dans laquelle entra Jésus, l'oeil plongeait dans les sombres profondeurs d'un précipice escarpé : toute la montagne était pleine de fentes effroyables et dangereuses. Cette même grotte, quatre siècles auparavant avait été habitée par un prophète dont j'ai oublié le nom. Elle aussi, à une époque, a longtemps résidé ici en secret : il élargit même l'une des grottes. Il descendit de là parmi le peuple sans que personne sût d'où il venait ; il prophétisait et pacifiait. Cent cinquante ans avant Jésus, des Esséniens, au nombre d'environ vingt cinq, y avaient fait leur demeure. Le camp des Israélites était au pied de cette montagne lorsqu'ils firent le tour de Jéricho en portant l'Arche d'alliance au son des trompettes. La fontaine dont Elisée rendit douces les eaux amères, est aussi dans les environs. Sainte Hélène fit disposer des chapelles dans ces grottes. J'ai vu sur le mur de l'une d'elles une peinture représentant la Tentation. Il y eut plus tard un couvent sur cette hauteur. Je ne puis m'imaginer comment les ouvriers pouvaient venir travailler là. Sainte Hélène a fait construire des églises dans beaucoup de lieux saints de la Palestine. Ce fut elle qui bâtit l'église placée au lieu de la naissance de sainte Anne, deux lieues avant Séphoris. Les parents d'Anne avaient aussi une maison à Séphoris même. Combien il est triste que la plupart de ces saints lieux aient été tellement dévastés, que le souvenir même s'en est perdu ! Lorsque étant jeune fille, j'allais avant le jour dans la neige à l'église de Coesfeld, je voyais distinctement tous ces lieux sanctifiés, et je vis souvent des hommes pieux qui se prosternaient à terre dans le chemin devant les guerriers qui les dévastaient, afin de les préserver de la destruction. Les paroles de l'Ecriture : " II fut conduit par l'Esprit dans le désert, "doivent s'interpréter ainsi : " Le Saint Esprit qui vint sur lui dans le baptême " , en ce sens que Jésus fit participer son humanité à tout ce qui appartient à la Divinité, le poussa à aller dans le désert, et à se préparer, en tant qu'homme, en présence de son Père céleste, aux souffrances auxquelles il était appelé.


27 et 28 octobre

Je vis Jésus à genoux et les bras étendus dans la grotte. Il demandait à son Père céleste de le fortifier et de le consoler dans toutes les souffrances qui lui étaient préparées. Il vit d'avance toutes ses souffrances, et demanda la grâce nécessaire pour chacune d'elles en particulier. Je vis cette vision depuis deux heures jusqu'à quatre heures trois quarts du matin : elle contenait tant de choses, que c'était comme si elle eut duré pour moi une année. Je vis des représentations de toutes les peines, de toutes les douleurs de Jésus jusqu'à sa mort. Je le vis implorer son Père, et recevoir pour chacune d'elles la force, la consolation et tout ce qui la rendait méritoire. Je vis s'abaisser sur lui une nuée blanche et lumineuse aussi grande qu'une église, et après chacune de ses prières, s'approcher de lui de grandes figures incorporelles, lesquelles prenaient la forme humaine quand elles étaient près de lui, lui rendaient hommage et lui apportaient chacune une consolation et une promesse. Je ne puis exprimer tout ce que je vis et comment je le vis. Je vis que Jésus conquit pour nous dans le désert tout ce qui nous est donné de consolations, d'encouragements, de secours, de victoires dans les luttes que nous avons à soutenir ; qu'il acheta pour nous tout ce qui peut rendre méritoires nos combats et nos triomphes ; qu'il prépara d'avance pour nous tout ce qui fait la valeur de nos mortifications et de nos jeûnes ; qu'enfin il offrit à Dieu le Père tous les travaux et toutes les souffrances qui l'attendaient pour donner du prix aux travaux futurs, aux luttes spirituelles, aux efforts faits dans la prière par tous ceux qui croiraient en lui. Je vis aussi le trésor que Jésus amassait par là pour l'Eglise et qu'elle ouvre dans le temps du Carême. Je vis Jésus avoir une soeur de sang pendant cette prière, et je me trouvai moi même, lors de cette vision, ha tête et la poitrine inondées de sang. En ce moment, le jour commençait à poindre. Aujourd'hui, Jésus descendit de la montagne vers le Jourdain, entre Galgala et le lieu où Jean baptisait, qui était environ une lieue plus au midi. Il s'embarqua lui même sur une poutre qui se trouvait là pour traverser le Jourdain dans cet endroit étroit et profond que je ne connaissais pas auparavant. Il passa sur la rive orientale, puis, laissant à droite Bethabara et coupant plusieurs routes qui conduisaient au Jourdain, il entra dans les montagnes par le désert, en suivant des sentiers escarpés qui se dirigeaient entre le levant et le midi il passa par une vallée qui va vers Callirrhoé, et où il traversa une petite rivière, puis il s'avança plus au nord, en suivant une arête de montagne jusqu'à un endroit où l'on a en face de soi, dans la vallée, la ville de Jachza. C'était là que les enfants d'Israël avaient battu Sehon, roi des Amorrhéens. Dans ce combat, les Israélites étaient trois contre seize : mais il y eut un miracle en leur faveur. un bruit effrayant se fit entendre au dessus des Amorrhéens et les frappa de terreur. Jésus était alors sur des montagnes extrêmement sauvages : c'était quelque chose d'encore plus âpre que la montagne voisine de Jéricho. On se trouve à peu près en face de celle ci. Le mont du désert où est Jésus est à environ neuf lieues du Jourdain. C'est ici que Jésus fera son jeûne de quarante jours. Ici aussi il a prié et vu dans toute leur étendue les souffrances qui l'attendent. Satan n'est pas encore venu près du Sauveur. La divinité et la mission de Jésus lui sont tout à fait cachées. Il n'a compris les paroles : ' C'est mon Fils bien aimé dans lequel je me complais, "que comme s'il s'agissait d'un homme, d'un prophète. Toutefois, Jésus a déjà à souffrir des luttes intérieures fréquentes et de diverse nature. La première tentation fut cette pensée : " Ce peuple est trop pervers : dois je souffrir tout cela pour eux, sans pourtant faire l'oeuvre complètement ". Mais sa charité et sa miséricorde infinies lui firent vaincre cette tentation causée par la vue de toutes ses souffrances.


29 octobre

Je vis Jésus dans une étroite grotte de montagne située dans la contrée de Jachza. Il était à genoux, priait sans relâche et parlait à son Père. Je vis tous les péchés du monde entier se présenter devant ses yeux, à partir de la chute originelle de l'homme. Tout cela vint sur lui comme de grands nuages orageux : il vit tout ce qu'il avait à souffrir pour cela, ce qui serait gagné et ce qui serait perdu. Des anges vinrent encore près de lui. Je vis Satan se glisser près de là : il s'approcha de l'entrée de la grotte et y fit du bruit. Il avait pris la figure d'un des fils des trois veuves que Jésus affectionnait particulièrement. Il pensait que Jésus se mettrait en colère en voyant que ce disciple l'avait suivi malgré sa défense. C'était ridicule et absurde à Satan. Jésus ne tourna même pas les yeux de son côté. Satan regarda dans la grotte et se mit à tenir toute espèce de propos sur Jean Baptiste, qui, disait il, en voulait beaucoup à Jésus de ce qu'il faisait baptiser en certains endroits, ce qu'il ne lui appartenait pas de faire.


Le 30 octobre, la narratrice ne communiqua aucune vision, mais le mercredi 31 octobre, elle dit : "Jusqu'à quatre heures du matin, j'ai eu la vision qui suit. Je vins près de Jésus dans la grotte. Elle me parut cette fois plus spacieuse : hier je n'en avais vu que l'entrée. Il s'y trouvait une ouverture par laquelle entrait un air pénétrant et froid. Dans cette saison de l'année, le temps ici est très froid et très nébuleux. La grotte était âpre et rocailleuse et le sol très inégal. Elle était formée d'une pierre veinée de couleurs variées, qu'on aurait prises pour de la peinture si elle eût été polie. Aux alentours du rocher, il venait quelques broussailles : on voyait là aussi des quartiers de roc qui ressemblaient presque à des buissons. La grotte était assez spacieuse pour que Jésus put s'agenouiller et se prosterner à une place où il n'avait pas l'ouverture au dessus de sa tête. Lorsque je vins près de Jésus, il était étendu la face contre terre. Je me tins longtemps près de lui, et je regardai ses pieds que sa robe laissait découverts jusqu'aux chevilles : ils étaient rouges et blessés par les rudes sentiers qu'il avait suivis, car il était allé pieds nus dans le désert. Je le vis tantôt se redresser, tantôt prier la face contre terre. Je pus tout voir, car il était environné de lumière. une fois un bruit partit du ciel, et une grande clarté se répandit dans la grotte : il vint toute une troupe d'anges qui portaient divers objets. Je me sentis tellement oppressée et accablée, qu'il me sembla entrer, pour ainsi dire, dans la paroi du rocher : j'eus l'impression que j'enfonçais, et je me mis à crier : "J'enfonce ! je vais enfoncer près de mon Jésus ! "Là dessus je m'éveillai, j'allumai ma lumière, j'entendis sonner l'heure, et je vis tout ce qui suit étant éveillée. Je vis les anges s'incliner devant Jésus, lui rendre hommage et lui demander s'ils devaient lui présenter ce qu'ils étaient chargés de lui apporter ; ils lui demandèrent aussi si c'était toujours sa volonté de souffrir comme homme pour les hommes, ainsi que ç'avait été sa volonté lorsqu'il était descendu du sein de son Père céleste et s'était incarné dans le sein de la Vierge. Jésus ayant accepté de nouveau ces souffrances, les anges érigèrent devant lui une grande croix dont ils avaient apporté séparément les différentes parties. Cette croix avait la forme que je lui ai toujours vue, mais elle se composait de quatre pièces de même que les pressoirs en forme de croix, que je vois dans mes visions. Ainsi, la partie supérieure de l'arbre de la croix, qui s'élève entre les deux bras, était séparée. Je crois avoir vu là environ vingt cinq anges. Cinq portaient la partie inférieure de la croix, trois la partie supérieure, trois le bras gauche, trois le bras droit, trois le morceau de bois où posaient les pieds, trois portaient une échelle, un autre une corbeille avec des cordes et des outils, d'autres une lance, un roseau, des verges, des fouets, une couronne d'épines, des clous et aussi les habits dont il devait être revêtu par dérision ; enfin tout ce qui figura dans sa passion se trouvait là. La croix était creuse : elle s'ouvrait comme une armoire, et elle était remplie partout d'innombrables instruments de martyre de toute espèce. Au milieu, à l'endroit où le coeur de Jésus fut percé, un assemblage des instruments de supplice les plus variés représentait toutes les tortures imaginables. La couleur de la croix était d'un rouge de sang dont la vue causait une émotion douloureuse. Toutes les parties et toutes les places de cette croix étaient teintes de couleurs différentes d'après lesquelles on pouvait reconnaître la peine qui y serait endurée ; de chacun de ces endroits partaient des rayons qui aboutissaient au coeur. Les instruments mis chacun à leur place étaient également la figure des tortures qu'ils devaient causer. Il y avait en outre dans la croix des vases avec du fiel et du vinaigre, puis aussi de l'onguent, de la myrrhe et quelque chose qui ressemblait à des aromates ; tout cela vraisemblablement avait rapport à la mort du Sauveur et à sa sépulture. Il y avait encore une quantité de longues banderoles déroulées comme des écriteaux de différentes couleurs, de la largeur de la main, sur lesquelles étaient inscrites des souffrances de divers genres. Les couleurs indiquaient avec leur différents degrés d'épaisseur les ténèbres où les souffrances du Sauveur avaient à faire pénétrer la lumière. La couleur noire désignait ce qui devait se perdre ; la couleur brune, ce qui était trouble, desséché, mélangé, souillé ; la couleur rouge, ce qui était appesanti, terrestre, sensuel ; la couleur jaune marquait la mollesse et la répugnance à souffrir. Il y avait des bandes moitié jaunes, moitié rouges, qui devaient devenir entièrement blanches ; d'autres étaient complètement blanches, d'une blancheur de lait, et l'écriture y était lumineuse ; on voyait à travers. Celles ci désignaient ce qui était gagné, ce qui était accompli. Tous ces rubans avec leurs couleurs donnaient comme le compte des douleurs et des travaux de toute espèce, que Jésus aurait à supporter dans sa carrière avec ses disciples et d'autres personnes. On lui mit aussi devant les yeux, tous les hommes par lesquels devaient lui venir le plus souvent des souffrances cachées ; ainsi les Pharisiens avec leur malignité, le traître Judas, les Juifs sans pitié pour sa mort cruelle et ignominieuse. Les anges disposèrent et firent passer tout cela sous les yeux du Sauveur avec un respect indicible et une solennité sacerdotale ; quand toute la passion fut figurée et représentée devant lui, je le vis pleurer ainsi que les anges. Ensuite les anges se retirèrent et je fus ravie dans une vision concernant les pauvres âmes du purgatoire.


2 novembre

Comme j'étais près du Seigneur, je le vis prier, la face contre terre. Le diable avait fait apparaître devant lui sept à huit de ses disciples. Ils entrèrent un à un dans la grotte et dirent qu'ils avaient appris par Eustache où il était, qu'ils l'avaient cherché pleins d'inquiétude, qu'il ne devait pas les abandonner pour se réduire à la dernière détresse sur le haut de cette montagne. On tenait tant de propos sur son compte, disaient ils ; il ne devait pourtant pas se laisser imputer telle et telle chose. Mais Jésus ne répondit rien, si ce n'est : `` Retire toi de moi, Satan, le temps n'est pas encore venu. " Alors tout disparut.


3 novembre

Je vis le Seigneur prier dans la grotte, la face contre terre. I| était tantôt agenouillé, tantôt debout ; je l'ai vu aussi une fois couché sur le côté. Je vis un homme très vieux, très faible, d'un aspect vénérable, gravir péniblement la montagne escarpée. C'était chose si difficile pour lui que j'en avais pitié. Il s'approcha de la grotte et tomba tout épuisé à l'entrée en poussant un gémissement plaintif. J'étais presque chagrine de ce que Jésus ne venait pas à son aide ; mais il ne le regarda même pas. Le vieillard se releva lui même et dit à Jésus qu'il était un Essénien du mont Carmel, qu'il avait entendu parler de lui et que, quoique mourant, il était venu à sa suite jusqu'ici. Il le priait donc de vouloir bien l'accueillir et s'entretenir avec lui de choses saintes ; lui aussi savait ce que c'était que jeûner et prier, disait il, quand deux personnes s'unissent ensemble en Dieu, l'édification est plus grand, etc. Jésus ne répondit que quelques mots, comme : " Arrière, Satan, le temps n'est pas encore venu. " Alors, je commençai à voir que c'était Satan, car lorsqu'il se retira et s'évanouit, je le vis devenir sombre et plein de rage. Alors je trouvai risible qu'il se fût jeté par terre et qu'il eût été obligé de se relever à lui tout seul. Satan ne connaissait pas la divinité du Christ. Il le prenait pour un prophète ordinaire. Il avait vu sa sainteté dès sa jeunesse et aussi la sainteté de sa mère qui ne faisait aucune attention à Satan. Elle n'était accessible à aucune tentation. Il n'y avait rien en elle à quoi il pût se prendre. Elle était la plus belle des 20 vierges et des femmes, mais elle n'avait jamais eu sciemment de prétendants, sinon lors de l'épreuve qui fut faite dans le temple avec des branches d'arbre, et à la suite de laquelle il lui fallut prendre un mari. Ce qui induisait le mauvais esprit en erreur, c'était que Jésus n'avait point vis à vis de ses disciples la même sévérité que les pharisiens, en ce qui touchait certains usages de peu d'importance. Il le croyait un homme parce que quelques irrégularités de ses disciples scandalisaient les Juifs. Comme il avait souvent vu Jésus plein de feu et d'ardeur, il chercha d'abord à l'irriter en lui montrant ses disciples le suivant malgré lui ; l'ayant vu plein de miséricorde, il voulut le toucher en se montrant sous la figure d'un pauvre vieillard tombant en défaillance, puis entrer en discussion avec lui en qualité d'Essénien.


4 et 5 novembre

Je vis près de la grotte une nuée lumineuse dans laquelle j'aperçus comme des visages. Il en sortit des anges qui avaient la forme humaine. Ils allèrent à Jésus, le fortifièrent et le consolèrent. Le dixième jour, 5 novembre, je vis Jésus prosterné dans la grotte, la face contre terre. Je le vis prier agenouillé et debout et je vis des anges entrer et sortir.


6 novembre

Je vis Jésus dans la grotte couché sur le côté et je vis apparaître l'essénien Eliud qui s'approchait de lui. C'était encore Satan, et je compris qu'il devait avoir connaissance que tout récemment la croix avait été présentée à Jésus, car il lui dit avoir appris par une révélation quels terribles combats lui avaient été montrés, combats qu'il avait bien senti être au dessus des forces de Jésus. Il n'était pas non plus, disait il, en état de jeûner quarante jours, c'est pourquoi il était venu, poussé par l'affection qu'il lui portait, pour le voir encore une fois, et pour le prier de lui permettre de lui tenir compagnie dans sa solitude, ajoutant qu'il voulait se charger d'une partie de son voeu. Jésus ne prêta aucune attention à tout cela. Il se releva, leva les mains au ciel et dit : " Mon père, retirez moi cette tentation ! " Je vis alors Satan se montrer plein de rage et disparaître. Jésus alors se mit à genoux pour prier. Au bout de quelque temps, je vis s'approcher trois jeunes gens qui l'avaient accompagné lorsqu'il était sorti pour la première fois de Nazareth et qui l'avaient quitté plus tard. Ces jeunes gens s'avancèrent d'un air timide, se prosternèrent devant Jésus et se plaignirent de ne pouvoir trouver de repos nulle part tant qu'il ne leur avait pas pardonné. Ils le prièrent de les prendre en pitié, de les admettre de nouveau et de les laisser jeûner avec lui comme pénitence. Ils voulaient, dorénavant, être les plus fidèles de ses disciples. Ils se lamentaient très haut et ils étaient entrés dans la grotte en faisant toute sorte de bruit autour de lui. Jésus se releva, étendit les mains et invoqua Dieu, et ils disparurent.


7 et 8 novembre

Comme je regardais Jésus qui priait à genoux dans la grotte, je vis Satan, vêtu d'une robe resplendissante, arriver à travers les airs et planer près de l'endroit où le rocher était coupé à pic. De ce côté, il n'y a pas d'entrée dans la grotte, mais seulement quelques fissures : c'est le côté du levant.


9 novembre

Remarque de l'écrivain le 8 novembre 1821 : La vision de ce jour sur le jeûne de Jésus fut continuellement mêlée à d'autres visions où la narratrice se livrait à ces travaux qu'elle avait coutume de faire la nuit dans son oraison : c'est du reste ce qui arrive le plus souvent et de là vient qu'elle a rarement le temps de faire des communications complètes. Toute la série de ses contemplations nocturnes a la forme d'un voyage qu'elle fait sous {a conduite de son ange gardien. Le but spirituel de ce voyage se détermine d'après les travaux en oraison qui lui sont assignés, suivant les circonstances de l'époque où elle vit ou suivant le temps de l'année ecclésiastique. Le point central de ce voyage est la Terre Promise, où elle retrouve chaque jour ses visions sur la vie de Jésus et où la tâche qu'elle a pour le moment, remplir dans son oraison s'unit aux mérites de ce jour de la vie du Rédempteur. Dans ce voyage, elle passe par les contrées où ont vécu les saints dont on fait la fête ce jour là, elle se mêle à leur vie, unit leurs mérites aux mérites de Jésus, et les applique au succès des prières qu'elle a à faire pour les pays avec lesquels ces saints ont quelque relation particulière. Il en est ainsi sur tout le chemin qu'elle parcourt soit pour aller, soit pour revenir et à cela se mêle la vue de tous les besoins et de toutes les misères du présent et de l'avenir. Or depuis le 2 novembre, jour des Morts, sa principale occupation était de prier pour l'Eglise souffrante. Elle faisait ainsi l'oeuvre d'un chrétien, qui, priant et contemplant. suit, à travers le temps, comme un fit conducteur, la série des jours de l'année ecclésiastique. La vision d'aujourd'hui sur la vie de Jésus se présenta de la manière suivante : Je vis cette nuit Jésus prier dans la grotte, tantôt couché, tantôt à genoux, tantôt debout. Pendant la plus grande partie de la nuit, j'ai été dans la grotte près de Jésus, agenouillée moi même et priant. J'ai eu une terrible nuit. Il faisait si mauvais et si froid sur cette montagne. Il y eut de l'orage et il est tombé beaucoup de pluie et de grésil. J'ai vu les misères morales du monde entier et aussi ma propre abjection. J'ai vu le triste état de l'Eglise et les chutes de tout genre des prêtres. J'ai vu les grâces et les ressources innombrables que Jésus nous a octroyées, et j'ai eu le sentiment de tout ce qu'il a déjà conduis pour nous, rien que dans ce pénible jeûne du désert. J'étais toute brisée et comme broyée : j'éprouvais en outre pour Jésus qui était près de moi, une compassion qui me déchirait le coeur, et j'avais en même temps le sentiment de ma propre méchanceté. Et pourtant au milieu de toutes ces douleurs, ma faiblesse faisait que je ne pouvais m'empêcher de me dire de temps en temps : " Pourquoi Jésus ne me dit il rien ? Pourquoi ne me dit il pas : Lève toi ! " car je me croyais hors d'état de supporter toutes ces peines. Comme j'étais prête à m'impatienter, il ne me dit rien que ce seul mot : Patience ! et je me sentis soulagée. Je restai là encore quelque temps étendue par terre et j'eus le sentiment complet du désert, avec son âpre température et celui des douleurs de Jésus. Alors à travers le froid, il m'arriva un air tiède et une sensation agréable. Trois âmes pleuraient près de moi dans la grotte et chacune avait deux anges à côté d'elles : elles remercièrent à propos de souffrances qui les avaient soulagées et disparurent. Je les connaissais alors, maintenant je ne les connais plus. Je suis encore dans un état misérable. Il m'a été aussi ordonné de prier pour prévenir des malheurs imminents que j'ai vus, mais surtout à l'occasion des mariages mixtes à propos desquels il m'a été montré que des maux innombrables en résultent pour l'Eglise.


10 et 11 novembre

Je vis Jésus comme toujours prier dans la grotte prosterné, agenouillé ou debout. Il porte son vêtement ordinaire. Seulement sa robe est lâche et n'est pas attachée : il n'a pas de ceinture et il a les pieds nus. Son manteau est posé par terre avec sa ceinture et une paire de poches comme en portent les Juifs, et il s'y appuie quelquefois il ne mange ni ne boit : il souffre souvent de la faim. Des anges le réconfortent. Alors il descend sur lui comme une nuée légère, et il coule dans sa bouche comme une espèce de rosée. Les quarante jours, dans le désert, sont un nombre mystérieux et se rapportant, comme les quarante années des Israélites dans le désert, à quelque chose que j'ai oublié. Jésus a chaque jour un nouveau travail à accomplir par sa prière ; chaque jour il conquiert pour nous de nouvelles Grâces, et ce qui a précédé ne se représente jamais. Sans ce travail auquel il s'est soumis, jamais notre résistance aux tentations n'aurait pu être méritoire. Le il j'ai vu Jésus prier comme précédemment dans différentes postures.


12 novembre

Je vis Satan sous la figure d'un vieil ermite du mont Sina venir vers Jésus dans là grotte. Il gravissait péniblement la montagne ; il était à moitié nu ; son corps était couvert comme de peaux de bêtes, et il avait une longue barbe ; il y avait dans sa physionomie quelque chose de moqueur et d'astucieux. Il lui dit qu'un Essénien du mont Carmel, qui était venu le voir, lui avait parlé du baptême de Jésus, de sa sagesse, de ses miracles et du jeûne rigoureux qu'il faisait actuellement. Là dessus, malgré son grand âge, il avait entrepris ce long voyage pour venir le trouver : il voulait s'entretenir avec lui, d'autant plus qu'il avait une longue expérience de la mortification. Il pensait que Jésus en avait assez fait et devait maintenant se reposer : il voulait, lui, se charger d'une partie de ce qu'il s'était imposé. Il dit beaucoup de choses dans ce sens. Jésus regarda de côté et dit : "Retire toi de moi, Satan ! "Alors je vis Satan tout ténébreux et, sous la forme d'un globe noir, rouler avec fracas jusqu'au bas de la montagne. Je demandai alors intérieurement comment il se faisait que la divinité de Jésus restât si parfaitement cachée pour Satan, et je reçus à ce sujet de belles et admirables instructions ; je me préoccupais vivement de savoir comment je pourrais raconter tout cela, mais je l'ai tout à fait oublié : je vis clairement l'extrême avantage qu'il y avait pour les hommes à ce que ni Satan, ni eux n'en eussent connaissance ; il leur fallait apprendre à croire. Le Seigneur me dit notamment quelque chose que j'ai retenu. "L'homme n'a pas su que le serpent qui l'a séduit était Satan, c'est pourquoi Satan, non plus, ne doit pas savoir que c'est Dieu qui rachète l'homme. c J'eus, à cette occasion, de très belles visions, et je vis que Satan ne connut la divinité du Christ que lorsqu'il délivra les âmes des limbes.

Du 14 au 16 novembre, elle fut trop malade pour pouvoir rien raconter. Le 17, elle dit : J'ai vu tous ces jours ci Jésus prier dans la grotte et jeûner. J'ai oublié les détails La grotte n'est pas tout à fait au sommet de la montagne.


18 novembre

Je vis aujourd'hui Satan entrer dans la grotte sous la figure d'un homme de distinction de Jérusalem. Il dit qu'il venait par suite du grand intérêt qu'il lui portait, car il situait que sa mission était de rendre la liberté aux Juifs. Il lui raconta en outre toutes les contestations qui avaient eu lieu à Jérusalem à son sujet et tout ce qui avait été dit. Il venait le voir pour prendre sa cause en main. Il voulait aller avec lui à Jérusalem où ils demeureraient ensemble dans le palais d'Hérode (elle croit qu'il s'agit de l'Hérode dont l'autre Hérode, qui habitait à Callirrhoé, avait enlevé la femme). Il me sembla que c'était un agent de cet Hérode. Il ajouta que Jésus pouvait faire venir là ses disciples en secret et procéder à la réalisation de ses projets. Il le pressa de venir avec lui sans retard. Il débita tout cela à Jésus très au long. Jésus ne le regarda pas, nais il pria avec ardeur, et je vis Satan se retirer ; sa figure devint hideuse, et il sortit de son nez comme du feu et de la vapeur, après quoi il disparut.


19-20 novembre

Pendant cette nuit où je fus malade à mourir, j'étais depuis la veille au soir en contemplation prés de Jésus dans la grotte, et je vis toute sa passion grandir devant lui comme un arbre qui croît. J'en vis tous les détails dans des tableaux merveilleux jusqu'à son crucifiement avec ses tortures et ses affreuses souffrances. Dans ces représentations je vis, comme toujours, la croix faite de cinq espèces de bois, avec des bras insérés dans le tronc, un coin sous chaque bras et un morceau de bois pour soutenir les pieds. La partie de l'arbre qui était au dessus de la tête et où l'écriteau était attaché était surajoutée, car d'abord l'arbre était trop court pour qu'on pût placer l'inscription au dessus de la tête. à propos de cette addition, la Soeur mentionne quelque chose comme des feuilles : elle dit aussi une fois : " C'est placé au dessus comme un couvercle sur un étui. " Je vis tout cela dans un merveilleux tableau symbolique, et je vis en outre toutes sortes de transformations mystérieuses dans le Saint Sacrement. Je crois que Jésus eut aussi ces visions, car je vis près de lui des anges qui vénéraient ces mystères. Je m'éveillai alors dans les douleurs les plus cruelles, mais je me réjouissais toujours de m'endormir de nouveau pour éprouver ces souffrances. Tous ces jours ci je vis Jésus dans la grotte riant et jeûnant, et je m'unis à lui pour prier, pour renoncer et pour surmonter toute répugnance.


Le 28 novembre, elle dit : J'ai vu aujourd'hui des anges montrer à Jésus, dans plusieurs tableaux, l'ingratitude des hommes, le doute, la raillerie, l'injure, la trahison, le reniement, tout ce que devaient faire ses amis et ses ennemis jusqu'à sa mort et après sa mort, et tout ce qui devait se perdre de ses travaux et de ses peines. Il vit tout cela, et dans son angoisse, il eut une soeur de sang. Pour le consoler, ils lui montrèrent alors tout ce qui était gagné. Ils lui montraient tout du doigt, à mesure que les tableaux se succédaient.


Le 29, elle dit : J'ai vu aujourd'hui Jésus tout épuisé de ses luttes et plongé dans la tristesse, en considérant la grandeur des pertes et l'inutilité de ses efforts pour le salut d'un bien grand nombre d'hommes.


30 novembre

J'ai vu aujourd'hui Jésus soumis à une tentation : il commençait à avoir grand faim et surtout à souffrir beaucoup de la soif. Je le vis, il est vrai réconforté quelquefois par des anges, mais jamais manger ni boire : je ne je vis jamais non plus hors de la grotte. il n'y avait pas en lui d'amaigrissement sensible, mais il était devenu très blanc et très pâle. Je vis Satan s'approcher de lui sous la figure d'un vieil ermite et lui dire : " J'ai bien faim, je vous prie de me donner des fruits qui sont là sur la montagne devant la grotte, car je ne peux pas en cueillir sans la permission du propriétaire (il feignait de prendre Jésus pour le propriétaire) ; asseyons nous donc ensemble et parlons de choses édifiantes. À, Il y avait, non pas à l'entrée, mais ailleurs, à quelque distance, près du côté opposé de la grotte qui regardait le levant, des figues et une espèce de fruit semblable à la noix, mais avec une enveloppe plus molle, comme celle des nèfles : il y avait aussi des baies. Jésus lui dit : " Retire toi de moi ! toi qui es menteur depuis le commencement des siècles, et n'endommage pas ces fruits '. Alors je vis l'ermite, transformé en une petite figure noire, fuir comme un trait par dessus la montagne et une vapeur sombre sortir de sa bouche. Je ne savais pas qu'il pût endommager ces fruits, quoique je pensas bien qu'il laissait après lui une odeur infecte.


Aujourd'hui, jour de la fête de saint André, elle parla de lui et raconta ceci entre autres choses : André est allé aujourd'hui chez un frère ou demi frère qu'il avait, indépendamment de Pierre, et qui est devenu disciple. André s'entretint avec lui : il était triste et inquiet de ce que Jésus était dans le désert depuis si longtemps : il était agité au sujet de son retour, et il avait des doutes à combattre. Il s'entretint aujourd'hui avec son frère à ce sujet.


2 décembre

Satan vint encore trouver Jésus sous la figure d'un voyageur. Il lui demanda s'il ne voulait pas manger des beaux raisins qui étaient dans le voisinage et qui étaient si bons pour apaiser la soif. Jésus ne répondit rien et ne tourna même pas les yeux de son côté. Le jour d'après, il le tenta de la même façon en lui parlant d'une source.


3 décembre

Vers midi, je vis Satan venir vers Jésus dans la grotte. Il vint en qualité de savant faiseur de tours : il lui dit qu'il venait à lui comme à un sage, et voulait lui montrer que lui aussi savait faire quelque chose, l'engageant à le regarder faire. Alors il lui fit voir, suspendue à son bras, une machine semblable à une boule, ou plutôt à une cage d'oiseau. Jésus ne le regarda pas, tourna le des et entra plus avant dans la grotte. Ce fut la première fois que je vis pareille chose. J'ai vu ce qu'il y avait à voir dans la boîte. On y avait sous les yeux un paysage ravissant, un jardin de plaisance agréable, plantureux, plein de beaux ombrages, de sources fraîches, d'arbres chargés de fruits et de raisins magnifiques. Tout cela était si rapproché, qu'on semblait le toucher, et il s'y produisait des changements à vue de plus en plus attrayants. Jésus lui tourna le des, et Satan disparut. Cette tentation avait encore pour but d'interrompre le jeûne de Jésus, qui maintenant commençait à ressentir vivement la faim et la soif. Satan ne sait pas comment s'y prendre avec lui. Il connaît les prédictions faites à son sujet, et il sent aussi que Jésus a autorité sur lui, mais ignore qu'il est Dieu, qu'il est le Messie que rien ne peut empêcher de faire son oeuvre, parce qu'il le voit jeûner, soutenir des luttes, avoir faim, en un mot, parce qu'il le voit pauvre, sujet à bien des souffrances, semblable en tout à un homme ordinaire. En cela, Satan est, à quelques égards, aussi aveugle que les pharisiens : mais il le regarde comme un saint homme que dans tous les cas il peut tenter et faire faillir.


4 décembre

Je vis Jésus agité et très combattu il souffrait de la faim et de la soif. Je le vis plusieurs fois devant la grotte. Je vis vers le soir Satan gravir la montagne sous la figure d'un homme grand et robuste ; il avait pris en bas deux pierres qui étaient de la grandeur de deux petits pains, mais anguleuses, et je vis qu'en montant il les maniait et leur donnait complètement la forme de pains. Il y avait dans son aspect quelque chose d'incroyablement farouche lorsqu'il vint vers Jésus dans la grotte. Il tenait une des pierres dans chaque main, et il lui parla à peu près en ces termes : " Tu fais bien de ne pas manger de fruits, ils ne font qu'irriter l'appétit ; mais si tu es le Fils bien aimé de Dieu sur qui l'Esprit est descendu à son baptême, vois ces pierres auxquelles j'ai fait prendre la forme de pains : change les maintenant en pain." Jésus ne regarda pas Satan : je l'entendis seulement prononcer ces paroles : " L'homme ne vit pas seulement de pain. "Je n'ai entendu distinctement ou retenu que ces paroles : dans l'Evangile il y en a d'autres encore qui vraisemblablement m'ont échappé, car alors je vis Satan au comble de la rage. Il étendit ses griffes vers Jésus, et je vis alors les deux pierres posées sur ses bras. Après cela il s'enfuit, et je ne pus m'empêcher de rire en le voyant obligé de remporter ses pierres.


Vers le soir du jour suivant, je vis Satan, sous la figure d'un ange puissant, voler vers Jésus avec grand bruit Il avait une espèce de vêtement de guerre, comme je le vois aux apparitions de saint Michel ; mais à travers son plus grand éclat on peut toujours distinguer quelque chose de sombre et de furieux. Il se vanta en présence de Jésus, et lui dit à peu près : " Je veux te faire voir qui je suis, ce que je puis, et comment les anges me portent dans leurs mains. Voilà Jérusalem ! voilà le temple ! Je te porterai sur son faite le plus élevé. Montre alors ce que tu peux faire : voyons si les anges te porteront jusqu'en bas. "Pendant qu'il parlait ainsi, il me sembla voir Jérusalem et le temple tout contre la montagne, mais je crois que c'était seulement une vision. Jésus ne lui fit aucune réponse. Alors Satan le prit par les épaules et le porta à travers les airs, à Jérusalem, mais en volant près de terre : il le posa sur la cime d'une des quatre tours qui s'élevaient aux quatre coins de l'enceinte du temple, et que jusqu'alors je n'avais pas remarquées. Cette tour était du côté occidental, vis à vis la forteresse Antonia. La montagne du temple était presque à pic en cet endroit. Ces tours étaient comme des prisons : dans une d'elles on gardait les vêtements précieux du grand prêtre. Elles étaient terminées par une plate forme autour de laquelle on pouvait marcher. Au milieu s'élevait encore une coupole creuse que surmontait une grosse boule sur laquelle il y avait place pour deux personnes. On pouvait de là voir au dessous de soi le temple tout entier. Ce fut sur ce point culminant de la tour que Satan plaça Jésus : celui ci gardait le silence. Mais Satan vola d'en haut jusqu'au sol et lui dit : "Si tu es le Fils de Dieu, montre ta puissance et descends à ton tour, car il est écrit : il ordonnera à ses anges de te porter dans leurs mains, de peur que tu ne te heurtes contre la pierre. "Mais Jésus répondit : `` il est écrit aussi : Tu ne tenteras pas ton Seigneur. "Sur quoi Satan revint à lui plein de rage, et Jésus dit : " use du pouvoir qui t'a été donné. Alors Satan, saisi d'une nouvelle fureur, le saisit de nouveau par les épaules et vola avec lui au dessus du désert, dans la direction de Jéricho. Satan, cette fois, me parut voler plus lentement. Je le vis, dans sa colère et sa rage contre Jésus, planer tantôt haut, tantôt bas, et en vacillant, comme quelqu'un qui veut décharger sa colère, et qui n'est pas maître de le faire. Il porta Jésus à sept lieues de Jérusalem, sur cette même montagne ou il avait commencé son jeûne. J'ai vu qu'en le portant il passa tout contre le grand et vieux térébinthe dont j'ai eu récemment près de moi une relique que j'ai reconnue. Ce bel et grand arbre s'élève dans l'ancien jardin d'un Essénien, de ceux qui ont autrefois habité ici : Elle aussi y séjourna. Le térébinthe était derrière la grotte, à peu de distance de l'escarpement à pic. Trois fois par an on fait des entailles aux arbres de celle espèce, et on en tire un baume d'assez médiocre qualité. Satan posa le Sauveur au point culminant de la montagne sur un rocher inaccessible qui surplombait : ce point est beaucoup plus haut que la grotte. Il faisait nuit : mais pendant que Satan montrait les divers points de l'horizon, tout était éclairé, et on voyait dans toutes les directions les plus beaux pays du monde. Le démon parla à peu près en ces termes : "Je sais que tu es un grand docteur, que lu veux rassembler des disciples autour de toi et répandre ta doctrine. Vois tous ces magnifiques pays, ces puissantes nations, et vois aussi ce qu'est en comparaison d'eux la petite Judée. C'est là qu'il faut aller : Je te donnerai tous ces pays si tu te prosternes devant moi pour m'adorer. Par cette adoration, le démon entendait une posture humble et suppliante que prenaient souvent les Juifs d'alors et en particulier les Pharisiens devant de grands personnages et des rois quand ils voulaient obtenir d'eux quelque chose. Le démon présentait ici à Jésus, sur une plus grande échelle, une tentation semblable à celle par laquelle il avait cherché à le séduire lorsqu'il était venu le trouver, sous la figure de l'agent d'un Hérode de Jérusalem, et l'avait engagé à venir dans le palais que le roi avait dans cette ville, en lui promettant de l'aider dans son entreprise. Lorsque Satan montrait ainsi les divers points de l'horizon, on voyait apparaître de grands pays avec les mers qui les baignaient, puis leurs villes, puis leurs monarques dans tout l'éclat d'une pompe triomphale, avec leur cortège et leurs armées. On voyait tout cela aussi distinctement que si l'on en eût été tout près et même encore plus distinctement ; on était réellement dans tous ces lieux, et chaque scène, chaque peuple se montrait avec la pompe et l'éclat qui lui étaient propres, avec ses moeurs et ses usages particuliers. Satan fit ressortir les prérogatives de chaque peuple et montra avec une insistance particulière un pays où l'on voyait de grands et beaux hommes magnifiquement vêtus, ressemblant presque à des géants. Je crois que c'était la Perse : il conseilla à Jésus d'aller de préférence enseigner là. Il lui montra là Palestine comme une petite contrée insignifiante. C'était un spectacle merveilleux : on voyait tant de choses et si clairement, et tout était si brillant et si magnifique ! Jésus ne dit que ces mots : "Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu ne serviras que lui seul. Retire toi de moi, Satan. Alors je vis Satan, sous une forme incroyablement hideuse, s'élancer du haut du rocher dans le précipice, et disparaître comme si la terre l'eut englouti. Aussitôt après, je vis une troupe d'anges s'approcher de Jésus et s'incliner devant lui : ils le portèrent, je ne sais de quelle manière, comme sur leurs mains, et, planant doucement avec lui près du rocher, ils le ramenèrent dans la grotte où il avait commencé son jeûne de quarante jours. Il y avait douze anges principaux avec d'autres troupes d'assistants qui formaient aussi un nombre déterminé : je ne sais plus bien s'ils étaient soixante douze, mais je suis portée à le croire : car il y eut dans toute cette vision quelque chose qui me rappela les apôtres et les disciples. Il y eut alors dans la grotte comme une fêle d'actions de grâces pour une victoire et comme un festin solennel. Je vis la grotte tapissée intérieurement de feuilles de vigne par les anges : elle était ouverte, et une couronne triomphale de feuillage était suspendue en l'air au dessus de la tête de Jésus. Tout cela se fit avec un ordre et une solennité merveilleuse : tout y était clair, symbolique et lumineux, et ce fut promptement fait, car ce qui était planté ou apporté dans une intention répondait comme de soi même à cette intention et se développait suivant la destination qui lui était assignée. Les anges apportèrent aussi une table couverte d'aliments célestes qui, petite au commencement, s'accrut et grandit rapidement. Les mets et les vases étaient semblables à ceux que je vois toujours sur les tables du ciel : je vis Jésus, les douze anges principaux et les autres aussi en prendre leur part. On ne faisait pas passer les aliments par la bouche, et pourtant on se les assimilait ; l'essence des fruits passait jans ceux qui les prenaient, et il y avait réfection et participation. C'est quelque chose qu'il est impossible d'exprimer.

A l'extrémité de la table se trouvait seul un grand calice lumineux, entouré de petites coupes : il était de la même forme que celui qui figura à l'institution de la sainte Cène ; seulement il était plus grand et avait quelque chose de plus immatériel. il y avait aussi une assiette avec des petits pains ronds très minces. Je vis Jésus verser quelque chose du calice dans les coupes et y tremper des morceaux de pain : après quoi les anges les prirent et les emportèrent. Dans ce moment, le tableau disparut, et Jésus quitta la grotte et descendit vers le Jourdain. Les anges qui servaient Jésus parurent sous des formes différentes et suivant un ordre hiérarchique : ceux qui, en dernier lieu, disparurent avec le pain et le vin étaient en habits sacerdotaux. Je vis, dans le même instant, des consolations : merveilleuses de toute espèce arriver aux amis présents et futurs de Jésus. Je vis à Cana Jésus apparaître en vision à la sainte Vierge et la réconforter. Je vis Lazare et Marthe très émus et remplis d'un nouvel amour pour Jésus. Je vis Marie la Silencieuse recevoir réellement de la main d'un ange un aliment pris sur la table du Sauveur. Je vis l'ange près d'elle, et elle reçut ce qu'il lui apportait avec la simplicité d'un enfant. Elle avait vu constamment toutes les souffrances et les tentations de Jésus ; sa vie se passait à les contempler et à y compatir, et elle n'éprouva aucune surprise. Je vis aussi Madeleine singulièrement remuée. Elle était occupée à se parer pour une fête, lorsqu'elle fut saisie inopinément d'une vive inquiétude sur sa vie et d'un ardent désir du salut, si bien qu'elle jeta là sa parure, ce qui lui attira force moqueries de la part de son entourage. Je vis aussi plusieurs des futurs apôtres réconfortés et pleins d'ardeur. Je vis Nathanaël dans sa demeure pensant à tout ce qu'il avait entendu dire de Jésus et très ému à ce sujet, mais chassant encore ces pensées de son esprit. Je vis Pierre, André et tous les autres fortifiés et touchés. C'était une vision admirable dont je ne me rappelle que peu de chose. Au moment où Jésus commençait son jeûne, Marie résidait dans sa maison, près de Capharnaum. Il en était alors comme à présent, et la faiblesse humaine reste toujours la même. Il venait s'installer chez la sainte Vierge des voisines indiscrètes, qui, sous prétexte de la consoler, reprochaient à Jésus de s'en aller on ne savait ou, de la négliger complètement, quoi que ce fût son devoir, depuis la mort de Joseph, de prendre une profession pour soutenir sa mère, etc. En général, on tenait beaucoup de propos sur Jésus dans tout le pays, car les circonstances merveilleuses de son baptême, le témoignage de Jean, les récits de ses disciples dispersés, tout concourait à attirer l'attention sur lui. Il n'y eut autant dé bruit à son sujet que plus tard, lors de la résurrection de Lazare et avant sa passion. La sainte Vierge était très sérieuse et concentrée en elle même : lorsque Jésus était séparé d'elle, elle avait toujours des mouvements intérieurs et des pressentiments, et souffrait avec lui.


Vers la fin des quarante jours, Marie était allée à Cana, en Galilée, chez les parents de la fiancée de Cana. Ce sont des gens considérés et comme les principaux personnages de l'endroit : ils ont une belle maison presque au centre de la ville, qui est très agréable et bien bâtie. Elle est traversée par une route, je crois que c'est celle de Ptolémaïs : on voit la route descendre des hauteurs qui s'élèvent en face de la ville. Les rues sont moins tortueuses, et le terrain moins inégal que dans bien d'autres endroits. Le mariage doit se faire dans cette maison. Ils en ont une autre qu'ils donnent toute meublée avec leur fille. La sainte Vierge y habite pour le moment. Le fiancé est à peu près de l'âge de Jésus : c'est, je crois, un fils du premier lit d'une des trois veuves de Nazareth : il n'est pas de ceux qui suivirent une fois Jésus jusqu'à Hébron. Il est, chez sa mère, comme maître de la maison : il est à la tête de son ménage. Il est maintenant près d'elle : je crois que plus tard il doit assister son beau père dans son emploi. Ces bonnes gens consultent la sainte Vierge pour l'éducation de leurs enfants et ils lui confient tout : elle s'entretient aussi avec la fiancée, qui est une belle jeune fille. Je vois celle ci se rencontrer avec son fiancé en présence d'autres personnes, mais toujours voilée. Je vis Jean pendant ce temps continuer toujours à baptiser. Hérode s'efforçait d'obtenir de lui qu'il vint le voir : il lui envoyait aussi des messagers pour tâcher de savoir de lui quelque chose sur Jésus. Mais Jean le traitait toujours avec aussi peu d'égards que précédemment, et il répétait ce qu'il avait dit de Jésus. Des envoyés de Jérusalem sont encore venus près de lui pour lui faire subir un interrogatoire sur Jésus et sur lui même. Jean répondit comme toujours qu'il n'avait pas vu Jésus de ses yeux, antérieurement à son baptême, mais qu'il était envoyé pour lui préparer la voie. Je vis que Jean, depuis ce temps, enseignait toujours que l'eau avait été sanctifiée par le baptême de Jésus et par le Saint Esprit qui était venu sur lui. J'appris que la descente du Saint Esprit sur Jésus, pendant qu'on le baptisait, avait donné plus de sainteté au baptême, et qu'il était alors sorti de l'eau beaucoup de mauvais éléments. C'était pour cela que j'avais vu la noire figure de Satan et toutes ces affreuses bêtes se presser au sein du nuage qui était sur le Jourdain, au moment où le Saint Esprit descendit. C'était comme un exorcisme de l'eau. Jésus voulut recevoir le baptême, afin que l'eau tût sanctifiée par là, car il n'en avait aucun besoin. Le baptême de Jean fut dès lors plus pur et plus saint : c'est pourquoi je vis Jésus baptisé dans un bassin séparé qu'on mit en communication avec le Jourdain et avec le réservoir où l'on baptisait tout le monde : c'est aussi pour cela que Jésus et ses disciples y prirent de l'eau et l'emportèrent avec eux pour qu'elle servît dans d'autres baptêmes.

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23 janvier 2009

Saint André

andrew Saint André

Apôtre du Seigneur

Fête le 30 novembre

Encore que cité par Hérodote, André est un prénom grec assez rare qui, selon le Breviarum Apostolorum, signifie viril, beau ou courageux. Frère de Simon-Pierre, saint André né à Bethsaïde, au nord du lac de Tibériade, habitait avec saint Pierre à Capharnaüm, et fut d'abord, comme saint Jean, un disciple de saint Jean-Baptiste : Jean se tenait là avec deux de ses disciples ; et regardant Jésus qui passait, il dit : " Voici l'Agneau de Dieu. " ; et les deux disciples l'entendirent parler, et ils suivirent Jésus. Mais, se retournant et voyant qu'ils le suivaient, Jésus leur dit : " Que cherchez-vous ? " Ils lui dirent : " Maître, où demeures-tu ? " Il leur dit : " Venez et vous verrez. " Ils vinrent donc et virent où il demeurait, et ils demeurèrent chez lui ce jour-là ; c'était environ la dixième heure. André, le frère de Simon-Pierre était l'un des deux qui avaient entendu Jean et suivi Jésus. Il trouve d'abord son frère Simon et lui dit : " Nous avons trouvé le Messie. " Il l'amena à Jésus. L'évangile selon saint Matthieu raconte que, plus tard, Simon et André étaient en train de pêcher dans la mer de Galilée lorsque Jésus leur dit : Venez à ma suite et je vous ferai pêcheurs d'hommes.La tradition grecque appelle André le Protoclet, c'est-à-dire le premier appelé des douze apôtres. Dans la hiérarchie des apôtres, il est classé le quatrième par les Actes des Apôtres (I 13) comme par l'évangile selon saint Marc (III 18), tandis que l’évangile selon saint Matthieu (X 2) et que l’évangile selon saint Luc (VI 14), le mettent à la deuxième place. Lors de la multiplication des pains et des poissons, c'est André qui repère le jeune garçon avec ses cinq pains et ses deux poissons. C'est aussi André qui, avec l'apôtre Philippe, introduit auprès de Jésus les païens de langue grecque. André est encore avec Pierre, Jacques et Jean, lorsqu'ils interrogent Jésus sur la destruction du Temple. Les traditions nous disent que, lors du partage du monde, André reçut la Scythie, immense contrée entre le bas du Danube et le bassin inférieur du Don. Ces mêmes traditions, dans la composition du Symbole des apôtres, lui attribuent la rédaction de l'article Et en Jésus Christ, son Fils unique, notre Seigneur.DB_f201r_d1l

Ayant rejoint les territoires qui lui furent échus, affirment les traditions, saint André, apôtre de la pénitence, fit de nombreuses conversions et fonda de nouvelles églises qu'il pourvut d'évêques : l'Achaïe, l'Epire, la Thrace et la Grèce considèrent André comme leur évangélisateur, au même titre que Byzance qui en fait l'installateur de son premier patriarche ;  d'autres ajoutent à son crédit la Cappadoce, la Galatie, la Bithynie, les pays des Sogdiens et des Secces. De retour dans la ville de Patras, capitale d'Achaïe, fit tant et si bien qu'on envoya contre lui le proconsul Egée qui le fit emprisonner. Or, l'emprisonnement de l'apôtre André provoqua une émeute populaire qu'il dut lui-même calmer en disant : Le chrétien ne devient pas victorieux en se défendant mais en mourant. Les supplices qui sont à craindre ne sont pas ceux que l'on endure en cette vie, mais ceux qui sont préparés aux impies dans les enfers. Vous devez avoir plutôt de la compassion du malheur d'Egée qui se rend digne de ces tourments éternels, que de l'indignation pour sa fureur contre nous. Il viendra bientôt un temps où nous serons récompensés de nos peines, et où Egée sera rigoureusement puni pour sa cruauté. Le lendemain, Egée convoquait saint André à son tribunal et après l'avoir condamné à être fouetté sur un chevalet, le fit attacher sur une croix en forme de X. Comme Egée s'approchait de la croix d'André, celui-ci lui dit : Que viens-tu faire ici, Egée ? Si c'est pour croire en Jésus-Christ, à la bonne heure, je t'assure qu'il te fera miséricorde ; mais si c'est pour me faire descendre de la croix, sache que tu n'en viendra pas à bout et que j'aurai la consolation d'y mourir pour mon cher maître. Je le vois déjà, je l'adore et sa présence me comble de joie. Je n'ai point d'autre regret que celui de ta damnation qui est inévitable si tu ne te converstis pas maintenant que tu le peux, car peut-être ne le pourras-tu pas lorsque tu le voudras. Egée ordonna de détacher André, mais les bourreaux étaient mystérieusement affaiblis lorsqu'ils en approchaient, tandis que l'Apôtre priait d'une voix forte : Ne permettez pas, mon Seigneur, que votre serviteur qui est attaché à cette croix pour la confession de votre Nom, en soit délié ; ne souffrez pas que je reçoive cette humiliation de la part d'Egée qui est un homme corruptible ; mais recevez-moi, s'il vous plaît , entre vos mains, tout plein de connaissance de vos grandeurs que ce supplice m'a données. Vous êtes mon cher maître que j'ai connu, que j'ai aimé et que je désire uniquement contempler. C'est en vous que je suis ce que je suis et il est temps que je me réunisse à vous, comme au centre de tous mes désirs et à l'objet de toutes mes affections. C'était, croit-on, le 30 novembre 62. A la grande fureur d'Egée, Maximille, femme d'un sénateur, recueillit le corps de saint André, l'embauma et l'enterra. Lorsqu'Egée voulut envoyer une députation dénoncer Maximille à l'Empereur, un démon se jeta sur lui, le traîna sur la place publique et l'étrangla. Après saint Pierre et saint Paul, saint André est l'apôtre qui a le plus d'églises en France où il est le patron d’Agde, d’Avranches, de Bordeaux, d’Orange et de la Bourgogne dont le duc Philippe III le Bon mit sous sa protection l’ordre de la Toison d’Or. A l’étranger, saint André est le patron d’Amalfi, de Baeza (Andalousie) qui fut arrachée aux Maures le 30 novembre 1227, du Brabant, de Brescia (Italie), du Brunswick, de l’Ecosse, du Holstein, de Lunebourg (Hanovre), de la Hongrie, de Mantoue, de Minden (Westphalie), de Pesaro (Italie), de Ravenne, de Rochester (comté de Kent), de la Russie, de Santander (Espagne), du Sleswig, de Verceil (Italie) et de Wells (comté de Somerset). Saint André qui est le patron des pêcheurs de poissons d’eau douce, des poissonniers et des cordiers, est aussi invoqué par les femmes qui cherchent un mari et celles veulent devenir mères.

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Visions de la Bienheureuse Anne Catherine Emmerich sur la vie de Saint André

pierre_et_andr_J'ai vu la vie de l'apôtre saint André et reconnu une relique provenant de lui. J'ai vu aussi une fête de l'Église en son honneur, à laquelle assistaient tous les apôtres, ainsi que la Mère de Dieu et Madeleine : Marthe n'y était pas. Je le vis après la mort de Jésus parcourir la Grèce et l'Asie et aller continuellement d'un lieu à l'autre en opérant partout des miracles. Il était plus âgé et moins grand que Pierre : sa taille était ramassée : ses manières simples, franches et ouvertes : ses qualités dominantes étaient la sincérité et la libéralité. Il avait la tête chauve, sauf quelques mèches de cheveux blancs comme la neige sur les côtés : son menton aussi était garni de deux mèches blanches assez courtes. Il avait une femme et quatre enfants, deux garçons et deux filles. mais à dater du moment où Jésus l'appela à sa suite il vécut dans la continence la plus absolue. Il fut le premier des apôtres qui renonça à tout ce qu'il possédait et aucun d'eux n'a si promptement et si scrupuleusement donné et distribué tout son bien au profit de la communauté : cela eut lieu lorsque Jésus congédia ses apôtres pour quelque temps, lors du voyage qu'il fit avant sa mort en Arabie et en Egypte.andreas7s

Lorsqu'André partit pour ses voyages apostoliques, sa femme habita d'abord à Béthanie : ensuite elle alla dans les environs d'Ephèse. mais cependant à une certaine distance de l'habitation de la sainte Vierge. Plus tard j'ai vu presque toujours les enfants des apôtres parmi les disciples et en général assistant les apôtres. André n'était pas proprement un pécheur comme son frère, il était plutôt l'administrateur d'une pêcherie qu'il tenait à ferme et sa maison était au centre de Bethsaïde, tandis que celle de Pierre était à l'extrémité de la ville tout au bord de l'eau.

Je vis André et un autre encore (Saturnin), avec Jean-Baptiste : je vis Jean parler de Jésus qui passait à une certaine distance, sur quoi André et l'autre disciple s'étant entretenus quelques moments avec Jean, le quittèrent pour aller à Jésus qui venait vers eux de l'autre côté du chemin. Il leur demanda qui ils cherchaient et leur permit de le suivre.

Quant aux divers événements de la vie de saint André et des miracles opérés par lui, Anne-Catherine ne raconta que le peu qui suit : Je vis André en Achaie, en même temps que Matthieu était prisonnier dans une ville éloignée avec des disciples et une soixantaine d'autres personnes. On avait mis du poison dans les yeux de Matthieu, ce qui le faisait beaucoup souffrir : ses yeux étaient très rouges et très enflés et il n'y voyait plus : cependant on ne les avait pas crevés. Cette ville était au sud-est de Jérusalem, de l'autre côté de la mer Rouge, en Éthiopie : elle était située au bord d'une rivière qui était fort grande pour un pays de montagnes. Les habitants de cette contrée sont tout noirs : mais il y a pourtant une partie du pays ou ils sont blancs : cette partie est comme une enclave. André reçut dans une vision l'ordre de se rendre auprès de Matthieu. Il monta sans être connu sur un navire où se trouvaient beaucoup de passagers et dont la marche fut très rapide : ensuite il voyagea par terre et je les vis suivre alternativement les deux bords de la rivière près de laquelle la ville était située. Quand il y fut arrivé, il guérit Matthieu, fit tomber ses chaînes et celles de ses compagnons de captivité et prêcha l'Evangile. Au commencement tout alla bien, mais ensuite les habitants excités par une méchante femme se saisirent d'André et le traînèrent à travers la ville, après lui avoir lié les pieds André pria pour ses bourreaux : ils furent touchés, lui demandèrent pardon et se convertirent : il revînt ensuite en Achaïe. Je le vis guérir un possédé aveugle et ressusciter un enfant égyptien. Un jeune homme que sa mère dénaturée excitait à commettre un inceste avec elle et qu'elle avait accusé devant le proconsul à cause de son refus de consentir a ce crime, se réfugia auprès de lui André et le jeune homme prièrent : l'apôtre fit faire à celui-ci le voeu le jeûner un certain temps et ils allèrent ensemble au tribunal. La mère fut frappée de la foudre et le jeune homme, mis en liberté, jeûna pendant plusieurs jours.

pb244André alla aussi à Nicée où il chassa des sépultures de la ville sept esprits impurs qui aboyaient comme des chiens. Il établit là un évêque qui était des environs de Cédar. Il ressuscita un enfant mort à Nicomédie : il apaisa une tempête sur l'Hellespont : les sauvages habitants de la Thrace voulurent le faire périr, mais effrayes par une éclatante lumière céleste qui l'environna, ils se prosternèrent la face contre terre. Je vis encore l'histoire d'une pécheresse convertie appelée Trophima, contre laquelle aucune force humaine ne pouvait rien lorsqu'elle portait sur sa poitrine le livre des Evangiles. Je vis aussi une fois André exposé aux bêtes, puis rendu à la liberté.

Quant au martyre qui termina sa vie, je me souviens seulement que son juge s'appelait Egéas. La croix à laquelle il fut attaché avait cette forme >I< . cependant ses pieds n'étaient pas écartés l'un de l'autre, mais attachés au poteau du milieu : l'usage de cette espèce de croix s'était répandu parce qu'elle était plus commode et plus prompte à dresser à l'aide de trois pièces de bois. André resta ainsi suspendu pendant deux jours et deux nuits et il prêcha du haut de sa croix : " la fin, le peuple qui l'avait pris en grande affection se souleva et demanda sa délivrance. Un envoyé d'Egéas étant venu, la foule se pressa si nombreuse autour de la colline que plusieurs personnes furent étouffées. Mais André pria pour obtenir la grâce de mourir : ils ne purent pas le détacher de la croix parce que leurs mains furent frappées de paralysie. Ce fut ainsi qu'il mourut.

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Prière

Seigneur, Maître du monde, nous Te supplions humblement: permets que l'Apôtre Saint André, après avoir intercédé et guidé Ton Église, ne cesse d'intercéder pour nous. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Amen.

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21 janvier 2009

Litanies de Saint Jacques le Majeur

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Saint Jacques le Majeur

Disciple du Seigneur

+ en 44

Fête le 25 juillet


Saint Jacques le majeur était fils de Zébédée et frère de Saint Jean. Ils étaient pêcheurs sur le lac de Tibériade, compagnons de Simon et d'André. Ils étaient dans la barque de leur père et réparaient les filets quand Jésus, passant sur le rivage, leur dit :"Suivez-moi." Ils le suivirent. Avec Pierre, Jacques et Jean seront les plus proches des apôtres de Jésus. Ils sont à la Transfiguration, ils entrent auprès de la petite fille de Jaïre. Ils seront au jardin des Oliviers. Jacques, comme Jean, désire la première place auprès du Maître (Marc 10. 37). Il y gagnera l'annonce de son martyre: "Ma coupe, vous la boirez." De même quand il veut faire tomber le feu du ciel sur un village inhospitalier, ce fils du tonnerre s'attire une réprimande. Jésus ne ménage pas ceux à qui il accorde sa confiance privilégiée. Jacques but la coupe du Seigneur en l'an 43, lors de la persécution d'Hérode. Etienne avait eu la place de premier martyr. Jacques le suivit de peu. A la fin du 7ème siècle, une tradition fit de Jacques l'évangélisateur de l'Espagne, avant sa mort ou par ses reliques. Son corps aurait été découvert dans un champ grâce à une étoile : le campus stellae, devenu Compostelle. Après Jérusalem et Rome, ce fut le lieu d'un des plus célèbres pèlerinages de la chrétienté au Moyen Age et de nos jours encore.

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Visions de la Bienheureuse Anne Catherine Emmerich sur la vie de Saint Jacques

Jacques était grand, il avait les épaules larges sans être trapu, ses cheveux étaient noirs et sa barbe brune. Il avait le teint blanc, la physionomie grave et pourtant pleine de sérénité. Il était marié et vivait à Capharnaum, mais il n'avait pas d'enfants. Sa femme était une soeur de la veuve de Naïm et se réunit plus tard aux saintes femmes.

La mère de Jacques s'appelait Marie Salomé, elle était fille d'une soeur de sainte Anne, dont le mari s'appelait Salomo : elle avait demeuré d'abord près de Bethléhem, puis sur les biens de sainte Anne. Marie Salomé épousa Zébédée dont elle eut Jacques le Majeur et Jean. Elle était du même âge que la fille aînée d'Anne, Marie d'Héli, née dix-huit à vingt ans avant la sainte Vierge, et qui épousa Cléophas, dont elle eut Marie de Cléophas : celle-ci épousa Alphée qui avait eu d'un premier mariage le publicain Matthieu et qui eut d'elle Simon, Jacques le Mineur et Thaddée. D'un second mariage avec Sabas, Marie de Cléophas eut José Barsabas et d'un troisième mariage Siméon évêque de Jérusalem, Marie Salomé était donc nièce de sainte Anne et cousine germaine de Marie, la mère de Dieu.

Lorsque Etienne fut lapidé, un an environ après le crucifiement de Jésus-Christ, sa mort ne fut pas suivie d'une persécution en règle contre les apôtres ; seulement, la plupart des chrétiens qui s'étaient établis dans des cabanes autour de Jérusalem, et qui étaient en partie sous la direction d'Etienne, furent chassés de leurs demeures il n'y eut pas d'autre persécution dirigée contre les apôtres et les disciples proprement dits, si ce n'est quelques meurtres isolés. Les Juifs éprouvaient un certain effroi : de temps en temps il y avait un tumulte populaire, puis le calme renaissait. Jacques fut l'un des premiers apôtres qui quittèrent Jérusalem lorsqu'ils se furent partagé les contrées à évangéliser, et il se rendit en Espagne. Il resta un peu plus de quatre ans dans ce pays, fit pendant ce temps plusieurs voyages, rencontra infiniment d'obstacles, et éprouva des tribulations de toute espèce : il eut souvent à soutenir de rudes luttes, et disputa beaucoup avec les savants. Je vis plus d'une fois Marie lui venir miraculeusement en aide lorsqu'il l'invoqua dans ses tribulations. En allant de Jérusalem en Espagne, il passa par les îles grecques et par la Sicile, puis il longea longtemps par mer la côte d'Espagne jusqu'à un étroit passage assez semblable à celui qui est entre la France et l'Angleterre, et enfin, il débarqua à Gadès. Il y a là une presqu'île avec un promontoire de rochers. Sa prédication fut mal accueillie dans cette contrée, et si quelques chrétiens réfugiés là n'avaient pas rendu témoignage de la vérité de ses paroles, on l'aurait mis en prison. Il alla alors dans une autre ville où il ne trouva pas un meilleur accueil, il fut arrêté et on voulait le mettre à mort, mais il fut délivré miraculeusement. Je le vis en prison, rêvant qu'un ange venait à lui et le délivrait en le faisant passer par-dessus une haute muraille. Je vis la chose arriver réellement pendant que Jacques croyait rêver : je le vis au haut du mur se réveiller et regarder derrière lui : il y avait devant le mur une grande étendue d'eau. Je vis un ange descendre du ciel et le transporter de l'autre côté de l'eau. Il se rendit ensuite à Rome, accompagné de deux disciples. Il en laissait derrière lui six ou sept qu'il avait chargés de continuer son oeuvre, leur promettant de revenir en Espagne. Dans son voyage, il passa à Marseille mais il ne vit pas Lazare ni les autres qui étaient plus avant dans l'intérieur du pays. Il continua son voyage par terre, suivant toujours les côtes dans la direction du midi, prêcha en divers endroits et fut mis en prison où il y resta six jours. Il fut ensuite emmené à Rome par des soldats, traduit devant un tribunal, puis remis en liberté. Ce voyage avait bien duré six mois.

Après cela Jacques revint en Espagne ; il retourna à Gadès où le nombre des chrétiens s'était notablement accru par suite des émigrations là, il remonta dans l'intérieur du pays ; il navigua d'abord sur un radeau avec quelques disciples, puis il fit plusieurs journées de voyage à travers des montagnes désertes, évitant les villes avec soin. Il passa devant Tolède et ne s'arrêta nulle part jusqu'à ce qu'il fût arrivé à Cæsar-Augusta (Saragosse). Il y eut dans cette ville un très grand nombre de conversions, des rues entières reconnurent le Seigneur, et on en chassa ceux qui restaient attachés au paganisme. Là aussi je vis Jacques courir de grands dangers ; on lâcha sur moi des serpents qu'il prit dans sa main sans s'émouvoir ; ils ne lui firent aucun mal et se précipitèrent sur les paiens qui se pressaient autour de lui, et que ce prodige frappa de terreur. Je vis aussi des magiciens faire assaillir Jacques par des démons sous toutes les formes. Je vis encore qu'ayant commencé à prêcher à Grenade, il y fut mis en prison avec tous ceux qui étaient devenus ses disciples. Il implora mentalement l'assistance de Marie qui alors était encore à Jérusalem, et un ange envoyé par elle vint le délivrer miraculeusement ainsi que tous ses disciples. Ce fut alors que Marie lui transmit par les anges l'ordre d'aller en Galice, d'y annoncer l'Evangile et de revenir ensuite à Jérusalem.

Le miracle de Saragosse

Je vis Jacques, après son retour à Saragosse, en proie a de vives inquiétudes à cause d'une persécution qui commençait et qui menaçait l'existence de la communauté chrétienne. C'était pendant la nuit : il priait avec quelques disciples au bord du fleuve, devant les murailles de la ville. Les disciples étaient dispersés et couchés par terre et je me disais : " C'est ainsi qu'était Jésus-Christ sur la montagne des Oliviers ".

Jacques était couché sur le dos les bras étendus en croix : il priait Dieu de lui faire connaître s'il devait fuir ou rester. Il pensa à la sainte Vierge et la supplia de prier avec lui pour demander conseil et assistance à son fils qui ne refuserait pas d'exaucer sa mère. Je vis alors une lumière éclatante briller tout a coup dans le ciel au-dessus de lui, et apparaître des anges qui faisaient entendre des chants admirables : ils portaient entre eux une colonne de lumière du pied de laquelle partait un rayon délié qui venait toucher la terre à deux pas en avant des pieds de l'apôtre comme pour marquer une place. La colonne était de couleur rougeâtre, avec un mélange d'autres couleurs qui y formaient comme des veines : elle était très hauts et très mince et se terminait comme un lis par des pétales lumineux qui s'épanouissaient pour former une corolle : l'un d'eux s'allongeait et s'agitait du côté de l'ouest, dans la direction de Compostelle. Dans cette fleur resplendissante, je vis la figure de la sainte Vierge : elle était d'une blancheur diaphane, avec des reflets plus doux et plus beaux que ceux de la soie brute, et se tenait dans l'attitude qui lui était ordinaire lorsqu'elle priait debout. Elle avait les mains jointes : son long voile relevé sur sa tête tombait par derrière sur ses épaules et l'enveloppait jusqu'aux pieds : elle s'élevait ainsi gracieuse et svelte, au milieu des cinq pétales qui formaient la fleur lumineuse. C'était quelque chose de merveilleusement beau Je vis que Jacques se releva sur ses genoux en priant et qu'il reçut de Marie l'avertissement intérieur qu'il devait sans tarder ériger une église dans cet endroit, car l'intercession de Marie devait y prendre racine et s'y implanter comme une colonne. En même temps Marie lui annonça qu'après avoir bâti la maison de Dieu il devrait se rendre à Jérusalem. Jacques se leva et appela les disciples qui déjà accouraient près de lui, car ils avaient entendu les chants et vu la lumière ; il leur fit part des merveilles qu'il avait vues et tous suivirent des yeux la lumière qui s'évanouissait.

Dans la cinquième année qui suivit la mort du Christ, un nouvel orage s'était élevé contre la communauté chrétienne. Marie reçut un avertissement et Jean la conduisit avec d'autres personnes dans les environs d'Éphèse où déjà quelques chrétiens s'étaient établis. Lorsque Jacques eut fait à Saragosse ce qui lui avait été prescrit par Marie, il forma comme un collège de douze disciples parmi lesquels il y en avait de fort instruits et les chargea de continuer l'oeuvre fondée par lui au milieu de tant de difficultés.

Le martyre de Saint Jacques

Lui-même quitta l'Espagne pour se rendre à Jérusalem comme Marie le lui avait ordonné. Dans ce voyage il visita Marie à Éphèse. Elle lui annonça qu'il ne tarderait pas à être mis à mort à Jérusalem, elle l'encouragea et le consola. Jacques prit congé de la sainte Vierge et de Jean son frère et se rendit à Jérusalem. Ce fut à cette époque qu'il se mit en relation avec le magicien Hermogène et un autre qui devint son disciple, et qu'il les convertit l'un et l'autre par un miracle. Il fut plusieurs fois arrêté et traduit devant la synagogue. Je vis qu'on se saisit de lui à Jérusalem peu de temps avant la fête de Pâques, comme il prêchait en plein air sur une colline : c'était bien au temps de Pâques, car je vis les étrangers campés autour de la ville comme à l'ordinaire. Jacques ne resta pas longtemps en prison. Il fut condamné dans le lieu même où Jésus avait été jugé, mais la maison était tout autrement disposée. Tout avait été changé aux endroits où Jésus avait porté ses pas : j'ai toujours pensé que nul autre ne devait y paraître après lui. Je vis qu'on le conduisit du côté du Calvaire : sur le chemin il ne cessa de prêcher et convertit plusieurs personnes.

Note : Ici comme ailleurs Anne-Catherine a dit si formellement que Jacques le Majeur était mort avant la sainte Vierge, et qu'il n'était pas présent lorsqu'elle mourut beaucoup plus tard à Éphèse, qu'il est nécessaire de rectifier ce qu'on lit dans " la Vie de la sainte Vierge ". Si elle fait mention de Jacques en racontant la mort de Marie, elle entend parler de José Barsabas qui y parut comme son représentant, ou peut-être de sa présence en esprit.

Lorsqu'on lui lia les mains, il dit : " Vous pouvez enchaîner ces mains, mais non la bénédiction de Dieu ni ma langue " ! Un boiteux qui était assis sur le chemin, s'adressa à lui, le priant de lui donner la main et de le guérir. Jacques répondit : " Viens à moi et donne-moi la main ". Sur quoi le boiteux se leva, prit les mains lices de l'apôtre et fut guéri. Je vis aussi son dénonciateur, nomme Josias, courir vers lui tout ému de repentir et lui demander pardon. Jacques lui demanda s'il ; désirait le baptême, et l'autre lui ayant répondu qu'il le désirait, l'apôtre l'embrassa en disant : "  Tu seras baptisé dans ton sang ". Je vis encore une femme tenant à la main un enfant aveugle courir vers Jacques à l'endroit même où il devait être supplicié et obtenir la guérison de, cet enfant.

Jacques fut d'abord placé avec Josias sur une petite éminence : on proclama les crimes qui lui étaient imputés, et le jugement rendu contre lui. Ensuite il s'assit sur une pierre à laquelle ses mains étaient enchaînées des deux côtés ; on lui banda les yeux, et enfin on lui trancha la tête. Pendant ce temps, on avait renfermé Jacques le Mineur dans sa propre maison. Matthieu, Nathanaël Khased et Nathanaël le fiancé étaient alors à Jérusalem. Matthieu résidait à Béthanie. La maison de Lazare, ainsi que toutes ses autres propriétés en Judée, était depuis longtemps affectée à l'usage de la communauté chrétienne, mais les Juifs s'étaient emparés du château qui était dans la ville. Lors de l'exécution de Jacques, il y eut un soulèvement populaire, et beaucoup de gens se convertirent. Les disciples de Jacques voulaient avoir son corps, mais les Juifs se hâtèrent de le faire emporter par les soldats. Hérode mourut bientôt après à Césarée. Son ventre creva pendant une fête, comme il était sur un théâtre, en présence de tout le peuple ; on l'emporta dans une grande salle où était son trône, et qui pouvait contenir facilement cinq cents personnes. La rage et la douleur l'avaient jeté dans un accès de frénésie ; on ne peut dire à quel point il était dégoûtant à voir. On cacha sa mort pendant un certain temps. Je crois que Pierre ne revint à Jérusalem que plusieurs semaines après, et qu'il fut mis en prison. Plus tard, lorsque les disciples de Jacques réclamèrent son corps, les Juifs ne voulurent pas dire où il était, mais on le sut par un miracle, parce que deux malfaiteurs qu'ils avaient chargés de le porter dans un autre endroit a9n que ses disciples ne pussent pas découvrir où il se trouvait, se trouvèrent dans l'impossibilité de s'éloigner de là. Les disciples lui donnèrent la sépulture dans le voisinage de Jérusalem, mais pendant une persécution postérieure, ils l'enlevèrent secrètement et le transportèrent sur un navire qui les conduisit en Espagne. Parmi eux se trouvaient Ctésiphon, Joseph d'Arimathie et Saturnin. Celui-ci était déjà allé en Espagne précédemment, et il y avait prêché l'Evangile ; il portait toujours des vêtements de lin. J'ai vu aussi dans quel endroit ces disciples se séparèrent, mais je l'ai oublié. J'ai eu touchant Saturnin une vision des plus claires. Il était né à Patras, en Grèce, de parents d'un rang distingué. Avant entendu parler de Jean Baptiste, il quitta ses parents, alla le trouver et devint son disciple zélé. Je le vis au baptême de Jésus-Christ, et lorsque Jean lui dit que le Christ était au-dessus de lui, il suivit le Seigneur dont il ne se sépara plus. Je vis qu'il travailla extraordinairement : il fit de longs voyages après la mort de Jésus, et baptisa un grand nombre de personnes. Je ne puis pas comprendre pourquoi il n'est pas question de lui dans les Evangiles. Je me souviens encore qu'il fut mis à mort dans une ville appelée Tolosa. Les idoles tombèrent là en sa présence, on le maltraita cruellement, et on l'attacha à des taureaux qui le traînèrent jusqu'à ce qu'il eût rendu l'âme. Je me souviens aussi d'un disciple du nom de Nicolas avec lequel il était en relation, et d'un autre nommé Andronic. J'ai vu tant de personnages et j'ai eu tant de visions qui les concernaient, que mon misérable état me rend absolument impossible de me reconnaître au milieu de tout cela. Saturnin fut évêque et il fit immensément de choses. Il prêcha d'abord en Orient et alla jusqu'aux frontières de la Perse. Dans le pays ou il fut martyrisé, il travailla considérablement et fonda plusieurs églises.

Lorsqu'avec Ctésiphon et Joseph d'Arimathie, il porta en Espagne le corps de saint Jacques, j'eus une vision touchant la méchante reine Lupa qui avait persécuté saint Jacques pendant qu'il évangélisait l'Espagne. Elle ne voulait pas permettre qu'on lui donnât la sépulture, mais les disciples l'avaient déposé sur une pierre qui se creusa sous le corps en forme de sépulcre. Il arriva en outre que la terre rejeta d'elle-même à plusieurs reprises d'autres corps qu'on avait enterrés près de lui. Lupa ayant porté des accusations contre les disciples, ils furent mis en prison, mais ils s'en échappèrent miraculeusement, et comme le roi les poursuivait, accompagné de quelques cavaliers, un pont sur lequel il passait s'écroula, en sorte que ses gens et lui périrent. Lupa fut saisie d'un tel effroi qu'elle dit aux disciples d'aller prendre dans un désert des taureaux sauvages et de les atteler ensemble : elle leur permettait de bâtir une église dans l'endroit où ils conduiraient le corps. Elle croyait que ces animaux farouches briseraient tout dans leur fureur. Les disciples, en entrant dans le désert, rencontrèrent un dragon qui tomba mort lorsqu'ils firent sur lui le signe de la croix Les taureaux se laissèrent atteler et conduisirent le corps de Jacques au château de Lupa. Ce fut là qu'on l'enterra, et le château devint une église, car Lupa se convertit et devint chrétienne ainsi que son peuple. J'eus ensuite une vision touchant une femme païenne de Rome : elle était vieille et toute contrefaite, et une impulsion intérieure l'excitait à se convertir. Elle s'adressa en esprit au tombeau de saint Jacques Et ; Espagne : alors Jacques lui apparut décapité et lui dit qu'il voulait lui montrer Jésus pour qu'elle le reçût en elle, et qu'elle irait ensuite visiter le tombeau de l'apôtre. Je vis qu'elle recouvra la santé et qu'elle alla en effet en Espagne au tombeau de saint Jacques. Il s'y opéra beaucoup de miracles, et le corps fut transféré dans un endroit dont le nom ressemble à celui de Constantinople (Compostelle).

Jacques le Mineur fut martyrisé plusieurs années après Jacques le Majeur. Je le vis sept jours de suite traîné devant le tribunal et chaque fois on l'accabla de mauvais traitements pendant une heure. Après avoir été précipité du haut du temple, il fut encore lapidé et achevé à coups de bâton. Il était évêque de Jérusalem. Je vis aussi un disciple du nom de Jacques à Babylone avec Abdias. Tout son désir était de mourir de la même mort que le Seigneur et il fut en effet crucifié plus tard dans un autre endroit.

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Litanies de Saint Jacques le Majeur

Seigneur, ayez pitié de nous.

Christ, ayez pitié de nous.

Seigneur, ayez pitié de nous.

Jésus-Christ, écoutez-nous.

Jésus-Christ, exaucez-nous.

Père céleste qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.

Fils Rédempteur du monde qui êtes Dieu,ayez pitié de nous.

Esprit-Saint qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.

Trinité Sainte qui êtes un seul Dieu, ayez pitié de nous.


Sainte Mère de Dieu, priez pour nous.

Sainte Vierge des vierges, priez pour nous.

Sainte Marie, Reine des Apôtres, priez pour nous.

Saint Jacques, priez pour nous.

Saint Jacques, qui fûtes un des premiers Apôtres que Jésus appela à Sa suite, priez pour nous.

Saint Jacques, qui fûtes un des trois Apôtres que Jésus aima spécialement, priez pour nous.

Saint Jacques, qui avez mérité de voir la Gloire de Jésus sur le Mont Thabor, priez pour nous.

Saint Jacques, qui avez mérité d'être un des témoins de l'Agonie de Jésus au Jardin des Oliviers, priez pour nous.

Saint Jacques, qui avez prêché avec un zèle intrépide la divinité de Jésus dans la Judée et la Samarie, priez pour nous.

Saint Jacques, qui avez annoncé aux païens de l'Espagne l'Evangile de Jésus, priez pour nous.

Saint Jacques, qui devant Hérode avec confessé Jésus comme Dieu vivant, priez pour nous.

Saint Jacques, qui le premier de tous les Apôtres, avez versé votre sang pour Jésus, priez pour nous.

Saint Jacques, qui le premier de tous les apôtres, avez donné par votre martyre un glorieux témoignage à Jésus, priez pour nous.

Saint Jacques, colonne inébranlable et appui de l'Église de Jésus, priez pour nous.

Saint Jacques, qui êtes un avocat spéciale et un protecteur particulier dans toutes les nécessités,


Soyez-nous propice, pardonnez-nous, Seigneur.

Soyez-nous propice, exaucez-nous, Seigneur.

Soyez-nous propice, ayez pitié de nous, Seigneur.


Priez pour nous, ô Saint Jacques,

Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.


Prions


Dieu Tout-Puissant, puisque Saint Jacques fut le premier de Tes Apôtres à offrir sa vie pour l'Evangile, accorde à Ton Église de trouver dans son témoignage une force, et dans sa protection un appui. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Amen.

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Prière du pèlerin à Saint Jacques

Saint Jacques, Donne-nous bonne route et beau temps. Fais qu’en compagnie de ton saint ange, nous puissions parvenir heureusement au lieu que nous voulons atteindre et, à la fin au port du salut éternel… Fais que parmi toutes les vicissitudes de ce voyage qu’est cette vie, nous soyons toujours sous ta protection et ton assistance.

james

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