Le Mois de Saint Dominique
Le Mois de Saint Dominique
Onzième jour
Rencontre de deux saints
Prélude. - Représentons-nous Dominique en extase, les yeux levés vers une vision qui l'absorbe et semble le ravir au troisième ciel.
Réflexions
C'est une merveilleuse fraternité que celle qui unit les deux grands ordres, suscités de Dieu, au XIIIe siècle, pour réformer l’Église et régénérer le monde. Cette douce union a son origine dans un fait miraculeux de la vie de notre saint patriarche.
Une nuit, tandis qu'il était en oraison, une vision se déroula devant ses yeux ravis. Au-dessus de sa tête, il vit apparaître l'image de Jésus-Christ comme suspendue en l'air. Le visage du Sauveur était empreint de colère. Dans sa main, il tenait trois flèches qu'il semblait prêt à lancer sur le monde pour le punir de son extrême perversité. Mais Marie, la reine du très Saint Rosaire, se mettant à genoux devant son fils, lui présente deux hommes, dont le zèle devait convertir les pécheurs et apaiser la colère divine. Dominique se reconnut dans l'un de ces hommes : l'autre lui était inconnu. Or, le lendemain, étant entré dans une église pour y prier, il vit cet inconnu, qui lui avait été montré, sous l'humble habit de mendiant, et, le reconnaissant pour son compagnon et son frère, il court à lui, l'embrasse, il le baigne de ses larmes et lui dit : « Vous êtes mon compagnon ; vous serez avec moi : soutenons nous l'un et l'autre, et rien ne prévaudra contre nous ». Telle fut d'après les plus graves historiens, l'origine de l'amitié qui unit François d'Assise et Dominique de Guzman, amitié qui dura autant que leur vie. Dès lors, ils n'eurent plus qu'un cœur et une âme, bien que leurs ordres soient restés séparés et que chacun d'eux travaillât de son côté à la grande tâche que lui avait assignée la Providence. Un lien de charité unit toujours les deux familles religieuses. « Créées en semble pour le service de la sainte Église, dit le Bienheureux Humbert, elles sentirent que Dieu les avait destinées de toute éternité à la même œuvre du salut des âmes ».
Pratique : Se garder de l'exclusivisme, auquel on est trop naturellement porté, même dans la religion, et honorer, à l'exemple des saints, toutes les familles religieuses qui travaillent, avec l'approbation de l'Église, au salut du prochain, par la prière ou par l'action.
Invocation : Séraphique saint François, Apostolique saint Dominique, priez pour nous.
Trait historique
L'amitié des Frères Prêcheurs et des Frères Mineurs
Le baiser de Dominique et de François s'est transmis de génération en génération sur les lèvres de leur postérité. Une jeune amitié unit encore aujourd'hui les Frères Prêcheurs aux Frères Mineurs. Ils se sont rencontrés dans des offices semblables sur tous les points du monde ; ils ont bâti leurs couvents aux mêmes lieux ; ils ont mendié aux mêmes portes ; leur sang répandu pour Jésus-Christ s'est mêlé mille fois dans le même sacrifice et la même gloire ; ils ont couvert de leurs livrées les épaules des princes et des princesses ; ils ont peuplé à l'envi le ciel de leurs saints ; leurs vertus, leur puissance, leur renommée, leurs besoins, se sont touchés sans cesse partout : et jamais un souffle de jalousie n'a terni le cristal sans tache de leur amitié huit fois séculaire. Ils se sont répandus ensemble dans le monde, comme s'étendent et s'entrelacent les rameaux joyeux de deux troncs pareils en âge et en force : ils se sont acquis et partagé l'affection des peuples, comme deux frères jumeaux reposent sur le sein de leur unique mère ; ils sont allés à Dieu par les mêmes chemins, comme deux parfums précieux montent à l'aise au même point du ciel. Chaque année, lorsque le temps ramène à Rome la fête de Saint Dominique, des voitures partent du couvent de Sainte Marie sur Minerve, où réside le général des Dominicains, et vont chercher au couvent d'Ara Cœli le général des Franciscains. Il arrive accompagné d'un grand nombre de ses frères. Les dominicains et les franciscains, réunis en deux lignes parallèles, se rendent au maître-autel de la Minerve, et, après s'être salués réciproquement les premiers vont au chœur, les seconds restent à l'autel pour y célébrer l'office de l'ami de leur père. Assis ensuite à la même table, ils mangent ensemble le pain qui ne leur a jamais manqué depuis six siècles ; et, le repas ter miné, le chantre des Frères mineurs et celui des Frères prêcheurs chantent de concert, au milieu du réfectoire, cette antienne : « Le séraphique François et l'apostolique Dominique nous ont enseigné votre loi, ô Seigneur ! » L'échange de ces cérémonies se fait au couvent d’Ara Cœli pour la fête de saint François ; et quelque chose de pareil a lieu par toute la terre, là où un couvent de dominicains et un couvent de franciscains s'élèvent assez proche l'un de l'autre pour permettre à leurs habitants de se donner un signe visible du pieux et héréditaire amour qui les unit. (Vie de de Saint Dominique, par le Père Lacordaire).
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