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16 octobre 2023

Le serviteur de Jean-Thierry Ebogo

thierry 16

 

Le serviteur de Jean-Thierry Ebogo

« L’enfant qui voulait devenir Jésus »

1982-2006

 

Jean-Thierry Ebogo naît le 4 février 1982 à Bamenda au Nord-Ouest du Cameroun, il est le fils très fervent couple catholique : René Bikoula et Marie-Thérèse Assengue Edoa. Sa maman raconte que dès sa naissance, elle l’avait offert, dans son cœur, au Seigneur, dans l’espoir qu’il devienne prêtre. Son père surnommait Jean-Thierry le « fils de la prière », car après la naissance de la fille aînée, ils ont longtemps attendu la naissance d’un garçon, et la grande famille faisait pression pour que René prenne une autre femme. Mais le Seigneur exauça la prière du couple qui voulu rester fidèle aux promesses de son mariage religieux : Jean-Thierry arrive et après lui, vinrent d’autres enfants. La famille vivait au rythme des affectations et des déplacements de papa René, qui était gardien de prison, et Jean-Thierry connut donc des lieux et des cultures diverses du Cameroun, ce qui le rendra très ouvert intellectuellement.

Des sa plus tendre enfance, à six ans, Jean-Thierry exprima le désir de devenir prêtre, attiré par l’exemple d’un missionnaire Oblat qui était aumônier de la prison de Maroua : il voulut l’imiter, pour « devenir comme Jésus ». Lui-même racontera ensuite la rencontre avec ce prêtre : « J’étais fou amoureux d’un idéal que je ne connaissais pas, je ne savais rien de la vie du prêtre et pourtant je voulais la faire ».

À treize ans, Jean-Thierry entre au petit séminaire de Guider, au Nord Cameroun. Il poursuivra pourtant ses études et obtiendra son baccalauréat scientifique à Monatélé, dans la région du Centre. Ceux qui l’ont côtoyé se souviennent de lui comme d’un garçon d’une intelligence brillante : il était souvent le premier de la classe. Très généreux, il donnait des cours de répétition aux moins doués ; il était aussi engagé dans les groupes paroissiaux d’action catholique. Avec un sens poussé de la responsabilité face aux difficultés de sa famille, il travaillait pour aider les parents afin d’envoyer ses petits frères à l’école, en faisant le moto-taximan et le photographe.

Il gardait dans son cœur la vocation sacerdotale, mais voulait vivre dans une communauté religieuse, puisqu’il voyait combien de dangers pouvaient rencontrer les prêtres qui vivaient seuls. Il fait une première expérience de pré-noviciat chez les Pères Oblats de Marie Immaculée à Mokolo, au Nord Cameroun, mais il est renvoyé. Interrogés après sa mort, les Pères Oblats expliquent qu’il fut réorienté pour sa tendance à une vie de prière trop intense par rapport à leur charisme. Jean-Thierry rentre déçu à Yaoundé, en se demandant ce que le Seigneur attendait de lui.

Conseillé par une tante religieuse, il arriva, finalement, à la paroisse de Nkoabang, confiée aux Pères Carmes Déchaux. Il fréquente cette paroisse et y fait refleurir les groupes des jeunes. À 21 ans, il devint aspirant chez les Pères Carmes puis, il est fut accepté. Thierry s’y sentit « chez lui » et, selon les témoignages, il s’engageait avec enthousiasme dans les exigences de la vie communautaire, aussi bien dans les travaux champêtres que dans l’apostolat. Les Pères Carmes, enthousiastes, accélérèrent les étapes en décidant qu’il pourrait entrer au noviciat.

 

La mission de la souffrance

 

Mais le Seigneur bouleverse les projets humains et invita plutôt Jean-Thierry à le suivre par un autre chemin. C’est en 2004, à la veille de son départ pour le noviciat au Burkina Faso, pendant un match de football à la paroisse, que Jean-Thierry ressentit une intense douleur à la jambe et son genou enfla. On pense tout d’abord à un accident de jeu, mais à la suite des investigations médicales successives, on diagnostica une tumeur osseuse au genou droit. Il est soumis à la chimiothérapie, mais le traitement s’avéra inefficace : il fallut amputer la jambe droite pour arrêter la tumeur.

Commença alors la via crucis de Jean-Thierry dans les hôpitaux et avec cela, la révélation de sa profonde spiritualité. La veille de l’intervention chirurgicale programmée pour l’amputation de sa jambe, sa maman est à côté de lui et Thierry lui demande de l’aider à bien laver et à bien parfumer la jambe, car, dit-il : « Demain, moi et toi, nous l’offrons au Seigneur, et un don doit être en ordre ».

Quand il était seul pourtant, comme le témoignent ses pensées recueillies dans son journal, il ressentait que le monde entier et ses projets s’écroulaient ; mais il ne montrait à personne sa souffrance physique et spirituelle.

Un jeune qui fréquentait en ce temps-là le Carmel nous a confirmé à ce propos que Jean-Thierry dans son lit d’hôpital se souciait de faire sourire ses amis en visite, en jouant avec la jambe amputée : en y accrochant une casquette, il s’en servait pour saluer les autres. Cet épisode exprime très bien son caractère : intelligent, spirituellement profond, mais aussi sociable et joyeux, plein d’humour pour détendre l’ambiance autour de lui. Dans son journal, il écrit à ce propos qu’il n’aimait pas pleurnicher et devenir répugnant comme certains malades qui inspirent de la peur par leurs cris de douleur ; il ne voulait surtout pas que les autres puissent souffrir à cause de lui.

Les médecins donnent quelques espoirs de guérison et Jean-Thierry ose croire et demander de devenir quand même religieux et prêtre, pour passer le temps dans la maison du Seigneur, le louer et accueillir les pécheurs dans le sacrement de la réconciliation. Il comprend qu’il suivra un noviciat de la souffrance. Après les premiers tâtonnements, c’est comme une vérité qui s’impose avec force, presque jetée à la figure. Il écrira : « Une fois compris ... je l’accueille à cœur joie ». Il confie son chemin aux prières d’une moniale carmélite du monastère d’Etoudi à Yaoundé, sœur Marie Irène de Jésus, afin qu’elle le soutienne dans son noviciat de la souffrance.

Il écrit ensuite une poésie qui montre, à notre avis, la montée de son âme vers le Seigneur, dans un élan d’amour croissant. Il y lit les événements qui le touchent comme une demande de la part du Seigneur du don de son pied afin qu’il puisse aller plus vite et plus loin… Et Jean-Thierry l’offre avec élan : « Prends-le... Je voudrais qu’il parcoure d’abord le cœur des jeunes camerounais pour l’avenir du Carmel de ce pays.. ». Il offre donc son pied au Seigneur afin que sa souffrance donne des fruits de vocation dans les cœurs d’autres jeunes camerounais, qui pourront aller là où il lui est désormais interdit d’arriver.

Une foi si profonde est surprenante sous tous les cieux. Mais elle nous frappe encore plus, puisque en ayant vécu longtemps en Afrique, nous savons que la maladie dans ce contexte est souvent refusée et considérée comme un signe de malédiction, prononcée par quelqu’un qui a « lancé » un mauvais sort ; parmi les croyants, surtout les plus engagés, la maladie n’est pas seulement une épreuve, mais une tentation d’abandonner la foi et de se tourner vers les guérisseurs traditionnels.

L’attitude de foi de Jean-Thierry et son abandon au Seigneur dans sa maladie, en embrassant une mission de la souffrance, sont pour nous l’originalité et le don le plus grand livré par sa vie héroïque à l’Afrique.

 

Voyage de l’espérance

 

L’année qui suit à l’amputation de son pied et de sa jambe, pendant une phase de rémission de la maladie, la congrégation des Carmes Déchaux décide de faire continuer le noviciat de Thierry en Italie, dans la province de Milan dont le scolasticat et la mission de Yaoundé dépendent, et en vue aussi de mener des investigations médicales plus approfondies.

La veille de son départ pour l’Italie, les symptômes de douleur se représentent et deviennent de plus en plus violents, manifestant très tôt que la jeune vie de Jean-Thierry est à nouveau tenaillée par la maladie. Les contrôles répétés et le diagnostic de l’hôpital de Legnano (dans la province de Milan) prononcent la sentence d’un cancer avec des métastases diffusées aux os.

Jean-Thierry est soumis à des soins intensifs auprès d’un centre spécialisé de Turin, mais sans aucune amélioration. Il rentre à Legnano, désormais pour les soins palliatifs. Il demande aux médecins de lui dire la vérité sur son état ; il leur dit ensuite : « Une fois qu’on a donné un sens à la maladie, elle n’est plus une souffrance, mais un chemin vers le Haut, un chemin vers un Autre, un ami qui a souffert comme moi... qui vient à ma rencontre aujourd’hui ». Il témoigne son amour ; il témoigne qu’il a trouvé pour qui vivre... et pour qui mourir.

Sa chambre d’hôpital devient un Carmel mystique, visitée par plusieurs personnes, surtout par les jeunes et les prêtres. Ses confrères aussi le soutiennent. Les docteurs et les infirmiers restent touchés par la patience et la force dans la souffrance de ce jeune. Un docteur s’exclame avec le Provincial des Carmes : « Il n’est pas un malade quelconque. Ce jeune est un saint ! ».

La foi qui était assoupie dans le cœur de nombreuses personnes, en entrant en contact avec Jean-Thierry, redevient un feu qui les embrase. Les témoignages donnés en Italie et ses écrits de cette période témoignent de la profondeur et des fruits de la mission de la souffrance de Jean-Thierry. La congrégation des Carmes au Cameroun, par le Père Giorgio Peruzzotti, qui avait été son directeur spirituel, suit chaque jour les nouvelles de sa santé et prie pour lui, en espérant un miracle.

Le Père Giorgio lui écrit (et il l’affirmera aussi le jour de son inhumation au Cameroun) qu’il espérait que le Seigneur arrêterait la maladie comme il l’avait fait avec la main d’Abraham sur Isaac. Mais que Dieu a voulu différemment… Finalement, tous s’abandonnent à la volonté de Dieu et admirent chaque jour davantage la communication sereine et confiante en Dieu de Jean-Thierry et sa transformation profonde en Jésus qu’il aimait de tout son cœur.

Le Père Peruzzotti l’affirme fort opportunément dans l’introduction à la première plaquette sur sa vie et ses écrits : « Quand Dieu met la main sur un enfant qui le laisse prendre possession de tout son être, ne nous étonnons pas de la transformation qu’il opère pas à pas ».

Pendant que des volontaires et des amis s’alternent dans la chambre de Jean-Thierry et prient avec lui, la Congrégation demande la dispense à Rome pour qu’il puisse prononcer ses vœux perpétuels en l’article de la mort et elle lui sera accordée. Ainsi, dans son lit d’hôpital il prend le nom de frère Jean-Thierry de l’Enfant Jésus et de la Passion, en renfermant toute sa vocation et sa jeune vie : de l’élan de l’enfance à devenir comme Jésus en participant à sa Passion, dans la souffrance.

Il affirme que si la petite Thérèse de Lisieux avait promis une pluie de roses, de grâces du Ciel de sa part, il aurait envoyé, lui, un déluge de vocations pour le Carmel et pour l’Afrique entière.

La profondeur spirituelle et le désir missionnaire de Jean-Thierry atteignent leur sommet dans cette affirmation. À l’occasion de ses vœux perpétuels, les amis de l’Italie se cotisent et permettent ainsi à la maman de Jean-Thierry d’être présente. Les photos de l’évènement montrent la joie de ce jour.

Après un mois, quand le permis de séjour expire, sa mère doit rentrer au Cameroun et la séparation sera déchirante pour tous les deux. Sa maman, Marie-Thérèse, depuis le début, avait été bouleversée par la maladie de Jean-Thierry et avait confié à son fils qu’elle se demandait si le Seigneur avait refusé son offrande, faite à sa naissance.

Sa mère racontait, le jour de l’inhumation de son fils, avec un visage profondément serein, qu’ en Italie, il lui avait réitéré le même rappel depuis le début de sa maladie : « Maman, que la volonté de Dieu soit faite… » ; « Maman, est-ce que tu te rappelles ? Tu m’as offert à Lui depuis ma naissance. C’est comme lorsque tu donnes une petite chèvre ; quand tu iras visiter ton ami, tu ne lui demanderas pas ce qu’il a fait de sa petite chèvre : s’il l’a élevée ou s’il l’a mangée… ; si tu offres un poulet tu ne diras pas à ton ami comment devra-t-il le préparer… Moi, je suis comme la petite chèvre de Dieu… nous ne devons pas demander à Dieu ce qu’il fait de la chèvre que tu lui as donnée dès sa naissance… ». Un rappel doux et ferme à sa maman, afin qu’elle se confie pleinement à la volonté de Dieu, avec le langage de sa culture.

Jean-Thierry meurt le 5 janvier 2006, à 24 ans, en regardant l’image de Jésus en face de lui, en murmurant ses derniers mots : « Il est beau Jésus… Qu’il est beau… ».

Cette beauté, « l’incendie qui avait embrasé son cœur d’enfant – dira encore le Père Giorgio Peruzzotti dans sa biographie – est trop puissant pour s’arrêter, il veut le communiquer au monde entier ».

 

Mission pour toute l’Église

 

Après les obsèques en Italie, à Legnano, sa dépouille a été acheminée au Cameroun où un grand nombre de fidèles et amis du Carmel l’ont accueillie. Nous nous rappelons ces jours-là, l’émotion intense ainsi que la certitude de foi que le Carmel au Cameroun a été marqué à jamais par le passage du jeune Jean-Thierry. Il repose désormais dans le jardin du scolasticat « Edith Stein » de Nkolbisson, à Yaoundé, près de l’Université Catholique, carrefour des jeunes en formation. Sa tombe toujours fleurie est devenue un lieu de prière et de pèlerinage. Les témoignages sur sa jeune vie ont été recueillis et le procès de béatification a été préparé et lancé à Milan.

Le cardinal Angelo Scola, en clôturant à Legnano la phase diocésaine du procès de béatification, avant que toute la documentation passe au Vatican, a affirmé : « Après avoir porté nous-mêmes l’Évangile dans plusieurs zones du monde, nous accueillons aujourd’hui avec joie l’arrivée d’évangélisateurs et de témoins qui viennent de ces terres, comme Jean-Thierry, afin que notre foi puisse ressusciter et apprendre à nouveau à aimer ceux qui sont à côté de nous ».

La cause pour sa béatification a été introduite le 15 février 2013. L'enquête diocésaine a été clôturée le 9 septembre 2014 dans le Diocèse de Milan. Jean Thierry Ebogo est désormais considéré par l’Église catholique comme Serviteur de Dieu.

Jean-Thierry sera peut-être le premier saint noir du diocèse de Milan, signe des temps nouveaux de l’Église et de la mission dans toutes les directions.

 

Jean-Thierry Ebogo

 

Prières

 

Dieu d’amour et de miséricorde, tu as sauvé le monde par le mystère de l’Incarnation, Passion et Résurrection de ton Fils bien-aimé Jésus, et Tu as extraordinairement associé à ces mystères ton serviteur le Frère Jean Thierry de l’Enfant Jésus et de la Passion. Donne nous par son intercession, la même foi et endurance dans la souffrance pour que nous puissions être associés à tes amis qui contemplent ton Visage dans ton Royaume. Amen.

 

Père saint, source de toute sainteté, nous te rendons grâce d’avoir donné à ton Église notre Frère Jean-Thierry de l’Enfant Jésus et de la Passion, exemple lumineux de jeunesse consacrée au Christ. Nous Te remercions de l’avoir conduit avec sagesse et amour sur la route étroite de la Croix. Nous te demandons d’exaucer les désirs que lui-même manifestait pendant qu’il était parmi nous : faire descendre une pluie de saintes et solides vocations religieuses et sacerdotales, particulièrement au Carmel ; d’offrir sa vie pour la sanctification des prêtres et d’aider tout homme marchant vers toi. Nous Te demandons d’exaucer son vœu d’être auprès de Toi et, si c’est ta volonté, de nous obtenir la grâce que nous te demandons (...). Amen.

 

 Jean et Maman

 

Relations de grâces

 

Carmes Déchaux

C.47 NKOLBISSON

B.P. 185

YAOUNDE (Cameroun)

 

www.Jeanthieryebogo.org

 

E-mail : ocdnkolbisson@yahoo.fr

Facebook : www.facebook.com/jeanthierry.ebogo

 

Téléchargez le texte de cette prière (pdf) en cliqant ici

 

 

Page mise à jour le 12 novembre 2023

 

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