Le Mois des âmes du Purgatoire
Le Mois des âmes du Purgatoire
Premier jour
Les peines du Purgatoire comparées aux peines de cette vie
Prélude : Entendons les cris douloureux qui s'échappent des prisons expiatrices où la justice inexorable de Dieu détient des âmes en qui le Seigneur ne veut rien voir de souillé pour les admettre dans son paradis.
Méditation
Les peines du sens dans le purgatoire surpassent de beaucoup les peines les plus rudes et les plus insupportables de cette vie. « Tout ce qu'on peut voir, imaginer ou sentir des peines en cette vie, disait saint Augustin, est bien peu de chose en comparaison des flammes du purgatoire. Que celui donc qui n'ose mettre un de ses doigts dans le feu craigne de brûler, même peu de temps, dans celui du purgatoire ». Bède le vénérable assure que ni les tourments des martyrs, ni les supplices des criminels, n'ont rien qui approche des peines du purgatoire. Saint Thomas d'Aquin va plus loin encore. Avec toute l'autorité de son génie et de sa science, il affirme que la plus petite des peines du purgatoire l'emporte sur la plus grande des peines de cette vie. Une autre parole du même docteur nous apprendra en un seul mot toute l'étendue des tourments du purgatoire. « C'est le même feu, dit-il, qui tourmente les damnés dans l'enfer et les justes dans le purgatoire ».
La peine du sens dans l'enfer et dans le purgatoire ne diffère en rien, excepté en ce que les tourments de l'enfer ne finiront point, tandis que ceux du purgatoire auront une fin. Ces considérations sont effrayantes, et il faut que l'homme soit bien aveugle ou bien léger pour s'exposer de gaieté de cœur à ces tourments sensibles du purgatoire, par la facilité avec laquelle il se laisse aller à des fautes qui, sans être mortelles, offensent cependant le bon Dieu et irritent sa justice. Ces mêmes considérations doivent encore nous engager fortement à témoigner notre compassion aux pauvres âmes qui endurent de semblables tourments dans le purgatoire, par la ferveur et la persévérance de nos suffrages en leur faveur.
Résolution : Supporter volontiers les petits ennuis et les peines de cette vie, et offrir cette résignation à Dieu en échange des peines affreuses qui nous attendent dans le purgatoire.
Bouquet spirituel : « Seigneur, ne me reprenez pas dans votre fureur et ne me châtiez pas dans votre colère ». (Ps. 37, 1).
Exemple
Une heure dans le Purgatoire
Deux religieux, pleins de piété et de zèle pour leur sanctification, ayant le même attrait pour l'oraison, le recueillement et la pénitence, étaient unis par une si étroite amitié qu'on pouvait leur appliquer ce vers latin : Hi duo corporibus mentibus unus erant, Ce sont deux corps, mais une seule âme. Le zèle pour la gloire de Dieu les animait également ; ils travaillaient avec ardeur au salut du prochain et cherchaient à maintenir, autant qu'ils le pouvaient, la stricte observance des règles. Tout à coup l'un d'eux tombe malade et l'on ne tarde pas à avoir de vives inquiétudes pour sa vie. Un ange du Seigneur lui apparaît, lui annonce qu'il va mourir et qu'il expiera dans le purgatoire la peine due à ses fautes, jusqu'à ce qu'une messe soit célébrée pour lui, et qu'alors seulement il s'envolera au ciel, pour y recevoir la récompense de son zèle et de sa ferveur. Cette nouvelle comble de joie le saint religieux. Appelant à l'instant son ami, il lui fit part de sa vision, de la mort qui va le délivrer et du temps très court qu'il doit rester en purgatoire. Il le conjure, par les liens de leur fraternelle amitié, d'offrir le plus tôt possible, après sa mort, le divin sacrifice d'où dépend son éternelle félicité. Tout ému de la perte qu'il allait faire, le bon religieux promit tout à un ami si cher, et fut fidèle à sa parole; car, la mort étant survenue le lendemain matin, à peine eut-il fermé les yeux au défunt, qu'il courut à la sacristie revêtir les ornements sacrés, et monta au saint autel. La messe à peine terminée, pendant son action de grâces, il voit apparaître son ami rayonnant de bonheur, mais ayant un reste de chagrin et de souffrance sur le visage.
« Mon frère, lui dit-il, où donc était votre foi ? qu'avez-vous fait de votre promesse ? vous mériteriez que Dieu n'eut pas davantage pitié de vous-même ! - Et pourquoi ? demande celui-ci… - Pourquoi ? Ne m'avez-vous pas laissé une année et plus au milieu de ce feu vengeur, sans que vous ni aucun de mes frères dit pour moi la messe qui devait me délivrer ? - En vérité, s'écria le religieux, que me dites-vous, mon frère ? je viens de déposer mes ornements sacerdotaux ; il y a à peine quelques heures que vous avez quitté la terre, et vos funérailles ne sont pas encore faites ; votre cadavre est encore là ». Alors son ami, le regardant avec un profond et douloureux soupir, s'écria : « Oh! qu'elles sont épouvantables ces souffrances, puisqu'elles m'ont fait prendre quelques heures pour une année ! Merci, mon frère, de votre zèle à remplir le devoir de la charité ; je vais au ciel bénir Dieu et le supplier de vous rendre ce que vous avez fait pour moi, afin que nous soyons un jour réunis dans l'éternel bonheur, comme nous l'avons été aux jours de la peine et du combat. Merci donc, et courage ! »
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